DEN
drame, d'un roman, ainsi dit, parce qu'Aristote
avait nommé noeud l'ensemble des incidents d'une
pièce, el solution ou dénoûment l'incident final. Un
dénoûment bien amené. Voilà justement ce qu'il
faut pour le dénoûment que nous cherchions, MOL.
Critique, se. dern. || Par extension. Puis s'appe-
santissant, ils le voyaient passer ses longues heures
à demi couché, comme engourdi, et attendant, un
roman il la main, le dénoûment de sa terrible his-
toire, SÉGUR, H tri. de Napol. vm, H. || 3° Solution
d'une chose difficile, embrouillée, par assimilation
îi la solution finale d'une pièce de théâtre. On nous
donne un dénoûment à la principale difficulté, BOSS.
Avert. 3. On y trouve un parfait dénoûment de la
difficulté, m. Déf. comm. Ces solutions servent de
dénoûment à tous les passages de St Clément, ID.
Or. 6. Les dénoûments' qui découvrent les crimes
les plus cachés paraissent si simples et si faciles
qu'il semble qu'il n'y ait que Dieu seul qui puisse
«n être l'auteur, HA BRUY. XVI. Lui seul connaît le
dénoûment de toutes ces malheureuses affaires,
MAINÏENON, Lett. à Mme des Vrsins, 18 juilleU706.
Voilà, pour abréger, le dénoûment de cette première
intrigue, HAMILT. Gramm. 3. Tel sera le dénoûment
redoutable qui nous développera les mystères de la
Providence, MASS. Car.. Avenir.
— REM. Il y a lieu à demander pourquoi l'A-
cadémie écrit dénoûment avec un accent circon-
flexe et dévouement avec un e, mots qui sont faits
de même, l'un de dénouer, l'autre de dévouer.
— SYN. .DÉNOÛMENT, CATASTROPHK, par rapport au
théâtre. Le dénoûment défait le noeud, comme le
mot le porté; la catastrophe fait la révolution. Le
dénoûment est la dernière partie de la pièce ; la ca-
tastrophe est le dernier événement de la fable. Le
dénoûment démêle l'intrigue; la catastrophe termine
l'action, ROUBADD. 11 faut ajouter que le dénoûment
est heureux ou malheureux, tandis que la catastro-
phe ne se dit que d'un dénoûment malheureux.
— HIST. xvi° s. En nourrice, et avant le premier
desnouement de ma langue, MONT, I, 4 93.
— IÎTYM. Dénouer.
DENRÉE (dan-rée), s. f. || i° Toute espèce de mar-
chandise. Denrées alimentaires. Les denrées qui
sont dans les magasins. Si l'on emploie des soins
dispendieux ou pénibles pour conserver une denrée
plus longtemps, c'est .seulement parce que l'augmen-
tation du prix de la denrée doit récompenser de ces
soins, CONDORCET, Duhamel. Les essences et autres
menues denrées d'amour, HAMILT. Gramm. 6. || Den-
rées coloniales, productions des colonies. Elles se-
raient mieux nommées marchandises ou denrées
équinoxiales, parce qu'elles croissent dans la zone
torride et dans le voisinage des tropiques, j. B. SAY,
Traité, 4 844, p. 23j. || C'est une chère denrée, c'est-
à-dire cela est mis à très-haut prix ou à trop haut
prix. || Il vend bien sa denrée, c'est-à-dire il sait
se faire valoir. || 2° Mauvaise marchandise. Il n'y a
que de^la denrée dans cette boutique. || Fig. et en
parlant d'un vaurien : Voilà une belle denrée! || 3° En
un sens plus restreint, toute production de la terre
destinée à la vente et employée pour la nourriture.
Grosses, menues denrées. Tu ne vends pas Comme
tu veux tes herbes, ta denrée, Tes choux, tes aulx,
enfin tout ton tracas, LA FONT. Jum. Je ne croyais
pas que les denrées fussent si chères, MAINTENON,
Lett. à Mme de la Viefville, 23 fév. 4 7ti9. Du gland,
un navet, ou quelque autre pareille denrée, 3. i.
souss. Ém. n. || 4° Marchandise mise en vente, non
pour être revendue, mais pour être consommée, soit
qu'elle soit destinée à la subsistance, soil qu'il s'a-
gisse de tout autre genre de consommation; tant
qu'elle est achetée pour être revendue, elle con-
serve le nom de marchandise, i. B. SAY, Épitome,
ou mot Denrée. || 5° Nom, dans quelques provinces,
d'un petit pain blanc.
— HIST. xm° s. Et s'est trop viez li marchiés
[c'est se prendre trop tard pour faire un marché],
Quant on acate denrée K'uns autres a adesée, DM.
des Chartes, i" série, t. v, p. 337. Onques de lui
[sur elle] [ils] n'aprirent maillie ne denrée [la valeur
d'une maille ou d'un denier], Berte, civ. Onques
mais en ma vie n'oi [je n'eus] de joie denrée, Qui
ore ne me soit à cent doubles doublée, ib. cxxvi.
Et li quens lor jura que jà, ne à mort ne à vie,
n'averoit denrée de sa terre; et d'iluec en avant
ot il à non Jehan-sans-terre, Chron. de Uains, 84.
Et s'ai bien mengié deus denrées De novel miel
en fresches rées, lien. (0235. Se li serjaus a l'ad-
ministration de vendre blés, aveines, ou autres
denrées, il convientqu'il conte du pris, BEAUM. XXIX,
1*. Cil qui sunt tenu por vilain cas en prison, lor
vie est establie à avoir cascun jor denrée de pain
DEN
et de l'yaue, ID. LI, 7. Je vous di bien veraiement,
Il font maint mauves serement, Et si jurent que lor
denrées Sont et bones et esmerées Tels foiz que c'est
mençonge^pùreitRUTEB. 223. Les gens le roy leur
loerent les ëstaûs'poûr vendre leur dan rées chier,
si comme l'en disoit, comme il porenl, JOINV. 2)7.
Il xive s. Et telle chose avient aucune foiz on tem-
pestes à ceux qui pour lour neif alegier jettent lour
denrées en la mer, ORESME, Eth. 48. || xv" s. Ne
renchérirent les vivres qu'on n'eust la denrée pour
un denier, aussi bien qu'on avoit par avant qu'ils
vinssent, FROISS. I, I, 32. Jusques au marché des
denrées, ID. 11, n, 54. || xvi» s. S'il sanglouttoyt,
c'estoyent denrées [botte valant un denierl de cres-
son, BAB. Pant. iv, 32.
— ÉTYM. Berry, darrée; provenç. denairada ;
espagn. dinerada; ital. derrata ; du bas-latin dena-
riata, la valeur d'un denier; du latin tfenartu*, denier
(voy. DENIER). Denrée a signifié primitivement ce qui
vaut un denier, ce qui s'acquiert par denier .parargent.
DENSE (dan-s'), adj. || 1° Dans son sens primitif,
épais, compacte, dont les parties nous paraissent
plus épaisses ou plus serrées. Un air dense. Une va-
peur dense. || 2° Par extension, et c'est le sens le
plus habituel, il se dit d'un corps dont le poids fait
supposer que lès molécules sont très-serrées les unes
contre les autres; l'or, le plomb, le mercure, sont
très-denses ; le platine est le plus dense des métaux.
Il 3° Par comparaison, on nomme dense tout corps
qui, sous un même volume, pèse plus qu'un autre.
L'eau est plus dense que l'air; l'hydrogène est moins
dense que l'azote.
— SYN. DENSE, COMPACTE. Compacte est un terme
général qui indique que les parties sont serrées les
unes contre les autres. Dense, en tant que terme
de physique, indique que les molécules sont serrées
les unes contre les autres. La foule était compacte;
le platine est le plus dense des métaux.
— HIST. xvi" s. Les bestes hardies et courageuses
on.t le coeur petit et dense, PARÉ, Introd. 48,
— ÉTYM. Lat. densus, épais, dense.
f DENSIFLORE (dan-si-flo-r'), adj. Terme de bo-
tanique. Qui porte des fleurs serrées les unes con-
tre les autres.
— ÉTYM. Lnt. densus, dense, et fleur.
fDENSIFOLIÉ, ÉE ( dan-si-fo-li-é , ée), adj.
Terme de botanique. Qui porte des feuilles nom-
breuses et serrées.
— ÉTYM. Dense, et le latin folium, feuille.
DENSITÉ (dan-si-té), s. f. || 1° Qualité de ce qui
est dense. La densité du brouillard. || 2° Le poids
des corps qui nous paraissent lourds. La densité dû
mercure, de l'acide sulfurique. || 3° Supériorité de
poids sous un même volume. La densité de l'eau est
plus grande que celle de l'alcool. || 4" Terme de phy-
sique. Rapport de la masse d'un corps à son volume,
ou, autrement, le quotient de la masse divisée par
le volume. La pesanteur spécifique étant le rapport
du poids au volume, on voit que l'expression numé-
rique en est la même que celle de la densité. La
densité du globe terrestre est de 6,24, celle de
l'eau distillée étant 4. La densité de la lune est les
trois quarts de celle de la terre, et cette dernière
quatre fois la densité du soleil. La densité d'un corps
dépend du nombre de ses points matériels renfermés
sous un volume donné; elle est donc proportionnelle
au rapport de la masse au volume, LAPLACE, Exp.
m, 3.
— HIST. xvi* s. Ainsi voyons-nous la gresse estre
plus ferme et presque charneuse en densité et du-
reté.... PARÉ, 1, 6. Les baings excitent [alors] hor-
reurs, frissons et douleurs, densité de la peau, ID.
xxv, 42.
— ÉTYM. Lat. densitas, de densus (voy. DENSE).
DENT (dan ; le I se lie : une dan-t aiguë ; au plu-
riel, Vs se lie : des dan-z aiguës), s. f. || 1° Chà;un
des petits os recouverts d'émail, qui, enclaves dans
la mâchoire, servent à mâcher. Une dent gâtée. Le
mal de dent. Avoir mal aux dents. Des dents blan-
ches et bien rangées. Je l'ai trouvée fort belle à une
dent près, qui lui fait un étrange effet au devant de
la bouche, sEv. 321. La reine disait de lui [le car-
dinal de Retz] qu'on n'était jamais laid quand on
avait les dents belles, DIDER. llègne de Claude el
Ne'ron, 1, § 47. || Une rage de dents, une violente
douleur de dents. || On dit qu'on a les dents molles,
lorsqu'elles n'ont pas leur fermeté ordinaire et
qu'elles sont agacées par quelque substance. || Dents
de lait, les premières dents, qui sont au nombre de
vingt, et qui. ordinairement complètes à deux ans
ou deux ans et demi, sont destinées à tomber pour
être remplacées; elles portent aussi le nom de dents
primitives, de dents temporaires. Dents de la se-
JDiitf
1059
conde dentition, celles qui remplacent les dents de
lait et qui sont destinées à rester. Dents de sagesse,
dents de la seconde dentition qui poussent les der-
nières. Il Avoir la mort entre les dents, être très-
vieux, voisin de la tombe, ou bien être très-malade.
Il Tenir la mort entre les dents, mêms sens. Il bave
comme un pulmonique Qui tient la mort entra les
dents, RÉGNIER, Stances. || Arracher une dent à quel-
qu'un, la lui ôter de la mâchoire; et fig. tirer de lui
quelque argent ou autre chose qu'il est contraint de
donner malgré lui. Quand on lui demande quelque
chose, il semble qu'on lui arrache une dent, se dit
d'une personne qui ne donne qu'avec peine.|| Mentir
comme un arracheur de dents, être fort accoutumé
à mentir. || C'est vouloir prendre la lur.e avec les
dents, se dit d'une chose impossible. || Il lui vient
du bien, lorsqu'il n'a plus de dénis, se dit de quel-
qu'un à qui il vient du bien sur la fin de ses jours.
|| Donner des noisettes à ceux qui n'ont plus de
dents, donner à quelqu'un des choses dont il n'est
plus en état de se servir. || 11 y a longtemps qu'il
n'a plus mal aux dents, il y a longtemps qu'il est
guéri du mal de dents, il est mort depuis longtemps.
Il Substantivement et au féminin, une sans dent,
une femme qui n'a plus de dents. Qu'entend ce rus-
tre, et que nous veut-il dire? S'écria lors une de nos
sans dents, LA FONT. Lunettes. || Être armé jusqu'aux
dents, être garni d'armes défensives, qui couvrent
le corps entier jusqu'aux dents, et, par extension,
être pourvu de toutes les armes nécessaires à l'atta-
que et à la défense. Dans ce penser il s'arme jus-
qu'aux dents, LA FONT. Gag. Habillés à la légère
parmi des gens cuirassés jusqu'aux dents, MONTESQ.
Lettr. pers. 67. || Fig. et par plaisanterie. Être sa-
vant jusqu'aux dents, être très-savant; locution prise,
a-t-on dit, de ce qu'autrefois on ne ter.ait personne
pour savant, s'il n'était docteur, et que le doctorat
amenait à sa suite de fort grands repas où l'on exer-
çait bien ses dents, mais qu'il semble bien plus na-
turel âe rattacher, par extension, à la locution :
armé jusqu'aux dents, la science étant comparée à
une armure. N'étant point de ces rats qui, les livres
rongeants, Se font savants jusques aux dents, LA
FONT. FM. vm, 9. Vous en qui la sagesse abonde,
Vous enfin savant jusqu'aux dents, SCARRON, l'trg.
(rat), m. H II ment par ses dents, sorte de formule de
démenti. Quelle incongruité! vous meniez par les
dents, RÉGNIER, Sat. x. || Dents artificielles, faus-
ses dents, dents d'imitation, ou, simplement, dents,
nom donné aux dents que l'on substitue à celles
qui ont été arrachées ou qui .sont tombées. Se faire
mettre une dent. || 2° Locutions figurées ou autres
dans lesquelles dent figure pour l'action démanger.
Prendre l'écuelle aux dents, se mettre à manger. Au
fond d'un antre sauvage Un satyre et ses enfants Al-
laient manger leur potage Et prendre l'écuelle aux
dents, LA FONT. Fabl. v, 7. || N'avoir pas de quoi
mettre sous la dent, n'avoir pas de quoi manger, de
quoi vivre. || Manger de toutes ses dents, manger vite
et beaucoup. || Manger du bout des dents, manger à
contre-coeur. || Il n'y en a pas pour sa dent creuse,
se dit quand on sert peu de chose à un homme de
grand appétit. Ici creux & un sens figuré et signifie
avide par vacuité. || Familièrement. Il n'en tâtera,
n'en croquera, n'en cassera que d'une dent, il n'en
aura point. Faites moins la sucrée et changez de lan-
gage, Ou vous n'en casserez, ma foi, que d'une dent,
CORN, le Ment, iv, 9. Ah! ah! vous n'en tâterèz, ma
foi, que d'une dent, FAGAN, Pupille, se. 2). || Mor-
dre à belles dents, mordre vigoureusement. Il mor-
dit dans la pomme à belles dents. Et fig. Que l'usure
ait trouvé.... Tant elle a bonnes dents, que mordre
dessus moi, RÉGNIER, Sat. vi. || Fig. Avoir les dents
longues, bien longues, avoir grond'faim, après être '
resté longtemps sais manger. On a le temps d'avoir
les dents longues, lorsqu'on attend, pour vivre, le
trépas de quelqu'un, MOL. Mèd. malgré lui, 11, 2.
Il Ne pas perdre un coup de dent, manger sans que
rien puisse interrompre. Un domestique accourt,
l'avertit qu'à la porte Deux hommes demandaient à
le voir promptement; Il sort de table, et la cohorte
N'en perd pas un seul coup de dent, LA FONT. Fabl.
1, 4 4. Je n'ai pas perdu un coup de dent ni une
partie de volant, quand j'ai trouvé des joueuses
comme Mlles vos filles, p. L. COUR. Lett. n, 60.
Il Fig. N'en pas perdre un coup de dent, ne pas se
soucier de choses représentées comme fâcheuses, de
menaces faites. Il a beau agir et parler contre moi,
je n'en perdrai pas un coup de dent. || 3° Claquer
des dents, choquer incessamment les dents l'une con-
tre l'autre, ce qui est un effet ou de froid ou de
frisson ou de peur. [Il] Claque des dents, tremble et
frissonne, LA FONT. Orais. \\ Grincer des dents, ser-
drame, d'un roman, ainsi dit, parce qu'Aristote
avait nommé noeud l'ensemble des incidents d'une
pièce, el solution ou dénoûment l'incident final. Un
dénoûment bien amené. Voilà justement ce qu'il
faut pour le dénoûment que nous cherchions, MOL.
Critique, se. dern. || Par extension. Puis s'appe-
santissant, ils le voyaient passer ses longues heures
à demi couché, comme engourdi, et attendant, un
roman il la main, le dénoûment de sa terrible his-
toire, SÉGUR, H tri. de Napol. vm, H. || 3° Solution
d'une chose difficile, embrouillée, par assimilation
îi la solution finale d'une pièce de théâtre. On nous
donne un dénoûment à la principale difficulté, BOSS.
Avert. 3. On y trouve un parfait dénoûment de la
difficulté, m. Déf. comm. Ces solutions servent de
dénoûment à tous les passages de St Clément, ID.
Or. 6. Les dénoûments' qui découvrent les crimes
les plus cachés paraissent si simples et si faciles
qu'il semble qu'il n'y ait que Dieu seul qui puisse
«n être l'auteur, HA BRUY. XVI. Lui seul connaît le
dénoûment de toutes ces malheureuses affaires,
MAINÏENON, Lett. à Mme des Vrsins, 18 juilleU706.
Voilà, pour abréger, le dénoûment de cette première
intrigue, HAMILT. Gramm. 3. Tel sera le dénoûment
redoutable qui nous développera les mystères de la
Providence, MASS. Car.. Avenir.
— REM. Il y a lieu à demander pourquoi l'A-
cadémie écrit dénoûment avec un accent circon-
flexe et dévouement avec un e, mots qui sont faits
de même, l'un de dénouer, l'autre de dévouer.
— SYN. .DÉNOÛMENT, CATASTROPHK, par rapport au
théâtre. Le dénoûment défait le noeud, comme le
mot le porté; la catastrophe fait la révolution. Le
dénoûment est la dernière partie de la pièce ; la ca-
tastrophe est le dernier événement de la fable. Le
dénoûment démêle l'intrigue; la catastrophe termine
l'action, ROUBADD. 11 faut ajouter que le dénoûment
est heureux ou malheureux, tandis que la catastro-
phe ne se dit que d'un dénoûment malheureux.
— HIST. xvi° s. En nourrice, et avant le premier
desnouement de ma langue, MONT, I, 4 93.
— IÎTYM. Dénouer.
DENRÉE (dan-rée), s. f. || i° Toute espèce de mar-
chandise. Denrées alimentaires. Les denrées qui
sont dans les magasins. Si l'on emploie des soins
dispendieux ou pénibles pour conserver une denrée
plus longtemps, c'est .seulement parce que l'augmen-
tation du prix de la denrée doit récompenser de ces
soins, CONDORCET, Duhamel. Les essences et autres
menues denrées d'amour, HAMILT. Gramm. 6. || Den-
rées coloniales, productions des colonies. Elles se-
raient mieux nommées marchandises ou denrées
équinoxiales, parce qu'elles croissent dans la zone
torride et dans le voisinage des tropiques, j. B. SAY,
Traité, 4 844, p. 23j. || C'est une chère denrée, c'est-
à-dire cela est mis à très-haut prix ou à trop haut
prix. || Il vend bien sa denrée, c'est-à-dire il sait
se faire valoir. || 2° Mauvaise marchandise. Il n'y a
que de^la denrée dans cette boutique. || Fig. et en
parlant d'un vaurien : Voilà une belle denrée! || 3° En
un sens plus restreint, toute production de la terre
destinée à la vente et employée pour la nourriture.
Grosses, menues denrées. Tu ne vends pas Comme
tu veux tes herbes, ta denrée, Tes choux, tes aulx,
enfin tout ton tracas, LA FONT. Jum. Je ne croyais
pas que les denrées fussent si chères, MAINTENON,
Lett. à Mme de la Viefville, 23 fév. 4 7ti9. Du gland,
un navet, ou quelque autre pareille denrée, 3. i.
souss. Ém. n. || 4° Marchandise mise en vente, non
pour être revendue, mais pour être consommée, soit
qu'elle soit destinée à la subsistance, soil qu'il s'a-
gisse de tout autre genre de consommation; tant
qu'elle est achetée pour être revendue, elle con-
serve le nom de marchandise, i. B. SAY, Épitome,
ou mot Denrée. || 5° Nom, dans quelques provinces,
d'un petit pain blanc.
— HIST. xm° s. Et s'est trop viez li marchiés
[c'est se prendre trop tard pour faire un marché],
Quant on acate denrée K'uns autres a adesée, DM.
des Chartes, i" série, t. v, p. 337. Onques de lui
[sur elle] [ils] n'aprirent maillie ne denrée [la valeur
d'une maille ou d'un denier], Berte, civ. Onques
mais en ma vie n'oi [je n'eus] de joie denrée, Qui
ore ne me soit à cent doubles doublée, ib. cxxvi.
Et li quens lor jura que jà, ne à mort ne à vie,
n'averoit denrée de sa terre; et d'iluec en avant
ot il à non Jehan-sans-terre, Chron. de Uains, 84.
Et s'ai bien mengié deus denrées De novel miel
en fresches rées, lien. (0235. Se li serjaus a l'ad-
ministration de vendre blés, aveines, ou autres
denrées, il convientqu'il conte du pris, BEAUM. XXIX,
1*. Cil qui sunt tenu por vilain cas en prison, lor
vie est establie à avoir cascun jor denrée de pain
DEN
et de l'yaue, ID. LI, 7. Je vous di bien veraiement,
Il font maint mauves serement, Et si jurent que lor
denrées Sont et bones et esmerées Tels foiz que c'est
mençonge^pùreitRUTEB. 223. Les gens le roy leur
loerent les ëstaûs'poûr vendre leur dan rées chier,
si comme l'en disoit, comme il porenl, JOINV. 2)7.
Il xive s. Et telle chose avient aucune foiz on tem-
pestes à ceux qui pour lour neif alegier jettent lour
denrées en la mer, ORESME, Eth. 48. || xv" s. Ne
renchérirent les vivres qu'on n'eust la denrée pour
un denier, aussi bien qu'on avoit par avant qu'ils
vinssent, FROISS. I, I, 32. Jusques au marché des
denrées, ID. 11, n, 54. || xvi» s. S'il sanglouttoyt,
c'estoyent denrées [botte valant un denierl de cres-
son, BAB. Pant. iv, 32.
— ÉTYM. Berry, darrée; provenç. denairada ;
espagn. dinerada; ital. derrata ; du bas-latin dena-
riata, la valeur d'un denier; du latin tfenartu*, denier
(voy. DENIER). Denrée a signifié primitivement ce qui
vaut un denier, ce qui s'acquiert par denier .parargent.
DENSE (dan-s'), adj. || 1° Dans son sens primitif,
épais, compacte, dont les parties nous paraissent
plus épaisses ou plus serrées. Un air dense. Une va-
peur dense. || 2° Par extension, et c'est le sens le
plus habituel, il se dit d'un corps dont le poids fait
supposer que lès molécules sont très-serrées les unes
contre les autres; l'or, le plomb, le mercure, sont
très-denses ; le platine est le plus dense des métaux.
Il 3° Par comparaison, on nomme dense tout corps
qui, sous un même volume, pèse plus qu'un autre.
L'eau est plus dense que l'air; l'hydrogène est moins
dense que l'azote.
— SYN. DENSE, COMPACTE. Compacte est un terme
général qui indique que les parties sont serrées les
unes contre les autres. Dense, en tant que terme
de physique, indique que les molécules sont serrées
les unes contre les autres. La foule était compacte;
le platine est le plus dense des métaux.
— HIST. xvi" s. Les bestes hardies et courageuses
on.t le coeur petit et dense, PARÉ, Introd. 48,
— ÉTYM. Lat. densus, épais, dense.
f DENSIFLORE (dan-si-flo-r'), adj. Terme de bo-
tanique. Qui porte des fleurs serrées les unes con-
tre les autres.
— ÉTYM. Lnt. densus, dense, et fleur.
fDENSIFOLIÉ, ÉE ( dan-si-fo-li-é , ée), adj.
Terme de botanique. Qui porte des feuilles nom-
breuses et serrées.
— ÉTYM. Dense, et le latin folium, feuille.
DENSITÉ (dan-si-té), s. f. || 1° Qualité de ce qui
est dense. La densité du brouillard. || 2° Le poids
des corps qui nous paraissent lourds. La densité dû
mercure, de l'acide sulfurique. || 3° Supériorité de
poids sous un même volume. La densité de l'eau est
plus grande que celle de l'alcool. || 4" Terme de phy-
sique. Rapport de la masse d'un corps à son volume,
ou, autrement, le quotient de la masse divisée par
le volume. La pesanteur spécifique étant le rapport
du poids au volume, on voit que l'expression numé-
rique en est la même que celle de la densité. La
densité du globe terrestre est de 6,24, celle de
l'eau distillée étant 4. La densité de la lune est les
trois quarts de celle de la terre, et cette dernière
quatre fois la densité du soleil. La densité d'un corps
dépend du nombre de ses points matériels renfermés
sous un volume donné; elle est donc proportionnelle
au rapport de la masse au volume, LAPLACE, Exp.
m, 3.
— HIST. xvi* s. Ainsi voyons-nous la gresse estre
plus ferme et presque charneuse en densité et du-
reté.... PARÉ, 1, 6. Les baings excitent [alors] hor-
reurs, frissons et douleurs, densité de la peau, ID.
xxv, 42.
— ÉTYM. Lat. densitas, de densus (voy. DENSE).
DENT (dan ; le I se lie : une dan-t aiguë ; au plu-
riel, Vs se lie : des dan-z aiguës), s. f. || 1° Chà;un
des petits os recouverts d'émail, qui, enclaves dans
la mâchoire, servent à mâcher. Une dent gâtée. Le
mal de dent. Avoir mal aux dents. Des dents blan-
ches et bien rangées. Je l'ai trouvée fort belle à une
dent près, qui lui fait un étrange effet au devant de
la bouche, sEv. 321. La reine disait de lui [le car-
dinal de Retz] qu'on n'était jamais laid quand on
avait les dents belles, DIDER. llègne de Claude el
Ne'ron, 1, § 47. || Une rage de dents, une violente
douleur de dents. || On dit qu'on a les dents molles,
lorsqu'elles n'ont pas leur fermeté ordinaire et
qu'elles sont agacées par quelque substance. || Dents
de lait, les premières dents, qui sont au nombre de
vingt, et qui. ordinairement complètes à deux ans
ou deux ans et demi, sont destinées à tomber pour
être remplacées; elles portent aussi le nom de dents
primitives, de dents temporaires. Dents de la se-
JDiitf
1059
conde dentition, celles qui remplacent les dents de
lait et qui sont destinées à rester. Dents de sagesse,
dents de la seconde dentition qui poussent les der-
nières. Il Avoir la mort entre les dents, être très-
vieux, voisin de la tombe, ou bien être très-malade.
Il Tenir la mort entre les dents, mêms sens. Il bave
comme un pulmonique Qui tient la mort entra les
dents, RÉGNIER, Stances. || Arracher une dent à quel-
qu'un, la lui ôter de la mâchoire; et fig. tirer de lui
quelque argent ou autre chose qu'il est contraint de
donner malgré lui. Quand on lui demande quelque
chose, il semble qu'on lui arrache une dent, se dit
d'une personne qui ne donne qu'avec peine.|| Mentir
comme un arracheur de dents, être fort accoutumé
à mentir. || C'est vouloir prendre la lur.e avec les
dents, se dit d'une chose impossible. || Il lui vient
du bien, lorsqu'il n'a plus de dénis, se dit de quel-
qu'un à qui il vient du bien sur la fin de ses jours.
|| Donner des noisettes à ceux qui n'ont plus de
dents, donner à quelqu'un des choses dont il n'est
plus en état de se servir. || 11 y a longtemps qu'il
n'a plus mal aux dents, il y a longtemps qu'il est
guéri du mal de dents, il est mort depuis longtemps.
Il Substantivement et au féminin, une sans dent,
une femme qui n'a plus de dents. Qu'entend ce rus-
tre, et que nous veut-il dire? S'écria lors une de nos
sans dents, LA FONT. Lunettes. || Être armé jusqu'aux
dents, être garni d'armes défensives, qui couvrent
le corps entier jusqu'aux dents, et, par extension,
être pourvu de toutes les armes nécessaires à l'atta-
que et à la défense. Dans ce penser il s'arme jus-
qu'aux dents, LA FONT. Gag. Habillés à la légère
parmi des gens cuirassés jusqu'aux dents, MONTESQ.
Lettr. pers. 67. || Fig. et par plaisanterie. Être sa-
vant jusqu'aux dents, être très-savant; locution prise,
a-t-on dit, de ce qu'autrefois on ne ter.ait personne
pour savant, s'il n'était docteur, et que le doctorat
amenait à sa suite de fort grands repas où l'on exer-
çait bien ses dents, mais qu'il semble bien plus na-
turel âe rattacher, par extension, à la locution :
armé jusqu'aux dents, la science étant comparée à
une armure. N'étant point de ces rats qui, les livres
rongeants, Se font savants jusques aux dents, LA
FONT. FM. vm, 9. Vous en qui la sagesse abonde,
Vous enfin savant jusqu'aux dents, SCARRON, l'trg.
(rat), m. H II ment par ses dents, sorte de formule de
démenti. Quelle incongruité! vous meniez par les
dents, RÉGNIER, Sat. x. || Dents artificielles, faus-
ses dents, dents d'imitation, ou, simplement, dents,
nom donné aux dents que l'on substitue à celles
qui ont été arrachées ou qui .sont tombées. Se faire
mettre une dent. || 2° Locutions figurées ou autres
dans lesquelles dent figure pour l'action démanger.
Prendre l'écuelle aux dents, se mettre à manger. Au
fond d'un antre sauvage Un satyre et ses enfants Al-
laient manger leur potage Et prendre l'écuelle aux
dents, LA FONT. Fabl. v, 7. || N'avoir pas de quoi
mettre sous la dent, n'avoir pas de quoi manger, de
quoi vivre. || Manger de toutes ses dents, manger vite
et beaucoup. || Manger du bout des dents, manger à
contre-coeur. || Il n'y en a pas pour sa dent creuse,
se dit quand on sert peu de chose à un homme de
grand appétit. Ici creux & un sens figuré et signifie
avide par vacuité. || Familièrement. Il n'en tâtera,
n'en croquera, n'en cassera que d'une dent, il n'en
aura point. Faites moins la sucrée et changez de lan-
gage, Ou vous n'en casserez, ma foi, que d'une dent,
CORN, le Ment, iv, 9. Ah! ah! vous n'en tâterèz, ma
foi, que d'une dent, FAGAN, Pupille, se. 2). || Mor-
dre à belles dents, mordre vigoureusement. Il mor-
dit dans la pomme à belles dents. Et fig. Que l'usure
ait trouvé.... Tant elle a bonnes dents, que mordre
dessus moi, RÉGNIER, Sat. vi. || Fig. Avoir les dents
longues, bien longues, avoir grond'faim, après être '
resté longtemps sais manger. On a le temps d'avoir
les dents longues, lorsqu'on attend, pour vivre, le
trépas de quelqu'un, MOL. Mèd. malgré lui, 11, 2.
Il Ne pas perdre un coup de dent, manger sans que
rien puisse interrompre. Un domestique accourt,
l'avertit qu'à la porte Deux hommes demandaient à
le voir promptement; Il sort de table, et la cohorte
N'en perd pas un seul coup de dent, LA FONT. Fabl.
1, 4 4. Je n'ai pas perdu un coup de dent ni une
partie de volant, quand j'ai trouvé des joueuses
comme Mlles vos filles, p. L. COUR. Lett. n, 60.
Il Fig. N'en pas perdre un coup de dent, ne pas se
soucier de choses représentées comme fâcheuses, de
menaces faites. Il a beau agir et parler contre moi,
je n'en perdrai pas un coup de dent. || 3° Claquer
des dents, choquer incessamment les dents l'une con-
tre l'autre, ce qui est un effet ou de froid ou de
frisson ou de peur. [Il] Claque des dents, tremble et
frissonne, LA FONT. Orais. \\ Grincer des dents, ser-
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