DAM
Qui bien à la terre saisie; Tant est grant dame,
Qu'ele en enfer metra mainte ame, RUTEB. 203.
Wide chambre fait foie dame, LEROIIX DE LINCY,
Prov. t. i, p. 24 3. On sert le chien por le seignor;
Et por I'amor le chevalier Baise la dame l'escuier,
IIERBERS, Dolopathos, dans LEROUX DE LINCY, t. n,
p. 489. Il xv« s. Et [les Gantois à Dam] mirent fem-
mes et enfants prisonniers dedans le moustier, et
proprement ils firent entrer les dames chevaleresses,
FROISS. n, il, 232. Sa dame de mère lui acordoit
tout ce qu'il disoit.... ID. I, I, 4 00 Et obéiraient à
licomme àleurdame, etàson fils comme à leur sei-
gneur, ID. I, I, 9. Â ce propos raconte Valere de Sci-
pion que il fitRome dame de Carthage et du pays d'A-
frique, Bouciq. m, en. i 3. || xvi" s. Dame qui moult
se mire peu file, LER. DE LINCY, Prov. 1.1, p. 213.
— ÉTYM. Bourguig. daime; provenç. dama, et
plus habituellement dompna, domna, dona et par
abréviation na, et encore dons; espagn. doiiaeldue-
iîa; ital donna; du latin domina. Le changement
del'o en a n'est pas très-rare dans l'ancien français :
en pour on, dam pour dom, etc. On trouve quelque-
lois dôme : xin" s. L'aumône que ma dôme Teeline
aveit fait à De [Dieu] e aus hospitaulers, Bibl. des
Ch. 3" série, t. v, p. 87.
2. DAME (da-m'), interj. explèlive qui est une
formule d'affirmation, comme hercle en latin. Mais,
dame, oui. Oh! dame, non. Ah ! dame, vous m'en
direz tant! Oh! dame, interrompe?. - moi donc!
MOL. D. Juan, m, 4. Dame! quand on est belle,
on-ne l'est pas pour rien, HAUTEKOCHE. Bourg, de
qualité, i, 4. Dame! je ne sais pas si bien mentir
que vous, BOURSAULT, Merc. gai. i, 3. Si elle est
devenue si glorieuse, dame, je ne saurais que faire,
MARIVAUX, Marianne, 5" part. t. u, p. 234. Dame!
oui, je lui dis tout.... hors ce qu'il faut lui taire,
BEAUM. ilar. deFig.m, 9. Oh! dame! c'est une
Française, cela se vend bien, tout le monde m'en
demande, CHAMPFORT, Marchand de Smyrne, se. s.
Enfin te tairas-tu?—Dame! on défend ses droits,
COL. D'HARLEV. Malice pour malice, i, 8.
— ËTYM. Dame s'est dit au masculin (voy. l'his-
torique de DOM) pour seigneur; dame Dieu est conti-
nuellement dans les anciens textes; et dame Dieu
ou, simplement, dame, est devenu une interjection
comme seigneur Dieu ou seigneur; c'est cet emploi
fréquent de dame Dieu qui fait penser que dame,
interjection,vient de daine masculin et non de dame
féminin (Notre-Dame,la sainte vierge). Dame, s. m.
vient de dommus, comme dame, s. f. vient de
domina.
3. DAME (da-m'), *. f. Terme d'architecture hy-
draulique. Nom qu'on donne, en creusant les terres,
particulièrement pour un canal, à de petites digues
qu'on laisse d'espace en espace pour arrêter l'eau
qui s'y trouve, ou à de petites langues de terre qu'on
conserve dans d'autres vues. || Terme de ponts et
chaussées. Petits cônes de terre laissés dans les
fouilles pour servir de témoins lors du métré des
déblais. || Terme d'art militaire. Dame de mine,
masse de terre qui est restée debout après une ex-
plosion. Dame de fortification, petite tour à centre
plein, en maçonnerie, qui surmonte le milieu d'un
bàtardeau de fossé inondé.
— ETYM. Allem. Damm, digue.
DAMÉ, ÉE (da-mé, mée), part, passé. Terme du
jeu de dames. Une dame damée peut aller en tous
sens. || Fig. et familièrement, femme damée,
femme qui est mariée.
■f DAHE-AUBERT (da-mô-bèr), s. f. Prune jaune
d'un goût médiocre. || Au plur. Des dame-aubert.
DAME-JEANNE (da-me-jà-n'), s. f. Sorte de très-
grosse bouteille en terre ou en verre qui sert à gar-
der et à transporter du vin ou des liqueurs et qui
est ordinairement de la contenance de 60 à 60 li-
tres. || Dans la marine, grosse bouteille de verre,de
la contenance de 4 7 à 4 8 litres, garnie de natte et
servant à la distribution de la boisson de l'équipage.
|| Au plur. Des dames-jeannes. Quelques gram-
mairiens veulent qu'on écrive des dame-jeanne (le
pluriel tombant sur bouteille sous-entendu), mais
la première orthographe est plus naturelle.
— ÉTYM. Dame, et Jeanne.
f DAMEL.OT (da-me-lo), s. m. Variété de pomme.
4. DAMER (da-mé), v. a. || 1° Au jeu d'échecs,
damer un pion, mener un pion dans une des cases
de la dernière rangée de l'échiquier : il a alors la
même valeur et les mêmes propriétés que la reine
ou dame; et, pour marquer que c'est une nouvelle
dame, on lui adjoint un autre pion qu'on met avec
lui sur la même case, c'est là proprement damer un
pion. || Au jeu. de dames, damer un pion, et moins
exactement damer une dame, c'est mener aussi un
DAM
de ses pions sur la rangée qui est la plus près de
l'adversaire; alors au lieu de faire un seul pas à cha-
que coup, il peut, comme la dame des échecs, par-
courir la ligne entière et prendre à distance les
pions qui sont en prise. Pour faire reconnaître le
pion ainsi augmenté , on met une seconde dame
sur la première, et l'on dit qu'on a damé cette
dame. || Familièrement. Damer le pion à quel-
qu'un, le supplanter, avoir l'avantage sur lui;
locution qui vient de ce que le pion damé montre
ou détermine une grande supériorité chez le joueur
qui va à dame. 11 [Voltaire] a pris ce jésuite pour
lui dire la messe et pour jouer avec lui aux échecs;
je crains toujours que le prêtre ne joue quelque
mauvais tour au philosophe et ne finisse par.lui
damer le pion et peut-être le faire échec et mat,
D'ALEMB. Lettre au roi de Prusse, 20 juin (768.
|| 2" Anciennement, accorder à une demoiselle le
titre de dame, titre qui ne se donnait qu'aux fem-
mes de nobles ou d'écuyers. || 3" Battre les terres et
les pavés avec le bloc de bois appelé dame. || Terme
d'artillerie. Fouler également la charge d'un mortier.
— HIST. xmc s. C'est une dame de haut prix, Qui
est tant digne d'estre amée, Qu'ele doit, rose, estre
damée [recevoir un titre], la Rose, dans RICHELET.
|| xvi" s. Je dameray ce conte [je dirai un conte pa-
reil], dist Panurge, vous racontant ce que Breton
Villandry respondist ung jour on seigneur duc de
Guise, RAB. Pont, iv, 4t.
— ÉTYM. Dame 4.
f 2. DAMER (da-mé), v. a. Terme d'architecture.
Donner à quelque chose un demi-pied de pente.
DAMERET (da-me-rè; le t ne se lie pas dans le
parler ordinaire ; au pluriel, Ys se lie : des da-me-
rè-z efféminés; damerets rime avec traits, succès,
paix, etc.), s. m. Homme dont la toilette et la ga-
lanterie ont de l'affectation. Que certain dameret qui
veut me supplanter Se sentira du don que j'ai de
bien frotter, SCARRON, Jodelet duelliste, dans LE-
ROCX, Dict. comique. Ils font les damerets, sont de
tous les plaisirs, HAUTER. Appar. tromp. i, 2. Un
vieillard insensé Qui fait le dameret dans un corps
tout cassé, MOL. Éc. desmar. i, 4. || Adjectivement.
Gardez donc de donner, ainsi que dans Clélie, L'air
ni l'esprit français à l'antique Italie, Et, sous des
noms romains faisant notre portrait, Peindre Galon
galant et Brutus dameret, BOIL. Art p. m. Que nos
auteurs damerets, que nos tyrans philosophes con-
naissent enfin leur petitesse, GILB. le Carnaval des
auteurs. || Chariot dameret, nom primitif des car-
rosses suspendus.
— HIST. xvi" s. Comme sont protonotaires dame-
raux, ou autres muguets et mignons de cour, CALV.
4 34. Il faisoit plus grande profession de courtisan
et dameret à se curieusement vestir, que des armes
et de guerrier, CARL. II, 12. Il estoit fort dameret,
s'habillant toujours fort bien, BRANT. Gouast. Que
ce ne soit pas un beau garson et dameret, mais un
garson vert et vigoreux, MONT, I, 4 83. Ce sont
deux occupations [la table et l'amour] qui s'en-
tr'empeschent en leur vigueur: elle [la paillardise]
a affoibli nostre estomach, d'une part; et, d'autre
part, la sobriété sert à nous rendre plus coints, plus
damerets, pour l'exercice de l'amour, ID. II, 46.
— ÉTYM. Diminutif de dame, exprimant le goût
de se parer comme une petite dame.
f DAMERETTE (da-me-rè-f), s. f. Espèce de pa-
pillon de nuit.
f DAMETTE (da-mè-f), s. f. Bergeronnette à
collier.
f DAMIANES (da-mi-a-n'), s. f. plur. Religieu-
ses de Ste-Claire.
— ÉTYM. Eglise de St-Damian d'Assises, où
sainte Claire prit l'habit de religion.
t DAM1CORNE (da-mi-kor-n'), adj. Terme d'his-
toire naturelle. Qui a la forme d'une corne de daim.
— ÉTYM. Lat. dama, daim, et corne.
DAMIER (da-mié; IV ne se lie jamais; au pluriel,
Ys se lie : les damié-z-et les dames), s. m. || i" Tableau
divisé en 400 cases sur lequel on joue aux dames,
tandis que l'échiquier sur lequel on joue aux échecs
n'en a que 64. L'ancien damier français n'avait que
64 cases comme l'échiquier. || Exploitation en da-
mier, d'une mine, d'une houillère , exploitation
par galeries et piliers. || 2° Nom vulgaire du pétrel
tacheté. || Nom de quelques papillons diurnes. || Es-
pèce de coquillage marqueté de différentes couleurs
comme un damier. || 3° Terme d'architecture. Mou-
lure romane composée de petits carrés alternative-
ment saillants et creux.
— HIST. xvp s. TJn damier dont les carrez sont de
cristal, soubz lesquels y a des petites fleurs esmail-
lées, DE LABORDE, Émaux, p, 244.
DAM 949
— ÉTYM. Dame 4. D'après de Laborde, ce mot
date du xvi« siècle.
t DAMMAR (da-mmar), s. m. Terme de chimie.
Sorte de résine fournie par le dammara orientâlisi
arbre de la Malaisie.
DAMNABLE (dâ-na-bl'), adj. || i° Qui mérite, qui
attire la damnation, en parlant des choses. Une
opinion, une doctrine damnable. Or elles [des opi-
nions] ne sont pas damnables, si elles se sont trou-
vées dans les martyrs, si l'Église les y a vues.et
les y a tolérées, BOSS. Var. <'r arert. § 23. || Qui
mérite d'être damné, en parlant des personnes. Les
faire damnables de cette sorte, c'est sans doute les
faire pécheurs, et Luther l'enseigne aussi en termes
formels, BOSS. Var. 2e avert. §'u. || 2°Qui mérite
la réprobation, abominable. Celse dit avec les"Juifs
que Jésus-Christ avait appris les secrets des Egyp-
tiens, c'est-à-dire la magie, et qu'il voulut s'aura-.
buer la divinité par les merveilles qu'il fit en vertu
de cet art damnable, BOSS. Hisl. n, 4 2. Ces dam-
nables exemples, ID. ib. n, 4. La passion dominante
fut une damnable ambition, BOURD. Myst. Épiph.
t. i, p. 4 23 Porte, porte aux tyrans tes damnables
maximes, CORN. Perthar. u, 3. Je ne recherche
plus la damnable origine De cet aveugle amour où
Placide s'obstine, ID. ib. n, 5. Va, dangereux ami,
que l'enfer me suscite, Ton damnableartifice en vain
me sollicite, m. Théodore, v, 3. Ah! mon fils, étouf-
fez ce damnable dessein, ROTR. Amig. i, 6. Ces
damnables complots sont des gens de la cour, ID.
Bélis. n, 9.
— HIST. xv" s. Disant que oneques n'avoit failly,
mais soustendroit que le duc de Clocestre avoit mal-
vaise querelle et dampnable, FENIN, 1425. |{ xvie s.
Ceste surprise n'estoit pas moins damnable ny moins
meschante, que celle de la Cadmée à Thebes, AMYOT,
Agésil. 44.
— ÉTYM. Provenç. dampnable; anc. espagn. daiïa-
ble, damnable; ital. dannabile; du latin damnabiVs,
digne d'être condamné, de damnare (voy. DAMNER).
DAMNABLEMENT (dâ-na-ble-man), adv. D'une
manière damnable. [Crqmwel disait] Charles II est
trop damnablement débauché pour me pardonner
la mort de son père, CHATEAUB. Stuarts, 276.
— ÉTYM. Damnable, et le suffixe ment.
DAMNATION (dà-na-sion; en vers, dfi quatre
syllabes), s. f. \\ 1° Condamnation. En matière de
crime, il n'y a nulle justice, nulle damnation par-
faite, sans défense contradictoire, PELLISSON, II. 187.,.
Vieux en ce sens. || 2° Condamnation aux peines det
l'enfer après la mort et dans une autre vie. Il serait
en état de damnation, PASC. Prov. 6. Que, bien loin
de former en secret des désirs de leur salut [des
jansénistes], vous avez fait en public des voeux pour
leur damnation,ID. ib. 44. Des gens qui sont en état
de damnation, BOSS. Var. xv. La certitude de votre
damnation a pour fondement la plus commune da
toutes les règles, MASS. Car. Fausse confiance. Que
tout homme soit obligé de la suivre sous peine de
damnation, j. j. ROUSS. Ém. IV. Aucun n'a vu de si
funestes suites de ses péchés que celles qu'ils [Adam
et Eve] ont vues de leur désobéissance, puisque
tous les maux qui sont arrivés à tous les hommes
ensemble, tous les péchés qui se sont commis dans
le monde, et la damnation de ce nombre innom-
brable de réprouvés sont des suites de leur crime,
NICOLE, Ess. de mor. 2e traité, ch. 5. j| Sorte d'im-
précation arrachée par la colère ou le désespoir que
l'on prononce contre soi ou les autres. Mort et dam-
nation! Enfer et damnation! || Jurer sur sa damna-
tion, jurer en disant qu'on veut être damné si„..
Il promit plus que Léandre ne voulut, et jura sur sa
damnation éternelle de tenir tout ce qu'il promet-
tait , SCARRON , Rom. com. 2e part. ch. 9.
— HIST. xii" s Li multitudine de la mercit c'on
lor a mostreit lor turne, à la parsomme, en accom-
blement de droituriere dampnasion, ST BERNARD,
559. Maintes fois est nostre oevre occaisons de,
dampnation, et si quidons [pensons] ke ele seit creis-
semens de vertu, Job, 469. || xm" s. Il [les Juifs] ne
peurent droiture avoir, Ne droiture ne achoison,
Par quoy [Jésus] fust en dampnation, St-Graal, v.
403. Tu tenis la moie main destre, ne me consentis
mie du tout choir en dampnation, Psautier, f" 87.
Diexi sofri pour nous mortel damnation, QuantJudas,
ses disciples, i fist la traïson, Ch. d'Ant. i, 842. Et
lor promet, en ses idées, Des euvres qu'il auront
ovrées, Sauvement ou dampnacion, la Rose, 47685.
|| xve s. Ne nulle part ne portion N'y aura,- et, pour
mieulx valoir, Le jure en ma dampnacion, CHV D'OBL.
Bail. 79. Ages de plour, d'envie et de tourment,
Temps de langour et de dampnacion, E. DESCH
Du.temps présent.
Qui bien à la terre saisie; Tant est grant dame,
Qu'ele en enfer metra mainte ame, RUTEB. 203.
Wide chambre fait foie dame, LEROIIX DE LINCY,
Prov. t. i, p. 24 3. On sert le chien por le seignor;
Et por I'amor le chevalier Baise la dame l'escuier,
IIERBERS, Dolopathos, dans LEROUX DE LINCY, t. n,
p. 489. Il xv« s. Et [les Gantois à Dam] mirent fem-
mes et enfants prisonniers dedans le moustier, et
proprement ils firent entrer les dames chevaleresses,
FROISS. n, il, 232. Sa dame de mère lui acordoit
tout ce qu'il disoit.... ID. I, I, 4 00 Et obéiraient à
licomme àleurdame, etàson fils comme à leur sei-
gneur, ID. I, I, 9. Â ce propos raconte Valere de Sci-
pion que il fitRome dame de Carthage et du pays d'A-
frique, Bouciq. m, en. i 3. || xvi" s. Dame qui moult
se mire peu file, LER. DE LINCY, Prov. 1.1, p. 213.
— ÉTYM. Bourguig. daime; provenç. dama, et
plus habituellement dompna, domna, dona et par
abréviation na, et encore dons; espagn. doiiaeldue-
iîa; ital donna; du latin domina. Le changement
del'o en a n'est pas très-rare dans l'ancien français :
en pour on, dam pour dom, etc. On trouve quelque-
lois dôme : xin" s. L'aumône que ma dôme Teeline
aveit fait à De [Dieu] e aus hospitaulers, Bibl. des
Ch. 3" série, t. v, p. 87.
2. DAME (da-m'), interj. explèlive qui est une
formule d'affirmation, comme hercle en latin. Mais,
dame, oui. Oh! dame, non. Ah ! dame, vous m'en
direz tant! Oh! dame, interrompe?. - moi donc!
MOL. D. Juan, m, 4. Dame! quand on est belle,
on-ne l'est pas pour rien, HAUTEKOCHE. Bourg, de
qualité, i, 4. Dame! je ne sais pas si bien mentir
que vous, BOURSAULT, Merc. gai. i, 3. Si elle est
devenue si glorieuse, dame, je ne saurais que faire,
MARIVAUX, Marianne, 5" part. t. u, p. 234. Dame!
oui, je lui dis tout.... hors ce qu'il faut lui taire,
BEAUM. ilar. deFig.m, 9. Oh! dame! c'est une
Française, cela se vend bien, tout le monde m'en
demande, CHAMPFORT, Marchand de Smyrne, se. s.
Enfin te tairas-tu?—Dame! on défend ses droits,
COL. D'HARLEV. Malice pour malice, i, 8.
— ËTYM. Dame s'est dit au masculin (voy. l'his-
torique de DOM) pour seigneur; dame Dieu est conti-
nuellement dans les anciens textes; et dame Dieu
ou, simplement, dame, est devenu une interjection
comme seigneur Dieu ou seigneur; c'est cet emploi
fréquent de dame Dieu qui fait penser que dame,
interjection,vient de daine masculin et non de dame
féminin (Notre-Dame,la sainte vierge). Dame, s. m.
vient de dommus, comme dame, s. f. vient de
domina.
3. DAME (da-m'), *. f. Terme d'architecture hy-
draulique. Nom qu'on donne, en creusant les terres,
particulièrement pour un canal, à de petites digues
qu'on laisse d'espace en espace pour arrêter l'eau
qui s'y trouve, ou à de petites langues de terre qu'on
conserve dans d'autres vues. || Terme de ponts et
chaussées. Petits cônes de terre laissés dans les
fouilles pour servir de témoins lors du métré des
déblais. || Terme d'art militaire. Dame de mine,
masse de terre qui est restée debout après une ex-
plosion. Dame de fortification, petite tour à centre
plein, en maçonnerie, qui surmonte le milieu d'un
bàtardeau de fossé inondé.
— ETYM. Allem. Damm, digue.
DAMÉ, ÉE (da-mé, mée), part, passé. Terme du
jeu de dames. Une dame damée peut aller en tous
sens. || Fig. et familièrement, femme damée,
femme qui est mariée.
■f DAHE-AUBERT (da-mô-bèr), s. f. Prune jaune
d'un goût médiocre. || Au plur. Des dame-aubert.
DAME-JEANNE (da-me-jà-n'), s. f. Sorte de très-
grosse bouteille en terre ou en verre qui sert à gar-
der et à transporter du vin ou des liqueurs et qui
est ordinairement de la contenance de 60 à 60 li-
tres. || Dans la marine, grosse bouteille de verre,de
la contenance de 4 7 à 4 8 litres, garnie de natte et
servant à la distribution de la boisson de l'équipage.
|| Au plur. Des dames-jeannes. Quelques gram-
mairiens veulent qu'on écrive des dame-jeanne (le
pluriel tombant sur bouteille sous-entendu), mais
la première orthographe est plus naturelle.
— ÉTYM. Dame, et Jeanne.
f DAMEL.OT (da-me-lo), s. m. Variété de pomme.
4. DAMER (da-mé), v. a. || 1° Au jeu d'échecs,
damer un pion, mener un pion dans une des cases
de la dernière rangée de l'échiquier : il a alors la
même valeur et les mêmes propriétés que la reine
ou dame; et, pour marquer que c'est une nouvelle
dame, on lui adjoint un autre pion qu'on met avec
lui sur la même case, c'est là proprement damer un
pion. || Au jeu. de dames, damer un pion, et moins
exactement damer une dame, c'est mener aussi un
DAM
de ses pions sur la rangée qui est la plus près de
l'adversaire; alors au lieu de faire un seul pas à cha-
que coup, il peut, comme la dame des échecs, par-
courir la ligne entière et prendre à distance les
pions qui sont en prise. Pour faire reconnaître le
pion ainsi augmenté , on met une seconde dame
sur la première, et l'on dit qu'on a damé cette
dame. || Familièrement. Damer le pion à quel-
qu'un, le supplanter, avoir l'avantage sur lui;
locution qui vient de ce que le pion damé montre
ou détermine une grande supériorité chez le joueur
qui va à dame. 11 [Voltaire] a pris ce jésuite pour
lui dire la messe et pour jouer avec lui aux échecs;
je crains toujours que le prêtre ne joue quelque
mauvais tour au philosophe et ne finisse par.lui
damer le pion et peut-être le faire échec et mat,
D'ALEMB. Lettre au roi de Prusse, 20 juin (768.
|| 2" Anciennement, accorder à une demoiselle le
titre de dame, titre qui ne se donnait qu'aux fem-
mes de nobles ou d'écuyers. || 3" Battre les terres et
les pavés avec le bloc de bois appelé dame. || Terme
d'artillerie. Fouler également la charge d'un mortier.
— HIST. xmc s. C'est une dame de haut prix, Qui
est tant digne d'estre amée, Qu'ele doit, rose, estre
damée [recevoir un titre], la Rose, dans RICHELET.
|| xvi" s. Je dameray ce conte [je dirai un conte pa-
reil], dist Panurge, vous racontant ce que Breton
Villandry respondist ung jour on seigneur duc de
Guise, RAB. Pont, iv, 4t.
— ÉTYM. Dame 4.
f 2. DAMER (da-mé), v. a. Terme d'architecture.
Donner à quelque chose un demi-pied de pente.
DAMERET (da-me-rè; le t ne se lie pas dans le
parler ordinaire ; au pluriel, Ys se lie : des da-me-
rè-z efféminés; damerets rime avec traits, succès,
paix, etc.), s. m. Homme dont la toilette et la ga-
lanterie ont de l'affectation. Que certain dameret qui
veut me supplanter Se sentira du don que j'ai de
bien frotter, SCARRON, Jodelet duelliste, dans LE-
ROCX, Dict. comique. Ils font les damerets, sont de
tous les plaisirs, HAUTER. Appar. tromp. i, 2. Un
vieillard insensé Qui fait le dameret dans un corps
tout cassé, MOL. Éc. desmar. i, 4. || Adjectivement.
Gardez donc de donner, ainsi que dans Clélie, L'air
ni l'esprit français à l'antique Italie, Et, sous des
noms romains faisant notre portrait, Peindre Galon
galant et Brutus dameret, BOIL. Art p. m. Que nos
auteurs damerets, que nos tyrans philosophes con-
naissent enfin leur petitesse, GILB. le Carnaval des
auteurs. || Chariot dameret, nom primitif des car-
rosses suspendus.
— HIST. xvi" s. Comme sont protonotaires dame-
raux, ou autres muguets et mignons de cour, CALV.
4 34. Il faisoit plus grande profession de courtisan
et dameret à se curieusement vestir, que des armes
et de guerrier, CARL. II, 12. Il estoit fort dameret,
s'habillant toujours fort bien, BRANT. Gouast. Que
ce ne soit pas un beau garson et dameret, mais un
garson vert et vigoreux, MONT, I, 4 83. Ce sont
deux occupations [la table et l'amour] qui s'en-
tr'empeschent en leur vigueur: elle [la paillardise]
a affoibli nostre estomach, d'une part; et, d'autre
part, la sobriété sert à nous rendre plus coints, plus
damerets, pour l'exercice de l'amour, ID. II, 46.
— ÉTYM. Diminutif de dame, exprimant le goût
de se parer comme une petite dame.
f DAMERETTE (da-me-rè-f), s. f. Espèce de pa-
pillon de nuit.
f DAMETTE (da-mè-f), s. f. Bergeronnette à
collier.
f DAMIANES (da-mi-a-n'), s. f. plur. Religieu-
ses de Ste-Claire.
— ÉTYM. Eglise de St-Damian d'Assises, où
sainte Claire prit l'habit de religion.
t DAM1CORNE (da-mi-kor-n'), adj. Terme d'his-
toire naturelle. Qui a la forme d'une corne de daim.
— ÉTYM. Lat. dama, daim, et corne.
DAMIER (da-mié; IV ne se lie jamais; au pluriel,
Ys se lie : les damié-z-et les dames), s. m. || i" Tableau
divisé en 400 cases sur lequel on joue aux dames,
tandis que l'échiquier sur lequel on joue aux échecs
n'en a que 64. L'ancien damier français n'avait que
64 cases comme l'échiquier. || Exploitation en da-
mier, d'une mine, d'une houillère , exploitation
par galeries et piliers. || 2° Nom vulgaire du pétrel
tacheté. || Nom de quelques papillons diurnes. || Es-
pèce de coquillage marqueté de différentes couleurs
comme un damier. || 3° Terme d'architecture. Mou-
lure romane composée de petits carrés alternative-
ment saillants et creux.
— HIST. xvp s. TJn damier dont les carrez sont de
cristal, soubz lesquels y a des petites fleurs esmail-
lées, DE LABORDE, Émaux, p, 244.
DAM 949
— ÉTYM. Dame 4. D'après de Laborde, ce mot
date du xvi« siècle.
t DAMMAR (da-mmar), s. m. Terme de chimie.
Sorte de résine fournie par le dammara orientâlisi
arbre de la Malaisie.
DAMNABLE (dâ-na-bl'), adj. || i° Qui mérite, qui
attire la damnation, en parlant des choses. Une
opinion, une doctrine damnable. Or elles [des opi-
nions] ne sont pas damnables, si elles se sont trou-
vées dans les martyrs, si l'Église les y a vues.et
les y a tolérées, BOSS. Var. <'r arert. § 23. || Qui
mérite d'être damné, en parlant des personnes. Les
faire damnables de cette sorte, c'est sans doute les
faire pécheurs, et Luther l'enseigne aussi en termes
formels, BOSS. Var. 2e avert. §'u. || 2°Qui mérite
la réprobation, abominable. Celse dit avec les"Juifs
que Jésus-Christ avait appris les secrets des Egyp-
tiens, c'est-à-dire la magie, et qu'il voulut s'aura-.
buer la divinité par les merveilles qu'il fit en vertu
de cet art damnable, BOSS. Hisl. n, 4 2. Ces dam-
nables exemples, ID. ib. n, 4. La passion dominante
fut une damnable ambition, BOURD. Myst. Épiph.
t. i, p. 4 23 Porte, porte aux tyrans tes damnables
maximes, CORN. Perthar. u, 3. Je ne recherche
plus la damnable origine De cet aveugle amour où
Placide s'obstine, ID. ib. n, 5. Va, dangereux ami,
que l'enfer me suscite, Ton damnableartifice en vain
me sollicite, m. Théodore, v, 3. Ah! mon fils, étouf-
fez ce damnable dessein, ROTR. Amig. i, 6. Ces
damnables complots sont des gens de la cour, ID.
Bélis. n, 9.
— HIST. xv" s. Disant que oneques n'avoit failly,
mais soustendroit que le duc de Clocestre avoit mal-
vaise querelle et dampnable, FENIN, 1425. |{ xvie s.
Ceste surprise n'estoit pas moins damnable ny moins
meschante, que celle de la Cadmée à Thebes, AMYOT,
Agésil. 44.
— ÉTYM. Provenç. dampnable; anc. espagn. daiïa-
ble, damnable; ital. dannabile; du latin damnabiVs,
digne d'être condamné, de damnare (voy. DAMNER).
DAMNABLEMENT (dâ-na-ble-man), adv. D'une
manière damnable. [Crqmwel disait] Charles II est
trop damnablement débauché pour me pardonner
la mort de son père, CHATEAUB. Stuarts, 276.
— ÉTYM. Damnable, et le suffixe ment.
DAMNATION (dà-na-sion; en vers, dfi quatre
syllabes), s. f. \\ 1° Condamnation. En matière de
crime, il n'y a nulle justice, nulle damnation par-
faite, sans défense contradictoire, PELLISSON, II. 187.,.
Vieux en ce sens. || 2° Condamnation aux peines det
l'enfer après la mort et dans une autre vie. Il serait
en état de damnation, PASC. Prov. 6. Que, bien loin
de former en secret des désirs de leur salut [des
jansénistes], vous avez fait en public des voeux pour
leur damnation,ID. ib. 44. Des gens qui sont en état
de damnation, BOSS. Var. xv. La certitude de votre
damnation a pour fondement la plus commune da
toutes les règles, MASS. Car. Fausse confiance. Que
tout homme soit obligé de la suivre sous peine de
damnation, j. j. ROUSS. Ém. IV. Aucun n'a vu de si
funestes suites de ses péchés que celles qu'ils [Adam
et Eve] ont vues de leur désobéissance, puisque
tous les maux qui sont arrivés à tous les hommes
ensemble, tous les péchés qui se sont commis dans
le monde, et la damnation de ce nombre innom-
brable de réprouvés sont des suites de leur crime,
NICOLE, Ess. de mor. 2e traité, ch. 5. j| Sorte d'im-
précation arrachée par la colère ou le désespoir que
l'on prononce contre soi ou les autres. Mort et dam-
nation! Enfer et damnation! || Jurer sur sa damna-
tion, jurer en disant qu'on veut être damné si„..
Il promit plus que Léandre ne voulut, et jura sur sa
damnation éternelle de tenir tout ce qu'il promet-
tait , SCARRON , Rom. com. 2e part. ch. 9.
— HIST. xii" s Li multitudine de la mercit c'on
lor a mostreit lor turne, à la parsomme, en accom-
blement de droituriere dampnasion, ST BERNARD,
559. Maintes fois est nostre oevre occaisons de,
dampnation, et si quidons [pensons] ke ele seit creis-
semens de vertu, Job, 469. || xm" s. Il [les Juifs] ne
peurent droiture avoir, Ne droiture ne achoison,
Par quoy [Jésus] fust en dampnation, St-Graal, v.
403. Tu tenis la moie main destre, ne me consentis
mie du tout choir en dampnation, Psautier, f" 87.
Diexi sofri pour nous mortel damnation, QuantJudas,
ses disciples, i fist la traïson, Ch. d'Ant. i, 842. Et
lor promet, en ses idées, Des euvres qu'il auront
ovrées, Sauvement ou dampnacion, la Rose, 47685.
|| xve s. Ne nulle part ne portion N'y aura,- et, pour
mieulx valoir, Le jure en ma dampnacion, CHV D'OBL.
Bail. 79. Ages de plour, d'envie et de tourment,
Temps de langour et de dampnacion, E. DESCH
Du.temps présent.
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