Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1887-03-17
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 17 mars 1887 17 mars 1887
Description : 1887/03/17 (Numéro 1661). 1887/03/17 (Numéro 1661).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5260606
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/02/2008
a~;Ÿy-
PARIS i ~i c~ -· I~&reas~e~~r~r ~~c~ 2~D c~
JEUDI 17 MA.R3 133?
Vingt et unième Année.– Troisième Série. Numéro 1601
ARTHUR -MEYEjr
Directeur
Dn GAULOIS, du PARIS-JOURNAL et da CLAIHON
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_,T. y,QL~AC1S DE LA BOU7tSF 6
*H>aamiriistration du Journal
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À. partir du 31 mars, les abonnés an-
ciens ou nouveaux auront le choix entre
trois systèmes
Premier système. Continuer pure-
ment et simplement à envoyer, comme
par le passé, le montant de son abonne-
ment
Deuxième système. Envoyer, en
une ou plusieurs fois, une ou plusieurs
factures d'une ou de plusieurs des mai-
sons de commerce ayant adhéré à notre
combinaison. Ces factures, devenues de
véritables chèques, représenteront le prix
de l'abonnement au Gaulois. Avec ce sys-
tème, on fait une économie.
Troisième système. Envoyer le
inontant de son abonnement comme
dans le premier système, et ses factures
comme dans le second, système. Les fac-
tures deviennent toujours des chèques,
dont le montant est versé par nous à
l'œuvre de charité que nous indiquera
l'abonné. Avec ce système on fait une
bonne œuvre.
la BisMce do Général W
< (j (j
♦ 1 ̃
LA QUESTION BULGARE
l'ANGLETERRE ET L'IRLANDE
>_
La disgrâce du général Gêné
Rome, 16 mars.
Lo gouvernement italien a décidé de rap-
peler le général Gêné, qui commande le
corps expéditionnaire de Massaouah, et de le
remplacer immédiatement. t.
Cette disgrâce aurait été motivée par ce
fait que le général Gené, dans le but d'ob-
tenir la délivrance de l'expédition de l'ingé-
nieur Salimbeni, aurait levé le séquestre
mis sur les fusils -acquis par Rasakiula, et
qu'il aurait laissé remettre à Rasaloula ces
armes déposées à Massaouah.
̃ La question bulgare
Vienne, 16 mars.
La nouvelle donnée par le Gaulois, il y a
trois jours, que des négociations secrètes
ont lieu, entre diverses puissances, pour ar-
ïiver à la solution de la question bulgare,
prend de la consistance. 0
•Dans l'espoir d'un résultat favorable, plu-
sieurs cabinets auraient conseillé aux ré-
gents de retarder la convocation du So-
Branié.
L'Angleterre et l'Irlande
Londres, 16 mars, 8 h. 50 soir.
Une question de M. Lane, député parnel-
liste de Cork, a fourni au nouveau secrétaire
d'Etat p«ur l'Irlande, M. J. Bàlfour, succes-
seur de sir M. Hicks-Beach, et aux conser-
vateurs l'occasion de manifester leurs senti-
ments à l'égard des nationalistes irlandais.
M. Lane avait demandé des explications
Bur une dépêche envoyée par le gouverne-
ment du vice-roi à l'inspecteur de police à
ïoughal et ainsi conçue « Finissez-en
promptement avec toute résistance et, s'il le
faut, n'hésitez pas à faire tirer sur les émeu-
iiers. »
• Le secrétaire d'Etat a convenu que
fles ordres très sévères avaient été expédiés
de Dublin. Il a ajouté:
« L'inspeçleur de polio«, capitaine Plun-
kett, n'a fait que son devoir en assurant le
ïespect de la loi et, de mon côté, je ne puis
qu'approuver les mesures énergiques qu'il a
prises, tout en déplorant qu'il ait été dans
la nécessité de les prendre. •
Des applaudissements répétés ont accueilli,
sur les bancs des tories, les déclarations du
Secrétaire d'Etat.
LA
NO~VEL6E~ PANACE6
La prétendue réforme fiscale dont la
Chambre vient d'être saisie par le gou-
vernement est, comme tous les essais de
ce genre tentés depuis l'arrivée des Ja-
cobins au pouvoir, un progrès à re-
bours, un retour vers le passé. Il s'agit
de nous ramener, en fait de contribution
mobilière, à la législation de 1791, qui
semblait condamnée par l'expérience.
L'Empire, la Restauration et la monar-
chie de Juillet s'étaient successivement
appliqués à adoucir et à remanier cette
législation de façon à la rendre suppor-
table et le pays avait fini par s'y habi-
tuer. On voudrait aujourd'hui, sinon re-
venir au régime établi par l'Assemblée
constituante, ce qui serait impossible,
tout au moins dépouiller les contribua-
bles des garanties qui leur avaient été
accordées contre les abus de la fiscalité.
Le gouvernement propose de séparer
complètement la contribution person-
nelle et la contribution mobilière qui,
aujourd'hui, sont confondues dans les
mêmes rôles. A cela it n'y a point d'ob-
jection, et même, s'il est bien entendu
qu'il sera adressé aux contribuables deux
avertissements distincts pour les deux
eontributions, il y aura avantage pour
une partie du public. Nombre de gens,
en effet, qui ont habitation à la ville et à
•la campagne, payentdeuxfoisla contribu-
tion personnelle sans s'en apercevoir,
l'administration des finances ne man-
quant jamais- de la comprendre dans la
gomme qu'elle réclame pour chaque habi-
tation, sans donner aucune indication
qui révèle ce fait. Cet abus ne sera plus
possible si les deux taxes font l'objet de
deux feuilles séparées.
Ceux qui cherchent comment régula-
riser et moraliser le suffrage universel
pourront même trouver dans ce change-
ment un moyen d'atteindre le but qu'ils
poursuivent. La contribution person-
nelle oscillera entre un maximum de
4 fr. 50 efun minimum de 1 fr. 25. II suf-
Î4fr. 50 et" ua minimum de lfr.25. con-
t tribution personnelle, seraient la base des
listes éfectoralës ou se confondraient
avec celles-ci, et que tout électeur, pour
retirer sa carte, devrait- représenter sa
quittance de la contribution personnelle.
e On aurait ainsi un moyen de'contrôle, et
on mettrait fin aux- fraudes électorales
qui se commettent sur une grande échelle
dans certains quartiers de Paris, où la
mobilité de la population facilite les dou-
bles, triples et quadruples inscriptions,
et où certains électeurs ne se font pas
s scrupule de voter plusieurs fois. On ne
saurait, assurément, prétendre que l'obli-
gation de justifier d'une contribution de
1 fr. 25 pour. exercer ses droits électo-
raux soit une atteinte au suffrage uni-
versel.
a Les changements qu'il est question
d'apporter à l'assiette de la contribution
mobilière sont autrement graves. Les
loyers, tels qu'ils résulteront des baux
enregistrés ou des déclarations de loca-
tions verbales seront considéras comme
l'expression du revenu des particuliers
j et serviront de base à l'établissement de
la contribution. Il y aura' une double
échelle. Les maisons ne se louant pas le
-f même prix dans des localités de popula-
tion très inégale; toutes les communes
r seront réparties, comme pour l'impôt des
I patentes, en neuf. classes,. d'après lechif-
) fre de leur population, Paris formant, à
lui seul, une classe. En second lieu, on
ne considère point que la somme affectée
au loyer représente la même proportion
du revenu des particuliers: on estime
que, si cette proportion est d'un quart
pour les petits loyers, elle est beaucoup
plus faible pour les loyers élevés, qui
correspondent à des fortunes beaucoup
plus considérables.
**#
Il y a donc bien une seconde échelle
qui comprend sept coefficients, de 4 à 10,
par lesquels on doit multiplier le chiffre
du loyer pour déterminer la somme as-
sujette à la contribution. Celle-ci est
fixée, pour le moment, à un pour cent de
la somme obtenue en multipliant le chif-
fre du loyer par le coefficient correspon-
dant. Un loyer de 12,000 francs à Paris
doit être multiplié par 10; il est censé re-
présenter un revenu de 120,000 francs et
donne lieu à une contribution mobilière
de 1,200 francs.
A l'imitation de ce qui a lieu à Paris
'.̃ pour les loyers inférieurs à 500 francs,
il est établi dans les neuf catégories de
communes une classe de loyers qui est
affranchie de la contribution mobilière.
Tel est le système compliqué que l'on
propose de substituer au mode actuelle-
ment en vigueur h&* notre avis, il -est
dangereux, il est arbitraire et il est in-
juste.
Il est dangereux parce qu'il ne se borne
pas à accroître d'une quinzaine de mil-
lions le produit de l'impôt actuel, il ou-
vre la voie à un accroissement indéfini.
En fixant l'impôt à un pour cent, le gou-
vernement compte en retirer 72 millions;
mais quelle garantie les contribuables
ont-ils que ce taux sera définitif? L'orga-
nisation actuelle peut entraîner avec elle
des inégalités, des injustices; mais elle
assure, en revanche, la stabilité de l'im-
pôt. La contribution mobilière oscille en-
tre deux limites assez rapprochées et
varie presque uniquement d'après les
centimes additionnels, votés par le dépar-
tement ou la commune. Le contribuable
peut donc calculer avec une approxima-
tion suffisante ce que le fisc lui récla-
mera. Ce serait une grosse affaire que de
modifier le principal de la contribution
mobilière. En sera-t-il de même avec le
nouveau système? Quoi de plus simple
et de plus aisé que de la faire varier du
simple au double ? i
On est en présence d'un déficit à com-
bler, d'un emprunt à gager, d'un impôt
qui déplait à une catégorie d'électeurs?
11 faut 36 millions? Portons ,1a contribu-
tion mobilière à un et demi. Il faut
72 millions? Doublons-la. Qui mettra
obstacle à un vote aussi fécond en mil-
lions et si facile à émettre ? Sur 753,981
logements recensés à. Paris, il y en a
585,902, soit plus des deux tiers, qui sont
affranchis de la contribution mobilière,
et dont les occupants seront indifférents
à toute variation dans la quotité de l'im-
pôt. On trouverait dans toutes les grandes
villes la même proportion entre les élec-
teurs passibles de l'impôt et ceux qui en
seront exempts. On peut donc compter
qu'une majorité s'obtiendra d'autant plus
facilement pour aggraver la contribution
mobilière qu'on représentera qu'il s'agit
de frapper les riches et de dégrever les
pauvres. S'imagine-t-on que le radica-
lisme ne tirera point parti d'une mine
sussi facile à exploiter ? 2
Cette facilité d'aggraver l'impôt est
précisément ce qui charme le ministre
des finances. Par un heureux euphé-
misme, il se félicite de faire acquérir à
la contribution mobilière l'élasticité
qu'elle n'a pas avec le système actuel.Et,
revenant sur cette considération à la fin
de son exposé de motifs, il dit à la Cham-
bre « Il vous appartient de fixer annuel-
lement le taux de la contribution par
rapport au revenu; selon les besoins du
moment, vous pourriez faire varier ce
taux ̃; car le nouvel impôt oflrirait une
élasticité dont les contributions directes
actuelles sont privées. »
C'est précisément ce défaut d'élasti-
cité qui est la garantie des contribua-
bles.
Quelles considérations, quels calculs
ont servi de bases pour arrêter l'échelle
des coefficients? Sur quoi se fonde-t-on
pour dire que tel loyer correspond au
quart des ressources du locataire, et tel
autre au sixième ou.au septième seule-
ment ? La fixation de cette échelle est
donc absolument arbitraire par consé-
quent, il sera loisible à tout le monde de
la déclarer fautive et d'en réclamer la
modification. On ne manquera pas de sou-
tenir £Ue lesipyers éle?ls, au lieu d'être
multipliés par.9 ou par 10, devraient l'ê-
tre par 12 ou par 15. La voie sera ou-
verte à toutes les injustices et â toutes
les insanités de l'impôt indéfiniment pro-
gressif.
Enfin, le système proposé est inique.
Il semble considérer le loyer comme une
dépense facultative, sans tenir aucun
compte des circonstances qui l'imposent
au locataire. Le père de famille qui a
plusieurs enfants, est contraint, malgré
la modicité de ses ressources, de pren-
dre un plus grand appartement que le
célibataire qui n'a point de ménage et
qui est, peut-être, beaucoup plus riche.
L'avocat qui vient de se faire inscrire
au tableau est obligé de prendre et de
meubler un appartement qui satisfasse
à certaines conditions réglementaires
est-il plus à son aise à ses débuts que
lorsqu'il était encore clerc d'avoué et se
contentait d'une simple chambre? Le
jeune médecin qui s'établit a besoin d.;
s'entourer d'un luxe apparent; il voit
venir la dépense avant la clientèle. Con-
bien d'autres professions pourrait-on
mentionner dont l'exercice nécessite des
appartements étendus et ne permet pas
de dépasser le second étage? Cependant,
ces appartements coûteux, qui consti-
tuent une lourde charge, seront considé-
rés comme l'expression d'un gros re-
venu et donneront ouverture à un impôt
élevé tandis qu'un rentier, possesseur
d'un revenu assuré, et n'ayant point af-
faire au public, se logera à moins de
frais que son voisin et sera ménagé par
l'impôt.
M. le ministre des finances ne craint-il
pas de donner une nouvelle impulsion au
mouvement déjà fort sensible qui, depuis
quelques années, porte nombre d'em-
ployés et même de commerçants à trans-
porter leur habitation hors de Paris et
des autres grandes villes ? On a pour
mille à douze cents francs, dans la ban-
lieue une habitation autrement étendue
et confortable qu'un appartement de trois
mille francs dans Paris. L'avantage sera
rendu encore plus sensible par l'écart
entre les impôts qu'on aurait à suppor-
ter.
Il est une autre considération que le
gouvernement ne devrait pas perdre de
vue. L'impôt, tel qu'on veut l'établir,
existe aux Etats-Unis; il appartient aux
communes, dont il est la principale res-
source. Il y a été exagéré, comme il le
sera certainemeht en France.
Il en est résulté la création de ces im-
menses hôtels qui comptent, à New-
York, jusqu'à 4,000 chambres. Un grand
nombre de familles se sont mises à
vivre à l'hôtel, pour n'avoir pas de taxes
à payer, de mobilier à entretenir et de
domestiques à rémunérer. Tout compte
fait, ellesry trouvent une économie. Com-
bien de familles françaises, qui passent
la plus grande partie de l'année à la
campagne, renonceront à conserver à la
ville* une habitation ou même un simple
pied-à-terre, et préféreront, pour trois
ou quatre mois, se mettre à l'hôtel ou
dans une maison meublée ? 9
L'impôt nouveau pourrait donc ne pas
donner tout ce que le gouvernement en
attend. C'est ce qui arrive habituelle-
ment avec les impôts excessifs et mal
assis.
CUCHEVAL-CLARIGNY
SUITE
AU
DiCHËT DE MOSCOU
Un gentilhomme russe, grand chercheur
et archéologue, vient de dénicher, dans un
grenier d'une des plus anciennes maisons
de Moscou, au fond d'un casier poussiéreux,
un vieux parchemin dont la découverte ar-
rive juste à propos pour faire la lumière sur
une question brûlante et à l'ordre du
jour.
Cet aimable étranger a communiqué le
document à M. Monval, qui l'a communiqué
à M. Gtaretie, lequel l'a communiqué au di-
recteur du Gaulois, qui, à son tour, a bien
voulu m'autoriser à le communiquer à nos
lecteurs.
Il est daté de Moscou et on y lit la signa-
ture suivante « Napoléon I«r. »
Voici sa teneur:
Suite à mon fameux décret, dont M. Co-
quelin aîné ne doit pas tenir compte.
Nous, Empereur des Français, après
avoir réglé les parts des sociétaires de notre
théâtre et arrêté les traitements des pen-
sionnaires dudit théâtre, croyons devoir
nous occuper des bénéfices à opérer sur les
coupons d'entrée par les marchands de bil-
lets.
Article premier. Sera postée prés du
Théâtre-Français une troupe d'hommes mal
habillés.
Art. 2. Cette troupe ne portera pas
l'uniforme et, malgré cela, il lui sera dé-
fendu d'être civile. t
Art. 3. Cette troupe encombrera les
abords du théâtre et enjoindra aux passants
d'avoir à s'arrêter, en les tirant par les bas-
ques de leur habit.
Art. 4. Les passants seront obligés de
faire halte, sous peine d'être menés au
poste.
Art. 5. Les passants écouteront les pro-
positions des marchands de billets, respec-
tueusement, tête découverte, et y feront
droit.
Art. 6. Les passant s paieront leurs cou-
pons six fois plus cher qu'au bureau, même
quand la salle sera vide.
Art. 7. Les passants remercieront bien
poliment les marchands de billets, et leur
offriront un verre de fine-champagne au
café le plus proche.
Art. 8. Les passants qui auraient déjà
entendu la pièce interprétée par nos comé-
diens ordinaires sont tenus néanmoins d'o-
béir aux injonctions des marchands de bil-
lets. Il leur est toutefois permis de donner
leur place à leur concierge ou à leur frot-
teur.
Art. 9. Les marchands de billets sont
divisés en trois grands corps d'armée, dont
les commandants seront désignés ultérieu-
rement.
Art. 10. Ces généraux, dont le sexe est
ad libitum, seront dispensés de porter l'u-
niforme. Mais il leur sera permis d'être ci-
vils.
Art iior M. Jules GlareUe et le général
Boulanger seront plus tard, chacun en ce
qui le concerne, chargés de l'exécution d"u
présent décret.
FRANC-LURON
S, En. le Cariai Je Béni
Le comte Henri Soderini, garde noble
de Sa Sainteté, chargé de porter la ca-
lotte rouge à S. Em. le cardinal de Rende,
est arrivé hier matin, à sept heures.
Mgr Vico l'a reçu à la gare et conduit
ensuite à l'hôtel de la nonciature.
Le comte Soderini est frère du comte
Edouard, le distingué directeur et écrivain
de la Rassegha italiana.
A onze heures a eu lieu la cérémonie
de la présentation de la calotte rouge.
Son Eminence était entourée du per-
sonnel de la Nonciature et de quelques
amis, parmi lesquels le comte Jean Sici-
liano, neveu du cardinal, venu exprès de
Naples; la comtesse Félix de Mirepoix
avec ses enfants, le baron et la baronne
Tristan Lambert, alliés de la famille, de
Rende; les représentants de la pre'sse
catholique. •
L'envoyé du Saint-Père, portant son
uniforme de demi-gala, la tête couverte
d'un beau casque et l'épée au côté, a re-
mis à Son Eminence une dépêche de l'é-
minent cardinal Pecci, frère de Léon XIII,
annonçant 'au nonce apostolique à Paris
que Sa Sainteté, au Consistoire du 14
mars, avait daigné l'élever à la dignité
de cardinal de la sainte Eglise catho-
lique.
11 lui a ensuite présenté, sur un. cous-
sin, un écrin en cuir rouge, orné de mo-
tifs en or et surmonté des armes pontifi-
cales en émail.
Son Eminence, en l'ouvrant, en a retiré
la calotte rouge et l'a mise sur sa tête.
Le comte Soderini a alors prononcé
l'allocution d'usage.
Puis, se découvrant et posant un genou
en terre, il salue le nouveau cardinal,
qui lui répond en quelques mots, où,
après avoir remercié Sa Sainteté du
grand honneur qui vient de lui être
conféré, il déclare qu'il s'en croit indi-
gne. Pénétré toutelois des devoirs qui
incombent aux membres' du Sacré Col-
lège, il affirme qu'il espère obtenir de
Dieu les moyens de pouvoir prouver son
attachement au Pontificat en se dévouant
plus que jamais à la cause de l'Eglise et
à la délense de ses droits et de ses doc-
trines.
Ces paroles sont terminées par un
compliment à l'adresse du comte Sode-
rini, auquel il demande de vouloir bien
-prier Dieu pour qu'il lui soit possible de
remplir fidèlement la lourde charge
qu'on vient de lui imposer.
Cette simple cérémonie ayant pris fin,
Son Eminence s'est entretenue familière-
ment avec les assistants.
Parmi les dépêches et lettres de félici-
tations remises hier à Son Eminence,
nous mentionnerons une poésie latine des
élèves du collège Gaprariica, où le cardi-
nal de Rende a tait ses études ecclésias-
tiques.
`
Le nouveau cardinal prêtera demain,
dans la chapelle de la Nonciature, son
serment de fidélité au Pontife et de
parfaite observance des constitutions
pontificales, en présence de S. Gr.
Mgr Richard, archevêque de Paris, et de
Mgr Averardi, ablégat apostolique de Sa
Sainteté.
#
La cérémonie pour l'imposition de la
barrette aura lieu après-demain, à trois
heures, à l'Elysée.
Le président de la République enverra
M. Mollard, introducteur des ambassa-
deurs, chercher le nouveau cardinal dans"
une voiture de gala, accompagnée d'une
escorte d'honneur.
Une fois en présence de M. Grévy,
Mgr Averardi, ablégat apostolique, après
avoir présenté ses lettres de créance,
prononcera un discours en latin auquel
le président de la République répondra,
en français, bien entendu.
Les discours fini, le Président, retirant
la barrette d'un foulardrouge, l'imposera
sur la tête du cardinal, qui échangèrent
les compliments d'usage.
MARC GÉRARD
LA RÉPONSE
AU »
GËNÉRALJO(JLA«
La commission de.l'arxnée s'est réunie,
hier, et a approuvé à l'unanimité, sauf
cinq abstentions, et non deux, comme
l'ont dit à tort quelques journaux du
soir, le texte de la réponse ci-dessous
à la lettre du général Boulanger, qui, en
dehors de son ton cassant et trop person-
nel, avait eu le tort primorçUàrd'être com-
muniquée à certaines* feuilles '3 avant
que la commission de 1 année en eût pris
connaissance.
Plus soucieuse des convenances, la
commission n'a livré à la presse le texte
de sa réponse qu'après que le général
Boulanger en a eu reçu communication
officielle:
Monsieur le ministre,
J'ai l'honneur de vous accuser réception
de votre lettre accompagnant l'envoi d'une
note sur l'Ecole polytechnique, en réponse
à une décision de la commission de l'armée
dont copmunîcation officielle ne vous a pas
encore été adressée.
Conformément à votre désir, j'ai donné
lecture de la lettre et j'ai remis la note à
MM. les membres de la commission présents
à la séance.
Sans insister sur la divulgation de ces do-
cuments avant même que la commission en
ait eu connaissance, sans nous arrêter non
plus à leur caractère assez inusité dans les
relations officielles et que la constante cour-
toisie de la commission envers vous ne
ce pouvait faire' prévoir, la commission me
lu charge d'avoir l'honneur de vous informer
qu'elle ne peut accepter les termes dans les-
quels sont formulées vos appréciations.'
Elle ne croit jamais avoir dérogé aux prin-
cipes démocratiques et, dans l'accomplisse-
ment du mandat que la Chambre lui a con-
a fié, elle s'est constamment inspirée du sin-
H cère désir, de la ferme volonté de seconder
V vos efforts et ceux du Parlement pour don-
ner au pays les meilleures institutions mi-
litaires. C'est dans ce même esprîfqu'elle
continuera ses travaux.
Veuillez agréer, monsieur le ministre,
[' l'assurance de ma haute considération.
Signé: DE Mahy.
t Cette lettre, irréprochable comme for-
me, mais très nette quant au fond, va
e déterminer un conflit parlementaire qui
1 peut avoir les plus graves conséquences.
Jamais, en effet, un ministre, même
2 président du conseil, c'est-à-dire respon-
sable de' la politique générale, n'a adressé
à une commission émanant de la Cham-
3 bre une lettre comme celle écrite par le
ministre de la guerre.
î Hier, l'émotion était considérable
t dans les couloirs du palais Bourbon
3 le contre-coup s'en fera certainement sen-
3 tir ce matin au conseil de cabinet en at-
3 tendant la séance de samedi.
CERTUS
1 »
3 ̃
Ilie-liofes Parisien 1
LES MALHEURS DES < CABRETTAIRES >
Les journaux ont raconté que, mardi,
un jeune inspecteur de la Sûreté, qui s'é-
tait introduit dans un bal-musette de la
rue des Carmes, pour arrêter un repris de
justice des plus dangereux, avait été re-
connu, entouré et terrassé par une ving-
j taine de drôles .le malheureux aurait in-
failliblement péri sans l'opportune inter-
i vention des gardes de service à la porte
du bal.
j Justement, cet incident arrive au mo-
ment où les joueurs de musette venaient
d'adresser au Conseil municipal une re-
| quête pour obtenir la réouverture de plu-
} sieurs bals-musette.
[ Pétition pour permettre aux Auvergnats
j^ de danser C'est M. Camescasse qui avait
été l'empêcheur de danser en rond. Il
} avait supprimé cent soixante bals sur deux
( cents 1
|. Dans cette pétition, remise à leur com-
t triote M. Chassaing, Auvergnat et conseil-
ler municipal, les pauvres musiciens ex-
posent que ce sont eux qui, chaque di-
manche, font danser les Auvergnats de
1 Paris. Charbonniers, vitriers, marèhands
de charbons et de petits cottrets, porteurs
d'eau, commissionnaires, vendeurs de
marrons, tous descendants de l'antique
Gergovie, ils avaient l'habitude, une fois
par semaine, de se réunir pour parler pa-
tois et boire du vin clairet dans l:s mu-
settes des rues Quincampoix, Maubuée,
Aubry-le-Boucher, Greneta, Saint-Martin,
Pirouette, du Plâtre, Sauvai, Vauxvil-
liers, etc.
Les Auvergnats forment une race fidèle
à ses coutumes autant qu'au souvenir de
la terre natale. Tout le monde sait que le
charbonnier porteur d'eau, qui vient «chi-
ner » à Paris, est peu séduit par les beau-
tés de l'illustre capitale. Il ne songe, en
sa noire échoppe, où voltigent les pous-
sières charbonneuses, qu'au lopin de terre
qu'il connaît bien, qu'il a guigné depuis
son départ, et dans lequel il ira finir ses
jours quand il aura des gros sous dans un
bas de laine.
Cette race autochtone ne se mélange
point avec les autres éléments français.
La sagesse des nations a rendu hommage
à cette ténacité jalouse qu'apportent, à
garder leur personnalité caractéristique,
les descendants des Arvernes-, Laformule
« Ni homme ni femme, Auvergnat, » sup-
pose chez son auteur une intuition géniale.
On conçoit, d'après cette formule basée
sur l'ethnologie comparée, qu'un Auver-
gnat ne peut danser avec une Champe-
noise. Sa dignité ne le lui permet pas.
Donc le bal-musette ne peut être sup-
primé sans vouer à la mélancolie l'élite de
la population d'une province française. Or
il est nécessaire qu'en France tout finisse
par des chansons et des danses, même la
noble fierté nationale des Auvergnats.
#*#
Un bal-musette se forme avec grande
simplicité, quand plusieurs Auvergnats de
sexes différents (c'est par erreur que cer-
tains physiologistes attribuent aux Auver-
gnats un troisième sexe) se trouvent réunis,
bientôt quelques assistants montent sur
des escabeaux, tirent leur cabretto (mu-
sette) de l'étui, le gonflent consciencieuse- J
ment, et exécutent ces modulations aiguës
et traînardes qui mettent des fourmis dans i
les jambes de tout auverpin authentique.
Il en était ainsi, jadis, du moins
Alors les danseurs se mettaient à pren- (
dre leurs ébats, les souliers ferrés cla- ]
quaient sur le sol, et tiou 1 En avant, la
bourrée 1 En avant, le tourniquet! En c
avant, la montagnarde En avant, la polka t
piquée
Les musiciens, qui percevaient eux-mê- 1
mes, fouchtra le prix des danses, fixé à 1
dix centimes, réalisaient une recette de I
quinze à vingt francs par soirée auteurs I
des morceaux qu'ils exécutent, ils n'ont g
rien à verser à la Société des compositeurs I
de musique, partant le bénéfice n'était t
pas mince. j;
Mais, hélas! la persécution a commencé (
sous le préfectorat de M. Camescasse. La d
musette a dû céder la place au violon et f
au piston; les danses d'Auvergne ont été li
détrônées par la valse et le quadrille; les f
Auvergnats ont battu en retraite devant e
les Alphonses de barrière et leurs compa-
gnes.
Les pétitionnaires déclarent que c'est u
seulement depuis la transformation des
bals-musettes que de violentes alterca- ei
tions, des rixes sanglantes, des scènes C
scandaleuses ont eu lieu, qui ont entraîné li
la fermeture de ces établissements. di
Ils prient le Conseil municipal de plai- I
.der leur cause auprès du préfet de police, gî
pour qu'où oblige les débitants à ae plus la
i
remplacer le « cabrettaïre » par un arches-
tre, et pour que tout changement sans
déclaration préalable soit passible d'une
amende de 300 à 1,000 francs. Alors, affir-
ment-ils, on ne verra plus dans les jour-
naux ces récits de rixes sanglantes qui
déshonorent les bals improprement appe»
lés bals-musette.
Les Auvergnats, paraît-il, ne sont pas
tapageurs, parce qu'ils s'ont forts. Dans la
statistique des crimes commis à Paris, les
Auvergnats ne figurent pas pour un mil-
lième. Enfin, leurs danses sont chastes.
Allons, monsieur Gragnon
Laissez Ios enfants à leurs mères,
Le bal-musette à l'Auvergnat
TOUT-PARIS
Ce qui se passe
PETITE BOURSE DU SOIS
(Cours cotés)
3 0/0 818103 30 85
Turc. « 13 82 85
Banque ottom.. 509 37 508 12
Egyptienne. 374 37 375 373 75
Extérieure 65 9/32 5/1 C 3/16
Rio 276 25 275
Portugais 55 3/16
Hongrois 813/16 1/16
Marché faible.
o Change: Londres: 35 39»/»; Berlin, â vu»,
80. 35 Vienne, à vus, 50 35; pièce do 30 fr au
chango de 10 09.
BOURSE DE LONDRES 3
Derniers cours en clôtura
Consolidés anglais, 1011/2; Italien, 9730;
Turc, 13 95; Banque ottomane, 510 25; Espa-
gnol, 65 3/16; Egypte, 375 15; Suez, 2,040 60;
Rio, 274 45; Hongrois, 80 98.
ÉCHOS POLITIQUES
M. Goblet ne sait plus comment faire ava<,
sonprojot sur les sous-préfets, dont la com-
mission ne veut pas.
Ainsi que nous l'avons déjà dit, M. Go-
blet avait, en 1882, déposé un projet orga-
nisant les conseils cantonaux, mais mainto--
nant les sous-préfets. Le ministre de l'inté-
rieur ne croit pouvoir le représenter aujouri
d'hui, convaincu qu'il n'aurait pas de majo<
rite.
La suppression totale des sous-préfectu-
res lui paraît impossible. Et. hier, devant
la commission, en réponse à une q^cs'ion
qui lui était posée, M. Goblet a déclaré qu'il
no ferait pas du ré,et do son projet une
question de portefeuille, mais que, par
contre, il n'acceptera jamais la suppression
totale des sous-préfets.
Le ministre a ajouté qu'il, reste partisan
des conseils cantonaux avec maintien des
sous-préfets, et que,si la Chambre n'accepte
pas la première partie de son projet relative
à la réduction des sous-préfets, ii désirerai!
qu'au moins elle votât la partie relative à
l'extension des attributions.
Le projet de réduction du nombre des per-
cepteurs serait,dit-on, provisoirement écarté,
au Ministère des finances, en raison de l'op-
position que gî projet rencontre au sein du
Parlement, où l'on trouve qu'il vaudrait
mieux supprimer des sinécures comme les
trésoreries générales et comme les recettes
particulières.
Par mesure d'économie, on diminuerait les
revenus des perceptions en ramenant à vingt
centimes net les articles du rôle-.
ECHOS DE PARIS
Ce sera une froide mi- carême.
Il y- aura des martyrs et les blanchis-
seuses aux puissants bras nus, payant
d'un rhume la gloire d'être reines pen-
dant vingt-quatre heures, et les cavaliers
paradant aux frais des industriels, les
mousquetaires de la réclame.
Le soir, bals masqués dans tout Paris.
Le plus curieux, le plus étrange, le plus
suggestif, ne sera ni à l'Opéra ni dans
les lavoirs.
A ceux qui voudraient voir, mise en
scène, la nouvelle de Poe, le Systems
du docteur Goudron et du professeur
Plume, la Salpêtrière peut oflrir le n ba-
des folles », qui S3 donne chaque an.
née.
Réceptions diplomatiques.
S. Exe. M. de Albareda, ambassadeur
d'Espagne à Paris, donnera, le samedi
26 mars courant, à l'Ambassade, un
grand dîner suivi d'une réception.
Aujourd'hui, jeudi de la mi-carême,
l'ambassadeur offre un déjeuner intime
au jeune duc et à la duchesse de Moi-ny,
à la belle-mère du général Blanco, pré-
sident des Etats-Unis du Venezuela, et
à sa famille.
Samedi, réception chez M. et Mm«
Flourens.
Lundi, réception chez le comte et la
comtesse de Münster.
gJeudi prochain, S. Exc. l'ambassadem
de Russie et Mme la baronne de Moh-
renheim donnent une grande réception.
Cette soirée sera donnée en l'iionnsur
de la Société française et promet d'être
très brillante.
En attendant, ce soir, le baron et là
baronne de Mohrenheim donnent un di-
ner dont voici les principaux convives î
M. et Mme Goblet, M. et Mme Sarrien,
M. et Mme Flourens, le général Boulan-
ger, les généraux Saussier et Thibaudin,
Essad-Pacha, ambassadeur de Constan-
tinople d'Albareda, ambassadeur d'Es-
pagne lord Lyons, ambassadeur de la
Grande-Bretagne; général Brugère, che|
3e la maison militaire du président do la
République; colonel Lichtenstein, Mol-
Sard, introducteur des ambassadeurs;
Francis Charmes, M. et Mme Ciavery,
îtc.etc.
M. le duc de Madrid vient de péi'dre
m de ses plus fidèles'serviteurs.
Hier matin, à huit heures, est mort
:n son hôtel de la rue Blanche, doc
Carlos d'Algarra Saavedra, g'é.uéral car'
iste, créé comte de Vergara par l'aïeul^
[u prétendant. Don Carlos V, en 1843.-
Après de brillants examens, M. d'Al*
arra entra commé sous-lieutenant dans
carde royale 4e Ferdinand YIU maisii
PARIS i ~i c~ -· I~&reas~e~~r~r ~~c~ 2~D c~
JEUDI 17 MA.R3 133?
Vingt et unième Année.– Troisième Série. Numéro 1601
ARTHUR -MEYEjr
Directeur
Dn GAULOIS, du PARIS-JOURNAL et da CLAIHON
RÉDACTION
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I» DEUX UEUBE3 A MINUIT
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Trois mois. !S 50 Trois mois. 16 fr.
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Rédacteur en Chef
Bn a\UlôlS, du PARIS-JOURNAL et da CUISOS
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B2Mo CO. tiAG-R.A.ISrGEl, CEIUT & GÇ
_,T. y,QL~AC1S DE LA BOU7tSF 6
*H>aamiriistration du Journal
a ~OI~ e
À. partir du 31 mars, les abonnés an-
ciens ou nouveaux auront le choix entre
trois systèmes
Premier système. Continuer pure-
ment et simplement à envoyer, comme
par le passé, le montant de son abonne-
ment
Deuxième système. Envoyer, en
une ou plusieurs fois, une ou plusieurs
factures d'une ou de plusieurs des mai-
sons de commerce ayant adhéré à notre
combinaison. Ces factures, devenues de
véritables chèques, représenteront le prix
de l'abonnement au Gaulois. Avec ce sys-
tème, on fait une économie.
Troisième système. Envoyer le
inontant de son abonnement comme
dans le premier système, et ses factures
comme dans le second, système. Les fac-
tures deviennent toujours des chèques,
dont le montant est versé par nous à
l'œuvre de charité que nous indiquera
l'abonné. Avec ce système on fait une
bonne œuvre.
la BisMce do Général W
< (j (j
♦ 1 ̃
LA QUESTION BULGARE
l'ANGLETERRE ET L'IRLANDE
>_
La disgrâce du général Gêné
Rome, 16 mars.
Lo gouvernement italien a décidé de rap-
peler le général Gêné, qui commande le
corps expéditionnaire de Massaouah, et de le
remplacer immédiatement. t.
Cette disgrâce aurait été motivée par ce
fait que le général Gené, dans le but d'ob-
tenir la délivrance de l'expédition de l'ingé-
nieur Salimbeni, aurait levé le séquestre
mis sur les fusils -acquis par Rasakiula, et
qu'il aurait laissé remettre à Rasaloula ces
armes déposées à Massaouah.
̃ La question bulgare
Vienne, 16 mars.
La nouvelle donnée par le Gaulois, il y a
trois jours, que des négociations secrètes
ont lieu, entre diverses puissances, pour ar-
ïiver à la solution de la question bulgare,
prend de la consistance. 0
•Dans l'espoir d'un résultat favorable, plu-
sieurs cabinets auraient conseillé aux ré-
gents de retarder la convocation du So-
Branié.
L'Angleterre et l'Irlande
Londres, 16 mars, 8 h. 50 soir.
Une question de M. Lane, député parnel-
liste de Cork, a fourni au nouveau secrétaire
d'Etat p«ur l'Irlande, M. J. Bàlfour, succes-
seur de sir M. Hicks-Beach, et aux conser-
vateurs l'occasion de manifester leurs senti-
ments à l'égard des nationalistes irlandais.
M. Lane avait demandé des explications
Bur une dépêche envoyée par le gouverne-
ment du vice-roi à l'inspecteur de police à
ïoughal et ainsi conçue « Finissez-en
promptement avec toute résistance et, s'il le
faut, n'hésitez pas à faire tirer sur les émeu-
iiers. »
• Le secrétaire d'Etat a convenu que
fles ordres très sévères avaient été expédiés
de Dublin. Il a ajouté:
« L'inspeçleur de polio«, capitaine Plun-
kett, n'a fait que son devoir en assurant le
ïespect de la loi et, de mon côté, je ne puis
qu'approuver les mesures énergiques qu'il a
prises, tout en déplorant qu'il ait été dans
la nécessité de les prendre. •
Des applaudissements répétés ont accueilli,
sur les bancs des tories, les déclarations du
Secrétaire d'Etat.
LA
NO~VEL6E~ PANACE6
La prétendue réforme fiscale dont la
Chambre vient d'être saisie par le gou-
vernement est, comme tous les essais de
ce genre tentés depuis l'arrivée des Ja-
cobins au pouvoir, un progrès à re-
bours, un retour vers le passé. Il s'agit
de nous ramener, en fait de contribution
mobilière, à la législation de 1791, qui
semblait condamnée par l'expérience.
L'Empire, la Restauration et la monar-
chie de Juillet s'étaient successivement
appliqués à adoucir et à remanier cette
législation de façon à la rendre suppor-
table et le pays avait fini par s'y habi-
tuer. On voudrait aujourd'hui, sinon re-
venir au régime établi par l'Assemblée
constituante, ce qui serait impossible,
tout au moins dépouiller les contribua-
bles des garanties qui leur avaient été
accordées contre les abus de la fiscalité.
Le gouvernement propose de séparer
complètement la contribution person-
nelle et la contribution mobilière qui,
aujourd'hui, sont confondues dans les
mêmes rôles. A cela it n'y a point d'ob-
jection, et même, s'il est bien entendu
qu'il sera adressé aux contribuables deux
avertissements distincts pour les deux
eontributions, il y aura avantage pour
une partie du public. Nombre de gens,
en effet, qui ont habitation à la ville et à
•la campagne, payentdeuxfoisla contribu-
tion personnelle sans s'en apercevoir,
l'administration des finances ne man-
quant jamais- de la comprendre dans la
gomme qu'elle réclame pour chaque habi-
tation, sans donner aucune indication
qui révèle ce fait. Cet abus ne sera plus
possible si les deux taxes font l'objet de
deux feuilles séparées.
Ceux qui cherchent comment régula-
riser et moraliser le suffrage universel
pourront même trouver dans ce change-
ment un moyen d'atteindre le but qu'ils
poursuivent. La contribution person-
nelle oscillera entre un maximum de
4 fr. 50 efun minimum de 1 fr. 25. II suf-
Î4fr. 50 et" ua minimum de lfr.25. con-
t tribution personnelle, seraient la base des
listes éfectoralës ou se confondraient
avec celles-ci, et que tout électeur, pour
retirer sa carte, devrait- représenter sa
quittance de la contribution personnelle.
e On aurait ainsi un moyen de'contrôle, et
on mettrait fin aux- fraudes électorales
qui se commettent sur une grande échelle
dans certains quartiers de Paris, où la
mobilité de la population facilite les dou-
bles, triples et quadruples inscriptions,
et où certains électeurs ne se font pas
s scrupule de voter plusieurs fois. On ne
saurait, assurément, prétendre que l'obli-
gation de justifier d'une contribution de
1 fr. 25 pour. exercer ses droits électo-
raux soit une atteinte au suffrage uni-
versel.
a Les changements qu'il est question
d'apporter à l'assiette de la contribution
mobilière sont autrement graves. Les
loyers, tels qu'ils résulteront des baux
enregistrés ou des déclarations de loca-
tions verbales seront considéras comme
l'expression du revenu des particuliers
j et serviront de base à l'établissement de
la contribution. Il y aura' une double
échelle. Les maisons ne se louant pas le
-f même prix dans des localités de popula-
tion très inégale; toutes les communes
r seront réparties, comme pour l'impôt des
I patentes, en neuf. classes,. d'après lechif-
) fre de leur population, Paris formant, à
lui seul, une classe. En second lieu, on
ne considère point que la somme affectée
au loyer représente la même proportion
du revenu des particuliers: on estime
que, si cette proportion est d'un quart
pour les petits loyers, elle est beaucoup
plus faible pour les loyers élevés, qui
correspondent à des fortunes beaucoup
plus considérables.
**#
Il y a donc bien une seconde échelle
qui comprend sept coefficients, de 4 à 10,
par lesquels on doit multiplier le chiffre
du loyer pour déterminer la somme as-
sujette à la contribution. Celle-ci est
fixée, pour le moment, à un pour cent de
la somme obtenue en multipliant le chif-
fre du loyer par le coefficient correspon-
dant. Un loyer de 12,000 francs à Paris
doit être multiplié par 10; il est censé re-
présenter un revenu de 120,000 francs et
donne lieu à une contribution mobilière
de 1,200 francs.
A l'imitation de ce qui a lieu à Paris
'.̃ pour les loyers inférieurs à 500 francs,
il est établi dans les neuf catégories de
communes une classe de loyers qui est
affranchie de la contribution mobilière.
Tel est le système compliqué que l'on
propose de substituer au mode actuelle-
ment en vigueur h&* notre avis, il -est
dangereux, il est arbitraire et il est in-
juste.
Il est dangereux parce qu'il ne se borne
pas à accroître d'une quinzaine de mil-
lions le produit de l'impôt actuel, il ou-
vre la voie à un accroissement indéfini.
En fixant l'impôt à un pour cent, le gou-
vernement compte en retirer 72 millions;
mais quelle garantie les contribuables
ont-ils que ce taux sera définitif? L'orga-
nisation actuelle peut entraîner avec elle
des inégalités, des injustices; mais elle
assure, en revanche, la stabilité de l'im-
pôt. La contribution mobilière oscille en-
tre deux limites assez rapprochées et
varie presque uniquement d'après les
centimes additionnels, votés par le dépar-
tement ou la commune. Le contribuable
peut donc calculer avec une approxima-
tion suffisante ce que le fisc lui récla-
mera. Ce serait une grosse affaire que de
modifier le principal de la contribution
mobilière. En sera-t-il de même avec le
nouveau système? Quoi de plus simple
et de plus aisé que de la faire varier du
simple au double ? i
On est en présence d'un déficit à com-
bler, d'un emprunt à gager, d'un impôt
qui déplait à une catégorie d'électeurs?
11 faut 36 millions? Portons ,1a contribu-
tion mobilière à un et demi. Il faut
72 millions? Doublons-la. Qui mettra
obstacle à un vote aussi fécond en mil-
lions et si facile à émettre ? Sur 753,981
logements recensés à. Paris, il y en a
585,902, soit plus des deux tiers, qui sont
affranchis de la contribution mobilière,
et dont les occupants seront indifférents
à toute variation dans la quotité de l'im-
pôt. On trouverait dans toutes les grandes
villes la même proportion entre les élec-
teurs passibles de l'impôt et ceux qui en
seront exempts. On peut donc compter
qu'une majorité s'obtiendra d'autant plus
facilement pour aggraver la contribution
mobilière qu'on représentera qu'il s'agit
de frapper les riches et de dégrever les
pauvres. S'imagine-t-on que le radica-
lisme ne tirera point parti d'une mine
sussi facile à exploiter ? 2
Cette facilité d'aggraver l'impôt est
précisément ce qui charme le ministre
des finances. Par un heureux euphé-
misme, il se félicite de faire acquérir à
la contribution mobilière l'élasticité
qu'elle n'a pas avec le système actuel.Et,
revenant sur cette considération à la fin
de son exposé de motifs, il dit à la Cham-
bre « Il vous appartient de fixer annuel-
lement le taux de la contribution par
rapport au revenu; selon les besoins du
moment, vous pourriez faire varier ce
taux ̃; car le nouvel impôt oflrirait une
élasticité dont les contributions directes
actuelles sont privées. »
C'est précisément ce défaut d'élasti-
cité qui est la garantie des contribua-
bles.
Quelles considérations, quels calculs
ont servi de bases pour arrêter l'échelle
des coefficients? Sur quoi se fonde-t-on
pour dire que tel loyer correspond au
quart des ressources du locataire, et tel
autre au sixième ou.au septième seule-
ment ? La fixation de cette échelle est
donc absolument arbitraire par consé-
quent, il sera loisible à tout le monde de
la déclarer fautive et d'en réclamer la
modification. On ne manquera pas de sou-
tenir £Ue lesipyers éle?ls, au lieu d'être
multipliés par.9 ou par 10, devraient l'ê-
tre par 12 ou par 15. La voie sera ou-
verte à toutes les injustices et â toutes
les insanités de l'impôt indéfiniment pro-
gressif.
Enfin, le système proposé est inique.
Il semble considérer le loyer comme une
dépense facultative, sans tenir aucun
compte des circonstances qui l'imposent
au locataire. Le père de famille qui a
plusieurs enfants, est contraint, malgré
la modicité de ses ressources, de pren-
dre un plus grand appartement que le
célibataire qui n'a point de ménage et
qui est, peut-être, beaucoup plus riche.
L'avocat qui vient de se faire inscrire
au tableau est obligé de prendre et de
meubler un appartement qui satisfasse
à certaines conditions réglementaires
est-il plus à son aise à ses débuts que
lorsqu'il était encore clerc d'avoué et se
contentait d'une simple chambre? Le
jeune médecin qui s'établit a besoin d.;
s'entourer d'un luxe apparent; il voit
venir la dépense avant la clientèle. Con-
bien d'autres professions pourrait-on
mentionner dont l'exercice nécessite des
appartements étendus et ne permet pas
de dépasser le second étage? Cependant,
ces appartements coûteux, qui consti-
tuent une lourde charge, seront considé-
rés comme l'expression d'un gros re-
venu et donneront ouverture à un impôt
élevé tandis qu'un rentier, possesseur
d'un revenu assuré, et n'ayant point af-
faire au public, se logera à moins de
frais que son voisin et sera ménagé par
l'impôt.
M. le ministre des finances ne craint-il
pas de donner une nouvelle impulsion au
mouvement déjà fort sensible qui, depuis
quelques années, porte nombre d'em-
ployés et même de commerçants à trans-
porter leur habitation hors de Paris et
des autres grandes villes ? On a pour
mille à douze cents francs, dans la ban-
lieue une habitation autrement étendue
et confortable qu'un appartement de trois
mille francs dans Paris. L'avantage sera
rendu encore plus sensible par l'écart
entre les impôts qu'on aurait à suppor-
ter.
Il est une autre considération que le
gouvernement ne devrait pas perdre de
vue. L'impôt, tel qu'on veut l'établir,
existe aux Etats-Unis; il appartient aux
communes, dont il est la principale res-
source. Il y a été exagéré, comme il le
sera certainemeht en France.
Il en est résulté la création de ces im-
menses hôtels qui comptent, à New-
York, jusqu'à 4,000 chambres. Un grand
nombre de familles se sont mises à
vivre à l'hôtel, pour n'avoir pas de taxes
à payer, de mobilier à entretenir et de
domestiques à rémunérer. Tout compte
fait, ellesry trouvent une économie. Com-
bien de familles françaises, qui passent
la plus grande partie de l'année à la
campagne, renonceront à conserver à la
ville* une habitation ou même un simple
pied-à-terre, et préféreront, pour trois
ou quatre mois, se mettre à l'hôtel ou
dans une maison meublée ? 9
L'impôt nouveau pourrait donc ne pas
donner tout ce que le gouvernement en
attend. C'est ce qui arrive habituelle-
ment avec les impôts excessifs et mal
assis.
CUCHEVAL-CLARIGNY
SUITE
AU
DiCHËT DE MOSCOU
Un gentilhomme russe, grand chercheur
et archéologue, vient de dénicher, dans un
grenier d'une des plus anciennes maisons
de Moscou, au fond d'un casier poussiéreux,
un vieux parchemin dont la découverte ar-
rive juste à propos pour faire la lumière sur
une question brûlante et à l'ordre du
jour.
Cet aimable étranger a communiqué le
document à M. Monval, qui l'a communiqué
à M. Gtaretie, lequel l'a communiqué au di-
recteur du Gaulois, qui, à son tour, a bien
voulu m'autoriser à le communiquer à nos
lecteurs.
Il est daté de Moscou et on y lit la signa-
ture suivante « Napoléon I«r. »
Voici sa teneur:
Suite à mon fameux décret, dont M. Co-
quelin aîné ne doit pas tenir compte.
Nous, Empereur des Français, après
avoir réglé les parts des sociétaires de notre
théâtre et arrêté les traitements des pen-
sionnaires dudit théâtre, croyons devoir
nous occuper des bénéfices à opérer sur les
coupons d'entrée par les marchands de bil-
lets.
Article premier. Sera postée prés du
Théâtre-Français une troupe d'hommes mal
habillés.
Art. 2. Cette troupe ne portera pas
l'uniforme et, malgré cela, il lui sera dé-
fendu d'être civile. t
Art. 3. Cette troupe encombrera les
abords du théâtre et enjoindra aux passants
d'avoir à s'arrêter, en les tirant par les bas-
ques de leur habit.
Art. 4. Les passants seront obligés de
faire halte, sous peine d'être menés au
poste.
Art. 5. Les passants écouteront les pro-
positions des marchands de billets, respec-
tueusement, tête découverte, et y feront
droit.
Art. 6. Les passant s paieront leurs cou-
pons six fois plus cher qu'au bureau, même
quand la salle sera vide.
Art. 7. Les passants remercieront bien
poliment les marchands de billets, et leur
offriront un verre de fine-champagne au
café le plus proche.
Art. 8. Les passants qui auraient déjà
entendu la pièce interprétée par nos comé-
diens ordinaires sont tenus néanmoins d'o-
béir aux injonctions des marchands de bil-
lets. Il leur est toutefois permis de donner
leur place à leur concierge ou à leur frot-
teur.
Art. 9. Les marchands de billets sont
divisés en trois grands corps d'armée, dont
les commandants seront désignés ultérieu-
rement.
Art. 10. Ces généraux, dont le sexe est
ad libitum, seront dispensés de porter l'u-
niforme. Mais il leur sera permis d'être ci-
vils.
Art iior M. Jules GlareUe et le général
Boulanger seront plus tard, chacun en ce
qui le concerne, chargés de l'exécution d"u
présent décret.
FRANC-LURON
S, En. le Cariai Je Béni
Le comte Henri Soderini, garde noble
de Sa Sainteté, chargé de porter la ca-
lotte rouge à S. Em. le cardinal de Rende,
est arrivé hier matin, à sept heures.
Mgr Vico l'a reçu à la gare et conduit
ensuite à l'hôtel de la nonciature.
Le comte Soderini est frère du comte
Edouard, le distingué directeur et écrivain
de la Rassegha italiana.
A onze heures a eu lieu la cérémonie
de la présentation de la calotte rouge.
Son Eminence était entourée du per-
sonnel de la Nonciature et de quelques
amis, parmi lesquels le comte Jean Sici-
liano, neveu du cardinal, venu exprès de
Naples; la comtesse Félix de Mirepoix
avec ses enfants, le baron et la baronne
Tristan Lambert, alliés de la famille, de
Rende; les représentants de la pre'sse
catholique. •
L'envoyé du Saint-Père, portant son
uniforme de demi-gala, la tête couverte
d'un beau casque et l'épée au côté, a re-
mis à Son Eminence une dépêche de l'é-
minent cardinal Pecci, frère de Léon XIII,
annonçant 'au nonce apostolique à Paris
que Sa Sainteté, au Consistoire du 14
mars, avait daigné l'élever à la dignité
de cardinal de la sainte Eglise catho-
lique.
11 lui a ensuite présenté, sur un. cous-
sin, un écrin en cuir rouge, orné de mo-
tifs en or et surmonté des armes pontifi-
cales en émail.
Son Eminence, en l'ouvrant, en a retiré
la calotte rouge et l'a mise sur sa tête.
Le comte Soderini a alors prononcé
l'allocution d'usage.
Puis, se découvrant et posant un genou
en terre, il salue le nouveau cardinal,
qui lui répond en quelques mots, où,
après avoir remercié Sa Sainteté du
grand honneur qui vient de lui être
conféré, il déclare qu'il s'en croit indi-
gne. Pénétré toutelois des devoirs qui
incombent aux membres' du Sacré Col-
lège, il affirme qu'il espère obtenir de
Dieu les moyens de pouvoir prouver son
attachement au Pontificat en se dévouant
plus que jamais à la cause de l'Eglise et
à la délense de ses droits et de ses doc-
trines.
Ces paroles sont terminées par un
compliment à l'adresse du comte Sode-
rini, auquel il demande de vouloir bien
-prier Dieu pour qu'il lui soit possible de
remplir fidèlement la lourde charge
qu'on vient de lui imposer.
Cette simple cérémonie ayant pris fin,
Son Eminence s'est entretenue familière-
ment avec les assistants.
Parmi les dépêches et lettres de félici-
tations remises hier à Son Eminence,
nous mentionnerons une poésie latine des
élèves du collège Gaprariica, où le cardi-
nal de Rende a tait ses études ecclésias-
tiques.
`
Le nouveau cardinal prêtera demain,
dans la chapelle de la Nonciature, son
serment de fidélité au Pontife et de
parfaite observance des constitutions
pontificales, en présence de S. Gr.
Mgr Richard, archevêque de Paris, et de
Mgr Averardi, ablégat apostolique de Sa
Sainteté.
#
La cérémonie pour l'imposition de la
barrette aura lieu après-demain, à trois
heures, à l'Elysée.
Le président de la République enverra
M. Mollard, introducteur des ambassa-
deurs, chercher le nouveau cardinal dans"
une voiture de gala, accompagnée d'une
escorte d'honneur.
Une fois en présence de M. Grévy,
Mgr Averardi, ablégat apostolique, après
avoir présenté ses lettres de créance,
prononcera un discours en latin auquel
le président de la République répondra,
en français, bien entendu.
Les discours fini, le Président, retirant
la barrette d'un foulardrouge, l'imposera
sur la tête du cardinal, qui échangèrent
les compliments d'usage.
MARC GÉRARD
LA RÉPONSE
AU »
GËNÉRALJO(JLA«
La commission de.l'arxnée s'est réunie,
hier, et a approuvé à l'unanimité, sauf
cinq abstentions, et non deux, comme
l'ont dit à tort quelques journaux du
soir, le texte de la réponse ci-dessous
à la lettre du général Boulanger, qui, en
dehors de son ton cassant et trop person-
nel, avait eu le tort primorçUàrd'être com-
muniquée à certaines* feuilles '3 avant
que la commission de 1 année en eût pris
connaissance.
Plus soucieuse des convenances, la
commission n'a livré à la presse le texte
de sa réponse qu'après que le général
Boulanger en a eu reçu communication
officielle:
Monsieur le ministre,
J'ai l'honneur de vous accuser réception
de votre lettre accompagnant l'envoi d'une
note sur l'Ecole polytechnique, en réponse
à une décision de la commission de l'armée
dont copmunîcation officielle ne vous a pas
encore été adressée.
Conformément à votre désir, j'ai donné
lecture de la lettre et j'ai remis la note à
MM. les membres de la commission présents
à la séance.
Sans insister sur la divulgation de ces do-
cuments avant même que la commission en
ait eu connaissance, sans nous arrêter non
plus à leur caractère assez inusité dans les
relations officielles et que la constante cour-
toisie de la commission envers vous ne
ce pouvait faire' prévoir, la commission me
lu charge d'avoir l'honneur de vous informer
qu'elle ne peut accepter les termes dans les-
quels sont formulées vos appréciations.'
Elle ne croit jamais avoir dérogé aux prin-
cipes démocratiques et, dans l'accomplisse-
ment du mandat que la Chambre lui a con-
a fié, elle s'est constamment inspirée du sin-
H cère désir, de la ferme volonté de seconder
V vos efforts et ceux du Parlement pour don-
ner au pays les meilleures institutions mi-
litaires. C'est dans ce même esprîfqu'elle
continuera ses travaux.
Veuillez agréer, monsieur le ministre,
[' l'assurance de ma haute considération.
Signé: DE Mahy.
t Cette lettre, irréprochable comme for-
me, mais très nette quant au fond, va
e déterminer un conflit parlementaire qui
1 peut avoir les plus graves conséquences.
Jamais, en effet, un ministre, même
2 président du conseil, c'est-à-dire respon-
sable de' la politique générale, n'a adressé
à une commission émanant de la Cham-
3 bre une lettre comme celle écrite par le
ministre de la guerre.
î Hier, l'émotion était considérable
t dans les couloirs du palais Bourbon
3 le contre-coup s'en fera certainement sen-
3 tir ce matin au conseil de cabinet en at-
3 tendant la séance de samedi.
CERTUS
1 »
3 ̃
Ilie-liofes Parisien 1
LES MALHEURS DES < CABRETTAIRES >
Les journaux ont raconté que, mardi,
un jeune inspecteur de la Sûreté, qui s'é-
tait introduit dans un bal-musette de la
rue des Carmes, pour arrêter un repris de
justice des plus dangereux, avait été re-
connu, entouré et terrassé par une ving-
j taine de drôles .le malheureux aurait in-
failliblement péri sans l'opportune inter-
i vention des gardes de service à la porte
du bal.
j Justement, cet incident arrive au mo-
ment où les joueurs de musette venaient
d'adresser au Conseil municipal une re-
| quête pour obtenir la réouverture de plu-
} sieurs bals-musette.
[ Pétition pour permettre aux Auvergnats
j^ de danser C'est M. Camescasse qui avait
été l'empêcheur de danser en rond. Il
} avait supprimé cent soixante bals sur deux
( cents 1
|. Dans cette pétition, remise à leur com-
t triote M. Chassaing, Auvergnat et conseil-
ler municipal, les pauvres musiciens ex-
posent que ce sont eux qui, chaque di-
manche, font danser les Auvergnats de
1 Paris. Charbonniers, vitriers, marèhands
de charbons et de petits cottrets, porteurs
d'eau, commissionnaires, vendeurs de
marrons, tous descendants de l'antique
Gergovie, ils avaient l'habitude, une fois
par semaine, de se réunir pour parler pa-
tois et boire du vin clairet dans l:s mu-
settes des rues Quincampoix, Maubuée,
Aubry-le-Boucher, Greneta, Saint-Martin,
Pirouette, du Plâtre, Sauvai, Vauxvil-
liers, etc.
Les Auvergnats forment une race fidèle
à ses coutumes autant qu'au souvenir de
la terre natale. Tout le monde sait que le
charbonnier porteur d'eau, qui vient «chi-
ner » à Paris, est peu séduit par les beau-
tés de l'illustre capitale. Il ne songe, en
sa noire échoppe, où voltigent les pous-
sières charbonneuses, qu'au lopin de terre
qu'il connaît bien, qu'il a guigné depuis
son départ, et dans lequel il ira finir ses
jours quand il aura des gros sous dans un
bas de laine.
Cette race autochtone ne se mélange
point avec les autres éléments français.
La sagesse des nations a rendu hommage
à cette ténacité jalouse qu'apportent, à
garder leur personnalité caractéristique,
les descendants des Arvernes-, Laformule
« Ni homme ni femme, Auvergnat, » sup-
pose chez son auteur une intuition géniale.
On conçoit, d'après cette formule basée
sur l'ethnologie comparée, qu'un Auver-
gnat ne peut danser avec une Champe-
noise. Sa dignité ne le lui permet pas.
Donc le bal-musette ne peut être sup-
primé sans vouer à la mélancolie l'élite de
la population d'une province française. Or
il est nécessaire qu'en France tout finisse
par des chansons et des danses, même la
noble fierté nationale des Auvergnats.
#*#
Un bal-musette se forme avec grande
simplicité, quand plusieurs Auvergnats de
sexes différents (c'est par erreur que cer-
tains physiologistes attribuent aux Auver-
gnats un troisième sexe) se trouvent réunis,
bientôt quelques assistants montent sur
des escabeaux, tirent leur cabretto (mu-
sette) de l'étui, le gonflent consciencieuse- J
ment, et exécutent ces modulations aiguës
et traînardes qui mettent des fourmis dans i
les jambes de tout auverpin authentique.
Il en était ainsi, jadis, du moins
Alors les danseurs se mettaient à pren- (
dre leurs ébats, les souliers ferrés cla- ]
quaient sur le sol, et tiou 1 En avant, la
bourrée 1 En avant, le tourniquet! En c
avant, la montagnarde En avant, la polka t
piquée
Les musiciens, qui percevaient eux-mê- 1
mes, fouchtra le prix des danses, fixé à 1
dix centimes, réalisaient une recette de I
quinze à vingt francs par soirée auteurs I
des morceaux qu'ils exécutent, ils n'ont g
rien à verser à la Société des compositeurs I
de musique, partant le bénéfice n'était t
pas mince. j;
Mais, hélas! la persécution a commencé (
sous le préfectorat de M. Camescasse. La d
musette a dû céder la place au violon et f
au piston; les danses d'Auvergne ont été li
détrônées par la valse et le quadrille; les f
Auvergnats ont battu en retraite devant e
les Alphonses de barrière et leurs compa-
gnes.
Les pétitionnaires déclarent que c'est u
seulement depuis la transformation des
bals-musettes que de violentes alterca- ei
tions, des rixes sanglantes, des scènes C
scandaleuses ont eu lieu, qui ont entraîné li
la fermeture de ces établissements. di
Ils prient le Conseil municipal de plai- I
.der leur cause auprès du préfet de police, gî
pour qu'où oblige les débitants à ae plus la
i
remplacer le « cabrettaïre » par un arches-
tre, et pour que tout changement sans
déclaration préalable soit passible d'une
amende de 300 à 1,000 francs. Alors, affir-
ment-ils, on ne verra plus dans les jour-
naux ces récits de rixes sanglantes qui
déshonorent les bals improprement appe»
lés bals-musette.
Les Auvergnats, paraît-il, ne sont pas
tapageurs, parce qu'ils s'ont forts. Dans la
statistique des crimes commis à Paris, les
Auvergnats ne figurent pas pour un mil-
lième. Enfin, leurs danses sont chastes.
Allons, monsieur Gragnon
Laissez Ios enfants à leurs mères,
Le bal-musette à l'Auvergnat
TOUT-PARIS
Ce qui se passe
PETITE BOURSE DU SOIS
(Cours cotés)
3 0/0 818103 30 85
Turc. « 13 82 85
Banque ottom.. 509 37 508 12
Egyptienne. 374 37 375 373 75
Extérieure 65 9/32 5/1 C 3/16
Rio 276 25 275
Portugais 55 3/16
Hongrois 813/16 1/16
Marché faible.
o Change: Londres: 35 39»/»; Berlin, â vu»,
80. 35 Vienne, à vus, 50 35; pièce do 30 fr au
chango de 10 09.
BOURSE DE LONDRES 3
Derniers cours en clôtura
Consolidés anglais, 1011/2; Italien, 9730;
Turc, 13 95; Banque ottomane, 510 25; Espa-
gnol, 65 3/16; Egypte, 375 15; Suez, 2,040 60;
Rio, 274 45; Hongrois, 80 98.
ÉCHOS POLITIQUES
M. Goblet ne sait plus comment faire ava<,
sonprojot sur les sous-préfets, dont la com-
mission ne veut pas.
Ainsi que nous l'avons déjà dit, M. Go-
blet avait, en 1882, déposé un projet orga-
nisant les conseils cantonaux, mais mainto--
nant les sous-préfets. Le ministre de l'inté-
rieur ne croit pouvoir le représenter aujouri
d'hui, convaincu qu'il n'aurait pas de majo<
rite.
La suppression totale des sous-préfectu-
res lui paraît impossible. Et. hier, devant
la commission, en réponse à une q^cs'ion
qui lui était posée, M. Goblet a déclaré qu'il
no ferait pas du ré,et do son projet une
question de portefeuille, mais que, par
contre, il n'acceptera jamais la suppression
totale des sous-préfets.
Le ministre a ajouté qu'il, reste partisan
des conseils cantonaux avec maintien des
sous-préfets, et que,si la Chambre n'accepte
pas la première partie de son projet relative
à la réduction des sous-préfets, ii désirerai!
qu'au moins elle votât la partie relative à
l'extension des attributions.
Le projet de réduction du nombre des per-
cepteurs serait,dit-on, provisoirement écarté,
au Ministère des finances, en raison de l'op-
position que gî projet rencontre au sein du
Parlement, où l'on trouve qu'il vaudrait
mieux supprimer des sinécures comme les
trésoreries générales et comme les recettes
particulières.
Par mesure d'économie, on diminuerait les
revenus des perceptions en ramenant à vingt
centimes net les articles du rôle-.
ECHOS DE PARIS
Ce sera une froide mi- carême.
Il y- aura des martyrs et les blanchis-
seuses aux puissants bras nus, payant
d'un rhume la gloire d'être reines pen-
dant vingt-quatre heures, et les cavaliers
paradant aux frais des industriels, les
mousquetaires de la réclame.
Le soir, bals masqués dans tout Paris.
Le plus curieux, le plus étrange, le plus
suggestif, ne sera ni à l'Opéra ni dans
les lavoirs.
A ceux qui voudraient voir, mise en
scène, la nouvelle de Poe, le Systems
du docteur Goudron et du professeur
Plume, la Salpêtrière peut oflrir le n ba-
des folles », qui S3 donne chaque an.
née.
Réceptions diplomatiques.
S. Exe. M. de Albareda, ambassadeur
d'Espagne à Paris, donnera, le samedi
26 mars courant, à l'Ambassade, un
grand dîner suivi d'une réception.
Aujourd'hui, jeudi de la mi-carême,
l'ambassadeur offre un déjeuner intime
au jeune duc et à la duchesse de Moi-ny,
à la belle-mère du général Blanco, pré-
sident des Etats-Unis du Venezuela, et
à sa famille.
Samedi, réception chez M. et Mm«
Flourens.
Lundi, réception chez le comte et la
comtesse de Münster.
gJeudi prochain, S. Exc. l'ambassadem
de Russie et Mme la baronne de Moh-
renheim donnent une grande réception.
Cette soirée sera donnée en l'iionnsur
de la Société française et promet d'être
très brillante.
En attendant, ce soir, le baron et là
baronne de Mohrenheim donnent un di-
ner dont voici les principaux convives î
M. et Mme Goblet, M. et Mme Sarrien,
M. et Mme Flourens, le général Boulan-
ger, les généraux Saussier et Thibaudin,
Essad-Pacha, ambassadeur de Constan-
tinople d'Albareda, ambassadeur d'Es-
pagne lord Lyons, ambassadeur de la
Grande-Bretagne; général Brugère, che|
3e la maison militaire du président do la
République; colonel Lichtenstein, Mol-
Sard, introducteur des ambassadeurs;
Francis Charmes, M. et Mme Ciavery,
îtc.etc.
M. le duc de Madrid vient de péi'dre
m de ses plus fidèles'serviteurs.
Hier matin, à huit heures, est mort
:n son hôtel de la rue Blanche, doc
Carlos d'Algarra Saavedra, g'é.uéral car'
iste, créé comte de Vergara par l'aïeul^
[u prétendant. Don Carlos V, en 1843.-
Après de brillants examens, M. d'Al*
arra entra commé sous-lieutenant dans
carde royale 4e Ferdinand YIU maisii
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