Titre : La Presse
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1870-09-22
Contributeur : Girardin, Émile de (1806-1881). Directeur de publication
Contributeur : Laguerre, Georges (1858-1912). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 22 septembre 1870 22 septembre 1870
Description : 1870/09/22. 1870/09/22.
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/02/2008
Plusieurs membres du gouvernement pro-
visoire ont visité, depuis deux jours, divers
secteurs des fortinca.tions. Ils ont été heureux
de constater l'énergie patriotique dont la gar-
de nationale fait preuve, ainsi que te complet
état de la défense.
Partout la résolution est inébranlable, par-
tout l'enthousiasme des citoyens est unanime;
partout aussi toutes les ressources militaires
sont accumulées, les gardes nationaux de l'en-
ceinte sont approvisionnés de cartouches tou-
tes les précautions, ennn, sont minutieuse-
ment prises. La construction des barricades
va, en outre, recevoir la plus vigoureuse im-
putsion.
La journée de lundi a. eu ses héros. On si-
gnale à l'entr na<[07Mt~ un Heutenant-colo-
nai de gendarmerie qui a eu le pied emporté
parunéclatd'obus, et qui est resté encore
pics d'une demi-heure à cheval. Il est actuel-
lement a.u Yal-de-Grâce. Un lieutenant d'ar-
tIDeriei Messe d'un éclat d'obus à la cuisse, a
refusé absolument d'entrer à l'ambulance, et
c'est à peine si le docteur VerneuiLqui s'était
porté des premiers à la porte de Châtillon, a
pu le faire consentir à se soumettre aux soins
que réclamait sou état.
Un régiment de ligne cantonné dans la. re-
doute mache~'ée de GhàtUlon a sauvé ses deux
mitrâittjenses en les lançant sur une pente où
eltes ont ro~lè, et en bas de iaqueUe d'autres
troupes les ont reçues et ont pu les mettre en
sûreté dans un fort voisin.
Les gardesmobUes se sont si bien conduits
lundi à la, ba.ta.llle de ChatHIon que tous les
généraux s'adressent à présent au général
Trochu pour avoir des mobiles sous ieurs
ordres.
Le jeune barreau de Paris s'est aussi signa-
lé, ces derniers jours, sous Meudon. Non-
seulement le sergent NIcolet s'est fait remar-
quer par.son intrépidité dans le 7° bataillon
des mobiles, mais on cite, parmi les zouaves
restés près de leur digne commandant Pré-
vost, les jeunes avocats Giraudeau, Bonnier-
Ortola.n, Laeour et Phylos~ (blessés tous les
quatre), engagés comme volontaires dans la
~zouaves. H est profondément à regretter
que les trop nombreuses recrues de ce régi-
ment décimé sous Sedan ne se soient pas com-
portées avec lavaillance de nos jeunes avocats.
VEtLLONS
On raconte ~ue les Prussiens, en arrivant,
avant-hier, à. Saint-CIoud~ ayant avisé un
poste de.ga.des nationaux se dirigèrent vers
ceux-ci et promirent de ne leur l'aire aucun
maL
lis tinrent parole mais avant de renvoyer
les gardes naHona.~x.chez eux, ils s'emparè-
rent de !eurs uniformes. Les gardes natio-
naux se seraient trouYes dans la nécessité de
retourne!' à feur domicile en toilette fort né-
slisee.
Un assure que ies Prussiens ont mis la main
uiée française, à L'aide desque]s ils espèrent
ttufupet'i.tYtgii.tnco des postes chargés de !a,
HM'd~ de. pants-levis.-Siune pa,reiHe surprise
f.ï pnssibtR et'h). possession d'uniformes
l'a.ù6us !e fa.it craindre),H est Indispensable,
Jittf:f'u?i~<, ({ue l'autorité mijitaire fasse
ccmtsutre cette mancenvre aux troupes qui
&m-d<-ni te~i entt'ées, et que des Instructions
P.o'mttHeH suieht données à la. garde nationale
disposée à ouvrir les portes à tout corps Iran-
~ttis sans vériiicatioh préatab!e.
nie)', sur les boulevards, on a fait un assez
~rand nombre d'arrestations des zouaves qui
avaient fui à !a. bataille de Chatition et de
Chnnsu't.
Plusieurs détachements, composes de qua-
tre gardes nationaux et d'un caporal, étaient
chargés des arrestations.
Les zouaves arrêtes marchaient au miHeu
sans résister, la tète Lasse, humiliés et quel
'ques-ans pleurant; ils étaient généraIeMent
~rès jeunes.
Le public regardait avec une curiosité triste
ces soldats affaissés. Ce costume des zouaves,
symbole de la plus grande bravoure, et porté
par des indignes, on le leur aurait volontiers
MTachè. Ajoutons, sinous voulons être justes,
que c'étaient de jeunes .recrues qui n'avaient
pas encore fait parler la poudre, et qui, lundi,
se trouvaient pour la première fois devant
l'ennemi.
L'humiliation qu'ils viennent de subir a été
assez grande .pour qu'ils ne saisissent pas la
-tlll' r"
FEUiLLEfQN DE LÀ P~F~F
t)t! N3'SEPTEMBRE 1870
.<~ELE
vin'
Lie drame
Le 6 janvier 18l. les grands appartements
de tavielHe marquise'~Adélalde de MérainvIUo,
icrmésau monde depuis la. prise de la Bas-
tiïïe, se rouvrirent comme par enchantement.
Un bal; précédé d'un concert, avait amené
d~os le vaste hôtel une foule brillante à coup
!û; mais dont !a surprise et l'hésitation sem-
L~ientdire
C'est la. première fois que nous posons-le
}jn:;d sur un parquet si éminemment aristo-
c-'alique.
Daus )c ssdon principa!,magniuque pièce
CRtasone destinée aux cérémonies, deux sé-
vères portraits de famine, regardaient avec
stupeur circuler moclleusoment de ravissan-
tes femmes parées suivant le goût de l'empire,
et presque toutes appuyées a.u bras d'ofilciers
supérieurs. MiMé rayons blancs et jaunes,
outils de& diamants et des épaulettes et croi-
ités en tous sens/formaient comme un tissu de
humère d'un éclat métallique. r
Cette fête, donnée par la marquise douai-
riero, avait pour but deHancer soIenneHe-
oent son petit-nis~ !e vicomte Armand de
Msrainviile-RIançay, à M" Angéle Lemoine~
title du général Jean Lomoine, créé tout ré-
cemment baron de l'Empire. Grande, sans
maigreur et droite encore, mise avec une ri-
che simplicité~ imposante comme une reine,
mais aS'able ayec cette haute distinction et
Reproduction autorise par Js Soeiéth dç? Cc'ns
detettre'
première occasion de se relever par une ac-
tion d'éclat. Qu'on les renvoie devant les
Prussiens, et nous sommes persuadés que tous
sauront vaincre ou mourir.
Hier, dans la journée, sur l'ordre du préfet
de police, un détachement des mobiles,de la
Somme (Abbeville et Amiens), de garde à la
préfecture, a été chargé d'opérer l'arrestation
d'un officier de la garde nationale, demeurant
rue Dauphine. Le personnage arrêté aurait
appartenu, dit-on, à la police de M. Pietri et
serait accusé de manœuvres bonapartistes.
LE COMBAT D'ÂVANT-H~ER
Le jFretTiçet~ donne d'intéressants dét~its ]
sur le théâtre du combat et sur les divers
mouvements qui ont précédé le due! d'artille-
rie entre nos troupes et celles de l'ennemi.
Nous empruntons à ce journal les rcnsogne-
ments suivants
lieux plateaux dominent au sud le vaste espace
que Paris occupe l'un est le plateau de Long-
Boyau, qui s'étend depuis la Seine en amont de
Paris jusqu'à la Bièvre. Ce plateau se termine
vers Paris par les hauteurs de BIcêtre et de Vil-
lejuif. Au pied de ce plateau, au bord de la Soi-
ne, à l'est, sont situés les villages de Vitry, de
Choisy-Ie-Roi, d'Orly sur le versant, le village
de Thiais est le plus important. Vers l'ouest, sur
le versant de ce plateau, se trouve l'Hay, Fres-
nes, et au pied, dans la vallée de la Bièvre, les
villages d'Arcueil, de Cachan, de Bourg-Ia-Rei-
ne, de Bernis et d'Antony.
Le second plateau, qui s'étend depuis la Biè-
vre jusqu'à la Seine en aval de Paris, est le pla-
teau de Châtillon. Tandis que le plateau de
Long-Boyau est une vaste plaine parfaitement
nue, au milieu de laquelle s'élève seulement un
village, Chevilly, et quelques hameaux, la Belle-
Epme, Wissous, Rungis, le plateau de Châtillon
est an contraire couvert de bois et de bosquets.
Il s'étend à l'est, en face de Cachan et d'Arcueil,
vers Bagneux. La colline de Bagneux, toute cou-
verte de vignes et de jardins, domine la plaine
de Montrouge et la vallée de la Bièvre.
De Bagneux, une suite de petites collines s'é-
tend vers le sud, formant une ligne brisée. Sur
le revers de ces collines sont établis les villages
do Fontenay-aux-Roses, du PIessis-Piquet,
Sceaux, Chatenay, Verrières, et en revenant vers
Paris au nord du plateau, Châtiilon, Ciamart,
Fleury, Mendon, Bellevue, jusque vers l'ouest,
Vezely et Versailles.
Dans les journées de vendredi, samedi et di-
manche, l'ennemi, passant de la rive droite sur
la rive gauche de la Seine suf différents points,
entre Choisy-le~Roy, Vittaneuve-Saint-Gorges,
Ablonet Athis, a pris à' revers le plateau de
Long-Boyau il a rencontré nos avant-postes à la'
Belle-Epine~ en avant de Villejuif, et des engage-
ments ont eu lieu sans résultat Important.
Dans la journée de dimanche, continuant son
mouvement pendant qu'une division se rendait
par le haut de la vallée de Bièvre à Versailles,
une-partie considérable de l'armée ennemie s'est
emparée du plateau de Châtillon.
Ce plateau était défendu pa.r deux redoutes,
l'une sur les hauteurs de Fontenay, en arrière de
ce village, l'autre un peu en arrière, entre Châ-
tillon et Clamart.
Malheureusement, pour assurer la, défense du
plateau, il aurait fallu brûler les bois, les bos-
quets qui te couvrent et qui rejoi'gMnt les bpiS s
de Cla:nart, Meudoa,.ChavilIe et Virof!ay. On
avait vainement tents d'incendier ces bois de-
puis huit jours. L'humidité, suite das dernières
pluies, l'etfet de la sève, avaient empêché l'ac-
tion du feu, et les Prussiens ont trouvé sur ië
plateau de Châtillon l'avantage d'une situation
couverte qui leur avait fait _comp!s:eiMent datant
sur le pta'eau de Long Boyau.
Dans la nuit d'a.vnut-hn;r à hier, dès-batteries
avaient été dispoaées''p:u' le génériti Dusrot sur
le plateau de Châtiuon. Le gcaéral avait le des-
-sein de couper l'ennemi dans le mouvement de
Hanc entrepris par les Prussiens pour se rendi'e
de l'est à l'ouest de Paris il couvrait d'a.iUeurs
par une offensive hardie la hauteur de ChâiHion,
importante a conserver.
La bataille a commencé lundi à quatre heures
du ma.tiu et a duré presque toute la joui'Nce.
L'aile gauche de nos lignes s'appHya.it sur Vjl-
iejnif, Bicetre et l'Hay, occupait toute !a vatl'ée
de la Bièvre, fermait la route d'Orléans la
hauteur de Bagneux, en décade Bourg-la.-Reine.
tenay,àChâtiUoneta. Cla.ma.rt. y
L'aile droite était établie sur des t'oHines se-
condaires qui font i'~ce à Meudou et a'ctendent
entre le val Fleuryet les fonds de CI~mari, da
Yanves et~'Isay.
La lutte a été très-vive dès le commencement
de la journée. Notre artillerie a. pu se déployer,
et elle a fait subir à l'ennemi des pertes consi-
dérables on évalue à ~5,000 Je nombre de coups
tirés par nos pièces.
Vers midi, malheureusement, la droite de nos
lignes, qui cependant était composée da troupes
sur la solidité desquelles on devait compter, no-
timment d'un régiment de xoaaves, a b&ttn en
retraite, et un grand nombre de fuyards ge ré-
pandant dans les quartiers A l'est de Paris y ont
eaûsÉ une vivo émot'on.
La"gauche tenait bon à Bicêtre, le cen'.re sou-
tenait le feu de l'ennemi intrépidement vers Ba-
gneux, lorsque la nouvelle de la retraite de l'aile
droite est venue aR'aiblir la conGance des trou-
pes qui défendaient les positions du plateau
elles craignaient d'être tournées et de ne pou-
voir plus rentrer dans la ville. Maigre l'intrépi-
dité avec laquelle le colonel Bonnet défendait une
cette supériorité naturelle qui caractérisent
plus encore la noblesse de l'âme que celle du
sang, M"~ do ]MéraInviIle était, malgré son
âge, ia plus belle personne de cette brillante
réunion. Une expression de douceur Ineffable
et de sérénité maternelle adoucissait la uerté
princière de son regard et la dignité d'un vi-
sage ovale, aux traits grands et purs, qu'en-
cadraient des cheveux blancs admirables.
Tout en faisant les honneurs de chez elle,
elle ne quittait pas la main d'une jeune iille
dont la beauté suave et poétique semblait plus
radieuse et plus touchante encore quand on
la comparait à la grâce majestueuse .de la
grande dame.
Cette jeune Bile était la Ëancéc du vicomte
Armand de Mérainvillc, qui, tout en répon-
dant avec politesse aux 'félicitatioris d'un
groupe d'hommes empressés, ne quitta.it pa~
des yeux et savourait mieux que personne
l'effet délicieux de ce contraste.
La pendule du grand salon, colossal bloc
de marbre d'un blanc d'ivoire, taillé par un
ciseau sobre et puissant, ne marquait que
neuf heures. Le concert ne devait commencer
qu'à la demie, et le Ilot du monde invité con-
tinuait ses ondulations miroitantes.
Par un de ces rapprochements que j'attri-
buerais au hasard si deux cœurs qui s'aiment
n'étaient toujours, même à leur insu, poussés
l'un vers l'autre par une force mystérieuse,
Angele et Armand se rencontrèrent face à face
dans cette immense pièce où circulaient déjà
plus de trois cents personnes. La tyrannie de
la bienséance leur faisait un devoir de n'é-
changer tout au plus qu'un regard mais la
marquise, s'emparant du général Lemoine,
qui se trouvait à son côté, posa le bras de la
jeune nllesur celui d'Armand, auquel elle dit
Va donc montrer à Angele les nouveaux
dahlias de la serre. zD
Le lieu que la marquise désignait ainsi é-
tait une galerie vitrée que son fMs, grand a-
mateur de ileurs_ exotiques, avait fait con-
struire sur une terrasse qui terminait au sud
ou plutôt prolongeait les appartements du
premier étage. De la bibliothèque particuliè-
re du vicomte on passait de plain-pied dans
cette galerie, indépendante sur trois faces et
qui donnait sur une pelouse plantée de mar-'
ronniers énormes, magnineenee cachée
position avancée du p!ateaa, vers le lieu dit la
Mare-aux-Moincs, au-dessus du Plessis-Piquet,
le généra] Ducrct dut domier l'ordre de la re-
traite vers quatre heures.
Il était impossible d'emmener les pièces pla-
cées en position à la redoute de Châtillon, les
chevaux étant tous abattus. Le général Ducrot
les fit enclouer, afin qu'elles ne pussent servir à
l'ennemi, et se replia avec un sang-froid intré-
pide vers le fort de Yanves. Les troupes firent
cette retraite dans le meiileur ordre.
Pendant toute la journée, la garde Nationale
mobile, dont la plupart des bataillons voyaient
le feu pour la première fois, adonné dos preuves
admirables d'intrépidité et de bonne tenue. Pen-
dant que des zouaves lâchaient pied, les petits
mobiles des départements bretons tenaient tête
avec un véritable héroïsme, et ils reprenaient
jusqu'à, deux fois, avec des efforts prodigieux,
les positions dont la défense leur avait été con-
fiée, et qu'ils n'abandonnèrent définitivement que
sur l'ordre du commandant en chef.
Pendant que le plateau de Châtillon était té-
moin de cette lutte, les Prussiens, s'avançant
vers les hauteurs qui dominent Saint-CIoud,
s'emparaient, a ce qu'H parait, de la redoute en-
core inachevée de Montretout.
On Ht dans l'Op~ton. n~ona~
SO septembre, midi.
Ce matin, les nonveUss sont bonnes. Les mon-
vements de troupes ppéréa vivement dans la
soirée d'hier ont déterminé les Prussiens à aban-
donner une partie des positions qu'ils avaient
occupées dans la journée. Us ont abandonné
ChattHon et se sont repliés un peu en arrière sur
le plateau; même ils oui évacue la redoute de
Châtillon.
Nous étions partis en abandonnant quelques
canons, que nous-mêmes avions encloués. Les
uhians entrèrent dans les ouvrages, et déjà. ils se
préparaient à enlever ces lourds trophées, lors-
qu'on sonna précipitamment la retraite. L'espèce
de brèche où est située la redoute domine, il est
vrai, les forts; mais ceux-ci peuvent facilement
l'enserrer de leurs feux.
D'ailleurs, à Vanves et à Montrougo, on est
animé d'une très juste confiance. Ces positions
sont réellement imprenables; de plus, les garni-
sons sont très fortes; excellente artillerie, par-
faitement servie par les pointeurs de la marine.
Eaun, le courage des bataillons bretons, dans le
combat d'hier, a eçnvaincu les plus défiants sur
les qualités de résistance des gardes mobiles.
Un coamnandant dans l'un de ces forts, qui na-
turellement suspectait tout ce qui sort du cadre
de l'armée régulière, disait ce matin Décidé-
ment, la mobile a gagné ses galons; elle nous
rendra, tout autant, sinon plus de services, que
la troupe de ligne.
Quant à la garde nationale, je n'en parle pas.
Le bourgeois de Paris ne coiffe pas aisétSent le
casque, mais une fois qu'il a enfourché son cheval
debatai!Ie,iltient)no7'dtcus~ et il se fera tuer
plutôt que de céder un pouce de terrain.
Ce matiu, je voyais à Montrouge déliter les
gardes nationaux des environs excellente tenue
et allure très ferme.
Les pentes de CbâtiMon sont toujours tenues
parles avant-postes prussiens. Les nôtres cam-
pent au chemin qui croise la grande route en
courant su:' Vanves. Chacun, de son côté, fait
bonne garde; les coups do fusil pétillent, fré-
qnent6,tetla.pronMna.je, dans ces parages, n'est
ni facile ni agréable.
De bon matin, la canonnadë.TCéclaté des forts
de Bicêtre et d'Ivry.EUe a duré jusqu'au coup
de dix heures. Elle s'explique par le mouve-
ment exécuté hier ViRejuifpar le troisième
corps.
La général Vinoy a. eu une très bonce journée
d'escarmouches. Des cinq heures du ma.tifi, il a.
déployé ec tirMUeurs p!uaieurs compagnies en
avantdeVilieJMfetdeVitry. Celles-ci se sont
habilement repi'ées, comme si cites cédaient de-
vant l'eHwt des .Prussiens. Alors ceux-ci sont
sortis de leurs positions, marchant de. l'avant.
Une batterie de mitrailleuses s'est démasquée, à
bosne portée, et a jeté à terre pas mal. d'enne-
mis.
L'engacetaent a duré jusqu'à, six heures du
soir et le général Vinoy l'a très bien dirigé, évi-
tant les grands chocs et ménageant une foule de
petites reacostres..
Les troupes sont revenues le soir à leur cam-
pâment très satisfaites de !a journée. Les snl-
dats répétaient Ah 1 si tout s'était -?s.Ré de
cette façon depuis le commencement de la cam-
pagne, les Prussiens ne seraient pas devant Pa-
ris*! "Courage, mes braves!
Le soir, !a division du 13" corps, celle du
général de Maudhuit a eu une très malencontreu-
se alerte. Une compagnie du 59~ avait été mise
engra.nd'gartle;un peu en arrière arrive le 3~
de Hgnp,qui occupa le cimetière aux abords de
Villejuif. Il ouvrit une fusillade droit devant lui
sur les nôtres, qu'il ne reconnaissait pas.
Pour comble, le bruit fait )evër les Prussiens,
qui prennent de l'autre côté notre avant-poste.
La méprise, heureusement, fut courte les Prus-
siens n'osère:it pas en proSter.
Entre dix heures et-minuit, le 11~ corps exé-
'cuta un mouvement sur Pt'.ris, combiné avec
l'ensemble de nos opérations.
Ce mouvement me semble tout à fait juste et
raisonna.Me. U i'aut laisser les Prussiens exécn-
ser leur marche ~le Hanc, très périHeuso, sans
mettre à leur portée des corps détachés. Infé-
rieurs en nombre.
Les concentrations peuvent facilement se faire
dans Paris même, et fondre au bon moment, à
travers la ligne des forts, sur les Prussiens, sur-
pris et désorientés. Frontons de l'avantage de
nos positions.
On me dit que le né:iéral Vinoy a abandonné la
redoute de Bioêtre, "sur la ra.ute de Fontaine-
bleau. Je crois qua les Prussiens ne pourront
pas l'occuper davantage que la redoute de ChS-
tiUoR.
aux regards dota foule, trésors de fewilage et
de verdure comme Paris n'en possède plus.
Ce n'était pas la première fois qu'Angèle
Lcmoine pénétrait dans ce sanctuaire aérien
où régnait une douce et égale température;
cependant, les suaves odeurs qui Tinrent af-
fecter ses narines délicates exaltèrent sbn
cerveau. Son cœur battit plus vite, et si léger
que fut le poids de sa main sur le bras du vi-
comte, Armand la sentit tressaIMIr.
Pour la distraire d'une émotion qu'ii par-
tageait et dissiper un peu le charmant em-
barras d'un tète-à-tète'si inattendu, le jeune
homme conduisit sa timide uancée devant
quelques arbustes en fleurs. Us s'extasièrent
l'un et l'autre, quoiqu'ils ne prêtassent en
réalité qu'une attention bien superScicHo
aux merveilles qui frappaient leurs yeux.
Après une courte promenade dans la serre,
Armand, revenu de son trouble, Ht asseoir
Angèle sur un banc de velours vert, entre
deux beaux- orangers..Aifaibli par la distance,
le bruit du mouvement et des conversations
de la foule n'arrivait à leurs oreilics que com-
me un murmure harmonieux; et Ils n'étaient
éclairés que par les rayons de la luno qui
pailletaient d'argent les richesses parfumées
de la galerie silencieuse. 1
Angélo et Armand ne s'étalent pas encore
trouvés ainsi seuls. Leur genre d'éducation et
les exigences du monde dans lequel ils vi-
vaient avaient entretenu dans leurs moindres
rapports une réserve excessive et presque
douloureuse..
Depuis plus de six mois qu'ils se voyaient
presque tous les jours. Ils ne s'étaientdit qu'ils
s'aimaient que dans ce muet langage dont l'a-
mour le plus chaste et le plus craintif a le se-
cret.
Et jamais âmes passionnément éprises, dé-
vorées par la soif des épanchements, n'avaient
plus souffert de la retenue que nos conven-
tions sociales élèvent comme une barrière en-
tre deux êtres sensibles et pensants qui sont
sur le peint de s'unir jusqu'à la mort.
II est -vrai de dire qu'à l'époque où le ma-
riage de ces jeunes gens était près de se con-
clure, le divorce était en vigueur; mais le
vieillard le plus sceptique, après avoir admi-
ré les fronts nobles et pur&j~u couple ravis-
sant, aurait repoussé, de ses propres mains,
La route de Fontainebleau, aux abords de Vil-
lejuif, est coupée de profondes tranchées; les
barricades se suivent, ne laissant ouvert qu'un
petit chemin en zigzag.
Les maisons du Faubourg de Bieêtre sont acti-
vement démolies; celles d'Ivry sont également
jetées & bas eUes gêneraient les feux croisés du
fort et des remparts.
-Les Prussiens sont sur les hauteurs de yiHe-
jnif; its laissent de côté Vitry. On en signale à
chaque instant quibattent la campagne. Plusieurs
gardes nationaux ont pris leurs fiisils et ont bra-
vement entrepris une contre guérilla.
Le ballon de Fonvielle plane en observation
au-dessus de la Maison-Btanche. H paraît que les
Prussiens s'accumulent, en assez fortes colonnes,
lelongdelavaUéodelaBièvre.
jEnnn, on me rapporte que, de l'autre côté de
Pin'is, entre Saint-Denis et le Bonrget, tonne de-
pu!s ce matin une assez vive canonnade.
Le vice-amiral Dompierre-Bornoy a fait
placer sur le ministère de la marine un télé-
graphe aérien en vue d'établir des communi-
cations pour fa.ciiiier l'évacuation des blessés
sur les différents centres d'ambulances de la
capitale. ·
On sait que le ministère delà marine dis-
pose à hii seul de 100 lits; les soins à donner
aux malades ont étéconnés au service de santé
et au personnel infirmier des équipages de la
ftotte.
Le ministère de la marine va former, avec
le personnel de ses employés de tous rangs,
une compagnie de garde nationale spéciale,
dont le service sera réparti de façon
que les employés du ministère puissent à la
fois remplir leurs devoirs de citoyens et 'ceux
que nécessite l'expédition des affaires, que le
fait de la présence des employés dans diver-
ses compagnies pourrait gêner.
Des rapports d'espions avaient fait crain-
dre que cette nuit les ennemis ne cherchas-
sent à s'emparer du fort de l'Est par surprise.
Contrairement à ce qui avait eu lieu jus~
qu'ici, tous les hommes, soldats et officiers,
qui n'étaient pas de service, avaient été con-
signés. Tout s'est bien passé, le fort n'a pas
été inquiété.
Les communications de Paris avec l'exté-
rieur deviennent chaque jour plus diuciles.
Le gouvernement lui-même ne correspond
que très Imparfaitement avec la délégation
installée à Tours. Avant-hier, une estafette
partie de Paris avec des dépêches pour Tours,
a failli tomber dans une embuscade et a dû
rebrousser chemin à toute bride. Le gouver-
nement, ce jour-là, a dû se borner à corres-
pondre télégraphiquement avec le ministre de
la justice.
Le même jour, une personne chargée d'une
mission du gouvernement et qui connaît à
merveille la topographie des environs, a vou-
lu sortir de Paris à cheval, allant dans la di-
rection de Versailles. Elle est tombée entre
les mains des uhlans, qui l'auraient certaine-
ment retenue prisonnière sans la croix rouge
des ambulances que cette personne portait au
bras et sans une commission délivrée par le
comité des Champs-Elysées constatant que le
porteur appartenait réellement à la société de
secours aux Messes..
Grâce à ce laissez-passer, cette personne
n'a pas été iuquiétée; les uhians se sont bor-
nés à lui faire rebrousser chemin; II parait
même qu'ils ont été fort convenables et pres-
que obligeants envers leur prisonnier d'un
moment.
AFFALE M! GMMRAL ALBERT
PROTESTATtO?
On nous adresse les protestations suivantes
~Hnor~du'9"~a~ttMon'
Les officiers soussignés protestent; tant contre
les éloges qui leur ont été adressés par le géné-
ral Ambert, éloges qu'ils répudient comme une
cause de désunion, que contre les soupçons de
bonapartisme qui en ont été la conséquence au-
près de quelques-uns de leurs collègues.
Elus par leurs compagnies au cri de Vive la
République! "ils se sont dévoués à la servir fi-
dèlement.
Plusieurs d'entre eux ont protégé la personne
du généra!, pendant son arrestation, contre l'in-
dignation publique ils estiment avoir fait l'œu-
vre de bons citoyens, en préservant la Républi-
que d'une goutte de sang français, quand celui
seul de l'ennemi doit être répandu par des mains
françaises.
La France et la République sont inséparables.
Ontsigné:
Les officiers de la 1~" compagnie Pataille, Mo-
rin, Simon, Marie, Belissent, Bréant.
Les officiers de la 2~ compagnie Quesney, Cré-
mieux, Duvoy, Buisson, Paulet,Jeantheau.
Les officiera de la 3e compagnie: Duron, Coul-
beaut, Mondion, Lequeux, Poinsot, Sànguitton.
Les ofnciers de la A~ compagnie Govart, Ar-
noud, Rivoire, Chevalier, Maynard, Salvatelti.
Les officiers de la 5~ compagnie Dadin, Pitou,
comme un fantôme, cette froide prévision.
Quoi qu'i) en fût, ces natures intelligentes et
élevées s'étaient, par l'effet d'une sympathie
clairvoyante, merveilleusement appréciées et
comprises.
Sûrs l'un de l'autre, ils ne redoutaient au-
cun désenchantement. Mais, à la veille de
rapprocher leurs cœurs sans avoir été con-
duits à cette ineffable union graduellement,
pour ainsi dire, et par une fréquentation plus
intime. ils ressentaient un vague effroi ils se
demandaient s'ils oseraient franchir le seuil
de ce paradis, tant la nature humaine a peur
de l'inconnu, cet inconnu fut-il le bonheur.
Quoique leurs pensées se fussent élevées au
ton de la plus haute poésie et qu'ils eussent
assez de ressources dans le langage et dans
l'esprit pour ne jamais engager conversation,
même avec les indifférents, en se servant d'un
lieu commun, il arriva ce qui arrive toujours
entre deux jeunes gens honnêtes qui s'aiment
de bonne foi et qui se rencontrent dans un
premier tête-à-tête.
Ce fut par une.banalité qu'ils rompirent le
silence.
I! a fait beau ce matin; n'ètcs-vous pas
sortie, ma chère Angèle? demandale vicomte..
Et notez qu'Armand Ht un vicient effort
pour nommer ainsi sa fiancée, qu'il n'avait
encore appelée que « Mademoiselle. M
Cette question vulgaire mit à l'aise la fille
du général qui, tout en la désirant peut-être,
craignait l'explôsiond'uci senti.méni longtemps
craignait l'cxplosiond'un sentiment longtemps
mattrisé.
Elle reprit son calme et répondit gatme~nt
–Non; j'ai lu le roman que vous m'avez
prêté.
–Qu'en pensez-vous?
Je n'aime pas la fin, ou plutôt je ne la
trouve point conforme anx lois de la vie, telie
que Dieu nous l'a tracée.
–Vraiment? Vous me ferlez bien plais!)',
ma chère Angèle, en me donnant les raisons
de cette critique.
En quoi peut vous intéresser le jugement
d'une petite nile? demanda Angèle avec un
accent dontia finesse démentait le sens de la
phrase.
Oubliez-vous, dit le jeune homme en
prontant de cotte coquetterie d'esprit pour
s'emparer de la main d'Angèie, oubliez-vous
Geoffroy, Paque, Jenuit, Josseim. l
Les officiers de la 6~ compagnie Betlangé, Beau- l
report!, P.tquolto, Rodanet, Roche, Le Sei-
gneur, Beitz.
Los oi'Ëciers do la 7** compagnie Rousse!, Cro-
tel, Charotet, Josse, Félix, Princet.
Les officiers de la 8~ compagnie Duvigaa.n, Ca-
dart, Franck, Royer, Mercier, Fâcheux,
Brnnschwig, de !a. Carre, capitaine a-d~udant-
major.
Paris, le 30 septembre 1870.
Pour copie conforme
Le chef de bataillon commandant,
A. JACOB.
Les officiers, sous-officiers et soldats da la S~
compagnie du 3~ bataillon de la garde nationale
protestent contre les paroles prononcées par le
général Ambert, paroles qui tendaient à faire
sentir une différence entre îes anciens bataillons
et les bataillons de nouvelle formation. Ils veu-
lent que l'ennemi sache bien qne, quand il se
présentera devant la 5" section, il trouvera éerit
devant lui Liberté, égalité, fraternité.
Nous apprenons que les officiers du batail-
lon se sont réunis sur le bastion qui leur est as-
signé, et là, pendant plusieurs henres, se sont
fait expliquer par un capitaine du génie la façon
dont ils devaient défendre le poste qui leur était
conné. Nous engageons tous les .bataillons à en
faire autsmt~ dans l'intérêt générât.
ALGERIE!
LEVÉE DE L'ÉTAT DE SIÈGE. LES MAIRES.
INTERDICTION DES COMITÉS POLITIQUES.
Les journaux d'Alger publient les pièces
suivantes
Le gouverneur général de l'A!gér!e par in-
térim
Vu la loi du 9 août 18A9;
Vu l'arrêté du 10 août 1870, qui a placé l'Algé-
rie sous l'état de siège
Vu l'attitude calme des populations et les
preuves que lesmitiees ont données de leur dé-
voûment au maintien de l'ordre et de la sécu-
rité
Arrête
Art. 1°*\ L'état (te siège est levé dans les dé-
partements de l'Algérie.
A\'t. S. Les généraux commandant les provin-
ces etjes préfets des départements sont chargés,
chacun en ce qui les concerne, de l'exécution du
présent décret.
Fait à A)ger, le 10 septembre 1870.
Général baron DURR!F.c.
Z.e m~M~'e de ~'t~ërteHf d ~OH~i'ne!
~en~)~~c?<'M~e;'t'e
CtRCULA!RE A MM. LES PR&FETS
Faites dresser immédiatemeut un tableau com-
plet de tous les maires de votre département
sur trois colonnes la première portant ceux qaa
vous pouvez conserver comme vous secondant
dans t'cenvre de la défense nationale; !a seconde
portant ceux qui décidément se montreraient
disposés à entraver cette oeuvre, la seule qui
doive occuper tous les Français la troisième
ennn portant les successeurs que vous pourrez
me désigner comme étant capables de remplacer
les maires dont vous ne pourriez utiliser le con-
cours. Sur ce travai!, auquel je vous pri.j de
donner tous vos soifM et que vo'js devrexdre à l'unique point de la défense nat!on~te,je
me prononcerai et- ratifierai toutes révolutions
absolument nécessaires.
Lepréfet,
D'A.WA1!K:ER.
DJotsMn. j3t'<~ecMtgaes, oiHa: rean.M~s e~ d ~'a~c/ia~s.
Quelques citoyens, prenant le titre de Comité
républicain d'Alger, ont cru, hier matin, au mi-
lieu d'une réception des diverses administra~Ioss
du département et de là commune, devoir adres-
ser au préfet des observations et des injonctions
qui n'étaient acceptables ni dans le fond, ni dans
ta forme. J'ai répondu, avec netteté et fermeté,
que te premier de mes devoirs était de mainte-
nir l'ordre, et que, sur ce point d'obligation ab-
solue, en Algérie non motus qu'en France, je
n'acceptais et n'accepterais aucune transaction;
Alors je n'avais encore reçu ni l'arrêté du
ministre de l'intérieur, le citoyen Léon Gâm-
betta, qni nomme les trois pr.éi'eta de l'Algérie et
les oblige <' à exercer leur autorité, de concert
avec les généraux commandant les divisions mi-
litaires ni la circulaire du ministre de la guer-
re, le général Le Flô, qui enjoint aux généraux
en France, comme en Algérie, de veiller à ce
qu'aucune volonté individuelle n'usurpe l'exercice
de l'autorité qui appartient aux seuls délégués du
gouvernement national.
J'avais compris à l'avance qu'tl n'en pouvait
être autrement.
Le comité qui croit tenir de la population, ce
qui est fort contestable, des pouvoirs de controie
qu'aucune autorité ne peut accepter, me sigaina.
qu'il prenait acte de ma déclaration et qu'il se
retirait pour en délibérer.
Vers trois heures, uneafnche rédigée eu ter~
mes peu mesurés et accusant dés prétentions qui
ne pouvaient être tolérées plus longtemps, con-
voquait <' les républicains d'Alger a l'en'at de
delibérer sur mon refus d'obtempérer aux or-
dres formels du gouvernement provisoire.
La réunion immédiate des divers corps do la
milice sur la place d'armes, assura le maintien
de l'ordre matériel, non sans jeter de vives in-
quiétudes dans la population d'Atger.
Mon devoir est de prendre, d'urgence, les me-
sures nécessaires pour que de pareils ne puis-
sent plus se reproduire.
que cette petite fille sera dans quelques jours (
j~me la vicomtesse de Mérainville? (
Je voudrais n'être pour toujours, jRt An-
gèle en soupirant, que M"~ de Mérainvi!!e <
tout court. <
Et moi, dit Armand, j'aurais désiré que 1
l'empereur se ~montrât moins généreux. Et ce-
pendant, ajouta-t-ii en baissant ta voix comme
s'il se parlait à lui-même, devrait-on, quand 1
on s'aime, s'Inquiéter ainsi de l'opinion du r
monde ? Qu'Importe que l'on nous croie, vous
vaniteuse et moi cupide, si nous estimbnsmu- J
tuellement, et l'un dans l'autre, le sentiment l
qui nous a rapprochés? ]
–Vous avez raison, mon ami.HtAngèle;
et cette bonne et sérieuse parole me décide à ) 1
vous dire ce que je reproche au dénoûment 1
de l'histoire que j'ai passé ma journée à lire.
–Ah! oui, voyons, dit le vicomte.
Eh bien, mon ami, je n'aime pas à voir s i
l'héroïae de votre roman se rendre mysié- 1
rieusoment en Suisse pour se jeter dans un
lac, à l'endroit même o:z s'est na5v l'hemme (
lac, à l'endroit mémo où s'est noyé l'homme
auquel elle avait dosEé son cœur.
Vous eussiez préféré qu'cDe vécut. pour j s
en aimer plus tard un autre ?
–Oh non, litAngèle gravement jela von-
drais vivante, maie non pas InSdèio. Je ne
comprends pas que l'on puisse aimer deux j â
fois mais je biàmc cette femme do n'avoir
pas su porter bravement sa douleur et atten-
dre, en se résignant, le grand jour de la réu-
nIonéterneIle."Lo3h de les désespérer et de ]
les abattre, le religieux et cher souvenir d'un
être bien aime vivifie ies âmes grandes et for- j
tes. Mon père s'est-i! tué après la. mort de
ma~mère, qu'il ido)ah'alt? Pas plus qu'Une
s'est remarie.
Mais remarquez, ma chère Angèie, qu'il
s'agit dans le roman dû deux amants, de deux
uancés et que la perte de l'un ne pouvait lais-
ser à l'autre aucun de ces souvenirs du
bonheur parfait qm, pour ainsi dire, embau-
ment le cœur dans la consiance et dans la ré-
signation.
–Qu'importe?. Tenez, Armand, sup-
poeonsune horrible chose. Supposons que
je vous perde. avant noire mariage Eh
bien je ne me tuerais pas, j'en suis certaine.
Mais, dusse-je vivre longtemps encore après
AcetefFet, d'accord avee M.!o général com-
mandant 1~ division, j'a.i décidé ce qui suit
Aucun comité poiitMue;é)t!admis à fonctionner, m & Atger, ni dans !cs au-
tres locales du départMMnt; et Ceux quiprétention d'être constitués sont dissoua.
Les règlements &ntéfiet)rs sur les réunions et
l'affichage sont maintenus jusqu'à leur abroga-
tion réguHère.
Le préfet,
D~ A. VARNIEK.
Le générât commandant la division,
A. POUttCET.
Vu et approuvé
Le générât de division gouverneur
général, Baron DUM!EU.
B~LETÎN
Dans notre pays, les imaginations vont
vite, et, à la nouvelle des négociations en-
tamées avec l'ennemi, les uns ont cru à une
paix prochaine et les autres à une paix fa-
cile et accommodante.
Ce sont là des illusions dont il faut se
garder, car elles sont suivies ordinairement
-do défaillances et de découragements plus
mortels que le feu des Prussiens.
Nous ne devons pas oublier que nous
avons aSaire à un ennemi acharné qui
croit tenir en main notre existence natio-
nale et notre Indépendance; S'il se montre
disposé à la paix, attendons-nous à ce qu'il
y pose des conditions dures et implaca-
bles. II voudra mettre à pront les fautes
du gouvernement impérial, dont nous su-
bissons les fatales conséquences et aux-
quelles II a dû presque tous ses succès.
Pour répondre aux illusions des uns et
aux défiances des autres, le gouvernement
insère ce matin au Jour/M~ o~tcte~ une
déclaration portant que sa politique se ré-
sume toujours dans la formule de ladrcu-
laire de M. Jules Favre fu u~ joo:tce de
tto~re~'T'~otrs, nï nne~pterrec~nos ~r-
~eresses, et il ajoute qu'il la maintiendra
jusqu'à Ia.Nh. 4
Que cette formule soit aussi celle de tout
le monde, celle de l'honneur et du devoir.
Si Strasbourg ne veut pas du joug du roi
de Prusse, Paris n'en voudra pas davanta-
ge pour Strasbourg ni pour Metz.
Nous avons à signaler, dans le même or-
drè d'idées, la délibération de la cour d'ap-
pel de Nancy par laquelle elle a résolu de
suspendre ,momentanément l'exercice de
ses fonctions.
L'autorité prussienne, qui règne et gou-
verne seule à Nancy, a élevé la prétention
d'empêcher la cour de rendre la justice nu
/M/H (~H peuple e~ du ~om~effteme~ ~a~-
çet!'s l'autorité prussienne aurait toléré
que icL justice fût rendue au nom de l'em-
pereur déchu, et refusait une formule qu!
impliquait la reconnaissance de la Répu-
blique
C'est toujours le même système pour la
Prusse, la France n'a plus le droit de dis-
poser d'elle-même.
Justement blessée de cette prétention,
qui outrageait tous ses sentiments patrio-
tiques, la cour de Naney a pris bravement
le parti, a ~'[:~an!'y7M~, sans abdiquer ses
fonctions, de s'abstenir.~ N'ayant pas la
force, elle a eu la dignité.
Les autres tribunaux du ressort de la
cour d'appel ont reçu l'invitation du pro
cnreur général de suivre cet exemple.
C'est une digne réponse aux idées d'an-
nexion du roi de Prusse.
Désormais le monde saura que si les vo-
leurs et les maraudeurs restent impunis
sous l'administration ci vile du gouverneur
prussien de Nancy, la faute n'en est Impu-
table qu'aux autorités prussiennes.
Si l'on veut avoir une idée des douceurs
que le séjour des Prussiens promet aux
villes qui leur ouvrent leurs portes aaas
résistance, il n'y a qu'à voir ce qui se
passe dans les provinces françaises occu-
pées par la Prusse. Cela paraît superbe de
talent et d'habileté à un correspondant du
7Yme5/
Jamais, depuis 1815, d'affreuse mémoi-
re, on n'a vu d'exactions de tout genre
poussées à ce degré. Les Prussiens font
payer, comme le fait remarquer avec rai-
son le Temps, aux pays qu'ils traversent,
!'ons les frais de guerre, sant e.ecep~on.
Après les réquisitions de vivres, Ils lè-
vent des contributions en argent, ils se
font payer en espèces sonnantes la solde de
Mite terrible épreuve, je suis certaine aussi
quejenememarieraispas.
Rien, rien, Ët-elle 'encore favec ani mo-
tion, rien ne peut refroidir ni détacher un
cœur aimant et loyal. rien que l'abandon et
le dédain.
Exalte par cette énergique profession de'
foi si vaillamment sortie des lèvres d'une
vierge, Armand se laissait glisser aux pieds
d'Angèle, prêt à lui parler comme il n'avait
encere osé le faire, lorsqu'il entendit, dans la
bibliothèque, la voix de sa grand'-mère et le
bruit d'un pas ferme et sûr qu'il reconnut
pour celui du général
Les fiancés se relevèrent subitement. L'hy-
pocrite affectation avec laquelle ils parurent
tous deux ne s'occuper que des fleurs de la
serre, fit éclore sur la bouche de la marquise
et du baron un sourire dont rien, en cet en-
droit solitaire et obscur, ne pouvait gêner Id
malice. Mais ces généreux coMu's se dilatèrent
aussitôt sous le parfum de cette pudeur ex-
quise, bien autrement suave et pénétrant que
celui même des orangers.
–Mes enfants, dit la marquise, nous ve-
nons vous chercher nos artistes sont au com-
plet. Entre !c concert elle bal, vous trouve-
rez bien, je l'espère, quelques minutes encore
naur adresser vos hommages à celles de ces
.ravissantes productions qui ont dû vous
échapper. Demain, d'ailleurs, ma belle petite,
Armand vous portera lui même un bouquet
quejovousrecommande, car jele charge de
le composer..
Et M"~ de Mérainviile au bras de son petit-
fils, Angèio au bras de son père, firent leur
entrée dans le salon principat, où chacun a-
vait p)'isp)àce.
GABRIEL DAISTRAGUES
(~.Ct SUt~ ti C~TTMtW)
visoire ont visité, depuis deux jours, divers
secteurs des fortinca.tions. Ils ont été heureux
de constater l'énergie patriotique dont la gar-
de nationale fait preuve, ainsi que te complet
état de la défense.
Partout la résolution est inébranlable, par-
tout l'enthousiasme des citoyens est unanime;
partout aussi toutes les ressources militaires
sont accumulées, les gardes nationaux de l'en-
ceinte sont approvisionnés de cartouches tou-
tes les précautions, ennn, sont minutieuse-
ment prises. La construction des barricades
va, en outre, recevoir la plus vigoureuse im-
putsion.
La journée de lundi a. eu ses héros. On si-
gnale à l'entr na<[07Mt~ un Heutenant-colo-
nai de gendarmerie qui a eu le pied emporté
parunéclatd'obus, et qui est resté encore
pics d'une demi-heure à cheval. Il est actuel-
lement a.u Yal-de-Grâce. Un lieutenant d'ar-
tIDeriei Messe d'un éclat d'obus à la cuisse, a
refusé absolument d'entrer à l'ambulance, et
c'est à peine si le docteur VerneuiLqui s'était
porté des premiers à la porte de Châtillon, a
pu le faire consentir à se soumettre aux soins
que réclamait sou état.
Un régiment de ligne cantonné dans la. re-
doute mache~'ée de GhàtUlon a sauvé ses deux
mitrâittjenses en les lançant sur une pente où
eltes ont ro~lè, et en bas de iaqueUe d'autres
troupes les ont reçues et ont pu les mettre en
sûreté dans un fort voisin.
Les gardesmobUes se sont si bien conduits
lundi à la, ba.ta.llle de ChatHIon que tous les
généraux s'adressent à présent au général
Trochu pour avoir des mobiles sous ieurs
ordres.
Le jeune barreau de Paris s'est aussi signa-
lé, ces derniers jours, sous Meudon. Non-
seulement le sergent NIcolet s'est fait remar-
quer par.son intrépidité dans le 7° bataillon
des mobiles, mais on cite, parmi les zouaves
restés près de leur digne commandant Pré-
vost, les jeunes avocats Giraudeau, Bonnier-
Ortola.n, Laeour et Phylos~ (blessés tous les
quatre), engagés comme volontaires dans la
~zouaves. H est profondément à regretter
que les trop nombreuses recrues de ce régi-
ment décimé sous Sedan ne se soient pas com-
portées avec lavaillance de nos jeunes avocats.
VEtLLONS
On raconte ~ue les Prussiens, en arrivant,
avant-hier, à. Saint-CIoud~ ayant avisé un
poste de.ga.des nationaux se dirigèrent vers
ceux-ci et promirent de ne leur l'aire aucun
maL
lis tinrent parole mais avant de renvoyer
les gardes naHona.~x.chez eux, ils s'emparè-
rent de !eurs uniformes. Les gardes natio-
naux se seraient trouYes dans la nécessité de
retourne!' à feur domicile en toilette fort né-
slisee.
Un assure que ies Prussiens ont mis la main
ttufupet'i.tYtgii.tnco des postes chargés de !a,
HM'd~ de. pants-levis.-Siune pa,reiHe surprise
f.ï pnssibtR et'h). possession d'uniformes
l'a.ù6us !e fa.it craindre),H est Indispensable,
Jittf:f'u?i~<, ({ue l'autorité mijitaire fasse
ccmtsutre cette mancenvre aux troupes qui
&m-d<-ni te~i entt'ées, et que des Instructions
P.o'mttHeH suieht données à la. garde nationale
disposée à ouvrir les portes à tout corps Iran-
~ttis sans vériiicatioh préatab!e.
nie)', sur les boulevards, on a fait un assez
~rand nombre d'arrestations des zouaves qui
avaient fui à !a. bataille de Chatition et de
Chnnsu't.
Plusieurs détachements, composes de qua-
tre gardes nationaux et d'un caporal, étaient
chargés des arrestations.
Les zouaves arrêtes marchaient au miHeu
sans résister, la tète Lasse, humiliés et quel
'ques-ans pleurant; ils étaient généraIeMent
~rès jeunes.
Le public regardait avec une curiosité triste
ces soldats affaissés. Ce costume des zouaves,
symbole de la plus grande bravoure, et porté
par des indignes, on le leur aurait volontiers
MTachè. Ajoutons, sinous voulons être justes,
que c'étaient de jeunes .recrues qui n'avaient
pas encore fait parler la poudre, et qui, lundi,
se trouvaient pour la première fois devant
l'ennemi.
L'humiliation qu'ils viennent de subir a été
assez grande .pour qu'ils ne saisissent pas la
-tlll' r"
FEUiLLEfQN DE LÀ P~F~F
t)t! N3'SEPTEMBRE 1870
.<~ELE
vin'
Lie drame
Le 6 janvier 18l. les grands appartements
de tavielHe marquise'~Adélalde de MérainvIUo,
icrmésau monde depuis la. prise de la Bas-
tiïïe, se rouvrirent comme par enchantement.
Un bal; précédé d'un concert, avait amené
d~os le vaste hôtel une foule brillante à coup
!û; mais dont !a surprise et l'hésitation sem-
L~ientdire
C'est la. première fois que nous posons-le
}jn:;d sur un parquet si éminemment aristo-
c-'alique.
Daus )c ssdon principa!,magniuque pièce
CRtasone destinée aux cérémonies, deux sé-
vères portraits de famine, regardaient avec
stupeur circuler moclleusoment de ravissan-
tes femmes parées suivant le goût de l'empire,
et presque toutes appuyées a.u bras d'ofilciers
supérieurs. MiMé rayons blancs et jaunes,
outils de& diamants et des épaulettes et croi-
ités en tous sens/formaient comme un tissu de
humère d'un éclat métallique. r
Cette fête, donnée par la marquise douai-
riero, avait pour but deHancer soIenneHe-
oent son petit-nis~ !e vicomte Armand de
Msrainviile-RIançay, à M" Angéle Lemoine~
title du général Jean Lomoine, créé tout ré-
cemment baron de l'Empire. Grande, sans
maigreur et droite encore, mise avec une ri-
che simplicité~ imposante comme une reine,
mais aS'able ayec cette haute distinction et
Reproduction autorise par Js Soeiéth dç? Cc'ns
detettre'
première occasion de se relever par une ac-
tion d'éclat. Qu'on les renvoie devant les
Prussiens, et nous sommes persuadés que tous
sauront vaincre ou mourir.
Hier, dans la journée, sur l'ordre du préfet
de police, un détachement des mobiles,de la
Somme (Abbeville et Amiens), de garde à la
préfecture, a été chargé d'opérer l'arrestation
d'un officier de la garde nationale, demeurant
rue Dauphine. Le personnage arrêté aurait
appartenu, dit-on, à la police de M. Pietri et
serait accusé de manœuvres bonapartistes.
LE COMBAT D'ÂVANT-H~ER
Le jFretTiçet~ donne d'intéressants dét~its ]
sur le théâtre du combat et sur les divers
mouvements qui ont précédé le due! d'artille-
rie entre nos troupes et celles de l'ennemi.
Nous empruntons à ce journal les rcnsogne-
ments suivants
lieux plateaux dominent au sud le vaste espace
que Paris occupe l'un est le plateau de Long-
Boyau, qui s'étend depuis la Seine en amont de
Paris jusqu'à la Bièvre. Ce plateau se termine
vers Paris par les hauteurs de BIcêtre et de Vil-
lejuif. Au pied de ce plateau, au bord de la Soi-
ne, à l'est, sont situés les villages de Vitry, de
Choisy-Ie-Roi, d'Orly sur le versant, le village
de Thiais est le plus important. Vers l'ouest, sur
le versant de ce plateau, se trouve l'Hay, Fres-
nes, et au pied, dans la vallée de la Bièvre, les
villages d'Arcueil, de Cachan, de Bourg-Ia-Rei-
ne, de Bernis et d'Antony.
Le second plateau, qui s'étend depuis la Biè-
vre jusqu'à la Seine en aval de Paris, est le pla-
teau de Châtillon. Tandis que le plateau de
Long-Boyau est une vaste plaine parfaitement
nue, au milieu de laquelle s'élève seulement un
village, Chevilly, et quelques hameaux, la Belle-
Epme, Wissous, Rungis, le plateau de Châtillon
est an contraire couvert de bois et de bosquets.
Il s'étend à l'est, en face de Cachan et d'Arcueil,
vers Bagneux. La colline de Bagneux, toute cou-
verte de vignes et de jardins, domine la plaine
de Montrouge et la vallée de la Bièvre.
De Bagneux, une suite de petites collines s'é-
tend vers le sud, formant une ligne brisée. Sur
le revers de ces collines sont établis les villages
do Fontenay-aux-Roses, du PIessis-Piquet,
Sceaux, Chatenay, Verrières, et en revenant vers
Paris au nord du plateau, Châtiilon, Ciamart,
Fleury, Mendon, Bellevue, jusque vers l'ouest,
Vezely et Versailles.
Dans les journées de vendredi, samedi et di-
manche, l'ennemi, passant de la rive droite sur
la rive gauche de la Seine suf différents points,
entre Choisy-le~Roy, Vittaneuve-Saint-Gorges,
Ablonet Athis, a pris à' revers le plateau de
Long-Boyau il a rencontré nos avant-postes à la'
Belle-Epine~ en avant de Villejuif, et des engage-
ments ont eu lieu sans résultat Important.
Dans la journée de dimanche, continuant son
mouvement pendant qu'une division se rendait
par le haut de la vallée de Bièvre à Versailles,
une-partie considérable de l'armée ennemie s'est
emparée du plateau de Châtillon.
Ce plateau était défendu pa.r deux redoutes,
l'une sur les hauteurs de Fontenay, en arrière de
ce village, l'autre un peu en arrière, entre Châ-
tillon et Clamart.
Malheureusement, pour assurer la, défense du
plateau, il aurait fallu brûler les bois, les bos-
quets qui te couvrent et qui rejoi'gMnt les bpiS s
de Cla:nart, Meudoa,.ChavilIe et Virof!ay. On
avait vainement tents d'incendier ces bois de-
puis huit jours. L'humidité, suite das dernières
pluies, l'etfet de la sève, avaient empêché l'ac-
tion du feu, et les Prussiens ont trouvé sur ië
plateau de Châtillon l'avantage d'une situation
couverte qui leur avait fait _comp!s:eiMent datant
sur le pta'eau de Long Boyau.
Dans la nuit d'a.vnut-hn;r à hier, dès-batteries
avaient été dispoaées''p:u' le génériti Dusrot sur
le plateau de Châtiuon. Le gcaéral avait le des-
-sein de couper l'ennemi dans le mouvement de
Hanc entrepris par les Prussiens pour se rendi'e
de l'est à l'ouest de Paris il couvrait d'a.iUeurs
par une offensive hardie la hauteur de ChâiHion,
importante a conserver.
La bataille a commencé lundi à quatre heures
du ma.tiu et a duré presque toute la joui'Nce.
L'aile gauche de nos lignes s'appHya.it sur Vjl-
iejnif, Bicetre et l'Hay, occupait toute !a vatl'ée
de la Bièvre, fermait la route d'Orléans la
hauteur de Bagneux, en décade Bourg-la.-Reine.
tenay,àChâtiUoneta. Cla.ma.rt. y
L'aile droite était établie sur des t'oHines se-
condaires qui font i'~ce à Meudou et a'ctendent
entre le val Fleuryet les fonds de CI~mari, da
Yanves et~'Isay.
La lutte a été très-vive dès le commencement
de la journée. Notre artillerie a. pu se déployer,
et elle a fait subir à l'ennemi des pertes consi-
dérables on évalue à ~5,000 Je nombre de coups
tirés par nos pièces.
Vers midi, malheureusement, la droite de nos
lignes, qui cependant était composée da troupes
sur la solidité desquelles on devait compter, no-
timment d'un régiment de xoaaves, a b&ttn en
retraite, et un grand nombre de fuyards ge ré-
pandant dans les quartiers A l'est de Paris y ont
eaûsÉ une vivo émot'on.
La"gauche tenait bon à Bicêtre, le cen'.re sou-
tenait le feu de l'ennemi intrépidement vers Ba-
gneux, lorsque la nouvelle de la retraite de l'aile
droite est venue aR'aiblir la conGance des trou-
pes qui défendaient les positions du plateau
elles craignaient d'être tournées et de ne pou-
voir plus rentrer dans la ville. Maigre l'intrépi-
dité avec laquelle le colonel Bonnet défendait une
cette supériorité naturelle qui caractérisent
plus encore la noblesse de l'âme que celle du
sang, M"~ do ]MéraInviIle était, malgré son
âge, ia plus belle personne de cette brillante
réunion. Une expression de douceur Ineffable
et de sérénité maternelle adoucissait la uerté
princière de son regard et la dignité d'un vi-
sage ovale, aux traits grands et purs, qu'en-
cadraient des cheveux blancs admirables.
Tout en faisant les honneurs de chez elle,
elle ne quittait pas la main d'une jeune iille
dont la beauté suave et poétique semblait plus
radieuse et plus touchante encore quand on
la comparait à la grâce majestueuse .de la
grande dame.
Cette jeune Bile était la Ëancéc du vicomte
Armand de Mérainvillc, qui, tout en répon-
dant avec politesse aux 'félicitatioris d'un
groupe d'hommes empressés, ne quitta.it pa~
des yeux et savourait mieux que personne
l'effet délicieux de ce contraste.
La pendule du grand salon, colossal bloc
de marbre d'un blanc d'ivoire, taillé par un
ciseau sobre et puissant, ne marquait que
neuf heures. Le concert ne devait commencer
qu'à la demie, et le Ilot du monde invité con-
tinuait ses ondulations miroitantes.
Par un de ces rapprochements que j'attri-
buerais au hasard si deux cœurs qui s'aiment
n'étaient toujours, même à leur insu, poussés
l'un vers l'autre par une force mystérieuse,
Angele et Armand se rencontrèrent face à face
dans cette immense pièce où circulaient déjà
plus de trois cents personnes. La tyrannie de
la bienséance leur faisait un devoir de n'é-
changer tout au plus qu'un regard mais la
marquise, s'emparant du général Lemoine,
qui se trouvait à son côté, posa le bras de la
jeune nllesur celui d'Armand, auquel elle dit
Va donc montrer à Angele les nouveaux
dahlias de la serre. zD
Le lieu que la marquise désignait ainsi é-
tait une galerie vitrée que son fMs, grand a-
mateur de ileurs_ exotiques, avait fait con-
struire sur une terrasse qui terminait au sud
ou plutôt prolongeait les appartements du
premier étage. De la bibliothèque particuliè-
re du vicomte on passait de plain-pied dans
cette galerie, indépendante sur trois faces et
qui donnait sur une pelouse plantée de mar-'
ronniers énormes, magnineenee cachée
position avancée du p!ateaa, vers le lieu dit la
Mare-aux-Moincs, au-dessus du Plessis-Piquet,
le généra] Ducrct dut domier l'ordre de la re-
traite vers quatre heures.
Il était impossible d'emmener les pièces pla-
cées en position à la redoute de Châtillon, les
chevaux étant tous abattus. Le général Ducrot
les fit enclouer, afin qu'elles ne pussent servir à
l'ennemi, et se replia avec un sang-froid intré-
pide vers le fort de Yanves. Les troupes firent
cette retraite dans le meiileur ordre.
Pendant toute la journée, la garde Nationale
mobile, dont la plupart des bataillons voyaient
le feu pour la première fois, adonné dos preuves
admirables d'intrépidité et de bonne tenue. Pen-
dant que des zouaves lâchaient pied, les petits
mobiles des départements bretons tenaient tête
avec un véritable héroïsme, et ils reprenaient
jusqu'à, deux fois, avec des efforts prodigieux,
les positions dont la défense leur avait été con-
fiée, et qu'ils n'abandonnèrent définitivement que
sur l'ordre du commandant en chef.
Pendant que le plateau de Châtillon était té-
moin de cette lutte, les Prussiens, s'avançant
vers les hauteurs qui dominent Saint-CIoud,
s'emparaient, a ce qu'H parait, de la redoute en-
core inachevée de Montretout.
On Ht dans l'Op~ton. n~ona~
SO septembre, midi.
Ce matin, les nonveUss sont bonnes. Les mon-
vements de troupes ppéréa vivement dans la
soirée d'hier ont déterminé les Prussiens à aban-
donner une partie des positions qu'ils avaient
occupées dans la journée. Us ont abandonné
ChattHon et se sont repliés un peu en arrière sur
le plateau; même ils oui évacue la redoute de
Châtillon.
Nous étions partis en abandonnant quelques
canons, que nous-mêmes avions encloués. Les
uhians entrèrent dans les ouvrages, et déjà. ils se
préparaient à enlever ces lourds trophées, lors-
qu'on sonna précipitamment la retraite. L'espèce
de brèche où est située la redoute domine, il est
vrai, les forts; mais ceux-ci peuvent facilement
l'enserrer de leurs feux.
D'ailleurs, à Vanves et à Montrougo, on est
animé d'une très juste confiance. Ces positions
sont réellement imprenables; de plus, les garni-
sons sont très fortes; excellente artillerie, par-
faitement servie par les pointeurs de la marine.
Eaun, le courage des bataillons bretons, dans le
combat d'hier, a eçnvaincu les plus défiants sur
les qualités de résistance des gardes mobiles.
Un coamnandant dans l'un de ces forts, qui na-
turellement suspectait tout ce qui sort du cadre
de l'armée régulière, disait ce matin Décidé-
ment, la mobile a gagné ses galons; elle nous
rendra, tout autant, sinon plus de services, que
la troupe de ligne.
Quant à la garde nationale, je n'en parle pas.
Le bourgeois de Paris ne coiffe pas aisétSent le
casque, mais une fois qu'il a enfourché son cheval
debatai!Ie,iltient)no7'dtcus~ et il se fera tuer
plutôt que de céder un pouce de terrain.
Ce matiu, je voyais à Montrouge déliter les
gardes nationaux des environs excellente tenue
et allure très ferme.
Les pentes de CbâtiMon sont toujours tenues
parles avant-postes prussiens. Les nôtres cam-
pent au chemin qui croise la grande route en
courant su:' Vanves. Chacun, de son côté, fait
bonne garde; les coups do fusil pétillent, fré-
qnent6,tetla.pronMna.je, dans ces parages, n'est
ni facile ni agréable.
De bon matin, la canonnadë.TCéclaté des forts
de Bicêtre et d'Ivry.EUe a duré jusqu'au coup
de dix heures. Elle s'explique par le mouve-
ment exécuté hier ViRejuifpar le troisième
corps.
La général Vinoy a. eu une très bonce journée
d'escarmouches. Des cinq heures du ma.tifi, il a.
déployé ec tirMUeurs p!uaieurs compagnies en
avantdeVilieJMfetdeVitry. Celles-ci se sont
habilement repi'ées, comme si cites cédaient de-
vant l'eHwt des .Prussiens. Alors ceux-ci sont
sortis de leurs positions, marchant de. l'avant.
Une batterie de mitrailleuses s'est démasquée, à
bosne portée, et a jeté à terre pas mal. d'enne-
mis.
L'engacetaent a duré jusqu'à, six heures du
soir et le général Vinoy l'a très bien dirigé, évi-
tant les grands chocs et ménageant une foule de
petites reacostres..
Les troupes sont revenues le soir à leur cam-
pâment très satisfaites de !a journée. Les snl-
dats répétaient Ah 1 si tout s'était -?s.Ré de
cette façon depuis le commencement de la cam-
pagne, les Prussiens ne seraient pas devant Pa-
ris*! "Courage, mes braves!
Le soir, !a division du 13" corps, celle du
général de Maudhuit a eu une très malencontreu-
se alerte. Une compagnie du 59~ avait été mise
engra.nd'gartle;un peu en arrière arrive le 3~
de Hgnp,qui occupa le cimetière aux abords de
Villejuif. Il ouvrit une fusillade droit devant lui
sur les nôtres, qu'il ne reconnaissait pas.
Pour comble, le bruit fait )evër les Prussiens,
qui prennent de l'autre côté notre avant-poste.
La méprise, heureusement, fut courte les Prus-
siens n'osère:it pas en proSter.
Entre dix heures et-minuit, le 11~ corps exé-
'cuta un mouvement sur Pt'.ris, combiné avec
l'ensemble de nos opérations.
Ce mouvement me semble tout à fait juste et
raisonna.Me. U i'aut laisser les Prussiens exécn-
ser leur marche ~le Hanc, très périHeuso, sans
mettre à leur portée des corps détachés. Infé-
rieurs en nombre.
Les concentrations peuvent facilement se faire
dans Paris même, et fondre au bon moment, à
travers la ligne des forts, sur les Prussiens, sur-
pris et désorientés. Frontons de l'avantage de
nos positions.
On me dit que le né:iéral Vinoy a abandonné la
redoute de Bioêtre, "sur la ra.ute de Fontaine-
bleau. Je crois qua les Prussiens ne pourront
pas l'occuper davantage que la redoute de ChS-
tiUoR.
aux regards dota foule, trésors de fewilage et
de verdure comme Paris n'en possède plus.
Ce n'était pas la première fois qu'Angèle
Lcmoine pénétrait dans ce sanctuaire aérien
où régnait une douce et égale température;
cependant, les suaves odeurs qui Tinrent af-
fecter ses narines délicates exaltèrent sbn
cerveau. Son cœur battit plus vite, et si léger
que fut le poids de sa main sur le bras du vi-
comte, Armand la sentit tressaIMIr.
Pour la distraire d'une émotion qu'ii par-
tageait et dissiper un peu le charmant em-
barras d'un tète-à-tète'si inattendu, le jeune
homme conduisit sa timide uancée devant
quelques arbustes en fleurs. Us s'extasièrent
l'un et l'autre, quoiqu'ils ne prêtassent en
réalité qu'une attention bien superScicHo
aux merveilles qui frappaient leurs yeux.
Après une courte promenade dans la serre,
Armand, revenu de son trouble, Ht asseoir
Angèle sur un banc de velours vert, entre
deux beaux- orangers..Aifaibli par la distance,
le bruit du mouvement et des conversations
de la foule n'arrivait à leurs oreilics que com-
me un murmure harmonieux; et Ils n'étaient
éclairés que par les rayons de la luno qui
pailletaient d'argent les richesses parfumées
de la galerie silencieuse. 1
Angélo et Armand ne s'étalent pas encore
trouvés ainsi seuls. Leur genre d'éducation et
les exigences du monde dans lequel ils vi-
vaient avaient entretenu dans leurs moindres
rapports une réserve excessive et presque
douloureuse..
Depuis plus de six mois qu'ils se voyaient
presque tous les jours. Ils ne s'étaientdit qu'ils
s'aimaient que dans ce muet langage dont l'a-
mour le plus chaste et le plus craintif a le se-
cret.
Et jamais âmes passionnément éprises, dé-
vorées par la soif des épanchements, n'avaient
plus souffert de la retenue que nos conven-
tions sociales élèvent comme une barrière en-
tre deux êtres sensibles et pensants qui sont
sur le peint de s'unir jusqu'à la mort.
II est -vrai de dire qu'à l'époque où le ma-
riage de ces jeunes gens était près de se con-
clure, le divorce était en vigueur; mais le
vieillard le plus sceptique, après avoir admi-
ré les fronts nobles et pur&j~u couple ravis-
sant, aurait repoussé, de ses propres mains,
La route de Fontainebleau, aux abords de Vil-
lejuif, est coupée de profondes tranchées; les
barricades se suivent, ne laissant ouvert qu'un
petit chemin en zigzag.
Les maisons du Faubourg de Bieêtre sont acti-
vement démolies; celles d'Ivry sont également
jetées & bas eUes gêneraient les feux croisés du
fort et des remparts.
-Les Prussiens sont sur les hauteurs de yiHe-
jnif; its laissent de côté Vitry. On en signale à
chaque instant quibattent la campagne. Plusieurs
gardes nationaux ont pris leurs fiisils et ont bra-
vement entrepris une contre guérilla.
Le ballon de Fonvielle plane en observation
au-dessus de la Maison-Btanche. H paraît que les
Prussiens s'accumulent, en assez fortes colonnes,
lelongdelavaUéodelaBièvre.
jEnnn, on me rapporte que, de l'autre côté de
Pin'is, entre Saint-Denis et le Bonrget, tonne de-
pu!s ce matin une assez vive canonnade.
Le vice-amiral Dompierre-Bornoy a fait
placer sur le ministère de la marine un télé-
graphe aérien en vue d'établir des communi-
cations pour fa.ciiiier l'évacuation des blessés
sur les différents centres d'ambulances de la
capitale. ·
On sait que le ministère delà marine dis-
pose à hii seul de 100 lits; les soins à donner
aux malades ont étéconnés au service de santé
et au personnel infirmier des équipages de la
ftotte.
Le ministère de la marine va former, avec
le personnel de ses employés de tous rangs,
une compagnie de garde nationale spéciale,
dont le service sera réparti de façon
que les employés du ministère puissent à la
fois remplir leurs devoirs de citoyens et 'ceux
que nécessite l'expédition des affaires, que le
fait de la présence des employés dans diver-
ses compagnies pourrait gêner.
Des rapports d'espions avaient fait crain-
dre que cette nuit les ennemis ne cherchas-
sent à s'emparer du fort de l'Est par surprise.
Contrairement à ce qui avait eu lieu jus~
qu'ici, tous les hommes, soldats et officiers,
qui n'étaient pas de service, avaient été con-
signés. Tout s'est bien passé, le fort n'a pas
été inquiété.
Les communications de Paris avec l'exté-
rieur deviennent chaque jour plus diuciles.
Le gouvernement lui-même ne correspond
que très Imparfaitement avec la délégation
installée à Tours. Avant-hier, une estafette
partie de Paris avec des dépêches pour Tours,
a failli tomber dans une embuscade et a dû
rebrousser chemin à toute bride. Le gouver-
nement, ce jour-là, a dû se borner à corres-
pondre télégraphiquement avec le ministre de
la justice.
Le même jour, une personne chargée d'une
mission du gouvernement et qui connaît à
merveille la topographie des environs, a vou-
lu sortir de Paris à cheval, allant dans la di-
rection de Versailles. Elle est tombée entre
les mains des uhlans, qui l'auraient certaine-
ment retenue prisonnière sans la croix rouge
des ambulances que cette personne portait au
bras et sans une commission délivrée par le
comité des Champs-Elysées constatant que le
porteur appartenait réellement à la société de
secours aux Messes..
Grâce à ce laissez-passer, cette personne
n'a pas été iuquiétée; les uhians se sont bor-
nés à lui faire rebrousser chemin; II parait
même qu'ils ont été fort convenables et pres-
que obligeants envers leur prisonnier d'un
moment.
AFFALE M! GMMRAL ALBERT
PROTESTATtO?
On nous adresse les protestations suivantes
~Hnor~du'9"~a~ttMon'
Les officiers soussignés protestent; tant contre
les éloges qui leur ont été adressés par le géné-
ral Ambert, éloges qu'ils répudient comme une
cause de désunion, que contre les soupçons de
bonapartisme qui en ont été la conséquence au-
près de quelques-uns de leurs collègues.
Elus par leurs compagnies au cri de Vive la
République! "ils se sont dévoués à la servir fi-
dèlement.
Plusieurs d'entre eux ont protégé la personne
du généra!, pendant son arrestation, contre l'in-
dignation publique ils estiment avoir fait l'œu-
vre de bons citoyens, en préservant la Républi-
que d'une goutte de sang français, quand celui
seul de l'ennemi doit être répandu par des mains
françaises.
La France et la République sont inséparables.
Ontsigné:
Les officiers de la 1~" compagnie Pataille, Mo-
rin, Simon, Marie, Belissent, Bréant.
Les officiers de la 2~ compagnie Quesney, Cré-
mieux, Duvoy, Buisson, Paulet,Jeantheau.
Les officiera de la 3e compagnie: Duron, Coul-
beaut, Mondion, Lequeux, Poinsot, Sànguitton.
Les ofnciers de la A~ compagnie Govart, Ar-
noud, Rivoire, Chevalier, Maynard, Salvatelti.
Les officiers de la 5~ compagnie Dadin, Pitou,
comme un fantôme, cette froide prévision.
Quoi qu'i) en fût, ces natures intelligentes et
élevées s'étaient, par l'effet d'une sympathie
clairvoyante, merveilleusement appréciées et
comprises.
Sûrs l'un de l'autre, ils ne redoutaient au-
cun désenchantement. Mais, à la veille de
rapprocher leurs cœurs sans avoir été con-
duits à cette ineffable union graduellement,
pour ainsi dire, et par une fréquentation plus
intime. ils ressentaient un vague effroi ils se
demandaient s'ils oseraient franchir le seuil
de ce paradis, tant la nature humaine a peur
de l'inconnu, cet inconnu fut-il le bonheur.
Quoique leurs pensées se fussent élevées au
ton de la plus haute poésie et qu'ils eussent
assez de ressources dans le langage et dans
l'esprit pour ne jamais engager conversation,
même avec les indifférents, en se servant d'un
lieu commun, il arriva ce qui arrive toujours
entre deux jeunes gens honnêtes qui s'aiment
de bonne foi et qui se rencontrent dans un
premier tête-à-tête.
Ce fut par une.banalité qu'ils rompirent le
silence.
I! a fait beau ce matin; n'ètcs-vous pas
sortie, ma chère Angèle? demandale vicomte..
Et notez qu'Armand Ht un vicient effort
pour nommer ainsi sa fiancée, qu'il n'avait
encore appelée que « Mademoiselle. M
Cette question vulgaire mit à l'aise la fille
du général qui, tout en la désirant peut-être,
craignait l'explôsiond'uci senti.méni longtemps
craignait l'cxplosiond'un sentiment longtemps
mattrisé.
Elle reprit son calme et répondit gatme~nt
–Non; j'ai lu le roman que vous m'avez
prêté.
–Qu'en pensez-vous?
Je n'aime pas la fin, ou plutôt je ne la
trouve point conforme anx lois de la vie, telie
que Dieu nous l'a tracée.
–Vraiment? Vous me ferlez bien plais!)',
ma chère Angèle, en me donnant les raisons
de cette critique.
En quoi peut vous intéresser le jugement
d'une petite nile? demanda Angèle avec un
accent dontia finesse démentait le sens de la
phrase.
Oubliez-vous, dit le jeune homme en
prontant de cotte coquetterie d'esprit pour
s'emparer de la main d'Angèie, oubliez-vous
Geoffroy, Paque, Jenuit, Josseim. l
Les officiers de la 6~ compagnie Betlangé, Beau- l
report!, P.tquolto, Rodanet, Roche, Le Sei-
gneur, Beitz.
Los oi'Ëciers do la 7** compagnie Rousse!, Cro-
tel, Charotet, Josse, Félix, Princet.
Les officiers de la 8~ compagnie Duvigaa.n, Ca-
dart, Franck, Royer, Mercier, Fâcheux,
Brnnschwig, de !a. Carre, capitaine a-d~udant-
major.
Paris, le 30 septembre 1870.
Pour copie conforme
Le chef de bataillon commandant,
A. JACOB.
Les officiers, sous-officiers et soldats da la S~
compagnie du 3~ bataillon de la garde nationale
protestent contre les paroles prononcées par le
général Ambert, paroles qui tendaient à faire
sentir une différence entre îes anciens bataillons
et les bataillons de nouvelle formation. Ils veu-
lent que l'ennemi sache bien qne, quand il se
présentera devant la 5" section, il trouvera éerit
devant lui Liberté, égalité, fraternité.
Nous apprenons que les officiers du batail-
lon se sont réunis sur le bastion qui leur est as-
signé, et là, pendant plusieurs henres, se sont
fait expliquer par un capitaine du génie la façon
dont ils devaient défendre le poste qui leur était
conné. Nous engageons tous les .bataillons à en
faire autsmt~ dans l'intérêt générât.
ALGERIE!
LEVÉE DE L'ÉTAT DE SIÈGE. LES MAIRES.
INTERDICTION DES COMITÉS POLITIQUES.
Les journaux d'Alger publient les pièces
suivantes
Le gouverneur général de l'A!gér!e par in-
térim
Vu la loi du 9 août 18A9;
Vu l'arrêté du 10 août 1870, qui a placé l'Algé-
rie sous l'état de siège
Vu l'attitude calme des populations et les
preuves que lesmitiees ont données de leur dé-
voûment au maintien de l'ordre et de la sécu-
rité
Arrête
Art. 1°*\ L'état (te siège est levé dans les dé-
partements de l'Algérie.
A\'t. S. Les généraux commandant les provin-
ces etjes préfets des départements sont chargés,
chacun en ce qui les concerne, de l'exécution du
présent décret.
Fait à A)ger, le 10 septembre 1870.
Général baron DURR!F.c.
Z.e m~M~'e de ~'t~ërteHf d ~OH~i'ne!
~en~)~~c?<'M~e;'t'e
CtRCULA!RE A MM. LES PR&FETS
Faites dresser immédiatemeut un tableau com-
plet de tous les maires de votre département
sur trois colonnes la première portant ceux qaa
vous pouvez conserver comme vous secondant
dans t'cenvre de la défense nationale; !a seconde
portant ceux qui décidément se montreraient
disposés à entraver cette oeuvre, la seule qui
doive occuper tous les Français la troisième
ennn portant les successeurs que vous pourrez
me désigner comme étant capables de remplacer
les maires dont vous ne pourriez utiliser le con-
cours. Sur ce travai!, auquel je vous pri.j de
donner tous vos soifM et que vo'js devrex
me prononcerai et- ratifierai toutes révolutions
absolument nécessaires.
Lepréfet,
D'A.WA1!K:ER.
DJotsMn. j3t'<~ec
Quelques citoyens, prenant le titre de Comité
républicain d'Alger, ont cru, hier matin, au mi-
lieu d'une réception des diverses administra~Ioss
du département et de là commune, devoir adres-
ser au préfet des observations et des injonctions
qui n'étaient acceptables ni dans le fond, ni dans
ta forme. J'ai répondu, avec netteté et fermeté,
que te premier de mes devoirs était de mainte-
nir l'ordre, et que, sur ce point d'obligation ab-
solue, en Algérie non motus qu'en France, je
n'acceptais et n'accepterais aucune transaction;
Alors je n'avais encore reçu ni l'arrêté du
ministre de l'intérieur, le citoyen Léon Gâm-
betta, qni nomme les trois pr.éi'eta de l'Algérie et
les oblige <' à exercer leur autorité, de concert
avec les généraux commandant les divisions mi-
litaires ni la circulaire du ministre de la guer-
re, le général Le Flô, qui enjoint aux généraux
en France, comme en Algérie, de veiller à ce
qu'aucune volonté individuelle n'usurpe l'exercice
de l'autorité qui appartient aux seuls délégués du
gouvernement national.
J'avais compris à l'avance qu'tl n'en pouvait
être autrement.
Le comité qui croit tenir de la population, ce
qui est fort contestable, des pouvoirs de controie
qu'aucune autorité ne peut accepter, me sigaina.
qu'il prenait acte de ma déclaration et qu'il se
retirait pour en délibérer.
Vers trois heures, uneafnche rédigée eu ter~
mes peu mesurés et accusant dés prétentions qui
ne pouvaient être tolérées plus longtemps, con-
voquait <' les républicains d'Alger a l'en'at de
delibérer sur mon refus d'obtempérer aux or-
dres formels du gouvernement provisoire.
La réunion immédiate des divers corps do la
milice sur la place d'armes, assura le maintien
de l'ordre matériel, non sans jeter de vives in-
quiétudes dans la population d'Atger.
Mon devoir est de prendre, d'urgence, les me-
sures nécessaires pour que de pareils ne puis-
sent plus se reproduire.
que cette petite fille sera dans quelques jours (
j~me la vicomtesse de Mérainville? (
Je voudrais n'être pour toujours, jRt An-
gèle en soupirant, que M"~ de Mérainvi!!e <
tout court. <
Et moi, dit Armand, j'aurais désiré que 1
l'empereur se ~montrât moins généreux. Et ce-
pendant, ajouta-t-ii en baissant ta voix comme
s'il se parlait à lui-même, devrait-on, quand 1
on s'aime, s'Inquiéter ainsi de l'opinion du r
monde ? Qu'Importe que l'on nous croie, vous
vaniteuse et moi cupide, si nous estimbnsmu- J
tuellement, et l'un dans l'autre, le sentiment l
qui nous a rapprochés? ]
–Vous avez raison, mon ami.HtAngèle;
et cette bonne et sérieuse parole me décide à ) 1
vous dire ce que je reproche au dénoûment 1
de l'histoire que j'ai passé ma journée à lire.
–Ah! oui, voyons, dit le vicomte.
Eh bien, mon ami, je n'aime pas à voir s i
l'héroïae de votre roman se rendre mysié- 1
rieusoment en Suisse pour se jeter dans un
lac, à l'endroit même o:z s'est na5v l'hemme (
lac, à l'endroit mémo où s'est noyé l'homme
auquel elle avait dosEé son cœur.
Vous eussiez préféré qu'cDe vécut. pour j s
en aimer plus tard un autre ?
–Oh non, litAngèle gravement jela von-
drais vivante, maie non pas InSdèio. Je ne
comprends pas que l'on puisse aimer deux j â
fois mais je biàmc cette femme do n'avoir
pas su porter bravement sa douleur et atten-
dre, en se résignant, le grand jour de la réu-
nIonéterneIle."Lo3h de les désespérer et de ]
les abattre, le religieux et cher souvenir d'un
être bien aime vivifie ies âmes grandes et for- j
tes. Mon père s'est-i! tué après la. mort de
ma~mère, qu'il ido)ah'alt? Pas plus qu'Une
s'est remarie.
Mais remarquez, ma chère Angèie, qu'il
s'agit dans le roman dû deux amants, de deux
uancés et que la perte de l'un ne pouvait lais-
ser à l'autre aucun de ces souvenirs du
bonheur parfait qm, pour ainsi dire, embau-
ment le cœur dans la consiance et dans la ré-
signation.
–Qu'importe?. Tenez, Armand, sup-
poeonsune horrible chose. Supposons que
je vous perde. avant noire mariage Eh
bien je ne me tuerais pas, j'en suis certaine.
Mais, dusse-je vivre longtemps encore après
AcetefFet, d'accord avee M.!o général com-
mandant 1~ division, j'a.i décidé ce qui suit
Aucun comité poiitMue;é)t!
tres locales du départMMnt; et Ceux qui
Les règlements &ntéfiet)rs sur les réunions et
l'affichage sont maintenus jusqu'à leur abroga-
tion réguHère.
Le préfet,
D~ A. VARNIEK.
Le générât commandant la division,
A. POUttCET.
Vu et approuvé
Le générât de division gouverneur
général, Baron DUM!EU.
B~LETÎN
Dans notre pays, les imaginations vont
vite, et, à la nouvelle des négociations en-
tamées avec l'ennemi, les uns ont cru à une
paix prochaine et les autres à une paix fa-
cile et accommodante.
Ce sont là des illusions dont il faut se
garder, car elles sont suivies ordinairement
-do défaillances et de découragements plus
mortels que le feu des Prussiens.
Nous ne devons pas oublier que nous
avons aSaire à un ennemi acharné qui
croit tenir en main notre existence natio-
nale et notre Indépendance; S'il se montre
disposé à la paix, attendons-nous à ce qu'il
y pose des conditions dures et implaca-
bles. II voudra mettre à pront les fautes
du gouvernement impérial, dont nous su-
bissons les fatales conséquences et aux-
quelles II a dû presque tous ses succès.
Pour répondre aux illusions des uns et
aux défiances des autres, le gouvernement
insère ce matin au Jour/M~ o~tcte~ une
déclaration portant que sa politique se ré-
sume toujours dans la formule de ladrcu-
laire de M. Jules Favre fu u~ joo:tce de
tto~re~'T'~otrs, nï nne~pterrec~nos ~r-
~eresses, et il ajoute qu'il la maintiendra
jusqu'à Ia.Nh. 4
Que cette formule soit aussi celle de tout
le monde, celle de l'honneur et du devoir.
Si Strasbourg ne veut pas du joug du roi
de Prusse, Paris n'en voudra pas davanta-
ge pour Strasbourg ni pour Metz.
Nous avons à signaler, dans le même or-
drè d'idées, la délibération de la cour d'ap-
pel de Nancy par laquelle elle a résolu de
suspendre ,momentanément l'exercice de
ses fonctions.
L'autorité prussienne, qui règne et gou-
verne seule à Nancy, a élevé la prétention
d'empêcher la cour de rendre la justice nu
/M/H (~H peuple e~ du ~om~effteme~ ~a~-
çet!'s l'autorité prussienne aurait toléré
que icL justice fût rendue au nom de l'em-
pereur déchu, et refusait une formule qu!
impliquait la reconnaissance de la Répu-
blique
C'est toujours le même système pour la
Prusse, la France n'a plus le droit de dis-
poser d'elle-même.
Justement blessée de cette prétention,
qui outrageait tous ses sentiments patrio-
tiques, la cour de Naney a pris bravement
le parti, a ~'[:~an!'y7M~, sans abdiquer ses
fonctions, de s'abstenir.~ N'ayant pas la
force, elle a eu la dignité.
Les autres tribunaux du ressort de la
cour d'appel ont reçu l'invitation du pro
cnreur général de suivre cet exemple.
C'est une digne réponse aux idées d'an-
nexion du roi de Prusse.
Désormais le monde saura que si les vo-
leurs et les maraudeurs restent impunis
sous l'administration ci vile du gouverneur
prussien de Nancy, la faute n'en est Impu-
table qu'aux autorités prussiennes.
Si l'on veut avoir une idée des douceurs
que le séjour des Prussiens promet aux
villes qui leur ouvrent leurs portes aaas
résistance, il n'y a qu'à voir ce qui se
passe dans les provinces françaises occu-
pées par la Prusse. Cela paraît superbe de
talent et d'habileté à un correspondant du
7Yme5/
Jamais, depuis 1815, d'affreuse mémoi-
re, on n'a vu d'exactions de tout genre
poussées à ce degré. Les Prussiens font
payer, comme le fait remarquer avec rai-
son le Temps, aux pays qu'ils traversent,
!'ons les frais de guerre, sant e.ecep~on.
Après les réquisitions de vivres, Ils lè-
vent des contributions en argent, ils se
font payer en espèces sonnantes la solde de
Mite terrible épreuve, je suis certaine aussi
quejenememarieraispas.
Rien, rien, Ët-elle 'encore favec ani mo-
tion, rien ne peut refroidir ni détacher un
cœur aimant et loyal. rien que l'abandon et
le dédain.
Exalte par cette énergique profession de'
foi si vaillamment sortie des lèvres d'une
vierge, Armand se laissait glisser aux pieds
d'Angèle, prêt à lui parler comme il n'avait
encere osé le faire, lorsqu'il entendit, dans la
bibliothèque, la voix de sa grand'-mère et le
bruit d'un pas ferme et sûr qu'il reconnut
pour celui du général
Les fiancés se relevèrent subitement. L'hy-
pocrite affectation avec laquelle ils parurent
tous deux ne s'occuper que des fleurs de la
serre, fit éclore sur la bouche de la marquise
et du baron un sourire dont rien, en cet en-
droit solitaire et obscur, ne pouvait gêner Id
malice. Mais ces généreux coMu's se dilatèrent
aussitôt sous le parfum de cette pudeur ex-
quise, bien autrement suave et pénétrant que
celui même des orangers.
–Mes enfants, dit la marquise, nous ve-
nons vous chercher nos artistes sont au com-
plet. Entre !c concert elle bal, vous trouve-
rez bien, je l'espère, quelques minutes encore
naur adresser vos hommages à celles de ces
.ravissantes productions qui ont dû vous
échapper. Demain, d'ailleurs, ma belle petite,
Armand vous portera lui même un bouquet
quejovousrecommande, car jele charge de
le composer..
Et M"~ de Mérainviile au bras de son petit-
fils, Angèio au bras de son père, firent leur
entrée dans le salon principat, où chacun a-
vait p)'isp)àce.
GABRIEL DAISTRAGUES
(~.Ct SUt~ ti C~TTMtW)
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