Titre : La Presse
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1870-06-19
Contributeur : Girardin, Émile de (1806-1881). Directeur de publication
Contributeur : Laguerre, Georges (1858-1912). Directeur de publication
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Description : 19 juin 1870 19 juin 1870
Description : 1870/06/19. 1870/06/19.
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/02/2008
~reë présidé par TËmpereur; j'ai donc le
droit de soumettre au gouvernement les
décisions irrégullères et illégales rendues
pjustice. C'est seulement lorsque seront
Epuisés sans succès mes appels à la Cour
de cassation et au couseir des ministres,
~que s'ouvrira le droit de pétition.
Toutefois, que la vérification des faux
Soit accordée ou refusée, j'entends que
'vous puissiez utilement suivre et appré-
cier là publicité à laquelle donneront lieu
.bientôt les débats devant la Cour de cas-
sation et devant le conseil des ministres.
~Voilà pourquoi je me permets de vous
adresser cette lettre, accompagnée de l'an-
nexe Monginot et de ma plainte contre le
séna.teur Chaix d'Est-Ange.
SI l'iniquité persiste et si les tristes-
ses de notre époque veulent que ma péti-
tion vous soit soumise, vous n'oublierez
~pas, messieurs les députés, qu'il n'y a ici
jien de politique, et que l'honneur d'un ci-
~toyen Injustement atteint domine le débat.
Vous n'oublierez pas, non plus, més-
'sieurs, qu'un jour, sans motif ni prétexte,
j'ai vu envahir mes bureaux, sur mes livres
yoser les scellés, et ma personne enfermée
à Mazas et mise au secret, sans que jamais
taucune réclamation d'un actionnaire ou
'd'un créancier ait Justine ces actes. Vous
'vous souviendrez surtout que la seule ori-
".gine de cette triste aiïaire fut l'escroquerie
-combinée .entre MM. Pontalba et Chaix
3'ancien procureur général Chaix d'Est-
Ange
Je ne puis croire que la Cour de cassa-
tion et le conseil des ministres me refusent
justice, mais ce malheur arrivant, je suis
-convaincu que ma voix sera entendue lors-
que, au nom et pour la défense de mon
donneur, j'aurai recours à l'intervention
des députés de la France, ces protecteurs
de tous les opprimés qui demandent jus-
lice et ne peuvent l'obtenir
Daignez agréer, messieurs les députés,
J'expression sincère du sentiment respec-
tueux de votre très humble serviteur.
J. MIRES.
BULLETIN
La Chambre commence aujourd'hui
l'exercice d'un droit nouveau pour elle,
.l'examen des pétitions, réservé au Sénat
~dansla précédente Constitution. D'ailleurs
les séances n'onrent qu'un Intérêt assez
languissant. Il est temps que la question
ition publique. Bien que laChambre–com-
~nië nous l'avons Indiqué hier se trouve
~ians une situation fâcheuse, c'est-à-dire en
présence de faits accomplis, on prévolt
Tine discussion Intéressante~ d'autant plus
que l'honorable M. Thiers doit, dit-on,
porter la parole. On sait avec quel
gentiment de nos véritables Intérêts, ayec
'quel bon sens lumineux 1' é minent député
de Paris traite les questions souvent com-
plexes et délicates de la politique exté-
rieure.
Les dépêches d'Amérique portent que
la Chambre des représentants a adopté,
:a.vec une majorité de 17 voix, un ordre du
jour autorisant le président à faire des re-
montrances pour la façon barbare dont
~a guerre est conduite à Cuba. Des remon-
'trancesàqui? A coup sur, à l'une et à
Vautre des armées en présence, puisque
le président est convenu que des deux
part~ la sauvagerie est égale.
L'Allemagne est en proie à Ta nèvre élec-
torale si tant est que les Allemands
~puissent être sujets a la nèvre politique.
Dans l'empire autrichien, le parti catho-
YIque compte obtenir la victoire dans les
provinces, notamment dans les deux Au-
triches, haute et basse, et dans le
Tyrol. A Vienne même, les anciens chefs
.du parti progressiste, notamment MM.
~ju&kra et Kurauda, sont à peu près surs de
.leur réélection. On ajoute que le chef du
cabinet, le comte Ta-àne, à pris. le parti de
ëe désintéresser du mouvement, de s'ab-
tenir de toute Intervention administrative,
–.pendant la période électorale.–Avis à
MM. les.ministres du ~janyler. .h
FEUILLETON DE LÀ P.KE&SE
nul9jutNl87Q 12
MINE COQUETTE
SCENESDELtVtEDEPROVtNCE
xni
On était au lundi; le bal devait avoir l~eu
!e samedi suivant. La femme de chambre se
mtt à l'œuvre, et au jour dit les toilettes se
~trouvèrent prêtes et furent expédiées aux Sa-
Mes, chez le directeur de la poste, qui avait
~été prévenu par une lettre de Victor.
Le vendredi notre amoureux alla faire une
visite à M°~ de la Clérissaie.
–J'ai une grâce à vous demander, mada-
me, lui dit-il; vous voyez que j'ai pris au sé-
rieux le contrat d'amitié que nous avons passé
ensemble.
Si c'est possible, c'est fait; s! c'est Im-
possible, nous essayerons. ,Y
–Je conduis demain M" et M"" Coquette
au bal des Sables; à coup sûr Reine y sera la
plu& belle, mais cela ne me suffit pas, je vou-
drais qu'elle me dût un de ses succès, je dési-
rerais oHrir à Reine un de ces bouquets mer-
Teilleux que M. de la Clérissaie sait si bien
faire. J'avais songé à écrire à Bordeaux ou à
Nantes, mais les fleurs seraient arrivées fa-
'néeset.
Et vous auriez eu tort, dit M" de la Clé-
fissaie én l'interrompant. Reine aura son bou-
quet et je vous affirme que pas une de nos
cames n'en aura un comparable à celui-là.
Mais il est important que ce bouquet lui soit
otfert par vous.
Reproduction interdite po~r les journaux qui
m oat pM traita avec la Soo~ des sens de lettres.
A Berlin, il se produit un mouvement
assez curieux, dont on peut depuis quel-
ques années constater l'existence et noter
les progrés périodiques. Les radicaux par-
lementaires ceux qu'on pourrait appe-
ler en France les républicains formalistes
sont envahis et débordésparle uotmon-
tant de la démocratie ouvrière, et nous ne
serions pas étonné que les élections pro-
chaines ouvrissent les portes du Parlement
fédéral à quelques représentants du socia-
lisme International. C'est un phénomène
analogue à celui qui s'est produit en Fran-
ce aux élections de 1869, quand M. Carnot
s'est vu battu par M. Gambetta, M. Jules
Favre ballotté par M. Rochefortet M. Gar-
nier-Pagès par M. Raspail.
De Belgique, on continue à annoncer la
démission du cabinet actuel et II est de
fait que, à moins de recourir à des élections
nouvelles,.M. Frère-Orban et ses collègues
n'ont guère que ce parti à prendre et le
plus tôt possible. Notons pourtant que la
seule question à l'ordre du jour est celle de
la réforme électorale elle Intéresse l'opi-
nion publique bien plus que les personna-
lités appelées à faire partie du prochain mi-
nistère.
Un organe progressiste, l'Etoile &e~e,
avec une impartialité dont il faut lui savoir
gré, invite les chefs de la droite réformiste
à s'entendre avec la gauche radicale pour
là rédaction en commun d'un projet de
~réorganisation électorale aussi complet que
possible. La feuille belge pense que c'est la
seule issue à la situation actuelle. C'est
aussi l'avis de la .Presse, qui l'a déjà ex-
primé. Seulement, nous estimons que
r-Ë~Ot~e be~ye s'arrête en chemin ce n'est
pas seulement à une réforme électorale
que l'on doit arriver, c'est au principe
même des sociétés modernes, le suffrage
universel.
Le secrétaire de la. rédaction,
C.LEFÈVBE.
DÉPÊCHES TELEGRAPHIQUES
AUSTRO-HONGRIE
Vienne, 17juin.
On considère ici, dans les cercles bien infor-
més, la nouvelle donnée par le û'6Ht!ots, d'une
prétendue mésintelligence entre le prince do
Metternich et le duc de Gramont comme tout à fait
controuvée. On a tout lieu d'assurer que les rap-
ports amicaux entre ces deux hommes d'Etat
n'ont jamais été troublés.
ESPAGNE
Madrid, 17juin,soir.
Les Certes ont adopté le projet de réforme du
Code pénal. La discussion du projet relatif à l'a-
bolition de l'esclavage continue. Les séances' se-
ront suspendues demain.
Madrid, 17 juin, soir. `
La junte carliste a terminé la discussion sur le
manifeste qu'elle doit publier prochainement a
une grande majorité, elle a voté en faveur de l'in-
tolérance en matière de religion,. et, à une majo-
rité de deux voix, elle s est prononcée pour le ré-
tablissement de l'inquisition.
Le maréchal Serrano va mieux. Le ministre de
la justice est indisposé.
i. ÉTATS-UNIS~
Washington, 16juln.
La, Chambre des représentants a adopté, avec
une majorité de 17 voix, un ordre du jour de M.
BIngham qui autorise le président à faire des re-
montrances pour la façon barbare dont la guerre
est faite à Cuba. Si le président le croit oppor-
tun, il pourra solliciter la coopération des autres
gouvernements pour obtenir des belligérants
qu'ils respectent les usages de la guerre en vi-
gueur dans les pays civilisés.
.i..(~6'en.c6./7afCM.)
POUTtQUE GÉNÉRALE
LE PARLEMENT
LÉ CORPS LËGISLATIP
Au début de la séance, M. le duc de
Gramoht, en réponse à un désir exprimé
par M. de Kéra/try, annonce que les docu-
ments relatifs à la liquidation de l'indem-
nité mexicaine sont déposés à la questure.
L'expédition du général de~WImpfen,
dans le sud-ouest de rAIsérie, est. de la
M. de Vieillechèze l'emportera dans sa
voiture et j'irai le prendre à son hôtel.
A quelle heure part M. de Vieillechèze ?
A midi.
Prévenez-le qu'il recevra à onze heures
une boîte dans laquelle se trouvera le bou-
quet.
–Comment vous remercier de toutes vos
bontés, madame? `
En vous mariant promptement malgré
mes soixante ans, je veux danser à vos noces.
Je ferai tous mes efforts pour que vous
n'attendiez pas longtemps.
Le lendemain, à sept heures du matin, Vic-
tor Marcel se mit en route il arriva à Gevrau
un peu avant l'heure du déjeuner, qui se pas-
sa très gaîment. La distance à parcourir de
Gevrau aux Sables-d'Olonne, n'était que de
cinq lieues, mais comme il était impossible,
à cause de Reine, de faire ce trajet autrement
qu'au pas, on partit à une heure après midi.
M* Coquette était, nous l'avons dit, une
écuyère intrépide et manœuvrait son cheval
comme le cavalier le plus habile; il n'en était
pas ainsi de Reine.
II arriva un moment où le cheval de Victor,
impatienté de marcher au pas, allure à la-
quelle ne l'avait pas familiarisé son maître,
prit le galop, et celui de M~s Coquette s'em-
pressa de l'imiter. Reine ne s'attendait pas à
ce changement d'allure; elle perdit l'équili-
bre, lâcha sa mère et fut jetée a terre, laissant
voir à Victor une jambe admirablement faite.
Mais déjà celui-ci était descendu de cheval
et aidait Reine à se relever.
Lachute de la jeune nlle s'était effectuée le
plus doucement du monde; elle en fut quitte
pour la peur qu'elle avait éprouvée et delà
boue sur ses habite. C'était un de ces petits
accidents, si fréquents autrefois, que M" Co-
quette ne fit.qu'en rire.
Mais lorsqu'il fut question de remonter à
cheval. Reine refusa nettement dé reprendre
sa place derrière sa mère; elle afnrma que le
cheval de celle-ci était vicieux, et que, bien
certainement, il lajetterait denouveauà terre.
–Alors, dit M~ Coquette, monte sur le
cheval de M. Marcel.
Elle ne se le fit pas dire deux fois.
Victor sortit son pied de l'étrier, le main-
tint le bout en avant, et Reine s'en servit
comme d'un'escabeau en même temps, Vic-
part de M. de Kérairy, l'objet d'une ques-
tion relative à l'attaque du ksar d'Aïn-
Chaïr, qui n'aurait pas été bien combinée,
et surtout au meurtre de quinze prison-
niers arabes qui auraient eu le cou coupé
par des goums attachés à l'expédition.
M. le ministre de la guerre a répondu,
sur ce dernier fait, qu'il n'avait reçu aucun
rapport, mais que, dans tous les cas, même
le fait étant avéré, il' était impossible
qu'aucun ofiicier françalsy eût pris une
part quelconque. Quant au ksar d'Aïn-
Chaïr, si le général de WImpfen ne l'a pas
pris, c'est qu'il avait ordre de ne pas s'en
emparer. 1
Deux demandes d'interpellations de M. le
marquis de Piré, l'une sur le rappel des
deux branches de la maison de Bourbon,
l'autre sur la restitution des biens séques-
trés de la famille d'Orléans, produisent
F effet d'une surprise, sans causer d'ail-
leurs aucune émotion marquée.
Puis vient le déûlé ordinaire des péti-
tions.
Arrive la discussion des conclusions de
la commission qui propose le renvoi aux
bureaux de la proposition de MM. le comte
Le Hon et Jules Favre, relative à l'Algérie.
M. Jules Favre critique les derniers dé-
crets sur l'Algérie comme empiétant sur
le domaine législatif. Il rappelle le vote du
9 mars qui a condamné le régime militaire
et qui attribue au Corps législatif le droit
de régler désormais les destinées de l'Ai-.
gérie. Il cherche pourquoi on a proposé à
la Chambre un projet de loi, dès le com-
mencement clé juin, au lieu de procéder
par décret, et demande que le ministre de
la guerre s'engage à présenter, avant la fin
de la session, un système sur la question
électorale en Algérie.
M. le ministre de la guerre répond que
les décrets sont essentiellement transitoi-
res, et qu'on n'avait pas le temps de faire
une loi, ni de la promulguer.
M. Jules Ferry insiste, et M. le garde des
sceaux répond que le gouvernement ne
s'oppose pas au renvoi dans les bureaux,
mais qu'il demandera l'ajournement à la
session prochaine, la session étant fort
avancée. La réponse était prévue.
M. Picard demande si on ne pourrait pas
accorder aussi par décret des députés pro-
visoires à l'Algérie et le garde des sceaux
répond que la question est compliquée, et
que le gouvernement n'est pas prêt.
Bref, le renvoi aux bureaux est pro-
nonce.
La Chambre a voté le rejet dé la propo-
sition de M. Raspail qui demandait une
réforme radicale de la loi pénale, rien que
i cela~ et qui a prononcé à voix basse un dis-
cours que personne n'a entendu.
Puis, la séance a été terminée, après'un
échange de quelques paroles entre M. Beth-
mont et M. Philis, commissaire du gouver-
nement, par l'adoption du projet de loi
portant abrogation du décret de décembre
1851 sur des mesures de sûreté générale.
~On sait que le décret assimilait, sur cer-
tains points, aux repris de justice « les In-
dividus reconnus coupables d'avoir fait
partie d'une société secrètë.M Cette réfor-
me était depuis longtemps demandée, et il
est heureux que lès dernières traces de ce
décret aient disparu de nos codes.
LESMAT
Au Sénat, on a déposé un projet de loi
modinant la loi de 1832 sur le remplace-
ment militaire, avec un long exposé des
motifs, ainsi que la loi sur les annonces ju-
diciaires.
M. le baron Haussmann a aussi déposé
le rapport de la commission chargée d'exa-
miner les mesures à prendre contre les in-
cendies dans les régions boisées des Mau-
res et de l'Esterel. Le rapport est intéres-
sant, mais fort long, et un membre en a de-
mandé la lecture. Mais se voyant seul de
son ~vis, il s'est résigné à le lire le lende-
main dans le .ToH.r/te~ o~cte~qui, en eNet,
le publie ce matin. Avis à ceux qui seront
curieux d'en prendre connaissance.
Le reste de la séance a été occupé par la
lecture des rapports de pétitions, qui n'ont
présenté aucun intérêt.
FRANCIS RM.UX.
Le départ de ta cour pour Saint-Cloùd
n'aura pas lieu aujourd'hui, ainsi qu'on ra.Ya.it
annonce. Les préparatifs ont été contreman-
.dés à cause de l'Indisposition de l'Empereur.
tor enlevait la. jeune Rite, par les deux bras,
et laplaçàlt derrière lui. L'épais manteau du
jeune homme les enveloppait tous les deux.
–Tenez-moi bien, dit Victor, nous allons
prendre le pas allongé.
Reine passa son bras droit autour de là
taille de Victor, se rapprocha: davantage de
mi, et les chevaux prirent une allure assez
vive.
Victor était enchanté de cette façon de
voyager, qui établissait entre lui et Reine un
délicieux contact.
Lorsque le cheval de'M" Coquette prenait
la têt~ dans les passages étroits, Victor proii-
tait de l'occasion il se retournait vivement et
son visage se trouvait placé si près de celui de
Reine que le baiser naissait tout naturelle-
ment de ce rapprochement. Reine rougissait,
grondait un peu et se laissait faire sans trop
se défendre.
Puis, Victor faisait un temps de galop et
devançait M"" Coquette; alors Reine, toute
craintive ou faisant semblant de l'être–
poussait des petits cris de frayeur, enlaçait de
ses deux bras la taille de Victor et la serrait
étroitement, comme si elle eut redouté de
faire une chute; et la comédie du baiser re-
commençait.
Quand les deux chevaux marchaient sur la
même ligne, Marcel, de la main qui ne tenait
pas les,rênes, pressait la main dégantée de
Reine sur son cœur et lui en faisait sentir les
battements tumultueux.
II eût voulu que ce voyage ne se terminât
jamais.
A }'ontrée de la ville, les dames descendi-
rent de cheval Victor mit les montures dans
une hôtellerie, y prit avec Reine et M~° Co-
quette une collation, et tous les trois se diri-
gèrent ensuite vers la maison du directeur de
la poste.
Il était six heures et demie; c'était l'heure
de la marée montante, et, comme il arrive
presque toujours sur cette partie de la côte
française, durant la mauvaise saison, le vent
tourna subitement à l'ouest et &t naître une
pluie fine, intense et continue qui, bientôt,
transforma les rues èmm immense marécage.
Ce fut une cause de désolation pour les deux
femmes comment se rendraient-elles au bal?
Mais Victor, semblable à Guzman, ne con-
naissait pas d'obstacle :i! courut chez M. de
On dit, dans l'entourage da ta; cour, que les l'
douleurs ont été plus vives la nuit dernière,
et que Sa Majesté a demandé qu'on lui chan-
gea.! l'application des appareils.
Le conseil des ministres qui a lieu habi-
tuollemcat le samedi, àneuf heures du matin,
a dû être reculé ou ajourné.
Les célébrités médicales reconnaissent et
disent hautement que les souffrances qui ré-
sultent de cet état no présentent aucun dan-
ger, et que sous peu de jours l'Empereur re-
prendra le cours de ses occupations habituel-
les. de Afctc~atn.c.
Ainsi, la Chambre ne sera pas dissoute.
Le ministère, maigre les provocations des
amis qu'il Inspire, ne veut pas s'occuper
d'une loi électorale.
M. Chevandierde Vaidrôme l'a, déclare
hier dans une commission du Corps légis-
latif, en demandant le rejet d'une proposi-
tion de M. Guyot-Montpayroux.
Le ministre aurait promis et de mettre à
l'étude un projet relatif à l'augmentation
du nombre des sièges dans la Chambre et
de faire réviser par le Corps législatif le
décret fixant les circonscriptions électo-
rales.
M serait pourtant bon de s'entendre
Si le nombre des sièges est porté par une
loi de 393 à A50, une dissolution et des
élections générales sont la suite inévitable
de cette importante réforme.
Si le décret des circonscriptions est rem-
placé par une loi, c'est que le nombre ac-
tuel des députés sera maintenu pendant la
prochaine législature.
Il y a donc une contradiction formelle
entre les deux termes de la promesse mi-
nistérielle.
II est vrai que pour répondre nettement,
il faut savoir ce que l'on veut. Et c'est là
un mérite que ne recherche pas le cabinet
du~janvier.
du janvier. F. DE LA. PONTERIE.
U RETRAITE DE M. CLÉMENT DUVËRNOiS
Le~PeHp~e ~rançens enregistre la victoire
personnelle remportée par M. Emile 0111-
vier sur M. Clément Duvernois.
Notre éminent confrère annonce qu'il
abandonne « volontairement, bien qu'à re-
gret, )? la direction politique de ce journal.
11 est suivi, dans sa retraite, par la plupart
de ses collaborateurs.
Cette affaire, dont il est plus facile de
pénétrer que de rapporter les détails, a dû
coûter quelque souci à M. le garde des
sceaux. On se demande, cependant, où est
l'intérêt public qui justinait cet effort.
Tant que la franchise et le courage ne
consisteront pas à fermer la bouche à un;
adversaire ou à :Iui:briseB sa Pplunie dans
les mains, on jugera que M. Olllvier s'est
plus occupé de lui-même et de sa situation
que de nous, en faisant opérer de tels chan-
gements dans un journal dont certaines
circonstances particulières augmentaient
encore l'importance.
A ce point de vue même, la conduite du
ministre pourra sembler puérile. On trou-
vera qu'elle part d'un mouvement d'hu-
meur plutôt que de la réflexion.
Est-ce que M. Emile Olllvier peut croire
un instant qu'il ait réduit M. Duvernois au
silence? Nous pouvons le dire en toute hu-
milité grâce au réveil de l'esprit publie,
cesontbiënpiu~ les écrivains qui man-
quent aux journaux que les journaux aux
écrivains. M. Duvernois ne tardera pas
huit jours à reprendre la place qui lui ap-
partient dans nos rangs.
Le ministre espère-t-il que son contradic-
teur aura désormais moins de talent ou de
verve? Et pourquoi? –II ne peut qu'être
animé par ces tracasseries. Et l'on sait ce
que le dédain, la colère ou des sentiments
plus vigoureux donnent d'Inspiration,
même contre les puissants.
M. Olllvier pense-t-ir, ennn, que les~
opinions de M. Duvernois auront moins
d autorité dans tout autre journal que >e
dans le-PeMp~e? Mais alors il se propose
de lui faire interdire lés portes qui s ou-
vrent devant lui. Et cette inquisition à do-
micile, même chez les princes, serait une
curieuse application du régime constitu-
tionnel.
Tout cela, disons-le, est mesquin, vul-
gaire. C'était bien la peine de parler du
Bas-Empire pendant dix-huit ans pour en
VIeillechèze. Celu!-c!, même avant qu'H eût
ouvert la bouche, lui dit
–Je me doute de ce qui vous amène. A
quelle heure avez-vous besoin de ma voiture?
Lorsque vous n'en aurez plus besoin
vous-même.
–Alors vers neuf heures.
Merci.
Voulez-vous que je vous envoie immé-
diatement la caisse que j'ai à vous?
–Volontiers.
Mon domestique va vous accompagner.
Victor revint trouver les deux dames et leur
annonça qu'à neuf heures une voiture serait
à leur disposition.
–Vous êtes un homme merveilleux, dit M'
Coquette.
Quant à Reine, ellé déballait sa toilette et
ne songeait qu'à se faire belle.
–Nous n'avons que deux heures pour nous
coiffer et nous habiller. il ne faut pas perdre
de temps.
Je vous laisse, mesdames, quand vous
serez prêtes, vous sonnerez.
Victor sortit.
A neuf heures, le cocher de M. de Vieille-
chèze frappait à la porte de la maison, et à
dix heures, M" Coquette et Reine annon-
çaient qu'on pouvait partir.
Victor s'empressa d'accourir pour jouir, le
premier, de la vue de Reine en toilette de bal;
mais déjà les deux femmes étaient coiffées de
capelines et emmitoufflées dans leurs longs
manteaux.
,Déjà! s'écria Victor avec un accent de
regret.
M*"° Coquette ne comprit pas ic sens de
cette parole, et dit
Est-ce que la voiture n'est pas arrivée ?
Elle vous attend depuis une heure, ré-
pondit Victor, qui voyait les yeux de Reine
pétiller.
Cependant il voulait faire regretter à Reine
sa précipitation.
–Ne trouvez-vous pas qu'il vous manque
quelque chose? luidh~H.
Quoi donc ?
–Cherchezbien.
Reine chercha un moment.
–Je ne trouve pas, dit-elle.
Tenez, belle ingrate qui préférez à mon
admiration l'admiration de tout te mcnde, le-
venir aces pratiques Où sont les hommes
d'Etat qui nous débarrasseront de toutes
cespetitesses?
F.DELArONTERIE.
ECHOS DES CHAMBRES
Nous avons résumé hier l'importante décla-
ration du ministre de l'intérieur au sein de la
commission d'initiative parlementaire sur la
réforme électorale. Le gouvernement a résolu
de maintenir la Chambre actuelle pour toute
la durée de la législature; il se fonde sur ce
qu'il y a accord entre le cabinet OMIvier et la
majorité. H trouve la preuve de cet accord
dans l'apaisement qui s'est produit depuis
quelques jours du côté de l'extrême droite. On
voit que le cabinet respire plus à l'aise depuis
que les chefs de la droite ont calmé leu~ ar-
deur d'opposition. ''<
Les ministres ne sentent pas que ces dispo-
sitions peuvent se modiSer du jour au lende-
main.
Mais qu'importe ? La question de la réfor-
me électorale sera discutée en séance publi-
que. M. Chevandier de Vaidrôme a exprimé à
la commission le désir que le projet de loi de
M. Guyot-Montpayroux ne fût pas renvoyé aux
bureaux, c'est-à-dire qu'il fût repoussé.
Ce projet de loi consiste à porter le nombre
des deputés à J~30, et, par conséquent, à mo-
dIHer les circonscriptions électorales actuelles.
Le ministre a reconnu que cette question
devait, en effet, recevoir une solution avant
1873 il a annoncé que le conseil des minis-
tres en serait saisi en temps utile.
En attendant, nous nous tiendrons au cou-
rant de la résolution de la commission sur ce
projet plusieurs de ses membres nous lais-
sent espérer qu'elle sera débattue sérieuse-
ment contre les membres de la droite qui ont
applaudi aux dispositions des ministres sur la
question.
Un député faisait remarquer aujourd'hui
avec raison la tendance de la plupart de ses
collègues à favoriser la petite presse ou les
journaux littéraires et là presse départemen-
tale au détriment des grands journaux politi-
ques de Paris. Ainsi, la disposition de la loi
-nouvelle relative à la diminution d'un centime
est plus favorable aux journaux des départe-
ments qu'à ceux de Paris, puisqu'elle est 'de
moitié pour les premiers et d'un cinquième
pour les seconds. Dans tousies cas, cette trans-
action- vaut mieux qu'une loi mal faite qui
n'aurait satisfait personne.
La question des admissions temporaires
pour les tissus de coton a été discutée et ré-
solue par la commission d'enquête parlemen-
taire sur le régime économique, à l'occasion
de deux propositions de loi de MM. Tachard
et Crémieux, qui lui avaient été renvoyées par
la Chambre.
Quinze députés ont pris la parole dans cette
discussion. M. de Forcade la Roquette a sou-
tenu avec autant d'énergie que de talent le
systèmedes admissions, MM. Keller et Lefé–
bure ont réfuté aussi avec talent l'argumenta-
tion de rex-ministre.
La commission s'estprononcée, par 16 voix
contre 11,. pour le décret du 9 janvier qui
supprime les admissions temporaires et a
chargé, comme nous l'avons annoncé hier, un
député du Haut-Rhin, M. Lcfébure, de rédi-
ger un rapport sur cette question. Ce rapport
sera discuté en séance publique à la Chambre.
Le conseil d'Etat vient de consacrer une
.séance à discuter un proj et de loi transmis par
M. Plichon, ministre dos travaux publics, con-
cernant les concessions de travaux publics.!
Aux termes de l'art. du sénatus-consulte
du 25 décembre 1852, tous les travaux d'uti-
lité publique, toutes !es entreprises d'intérêt
Konéral devaient être ordonnés ou autorisés
par décrets de l'Empereur, rendus en conseil
d'Etat. On devait, toutefois, consulter la
Chambre si les travaux avaient pour condi-
tion des engagements ou des subsides du Tré-
sor.
Mais, comme on le voit, une division abso-
lue était faite entre le droit d'ordonner les
travaux, ,qui n'appartenait qu'au pouvoir exé-
cutif seul, sans conseil, sans contrôle, sans
avis des représentants du pays, et le droit de
voter les fonds qu'on leur avait laissé, il est
vrai peut-être parce qu'on ne pouvait pas le
leur ôter, et, qui en tout cas, ne constituait
qu'un contrôle bien Indirect et souvent bien
tardif.
M, Plichon a défendu son projet devant l'as-
semblée générale Il a défendu les préroga-
tives du pouvoir exécutif, qui se trouve ici,
dans une certaine mesure, en opposition avec
les garanties budgétaires. Six rédactions ont
été proposées, aucune n'a paru complétement
satisfaisante, et la rédaction de la formule a
été remise aux soins de la section.
F. LAURENT.
vez le couvercle de cette caisse, et voyez si je
penseàvous.
Et il poussa dans la chambre une petite
caisse qu il avait laissée à la porte.
Reine s'empressa de faire ce que lui disait
Victor elle leva le couvercle et poussa un
cridejoieetd'admiration.
Cette caisse contenait le bouquet promis
par la dame de la Clérissaie.
C'était un bouquet merveilleux, inouï, un
bouquet de reine, cueilli par un génie amou-
reux dans quelque jardin enchanté
Et c'est vous qui y avez songé? demanda
Reine, réellement émue cette fois.
Oui, répondit Victor. Etes-vous satis-
faite ?
Oh! bien joyeuse dit-elleau jeune hom-
me en lui tendant la main.
Puis, comme M"" Coquette prenait les de-
vants et était engagée dans le corridor, Reine
se pencha vivement vers Victor et lui dit tout
bas
–Voici pour le bouquet!
Les lèvres de Victor effleureront tes lèvres
de Reine!
XIV r
On ne se doute guère à Paris de tous les
moyens ingénieux employés par les provin-
ciales pour se rendre au bal, les jours de
pluie, dans les villes où il n'existe pas de voi-
tures publiques. Tout est mis en réquisition
les voitures particulières d'abord– quand H
en existe puis les tapissières des mar-
chands qui suivent les foires; les carrioles à
bâches de toile qui servent les jours de mar-
ché.
Les unes traînées par des chevaux, les au-
tres traînées par des mules, des ânes et même
des bœufs; les chaises à porteurs, il en
existait encore en Vendée en 1835 les im-
menses parapluies en toile de coton bleue,
verte, rouge, parapluies vastes comme ceux
qui abritaient jadis les marchandesdo iahalle..
Celles qui ne peuvent se procurer ni voiture,
ni tapissière, ni carriole, ni chaises a por-
teurs, se font porter à bras sur une simple
chaise, une servante suit le groupe et l'abrite
sous un large parapluie.
Et comme ces moyens sont parfois insufu-
sants pour se préserver do la pluie et de la
boue, toutes les élégantes se chaussent de longs
LA RECONNAISSANCE ESPAGNOLE
Le Journal de Paris veut bien se prêter a.
une rectincation timide en ce qui touche la.
fameuse convention franco-espagnole
On a beaucoup parlé, dit-i!, depuis quelque
temps, d'une convention qui aurait été conclus
entre la France et l'Espagne, pendant que M.
Emilo OlHvier faisait l'intérim du ministère des
affaires étrangères. D'après nos informations, les
renseignements qui nous ont été donnés à ce su-
jet par quelques journaux seraient fort inexacts.
Cotte convention serait relative, non pas à l'ex-
tradition des réfugiés, mais à l'exécution des ju-
gements en matière civile et commerciale. M. le
directeur des affaires commerciales aurait pris,
selon l'usage, la plus grande part à la rédactMa
de cette convention.
Nous n'avions lu dans aucun journal qu'it
fût question d'un traite d'extradition. Nous
avons toujours dit, au contraire, qu'il s'agis-
sait d'une convention relative à l'exécution
des jugements.. ~mini s1tère, a
De la part d'un ami du ministère, il y &
quelque mérite à parler de l'intervention de
M. le directeur des affaires commerciales dans
la rédaction de l'acte conclu.
Le directeur dos affaires commerciales est,
en effet, intervenu dans ce travail, mais pour
le remanier et le refondre entièrement.
La convention, telle qu'elle avait été dres-
sée à la chancellerie, était inexécutoire. On
prétend qu'au lieu de faire mention des noms
des plénipotentiaires, elle se bornait à dire
jp~re les soussM~es, comme .s'il se fût agi
d'une exploit entre deux huissiers.
Tant était grande dans M. OlMvier !a hâte
de signer cette convention et de la sceller du
sceau de ses armes.
Le Journ.a~ de T~arM ajoute
M. Emile Oïlivier n'a pas reçu la Toison-d'Or.
On lui a, il est vrai, offert l'ordre de Chartes 111,
qu'il a refusé, comme il a refusé, jusqu'à, ce jour,
toutes les décorations qu'on lui a onertes. C'est
à, la suite de ce refus que l'ordre des Dames no-
bles d'Espagne a été envoyé à M" Ollivier, qui
a cru ne pas pouvoir le refuser.
Nous enregistrons, malgré nous et en le re-
grettant, la dernière partie de cette confiden-
ce. C'est attribuer, à tort sans doute, un ca-
ractère politique à une distinction accordée à.
une femme jeune et dont le mérite est déjà
fort apprécié. M°~ Oïlivier devrait donc se
dépouiller de ces insignes s! la convention
signée par son mari était blâmée par la Cham-
bre, comme elle devrait l'être.
Quant à l'ordre offert à M. Emile Oïlivier,
nous persistons à croire que c'est l'ordre do
la Toison-d'Or. Accepte ofnclellement pen-
dant quarante-huit heures, ce témoignage, de
la juste reconnaissance de l'Espagne n'a été
refusé que par suite du mouvement très pro-
noncé de l'opinion. jF. de ~a .Pon~e~'e.
RENOUVELLEMENT
-DM'
CONSEILS GÉNÉRAUX
~ec<:orM des 7J' et 7~~m~.
IBcFnic!Br6smMa
Am~GB
Canton de Mas-d'Azil, M. Sans.
CORSE
Canton de Piana, M. Ceccaldi.
CantondeSartène,M.Roccaserra.
MORBIHAN
Canton de la Trmité-Porhoët, M. le comte Na-
poléon de Champagny.
MOSELLE
Canton de Gorzc, M. André.
.E'7're~et-– C'est par erreur que le YoMrMo~ of-
~Ct'e< du 1A a indiqué l'élection du canton do
Panges (Moselle) comme n'ayant pas donné de
résultat au premier tour de scrutin M. le baron
Sers a été proclamé conseiller général.
C'est également par erreur que M. Emile La.-
beyriea été porté dans le même numéro comme
'conseiHer général du canton d'Aire (Landes); c'est
M.deLabordequi'aétéélu. 1
C'est enfin à, tort que le conseiller générât
nommé dans le canton de Derval (Loire-Infé-
rieure) a été désigné sous le nom de Villard c'est
Allard qu'il faut lire.
r-y ,~7'7' 1" y.
NOUVELLES DE L'EXTERIEUR
L'Empereur vient d'écrire une lettre au
ma.Ire de Southampton en réponse à l'adresse
que le conseil municipal, de. cette ville avait
envoyée à Sa Majesté à l'occasion du complot.
Dans cette lettre, qui nous est signalée par
le télégraphe de Southampton, l'Empereur
dit:
Les sympathies que vous me témoignez me
touchent profondément, et j'y vois une preuve
bas, en laine épaisse, à Ja semelle feutrée, qui
préservent de toute souillure les souliers de
satin blanc et les bas de soie.; les jupes et !es
robes sont relevées, attachées à la taille avec
des rubans et un épais manteau couvre toute
la toilette.
Le vestiaire des dames présente, à l'arrivée
et au départ, un coup d'œll curieux toutes
les servantes sont là, munies de leurs lanter-
nes et des parapluies de famille, toutes bavar-
dant d'une façon assourdissante; on accroche
les manteaux et les capelines; .on ôte les
grands bas de laine; les jupons et les robes
s'abaissent, et la main discrète d'une maman
ou d'une amie les fait bouffer convenable-
ment, car la crinoline n'est pas encore in-
ventée,–et le fût-elle,que son usage seraitâ
peu près impossible pour la plupart des da-
mes. –On refait un nœud de ruban qui s'est
aplati; on plisse avec ses doigts une dentelle
frippée; on donne à la chevelure, dont l'har-
monie est souvent dérangée, un dernier coup
dépeigne; on met ses gants; puis, chaque
servante tire un miroir de. sa poche, on y
donne un coup d'œil et l'on attend le cavalier,
papa, frère ou amoureux, avec lequel on doit
faire son entrée dans le bal.
Le côté des hommes, car il y a vestiaire
pour les dames et vestiaire pour les messieurs
est non moins curieux. Tous arrivent au
bal chaussés de sabots par-dessus leurs sou-
liers vernis, et les vêtements maculés de boue.
Un domestique brosse celui-ci, revernit la,
chaussure de celui-là, aide un troisième qui n'a
pas les mouvements très libres, à se dévêtir de
son pardessus, de son manteau ou de son é-
paisse limousine. Et, au milieu de tout cela.
des murmures, des rires, des saluts, des poi-
gnées de main, des récits de chasse, une af-
faire qu'on ébauche, une partie de jeu qu'on
organise.
Enfin, chacun est dans un état présentable;
le tumulte s'apaise, on se bouscule un peu, on
se presse à l'entrée de la salle~ et déjà les dé-
nigrements, les coups de langue, les petits
cancans commencent; les haines et les jalou-
sies se révèlent dans les regards un seul
coup d'œil a suffi pour juger la toilette d'une
rivale ou d'une ennemie et en apprécier te
mauvais goût ou la grâce.
ARMAND LAPOINTE.
droit de soumettre au gouvernement les
décisions irrégullères et illégales rendues
pjustice. C'est seulement lorsque seront
Epuisés sans succès mes appels à la Cour
de cassation et au couseir des ministres,
~que s'ouvrira le droit de pétition.
Toutefois, que la vérification des faux
Soit accordée ou refusée, j'entends que
'vous puissiez utilement suivre et appré-
cier là publicité à laquelle donneront lieu
.bientôt les débats devant la Cour de cas-
sation et devant le conseil des ministres.
~Voilà pourquoi je me permets de vous
adresser cette lettre, accompagnée de l'an-
nexe Monginot et de ma plainte contre le
séna.teur Chaix d'Est-Ange.
SI l'iniquité persiste et si les tristes-
ses de notre époque veulent que ma péti-
tion vous soit soumise, vous n'oublierez
~pas, messieurs les députés, qu'il n'y a ici
jien de politique, et que l'honneur d'un ci-
~toyen Injustement atteint domine le débat.
Vous n'oublierez pas, non plus, més-
'sieurs, qu'un jour, sans motif ni prétexte,
j'ai vu envahir mes bureaux, sur mes livres
yoser les scellés, et ma personne enfermée
à Mazas et mise au secret, sans que jamais
taucune réclamation d'un actionnaire ou
'd'un créancier ait Justine ces actes. Vous
'vous souviendrez surtout que la seule ori-
".gine de cette triste aiïaire fut l'escroquerie
-combinée .entre MM. Pontalba et Chaix
Ange
Je ne puis croire que la Cour de cassa-
tion et le conseil des ministres me refusent
justice, mais ce malheur arrivant, je suis
-convaincu que ma voix sera entendue lors-
que, au nom et pour la défense de mon
donneur, j'aurai recours à l'intervention
des députés de la France, ces protecteurs
de tous les opprimés qui demandent jus-
lice et ne peuvent l'obtenir
Daignez agréer, messieurs les députés,
J'expression sincère du sentiment respec-
tueux de votre très humble serviteur.
J. MIRES.
BULLETIN
La Chambre commence aujourd'hui
l'exercice d'un droit nouveau pour elle,
.l'examen des pétitions, réservé au Sénat
~dansla précédente Constitution. D'ailleurs
les séances n'onrent qu'un Intérêt assez
languissant. Il est temps que la question
~nië nous l'avons Indiqué hier se trouve
~ians une situation fâcheuse, c'est-à-dire en
présence de faits accomplis, on prévolt
Tine discussion Intéressante~ d'autant plus
que l'honorable M. Thiers doit, dit-on,
porter la parole. On sait avec quel
gentiment de nos véritables Intérêts, ayec
'quel bon sens lumineux 1' é minent député
de Paris traite les questions souvent com-
plexes et délicates de la politique exté-
rieure.
Les dépêches d'Amérique portent que
la Chambre des représentants a adopté,
:a.vec une majorité de 17 voix, un ordre du
jour autorisant le président à faire des re-
montrances pour la façon barbare dont
~a guerre est conduite à Cuba. Des remon-
'trancesàqui? A coup sur, à l'une et à
Vautre des armées en présence, puisque
le président est convenu que des deux
part~ la sauvagerie est égale.
L'Allemagne est en proie à Ta nèvre élec-
torale si tant est que les Allemands
~puissent être sujets a la nèvre politique.
Dans l'empire autrichien, le parti catho-
YIque compte obtenir la victoire dans les
provinces, notamment dans les deux Au-
triches, haute et basse, et dans le
Tyrol. A Vienne même, les anciens chefs
.du parti progressiste, notamment MM.
~ju&kra et Kurauda, sont à peu près surs de
.leur réélection. On ajoute que le chef du
cabinet, le comte Ta-àne, à pris. le parti de
ëe désintéresser du mouvement, de s'ab-
tenir de toute Intervention administrative,
–.pendant la période électorale.–Avis à
MM. les.ministres du ~janyler. .h
FEUILLETON DE LÀ P.KE&SE
nul9jutNl87Q 12
MINE COQUETTE
SCENESDELtVtEDEPROVtNCE
xni
On était au lundi; le bal devait avoir l~eu
!e samedi suivant. La femme de chambre se
mtt à l'œuvre, et au jour dit les toilettes se
~trouvèrent prêtes et furent expédiées aux Sa-
Mes, chez le directeur de la poste, qui avait
~été prévenu par une lettre de Victor.
Le vendredi notre amoureux alla faire une
visite à M°~ de la Clérissaie.
–J'ai une grâce à vous demander, mada-
me, lui dit-il; vous voyez que j'ai pris au sé-
rieux le contrat d'amitié que nous avons passé
ensemble.
Si c'est possible, c'est fait; s! c'est Im-
possible, nous essayerons. ,Y
–Je conduis demain M" et M"" Coquette
au bal des Sables; à coup sûr Reine y sera la
plu& belle, mais cela ne me suffit pas, je vou-
drais qu'elle me dût un de ses succès, je dési-
rerais oHrir à Reine un de ces bouquets mer-
Teilleux que M. de la Clérissaie sait si bien
faire. J'avais songé à écrire à Bordeaux ou à
Nantes, mais les fleurs seraient arrivées fa-
'néeset.
Et vous auriez eu tort, dit M" de la Clé-
fissaie én l'interrompant. Reine aura son bou-
quet et je vous affirme que pas une de nos
cames n'en aura un comparable à celui-là.
Mais il est important que ce bouquet lui soit
otfert par vous.
Reproduction interdite po~r les journaux qui
m oat pM traita avec la Soo~ des sens de lettres.
A Berlin, il se produit un mouvement
assez curieux, dont on peut depuis quel-
ques années constater l'existence et noter
les progrés périodiques. Les radicaux par-
lementaires ceux qu'on pourrait appe-
ler en France les républicains formalistes
sont envahis et débordésparle uotmon-
tant de la démocratie ouvrière, et nous ne
serions pas étonné que les élections pro-
chaines ouvrissent les portes du Parlement
fédéral à quelques représentants du socia-
lisme International. C'est un phénomène
analogue à celui qui s'est produit en Fran-
ce aux élections de 1869, quand M. Carnot
s'est vu battu par M. Gambetta, M. Jules
Favre ballotté par M. Rochefortet M. Gar-
nier-Pagès par M. Raspail.
De Belgique, on continue à annoncer la
démission du cabinet actuel et II est de
fait que, à moins de recourir à des élections
nouvelles,.M. Frère-Orban et ses collègues
n'ont guère que ce parti à prendre et le
plus tôt possible. Notons pourtant que la
seule question à l'ordre du jour est celle de
la réforme électorale elle Intéresse l'opi-
nion publique bien plus que les personna-
lités appelées à faire partie du prochain mi-
nistère.
Un organe progressiste, l'Etoile &e~e,
avec une impartialité dont il faut lui savoir
gré, invite les chefs de la droite réformiste
à s'entendre avec la gauche radicale pour
là rédaction en commun d'un projet de
~réorganisation électorale aussi complet que
possible. La feuille belge pense que c'est la
seule issue à la situation actuelle. C'est
aussi l'avis de la .Presse, qui l'a déjà ex-
primé. Seulement, nous estimons que
r-Ë~Ot~e be~ye s'arrête en chemin ce n'est
pas seulement à une réforme électorale
que l'on doit arriver, c'est au principe
même des sociétés modernes, le suffrage
universel.
Le secrétaire de la. rédaction,
C.LEFÈVBE.
DÉPÊCHES TELEGRAPHIQUES
AUSTRO-HONGRIE
Vienne, 17juin.
On considère ici, dans les cercles bien infor-
més, la nouvelle donnée par le û'6Ht!ots, d'une
prétendue mésintelligence entre le prince do
Metternich et le duc de Gramont comme tout à fait
controuvée. On a tout lieu d'assurer que les rap-
ports amicaux entre ces deux hommes d'Etat
n'ont jamais été troublés.
ESPAGNE
Madrid, 17juin,soir.
Les Certes ont adopté le projet de réforme du
Code pénal. La discussion du projet relatif à l'a-
bolition de l'esclavage continue. Les séances' se-
ront suspendues demain.
Madrid, 17 juin, soir. `
La junte carliste a terminé la discussion sur le
manifeste qu'elle doit publier prochainement a
une grande majorité, elle a voté en faveur de l'in-
tolérance en matière de religion,. et, à une majo-
rité de deux voix, elle s est prononcée pour le ré-
tablissement de l'inquisition.
Le maréchal Serrano va mieux. Le ministre de
la justice est indisposé.
i. ÉTATS-UNIS~
Washington, 16juln.
La, Chambre des représentants a adopté, avec
une majorité de 17 voix, un ordre du jour de M.
BIngham qui autorise le président à faire des re-
montrances pour la façon barbare dont la guerre
est faite à Cuba. Si le président le croit oppor-
tun, il pourra solliciter la coopération des autres
gouvernements pour obtenir des belligérants
qu'ils respectent les usages de la guerre en vi-
gueur dans les pays civilisés.
.i..(~6'en.c6./7afCM.)
POUTtQUE GÉNÉRALE
LE PARLEMENT
LÉ CORPS LËGISLATIP
Au début de la séance, M. le duc de
Gramoht, en réponse à un désir exprimé
par M. de Kéra/try, annonce que les docu-
ments relatifs à la liquidation de l'indem-
nité mexicaine sont déposés à la questure.
L'expédition du général de~WImpfen,
dans le sud-ouest de rAIsérie, est. de la
M. de Vieillechèze l'emportera dans sa
voiture et j'irai le prendre à son hôtel.
A quelle heure part M. de Vieillechèze ?
A midi.
Prévenez-le qu'il recevra à onze heures
une boîte dans laquelle se trouvera le bou-
quet.
–Comment vous remercier de toutes vos
bontés, madame? `
En vous mariant promptement malgré
mes soixante ans, je veux danser à vos noces.
Je ferai tous mes efforts pour que vous
n'attendiez pas longtemps.
Le lendemain, à sept heures du matin, Vic-
tor Marcel se mit en route il arriva à Gevrau
un peu avant l'heure du déjeuner, qui se pas-
sa très gaîment. La distance à parcourir de
Gevrau aux Sables-d'Olonne, n'était que de
cinq lieues, mais comme il était impossible,
à cause de Reine, de faire ce trajet autrement
qu'au pas, on partit à une heure après midi.
M* Coquette était, nous l'avons dit, une
écuyère intrépide et manœuvrait son cheval
comme le cavalier le plus habile; il n'en était
pas ainsi de Reine.
II arriva un moment où le cheval de Victor,
impatienté de marcher au pas, allure à la-
quelle ne l'avait pas familiarisé son maître,
prit le galop, et celui de M~s Coquette s'em-
pressa de l'imiter. Reine ne s'attendait pas à
ce changement d'allure; elle perdit l'équili-
bre, lâcha sa mère et fut jetée a terre, laissant
voir à Victor une jambe admirablement faite.
Mais déjà celui-ci était descendu de cheval
et aidait Reine à se relever.
Lachute de la jeune nlle s'était effectuée le
plus doucement du monde; elle en fut quitte
pour la peur qu'elle avait éprouvée et delà
boue sur ses habite. C'était un de ces petits
accidents, si fréquents autrefois, que M" Co-
quette ne fit.qu'en rire.
Mais lorsqu'il fut question de remonter à
cheval. Reine refusa nettement dé reprendre
sa place derrière sa mère; elle afnrma que le
cheval de celle-ci était vicieux, et que, bien
certainement, il lajetterait denouveauà terre.
–Alors, dit M~ Coquette, monte sur le
cheval de M. Marcel.
Elle ne se le fit pas dire deux fois.
Victor sortit son pied de l'étrier, le main-
tint le bout en avant, et Reine s'en servit
comme d'un'escabeau en même temps, Vic-
part de M. de Kérairy, l'objet d'une ques-
tion relative à l'attaque du ksar d'Aïn-
Chaïr, qui n'aurait pas été bien combinée,
et surtout au meurtre de quinze prison-
niers arabes qui auraient eu le cou coupé
par des goums attachés à l'expédition.
M. le ministre de la guerre a répondu,
sur ce dernier fait, qu'il n'avait reçu aucun
rapport, mais que, dans tous les cas, même
le fait étant avéré, il' était impossible
qu'aucun ofiicier françalsy eût pris une
part quelconque. Quant au ksar d'Aïn-
Chaïr, si le général de WImpfen ne l'a pas
pris, c'est qu'il avait ordre de ne pas s'en
emparer. 1
Deux demandes d'interpellations de M. le
marquis de Piré, l'une sur le rappel des
deux branches de la maison de Bourbon,
l'autre sur la restitution des biens séques-
trés de la famille d'Orléans, produisent
F effet d'une surprise, sans causer d'ail-
leurs aucune émotion marquée.
Puis vient le déûlé ordinaire des péti-
tions.
Arrive la discussion des conclusions de
la commission qui propose le renvoi aux
bureaux de la proposition de MM. le comte
Le Hon et Jules Favre, relative à l'Algérie.
M. Jules Favre critique les derniers dé-
crets sur l'Algérie comme empiétant sur
le domaine législatif. Il rappelle le vote du
9 mars qui a condamné le régime militaire
et qui attribue au Corps législatif le droit
de régler désormais les destinées de l'Ai-.
gérie. Il cherche pourquoi on a proposé à
la Chambre un projet de loi, dès le com-
mencement clé juin, au lieu de procéder
par décret, et demande que le ministre de
la guerre s'engage à présenter, avant la fin
de la session, un système sur la question
électorale en Algérie.
M. le ministre de la guerre répond que
les décrets sont essentiellement transitoi-
res, et qu'on n'avait pas le temps de faire
une loi, ni de la promulguer.
M. Jules Ferry insiste, et M. le garde des
sceaux répond que le gouvernement ne
s'oppose pas au renvoi dans les bureaux,
mais qu'il demandera l'ajournement à la
session prochaine, la session étant fort
avancée. La réponse était prévue.
M. Picard demande si on ne pourrait pas
accorder aussi par décret des députés pro-
visoires à l'Algérie et le garde des sceaux
répond que la question est compliquée, et
que le gouvernement n'est pas prêt.
Bref, le renvoi aux bureaux est pro-
nonce.
La Chambre a voté le rejet dé la propo-
sition de M. Raspail qui demandait une
réforme radicale de la loi pénale, rien que
i cela~ et qui a prononcé à voix basse un dis-
cours que personne n'a entendu.
Puis, la séance a été terminée, après'un
échange de quelques paroles entre M. Beth-
mont et M. Philis, commissaire du gouver-
nement, par l'adoption du projet de loi
portant abrogation du décret de décembre
1851 sur des mesures de sûreté générale.
~On sait que le décret assimilait, sur cer-
tains points, aux repris de justice « les In-
dividus reconnus coupables d'avoir fait
partie d'une société secrètë.M Cette réfor-
me était depuis longtemps demandée, et il
est heureux que lès dernières traces de ce
décret aient disparu de nos codes.
LESMAT
Au Sénat, on a déposé un projet de loi
modinant la loi de 1832 sur le remplace-
ment militaire, avec un long exposé des
motifs, ainsi que la loi sur les annonces ju-
diciaires.
M. le baron Haussmann a aussi déposé
le rapport de la commission chargée d'exa-
miner les mesures à prendre contre les in-
cendies dans les régions boisées des Mau-
res et de l'Esterel. Le rapport est intéres-
sant, mais fort long, et un membre en a de-
mandé la lecture. Mais se voyant seul de
son ~vis, il s'est résigné à le lire le lende-
main dans le .ToH.r/te~ o~cte~qui, en eNet,
le publie ce matin. Avis à ceux qui seront
curieux d'en prendre connaissance.
Le reste de la séance a été occupé par la
lecture des rapports de pétitions, qui n'ont
présenté aucun intérêt.
FRANCIS RM.UX.
Le départ de ta cour pour Saint-Cloùd
n'aura pas lieu aujourd'hui, ainsi qu'on ra.Ya.it
annonce. Les préparatifs ont été contreman-
.dés à cause de l'Indisposition de l'Empereur.
tor enlevait la. jeune Rite, par les deux bras,
et laplaçàlt derrière lui. L'épais manteau du
jeune homme les enveloppait tous les deux.
–Tenez-moi bien, dit Victor, nous allons
prendre le pas allongé.
Reine passa son bras droit autour de là
taille de Victor, se rapprocha: davantage de
mi, et les chevaux prirent une allure assez
vive.
Victor était enchanté de cette façon de
voyager, qui établissait entre lui et Reine un
délicieux contact.
Lorsque le cheval de'M" Coquette prenait
la têt~ dans les passages étroits, Victor proii-
tait de l'occasion il se retournait vivement et
son visage se trouvait placé si près de celui de
Reine que le baiser naissait tout naturelle-
ment de ce rapprochement. Reine rougissait,
grondait un peu et se laissait faire sans trop
se défendre.
Puis, Victor faisait un temps de galop et
devançait M"" Coquette; alors Reine, toute
craintive ou faisant semblant de l'être–
poussait des petits cris de frayeur, enlaçait de
ses deux bras la taille de Victor et la serrait
étroitement, comme si elle eut redouté de
faire une chute; et la comédie du baiser re-
commençait.
Quand les deux chevaux marchaient sur la
même ligne, Marcel, de la main qui ne tenait
pas les,rênes, pressait la main dégantée de
Reine sur son cœur et lui en faisait sentir les
battements tumultueux.
II eût voulu que ce voyage ne se terminât
jamais.
A }'ontrée de la ville, les dames descendi-
rent de cheval Victor mit les montures dans
une hôtellerie, y prit avec Reine et M~° Co-
quette une collation, et tous les trois se diri-
gèrent ensuite vers la maison du directeur de
la poste.
Il était six heures et demie; c'était l'heure
de la marée montante, et, comme il arrive
presque toujours sur cette partie de la côte
française, durant la mauvaise saison, le vent
tourna subitement à l'ouest et &t naître une
pluie fine, intense et continue qui, bientôt,
transforma les rues èmm immense marécage.
Ce fut une cause de désolation pour les deux
femmes comment se rendraient-elles au bal?
Mais Victor, semblable à Guzman, ne con-
naissait pas d'obstacle :i! courut chez M. de
On dit, dans l'entourage da ta; cour, que les l'
douleurs ont été plus vives la nuit dernière,
et que Sa Majesté a demandé qu'on lui chan-
gea.! l'application des appareils.
Le conseil des ministres qui a lieu habi-
tuollemcat le samedi, àneuf heures du matin,
a dû être reculé ou ajourné.
Les célébrités médicales reconnaissent et
disent hautement que les souffrances qui ré-
sultent de cet état no présentent aucun dan-
ger, et que sous peu de jours l'Empereur re-
prendra le cours de ses occupations habituel-
les. de Afctc~atn.c.
Ainsi, la Chambre ne sera pas dissoute.
Le ministère, maigre les provocations des
amis qu'il Inspire, ne veut pas s'occuper
d'une loi électorale.
M. Chevandierde Vaidrôme l'a, déclare
hier dans une commission du Corps légis-
latif, en demandant le rejet d'une proposi-
tion de M. Guyot-Montpayroux.
Le ministre aurait promis et de mettre à
l'étude un projet relatif à l'augmentation
du nombre des sièges dans la Chambre et
de faire réviser par le Corps législatif le
décret fixant les circonscriptions électo-
rales.
M serait pourtant bon de s'entendre
Si le nombre des sièges est porté par une
loi de 393 à A50, une dissolution et des
élections générales sont la suite inévitable
de cette importante réforme.
Si le décret des circonscriptions est rem-
placé par une loi, c'est que le nombre ac-
tuel des députés sera maintenu pendant la
prochaine législature.
Il y a donc une contradiction formelle
entre les deux termes de la promesse mi-
nistérielle.
II est vrai que pour répondre nettement,
il faut savoir ce que l'on veut. Et c'est là
un mérite que ne recherche pas le cabinet
du~janvier.
du janvier. F. DE LA. PONTERIE.
U RETRAITE DE M. CLÉMENT DUVËRNOiS
Le~PeHp~e ~rançens enregistre la victoire
personnelle remportée par M. Emile 0111-
vier sur M. Clément Duvernois.
Notre éminent confrère annonce qu'il
abandonne « volontairement, bien qu'à re-
gret, )? la direction politique de ce journal.
11 est suivi, dans sa retraite, par la plupart
de ses collaborateurs.
Cette affaire, dont il est plus facile de
pénétrer que de rapporter les détails, a dû
coûter quelque souci à M. le garde des
sceaux. On se demande, cependant, où est
l'intérêt public qui justinait cet effort.
Tant que la franchise et le courage ne
consisteront pas à fermer la bouche à un;
adversaire ou à :Iui:briseB sa Pplunie dans
les mains, on jugera que M. Olllvier s'est
plus occupé de lui-même et de sa situation
que de nous, en faisant opérer de tels chan-
gements dans un journal dont certaines
circonstances particulières augmentaient
encore l'importance.
A ce point de vue même, la conduite du
ministre pourra sembler puérile. On trou-
vera qu'elle part d'un mouvement d'hu-
meur plutôt que de la réflexion.
Est-ce que M. Emile Olllvier peut croire
un instant qu'il ait réduit M. Duvernois au
silence? Nous pouvons le dire en toute hu-
milité grâce au réveil de l'esprit publie,
cesontbiënpiu~ les écrivains qui man-
quent aux journaux que les journaux aux
écrivains. M. Duvernois ne tardera pas
huit jours à reprendre la place qui lui ap-
partient dans nos rangs.
Le ministre espère-t-il que son contradic-
teur aura désormais moins de talent ou de
verve? Et pourquoi? –II ne peut qu'être
animé par ces tracasseries. Et l'on sait ce
que le dédain, la colère ou des sentiments
plus vigoureux donnent d'Inspiration,
même contre les puissants.
M. Olllvier pense-t-ir, ennn, que les~
opinions de M. Duvernois auront moins
d autorité dans tout autre journal que >e
dans le-PeMp~e? Mais alors il se propose
de lui faire interdire lés portes qui s ou-
vrent devant lui. Et cette inquisition à do-
micile, même chez les princes, serait une
curieuse application du régime constitu-
tionnel.
Tout cela, disons-le, est mesquin, vul-
gaire. C'était bien la peine de parler du
Bas-Empire pendant dix-huit ans pour en
VIeillechèze. Celu!-c!, même avant qu'H eût
ouvert la bouche, lui dit
–Je me doute de ce qui vous amène. A
quelle heure avez-vous besoin de ma voiture?
Lorsque vous n'en aurez plus besoin
vous-même.
–Alors vers neuf heures.
Merci.
Voulez-vous que je vous envoie immé-
diatement la caisse que j'ai à vous?
–Volontiers.
Mon domestique va vous accompagner.
Victor revint trouver les deux dames et leur
annonça qu'à neuf heures une voiture serait
à leur disposition.
–Vous êtes un homme merveilleux, dit M'
Coquette.
Quant à Reine, ellé déballait sa toilette et
ne songeait qu'à se faire belle.
–Nous n'avons que deux heures pour nous
coiffer et nous habiller. il ne faut pas perdre
de temps.
Je vous laisse, mesdames, quand vous
serez prêtes, vous sonnerez.
Victor sortit.
A neuf heures, le cocher de M. de Vieille-
chèze frappait à la porte de la maison, et à
dix heures, M" Coquette et Reine annon-
çaient qu'on pouvait partir.
Victor s'empressa d'accourir pour jouir, le
premier, de la vue de Reine en toilette de bal;
mais déjà les deux femmes étaient coiffées de
capelines et emmitoufflées dans leurs longs
manteaux.
,Déjà! s'écria Victor avec un accent de
regret.
M*"° Coquette ne comprit pas ic sens de
cette parole, et dit
Est-ce que la voiture n'est pas arrivée ?
Elle vous attend depuis une heure, ré-
pondit Victor, qui voyait les yeux de Reine
pétiller.
Cependant il voulait faire regretter à Reine
sa précipitation.
–Ne trouvez-vous pas qu'il vous manque
quelque chose? luidh~H.
Quoi donc ?
–Cherchezbien.
Reine chercha un moment.
–Je ne trouve pas, dit-elle.
Tenez, belle ingrate qui préférez à mon
admiration l'admiration de tout te mcnde, le-
venir aces pratiques Où sont les hommes
d'Etat qui nous débarrasseront de toutes
cespetitesses?
F.DELArONTERIE.
ECHOS DES CHAMBRES
Nous avons résumé hier l'importante décla-
ration du ministre de l'intérieur au sein de la
commission d'initiative parlementaire sur la
réforme électorale. Le gouvernement a résolu
de maintenir la Chambre actuelle pour toute
la durée de la législature; il se fonde sur ce
qu'il y a accord entre le cabinet OMIvier et la
majorité. H trouve la preuve de cet accord
dans l'apaisement qui s'est produit depuis
quelques jours du côté de l'extrême droite. On
voit que le cabinet respire plus à l'aise depuis
que les chefs de la droite ont calmé leu~ ar-
deur d'opposition. ''<
Les ministres ne sentent pas que ces dispo-
sitions peuvent se modiSer du jour au lende-
main.
Mais qu'importe ? La question de la réfor-
me électorale sera discutée en séance publi-
que. M. Chevandier de Vaidrôme a exprimé à
la commission le désir que le projet de loi de
M. Guyot-Montpayroux ne fût pas renvoyé aux
bureaux, c'est-à-dire qu'il fût repoussé.
Ce projet de loi consiste à porter le nombre
des deputés à J~30, et, par conséquent, à mo-
dIHer les circonscriptions électorales actuelles.
Le ministre a reconnu que cette question
devait, en effet, recevoir une solution avant
1873 il a annoncé que le conseil des minis-
tres en serait saisi en temps utile.
En attendant, nous nous tiendrons au cou-
rant de la résolution de la commission sur ce
projet plusieurs de ses membres nous lais-
sent espérer qu'elle sera débattue sérieuse-
ment contre les membres de la droite qui ont
applaudi aux dispositions des ministres sur la
question.
Un député faisait remarquer aujourd'hui
avec raison la tendance de la plupart de ses
collègues à favoriser la petite presse ou les
journaux littéraires et là presse départemen-
tale au détriment des grands journaux politi-
ques de Paris. Ainsi, la disposition de la loi
-nouvelle relative à la diminution d'un centime
est plus favorable aux journaux des départe-
ments qu'à ceux de Paris, puisqu'elle est 'de
moitié pour les premiers et d'un cinquième
pour les seconds. Dans tousies cas, cette trans-
action- vaut mieux qu'une loi mal faite qui
n'aurait satisfait personne.
La question des admissions temporaires
pour les tissus de coton a été discutée et ré-
solue par la commission d'enquête parlemen-
taire sur le régime économique, à l'occasion
de deux propositions de loi de MM. Tachard
et Crémieux, qui lui avaient été renvoyées par
la Chambre.
Quinze députés ont pris la parole dans cette
discussion. M. de Forcade la Roquette a sou-
tenu avec autant d'énergie que de talent le
systèmedes admissions, MM. Keller et Lefé–
bure ont réfuté aussi avec talent l'argumenta-
tion de rex-ministre.
La commission s'estprononcée, par 16 voix
contre 11,. pour le décret du 9 janvier qui
supprime les admissions temporaires et a
chargé, comme nous l'avons annoncé hier, un
député du Haut-Rhin, M. Lcfébure, de rédi-
ger un rapport sur cette question. Ce rapport
sera discuté en séance publique à la Chambre.
Le conseil d'Etat vient de consacrer une
.séance à discuter un proj et de loi transmis par
M. Plichon, ministre dos travaux publics, con-
cernant les concessions de travaux publics.!
Aux termes de l'art. du sénatus-consulte
du 25 décembre 1852, tous les travaux d'uti-
lité publique, toutes !es entreprises d'intérêt
Konéral devaient être ordonnés ou autorisés
par décrets de l'Empereur, rendus en conseil
d'Etat. On devait, toutefois, consulter la
Chambre si les travaux avaient pour condi-
tion des engagements ou des subsides du Tré-
sor.
Mais, comme on le voit, une division abso-
lue était faite entre le droit d'ordonner les
travaux, ,qui n'appartenait qu'au pouvoir exé-
cutif seul, sans conseil, sans contrôle, sans
avis des représentants du pays, et le droit de
voter les fonds qu'on leur avait laissé, il est
vrai peut-être parce qu'on ne pouvait pas le
leur ôter, et, qui en tout cas, ne constituait
qu'un contrôle bien Indirect et souvent bien
tardif.
M, Plichon a défendu son projet devant l'as-
semblée générale Il a défendu les préroga-
tives du pouvoir exécutif, qui se trouve ici,
dans une certaine mesure, en opposition avec
les garanties budgétaires. Six rédactions ont
été proposées, aucune n'a paru complétement
satisfaisante, et la rédaction de la formule a
été remise aux soins de la section.
F. LAURENT.
vez le couvercle de cette caisse, et voyez si je
penseàvous.
Et il poussa dans la chambre une petite
caisse qu il avait laissée à la porte.
Reine s'empressa de faire ce que lui disait
Victor elle leva le couvercle et poussa un
cridejoieetd'admiration.
Cette caisse contenait le bouquet promis
par la dame de la Clérissaie.
C'était un bouquet merveilleux, inouï, un
bouquet de reine, cueilli par un génie amou-
reux dans quelque jardin enchanté
Et c'est vous qui y avez songé? demanda
Reine, réellement émue cette fois.
Oui, répondit Victor. Etes-vous satis-
faite ?
Oh! bien joyeuse dit-elleau jeune hom-
me en lui tendant la main.
Puis, comme M"" Coquette prenait les de-
vants et était engagée dans le corridor, Reine
se pencha vivement vers Victor et lui dit tout
bas
–Voici pour le bouquet!
Les lèvres de Victor effleureront tes lèvres
de Reine!
XIV r
On ne se doute guère à Paris de tous les
moyens ingénieux employés par les provin-
ciales pour se rendre au bal, les jours de
pluie, dans les villes où il n'existe pas de voi-
tures publiques. Tout est mis en réquisition
les voitures particulières d'abord– quand H
en existe puis les tapissières des mar-
chands qui suivent les foires; les carrioles à
bâches de toile qui servent les jours de mar-
ché.
Les unes traînées par des chevaux, les au-
tres traînées par des mules, des ânes et même
des bœufs; les chaises à porteurs, il en
existait encore en Vendée en 1835 les im-
menses parapluies en toile de coton bleue,
verte, rouge, parapluies vastes comme ceux
qui abritaient jadis les marchandesdo iahalle..
Celles qui ne peuvent se procurer ni voiture,
ni tapissière, ni carriole, ni chaises a por-
teurs, se font porter à bras sur une simple
chaise, une servante suit le groupe et l'abrite
sous un large parapluie.
Et comme ces moyens sont parfois insufu-
sants pour se préserver do la pluie et de la
boue, toutes les élégantes se chaussent de longs
LA RECONNAISSANCE ESPAGNOLE
Le Journal de Paris veut bien se prêter a.
une rectincation timide en ce qui touche la.
fameuse convention franco-espagnole
On a beaucoup parlé, dit-i!, depuis quelque
temps, d'une convention qui aurait été conclus
entre la France et l'Espagne, pendant que M.
Emilo OlHvier faisait l'intérim du ministère des
affaires étrangères. D'après nos informations, les
renseignements qui nous ont été donnés à ce su-
jet par quelques journaux seraient fort inexacts.
Cotte convention serait relative, non pas à l'ex-
tradition des réfugiés, mais à l'exécution des ju-
gements en matière civile et commerciale. M. le
directeur des affaires commerciales aurait pris,
selon l'usage, la plus grande part à la rédactMa
de cette convention.
Nous n'avions lu dans aucun journal qu'it
fût question d'un traite d'extradition. Nous
avons toujours dit, au contraire, qu'il s'agis-
sait d'une convention relative à l'exécution
des jugements.. ~mini s1tère, a
De la part d'un ami du ministère, il y &
quelque mérite à parler de l'intervention de
M. le directeur des affaires commerciales dans
la rédaction de l'acte conclu.
Le directeur dos affaires commerciales est,
en effet, intervenu dans ce travail, mais pour
le remanier et le refondre entièrement.
La convention, telle qu'elle avait été dres-
sée à la chancellerie, était inexécutoire. On
prétend qu'au lieu de faire mention des noms
des plénipotentiaires, elle se bornait à dire
jp~re les soussM~es, comme .s'il se fût agi
d'une exploit entre deux huissiers.
Tant était grande dans M. OlMvier !a hâte
de signer cette convention et de la sceller du
sceau de ses armes.
Le Journ.a~ de T~arM ajoute
M. Emile Oïlivier n'a pas reçu la Toison-d'Or.
On lui a, il est vrai, offert l'ordre de Chartes 111,
qu'il a refusé, comme il a refusé, jusqu'à, ce jour,
toutes les décorations qu'on lui a onertes. C'est
à, la suite de ce refus que l'ordre des Dames no-
bles d'Espagne a été envoyé à M" Ollivier, qui
a cru ne pas pouvoir le refuser.
Nous enregistrons, malgré nous et en le re-
grettant, la dernière partie de cette confiden-
ce. C'est attribuer, à tort sans doute, un ca-
ractère politique à une distinction accordée à.
une femme jeune et dont le mérite est déjà
fort apprécié. M°~ Oïlivier devrait donc se
dépouiller de ces insignes s! la convention
signée par son mari était blâmée par la Cham-
bre, comme elle devrait l'être.
Quant à l'ordre offert à M. Emile Oïlivier,
nous persistons à croire que c'est l'ordre do
la Toison-d'Or. Accepte ofnclellement pen-
dant quarante-huit heures, ce témoignage, de
la juste reconnaissance de l'Espagne n'a été
refusé que par suite du mouvement très pro-
noncé de l'opinion. jF. de ~a .Pon~e~'e.
RENOUVELLEMENT
-DM'
CONSEILS GÉNÉRAUX
~ec<:orM des 7J' et 7~~m~.
IBcFnic!Br6smMa
Am~GB
Canton de Mas-d'Azil, M. Sans.
CORSE
Canton de Piana, M. Ceccaldi.
CantondeSartène,M.Roccaserra.
MORBIHAN
Canton de la Trmité-Porhoët, M. le comte Na-
poléon de Champagny.
MOSELLE
Canton de Gorzc, M. André.
.E'7're~et-– C'est par erreur que le YoMrMo~ of-
~Ct'e< du 1A a indiqué l'élection du canton do
Panges (Moselle) comme n'ayant pas donné de
résultat au premier tour de scrutin M. le baron
Sers a été proclamé conseiller général.
C'est également par erreur que M. Emile La.-
beyriea été porté dans le même numéro comme
'conseiHer général du canton d'Aire (Landes); c'est
M.deLabordequi'aétéélu. 1
C'est enfin à, tort que le conseiller générât
nommé dans le canton de Derval (Loire-Infé-
rieure) a été désigné sous le nom de Villard c'est
Allard qu'il faut lire.
r-y ,~7'7' 1" y.
NOUVELLES DE L'EXTERIEUR
L'Empereur vient d'écrire une lettre au
ma.Ire de Southampton en réponse à l'adresse
que le conseil municipal, de. cette ville avait
envoyée à Sa Majesté à l'occasion du complot.
Dans cette lettre, qui nous est signalée par
le télégraphe de Southampton, l'Empereur
dit:
Les sympathies que vous me témoignez me
touchent profondément, et j'y vois une preuve
bas, en laine épaisse, à Ja semelle feutrée, qui
préservent de toute souillure les souliers de
satin blanc et les bas de soie.; les jupes et !es
robes sont relevées, attachées à la taille avec
des rubans et un épais manteau couvre toute
la toilette.
Le vestiaire des dames présente, à l'arrivée
et au départ, un coup d'œll curieux toutes
les servantes sont là, munies de leurs lanter-
nes et des parapluies de famille, toutes bavar-
dant d'une façon assourdissante; on accroche
les manteaux et les capelines; .on ôte les
grands bas de laine; les jupons et les robes
s'abaissent, et la main discrète d'une maman
ou d'une amie les fait bouffer convenable-
ment, car la crinoline n'est pas encore in-
ventée,–et le fût-elle,que son usage seraitâ
peu près impossible pour la plupart des da-
mes. –On refait un nœud de ruban qui s'est
aplati; on plisse avec ses doigts une dentelle
frippée; on donne à la chevelure, dont l'har-
monie est souvent dérangée, un dernier coup
dépeigne; on met ses gants; puis, chaque
servante tire un miroir de. sa poche, on y
donne un coup d'œil et l'on attend le cavalier,
papa, frère ou amoureux, avec lequel on doit
faire son entrée dans le bal.
Le côté des hommes, car il y a vestiaire
pour les dames et vestiaire pour les messieurs
est non moins curieux. Tous arrivent au
bal chaussés de sabots par-dessus leurs sou-
liers vernis, et les vêtements maculés de boue.
Un domestique brosse celui-ci, revernit la,
chaussure de celui-là, aide un troisième qui n'a
pas les mouvements très libres, à se dévêtir de
son pardessus, de son manteau ou de son é-
paisse limousine. Et, au milieu de tout cela.
des murmures, des rires, des saluts, des poi-
gnées de main, des récits de chasse, une af-
faire qu'on ébauche, une partie de jeu qu'on
organise.
Enfin, chacun est dans un état présentable;
le tumulte s'apaise, on se bouscule un peu, on
se presse à l'entrée de la salle~ et déjà les dé-
nigrements, les coups de langue, les petits
cancans commencent; les haines et les jalou-
sies se révèlent dans les regards un seul
coup d'œil a suffi pour juger la toilette d'une
rivale ou d'une ennemie et en apprécier te
mauvais goût ou la grâce.
ARMAND LAPOINTE.
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