Titre : La Presse
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1870-06-12
Contributeur : Girardin, Émile de (1806-1881). Directeur de publication
Contributeur : Laguerre, Georges (1858-1912). Directeur de publication
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Description : 12 juin 1870 12 juin 1870
Description : 1870/06/12. 1870/06/12.
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/02/2008
vaient être attachées mais il faut, ce nous sem- p
Joie, étudier le document lui-même pour savoir c
dans quelle mesure M. Ollivier a fait à l'Egypte a
le sacrifice de nos intérêts politiques. Or, il exis-
tait, croyons-nous, un travail préalable fait par
M. Duvergier et par une commission, avant 1 in-
térim de M. Ollivier. Depuis trois mois, l'affaire 1
des capitulations était étudiée et l'intérimaire a
pu d'autant mieux apposer sa signature, que de-
puis qu'il est revêtu de fonctions officielles, ses
rapports personnels avec l'Egypte auxquels la
Presse fait allusion, ont pris fin.
Nous acceptons ce récit sans le con-
trôler.
Mais comment l'expérience de M. Bara-
gnon nel'a-t-ello pas averti que cette ex-
plication n'était pas un démenti, mais un
aveu circonstancié ?
La question était à l'étude depuis trois
mois. Quelle est donc la raison d'ur-
gence qui a porté M. Emile Ollivier à si-
gner un document d'une telle conséquence
pour les intérêts de nos nationaux ? Com-
ment n'a-t-il pas été arrêté par le souvenir
de sa situation récente et de ses liens avec
le gouvernement du khédive ? Il n'a pas
pu donner quinze jours à" M. de Gramont
pour arriver; et au lieu de réserver la solu-
tion à son successeur, au milieu des em-
barras du plébiscite, il n'a pas hésité à
mettre au bas d'un acte si grave sa signa-
ture, à lui, ancien agent judiciaire du vice-
roi 1
Il n'est pas, d'ailleurs, tout à fait exact
de dire, comme le fait le Centre gauche,
que les liens qui attachaient M. Emile 01-
livier à l'Egypte soient désormais rompus.
S'ils sont brisés en fait, ils ne sont que dé-
tendus moralement. Et, en effet, il est im-
possible que le garde des sceaux n'ait pas
conservé une reconnaissance particulière
.envers le vice-roi qui n'a pas laissé sortir
de la famille Ollivier cette charge fruc-
tueuse.
C'est sur ce point précis, de convenance
personnelle et d'opportunité, que nous a-
vohs en vain, depuis trois jours, demandé
des explications au gouvernement. Et si
l'on nous interroge, nous dirons pourquoi.
F. «DE LA PONTERIE.
Voici en quels termes un des journaux
les plus sincères et dont on ne soupçonne-
râpas l'hostilité, apprécie l'affaire des ca-
pitulations.
On lit dans le Journal de Paris
Une pétition couverte de plus de deux cents si-
gnatures a été adressée à M. le garde des sceaux
parlés Français d'Alexandrie, et des adresses de
la même nature se signent au Caire, à Port-Saïd,
à Ismaïlia. Le gouvernement ne peut donc accep-
ter légèrement la réforme proposée par le vice-
roi. Sous la foi des capitulations, trente mille na-
tionaux se sont établis en Egypte, des capitaux
immenses y ont créé de florissantes industries
ils sont en sûreté à l'abri' de notre pavillon, sous
>la protection de nos lois, de nos cousais et de nos
tribunaux. Abolir les capitulations, serait d'un
coup les livrer à la merci de l'arbitraire et de
l'ignorance. -rLonis Teste.
Nous le demandons encore une fois dans
la situation personnelle de M. Emile Olli-
vier, lui convenait-il d'essayer de résoudre
une telle question ? F. P. ·
ÉCKCS DES CHAMBRES
Peu de temps après l'ouverture de la séance
du Corps législatif, on a remarqué hier un
mouvement d'allées et venues de AI. Plichon,
ministre des travaux publics, avec des dépu-
tés et des personnes étrangères à la Chambre,
qu'on nous a dit -êtr-edes notabilités suisses. Puis
sont venus le garde des sceaux et le ministre
des affaires étrangères qui, au bout de quel-
ques instants, se sont réunis, pour conférer
avec M. Plichon, dans le salon du Roi. C'est
dans cette conférence, après s'être assurés
que le député de l'Allier était bien décidé à
poursuivre son interpellation sur le projet
de chemin de fer du Saint-Gothard, que les
ministres ont décidé de demander l'ajourne-
ment de l'interpellation au lundi W de ce
mois.
La Chambre leur a accordé ce délai qui
permettra aux ministres de préparer leurs ré-
FEUILLETON DE LA PRESSE
du là juin 1870 8
REINE COQUETTE
SCÊNSS DE LA VIE DE PROVINCE
VIII
Mrn6 Coquette avait un peu exagéré l'aban-
don dans lequel on laissait sa maison depuis
le duel de Victor avec M. de P. cependant,
il y avait du vrai dans ce qu'elle avait dit à ce
sujet. Plusieurs des amoureux de Reine qui
connaissaient la cause de ce duel dont l'issue
était encore pour eux enveloppée de mystère,'
redoutaient une rivalité qui leur semblait
dangereuse, et avaient cessé toute visite à la
maison de la route de Niort; les autres, plus
épris ou moins accessibles à là crainte, conti-
nuèrent à faire leur cour à la belle Reine
mais lorsqu'on apprit que Victor Marcel pas-
sait plusieurs heures chaque jour chez M.1"6
Coquette, qu'il y allait souvent deux fois dans
la même journée, tous les galants se retirèrent
successivement et des haines féroces et sour-
noises des haines de province s'accu-
mulèrent sur la tête du jeune homme.
Le but des deux femmes était atteint
« L'homme amoureux, dit Salomon dans
.ses Proverbes, suit la femme comme un bœuf
que l'on mène au sacrifice »
Tel était Victor Marcel.
Il aimait follement, mais il n'était point
aimé!
Un écrivain qui a dit souvent de dures vé-
rités au beau sexe beau rarement,
hélas prétend que les femmes, pour la
plupart, ne nous aiment pas; qu'elles ne choi-
sissent pas un homme parce qu'elles l'aiment,
mais parce qu'il leur plaît d'être aimées par
lui.
Cette affirmation s'appliquait assez juste-
ment à Reine elle aimait l'amour de tout le
'monde, mais aucun homme, pas même
̃Victor, n'avait le pouvoir de lui faire aimer
sa personne; elle youlâitprélever l'amour à tout
prix, comme les ro$s absolus lèvent les impôts;
elle recevait, mais ne donnait jamais.
Reproduction interdite pour les journaux qui
n'ont pas traité avec la Société des gen&de lettres.
ponses aux questions délicates que soulève s
cette entreprise pour laquelle M. de Bismark ·
a promis une subvention de vingt millions
de florins et qui rendrait la Prusse maîtresse
d'une voie stratégique à travers la Suisse vers
l'Italie.
M. Chesnelong, obligé de retoucher plu-
sieurs parties de son rapport sur les budgets,.
par suite des dernières résolutions prises, a
remis ce matin ^à l'impression tout son ma-
nuscrit.
On pense que la discussion commencera
vers le 35.
Le nombre des amendements proposés est
de Ih, dont un certain nombre sont impor-
tants.
C'est sur la proposition de M. Martel que 1b
commission du budget a pris la résolution d'o-
bliger le ministre des finances à publier doré-
navant au Journal officiel les nominations des
receveurs généraux, des percepteurs et des re-
ceveurs particuliers.
On parle d'obliger le ministre des finances
à publier chaque trimestre les nominations
faites aux débits de tabac importants.
Le ministère so préoccupe des moyens de
pouvoir vivre jusqu'à la fin de la session; il
négocie activement avec les diverses commis-
sions qui ont adopté des résolutions contrai-
res aux vues et aux plans des ministres, com-
me par exemple les commissions pour les oc-
trois et les boissons, pour le traitement des
sénateurs. L'opinion dans le Corps législatif.
paraît être que le ministère est encore réser-
vé à plusieurs graves échecs.
Nous avons annoncé, jeudi, que la com-
mission relative à la suppression de l'impôt
du timbre sur les journaux avait été d'avis
d'accepter le projet présenté par M. Segris.
Pour être exact, nous devons dire que cinq
membres seulement contre quatre ont été
d'avis d'adhérer à ce projet, avec cette res-
triction, toutefois, qu'au lieu de la date du
1er janvier 1872, la prochaine loi serait ap-
pliquée au 1er janvier 1871.
t Le ministre des finances a déclaré aux
députés que l'équilibre du budget ne lui per-
mettait pas d'appliquer la nouvelle loi avant
187â. ,̃.̃•-
Les quatre membres qui représentent la
minorité de la commission repoussent le pro-
jet. On dit que les cinq vont aussi le repous-
ser. Le projet ministériel est impraticable.
La disposition qui frappe les annonces d'une
taxe de 3 centimes au profit du-Trésor sera
l'objet, à la tribune, d'une discussion appro-
fondie et d'une attaque en règle de la part do
plusieurs membres de la commission.
M. Clément Duvernois quitte dès demain la
direction politique du Peuple français'. On
ignore encore et le nom de son successeur et
le sort qui est réservé à la' rédaction actuelle
du journal.
F. LAURENT.
_1.
On lit dans le Journal officiel
Un arrêté ministériel, en date du 13 juin 18G8,
a institué au ministère des affaires étrangères
un concours annuel pour l'admission aux places
d'attaché vacantes dans les bureaux de la direc-
tion des consulats et affaires commerciales. Ce
concours vient d'avoir lieu pour la troisième fois.
Pour être admis à concourir, les candidats doi-
vent être âgés de vingt-cinq ans an plus, justi-
fier du diplôme de licencié dans l'une des trois
facultés de droit, des lettres ou des sciences, et
posséder au moins une langue étrangère. L'exa-
men porte sur les matières suivantes « Econo-
mie politique, droit dos gens, droit administratif,
droit commercial et maritime, histoire diploma-.
tique depuis la paix de Westphalie, géographie,
langues vivantes. » Les concurrents sont soumis
à des épreuves écrites et orales, à la suite des-
quelles la commission d'examen, désignée par le
ministre, arrête leur classement par ordre 'do
mérite. Les places de surnuméraire mises au con-
cours sont accordées par décision ministérielle.
Ces épreuves attestent que les jeunes gens qui
aspirent à entrer dans la carrière consulaire s'y
sont préparés par de sérieuses études. Le stage
qu'ils sont ensuite appoiés cà faire dans les bu-
reaux de la direction des consulats les initie aux
travaux administratifs enfin, les fonctions qu'ils
remplissent plus tard, comme élèves consuls,
auprès d'un consul général, les mettent à même
de compléter leur instruction par la pratique des
'̃̃ affaires, et de, se perfectionner dans la "connais-
La conquête de Victor Marcel occupa son
imagination pendant quinze jours; mais Vic-
tor, comme tous les hommes sincèrement épris,
s'adressait plutôt au cœur qu'à l'imagination
or, comme le cœur faisait complètement dé-
faut à Reine, elle se fatigua d'un adorateur qui
ne lui payait point le tribut d'encens et de
louanges qu'elle était habituée de recueillir;
elle eût même fait volontiers le sacrifice de cet
adorateur si elle n'eût pas entrevu, dans l'a-
bandon de Victor, le triomphe d'une rivale.
Jusque-là, elle n'avait connu du sentiment
que la menue monnaie de galanterie, iimou-
reuse que lui prodiguait à pleines mains une
jeunesse désœuvrée; aujourd'hui, placée enface
d'une passion sérieuse- qui ne laissait aucune
porte ouverte à la pure galanterie, aux com-
pliments outrés et à la flatterie, elle éprouvait
des regrets de l'existence passée qui offrait un
si vaste champ au jeu de sa coquetterie. Au-
trefois, elle vivait au sein d'un concert de
louanges qui la charmait; maintenant, c'était
souvent le blâme blâme bien timide, il est
vrai, et doucement exprimé– qui frappait
son oreille. La différence était trop grande
pour que son esprit étroit s'y habituât; elle
acceptait les assiduités de Victor comme le
prisonnier accepte un compagnon désagréa-
ble, par la crainte de la solitude et de l'en-
nui.
Sur ces entrefaites, arriva de Saint-Gilles
un petit-neveu de M. Coquet, qui allait à Poi-
tiers commencer ses études de droit; c'était
un garçon de dix-huit à vingt ans, bien fait
de sa personne, mais d'une nullité d'esprit dé-
sespérante, et, comme il arrive presque tou-
jours dans ce cas, d'un fatuité qui n'avait d'é-
gale que sa sottise; élevé, du reste, comme
presque tous les enfants du pays,, dans l'a-
mour de la propriété et le profond dédain des
étrangers, un du Clouzeau en herbe! Le jour
où il fit sa visite chez M. Coquet, Victor Mar-
cel se trouvait chez celui-ci; le jeune Ven-
déen embrassa les deux dames, tutoya Reine,
l'accabla de compliments, prit toutes sortes
de libertés avec elle et ne salua pas Victor.
Le front de ce dernier se rembrunit, moins
à cause de l'impolitesse du personnage qu'à
cause des familiarités qu'il se permettait avec
Reine et que Mme Coquette tolérait. Quant à
Reine, semblable à ces enfants mal élevés, qui
bravent sous les yeux mêmes de leurs parents
l'ordre qu'on vient de leur donner, elle re-
gardait sournoisement Victor, de temps à
autre, comme si e}lo ^eût voulu éprouver sa
patience, et se livrait aux lutinerjes de son
jeune parent. Victor avait la rage dans le
cœur, et le pourpre lui montait à la figure il
demeurait froid et silencieux à mesure que
Reine semblait prendre à tâche d'exciter sa
jalousie et sa colère. Elle jouait avec le feu et
essayait son pouvoir.
Quel jour pars-tu pour Poitiers ? deman-
da Mme Coquette à son parent,
sance des langues étrangères. Aussi, il est permis
l'assurer que quand, après Kce double stage, qui
comprend rarement moins de douze innées, ils
irrivent au grade de consul de deuxième classe,
ils offrent toutes les garanties que l'administra-
tion peut exiger.
Les avantages d'un mode de recrutement basé
sur les concours ont déjà pu être appréciés dans
toutes les administrations e*ui l'ont adopté; le
département des affaires étrangères doit d'autant
plus se féliciter d'en avoir fait l'essai, qu'il sem-
ble particulièrement approprié à la spécialité de
ses travaux, et aux connaissances exigées dans
ses divers services.
'̃
NOUVELLES DE L'EXTÉRIEUR
ALLEMAGNE
On lit dans la Correspondance de Berlin
Le Conseil fédéral vient d'adopter à l'unanimi-
té, le nouveau code pénal, tel qji'il est sorti des
délibérations de Reichstag.
Le gouvernement saxon a déclaré que faisant
céder ses propres scrupules et ses objections à
l'intérêt de la cause nationale, il n'hésitait pas à
voter pour l'adoption du nouveau code les fon-
dés de pouvoirs des gouvernements de Mecklem-
bourg, de la llesse-Darmstadt, d'Oldenbourg et
de Méningen ont motivé de la même manière leur
vote d'approbation.
DANEMARK
On écrit de Vienne 7 juin à la Gazette de
̃Carlsrahe: `
On apprend que le nouveau cabinet danois a
été mis en demeure, par une invitation émanant
d'une partie non directement intéressée, d'exiger
enfin la solution définitive delà question du Nord-"
Schleswig. Mais on assure que ce cabinet a repous-
sé cette ouverture, en délarant que, sans doute, il
ne renoncerait à aucun des droits acquis au Da-
nemark en vertu du traité de Prague, mais qua,
pour le moment, il ne pouvait juger opportun de
pousser de nouveau à une solution que, dans les
circonstances actuelles, il était impossible d'ob-
tenir.
LA POLICE URBAINE
La réclamation dont je me suis fait l'in-
terprète auprès de M. le préfet de police,
dans un intérêt de sécurité publique, m'at-
tire de nombreuses communications.
Un des abonnés de la Presse m'écrit
Dimanche dernier, jetais sur les boulevards
extérieurs, devant l'Elysée-Montmartre, écoutant
la fin d'une discussion entre un sergent de ville
et un tout jeune homme.
A ce moment (il était dix heures du soir) arrive
au galop une grosse voiture de maraîcher sans
lanterne. Un cocher de fiacre la poursuivait à
pied. Il parvint à l'atteindre à dix pas de nous
il saisit le cheval par la bride et arrêta la voi-
ture.
II reprochait vivement aii maraîcher d'avoir,
en passant, bousculé son fiacre.
Une discussion très violente s'éleva entre ces
deux hommes. Le maraîcher frappait son cheval
pour se dégager; mais il finit par s'apercevoir
qu'il ne vaincrait pas l'obstination du cocher de
nacre et il se laissa emmener chez le commis-
saire.
Cette lutte avait duré près d'une demi-heure.
Plus de cinq cents personnes, attirées par le bruit,
se trouvaient là groupées. Pendant tout ce temps,
pas un sergent de ville n'a paru. etc.
Je .reçois en même temps d'un très ho-
norable officier supérieur la lettre sui-
vante
Monsieur, Paris, le 8 juin 1870.
Je lis à l'instant la lettre pleine d'intérêt que
vous adressez à M. le préfet de police pour lui
signaler l'insuffisance des agents à pied, et
l'absence regrettable de patrouilles à cheval,
spécialement dans les quartiers neufs.
Dans mie pétition que j'adressais dernière-
ment au Sénat, pour proposer d'importantes mo-
difications à l'application de la peine de mort, et
surtout au régime pénitentiaire actuel, l'hono-
rable rapporteur a jugé à propos, sans doute, de
ne présenter que la partie, plus ou moins étrange
de ma proposition, (qui, si elle était mise en pra-
tique, forcerait du moins le jury à participer so-
lennellement à l'exécution de l'arrêl).
Sans revenir sur ce sujet, qui se représentera
forcément de lui-même sous la plume des pu-
biscites d'aujourd'hui ou de l'avenir, ne pourriez-
vous, monsieur, ajouter à votre lettre un P.-S.,
dont j'emprunte les termes à cette même pé- j
tition
« Pourquoi ne pas rendre la sécurité due aux j
» communes suburbaines en établissant des ron-
Ce soir, répondit celui-ci; mais si vous
vouliez m'offrir l'hospitalité, et si Reine m'en
priait, je resterais jusqu'à la fin de la semaine
avec vous.
Eh bien, je t'offre l'hospitalité, reprit
Mme Coquette étourdiment.
Et moi, dit Reine, je te prie de rester
avec nous toute la semaine. et les suivantes.
Ah c'est trop fort murmura Victor.
Il prit son chapeau, salua froidement les
deux dames et s'élança dehors; mais déjà Mme
Coquette s'était aperçue de l'imprudence
qu'elle venait de commettre; elle sortit après
Victor et le rejoignit dans la cour.
Où allez-vous donc? lui demanda-t-elle.
Mais chez moi, madame.
Restez à dîner avec nous. Monsieur est à
la campagne, nous passerons la soirée en-
semble.
Je craindrais, madame, de gêner les tou-
chantes effusions de famille dont j'ai été déjà,
bien malgré moi, le témoin importun.
Est-ce que mon neveu vous déplairait?
Les imbéciles, les gens grossiers et les
impertinents me déplaisent toujours. Adieu,
madame.
Victor était dans la rue.
Malgré lui son regard se porta vers la fenê-
tre' du salon; il vit- là, le visage collé aux vi-
tres, Reine qui guettait son passage. Lorsque
le jeune homme fut en face d'elle, elle frappa
le carreau de son ongle rose pour attirer son
attention, et, s'enveloppant dans le rideau de
façon à ne pas être vue de l'intérieur, elle
porta son doigt à ses lèvres et fit un geste que
Victor pouvait prendre pour l'envoi d'un
baiser.
Il s'arrêta un instant, le cœur ému mais le
rideau reprit sa place et la vision disparut.
Oh! enchanteresse perfide! s'écria-t-il,
ton cœur n'est que mensonge et fourberie
Qu'eût-il donc dit s'il eût su qu'au moment
où Reine semblait lui envoyer un baiser, la
main qu'il ne voyait pas était abandonnée aux
caresses du jeune cousin J
Cela a été dit avant vous, mon ami, par
le roiCodrus, un. Athénien, repartit une voix
derrière Victor.
11 se retourna vivement et se trouva en pré-
sence de M. de Vieillechèze.
Vous m'avez donc entendu? demanda l'a-
moureux.
Parbleu vous jetez vos imprécations
au vent heureusement que je suis seul à les
recueillir.
Victor Marcel eut un moment de rage.
Je voudrais, dit-il, que tout le monde les
entendît afin qu'on fût bien- convaincu de ma
haine pour les femmes.
Pour les femmes, oui Pour la fem-
me, non observa judicieusement M. de Vieil-
lechèze.Vous dites avec le poète
Je hais ce sexe en gros, je l'adore en détail.
«des de nuit militaires, qui circuleraient "d'un e
» fort à l'autre?. » g
Je vous serai très reconnaissant, monsieur, si
vous voulez bien accorder la publicité delà Pressa
à une réclamation que vous jugerez sans peine
bien légitime par le temps d'assassins qui court.
Agréez, monsieur, d'avance, mes très sincères (
remerciements pour votre excellente lettre, et
croyez à mes sentiments de haute considération.
E. DALCHÉ DES l'LANELS,
chef d'escadron de gendarmerie en
retraite, officier de la Légion
d'honneur.
Encore, une fois, je remets cette cause
entré les mains de M. le préfet de police.
Elle est la sienne comme la nôtre. Il est
impossible que des réformes urgentes ne
soient pas apportées dans le service de la
sûreté.
F. DE LA rONTERIE.
CAUSERIE
Allons bon! voilà autre chose maintenant
Le royaume de Monaco est en insurrection,
l'hydre de l'anarchie s'y promène et menace
de tout mettre à feu et à sang.
Et notez qu'il n'y a pas dans, tout le royau-
me, un verre d'eau pour éteindre cet incendie
révolutionnaire puisque le fleuve de l'en-
droit, le Paillon, est si pauvre que les indi-
gènes y_font « sécher leur linge. »
Qui est-ce qui a eu l'imprudence de dé-
museler cette hydre? Les uns accusent le
célèbre capitaine Doineau, ancien chef de
bureau arabe, expulsé pour je ne sais quel
motif de la principauté? Il paraît que c'est
lui qui fomente les (roubles.
D'autres s'en prennent au roi. Que lui re-
prochent-ils ? Je ne le sais pas trop au juste
de n'être pas assez libéral probablement?
Charles III, fort de sa conscience et se ba-
sant sur un règne, consacré depuis quatorze
ans au bonheur du peuple, tient tête à cette
tempête, réduction Collas, et se borne à télé-
graphier simplement de son château de Mar-
chais, près Laon, des dépêches que le gouver-
neur lit aux mutins par la fenêtre de son pa-
lais.
Ceux-ci crient de plus belle et no parlent
plus que de carnage ils courent aux fusils
-mais ils se brisent devant la résistance hé-
roïque du cordonnier du prince, qui a enfer-
mé dans une armoire les dix fusils de l'ar-
mée, et qui en a serré la clé dans sa poche.
Repoussés par l'intrépide cordonnier, les
farouches insurgés se ruent sur les canons qui
ornent la terrasse du palais et s'en emparent.
Hélas ces canons ont été encloués sous
Louis XIV et ne peuvent plus servir qu'à faire
des grelots. Gris et fureurs. Le cordonnier ri-
cane avec dédain.
Troisième dépêche du roi «Si vous ne vous
tenez pas tranquilles, je vais vous envoyer ma
garde d'honneur qui vous mettra au pas. »
Le peuple, qui sait à quoi s'en tenir sur les
forces effectives de la garded'honneur, devient
furieux et s'emporte en vociférations.
On fait une barricade avec une petite voi-
ture pleine d'oranges, dans le tas desquelles
on plante un drapeau rouge. Les insurgés se
groupent derrière ce bastion improvisé, farou-
ches et décidés à bombarder la garde d'hon-
neur avec les oranges eu à les manger
toutes.
Le cordonnier intrépide continue à ricaner
et s'obstine à garder dans sa poche la clé des
dix fusils de l'Etat.
Les choses en sont là, dans une situation
extrêmement tendue; le roi s'entête à ne pas
céder, et c'est ainsi que les dynasties s'écrou-
lent Fatal entêtement les leçons du passé
ne serviront donc jamais aux grands de la
terre
Nous n'aurons pas le cœur de plaisanter en
présence d'une crise aussi grave, et qui peut
compromettre tout l'équilibre européen. On
dit cependant que l'Empereur Napoléon III a
été informé de ces événements, et même on
ajoute qu'il a souri en haussant les épaules.
Etrange étrange
Et pendant que la monarchie de Monaco se
débat et agonise, ainsi qu'on vient de le voir,
sous l'étreinte terrible de « l'hydre, » il s'est
trouvé, le eroiriez-vous? une centaine d'hom-
mes indifférents à cette crise grandiose, et qui
ontmassacré,hier, des pigeons innocents sous
prétexte de Skating-Club
Il y avait là 23 Anglais (tous captains), SI
Français, 5 Américains, 2 Russes et 1 Suisse,
i qui, tranquillement, épaulaient des carabines
Si cela continue, je deviendrai fou.
Que n'usez-vous de mon remède?
Lequel? demanda Victor.
La fuite c'est le seul que je connaisse. I
Hélas soupira le jeune homme.
Oui; je comprends, ce moyen est par
trop héroïque
–Je vousplains sincèrement, mon cher Mar-
cel, car la belle Reine est une sirène dange-
reuse pour un cœur loyal et sincère comme
le vôtre.
M. de Vieillechèze s'interrompit brusque-
ment et contemplant avec un sourire plein de
malice la figure bouleversée de son ami, il lui
dit:
Voulez-vous que je vous rende un ser-
vice ?
A propos de Reine? demanda Victor.
Un peu, et beaucoup à propos de cer-
tain petit cousin qui est, si je ne me trompe,
la cause de vos ennuis en ce moment.
Qui vous a dit?
Personne! Ce qui ne m'empèchp pas de
tout savoir.
Expliquez-vous, de grâce
Oh! c'est bien simple, allez! Du Clou-
zeau, qui vous déteste la seule chose qu'il
sache faire -r--a a monté la tète à Auguste Du--
fougerais, le jeune cousin, et lui a promis
monts et merveilles s'il parvenait à vous faire
battre en retraite. J'étais à côté d'eux, j'ai
tout entendu. La coquetterie de la fille, la
sottise de la mère et votre jalousie, bien peu
raisonnable lorsqu'elle s'exerce à propos d'un
idiot tel que Dufougerais, ont donné à celui-ci
l'apparence d'une victoire. Que diriez-vous
d'une bonne leçon infligée aux deux Coquette,
du départ immédiat du cousin et d'un gros dé-
sappointement pour cet imbécile de du Clou-
zeau ?
Par quel moyen? demanda Victor.
C'est mon secret.
Victor' semblait hésiter.
Au fait, je suis bien bon de vous consul-
ter, reprit M. de Vieillechèze. en riant; je
m'ennuie à mourir aujourd'hui, et voilà une
distraction toute trouvée; ce sera une bonne
action en même temps qu'un plaisir ce qui
est chose rare et vous seul en profiterez.
Adieu, Marcel
Victor voulut retenir son ami Vieillechèze,
mais celui-ci était déjà à la porte de M" Co-
quette, et le marteau retentissant faisait ac-
courir un domestique.
IX '•"
il était trois heures de l'après-midi.
À quatre heures, M. de Vieillechèze et le
jeune Dufougerais sortirent de chez Mnie Co-
quette.
Nous dînons à six heures, dit cette der-
nière à son petit-neveu, sois exact.
et descendaient l'oiseau cher à Cypris, pour j 1
gagner une coupe de porcelaine, présent de
l'Empereur, ajoutée, il faut tout dire, au to-
tal des poules, fixées à cent francs la pièce.
Quelque pénible que soit cet aveu, quel-
qu'humiliant qu'il soit pour la France, nous
sommes forcé de convenir que la victoire n'a
pas combattu sous nos drapeaux. La palme
du pigeon a été décernée au fils de Guillaume
Tell, M. François Hottinguer, un tireur mé-
thodique et grave, qui tire avec une précision
miraculeuse et n'a pas manqué une seule
pièce. Dix coups de fusil, dix pigeons tués.
La vieille Iièlvétie en a bondi d'orgueil jus-
que dans ses montagnes, siciit arides et
agni ovium.
La France est battue! inclinons-nous, com-
me il convient à des adversaires courtois, de-
vant le vainqueur étranger. Il reste, du moins,
aux chauvins français cette joie amère de so
dire f
Ce n'est pas l'Angleterre qui nous a
vaincus
Si la palme de la carabine nous échappe, il
y en a une qui nous reste, celle de l'ingé-
niosité.
Le Gaulois raconte un nouveau truc que
vient d'inventer le citoyen Gavroche pour
écouler, sans rien perdre, les pièces du pape.
Avec un poinçon ou une aiguille d'acier il
trace des cheveux sur la calotte de Sa Sain-
teté et les ramène légèrement sur les tempes.
Puis il fait de longues moustaches, une
impériale pointue et complète le tout en usant
un peu le col de la soutane papale.
A un mètre, on jurerait 1 Empereur Napo-
léon III, et les plus fins s'y laissent prendre.
Voyons, là, en bonne conscience, le procédé
ne vaut-il pas deux sous ? `?
Et Gavroche n'est-il pas le plus ingénieux
gamin du monde ?
GEORGES MAILLAUD.
NOUVELLES DU JOUR
Des ordres avaient été donnés, il y a deux
jours, pour l'installation de l'Empereur et de
l'Impératrice à Saint-Cloud. Ces ordres viennent
d'être contremandés la cour n'ira à Saint-Cloud
que samedi prochain.
Demain dimanche, il y aura aux Tuileries un-
dîner de quatre-vingts couverts. Des invitations
ont été adressées a un grand nombre de séna-
teurs. '̃̃
Ce matin, à neuf heures, il y a eu conseil des
ministres aux Tuileries, sous la présidence de
l'Empereur.
Le ministre de l'agriculture et du commerce
étant dans l'impossibilité de présider la séance de
la Société centrale et impériale de France, qui
devait avoir lieu le 12 juin, cette séance est re-
mise au dimanche suivant, 19.
Les billets portant la date du 12 seront reçus
le 19.
Le président du Sénat ne recevra pas ce soir.
Le Journal officiel publie un décret portant
promulgation do la convention concise le Il mai
1870 entre la France et la Belgique, ejt relative à
l'établissement d'un chemin de fer d'Armentières
à Ostende.
M. L. Sédillot, secrétaire du Collège impérial
do France, a «té nommé officier de la Légion
d'honneur.
Par arrêté ministériel, en date du h juin, MM.
Raindre (Gaston), licencié en droit, bachelier ès-
sciences Drouin (Albert), licencié en droit, ba-
chelier ès-scieuces; Lacaze (Alfred), licencié en
droit, ont été nommés attachés surnuméraires à
la direction des consulats et affaires commerciales
du ministère des affaires étrangères.
Une cérémonie imposante a attiré, ce matin,
dans l'église Saint-Sulpice une assistance nom-
breuse et distinguée. Mgr Àlouvry, ancien évêcnie
de Pamiers, a fait l'ordination pour le diocèse
de Paris. Le vénérable prélat, assisté des vicai-
res généraux et en présence des directeurs et
professeurs, du séminaire de Saint-Sulpice, a con-
féré la prêtrise, le diaconat ot le sous-diaconat à
plus de quatre-vingts ordinants destinés aux ser-
vices des paroisses et des missions étrangères.
En outre, cent lévites ont reçu les ordres mi-
neurs.
L' Indépendant de la Drame annonce que, de-
Comptez sur moi, répondit celui-ci
M. ûpt Vieillechèze avait entraîné Dufouge-
rais de chez Mme Coquette sous prétexte d'al-
ler au café. Lorsqu'ils se trouvèrent sur la
place, il sembla changer d'idée et dit au jeune
homme
Réflexion faite, je t'emmène chez moi;
cela vaudra mieux que d'aller au café. J'ai des
liqueurs sans rivales et de vieux cigares, nous
allons, pour fêter ta présence, déboucher les
flacons et défoncer les caisses. Tu fumes,
n'est-ce pas?
Pardieu
Dès qu'ils furent arrivés, M. de Vieillechèze
fit augmenter le feu de son cabinet, où ils s'é-
taient installés, par l'addition, dans le foyer,
de deux grosses bûches. II ouvrit ses caisses de
cigares et jmit sur la table madère, vieux
rhum,ki:'sch, bitter et absinthe, escortés d'un
flacon de liqueur des Iles.
Voyons, dit-il à Auguste Dufougerais, si
tu possèdes les bonnes traditions du Marais.
Commençons par la liqueur des Iles et un Ma-
nille c'est ce qu'on offre aux. dames dans ton
lla*s-
Le jeune M. Dufougerais, qui voulait faire
le crâne, affirma qu'il préférait le rhum.
Nous y viendrons, sois tranquille, répli-
qua M. de V'ieillechèze, mais procédons par
ordre et méthodiquement.
De tous les tabacs, le manille est le plus
doux, comme de toutes les liqueurs celle des
Iles est la plus parfaite mais l'un et l'autre
sont d'autant plus dangereux que l'on est sans
défiance contre eux.
Le cigare fut conduit à moitié par le jeune
homme, et prudemment jeté ensuite sous la
table. La chaleur était vive dans l'apparte-
ment M. de Vieillechèze fumait dans une
grosse pipe d'écume et lançait la fumée à
pleine bouche; on se fût cru dans quelque
brasserie du Nord. Auguste Dufougerais
éprouvait déjà un, léger malaise.
Un verre de kirsch! dit M. de Vieille-
chèze.
Auguste Dufougerais l'avala d'un trait pour
se remettre.
Et un trabucos, continua M. de Vieille-
chèze en présentant la boîte à son hôte qui
n'osa pas refuser; voici du feu.
Et avec la pincette il tira de la cheminée un
charbon embrasé qu'il présenta au jeune
homme.
Il n'y avait pas à reculer celui-ci fut obligé
d'allumer le cigare.
Maitenant conte-moi un peu tes succès
en femmes et en chasses; à ton âge, avec ta
figure et ton adresse, ces deux thèmes sont
inépuisables.
L'amour-proprc et la fatuité étaient en
jeu, M. Dufougerais ne se fit point prier; il
paria longtemps et mentit beaucoup. A cha-
que pause qu'il faisait, M. de Vieillechèze lui
puis deux jours, on a constaté une amélioration
sensible dans l'état de M. Bancel.
Le général Mellinet, élu §»rand maître de la
maçonnerie, a décliné cette dignité.
M. Carnot qui, après lui, avait obtenu le plus
de voix, a refusé de se remettre sur les rangs et
de briguer la candidature.
L'assemblée maçonnique a procédé à un vote,
et, par 193 voix contre 25, a émis le vœu que la
grande maîtrise fût supprimée.
La Société de secours aux blessés et aux mala^
des des armées de terre et de mer, a tenu same-
di, comme nous l'avons annoncé, son assemblée
annuelle.
A l'ouverture de la séance, M. le général de
division baron de Chabaud La Tour, l'un des fon-
dateurs do l'œuvre et vice-président, a retracé
avec des paroles pleines d'élévation et avec une
émotion qui s'est communiquée à toute l'assem-
blée la carrière si noblement remplie de M. le
général de division comte de Goyon, dernier
président de la Société.
Puis il a fait connaître que M. le comte de Flo-
rigny, ancien pair de France et ancien député,
gendre de feu M. le général de division duc de
Montesquiou-Fezensac premier président do
l'œuvre avait été élu à l'unanimité par le con-
seil d'administration président de la société. Il a
invité M. le comte de Florigny, après quelques
mots éloquents et chaleureux sur ses éminents
services, à prendre la présidence. L'allocution
du nouveau président a été accueillie avec une
vive satisfaction comme l'annonce de son élec-
tion par tous les membres de la réunion, qui ont
pu apprécier l'importance du concours d'un hom-
me aussi distingué par les éminentes qualités de
son esprit crue par son dévouement au bien et son
ardeur à défendre toutes lés grandes causes qui
intéressent la société.
D'importantes questions ont occupé l'assemblée.
Il suffira de les indiquer.
Préparation des conférences internationales
qui se tiendront à Vienne, en 1871
Activité de l'œuvre pendant la paix;
Souscription à la société de secours mutuels
des anciens militaires fondée récemment à
Passy;
Coopération au conservatoire de matériel sani-
taire militaire fondé à Paris par la plupart des
gouvernements et des comités de secours unis en-
tre eux par la convention de neutralisation de
186A. ̃̃̃.
MM. Bartholony, le baron Larrey, le comte
Sérurier, le docteur Chenu, Vernes, le docteur
Blain des Cormiers, le comte de Beàùfort, Kœ-
nigswarter ont pris plusieurs fois la parole pen-
dant la discussion, à la suite de laquelle M. le
président a annoncé diverses nominations, entre
autres celle de M. le général de division Trochu
et celle de M. le docteur Reynaud, inspecteur gé-
néral, directeur du service de santé de la marine,
comme vice-présidents.
Sept fêtes patronales se célèbrent demain dans
les environs de Paris à Ville-d'Avray, à Saint-
Denis, à Alfort, à Epinay, à Champigny, à Fres-
nes et à Brunoy..
C'est à Ville-d'Avray que Balzac a écrit ses
meilleurs romaus Le Lys dans la Vallée, Eu-
génie Grandet, le Pèra Goriot. En quittant la
station du chemin de fer, on aperçoit, à droite,
une habitation à moitié cachée sous le feuillage.
C'est là qu'a vécu pendant quelques années l'au-
teur de la Comédie humaine.
A Brunoy, on peut visiter l'église, qui. porte
encore, en plusieurs endroits, les traces des dé-
corations à outrance et de mauvais goût dont le
marquis de Brunoy l'avait surchargée. Il consa-
cra des sommes considérables à enlaidir cette
église, et ces dépenses, jointes à bien d'autres,
furent un des motifs de son interdiction. Il disait
lui-même à cette occasion
J'ai dépensé 300,000 francs pour l'église, et
je suis blâméy si je les avais donnés à des courti-
sanes, personne ne m'aurait rien dit.
On mande d'Athènes, 6 juin, que le fameux
brigand' Toco Arvaniti est parvenu à se réfugier
en ^Turquie. Arvaniti faisait partie de la bande
qui a massacré les touristes anglais dans les-
champs de Marathon.
A Bordeaux, le travail a repris dans les fon-
deries et aciéries. La plupart des ouvriers sont
rintrés.
La vigne est en fleur c'est le moment critique
pour son avenir mais si la coulure n'atteint pas
les grappes, si le raisin se noue bien, la vendan-
fe pourrait être encore abondante, dit un journal
eLyon, malgré les dégâts partiels causés par la
gelée blanche en mai. Les nouvelles des pays vi-
gnobles sont généralement favorables. La Côte-
d'Or présente un bon aspect les pampres sont
chargés de raisin. Dans le Cher, la vigne a des
bourgeons vigoureux et les raisins se dévelop-
pent bien..
D'autre part, on écrit de la Gironde que la vi-
tne a fait depuis huit jours des progrès surpre-
nants.
Grâce aux pluies bienfaisantes qui sont tom-
bées et aux chaleurs qui en actiyoat la pousse-j
ses feuilles ont pris cette teinte vert sombre qui
versait tour à tour madère, vieux rhum et bit"
ter une cervelle mieux organisée que celle
du jeune Auguste n'y eût point résisté. Sa
langue s'était épaissie, un vague brouillard se
dessinait à ses yeux, et un cercle de fer pres-
sait ses tempes.
Il devint tout à coup silencieux.
Eh bien! est-ce que tu t'endors? deman-
da M. de Vieillechèze, qui suivait de l'œil les
phases de l'ivresse.
Par exemple
Tu trouves peut-être qu'il fait trop chaud?
En effet, balbutia le jeune homme.
Avale cette absinthe nous allons' sortir.
La verte liqueur acheva l'œuvre M. Du-
fougerais se leva, mais aussitôt il lui sembla
que les meubles tournaient autour de lui,
que le plafond se livrait au jeu de l'escarpo-
lette et que le parquet faisait des soubresauts
furieux; lui-même chancela sur ses jambes,
fit quelques pas et tomba ^lourdement sur le
divan.
Ecco murmura M. do Vieillechèze en
contemplant M. Auguste Dufougerais.
Eh! qu'as-tu donc? s'écria-t-il.
Je ne sais. un étourdissement. la
chaleur.
Allons donc! un gaillard comme toi!
Eperonné par ce reproche, M. Dufougerais
se leva, et tout en trébuchant, marcha jusqu'à
la fenêtre qu'il ouvrît.
Mais la transition brusque d'une tempéra-
ture surchauffée à l'atmosphère glaciale de la
rue mit le comble à son indisposition.
Bientôt six heures reprit M. de Vieille-
chèze, je vais te conduire chez Mmo ̃Coquette.
M. Auguste Dufougerais était d'une pâleur
livide.
Je suis bien malade dit-il.
Sérieusement?
Oui!
Couche-toi sur le divans je vais envoyer
prévenir que l'on ne t'attende pas.
Dites que je suis très malade.
Je n'y manquerai pas, mon ami.
M. de Vieillechèze laissa le jeune Dufouge-
rais étendu sur le divan, livré au malaise
d'une indisposition qui ade grandes analogies
avec le mal de mer; il n'envoya personne chez.
jypne Coquette, et se mit tranquillement à ta-
ble avec sa femme.
ARMAND LAPOINTE-
(La suite à mardi)
Joie, étudier le document lui-même pour savoir c
dans quelle mesure M. Ollivier a fait à l'Egypte a
le sacrifice de nos intérêts politiques. Or, il exis-
tait, croyons-nous, un travail préalable fait par
M. Duvergier et par une commission, avant 1 in-
térim de M. Ollivier. Depuis trois mois, l'affaire 1
des capitulations était étudiée et l'intérimaire a
pu d'autant mieux apposer sa signature, que de-
puis qu'il est revêtu de fonctions officielles, ses
rapports personnels avec l'Egypte auxquels la
Presse fait allusion, ont pris fin.
Nous acceptons ce récit sans le con-
trôler.
Mais comment l'expérience de M. Bara-
gnon nel'a-t-ello pas averti que cette ex-
plication n'était pas un démenti, mais un
aveu circonstancié ?
La question était à l'étude depuis trois
mois. Quelle est donc la raison d'ur-
gence qui a porté M. Emile Ollivier à si-
gner un document d'une telle conséquence
pour les intérêts de nos nationaux ? Com-
ment n'a-t-il pas été arrêté par le souvenir
de sa situation récente et de ses liens avec
le gouvernement du khédive ? Il n'a pas
pu donner quinze jours à" M. de Gramont
pour arriver; et au lieu de réserver la solu-
tion à son successeur, au milieu des em-
barras du plébiscite, il n'a pas hésité à
mettre au bas d'un acte si grave sa signa-
ture, à lui, ancien agent judiciaire du vice-
roi 1
Il n'est pas, d'ailleurs, tout à fait exact
de dire, comme le fait le Centre gauche,
que les liens qui attachaient M. Emile 01-
livier à l'Egypte soient désormais rompus.
S'ils sont brisés en fait, ils ne sont que dé-
tendus moralement. Et, en effet, il est im-
possible que le garde des sceaux n'ait pas
conservé une reconnaissance particulière
.envers le vice-roi qui n'a pas laissé sortir
de la famille Ollivier cette charge fruc-
tueuse.
C'est sur ce point précis, de convenance
personnelle et d'opportunité, que nous a-
vohs en vain, depuis trois jours, demandé
des explications au gouvernement. Et si
l'on nous interroge, nous dirons pourquoi.
F. «DE LA PONTERIE.
Voici en quels termes un des journaux
les plus sincères et dont on ne soupçonne-
râpas l'hostilité, apprécie l'affaire des ca-
pitulations.
On lit dans le Journal de Paris
Une pétition couverte de plus de deux cents si-
gnatures a été adressée à M. le garde des sceaux
parlés Français d'Alexandrie, et des adresses de
la même nature se signent au Caire, à Port-Saïd,
à Ismaïlia. Le gouvernement ne peut donc accep-
ter légèrement la réforme proposée par le vice-
roi. Sous la foi des capitulations, trente mille na-
tionaux se sont établis en Egypte, des capitaux
immenses y ont créé de florissantes industries
ils sont en sûreté à l'abri' de notre pavillon, sous
>la protection de nos lois, de nos cousais et de nos
tribunaux. Abolir les capitulations, serait d'un
coup les livrer à la merci de l'arbitraire et de
l'ignorance. -rLonis Teste.
Nous le demandons encore une fois dans
la situation personnelle de M. Emile Olli-
vier, lui convenait-il d'essayer de résoudre
une telle question ? F. P. ·
ÉCKCS DES CHAMBRES
Peu de temps après l'ouverture de la séance
du Corps législatif, on a remarqué hier un
mouvement d'allées et venues de AI. Plichon,
ministre des travaux publics, avec des dépu-
tés et des personnes étrangères à la Chambre,
qu'on nous a dit -êtr-edes notabilités suisses. Puis
sont venus le garde des sceaux et le ministre
des affaires étrangères qui, au bout de quel-
ques instants, se sont réunis, pour conférer
avec M. Plichon, dans le salon du Roi. C'est
dans cette conférence, après s'être assurés
que le député de l'Allier était bien décidé à
poursuivre son interpellation sur le projet
de chemin de fer du Saint-Gothard, que les
ministres ont décidé de demander l'ajourne-
ment de l'interpellation au lundi W de ce
mois.
La Chambre leur a accordé ce délai qui
permettra aux ministres de préparer leurs ré-
FEUILLETON DE LA PRESSE
du là juin 1870 8
REINE COQUETTE
SCÊNSS DE LA VIE DE PROVINCE
VIII
Mrn6 Coquette avait un peu exagéré l'aban-
don dans lequel on laissait sa maison depuis
le duel de Victor avec M. de P. cependant,
il y avait du vrai dans ce qu'elle avait dit à ce
sujet. Plusieurs des amoureux de Reine qui
connaissaient la cause de ce duel dont l'issue
était encore pour eux enveloppée de mystère,'
redoutaient une rivalité qui leur semblait
dangereuse, et avaient cessé toute visite à la
maison de la route de Niort; les autres, plus
épris ou moins accessibles à là crainte, conti-
nuèrent à faire leur cour à la belle Reine
mais lorsqu'on apprit que Victor Marcel pas-
sait plusieurs heures chaque jour chez M.1"6
Coquette, qu'il y allait souvent deux fois dans
la même journée, tous les galants se retirèrent
successivement et des haines féroces et sour-
noises des haines de province s'accu-
mulèrent sur la tête du jeune homme.
Le but des deux femmes était atteint
« L'homme amoureux, dit Salomon dans
.ses Proverbes, suit la femme comme un bœuf
que l'on mène au sacrifice »
Tel était Victor Marcel.
Il aimait follement, mais il n'était point
aimé!
Un écrivain qui a dit souvent de dures vé-
rités au beau sexe beau rarement,
hélas prétend que les femmes, pour la
plupart, ne nous aiment pas; qu'elles ne choi-
sissent pas un homme parce qu'elles l'aiment,
mais parce qu'il leur plaît d'être aimées par
lui.
Cette affirmation s'appliquait assez juste-
ment à Reine elle aimait l'amour de tout le
'monde, mais aucun homme, pas même
̃Victor, n'avait le pouvoir de lui faire aimer
sa personne; elle youlâitprélever l'amour à tout
prix, comme les ro$s absolus lèvent les impôts;
elle recevait, mais ne donnait jamais.
Reproduction interdite pour les journaux qui
n'ont pas traité avec la Société des gen&de lettres.
ponses aux questions délicates que soulève s
cette entreprise pour laquelle M. de Bismark ·
a promis une subvention de vingt millions
de florins et qui rendrait la Prusse maîtresse
d'une voie stratégique à travers la Suisse vers
l'Italie.
M. Chesnelong, obligé de retoucher plu-
sieurs parties de son rapport sur les budgets,.
par suite des dernières résolutions prises, a
remis ce matin ^à l'impression tout son ma-
nuscrit.
On pense que la discussion commencera
vers le 35.
Le nombre des amendements proposés est
de Ih, dont un certain nombre sont impor-
tants.
C'est sur la proposition de M. Martel que 1b
commission du budget a pris la résolution d'o-
bliger le ministre des finances à publier doré-
navant au Journal officiel les nominations des
receveurs généraux, des percepteurs et des re-
ceveurs particuliers.
On parle d'obliger le ministre des finances
à publier chaque trimestre les nominations
faites aux débits de tabac importants.
Le ministère so préoccupe des moyens de
pouvoir vivre jusqu'à la fin de la session; il
négocie activement avec les diverses commis-
sions qui ont adopté des résolutions contrai-
res aux vues et aux plans des ministres, com-
me par exemple les commissions pour les oc-
trois et les boissons, pour le traitement des
sénateurs. L'opinion dans le Corps législatif.
paraît être que le ministère est encore réser-
vé à plusieurs graves échecs.
Nous avons annoncé, jeudi, que la com-
mission relative à la suppression de l'impôt
du timbre sur les journaux avait été d'avis
d'accepter le projet présenté par M. Segris.
Pour être exact, nous devons dire que cinq
membres seulement contre quatre ont été
d'avis d'adhérer à ce projet, avec cette res-
triction, toutefois, qu'au lieu de la date du
1er janvier 1872, la prochaine loi serait ap-
pliquée au 1er janvier 1871.
t Le ministre des finances a déclaré aux
députés que l'équilibre du budget ne lui per-
mettait pas d'appliquer la nouvelle loi avant
187â. ,̃.̃•-
Les quatre membres qui représentent la
minorité de la commission repoussent le pro-
jet. On dit que les cinq vont aussi le repous-
ser. Le projet ministériel est impraticable.
La disposition qui frappe les annonces d'une
taxe de 3 centimes au profit du-Trésor sera
l'objet, à la tribune, d'une discussion appro-
fondie et d'une attaque en règle de la part do
plusieurs membres de la commission.
M. Clément Duvernois quitte dès demain la
direction politique du Peuple français'. On
ignore encore et le nom de son successeur et
le sort qui est réservé à la' rédaction actuelle
du journal.
F. LAURENT.
_1.
On lit dans le Journal officiel
Un arrêté ministériel, en date du 13 juin 18G8,
a institué au ministère des affaires étrangères
un concours annuel pour l'admission aux places
d'attaché vacantes dans les bureaux de la direc-
tion des consulats et affaires commerciales. Ce
concours vient d'avoir lieu pour la troisième fois.
Pour être admis à concourir, les candidats doi-
vent être âgés de vingt-cinq ans an plus, justi-
fier du diplôme de licencié dans l'une des trois
facultés de droit, des lettres ou des sciences, et
posséder au moins une langue étrangère. L'exa-
men porte sur les matières suivantes « Econo-
mie politique, droit dos gens, droit administratif,
droit commercial et maritime, histoire diploma-.
tique depuis la paix de Westphalie, géographie,
langues vivantes. » Les concurrents sont soumis
à des épreuves écrites et orales, à la suite des-
quelles la commission d'examen, désignée par le
ministre, arrête leur classement par ordre 'do
mérite. Les places de surnuméraire mises au con-
cours sont accordées par décision ministérielle.
Ces épreuves attestent que les jeunes gens qui
aspirent à entrer dans la carrière consulaire s'y
sont préparés par de sérieuses études. Le stage
qu'ils sont ensuite appoiés cà faire dans les bu-
reaux de la direction des consulats les initie aux
travaux administratifs enfin, les fonctions qu'ils
remplissent plus tard, comme élèves consuls,
auprès d'un consul général, les mettent à même
de compléter leur instruction par la pratique des
'̃̃ affaires, et de, se perfectionner dans la "connais-
La conquête de Victor Marcel occupa son
imagination pendant quinze jours; mais Vic-
tor, comme tous les hommes sincèrement épris,
s'adressait plutôt au cœur qu'à l'imagination
or, comme le cœur faisait complètement dé-
faut à Reine, elle se fatigua d'un adorateur qui
ne lui payait point le tribut d'encens et de
louanges qu'elle était habituée de recueillir;
elle eût même fait volontiers le sacrifice de cet
adorateur si elle n'eût pas entrevu, dans l'a-
bandon de Victor, le triomphe d'une rivale.
Jusque-là, elle n'avait connu du sentiment
que la menue monnaie de galanterie, iimou-
reuse que lui prodiguait à pleines mains une
jeunesse désœuvrée; aujourd'hui, placée enface
d'une passion sérieuse- qui ne laissait aucune
porte ouverte à la pure galanterie, aux com-
pliments outrés et à la flatterie, elle éprouvait
des regrets de l'existence passée qui offrait un
si vaste champ au jeu de sa coquetterie. Au-
trefois, elle vivait au sein d'un concert de
louanges qui la charmait; maintenant, c'était
souvent le blâme blâme bien timide, il est
vrai, et doucement exprimé– qui frappait
son oreille. La différence était trop grande
pour que son esprit étroit s'y habituât; elle
acceptait les assiduités de Victor comme le
prisonnier accepte un compagnon désagréa-
ble, par la crainte de la solitude et de l'en-
nui.
Sur ces entrefaites, arriva de Saint-Gilles
un petit-neveu de M. Coquet, qui allait à Poi-
tiers commencer ses études de droit; c'était
un garçon de dix-huit à vingt ans, bien fait
de sa personne, mais d'une nullité d'esprit dé-
sespérante, et, comme il arrive presque tou-
jours dans ce cas, d'un fatuité qui n'avait d'é-
gale que sa sottise; élevé, du reste, comme
presque tous les enfants du pays,, dans l'a-
mour de la propriété et le profond dédain des
étrangers, un du Clouzeau en herbe! Le jour
où il fit sa visite chez M. Coquet, Victor Mar-
cel se trouvait chez celui-ci; le jeune Ven-
déen embrassa les deux dames, tutoya Reine,
l'accabla de compliments, prit toutes sortes
de libertés avec elle et ne salua pas Victor.
Le front de ce dernier se rembrunit, moins
à cause de l'impolitesse du personnage qu'à
cause des familiarités qu'il se permettait avec
Reine et que Mme Coquette tolérait. Quant à
Reine, semblable à ces enfants mal élevés, qui
bravent sous les yeux mêmes de leurs parents
l'ordre qu'on vient de leur donner, elle re-
gardait sournoisement Victor, de temps à
autre, comme si e}lo ^eût voulu éprouver sa
patience, et se livrait aux lutinerjes de son
jeune parent. Victor avait la rage dans le
cœur, et le pourpre lui montait à la figure il
demeurait froid et silencieux à mesure que
Reine semblait prendre à tâche d'exciter sa
jalousie et sa colère. Elle jouait avec le feu et
essayait son pouvoir.
Quel jour pars-tu pour Poitiers ? deman-
da Mme Coquette à son parent,
sance des langues étrangères. Aussi, il est permis
l'assurer que quand, après Kce double stage, qui
comprend rarement moins de douze innées, ils
irrivent au grade de consul de deuxième classe,
ils offrent toutes les garanties que l'administra-
tion peut exiger.
Les avantages d'un mode de recrutement basé
sur les concours ont déjà pu être appréciés dans
toutes les administrations e*ui l'ont adopté; le
département des affaires étrangères doit d'autant
plus se féliciter d'en avoir fait l'essai, qu'il sem-
ble particulièrement approprié à la spécialité de
ses travaux, et aux connaissances exigées dans
ses divers services.
'̃
NOUVELLES DE L'EXTÉRIEUR
ALLEMAGNE
On lit dans la Correspondance de Berlin
Le Conseil fédéral vient d'adopter à l'unanimi-
té, le nouveau code pénal, tel qji'il est sorti des
délibérations de Reichstag.
Le gouvernement saxon a déclaré que faisant
céder ses propres scrupules et ses objections à
l'intérêt de la cause nationale, il n'hésitait pas à
voter pour l'adoption du nouveau code les fon-
dés de pouvoirs des gouvernements de Mecklem-
bourg, de la llesse-Darmstadt, d'Oldenbourg et
de Méningen ont motivé de la même manière leur
vote d'approbation.
DANEMARK
On écrit de Vienne 7 juin à la Gazette de
̃Carlsrahe: `
On apprend que le nouveau cabinet danois a
été mis en demeure, par une invitation émanant
d'une partie non directement intéressée, d'exiger
enfin la solution définitive delà question du Nord-"
Schleswig. Mais on assure que ce cabinet a repous-
sé cette ouverture, en délarant que, sans doute, il
ne renoncerait à aucun des droits acquis au Da-
nemark en vertu du traité de Prague, mais qua,
pour le moment, il ne pouvait juger opportun de
pousser de nouveau à une solution que, dans les
circonstances actuelles, il était impossible d'ob-
tenir.
LA POLICE URBAINE
La réclamation dont je me suis fait l'in-
terprète auprès de M. le préfet de police,
dans un intérêt de sécurité publique, m'at-
tire de nombreuses communications.
Un des abonnés de la Presse m'écrit
Dimanche dernier, jetais sur les boulevards
extérieurs, devant l'Elysée-Montmartre, écoutant
la fin d'une discussion entre un sergent de ville
et un tout jeune homme.
A ce moment (il était dix heures du soir) arrive
au galop une grosse voiture de maraîcher sans
lanterne. Un cocher de fiacre la poursuivait à
pied. Il parvint à l'atteindre à dix pas de nous
il saisit le cheval par la bride et arrêta la voi-
ture.
II reprochait vivement aii maraîcher d'avoir,
en passant, bousculé son fiacre.
Une discussion très violente s'éleva entre ces
deux hommes. Le maraîcher frappait son cheval
pour se dégager; mais il finit par s'apercevoir
qu'il ne vaincrait pas l'obstination du cocher de
nacre et il se laissa emmener chez le commis-
saire.
Cette lutte avait duré près d'une demi-heure.
Plus de cinq cents personnes, attirées par le bruit,
se trouvaient là groupées. Pendant tout ce temps,
pas un sergent de ville n'a paru. etc.
Je .reçois en même temps d'un très ho-
norable officier supérieur la lettre sui-
vante
Monsieur, Paris, le 8 juin 1870.
Je lis à l'instant la lettre pleine d'intérêt que
vous adressez à M. le préfet de police pour lui
signaler l'insuffisance des agents à pied, et
l'absence regrettable de patrouilles à cheval,
spécialement dans les quartiers neufs.
Dans mie pétition que j'adressais dernière-
ment au Sénat, pour proposer d'importantes mo-
difications à l'application de la peine de mort, et
surtout au régime pénitentiaire actuel, l'hono-
rable rapporteur a jugé à propos, sans doute, de
ne présenter que la partie, plus ou moins étrange
de ma proposition, (qui, si elle était mise en pra-
tique, forcerait du moins le jury à participer so-
lennellement à l'exécution de l'arrêl).
Sans revenir sur ce sujet, qui se représentera
forcément de lui-même sous la plume des pu-
biscites d'aujourd'hui ou de l'avenir, ne pourriez-
vous, monsieur, ajouter à votre lettre un P.-S.,
dont j'emprunte les termes à cette même pé- j
tition
« Pourquoi ne pas rendre la sécurité due aux j
» communes suburbaines en établissant des ron-
Ce soir, répondit celui-ci; mais si vous
vouliez m'offrir l'hospitalité, et si Reine m'en
priait, je resterais jusqu'à la fin de la semaine
avec vous.
Eh bien, je t'offre l'hospitalité, reprit
Mme Coquette étourdiment.
Et moi, dit Reine, je te prie de rester
avec nous toute la semaine. et les suivantes.
Ah c'est trop fort murmura Victor.
Il prit son chapeau, salua froidement les
deux dames et s'élança dehors; mais déjà Mme
Coquette s'était aperçue de l'imprudence
qu'elle venait de commettre; elle sortit après
Victor et le rejoignit dans la cour.
Où allez-vous donc? lui demanda-t-elle.
Mais chez moi, madame.
Restez à dîner avec nous. Monsieur est à
la campagne, nous passerons la soirée en-
semble.
Je craindrais, madame, de gêner les tou-
chantes effusions de famille dont j'ai été déjà,
bien malgré moi, le témoin importun.
Est-ce que mon neveu vous déplairait?
Les imbéciles, les gens grossiers et les
impertinents me déplaisent toujours. Adieu,
madame.
Victor était dans la rue.
Malgré lui son regard se porta vers la fenê-
tre' du salon; il vit- là, le visage collé aux vi-
tres, Reine qui guettait son passage. Lorsque
le jeune homme fut en face d'elle, elle frappa
le carreau de son ongle rose pour attirer son
attention, et, s'enveloppant dans le rideau de
façon à ne pas être vue de l'intérieur, elle
porta son doigt à ses lèvres et fit un geste que
Victor pouvait prendre pour l'envoi d'un
baiser.
Il s'arrêta un instant, le cœur ému mais le
rideau reprit sa place et la vision disparut.
Oh! enchanteresse perfide! s'écria-t-il,
ton cœur n'est que mensonge et fourberie
Qu'eût-il donc dit s'il eût su qu'au moment
où Reine semblait lui envoyer un baiser, la
main qu'il ne voyait pas était abandonnée aux
caresses du jeune cousin J
Cela a été dit avant vous, mon ami, par
le roiCodrus, un. Athénien, repartit une voix
derrière Victor.
11 se retourna vivement et se trouva en pré-
sence de M. de Vieillechèze.
Vous m'avez donc entendu? demanda l'a-
moureux.
Parbleu vous jetez vos imprécations
au vent heureusement que je suis seul à les
recueillir.
Victor Marcel eut un moment de rage.
Je voudrais, dit-il, que tout le monde les
entendît afin qu'on fût bien- convaincu de ma
haine pour les femmes.
Pour les femmes, oui Pour la fem-
me, non observa judicieusement M. de Vieil-
lechèze.Vous dites avec le poète
Je hais ce sexe en gros, je l'adore en détail.
«des de nuit militaires, qui circuleraient "d'un e
» fort à l'autre?. » g
Je vous serai très reconnaissant, monsieur, si
vous voulez bien accorder la publicité delà Pressa
à une réclamation que vous jugerez sans peine
bien légitime par le temps d'assassins qui court.
Agréez, monsieur, d'avance, mes très sincères (
remerciements pour votre excellente lettre, et
croyez à mes sentiments de haute considération.
E. DALCHÉ DES l'LANELS,
chef d'escadron de gendarmerie en
retraite, officier de la Légion
d'honneur.
Encore, une fois, je remets cette cause
entré les mains de M. le préfet de police.
Elle est la sienne comme la nôtre. Il est
impossible que des réformes urgentes ne
soient pas apportées dans le service de la
sûreté.
F. DE LA rONTERIE.
CAUSERIE
Allons bon! voilà autre chose maintenant
Le royaume de Monaco est en insurrection,
l'hydre de l'anarchie s'y promène et menace
de tout mettre à feu et à sang.
Et notez qu'il n'y a pas dans, tout le royau-
me, un verre d'eau pour éteindre cet incendie
révolutionnaire puisque le fleuve de l'en-
droit, le Paillon, est si pauvre que les indi-
gènes y_font « sécher leur linge. »
Qui est-ce qui a eu l'imprudence de dé-
museler cette hydre? Les uns accusent le
célèbre capitaine Doineau, ancien chef de
bureau arabe, expulsé pour je ne sais quel
motif de la principauté? Il paraît que c'est
lui qui fomente les (roubles.
D'autres s'en prennent au roi. Que lui re-
prochent-ils ? Je ne le sais pas trop au juste
de n'être pas assez libéral probablement?
Charles III, fort de sa conscience et se ba-
sant sur un règne, consacré depuis quatorze
ans au bonheur du peuple, tient tête à cette
tempête, réduction Collas, et se borne à télé-
graphier simplement de son château de Mar-
chais, près Laon, des dépêches que le gouver-
neur lit aux mutins par la fenêtre de son pa-
lais.
Ceux-ci crient de plus belle et no parlent
plus que de carnage ils courent aux fusils
-mais ils se brisent devant la résistance hé-
roïque du cordonnier du prince, qui a enfer-
mé dans une armoire les dix fusils de l'ar-
mée, et qui en a serré la clé dans sa poche.
Repoussés par l'intrépide cordonnier, les
farouches insurgés se ruent sur les canons qui
ornent la terrasse du palais et s'en emparent.
Hélas ces canons ont été encloués sous
Louis XIV et ne peuvent plus servir qu'à faire
des grelots. Gris et fureurs. Le cordonnier ri-
cane avec dédain.
Troisième dépêche du roi «Si vous ne vous
tenez pas tranquilles, je vais vous envoyer ma
garde d'honneur qui vous mettra au pas. »
Le peuple, qui sait à quoi s'en tenir sur les
forces effectives de la garded'honneur, devient
furieux et s'emporte en vociférations.
On fait une barricade avec une petite voi-
ture pleine d'oranges, dans le tas desquelles
on plante un drapeau rouge. Les insurgés se
groupent derrière ce bastion improvisé, farou-
ches et décidés à bombarder la garde d'hon-
neur avec les oranges eu à les manger
toutes.
Le cordonnier intrépide continue à ricaner
et s'obstine à garder dans sa poche la clé des
dix fusils de l'Etat.
Les choses en sont là, dans une situation
extrêmement tendue; le roi s'entête à ne pas
céder, et c'est ainsi que les dynasties s'écrou-
lent Fatal entêtement les leçons du passé
ne serviront donc jamais aux grands de la
terre
Nous n'aurons pas le cœur de plaisanter en
présence d'une crise aussi grave, et qui peut
compromettre tout l'équilibre européen. On
dit cependant que l'Empereur Napoléon III a
été informé de ces événements, et même on
ajoute qu'il a souri en haussant les épaules.
Etrange étrange
Et pendant que la monarchie de Monaco se
débat et agonise, ainsi qu'on vient de le voir,
sous l'étreinte terrible de « l'hydre, » il s'est
trouvé, le eroiriez-vous? une centaine d'hom-
mes indifférents à cette crise grandiose, et qui
ontmassacré,hier, des pigeons innocents sous
prétexte de Skating-Club
Il y avait là 23 Anglais (tous captains), SI
Français, 5 Américains, 2 Russes et 1 Suisse,
i qui, tranquillement, épaulaient des carabines
Si cela continue, je deviendrai fou.
Que n'usez-vous de mon remède?
Lequel? demanda Victor.
La fuite c'est le seul que je connaisse. I
Hélas soupira le jeune homme.
Oui; je comprends, ce moyen est par
trop héroïque
–Je vousplains sincèrement, mon cher Mar-
cel, car la belle Reine est une sirène dange-
reuse pour un cœur loyal et sincère comme
le vôtre.
M. de Vieillechèze s'interrompit brusque-
ment et contemplant avec un sourire plein de
malice la figure bouleversée de son ami, il lui
dit:
Voulez-vous que je vous rende un ser-
vice ?
A propos de Reine? demanda Victor.
Un peu, et beaucoup à propos de cer-
tain petit cousin qui est, si je ne me trompe,
la cause de vos ennuis en ce moment.
Qui vous a dit?
Personne! Ce qui ne m'empèchp pas de
tout savoir.
Expliquez-vous, de grâce
Oh! c'est bien simple, allez! Du Clou-
zeau, qui vous déteste la seule chose qu'il
sache faire -r--a a monté la tète à Auguste Du--
fougerais, le jeune cousin, et lui a promis
monts et merveilles s'il parvenait à vous faire
battre en retraite. J'étais à côté d'eux, j'ai
tout entendu. La coquetterie de la fille, la
sottise de la mère et votre jalousie, bien peu
raisonnable lorsqu'elle s'exerce à propos d'un
idiot tel que Dufougerais, ont donné à celui-ci
l'apparence d'une victoire. Que diriez-vous
d'une bonne leçon infligée aux deux Coquette,
du départ immédiat du cousin et d'un gros dé-
sappointement pour cet imbécile de du Clou-
zeau ?
Par quel moyen? demanda Victor.
C'est mon secret.
Victor' semblait hésiter.
Au fait, je suis bien bon de vous consul-
ter, reprit M. de Vieillechèze. en riant; je
m'ennuie à mourir aujourd'hui, et voilà une
distraction toute trouvée; ce sera une bonne
action en même temps qu'un plaisir ce qui
est chose rare et vous seul en profiterez.
Adieu, Marcel
Victor voulut retenir son ami Vieillechèze,
mais celui-ci était déjà à la porte de M" Co-
quette, et le marteau retentissant faisait ac-
courir un domestique.
IX '•"
il était trois heures de l'après-midi.
À quatre heures, M. de Vieillechèze et le
jeune Dufougerais sortirent de chez Mnie Co-
quette.
Nous dînons à six heures, dit cette der-
nière à son petit-neveu, sois exact.
et descendaient l'oiseau cher à Cypris, pour j 1
gagner une coupe de porcelaine, présent de
l'Empereur, ajoutée, il faut tout dire, au to-
tal des poules, fixées à cent francs la pièce.
Quelque pénible que soit cet aveu, quel-
qu'humiliant qu'il soit pour la France, nous
sommes forcé de convenir que la victoire n'a
pas combattu sous nos drapeaux. La palme
du pigeon a été décernée au fils de Guillaume
Tell, M. François Hottinguer, un tireur mé-
thodique et grave, qui tire avec une précision
miraculeuse et n'a pas manqué une seule
pièce. Dix coups de fusil, dix pigeons tués.
La vieille Iièlvétie en a bondi d'orgueil jus-
que dans ses montagnes, siciit arides et
agni ovium.
La France est battue! inclinons-nous, com-
me il convient à des adversaires courtois, de-
vant le vainqueur étranger. Il reste, du moins,
aux chauvins français cette joie amère de so
dire f
Ce n'est pas l'Angleterre qui nous a
vaincus
Si la palme de la carabine nous échappe, il
y en a une qui nous reste, celle de l'ingé-
niosité.
Le Gaulois raconte un nouveau truc que
vient d'inventer le citoyen Gavroche pour
écouler, sans rien perdre, les pièces du pape.
Avec un poinçon ou une aiguille d'acier il
trace des cheveux sur la calotte de Sa Sain-
teté et les ramène légèrement sur les tempes.
Puis il fait de longues moustaches, une
impériale pointue et complète le tout en usant
un peu le col de la soutane papale.
A un mètre, on jurerait 1 Empereur Napo-
léon III, et les plus fins s'y laissent prendre.
Voyons, là, en bonne conscience, le procédé
ne vaut-il pas deux sous ? `?
Et Gavroche n'est-il pas le plus ingénieux
gamin du monde ?
GEORGES MAILLAUD.
NOUVELLES DU JOUR
Des ordres avaient été donnés, il y a deux
jours, pour l'installation de l'Empereur et de
l'Impératrice à Saint-Cloud. Ces ordres viennent
d'être contremandés la cour n'ira à Saint-Cloud
que samedi prochain.
Demain dimanche, il y aura aux Tuileries un-
dîner de quatre-vingts couverts. Des invitations
ont été adressées a un grand nombre de séna-
teurs. '̃̃
Ce matin, à neuf heures, il y a eu conseil des
ministres aux Tuileries, sous la présidence de
l'Empereur.
Le ministre de l'agriculture et du commerce
étant dans l'impossibilité de présider la séance de
la Société centrale et impériale de France, qui
devait avoir lieu le 12 juin, cette séance est re-
mise au dimanche suivant, 19.
Les billets portant la date du 12 seront reçus
le 19.
Le président du Sénat ne recevra pas ce soir.
Le Journal officiel publie un décret portant
promulgation do la convention concise le Il mai
1870 entre la France et la Belgique, ejt relative à
l'établissement d'un chemin de fer d'Armentières
à Ostende.
M. L. Sédillot, secrétaire du Collège impérial
do France, a «té nommé officier de la Légion
d'honneur.
Par arrêté ministériel, en date du h juin, MM.
Raindre (Gaston), licencié en droit, bachelier ès-
sciences Drouin (Albert), licencié en droit, ba-
chelier ès-scieuces; Lacaze (Alfred), licencié en
droit, ont été nommés attachés surnuméraires à
la direction des consulats et affaires commerciales
du ministère des affaires étrangères.
Une cérémonie imposante a attiré, ce matin,
dans l'église Saint-Sulpice une assistance nom-
breuse et distinguée. Mgr Àlouvry, ancien évêcnie
de Pamiers, a fait l'ordination pour le diocèse
de Paris. Le vénérable prélat, assisté des vicai-
res généraux et en présence des directeurs et
professeurs, du séminaire de Saint-Sulpice, a con-
féré la prêtrise, le diaconat ot le sous-diaconat à
plus de quatre-vingts ordinants destinés aux ser-
vices des paroisses et des missions étrangères.
En outre, cent lévites ont reçu les ordres mi-
neurs.
L' Indépendant de la Drame annonce que, de-
Comptez sur moi, répondit celui-ci
M. ûpt Vieillechèze avait entraîné Dufouge-
rais de chez Mme Coquette sous prétexte d'al-
ler au café. Lorsqu'ils se trouvèrent sur la
place, il sembla changer d'idée et dit au jeune
homme
Réflexion faite, je t'emmène chez moi;
cela vaudra mieux que d'aller au café. J'ai des
liqueurs sans rivales et de vieux cigares, nous
allons, pour fêter ta présence, déboucher les
flacons et défoncer les caisses. Tu fumes,
n'est-ce pas?
Pardieu
Dès qu'ils furent arrivés, M. de Vieillechèze
fit augmenter le feu de son cabinet, où ils s'é-
taient installés, par l'addition, dans le foyer,
de deux grosses bûches. II ouvrit ses caisses de
cigares et jmit sur la table madère, vieux
rhum,ki:'sch, bitter et absinthe, escortés d'un
flacon de liqueur des Iles.
Voyons, dit-il à Auguste Dufougerais, si
tu possèdes les bonnes traditions du Marais.
Commençons par la liqueur des Iles et un Ma-
nille c'est ce qu'on offre aux. dames dans ton
lla*s-
Le jeune M. Dufougerais, qui voulait faire
le crâne, affirma qu'il préférait le rhum.
Nous y viendrons, sois tranquille, répli-
qua M. de V'ieillechèze, mais procédons par
ordre et méthodiquement.
De tous les tabacs, le manille est le plus
doux, comme de toutes les liqueurs celle des
Iles est la plus parfaite mais l'un et l'autre
sont d'autant plus dangereux que l'on est sans
défiance contre eux.
Le cigare fut conduit à moitié par le jeune
homme, et prudemment jeté ensuite sous la
table. La chaleur était vive dans l'apparte-
ment M. de Vieillechèze fumait dans une
grosse pipe d'écume et lançait la fumée à
pleine bouche; on se fût cru dans quelque
brasserie du Nord. Auguste Dufougerais
éprouvait déjà un, léger malaise.
Un verre de kirsch! dit M. de Vieille-
chèze.
Auguste Dufougerais l'avala d'un trait pour
se remettre.
Et un trabucos, continua M. de Vieille-
chèze en présentant la boîte à son hôte qui
n'osa pas refuser; voici du feu.
Et avec la pincette il tira de la cheminée un
charbon embrasé qu'il présenta au jeune
homme.
Il n'y avait pas à reculer celui-ci fut obligé
d'allumer le cigare.
Maitenant conte-moi un peu tes succès
en femmes et en chasses; à ton âge, avec ta
figure et ton adresse, ces deux thèmes sont
inépuisables.
L'amour-proprc et la fatuité étaient en
jeu, M. Dufougerais ne se fit point prier; il
paria longtemps et mentit beaucoup. A cha-
que pause qu'il faisait, M. de Vieillechèze lui
puis deux jours, on a constaté une amélioration
sensible dans l'état de M. Bancel.
Le général Mellinet, élu §»rand maître de la
maçonnerie, a décliné cette dignité.
M. Carnot qui, après lui, avait obtenu le plus
de voix, a refusé de se remettre sur les rangs et
de briguer la candidature.
L'assemblée maçonnique a procédé à un vote,
et, par 193 voix contre 25, a émis le vœu que la
grande maîtrise fût supprimée.
La Société de secours aux blessés et aux mala^
des des armées de terre et de mer, a tenu same-
di, comme nous l'avons annoncé, son assemblée
annuelle.
A l'ouverture de la séance, M. le général de
division baron de Chabaud La Tour, l'un des fon-
dateurs do l'œuvre et vice-président, a retracé
avec des paroles pleines d'élévation et avec une
émotion qui s'est communiquée à toute l'assem-
blée la carrière si noblement remplie de M. le
général de division comte de Goyon, dernier
président de la Société.
Puis il a fait connaître que M. le comte de Flo-
rigny, ancien pair de France et ancien député,
gendre de feu M. le général de division duc de
Montesquiou-Fezensac premier président do
l'œuvre avait été élu à l'unanimité par le con-
seil d'administration président de la société. Il a
invité M. le comte de Florigny, après quelques
mots éloquents et chaleureux sur ses éminents
services, à prendre la présidence. L'allocution
du nouveau président a été accueillie avec une
vive satisfaction comme l'annonce de son élec-
tion par tous les membres de la réunion, qui ont
pu apprécier l'importance du concours d'un hom-
me aussi distingué par les éminentes qualités de
son esprit crue par son dévouement au bien et son
ardeur à défendre toutes lés grandes causes qui
intéressent la société.
D'importantes questions ont occupé l'assemblée.
Il suffira de les indiquer.
Préparation des conférences internationales
qui se tiendront à Vienne, en 1871
Activité de l'œuvre pendant la paix;
Souscription à la société de secours mutuels
des anciens militaires fondée récemment à
Passy;
Coopération au conservatoire de matériel sani-
taire militaire fondé à Paris par la plupart des
gouvernements et des comités de secours unis en-
tre eux par la convention de neutralisation de
186A. ̃̃̃.
MM. Bartholony, le baron Larrey, le comte
Sérurier, le docteur Chenu, Vernes, le docteur
Blain des Cormiers, le comte de Beàùfort, Kœ-
nigswarter ont pris plusieurs fois la parole pen-
dant la discussion, à la suite de laquelle M. le
président a annoncé diverses nominations, entre
autres celle de M. le général de division Trochu
et celle de M. le docteur Reynaud, inspecteur gé-
néral, directeur du service de santé de la marine,
comme vice-présidents.
Sept fêtes patronales se célèbrent demain dans
les environs de Paris à Ville-d'Avray, à Saint-
Denis, à Alfort, à Epinay, à Champigny, à Fres-
nes et à Brunoy..
C'est à Ville-d'Avray que Balzac a écrit ses
meilleurs romaus Le Lys dans la Vallée, Eu-
génie Grandet, le Pèra Goriot. En quittant la
station du chemin de fer, on aperçoit, à droite,
une habitation à moitié cachée sous le feuillage.
C'est là qu'a vécu pendant quelques années l'au-
teur de la Comédie humaine.
A Brunoy, on peut visiter l'église, qui. porte
encore, en plusieurs endroits, les traces des dé-
corations à outrance et de mauvais goût dont le
marquis de Brunoy l'avait surchargée. Il consa-
cra des sommes considérables à enlaidir cette
église, et ces dépenses, jointes à bien d'autres,
furent un des motifs de son interdiction. Il disait
lui-même à cette occasion
J'ai dépensé 300,000 francs pour l'église, et
je suis blâméy si je les avais donnés à des courti-
sanes, personne ne m'aurait rien dit.
On mande d'Athènes, 6 juin, que le fameux
brigand' Toco Arvaniti est parvenu à se réfugier
en ^Turquie. Arvaniti faisait partie de la bande
qui a massacré les touristes anglais dans les-
champs de Marathon.
A Bordeaux, le travail a repris dans les fon-
deries et aciéries. La plupart des ouvriers sont
rintrés.
La vigne est en fleur c'est le moment critique
pour son avenir mais si la coulure n'atteint pas
les grappes, si le raisin se noue bien, la vendan-
fe pourrait être encore abondante, dit un journal
eLyon, malgré les dégâts partiels causés par la
gelée blanche en mai. Les nouvelles des pays vi-
gnobles sont généralement favorables. La Côte-
d'Or présente un bon aspect les pampres sont
chargés de raisin. Dans le Cher, la vigne a des
bourgeons vigoureux et les raisins se dévelop-
pent bien..
D'autre part, on écrit de la Gironde que la vi-
tne a fait depuis huit jours des progrès surpre-
nants.
Grâce aux pluies bienfaisantes qui sont tom-
bées et aux chaleurs qui en actiyoat la pousse-j
ses feuilles ont pris cette teinte vert sombre qui
versait tour à tour madère, vieux rhum et bit"
ter une cervelle mieux organisée que celle
du jeune Auguste n'y eût point résisté. Sa
langue s'était épaissie, un vague brouillard se
dessinait à ses yeux, et un cercle de fer pres-
sait ses tempes.
Il devint tout à coup silencieux.
Eh bien! est-ce que tu t'endors? deman-
da M. de Vieillechèze, qui suivait de l'œil les
phases de l'ivresse.
Par exemple
Tu trouves peut-être qu'il fait trop chaud?
En effet, balbutia le jeune homme.
Avale cette absinthe nous allons' sortir.
La verte liqueur acheva l'œuvre M. Du-
fougerais se leva, mais aussitôt il lui sembla
que les meubles tournaient autour de lui,
que le plafond se livrait au jeu de l'escarpo-
lette et que le parquet faisait des soubresauts
furieux; lui-même chancela sur ses jambes,
fit quelques pas et tomba ^lourdement sur le
divan.
Ecco murmura M. do Vieillechèze en
contemplant M. Auguste Dufougerais.
Eh! qu'as-tu donc? s'écria-t-il.
Je ne sais. un étourdissement. la
chaleur.
Allons donc! un gaillard comme toi!
Eperonné par ce reproche, M. Dufougerais
se leva, et tout en trébuchant, marcha jusqu'à
la fenêtre qu'il ouvrît.
Mais la transition brusque d'une tempéra-
ture surchauffée à l'atmosphère glaciale de la
rue mit le comble à son indisposition.
Bientôt six heures reprit M. de Vieille-
chèze, je vais te conduire chez Mmo ̃Coquette.
M. Auguste Dufougerais était d'une pâleur
livide.
Je suis bien malade dit-il.
Sérieusement?
Oui!
Couche-toi sur le divans je vais envoyer
prévenir que l'on ne t'attende pas.
Dites que je suis très malade.
Je n'y manquerai pas, mon ami.
M. de Vieillechèze laissa le jeune Dufouge-
rais étendu sur le divan, livré au malaise
d'une indisposition qui ade grandes analogies
avec le mal de mer; il n'envoya personne chez.
jypne Coquette, et se mit tranquillement à ta-
ble avec sa femme.
ARMAND LAPOINTE-
(La suite à mardi)
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