Titre : La Presse
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1870-06-02
Contributeur : Girardin, Émile de (1806-1881). Directeur de publication
Contributeur : Laguerre, Georges (1858-1912). Directeur de publication
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Description : 02 juin 1870 02 juin 1870
Description : 1870/06/02. 1870/06/02.
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/02/2008
Jeudi 2 juin Î87Ô
(Trois mois «Sf.ôO
«ABIS BT 8EDJB [ f« =«>«. »
r un an 541 9
liffiEADX D'flBOflHEHEHT. 123. BUE MONTMARTRE
Jeudi 2 juin 187Ô
Trois mois 16 francs
DEPAItÏEMSIVTS Six mois. 82
Un an «4
ANNONCES. 8. PUCE DE LA BOURSE ET 7. RUE COQ-HEAOi
1- Jçut çç qui concerne l'Administration du Journal doit être adressé au Gérant
3SB année
L'Administration sa réserve la droit de modifier la rédaction des Annonces
PAR1S, 1er JUIN Ih1^\ 7^
r
LE l'ÎÏOCÈS LANGRANB-DpONi'EUJ j
V .'Ml' iV
Un grave événement jûtKélaiie >ieut.ik*'J
s'accomplir en Belgique, suivi de compli-
cations politiques intérieures fort sérieu-
ses, complications qu'aggravent encore les
ruines amoncelées autour des entreprises
financières fondées par M. Langrand-Du-
monceau,
Nous avons publié le compte-rendu de
ce procès; nos lecteurs n'ont pas oublié que
M. Armand Mandel, propriétaire du jour-
nal financier la Cote libre, poursuivi pour
outrages à la magistrature, a été acquitté
par le jury.
Nous ne reviendrons donc pas sur les in-
cidents soulevés par ces débats; nous vou-
lons seulement en tirer un enseignement
utile au point de -vue financier et judi-
ciaire.
Pour permettre d'apprécier sainement le
côté judiciaire et même "politique de cette
affaire, il est utile de faire connaître la
nature des difficultés financières qui ont
surgi et amené la situation actuelle.
M. Langrand-Dumonceau, pendant plu-
sieurs années, a été le héros des affaires fi-
nancières et industrielles en Belgique; il a
multiplié ces sortes de fondations sous les
titres les plus variés; le capital-total de ces
sociétés, s élevant à des centaines de mil-
lions, était représenté par des actions d'u-
ne valeur nominale de 500 fr. et de 250 fr.
Ces titres servaient et alimentaient, à la
Bourse de Bruxelles, une vaste spécula-
tion.
Malheureusement, le principal rôle dans
cette spéculation était en quelque sorte
imposé à M. Langrand-Dumonceau par la
façon même dont ses sociétés étaient con-
stituées.
Ses faibles ressources, son crédit res-
treint ne lui permettaient pas d'imiter avec
succès, dans ses entreprises, le Crédit mo-
bilier français. Ses procédés étaient à peu
près ceux de MM. Pereire; son but, la pri-
me sur les actions, était le même; les
moyens étaient, à Bruxelles comme à Paris,
la fabrication et les distributions de divi-
dendes exagérés ou même purement fictifs.
L'analogie du but s'accentuait surtout en
1863, lorsque MM. Pereire et Langrand se
réunirent pour fonder la Société néerlan-
daise de triste mémoire, et vendre à prime
les actions de cette société
Mais là s'arrêtait la ressemblance et
eoramençait l'infériorité de M. Langrand à
l'égard de MM. Pereire. Cette infériorité
provenait d'abord de la moindre importan-
ce du, marché belge, ensuite du concours
financier insuffisant, sinon nul, qu'appor-
taient à M. Langrand ses administrateurs;
tandis que MM. Pereire devaient surtout
leur immense crédit aux sommités finan-
cières qu'ils, avaient su rattacher à leurs
-entreprises L'importance politique î'ho-
.norabilité, la puissance même des indivi-
dualités groupées autour du financier bel-
;ge ne pouvaient suppléer à. l'absence, de:
jout concours financier. V
Enfin une dernière infériorité, la plus
grave, provenait de ee fait, que l'influence,-
tontë puissante du gouvernement était
mise, en France, au service de MM. Perei-
re, et qu'en Belgique, sous ce rapport, M.
Langrand avait rencontré l'indifférence la
plus absoltté..
Le finaneifer'belge avait tenté de compen-
ser ce dernier désavantage en rattachant
;à ses affairesdes influencés ^gouvernement
-cales allemandes. Dés traités étranges fu-
a'eat passés entre le prince La Tour et
'ï.asïs et M. Langrand. Le procès a amené
les plus curieuses révélations. Ainsi l'on
voit le 5 juin 1865 le prince La Tour et
FEUILLETON DE LA PRESSÉ
du â'jruiN 1870.. -2
REI1E COQUE TTt
SCÈNES DE Ùî -PE CE WHMME
Il
Suit©
Les suppositions de ces bons citadins s^ f".8"
sent sans doute prolongées sur ce ton bieim^u~
lant durant tout le déjeuner, si la porte de la
salle à manger ne se fût pas ouverte pour don-
ner accès à un autre habitué de la table d'hôte.
Tiens! voilà du Clouzeau
Toujours en retard i
Bonjour, du Clouzeau s'écria-t-on de
tous les points de la table.
Le personnage qui portait le nom dp du
Clouzeau avait tout l'air d'un boule-dogue
coiffé d'un chapeau, et pour qu'il n'y eût point
.de contraste entre sa personne et son caractè-
re, la nature l'avait doué des qualités aima-
Sbles de cet animal. C'était un ours très bien
réussi.
C'est tous les jours la même chose, gro-
gna le sieur du Clouzeau, on avance la pen-
dule et je ne trouve" que des restes.
Il lit le tour de la table, et voyant sa place
"habituelle occupée par l'étranger auquel
nous donnerons tout de suite le nom de A'ic-
tor Marcel l'indigène vendéen poussa des
clameurs féroces et appela la bonne; mais
celle-ci, qui était sans doute familiarisée avec
les façons désagréables de ce convive, ne
.bougea pas. •
Je n'aime pas qu'on prenne ma place,
ïflkoj, grommela du Clouzeau, ça me dérange.
Ke&roduetion interdite pour les journaux qui
n'oirt pas tnuté avec là Société des gens de lettres.
Taxis etM. Langrand souscrire à eux seuls
ic capital d'une société générale pour fa-
voriser le Crédit foncier, puis le 10 mai
L868 passer un autre acte qui annule abso-
lument les conventions signées en juin
1865.
Que ressort-il de cesjictes? Que la so-
ciéte^en question n'a pas été effectivement
fondée pour favoriser le Crédit foncier,
mais pour faciliter une spéculation sur les
actions que les princes allemands et M.
Langrand espéraient vendre à prime Puis
en 1868, lorsque les mauvais jours sontve-
nus, les princes ont voulu se dégager et M.
Langrand a dû reprendre les actions qui
avaient fait l'objet du premier contrat
passé en juin 1865!
Jamais, il faut en convenir, le Crédit
mobilier français n'a aussi audacieusement
affirmé son but; habituellement ses admi-
nistrateurs souscrivaient les titres, les
fonds étaient versés et employés aux entre-
prises, les dividendes distribués, de sorte
que les primes récoltées semblaient tou-
jours être le résultat d'opérations sérieuses
et sociales.
Les premières créations de M. Langrand
remontent avant 1859; à cette époque, il
créa l'Association générale d'assuran-
ces, plus tard l'Hypothécaire belge, une
Banque de crédit foncier et industriel, la
Société générale pour favoriser le Crédit
foncier, l'International, etc., etc. Les inté-
rêts de ces sociétés étaient mêlés; parfois
elles fusionnaient; c'était un aliment nou-
veau pour la spéculation. De l'une de ces
fusions est sorti le scandale qui vient d'é-
clater, scandale qui a mis en relief le vice
des procédés employés pour faire des bé-
néfices, des dividendes ou des fusions, et
récolter des primes
Au nombre des sociétés fondées par M.
Langrand-Dumonceau figurait l'Hypothé-
caire belge, que géraient MM. Mercier,
Dechamps, de Decker, Duval de Beaulieu
et naturellement M. Langrand; cette so-
ciété était en commandite et émettait des
bens connus en Belgique sous le nom de
bons de Decker. Après une courte période
d'exploitation, l'Hypothécaire belge, dont
les administrateurs étaient responsables,
vendait, moyennant 10 millions, sa clien-
tèle à une autre société, l'International,
fondée à Londres, sous-la forme de respon-
sabilité limitée, par M; Langrand; les ad-
ministrateurs dégagaient ainsi leur res-
ponsabilité, et en outre cette opération
était pour eux l'origine d'un bénéfice blâ-
mable.
Le capital effectivement versé dans l'Hy-
pothécaire et ses réserves atteignaient à
peine h millions; c'était donc un bénéfice
de 6 millions réalisé au. profit notamment
des administrateurs, qui étaient tous ad-
ministrateurs de l'Hypothécaire En réa-
lité, ils se vendaient à eux-mêmes et se
partageaient en espèces une grande partie
des fonds destinés aux opérations sociales
Les procédés de ce genre transpirent
toujours pour des hommes exercés au
maniement des affaires, ces agissements'
coupables devaient encourager la spécu-
lation â hv baisse sur les titres des So-
ciétés Langrand. ̃̃̃
Au nombre des spéculateurs qui agio-
taient sur ces actions à la Bourse de
Bruxelles figurait M. Armand Mandel,
propriétaire du journal financier la Cote,
libre. M. Mandel critiquait durement dans
cette feuille les affaires Langrand mais
sans doute l'influence de son journal ne lui
semblait pas suffisante pour activer une
crise qui devait assurer le succès de sa
spéculation à la baisse, il eut recours à un
moyen violent une dénonciation fut adres-
sée par lui au parquet de Bruxelles contre
M. Langrand.
Il est curieux de rappeler les termes de
cette dénonciation pour en apprécier le ca-
ractère:
Je reproche à M. Langrand, dit M. Mandel,
Ce n'est pas à mon âge qu'on change ses ha-
bitudes, que diable! J'irai chez Le Yillain,
à l'Europe, si cela continue. Il sait faire
respecter les places de ses abonnés, lui!
Mais comme personne ne répondit et que
Victor Marcel ne bougea pas, duClouzeau finit
par s'asseoir à l'extrémité de la table. Il dé-
plia sa serviette, se l'attacha derrière le cou,
comme s'il eût dû livrer sa figure au barbier,
et, s'adressant à Victor Marcel, il dit
Eh monsieur! là-bas. Vous qui avez
pris ma place.
Involontairement Victor Marcel releva la
tête.
Passez-moi les gras-doubles, continua
du Clouzeau d'un ton bourru.
Vous me faites l'honneur de me parler,
monsieur ? demanda l'interpellé.
Oui.
Je pensais que. vous vous adressiez à ces
messieurs, qui sont sans doute de vos amis 1
Je vous demande de me passer le plat. Il
iîVest pas nécessaire, pour cela, de prendre des
gants et de faire des phrases, j'imagine; nous
utres, bourgeois, nous parlons à la bonne
,il,. ,~t~~tte.
frai, ~~a se voit, monsieur,' dit le jeune
I^Ja se voit, monsieur, dit le jeune
homme. 1-ya ,ne.
Et il sonna*
Celle-ci aee~t'
Vous pouve:^»aînte»aîlt' monsîeur> re-
prit Victor Marcel, 4onner yos ordres- a la
bonne franquette! m i fM
Nous n'affirmerions ^as que M. du Uouzeau
comprit la leçon; :aiaîsil^t vexe et garda le e
silence durant le déjeuner, qu: «eut pas d au-
tre incident. Seulement Victor k^el venait
de se faire un in iplacabie ennemi en per-
'sonne de ce bourg cois rogue et mal éduquè.
Après le repas, et lorsqu'il fut seul, le jeune
homme fit appele r le maître de l'hôtel et lui
demanda s'il connaissait M. Le Cosquet,
Monsieur, (fit l'hôtelier en souriant, je
sais de qui vous voulez parler, quoique votre
prononciation soit vicieuse. Le Cosquet est
un vieux nom àei Marais dans lequel l'S ne se
fait pas sentir ici, et depuis plus de vingt-
cinq ans, on a et lis plus loin Après avoir sup-
primé une lettr*1 ̃ on en a supprimé deux autres,
et, aujourd'hui., dans tout le pays, M. I>e Cos-
quet n'est plus connu que sous le nom de M.
Coquet; lui-mê me signe ainsi son nom et ne
répond pas à d', autre appellation.
d'avoir employé, dès l'origine jusqu'aujourd'hui,
toutes sortes de manœuvres pour faire des cours
factices sur ses valeurs et des primes, et se dé-
barrasser à un haut prix des titres qu'il émettait.
Je reproche aux administrateurs de ces sociétés
de s'être rendus coniplices, par les moyens indi-
qués par le Code pénal, de ces manœuvres.
Comme on le remarque, les ..accusations
sont vagues et sans preuves, car voici l'in-
vocation aux preuves; la dénonciation con-
tinue
Pour savoir exactement QUI a profité de ces
manœuvres, il est nécessaire de consulter le li-
vre des transferts.
Ces livres ne peuvent donner encore qu'une
simple idée imparfaite des administrateurs qui
ont profité de ces manœuvres; pour connaître ceux
qui en ont profité, il faut nécessairement consul-
ter les carnets et les livres de tous les agents de
change. ·
Puis M. Mandel invoque contre M. Lan-
grand la série des circulaires, les rapports
et même des articles de journaux il si-
gnale les personnes qui pourraient fournir
des renseignements sur les sociétés fondées
en vue uniquement de vendre les actions;
enfin cette dénonciation qui porte la date
du 19 octobre 1868 se termine en ces ter-
mes
chercher 1° A quoi et à qui ont été employés
les dix millions payés par l'International pour
prix de l'Hypothécaire belge; 1
2° Les 1,700,000 fr. de commission payés par
l'International pour placement de son capital par
l'Industrie;
3° 1,700,000 fr. pour frais de fondation delà
Société générale pour favoriser le Crédit foncier
h° 800,000 fr. de frais d'établissement de l'agri-
cole
5° Comment on a pu cacher les hypothèques de
16 millions jusqu'enjuillet 1868.
Rechercher comment les actions sans valeur
du portefeuille de l'Industriel y sont entrées,
etc., etc.
Rechercher ce que sont devenues des lettres
dégage, etc., etc.
Rechercher le compte S. à l'Industriel, où
se sont déversées toutes les immondices financiè-
res, etc., etc.
En somme, dans toute cette dénoncia-
tion une seule accusation est nettement
formulée c'est celle qui dénonce la consti-
tution de sociétés par actions en vue de
spéculer à la Bourse et les efforts faits pour
vendre ces actions à prime. La" dénoncia-
tion, après avoir posé ce principe trop
exact, signale des faits assurément blâma-
bles, mais qu'elle n'appuie d'aucun carac-
tère de certitude; enfin elle, ne signale
point de préjudice personnel; le plaignant
ne peut, en réalité, invoquer que les pertes
àlaBourse qu'il a subies, pumêmelesocca-"
sions de gagner qu'il a perdues.
"̃̃ ̃̃̃̃̃ ̃ :§̃̃ ̃ '̃'̃' ̃ ̃'
En présence d'une dénonciation de cette
nature, que devait faire la justice? Les di-
verses sociétés de M. Langrand étaient en-
core debout; nul protêt n'atastait légale-
ment des embarras; les administrateurs de
ces sociétés jouissaient tousdelaplus haute
considération, et M. Langrand-Dumonceau
lui-même était fort estimé. Dans ces condi-
tions, le devoir des magistrats était tout
tracé, l'abstention.
Le parquet devait répondre au plaignant
que la voie commerciale était ouverte que
si les agissements de M. Langrand et des
administrateurs étaient fâcheux et consti-
tuaient commercialement un dol, M. Lan-
grand et les administrateurs seraient con-
damnés comme responsables; que ces dé-
bats révéleraient les faits coupables, s'ils
existaient, et donneraient au ministère pu-
blic la juste mesure de l'action qu'il devait
exercer.
Loin de tenir ce langage, le parquet
poursuivit sur la dénonciation Mandel; c'4-
tait déjà une condescendance mais la
poursuite décidée, le parquet devait-il sai-
sir les livres, poser les scellés, nommer des
experts, en un mot employer tout l'attirail
de la justice criminelle? Evidemment non.
L'instruction limitée aux faits mal définis
dans la dénonciation eût nécessité des in-
vestigations de la nature la plus grave, in-
vestigations que, dans de semblables cir-
Cependant, par un motif que vous compren-
drez bientôt, si vous êtes destiné à habiter no-
tre ville, les deux lettres supprimées au nom:
du mari ont été ajoutées à celui de sa femme
et de sa fille, et toutes deux répondent, l'une
au nom de Mme Coquette, l'autre au nom de
Reine Coquette, noms que les deux dames
portent parfaitement bien, surtout la demoi-
selle, qui est vraiment reine par la beauté ex-
traordinaire dont elle est douée et coquette par
nature. Ah! tous nos jeunes gens en sont af-
folés mais, sans doute, cela ne vous intéresse
guère?
Beaucoup, au contraire, dit Victor Mar-
cel.
Certes, la porte de la maison de M. Co-
quet ne se rouillera pas sur ses gonds c'est
toute la journée des visites, en veux-tu, en
voilà! M. Coquet vit jour et nuit au cercle et
ne s'inquiète guère de ce qui se passe chez
lui la maman -est facile, imprudente même,
et la demoiselle ne répousse personne. On jase
beaucoup ici de cette conduite. C'est l'habi-
tude en province! Pour se désennuyer, les
vieilles femmes disent du mal des jeunes, les
laides des jolies, les pauvres des riches. On se
fait bonne mine, on s'embrasse, mais on se
déteste cordialement, et la calomnie va son
petit bonhomme de chemin.
Je dis la calomnie à propos de Reine Co-
quette, parce que je suis convaincu, qu'elle
n'est encore qu'une enfant mal élevée qui ne
sait point ce qu'elle fait; tous ces ambureux-là
l'amusent, mais elle n'en écoute aucun, je
crois; cependant, on prétend que l'un d'eux
s'est suicidé, l'année dernière, par jalousie, à
propos d'un ruban donné à un rival, et> tout
récemment, il y a eu un duel au sujet d'une
fleur rare que l'un de ces messieurs portait à
sa. boutonnière, et qui provenait, dit-on, d'un
bouquet offert à la belle Reine par un compé-
titeur brutal et très redouté dans le pays.
Et quelles ont été les suites de ce duel ?
Les gendarmes sont arrivés à propos
pour empêpher un malheur, et le parquet a
fait signifier au prpyoçateur qu'il eût à se te-
nir tranquille s il voulait éviter, des poursui-
tes judiciaires. La leçon ne profitera à Per-
sonne, et je pe sais comment tout cela finira.
L'éducation des filles dans ce pays est si mal
dirigée, si incomplète, que bon nombre (le nos
jeunes hommes vont se marier ailleurs.
I Voilà de précieux renseignements, et je
constances, la magistrature ne doit se per-
mettre qu'à la dernière extrémité, et si des
créanciers ou dés actionnaires formulent
des plaintes nettes et précises avec preuves
irrécusables à l'appui.
Rien de semblable dans l'espèce des té-
moins appelés, peu encouragés, du reste,
par le juge d'instruction, se déclaraient
impuissants à fournir les preuves réclamées
par le juge sur chaque fait allégué le ré-
sultat logique était une ordonnance de non-
lieu elle fut rendue.
j
Aussitôt cette ordonnance fut violem-
ment attaquée par M. Mandel dans son
journal la Cote libre; M. Mandel mettait
en cause le parquet de Bruxelles et notam-
ment le procureur général, qui a effective-
ment dirigé l'instruction et même rédigé le
réquisitoire du procureur du roi. Ces atta-
ques étaient des plus outrageantes, et ce-
pendant que reprochait-on au chef du par-
quet ? De la faiblesse, et rien de plus 1
Or cette faiblesse était, pour ainsi dire,
légitime le parquet avait devant lui, com-
me accusés, des hommes qui ont occupé
avec honneur les plus hautes fonctions de
l'Etat, d'anciens ministres descendus du
pouvoir entourés de la plus grande considé-
ration. Si, en dehors de ces hommes émi-
nents, on examine les financiers qui s'é-
taient alliés aux entreprises de M. Lan-
grand, on remarque MM. Bischoffsheim et
de Hirsch; enfin, quant à M. Langrand lui-
même, on l'a entendu dans les débats, la
plupart des témoins affirmaient sa bonne
foi. Et quel est le plaignant ?
Un agioteur qui.s'est tellement identifié
avec la nature des opérations qu'il tente à
la Bourse, que, sincèrement et de très
bonne foi, il a cru faire une œuvre -honnête
en dénonçant les administrateurs des So-
ciétés sur lesquelles il spéculait à la baisse 1
Cet aspect suffisait pour faire pencher la
balance de la justice en faveur des adminis-
trateurs, tant que des faits éclatants n'é-
taient pas révélés; l'ordonnance de non-
lieu était, pour ainsi dire, inévitable.
Cette ordonnance, comme nous l'avons
dit, fut attaquée par M. Mandel; de là les
outrages envers les magistrats du parquet
de Bruxelles et les poursuites ordonnées
contre le propriétaire de la Cote libre.
Il est évident que si la magistrature bel-
ge avait eu à se reprocher de coupables
compromissions, elle eût dévoré en silence
les outrages mérites; mais, d'après M. Man-
del lui-même, le seul reproche qu'on puis-
se faire aux magistrats belges, c'est d'a-
voir été faibles; et l'on ne saurait assez le
répéter, leur faiblesse, au moment où elle
se produisait, était justifiée par l'état des
choses et la nature du personnel engagé
dans le débat.
Quoi qu'il en soit, il a suffi que l'honneur
de la magistrature fût légèrement atteint.
par les critiques de la Cote libre pour que
le ministre de la justice intervînt. Dès la
publication de ces critiques acerbes contre
le parquet; le ministre recommanda au pro-
cureur général d'exercer des poursuites
contre M. Mandel pour les diffamations qui
offensaient la dignité du corps judiciaire. v
̃̃̃̃̃ c ;.V ;§ -̃̃ ̃̃;̃:̃̃:
Ici le procureur général manqua de ré-
solution, et voici pourquoi. Dans l'espace
de temps qui s'était écoulé entre l'instruc-
tion dirigée contre M. Langrand et les arti-
cles de la Cote libre, la situation des socié-
tés Langrand s'était aggravée, et de toutes
parts s'élevaient des récriminations qui
semblaient donner un certain caractère de
vérité aux indications révélées par M. Man-
del, indications que le temps avait mûries
etihises en lumière..
Le parquet reconnaissait alors que ses
dispositions bienveillantes pourraient em-
prunter aux circonstances nouvelles un ca-
ractère fâcheux; aussi le procureur général
n'eut-il pas le courage d'aborder nettement
n'aurai garde de les oublier,- Voulez-vous,
maintenant, m' enseigner la demeure de M.*
Coquet? 1
Derrière l'hôtel, monsieur, sur la route e
de Niort; vous reconnaîtrez facilement la mai-
son à sa porte cochère, peinte en vert, ayant 11
pour marteau une chimère, morceau de serru-
rerie assez curieux. Si c'est à M. Coquet que
vous voulez parler, il faut aller au cercle; vous
le trouverez jouant au piquet avec son cousin
du Clouzeau, un richard du pays, que j'ai le
malheur d'avoir pour habitué de ma table
d'hôte.
Je le connais, dit en souriant le jeune
homme, un monsieur fort mal élevé.
–Bête, méchant et avare, qui s'imagine
être très large en me donnant soixante francs
par mois pour les deux repas qu'il prend ici
chaque jour.
Et vous dites qu'il est riche ?
Fort riche, monsieur; Son cousin Coquet
le ménage beaucoup et fait depuis vingt ans
sa partie afin d'avoir son héritage. Du Clou-
zeau, qui se doute de ça, en profite pour tri-
cher au jeu et gagner les écus de son parent.
M. Coquet a possédé une assez belle fortune
autrefois; malheureusement, elle a été dissi-
pée aux cartes, pour la plus grande partie,
comme presque toutes les grandes fortunés du
pays.
Vous aurez ce spectacle-là à la prochaine
foire, mous en avons une tous les mois,
les aigrefins et les grecs de tous les départe-
ments environnants s'abattent ici et font des
rafles épouvantables; mais nos messieurs ne
se découragent pas pour si peu, et le mois sui-
vant, les mêmes faits se renouvellent. La pas-
sion du jeu est tellement violente en Vendée,
que les parties durent souvent sept à huit
jours sans interruption; elles ne se terminent
que lorsque les poches sont à sec, et encore
n'ést-il pas rare de trouver dans les champs
des enragés qui, avant de rentrer chez eux,
jouent en plein air les quelques écus qu'ils
ont pu emprunter à leurs fermiers.
Je vous remercie, mon cher hôte, dit
Victor Marcel, et je suis enchanté que ma
bonne étoile m'ait guidé chez vous.
L'hôtelier salua, se mit à la disposition du
voyageur pour de nouveaux renseignements et
retourna à ses fourneaux.
la situation et, par uu surcroît d'instruc-
tion, de poursuivre M. Laugrand en mê-
me temps qu'il eût poursuivi les outra-
ges déversés par M. Mandel sur la magis-
trature le chef du parcpiet hésita et malgré
les injonctions-formelles du ministre de la
justice, il ne .Voulut poursuivre- Mr Mande!
que pour injures, précisément afin d'éviter
la preuve, preuve qui devait démontrer les
dispositions bienveillantes du parquet en
faveur de M. Langrand.
Cette hésitation allait tourner contre le
procureur général; ce magistrat, comme
tant d'autres, ne comprenait pas qu'une
fois la publicité donnée à certains faits, ten-
ter de les nier ou vouloir les étouffer est
souverainement imprudent il arrive par-
fois, comme dans l'affaire Langrand, que
des faits, souventmàl compris, prennent un
aspectdes plus graves; alorsplùs les efforts
sont grands pour les dissimuler, plus ils se
dressent impérieux pour écraser les insen-
sés qui veulent leur barrer le chemin.
Le procureur général belge n'eut aucune
prévoyance; il en fait aujourd'hui la péni-
ble expérience Pour n'avoir pas eu le cou-
rage de prendre en face de M. Mandel une
attitude ferme, commandée par la raison
la plus vulgaire, ce magistrat fut verte-
ment rappelé au sentiment de son devoir
par la lettre suivante du ministre de la jus-
tice
Enfin, vous avez encore été à rencontre de mes
instructions dans votre réquisitoire devant la
chambre des mises en accusation. Dans ce tra-
vail, vous vous attachez à détruire complètement
le fond de la poursuite; vous exécutez, il est vrai,
quant à la conclusion, l'invitation que je vous
avais adressée, mais toutes les considérations
dont vous faites précéder cette conclusion ont eu
pour but de la rendre illogique et inadmissible.
Il vous était libre de couvrir votre responsabilité
derrière les instructions que je vous avais don-
nées, mais vous manquiez à vos devoirs en vous
livrant devant la cour à des considérations de
nature à énerver et à faire repousser les réquisi-
tions que je vous avais invité a faire.
Ce n'est plus M.. Mandel, c'est le ministre
de la justice qui dit au procureur général
« Yous avez manqué à votre devoir. » Lan-
gage noble et digne d'un ministre qui veut
faire respecter les magistrats dont il est
le chef! Ce ministre ne permet à personne
d'accuser un magistrat d'aucun tort, pas
même d'un sentiment de faiblesse dans
l'accomplissement du devoir
Voilà comment fut amené le procès fait
à M. Mandel, et qui s'est déroulé devant
la cour d'assises de Bruxelles. Ce procès a
abouti et devait aboutir à un verdict d'ac-
quittement en faveur.de I'accu6é. Cet ac-
quittement a été acclamé par la foule
quelque juste qu'il soit, les acclamations
qu'il a soulevées demandent un correctif,
et c'est ce correctif que nous nous permet-
tons d'exprimer.
̃ •§, /̃;• .̃
Il né faut pas que l'éclat d'un procès,
l'importance des personnages et enfin l'es-
prit de parti empêchent la raison de dis-
cerner la vérité, et sous ce rapport quel-
ques réflexions doivent être soumises à la
raison publique.
Il est d'abord nécessaire de faire remar-
quer que M. Langrand-Dumonceau n'était
ni présent ni en cause, et que cependant il
était le principal accusé de sorte que nul
ne pouvait le défendre ou parler favorable-
ment de lui, sans, encourir les soupçons les
plus fâcheux. Par l'effet de cette étrange
situation, les témoins à charge et à déchar-
ge cités pour ou contre Mandel, officielle-
ment accusé, se: transformaient générale-
ment en témoins à charge contré M.; Lari-
grand-Dumonceau, absent et légalement
hors de cause.
Il est encore utile de considérer,; .que les
faits reprochés au financier, belge 'se rap-
portent généralement à des agissements
concernant des sociétés de crédit; que
ces agissements pouvaient en partie s'ex-
pliquer par la nécessité de protéger ces
sociétés et les défendre. contre le; discré-
· III
Il faut n'avoir jamais été jëùiie pour rie pus
comprendre que Victor Marcel n'eut, après
cette conversation, qu'un désir, celui de con-
naître cette reine de beauté pour laquelle cha-
cun soupirait et qui, si l'hôtelier disait vrai,
n'aimait personne.
A vingt-cinq ans, l'homme n'a pas encore
d'ambition, l'avenir n'est point un sujet de
préoccupation, et seule, la femme exerce sur
son imagination un empire irrésistible. Le
jeune homme ne songea ni à la coquette-
rie de cette belle fille, ni .à sa mauvaise éduca-
tion; une seule chose ressortit pour lui des
renseignements que venait de lui donner le
propriétaire de l'hôtel du Pélican, c'est qu'il
existait dans la ville où il était destiné à vivre
plusieurs années, une femme d'une beauté ex-
ceptionnelle, très recherchée par toute la jeu-
nesse, et chez laquelle il pouvait faire immé-
diatement une visite et s'assurer si la renom-
mée n'était pas menteuse. C
Nous avons dit que Victor Marcel arrivait
de Bordeaux; il venait, à vingt-six ans, exer-
cer dans le chef-lieu du département de la
Vendée des fonctions publiques qui devaient
lui ouvrir toutes les portes, c'était la première
étape d'une carrière administrative remplie
d'espérances et de songes dorés. Victor Mar-
cel était porteur d'une lettre d'introduction
pour M. Coquet, que lui avait remise un riche
négociant de Bordeaux, parent éloigné de ce-
lui ci, et il voulut l'utiliser sur-le-champ.
Un sage eût agi autrement il eût jeté la
lettre au feu et ne se fût point présenté chez M.
Coquet malheureusement, sagesse et jeunesse,
qui riment parfaitement ensemble" se trou-
vent rarement réunies, et, si la curiosité se
met de la partie, il est à peu près certain
qu'elles suivrontdes voies diamétralement op-
posées. Victor Marcel fit promptement une
toilette simple et de bon goût, et se rendit
chez M. Coquet.
Il estimitile de dire que M.. Coquet n'était
pas chez lui. Le jeune homme fut reçu par
Mm6 Coquet; c'était une femme de trente-six
à trente-huit ans qui avait conservé de grands
restes d'une beauté dont on avait jadis beau-
coup parlé. Le portrait qu'en avait fait l'hôte-
lier du Pélican n'était que trop vrai. Mme Co-
quet, mariée à dix-huit ans à un homme qui
dit qu'entraînaient les critiques des jour-
naux et la spéculation à la baisse. Il n'est
douteux pour aucune personne versée -s
dans les finances, qu'après, les explica/
tions que M. Langrand eût fournies, §^k
avait assisté aux débats, la plupart «es M
reproches faits à sa gestion eussent t|é m
fortement atténués et peut-être qu'en é&- Ip
primant avec conviction les préoccupaVl|
tions, les amertumes qu'enfantent les lut-^5
tes financières, il eût ramené l'opinion et
complétement justifié les dispositions bien-
veillantes du parquet. Mais sa fuite au
moment du danger atteste une absence
de sens moral, un manque absolu dé di-
gnité qu'on ne doit jamais montrer, surtout
lorsqu'on a attiré dans son orbite des hom-
mes honorables et jusqu'alors grandement
et justement estimés! Se dévouer à la dé-
fense de l'honneur de tous, même au prix
de la liberté, était le devoir qui s'imposait i
à M. Langrand-Dumonceau, et qu'il a lâ-
chement trahi. Et qu'aura-t-il gagné à
cette trahison? Il n'échappera pas àla flé-
trissure qu'il eût certainement atténuée par
sa présence; car déjà à la suite du procès
Mandel, la mise en faillite de l'Interna-
tional a été prononcée et des poursuites
criminelles sont exercées, poursuites qui
seront d'autant plus sévères, que M. Lan-
grand ne sera couvert par aucune des
sympathies qui l'eùssent entouré, s'il avait
courageusement et loyalement fait tête à
l'orage.
Il devait encore auxmagistratsquî l'a-
vaientprotégé, l'appui de sa présence; aussi
a-t-il mérité les reproches que lui adres-
sait en ces termes M. l'avocat général
N'y eût-il que la fuite de Langrand, n'y eût-il
que ce fait de la fuite de l'homme qui portait haut
la tête et disait « Je défends mon honneur ou-
tragé; » n'y eût-il que ce fait, que je dirais que -j
c'est une lâcheté, parce que celui qui a créé; une ̃
situation, et cette situation, nous la connais-
sons aujourd'hui, devait rester à son poste; il
ne devait pas déserter la lutte.
La morale à tirer de ce procès ressemble
à celle qui ressort du procès de. l'Immobi-
lière, récemment jugé à Paris. Les admi-
nistrateurs ne doivent pas oublier que
leur langage se traduit sur le marché par
des mouvements de hausse ou de baisse
dont ils sont moralement responsables,
et si, dans l'intérêt des sociétés qu'ils
fèrerit, ils ont pour devoir de sauvegar-
er leur crédit,, ils se souviendront 'qîie
les rapports et les communications offi-
cielles doivent éviter scrupuleusement de
faire naître des espérances que le temps
ne doit pas inévita blement confirmer.
"• J.MIRÈS:
-̃̃ ̃ ̃ ̃ ̃̃̃ ̃>
DÉPÊCHES f lit MWiVff S ">̃
ESPAGNE
'̃̃̃̃ ̃•' Madrid, 31 :niai,.soir. -•̃ V>
Aux Cortès, diverses pétitions sont présentées
contre les nouveaux traités de commerce.
Le préfet do Madrid donne des explications sur
de prétendus rapts d'enfants qui auraient eu lieu
dans la rue des Ambassadeurs à Madrid. ̃• "̃< ·'
Un bill d'indemnité est accordé à là municipal
lité de Madrid, ̃̃
Les carlistes font de l'agitation, en Navarre et c
en Biscaye. ̃ '̃̃ <̃ • -̃ ̃̃
On mande de la Havane, le 31 mai, que le: fil»; y
du général Cespédès, chef de l'insurrection, a été
fait prisonnier avec d'autres insurgés; :i- â
̃ ITALIE ..• 'V:;
Florence, ;31 mai,, éôir.
Par suite des dernières tentatives pour la for-
mation de bandes insurrectionnelles, des perqtii-
sitions ont été opérées à Gênes et dans quelques:"
villages voisins, ̃̃̃:̃ ̃• '̃ A;
Une bande a fait son. apparition .dans /ta p«K-:
virice de Côme. On assure qu'elle est peu impor-
tante. Des troupes ont été envoyées à sa ..pour--
suite. Le gouvernement a pris des mesures pp,u?J;
la surveillance des communications avec la Suisse
par les bateaux qui; circulent sur le lac de Côraë; r
l'avait complètement négligée .après quelques
mois de mariage, avait cherché "des distrac-
tions dans la toilette et -la fréquentation de
femmes également délaissées par leurs ma-
ris elle avait le' bavardage> le làisser-allep;-
le libre langage, le faux jugement; et ;le,s.!
travers d'esprit qui sont le- résultat d'une
éducation à'peu près nulle, d'un manqué. ab-
solu de sens moral et de fâcheuses-relations.
Elevée dans les habitudes masculines de l'th
quitation et de la chasse, qui étaient les :grah-
des occupâtionsdu pays où les voies de com-
munication existaient à peine, elle n'ayait ap-
porté dans la vie conjugale aucun de ces char-
mes séduisants, aucune de ces; qualités exqui-
ses qui savent retenir le mari au foyer do-
mestique. ̃ ,l'i 'ï,
C'était une- amazone intrépide > dont. la.
beauté était sans rivale et que rehaussait l'atr `
trait magnétique delà jeunesse; niais son lan-
gage était commun, vulgaire, sa ;voix; était
piaillàrde; elle riait sottement, sans grâce et
aux éclats; elle marchait les pieds en dehors,;
comme les cavaliers, et n'ayait. aucun charme
dans sa toilette aux tons .criards; elle. était
ignorante et disait des énormités qùL eussent
fait rougir un soldat, et si, parfois, une obser-
vation lui était faite à ce sujet, elle se fichait
et répondait par quelque grosse sottise. Oh l'a-
vait surnommée la Belle bête. ;'• ;7;
'̃' M. Coquet se dégoûta promptemeh't de ce
joli dragon qui lui créait un intérieur insup-
portable, et, ne se sentantni la volonté pi.îa.
puissance de- refaire l'éducation de sa jeune
femme, il l'abandonna à la solitude ae sa »;
vaste maison, aux conseils perfides de. quel-
ques femmes légères, et reprit' sa vie de chassé,
de jeu et de cabaret, ne rentrant, le plus sou-
vent, qu'après minuit et, parfois même, ne
rentrant que le lendemain. Mme Coquet se;fâ-
cha, cria, menaça, jura de se venger -r- ce
qui était un mauvais moyen mais le mari
ne changea rien aux habitudes qu'il avait re-
prises, siooh qu'il joua un peu plus et se
montra un peu moins au logis.
ARMAND LAPÔINTE
(La suite à demain) ̃' ̃
(Trois mois «Sf.ôO
«ABIS BT 8EDJB [ f« =«>«. »
r un an 541 9
liffiEADX D'flBOflHEHEHT. 123. BUE MONTMARTRE
Jeudi 2 juin 187Ô
Trois mois 16 francs
DEPAItÏEMSIVTS Six mois. 82
Un an «4
ANNONCES. 8. PUCE DE LA BOURSE ET 7. RUE COQ-HEAOi
1- Jçut çç qui concerne l'Administration du Journal doit être adressé au Gérant
3SB année
L'Administration sa réserve la droit de modifier la rédaction des Annonces
PAR1S, 1er JUIN Ih1^\ 7^
r
LE l'ÎÏOCÈS LANGRANB-DpONi'EUJ j
V .'Ml' iV
Un grave événement jûtKélaiie >ieut.ik*'J
s'accomplir en Belgique, suivi de compli-
cations politiques intérieures fort sérieu-
ses, complications qu'aggravent encore les
ruines amoncelées autour des entreprises
financières fondées par M. Langrand-Du-
monceau,
Nous avons publié le compte-rendu de
ce procès; nos lecteurs n'ont pas oublié que
M. Armand Mandel, propriétaire du jour-
nal financier la Cote libre, poursuivi pour
outrages à la magistrature, a été acquitté
par le jury.
Nous ne reviendrons donc pas sur les in-
cidents soulevés par ces débats; nous vou-
lons seulement en tirer un enseignement
utile au point de -vue financier et judi-
ciaire.
Pour permettre d'apprécier sainement le
côté judiciaire et même "politique de cette
affaire, il est utile de faire connaître la
nature des difficultés financières qui ont
surgi et amené la situation actuelle.
M. Langrand-Dumonceau, pendant plu-
sieurs années, a été le héros des affaires fi-
nancières et industrielles en Belgique; il a
multiplié ces sortes de fondations sous les
titres les plus variés; le capital-total de ces
sociétés, s élevant à des centaines de mil-
lions, était représenté par des actions d'u-
ne valeur nominale de 500 fr. et de 250 fr.
Ces titres servaient et alimentaient, à la
Bourse de Bruxelles, une vaste spécula-
tion.
Malheureusement, le principal rôle dans
cette spéculation était en quelque sorte
imposé à M. Langrand-Dumonceau par la
façon même dont ses sociétés étaient con-
stituées.
Ses faibles ressources, son crédit res-
treint ne lui permettaient pas d'imiter avec
succès, dans ses entreprises, le Crédit mo-
bilier français. Ses procédés étaient à peu
près ceux de MM. Pereire; son but, la pri-
me sur les actions, était le même; les
moyens étaient, à Bruxelles comme à Paris,
la fabrication et les distributions de divi-
dendes exagérés ou même purement fictifs.
L'analogie du but s'accentuait surtout en
1863, lorsque MM. Pereire et Langrand se
réunirent pour fonder la Société néerlan-
daise de triste mémoire, et vendre à prime
les actions de cette société
Mais là s'arrêtait la ressemblance et
eoramençait l'infériorité de M. Langrand à
l'égard de MM. Pereire. Cette infériorité
provenait d'abord de la moindre importan-
ce du, marché belge, ensuite du concours
financier insuffisant, sinon nul, qu'appor-
taient à M. Langrand ses administrateurs;
tandis que MM. Pereire devaient surtout
leur immense crédit aux sommités finan-
cières qu'ils, avaient su rattacher à leurs
-entreprises L'importance politique î'ho-
.norabilité, la puissance même des indivi-
dualités groupées autour du financier bel-
;ge ne pouvaient suppléer à. l'absence, de:
jout concours financier. V
Enfin une dernière infériorité, la plus
grave, provenait de ee fait, que l'influence,-
tontë puissante du gouvernement était
mise, en France, au service de MM. Perei-
re, et qu'en Belgique, sous ce rapport, M.
Langrand avait rencontré l'indifférence la
plus absoltté..
Le finaneifer'belge avait tenté de compen-
ser ce dernier désavantage en rattachant
;à ses affairesdes influencés ^gouvernement
-cales allemandes. Dés traités étranges fu-
a'eat passés entre le prince La Tour et
'ï.asïs et M. Langrand. Le procès a amené
les plus curieuses révélations. Ainsi l'on
voit le 5 juin 1865 le prince La Tour et
FEUILLETON DE LA PRESSÉ
du â'jruiN 1870.. -2
REI1E COQUE TTt
SCÈNES DE Ùî -PE CE WHMME
Il
Suit©
Les suppositions de ces bons citadins s^ f".8"
sent sans doute prolongées sur ce ton bieim^u~
lant durant tout le déjeuner, si la porte de la
salle à manger ne se fût pas ouverte pour don-
ner accès à un autre habitué de la table d'hôte.
Tiens! voilà du Clouzeau
Toujours en retard i
Bonjour, du Clouzeau s'écria-t-on de
tous les points de la table.
Le personnage qui portait le nom dp du
Clouzeau avait tout l'air d'un boule-dogue
coiffé d'un chapeau, et pour qu'il n'y eût point
.de contraste entre sa personne et son caractè-
re, la nature l'avait doué des qualités aima-
Sbles de cet animal. C'était un ours très bien
réussi.
C'est tous les jours la même chose, gro-
gna le sieur du Clouzeau, on avance la pen-
dule et je ne trouve" que des restes.
Il lit le tour de la table, et voyant sa place
"habituelle occupée par l'étranger auquel
nous donnerons tout de suite le nom de A'ic-
tor Marcel l'indigène vendéen poussa des
clameurs féroces et appela la bonne; mais
celle-ci, qui était sans doute familiarisée avec
les façons désagréables de ce convive, ne
.bougea pas. •
Je n'aime pas qu'on prenne ma place,
ïflkoj, grommela du Clouzeau, ça me dérange.
Ke&roduetion interdite pour les journaux qui
n'oirt pas tnuté avec là Société des gens de lettres.
Taxis etM. Langrand souscrire à eux seuls
ic capital d'une société générale pour fa-
voriser le Crédit foncier, puis le 10 mai
L868 passer un autre acte qui annule abso-
lument les conventions signées en juin
1865.
Que ressort-il de cesjictes? Que la so-
ciéte^en question n'a pas été effectivement
fondée pour favoriser le Crédit foncier,
mais pour faciliter une spéculation sur les
actions que les princes allemands et M.
Langrand espéraient vendre à prime Puis
en 1868, lorsque les mauvais jours sontve-
nus, les princes ont voulu se dégager et M.
Langrand a dû reprendre les actions qui
avaient fait l'objet du premier contrat
passé en juin 1865!
Jamais, il faut en convenir, le Crédit
mobilier français n'a aussi audacieusement
affirmé son but; habituellement ses admi-
nistrateurs souscrivaient les titres, les
fonds étaient versés et employés aux entre-
prises, les dividendes distribués, de sorte
que les primes récoltées semblaient tou-
jours être le résultat d'opérations sérieuses
et sociales.
Les premières créations de M. Langrand
remontent avant 1859; à cette époque, il
créa l'Association générale d'assuran-
ces, plus tard l'Hypothécaire belge, une
Banque de crédit foncier et industriel, la
Société générale pour favoriser le Crédit
foncier, l'International, etc., etc. Les inté-
rêts de ces sociétés étaient mêlés; parfois
elles fusionnaient; c'était un aliment nou-
veau pour la spéculation. De l'une de ces
fusions est sorti le scandale qui vient d'é-
clater, scandale qui a mis en relief le vice
des procédés employés pour faire des bé-
néfices, des dividendes ou des fusions, et
récolter des primes
Au nombre des sociétés fondées par M.
Langrand-Dumonceau figurait l'Hypothé-
caire belge, que géraient MM. Mercier,
Dechamps, de Decker, Duval de Beaulieu
et naturellement M. Langrand; cette so-
ciété était en commandite et émettait des
bens connus en Belgique sous le nom de
bons de Decker. Après une courte période
d'exploitation, l'Hypothécaire belge, dont
les administrateurs étaient responsables,
vendait, moyennant 10 millions, sa clien-
tèle à une autre société, l'International,
fondée à Londres, sous-la forme de respon-
sabilité limitée, par M; Langrand; les ad-
ministrateurs dégagaient ainsi leur res-
ponsabilité, et en outre cette opération
était pour eux l'origine d'un bénéfice blâ-
mable.
Le capital effectivement versé dans l'Hy-
pothécaire et ses réserves atteignaient à
peine h millions; c'était donc un bénéfice
de 6 millions réalisé au. profit notamment
des administrateurs, qui étaient tous ad-
ministrateurs de l'Hypothécaire En réa-
lité, ils se vendaient à eux-mêmes et se
partageaient en espèces une grande partie
des fonds destinés aux opérations sociales
Les procédés de ce genre transpirent
toujours pour des hommes exercés au
maniement des affaires, ces agissements'
coupables devaient encourager la spécu-
lation â hv baisse sur les titres des So-
ciétés Langrand. ̃̃̃
Au nombre des spéculateurs qui agio-
taient sur ces actions à la Bourse de
Bruxelles figurait M. Armand Mandel,
propriétaire du journal financier la Cote,
libre. M. Mandel critiquait durement dans
cette feuille les affaires Langrand mais
sans doute l'influence de son journal ne lui
semblait pas suffisante pour activer une
crise qui devait assurer le succès de sa
spéculation à la baisse, il eut recours à un
moyen violent une dénonciation fut adres-
sée par lui au parquet de Bruxelles contre
M. Langrand.
Il est curieux de rappeler les termes de
cette dénonciation pour en apprécier le ca-
ractère:
Je reproche à M. Langrand, dit M. Mandel,
Ce n'est pas à mon âge qu'on change ses ha-
bitudes, que diable! J'irai chez Le Yillain,
à l'Europe, si cela continue. Il sait faire
respecter les places de ses abonnés, lui!
Mais comme personne ne répondit et que
Victor Marcel ne bougea pas, duClouzeau finit
par s'asseoir à l'extrémité de la table. Il dé-
plia sa serviette, se l'attacha derrière le cou,
comme s'il eût dû livrer sa figure au barbier,
et, s'adressant à Victor Marcel, il dit
Eh monsieur! là-bas. Vous qui avez
pris ma place.
Involontairement Victor Marcel releva la
tête.
Passez-moi les gras-doubles, continua
du Clouzeau d'un ton bourru.
Vous me faites l'honneur de me parler,
monsieur ? demanda l'interpellé.
Oui.
Je pensais que. vous vous adressiez à ces
messieurs, qui sont sans doute de vos amis 1
Je vous demande de me passer le plat. Il
iîVest pas nécessaire, pour cela, de prendre des
gants et de faire des phrases, j'imagine; nous
utres, bourgeois, nous parlons à la bonne
,il,. ,~t~~tte.
frai, ~~a se voit, monsieur,' dit le jeune
I^Ja se voit, monsieur, dit le jeune
homme. 1-ya ,ne.
Et il sonna*
Celle-ci aee~t'
Vous pouve:^»aînte»aîlt' monsîeur> re-
prit Victor Marcel, 4onner yos ordres- a la
bonne franquette! m i fM
Nous n'affirmerions ^as que M. du Uouzeau
comprit la leçon; :aiaîsil^t vexe et garda le e
silence durant le déjeuner, qu: «eut pas d au-
tre incident. Seulement Victor k^el venait
de se faire un in iplacabie ennemi en per-
'sonne de ce bourg cois rogue et mal éduquè.
Après le repas, et lorsqu'il fut seul, le jeune
homme fit appele r le maître de l'hôtel et lui
demanda s'il connaissait M. Le Cosquet,
Monsieur, (fit l'hôtelier en souriant, je
sais de qui vous voulez parler, quoique votre
prononciation soit vicieuse. Le Cosquet est
un vieux nom àei Marais dans lequel l'S ne se
fait pas sentir ici, et depuis plus de vingt-
cinq ans, on a et lis plus loin Après avoir sup-
primé une lettr*1 ̃ on en a supprimé deux autres,
et, aujourd'hui., dans tout le pays, M. I>e Cos-
quet n'est plus connu que sous le nom de M.
Coquet; lui-mê me signe ainsi son nom et ne
répond pas à d', autre appellation.
d'avoir employé, dès l'origine jusqu'aujourd'hui,
toutes sortes de manœuvres pour faire des cours
factices sur ses valeurs et des primes, et se dé-
barrasser à un haut prix des titres qu'il émettait.
Je reproche aux administrateurs de ces sociétés
de s'être rendus coniplices, par les moyens indi-
qués par le Code pénal, de ces manœuvres.
Comme on le remarque, les ..accusations
sont vagues et sans preuves, car voici l'in-
vocation aux preuves; la dénonciation con-
tinue
Pour savoir exactement QUI a profité de ces
manœuvres, il est nécessaire de consulter le li-
vre des transferts.
Ces livres ne peuvent donner encore qu'une
simple idée imparfaite des administrateurs qui
ont profité de ces manœuvres; pour connaître ceux
qui en ont profité, il faut nécessairement consul-
ter les carnets et les livres de tous les agents de
change. ·
Puis M. Mandel invoque contre M. Lan-
grand la série des circulaires, les rapports
et même des articles de journaux il si-
gnale les personnes qui pourraient fournir
des renseignements sur les sociétés fondées
en vue uniquement de vendre les actions;
enfin cette dénonciation qui porte la date
du 19 octobre 1868 se termine en ces ter-
mes
chercher 1° A quoi et à qui ont été employés
les dix millions payés par l'International pour
prix de l'Hypothécaire belge; 1
2° Les 1,700,000 fr. de commission payés par
l'International pour placement de son capital par
l'Industrie;
3° 1,700,000 fr. pour frais de fondation delà
Société générale pour favoriser le Crédit foncier
h° 800,000 fr. de frais d'établissement de l'agri-
cole
5° Comment on a pu cacher les hypothèques de
16 millions jusqu'enjuillet 1868.
Rechercher comment les actions sans valeur
du portefeuille de l'Industriel y sont entrées,
etc., etc.
Rechercher ce que sont devenues des lettres
dégage, etc., etc.
Rechercher le compte S. à l'Industriel, où
se sont déversées toutes les immondices financiè-
res, etc., etc.
En somme, dans toute cette dénoncia-
tion une seule accusation est nettement
formulée c'est celle qui dénonce la consti-
tution de sociétés par actions en vue de
spéculer à la Bourse et les efforts faits pour
vendre ces actions à prime. La" dénoncia-
tion, après avoir posé ce principe trop
exact, signale des faits assurément blâma-
bles, mais qu'elle n'appuie d'aucun carac-
tère de certitude; enfin elle, ne signale
point de préjudice personnel; le plaignant
ne peut, en réalité, invoquer que les pertes
àlaBourse qu'il a subies, pumêmelesocca-"
sions de gagner qu'il a perdues.
"̃̃ ̃̃̃̃̃ ̃ :§̃̃ ̃ '̃'̃' ̃ ̃'
En présence d'une dénonciation de cette
nature, que devait faire la justice? Les di-
verses sociétés de M. Langrand étaient en-
core debout; nul protêt n'atastait légale-
ment des embarras; les administrateurs de
ces sociétés jouissaient tousdelaplus haute
considération, et M. Langrand-Dumonceau
lui-même était fort estimé. Dans ces condi-
tions, le devoir des magistrats était tout
tracé, l'abstention.
Le parquet devait répondre au plaignant
que la voie commerciale était ouverte que
si les agissements de M. Langrand et des
administrateurs étaient fâcheux et consti-
tuaient commercialement un dol, M. Lan-
grand et les administrateurs seraient con-
damnés comme responsables; que ces dé-
bats révéleraient les faits coupables, s'ils
existaient, et donneraient au ministère pu-
blic la juste mesure de l'action qu'il devait
exercer.
Loin de tenir ce langage, le parquet
poursuivit sur la dénonciation Mandel; c'4-
tait déjà une condescendance mais la
poursuite décidée, le parquet devait-il sai-
sir les livres, poser les scellés, nommer des
experts, en un mot employer tout l'attirail
de la justice criminelle? Evidemment non.
L'instruction limitée aux faits mal définis
dans la dénonciation eût nécessité des in-
vestigations de la nature la plus grave, in-
vestigations que, dans de semblables cir-
Cependant, par un motif que vous compren-
drez bientôt, si vous êtes destiné à habiter no-
tre ville, les deux lettres supprimées au nom:
du mari ont été ajoutées à celui de sa femme
et de sa fille, et toutes deux répondent, l'une
au nom de Mme Coquette, l'autre au nom de
Reine Coquette, noms que les deux dames
portent parfaitement bien, surtout la demoi-
selle, qui est vraiment reine par la beauté ex-
traordinaire dont elle est douée et coquette par
nature. Ah! tous nos jeunes gens en sont af-
folés mais, sans doute, cela ne vous intéresse
guère?
Beaucoup, au contraire, dit Victor Mar-
cel.
Certes, la porte de la maison de M. Co-
quet ne se rouillera pas sur ses gonds c'est
toute la journée des visites, en veux-tu, en
voilà! M. Coquet vit jour et nuit au cercle et
ne s'inquiète guère de ce qui se passe chez
lui la maman -est facile, imprudente même,
et la demoiselle ne répousse personne. On jase
beaucoup ici de cette conduite. C'est l'habi-
tude en province! Pour se désennuyer, les
vieilles femmes disent du mal des jeunes, les
laides des jolies, les pauvres des riches. On se
fait bonne mine, on s'embrasse, mais on se
déteste cordialement, et la calomnie va son
petit bonhomme de chemin.
Je dis la calomnie à propos de Reine Co-
quette, parce que je suis convaincu, qu'elle
n'est encore qu'une enfant mal élevée qui ne
sait point ce qu'elle fait; tous ces ambureux-là
l'amusent, mais elle n'en écoute aucun, je
crois; cependant, on prétend que l'un d'eux
s'est suicidé, l'année dernière, par jalousie, à
propos d'un ruban donné à un rival, et> tout
récemment, il y a eu un duel au sujet d'une
fleur rare que l'un de ces messieurs portait à
sa. boutonnière, et qui provenait, dit-on, d'un
bouquet offert à la belle Reine par un compé-
titeur brutal et très redouté dans le pays.
Et quelles ont été les suites de ce duel ?
Les gendarmes sont arrivés à propos
pour empêpher un malheur, et le parquet a
fait signifier au prpyoçateur qu'il eût à se te-
nir tranquille s il voulait éviter, des poursui-
tes judiciaires. La leçon ne profitera à Per-
sonne, et je pe sais comment tout cela finira.
L'éducation des filles dans ce pays est si mal
dirigée, si incomplète, que bon nombre (le nos
jeunes hommes vont se marier ailleurs.
I Voilà de précieux renseignements, et je
constances, la magistrature ne doit se per-
mettre qu'à la dernière extrémité, et si des
créanciers ou dés actionnaires formulent
des plaintes nettes et précises avec preuves
irrécusables à l'appui.
Rien de semblable dans l'espèce des té-
moins appelés, peu encouragés, du reste,
par le juge d'instruction, se déclaraient
impuissants à fournir les preuves réclamées
par le juge sur chaque fait allégué le ré-
sultat logique était une ordonnance de non-
lieu elle fut rendue.
j
Aussitôt cette ordonnance fut violem-
ment attaquée par M. Mandel dans son
journal la Cote libre; M. Mandel mettait
en cause le parquet de Bruxelles et notam-
ment le procureur général, qui a effective-
ment dirigé l'instruction et même rédigé le
réquisitoire du procureur du roi. Ces atta-
ques étaient des plus outrageantes, et ce-
pendant que reprochait-on au chef du par-
quet ? De la faiblesse, et rien de plus 1
Or cette faiblesse était, pour ainsi dire,
légitime le parquet avait devant lui, com-
me accusés, des hommes qui ont occupé
avec honneur les plus hautes fonctions de
l'Etat, d'anciens ministres descendus du
pouvoir entourés de la plus grande considé-
ration. Si, en dehors de ces hommes émi-
nents, on examine les financiers qui s'é-
taient alliés aux entreprises de M. Lan-
grand, on remarque MM. Bischoffsheim et
de Hirsch; enfin, quant à M. Langrand lui-
même, on l'a entendu dans les débats, la
plupart des témoins affirmaient sa bonne
foi. Et quel est le plaignant ?
Un agioteur qui.s'est tellement identifié
avec la nature des opérations qu'il tente à
la Bourse, que, sincèrement et de très
bonne foi, il a cru faire une œuvre -honnête
en dénonçant les administrateurs des So-
ciétés sur lesquelles il spéculait à la baisse 1
Cet aspect suffisait pour faire pencher la
balance de la justice en faveur des adminis-
trateurs, tant que des faits éclatants n'é-
taient pas révélés; l'ordonnance de non-
lieu était, pour ainsi dire, inévitable.
Cette ordonnance, comme nous l'avons
dit, fut attaquée par M. Mandel; de là les
outrages envers les magistrats du parquet
de Bruxelles et les poursuites ordonnées
contre le propriétaire de la Cote libre.
Il est évident que si la magistrature bel-
ge avait eu à se reprocher de coupables
compromissions, elle eût dévoré en silence
les outrages mérites; mais, d'après M. Man-
del lui-même, le seul reproche qu'on puis-
se faire aux magistrats belges, c'est d'a-
voir été faibles; et l'on ne saurait assez le
répéter, leur faiblesse, au moment où elle
se produisait, était justifiée par l'état des
choses et la nature du personnel engagé
dans le débat.
Quoi qu'il en soit, il a suffi que l'honneur
de la magistrature fût légèrement atteint.
par les critiques de la Cote libre pour que
le ministre de la justice intervînt. Dès la
publication de ces critiques acerbes contre
le parquet; le ministre recommanda au pro-
cureur général d'exercer des poursuites
contre M. Mandel pour les diffamations qui
offensaient la dignité du corps judiciaire. v
̃̃̃̃̃ c ;.V ;§ -̃̃ ̃̃;̃:̃̃:
Ici le procureur général manqua de ré-
solution, et voici pourquoi. Dans l'espace
de temps qui s'était écoulé entre l'instruc-
tion dirigée contre M. Langrand et les arti-
cles de la Cote libre, la situation des socié-
tés Langrand s'était aggravée, et de toutes
parts s'élevaient des récriminations qui
semblaient donner un certain caractère de
vérité aux indications révélées par M. Man-
del, indications que le temps avait mûries
etihises en lumière..
Le parquet reconnaissait alors que ses
dispositions bienveillantes pourraient em-
prunter aux circonstances nouvelles un ca-
ractère fâcheux; aussi le procureur général
n'eut-il pas le courage d'aborder nettement
n'aurai garde de les oublier,- Voulez-vous,
maintenant, m' enseigner la demeure de M.*
Coquet? 1
Derrière l'hôtel, monsieur, sur la route e
de Niort; vous reconnaîtrez facilement la mai-
son à sa porte cochère, peinte en vert, ayant 11
pour marteau une chimère, morceau de serru-
rerie assez curieux. Si c'est à M. Coquet que
vous voulez parler, il faut aller au cercle; vous
le trouverez jouant au piquet avec son cousin
du Clouzeau, un richard du pays, que j'ai le
malheur d'avoir pour habitué de ma table
d'hôte.
Je le connais, dit en souriant le jeune
homme, un monsieur fort mal élevé.
–Bête, méchant et avare, qui s'imagine
être très large en me donnant soixante francs
par mois pour les deux repas qu'il prend ici
chaque jour.
Et vous dites qu'il est riche ?
Fort riche, monsieur; Son cousin Coquet
le ménage beaucoup et fait depuis vingt ans
sa partie afin d'avoir son héritage. Du Clou-
zeau, qui se doute de ça, en profite pour tri-
cher au jeu et gagner les écus de son parent.
M. Coquet a possédé une assez belle fortune
autrefois; malheureusement, elle a été dissi-
pée aux cartes, pour la plus grande partie,
comme presque toutes les grandes fortunés du
pays.
Vous aurez ce spectacle-là à la prochaine
foire, mous en avons une tous les mois,
les aigrefins et les grecs de tous les départe-
ments environnants s'abattent ici et font des
rafles épouvantables; mais nos messieurs ne
se découragent pas pour si peu, et le mois sui-
vant, les mêmes faits se renouvellent. La pas-
sion du jeu est tellement violente en Vendée,
que les parties durent souvent sept à huit
jours sans interruption; elles ne se terminent
que lorsque les poches sont à sec, et encore
n'ést-il pas rare de trouver dans les champs
des enragés qui, avant de rentrer chez eux,
jouent en plein air les quelques écus qu'ils
ont pu emprunter à leurs fermiers.
Je vous remercie, mon cher hôte, dit
Victor Marcel, et je suis enchanté que ma
bonne étoile m'ait guidé chez vous.
L'hôtelier salua, se mit à la disposition du
voyageur pour de nouveaux renseignements et
retourna à ses fourneaux.
la situation et, par uu surcroît d'instruc-
tion, de poursuivre M. Laugrand en mê-
me temps qu'il eût poursuivi les outra-
ges déversés par M. Mandel sur la magis-
trature le chef du parcpiet hésita et malgré
les injonctions-formelles du ministre de la
justice, il ne .Voulut poursuivre- Mr Mande!
que pour injures, précisément afin d'éviter
la preuve, preuve qui devait démontrer les
dispositions bienveillantes du parquet en
faveur de M. Langrand.
Cette hésitation allait tourner contre le
procureur général; ce magistrat, comme
tant d'autres, ne comprenait pas qu'une
fois la publicité donnée à certains faits, ten-
ter de les nier ou vouloir les étouffer est
souverainement imprudent il arrive par-
fois, comme dans l'affaire Langrand, que
des faits, souventmàl compris, prennent un
aspectdes plus graves; alorsplùs les efforts
sont grands pour les dissimuler, plus ils se
dressent impérieux pour écraser les insen-
sés qui veulent leur barrer le chemin.
Le procureur général belge n'eut aucune
prévoyance; il en fait aujourd'hui la péni-
ble expérience Pour n'avoir pas eu le cou-
rage de prendre en face de M. Mandel une
attitude ferme, commandée par la raison
la plus vulgaire, ce magistrat fut verte-
ment rappelé au sentiment de son devoir
par la lettre suivante du ministre de la jus-
tice
Enfin, vous avez encore été à rencontre de mes
instructions dans votre réquisitoire devant la
chambre des mises en accusation. Dans ce tra-
vail, vous vous attachez à détruire complètement
le fond de la poursuite; vous exécutez, il est vrai,
quant à la conclusion, l'invitation que je vous
avais adressée, mais toutes les considérations
dont vous faites précéder cette conclusion ont eu
pour but de la rendre illogique et inadmissible.
Il vous était libre de couvrir votre responsabilité
derrière les instructions que je vous avais don-
nées, mais vous manquiez à vos devoirs en vous
livrant devant la cour à des considérations de
nature à énerver et à faire repousser les réquisi-
tions que je vous avais invité a faire.
Ce n'est plus M.. Mandel, c'est le ministre
de la justice qui dit au procureur général
« Yous avez manqué à votre devoir. » Lan-
gage noble et digne d'un ministre qui veut
faire respecter les magistrats dont il est
le chef! Ce ministre ne permet à personne
d'accuser un magistrat d'aucun tort, pas
même d'un sentiment de faiblesse dans
l'accomplissement du devoir
Voilà comment fut amené le procès fait
à M. Mandel, et qui s'est déroulé devant
la cour d'assises de Bruxelles. Ce procès a
abouti et devait aboutir à un verdict d'ac-
quittement en faveur.de I'accu6é. Cet ac-
quittement a été acclamé par la foule
quelque juste qu'il soit, les acclamations
qu'il a soulevées demandent un correctif,
et c'est ce correctif que nous nous permet-
tons d'exprimer.
̃ •§, /̃;• .̃
Il né faut pas que l'éclat d'un procès,
l'importance des personnages et enfin l'es-
prit de parti empêchent la raison de dis-
cerner la vérité, et sous ce rapport quel-
ques réflexions doivent être soumises à la
raison publique.
Il est d'abord nécessaire de faire remar-
quer que M. Langrand-Dumonceau n'était
ni présent ni en cause, et que cependant il
était le principal accusé de sorte que nul
ne pouvait le défendre ou parler favorable-
ment de lui, sans, encourir les soupçons les
plus fâcheux. Par l'effet de cette étrange
situation, les témoins à charge et à déchar-
ge cités pour ou contre Mandel, officielle-
ment accusé, se: transformaient générale-
ment en témoins à charge contré M.; Lari-
grand-Dumonceau, absent et légalement
hors de cause.
Il est encore utile de considérer,; .que les
faits reprochés au financier, belge 'se rap-
portent généralement à des agissements
concernant des sociétés de crédit; que
ces agissements pouvaient en partie s'ex-
pliquer par la nécessité de protéger ces
sociétés et les défendre. contre le; discré-
· III
Il faut n'avoir jamais été jëùiie pour rie pus
comprendre que Victor Marcel n'eut, après
cette conversation, qu'un désir, celui de con-
naître cette reine de beauté pour laquelle cha-
cun soupirait et qui, si l'hôtelier disait vrai,
n'aimait personne.
A vingt-cinq ans, l'homme n'a pas encore
d'ambition, l'avenir n'est point un sujet de
préoccupation, et seule, la femme exerce sur
son imagination un empire irrésistible. Le
jeune homme ne songea ni à la coquette-
rie de cette belle fille, ni .à sa mauvaise éduca-
tion; une seule chose ressortit pour lui des
renseignements que venait de lui donner le
propriétaire de l'hôtel du Pélican, c'est qu'il
existait dans la ville où il était destiné à vivre
plusieurs années, une femme d'une beauté ex-
ceptionnelle, très recherchée par toute la jeu-
nesse, et chez laquelle il pouvait faire immé-
diatement une visite et s'assurer si la renom-
mée n'était pas menteuse. C
Nous avons dit que Victor Marcel arrivait
de Bordeaux; il venait, à vingt-six ans, exer-
cer dans le chef-lieu du département de la
Vendée des fonctions publiques qui devaient
lui ouvrir toutes les portes, c'était la première
étape d'une carrière administrative remplie
d'espérances et de songes dorés. Victor Mar-
cel était porteur d'une lettre d'introduction
pour M. Coquet, que lui avait remise un riche
négociant de Bordeaux, parent éloigné de ce-
lui ci, et il voulut l'utiliser sur-le-champ.
Un sage eût agi autrement il eût jeté la
lettre au feu et ne se fût point présenté chez M.
Coquet malheureusement, sagesse et jeunesse,
qui riment parfaitement ensemble" se trou-
vent rarement réunies, et, si la curiosité se
met de la partie, il est à peu près certain
qu'elles suivrontdes voies diamétralement op-
posées. Victor Marcel fit promptement une
toilette simple et de bon goût, et se rendit
chez M. Coquet.
Il estimitile de dire que M.. Coquet n'était
pas chez lui. Le jeune homme fut reçu par
Mm6 Coquet; c'était une femme de trente-six
à trente-huit ans qui avait conservé de grands
restes d'une beauté dont on avait jadis beau-
coup parlé. Le portrait qu'en avait fait l'hôte-
lier du Pélican n'était que trop vrai. Mme Co-
quet, mariée à dix-huit ans à un homme qui
dit qu'entraînaient les critiques des jour-
naux et la spéculation à la baisse. Il n'est
douteux pour aucune personne versée -s
dans les finances, qu'après, les explica/
tions que M. Langrand eût fournies, §^k
avait assisté aux débats, la plupart «es M
reproches faits à sa gestion eussent t|é m
fortement atténués et peut-être qu'en é&- Ip
primant avec conviction les préoccupaVl|
tions, les amertumes qu'enfantent les lut-^5
tes financières, il eût ramené l'opinion et
complétement justifié les dispositions bien-
veillantes du parquet. Mais sa fuite au
moment du danger atteste une absence
de sens moral, un manque absolu dé di-
gnité qu'on ne doit jamais montrer, surtout
lorsqu'on a attiré dans son orbite des hom-
mes honorables et jusqu'alors grandement
et justement estimés! Se dévouer à la dé-
fense de l'honneur de tous, même au prix
de la liberté, était le devoir qui s'imposait i
à M. Langrand-Dumonceau, et qu'il a lâ-
chement trahi. Et qu'aura-t-il gagné à
cette trahison? Il n'échappera pas àla flé-
trissure qu'il eût certainement atténuée par
sa présence; car déjà à la suite du procès
Mandel, la mise en faillite de l'Interna-
tional a été prononcée et des poursuites
criminelles sont exercées, poursuites qui
seront d'autant plus sévères, que M. Lan-
grand ne sera couvert par aucune des
sympathies qui l'eùssent entouré, s'il avait
courageusement et loyalement fait tête à
l'orage.
Il devait encore auxmagistratsquî l'a-
vaientprotégé, l'appui de sa présence; aussi
a-t-il mérité les reproches que lui adres-
sait en ces termes M. l'avocat général
N'y eût-il que la fuite de Langrand, n'y eût-il
que ce fait de la fuite de l'homme qui portait haut
la tête et disait « Je défends mon honneur ou-
tragé; » n'y eût-il que ce fait, que je dirais que -j
c'est une lâcheté, parce que celui qui a créé; une ̃
situation, et cette situation, nous la connais-
sons aujourd'hui, devait rester à son poste; il
ne devait pas déserter la lutte.
La morale à tirer de ce procès ressemble
à celle qui ressort du procès de. l'Immobi-
lière, récemment jugé à Paris. Les admi-
nistrateurs ne doivent pas oublier que
leur langage se traduit sur le marché par
des mouvements de hausse ou de baisse
dont ils sont moralement responsables,
et si, dans l'intérêt des sociétés qu'ils
fèrerit, ils ont pour devoir de sauvegar-
er leur crédit,, ils se souviendront 'qîie
les rapports et les communications offi-
cielles doivent éviter scrupuleusement de
faire naître des espérances que le temps
ne doit pas inévita blement confirmer.
"• J.MIRÈS:
-̃̃ ̃ ̃ ̃ ̃̃̃ ̃>
DÉPÊCHES f lit MWiVff S ">̃
ESPAGNE
'̃̃̃̃ ̃•' Madrid, 31 :niai,.soir. -•̃ V>
Aux Cortès, diverses pétitions sont présentées
contre les nouveaux traités de commerce.
Le préfet do Madrid donne des explications sur
de prétendus rapts d'enfants qui auraient eu lieu
dans la rue des Ambassadeurs à Madrid. ̃• "̃< ·'
Un bill d'indemnité est accordé à là municipal
lité de Madrid, ̃̃
Les carlistes font de l'agitation, en Navarre et c
en Biscaye. ̃ '̃̃ <̃ • -̃ ̃̃
On mande de la Havane, le 31 mai, que le: fil»; y
du général Cespédès, chef de l'insurrection, a été
fait prisonnier avec d'autres insurgés; :i- â
̃ ITALIE ..• 'V:;
Florence, ;31 mai,, éôir.
Par suite des dernières tentatives pour la for-
mation de bandes insurrectionnelles, des perqtii-
sitions ont été opérées à Gênes et dans quelques:"
villages voisins, ̃̃̃:̃ ̃• '̃ A;
Une bande a fait son. apparition .dans /ta p«K-:
virice de Côme. On assure qu'elle est peu impor-
tante. Des troupes ont été envoyées à sa ..pour--
suite. Le gouvernement a pris des mesures pp,u?J;
la surveillance des communications avec la Suisse
par les bateaux qui; circulent sur le lac de Côraë; r
l'avait complètement négligée .après quelques
mois de mariage, avait cherché "des distrac-
tions dans la toilette et -la fréquentation de
femmes également délaissées par leurs ma-
ris elle avait le' bavardage> le làisser-allep;-
le libre langage, le faux jugement; et ;le,s.!
travers d'esprit qui sont le- résultat d'une
éducation à'peu près nulle, d'un manqué. ab-
solu de sens moral et de fâcheuses-relations.
Elevée dans les habitudes masculines de l'th
quitation et de la chasse, qui étaient les :grah-
des occupâtionsdu pays où les voies de com-
munication existaient à peine, elle n'ayait ap-
porté dans la vie conjugale aucun de ces char-
mes séduisants, aucune de ces; qualités exqui-
ses qui savent retenir le mari au foyer do-
mestique. ̃ ,l'i 'ï,
C'était une- amazone intrépide > dont. la.
beauté était sans rivale et que rehaussait l'atr `
trait magnétique delà jeunesse; niais son lan-
gage était commun, vulgaire, sa ;voix; était
piaillàrde; elle riait sottement, sans grâce et
aux éclats; elle marchait les pieds en dehors,;
comme les cavaliers, et n'ayait. aucun charme
dans sa toilette aux tons .criards; elle. était
ignorante et disait des énormités qùL eussent
fait rougir un soldat, et si, parfois, une obser-
vation lui était faite à ce sujet, elle se fichait
et répondait par quelque grosse sottise. Oh l'a-
vait surnommée la Belle bête. ;'• ;7;
'̃' M. Coquet se dégoûta promptemeh't de ce
joli dragon qui lui créait un intérieur insup-
portable, et, ne se sentantni la volonté pi.îa.
puissance de- refaire l'éducation de sa jeune
femme, il l'abandonna à la solitude ae sa »;
vaste maison, aux conseils perfides de. quel-
ques femmes légères, et reprit' sa vie de chassé,
de jeu et de cabaret, ne rentrant, le plus sou-
vent, qu'après minuit et, parfois même, ne
rentrant que le lendemain. Mme Coquet se;fâ-
cha, cria, menaça, jura de se venger -r- ce
qui était un mauvais moyen mais le mari
ne changea rien aux habitudes qu'il avait re-
prises, siooh qu'il joua un peu plus et se
montra un peu moins au logis.
ARMAND LAPÔINTE
(La suite à demain) ̃' ̃
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