Titre : La Presse
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1868-07-15
Contributeur : Girardin, Émile de (1806-1881). Directeur de publication
Contributeur : Laguerre, Georges (1858-1912). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 juillet 1868 15 juillet 1868
Description : 1868/07/15. 1868/07/15.
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 11/03/2008
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B~redi 1S juHlet 1868
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Toutce qui cmeenterMaH~s~~n du Jourcaldott être adresse au Gérant
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L'ÂdmbMtratioBseréservetedMitdemodiSeriare~ des Annoncas
l' ch '0> l,
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t~ouvëler de suite;, s'ils ne veulent pas
eprauver de retard dans la réception du
joumaL
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voir ~fsrce~~e, par M. AMÉDËE AcHARD, lai
~reBuêr~ partie du jPb~eron de ~a C'QHr-
ÏMat<, par M. le vicomte PoNsoN eu TER-j
BAiî.,ettoo,t ce qui a. paru de la~p~ic!
de Zdg~OTtËNAULT.
PARIS, M JUILLET 1868
~!E DEHA~DEKT LES AMÉRIENS?
Nous trouvons la. réponse à cette ques-
tion dans la, note ci-âpres, qui vient d'être
remise aux membres du Corps législatif,
etqui demande pour les algériens le droit
d'être admis à discuter leurs propres af-
faires par des mandataires élus.
Les. aspirations unanimes des colons
comprennent, assurément, d'autres réfor-
mes, dont les événements se sont cruelle-
ment chargés de démontrer la nécessité.
Nous rappellerons, entre autres, réta-
blissement de la propriété individuelle
chez les indigènes de race arabe, comme
Cille existe chez les Kabyles; d'une législa-
tio immobilière uniforme, et d'un régime
autre que celui des bureaux arabes, au
tnoins dans toute l'étendue delà zone de
colonisation.
v. Mais les vœux, dont les colons réclament,
a.yant tout, la réalisation, nous paraissent
être ceux auxquels il leur importe le plus
qu'on donne immédiatement satisfaction.
Si, en effetj.on se 'reporte a. cette consti-
tution de la propriété individuelle que le
~énatus-cônsulte de-1863 édictait comme
une- mesure générale et très prochaine,
tandis que, dans son récent discours au
Sénat, M. le gouverneur général ne la re-
présentait plus que comme une mesure à
mettre à l'essai dans quelques tribus, on
eera frappé des déviations considérables
que les bureaux arabes, eh l'absence de
tout. contrôle par le pays, peuvent faire su-
bir aux décisions les plus formelles des
pouvoirs métropolitains.
Le Corps législatif comprendra, nous
n'en doutons pas, que les colons se préoc-
cupent bien moins d'obtenir une préro-
gative politique, que de s'assurer une ga-
rantie absolument Indispensable à leur si-
tuation économique.
11 s'agit en somme:
Pour le gouvernement, de savoir s'il est,
eu non, intéresse à. se; décharger d'une
partie de la lourde responsabilité que les
événements présents font pesersur lui, et
que ceux de l'avenir ne pourront qu'ag-
graver;
Pour le .Corps législatif, de dehner aux
btireaux arabes un contre-poids normal et
régulier d'apporter à leur omnipotence le
seul frein qui n'entraîne aucun boule ver-
sement; de satisfaire la population colo-
niale, tout en fortinant le contrôle; des
pouvoirs, e~ &n s'Co/M~~Mn. tn~MpeftsaMepour tou~u~e, à
savoir la possibilité d'entendre régulière-
ment etcohtradictoirëment les parties en
cause;'
Pour tout le monde, ennn, d'y voir clair
désormais, non plus à lalueur agitée des
éclairs d'orage, mais a la calme lumière
cT un jour régulier
FRANCIS RIAUX.
~NÇTE~
youR MM.; LES MEMBRES DE LA CO~ISSMN DU BUDGBT
'MM!HéU!'S,
î~es eouestgnës, colons aigenens présents en ce
moment i Paris et a.yaht en Algérie des intérêts
eonsidérabiee, demandent a, la commission et à la
Chambre Fa permission de leur adresser les re-
FEUIU.ETQN DE LÀ ~M'.S.S~
.M 1S JCTU.ZT.1868
..LA' '5~
WtHENMLMM~~
XII (Sm~
Jeanne, qui n'avait, hélas que trop raison
d'être modeste, et qui ne crayaitguèreasa
science, fut~prise d'un petit tremblement ner-
'veuxat devint toute pâle. Elle toussa, un peu
pour se donner une contenance. Il &.utbien
avouer que M" Danglaa– ainsi se nommait
fînspeetricè des ëtudëe–n'avait rien au pre-
miec.abprd qui dût rassurer beaucoup une
jeune élève. M"~ Dangtas, femme excellente
d'aitleurs, et dont chacunapprécia!t la stricte
!nipàrt!a.utë, ëtait une petite femme maigre,
au teint si franchement bilieux qu'une pen-
sionnaire malicieuse l'avait surnommée M~"
ta Jaunisse.
Le mot avait été assez juste pour faire for-
tune, et il était resté. Elle avait si peu de
corps que ce n'était vraiment pas la peine
d'en parler. Sa figure était maigre, longue et
s.éche, avec un nez pincé, un front proémi-
nent, couvert d'épais cheveux grisonnants et
de petita yeux, indécis entre le gris et le vert,
qui semMaientYouloIrHre jusqu'au fond dé
votre.âme.
EIIent.à Jeanne les questions correspon-
dant au degré d'instruction qu'elle lui suppo-
'a&it~
Malheureusement, l'éducation de notre hé-
roïne avait été singulièrement négligée; l'ins-
pectrice ne tarda poïnt à p'én apercevoir.
.Vous n'êtes pas assez forte pour faire
partie du violet uni, dit-elle à l'enfant.
lovons si nous.serons plus heureuses avec le
violet liseré dè~blànc.
~Ëlie lui adressa d'autres( questions, moinB
difnciles à résoudre que les premières, mais
mercîments de la colonisation algérienne pour ~es
bienveillances dispositions dont elles font preuve
àsonëgard;
Ils ont, à cette occasion et au moment où va
s'ouvrir la discussion sur le budget de l'Algérie,
l'honneur de leur exposer ce qui suit:
~Pendant la, famine qui vient de décimer celles
des populations arabes qui se trouvent soumises
à un système économique défectueux, les colons
algériens se sont vaillamment affirmés par le tra-
vail et par la charité; ils ont ainsi fait tomber à
jamais les préjuges qui les représentaient comme
les adversaires des indigènes.: 1 1 11
j[~&dEoI.t&~Mtioria.ux,des'Ara.bes étant recon-
nus et délimités/la colonisation française ne peut
plus à leur égard être représentée comme un en-
vahissement, mais doit l'être comme un bienfait
indispensable à leur civilisation;
Les colons algériens s'acquittent largement de
-la mission providentielle qui leur incombe, et
que seuls ils pourront accomplir par l'exemple et! i
par le co~CM~' ils sont pourtant les seuls qui
n'aient point été appelés à débattre les questions
intéressant la politique de la France en Algérie,
et la crise qu'ils traversent en ce moment leur
fait regretter plus amèrement qne jamais de
n'avoir de représentants élus par eux ni dans les
conseils généraux et dans le conseil supérieur
algérien, ni dans le Corps législatif de la France;
Cette exclusion imméritée constitue une situa-
tion doublement fâcheuse, et pour les citoyens
français de l'Algérie, qui récIameTit l'exercice
d'un droit dont ns ne sont pas déchus, et pour
les grands corps de l'Etat, qui ne peuvent enten-
dre la voix de ce pays que quand des crises la
leur font brusquement parvenir;
On se plaint que les questions algériennes soient
obscures, et, pour les éclairer, on a essayé de
tous les systèmes, hormis de celui qui pouvait
donner la parole aux colons, gens spéciaux, pour-
tant, en matière de colonisation;
Et cependant, si ces questions paraissent com-
plexes, il en est une du moins qui se présente
simple, et conforme au droit public de tous les
peuples modernes, c'est la convenance d'appeler
toujours les -intéressés a participer par des man-
dataires de leur choix à la conduite de tous les
intérêts, partout où ces intérêts sont discutés;
Cette question n'offre pas,, comme les autres,
l'Inconvénient de.pouvoir entraîner de longues
études; et la réalisation d'une semblable mesure
faciliterait singulièrement l'examen et probable-
ment l'obtention de toutes celles que l'Algérie sol-
licite elle soulagerait notablement la responsabi-
lité du .gouvernement, alors même que, sur les
autres points et au milieu des systèmes opposés
qui se combattent, il ne voudrait prendre immé-
diatement aucune résolution décisive
Les vœux de la population algérienne viennent
de s'affirmer une fois de plus par l'enquête agri-
cole présidée en Algérie par M. le comte Le Hon,
député au Corps législatif, et ces vœux sont una-
nimes depuis la frontière de la Tunisie jusqu'à
celle duMaroc;
Les soussignés s'associent de toutes leurs for-
ces à tous ces vœux, et, préoccupés de préciser
dans le moment présent celles de ces demandes
qu'ils font passer avant toutes les autres, parce
qu'ils verraient dans leur succès la garantie et la
sanction de tous les progrès ultérieurs convain-
cus qu'en l'absence de la mesure qu'ils réclament,
toutes les autres risqueront d'avorter, comme par
le passé, dans leur application, ils prient instam-
ment la commission du budget et le Corps légis-
latif d'appuyer unanimement le vœu qu'ils for-
mulent à l'effet d'obtenir dès cette année
1° Que les citoyens français ou naturalisés
français soient appelés à élire les membres fran-
çais des conseils généraux, et que le nombre des
délégués (citoyens français) appelés à représenter
les conseils généraux au sein du conseil supérieur
soit porté pour chaque province de deux à huit,
afin que le nombre total de ces délégués excède
le chiSre numérique des hauts fonctionnaires,
membres de droit de ce même conseil. Les déli-
bérations du conseil supérieur, souveraines dans
leur expression sinon dans Jeurs enets, seraient
publiées comme le sont actuellement celles des
conseils généraux.
S" Que les citoyens français résidant en Algé-
rie soient appelés à élire, pour chacune des trois
provinces, un député au Corps législatif.
La France trouverait dans l'énergique concours
et dans l'expérience pratique des colons des faci-
lités pour surmonter les obstacles.
L'Algérie se sentirait soulagée en voyant ac-
CueiMI~l'unede ses aspirations les plus ardentes.
Elle y puiserait dès forces nouvelles et l'espoir
d'un meilleur avenir. En ce moment/elle attend
avec anxiété les résultats de la session, prête à
faire une large part, dans sa. reconnaissance, a,
toutes les bonnes volontés qui prendront intérêt
àsa. cause..
Paris, le 13 juillet 1868.
JULES DU PRÉ DE SAINT-MAUR,
Colon à Arbal (province d'Oran), membre du
conseil général, président de ,la chambre
d'agriculture, membre du conseil municipal
d'Oran.
PÂULVIGUIER,
Colon A Bou-Far (Guelma), membre du conseil
général de la province de Constantine, dé-
légué de ce conseil au conseil supérieur de
l'Algérie.
jdu HM?t d'tM grand nombre c?< co~o. s~eW~M.
auxquelles, cependant, la nouvelle ne put ré-
pondre que très imparfaitement.
–Comment! pas même le violet liseré? fit
l'inspectrice à laquelle ce résultat inattendu
parut une monstruosité, Mais, ma pauvre en-
fant, de quoi êtes-vous donc capable? dit-
elle enfin; que savez-vous?
.–Je jardine un peu et je sais pêcher la
crevette! répondit Jeanne avec une candeur
qui eût désarme la surintendante elle-même
etquitouchal'inspectrice..
Là crevette vient à Saint-Denis toute pê-
chée. lorsqu'elle y vient, répondit M'°" Dan-
glas avec un léger sourire; et, quant à ce qui
est du jardinage, occupation très agréableà â
la campagne, il ne vous sera guère utile ici,
où nous ne permettons à aucune de nos en-
fants de porterdes fleurs,parce quecela ferait
de la peine à'celles qui n'en auraient pas.
Savez-vous lire, au moins?
Oh oui, madame, fit Jeanne en rougis-
sant un peu..
–Et écrire?
Ici, la réponse fut beaucoup moins afnr-
mative,et M°'" Danglas fut obligée de répéter
saquestion.
J'écris un peu. e/t nto~/en.Mc.
Oh! si vous écrivez seulement un peu,
ce n'est guère pour une grande personne qui
va bientôt avoir dix ans. Je voudrais pour-
tant bien vous mettre dans le vert uni.
Voyons, approchez-vous de cette table..
Jeanne fit ce qu'on lui disait. L'inspectrice
lui passa du papier et une plume. »
La feuille n'est pas réglée, madame dit
l'enfant avec un naïf effroi.
Ecrivez, néanmoins Je vais vous dicter
quelque chose.
Jeanne, assise de travers, écrivit comme
elle était assise. Ses caractères étaient trem-
blés, formés a peine, et son orthographe d'u-
ne fantaisie digne des grandes dames du siè-
cle passé qui parlaientsl bien qu'elles n'a-
vaient nul besoin de savoir écrire.
L'inspectrice prit le papier, et, en voyant la
première ligne, elle hocha la tête, et avança
la lèvre Inférieure d'une façon très significa-
tive. (
–,Ceci, ma. chère petite, c'est tout bonne–
ment:du.veriHseré dit-elle en, remettant le
papier sur la, table, et encore, dans cette c!as-
La commission du colportage n'a. pas
nos sympathies, et l'estampille nous ap-
paraît ~comme une de ces mesures préven-
tives qui hérissent notre législation et dont
le moindre inconvénient est de multiplier
à l'InRni les états-majors administratifs
gênantsetonéreux.
La préventïon– l'expérience le' p~B~B'
–n'a jamais rien empêché; elle s.emble~
taquine, quand elle atteint des innocents,
et elle donne aux choses mauvaises l'at-
trait du fr.uit défendu: La~liberté pour tous~
et une répression énergique après le délita
sont évidemment préférables en tout étatj
de cause.
Cette réserv&faite, nous ne faisons point!
difficulté de reconnaître que, de toutes les
censures, la commission du colportage est
celle qui se Justine par les raisons les plus
spécieuses, quand elle se contente d'éplu-~
cher le contenu des balles de colporteurs. ) ¡
II y a, à. la rigueur, dans 'la situation ëx-i
ceptionnelle de ces débitants, errants, de
'quoi expliquer certaines mesures excep-
tionnelles. Reste à, savoir si ces mesures~
sont efficaces, et'c'est ce dont nous dou-i
tonsbeaucoup. i, s
Néanmoins, dans la discussion d'hier.
les critiques dirigées avec esprit et anima-
tlon contre la commission du colportage!
par des députés presque tous écrivains, ne!
s'adressaient évidemment pas a -ce côté!
de la question. On peut différer sur les
moyens, mais tous les honnêtes gens sont ¡
d'accord pour .empêcher Jadiifusion de ce~
que M. Jules Simon appelait fort exacte-!
ment .«.de petites ordures. M. Ce qui est;
plus grave, c'est que. la, loi sur le colpoa~i
ta.ge,parune extension fâcheuse, s'étend) i
aux librairies des gares. Un .arrêt de la
cour de cassation a 'consacré cette exten-i
sion, qui n'est écrite dans aucune loi, et~
dont les motifs nous échappent.
S'il est au monde une librairie qui n'ait
rien d'occulte, rien d'Instable, dont le con-
tenu soit exposé a. tous les yeux, qui soit
également dépourvue d'armoire secrète et
d'arrière-boutique, c'est la librairie de la
gare..
A-t-elle un caractère populaire qui lui
permettrait de répandre a profusion des
opuscules dangereux ? A-t-elle la spécialité
du bon marché? Nullement; elle s'adresse~
a une classe nombreuse, mais spéciale, de
lecteurs. Elle est un excellent agent de
propagande pour les œuvres vraiment Ht-
téraires et sa clientèle est en majorité .Ins-~
truite et de bongoùt, 'i
Nous cherchons, en vain quels -rapports
existententre:ces libraires sédentaires et
la boutique ambulante d'un .porte-balle.
Nous comprenons qu'on s'étonne .à bon
droit de voir des œuvres sérieuses, .des
chefs-d'œuvre parfois,; des ouvrages d'un
caractère grave, économiques, philosophi-
ques, politiques même, exclus de ces lieux
de vente, en vertu dé Ta même loi et par
là même décision administrative, qui in-
terdit a.ux colporteurs le débit'de petits
volumes licencieux si bien qu'au même
titre une seule' liste de proscription peut
empêcher, dans-ces conditions, la 'vente
du G'a~c/nsMe 6&M ~trceurs et de la France
~ou~eMe.deM. Prevost-ParadoI, du-CTKM-
sonMef ~rn~oM et des discours politiques
de tel ou tel député.
Voilà le point sérieux de la question, et
nous ne comprendrions que le gouverne-
ment, en établissant la liberté de la librai-
rie, ne saisit pas cette occasion de faire
cesser une confusion regrettable.
Il est vrai que ce jour-là le rôle.de la
commission du colportage sera si réduit
qu'elle,sera. exposée à disparaître; mais,
assurément, elle verra, tomber, comme
par enchantement, la plupart des critiques
et des plaintes dont elle est l'objet.
'H..VMGNAULT.
se, qui est la.. dernière, vous n'aurez pas la
se, > mier ;;vous.aUl'?z"pa~ ,a
première place. Votre éducation a été négli-
gée plus que je ne saurais le dire, et il vous
faudra beaucoup de courage et de bonne vo-
lonté pour regagner le~temps perdu. Avez-
vous véritablement l'Intention de travailler?
–Oh! 1 madame, jesenssi bien qu'il le
faut!
L'inspectrice dbnnâ'un coup de sonnette,
et M"Argelés reparut.
Vert liseré dit l'inspectrice, qui s'était
déjà remise à son travail.
M' Argelés nt un haut-Ie-corps et un mou-
vement des bras et des mains qui, dans sa
mimique éloquente peign-ut l'ëtohhement
arrivé à ses limites extrêmes. Elle apporta ce-
pendant la ceinture verte ornée du petit lise-
ré blanc et la passa à la taille de Jeanne. r.
–Mon enfant, reprit alors l'inspectrice,
vous êtes en retard sur votre âge ;de près de
deux années. Nous avons lel douze divisions,
et je me vois forcée de vous placer/provisoi-
rement, du moins, dans la dernière de toutes,
avec des enfants de huit ans Mais ceci n'est
pas une raison pour vous découragera
Je vois que vous avez de Tintelligènce, j'es-
père que vous aurez aussi du courage et; de la
bonne volonté. Il faut traverser les pre-
mières classes au pas de course, pour rejoin-
dre bientôt les jeunes nllës de votre âge. ~Céla
dépend de vous. On reste ordinairement'six
mois dans chaque division; mais je prendrai
en considération la position particulière dans
laquelle vous vous trouvez, et chaque fols.qué
)e vous croirai capable de franchir un degré,
je vous accorderai les autorisations nécessai-
res. –Maintenant, allez, mon enfant! l
M°'* Argelés conduisit Jeanne Derville dans
la salle d'études de la douzième division, qui
portait la ceinture verte au liseré blanc..
Ainsi que l'inspectrice l'avait.dit à notne.
héroïne, cotte division se composait des plus
petites élèves du pensionnat. Jeanne, béau-
~PP~s âgée; quelles, et grandepdur son
âge, paraissait Iâs!ngullèrement:'depla.cee.
Elle eut un peu de honte de cette dispropor-
tion que tout le monde remarquait. A cette
honte ilsë mêla bientôt un autre sentiment.
L'amitié, .qui voui~entra les: amis-toutes -les
égalltés~exige -aussi .eélle de t'âge,; 'surtout
dans la première jeunesse. Deux ans de diffé-
M~~FMC T~T~fR&IBNIfMÏPW
MfttUS&o tt'LtiuK&ruivU&S
'ASIËJ.
i! ,Trieste,lAjm~ët.
Les a.visdaBomba.y son't~dn'16juin.' ns'portent
que Fero'z-Shàh s'est-d~clarë eh faveur de l'al-
;Iia.ndeTUS6ë.'
On mande de Bouhhara queues Russes ontper-
~n 3,COOhMMïiMdM8ia dernière bata~
ÉTAT.PQNTIFÏCAL
!Rome,13juiUet.'
La note.de M. deBeitstj en'rëponse â'1'aHocù-'
tion pontificale, a ëtë remise au cardinal Ahtô-!
nelH par chargé d'aSaires .d'Autriche. Le ton;
en est ferme, mais'courtois. M. de Meysenbus*
est parti hier par ta voie de terre;
'SEiRBIE'
` Be!grade, 13 juillet, spir.
Le prince Alexandre Karaûeorgewltch sera cite
-par une ordonnance du'tribùnal à comparaître,~
le 31. juiHet, devant le tribunal de BeJgrade.com-j
me complice de l'assassinat du prince Michel.
~~en.ce\Hay
Nous trouvons dans le 2Vô!ét nous .re-
produisons, sous toutes réserves. Illettré
suivante:
UNE CAUSERIE A FONTAJKEBLEAU
h Paris, 13 juillet.
On parlait ces jours derniers, à Fontainebleau,
de la fin tragique du prince Michel de Serbie et
des manifestes de Félix'Pyat qui provoquent à
l'assassinat de l'Empereur..On exprimait la
crainte que de si détestables exemples et tant d'o-
dieuses excitations n'amenassent quelque nou-
vel)e. tentative contre' Je chef de l'Etat. L'Empe-
reur manifesta une opinion contraire; et, comme
tous'ies regards tournés vers lui semblaient lui
KtMa~~je~ecpMde'sa'~onaanee, il prit la pà-
rbte en ces termes, que .nous avons pu recueillir
et que noua tâchons de reproduire avec le plus
d'exactitude possibte:
a Dans la position que j'occupe, la vie n'a a
qu'un attrait c'est d'être utile à la prospérité et
à ]a grandeur de Ja France. Tant que je vivrai,
je ne ~poursuivrai pas d'autre bût, et la Provi-.
dence, qui m'a jusqu'ici visiblement soutenu, ne
m'abandonnera, pas. D'ailleurs, mon sort est en-
tre ses mains. C'est elle qui décidera ce. qui de
ma vie ou de ma mort peut le mieux servir les
intérêts du pays.
~n En ~présence de "tant de partN, animes d'am-
bitions rivales et de passions'subversives, il n'y
a de salut pour la France que si elle reste inti-
mement liée à ma dynastie, qui seule est un sym-
bole d'ordre et.de progrés. Or, il pourrait se faire
qu'unemort~ylolente, si je venais aen être frap-
pé, contribuât encore plus à la consolidation de
ma dynastie que la prolongation de mes jours.
Voyez, en effet, ce qui arrive l'homme qui ins-
pire pu'qùi commet un assassinat politique, qui
se fait à la~fôis juge et bourreau, produit toujours
unen~t contraire à celui qu'il veut atteindre
c'est ;le châtiment de son crime, il est inévitable.
Ce qui'yient.Ide.se passer en Serbie en est la
preuve'évidente. Les conspirateurs espéraient, en
tuant le prince Michel, faire arriver une autre
dynastie; ils.ont.ranermi pour longtemps la fa-
miIiedësObrehowitch. Chez nous, si un des nom-
breux attentats diriges contre le roi Louis-Phi-
lippe eût réussi, .il y atout à'parier gué la/mai-
son d'Orléans régnerait encore' sur la France.
Demain, aujourd'hui.si je tombais sous le coup
d'assassias, le peuple d'une seule voix acclame-
rait mon fils; et même si toute la .famille impé-
riale disparaissait, il irait, comme en Serbie,
chercher quelque petit neveu héritier de. 'mon
nom, un MUano quelconque, pour relever le dra-
peau de l'Empire,~vehgër le meurtre et ~sanction-
ner une 'fois do plus cette vérité que le parti qui
trempe ses mains dans le sang ne profite jamais
de son crime.
Aussi~puis-je envisager l'avenir sans crainte.
Que je vtveouque je meure,ma.vieoumamort
sera également utile à la France, car la mission
qui m'a été imposée s'accomplira, soit par moi,
soit par les miens. M
Ces parôtes ont été dites au milieu d'un cercle
assez nombreux; quetqués-uns des assistants
nous les ont répétées. Nous avons pensé qu'elles
ne seraient pas sans intérêt pour nos lecteurs,
auxquels nous pouvons en garantir la complète
authenticité.– Z S.
L'O/'drs, d'Arras, connrme et complète
en ces termes des renseignements que nous
avions .déjà. rencontrés dans les'journaux
belges et qui ne peuvent manquer d'ap-
peler l'attention du Corps législatif
Nous sommes eh mesure de donner les rensei-
gnements les plus précis et les plus authentiques
sur une proposition dont le gouvernement vtënt
d'être s&isij et qui a. une importance capitale pour
rënce, à cette époquede la vie, crëenttout de
suite entre vous une distance difficile à fran-
chir. Les Idëes ne sont pa.s les mêmes, ni les
gpùts.nl les aptitudes; il n'y a aucun-point de
contact, rien de commun dans l'existence.
xiii
Jeanne, au milieu de ses nouvelles compa-
gnes, se trouva presque aussi seule qu'à la
Rosière. Que dis-je? A la Rosière elle avait
la continuelle présence du meilleur et du
plus tendre de tous les pères, et avec Im elle
avait &ussl cette Intimité pleine de charme
que rien ne remplaçait maintenant. Ne pou-
vant faire mieux:, elle essaya de se consoler
en travaillant elle travailla beaucoup et tra-
vailla bien, avec un succès dont ses maîtres-
ses furent surprises elle brûlait la route et
doublaitles étapes.
A douze ans, elle entrait dans ]a classe au-
rore avec les élèves de son âge.
A dater de ce moment, ce fut une nouvelle
vie qui commença pour elle
Elle avait franchi les limites en-deçà des-
quelles le travail est une corvée et la tâche un
ehhul. Apprendre était pour elle un plaisir.
Sa jeune, intelligence se précipitait vers les
horizons nouveaux et inconnus que l'on ou-
vrait devant elle.' Ëlie..dévqrait les livres, et
buvait la parole sur les lèvres de ses profes-
seurs. Son esprit, que l'on n'avait pas fatigué
par des travaux trop précoces, saisissait tout
avec une facilité merveilleuse, et sa mémoire,
sûre et ndêle, gardait toujours ce qu'on lui a-
vait une fois connë, elle réussissait à tout. Il
:était bien rare qu'elle n'eût point au cou quel-
que médaille d'honneur. Aux distributions
~solennelles dé En d'année elle obtenait les plus
belles couronnes. Oh prévoyait déjà qu'un
jour viendrait où la maison de Saint-Denis ;la.
citerait comme un exemple de ce qu'elle sa-
vait faire, et la montrerait comme un spéci-
men de l'éducation qu'elle était capable de
donner.
Elle ne se contentait pas d'acquérir l'Ins-;
tructionpropremëhtdite. Ses dpigts-de fée ex-
cellaient à ces petits travaux. qm~~sont.Ia.spé-
ciaitté de la,femmé; elle ne négligeait paa:.da-
vantage les ârSaint-Denis avec autant de zèle et de soin que
les deux départements du Pas-de-Calais et du
Nora.
Une grande compagmefranco-bélge vient de se
constituer ponr soumissionner les chemins que le gouvernement propose décéder à la. Coni-
;pagnieduNord, moyennant une subvention de
SA nnlHons et une garantie de 60/0 sur les som-
mes dépensées.'
CettecompagnicoBre de baisser a 5 0/0 le
chinre de la garantie, et pour la même subven-
tion de 3j!< millions, elle executerait~tous les che-
mins qu'il s'agit de faire construire parla Com-
pagnie du Nord, plus les trois lignes de Somain
a. Roubaix, d'Armentières a Boulogne et de Gâtais
à Dunkerque cette dernière ligne sans subveu-
tidn nigaraiitied'intérêt.
A la tête de cette compagnie sont:
MM. Dumon, ancien ministre des travaux pu-
bliosde~BeIgique;
Le chevalier de Voûtera d'Aplinster, -manda-
taire général de S. A. sérénissime le duc d'A-
remberg
Za.man, sénateur de Belgique; il
Comte Eugène Meeus, ancien sénateur, ancien
directeur de la Banque'de Belgique; 't!
Baron Sndy, sénateur;
Julien Morel, propriétaire et industriel, et plu-
sieurs autres notabilités politiques, Hnanciëres
et industrielles.
La société générale d'exploitation des chemins
de fer, qui a construit en Belgique 800 kilomètres
de chenuns de fer, souscrit pour dix millions d'ac-
tions de la nouvelle compagnie;
La société des houillères de Belgique, société
:industrieHe au capital de 35 millions, souscrit é-
galement dix millions d'actions de la nouvelle
compagnie..
Un concours Snancierlui est également assuré
à Lille, dans le Pas-de-Calais et a Paris. 'i
Cette compagnie, qui a déjà oETert de déposer
à la Banque de France un cautionnement d'un
million, so'déclare prête à doubler, à quadrupler
même ce cautionnement.
Si les propositions de cette compagnie étaient'
agréées, les deux départements du Nord et du
Pas-de-Calais bénéRcieraient de la construction 1
de trois lignes nouvelles,. représentant 151 kilo- i,
mètres, sans qu'il en-coûtât un centime de .plus
que .par la convention avec la Compagnie du Nord.
Nous verrons quel accueil les députés du Pas-
de-Calais qui siègent dans la commission du
Corps législatif feront aux propositions de 'la
compagnie franco-belge et quel appui ils lui prê- s
teront.
Le E~crét~ire dp la rédaction,
E. BAUER.
CHRONIQUE POLÏTI9UE
L'honorable M. Malézieux a demandé
hier à la Chambre qu'un crédit de 300,000
francs fût ouvert au ministère de l'inté-
rieur pour la fabrication d'enveloppes uni-
formes destinées' à contenir les bulletins
dévote. lia expliqué en quelques mots
que l'objet de cette mesure était de pré-
server le secret du vote et d'une manière
plus efficace qu'il ne l'est aujourd'hui.
Bienqu'il soit difficile de s'opposer a des
demandes qui ont un tel but, il est im-
possible de ne pas reconnaître que l'em-
ploi de ces enveloppes compliquerait no-
tre 'système de votation et embarrasserait
les électeurs, surtout dans les campagnes.
La meilleure garantie du secret du vote
nous paraît être dans ce fait que ceux qui
sont appelés à surveiller les opérations é-
lectorales se désintéressent du résultat. Le
secret sera bien gardé le jour où personne
ne s'occupera plus de le découvrir. Il faut
pour cela que le rôle de l'administration
devienne moins actif/que 'les maires et
leurs adjoints ne soient pas des courtiers
dé candidatures officielles, que tout se
passe sous le contrôle des agents adminis-
tratifs, mais en dehors de leur action. Les
bulletins seront alors déposés dans l'urne
sans qu'aucune indication puisse être utile
jou nuisible à l'électeur, et sans qu'il soit
besoin d'aucune précaution nouvelle, les~.
scrupules très honorables de M. Malézieux
disparaîtront en même temps.
Les députés qui reçoivent les confiden-
ces de M. le ministre d'Etat annoncent
qu'il partira dans les premiers jours de là
semaine prochaine, avec sa famille, pour
prendre les eaux en Allemagne, et qu'il ne
sera de retour que dans là seconde quin-
zaine du mois d'août, pour aller présider
le conseil général du Puy-de-Dôme. 'i
On croit que ce voyage est déterminé
beaucoupplus par le désir d'une, entrevue
dans lespremiérespensions du monde.Elle es-
quissait un nez grec, d'après la bosse, d'un
crayon suret rapide, et peignait à l'aquarelle
comme ces jeunes Anglaises pour lesquelles
ont été~inventées les H.'et~er-co~oH~. Mais, dés
les premiers temps, il fût facile de deviner
que la musique serait son triomphe. D'au-
tres, peut-être, se montraient plus habiles a
dëchiSrer au piano des partitions compli-
quées; quelques-unes avaient dans la voix
plus d'éclat et d'agilité.
Mais personne mieux qu'elle n'avait com-
pris que la musique est la langue de l'émo-
tion, et qu'avant tout elle doit faire parler le
cœur. Aussi, soit qu'elle jouât, soit qu'elle
chantât, elle ne voyait dans les notes que des
accents mélodieux au moyen desquels il lui
était permis d'épancher les trésors d'une sen-
sibilité profonde'et vraie.
'.Tout le monde dans là maison se montrait
donc satisfait d'elle, excepté elle-même. Ja-
mais, en èNét, elle ne croyait avoir atteint le
but qu'ellës'étalt proposé. Elle travaillait avec
une ardeur qui pouvait devenir dangereuse.
On crût nécessaire de modérer son zélé.
Sa santé pourtant ne souffrit point. C'était
en toutes choses une vaillante nature..
Si sa beauté, un peu lente âse développer,
ne semblait pas devoir être de celles qui do-
minent etfascinent les foules, elle 'ne devait
point laisser indifférent l'homme accessible
au charme de la grâce et de la distinction.
Une expression tour à tour vive et i'êveuse,
déjà passionnée, remplaçait chez elle cette
régularité classique de plus en plus rare dans
la réalité, que le ciseau des sculpteurs et la
brosse dos peintres s'efforcent de donner aux
ngurës qu'ils font.jaillir du marbre ou qu'ils
animent sur la toile. Et que de détails exquis
dans cette physionomie nne et Ëére.
Le teint, d'une pâleur de rosé blanche,
mais que, sur laTnoIndrë émotion, coloràltle
sang généreux de la jeunesse, était d'une'
transparence et d'une fraîcheur idéales. Ses
yeux, d'un brun orangé; qui tantôt paràts-
saient noira, et tantôt semblaient d'or rayon-
nant, donnaient à son visage une anuhàtion
étrange, rehaussée encore par la pureté d'un
frontque la nature ~vàit modelé avec amour,
et pétri d'intelligence.
Ajt~utez à cela le don aussi précieux qu'il
avec M. de Bismark et M. ~de Beust que
parIasanté:deM.Rouher, qui seinbla~aSS''
-faite.' '< < l.k:
La Chambre a, écarté, à une 'm~r~
17& voix contre 33, un 'amendë~n~
dant a ce'que la liste de tous les c~<
soit affichée aux frais de.FEtat dan~
yerses' communes de chaque~ circoNSer]~~
tion. Cet ajnendemënt a ëM soutettu a.vec
beaucoup de modération par ~BM; ~aghin
ëtBethmont. M. le ministre de l'intérieur
l'a combattu surtout par une raison d'éco-
nomie.
Les propositions de cetto nature font pé-'
nétrer dans le détail même des élection~.
Ainsi les orateurs ont insisté a, ce:.pro-
pos sur l'Influence que peuven.t eNerper
sur les électeurs des campagnes les gardes
champêtres, qui sont les distributeurs cr-
dinaires des bulletins du-candidat of~ciel.
Au lieu de demander .que toute cette dé-
pense soit supportée par l'Etat, il semble-
rait plus logique et d'un esprit plus .libéral
de proposer qu'elle reste~ a :la: charge de
chaque candidat. On ~eut charger le.garde
champêtre de distribuer tous les bulletins~
que, dans les prochaines élections généra-
les, aucune distribution ne se fasse, que
par cette voie. Les candidats officiels peu-
vent.supporter cette petite dépense, et les
élections y gagneront en liberté.
&B~
.F't~
/t~F~
~cc t
On remarque tout un changement dans
le langage des principaux organes de la,
politique de M. de Bismark. Ils. ont mo-
mentanément cessé de nous défier et de
revendiquer pour la Prusse là suprématie
en Europe..
Le ton de la C'orrespoyM~Mce <~e ~er/tTt
s'est surtout radouci. On. s'aperçoit bien
qu'elle a reçu, ainsi que. d'autres journaux,
le mot d'ordre de ménager les susceptibi-
lités de la France.
Il y a huit jours, lit-on dans la Cor'rMpbyM~m-
ce de Bev~Mt, la Prusse ~tbut entière donnait un
grand exemple de modération. Le'3 juillet, anni-
versaire de la. plus féconde bataille de ce siècle,
passait presque inaperçu. Modestie sans exemple.
Aucune rejouissance, ni ofncieHe; ni publique,
n'a signalé ce grand jour. Des drapeaux a.ux fe-
nêtres, un monument élevé, dans l'intérieur d'u-
ne caserne, à la mémoire des compagnons d'ar-
mes tombes en Bohême toute la pompe patrioti-
que s'est bornée 'là. Non que la mémoire de cet
incomparable événement ne fit battre tous tes
cœurs mais le ~peuple prussien, avec son intelli-
gence ordinaire et, ausi, avec une délicatesse que
ses ennemis mêmes reconnaîtront, a compris que;
dans la situation actuelle de l'Europe, il pouvait
craindre, par trop d'éclat donné à l'anniversaire
des récents triomphes, d'oSusquer ou de blesser
des peuples voisins avec lesquels son plus 'sin-
cère et plus vif désir est de vivre en paix. °
De même, les journaux prussiens n'é-
pargnent ni les avances ni les flatteries à
l'Autriche i.
On peut, dit la Kë/'o'ntf: de Berlin, oompàrer
la guerre de 1866 à un de ces' 'duels qui Cnissent
par de cordiales poignées de main entre les ad-
versaires. Nous n'avons plus de haine contre
l'Autriche. Ce que nous avons combattu, .c'était
une Autriche esclave, cléricale et despotique. A
l'Autriche libre, nos meIHeures sympathies sont
acquises.
N'y a-t-il pas là un nouvel indice des
efforts qui sont faits à Berlin pour amener
une entente entre la Prusse et l'Autriche?
Le bruit s'accrédite à Rome que M. de
Sartiges va. être rappelé. On sait que Ta
politique française, en [ce moment très fa-
vorable à l'Autriche, s'erForce d'aplanir
les difficultés pendantes entre le gouverne-
ment de Vienne et le Sàint-Siëge,
D'après notre correspondant, qui ne fait
que rapporter ce qui se dit autour de lui,
M. de Sartiges ne paraîtrait pas devoir
réussir dans une mission conciliatrice de
cette importance. Il le sent, et aurait lui-
même provoqué son rappel. Il n'a point ea
effet eu jusqu'ici avec les représentants de
l'Autriche à Rome des rapports agréables.
On le disait mal avec M. de Hubner, en-
core plus mal avec le comte Crivelli il est
diamétralement en opposition d'idées avec
M.deMeysenbug.
est rare d'exciter naturellement la, sympathie
de tout le monde et de se faire aimer, et voua
comprendrez que Jeanne devint la favorite de
ses maîtresses comme de ses compagnes.
Elle était insensiblement arrivée à cet âge
où l'âme de la jeune nlle à besoin de s'épan-
cher en tendresse, et prélude à l'amour pa.r
l'amitié. L'amitié, 'ce sëntmiënt à; làfois's~
suave et si pur au printemps de la vie, quand
rien encore ne l'altère ni le corrompt, si no-
blement désintéressé, Jeanne l'éprouva dans
sa plus radieuse exaltation.,
Au milieu de toutes ces anections qui ve-
naient à elle, elle eut son an'ection choisie en-
tre cent autres, une" amie de tœur pour qui
elle était tout, de même que cette amie était
tout pour elle. Les deux ne furent plus qu'u-
ne, tant elles étaient inséparables. On le~
voyait toujours ensemble, .pareilles à ces
beaux couples d'oiseaux des tropiques.qui vo-
lent de conserve, toujours dans la mepie va."
gué d'azur, reposent sur la ineme branche,
picorent les mêmes fruits et dorment sous la
même feuillée. Elles partageaient les mêmes
jeux comme les mêmes études.
––Cette joie d'amitié fut certes le pl~s
grand bonheur qu'eût encore éprouvé l'or-
pheline. Elle était trop enfant quand sa '!hêre
mourut, pour avoir pu sentir tout le prix de
sa tendresse; plus tard, la mélancolie de son
père, bien qu'elle n'altérât en rieh~sa pa,rfait&
bonté, avait unpeunuiau.charme que Jeahna
aurait trouvé dans son commerce. Et d'ail-
leurs, qui ne sait, hélas que les enfants sont
de chers ingrats? Tandis que leur, enusion
comble tous nos désirs, il est Meh rare que la.
nôtre leur suffise. Us sentent toujours le be-
soin dé s'échapper vers quelque.autre.
La vraie tendresse, cette .tendresse rené-
chié, qui se connaît elle-même et .qui savoura
son bonheur, ne fut donc révélée :A Jeanne
Dérvillé~qüé dù moment oiz;élle rencontra
DerviUe. que du moment pu. elle rencontra.
son.amie son amie'.de, choix–Victorine
de Blançhelande. L'une/etl'auit-ë étaient du
même âge .e elles avaient quinze ~.ans .elles -`
entraient dans lavie ense ~nantparla main.
LOUIS ËNÀt?LT.
(~C6 suite Ci C~M~t.)
tTroîsmois tSf.SOf~r M-4~' °
NN8 M.SHNE Sixmms. e?' i. ï
(tinan. SA b.
MKMMe'MOMMENT.<23.MEMONTM~TR~
B~redi 1S juHlet 1868
t Tr~staois t~h-aaM
~ARTEMNTS Sixih&is. sa
.Um'an.M.
MNONCES, 8. PL. BE L< BOURSE, ETI, RUECOO-HEMH
Toutce qui cmeenterMaH~s~~n du Jourcaldott être adresse au Gérant
.I, n!
.f.~ i
3~Ah;nê~
~a~s~s~eaorn~
L'ÂdmbMtratioBseréservetedMitdemodiSeriare~ des Annoncas
l' ch '0> l,
MM. tes abonnes dont l'abonnement
expire te 45 juillet, sont priés de le re-;
t~ouvëler de suite;, s'ils ne veulent pas
eprauver de retard dans la réception du
joumaL
Les abonnes nouveaux ont droite rece-
voir ~fsrce~~e, par M. AMÉDËE AcHARD, lai
~reBuêr~ partie du jPb~eron de ~a C'QHr-
ÏMat<, par M. le vicomte PoNsoN eu TER-j
BAiî.,ettoo,t ce qui a. paru de la~p~ic!
de Zdg~OTt
PARIS, M JUILLET 1868
~!E DEHA~DEKT LES AMÉRIENS?
Nous trouvons la. réponse à cette ques-
tion dans la, note ci-âpres, qui vient d'être
remise aux membres du Corps législatif,
etqui demande pour les algériens le droit
d'être admis à discuter leurs propres af-
faires par des mandataires élus.
Les. aspirations unanimes des colons
comprennent, assurément, d'autres réfor-
mes, dont les événements se sont cruelle-
ment chargés de démontrer la nécessité.
Nous rappellerons, entre autres, réta-
blissement de la propriété individuelle
chez les indigènes de race arabe, comme
Cille existe chez les Kabyles; d'une législa-
tio immobilière uniforme, et d'un régime
autre que celui des bureaux arabes, au
tnoins dans toute l'étendue delà zone de
colonisation.
v. Mais les vœux, dont les colons réclament,
a.yant tout, la réalisation, nous paraissent
être ceux auxquels il leur importe le plus
qu'on donne immédiatement satisfaction.
Si, en effetj.on se 'reporte a. cette consti-
tution de la propriété individuelle que le
~énatus-cônsulte de-1863 édictait comme
une- mesure générale et très prochaine,
tandis que, dans son récent discours au
Sénat, M. le gouverneur général ne la re-
présentait plus que comme une mesure à
mettre à l'essai dans quelques tribus, on
eera frappé des déviations considérables
que les bureaux arabes, eh l'absence de
tout. contrôle par le pays, peuvent faire su-
bir aux décisions les plus formelles des
pouvoirs métropolitains.
Le Corps législatif comprendra, nous
n'en doutons pas, que les colons se préoc-
cupent bien moins d'obtenir une préro-
gative politique, que de s'assurer une ga-
rantie absolument Indispensable à leur si-
tuation économique.
11 s'agit en somme:
Pour le gouvernement, de savoir s'il est,
eu non, intéresse à. se; décharger d'une
partie de la lourde responsabilité que les
événements présents font pesersur lui, et
que ceux de l'avenir ne pourront qu'ag-
graver;
Pour le .Corps législatif, de dehner aux
btireaux arabes un contre-poids normal et
régulier d'apporter à leur omnipotence le
seul frein qui n'entraîne aucun boule ver-
sement; de satisfaire la population colo-
niale, tout en fortinant le contrôle; des
pouvoirs, e~ &n s'
savoir la possibilité d'entendre régulière-
ment etcohtradictoirëment les parties en
cause;'
Pour tout le monde, ennn, d'y voir clair
désormais, non plus à lalueur agitée des
éclairs d'orage, mais a la calme lumière
cT un jour régulier
FRANCIS RIAUX.
~NÇTE~
youR MM.; LES MEMBRES DE LA CO~ISSMN DU BUDGBT
'MM!HéU!'S,
î~es eouestgnës, colons aigenens présents en ce
moment i Paris et a.yaht en Algérie des intérêts
eonsidérabiee, demandent a, la commission et à la
Chambre Fa permission de leur adresser les re-
FEUIU.ETQN DE LÀ ~M'.S.S~
.M 1S JCTU.ZT.1868
..LA' '5~
WtHENMLMM~~
XII (Sm~
Jeanne, qui n'avait, hélas que trop raison
d'être modeste, et qui ne crayaitguèreasa
science, fut~prise d'un petit tremblement ner-
'veuxat devint toute pâle. Elle toussa, un peu
pour se donner une contenance. Il &.utbien
avouer que M" Danglaa– ainsi se nommait
fînspeetricè des ëtudëe–n'avait rien au pre-
miec.abprd qui dût rassurer beaucoup une
jeune élève. M"~ Dangtas, femme excellente
d'aitleurs, et dont chacunapprécia!t la stricte
!nipàrt!a.utë, ëtait une petite femme maigre,
au teint si franchement bilieux qu'une pen-
sionnaire malicieuse l'avait surnommée M~"
ta Jaunisse.
Le mot avait été assez juste pour faire for-
tune, et il était resté. Elle avait si peu de
corps que ce n'était vraiment pas la peine
d'en parler. Sa figure était maigre, longue et
s.éche, avec un nez pincé, un front proémi-
nent, couvert d'épais cheveux grisonnants et
de petita yeux, indécis entre le gris et le vert,
qui semMaientYouloIrHre jusqu'au fond dé
votre.âme.
EIIent.à Jeanne les questions correspon-
dant au degré d'instruction qu'elle lui suppo-
'a&it~
Malheureusement, l'éducation de notre hé-
roïne avait été singulièrement négligée; l'ins-
pectrice ne tarda poïnt à p'én apercevoir.
.Vous n'êtes pas assez forte pour faire
partie du violet uni, dit-elle à l'enfant.
lovons si nous.serons plus heureuses avec le
violet liseré dè~blànc.
~Ëlie lui adressa d'autres( questions, moinB
difnciles à résoudre que les premières, mais
mercîments de la colonisation algérienne pour ~es
bienveillances dispositions dont elles font preuve
àsonëgard;
Ils ont, à cette occasion et au moment où va
s'ouvrir la discussion sur le budget de l'Algérie,
l'honneur de leur exposer ce qui suit:
~Pendant la, famine qui vient de décimer celles
des populations arabes qui se trouvent soumises
à un système économique défectueux, les colons
algériens se sont vaillamment affirmés par le tra-
vail et par la charité; ils ont ainsi fait tomber à
jamais les préjuges qui les représentaient comme
les adversaires des indigènes.: 1 1 11
j[~&dEoI.t&~Mtioria.ux,des'Ara.bes étant recon-
nus et délimités/la colonisation française ne peut
plus à leur égard être représentée comme un en-
vahissement, mais doit l'être comme un bienfait
indispensable à leur civilisation;
Les colons algériens s'acquittent largement de
-la mission providentielle qui leur incombe, et
que seuls ils pourront accomplir par l'exemple et! i
par le co~CM~' ils sont pourtant les seuls qui
n'aient point été appelés à débattre les questions
intéressant la politique de la France en Algérie,
et la crise qu'ils traversent en ce moment leur
fait regretter plus amèrement qne jamais de
n'avoir de représentants élus par eux ni dans les
conseils généraux et dans le conseil supérieur
algérien, ni dans le Corps législatif de la France;
Cette exclusion imméritée constitue une situa-
tion doublement fâcheuse, et pour les citoyens
français de l'Algérie, qui récIameTit l'exercice
d'un droit dont ns ne sont pas déchus, et pour
les grands corps de l'Etat, qui ne peuvent enten-
dre la voix de ce pays que quand des crises la
leur font brusquement parvenir;
On se plaint que les questions algériennes soient
obscures, et, pour les éclairer, on a essayé de
tous les systèmes, hormis de celui qui pouvait
donner la parole aux colons, gens spéciaux, pour-
tant, en matière de colonisation;
Et cependant, si ces questions paraissent com-
plexes, il en est une du moins qui se présente
simple, et conforme au droit public de tous les
peuples modernes, c'est la convenance d'appeler
toujours les -intéressés a participer par des man-
dataires de leur choix à la conduite de tous les
intérêts, partout où ces intérêts sont discutés;
Cette question n'offre pas,, comme les autres,
l'Inconvénient de.pouvoir entraîner de longues
études; et la réalisation d'une semblable mesure
faciliterait singulièrement l'examen et probable-
ment l'obtention de toutes celles que l'Algérie sol-
licite elle soulagerait notablement la responsabi-
lité du .gouvernement, alors même que, sur les
autres points et au milieu des systèmes opposés
qui se combattent, il ne voudrait prendre immé-
diatement aucune résolution décisive
Les vœux de la population algérienne viennent
de s'affirmer une fois de plus par l'enquête agri-
cole présidée en Algérie par M. le comte Le Hon,
député au Corps législatif, et ces vœux sont una-
nimes depuis la frontière de la Tunisie jusqu'à
celle duMaroc;
Les soussignés s'associent de toutes leurs for-
ces à tous ces vœux, et, préoccupés de préciser
dans le moment présent celles de ces demandes
qu'ils font passer avant toutes les autres, parce
qu'ils verraient dans leur succès la garantie et la
sanction de tous les progrès ultérieurs convain-
cus qu'en l'absence de la mesure qu'ils réclament,
toutes les autres risqueront d'avorter, comme par
le passé, dans leur application, ils prient instam-
ment la commission du budget et le Corps légis-
latif d'appuyer unanimement le vœu qu'ils for-
mulent à l'effet d'obtenir dès cette année
1° Que les citoyens français ou naturalisés
français soient appelés à élire les membres fran-
çais des conseils généraux, et que le nombre des
délégués (citoyens français) appelés à représenter
les conseils généraux au sein du conseil supérieur
soit porté pour chaque province de deux à huit,
afin que le nombre total de ces délégués excède
le chiSre numérique des hauts fonctionnaires,
membres de droit de ce même conseil. Les déli-
bérations du conseil supérieur, souveraines dans
leur expression sinon dans Jeurs enets, seraient
publiées comme le sont actuellement celles des
conseils généraux.
S" Que les citoyens français résidant en Algé-
rie soient appelés à élire, pour chacune des trois
provinces, un député au Corps législatif.
La France trouverait dans l'énergique concours
et dans l'expérience pratique des colons des faci-
lités pour surmonter les obstacles.
L'Algérie se sentirait soulagée en voyant ac-
CueiMI~l'unede ses aspirations les plus ardentes.
Elle y puiserait dès forces nouvelles et l'espoir
d'un meilleur avenir. En ce moment/elle attend
avec anxiété les résultats de la session, prête à
faire une large part, dans sa. reconnaissance, a,
toutes les bonnes volontés qui prendront intérêt
àsa. cause..
Paris, le 13 juillet 1868.
JULES DU PRÉ DE SAINT-MAUR,
Colon à Arbal (province d'Oran), membre du
conseil général, président de ,la chambre
d'agriculture, membre du conseil municipal
d'Oran.
PÂULVIGUIER,
Colon A Bou-Far (Guelma), membre du conseil
général de la province de Constantine, dé-
légué de ce conseil au conseil supérieur de
l'Algérie.
jdu HM?t d'tM grand nombre c?< co~o. s~eW~M.
auxquelles, cependant, la nouvelle ne put ré-
pondre que très imparfaitement.
–Comment! pas même le violet liseré? fit
l'inspectrice à laquelle ce résultat inattendu
parut une monstruosité, Mais, ma pauvre en-
fant, de quoi êtes-vous donc capable? dit-
elle enfin; que savez-vous?
.–Je jardine un peu et je sais pêcher la
crevette! répondit Jeanne avec une candeur
qui eût désarme la surintendante elle-même
etquitouchal'inspectrice..
Là crevette vient à Saint-Denis toute pê-
chée. lorsqu'elle y vient, répondit M'°" Dan-
glas avec un léger sourire; et, quant à ce qui
est du jardinage, occupation très agréableà â
la campagne, il ne vous sera guère utile ici,
où nous ne permettons à aucune de nos en-
fants de porterdes fleurs,parce quecela ferait
de la peine à'celles qui n'en auraient pas.
Savez-vous lire, au moins?
Oh oui, madame, fit Jeanne en rougis-
sant un peu..
–Et écrire?
Ici, la réponse fut beaucoup moins afnr-
mative,et M°'" Danglas fut obligée de répéter
saquestion.
J'écris un peu. e/t nto~/en.Mc.
Oh! si vous écrivez seulement un peu,
ce n'est guère pour une grande personne qui
va bientôt avoir dix ans. Je voudrais pour-
tant bien vous mettre dans le vert uni.
Voyons, approchez-vous de cette table..
Jeanne fit ce qu'on lui disait. L'inspectrice
lui passa du papier et une plume. »
La feuille n'est pas réglée, madame dit
l'enfant avec un naïf effroi.
Ecrivez, néanmoins Je vais vous dicter
quelque chose.
Jeanne, assise de travers, écrivit comme
elle était assise. Ses caractères étaient trem-
blés, formés a peine, et son orthographe d'u-
ne fantaisie digne des grandes dames du siè-
cle passé qui parlaientsl bien qu'elles n'a-
vaient nul besoin de savoir écrire.
L'inspectrice prit le papier, et, en voyant la
première ligne, elle hocha la tête, et avança
la lèvre Inférieure d'une façon très significa-
tive. (
–,Ceci, ma. chère petite, c'est tout bonne–
ment:du.veriHseré dit-elle en, remettant le
papier sur la, table, et encore, dans cette c!as-
La commission du colportage n'a. pas
nos sympathies, et l'estampille nous ap-
paraît ~comme une de ces mesures préven-
tives qui hérissent notre législation et dont
le moindre inconvénient est de multiplier
à l'InRni les états-majors administratifs
gênantsetonéreux.
La préventïon– l'expérience le' p~B~B'
–n'a jamais rien empêché; elle s.emble~
taquine, quand elle atteint des innocents,
et elle donne aux choses mauvaises l'at-
trait du fr.uit défendu: La~liberté pour tous~
et une répression énergique après le délita
sont évidemment préférables en tout étatj
de cause.
Cette réserv&faite, nous ne faisons point!
difficulté de reconnaître que, de toutes les
censures, la commission du colportage est
celle qui se Justine par les raisons les plus
spécieuses, quand elle se contente d'éplu-~
cher le contenu des balles de colporteurs. ) ¡
II y a, à. la rigueur, dans 'la situation ëx-i
ceptionnelle de ces débitants, errants, de
'quoi expliquer certaines mesures excep-
tionnelles. Reste à, savoir si ces mesures~
sont efficaces, et'c'est ce dont nous dou-i
tonsbeaucoup. i, s
Néanmoins, dans la discussion d'hier.
les critiques dirigées avec esprit et anima-
tlon contre la commission du colportage!
par des députés presque tous écrivains, ne!
s'adressaient évidemment pas a -ce côté!
de la question. On peut différer sur les
moyens, mais tous les honnêtes gens sont ¡
d'accord pour .empêcher Jadiifusion de ce~
que M. Jules Simon appelait fort exacte-!
ment .«.de petites ordures. M. Ce qui est;
plus grave, c'est que. la, loi sur le colpoa~i
ta.ge,parune extension fâcheuse, s'étend) i
aux librairies des gares. Un .arrêt de la
cour de cassation a 'consacré cette exten-i
sion, qui n'est écrite dans aucune loi, et~
dont les motifs nous échappent.
S'il est au monde une librairie qui n'ait
rien d'occulte, rien d'Instable, dont le con-
tenu soit exposé a. tous les yeux, qui soit
également dépourvue d'armoire secrète et
d'arrière-boutique, c'est la librairie de la
gare..
A-t-elle un caractère populaire qui lui
permettrait de répandre a profusion des
opuscules dangereux ? A-t-elle la spécialité
du bon marché? Nullement; elle s'adresse~
a une classe nombreuse, mais spéciale, de
lecteurs. Elle est un excellent agent de
propagande pour les œuvres vraiment Ht-
téraires et sa clientèle est en majorité .Ins-~
truite et de bongoùt, 'i
Nous cherchons, en vain quels -rapports
existententre:ces libraires sédentaires et
la boutique ambulante d'un .porte-balle.
Nous comprenons qu'on s'étonne .à bon
droit de voir des œuvres sérieuses, .des
chefs-d'œuvre parfois,; des ouvrages d'un
caractère grave, économiques, philosophi-
ques, politiques même, exclus de ces lieux
de vente, en vertu dé Ta même loi et par
là même décision administrative, qui in-
terdit a.ux colporteurs le débit'de petits
volumes licencieux si bien qu'au même
titre une seule' liste de proscription peut
empêcher, dans-ces conditions, la 'vente
du G'a~c/nsMe 6&M ~trceurs et de la France
~ou~eMe.deM. Prevost-ParadoI, du-CTKM-
sonMef ~rn~oM et des discours politiques
de tel ou tel député.
Voilà le point sérieux de la question, et
nous ne comprendrions que le gouverne-
ment, en établissant la liberté de la librai-
rie, ne saisit pas cette occasion de faire
cesser une confusion regrettable.
Il est vrai que ce jour-là le rôle.de la
commission du colportage sera si réduit
qu'elle,sera. exposée à disparaître; mais,
assurément, elle verra, tomber, comme
par enchantement, la plupart des critiques
et des plaintes dont elle est l'objet.
'H..VMGNAULT.
se, qui est la.. dernière, vous n'aurez pas la
se, > mier ;;vous.aUl'?z"pa~ ,a
première place. Votre éducation a été négli-
gée plus que je ne saurais le dire, et il vous
faudra beaucoup de courage et de bonne vo-
lonté pour regagner le~temps perdu. Avez-
vous véritablement l'Intention de travailler?
–Oh! 1 madame, jesenssi bien qu'il le
faut!
L'inspectrice dbnnâ'un coup de sonnette,
et M"Argelés reparut.
Vert liseré dit l'inspectrice, qui s'était
déjà remise à son travail.
M' Argelés nt un haut-Ie-corps et un mou-
vement des bras et des mains qui, dans sa
mimique éloquente peign-ut l'ëtohhement
arrivé à ses limites extrêmes. Elle apporta ce-
pendant la ceinture verte ornée du petit lise-
ré blanc et la passa à la taille de Jeanne. r.
–Mon enfant, reprit alors l'inspectrice,
vous êtes en retard sur votre âge ;de près de
deux années. Nous avons lel douze divisions,
et je me vois forcée de vous placer/provisoi-
rement, du moins, dans la dernière de toutes,
avec des enfants de huit ans Mais ceci n'est
pas une raison pour vous découragera
Je vois que vous avez de Tintelligènce, j'es-
père que vous aurez aussi du courage et; de la
bonne volonté. Il faut traverser les pre-
mières classes au pas de course, pour rejoin-
dre bientôt les jeunes nllës de votre âge. ~Céla
dépend de vous. On reste ordinairement'six
mois dans chaque division; mais je prendrai
en considération la position particulière dans
laquelle vous vous trouvez, et chaque fols.qué
)e vous croirai capable de franchir un degré,
je vous accorderai les autorisations nécessai-
res. –Maintenant, allez, mon enfant! l
M°'* Argelés conduisit Jeanne Derville dans
la salle d'études de la douzième division, qui
portait la ceinture verte au liseré blanc..
Ainsi que l'inspectrice l'avait.dit à notne.
héroïne, cotte division se composait des plus
petites élèves du pensionnat. Jeanne, béau-
~PP~s âgée; quelles, et grandepdur son
âge, paraissait Iâs!ngullèrement:'depla.cee.
Elle eut un peu de honte de cette dispropor-
tion que tout le monde remarquait. A cette
honte ilsë mêla bientôt un autre sentiment.
L'amitié, .qui voui~entra les: amis-toutes -les
égalltés~exige -aussi .eélle de t'âge,; 'surtout
dans la première jeunesse. Deux ans de diffé-
M~~FMC T~T~fR&IBNIfMÏPW
MfttUS&o tt'LtiuK&ruivU&S
'ASIËJ.
i! ,Trieste,lAjm~ët.
Les a.visdaBomba.y son't~dn'16juin.' ns'portent
que Fero'z-Shàh s'est-d~clarë eh faveur de l'al-
;Iia.ndeTUS6ë.'
On mande de Bouhhara queues Russes ontper-
~n 3,COOhMMïiMdM8ia dernière bata~
ÉTAT.PQNTIFÏCAL
!Rome,13juiUet.'
La note.de M. deBeitstj en'rëponse â'1'aHocù-'
tion pontificale, a ëtë remise au cardinal Ahtô-!
nelH par chargé d'aSaires .d'Autriche. Le ton;
en est ferme, mais'courtois. M. de Meysenbus*
est parti hier par ta voie de terre;
'SEiRBIE'
` Be!grade, 13 juillet, spir.
Le prince Alexandre Karaûeorgewltch sera cite
-par une ordonnance du'tribùnal à comparaître,~
le 31. juiHet, devant le tribunal de BeJgrade.com-j
me complice de l'assassinat du prince Michel.
~~en.ce\Hay
Nous trouvons dans le 2Vô!ét nous .re-
produisons, sous toutes réserves. Illettré
suivante:
UNE CAUSERIE A FONTAJKEBLEAU
h Paris, 13 juillet.
On parlait ces jours derniers, à Fontainebleau,
de la fin tragique du prince Michel de Serbie et
des manifestes de Félix'Pyat qui provoquent à
l'assassinat de l'Empereur..On exprimait la
crainte que de si détestables exemples et tant d'o-
dieuses excitations n'amenassent quelque nou-
vel)e. tentative contre' Je chef de l'Etat. L'Empe-
reur manifesta une opinion contraire; et, comme
tous'ies regards tournés vers lui semblaient lui
KtMa~~je~ecpMde'sa'~onaanee, il prit la pà-
rbte en ces termes, que .nous avons pu recueillir
et que noua tâchons de reproduire avec le plus
d'exactitude possibte:
a Dans la position que j'occupe, la vie n'a a
qu'un attrait c'est d'être utile à la prospérité et
à ]a grandeur de Ja France. Tant que je vivrai,
je ne ~poursuivrai pas d'autre bût, et la Provi-.
dence, qui m'a jusqu'ici visiblement soutenu, ne
m'abandonnera, pas. D'ailleurs, mon sort est en-
tre ses mains. C'est elle qui décidera ce. qui de
ma vie ou de ma mort peut le mieux servir les
intérêts du pays.
~n En ~présence de "tant de partN, animes d'am-
bitions rivales et de passions'subversives, il n'y
a de salut pour la France que si elle reste inti-
mement liée à ma dynastie, qui seule est un sym-
bole d'ordre et.de progrés. Or, il pourrait se faire
qu'unemort~ylolente, si je venais aen être frap-
pé, contribuât encore plus à la consolidation de
ma dynastie que la prolongation de mes jours.
Voyez, en effet, ce qui arrive l'homme qui ins-
pire pu'qùi commet un assassinat politique, qui
se fait à la~fôis juge et bourreau, produit toujours
unen~t contraire à celui qu'il veut atteindre
c'est ;le châtiment de son crime, il est inévitable.
Ce qui'yient.Ide.se passer en Serbie en est la
preuve'évidente. Les conspirateurs espéraient, en
tuant le prince Michel, faire arriver une autre
dynastie; ils.ont.ranermi pour longtemps la fa-
miIiedësObrehowitch. Chez nous, si un des nom-
breux attentats diriges contre le roi Louis-Phi-
lippe eût réussi, .il y atout à'parier gué la/mai-
son d'Orléans régnerait encore' sur la France.
Demain, aujourd'hui.si je tombais sous le coup
d'assassias, le peuple d'une seule voix acclame-
rait mon fils; et même si toute la .famille impé-
riale disparaissait, il irait, comme en Serbie,
chercher quelque petit neveu héritier de. 'mon
nom, un MUano quelconque, pour relever le dra-
peau de l'Empire,~vehgër le meurtre et ~sanction-
ner une 'fois do plus cette vérité que le parti qui
trempe ses mains dans le sang ne profite jamais
de son crime.
Aussi~puis-je envisager l'avenir sans crainte.
Que je vtveouque je meure,ma.vieoumamort
sera également utile à la France, car la mission
qui m'a été imposée s'accomplira, soit par moi,
soit par les miens. M
Ces parôtes ont été dites au milieu d'un cercle
assez nombreux; quetqués-uns des assistants
nous les ont répétées. Nous avons pensé qu'elles
ne seraient pas sans intérêt pour nos lecteurs,
auxquels nous pouvons en garantir la complète
authenticité.– Z S.
L'O/'drs, d'Arras, connrme et complète
en ces termes des renseignements que nous
avions .déjà. rencontrés dans les'journaux
belges et qui ne peuvent manquer d'ap-
peler l'attention du Corps législatif
Nous sommes eh mesure de donner les rensei-
gnements les plus précis et les plus authentiques
sur une proposition dont le gouvernement vtënt
d'être s&isij et qui a. une importance capitale pour
rënce, à cette époquede la vie, crëenttout de
suite entre vous une distance difficile à fran-
chir. Les Idëes ne sont pa.s les mêmes, ni les
gpùts.nl les aptitudes; il n'y a aucun-point de
contact, rien de commun dans l'existence.
xiii
Jeanne, au milieu de ses nouvelles compa-
gnes, se trouva presque aussi seule qu'à la
Rosière. Que dis-je? A la Rosière elle avait
la continuelle présence du meilleur et du
plus tendre de tous les pères, et avec Im elle
avait &ussl cette Intimité pleine de charme
que rien ne remplaçait maintenant. Ne pou-
vant faire mieux:, elle essaya de se consoler
en travaillant elle travailla beaucoup et tra-
vailla bien, avec un succès dont ses maîtres-
ses furent surprises elle brûlait la route et
doublaitles étapes.
A douze ans, elle entrait dans ]a classe au-
rore avec les élèves de son âge.
A dater de ce moment, ce fut une nouvelle
vie qui commença pour elle
Elle avait franchi les limites en-deçà des-
quelles le travail est une corvée et la tâche un
ehhul. Apprendre était pour elle un plaisir.
Sa jeune, intelligence se précipitait vers les
horizons nouveaux et inconnus que l'on ou-
vrait devant elle.' Ëlie..dévqrait les livres, et
buvait la parole sur les lèvres de ses profes-
seurs. Son esprit, que l'on n'avait pas fatigué
par des travaux trop précoces, saisissait tout
avec une facilité merveilleuse, et sa mémoire,
sûre et ndêle, gardait toujours ce qu'on lui a-
vait une fois connë, elle réussissait à tout. Il
:était bien rare qu'elle n'eût point au cou quel-
que médaille d'honneur. Aux distributions
~solennelles dé En d'année elle obtenait les plus
belles couronnes. Oh prévoyait déjà qu'un
jour viendrait où la maison de Saint-Denis ;la.
citerait comme un exemple de ce qu'elle sa-
vait faire, et la montrerait comme un spéci-
men de l'éducation qu'elle était capable de
donner.
Elle ne se contentait pas d'acquérir l'Ins-;
tructionpropremëhtdite. Ses dpigts-de fée ex-
cellaient à ces petits travaux. qm~~sont.Ia.spé-
ciaitté de la,femmé; elle ne négligeait paa:.da-
vantage les ârSaint-Denis avec autant de zèle et de soin que
les deux départements du Pas-de-Calais et du
Nora.
Une grande compagmefranco-bélge vient de se
constituer ponr soumissionner les chemins que le gouvernement propose décéder à la. Coni-
;pagnieduNord, moyennant une subvention de
SA nnlHons et une garantie de 60/0 sur les som-
mes dépensées.'
CettecompagnicoBre de baisser a 5 0/0 le
chinre de la garantie, et pour la même subven-
tion de 3j!< millions, elle executerait~tous les che-
mins qu'il s'agit de faire construire parla Com-
pagnie du Nord, plus les trois lignes de Somain
a. Roubaix, d'Armentières a Boulogne et de Gâtais
à Dunkerque cette dernière ligne sans subveu-
tidn nigaraiitied'intérêt.
A la tête de cette compagnie sont:
MM. Dumon, ancien ministre des travaux pu-
bliosde~BeIgique;
Le chevalier de Voûtera d'Aplinster, -manda-
taire général de S. A. sérénissime le duc d'A-
remberg
Za.man, sénateur de Belgique; il
Comte Eugène Meeus, ancien sénateur, ancien
directeur de la Banque'de Belgique; 't!
Baron Sndy, sénateur;
Julien Morel, propriétaire et industriel, et plu-
sieurs autres notabilités politiques, Hnanciëres
et industrielles.
La société générale d'exploitation des chemins
de fer, qui a construit en Belgique 800 kilomètres
de chenuns de fer, souscrit pour dix millions d'ac-
tions de la nouvelle compagnie;
La société des houillères de Belgique, société
:industrieHe au capital de 35 millions, souscrit é-
galement dix millions d'actions de la nouvelle
compagnie..
Un concours Snancierlui est également assuré
à Lille, dans le Pas-de-Calais et a Paris. 'i
Cette compagnie, qui a déjà oETert de déposer
à la Banque de France un cautionnement d'un
million, so'déclare prête à doubler, à quadrupler
même ce cautionnement.
Si les propositions de cette compagnie étaient'
agréées, les deux départements du Nord et du
Pas-de-Calais bénéRcieraient de la construction 1
de trois lignes nouvelles,. représentant 151 kilo- i,
mètres, sans qu'il en-coûtât un centime de .plus
que .par la convention avec la Compagnie du Nord.
Nous verrons quel accueil les députés du Pas-
de-Calais qui siègent dans la commission du
Corps législatif feront aux propositions de 'la
compagnie franco-belge et quel appui ils lui prê- s
teront.
Le E~crét~ire dp la rédaction,
E. BAUER.
CHRONIQUE POLÏTI9UE
L'honorable M. Malézieux a demandé
hier à la Chambre qu'un crédit de 300,000
francs fût ouvert au ministère de l'inté-
rieur pour la fabrication d'enveloppes uni-
formes destinées' à contenir les bulletins
dévote. lia expliqué en quelques mots
que l'objet de cette mesure était de pré-
server le secret du vote et d'une manière
plus efficace qu'il ne l'est aujourd'hui.
Bienqu'il soit difficile de s'opposer a des
demandes qui ont un tel but, il est im-
possible de ne pas reconnaître que l'em-
ploi de ces enveloppes compliquerait no-
tre 'système de votation et embarrasserait
les électeurs, surtout dans les campagnes.
La meilleure garantie du secret du vote
nous paraît être dans ce fait que ceux qui
sont appelés à surveiller les opérations é-
lectorales se désintéressent du résultat. Le
secret sera bien gardé le jour où personne
ne s'occupera plus de le découvrir. Il faut
pour cela que le rôle de l'administration
devienne moins actif/que 'les maires et
leurs adjoints ne soient pas des courtiers
dé candidatures officielles, que tout se
passe sous le contrôle des agents adminis-
tratifs, mais en dehors de leur action. Les
bulletins seront alors déposés dans l'urne
sans qu'aucune indication puisse être utile
jou nuisible à l'électeur, et sans qu'il soit
besoin d'aucune précaution nouvelle, les~.
scrupules très honorables de M. Malézieux
disparaîtront en même temps.
Les députés qui reçoivent les confiden-
ces de M. le ministre d'Etat annoncent
qu'il partira dans les premiers jours de là
semaine prochaine, avec sa famille, pour
prendre les eaux en Allemagne, et qu'il ne
sera de retour que dans là seconde quin-
zaine du mois d'août, pour aller présider
le conseil général du Puy-de-Dôme. 'i
On croit que ce voyage est déterminé
beaucoupplus par le désir d'une, entrevue
dans lespremiérespensions du monde.Elle es-
quissait un nez grec, d'après la bosse, d'un
crayon suret rapide, et peignait à l'aquarelle
comme ces jeunes Anglaises pour lesquelles
ont été~inventées les H.'et~er-co~oH~. Mais, dés
les premiers temps, il fût facile de deviner
que la musique serait son triomphe. D'au-
tres, peut-être, se montraient plus habiles a
dëchiSrer au piano des partitions compli-
quées; quelques-unes avaient dans la voix
plus d'éclat et d'agilité.
Mais personne mieux qu'elle n'avait com-
pris que la musique est la langue de l'émo-
tion, et qu'avant tout elle doit faire parler le
cœur. Aussi, soit qu'elle jouât, soit qu'elle
chantât, elle ne voyait dans les notes que des
accents mélodieux au moyen desquels il lui
était permis d'épancher les trésors d'une sen-
sibilité profonde'et vraie.
'.Tout le monde dans là maison se montrait
donc satisfait d'elle, excepté elle-même. Ja-
mais, en èNét, elle ne croyait avoir atteint le
but qu'ellës'étalt proposé. Elle travaillait avec
une ardeur qui pouvait devenir dangereuse.
On crût nécessaire de modérer son zélé.
Sa santé pourtant ne souffrit point. C'était
en toutes choses une vaillante nature..
Si sa beauté, un peu lente âse développer,
ne semblait pas devoir être de celles qui do-
minent etfascinent les foules, elle 'ne devait
point laisser indifférent l'homme accessible
au charme de la grâce et de la distinction.
Une expression tour à tour vive et i'êveuse,
déjà passionnée, remplaçait chez elle cette
régularité classique de plus en plus rare dans
la réalité, que le ciseau des sculpteurs et la
brosse dos peintres s'efforcent de donner aux
ngurës qu'ils font.jaillir du marbre ou qu'ils
animent sur la toile. Et que de détails exquis
dans cette physionomie nne et Ëére.
Le teint, d'une pâleur de rosé blanche,
mais que, sur laTnoIndrë émotion, coloràltle
sang généreux de la jeunesse, était d'une'
transparence et d'une fraîcheur idéales. Ses
yeux, d'un brun orangé; qui tantôt paràts-
saient noira, et tantôt semblaient d'or rayon-
nant, donnaient à son visage une anuhàtion
étrange, rehaussée encore par la pureté d'un
frontque la nature ~vàit modelé avec amour,
et pétri d'intelligence.
Ajt~utez à cela le don aussi précieux qu'il
avec M. de Bismark et M. ~de Beust que
parIasanté:deM.Rouher, qui seinbla~aSS''
-faite.' '< < l.k:
La Chambre a, écarté, à une 'm~r~
17& voix contre 33, un 'amendë~n~
dant a ce'que la liste de tous les c~<
soit affichée aux frais de.FEtat dan~
yerses' communes de chaque~ circoNSer]~~
tion. Cet ajnendemënt a ëM soutettu a.vec
beaucoup de modération par ~BM; ~aghin
ëtBethmont. M. le ministre de l'intérieur
l'a combattu surtout par une raison d'éco-
nomie.
Les propositions de cetto nature font pé-'
nétrer dans le détail même des élection~.
Ainsi les orateurs ont insisté a, ce:.pro-
pos sur l'Influence que peuven.t eNerper
sur les électeurs des campagnes les gardes
champêtres, qui sont les distributeurs cr-
dinaires des bulletins du-candidat of~ciel.
Au lieu de demander .que toute cette dé-
pense soit supportée par l'Etat, il semble-
rait plus logique et d'un esprit plus .libéral
de proposer qu'elle reste~ a :la: charge de
chaque candidat. On ~eut charger le.garde
champêtre de distribuer tous les bulletins~
que, dans les prochaines élections généra-
les, aucune distribution ne se fasse, que
par cette voie. Les candidats officiels peu-
vent.supporter cette petite dépense, et les
élections y gagneront en liberté.
&B~
.F't~
/t~F~
~cc t
On remarque tout un changement dans
le langage des principaux organes de la,
politique de M. de Bismark. Ils. ont mo-
mentanément cessé de nous défier et de
revendiquer pour la Prusse là suprématie
en Europe..
Le ton de la C'orrespoyM~Mce <~e ~er/tTt
s'est surtout radouci. On. s'aperçoit bien
qu'elle a reçu, ainsi que. d'autres journaux,
le mot d'ordre de ménager les susceptibi-
lités de la France.
Il y a huit jours, lit-on dans la Cor'rMpbyM~m-
ce de Bev~Mt, la Prusse ~tbut entière donnait un
grand exemple de modération. Le'3 juillet, anni-
versaire de la. plus féconde bataille de ce siècle,
passait presque inaperçu. Modestie sans exemple.
Aucune rejouissance, ni ofncieHe; ni publique,
n'a signalé ce grand jour. Des drapeaux a.ux fe-
nêtres, un monument élevé, dans l'intérieur d'u-
ne caserne, à la mémoire des compagnons d'ar-
mes tombes en Bohême toute la pompe patrioti-
que s'est bornée 'là. Non que la mémoire de cet
incomparable événement ne fit battre tous tes
cœurs mais le ~peuple prussien, avec son intelli-
gence ordinaire et, ausi, avec une délicatesse que
ses ennemis mêmes reconnaîtront, a compris que;
dans la situation actuelle de l'Europe, il pouvait
craindre, par trop d'éclat donné à l'anniversaire
des récents triomphes, d'oSusquer ou de blesser
des peuples voisins avec lesquels son plus 'sin-
cère et plus vif désir est de vivre en paix. °
De même, les journaux prussiens n'é-
pargnent ni les avances ni les flatteries à
l'Autriche i.
On peut, dit la Kë/'o'ntf: de Berlin, oompàrer
la guerre de 1866 à un de ces' 'duels qui Cnissent
par de cordiales poignées de main entre les ad-
versaires. Nous n'avons plus de haine contre
l'Autriche. Ce que nous avons combattu, .c'était
une Autriche esclave, cléricale et despotique. A
l'Autriche libre, nos meIHeures sympathies sont
acquises.
N'y a-t-il pas là un nouvel indice des
efforts qui sont faits à Berlin pour amener
une entente entre la Prusse et l'Autriche?
Le bruit s'accrédite à Rome que M. de
Sartiges va. être rappelé. On sait que Ta
politique française, en [ce moment très fa-
vorable à l'Autriche, s'erForce d'aplanir
les difficultés pendantes entre le gouverne-
ment de Vienne et le Sàint-Siëge,
D'après notre correspondant, qui ne fait
que rapporter ce qui se dit autour de lui,
M. de Sartiges ne paraîtrait pas devoir
réussir dans une mission conciliatrice de
cette importance. Il le sent, et aurait lui-
même provoqué son rappel. Il n'a point ea
effet eu jusqu'ici avec les représentants de
l'Autriche à Rome des rapports agréables.
On le disait mal avec M. de Hubner, en-
core plus mal avec le comte Crivelli il est
diamétralement en opposition d'idées avec
M.deMeysenbug.
est rare d'exciter naturellement la, sympathie
de tout le monde et de se faire aimer, et voua
comprendrez que Jeanne devint la favorite de
ses maîtresses comme de ses compagnes.
Elle était insensiblement arrivée à cet âge
où l'âme de la jeune nlle à besoin de s'épan-
cher en tendresse, et prélude à l'amour pa.r
l'amitié. L'amitié, 'ce sëntmiënt à; làfois's~
suave et si pur au printemps de la vie, quand
rien encore ne l'altère ni le corrompt, si no-
blement désintéressé, Jeanne l'éprouva dans
sa plus radieuse exaltation.,
Au milieu de toutes ces anections qui ve-
naient à elle, elle eut son an'ection choisie en-
tre cent autres, une" amie de tœur pour qui
elle était tout, de même que cette amie était
tout pour elle. Les deux ne furent plus qu'u-
ne, tant elles étaient inséparables. On le~
voyait toujours ensemble, .pareilles à ces
beaux couples d'oiseaux des tropiques.qui vo-
lent de conserve, toujours dans la mepie va."
gué d'azur, reposent sur la ineme branche,
picorent les mêmes fruits et dorment sous la
même feuillée. Elles partageaient les mêmes
jeux comme les mêmes études.
––Cette joie d'amitié fut certes le pl~s
grand bonheur qu'eût encore éprouvé l'or-
pheline. Elle était trop enfant quand sa '!hêre
mourut, pour avoir pu sentir tout le prix de
sa tendresse; plus tard, la mélancolie de son
père, bien qu'elle n'altérât en rieh~sa pa,rfait&
bonté, avait unpeunuiau.charme que Jeahna
aurait trouvé dans son commerce. Et d'ail-
leurs, qui ne sait, hélas que les enfants sont
de chers ingrats? Tandis que leur, enusion
comble tous nos désirs, il est Meh rare que la.
nôtre leur suffise. Us sentent toujours le be-
soin dé s'échapper vers quelque.autre.
La vraie tendresse, cette .tendresse rené-
chié, qui se connaît elle-même et .qui savoura
son bonheur, ne fut donc révélée :A Jeanne
Dérvillé~qüé dù moment oiz;élle rencontra
DerviUe. que du moment pu. elle rencontra.
son.amie son amie'.de, choix–Victorine
de Blançhelande. L'une/etl'auit-ë étaient du
même âge .e elles avaient quinze ~.ans .elles -`
entraient dans lavie ense ~nantparla main.
LOUIS ËNÀt?LT.
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