Titre : La Presse
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1867-06-20
Contributeur : Girardin, Émile de (1806-1881). Directeur de publication
Contributeur : Laguerre, Georges (1858-1912). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 20 juin 1867 20 juin 1867
Description : 1867/06/20. 1867/06/20.
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/03/2008
Jeudi M juin 1887
3M~ fr;
M~UX O'AMNttMENT. t23, RUE MONTMARTRE
Jeudt 20 juin 1867
3 NO!S ~Hset Mpiftomarde taSduc) ~3 SO
~MONCBS. 8. Pt.. DELABRE,. ET. 7, )~E_CCO-HË«M
AN88HCE~~ 9; PL; DÉ~IA 80ü8~E; ET.T, R~E COp~NÉflOô
~l, l ToutceauicOttCeraerAdmuustrationduJourNaidoitetrendressoaaCera;~
33~ Ànné~
L'Administratton se réserve le droit de BMdiHer la rédaction des Aanohces
Le~t altonoBS nouveaux ont droit à rece-
voir tout ce qui a. paru de la CTM~ame
f,fc P~?tC/K'(6rO~, par M Pû~SON DB
TERRAIL.
PARIS, 19 JUIN .M~
~1~ lr
1A BH'LOMATtE J ~~s~
I~UXÊMBOUt! x
;"i' "i:
Dans les documents diplomatiques com-
iiluniqués avant-hier aux.Chambres, deux
dépêches caractérisent, d'une façon toute
particulière et avec des .modincations si-
gninoatives, l'attitude prise par la. politi-
que française dans la. question du Luxem-
bourg,
Decesrdeuxf dépêcher, l'une porte la
date du~8 février 1867;~ l'autre a étë écri-
te le 15 avril, au milieu des pourparlers
qui se continuaient à Berlin entre là cour
\dé Prusse et les représentants de l'Angle-
terre, de l'Autriche et de la Russie. Nos
lecteurs trouveront .plus loin le texte de
ces instructions ministérielles.. dont le rap-
prochement éclaire, d'un jour décisif les
résolutions de'IaFrance.
QuedI:saitle88fëvrier~M, le ministre
des affaires étrangères?
Insistant sur Ïea considérations qu'il
avait développées la veille même dans une
autre dépeçlie,; il attestait qu'aux yeux de
la France les territoires du Limbourg et
du Luxembourg étaient désormais aifran-
cilia de toute servitude, et que le droit
conféré _& la Prusse de, tenir garnison à
Luxembourg avait disparu avec les insti-
tutions qui'ën étaient le fondement et la
raison d'être,c'est-à-dire avec .l'ancienne
Confédération germanique. Le ministre
ajoutait* que les .sympathies des popula-
tioTis luxembourgeoises les éloignaient de
l'Allemagne, et .que leurs aspirations
étaient bien plutôt tournées vers la Fran-
'ce.ll ouvrait enmi cet avis que « ce que le
cabinet de Berlin ne. voulait pas concéder
au roi d& Pays-Bas,-pourrait devenir entre
là Prusse: et nous l'objet d'une transaction
honorable et amiable )),et il continuait en
ces .termes
J[mo!iserts,<7 es!'p
acceptant avec bonne grâce le fait d'une reunion
du ~rand-auchë à la. France,
c~0[fia;t: ~a<)"6 aci'e d'e!&f'
t'e?'ent d noua MM~a~e~ «Me sc~t~cc~'on morale
e<,m~e?'t'eHe qui, en donnant.aux retaiions des'
deux pays un degré -ptus marque d'intimité, of-
Mra.i~ do nouveaux g!Lge& à la paix de l'Europe.
Le 15 avrM, au-contraire, II ne reste rien
de ces'espérances ni do ces prévisions. Là
question se présenté dégagée de ces senti-
ments dé délicatesse et de courtoisie, com-
me une aSaire de droit joublic qui inté-
resse la proM te de Jà Prusse et l'honneur
de la France. Dans le langage du ministre,
perce tout au plus .le regret que le ca-
binet do Berlin n'ait pas su reconnaître
<( cette occasion d'établH- entre l'Allema-
gne et nous un échange de bons procédés
qui auraient donne à la tranquillité de
l'Europe les plus sérieuses-garanties. » La
France, du reste, n'insiste pas sur le pro-
jet de cession son unique préoccupation,
c'est d'assurer la sécurité de ses frontières
et elle déclare qu'elle K n'exclut a prtort
aucune combinaison pouvant lui donner
une sufnsante satisfaction à -cet égard. )) »
L'historique de ces deux dépêches, au-
tour desquelles se groupe toute l'affaire
du Luxembourg, serait trop long pour
être fait ici et les débats législatifs que
le dépôt dé ces pièces provoquera nous
fburniront~d'aiMëurs, l'occasion d'y reve-
nir utilement,
Deux points seulement sont à noter:
Pourquoi la France, à l'origine, est-elle
FEUILLETON DE LA .PR~SF
MaÔ~n<1867:
mmm BE pLA~HE-mM
DEUXIÈME PARTIE
."XXXVII'
M. deVillenave, ce matin-là, s'était le-
vé tout guilleret, et il entra dans la, salle à
manger du château de Rochepinte en fré-
donnant un air_de chasse égrillard:
Toutes les 'fanfares du inonde ont des
paroles que les oreilles chastes ne sau-
raient entendre.
Le veneur est grivois et sa poésie s'en
ressent.
Chez le marquis de B. on déjeunait à.
dix heures précises.
Depuis les funérailles de Corinne, le
marquis, strict observateur des convenan-
ces, ne chassait, plus; mais il buvait et
mangeait comme quatre, à. la manière' des
anciens, qui honoraient les morts en don-
nant aux vivants de~indigestions~
M.:de Villenave avait entendu la cloche
du déjeuner et il était descendu.
,11 avait trouvé-lé marquis installé à la
russèdéyant un buffet chargé dehors-
d'œuvre variés, depuis la langue fumée
jusqu'au caviar, et buvant du madère.
Je prélude au déjeuner, mon ami,
dit le marquis de B. Buvez de ce madè-
re le madère est de deuil, comme on dit
dànsIeZ.<07!,eM!pa
Reproduction intardite a,n.x joarBaux qui n'ont
pas tfai~favec la S&ci~ de~ Cena de tettres
entrée dans cette négociation, c'est-à-dire
sous quelles impressions des pourparlers
ont-ils été ouverts entre Paris et la, Haye
pour la cession du Luxembourg?
En second lieu, que s'est-il produit en-
tre le 38 février et le 15 avril, qui ait pu
modiner, comme nous venons de le voir,
le langage et les sentiments de notre'pays?
Eh J~ien ce qui résulte des documents
que nous avons sous les yeux, c'est que la
'1'rance a.été engagée dans la question du
.Luxembourg par les craintes de la Hol-
lande. qui redoutait .de voir sa propre in-
dépendance. compromise lors de-1'ëtablls-
sement de nouveaux rapports entre la pro-
vince du Luxembourg et la Confédération
prussienne. De ces crainte~, toutes les
dépêches émanées de la Haye en témoi-
gnent hautement. Des le Ë3 juin 1860, le
ministre d'Etat du grand-duché signale
an ministre de Prusse la situation anormale
dans laquelle se trouve le Luxembourg, les.
Prussiens- continuant à tenir garnison
dans la forteresse pendant que le titre en
vertu duquel ils l'occupent a été déchiré
par leurs propres mains. La négociation
est interrompue dès le commencement de
juillet; mais, dans les premiers jours du
mois d'octobre, à l'occasion de la réunion
des Etats du, Luxembourg, le prince Henri
renouvelle sa protestation. La cour de
la Haye fait connaître à Paris qu'elle ap-
préhende de .voir la Prusse « ne pas se
contenter des facilités que eon commerce
rencontre, soit en Hollande, soit dans les
colonies néerlandaises, mais se baser sur
uTie certaine Communauté de race et sur
la situation géographique des Pays-Bas,
pour désirer tt~e post~f'o~ e.~cep~et en arriver à M~e f'n~me ~tance/dont
le résultat serait de compléter son. système
commercial et militaire, surtout au'point.
de vue maritime.:)). -P
Sortons des euphémismes de la diplo-
matie ce que la Hollande clénonçâit à la
France, c'étaient les ambitions de la Prus-
se voulant faire .du Zuyderzée une baie
allemande, ce qu'elle redoutait, c'était,
non pas l'intime alliance, comme le dit la
dépêche, mais l'annexion. Le cabinet des
Tuileries s'émut alors, et il écrivit les
deux dépêches des 37 et ~8 février.
La, France proposait .donc de déclarer
dénnitivement rompus les liens* qui exis-
taient auparavant entre les provinces 'du
Limbourg et du Luxembourg et l'ancienne
Confédération germanique le Limbourg
serait purement et simplement rattaché à
la couronne des Pays-Bas le Luxembourg
deviendrait l'objetd'une cession alaFran-
ce. La cour des Tuileries traiterait direc-
tement la question avec le cabinet de Ber-
lin, et, tous ces pourparlers resteraient con-
fidentiels. 'h
Il semble à ce moment que le roi Guil-
laume de Hollande, soit par quelque scru-
pule indénni, soit par une connaissance
plus exacte des dispositions qui préva-
laient à Berlin, se soit Inquiété des senti-
ments que de telles ouvertures éveilleraient
dans l'esprit de M. de Bismark et dans ce-
lui du roi, et qu'il ait voulu en prévenir
l'effet..
En même temps que le prince d'Orange
était chargé de porter à l'Empereur l'agré-
ment du roi son père,. le ministre de
Prusse à La Haye, était mandé auprès du
roi et recevait communication des projets
entretenus entre les deux cours.
En apprenant-cette révélation, un trou-
ble presque égal se produit à Paris et a
Berlin.
A Paris, M. de Moustier déplore cette
indiscrétion. ((Tout cela, dit-il, parait
prématuré et regrettable. -n Et il ajoute
cette phrase si brève pour le langage d'un
diplomate
Je soM&a< FACHEUX.
A Berlin, M. de Bismark se montre fort
–Et le vin du Rhin ? dit M. de Ville-
naveeh.riant.
––Le vin du Rhin aussi. Buvez celui-
là.
.On servit le déjeûner, et les deux a-
mants de Corinne se mirent fraternélle-
mentatable.
–-Mon bon ami, dit alors le marquis,
j'ai fort mal dormi cette nuit.
.Est-ce que vous avez pleure Co-
rinne?' i
–Non, j~ai pensé à vous..
yraiment?
-–Et je me suis promit; de vous donner
un bon conseil..
–Voyons.
–Je connais les femmes, comme bien
vouspensez,etj'en pense plus de'mal que
debien!
–Oh! oh!
La femme est primesautiére, pour-
suivit le marquis; son premier mouve-
ment estexcellent..
Bon! et le second'?'
–Il est moins bon.-
–Et le troisième?
–Il est mauvais.
Où voulez-vous en venir; mon cher
marquis?
Vous allez voir. Votre taute vous a
dit « Je veux bien vous épouser, )) n'est-
ce.pas?
–Oui.
Et elle vous a laissé le soin de nxer
vous-même l'époque du-mariage?
–'Parfaitement.
Eh bien! cette époque l'avex-vous
Ëx~e?
–Pas encore.
C'est un tort.
–Oh! ditVillenave, je ne puis pour-
tant pas me montrer trop, pressé.
-–Au contraire, mon cher ami, et je ne
laisserais à la. baronne, si j'étais à votre
placer que le temps de publier les bancs.
.–Pourquoi cette précipitation?
––La baronne peut réfléchir.
-–J'aisaparole..
–Bah! quand elles ontimprudemment
anime. 11 se déclare débordé par l'agita-
tion qui a. éclaté dans la, presse et dans
le Parlement. Usa plaint des embarras que
lui suscitent ces communications prématu-
rées. Le gouvernement prussien, dit-il, n~a,
plus toute sa liberté, d'action. Il semble
surtout faire a. la' France un grief, que !e
roi de Prusse ait été ofnciellement instruit
de toute cette affaire, ayant qu'aucun ac-
cord ne fût intervenu entre les deux pays.
Tels sont le double sentiment et ia ~si-
tuation respective .de la. Prusse et de la
France au moment où s'ouvrent les négo-
ciations auxquelles nous ont déjà initiés
les documents communiqués au Pariement
anglais. La, France alors prend l'attitude
que nous indique la dépêche du 15 avril
elle renonce à un a~raudis&cment territo-
rial insigninant, mais elle poursuit avec
une incontestable fermeté l'évacuation de
la forteresse de Luxembourg par la. Prus-
~se" comme une condition indispensable
de la sécurité de nos frontières~ dans le
.nouvel état des choses européennes. M.
de Bismark ne cesse de témoigner de'son
bon vouloirpersonnel, tout en se réfugiant
derrière l'autorité de son roi et les suscep-
tibilités de son pays. L'Angleterre, l'Au-
triche et la Russie, émues de ce grand pé-
ril de l'Europe, multiplient leurs démar-
ches qui' aboutissent ennn a. !a réunion, le
7 mai; de la conférence de Londres.
Toutecetfe succession défaite mériterait
d'être étudiée dans le détail. Le temps et
l'espace JMus manquent pour le faire. Nous
n'avons voulu aujourd'hui qu'indiquer ra-
pidement en face de quelles difficultés s'é-
tait trouvéela politique françaiseet quelles
influences ava.ient agi, du S8 février au
15 avril, sur ses résolutions. >
F. DE LA PONTEME.
.W
Le Corps législatif va, êti-ë appelé, à l'is-
sue de la. séance d'aujourd'hui, à nxer son
ordre du jour, et,par conséquent, à déter-
miner ceux de ses travaux qui seront'a-
journés après la prorogation.
En ëfFet, II n'est douteux pour personne
que la session ,ne se prolongera pas au-delà
du 15 ou du 30 juillet, et que ce court es-
pace ne sufnra pas a,~ épuiser la besogne
accumulée.
Ajournera-t-on les lois organiques ou le
budget? telle est la, question que le_
Corps législatif va être appelé à trancher.
Nous persistons plus fermement que ja-
mais dans l'opinion que nous avons émise.
On assure que les Arcadiens sont réso-
lus à faire donner la. préférence au.budget
et que-le gouvernement se renferme dans
une apparente neutralité qui lèuE. laisse
le champ libre. 'I
Cette conduite nous paraît une faute.
Nous n'avons rencontré encore aucun
argument sérieux pour voter le budget
avant lesJois organiques. On dit qu'il est
utile que le budget soit voté quelque
temps à l'avance pour que les ministres
aient le temps de régler la répartition des
fonds qu'ils ont à dépenser. Cela revient
adiré que la commodité des bureaux doit
avoir le pas sur l'intérêt politique.
Mais ce n'est là qu'un vsin'prétexte
qui serait tout au plus admissible, si la
commission du budget demandait des ré-
ductions nombreuses et considérables sur
les propositions ministérielles; mais les.
réductions opérées par la. commission sont
très peu nombreuses et tout à fait~nsigni-
ûantes; et comme elles sont agréées par le
conseil d'Etat, la décision de la Chambre
n'est pas douteuse. Rien n'empêche .donc
les bureaux de commencera loisir le travail
de répartition des crédits, et de papéras-
ser toute leur aise comme, si lé Jbudget
était, voté.
Rienn'a.'H'aIMIt donc la valeur des con-
sidérations que nous avons présentées.
Nous n'en ajouterons qu'une seule. Est-il
engage leur parole, savez-vous ce quo font
lesfemmës?
.–Non.
Les unes, celles que nous aimons'
d'ordinaire, les nlles de théâtre~ les co-
cottes, y manquent carrément.
Et les autres ?
Les autres, .les femmes d'éducation
et de vertu font mieux elles vont trou-
ver un confesseur habile, un casuistepassë
maître, lequel leur prouve qu'elles n'a-
vaient pas leur libre arbitre au moment
ou elles se sont engagées.
Vouscroyez?
.–J'en suis sûr, dit le marquis avec
conviction.
Un léger frisson parcourut M. de Ville-
nave des pieds à la tête.
Croyez-moi, reprit le marquis,
mieux vaut tenir que courir, et si vous ne
voulez pas que votre édince patiemment
et laborieusement construit s'écroule un
matinfommeunjeu de cartes au soufne
d'un' enfant, vous mènerez les choses ron-
dement.
Vous avez raison, (Mt M. de Ville-
nave. 1
Il acheva de déjeuner'; puis, sur la table
même et sans quitter sa place, il écrivit la
lettre suivante en riant-et lisant une à. une
chaque phrase
K Madame,
» Depuis quarante huit heures que j'ai
quitté Planche-Mibray, je sens que ma
raison m'échappe par Instants.
)) Ainsi donc, cela est bien vrai, et je ne
suis pas .le jouet d'un rêvé. Vous consen-
tez à devenir M" de Villenave? 1,
)) Je prends mon front à deux mains et je e
me demande si vous n'avez pas voulu
m'éprouver.
)) A de certaines heures, il me semble que
rien de tout cela n'est arrivé et que vous
ne m'avez rien promis.
» A de certaines autres, il me semble
que mon cœur brise ma poitrine et que,
si vous ne pouvez, hélas me rendre tout
:possible de laisser les journaux dausTin-
certitude où ils sont? Le décret de 185~-a
Virtuellement cesse d'exister la législa-
tion nouvelle n'existe pas encore. Sommes-
nous encore sous .le régime administratif?
Sommes-nous déjà sous le régime de la
police correctionnelle? Que pouvons-nous
faire, que devons-nous craindre?
Voici déjà plusieurs mois. que la presse.
tout entière est laissée dans cet état de
suspension, sans pouvoir connaître la li-
mite de ses droits; Est-Il logique, est-il
'ju'ste, est-il possible de prolonger encore
une pareille incertitude?
Si le Corps législatif a souci de son au-
torité morale, s'il veut fa.ire acte de vitali-
té et d'énergie, il fermera l'oreille a des
conseils dangereux, et il ne se séparera
pas sans avoir voté les lois organiques
qu'on l'accuse de vouloir enterrer.
CUCHETAL-CLAEIGNY.
DEPECEES TËLËGRA.MÎQUES
~TRICHE
Yienuo, 18 juin, soir.
Les dernières informations reçues du Mexique
font, présumer que les juaristes se borneront à.
expulser l'empereur Maximiiien du territoire
mexicain..
Vienne, 19juin. juin.
La ~~SM apprend que la. conférence tenue par
MM. de Moustier,-Gori~chakoB'; de Bismark,
Cowley et de Metternich, pendant le séjour des
souveramsà Paris, n'a pa~ eu pour objet de pro-
poser une entente commune sur les moyens d'a-
méliorer la situation de la Turquie II aurait été
simplement convenu qu'il y avait lieu d'attendre
l'eSet des mesures prises par le sultan.
C'estâla. suite de cette décision que les ambas-
sadeurs de Russie, dé France, de Prusse et d'Au-
triche ont présente A la Porte, le 15 juin, une
proposition d'enquête sur les affaires de Crète,
proposition 'qui,'d'ailleurs, n'a, pas et<~ l'objet
d'unenote identique.
ETëTS.j~!S
-New-York, 18 juin.
Le Congrëe tiendra probablement une session
enjuHIet.
.t. ~OTM:e~a~
'(Voir plus loin les dernières dépêches.)
CMON~UE POHTÏQUE
Le seul.rësul~,t politique du voyage de
l'empereur Alexandre en France paraît
être d'avoir amené une entente entre les
puissances sur la présentation d'une note
collective à la Turquie. L'adhésion de la
France a entraîne celle de l'Angleterre et
de l'Autriche._
Cette noté collective' demande, comme
on sait, qu'il soit procédé dans l'île de
Crète à une enquête conduite simultané-
ment par, des commissaires turcs et par
des commissaires chrétiens que désigne-
raient les puissances garantes. «
En s'associant à cette demande, les ca-
binets de Vienne et de Londres, ont fait
cette réserve qu'ils seraient point liés par
le rapport des commissaires de l'enquête.
Cette réserveréduitl'enquête aune simple
constatation de, faits, et le rapport futur
des commissaires à l'autorité d'un simple
renseignement.
On ne doit donc pas être surpris que la
note collective ait rencontré à Constanti-
nople un accueil favorable. Du moment
qu'il ne s.'agissait plus d'actes d'autorite a
accomplir dans ses Etats, le sultan n'avait
plus aucun intérêt à repousser la demande
des puissances. 1
Par suite de l'acquiescement du sultan,
les drogmana des ambassades des puissan-
ces garantes seront, adjoints aux commis-
saires turcs qui doivent se rendre prochai-
nement dans l'île de Crête.
l'amour que j'ai pour vous, au moins vous
me ferez l'honneur de m'estimer.
? Marthe, jevdus aime.
)) Je vous aime ardemment, saintement
je vous vénère comme une créature qui
n'a rien de terrestre.
)) Vous m'avez laissé le soin de nxer l'é-
poque'de notre union, et'je sens, à cette
pensée, un grand effroi s'emparer de mon
âme.
)) L'oserai-je?
)) Plus je descends en moi-même et plus
je me sens indigne de vous.
)) Mais. les anges ont le privilège d'élever
jusqu'à eux les simples mortels, et c'est
avec conïiance que je vous dis
.)) Marthe, si nous/devons nous unir, si
nous devons relever 'la maison de mon on-
cle, que ce soit le plus tôt possible.
)) Je ne fixe pas de date, je vous sup-
plie de le faire pour moi.
)) Celui qui vous consacrera chaque mi-
nute de sa vie,
'M LÉOX DE VILLENAVE~ ))
Lorsque cet amphigouri eut passe
tout entier sous les yeux et dans les oreil-
les du marquis, celui-ci se mit à. rire.
–Vous êtes très fort, dit-il.
.Vraiment? nt M. deVilIenave, vous
trouvez?
Dame! vous auriez écrit ceci K Nous
nousmarlons dans trois semaines, tel
jour,'à midi, )) que cène serait pas plus
clair. Allons je vois que le curé de Cou-
langes parlera de vous dimanche après son
prône.
–-Je l'espère bien, dit Villeuave.
Et il alluma un cigare.
Ah! ça, reprit le marquis, je suppose
que si M" de Planche-Mibray a toujours
pour moi un certain dédain, M°"' de Villé-
navo consentira à me recevoir..
–Comment donc! mon cher.
Serez-vous au moins le maître ?
Je le crois, dit Villenaveavec un sou-
rire hypocrite.
Le marquis sonna et dit à son valet de
chambre
La G'Ctsc~o de F
bruit accueilli par plusieurs journaux, d'a-
près une feuille de Prague, déclare, dans son
édition d'hier soir, qu'il est complètement
faux que le prince Gortscha~otf ait décliné
'comme étant hostHes aux Intérêts do la Rus-
sie, les offres de services faites par l'Autriche
au cabinet de Saint-Pétersbourg au su jet de
la révision du traité de 1856.
Le cabinet de Vienne, ajoute la feultle offi-
cielle, dans une dépêche adressée, le 1" jan-
vier, à M. de Metternich, pour le règlement
de la question d'Orient, avait proposé aussi la
révision dés traités 18S6. Mais cette proposi-
tion, n'ayant pas trouvé d'écho chez les au-
tres puissances, l'Autriche n'a pas eu occasion
de la renouveler.
Quant à cette autre assertion, que la Rus-
sie, dans la question du Luxembourg, aurait
conçu, en vue de certaines éventualités, des
projets sur la Gallcie, défavorables a. l'Au-
triche, la Ga~c~e <~c ï~'eMHe laisse au gou-
vernement russe le soin do lui opposer un
démenti formel.
Ou nous assure, écrit le correspondant, de
l'agence Havas, à Berlin, que la Ca,:s«e f~e
r~l~ema~ne dtf ~o~ doit publier une note
semi-officielle constatant la satisfaction qu'é-
prouverait le roi Guillaume do l'accueil bien-
veillant et cordial qu'il a trouvé aux Tuile-
ries aussi bien que parmi le peuple français.
La note ajouterait qu'une entente complète
a été établie entre les souverains et leurs mi-
nistTes entente qui ne pourrait manquer
d'exercer une Influence salutaire sur la paix
de l'Europe. Le correspondant ajoute que
cette note. démentirait formellement le projet
d'une triple alliance entre la. France-, la
Prusse et la Russie.
M. d~BIsmark a triomphé des résistances,
sinon des scrupules, du cabinet, de Munich
à entrer dans le Zoliverein, reconstitué sous
la direction de la Prusse. Une dépêche de
Berlin, en date du 18 juin, nous apprend que
M. le comte de Taufkli'chen, arrivé en mis-
sion spéciale, a signé, hier matin, le proto-
cole par lequel la Bavière adhère au traité
préliminaire concernant la reconstitution du
Zoliverein.
On sait que les autres Etats du Sud de l'Al-
lemagne, savoir: le grand-duché de Bade, la
Hessé-Darmsdadt et le Wurtemberg avaient
déjà signé le traité du h mai.
La'Chambre des députés id'Italie a com-
mencé hier la discussion du budget de la
justice et approuvé le projet.relatifà la trans-
formation des fusils de l'armée.
La commission chargée d'examiner le pro-
jet de loi sur la responsabilité ministérielle a
choisi pour président M. Macchl.
On assure, dit I'7~chargée de l'examen du projet de loi sur les
patrimoines ecclésiastiques veut .proposer
l'incamération complète des biens du clergé,
y compris ceux que la loi de 1866 avait ex-
ceptés, et qui sont la propriété~es paroisses.
La. Chambre dés communes a continué
hier soir la discussion du projet de réforme.
Une motion de M. Disraeli, tendant à in-
sérer le mot e universités a dans l'article 15
du projet, a été adopté par 238 voix con-
tre S25.
Mais un autre amendement de M. Disraeli,
tendant a. donner un seul siège dans le
Parlement aux universités de Londres et
deDurham, a été rejeté par 33/t suffrages
contre S36. C'est une majorité de huit voix
contre le gouvernement.
i
Des troubles sérieux viennent d'avoir lieu
et continuent à Birmingham, d'après les
.dernières nouvelles'qu'en donne le yïmes.
Cette feuille nous apprend qu'un M.' Mur-
phy, agent de l'Union électorale protestante,
a provoqué ces troubles par des conférences
sur « les erreurs du catholicisme romain )~ 3
où il attaquait le catholicisme et la papauté
avec violence. Le 7'tme.s cite plusieurs frag-
ments de ces harangues de M. Murphy où le
pape est insulté.
Le maire de Birmingham, qui savait que
les conférences de M. Murphy avaient excité
des troubles à Walverhampton, à Wednes-
bury et dans d'autres villes, lui avait refusé
Tu vas monter à cheval et porter
cette lettre à Planche-Mibrav.
Dois-je attendre la réponse ?
–Sans doute.
La lettre partit.
Le marquis ti~a sa montre et dit
–II faut deux heures pour aller à
Planché-Mibray, autant pour en revenu'
Vous avez quatre heures d'angoisses a,
subir. Qu'allons nous faire?
–Tuer des lapins dans le parc.
–Non, dit le marquis, lâchasse n'est
pas de deuil.
–Et le billard?,
Le billard est de deuil.
Eh bien jouons au billard.
Et ils quittèrent la salle à manger e~b
passèrent dans un délicieux Jardin d'hiver
au milieu duquel se trouvait un billard.
Jamais M. de Villenave n'avaitété d'huL
meur plus légère.
'Les temps orageux étaient, passes, ~e't.
Fhorizon lui apparaissait d'un bleu d'azur.
La partie s'en ressentit. M. de Villenave
joua d'un bonheur insolent.
C'est l'ombre de Corinne qui me
porte malheur, dit le marquis. Elle croit
que jouer au billard n'est pas la regretter
assez-vivement.
-–On fait ce qu'on peut, dit M. de
Villenave en riant.
Le marquis s'était trompé d'une heure.
Parti a midi, le valet de chambre revint
à trois heures.
Il apportait une lettre de la baronne.
Le marquis et M. de Villenave s'enfer-
mèrent pour en rompre le cachet.
C'était un billet de quelques lignes
K II est des choses, monsieur, répondait
M"~ de Planche-jMibray, que l'on aime
mieux dire de vive voix.
)) Montez à cheval et venez.
B MARTHE DE PLÀNCUE-MIBRÂY. ))
–Voilà qui sent bon, dit Villenave.
Le marquis secoua la tète -1
Ce n'est pas mon avis, dit-il.
–Hein?
la, salie de l'hôtel de ville de Birmingham/où
il aurait voulu parler.
On a donc construit A Birmingham, pour
les conférences de M. Murphy, une grande'
salle en bois qu'on a appelée ~e !'a6e?'H6tc~c.
C'est à la suite des conférences qu'il y a
faites, ou plutôt des harangues qu'il y a. pro-
noncées, que les troubles ont éclaté ainsi
que les luttes entre catholiques et protestants,
entre Anglais et Irlandais.
Le maire et quelques prêtres catholiques
sont intervenus pour tâcher de. calmer la.
foule. Déjà la police avait été forcée de taire
usage de ses armes, on avait arrête un grand
nombre d'ëmeutlers, maisnonsans une lutts"'
acharnée do la part de la police; plusieja~
blessés avaient été transportes dans le~E~
pitau: #
Les dernières nouvelles étalent plus~a~
encore « Les émeutes continuaient
.4c~ avait été lu, des troupee étaient :~e~~K
a Birmingham, et déjà, outre celles q.u~
trouvaient, on demandait du renfort.j~
tire, dans Parle street, sur un soldat du 8~
hussards un agent de police a ëtë'si dange-
reusement blesse qu'on désespère de sa vie.
AIns que nous l'avons annoncé hier, d'après
nos dernières dépêches, doux rues ont ëtc
saccagées, une chapelle catholique _a été as- >-
saillie par la foule, qui a fait de grands dé-
gâts des hommes armés de bâtons rem-
plissaient les rues les désordres ont conti-
nué jusqu'à minuit et demi; l'agitation et v
l'alarme la plus vive régnent en ce momenL
On écrit de Londres; 18 juin
Birmingham et Londres ont,' eu chacun son
émeute. Les ouvriers conservateurs tenaient une
réunion, hier soir, dans Saiut-James, A Londres.
Un certain nombre de membres de la. ligue de re-
forme étaient présents ils ont commence par
huer et siffler fes orateurs du meeting. Bientôt,
.ils se-sont empares des fauteuils, de l'estrade,
ainsi que du bureau. Une lutte acharnée a bien-
tôt commence on se battait à coups de poihg~et t
a coups de caune. La police est accourue; elîo a
fait évacuer la &allc.
L'émeute de Birmingham a été plus sérieuse.
Les choses en sont venues a ce point qu'il a fu,Uu
Jirele j6'ëi~ dispersée qu'après plusieurs charges exécutées
'par la police. L'opimon générale est qu'il faut.
'mettre un terme aux déclamations furibondes de
Murphy contre la religion catholi([u& et son.'
clergé.
Une dépêche de SaInt-Pétersboud'~ annon-
ce que la population polonaise dû gouverne-
ment de Kiew se propose de présenter au
czar une adresse de remerciement pour ram-
nistle récemment proclamée.
C.LEFEVRN..
.r `
NOUVELLES BES CHANBRES
M. le ministre des affaires étrangér&s a fait
distribuer anx membres du Sénat un jour
plus tôt qu'aux députés, la collection des'do-
cuments diplomatiques qui se rattachent au
traité du 11 mal.
M. Thiers et M. Bcrryér doivent présenter
des observations sur cette an'àire. On disait
hier à la Chambre qu'une demande d'inter-
pellation, signée par dix députés, devait être
déposée aujourd'hui, mais qu'elle était reti-
rée par ses auteurs, sur les observations 'de
M. le président Schneider :.que la discùs'sioH
très prochaine, du budget du ministère ;des
affaires étrangères fournirait r6cca.slon na-
turelle de discuter l'anaire du Luxembourg
ainsi que les an'aircs du Mexique et de, l'0-
rient.'
Le cinquanie-.sepfiëme amendement au
budget vient d'être présenté. Il demande gué
le. crédit affecte au personnel de la.. justice
soit augmenté de 5Jt,570fr., ann d'élever.à
la classe supérieureles tribunaux de premiéra
instance de Béthune, Brives, Cognac, Dax,
Dinan, Ëtampes, Grasse Hazebrouck, JLa.
Flèche, Marmande, Moissac, Napoleonville;
Orange, Saint–Amand, Samt-DIë, Vitré et
Yssengeaux, dont la population se trouve être
dans les conditions de classement prévues et
déterminées' dans lé décret du S4 septem-
bre 1860.
Cet amendement, développé aujourd'hui
devant la commission par ses auteurs, n~
pas été accueilli par les raisons ci-dessous
Je flaire a. travers c.es quatre ligner
je ne sais quelle traliisba, poursuivit
M.deB.
Oh! par exemple!
–Vousverrez~
Et, en effet, le marquis fronçait le sour-
cil comme un homme qu'un vague pres-
sentiment a pris tout a, coup a, la, gorge.
–Mais enun, dit M. de Villënave, que
feriez-vous à ma. place?
Ce que vous allez faire, parbleu Ce
billet ne vous laisse pas le choix- Il faut
monter a cheval et aller à.PIanche-Mibra.y.
–Si vous veniez avec moi? ~nt Ville-
nave, que l'Inquiétude du marquis com-
mençait à-gagner. r,
-–Non pas! mon très cher.
Pourquoi ?
Mais parce que s'il y a quelque chose
a. raccommoder, j'achèverais de le .casser,
moi. Je ne dois pas être en odeur de sain-
teté la-bas.
Vous avez raison, j 'i rai seul:
M. de Villenaye monta, dans sa. chami-
bre et fit sa toilette avec un soin .minu-
tieux..
Trois quarts d'heure après; II était en
selle.
Le marquis lui avait donné son meilleur
cheval et si M. de Villënave luieùt
un peu rendu la jnain, il eût' franchi
en moins d'une heure la distance qui se <
pare Rochepinte de PIanchë-Mibra.y.
Mais M. de Villënave, impressionne, par
les dernières raisons du marquis, n'était
pas pressé d'arriver.
Il lui semblait, au contraire, qu'il arri-
vera.it toujours trop tôt. r
Quand il aperçut dans le lointain le
clocher de Coufanges; son inquiétude aug-
menta.
II relut.le billet de la baronne et le trou-
va, un peu sec.
Etait-ce donc là ce qu'il devait atten-
dre eu réponse_ n sa, brûlante épître?
PONSÔN DU TERRIL.
3M~ fr;
M~UX O'AMNttMENT. t23, RUE MONTMARTRE
Jeudt 20 juin 1867
3 NO!S ~Hset Mpiftomarde taSduc) ~3 SO
~MONCBS. 8. Pt.. DELABRE,. ET. 7, )~E_CCO-HË«M
AN88HCE~~ 9; PL; DÉ~IA 80ü8~E; ET.T, R~E COp~NÉflOô
~l, l ToutceauicOttCeraerAdmuustrationduJourNaidoitetrendressoaaCera;~
33~ Ànné~
L'Administratton se réserve le droit de BMdiHer la rédaction des Aanohces
Le~t altonoBS nouveaux ont droit à rece-
voir tout ce qui a. paru de la CTM~ame
f,fc P~?tC/K'(6rO~, par M Pû~SON DB
TERRAIL.
PARIS, 19 JUIN .M~
~1~ lr
1A BH'LOMATtE J ~~s~
I~UXÊMBOUt! x
;"i' "i:
Dans les documents diplomatiques com-
iiluniqués avant-hier aux.Chambres, deux
dépêches caractérisent, d'une façon toute
particulière et avec des .modincations si-
gninoatives, l'attitude prise par la. politi-
que française dans la. question du Luxem-
bourg,
Decesrdeuxf dépêcher, l'une porte la
date du~8 février 1867;~ l'autre a étë écri-
te le 15 avril, au milieu des pourparlers
qui se continuaient à Berlin entre là cour
\dé Prusse et les représentants de l'Angle-
terre, de l'Autriche et de la Russie. Nos
lecteurs trouveront .plus loin le texte de
ces instructions ministérielles.. dont le rap-
prochement éclaire, d'un jour décisif les
résolutions de'IaFrance.
QuedI:saitle88fëvrier~M, le ministre
des affaires étrangères?
Insistant sur Ïea considérations qu'il
avait développées la veille même dans une
autre dépeçlie,; il attestait qu'aux yeux de
la France les territoires du Limbourg et
du Luxembourg étaient désormais aifran-
cilia de toute servitude, et que le droit
conféré _& la Prusse de, tenir garnison à
Luxembourg avait disparu avec les insti-
tutions qui'ën étaient le fondement et la
raison d'être,c'est-à-dire avec .l'ancienne
Confédération germanique. Le ministre
ajoutait* que les .sympathies des popula-
tioTis luxembourgeoises les éloignaient de
l'Allemagne, et .que leurs aspirations
étaient bien plutôt tournées vers la Fran-
'ce.ll ouvrait enmi cet avis que « ce que le
cabinet de Berlin ne. voulait pas concéder
au roi d& Pays-Bas,-pourrait devenir entre
là Prusse: et nous l'objet d'une transaction
honorable et amiable )),et il continuait en
ces .termes
J[mo!iserts,<7 es!'p
acceptant avec bonne grâce le fait d'une reunion
du ~rand-auchë à la. France,
c~0[fia;t: ~a<)"6 aci'e d'e!&f'
t'e?'ent d noua MM~a~e~ «Me sc~t~cc~'on morale
e<,m~e?'t'eHe qui, en donnant.aux retaiions des'
deux pays un degré -ptus marque d'intimité, of-
Mra.i~ do nouveaux g!Lge& à la paix de l'Europe.
Le 15 avrM, au-contraire, II ne reste rien
de ces'espérances ni do ces prévisions. Là
question se présenté dégagée de ces senti-
ments dé délicatesse et de courtoisie, com-
me une aSaire de droit joublic qui inté-
resse la proM te de Jà Prusse et l'honneur
de la France. Dans le langage du ministre,
perce tout au plus .le regret que le ca-
binet do Berlin n'ait pas su reconnaître
<( cette occasion d'établH- entre l'Allema-
gne et nous un échange de bons procédés
qui auraient donne à la tranquillité de
l'Europe les plus sérieuses-garanties. » La
France, du reste, n'insiste pas sur le pro-
jet de cession son unique préoccupation,
c'est d'assurer la sécurité de ses frontières
et elle déclare qu'elle K n'exclut a prtort
aucune combinaison pouvant lui donner
une sufnsante satisfaction à -cet égard. )) »
L'historique de ces deux dépêches, au-
tour desquelles se groupe toute l'affaire
du Luxembourg, serait trop long pour
être fait ici et les débats législatifs que
le dépôt dé ces pièces provoquera nous
fburniront~d'aiMëurs, l'occasion d'y reve-
nir utilement,
Deux points seulement sont à noter:
Pourquoi la France, à l'origine, est-elle
FEUILLETON DE LA .PR~SF
MaÔ~n<1867:
mmm BE pLA~HE-mM
DEUXIÈME PARTIE
."XXXVII'
M. deVillenave, ce matin-là, s'était le-
vé tout guilleret, et il entra dans la, salle à
manger du château de Rochepinte en fré-
donnant un air_de chasse égrillard:
Toutes les 'fanfares du inonde ont des
paroles que les oreilles chastes ne sau-
raient entendre.
Le veneur est grivois et sa poésie s'en
ressent.
Chez le marquis de B. on déjeunait à.
dix heures précises.
Depuis les funérailles de Corinne, le
marquis, strict observateur des convenan-
ces, ne chassait, plus; mais il buvait et
mangeait comme quatre, à. la manière' des
anciens, qui honoraient les morts en don-
nant aux vivants de~indigestions~
M.:de Villenave avait entendu la cloche
du déjeuner et il était descendu.
,11 avait trouvé-lé marquis installé à la
russèdéyant un buffet chargé dehors-
d'œuvre variés, depuis la langue fumée
jusqu'au caviar, et buvant du madère.
Je prélude au déjeuner, mon ami,
dit le marquis de B. Buvez de ce madè-
re le madère est de deuil, comme on dit
dànsIeZ.<07!,eM!pa
Reproduction intardite a,n.x joarBaux qui n'ont
pas tfai~favec la S&ci~ de~ Cena de tettres
entrée dans cette négociation, c'est-à-dire
sous quelles impressions des pourparlers
ont-ils été ouverts entre Paris et la, Haye
pour la cession du Luxembourg?
En second lieu, que s'est-il produit en-
tre le 38 février et le 15 avril, qui ait pu
modiner, comme nous venons de le voir,
le langage et les sentiments de notre'pays?
Eh J~ien ce qui résulte des documents
que nous avons sous les yeux, c'est que la
'1'rance a.été engagée dans la question du
.Luxembourg par les craintes de la Hol-
lande. qui redoutait .de voir sa propre in-
dépendance. compromise lors de-1'ëtablls-
sement de nouveaux rapports entre la pro-
vince du Luxembourg et la Confédération
prussienne. De ces crainte~, toutes les
dépêches émanées de la Haye en témoi-
gnent hautement. Des le Ë3 juin 1860, le
ministre d'Etat du grand-duché signale
an ministre de Prusse la situation anormale
dans laquelle se trouve le Luxembourg, les.
Prussiens- continuant à tenir garnison
dans la forteresse pendant que le titre en
vertu duquel ils l'occupent a été déchiré
par leurs propres mains. La négociation
est interrompue dès le commencement de
juillet; mais, dans les premiers jours du
mois d'octobre, à l'occasion de la réunion
des Etats du, Luxembourg, le prince Henri
renouvelle sa protestation. La cour de
la Haye fait connaître à Paris qu'elle ap-
préhende de .voir la Prusse « ne pas se
contenter des facilités que eon commerce
rencontre, soit en Hollande, soit dans les
colonies néerlandaises, mais se baser sur
uTie certaine Communauté de race et sur
la situation géographique des Pays-Bas,
pour désirer tt~e post~f'o~ e.~cep~
le résultat serait de compléter son. système
commercial et militaire, surtout au'point.
de vue maritime.:)). -P
Sortons des euphémismes de la diplo-
matie ce que la Hollande clénonçâit à la
France, c'étaient les ambitions de la Prus-
se voulant faire .du Zuyderzée une baie
allemande, ce qu'elle redoutait, c'était,
non pas l'intime alliance, comme le dit la
dépêche, mais l'annexion. Le cabinet des
Tuileries s'émut alors, et il écrivit les
deux dépêches des 37 et ~8 février.
La, France proposait .donc de déclarer
dénnitivement rompus les liens* qui exis-
taient auparavant entre les provinces 'du
Limbourg et du Luxembourg et l'ancienne
Confédération germanique le Limbourg
serait purement et simplement rattaché à
la couronne des Pays-Bas le Luxembourg
deviendrait l'objetd'une cession alaFran-
ce. La cour des Tuileries traiterait direc-
tement la question avec le cabinet de Ber-
lin, et, tous ces pourparlers resteraient con-
fidentiels. 'h
Il semble à ce moment que le roi Guil-
laume de Hollande, soit par quelque scru-
pule indénni, soit par une connaissance
plus exacte des dispositions qui préva-
laient à Berlin, se soit Inquiété des senti-
ments que de telles ouvertures éveilleraient
dans l'esprit de M. de Bismark et dans ce-
lui du roi, et qu'il ait voulu en prévenir
l'effet..
En même temps que le prince d'Orange
était chargé de porter à l'Empereur l'agré-
ment du roi son père,. le ministre de
Prusse à La Haye, était mandé auprès du
roi et recevait communication des projets
entretenus entre les deux cours.
En apprenant-cette révélation, un trou-
ble presque égal se produit à Paris et a
Berlin.
A Paris, M. de Moustier déplore cette
indiscrétion. ((Tout cela, dit-il, parait
prématuré et regrettable. -n Et il ajoute
cette phrase si brève pour le langage d'un
diplomate
Je soM&a<
A Berlin, M. de Bismark se montre fort
–Et le vin du Rhin ? dit M. de Ville-
naveeh.riant.
––Le vin du Rhin aussi. Buvez celui-
là.
.On servit le déjeûner, et les deux a-
mants de Corinne se mirent fraternélle-
mentatable.
–-Mon bon ami, dit alors le marquis,
j'ai fort mal dormi cette nuit.
.Est-ce que vous avez pleure Co-
rinne?' i
–Non, j~ai pensé à vous..
yraiment?
-–Et je me suis promit; de vous donner
un bon conseil..
–Voyons.
–Je connais les femmes, comme bien
vouspensez,etj'en pense plus de'mal que
debien!
–Oh! oh!
La femme est primesautiére, pour-
suivit le marquis; son premier mouve-
ment estexcellent..
Bon! et le second'?'
–Il est moins bon.-
–Et le troisième?
–Il est mauvais.
Où voulez-vous en venir; mon cher
marquis?
Vous allez voir. Votre taute vous a
dit « Je veux bien vous épouser, )) n'est-
ce.pas?
–Oui.
Et elle vous a laissé le soin de nxer
vous-même l'époque du-mariage?
–'Parfaitement.
Eh bien! cette époque l'avex-vous
Ëx~e?
–Pas encore.
C'est un tort.
–Oh! ditVillenave, je ne puis pour-
tant pas me montrer trop, pressé.
-–Au contraire, mon cher ami, et je ne
laisserais à la. baronne, si j'étais à votre
placer que le temps de publier les bancs.
.–Pourquoi cette précipitation?
––La baronne peut réfléchir.
-–J'aisaparole..
–Bah! quand elles ontimprudemment
anime. 11 se déclare débordé par l'agita-
tion qui a. éclaté dans la, presse et dans
le Parlement. Usa plaint des embarras que
lui suscitent ces communications prématu-
rées. Le gouvernement prussien, dit-il, n~a,
plus toute sa liberté, d'action. Il semble
surtout faire a. la' France un grief, que !e
roi de Prusse ait été ofnciellement instruit
de toute cette affaire, ayant qu'aucun ac-
cord ne fût intervenu entre les deux pays.
Tels sont le double sentiment et ia ~si-
tuation respective .de la. Prusse et de la
France au moment où s'ouvrent les négo-
ciations auxquelles nous ont déjà initiés
les documents communiqués au Pariement
anglais. La, France alors prend l'attitude
que nous indique la dépêche du 15 avril
elle renonce à un a~raudis&cment territo-
rial insigninant, mais elle poursuit avec
une incontestable fermeté l'évacuation de
la forteresse de Luxembourg par la. Prus-
~se" comme une condition indispensable
de la sécurité de nos frontières~ dans le
.nouvel état des choses européennes. M.
de Bismark ne cesse de témoigner de'son
bon vouloirpersonnel, tout en se réfugiant
derrière l'autorité de son roi et les suscep-
tibilités de son pays. L'Angleterre, l'Au-
triche et la Russie, émues de ce grand pé-
ril de l'Europe, multiplient leurs démar-
ches qui' aboutissent ennn a. !a réunion, le
7 mai; de la conférence de Londres.
Toutecetfe succession défaite mériterait
d'être étudiée dans le détail. Le temps et
l'espace JMus manquent pour le faire. Nous
n'avons voulu aujourd'hui qu'indiquer ra-
pidement en face de quelles difficultés s'é-
tait trouvéela politique françaiseet quelles
influences ava.ient agi, du S8 février au
15 avril, sur ses résolutions. >
F. DE LA PONTEME.
.W
Le Corps législatif va, êti-ë appelé, à l'is-
sue de la. séance d'aujourd'hui, à nxer son
ordre du jour, et,par conséquent, à déter-
miner ceux de ses travaux qui seront'a-
journés après la prorogation.
En ëfFet, II n'est douteux pour personne
que la session ,ne se prolongera pas au-delà
du 15 ou du 30 juillet, et que ce court es-
pace ne sufnra pas a,~ épuiser la besogne
accumulée.
Ajournera-t-on les lois organiques ou le
budget? telle est la, question que le_
Corps législatif va être appelé à trancher.
Nous persistons plus fermement que ja-
mais dans l'opinion que nous avons émise.
On assure que les Arcadiens sont réso-
lus à faire donner la. préférence au.budget
et que-le gouvernement se renferme dans
une apparente neutralité qui lèuE. laisse
le champ libre. 'I
Cette conduite nous paraît une faute.
Nous n'avons rencontré encore aucun
argument sérieux pour voter le budget
avant lesJois organiques. On dit qu'il est
utile que le budget soit voté quelque
temps à l'avance pour que les ministres
aient le temps de régler la répartition des
fonds qu'ils ont à dépenser. Cela revient
adiré que la commodité des bureaux doit
avoir le pas sur l'intérêt politique.
Mais ce n'est là qu'un vsin'prétexte
qui serait tout au plus admissible, si la
commission du budget demandait des ré-
ductions nombreuses et considérables sur
les propositions ministérielles; mais les.
réductions opérées par la. commission sont
très peu nombreuses et tout à fait~nsigni-
ûantes; et comme elles sont agréées par le
conseil d'Etat, la décision de la Chambre
n'est pas douteuse. Rien n'empêche .donc
les bureaux de commencera loisir le travail
de répartition des crédits, et de papéras-
ser toute leur aise comme, si lé Jbudget
était, voté.
Rienn'a.'H'aIMIt donc la valeur des con-
sidérations que nous avons présentées.
Nous n'en ajouterons qu'une seule. Est-il
engage leur parole, savez-vous ce quo font
lesfemmës?
.–Non.
Les unes, celles que nous aimons'
d'ordinaire, les nlles de théâtre~ les co-
cottes, y manquent carrément.
Et les autres ?
Les autres, .les femmes d'éducation
et de vertu font mieux elles vont trou-
ver un confesseur habile, un casuistepassë
maître, lequel leur prouve qu'elles n'a-
vaient pas leur libre arbitre au moment
ou elles se sont engagées.
Vouscroyez?
.–J'en suis sûr, dit le marquis avec
conviction.
Un léger frisson parcourut M. de Ville-
nave des pieds à la tête.
Croyez-moi, reprit le marquis,
mieux vaut tenir que courir, et si vous ne
voulez pas que votre édince patiemment
et laborieusement construit s'écroule un
matinfommeunjeu de cartes au soufne
d'un' enfant, vous mènerez les choses ron-
dement.
Vous avez raison, (Mt M. de Ville-
nave. 1
Il acheva de déjeuner'; puis, sur la table
même et sans quitter sa place, il écrivit la
lettre suivante en riant-et lisant une à. une
chaque phrase
K Madame,
» Depuis quarante huit heures que j'ai
quitté Planche-Mibray, je sens que ma
raison m'échappe par Instants.
)) Ainsi donc, cela est bien vrai, et je ne
suis pas .le jouet d'un rêvé. Vous consen-
tez à devenir M" de Villenave? 1,
)) Je prends mon front à deux mains et je e
me demande si vous n'avez pas voulu
m'éprouver.
)) A de certaines heures, il me semble que
rien de tout cela n'est arrivé et que vous
ne m'avez rien promis.
» A de certaines autres, il me semble
que mon cœur brise ma poitrine et que,
si vous ne pouvez, hélas me rendre tout
:possible de laisser les journaux dausTin-
certitude où ils sont? Le décret de 185~-a
Virtuellement cesse d'exister la législa-
tion nouvelle n'existe pas encore. Sommes-
nous encore sous .le régime administratif?
Sommes-nous déjà sous le régime de la
police correctionnelle? Que pouvons-nous
faire, que devons-nous craindre?
Voici déjà plusieurs mois. que la presse.
tout entière est laissée dans cet état de
suspension, sans pouvoir connaître la li-
mite de ses droits; Est-Il logique, est-il
'ju'ste, est-il possible de prolonger encore
une pareille incertitude?
Si le Corps législatif a souci de son au-
torité morale, s'il veut fa.ire acte de vitali-
té et d'énergie, il fermera l'oreille a des
conseils dangereux, et il ne se séparera
pas sans avoir voté les lois organiques
qu'on l'accuse de vouloir enterrer.
CUCHETAL-CLAEIGNY.
DEPECEES TËLËGRA.MÎQUES
~TRICHE
Yienuo, 18 juin, soir.
Les dernières informations reçues du Mexique
font, présumer que les juaristes se borneront à.
expulser l'empereur Maximiiien du territoire
mexicain..
Vienne, 19juin. juin.
La ~~SM apprend que la. conférence tenue par
MM. de Moustier,-Gori~chakoB'; de Bismark,
Cowley et de Metternich, pendant le séjour des
souveramsà Paris, n'a pa~ eu pour objet de pro-
poser une entente commune sur les moyens d'a-
méliorer la situation de la Turquie II aurait été
simplement convenu qu'il y avait lieu d'attendre
l'eSet des mesures prises par le sultan.
C'estâla. suite de cette décision que les ambas-
sadeurs de Russie, dé France, de Prusse et d'Au-
triche ont présente A la Porte, le 15 juin, une
proposition d'enquête sur les affaires de Crète,
proposition 'qui,'d'ailleurs, n'a, pas et<~ l'objet
d'unenote identique.
ETëTS.j~!S
-New-York, 18 juin.
Le Congrëe tiendra probablement une session
enjuHIet.
.t. ~OTM:e~a~
'(Voir plus loin les dernières dépêches.)
CMON~UE POHTÏQUE
Le seul.rësul~,t politique du voyage de
l'empereur Alexandre en France paraît
être d'avoir amené une entente entre les
puissances sur la présentation d'une note
collective à la Turquie. L'adhésion de la
France a entraîne celle de l'Angleterre et
de l'Autriche._
Cette noté collective' demande, comme
on sait, qu'il soit procédé dans l'île de
Crète à une enquête conduite simultané-
ment par, des commissaires turcs et par
des commissaires chrétiens que désigne-
raient les puissances garantes. «
En s'associant à cette demande, les ca-
binets de Vienne et de Londres, ont fait
cette réserve qu'ils seraient point liés par
le rapport des commissaires de l'enquête.
Cette réserveréduitl'enquête aune simple
constatation de, faits, et le rapport futur
des commissaires à l'autorité d'un simple
renseignement.
On ne doit donc pas être surpris que la
note collective ait rencontré à Constanti-
nople un accueil favorable. Du moment
qu'il ne s.'agissait plus d'actes d'autorite a
accomplir dans ses Etats, le sultan n'avait
plus aucun intérêt à repousser la demande
des puissances. 1
Par suite de l'acquiescement du sultan,
les drogmana des ambassades des puissan-
ces garantes seront, adjoints aux commis-
saires turcs qui doivent se rendre prochai-
nement dans l'île de Crête.
l'amour que j'ai pour vous, au moins vous
me ferez l'honneur de m'estimer.
? Marthe, jevdus aime.
)) Je vous aime ardemment, saintement
je vous vénère comme une créature qui
n'a rien de terrestre.
)) Vous m'avez laissé le soin de nxer l'é-
poque'de notre union, et'je sens, à cette
pensée, un grand effroi s'emparer de mon
âme.
)) L'oserai-je?
)) Plus je descends en moi-même et plus
je me sens indigne de vous.
)) Mais. les anges ont le privilège d'élever
jusqu'à eux les simples mortels, et c'est
avec conïiance que je vous dis
.)) Marthe, si nous/devons nous unir, si
nous devons relever 'la maison de mon on-
cle, que ce soit le plus tôt possible.
)) Je ne fixe pas de date, je vous sup-
plie de le faire pour moi.
)) Celui qui vous consacrera chaque mi-
nute de sa vie,
'M LÉOX DE VILLENAVE~ ))
Lorsque cet amphigouri eut passe
tout entier sous les yeux et dans les oreil-
les du marquis, celui-ci se mit à. rire.
–Vous êtes très fort, dit-il.
.Vraiment? nt M. deVilIenave, vous
trouvez?
Dame! vous auriez écrit ceci K Nous
nousmarlons dans trois semaines, tel
jour,'à midi, )) que cène serait pas plus
clair. Allons je vois que le curé de Cou-
langes parlera de vous dimanche après son
prône.
–-Je l'espère bien, dit Villeuave.
Et il alluma un cigare.
Ah! ça, reprit le marquis, je suppose
que si M" de Planche-Mibray a toujours
pour moi un certain dédain, M°"' de Villé-
navo consentira à me recevoir..
–Comment donc! mon cher.
Serez-vous au moins le maître ?
Je le crois, dit Villenaveavec un sou-
rire hypocrite.
Le marquis sonna et dit à son valet de
chambre
La G'Ctsc~o de F
bruit accueilli par plusieurs journaux, d'a-
près une feuille de Prague, déclare, dans son
édition d'hier soir, qu'il est complètement
faux que le prince Gortscha~otf ait décliné
'comme étant hostHes aux Intérêts do la Rus-
sie, les offres de services faites par l'Autriche
au cabinet de Saint-Pétersbourg au su jet de
la révision du traité de 1856.
Le cabinet de Vienne, ajoute la feultle offi-
cielle, dans une dépêche adressée, le 1" jan-
vier, à M. de Metternich, pour le règlement
de la question d'Orient, avait proposé aussi la
révision dés traités 18S6. Mais cette proposi-
tion, n'ayant pas trouvé d'écho chez les au-
tres puissances, l'Autriche n'a pas eu occasion
de la renouveler.
Quant à cette autre assertion, que la Rus-
sie, dans la question du Luxembourg, aurait
conçu, en vue de certaines éventualités, des
projets sur la Gallcie, défavorables a. l'Au-
triche, la Ga~c~e <~c ï~'eMHe laisse au gou-
vernement russe le soin do lui opposer un
démenti formel.
Ou nous assure, écrit le correspondant, de
l'agence Havas, à Berlin, que la Ca,:s«e f~e
r~l~ema~ne dtf ~o~ doit publier une note
semi-officielle constatant la satisfaction qu'é-
prouverait le roi Guillaume do l'accueil bien-
veillant et cordial qu'il a trouvé aux Tuile-
ries aussi bien que parmi le peuple français.
La note ajouterait qu'une entente complète
a été établie entre les souverains et leurs mi-
nistTes entente qui ne pourrait manquer
d'exercer une Influence salutaire sur la paix
de l'Europe. Le correspondant ajoute que
cette note. démentirait formellement le projet
d'une triple alliance entre la. France-, la
Prusse et la Russie.
M. d~BIsmark a triomphé des résistances,
sinon des scrupules, du cabinet, de Munich
à entrer dans le Zoliverein, reconstitué sous
la direction de la Prusse. Une dépêche de
Berlin, en date du 18 juin, nous apprend que
M. le comte de Taufkli'chen, arrivé en mis-
sion spéciale, a signé, hier matin, le proto-
cole par lequel la Bavière adhère au traité
préliminaire concernant la reconstitution du
Zoliverein.
On sait que les autres Etats du Sud de l'Al-
lemagne, savoir: le grand-duché de Bade, la
Hessé-Darmsdadt et le Wurtemberg avaient
déjà signé le traité du h mai.
La'Chambre des députés id'Italie a com-
mencé hier la discussion du budget de la
justice et approuvé le projet.relatifà la trans-
formation des fusils de l'armée.
La commission chargée d'examiner le pro-
jet de loi sur la responsabilité ministérielle a
choisi pour président M. Macchl.
On assure, dit I'7~
patrimoines ecclésiastiques veut .proposer
l'incamération complète des biens du clergé,
y compris ceux que la loi de 1866 avait ex-
ceptés, et qui sont la propriété~es paroisses.
La. Chambre dés communes a continué
hier soir la discussion du projet de réforme.
Une motion de M. Disraeli, tendant à in-
sérer le mot e universités a dans l'article 15
du projet, a été adopté par 238 voix con-
tre S25.
Mais un autre amendement de M. Disraeli,
tendant a. donner un seul siège dans le
Parlement aux universités de Londres et
deDurham, a été rejeté par 33/t suffrages
contre S36. C'est une majorité de huit voix
contre le gouvernement.
i
Des troubles sérieux viennent d'avoir lieu
et continuent à Birmingham, d'après les
.dernières nouvelles'qu'en donne le yïmes.
Cette feuille nous apprend qu'un M.' Mur-
phy, agent de l'Union électorale protestante,
a provoqué ces troubles par des conférences
sur « les erreurs du catholicisme romain )~ 3
où il attaquait le catholicisme et la papauté
avec violence. Le 7'tme.s cite plusieurs frag-
ments de ces harangues de M. Murphy où le
pape est insulté.
Le maire de Birmingham, qui savait que
les conférences de M. Murphy avaient excité
des troubles à Walverhampton, à Wednes-
bury et dans d'autres villes, lui avait refusé
Tu vas monter à cheval et porter
cette lettre à Planche-Mibrav.
Dois-je attendre la réponse ?
–Sans doute.
La lettre partit.
Le marquis ti~a sa montre et dit
–II faut deux heures pour aller à
Planché-Mibray, autant pour en revenu'
Vous avez quatre heures d'angoisses a,
subir. Qu'allons nous faire?
–Tuer des lapins dans le parc.
–Non, dit le marquis, lâchasse n'est
pas de deuil.
–Et le billard?,
Le billard est de deuil.
Eh bien jouons au billard.
Et ils quittèrent la salle à manger e~b
passèrent dans un délicieux Jardin d'hiver
au milieu duquel se trouvait un billard.
Jamais M. de Villenave n'avaitété d'huL
meur plus légère.
'Les temps orageux étaient, passes, ~e't.
Fhorizon lui apparaissait d'un bleu d'azur.
La partie s'en ressentit. M. de Villenave
joua d'un bonheur insolent.
C'est l'ombre de Corinne qui me
porte malheur, dit le marquis. Elle croit
que jouer au billard n'est pas la regretter
assez-vivement.
-–On fait ce qu'on peut, dit M. de
Villenave en riant.
Le marquis s'était trompé d'une heure.
Parti a midi, le valet de chambre revint
à trois heures.
Il apportait une lettre de la baronne.
Le marquis et M. de Villenave s'enfer-
mèrent pour en rompre le cachet.
C'était un billet de quelques lignes
K II est des choses, monsieur, répondait
M"~ de Planche-jMibray, que l'on aime
mieux dire de vive voix.
)) Montez à cheval et venez.
B MARTHE DE PLÀNCUE-MIBRÂY. ))
–Voilà qui sent bon, dit Villenave.
Le marquis secoua la tète -1
Ce n'est pas mon avis, dit-il.
–Hein?
la, salie de l'hôtel de ville de Birmingham/où
il aurait voulu parler.
On a donc construit A Birmingham, pour
les conférences de M. Murphy, une grande'
salle en bois qu'on a appelée ~e !'a6e?'H6tc~c.
C'est à la suite des conférences qu'il y a
faites, ou plutôt des harangues qu'il y a. pro-
noncées, que les troubles ont éclaté ainsi
que les luttes entre catholiques et protestants,
entre Anglais et Irlandais.
Le maire et quelques prêtres catholiques
sont intervenus pour tâcher de. calmer la.
foule. Déjà la police avait été forcée de taire
usage de ses armes, on avait arrête un grand
nombre d'ëmeutlers, maisnonsans une lutts"'
acharnée do la part de la police; plusieja~
blessés avaient été transportes dans le~E~
pitau: #
Les dernières nouvelles étalent plus~a~
encore « Les émeutes continuaient
.4c~ avait été lu, des troupee étaient :~e~~K
a Birmingham, et déjà, outre celles q.u~
trouvaient, on demandait du renfort.j~
tire, dans Parle street, sur un soldat du 8~
hussards un agent de police a ëtë'si dange-
reusement blesse qu'on désespère de sa vie.
AIns que nous l'avons annoncé hier, d'après
nos dernières dépêches, doux rues ont ëtc
saccagées, une chapelle catholique _a été as- >-
saillie par la foule, qui a fait de grands dé-
gâts des hommes armés de bâtons rem-
plissaient les rues les désordres ont conti-
nué jusqu'à minuit et demi; l'agitation et v
l'alarme la plus vive régnent en ce momenL
On écrit de Londres; 18 juin
Birmingham et Londres ont,' eu chacun son
émeute. Les ouvriers conservateurs tenaient une
réunion, hier soir, dans Saiut-James, A Londres.
Un certain nombre de membres de la. ligue de re-
forme étaient présents ils ont commence par
huer et siffler fes orateurs du meeting. Bientôt,
.ils se-sont empares des fauteuils, de l'estrade,
ainsi que du bureau. Une lutte acharnée a bien-
tôt commence on se battait à coups de poihg~et t
a coups de caune. La police est accourue; elîo a
fait évacuer la &allc.
L'émeute de Birmingham a été plus sérieuse.
Les choses en sont venues a ce point qu'il a fu,Uu
Jirele j6'
'par la police. L'opimon générale est qu'il faut.
'mettre un terme aux déclamations furibondes de
Murphy contre la religion catholi([u& et son.'
clergé.
Une dépêche de SaInt-Pétersboud'~ annon-
ce que la population polonaise dû gouverne-
ment de Kiew se propose de présenter au
czar une adresse de remerciement pour ram-
nistle récemment proclamée.
C.LEFEVRN..
.r `
NOUVELLES BES CHANBRES
M. le ministre des affaires étrangér&s a fait
distribuer anx membres du Sénat un jour
plus tôt qu'aux députés, la collection des'do-
cuments diplomatiques qui se rattachent au
traité du 11 mal.
M. Thiers et M. Bcrryér doivent présenter
des observations sur cette an'àire. On disait
hier à la Chambre qu'une demande d'inter-
pellation, signée par dix députés, devait être
déposée aujourd'hui, mais qu'elle était reti-
rée par ses auteurs, sur les observations 'de
M. le président Schneider :.que la discùs'sioH
très prochaine, du budget du ministère ;des
affaires étrangères fournirait r6cca.slon na-
turelle de discuter l'anaire du Luxembourg
ainsi que les an'aircs du Mexique et de, l'0-
rient.'
Le cinquanie-.sepfiëme amendement au
budget vient d'être présenté. Il demande gué
le. crédit affecte au personnel de la.. justice
soit augmenté de 5Jt,570fr., ann d'élever.à
la classe supérieureles tribunaux de premiéra
instance de Béthune, Brives, Cognac, Dax,
Dinan, Ëtampes, Grasse Hazebrouck, JLa.
Flèche, Marmande, Moissac, Napoleonville;
Orange, Saint–Amand, Samt-DIë, Vitré et
Yssengeaux, dont la population se trouve être
dans les conditions de classement prévues et
déterminées' dans lé décret du S4 septem-
bre 1860.
Cet amendement, développé aujourd'hui
devant la commission par ses auteurs, n~
pas été accueilli par les raisons ci-dessous
Je flaire a. travers c.es quatre ligner
je ne sais quelle traliisba, poursuivit
M.deB.
Oh! par exemple!
–Vousverrez~
Et, en effet, le marquis fronçait le sour-
cil comme un homme qu'un vague pres-
sentiment a pris tout a, coup a, la, gorge.
–Mais enun, dit M. de Villënave, que
feriez-vous à ma. place?
Ce que vous allez faire, parbleu Ce
billet ne vous laisse pas le choix- Il faut
monter a cheval et aller à.PIanche-Mibra.y.
–Si vous veniez avec moi? ~nt Ville-
nave, que l'Inquiétude du marquis com-
mençait à-gagner. r,
-–Non pas! mon très cher.
Pourquoi ?
Mais parce que s'il y a quelque chose
a. raccommoder, j'achèverais de le .casser,
moi. Je ne dois pas être en odeur de sain-
teté la-bas.
Vous avez raison, j 'i rai seul:
M. de Villenaye monta, dans sa. chami-
bre et fit sa toilette avec un soin .minu-
tieux..
Trois quarts d'heure après; II était en
selle.
Le marquis lui avait donné son meilleur
cheval et si M. de Villënave luieùt
un peu rendu la jnain, il eût' franchi
en moins d'une heure la distance qui se <
pare Rochepinte de PIanchë-Mibra.y.
Mais M. de Villënave, impressionne, par
les dernières raisons du marquis, n'était
pas pressé d'arriver.
Il lui semblait, au contraire, qu'il arri-
vera.it toujours trop tôt. r
Quand il aperçut dans le lointain le
clocher de Coufanges; son inquiétude aug-
menta.
II relut.le billet de la baronne et le trou-
va, un peu sec.
Etait-ce donc là ce qu'il devait atten-
dre eu réponse_ n sa, brûlante épître?
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