Titre : La Presse
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1867-04-30
Contributeur : Girardin, Émile de (1806-1881). Directeur de publication
Contributeur : Laguerre, Georges (1858-1912). Directeur de publication
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Description : 30 avril 1867 30 avril 1867
Description : 1867/04/30. 1867/04/30.
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/03/2008
Mard~ ~iL'â~'
MOIS (MseHe~eM.n.!e!.(Ss);)!;) 'i~
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seconde édition~ lo discours
ùuroi d~e Fausse*
tes abonnés nouveaux ont droit a rece-
voir ~Ger~, par M. A. Esparbié;
les. amours de p~Msa~e, par M. Georges Fath,
et 'tout ce qui a paru j~t~~KMe ~e
F~tc/te-~t~c~, par ~u~E'8~~
PARIS, 89 A~RÎF4~
Nous avons signalé, à son origine, le dis-
sentiment qui s'est élevé entre le roi de
Prusse etson premier ministre, au sujet de
!a question du Luxembourg, et qui avait été
assez grave pour amener le premier minis-
tre a offrir sa démission.
Des lettres de Berlin, d'une source très
sûre, afËrment qu'il ne faut pas chercher
-ailleurs que dans ce dissentiment le motif
du voyage que M. de Bismark vienf de faire
e8'ecnvementenPoméranie.
La santé du premier ministre de Prusse
est de. nouveau profondément altérée. La
surexcitation nerveuse, qui avait été la con-
séquence des fatigues et des préoccupations
de la campagne de 4 866, et qui n'avait cédé
qu'à un long repos, a reparu à la suite du
Surcroît de travail que les derniers événe-
ments ont imposé a M. de Bismark. Tous les
jours, vers une heure du matin, après avoir
congédié ses secrétaires, M. de Bismark
monte a cheval, at, pendant trois heures,
parcourt au galop les environs de Berlin:
c'est au prix seulement de cette fatigue
physique qu'il peut se procurer quelques
mstants de sommeil.
Maigre le déplorable état de sa santé, M.
de Bismark, écrit-on de Berlin, n'eût pas
pensé daller prendre en Poméranie quel-
ques jours de repos, sans le désaccord qui
existe entre le roi et lui sur la politique ex-
térieure, et qui s'est accentué de nouveau
à l'occasion déjà réponse a faire aux puis-
sances:
D'après les avis reçus des ambassadeurs
de Prusse près les cours de Londres, Saint-
Pétersbourg et Vienne, M. de Bismark s'at-
tendait de jour en jour à recevoir de ces
trois puissances une communication, dont
elles" avaient fait pressentir le sens général,
sinon la teneur.
M. dé Bismark dut, par conséquent, de-
ïa&adsr au roi des instructions sur l'accueil
à faire ~Ia démarche des puissances et sur
la réponse à leur donner. A son avis, cette
réponse devait être eonciliants; et laisser
une porte ouverte à des négociations ulté-
rieures.
Le roi fut d'un avis tout afait opposé sui-
vant lui, 1s droit de la Prusse a demeurer à
Luxembourg résultait des traités; il était
évident et indéniable; et on ne pouvait sans
faiblesse accepter la mise en discussion d'un
droit que l'honneur défend d'abandonner.
jLe roi voulait donc que l'on répondît par
Mnrmation pure et simple du droit de la
Prusse.
C'était la guerre immédiate, et M. de Bis-
mark ne le cacha point à son maître. Il re-
présenta la gravité d'une guerre pareille,
entreprise contre le vœu et avecla désappro-
bation de toute l'Europe, et soutenu, au
milieu des difficultés innombrables d'une
organisation trop récente encore, en face de
passions hostiles et de rancunes non apai-
sées. Etait-ce au moment où les popula-
FEUILLETON DE LA F~~MF
DU 30 AVRIL 1867
JtJA
LM M PLim-iSiM
DEUXIÈME PARTIE
Ï.a nuit approchait, lorsqu'une chaise de
poste qui venait d'Auxerre par Courson, en-
tra bruyamment dans Coulanges, traversa
ia petite ville sans s'arrêter et gagna la
grande avenue de vieux ormes qui condui-
sait à Planche-MIbray.
Une femme et deux petites filles se trou"
'valent dans cette chaise de poste.
C'étaient M°~ Villemur et ses enfants,
La veuve s'était mise en route sur la pres-
sante Invitation de la baronne, que- nou?
savons vue écrivante son amie et la sup-
pliant de venir passer a PIancbe-MIbray les
deux derniers mois de son deuil.
EHa était partie de Paris avec la certitude
de Planche-Mibray..
A Auxerfe seulement, elle avait appris la
cruelle vérité.
Et .M' Villemur, qui était une de ces
femmes .fortes qu'on trouve aux heures de
douleur, s'-étalt mise en route sur-le-champ.
Quand~a chaise de poste entra dans la
cour, un vieux domestique, ancien valet de
chambre du baron, accourut, recoanut M""
Villemuretlui dit:
–Madame vous attend avec une impa-
tience qui nous fait perdre la tête. A chaque
-Sheure, à chaque minute, elle demande après
Tous, madame.
M"" Vi!!emur descendit de voiture, prit
ses deux enfants par la main et suivit le
"vieux serviteur.
A huit heures du soir, ce vieux manoir de
RspyadsaMoh interdite aux jomnaux qui n'ont
pas traite avec ta Société des Gens de teHres.
tiens hanovriennes et danoises n'étaient
contenues que par un vaste déploiement de
forces, qu'on pouvait jeter une sorte de déu
a l'Europe, et se lancer dans une guerre
contre la France? w
Le roi ne se laissa point ébranler. M. de
Bismark déclara alors qu'il croyait n'avoir
plus qu'à se retirer. Son dévouement était
sans limites; mais on ne pouvait lui deman-
der d'accepter devant l'Europe, devant la
nation prussienne, et il pouvait dire devant
la postérité, la responsabilité d'une résolu-
tion au bout ce laquelle il apercevait ~a
ruina de l'œuvre qui avait usé ses forces~et
sa vie. Il demandait donc au roi la permis-
sion de se retirer pour quelques jours dans
ses terres; si le roi croyait devoir tenir
compte des considérations qui venaient de
lui être exposées, son fidèle ministre revien-
drait immédiatement à son poste, sinon il
resterait en Poméranie a prendre le repos
absolu dont il'avait un besoin impérieux.
M. de Bismark partit, donc sans bruit,
mais emmenant en Poméranie ses équipages
et ses gens, comme un homme qui n'est
point sûr de revenir. Le ton que prirent
aussitôt vis-a-vis de la France les journaux
ofScieux de Berlin trahit seul les idées qui
dominaient la cour.
Cependant, la communication annoncée
fut faite; elle fut reçue par un sous-secré-
taire d'Etat qui se renferma dans une réser-
ve absolue,.justiSant son silence par l'ab-
sence de son chef. Il fallut prendre un parti.
Les démarches personnelles de la reine Vic-
toria et de l'empereur de Russie ramenèrent
la perplexité dansl'espritduroi. La dernière
surtout fut un sujet de surprise et de préoccu-
pation l'attitude et le langage du prince
Gortchakofi, au début du démêlé, n'avaient
nullement fait prévoir l'insistance et la fer-
meté des représentations que l'empereur de
Russie adressait à son oncle, pour lequel il
a toujours professé inuniment de respect et
de déférence..
Les ministres, habitués a la direction fer-
me et résolue de M. de Bismark se mon-
traient pleil-s d'incertitude et d'hésitations,
ils ajoutaient, par leur embarras, à la per-
plexité du roi. M. de Bismark fut mandé
un conseil de cabinet fm tenu aussitôt après
son arrivée, et l'acceptation de la confé
rencey fut décidée, avec des réserves sui'S-
santes pour ne rien engager définitivement,
àûn de donner satisfaction à l'Europe, sans
enlever au roi la plénitude de~sa liberté
d'action.
Une rupture qui semblait imminente, et
qui aurait été irrévocable, a donc été ainsi
ctcjurée. Si M. de Bismark veut employer
la même énergie à poursuivre une solution
pacifique, les eHbrts de la Conférence de
Londres ne seront pas infructueux. Mais le
premier ministre de Prusse ne croira-t-il pas
sa conscience dégagée et son honneur sauf
après l'om'e qu'il a faite, de sa démission ?
Ne se croira-t-il pas autorisé a servir désor-
mais une volonté qu'il a combattue, mais
qu'il n& peut.espérer de faire toujours plier?
Il ne manque point, d'ailleurs, de gens qui
voient partout des nnesses et des habiletés,
et qui aiment assez peu M. de Bismark pour
penser qu'après s'être mis en règle vis-a-vis
de la diplomatie européenne par une retraite
simulée, il ne songera qu'a reconquérir les
bonnes grâces de son roi par l'énergie de sa
conduite et l'audace de ses entreprises.
Il n'est pas sans intérêt, dans les circon-
stances actuelles, de déterminer avec préci-
sion quelle a été l'attitude des diverses puis-
sances pendant lesnégociations auxquelles a
déjà donné lieu la question de Luxem-
bourg.
Planche-Mibray aval t. quelque chose d'aus-
tère, de solennel, presque de'sinistre.
On eût dit que le nouveau malheur qui
venait de frapper la -vieille demeure avait
étendu comme un large crêpe de deuil sur
les arbres du parc, les tour.elles en bri-
ques, les toits couverts d'ardoises etiea
statues de marbre disséminées dans le jar-
din.
Ce grand vestibule, dont les murs étaient
couverts de vieilles armures et de trophées
de chasse, parut plus sombre encore que
de coutume à M"~ Villemur.
Les deux enfants se serrèrent contre elle
avec un sentiment de muet effroi, lorsque
le pas lourd du serviteur retentit sur les j
dalles de ce même vestibule, éveillant des
échos lugubres en leur sonorité.
Enfin il ouvrit à deux battants la porte du
fond, qui était celle du grand salon et il an-~
nonça. IA"°° Villemur.
M~" de Planche-Mibray, vêtue de noir
comme au lendemain de la mort de soné-
poux, se leva alors du coin de la haute che-
minée a manteau sculpté, où elle était as-
sise.
Farouche et sinistre en sa douleur, elle
s'avança vers M~" Yillemur d'un pas égal
et calme, lui tendit la main, ne prononça
pas un mot et l'entraîna avec elle auprès du
feu.
Puis; elle embrassa les deux petites Elles
avec une sorte d'effusion ûévreuse.
Etcefut.tout.
Elle ne pleurait pas, elle ne parlait pas.
Son visage brun de gitana avait pris des
tons de cire ses lèvres rouges étaient un
peu décolorées ses grands yeux d'un bleu
sombre avaient ce .morne rayonnement qui
accuse une douleur sans bornes.
Pendant plus d'une heure, elle ne pro-
nonça que des mots brefs, des phrases cour-
tes et hachée's, évitant de prononcer le nom
de celui qui emplissait son cœur tout entier,
Elle s'occupa des enfants qu'elle accabla
de caresses, elle remercia M~, Villemur
d'être venae.
Puis enfin, elle lui dit
Allez coucher vos chérubins mon
amie, et revenez, nous causerons.
Et quand, peu après, M"~ YiHemur, qu'ef-
frayait cette douleur sans éclats, fut reve-
i~ue au salon, M~° de Planche-Mibray lui
prit la main et lui dit d'une voix brève et
situante
Dès que l'Angleterre a pu se convaincre
que ni l'indépendance ni le territoire de la
Belgique n'étaient en jeu, l'attitude de cet-
te puissance a été immédiatement très ami-
cale pour la France. Lecabinet angiais s'est
prononcé le premier avec la plus grande
netteté et du ton le plus ferme en faveur du,
droit de'Ia France, ou plutôt contre lespré-
tentions de la Prusse.
L'Autriche a montré d'abord quelque hé-
sitation. Très désireuse de ne heurter en
rien l'opinion publique de l'Allemagne, elle
aurait voulu éviter de se prononcer; mais
dès qu'elle fut mise en demeure de le faire
par le cabinet de Berlin lui-même, qui es-
pérait tirer parti de cette situation, ei!e se
déclara de la façon la plus catégorique
contre l'interprétation que la Prusse enten-
dait donner aux traités de 1839. La note a-
dresséepar le cabinet de Vienne à l'ambas-
sadeur d'Autriche à Berlin fut aussi.claire
et aussi concluante que possible.
La question de Luxembourg trouva la cour
de Russie fort divisée. Le prince Gortcha-
koQ', subordonnant tout aux affaires d'O-
rient, et uniquement préoccupé du concours
à obtenir de la Prusse et du proGt à tirer
d'un cortuit entre les puissances occidenta-
les, laissa percer des tendances manifeste-
ment favorables a la Prusse, et donna ses
premières démarches uncaractèrë de bien-
veillance marquée paur les prétentions du
cabinet de Berlin; mais dès que les négocia-
tions revêtirent un caractère plus sérieux et
qu'i] devint nécessaire de prendre une réso-
lution, l'intervention personnelle et directe
de l'empereur Alexandre II modiSa cette
attitude de la diplomatie moscovite. Le
conseil de l'Empire fut consulté et se rsn-
gea complètement a l'avis du souverain, qui
crut devoir fortiEer,parune lettre autogra-
phe au roi de Prusse, la communication que
le ministre des affaires étrangères fut char-
gé de transmettre à Berlin.
C'est ainsi que les trois puissances arri-
vèrent, l'une après l'autre, a reconnaître ~t
à constater la justice des réclamations de la
France, la modération de ses demandes et
le peu de fondement des prétentions de la
.Prusse. ')-
L'acceptation de la conférence par le ca-
binet de Berlin a un double objet
Ne point irritercontre la Prusse l'opinion
européenne;
Gagner du temps pour amener, de gré ou
de force, l'Allemagne du Sud a prendre
parti pourîaPmsse.
Ce dernier point est d'une importance ca-
pitale pour le cabmet de Berlin.
En effet, il ne peut plus se faire illusion
sur les dispositions des grandes puissances
à son égard :tout cequ'I) peut attendre
d'elles c'est la neutralité il ne peutplus es-
pérer qu'aucune d'elles prenne parti pour
lui.
H ne veut pas, cependant, se trouver seul
à seul en face de la France. H veut entraî-
ner dans sa querelle l'AlIemagne"du Sud,
pour accroitre ses forces militaires, et obli-
ger la France ~diviser les siennes, en com-
battant sur deux champs de bataille: en
Souabe et en Westphalie.
L'Allemagne du Sud n'a rien a gagner
dans cette querelle que la Prusse cherche a
la France elle servirait de champ de ba-
taille aux belligérants, et les succès de la
Prusse aggraveraient sûrement sa servi-
tude.
Ne point prendre part à la guerre, tel est
le vœu des gouvernements et des popula-
tions deT~Uemagnë du Sud.
Malheureusement la Prusse invoque les
traités d'alliance qu'elle a imposés en août
1868 pour exiger des préparatifs militaires
et des levées de troupes.
–'IIestmort!
Mais dit M~ Yillemur eh trem-
blant, qui sait? peut-être. il me semb)e
quel'onm'a dit. que.jusqu'aprésent.
on n'avait pas retrouvé. son corps.
Il est mort, répéta la baronne avec
conviction, mort assassiné..
–Mais. par qui? 9
Cette question fut l'étincelle qui tombe
sur un baril de poudre.
Soudain, M~" dePIanche-Mibray se dres-
sa pâte, étincelante, terrible
Par qui ? dit-elle, vous me demandez
par qui ? Ne l'avez-vous donc pas deviné ?
j~me Y~gjjlur sentit un nom monter deson
cœur à ses lèvres mais ce nom, elle ne le
prononça pas.
.S'était celui de ce misérable Léon de Vil-
lenave.
La baronne continua:
Mais par ces hommes qui me poursui-
vent, par ces bohémiens qui disent que je
suis de leur race.
Oh! 6tM~ Yillemursunbquéë.
–Et ils ont raison, poursuivit M~de
Planche-Mibray qui avait rejeté en arrière
sa belle tête aux yeux ardents et sa cheve-
lure d'ébène qui s'était dénouée et tombait
en boucles confuses sur ses épaules; ils ont
raison, voyez-vous, de dire que je suis une
bohémienne
J'en ai douté d'abord maintenant je
n'en doute plus.
D'abord, prosternée devant cette Provi-
dence inûexible qui m'a frappée, j'ai cru
pouvoir me résigner.
Folle en ma douleur, j'ai voulu couper
mes cheveux, couvrir ma tête de cendres,
ensevelir ma vie dans un cloître et attendre
que Dieu m'appelât pour me réunir a mon
chermort.
Mais soudain, ce sang de gitana qui
coule en mes veines s'est pris à bouillonner
sourdement d'abord, puis avec des colères
tempétueuses, et le mot de vengeance a
brûlé mes lèvres, incendié mon cœur, éteint
mon amour..
Je suis bohémienne! r
C'est-à-dire que la famme du monde, la
chrétienne, n'existent plus en moi.
Le sang oriental que j'ai en moi, parle
plus haut que cette civilisation menteuse au
milieu de laquelle j'ai vécu.
Je veux le venger
La Bavière a essayé d'endormir les exi-
gences prussiennes en rendant au cabinet
de Berlin des services diplomatiques. ËHe
a allégué l'indigencede son trésor et l'épui-
sement de ses populations pour ne pas met-
tre son armée sur le pied de guerre mais
e!!eaenvoyé;un de ses diplomates exposer
doctement au cabinet de Vienne les mérites
8~Ï!t~anc~ prussteMt~ e~ la~aôeesMté-de
ressusciter la grande Allemagne.
Ce plaidoyer infructueux sufnra-t-il aux
yeux de la Prusse?. On en peut douter quand
on voit ce qui.se passe en Wurtemberg.
Ce dernier Etat avait refusé net d'armer,
et, sur son insistance, la conférence mili-
taire de Stuttgard avait renvoyé au mois
d'octobre les mesures à prendre pour intro-
duire la discipline et l'armement à la prus-
sienne dans les troupes de l'Allemagne du
Sud. M. de Bismark a mandé Berlin M. de
Varabuhler, ministre dirigeant de Wurtem-
berg, et l'efncacité de ses conseils, quel-
ques-uns disent de ses menaces, a bientôt
éclaté. Une crise ministérielle s'est produite
en Wurtemberg, et troi? membres du cabi-
net, dont !e ministre de la guerre, ont fait
place à des hommes de tendances prus-
siennes.
Le temps que la Prusse vient de gagner
en acceptant la Conférence, elle va l'em-
ployer à peser sur les gouvernements .du
Sud, pour obtenir la disposition de toutes
leurs forces.
!-e S9c?6!â.f& do ia rëdaotMa.
E. BABER.
~ÊCBES TELESMPE~UES S
asÉRtQUEDUSUD
Southampton, 28 avril, soir.
Le paquebot le TiMne est arrivé ce soir avec la
malle des Indes occidentales et 483,373 dollars.
La question de paix pu de guerre, entre l'Espa-
gne et les républiques du Sud, est encore indécise.
Au Chiti, il est probable que l'administration ac-
tuelle accepterait une médiation; mais au Pérou on
craint qu'une acceptation n'amené une révolution.
Au Guatemala, l'insurrection avait été compri-
mée sans eSusionde.sang.
J~BLETEME
LondrM,28avril.
L'0:ËC8 Reuter publie les nouvelles suivantes
K On mande de Vienne que la France a accepté
la conférence sur la base de la neutralisation du
Luxembourg. D'âpres des avis de Paris, la Prusse
aurait également accepté. Une entente est donc en
perspeotive. La conférence se réunira à Londres. »
6RËCE
Marseille,!8avril.
Le vapeur hellénique PatrM, retardé par le
mauvais temps, est arrivé ce matin. Le roi des Hel-
lènes a refusé les honneurs militaires. Il est des~
cendu au Grand-Hôtel de Marseilte. S. M. après
avoir assisté à l'ofiice divin, à l'église grecque, a
reçu de nombreux négociants appartenant à la na-
tionalité grecque. S. H. repartira ce soir même
pour Paris.
(~~KOe .~t!f.M-BMMM'.)
ltt~tü7's~5~~iiL POLITIQUE
La commission chargée dé l'examen de
la loi sur l'armée et sur la garde nationale
mobile a tenu aujourd'hui une séance im-
portante, a laquelle 'ont assisté MM. le mi-
nistré d'Etat, le maréchal ministre de la
guerre, le ministre présidant le conseil
d'Etat, le général'AUard. La commission a
dû faire connaître le projet définitif adopté
par elle. D'importantes modifications ont été
apportées à l'oeuvre primitive émanant du
conseil d'Etat. Nous croyons savoir, entre .J
autres points, que la commission a main-
II me faut la vie de ces: hommes qui ont
tué Manuel, il me la faut
Et, en effet, M" dePlanche-Mibray était
véritablement devenue bohémienne en par-
lant ainsi, e.t M~ Villemur la considérait
avee une espèce d'enroj..
–Mais, se hasarda-t-elle a dire~ avez-
vous donc une preuve, un indiœ?
J'ai les battements de mon eœur,.ré-
pondit la baronne avec un accent de haine
sauvage.
-Ainsi, vous accuseriez cet homme ?
–Oui.
'–Fanfreluche, le'format?
Non, diMa baronne, ce n'est pas lui,
c'est l'autre.
–Munito?
–Oh'j'en suis sûre.
Et M"" de Planche-MIbray se promenait
à travers legrand salon du château, d'un
pas saccadé, s'arrêtant parfois brusque-
ment pour regarder un portrait de M. de
PIanche-Mibray, qui se trouvait entre les
deux croisées, –comme si elle eût voulu
demander une seconde fois conseil et "pro-
tection au défunt.
j~ma Villemur respectait cette douleur de
lionne qui se traduisait maintenant par des
emportements terribles.
Tout à coup la baronne vint se placer de-
vant elle et lui dit
Oui, c'est Munito le saltimbanque,
Munito le bohémien. C'est le misérable
qui a causé autrefois la mort de ma mère.
Aussi il me faut sang pour sang avec lui.
Mais cet homme est donc ici ? s'écria
M~VIllemur/
Cette question Et tressaillir M~° de PIan-
che-Mibray des pieds à la tête et soudain
elle baissa la voix, un tremblement nerveux
parcourut tout son corps.
Ecoutez, dit-elle tout bas.
Et elle se pencha sur M~° Villemur, com-
me si elle eût craint que les murs de cette
vaste salle n'eussent des oreilles indiscrètes.
Ecoutez, reprit-elle, comme vous j'ai
cru que le meurtrier était Fanfreluche. On
l'a accusé; on m'a confrontée ave~Iùi. Il a
demandé a m'entretenir en particulier, et il
m'a prouvé qu'il était étranger au crime.
Mais vous a-t-il dit que l'assassin
était Munito?
Non.
La baronne baissa la voix plus encore, et
,etendanUa main
tenu en dernière analyse les trois amende-
ments qui ont fait l'objet de ses premières
objections Vote annuel du contingent
loi spéciale pour l'appel de la garde nationa-
le mobile;–suppression de l'exonération.
Quelques autres points ont leur valeur.
Le chim'e de l'armée–au complet–serait
porté à 800,000 hommes.
Le service serait pour la première partie
du contingent de Sans dans l'armée entière,
de 4 dans la réserve; pour'Ia seconde par-
tie, de 4 dans la réserve, de 5 dans la garde
nationale mobile.
La faculté de se marier sans autorisation
serait accordée aux soldats de la réserve
pendant leurs trente derniers mois de ser-
vice. Cette faculté serait absolue pour la
garde nationale mobile.
Le remplacement par substitution de nu-
méro ou par présentation d'un remplaçant
agréépar le conseil du régiment sera rétabli.
Le remplacement existerait aussi pour la
garde nationale mobile, mais indépendant
du premier remplacement.
Les réserves pourraient être appelées sous
les armes par simple décret, mais séparé-
ment..Le Corps législatif devrait être con-
sulté en cas de levée en massedes réserves.
La garde nationale mobile ne pourrait être
appelée qu'en vertu d'une loi.
D'autres dispositions accessoires règlent
Jes questions de discipline et l'organisation
des cadres de la garde nationale mobile.
Ce corps, auxiliaire de l'armée active, se
composera çomme se composaient les corps
détachés d'après la loi de '!831
° des célibata!res de-20 a 30 ans;
3° des veufs sans enfants
3° des mariés sans enfants;
4° des mariés avec enfants
5° des veufs avec enfants.
Cette dernière catégorie n'existait pas
dans la loi de 83') d'abord indiquée par le
gouvernement, elle avait été supprimée par
la-Chambre des députés, sur la proposition
de la commission.
La loi serait exécutoire à partir du 4 °''
janvier ~868, ce qui lui donnerait bien le
caractère d'une loi d'avenir, que le gouver-
nement a toujours prétendu lui conserver.
En un seul point, cette loi se trouvera créer
une situation mixte c'est en ce qui tou-
che la durée de présence sous les drapeaux
des soldats actuellement au service. La loi
nouvelle ne pouvant avoir d'eNet rétroactif,
laissera à ces hommes la faculté de choisir,
après cinq ans révolus de service, soit de
faire encore deux ans d'activité, soit d'en
faire quatre de réserve.
L'7lewski a eu plusieurs entretiens avec le pré-
sident du conseil..
Ces entretiens se rattachent évidemment Î
aux résolutions que pourrait avoir prêchai-
Bernent à prendre le cabinet italien vis-à-vis f
des questions extérieures.
Revenons en quelques mots sur l'article
de la Gs~e~e saa?onMe que nous avons publié
hier.
Cet article n'est pas un article de polémi- 1
que, ma!S un acte d'accusation contre la (
Prusse, contre sa politique et ses ministres, f
contre son passé et son avenir. 1
L'historique des dijfïérends qui se sont
élevés en Allemagne depuis quiuze ans n'a
jamais été écrit avec plus d'amertume. Les i
Etats secondaires insultés, l'Autriche atta- (
quée, les souverains dépouillés, la Prusse ]
ennn accusant aujourd'hui les autres Etats (
de préparer des armements, tandis qu'elle 1
seùte médite de pousser jusqu'au bout ses
ambitions qui menacent l'AMemagne tout
entière; tout cela, rappelé sous une forme t
–Vous voyez cette fendre, n'est-ce pas?
–-Oui.
Il y a deux jours, j'étais assise auprès.
Une table était devant moi, et sur cette ta-
ble une lampe. Tout à coup, il me sembla
que quelque chose de brûlant pesait sur
moi..
Je levai la tête, je regardai dans le jardin
par la fenêtre ouverte.
Au fond d'une touffe d'arbres brillaient
deux points lumineux qui étaient fixés sur
moi.
On eût dit une bête fauve, chacal, hyène
ou loup.
Mais ces-deux yeux braqués sur moi, et
dont je subis un moment l'épouvantable fas-
cination, c'étaient des yeux humains.
Je jetai un cri..
A ce cri, un homme .prit la fuite:,
'Je secouai le cordoa de toutes les son-
nettes.
J'appelaitôusiesddmestiques. J
Les gardes, les jardiniers, armés de fu<
sils, parcoururent le parc.
Quelque chose me disait que je venais de
voir l'assassin de Manuel.
On fouilla le jardin, le parc, les vignes
environnantes.
Toute la nuit mes gens furent sur pied et
je leur criais
Tirez, tirez sur lui comme sur une bête
fauve 1
On ne trouva rien, pas même des traces de
pas quand vint le jour.
La gendarmerie a été prévenue on a
battu de nouveau la forêt, on a fait des per-
quisitions partout, et on n'a rien trouvé.
Et cependant la nuit suivante, a la même
heure, les mêmes yeux se sont allumés dans
l'ombre, et un.homme a de nouveau pris la
fuite. Cet homme, c'est Munito. Lui seul
peut regarder comme ça.
-Les gendarmes et mes gens eux-mêmes
prétendent que j'ai des hallucinations, mais
je sais bien que je l'ai vu, moi.
Et M"" de PIanche-Mibray se trouva de
nouveau en proie à une névreuse exalta-
tion..
M"~ Villemur essaya vainement de la
calmer.
La pauvre femme rêvait la vengeance; il
lui fallait tout le sang du bohémien Munito.
Une partie de la soirée s'écoula ainsi.
Puis il arriva pour la baronne ce qui ad-
vient toujours pour les gens surexcités.
f qui aura frappé nos lecteurs, sue la hame
et prédit la révolte. a
Remarquons, en passant, des apos trophes
telles que celle-ci et qui s'adressent à la
Prusse <( Peux-tu espérer que tes ennemis
vaincus oublieront l'opprobre qui vient de
toi?)) Notons aussi cette phrase qui est un
cri de vengeance « L'Allemagne pourrait
b;en se consoler des dangers qui la. mena-~ `
cent du coté de l'Ouest," si 'seulement '~1~
parvenait h son droit et à .la paix a l'in~ .~S
rieur.)) n
Voilà les sentiments qu'Inspire a Lcipz~ $~
et à Dresde une révolution que l'on a es\
sayé de représenter comme nationale; et
s'il en~est ainsi dans les pays qui conser-
vent encore l'ombre de leur indépendance,
quelle ne doit pas être l'impression publi-
que dans les Etats tels que le Hanovre dont
l'individualité a disparu dans la conquête
prussienne?
Nous avons parlé, d'âpres une dépêche
télégraphique adressée au ydent qui s'est produit dans la première
Chambre de La Haye, relativement au
Luxembourg..
A propos de la discussion du budget des
aGaires étrangères, un député, M. Schim-
melpennink van der Oye, a déclaré qu'il
était heureux que les Interpellations faites
a la Grand'Chambre aient fourni aux minis-
tres (d'occasion délaver l'honneur du roi, si
indignement souillé par la Prusse alle-
mande. )) L'orateur a protesté avec force con-
tre les prétentions de l'Allemagne sur le
prétendu ensemble des territoires germani-
ques, et il a terminé en exprimant le vœu
que la question fût résolue par le démantè-
lement de la forteresse de Luxembourg et
la neutralisation de la province sous la sou-
veraineté indépendante du grand-duc.
Un autre membre de la Chambre, M. Van
Swinderen,a formulé l'espérance, «que le
ministre détruirait l'impression qui existe
toujours et d'après laquelle c'est lui qui au<
rait, le premier, mis la question luxembour-
geoisesurle tapis.)) »
C'est donc à cette provocation directe que
M. Van Zuylen vanNyeveIt a répondu dans
des termes très nets en ce qui touche sa
propre conduite, mais très réservés sur le
fond même de la question
Dans les circonstances actueltes, plus que ja-
mais/a-t-il dit, un'ministre des aCaires étrangères
est tenn à la plus'grande circonspection.
Quant à la question luxembourgeoise, M. Schim-
melpennink, après avoir déclaré que ~a Hollande
doit rester étrangère à ta question, a prononcé des
paroles en opposition avec cette décoration. C'est
à tort qu'il voudrait amenerlemini&tère à tan-
cer une protestation contre ce qui a été fait. Mais H
y a un point important à éclaircir ilS'agit de ce
qui a été dit par M. Van Swindereu, que c'est le
gouvernement hollandais qui aurait soulevé le pre-
mier cette question vis-à-vis d'une puissance étran-
gère. Je dois donner le démenti le plus formel a
cette allégation.
Nous savons donc par quil'aNaire n'a pas
été engagée, mais n6us,n'apprenons pas par
qui elle l'a été.
N'est-ce pas tout simplement par la po-
litique prussienne tendant à attirer toute la
Hollande dans la Confédération du Nord,
comme une suite de l'occupation par les
soldatsprussiens de la forteresse de Luxem-
bourg ?
La nouvelle que la neutralisation du ter-
ritoire luxembourgeois serait une des bases
de l'examen auquel doit se livrer la confé-
rence de Londres ne paraît pas avoir pro-
duit une impression favorable à Luxem-
bourg, si nous en jugeons par l'article sui-
vant du Zan~, du 3§ avril
Nous avons toujours pensé, depuis qne la ques-
tion luxembourgeoise a été posée, que notre réunion
Une sorte de prostration suivit sa folie
furieuse, une grande lassitude s'empara
d'elle et en6n, pour la première fois peut-
être depuis cinq jours, elle pleura.
Et quand elle eut pleuré, elle tendit la
main à la veuve et lui dit: `:
Rejoignez vos enfants, mon amie. J'ai
besoin d'être seule, maintenant que je puis
verser des larmes.
Elledemeuraseuledans ce vaste salon
aux peintures sombres, dont les murs é-
taient couverts de vieux .portraits de fa-
mille.
Assise auprès'd'une fenêtre ouverte, elle
regardait dans le parc.
Quelque chose lui disait qu'elle allait
vo.ir encore, tout à coup, ces deux yeux
briller comme des charbons ardents.
Soudain elle eut une de ces inspirations
que la haine suggère.
Il y avait dans un coin du salon une ca-
rabine de chasse a ~leux coups que le jardi-
nier avait laissée la huit précédente.
La baronne la prit et l'arma, revint auprès
de la fenêtre et éteignit la lampe qui se
trouvait sur sa table.
C'est moi qui vengerai Manuel, se dit-
elle.
Et, dans l'ombre elle attendit.
.Ses larmes ne coulaient plus, son cceur
battait régulièrement, et le sang-froid était
revenu à la bohémienne.
Une heure s'écoula.
Soudain M" de Planche-Mibray tressail-
lit.
Il lui sembla entendre un bruit de feuilles
froissées.
Etait-ce un oiseau de nuit qui s'envolait?
un lapin qui passait au travers d'une brous-
saille avec la rapidité d'une balle?
Ou bien était-ce une créature humaine
qui se glissait auprès de.Ia fenêtre?
M~" de Planche-Mibray, immobile, rete-
nait son haleté.
Tout à coup, dans le feuillage sombre,
deux points lumineux brillèrent comme des
lucioles.'
C'étaient les deux yeux de Munito, sans
doute, car M"~ de Planche-Mibray épaula sa
carabine et ajusta avec un sang-froid ter-
rible.
PONSON DU TERRAIL.
MOIS (MseHe~eM.n.!e!.(Ss);)!;) 'i~
MMMCE~S.PL.CEM~O~~ ~T,1,RUCCO~UN~V~)
~<' r l
M.&tt.l't_ ~<
3 MS ~mm~). i6~ fr..
BtMEm O'aBOMEMENT. t23, RUE MONTMARTRE
S~ATUléo
L'Administration se rëserve le droit de modiSer !a rëdaftïoa ~es'AMOBc~S
Tout ce qui concerne l'ÂdmuHstraiiou du Journal doit être adfesso au Géram
T~ous pTibULeT'ons, dans une
seconde édition~ lo discours
ùuroi d~e Fausse*
tes abonnés nouveaux ont droit a rece-
voir ~Ger~, par M. A. Esparbié;
les. amours de p~Msa~e, par M. Georges Fath,
et 'tout ce qui a paru j~t~~KMe ~e
F~tc/te-~t~c~, par ~u~E'8~~
PARIS, 89 A~RÎF4~
Nous avons signalé, à son origine, le dis-
sentiment qui s'est élevé entre le roi de
Prusse etson premier ministre, au sujet de
!a question du Luxembourg, et qui avait été
assez grave pour amener le premier minis-
tre a offrir sa démission.
Des lettres de Berlin, d'une source très
sûre, afËrment qu'il ne faut pas chercher
-ailleurs que dans ce dissentiment le motif
du voyage que M. de Bismark vienf de faire
e8'ecnvementenPoméranie.
La santé du premier ministre de Prusse
est de. nouveau profondément altérée. La
surexcitation nerveuse, qui avait été la con-
séquence des fatigues et des préoccupations
de la campagne de 4 866, et qui n'avait cédé
qu'à un long repos, a reparu à la suite du
Surcroît de travail que les derniers événe-
ments ont imposé a M. de Bismark. Tous les
jours, vers une heure du matin, après avoir
congédié ses secrétaires, M. de Bismark
monte a cheval, at, pendant trois heures,
parcourt au galop les environs de Berlin:
c'est au prix seulement de cette fatigue
physique qu'il peut se procurer quelques
mstants de sommeil.
Maigre le déplorable état de sa santé, M.
de Bismark, écrit-on de Berlin, n'eût pas
pensé daller prendre en Poméranie quel-
ques jours de repos, sans le désaccord qui
existe entre le roi et lui sur la politique ex-
térieure, et qui s'est accentué de nouveau
à l'occasion déjà réponse a faire aux puis-
sances:
D'après les avis reçus des ambassadeurs
de Prusse près les cours de Londres, Saint-
Pétersbourg et Vienne, M. de Bismark s'at-
tendait de jour en jour à recevoir de ces
trois puissances une communication, dont
elles" avaient fait pressentir le sens général,
sinon la teneur.
M. dé Bismark dut, par conséquent, de-
ïa&adsr au roi des instructions sur l'accueil
à faire ~Ia démarche des puissances et sur
la réponse à leur donner. A son avis, cette
réponse devait être eonciliants; et laisser
une porte ouverte à des négociations ulté-
rieures.
Le roi fut d'un avis tout afait opposé sui-
vant lui, 1s droit de la Prusse a demeurer à
Luxembourg résultait des traités; il était
évident et indéniable; et on ne pouvait sans
faiblesse accepter la mise en discussion d'un
droit que l'honneur défend d'abandonner.
jLe roi voulait donc que l'on répondît par
Mnrmation pure et simple du droit de la
Prusse.
C'était la guerre immédiate, et M. de Bis-
mark ne le cacha point à son maître. Il re-
présenta la gravité d'une guerre pareille,
entreprise contre le vœu et avecla désappro-
bation de toute l'Europe, et soutenu, au
milieu des difficultés innombrables d'une
organisation trop récente encore, en face de
passions hostiles et de rancunes non apai-
sées. Etait-ce au moment où les popula-
FEUILLETON DE LA F~~MF
DU 30 AVRIL 1867
JtJA
LM M PLim-iSiM
DEUXIÈME PARTIE
Ï.a nuit approchait, lorsqu'une chaise de
poste qui venait d'Auxerre par Courson, en-
tra bruyamment dans Coulanges, traversa
ia petite ville sans s'arrêter et gagna la
grande avenue de vieux ormes qui condui-
sait à Planche-MIbray.
Une femme et deux petites filles se trou"
'valent dans cette chaise de poste.
C'étaient M°~ Villemur et ses enfants,
La veuve s'était mise en route sur la pres-
sante Invitation de la baronne, que- nou?
savons vue écrivante son amie et la sup-
pliant de venir passer a PIancbe-MIbray les
deux derniers mois de son deuil.
EHa était partie de Paris avec la certitude
A Auxerfe seulement, elle avait appris la
cruelle vérité.
Et .M' Villemur, qui était une de ces
femmes .fortes qu'on trouve aux heures de
douleur, s'-étalt mise en route sur-le-champ.
Quand~a chaise de poste entra dans la
cour, un vieux domestique, ancien valet de
chambre du baron, accourut, recoanut M""
Villemuretlui dit:
–Madame vous attend avec une impa-
tience qui nous fait perdre la tête. A chaque
-Sheure, à chaque minute, elle demande après
Tous, madame.
M"" Vi!!emur descendit de voiture, prit
ses deux enfants par la main et suivit le
"vieux serviteur.
A huit heures du soir, ce vieux manoir de
RspyadsaMoh interdite aux jomnaux qui n'ont
pas traite avec ta Société des Gens de teHres.
tiens hanovriennes et danoises n'étaient
contenues que par un vaste déploiement de
forces, qu'on pouvait jeter une sorte de déu
a l'Europe, et se lancer dans une guerre
contre la France? w
Le roi ne se laissa point ébranler. M. de
Bismark déclara alors qu'il croyait n'avoir
plus qu'à se retirer. Son dévouement était
sans limites; mais on ne pouvait lui deman-
der d'accepter devant l'Europe, devant la
nation prussienne, et il pouvait dire devant
la postérité, la responsabilité d'une résolu-
tion au bout ce laquelle il apercevait ~a
ruina de l'œuvre qui avait usé ses forces~et
sa vie. Il demandait donc au roi la permis-
sion de se retirer pour quelques jours dans
ses terres; si le roi croyait devoir tenir
compte des considérations qui venaient de
lui être exposées, son fidèle ministre revien-
drait immédiatement à son poste, sinon il
resterait en Poméranie a prendre le repos
absolu dont il'avait un besoin impérieux.
M. de Bismark partit, donc sans bruit,
mais emmenant en Poméranie ses équipages
et ses gens, comme un homme qui n'est
point sûr de revenir. Le ton que prirent
aussitôt vis-a-vis de la France les journaux
ofScieux de Berlin trahit seul les idées qui
dominaient la cour.
Cependant, la communication annoncée
fut faite; elle fut reçue par un sous-secré-
taire d'Etat qui se renferma dans une réser-
ve absolue,.justiSant son silence par l'ab-
sence de son chef. Il fallut prendre un parti.
Les démarches personnelles de la reine Vic-
toria et de l'empereur de Russie ramenèrent
la perplexité dansl'espritduroi. La dernière
surtout fut un sujet de surprise et de préoccu-
pation l'attitude et le langage du prince
Gortchakofi, au début du démêlé, n'avaient
nullement fait prévoir l'insistance et la fer-
meté des représentations que l'empereur de
Russie adressait à son oncle, pour lequel il
a toujours professé inuniment de respect et
de déférence..
Les ministres, habitués a la direction fer-
me et résolue de M. de Bismark se mon-
traient pleil-s d'incertitude et d'hésitations,
ils ajoutaient, par leur embarras, à la per-
plexité du roi. M. de Bismark fut mandé
un conseil de cabinet fm tenu aussitôt après
son arrivée, et l'acceptation de la confé
rencey fut décidée, avec des réserves sui'S-
santes pour ne rien engager définitivement,
àûn de donner satisfaction à l'Europe, sans
enlever au roi la plénitude de~sa liberté
d'action.
Une rupture qui semblait imminente, et
qui aurait été irrévocable, a donc été ainsi
ctcjurée. Si M. de Bismark veut employer
la même énergie à poursuivre une solution
pacifique, les eHbrts de la Conférence de
Londres ne seront pas infructueux. Mais le
premier ministre de Prusse ne croira-t-il pas
sa conscience dégagée et son honneur sauf
après l'om'e qu'il a faite, de sa démission ?
Ne se croira-t-il pas autorisé a servir désor-
mais une volonté qu'il a combattue, mais
qu'il n& peut.espérer de faire toujours plier?
Il ne manque point, d'ailleurs, de gens qui
voient partout des nnesses et des habiletés,
et qui aiment assez peu M. de Bismark pour
penser qu'après s'être mis en règle vis-a-vis
de la diplomatie européenne par une retraite
simulée, il ne songera qu'a reconquérir les
bonnes grâces de son roi par l'énergie de sa
conduite et l'audace de ses entreprises.
Il n'est pas sans intérêt, dans les circon-
stances actuelles, de déterminer avec préci-
sion quelle a été l'attitude des diverses puis-
sances pendant lesnégociations auxquelles a
déjà donné lieu la question de Luxem-
bourg.
Planche-Mibray aval t. quelque chose d'aus-
tère, de solennel, presque de'sinistre.
On eût dit que le nouveau malheur qui
venait de frapper la -vieille demeure avait
étendu comme un large crêpe de deuil sur
les arbres du parc, les tour.elles en bri-
ques, les toits couverts d'ardoises etiea
statues de marbre disséminées dans le jar-
din.
Ce grand vestibule, dont les murs étaient
couverts de vieilles armures et de trophées
de chasse, parut plus sombre encore que
de coutume à M"~ Villemur.
Les deux enfants se serrèrent contre elle
avec un sentiment de muet effroi, lorsque
le pas lourd du serviteur retentit sur les j
dalles de ce même vestibule, éveillant des
échos lugubres en leur sonorité.
Enfin il ouvrit à deux battants la porte du
fond, qui était celle du grand salon et il an-~
nonça. IA"°° Villemur.
M~" de Planche-Mibray, vêtue de noir
comme au lendemain de la mort de soné-
poux, se leva alors du coin de la haute che-
minée a manteau sculpté, où elle était as-
sise.
Farouche et sinistre en sa douleur, elle
s'avança vers M~" Yillemur d'un pas égal
et calme, lui tendit la main, ne prononça
pas un mot et l'entraîna avec elle auprès du
feu.
Puis; elle embrassa les deux petites Elles
avec une sorte d'effusion ûévreuse.
Etcefut.tout.
Elle ne pleurait pas, elle ne parlait pas.
Son visage brun de gitana avait pris des
tons de cire ses lèvres rouges étaient un
peu décolorées ses grands yeux d'un bleu
sombre avaient ce .morne rayonnement qui
accuse une douleur sans bornes.
Pendant plus d'une heure, elle ne pro-
nonça que des mots brefs, des phrases cour-
tes et hachée's, évitant de prononcer le nom
de celui qui emplissait son cœur tout entier,
Elle s'occupa des enfants qu'elle accabla
de caresses, elle remercia M~, Villemur
d'être venae.
Puis enfin, elle lui dit
Allez coucher vos chérubins mon
amie, et revenez, nous causerons.
Et quand, peu après, M"~ YiHemur, qu'ef-
frayait cette douleur sans éclats, fut reve-
i~ue au salon, M~° de Planche-Mibray lui
prit la main et lui dit d'une voix brève et
situante
Dès que l'Angleterre a pu se convaincre
que ni l'indépendance ni le territoire de la
Belgique n'étaient en jeu, l'attitude de cet-
te puissance a été immédiatement très ami-
cale pour la France. Lecabinet angiais s'est
prononcé le premier avec la plus grande
netteté et du ton le plus ferme en faveur du,
droit de'Ia France, ou plutôt contre lespré-
tentions de la Prusse.
L'Autriche a montré d'abord quelque hé-
sitation. Très désireuse de ne heurter en
rien l'opinion publique de l'Allemagne, elle
aurait voulu éviter de se prononcer; mais
dès qu'elle fut mise en demeure de le faire
par le cabinet de Berlin lui-même, qui es-
pérait tirer parti de cette situation, ei!e se
déclara de la façon la plus catégorique
contre l'interprétation que la Prusse enten-
dait donner aux traités de 1839. La note a-
dresséepar le cabinet de Vienne à l'ambas-
sadeur d'Autriche à Berlin fut aussi.claire
et aussi concluante que possible.
La question de Luxembourg trouva la cour
de Russie fort divisée. Le prince Gortcha-
koQ', subordonnant tout aux affaires d'O-
rient, et uniquement préoccupé du concours
à obtenir de la Prusse et du proGt à tirer
d'un cortuit entre les puissances occidenta-
les, laissa percer des tendances manifeste-
ment favorables a la Prusse, et donna ses
premières démarches uncaractèrë de bien-
veillance marquée paur les prétentions du
cabinet de Berlin; mais dès que les négocia-
tions revêtirent un caractère plus sérieux et
qu'i] devint nécessaire de prendre une réso-
lution, l'intervention personnelle et directe
de l'empereur Alexandre II modiSa cette
attitude de la diplomatie moscovite. Le
conseil de l'Empire fut consulté et se rsn-
gea complètement a l'avis du souverain, qui
crut devoir fortiEer,parune lettre autogra-
phe au roi de Prusse, la communication que
le ministre des affaires étrangères fut char-
gé de transmettre à Berlin.
C'est ainsi que les trois puissances arri-
vèrent, l'une après l'autre, a reconnaître ~t
à constater la justice des réclamations de la
France, la modération de ses demandes et
le peu de fondement des prétentions de la
.Prusse. ')-
L'acceptation de la conférence par le ca-
binet de Berlin a un double objet
Ne point irritercontre la Prusse l'opinion
européenne;
Gagner du temps pour amener, de gré ou
de force, l'Allemagne du Sud a prendre
parti pourîaPmsse.
Ce dernier point est d'une importance ca-
pitale pour le cabmet de Berlin.
En effet, il ne peut plus se faire illusion
sur les dispositions des grandes puissances
à son égard :tout cequ'I) peut attendre
d'elles c'est la neutralité il ne peutplus es-
pérer qu'aucune d'elles prenne parti pour
lui.
H ne veut pas, cependant, se trouver seul
à seul en face de la France. H veut entraî-
ner dans sa querelle l'AlIemagne"du Sud,
pour accroitre ses forces militaires, et obli-
ger la France ~diviser les siennes, en com-
battant sur deux champs de bataille: en
Souabe et en Westphalie.
L'Allemagne du Sud n'a rien a gagner
dans cette querelle que la Prusse cherche a
la France elle servirait de champ de ba-
taille aux belligérants, et les succès de la
Prusse aggraveraient sûrement sa servi-
tude.
Ne point prendre part à la guerre, tel est
le vœu des gouvernements et des popula-
tions deT~Uemagnë du Sud.
Malheureusement la Prusse invoque les
traités d'alliance qu'elle a imposés en août
1868 pour exiger des préparatifs militaires
et des levées de troupes.
–'IIestmort!
Mais dit M~ Yillemur eh trem-
blant, qui sait? peut-être. il me semb)e
quel'onm'a dit. que.jusqu'aprésent.
on n'avait pas retrouvé. son corps.
Il est mort, répéta la baronne avec
conviction, mort assassiné..
–Mais. par qui? 9
Cette question fut l'étincelle qui tombe
sur un baril de poudre.
Soudain, M~" dePIanche-Mibray se dres-
sa pâte, étincelante, terrible
Par qui ? dit-elle, vous me demandez
par qui ? Ne l'avez-vous donc pas deviné ?
j~me Y~gjjlur sentit un nom monter deson
cœur à ses lèvres mais ce nom, elle ne le
prononça pas.
.S'était celui de ce misérable Léon de Vil-
lenave.
La baronne continua:
Mais par ces hommes qui me poursui-
vent, par ces bohémiens qui disent que je
suis de leur race.
Oh! 6tM~ Yillemursunbquéë.
–Et ils ont raison, poursuivit M~de
Planche-Mibray qui avait rejeté en arrière
sa belle tête aux yeux ardents et sa cheve-
lure d'ébène qui s'était dénouée et tombait
en boucles confuses sur ses épaules; ils ont
raison, voyez-vous, de dire que je suis une
bohémienne
J'en ai douté d'abord maintenant je
n'en doute plus.
D'abord, prosternée devant cette Provi-
dence inûexible qui m'a frappée, j'ai cru
pouvoir me résigner.
Folle en ma douleur, j'ai voulu couper
mes cheveux, couvrir ma tête de cendres,
ensevelir ma vie dans un cloître et attendre
que Dieu m'appelât pour me réunir a mon
chermort.
Mais soudain, ce sang de gitana qui
coule en mes veines s'est pris à bouillonner
sourdement d'abord, puis avec des colères
tempétueuses, et le mot de vengeance a
brûlé mes lèvres, incendié mon cœur, éteint
mon amour..
Je suis bohémienne! r
C'est-à-dire que la famme du monde, la
chrétienne, n'existent plus en moi.
Le sang oriental que j'ai en moi, parle
plus haut que cette civilisation menteuse au
milieu de laquelle j'ai vécu.
Je veux le venger
La Bavière a essayé d'endormir les exi-
gences prussiennes en rendant au cabinet
de Berlin des services diplomatiques. ËHe
a allégué l'indigencede son trésor et l'épui-
sement de ses populations pour ne pas met-
tre son armée sur le pied de guerre mais
e!!eaenvoyé;un de ses diplomates exposer
doctement au cabinet de Vienne les mérites
8~Ï!t~anc~ prussteMt~ e~ la~aôeesMté-de
ressusciter la grande Allemagne.
Ce plaidoyer infructueux sufnra-t-il aux
yeux de la Prusse?. On en peut douter quand
on voit ce qui.se passe en Wurtemberg.
Ce dernier Etat avait refusé net d'armer,
et, sur son insistance, la conférence mili-
taire de Stuttgard avait renvoyé au mois
d'octobre les mesures à prendre pour intro-
duire la discipline et l'armement à la prus-
sienne dans les troupes de l'Allemagne du
Sud. M. de Bismark a mandé Berlin M. de
Varabuhler, ministre dirigeant de Wurtem-
berg, et l'efncacité de ses conseils, quel-
ques-uns disent de ses menaces, a bientôt
éclaté. Une crise ministérielle s'est produite
en Wurtemberg, et troi? membres du cabi-
net, dont !e ministre de la guerre, ont fait
place à des hommes de tendances prus-
siennes.
Le temps que la Prusse vient de gagner
en acceptant la Conférence, elle va l'em-
ployer à peser sur les gouvernements .du
Sud, pour obtenir la disposition de toutes
leurs forces.
!-e S9c?6!â.f& do ia rëdaotMa.
E. BABER.
~ÊCBES TELESMPE~UES S
asÉRtQUEDUSUD
Southampton, 28 avril, soir.
Le paquebot le TiMne est arrivé ce soir avec la
malle des Indes occidentales et 483,373 dollars.
La question de paix pu de guerre, entre l'Espa-
gne et les républiques du Sud, est encore indécise.
Au Chiti, il est probable que l'administration ac-
tuelle accepterait une médiation; mais au Pérou on
craint qu'une acceptation n'amené une révolution.
Au Guatemala, l'insurrection avait été compri-
mée sans eSusionde.sang.
J~BLETEME
LondrM,28avril.
L'0:ËC8 Reuter publie les nouvelles suivantes
K On mande de Vienne que la France a accepté
la conférence sur la base de la neutralisation du
Luxembourg. D'âpres des avis de Paris, la Prusse
aurait également accepté. Une entente est donc en
perspeotive. La conférence se réunira à Londres. »
6RËCE
Marseille,!8avril.
Le vapeur hellénique PatrM, retardé par le
mauvais temps, est arrivé ce matin. Le roi des Hel-
lènes a refusé les honneurs militaires. Il est des~
cendu au Grand-Hôtel de Marseilte. S. M. après
avoir assisté à l'ofiice divin, à l'église grecque, a
reçu de nombreux négociants appartenant à la na-
tionalité grecque. S. H. repartira ce soir même
pour Paris.
(~~KOe .~t!f.M-BMMM'.)
ltt~tü7's~5~~iiL POLITIQUE
La commission chargée dé l'examen de
la loi sur l'armée et sur la garde nationale
mobile a tenu aujourd'hui une séance im-
portante, a laquelle 'ont assisté MM. le mi-
nistré d'Etat, le maréchal ministre de la
guerre, le ministre présidant le conseil
d'Etat, le général'AUard. La commission a
dû faire connaître le projet définitif adopté
par elle. D'importantes modifications ont été
apportées à l'oeuvre primitive émanant du
conseil d'Etat. Nous croyons savoir, entre .J
autres points, que la commission a main-
II me faut la vie de ces: hommes qui ont
tué Manuel, il me la faut
Et, en effet, M" dePlanche-Mibray était
véritablement devenue bohémienne en par-
lant ainsi, e.t M~ Villemur la considérait
avee une espèce d'enroj..
–Mais, se hasarda-t-elle a dire~ avez-
vous donc une preuve, un indiœ?
J'ai les battements de mon eœur,.ré-
pondit la baronne avec un accent de haine
sauvage.
-Ainsi, vous accuseriez cet homme ?
–Oui.
'–Fanfreluche, le'format?
Non, diMa baronne, ce n'est pas lui,
c'est l'autre.
–Munito?
–Oh'j'en suis sûre.
Et M"" de Planche-MIbray se promenait
à travers legrand salon du château, d'un
pas saccadé, s'arrêtant parfois brusque-
ment pour regarder un portrait de M. de
PIanche-Mibray, qui se trouvait entre les
deux croisées, –comme si elle eût voulu
demander une seconde fois conseil et "pro-
tection au défunt.
j~ma Villemur respectait cette douleur de
lionne qui se traduisait maintenant par des
emportements terribles.
Tout à coup la baronne vint se placer de-
vant elle et lui dit
Oui, c'est Munito le saltimbanque,
Munito le bohémien. C'est le misérable
qui a causé autrefois la mort de ma mère.
Aussi il me faut sang pour sang avec lui.
Mais cet homme est donc ici ? s'écria
M~VIllemur/
Cette question Et tressaillir M~° de PIan-
che-Mibray des pieds à la tête et soudain
elle baissa la voix, un tremblement nerveux
parcourut tout son corps.
Ecoutez, dit-elle tout bas.
Et elle se pencha sur M~° Villemur, com-
me si elle eût craint que les murs de cette
vaste salle n'eussent des oreilles indiscrètes.
Ecoutez, reprit-elle, comme vous j'ai
cru que le meurtrier était Fanfreluche. On
l'a accusé; on m'a confrontée ave~Iùi. Il a
demandé a m'entretenir en particulier, et il
m'a prouvé qu'il était étranger au crime.
Mais vous a-t-il dit que l'assassin
était Munito?
Non.
La baronne baissa la voix plus encore, et
,etendanUa main
tenu en dernière analyse les trois amende-
ments qui ont fait l'objet de ses premières
objections Vote annuel du contingent
loi spéciale pour l'appel de la garde nationa-
le mobile;–suppression de l'exonération.
Quelques autres points ont leur valeur.
Le chim'e de l'armée–au complet–serait
porté à 800,000 hommes.
Le service serait pour la première partie
du contingent de Sans dans l'armée entière,
de 4 dans la réserve; pour'Ia seconde par-
tie, de 4 dans la réserve, de 5 dans la garde
nationale mobile.
La faculté de se marier sans autorisation
serait accordée aux soldats de la réserve
pendant leurs trente derniers mois de ser-
vice. Cette faculté serait absolue pour la
garde nationale mobile.
Le remplacement par substitution de nu-
méro ou par présentation d'un remplaçant
agréépar le conseil du régiment sera rétabli.
Le remplacement existerait aussi pour la
garde nationale mobile, mais indépendant
du premier remplacement.
Les réserves pourraient être appelées sous
les armes par simple décret, mais séparé-
ment..Le Corps législatif devrait être con-
sulté en cas de levée en massedes réserves.
La garde nationale mobile ne pourrait être
appelée qu'en vertu d'une loi.
D'autres dispositions accessoires règlent
Jes questions de discipline et l'organisation
des cadres de la garde nationale mobile.
Ce corps, auxiliaire de l'armée active, se
composera çomme se composaient les corps
détachés d'après la loi de '!831
° des célibata!res de-20 a 30 ans;
3° des veufs sans enfants
3° des mariés sans enfants;
4° des mariés avec enfants
5° des veufs avec enfants.
Cette dernière catégorie n'existait pas
dans la loi de 83') d'abord indiquée par le
gouvernement, elle avait été supprimée par
la-Chambre des députés, sur la proposition
de la commission.
La loi serait exécutoire à partir du 4 °''
janvier ~868, ce qui lui donnerait bien le
caractère d'une loi d'avenir, que le gouver-
nement a toujours prétendu lui conserver.
En un seul point, cette loi se trouvera créer
une situation mixte c'est en ce qui tou-
che la durée de présence sous les drapeaux
des soldats actuellement au service. La loi
nouvelle ne pouvant avoir d'eNet rétroactif,
laissera à ces hommes la faculté de choisir,
après cinq ans révolus de service, soit de
faire encore deux ans d'activité, soit d'en
faire quatre de réserve.
L'7
sident du conseil..
Ces entretiens se rattachent évidemment Î
aux résolutions que pourrait avoir prêchai-
Bernent à prendre le cabinet italien vis-à-vis f
des questions extérieures.
Revenons en quelques mots sur l'article
de la Gs~e~e saa?onMe que nous avons publié
hier.
Cet article n'est pas un article de polémi- 1
que, ma!S un acte d'accusation contre la (
Prusse, contre sa politique et ses ministres, f
contre son passé et son avenir. 1
L'historique des dijfïérends qui se sont
élevés en Allemagne depuis quiuze ans n'a
jamais été écrit avec plus d'amertume. Les i
Etats secondaires insultés, l'Autriche atta- (
quée, les souverains dépouillés, la Prusse ]
ennn accusant aujourd'hui les autres Etats (
de préparer des armements, tandis qu'elle 1
seùte médite de pousser jusqu'au bout ses
ambitions qui menacent l'AMemagne tout
entière; tout cela, rappelé sous une forme t
–Vous voyez cette fendre, n'est-ce pas?
–-Oui.
Il y a deux jours, j'étais assise auprès.
Une table était devant moi, et sur cette ta-
ble une lampe. Tout à coup, il me sembla
que quelque chose de brûlant pesait sur
moi..
Je levai la tête, je regardai dans le jardin
par la fenêtre ouverte.
Au fond d'une touffe d'arbres brillaient
deux points lumineux qui étaient fixés sur
moi.
On eût dit une bête fauve, chacal, hyène
ou loup.
Mais ces-deux yeux braqués sur moi, et
dont je subis un moment l'épouvantable fas-
cination, c'étaient des yeux humains.
Je jetai un cri..
A ce cri, un homme .prit la fuite:,
'Je secouai le cordoa de toutes les son-
nettes.
J'appelaitôusiesddmestiques. J
Les gardes, les jardiniers, armés de fu<
sils, parcoururent le parc.
Quelque chose me disait que je venais de
voir l'assassin de Manuel.
On fouilla le jardin, le parc, les vignes
environnantes.
Toute la nuit mes gens furent sur pied et
je leur criais
Tirez, tirez sur lui comme sur une bête
fauve 1
On ne trouva rien, pas même des traces de
pas quand vint le jour.
La gendarmerie a été prévenue on a
battu de nouveau la forêt, on a fait des per-
quisitions partout, et on n'a rien trouvé.
Et cependant la nuit suivante, a la même
heure, les mêmes yeux se sont allumés dans
l'ombre, et un.homme a de nouveau pris la
fuite. Cet homme, c'est Munito. Lui seul
peut regarder comme ça.
-Les gendarmes et mes gens eux-mêmes
prétendent que j'ai des hallucinations, mais
je sais bien que je l'ai vu, moi.
Et M"" de PIanche-Mibray se trouva de
nouveau en proie à une névreuse exalta-
tion..
M"~ Villemur essaya vainement de la
calmer.
La pauvre femme rêvait la vengeance; il
lui fallait tout le sang du bohémien Munito.
Une partie de la soirée s'écoula ainsi.
Puis il arriva pour la baronne ce qui ad-
vient toujours pour les gens surexcités.
f qui aura frappé nos lecteurs, sue la hame
et prédit la révolte. a
Remarquons, en passant, des apos trophes
telles que celle-ci et qui s'adressent à la
Prusse <( Peux-tu espérer que tes ennemis
vaincus oublieront l'opprobre qui vient de
toi?)) Notons aussi cette phrase qui est un
cri de vengeance « L'Allemagne pourrait
b;en se consoler des dangers qui la. mena-~ `
cent du coté de l'Ouest," si 'seulement '~1~
parvenait h son droit et à .la paix a l'in~ .~S
rieur.)) n
Voilà les sentiments qu'Inspire a Lcipz~ $~
et à Dresde une révolution que l'on a es\
sayé de représenter comme nationale; et
s'il en~est ainsi dans les pays qui conser-
vent encore l'ombre de leur indépendance,
quelle ne doit pas être l'impression publi-
que dans les Etats tels que le Hanovre dont
l'individualité a disparu dans la conquête
prussienne?
Nous avons parlé, d'âpres une dépêche
télégraphique adressée au y
Chambre de La Haye, relativement au
Luxembourg..
A propos de la discussion du budget des
aGaires étrangères, un député, M. Schim-
melpennink van der Oye, a déclaré qu'il
était heureux que les Interpellations faites
a la Grand'Chambre aient fourni aux minis-
tres (d'occasion délaver l'honneur du roi, si
indignement souillé par la Prusse alle-
mande. )) L'orateur a protesté avec force con-
tre les prétentions de l'Allemagne sur le
prétendu ensemble des territoires germani-
ques, et il a terminé en exprimant le vœu
que la question fût résolue par le démantè-
lement de la forteresse de Luxembourg et
la neutralisation de la province sous la sou-
veraineté indépendante du grand-duc.
Un autre membre de la Chambre, M. Van
Swinderen,a formulé l'espérance, «que le
ministre détruirait l'impression qui existe
toujours et d'après laquelle c'est lui qui au<
rait, le premier, mis la question luxembour-
geoisesurle tapis.)) »
C'est donc à cette provocation directe que
M. Van Zuylen vanNyeveIt a répondu dans
des termes très nets en ce qui touche sa
propre conduite, mais très réservés sur le
fond même de la question
Dans les circonstances actueltes, plus que ja-
mais/a-t-il dit, un'ministre des aCaires étrangères
est tenn à la plus'grande circonspection.
Quant à la question luxembourgeoise, M. Schim-
melpennink, après avoir déclaré que ~a Hollande
doit rester étrangère à ta question, a prononcé des
paroles en opposition avec cette décoration. C'est
à tort qu'il voudrait amenerlemini&tère à tan-
cer une protestation contre ce qui a été fait. Mais H
y a un point important à éclaircir ilS'agit de ce
qui a été dit par M. Van Swindereu, que c'est le
gouvernement hollandais qui aurait soulevé le pre-
mier cette question vis-à-vis d'une puissance étran-
gère. Je dois donner le démenti le plus formel a
cette allégation.
Nous savons donc par quil'aNaire n'a pas
été engagée, mais n6us,n'apprenons pas par
qui elle l'a été.
N'est-ce pas tout simplement par la po-
litique prussienne tendant à attirer toute la
Hollande dans la Confédération du Nord,
comme une suite de l'occupation par les
soldatsprussiens de la forteresse de Luxem-
bourg ?
La nouvelle que la neutralisation du ter-
ritoire luxembourgeois serait une des bases
de l'examen auquel doit se livrer la confé-
rence de Londres ne paraît pas avoir pro-
duit une impression favorable à Luxem-
bourg, si nous en jugeons par l'article sui-
vant du Zan~, du 3§ avril
Nous avons toujours pensé, depuis qne la ques-
tion luxembourgeoise a été posée, que notre réunion
Une sorte de prostration suivit sa folie
furieuse, une grande lassitude s'empara
d'elle et en6n, pour la première fois peut-
être depuis cinq jours, elle pleura.
Et quand elle eut pleuré, elle tendit la
main à la veuve et lui dit: `:
Rejoignez vos enfants, mon amie. J'ai
besoin d'être seule, maintenant que je puis
verser des larmes.
Elledemeuraseuledans ce vaste salon
aux peintures sombres, dont les murs é-
taient couverts de vieux .portraits de fa-
mille.
Assise auprès'd'une fenêtre ouverte, elle
regardait dans le parc.
Quelque chose lui disait qu'elle allait
vo.ir encore, tout à coup, ces deux yeux
briller comme des charbons ardents.
Soudain elle eut une de ces inspirations
que la haine suggère.
Il y avait dans un coin du salon une ca-
rabine de chasse a ~leux coups que le jardi-
nier avait laissée la huit précédente.
La baronne la prit et l'arma, revint auprès
de la fenêtre et éteignit la lampe qui se
trouvait sur sa table.
C'est moi qui vengerai Manuel, se dit-
elle.
Et, dans l'ombre elle attendit.
.Ses larmes ne coulaient plus, son cceur
battait régulièrement, et le sang-froid était
revenu à la bohémienne.
Une heure s'écoula.
Soudain M" de Planche-Mibray tressail-
lit.
Il lui sembla entendre un bruit de feuilles
froissées.
Etait-ce un oiseau de nuit qui s'envolait?
un lapin qui passait au travers d'une brous-
saille avec la rapidité d'une balle?
Ou bien était-ce une créature humaine
qui se glissait auprès de.Ia fenêtre?
M~" de Planche-Mibray, immobile, rete-
nait son haleté.
Tout à coup, dans le feuillage sombre,
deux points lumineux brillèrent comme des
lucioles.'
C'étaient les deux yeux de Munito, sans
doute, car M"~ de Planche-Mibray épaula sa
carabine et ajusta avec un sang-froid ter-
rible.
PONSON DU TERRAIL.
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