Titre : La Presse
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1867-04-09
Contributeur : Girardin, Émile de (1806-1881). Directeur de publication
Contributeur : Laguerre, Georges (1858-1912). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 09 avril 1867 09 avril 1867
Description : 1867/04/09. 1867/04/09.
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/03/2008
Mardi 9 avril 1B6?
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Mardi 9 avrU ~8.6~
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Toutcequtconcefnel'AdministrattohduJoarnatdbitÈtreadresséauGérant
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L'Adùimistrat:onserëservé!ed~t~~iÉ~~ i~daction des llnuonce~
PARïS,8 AVRIL 1867
1'ï~~
L~ ~JEST!M Ï~J 'm~R&;
ET'L'EURO~Ê~ ~L""
5,.
LesMpiicatiôns dohnéespàrTôrd~fanley
Ma Chambre des communes et par M. Van
Zuyten aux Etats généraux de Hollande, font
suftisammentconnaitre comment la question
du Luxembourg a été engagée, etécar~ent
toute idée qu'une pression quelconque ait
été exercée parla France sur le roi de Hol-
lande.
Le premier point qui ressort Nettement
du discours de lord Stanley, est la confir-
mation d'un fait que nous avons déjà établi
et dont on ne contestera pas l'importance. I!
n'y a pas eu de négociations secrètes pour-
suivies l'insu de l'Europe,.tout s'est traité
au grand jour. Sir Robert Peel, qui est un
ennemi passionné de tout ce qui est fran-
çais, a veufufa!me remonter jusqu~tu mois
d'octobre dernier les démarches de notre
gouvernement. C'est une erreur mani-
feste 'c'est au mois d'octobre que le roi de
HôHande, qui venait de refuser d'entrer
dans Ja Confédération du Nord, a voulu
constater qu'il avait recouvré la plénitude
desoa indépendance, et a demandé à la
Prusse de retirer ses troupes du Luxem-
Bo.urg. Le gouvernement français était en
dehors de cette contestation. Lord Stanley,
en face d& l'insistance de sir Robert Peel, a
é~acé, dan&ie&terjnes les plus forts que la
politesse lut permettait d'employer, qu'il
n'y avait eu rien de secret dans cette aSàire
duLuxembourg.
Que le refus opposé par la Prusse a la
jttste réclamation du roi de Hotlaode ait fait
jaaïtfe chez ce prince la pensée de renon-
cer à une possession qui pouvait 6tre pour
hH.ua. sujet de coQuitavéc un voisin puis-
~at et sans scrupujes, et qui pouvait atti-
jttf sar là Hollande les calamités et les hu-
!~tliations que la possession du Holstein a
Taiues au Danemark, nous n'en serions pas
Surpris. L'identité des situations créait l'i-
dentité des dangers. Lord Stanley a dit que
)e roi de Hollande S'était montré disposé a
céder !e grand-duché; il a ajouté que
M~aouyernement hollandais et la nation
hollandaise n'attachaient pas une grande
ieipOrtaitce &u maintien de l'union avec
lé Luxembourg. M. Van Zuyien est allé
beaucoup p!us jpia que le ministre an-
glais II ha pas hésité à déclarer, sans
rencontrer de contradicteurs au sein des
Etats généraux, que la cessiondu Luxem-
hourg était désirable dans l'intérêt de la
jHoIlande. 11 n'a pas osé dire, mais il a clai-
rement laissé entendre, en parlant du Lim-
Bourg, que la Hollande avait tout a gagner
Xd'àvoirplusrien a démêler avec l'Alle-
magne.
Aiosi.doac, tout s~est passé au grand
jow, et, de fait, il n'y avait rien à cacher.
Le roi de Hollande a agi de son seul mou-
vement, dans sa pleine liberté, sans qu'au-
cune pression ait été exercée sur lui.
EaËQ.le gouvernement hollandais pro-
clame sa conviction que la cession du
Laxembourg ne porterait aucune atteinte ni
la dignité ni aux intérêts de la nation hol-
taBdaise.
.Reste le principal intéressé dans; la ques-
tion; savoir le peuple luxembourgeois.
Ses drot~ ont été complètement sauvegar-
dés 08 ne disposera pas de lui sans son
èonseotement. Nous apprenons, en effet,
par ledoùble tél~o~nage de lord Stanley et
dtM.Van Zuyien/que, dès le début des
pourparlers, le roi de Hollande a 'déclaré
que, si la négociation venait a s'Ouvrir, il
pèserait trois conditions
FEUILLETON DE LA ~~E~E j
DBSAVMt.iMI \j
jm AVUL i861'
<
j
''? "t~A.
mïï)jM M fLMCB~-B!BRH
PREMIÈRE PARTIE
_7 _XXI.. <
Tout cela fut l'htstoire de quelques se- 1
eondes.. ¡.
Terrassét Fanfreluche demanda grâce.
–Manuel, dit M°" de Planëhe-Mibray,
teyecue de son effroi, ne faites pas de mai
à cet homme, laissez-le se retever. i
M. de Ma'agevi~e cessa ~'appuyer son ge-
Bûusar la poitrine du vieillard et celui-ci ]
serédrëssa. ]
La lutte avait ~pu!së ses forces.
L'hercule d'autrefois n'était plus qu'un
pauvre vieillard, brisé de fatigue et hors
d'état de se défendre poutre un jeune hom-
me a donU'ameMr qu'il portait M~ de Plan- i
che-Bibray ava it tout à coup décuplé tes <
forces.
Fanfreluche regardait tour à tour' la jeune
femme encore bouleversée et Manuel ~ui pa- a
raissait ignorer qui il était et pourqu~f il ]
étaiti~ 1
Une réaction s'était faite chez lui tout à <
coup, s& fureur était tombée.
Maietenant il avait peur. ` w i j
Et conïment expliquer ce Eentimentbi- J
~rreAutrement que par l'amour immense
~u'il avait §U cœu'pour elle?
II avsnt peur d'être chassé, il avait peur i
d'étrebattu par l'ordre de celle qu'il s'ob-
sttMiULcroiresaJSne.
Ettlsemita geneux presque aussitôt et
dit d'cne voix suppliante:
.RepTOdastiOD interdite attx joarnaux qm n'oal
pas h'aité avec la Société des Gens de !et(res.
4" Une indemnité pécuniaire que M. Van
Zuyienqualine de minime;
3° Le consentement librement manifesté
des populations du Luxembourg;
3° L'adhésion des puissances et notam-
ment delà Trusse. 1
De .ces trois conditions, la première est
personnelle au roi, qui, .en sa qualité de
grand-duc, aune Hste civUe particulière et
possède un certain nombre de domaines.
:La troisième est dans l'intérêt de la Hol-
lande, que le roi ne voudrait point entraî-
ner dans des complications européennes.
La seconde et la plus importante, en réser-
yant aux populations le dernier mot dans la
question, rend la cession inattaquable au
point de. vue du droit populaire.
Si ieroi de Hollande, si ie peuple hol-
landais, si les habitants du -Luxembourg
sont satisfaits, qui donc aurait le droit de se
plaindre?
Voyons maintenant comment ce projet,
légitime dans son origine, dans sa conduite
et dans son accomplissement, est envisagé
par tes puissances..
H n'a rencontré d'objections que du côté
de la Prusse.
Sur que! terrain !a Prusse s'est-elle pla-
cée ?
Informé par le roi de Hollande des pour-
parlers qui avaient eu lieu, etqu'on portait à
sa connaissance avant d'ouvrir une négo-
ciation régulière, M. de Bismark n'a invo-
qué ni les droits de fa Confédération, qu'il
avait infirmés lui-même en déclarant éteint
le lien qui unissait le Limbourg l'AMema-
gne, ni les arrangements de '!8!5 il s'est
uniquement appuyé sur le traité de 1839.
Le cabinet de Herim a donc adr&ss~mtë.
note à tous les gouvernements signataires
du traité de 1839, pour leur demander leur
opinion sur la cession projetée, et savoir
s'iis ne voudraient pas donner au roi de
Hollande le censé:! de renoncer à ce projet.
Ainsi, la Prusse n'ayant pas de raisons
valables aoppuser à un projet qui la con-
trariait, voûtait y suppléer par une pres-
sion européenne qui se serai Lexercée sur le
roi de HoHande.
Quel accueil ont reçu ces ouvertures de la
Prusse?*
Lord Stanley nous apprend lui-même
qu'il a donné une réponse évasive, et il fait
connaître les deux fins de non-recevoir qu'il
a employées pour éviter d'exprimer un avis
quin'aurait pu êtreque d~sagréab'e à la
Prusse"
En eHét, le ministre anglais n'a point ca-
ché le fond de son.opinion. Le traité de
1839 a eu pour objet de garantir au roi de
HoDande personnellement la possession du
grand-duché de Luxembourg mais s'il piaît
à ce prince de renoncer à cette possession,
sur quoi les signataires du traité se fonde-
raient-ils pour y mettre obstacle? De l'enga-
gement qu'ils ont pris de maintenir le roi
de Hollande en possession du Luxembourg,
peuvent-ils faire dériver le droit de con-
traindre ce prince à garder malgré lui ce
territoire?
Lord Stanley ne s'est pas borné à cet ap-
pel aubon sens; il a raillé agréablement
sir Robert Peel qui invoquait l'appui de
l'Angleterre en faveur de l'AHemag~e me-
nacée. Le chef du Foreign Office pense
qu'après les énormes agrandissements de la
Prusse, l'Angleterre peut réserver son Intcr-.
vention en faveur de victimes plus intéres-
santes.
La réponse de l'Angleterre n'a donc pas
été conforme aux désirs de la Prusse. La
communication de M. de Bismark a-t-elle
trouvé ailleurs un meilleur accueil ? Sir Ro-
bert Peel, se fondant sur un télégramme
mensonger, fabrique par quelque agent
prussien a avancé et a voulu mainte-
nir que* le cabinet russe avait annoncé
l'intention de protester contre le projet
Pardonnez-moi, madame, j'ai été fou
je suis un misérable, pardonnez-moi.
Manuel regardait M" de Ptanche-Mibray ) 1
et sembfaii. lui demander le mot de cette é- < 4
trange énigme.
Cet homme est le mari de ma mère,
dit-elle.. ]
.–Ah! Et Manuel:
Et i! comprit tout.
SHa baronne eût prononcé ces mots ~e j I
mart de ma mère avec l'accent irnté qu'elle
ayait tout a l'heure, Fanfreluche se fût dit < (
coup sûr
–E!Ie me renie!
Mais elle disait cela simplement, sans i
colère, avec conviction. ]
Et, se redressant, les cheveux hérissés, ]
l'œi! hagard, le vieux forçat recula en jetant
ua cri
––Mais vous n'êtes donc pas.dit-il.
vous n'êtes donc pas.
Ce mot, qui ne pouvait sortir de ses !è- a
vres, la baronne le prononça
Je vous jure, dit-e]ie, que je ne suis
pas votre fille, et je vous en donnerai la <
preuve. <
La preuve f.
Oui. quand vous voudrez. i
Il jeta un nouveau cri; puis il couvrit son <
visage de ses deux mains, et il sembla que
quelque chose se brisait dans sa poitrine, ]
tant le sanglot qui s'en échappa fut immense
et déchirant.
.Et, se remettant a genoux
–Oh dit-i), vous ne me chasserez pas
ainsi sans m'avoir entendu. sans m'avoir ]
pardonné mon audace. car je suis coupa-
blé à vos yeux, n'est-ce pas, madame? J'ai
osé croire. j'ai osé vous donner un nom. .v
~Ah si j'avais su que je n'avais pas de
nile, croyez-vous que j'aurais quitté le j
bagne? -? j
Croyez-vous que j'aurais vécu vingt an-
nées de misère et d'infamie, soutenu par
une espérance?
J'ai été coupable, j'ai vers61e&ang,on
m'a frappé. on m'a châtié.
Mais, au milieu de mes. tortures, et tandis
que le châtiment s'appesantissait sur moi,
une voix s'élevait au fond de mon cœur qui
me disait
a Espère tu as une 611e
de cession. Lord Stanley, avec cette ironie
froide qui est particulière ànosvoisins, s'est
félicité d'apprendre de la bouché de sir Ro-
bert un fait dont il n'avait absolument au-
cune connaissance et dont il entendait par-
ler pourra première, fois.
Il n'a jamais été question d'aucune ob-
jection de la part du cabinet de Vienne. On
peut donc dire que l'interprétation que la
-Btts&« a voulu donner au traité de j 839. n'a
été partagée par aucune puissance.
M. Van Zuylen a annoncé aux Etats géné-
raux que le gouvernement hollandais avait
:renoncéà transformer'en une négociation
où il serait partie les pourparlers dont le
Luxembourg a été l'objet. Lord Stanleya
dit qu'une déclaration en ce sens lui avait
'été faite par le ministre des Pays-Bas a Lon-
dres. Il est donc Inexact qu'un traité de ces-
sion ait été conclu, car il ne pourrait être
nus à néant,et quH soit question d'en con-
clure un.
Le traité de ') 839 ne mettant aucun ob-
istacle, de l'avis de l'Europe, à une cession
!du Luxembourg par le roi grand-duc ce
prince et le gouvernement français pour-
raient passer outre aux objections de la
Prusse, et conclure entre eux un traité dont
la Prusse ne pourrait empêcher ~exécution
qu'a ses risques et périls. Il n'en sera point
ainsi les .déclarations faites à La Haye et à
Londres en donnent la certitude.
En résulte-t-H qu'il n'y a plus de question
du Luxembourg? Lord Stanleya émis un
avis contraire et il ne pouvait se faire illu-
sion à cet égard.
La question que nous appellerons territo-
riale est ou close ou au moins suspendue
~ih~ate 'M~trs tme gestion de dro!t et une
question internationale.
Quand !ë Luxembourg faisait partie de
la Confédération germanique, la garni-
son était fournie pour un quart par le
roi de Hollande et pour trois quarts par
le contingent prussien la dépense était
supportée par la Confédération entière.
La Confédération est morte,' le Luxembourg
est libre, il ne fait pas partie de la nouvelle
alliance, et M. de Bismark a réconnu son
droit à n'en pas faire partie. Pourquoi le
'contigent prussien continue-t-il à occuper
Luxembourg ? Le roi de Hollandes deman-
dé à la~ Prusse d'évacuer Luxembourg,
et la Prusse, en refusant cette évacuation,
méconnaît l'Indépendance et la souverai-
neté du roi grand-duc.
Voila la -question de droit elle Intéresse
tous les faibles qui ont un voisin puissant.
Voici la question internationale
Luxembourg, forteresse fédérale, rele-
vait, comme nous l'avons déjà fait obser-
ver, de la Diète germanique. Le canon'n'en
pouvait être tiré que par un ordre venu de
La Haye ou de Francfort. Nous avons eu
la guerre avec l'Autriche sans l'avoir
avec la Con~edéra~n germanique de mê-
même nous pouvions avoir la guerre avec
la Prusse sans l'avoir avec la Confédération.
Cet état de choses n'existe plus, et, si les
prétentions du cabinet de Berlin étaient ad-
mises, Luxembourg ne serait plus désormais*
qu'une forteresse prussienne.
C'est là un fait nouveau, qui change notre
situation et qui peut nous être dommagea-
ble. 11 ne peut être indiiférent à là France
d'avoir, à quelques lieues de sa frontière,
une forteresse prussienne de plus, au lieu
d'une place neutre.
Les raisons que les feuilles prussiennes
invoquent pour garder le Luxembourg dé-
montrent à quel point l'intérêt de la Fran-
ce est engagé. Un travail spécial sur
l'importance stratégique du Luxembourg
a paru dans un journal de Berlin. Met-
on en avant futilité de Luxembourg
pour là défense de l'Allemagne. Aucune-
ment, et on ne l'oserait faire en présence 1
Je croyais avoir une Elle, comprenez-
vous, madame ? Et le bâton des argousins
tombait sur mes épaules sans les meurtrir,
et ma chaîne était moins lourde, et je me
disais
((Peut-être ma6t!e est heureuse ~Qu'im-
porte alors que je sounre? ))
Et puis, un jour, on est Venu me dire
« Ta 611e est belle, ta cIJe est riche. ta
alleest la plus heureuse des femmes. ))
Alors, madame, j'ai lutté, j'ai combattu.
oh! bien longtemps, al)ez!
D'abord, je me suis dit
«Certainement elle ignore où je suis elle
me croit mort. Et j'oserais, moi, le forçat,
paraître devant elle Non non, restons au
ba~ne!)) »
Mais ensuite je songeais à elle, et me di-
rais encore
Oh! que je voudrais la voir!
Et ce désir ardent s'est emparé de moi, il
a rempli mon cœur, il est devenu ma vie
tout entière..
On me disait bien a Tù~niraspar avoir
ta grâce)); mais quand? et je voulais voir
celle que je croyais ma fille.
Je me suis évadé, madame. Ah! vous ne
saurez jamais au prix de quelle persévéran-
ce, de quels dangers, de quellesffatigues.
J'ai marché presque nuit et jour, fuyant
les grands chemins, évitant les villes etie~
villages, couchant dans les bois, sur ta ter-
te humide, mendiant mon pain, et souvent 't
endurant les tortures de la faim, car je n'o-
sais pas tendre la main au premier venu.
Et tout cela, madame, pafce que je croyais~
avoir une aile
Et des larmes brûlantes inondaient son
visage amaigri et bronzé par le soleil.
M~"° de PIanche-Mibray et Manuel de Mau-
geville le regardaient avec une douloureu-
se compassion et n'osaient l'interrompre.
––Ah! dit-il encore, si vous saviez tout
ce que j'ai éprouvé de joie et d'épouvanté,
en même temps, quand je suis arrivé ce
matin, au point du jour, et que, traversant
Coulanges, J'ai vu se dresser h mes côtés les
toureDcs de votre château!
Si vous m'aviez vu marcher, avec mes
pieds enflés, à travers les vignes, m'arrê-
tant à chaque pas, tant mon émotion était
grande!
de là longue ligné de forteresses ëcbeion-
'néesdansIavaMéeduRhin.
OnMt valoir uniquement l'extrême uti-
lité do Luxembourg pour prôner MKe tnrc-
~~de~j~anee.
Les stratégistes prussiens exposent que
deux armées prussiennes, dont l'une se di-
rigerait sur Mézières et l'autre sur Metz, ne
pourraient communiquer ensemble, si
Lq~mbourg était aux~mains de la France.
St; au contraire, Laxembocrg demeureMa
Prusse, il suffit aune armée prussienne de
masquer Metz par un corps détaché, pour
pouvoir ~'avancer sans obstacle jusqu'au
.cœur de la Champagne.
En face de cette argumentation des jour-
naux de Berlin, qu'on ose dire qu'un grand
intérêt français n'est pas engagé dans cette
question.
La Prusse veut garder ouverte pour l'in-
vasion de la France ta route que Brunswick
suivit en 93, et Luxembourg est la clé de
cette route.
La France a donc I&.drolt et le devoir de
soumettre cette question à l'Europe, et de de-
mander aux puissances, si, après les événe-
ments de l'été dernier qui ont si considéra-
blement- accru la force agressive de la Prus-
se, !a présence d'une garnison prussienne
à Luxembourg n'est pas une menace pour
sa sécurité..
La France est d'autant mieux fondée à
.provoquer l'examen de cette question que
la Prusse, qui veut garder Luxemboug mal-
gré le roi de Hollande, s'est déjà fait céder
par le grand-duc de Messe le droit d'occuper
Mayence, qui commande le cours moyen du
Rhin et qu'elle convoite déjà Rastadt, à
quelques lieues de Strasbourg.
Comme Luxembourg et Mayence Rastadt
était forteresse fédérale, le grand-duc de
Bade se refuseà supporter lesdépenses d'en-
trétien qu'entraine cette place. La Prusse,
au nom des mêmes intérêts qu'elle met en
avant pour les deux premières, viendra-t-
ellé s'établir aussi dans cette troisième for-
resse?Au lieu d'avoir à nos frontières une
Confédération purement défensive, dont les
forces ne pouvaient être mises en mouve-
msnt que par l'accord d'une trentaine de
souverains, verrons nous une puissance
belliqueuse qui ne dissimule pas ses vues
ambitieuses, nous étreindre dans un réseau
de camps retranchés?
Notre gouvernement ne pouvait donner a
dé pareils essais un lâche acquiescement. Il
fait acte de prévoyance en appelant sur ce.tte
situation l'examen de l'Europe, et le patrio-
tisme national le soutiendra.
CUCHEVAL-CLARIGNY.
_Un journal du Luxembourg, l'C/nt'pn, se
dit officiellement autorisé à publier les
deux dépêches suivantes
La Haye, 4 avril, 8 h. du soir.
Rien n'est décidé; les aSaires prennent une tour-
nure favorable à la conservation de notre autono-
mie.
LaHaye,8avh),iIh.a7m.dumatin.
MèmesituatLn.
Faisons remarquer que, dans l'état ac-
tuel des choses, 1 autonomie du Luxem-
bourg semble un peu altérée par la présence
de soldats prussiens dans la forteresse.
On assure qu'à l'ouverture de la séance
de ce jour, une demande d'interpellations
relative à l'aSairedu Luxembourg doit être
déposée par M. Berryer ou par M. Thiers.
On s'attend à ce que M. le ministre d'Etat
saisisse cette occasion de donner au Corps
législatif des explications qui seront, dit-
on, de nature à rassurer l'opinion publique.
f. Au début de la séance d'aujour-
d'hui, deux demandes d'interpellations ont
été déposées, l'une par M. Thiers et l'autre
Et lorsque j'ai été dans l'avenue. et que
je vous ai vue, montant à cheval.
Oh! pardonnez-moi, madame, pardonnez-
moi, acheva-t-i! en sanglotant.
La jeune femme avait senti, elle aussi,
ses yeux s'emplir de larmes.
Cependant elle se taisait.
Cet homme n'avait-il pas versé le sang de
son père et de sa mère?
Tout à coup Fanfreluche se releva
Madame, dit-il d'une voix plus calme
et comme s'il eût pris une résolution subite,
je vais quitter cette maison. Quand !e jour
viendra, je serai bien loin. J'aurai dépas-
sé Auxerre. Je marcherai jusqu'à ce que
je rencontre des gendarmes sur-ta route.
Alors, je me livrerai & eux et je retourne-
rai au bagne, où je mourrai tranquille, car
je n'ai p!us qu'à mourir maintenant.
Il prononça ces derniers' mots avec cette
simplicité qui est la preuve d'une résolution
inébranlable.
Mais M"°~ de Pianehe-Mibray, jusqu'alors
muette, tremblante, émue, posa sa main
sur l'épaule du vieillard et lui dit:
Non, vous ne retournerez pas au bagne.
–Pourquoi donc? balbutia-t-il.
–Parce que je vous cacherai jusqu'au
jour où j'aurai obtenu votre grâce.
Vous 1
Et il la regarda avec une sorte d'enroi
subit.
EUe poursuivit
H n'appartient pas à une nlle de juger
sa mère; mais_elle peut pardonner en son
nom. Au nom de ma mère, je vous par-
donne 1
Fanfreluche retomba a genoux, tout d'un
bloc, tout d'une pièce.
On eût dit un chêne -déraciné par la fou-
dre.
Un moment, il demeura prosterné devant
cette femme qui venait de prononcer le mot
de pardon, te front appuyé sur les dalles, et
n'osant affronter la calme majesté de sonr
regard.
Mais elle le releva et lui dit avec bonté
Je vous ai pardonné.
Et el!e lui laissa prendre sa main qu'il
porta à ses lèpres et couvrit de ses larmes.
Maintenant, mon ami, acheva-t-elle,
par M. Lambrecht au sujet de-la-question du
duché de Luxembourg. ;g,BAU$R.
E.BÀCBR.
SESSION DE 1867
~QRP~ LÉGtS~ATtP
jEa[;cw
~RÉSIDENCE DE S. EXC. M. SCHNEtDER
M. nB )K onné l'ordre de vous faire connaître les circons-
'ances au milieu desquelles est née la question du
grand-duché du Luxembourg et la situation actuelle
de cette affaire.
Le gouvernement français, dominé par la con-
viction profonde que les intérêts véritables et per-
manents de la France sont dans la conservation de
la paix de l'Europe, n'apporte dans ses relations
internationales, que des .pensées d'apaisement.
Aussi n'a t-il pas soulevé spontanément la question
dugrjnd-duché.
La position indécise du Limbourg et du Luxem-
bourg a déterminé une communication du cabinet
de La Haye au gouvernement français. Les deux
souverains ont été appelés ainsi à échanger leors
vues sur la possession du Luxembourg.
Ces pourparlers d'ailleurs n'avaient pris aucun
caractère officie), lorsque consulté parie roi des
Pays-Bas sur-ces dispositions. le cabinet de Berlin
a invoqué les stipulations du traité de -)839.
Fidèles aux principes qui ont cons~amment di-
rigé notre politique, nous n'avons .jamais compris
la possible de cette acquisition de/territoire que
sous trois conditions:
Le consentement libre du grand-duc du Luxem-
bourg.
L'examen loyal des intérêts des grandes puis-
sances
Le voeu des populations manifesté par le suBrage
universel.
Nous sommes donc disposés à examiner, de con-
cert avec les autres cabinets de l'Europe, les clau-
ses du irai té de 1839.
Nous apporterons dans cet examen le plus entier
esprit de concifiation, et nous croyons fermement
que la paix de l'Europe ne saurait être troublée par
cet incident.
R~Df'fnfQ 'P~T~fS%Dn!
ut.rttLaho iMihuRArm~U&B
6uIR!CHE
Vienne, 8 avril.
Les bruits d'un remaniement du ministère, pour
les provinces en deçà de la Leitha, sont prématu-
rés. Il n'y aura de.changement que lorsque les
Diè)esde la Bohême, de la Moravie et de la Car-
niole seront closes. Le ministëre prépare une loi
pour l'introduction du jury dans la législation au-
trichienne.
B~tÊRE
Munich, 8 avril.
La GajM!fe de BaMt'gfe constate que le roi avait
le projet de faire un voyage de quatre semâmes~
mais qu'il y a renoncé définitivement, à cause de
la tournure plus grave que prennent les événe-
ments politiques.
RUSS)E
Saint-Pétersbourg, 7 avril.
On litdans le /owfM? de Sa!'nC-P~fM!'OMny
En présence des jugements prématurés des jour-
naux russes au sujet de la vente de l'Amérique
russe, nous ne pouvons que dire qu'il s'agit d'une
transaction avantageuse pour les deux parties et
respectant les droits acquis.
Le but est probablement de favoriser ks ports
de la Sibérie orientale, d'améliorer la situation des
colonies et donner satisfaction aux intérêts politi-
ques et commerciaux des deux pays datis l'océan
Pacifique.
TuRQUiE
Constantinople, 7 avril, soir.
Omer-Pacha part pour Candie. Hussein-Pacha
ira probablement en Thessalie.
(~eneeR
(Voir plus loin les dernières dépêches.)
que tout ce qui vient de passer soit un éter-
nel secret entre nous.
Vivez ici. Et bien que je ne sois pas
votre fille, je' prendrai soin de votre vieil-
lesse..
En disant ces mots, elle nt signe au vieil-
lard de se recoucher, et elle sortit du pavil-
lon, appuyée sur le bras de Manuel de Mau-
gevIUe qui disait
–Marthe, vous êtes un ange!
XXII
Trois jours s'étaient écoulés.
Fanfreluche n'avait pas quitté le petit
pavillon du jardin.
Les gens du château n'avaient rien su de
la scène poignante que nous venons de ra-
conter, et là baronne, tout en faisant pren-
dre des nouvelles du vieillard, en recom-
mandant qu'on ne !e laissât manquer de
rien, la baronne, disons-nous, n'était pas
revenue le voir.
Fanfreluche ne s'était .point étonné de
cetteabstention.
Il comprenait bien que la n)Ie de celle
qu'il avait assassinée, nepouyaitle voirsans
répulsion.
Maintenant, comment la baronne n'étàit-
elle pas sa fille ? w
A l'époque où il avait tué sa femme et
l'amant de sa femme, la petite avait deux
outroisans.
Mais ces paroles de M"" de PIanche-Mi-
bray, prononcées avec conviction « Je suis
la Nie de M. de Maugeville! )) avaient il-
luminé le cerveau bouleversé du pauvre sal-
timbanque et fait appel a un lointain sou-
venir..
Il s'était souvenu de Tarascon, du bel of-
E'cier de hussards qui courtisaitsa maîtresse,
car il n'avait point encore, à cette époque,
épousé la bohémienne.
CebeIofScier, c'était M. de Maugevillè,
l'homme qu'il devait assassiner plus tard a
Auxerre.
Et Fanfreluche, courbant -la tête, avait
murmuré:
Puisqu'elle me l'a dit, il faut bien que
celasoitvrai! 1
DèsIo]'s,ilS'étaMtrés!§né.
''jf~~ ~a
jmoNï~~pm?~ `'.`~F 'k
s~' ;`~ç ~=1
L'Avenir natinrtal a reçu de son c 1~` N
L'~emt?' na(t~a~ a reçu de son co~~e~~
dant de Londres, la dépêche suivante:~
Une note-circulaire de M. de Bismark arrive à
l'instant; elle est courtoise. M. de Bismaric désire
la paix; il espère qu'eHe.pourra être;.maintenue.
Cependant, il déclare qu'obligé de compter, avec les
susceptibilités allemandes, it ne cédera passer là
question chtLuMmbonrg. ;r
Quefaut~Il entendre ici par la question du
Luxembourg? M. de Bismark a déclare que
la confédération nouvelle du Nord n'avait
aucun droit Dr sur Je territoire du grand-
duché, ni sur la forteresse. SI ces déclara-
rations deviennent la base de la politique du
cabinet de Berlin, que reste-t-il de la ques-
tion duLuxembourg?
Une dépêche télégraphique de Berlin an-
nonce qu'hier a été tenue à l'Alhambra une
réunion populaire dans laquelle on a adopté,
à une grande majorité, des résolutions por-
tant que le Luxembourg ne doit jamais être
séparé de l'Allemagne, et que le devoir du
peuple allemand est d'agir de toutes ses
forces pour quecetteprovince soit réunie le
plus tôt possible a l'Allemagne. La réunion
s'est prononcée contre l'idée de faire voter
la population du Luxembourg.
Les démocrates allemands peuvent se don-
ner, s'ils le veulent, la satisfaction de dé-
monstrations semblables. La France ne s'en
préoccuperait que le jour où efle trouverait
dans la politique ofncielle ,de là Prusse la
trace des sentiments qui les inspirent. M. de
Bismark a déclare devant le Parlement fé-
déral que le Luxembourg n'était pas un~ ter-
ritoire allemand. Dans l'état actuel des cho-
ses, se laissera-t-il imposer une opinion dif-
férente par une reunion populaire? Ce qui
doit le moins surprendre, c'est devoir dés
patriotes allemands, réunis à l'Alhambra, °
repousser l'idée d'un appel au suSrage des
populations du Luxembourg. Si l'on avait
voulu tenir compte du vœu national, beau-
coup des choses qui se sont accomplies de-
puis un an au-delà du Rhin n'auraient cer-
tainemeotpaseulieu.
®
Une dépêche de Florence, 8 avril, nous
apprend qu'après des négociations qui sem-
blaient avoir abouti hier après-midi, mais
qui auraient été rompues dans la soirée,
M. Rattazzi était parvenu ce matin à consti-
tuer le nouveau ministère.
Le cabinet, d'après cette dépêche, serait
ainsi composé:
MM. Rattazzi & l'intérieur; Ffrreraaux
finances; général Thaon de Revel à la guerre;
Pescetto à la marine Correnti à l'instruc-
tion publique Venosti-Venosta aux affaires
étrangères.
Il restait encore a pourvoir aux départe-
ments de la justice et de l'agriculture. Des
oSres avaient été faites' à MM. Tecchio et
Cambray-Digny on attendait )eur réponse,
et on ne paraissait pas douter de leur ac-
ceptation. y
L'/taKe nous apporte quelques détails sur
les pourparlers qui avaient été sur le point
de réussir tier. r
Dans cette première combinaison, M. Rat-
tazzi était président et ministre des anaires
étrangères, M. Ferrera avait les finances, M.
Crispi la justice, Revel la guerre; M. Pes-
cetto la marine, M. Ferraris l'agriculture, et
M. Correnti l'instruction publique.
Le soir, M. Crispi fit échouer cette com-
binaison en écrivant à M. Rattazzi qu'il ne
pouvait accepter que le ministère de l'inté-
rieur s'il voulait conserver l'appui de ses
amis à la Chambre. M. Rattazzi ne crut pas
devoir adhérer à cette proposition, et tout
fut ainsi remis en question. La retraite de
Cet homme qui, pendant six mois, n'a-
vait eu qu'une préoccupation, sortir du ba-
gne pour rejoindre celle qu'il croyait sa
611e, n'avait plus maintenant qu'un but,
qu'un désir Y retourner 1
A lui qui n'avait plus d'enfant, plus de
famine, à lui !e forçat et le maudit, it fal-
lait la famille du bagne, c'est-à-dire les
compagnons de chaîne, les gens vêtus .com-
me lui de la livrée de l'infamie.
Au bout de trois jours il était remis de
ses fatigues et se sentait vaillant et léger.
Prendre congé de M°~ de Planche-Mibray,
il n'y fallait pas songer.
EUe lui avait pardonné, elle voudrai cer-
tainement le retenir.
Pourtant il était sans ressources.
Comment retourner au bagne ?
Comment entreprendre une -seconde fois,
sans un sou, cette longue marche de plus
d'un mois?
Mais FanMuche avait son plan.
Maintenant qu'il était reposé, maintenant
qu'il avait bu et mangé a sa soif, il pouvait
se remettre en route, cheminer, avec un
morceau de pain dans sa poche, tout un
long jour et une nuit encore, dépasser
Auxerre, gagner Joigny, c'est-à-dire aller
assez loin pour qu'on ne sût pas qu'il avait"
reçu l'hospitalité a Planche-Mibray.
La, il se ferait arrêter et l'Etat pourvoi-
rait à son rapatriement au bagne.
Donc, dans la nuit du troisième jour,
Fanfreluche se glissa hors de son lit, en-
trouvrit les persienhes du pavillon et se mit
examiner les croisées du château.
Une seule était encore éclairée.
C'étaitpeut-etre celle delà baronne.
Et le pauvre saltimbanque se mit acon-
templer cette lumière, comme le marin per-
du sans boussole sur une mer inconnue re-
garde l'étoile polaire.
Mais ennnelle s'éteignit, cette lumière.
Alors un dernier soupir s'échappa de la
poitrine du vieillard.
Allons! se dit-il, l'heure est venue.
Et il pritson bâton, se glissa hors du pa-
villoa, gagna une brèche du parc ouverte
sur les vignes, et se mit en route d'un pas
ferme, sans retourner la tête en arrière.
PONSON DU TERRÀIL.
SMS (B~n<~).i6~'
e~tMX~NM~~ ~UF hl0NTR9ARTRE'
Mardi 9 avrU ~8.6~
n 3MO!S(P~se~r(eNeat~Se!M) ~~M<.
MMMES, S. PL CE BOURSE, Et 7, ttUË COMER~
Toutcequtconcefnel'AdministrattohduJoarnatdbitÈtreadresséauGérant
_r -ID!8
WWM. ww~w~w.w~ ~nnuHw~ M~r~t u& Mt Muunw6$ ~t ~< *x"f'K
L'Adùimistrat:onserëservé!ed~t~~iÉ~~ i~daction des llnuonce~
PARïS,8 AVRIL 1867
1'ï~~
L~ ~JEST!M Ï~J 'm~R&;
ET'L'EURO~Ê~ ~L""
5,.
LesMpiicatiôns dohnéespàrTôrd~fanley
Ma Chambre des communes et par M. Van
Zuyten aux Etats généraux de Hollande, font
suftisammentconnaitre comment la question
du Luxembourg a été engagée, etécar~ent
toute idée qu'une pression quelconque ait
été exercée parla France sur le roi de Hol-
lande.
Le premier point qui ressort Nettement
du discours de lord Stanley, est la confir-
mation d'un fait que nous avons déjà établi
et dont on ne contestera pas l'importance. I!
n'y a pas eu de négociations secrètes pour-
suivies l'insu de l'Europe,.tout s'est traité
au grand jour. Sir Robert Peel, qui est un
ennemi passionné de tout ce qui est fran-
çais, a veufufa!me remonter jusqu~tu mois
d'octobre dernier les démarches de notre
gouvernement. C'est une erreur mani-
feste 'c'est au mois d'octobre que le roi de
HôHande, qui venait de refuser d'entrer
dans Ja Confédération du Nord, a voulu
constater qu'il avait recouvré la plénitude
desoa indépendance, et a demandé à la
Prusse de retirer ses troupes du Luxem-
Bo.urg. Le gouvernement français était en
dehors de cette contestation. Lord Stanley,
en face d& l'insistance de sir Robert Peel, a
é~acé, dan&ie&terjnes les plus forts que la
politesse lut permettait d'employer, qu'il
n'y avait eu rien de secret dans cette aSàire
duLuxembourg.
Que le refus opposé par la Prusse a la
jttste réclamation du roi de Hotlaode ait fait
jaaïtfe chez ce prince la pensée de renon-
cer à une possession qui pouvait 6tre pour
hH.ua. sujet de coQuitavéc un voisin puis-
~at et sans scrupujes, et qui pouvait atti-
jttf sar là Hollande les calamités et les hu-
!~tliations que la possession du Holstein a
Taiues au Danemark, nous n'en serions pas
Surpris. L'identité des situations créait l'i-
dentité des dangers. Lord Stanley a dit que
)e roi de Hollande S'était montré disposé a
céder !e grand-duché; il a ajouté que
M~aouyernement hollandais et la nation
hollandaise n'attachaient pas une grande
ieipOrtaitce &u maintien de l'union avec
lé Luxembourg. M. Van Zuyien est allé
beaucoup p!us jpia que le ministre an-
glais II ha pas hésité à déclarer, sans
rencontrer de contradicteurs au sein des
Etats généraux, que la cessiondu Luxem-
hourg était désirable dans l'intérêt de la
jHoIlande. 11 n'a pas osé dire, mais il a clai-
rement laissé entendre, en parlant du Lim-
Bourg, que la Hollande avait tout a gagner
Xd'àvoirplusrien a démêler avec l'Alle-
magne.
Aiosi.doac, tout s~est passé au grand
jow, et, de fait, il n'y avait rien à cacher.
Le roi de Hollande a agi de son seul mou-
vement, dans sa pleine liberté, sans qu'au-
cune pression ait été exercée sur lui.
EaËQ.le gouvernement hollandais pro-
clame sa conviction que la cession du
Laxembourg ne porterait aucune atteinte ni
la dignité ni aux intérêts de la nation hol-
taBdaise.
.Reste le principal intéressé dans; la ques-
tion; savoir le peuple luxembourgeois.
Ses drot~ ont été complètement sauvegar-
dés 08 ne disposera pas de lui sans son
èonseotement. Nous apprenons, en effet,
par ledoùble tél~o~nage de lord Stanley et
dtM.Van Zuyien/que, dès le début des
pourparlers, le roi de Hollande a 'déclaré
que, si la négociation venait a s'Ouvrir, il
pèserait trois conditions
FEUILLETON DE LA ~~E~E j
DBSAVMt.iMI \j
jm AVUL i861'
<
j
''? "t~A.
mïï)jM M fLMCB~-B!BRH
PREMIÈRE PARTIE
_7 _XXI.. <
Tout cela fut l'htstoire de quelques se- 1
eondes.. ¡.
Terrassét Fanfreluche demanda grâce.
–Manuel, dit M°" de Planëhe-Mibray,
teyecue de son effroi, ne faites pas de mai
à cet homme, laissez-le se retever. i
M. de Ma'agevi~e cessa ~'appuyer son ge-
Bûusar la poitrine du vieillard et celui-ci ]
serédrëssa. ]
La lutte avait ~pu!së ses forces.
L'hercule d'autrefois n'était plus qu'un
pauvre vieillard, brisé de fatigue et hors
d'état de se défendre poutre un jeune hom-
me a
che-Bibray ava it tout à coup décuplé tes <
forces.
Fanfreluche regardait tour à tour' la jeune
femme encore bouleversée et Manuel ~ui pa- a
raissait ignorer qui il était et pourqu~f il ]
étaiti~ 1
Une réaction s'était faite chez lui tout à <
coup, s& fureur était tombée.
Maietenant il avait peur. ` w i j
Et conïment expliquer ce Eentimentbi- J
~rreAutrement que par l'amour immense
~u'il avait §U cœu'pour elle?
II avsnt peur d'être chassé, il avait peur i
d'étrebattu par l'ordre de celle qu'il s'ob-
sttMiULcroiresaJSne.
Ettlsemita geneux presque aussitôt et
dit d'cne voix suppliante:
.RepTOdastiOD interdite attx joarnaux qm n'oal
pas h'aité avec la Société des Gens de !et(res.
4" Une indemnité pécuniaire que M. Van
Zuyienqualine de minime;
3° Le consentement librement manifesté
des populations du Luxembourg;
3° L'adhésion des puissances et notam-
ment delà Trusse. 1
De .ces trois conditions, la première est
personnelle au roi, qui, .en sa qualité de
grand-duc, aune Hste civUe particulière et
possède un certain nombre de domaines.
:La troisième est dans l'intérêt de la Hol-
lande, que le roi ne voudrait point entraî-
ner dans des complications européennes.
La seconde et la plus importante, en réser-
yant aux populations le dernier mot dans la
question, rend la cession inattaquable au
point de. vue du droit populaire.
Si ieroi de Hollande, si ie peuple hol-
landais, si les habitants du -Luxembourg
sont satisfaits, qui donc aurait le droit de se
plaindre?
Voyons maintenant comment ce projet,
légitime dans son origine, dans sa conduite
et dans son accomplissement, est envisagé
par tes puissances..
H n'a rencontré d'objections que du côté
de la Prusse.
Sur que! terrain !a Prusse s'est-elle pla-
cée ?
Informé par le roi de Hollande des pour-
parlers qui avaient eu lieu, etqu'on portait à
sa connaissance avant d'ouvrir une négo-
ciation régulière, M. de Bismark n'a invo-
qué ni les droits de fa Confédération, qu'il
avait infirmés lui-même en déclarant éteint
le lien qui unissait le Limbourg l'AMema-
gne, ni les arrangements de '!8!5 il s'est
uniquement appuyé sur le traité de 1839.
Le cabinet de Herim a donc adr&ss~mtë.
note à tous les gouvernements signataires
du traité de 1839, pour leur demander leur
opinion sur la cession projetée, et savoir
s'iis ne voudraient pas donner au roi de
Hollande le censé:! de renoncer à ce projet.
Ainsi, la Prusse n'ayant pas de raisons
valables aoppuser à un projet qui la con-
trariait, voûtait y suppléer par une pres-
sion européenne qui se serai Lexercée sur le
roi de HoHande.
Quel accueil ont reçu ces ouvertures de la
Prusse?*
Lord Stanley nous apprend lui-même
qu'il a donné une réponse évasive, et il fait
connaître les deux fins de non-recevoir qu'il
a employées pour éviter d'exprimer un avis
quin'aurait pu êtreque d~sagréab'e à la
Prusse"
En eHét, le ministre anglais n'a point ca-
ché le fond de son.opinion. Le traité de
1839 a eu pour objet de garantir au roi de
HoDande personnellement la possession du
grand-duché de Luxembourg mais s'il piaît
à ce prince de renoncer à cette possession,
sur quoi les signataires du traité se fonde-
raient-ils pour y mettre obstacle? De l'enga-
gement qu'ils ont pris de maintenir le roi
de Hollande en possession du Luxembourg,
peuvent-ils faire dériver le droit de con-
traindre ce prince à garder malgré lui ce
territoire?
Lord Stanley ne s'est pas borné à cet ap-
pel aubon sens; il a raillé agréablement
sir Robert Peel qui invoquait l'appui de
l'Angleterre en faveur de l'AHemag~e me-
nacée. Le chef du Foreign Office pense
qu'après les énormes agrandissements de la
Prusse, l'Angleterre peut réserver son Intcr-.
vention en faveur de victimes plus intéres-
santes.
La réponse de l'Angleterre n'a donc pas
été conforme aux désirs de la Prusse. La
communication de M. de Bismark a-t-elle
trouvé ailleurs un meilleur accueil ? Sir Ro-
bert Peel, se fondant sur un télégramme
mensonger, fabrique par quelque agent
prussien a avancé et a voulu mainte-
nir que* le cabinet russe avait annoncé
l'intention de protester contre le projet
Pardonnez-moi, madame, j'ai été fou
je suis un misérable, pardonnez-moi.
Manuel regardait M" de Ptanche-Mibray ) 1
et sembfaii. lui demander le mot de cette é- < 4
trange énigme.
Cet homme est le mari de ma mère,
dit-elle.. ]
.–Ah! Et Manuel:
Et i! comprit tout.
SHa baronne eût prononcé ces mots ~e j I
mart de ma mère avec l'accent irnté qu'elle
ayait tout a l'heure, Fanfreluche se fût dit < (
coup sûr
–E!Ie me renie!
Mais elle disait cela simplement, sans i
colère, avec conviction. ]
Et, se redressant, les cheveux hérissés, ]
l'œi! hagard, le vieux forçat recula en jetant
ua cri
––Mais vous n'êtes donc pas.dit-il.
vous n'êtes donc pas.
Ce mot, qui ne pouvait sortir de ses !è- a
vres, la baronne le prononça
Je vous jure, dit-e]ie, que je ne suis
pas votre fille, et je vous en donnerai la <
preuve. <
La preuve f.
Oui. quand vous voudrez. i
Il jeta un nouveau cri; puis il couvrit son <
visage de ses deux mains, et il sembla que
quelque chose se brisait dans sa poitrine, ]
tant le sanglot qui s'en échappa fut immense
et déchirant.
.Et, se remettant a genoux
–Oh dit-i), vous ne me chasserez pas
ainsi sans m'avoir entendu. sans m'avoir ]
pardonné mon audace. car je suis coupa-
blé à vos yeux, n'est-ce pas, madame? J'ai
osé croire. j'ai osé vous donner un nom. .v
~Ah si j'avais su que je n'avais pas de
nile, croyez-vous que j'aurais quitté le j
bagne? -? j
Croyez-vous que j'aurais vécu vingt an-
nées de misère et d'infamie, soutenu par
une espérance?
J'ai été coupable, j'ai vers61e&ang,on
m'a frappé. on m'a châtié.
Mais, au milieu de mes. tortures, et tandis
que le châtiment s'appesantissait sur moi,
une voix s'élevait au fond de mon cœur qui
me disait
a Espère tu as une 611e
de cession. Lord Stanley, avec cette ironie
froide qui est particulière ànosvoisins, s'est
félicité d'apprendre de la bouché de sir Ro-
bert un fait dont il n'avait absolument au-
cune connaissance et dont il entendait par-
ler pourra première, fois.
Il n'a jamais été question d'aucune ob-
jection de la part du cabinet de Vienne. On
peut donc dire que l'interprétation que la
-Btts&« a voulu donner au traité de j 839. n'a
été partagée par aucune puissance.
M. Van Zuylen a annoncé aux Etats géné-
raux que le gouvernement hollandais avait
:renoncéà transformer'en une négociation
où il serait partie les pourparlers dont le
Luxembourg a été l'objet. Lord Stanleya
dit qu'une déclaration en ce sens lui avait
'été faite par le ministre des Pays-Bas a Lon-
dres. Il est donc Inexact qu'un traité de ces-
sion ait été conclu, car il ne pourrait être
nus à néant,et quH soit question d'en con-
clure un.
Le traité de ') 839 ne mettant aucun ob-
istacle, de l'avis de l'Europe, à une cession
!du Luxembourg par le roi grand-duc ce
prince et le gouvernement français pour-
raient passer outre aux objections de la
Prusse, et conclure entre eux un traité dont
la Prusse ne pourrait empêcher ~exécution
qu'a ses risques et périls. Il n'en sera point
ainsi les .déclarations faites à La Haye et à
Londres en donnent la certitude.
En résulte-t-H qu'il n'y a plus de question
du Luxembourg? Lord Stanleya émis un
avis contraire et il ne pouvait se faire illu-
sion à cet égard.
La question que nous appellerons territo-
riale est ou close ou au moins suspendue
~ih~ate 'M~trs tme gestion de dro!t et une
question internationale.
Quand !ë Luxembourg faisait partie de
la Confédération germanique, la garni-
son était fournie pour un quart par le
roi de Hollande et pour trois quarts par
le contingent prussien la dépense était
supportée par la Confédération entière.
La Confédération est morte,' le Luxembourg
est libre, il ne fait pas partie de la nouvelle
alliance, et M. de Bismark a réconnu son
droit à n'en pas faire partie. Pourquoi le
'contigent prussien continue-t-il à occuper
Luxembourg ? Le roi de Hollandes deman-
dé à la~ Prusse d'évacuer Luxembourg,
et la Prusse, en refusant cette évacuation,
méconnaît l'Indépendance et la souverai-
neté du roi grand-duc.
Voila la -question de droit elle Intéresse
tous les faibles qui ont un voisin puissant.
Voici la question internationale
Luxembourg, forteresse fédérale, rele-
vait, comme nous l'avons déjà fait obser-
ver, de la Diète germanique. Le canon'n'en
pouvait être tiré que par un ordre venu de
La Haye ou de Francfort. Nous avons eu
la guerre avec l'Autriche sans l'avoir
avec la Con~edéra~n germanique de mê-
même nous pouvions avoir la guerre avec
la Prusse sans l'avoir avec la Confédération.
Cet état de choses n'existe plus, et, si les
prétentions du cabinet de Berlin étaient ad-
mises, Luxembourg ne serait plus désormais*
qu'une forteresse prussienne.
C'est là un fait nouveau, qui change notre
situation et qui peut nous être dommagea-
ble. 11 ne peut être indiiférent à là France
d'avoir, à quelques lieues de sa frontière,
une forteresse prussienne de plus, au lieu
d'une place neutre.
Les raisons que les feuilles prussiennes
invoquent pour garder le Luxembourg dé-
montrent à quel point l'intérêt de la Fran-
ce est engagé. Un travail spécial sur
l'importance stratégique du Luxembourg
a paru dans un journal de Berlin. Met-
on en avant futilité de Luxembourg
pour là défense de l'Allemagne. Aucune-
ment, et on ne l'oserait faire en présence 1
Je croyais avoir une Elle, comprenez-
vous, madame ? Et le bâton des argousins
tombait sur mes épaules sans les meurtrir,
et ma chaîne était moins lourde, et je me
disais
((Peut-être ma6t!e est heureuse ~Qu'im-
porte alors que je sounre? ))
Et puis, un jour, on est Venu me dire
« Ta 611e est belle, ta cIJe est riche. ta
alleest la plus heureuse des femmes. ))
Alors, madame, j'ai lutté, j'ai combattu.
oh! bien longtemps, al)ez!
D'abord, je me suis dit
«Certainement elle ignore où je suis elle
me croit mort. Et j'oserais, moi, le forçat,
paraître devant elle Non non, restons au
ba~ne!)) »
Mais ensuite je songeais à elle, et me di-
rais encore
Oh! que je voudrais la voir!
Et ce désir ardent s'est emparé de moi, il
a rempli mon cœur, il est devenu ma vie
tout entière..
On me disait bien a Tù~niraspar avoir
ta grâce)); mais quand? et je voulais voir
celle que je croyais ma fille.
Je me suis évadé, madame. Ah! vous ne
saurez jamais au prix de quelle persévéran-
ce, de quels dangers, de quellesffatigues.
J'ai marché presque nuit et jour, fuyant
les grands chemins, évitant les villes etie~
villages, couchant dans les bois, sur ta ter-
te humide, mendiant mon pain, et souvent 't
endurant les tortures de la faim, car je n'o-
sais pas tendre la main au premier venu.
Et tout cela, madame, pafce que je croyais~
avoir une aile
Et des larmes brûlantes inondaient son
visage amaigri et bronzé par le soleil.
M~"° de PIanche-Mibray et Manuel de Mau-
geville le regardaient avec une douloureu-
se compassion et n'osaient l'interrompre.
––Ah! dit-il encore, si vous saviez tout
ce que j'ai éprouvé de joie et d'épouvanté,
en même temps, quand je suis arrivé ce
matin, au point du jour, et que, traversant
Coulanges, J'ai vu se dresser h mes côtés les
toureDcs de votre château!
Si vous m'aviez vu marcher, avec mes
pieds enflés, à travers les vignes, m'arrê-
tant à chaque pas, tant mon émotion était
grande!
de là longue ligné de forteresses ëcbeion-
'néesdansIavaMéeduRhin.
OnMt valoir uniquement l'extrême uti-
lité do Luxembourg pour prôner MKe tnrc-
~~de~j~anee.
Les stratégistes prussiens exposent que
deux armées prussiennes, dont l'une se di-
rigerait sur Mézières et l'autre sur Metz, ne
pourraient communiquer ensemble, si
Lq~mbourg était aux~mains de la France.
St; au contraire, Laxembocrg demeureMa
Prusse, il suffit aune armée prussienne de
masquer Metz par un corps détaché, pour
pouvoir ~'avancer sans obstacle jusqu'au
.cœur de la Champagne.
En face de cette argumentation des jour-
naux de Berlin, qu'on ose dire qu'un grand
intérêt français n'est pas engagé dans cette
question.
La Prusse veut garder ouverte pour l'in-
vasion de la France ta route que Brunswick
suivit en 93, et Luxembourg est la clé de
cette route.
La France a donc I&.drolt et le devoir de
soumettre cette question à l'Europe, et de de-
mander aux puissances, si, après les événe-
ments de l'été dernier qui ont si considéra-
blement- accru la force agressive de la Prus-
se, !a présence d'une garnison prussienne
à Luxembourg n'est pas une menace pour
sa sécurité..
La France est d'autant mieux fondée à
.provoquer l'examen de cette question que
la Prusse, qui veut garder Luxemboug mal-
gré le roi de Hollande, s'est déjà fait céder
par le grand-duc de Messe le droit d'occuper
Mayence, qui commande le cours moyen du
Rhin et qu'elle convoite déjà Rastadt, à
quelques lieues de Strasbourg.
Comme Luxembourg et Mayence Rastadt
était forteresse fédérale, le grand-duc de
Bade se refuseà supporter lesdépenses d'en-
trétien qu'entraine cette place. La Prusse,
au nom des mêmes intérêts qu'elle met en
avant pour les deux premières, viendra-t-
ellé s'établir aussi dans cette troisième for-
resse?Au lieu d'avoir à nos frontières une
Confédération purement défensive, dont les
forces ne pouvaient être mises en mouve-
msnt que par l'accord d'une trentaine de
souverains, verrons nous une puissance
belliqueuse qui ne dissimule pas ses vues
ambitieuses, nous étreindre dans un réseau
de camps retranchés?
Notre gouvernement ne pouvait donner a
dé pareils essais un lâche acquiescement. Il
fait acte de prévoyance en appelant sur ce.tte
situation l'examen de l'Europe, et le patrio-
tisme national le soutiendra.
CUCHEVAL-CLARIGNY.
_Un journal du Luxembourg, l'C/nt'pn, se
dit officiellement autorisé à publier les
deux dépêches suivantes
La Haye, 4 avril, 8 h. du soir.
Rien n'est décidé; les aSaires prennent une tour-
nure favorable à la conservation de notre autono-
mie.
LaHaye,8avh),iIh.a7m.dumatin.
MèmesituatLn.
Faisons remarquer que, dans l'état ac-
tuel des choses, 1 autonomie du Luxem-
bourg semble un peu altérée par la présence
de soldats prussiens dans la forteresse.
On assure qu'à l'ouverture de la séance
de ce jour, une demande d'interpellations
relative à l'aSairedu Luxembourg doit être
déposée par M. Berryer ou par M. Thiers.
On s'attend à ce que M. le ministre d'Etat
saisisse cette occasion de donner au Corps
législatif des explications qui seront, dit-
on, de nature à rassurer l'opinion publique.
f. Au début de la séance d'aujour-
d'hui, deux demandes d'interpellations ont
été déposées, l'une par M. Thiers et l'autre
Et lorsque j'ai été dans l'avenue. et que
je vous ai vue, montant à cheval.
Oh! pardonnez-moi, madame, pardonnez-
moi, acheva-t-i! en sanglotant.
La jeune femme avait senti, elle aussi,
ses yeux s'emplir de larmes.
Cependant elle se taisait.
Cet homme n'avait-il pas versé le sang de
son père et de sa mère?
Tout à coup Fanfreluche se releva
Madame, dit-il d'une voix plus calme
et comme s'il eût pris une résolution subite,
je vais quitter cette maison. Quand !e jour
viendra, je serai bien loin. J'aurai dépas-
sé Auxerre. Je marcherai jusqu'à ce que
je rencontre des gendarmes sur-ta route.
Alors, je me livrerai & eux et je retourne-
rai au bagne, où je mourrai tranquille, car
je n'ai p!us qu'à mourir maintenant.
Il prononça ces derniers' mots avec cette
simplicité qui est la preuve d'une résolution
inébranlable.
Mais M"°~ de Pianehe-Mibray, jusqu'alors
muette, tremblante, émue, posa sa main
sur l'épaule du vieillard et lui dit:
Non, vous ne retournerez pas au bagne.
–Pourquoi donc? balbutia-t-il.
–Parce que je vous cacherai jusqu'au
jour où j'aurai obtenu votre grâce.
Vous 1
Et il la regarda avec une sorte d'enroi
subit.
EUe poursuivit
H n'appartient pas à une nlle de juger
sa mère; mais_elle peut pardonner en son
nom. Au nom de ma mère, je vous par-
donne 1
Fanfreluche retomba a genoux, tout d'un
bloc, tout d'une pièce.
On eût dit un chêne -déraciné par la fou-
dre.
Un moment, il demeura prosterné devant
cette femme qui venait de prononcer le mot
de pardon, te front appuyé sur les dalles, et
n'osant affronter la calme majesté de sonr
regard.
Mais elle le releva et lui dit avec bonté
Je vous ai pardonné.
Et el!e lui laissa prendre sa main qu'il
porta à ses lèpres et couvrit de ses larmes.
Maintenant, mon ami, acheva-t-elle,
par M. Lambrecht au sujet de-la-question du
duché de Luxembourg. ;g,BAU$R.
E.BÀCBR.
SESSION DE 1867
~QRP~ LÉGtS~ATtP
jEa[;
~RÉSIDENCE DE S. EXC. M. SCHNEtDER
M. nB )K
'ances au milieu desquelles est née la question du
grand-duché du Luxembourg et la situation actuelle
de cette affaire.
Le gouvernement français, dominé par la con-
viction profonde que les intérêts véritables et per-
manents de la France sont dans la conservation de
la paix de l'Europe, n'apporte dans ses relations
internationales, que des .pensées d'apaisement.
Aussi n'a t-il pas soulevé spontanément la question
dugrjnd-duché.
La position indécise du Limbourg et du Luxem-
bourg a déterminé une communication du cabinet
de La Haye au gouvernement français. Les deux
souverains ont été appelés ainsi à échanger leors
vues sur la possession du Luxembourg.
Ces pourparlers d'ailleurs n'avaient pris aucun
caractère officie), lorsque consulté parie roi des
Pays-Bas sur-ces dispositions. le cabinet de Berlin
a invoqué les stipulations du traité de -)839.
Fidèles aux principes qui ont cons~amment di-
rigé notre politique, nous n'avons .jamais compris
la possible de cette acquisition de/territoire que
sous trois conditions:
Le consentement libre du grand-duc du Luxem-
bourg.
L'examen loyal des intérêts des grandes puis-
sances
Le voeu des populations manifesté par le suBrage
universel.
Nous sommes donc disposés à examiner, de con-
cert avec les autres cabinets de l'Europe, les clau-
ses du irai té de 1839.
Nous apporterons dans cet examen le plus entier
esprit de concifiation, et nous croyons fermement
que la paix de l'Europe ne saurait être troublée par
cet incident.
R~Df'fnfQ 'P~T~fS%Dn!
ut.rttLaho iMihuRArm~U&B
6uIR!CHE
Vienne, 8 avril.
Les bruits d'un remaniement du ministère, pour
les provinces en deçà de la Leitha, sont prématu-
rés. Il n'y aura de.changement que lorsque les
Diè)esde la Bohême, de la Moravie et de la Car-
niole seront closes. Le ministëre prépare une loi
pour l'introduction du jury dans la législation au-
trichienne.
B~tÊRE
Munich, 8 avril.
La GajM!fe de BaMt'gfe constate que le roi avait
le projet de faire un voyage de quatre semâmes~
mais qu'il y a renoncé définitivement, à cause de
la tournure plus grave que prennent les événe-
ments politiques.
RUSS)E
Saint-Pétersbourg, 7 avril.
On litdans le /owfM? de Sa!'nC-P~fM!'OMny
En présence des jugements prématurés des jour-
naux russes au sujet de la vente de l'Amérique
russe, nous ne pouvons que dire qu'il s'agit d'une
transaction avantageuse pour les deux parties et
respectant les droits acquis.
Le but est probablement de favoriser ks ports
de la Sibérie orientale, d'améliorer la situation des
colonies et donner satisfaction aux intérêts politi-
ques et commerciaux des deux pays datis l'océan
Pacifique.
TuRQUiE
Constantinople, 7 avril, soir.
Omer-Pacha part pour Candie. Hussein-Pacha
ira probablement en Thessalie.
(~eneeR
(Voir plus loin les dernières dépêches.)
que tout ce qui vient de passer soit un éter-
nel secret entre nous.
Vivez ici. Et bien que je ne sois pas
votre fille, je' prendrai soin de votre vieil-
lesse..
En disant ces mots, elle nt signe au vieil-
lard de se recoucher, et elle sortit du pavil-
lon, appuyée sur le bras de Manuel de Mau-
gevIUe qui disait
–Marthe, vous êtes un ange!
XXII
Trois jours s'étaient écoulés.
Fanfreluche n'avait pas quitté le petit
pavillon du jardin.
Les gens du château n'avaient rien su de
la scène poignante que nous venons de ra-
conter, et là baronne, tout en faisant pren-
dre des nouvelles du vieillard, en recom-
mandant qu'on ne !e laissât manquer de
rien, la baronne, disons-nous, n'était pas
revenue le voir.
Fanfreluche ne s'était .point étonné de
cetteabstention.
Il comprenait bien que la n)Ie de celle
qu'il avait assassinée, nepouyaitle voirsans
répulsion.
Maintenant, comment la baronne n'étàit-
elle pas sa fille ? w
A l'époque où il avait tué sa femme et
l'amant de sa femme, la petite avait deux
outroisans.
Mais ces paroles de M"" de PIanche-Mi-
bray, prononcées avec conviction « Je suis
la Nie de M. de Maugeville! )) avaient il-
luminé le cerveau bouleversé du pauvre sal-
timbanque et fait appel a un lointain sou-
venir..
Il s'était souvenu de Tarascon, du bel of-
E'cier de hussards qui courtisaitsa maîtresse,
car il n'avait point encore, à cette époque,
épousé la bohémienne.
CebeIofScier, c'était M. de Maugevillè,
l'homme qu'il devait assassiner plus tard a
Auxerre.
Et Fanfreluche, courbant -la tête, avait
murmuré:
Puisqu'elle me l'a dit, il faut bien que
celasoitvrai! 1
DèsIo]'s,ilS'étaMtrés!§né.
''jf~~ ~a
jmoNï~~pm?~ `'.`~F 'k
s~' ;`~ç ~=1
L'Avenir natinrtal a reçu de son c 1~` N
L'~emt?' na(t~a~ a reçu de son co~~e~~
dant de Londres, la dépêche suivante:~
Une note-circulaire de M. de Bismark arrive à
l'instant; elle est courtoise. M. de Bismaric désire
la paix; il espère qu'eHe.pourra être;.maintenue.
Cependant, il déclare qu'obligé de compter, avec les
susceptibilités allemandes, it ne cédera passer là
question chtLuMmbonrg. ;r
Quefaut~Il entendre ici par la question du
Luxembourg? M. de Bismark a déclare que
la confédération nouvelle du Nord n'avait
aucun droit Dr sur Je territoire du grand-
duché, ni sur la forteresse. SI ces déclara-
rations deviennent la base de la politique du
cabinet de Berlin, que reste-t-il de la ques-
tion duLuxembourg?
Une dépêche télégraphique de Berlin an-
nonce qu'hier a été tenue à l'Alhambra une
réunion populaire dans laquelle on a adopté,
à une grande majorité, des résolutions por-
tant que le Luxembourg ne doit jamais être
séparé de l'Allemagne, et que le devoir du
peuple allemand est d'agir de toutes ses
forces pour quecetteprovince soit réunie le
plus tôt possible a l'Allemagne. La réunion
s'est prononcée contre l'idée de faire voter
la population du Luxembourg.
Les démocrates allemands peuvent se don-
ner, s'ils le veulent, la satisfaction de dé-
monstrations semblables. La France ne s'en
préoccuperait que le jour où efle trouverait
dans la politique ofncielle ,de là Prusse la
trace des sentiments qui les inspirent. M. de
Bismark a déclare devant le Parlement fé-
déral que le Luxembourg n'était pas un~ ter-
ritoire allemand. Dans l'état actuel des cho-
ses, se laissera-t-il imposer une opinion dif-
férente par une reunion populaire? Ce qui
doit le moins surprendre, c'est devoir dés
patriotes allemands, réunis à l'Alhambra, °
repousser l'idée d'un appel au suSrage des
populations du Luxembourg. Si l'on avait
voulu tenir compte du vœu national, beau-
coup des choses qui se sont accomplies de-
puis un an au-delà du Rhin n'auraient cer-
tainemeotpaseulieu.
®
Une dépêche de Florence, 8 avril, nous
apprend qu'après des négociations qui sem-
blaient avoir abouti hier après-midi, mais
qui auraient été rompues dans la soirée,
M. Rattazzi était parvenu ce matin à consti-
tuer le nouveau ministère.
Le cabinet, d'après cette dépêche, serait
ainsi composé:
MM. Rattazzi & l'intérieur; Ffrreraaux
finances; général Thaon de Revel à la guerre;
Pescetto à la marine Correnti à l'instruc-
tion publique Venosti-Venosta aux affaires
étrangères.
Il restait encore a pourvoir aux départe-
ments de la justice et de l'agriculture. Des
oSres avaient été faites' à MM. Tecchio et
Cambray-Digny on attendait )eur réponse,
et on ne paraissait pas douter de leur ac-
ceptation. y
L'/taKe nous apporte quelques détails sur
les pourparlers qui avaient été sur le point
de réussir tier. r
Dans cette première combinaison, M. Rat-
tazzi était président et ministre des anaires
étrangères, M. Ferrera avait les finances, M.
Crispi la justice, Revel la guerre; M. Pes-
cetto la marine, M. Ferraris l'agriculture, et
M. Correnti l'instruction publique.
Le soir, M. Crispi fit échouer cette com-
binaison en écrivant à M. Rattazzi qu'il ne
pouvait accepter que le ministère de l'inté-
rieur s'il voulait conserver l'appui de ses
amis à la Chambre. M. Rattazzi ne crut pas
devoir adhérer à cette proposition, et tout
fut ainsi remis en question. La retraite de
Cet homme qui, pendant six mois, n'a-
vait eu qu'une préoccupation, sortir du ba-
gne pour rejoindre celle qu'il croyait sa
611e, n'avait plus maintenant qu'un but,
qu'un désir Y retourner 1
A lui qui n'avait plus d'enfant, plus de
famine, à lui !e forçat et le maudit, it fal-
lait la famille du bagne, c'est-à-dire les
compagnons de chaîne, les gens vêtus .com-
me lui de la livrée de l'infamie.
Au bout de trois jours il était remis de
ses fatigues et se sentait vaillant et léger.
Prendre congé de M°~ de Planche-Mibray,
il n'y fallait pas songer.
EUe lui avait pardonné, elle voudrai cer-
tainement le retenir.
Pourtant il était sans ressources.
Comment retourner au bagne ?
Comment entreprendre une -seconde fois,
sans un sou, cette longue marche de plus
d'un mois?
Mais FanMuche avait son plan.
Maintenant qu'il était reposé, maintenant
qu'il avait bu et mangé a sa soif, il pouvait
se remettre en route, cheminer, avec un
morceau de pain dans sa poche, tout un
long jour et une nuit encore, dépasser
Auxerre, gagner Joigny, c'est-à-dire aller
assez loin pour qu'on ne sût pas qu'il avait"
reçu l'hospitalité a Planche-Mibray.
La, il se ferait arrêter et l'Etat pourvoi-
rait à son rapatriement au bagne.
Donc, dans la nuit du troisième jour,
Fanfreluche se glissa hors de son lit, en-
trouvrit les persienhes du pavillon et se mit
examiner les croisées du château.
Une seule était encore éclairée.
C'étaitpeut-etre celle delà baronne.
Et le pauvre saltimbanque se mit acon-
templer cette lumière, comme le marin per-
du sans boussole sur une mer inconnue re-
garde l'étoile polaire.
Mais ennnelle s'éteignit, cette lumière.
Alors un dernier soupir s'échappa de la
poitrine du vieillard.
Allons! se dit-il, l'heure est venue.
Et il pritson bâton, se glissa hors du pa-
villoa, gagna une brèche du parc ouverte
sur les vignes, et se mit en route d'un pas
ferme, sans retourner la tête en arrière.
PONSON DU TERRÀIL.
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