Titre : La Presse
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1867-03-16
Contributeur : Girardin, Émile de (1806-1881). Directeur de publication
Contributeur : Laguerre, Georges (1858-1912). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 16 mars 1867 16 mars 1867
Description : 1867/03/16. 1867/03/16.
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/03/2008
Samedi 16 mars M@7
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BUMMX B'MOtMEMEMT. )33, BUEH3NTHMTM
Samedi X@mars ~B7
~M(P~et~r[~Btde!aS9iM)i3~
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1 Tèat ce qmeoBcerBeI'Àdmmistfat~n~aJbamùê&jit être adressé au Gérant
11 Il ~<
'3~Âïi.n.é€),
L'Adanmstratt&Bseréserveiedroitdem~diËeriarédacHoadesAnncnces
Ce Numéro a an Supplément
Les abonnés:ROuyeauxoùt droit ~rece-
voir !a Chanteuse des fMes, par M. Armand
Lappirtte; ~~e Ger6ct,parM.A.E8parbié;
les ~mpMr~dc.passs~e; .par M. Georges Fath,
et toùt'ce qui a paru de la e/id~stHS de
fJaHc~~fay, par M.P~ Du TÉREAJL.
.PARIS, 16 MARS't867
LE N§COURSî)EM.TH!EiiS
La séance d'hier a rappelé les plus gran-
des journées de l'éloquence française. La
tribune a été vraiment cette fontaine dont
parle le grand poète italien et d'où se ré-
pand un si large Qeuve de paroles
Quf~ea'e
C/tSSpa~edt~aWofSt~r~o~tfmg.
L'honoraMeM.Thiers l'a occupée pendant 1t
près de quatre heures, sans lasser un in-
stant l'attention captivée de la Chambre.
Non, cet esprit merveilleux ne vieillit pas.
C'est bien toujours cette parole souple et
nerveuse, familière et puissante, où le dé-
tail abonde, mais pour se grouper ensuite
dans une savante harmonie. Seulement, il
'semble que lé temps lui ait ajouté de la gra-
vité, de l'autorité; et qu'elle, autrefois si inci-
sive et:si brûlante, ~lie se laisse maintenant
BéchiE sous une certaine émotion nouvelle.
Telle qu'elle est, elle enlace, elle enchaîne;
et si elle ne voua apmine pas, c'est qu'elle
vous, emporte aisément dans son 6er et Ji-
breëssor.
Le.discours prononcé hierparM.Tkiers
Mcomposë de deux parties la première
est unelarge page d'histoire, un pau froide `
peut-être comme le passé qui se ,lève
dans la mémoire des hommes pour témoi-
gner de la sagesse pu de l'imprévoyance du
présent la seconde est un chef-d'œuvre de
discussion publique; elle est rapide, lumi-
neuse, tout animée d'un soufue que le pa-
triotisme rendrait encore généreux, même
6'il s'égarait.
Mais avant d'apprécier, dans sa valeur
politique, l'argumentation de M. Thiers, il
convient de l'exposer. La voici, telle qu'elle
nous paraît, du monts, ressortir du compte-
rendu que nous ayons sous les yeux
L'éminentorateur s'est proposé d'exami-
ner la situation:de l'Europe, et en particu-
lier c&lle de la France par rapport à l'Eu-
rope. Les armements qui se font dans tous
les Etats eh démontrent là gravité, mais le
meilleur moyen de la bien àpprécier, c'est
de remonter a ses causes.
Ces causes ne sont "autre chose que la
substitution dansia politique européenne de
la théorie des nationalités à l'ancien prin-
cipe de l'équilibre général que l'en opposait
autrefois à l'ardeur de toutes les ambi-
tions. -~r~
Ici se déroule un admirable tableau de la
jpoittique européenne pendant quatre siècles,
depuis les tentatives prudentes de Louis XI
pour constituer- l'indépendance de la France
jusqu'à ces jours de deuil où l'Europe as-
semblée à Yienne, en 4 8 ~5, .chercha', au mi-
lieu de l'humiliation de notre pays, les ba-
ses nouvelles de la pondération des Etats.
Dans ces souvenirs, M. Thiers trouve
pour nous'de grandes leçons & côté de
grands sujets d'orgueil. Là France, en ef-
FEUILLETON DE LA ME~B `
DCi6BARai86?
.l.A.1"
fH~T! i~P M PF~~MP- N!RR &Y
bHâiËMint'j ? HjA~Lin~ NiDuA!
PREMIÈRE PARTIE
M'" de PIanche-Mibray continua
'Vous saYëz, ma ,ehère amie, que mon
Biari aLvaIt; achète une maisoD de campagne
aû~ en~irens de~yersaiMés, sur l'ancienne
route de Saint-C!ond, et tout près des bois
et des étangs de Cucuphar.
Notre année se divisait en quatre sai-
sons bien complètes l'hiver à Paria, le
printemps daDS cette maison dont je vous
parle; lété aux eaux, l'automne dans notre
maison de Planche-Mibray.
Cette dernière habitation est celle de mon
cœur. Je ne suis réeliemQat heureuse qu'à
Mibray.
Mais le baron faisait courir ses chevaux
et son écurie d'entraînement étaient a Va~-
cresson, près de la Marche, à une demi-lieue
& peine de cette maison de campagne qui
s'appelle la Folie.
..Ce nom, du reste, est assez commun dans
les environs de Paris.
En cherchant bien, on trouve la FoHe-
Baxin,à la CeUe-Saint-Ctoud; laFolie-Beau-
chêne, à la Marche la Folie-Vertpré à Bou-
gival.
La nôtre s'appelle la Folie-M~cbin.
Pourquoi?
Je ne l'ai jamais su.
C'est un joli pavillon carré, eatouré de
grands arbres, avec une pièce d'eau large
eomme un étang.
Les bois de Cucuphar l'eatourent.
Reproduction intefdite aux journaux qu} n'ont
(&s traité avec ta Société de& Gens de lettres.
i i
fet, a été tour~ tour; y&inptte et victorieuse.
Elle a été vaincue'deuxîois, lorsque, renon-
çant à son rôle providence!, qui consiste à
ne laisser rompre au pront de personne l'é-
quilibro des forces européennes, elle a
voulu pour elle-même de la domination uni-
verselle; elle a été victorieuse, au contraire,
lorsqu'elle s'est employée à maintenir les
intérêts des nations.. j
Ce qui distingue cette politique, c'est sa
conformité permanente à l'intérêt de l'Etat,
et c'est qu'elle ,a toujours été favorable à
t'indépendance des peuples faibles.
Et, maintenant, qu'en a-t-on fait? At-
teinte, .sous le premier Empire, par des a- j
grandissements qui ont survécu ceux de
la France; cette politique, rétablie dans une
mesure suffisante par les traités de Vien- ]
ne, mais faussée par la Sainte-Alliance, i
avait été rendue h l'Europe on 1848, lorsque
les gouvernements coalisés contre la Fran- ¡
ce o~t disparu comme uns ombre devant
l'explosion de la liberté. <
L'équilibre européen était donc a ce mo- 1
ment restitué, et neus en avons eu le Mné-
6ce lors delà guerre de Crimée. Comment, se <
demande M. Thiers, avons-nous abandonné <
cette position? Et il trouve la réponse à
cette question dans la Bfécessité de donner
comme rachat de la liberté absente,–après. <
les grands travaux publics, c'est-à-dire les (
grandes dépenses,–la politique des natio-
nalités.
Pour l'illustre orateur, cette politique ]
n'est qu'une chimère. Elle est de mille ans i
en arrière de notre siècle; ~et à l'accepter <
comme la loi inflexible d'une réorganisa-
tion du continent, aucun Etat ne conserve- <
rait ses limites'actuelles. Montrant alors i
quels agrandissements trouveraient dans 1
l'application de cette doctrine l'ÀIIemagae i
et la Russie, M. Thiers a résumé sa pensée ]
sur ce point par un mot saisissant: «Pour ]
TEarope, a-t-il dit, c'est le chaos; et pour
la France, c'est le troisième rang.-)) 1
Par malheur, ces chimères ont pu deve- 1
nir des réalités désolantes. La France'a d'à- a
bord fait volontairement l'Italie, et par la <
elle a aifaibli inutilement l'Autriche sans <
pacifier l'Europe et sans acquérir une alliée i
Ëdède. Puis l'unité de l'Italie a fait, par <
une inévitable conséquence, l'unité de l'Ai- <
lemagne. Notre pays n'ayant pas le courage
de placer entre l'une et' l'autre de ces unités ¡
une grande inconséquence, a laissé spolier <
le Danemark, :et c'est ainsi que les spelia- <
leurs ont préludé a leurs propres querelles.
Parvenu au seuil des événements ac- (
tuels, M. Thiert, après un instant de re- `
pos, est entré dans cette seconde partie dont <
l'entraînante émotion gagnera tous nos lee- ¡
teurs. v <
Dès l'origine de la lutte, M. de Bismark a i
vu, –et il a fait en cela preuve d'une sa- ]
gacité rare, que l'intervention de l'Italie
diviserait les forces de l'Autriche et paraly- <
serait ceUes de la France.Notre pays, de son ]
côté, aurait dû.prévoir, avec une égale cer- f
titude, que l'issue de la lutte, que la vie- <
toirese prononçât de l'un où de l'autre côté
ou même qu'elle héritât, ne pouvait qu'être
dommageable a noire grandeur..
Or, un mot dit à l'Italie, répété à la
Prusse, pouvait empêcher ce grand et dan-
gereux conuit. Ce mot, pourquoi ne l'avoir
pas prononcé ? Lorsque la Chambre a expri-
mé, l'année dernière, ses dispositions pour
la paix, ce qu'elle, entendait, ce n'était pas
le maintien de la paix à tout prix, d'une 4
paix honteuse et lâche, mais la préserva-
tion de la paix européenne.
Ou qu'on aille, on trouve laforet, et do
jolis sentier:, ~courant sous le couvert en
tous sens, avec leur bordure de mousse, et
quelquefois accompagnés d'un ruisseau ba-
billard.
Depuis la mort de M. de PIanche-MIbray,
je n'étais pas retournée à la Folie-Méchin.
Pendant les premiers mois, tout entière a
ma douleur, je ne voulais voir personne, et
tout m'était indiffèrent.
Mais, un matin du mois de janvier der-
nter, comme le soleil brillait, et que l'air
était doux comme au printemps, un besoin
de respirer a pleins poumons s'empara de
moi.
–~Si j'aHaisMa Felie-Méchin? me drs-je.
J'ai toujours aune la campagne en plein
hiver.
Les grands. bois dépouillés, l'herbe jau-
nie, tout cela me pitît.
Je partis donc, rers midi daaa ma voi-
ture de -voyage, emmenant ma femme de
chambre et mon cocher.
J'avais l'intention de passer huit jours
pIeinsalaFelie..
Quelques livres, mon piano, de grandes
promenades a pied et à cheval, devaient me
faire trouver le temps fort court.
Dès leiendemain de mon arrivée, comme
le temps se maintenait au beau, je courais
a travers ces beaux bois de Cucuphar, qui
sont le vrai par.c.deyei'sail!es.
Moncocher me suivait à distance~ et je
me plaisais à laisser la bride sur le cou de
mon poney qui m'entraînait dans les sen-
tiers les ptus capricieux.
Ma promenade fut longue; vers treis
heures le soleil commençait à descendre à
l'horizon et je songeais la retraite, lorsque
le bruit d'une musique singulière arriva a
monoreiUe.
Je dis le bruit, eàr les sons qui me par-
venaient avaient quelque chose de sauvage,
d'aigu, da discordant qui eût fait reculer un
mélomane.
Pourtant, chose bizarre! moi qui suis
musiciennset l'une des habituées ferventes
de l'Opéra et des Italiens, j~ me sentais at-
tirée.
Le sentier dans lequel j'étais, descendait
vers la grande route, du côté de Vaucresson.
M. Thiers a rappelé qu'ilyavaitbien une
autre politique, politique inavouable et qui
n'a pasété-avouée, car elle consistait a res-
ter les spectateurs indin'érents du renverse-
ment de l'équilibreeuropéen et a nous faire
payer, par quelque lambeau de territoire,
le prix de nos complaisances. Cette pol i tique,
qui nous aurait mis à la suite des armées
victorieuses comme des rôdeurs nocturnes
de champs de bataille, l'éloquent orateur
l'aénergiquementuétrie.
Les événements ont suiv! leur cours; et
aujourd'hui quelle est la situation? La
Prusse agrandie compte 30 millions de su-
jets, 40 même, avec la Confédération du
sud. C'est une puissance jeune et ambi-
tieuse et c'est là le premier danger de
l'Europe. Mais il y en a un autre non moins
grand et non moins pressant c'est qu'il ne
se tente en Orient quelque chose d'analogue
à ce qui s'est fait en Allemagne; c'est que
Constantinople, Constantinople, l'empire
du monde, comme le disait Napoléon à Til-
sitt, –ne tombe dans la main des Russes.
II faut aller plus loin ees deux dangers
de l'Europe sont étroitement liés; car, si,
entre Saint-Pétersbourg et Berlin, il n'y a
pas encore de traité signé, il y a; du moins,
une communauté d'intérêts évidente; et,
dans ces conditions, les alliances sont rapi-
dement conclues.
Le balancier dont les oscillations main-
tiennent l'équilibre européen était' donc,
l'an dernier, dans les mains de la France;
il est aujourd'hui dans celles de la Prusse et
de la Russie.
Quelle conduite tiendrons-nous? Se met-
tre avec les ambitieux, ce serait à la fois
une folie et une daperie. La politique rai-
sonnable conseille, au contraire, dese placer
a la t~te de tous.Ies intérêts menacés et d'ad-
mettre ce qui est fait en déclarant que l'on
ne souffrira pas que l'on aille au delà. Aù-
jourd'huj, entre l'Autriche épuisée et déSan-
te, l'Italie entraînée vers les aventures par
le poidsdesesdifncultés intérieures, l'Espa-
gne presque isolée dans la guerre civile,
et l'Angleterre qui se détourne de la poli-
tique continenta!e; en face de là Russie que
ses ambitions conduisent, la France peut
être sans allié. Mais qu'elle se fasse le
champion de tous les intérêts alarmés ou
menaces, et elle verra bientôt l'Angleterre
s'unir à elle, les petitsEtats se grouper au-
tour de cette alliance, et l'Autriche accepter
ce rendez-vous de sagesse et d'honneur.
Voilà la politique qui est pour M. Thiers
celle,du bon sens et de la vraie popularité.
Tel aussi nous apparaît dans sa magnifique
ordonnance, et a travers les teintes néces-
sairement eSacées du compte-rendu, ce dis-
cours, où se retrouvent avec une puissance
égale l'orateur, L'homme d'Etat et l'histo-
rien. Nos lecteurs nes'attendentpas ce~ue
nous en abordions dès aujourd'hui la dis-
cussion. Ce discours trouvera d'ailleurs- sa
première contradiction,– la plus autorisée
et la plus éloquente, dans la suite même
décès débats.
F. DE LA PONTERIE.
BËPECEES ÏËLËGMPaïQUES i
6HGLEIER3E
Londres, 14 mars, soif.
CA~m~rc des comntMne~. M. Disrae)i, répon-
dant au colonel Sykes,ditque le gouvernement
doit présenter pour l'Ecosse un bill de réforme ba-
sé sur les mêmes principes que le bill pour l'An-
g}eterre.
Je poussai mon cheval en avant.
A mesure que j'avançais, les sons déve- <
naientplus distincts,
Je reconnus parfaitement le tambour de
basque, la cornemuse et les castagnettes'. 1
J'avançais toujours. s
Au bout d'un quart d'heure, je visbiah- i
cilir, a travers les derniers arbres, les mai-
sonnettes .de Yaucresson qui bordent la
route a droite et à gauche. ]
Alors, il me fut facile de reconnaître d'où
provenait cette mus!que.
Une band& dé bohémiens s'était installée
au milieu de la routé et donnait une repré- ]
sentation à douze ou quinze paysans accou- i
rus des maisons voisines. ~1
J'arrêtai mon cheval et mettes a une cer-
faine distance..
Une haie qui me protégeait des rayons du 1
soleil m'empêchait en même temps d'être ]
vue.toutenmepermeUantdevoir.
Mon domestique s'étaitarrêté à cent pas
en arrière.
Les bohémiens étaient, au nombre de
sept ou huit.
Une femme dansait un bolero en s'accom- ]
pagnant des castagnettes.
Deux hommes jouaient, l'un de la corne- 1
muse, l'autre du tambour de~ basque.
Un pauvre garçon déguenillé faisait le
tour des spectateurs, sa sébille à la main.
Trois petits enfants dansaient autour de
leur'inère.. J
Eh bien! ma chère, le croiriez-vous?
poursuivit M" de Planche Mibray, il se pro- 1~
duisit alors en moi le plus étrange des phé-
nomènes.
-Etait-ce une fantais!ede mon imagination? ]
Etait-ce une réalité?
Je. ne sais; mais un voile parut se déchi-
rer dans mon souvenir qui, jusqu'alors n'a-
vait jamais pu se reporter plus loin que le
jardin du pensionnat Bergeron.
11 me sembla que j'étais toute petite, cou-
~chée sur un grabat, dans une sorte de mai-
son roulante.
Une femme aux yeux ardents, au. visage
olivâtre se penchait sur moi et me regardait t
avec amour. En même temps, cette musique
bizarre que j'entendais, quelque chose me
disait qu'elleavait bercé mon enfance.
M. Adderley, répondant à M. Gosshen, aconSr*
me la nouvelle de l'invasion du Honduras par les
Indiens. Une collision a eu lieu entre ceux-ci et les
Anglais mais on s'est retiré des deux côtés. Les
rapports officiels Marnent sévèrement la conduite
deil'ofnoier'qui commandait les troupes anglaises.
Lord Lennox présente le budget de la marine,
qu) s'élève à 10,'926,253 Hv.sterL, ouundemi-
mitlion de livres sterling de plus que l'année der-
nière.
a!JTR)CHE
Vienne, 14 mars.
.Le gouv'SmemeBt se propose de convoquer pour
!e 3 avril les Diètes nouvellement élues de Bohême,
de Moravie et de Carniole. Le jour de l'ouverture
du.Reichsrath n'est' pas encore fixé, mais on croit
que ce sera, enETâTS-UNtS.
(Par le câble atlantique).
New-York, i4 mars, m!di.
La loi relativ&au gouvernemect militaire du Sud
a été déclarée en vigueur dans la Caroline.
Lé général Schoneld a ordonné aux ofSciers du
gouvernement actuel en Virginie, de rester en
fonction jusqu'à la nomination de leurs successeurs.
Un meeting très nombreux de fenians s'est réuni
à Union square pour demander l'assistance .des
Etats-Unis en faveur des habitants de l'Irlande.
RUSSiE <'
Moscou, i4 mars. `
On attend des députations des villes de .Tasch-
kend.Urategaetd'Ojùsac.ainsi que de plusieurs
tribus de Kirghises. Elles se rendront à Saint-Pé-
tersbourg pour présenter leurs, hommages à l'em-
pereur.
TuRQiME
Constantinop!e,i~mars.
Houssein Pacha, nommé gouverneur de la Bosnie,
prendra Ie~'commandement en chef des troupes
dans l'ile de Candie. Dix nouveaux bataillons vien-
nent d'être envoyés à Candie et en Thessalie.
Le ministère est occupa de la question des biens
des mosquées il n'est pas impossible que les 'étran-
gers, obtiennent l'autorisation d'acquérir des pro-
priétés foncières.
Constantinople, 14 mars.. `
De nouveaux délégués de la population Cretoise
viennent d'arriver ici..
(~
f/CBRO~UEP8MTI~E
D'après une dépêche télégraphique, on
assurait hier, dans les cercles bien in-
formés, à Vienne, qu'une entente s'était éta-.
blie récemment entre l'Autriche et la France,
relativement aux affaires d'Orient.
L.e~ont<6MrpfMSS!'<'n nous apporte aujour-
d'hui le texte complet de la réponse faite par
M. de Bismark à l'ancien ministre de Hano-
vre, M. de Munchhausen. Nous regrettons
que le défaut d'espace ne nous permette pas
de, la mettre intégralement sous les yeux de
nos lecteurs. Elle se commenterait d'elle-
même, et-elle fournirait une preuve de
plus de l'esprit qui inspire la politique prus-
sienne dans ses rapports avec les popula-
tions annexées.
Dans ce discours, la dérision se joint a la
force, pour rendre la défaite plus humiliante
et la menace plus cruelle. M. de Bismark
ce veut voir dans l'acte de patriotisme qui
retient à Marienbourg la reine détrônée du
Hanovre~qu'un témoignage de conuance don-
ne par l'ancienne souveraine a la protection
que la Prusse accorde aux princes et.aux
princesses de l'Allemagne. Mais ilraconte en
même temps l'arrestation, sous les yeux mê-
mes de la reine, de l'un de ses serviteurs,
M. de Kleuk, et il ajoute « SHa reine ne
veut pas voir de pareilles choses, il ne faut
pas qu'elle reste a Marienbourg. La fai-
blesse du cœur suffit d'ordinaire a dépeupler
les cours en exil on voit que l'intention de
S. M. le roi de Prusse est d'y ajouter sa
puissante intervention.
Et je restai là, une heure peut-être, muet"
te, immobile et comme perdue dana lea
brumes d'un passe lointain.;
En6n le tambour de basque se tut, la bo-
hémienne cessa de danser, l'enfant acheva
sa récolte de gros sous, et les deux hommes
,se mirent en devoir de plier le tapis qu'ils
avaient étendu sur la poussière de la route.
Puis ils détalèrent, et je les vis prendre
la route de Versailles.
Instinctivement je les suivis a distance.
Pourquoi?
Une sorte d'attraction contre laquelle je
luttais vainement m'entraînait. Quand je fus
a une certaina distance de Vaucresson, je
mis mon cheval au galop.. r
Alors, passant auprès d'eux, je laissai
tomber dans la mcdn de celui des enfants qui
tout à l'heure .tenait la sébile un double
louis.
Les bohémieas s'étaient rangés aux deux
côtés du chemin pour me laisser passer.
La femme qui avait dansé le boléro lera
sur moi deux grands yeux noirs. 1.
Il y eut alors entre nous deux comme
l'échange d'un nuide électrique.
EMe étouSa un cri, et un nom vint a ses
lèvres, unjiom bizarre, qui frappait mon
oreille pour la première foia:
-Pe7'd~s
En même temps aussi il me sembla que
j'avais déjà vt? cette femme quelque part, et
je m'arrêtai muette, la regardant d'un air
hébété.. a
Pendant une minute, cette femme et moi
nous nous regardâmes mais l'arrivée de
mon domestique nous arracha toutes deux
à cette contemplation.
Ce dernier, me voyant au milieu* de"ces
bohémiens, avait poussé son cheval aSn de
me protéger au besoin.
La bohémienne eut un mouvement de
crainte.
–Pardonnez-moi, madame, me dit-elle;
je suis un peu folle par moments, mais vous
ressemblez tant à Perdita.
Et elle voulut passer son chemin..
Je l'arrêtai d'un geste, et, donnant a l'en-
fant une seconde pièce d'or, je dis a sa
mère
M. de Bismak a terminé par ces mots que 1
nous n'avons pas besoin de souligner j
Quant aux arrestations dont on s'est plaint, elles
étaient naturelles et nécessaires dans les circons-
tances, et elles n'ont rien eu d'illégal dans un pays
pravec le l~ octobre, que je désire voir arriver le
plus vite pos&iMe.'fOn rit.)
Une fois la Constitution prussienne réalisée~dans
le Hanovre, nous l'exécuterons aussi strictement
que'dans les autres provinces et nous observerons
ligoureusement toutes les garanties de !à liberté in-
dividuelle, Mais, précisément parce que le temps
qui doit s'écouler d'ici là est si court, nous ne pou-
-Yons permettre qu'en'pMsànte .dans c&t intervalle~.
Je conseiMe instamment à vous et à vos amis po-
litiques de ne pas nous provoquer. Vous rencontre-
'rez une énergie vis-à-vis de laqueiie vous n'êtes
pas de force.
Le Parlement fédéral a applaudi ces pa-
roles, dit le ~b?M ainsi, nous pouvons afnrmer qu'il a accla-
mé sa propre servitude; car un général à
la tête d'une armée n'aurait pas parlé au-
trement.
L'/ caractéristiques de l'élection du ~0 mars est
l'échec du général Garibaldi à Florence, à
Milan, a Bologne et même à Nap!es,-où
il reste en ballottage avec moins de: cent
voix..
Nous regrettons, dit ce journal, d'avoir à nous
réjouir de cet échec d'un homme aussi éminent;
mais, à qui la faute; sinon à, ceux qui ~ont voulu
transformer le général illustre, le grand citoyen,
en instrument de parti, et se servir de son nom
pour obtenir une manifestation électorale.
Cette manifestation a eu lieu puisqu'on l'a voulu;
seulement, elle n'a pas été ce qu'on attendait. On
a pu voir qu'autre chose était d'émouvoir la foule
par quelques phrasespassionnées, autre chose con-
-vaincre les citoyens appelés à exercer leurs droits.
Ainsi, en Vénétie même, où ont été prononcés
les discours que nous avons publiés, tout en re-
grettant qu'ils eussent été prononcés, if est bon de
le remarquer, aucun ou presque aucun des candi-
dats recommandés par le général Garibaidi n'a été
élu.
L'échec du général GaribaMi dans toutes
les villes importantes où il espérait entraî-
ner les esprits par le prestige de son nom
et ses discours enflammés, est un sympteme
du changement ou de la lassitude des es-
prits il suffit, comme dit l'/ner aux dernières élections une grande, si-
non décisive signincation.
Le Fs~reMKd parle d'une brochure rédigée
en langue française, qui circule Vienne et y
excite un douloureux intérêt. C'est un appel
aux sympathies de l'Europe civilisée en faveur
de la Pologne opprimée..
On mande de Dublin, 4 mars, que le
mouvement fenian paraît se calmer et que
la; tranquillité règne en Irlande. Cependant,
les mesures de précaution ne discontinuaient
point à Liverpool, elles étaient comman-
dées par la crainte d'un soulèvement qui
était annoncé pour dimanche. Une colonne
de troupes avait été aussi envoyée de Lime-
rick à Cashel, pour parer à~ toute éventua-
lité. La dépêche ajoute que des arrestations
avaient été faites à Belfast, et que le temps
était toujours fort mauvais.. T'
C. LEFÈVRE.
NOUVELLES BES SBÂMBRES
I
La distribution de l'exposé des motifs des i
projets du gouvernement sur la presse et les c
réunions publiques a 6x6 l'attention sur leur <
caractère et leurs tendances. Ces deuxprojets i
font l'objet des conversations et des préoccupa- (
tiona d'une notable portion de la Chambre. On (
retrouve dans l'exposé des motifs du projet sur (
la presse les conditions et la forme d'un ré- f
quisitoire. Le rapporteur, M. Pinard, discute
en criminaliste plus qu'en homme d'Etat. Il
suf6t de lire son œuvre pour s'en convaincre.
Des députés faisaient aujourd'hui observer ]
le choix des assesseurs donnés à M. Pinard 1
–Qu'est-ce donc que Perdita, ma bonne
femme? 9
–.C'était la femme de Fanfreluche.
––Et qu'est-ce que Fanfreluche?
.–Un pauvre saltimbanque envoyé au
bagne.
–'Quel crime avait-il commis?
–-H avait tué sa ~femme.
–Perdita?
–Oui.. r
–~Et, Ss-je toute trembJante, vous trou-
vez que je ressemble à Perdita.
Oh non, me dit-elle, une belle dame
comme vous. ça ne se peut. ~excusez-
moi, madame.
E)Ie continua son chemin, et hâta le pas
pour rejoindre les hommes qui marchaient
toujoursen avant.
Quant à moi, ma chère belle, acheva
M'de PIanche-Mibray, jecingl&i mon po-
ney d'un coup de cravache et lui faisant
franchir le fossé qui bordait la route, je le
lançai de nouveauà travers bois.
Ce n'était pas la bohémienne qui était
folle, c'était moi.
Rentrée à la vi)!a, je voulus faire une ex-
périence étrange.
Enfermée dans nia chambre à double
tour, j'allumai deux bougies et cherch&i
dans les armoires diSërents vêtements que
j'avais laissés deux annses auparavant.
Parmi ces vêtements, il y avait une bas-
quine de velours noir. et une jupe rouge.'
Je m'en;an'ublai; puis; dénouant mes che-
veux, je me mis a les tordre et a les rouler r
à la façon des Espagnoles, et je posai, com-
me la bohémienne rencontrée tout a l'heure,
une pièce d'étoSe rouge sur ma tète, puis je
me regardai dans la glace.
Et soudain je reculai frémissante.
J'étais bien une femme de beMme.
J'avais bien le type de cette race étrange
venue on M sait d'où, et qui se retrouve
partout..
Et je me fis horreur. J'étais une gitana
Cette Perdita a qui je ressemblais, c'était
peut-être marnera
Je passai .une soirée épouvantable, ayant
toujours ~lans les oreilles le bourdonnement
de cette musique sauvage, dont les sons a-
vaient éveillé chez moi des souvenirs confus.
pour soutenir la discussion de ce projet de loi
ce sont M. de Marnas, procureur senéraLBfè~tth.
Cour impériale de Paris, etM. Mibo~'T~B~
avocat général à Rouen, et anciejt~pqQt~
général à Chambéry. On se demi~a~
président du conseil d'Etat B'auraj~a~S
ner la mission à deux conseiiIers~E~
gers aux parquets de poiicejudieiaH'a~
Quant au choix des commissaires~jM~
nementpour le projet 'de loi sur 'les~P
publiques, les députés y remarquent'avéc une
'certaine faveur deux anciens avocats ayant
été préfets, MM. Genteur et Chassaigne-
Goyon il n'y a qu'un seul ancien procureur
impérial; M. Lenormant.
Ces deux projets seront mis à l'ordre du jour
des bureaux de la Chambre peur lundi pro-
chain..
Le projet de loi relatif à l'armée et à la garde
mobile, présenté à la séance du 7 de ce mois,
ne sera soumis, dit-on, à l'examen des bureaux
de la Chambre qu'après la nomination des deux
commissions sur les projets de loi de la presse
et des réunions publiques. Plusieurs députés
attribuent ce retard aux informations deman-
dées par le gouvernement aux préfets sur l'im-
pression qu'aurait produite ces dispositions nou-
velles parmi les populations des départements.
Deux commissions d'intérêt local et la com-
mission relative à la révision des procès crimi-
nels et correctionnels, sont les seules qui se
soient réunies hier avant lés interpellations de
M.Thiers.
La commission chargée d'examimer le projet
de loi ayant pour objet d'accorder à M. de La-
martine une somme de 400,000 fr., a titre de
récompense nationale, s'est réunie trois fois,
sans pouvoir tomber d'accord sur la convenan-
ce de cette allocation, la seule que l'illustre
poète ait déclaré accepter. On assure a la Cham-
bre que deux membres sur neuf sont seuls d'a-
vis d'accorder la récompense/dans la forme
proposée par le conseil d'Etat. La majorité de
la commission propose de convertir cette allo-
cation en une rente viagère de :_40,000 fr~ Le
rapporteur sera nommé dans la prochaine
séance.
On vient de distribuer aux députés un
projet de loi relatif à là garantie des inventions
susceptibles d'être brevetées et des dessins
de fabrique qui seront admis à l'Exposition
universelle. Cette législation exceptionnelle a
pour but dé mettre à l'abri de la fraude et de la
contrefaçon' les'conceptions utiles, les ingé-
nieux procédés, les produits, en6n, du génie
industriel, destinés à marquer une nouvelle
étape sur la route laborieuse du progrès. La
même mesure transitoire fut votée à l'occasion
de l'Exposition universelle de 1855.
M. le conseiller d'Etat Heurtier, ancien di-
recteur général de l'agriculture et du commer-
ce, chargé du rapport de ce projet deloido.-
vant le conseil d'Etat, est délégué pour en sou-
tenir la discussion devant le Corps législatif.
E. BAUER..
LES OCTROI
Nous continuons l'examen des moyens
proposés par des députés, des publicistes et
des membres de conseils municipaux, pour
remplacer les octrois supprimés.
VI..Pfopost~oH /a!7ë pa~a France
Dans son numéro du 4 octobre, la FyaKce
a tranché la question d'une manière fort sim-
ple. Après avoir reconnu que les vUles a-
valent besoin des revenus qu'elles retirent
de leurs octrois, ce journal avait affirmé
« qu'il-y aurait mille moyens autrement ef-
ficaces s'y suppléer, )) notamment par la
création d'une contribution mobilière spé-
ciale, calculée sur les ,prodults des octrois,
et par un système mixte d'impôts directs et
d'impôts de 'consommation.
Les exigences de la ville de Paris s'oppo-
saient sans doute, disait la France, à la réa-
lisation de cette utile réforme « mais, ajou-
tait-elle, l'on pourrait faire une exception
Vers minuit je me.tordais sur mon lit, en
proie à l'insomnie, lorsque, non plus un
bruitimaginaire.maisunbruitréelm'arriva.
Eperdue, le front baigne de sueur, je me
levai et j'ouvris ma fenêtre.
A travers la nuit calme et silencieuse,
l'infernale musique des bohémiens m'arri-
vait."
Ils avaient dû camper de l'autre côte du
rbois, en vue de Versailles et je n'en pus
douter en apercevant une lueur rougeâtre a
travers lesarbres.
C'était le brasier qu'ils avaient coutume
d'allumer chaque soir.
Alors, ma chère amie, acheva M"~ de
PIanche-Mibray, dent l'émotion était au
comble, savez-vous ce que je us ?
Je me levai, je m'habillai, puis je son-
nai. 'y.
Ma femme de chambre arriva tout éton-
née, et me trouva si p&Ie qu'elle me crut in-
disposée.
Qu'est-ce que cette musijque qu'on
entend ? lui demandai-je.
Cela vient de la-b&s, me dit-elle.
Et elle désignait du'doigt la lueur rou-
ge&tre qui semblait grandir, comme un in-
cendie..
Qu'y a-t-11 donc la-bas?
–Madame, c'estfetea Versailles demain,
et trois ou quatre troupes de bohémiens se
sont réunies en cet endroit..
Au lieu de dormir, ils dansent.
–C'est bien. Appelle Jean; s'il est cou-
ché, qu'il se lève.
Jean était encore à la cuisine.
Puis, tandis que ma femme de chambre
sortait pour exécuter mes ordres, je m'ha-
billai.
Mais que vouliez-vous donc faire ? de-
manda M" Villemure, vivement impression-
née par ce récit.
Vous allez voir.
Et M°" de PIanche-Mibray essuya avec
son mouchoir quelques gouttes de gueur qui
perlaient à son front.
PONSON DU TERRAIL.
(Za ~M~e d ~n~t.)
3MS (B~ i~-
BUMMX B'MOtMEMEMT. )33, BUEH3NTHMTM
Samedi X@mars ~B7
~M(P~et~r[~Btde!aS9iM)i3~
MMOHCES. s. PL. BEt.aB8UME.ET 7, RUE COC-HEROt!
,,< A S_
1 Tèat ce qmeoBcerBeI'Àdmmistfat~n~aJbamùê&jit être adressé au Gérant
11 Il ~<
'3~Âïi.n.é€),
L'Adanmstratt&Bseréserveiedroitdem~diËeriarédacHoadesAnncnces
Ce Numéro a an Supplément
Les abonnés:ROuyeauxoùt droit ~rece-
voir !a Chanteuse des fMes, par M. Armand
Lappirtte; ~~e Ger6ct,parM.A.E8parbié;
les ~mpMr~dc.passs~e; .par M. Georges Fath,
et toùt'ce qui a paru de la e/id~stHS de
fJaHc~~fay, par M.P~ Du TÉREAJL.
.PARIS, 16 MARS't867
LE N§COURSî)EM.TH!EiiS
La séance d'hier a rappelé les plus gran-
des journées de l'éloquence française. La
tribune a été vraiment cette fontaine dont
parle le grand poète italien et d'où se ré-
pand un si large Qeuve de paroles
Quf~ea'e
C/tSSpa~edt~aWofSt~r~o~tfmg.
L'honoraMeM.Thiers l'a occupée pendant 1t
près de quatre heures, sans lasser un in-
stant l'attention captivée de la Chambre.
Non, cet esprit merveilleux ne vieillit pas.
C'est bien toujours cette parole souple et
nerveuse, familière et puissante, où le dé-
tail abonde, mais pour se grouper ensuite
dans une savante harmonie. Seulement, il
'semble que lé temps lui ait ajouté de la gra-
vité, de l'autorité; et qu'elle, autrefois si inci-
sive et:si brûlante, ~lie se laisse maintenant
BéchiE sous une certaine émotion nouvelle.
Telle qu'elle est, elle enlace, elle enchaîne;
et si elle ne voua apmine pas, c'est qu'elle
vous, emporte aisément dans son 6er et Ji-
breëssor.
Le.discours prononcé hierparM.Tkiers
Mcomposë de deux parties la première
est unelarge page d'histoire, un pau froide `
peut-être comme le passé qui se ,lève
dans la mémoire des hommes pour témoi-
gner de la sagesse pu de l'imprévoyance du
présent la seconde est un chef-d'œuvre de
discussion publique; elle est rapide, lumi-
neuse, tout animée d'un soufue que le pa-
triotisme rendrait encore généreux, même
6'il s'égarait.
Mais avant d'apprécier, dans sa valeur
politique, l'argumentation de M. Thiers, il
convient de l'exposer. La voici, telle qu'elle
nous paraît, du monts, ressortir du compte-
rendu que nous ayons sous les yeux
L'éminentorateur s'est proposé d'exami-
ner la situation:de l'Europe, et en particu-
lier c&lle de la France par rapport à l'Eu-
rope. Les armements qui se font dans tous
les Etats eh démontrent là gravité, mais le
meilleur moyen de la bien àpprécier, c'est
de remonter a ses causes.
Ces causes ne sont "autre chose que la
substitution dansia politique européenne de
la théorie des nationalités à l'ancien prin-
cipe de l'équilibre général que l'en opposait
autrefois à l'ardeur de toutes les ambi-
tions. -~r~
Ici se déroule un admirable tableau de la
jpoittique européenne pendant quatre siècles,
depuis les tentatives prudentes de Louis XI
pour constituer- l'indépendance de la France
jusqu'à ces jours de deuil où l'Europe as-
semblée à Yienne, en 4 8 ~5, .chercha', au mi-
lieu de l'humiliation de notre pays, les ba-
ses nouvelles de la pondération des Etats.
Dans ces souvenirs, M. Thiers trouve
pour nous'de grandes leçons & côté de
grands sujets d'orgueil. Là France, en ef-
FEUILLETON DE LA ME~B `
DCi6BARai86?
.l.A.1"
fH~T! i~P M PF~~MP- N!RR &Y
bHâiËMint'j ? HjA~Lin~ NiDuA!
PREMIÈRE PARTIE
M'" de PIanche-Mibray continua
'Vous saYëz, ma ,ehère amie, que mon
Biari aLvaIt; achète une maisoD de campagne
aû~ en~irens de~yersaiMés, sur l'ancienne
route de Saint-C!ond, et tout près des bois
et des étangs de Cucuphar.
Notre année se divisait en quatre sai-
sons bien complètes l'hiver à Paria, le
printemps daDS cette maison dont je vous
parle; lété aux eaux, l'automne dans notre
maison de Planche-Mibray.
Cette dernière habitation est celle de mon
cœur. Je ne suis réeliemQat heureuse qu'à
Mibray.
Mais le baron faisait courir ses chevaux
et son écurie d'entraînement étaient a Va~-
cresson, près de la Marche, à une demi-lieue
& peine de cette maison de campagne qui
s'appelle la Folie.
..Ce nom, du reste, est assez commun dans
les environs de Paris.
En cherchant bien, on trouve la FoHe-
Baxin,à la CeUe-Saint-Ctoud; laFolie-Beau-
chêne, à la Marche la Folie-Vertpré à Bou-
gival.
La nôtre s'appelle la Folie-M~cbin.
Pourquoi?
Je ne l'ai jamais su.
C'est un joli pavillon carré, eatouré de
grands arbres, avec une pièce d'eau large
eomme un étang.
Les bois de Cucuphar l'eatourent.
Reproduction intefdite aux journaux qu} n'ont
(&s traité avec ta Société de& Gens de lettres.
i i
fet, a été tour~ tour; y&inptte et victorieuse.
Elle a été vaincue'deuxîois, lorsque, renon-
çant à son rôle providence!, qui consiste à
ne laisser rompre au pront de personne l'é-
quilibro des forces européennes, elle a
voulu pour elle-même de la domination uni-
verselle; elle a été victorieuse, au contraire,
lorsqu'elle s'est employée à maintenir les
intérêts des nations.. j
Ce qui distingue cette politique, c'est sa
conformité permanente à l'intérêt de l'Etat,
et c'est qu'elle ,a toujours été favorable à
t'indépendance des peuples faibles.
Et, maintenant, qu'en a-t-on fait? At-
teinte, .sous le premier Empire, par des a- j
grandissements qui ont survécu ceux de
la France; cette politique, rétablie dans une
mesure suffisante par les traités de Vien- ]
ne, mais faussée par la Sainte-Alliance, i
avait été rendue h l'Europe on 1848, lorsque
les gouvernements coalisés contre la Fran- ¡
ce o~t disparu comme uns ombre devant
l'explosion de la liberté. <
L'équilibre européen était donc a ce mo- 1
ment restitué, et neus en avons eu le Mné-
6ce lors delà guerre de Crimée. Comment, se <
demande M. Thiers, avons-nous abandonné <
cette position? Et il trouve la réponse à
cette question dans la Bfécessité de donner
comme rachat de la liberté absente,–après. <
les grands travaux publics, c'est-à-dire les (
grandes dépenses,–la politique des natio-
nalités.
Pour l'illustre orateur, cette politique ]
n'est qu'une chimère. Elle est de mille ans i
en arrière de notre siècle; ~et à l'accepter <
comme la loi inflexible d'une réorganisa-
tion du continent, aucun Etat ne conserve- <
rait ses limites'actuelles. Montrant alors i
quels agrandissements trouveraient dans 1
l'application de cette doctrine l'ÀIIemagae i
et la Russie, M. Thiers a résumé sa pensée ]
sur ce point par un mot saisissant: «Pour ]
TEarope, a-t-il dit, c'est le chaos; et pour
la France, c'est le troisième rang.-)) 1
Par malheur, ces chimères ont pu deve- 1
nir des réalités désolantes. La France'a d'à- a
bord fait volontairement l'Italie, et par la <
elle a aifaibli inutilement l'Autriche sans <
pacifier l'Europe et sans acquérir une alliée i
Ëdède. Puis l'unité de l'Italie a fait, par <
une inévitable conséquence, l'unité de l'Ai- <
lemagne. Notre pays n'ayant pas le courage
de placer entre l'une et' l'autre de ces unités ¡
une grande inconséquence, a laissé spolier <
le Danemark, :et c'est ainsi que les spelia- <
leurs ont préludé a leurs propres querelles.
Parvenu au seuil des événements ac- (
tuels, M. Thiert, après un instant de re- `
pos, est entré dans cette seconde partie dont <
l'entraînante émotion gagnera tous nos lee- ¡
teurs. v <
Dès l'origine de la lutte, M. de Bismark a i
vu, –et il a fait en cela preuve d'une sa- ]
gacité rare, que l'intervention de l'Italie
diviserait les forces de l'Autriche et paraly- <
serait ceUes de la France.Notre pays, de son ]
côté, aurait dû.prévoir, avec une égale cer- f
titude, que l'issue de la lutte, que la vie- <
toirese prononçât de l'un où de l'autre côté
ou même qu'elle héritât, ne pouvait qu'être
dommageable a noire grandeur..
Or, un mot dit à l'Italie, répété à la
Prusse, pouvait empêcher ce grand et dan-
gereux conuit. Ce mot, pourquoi ne l'avoir
pas prononcé ? Lorsque la Chambre a expri-
mé, l'année dernière, ses dispositions pour
la paix, ce qu'elle, entendait, ce n'était pas
le maintien de la paix à tout prix, d'une 4
paix honteuse et lâche, mais la préserva-
tion de la paix européenne.
Ou qu'on aille, on trouve laforet, et do
jolis sentier:, ~courant sous le couvert en
tous sens, avec leur bordure de mousse, et
quelquefois accompagnés d'un ruisseau ba-
billard.
Depuis la mort de M. de PIanche-MIbray,
je n'étais pas retournée à la Folie-Méchin.
Pendant les premiers mois, tout entière a
ma douleur, je ne voulais voir personne, et
tout m'était indiffèrent.
Mais, un matin du mois de janvier der-
nter, comme le soleil brillait, et que l'air
était doux comme au printemps, un besoin
de respirer a pleins poumons s'empara de
moi.
–~Si j'aHaisMa Felie-Méchin? me drs-je.
J'ai toujours aune la campagne en plein
hiver.
Les grands. bois dépouillés, l'herbe jau-
nie, tout cela me pitît.
Je partis donc, rers midi daaa ma voi-
ture de -voyage, emmenant ma femme de
chambre et mon cocher.
J'avais l'intention de passer huit jours
pIeinsalaFelie..
Quelques livres, mon piano, de grandes
promenades a pied et à cheval, devaient me
faire trouver le temps fort court.
Dès leiendemain de mon arrivée, comme
le temps se maintenait au beau, je courais
a travers ces beaux bois de Cucuphar, qui
sont le vrai par.c.deyei'sail!es.
Moncocher me suivait à distance~ et je
me plaisais à laisser la bride sur le cou de
mon poney qui m'entraînait dans les sen-
tiers les ptus capricieux.
Ma promenade fut longue; vers treis
heures le soleil commençait à descendre à
l'horizon et je songeais la retraite, lorsque
le bruit d'une musique singulière arriva a
monoreiUe.
Je dis le bruit, eàr les sons qui me par-
venaient avaient quelque chose de sauvage,
d'aigu, da discordant qui eût fait reculer un
mélomane.
Pourtant, chose bizarre! moi qui suis
musiciennset l'une des habituées ferventes
de l'Opéra et des Italiens, j~ me sentais at-
tirée.
Le sentier dans lequel j'étais, descendait
vers la grande route, du côté de Vaucresson.
M. Thiers a rappelé qu'ilyavaitbien une
autre politique, politique inavouable et qui
n'a pasété-avouée, car elle consistait a res-
ter les spectateurs indin'érents du renverse-
ment de l'équilibreeuropéen et a nous faire
payer, par quelque lambeau de territoire,
le prix de nos complaisances. Cette pol i tique,
qui nous aurait mis à la suite des armées
victorieuses comme des rôdeurs nocturnes
de champs de bataille, l'éloquent orateur
l'aénergiquementuétrie.
Les événements ont suiv! leur cours; et
aujourd'hui quelle est la situation? La
Prusse agrandie compte 30 millions de su-
jets, 40 même, avec la Confédération du
sud. C'est une puissance jeune et ambi-
tieuse et c'est là le premier danger de
l'Europe. Mais il y en a un autre non moins
grand et non moins pressant c'est qu'il ne
se tente en Orient quelque chose d'analogue
à ce qui s'est fait en Allemagne; c'est que
Constantinople, Constantinople, l'empire
du monde, comme le disait Napoléon à Til-
sitt, –ne tombe dans la main des Russes.
II faut aller plus loin ees deux dangers
de l'Europe sont étroitement liés; car, si,
entre Saint-Pétersbourg et Berlin, il n'y a
pas encore de traité signé, il y a; du moins,
une communauté d'intérêts évidente; et,
dans ces conditions, les alliances sont rapi-
dement conclues.
Le balancier dont les oscillations main-
tiennent l'équilibre européen était' donc,
l'an dernier, dans les mains de la France;
il est aujourd'hui dans celles de la Prusse et
de la Russie.
Quelle conduite tiendrons-nous? Se met-
tre avec les ambitieux, ce serait à la fois
une folie et une daperie. La politique rai-
sonnable conseille, au contraire, dese placer
a la t~te de tous.Ies intérêts menacés et d'ad-
mettre ce qui est fait en déclarant que l'on
ne souffrira pas que l'on aille au delà. Aù-
jourd'huj, entre l'Autriche épuisée et déSan-
te, l'Italie entraînée vers les aventures par
le poidsdesesdifncultés intérieures, l'Espa-
gne presque isolée dans la guerre civile,
et l'Angleterre qui se détourne de la poli-
tique continenta!e; en face de là Russie que
ses ambitions conduisent, la France peut
être sans allié. Mais qu'elle se fasse le
champion de tous les intérêts alarmés ou
menaces, et elle verra bientôt l'Angleterre
s'unir à elle, les petitsEtats se grouper au-
tour de cette alliance, et l'Autriche accepter
ce rendez-vous de sagesse et d'honneur.
Voilà la politique qui est pour M. Thiers
celle,du bon sens et de la vraie popularité.
Tel aussi nous apparaît dans sa magnifique
ordonnance, et a travers les teintes néces-
sairement eSacées du compte-rendu, ce dis-
cours, où se retrouvent avec une puissance
égale l'orateur, L'homme d'Etat et l'histo-
rien. Nos lecteurs nes'attendentpas ce~ue
nous en abordions dès aujourd'hui la dis-
cussion. Ce discours trouvera d'ailleurs- sa
première contradiction,– la plus autorisée
et la plus éloquente, dans la suite même
décès débats.
F. DE LA PONTERIE.
BËPECEES ÏËLËGMPaïQUES i
6HGLEIER3E
Londres, 14 mars, soif.
CA~m~rc des comntMne~. M. Disrae)i, répon-
dant au colonel Sykes,ditque le gouvernement
doit présenter pour l'Ecosse un bill de réforme ba-
sé sur les mêmes principes que le bill pour l'An-
g}eterre.
Je poussai mon cheval en avant.
A mesure que j'avançais, les sons déve- <
naientplus distincts,
Je reconnus parfaitement le tambour de
basque, la cornemuse et les castagnettes'. 1
J'avançais toujours. s
Au bout d'un quart d'heure, je visbiah- i
cilir, a travers les derniers arbres, les mai-
sonnettes .de Yaucresson qui bordent la
route a droite et à gauche. ]
Alors, il me fut facile de reconnaître d'où
provenait cette mus!que.
Une band& dé bohémiens s'était installée
au milieu de la routé et donnait une repré- ]
sentation à douze ou quinze paysans accou- i
rus des maisons voisines. ~1
J'arrêtai mon cheval et mettes a une cer-
faine distance..
Une haie qui me protégeait des rayons du 1
soleil m'empêchait en même temps d'être ]
vue.toutenmepermeUantdevoir.
Mon domestique s'étaitarrêté à cent pas
en arrière.
Les bohémiens étaient, au nombre de
sept ou huit.
Une femme dansait un bolero en s'accom- ]
pagnant des castagnettes.
Deux hommes jouaient, l'un de la corne- 1
muse, l'autre du tambour de~ basque.
Un pauvre garçon déguenillé faisait le
tour des spectateurs, sa sébille à la main.
Trois petits enfants dansaient autour de
leur'inère.. J
Eh bien! ma chère, le croiriez-vous?
poursuivit M" de Planche Mibray, il se pro- 1~
duisit alors en moi le plus étrange des phé-
nomènes.
-Etait-ce une fantais!ede mon imagination? ]
Etait-ce une réalité?
Je. ne sais; mais un voile parut se déchi-
rer dans mon souvenir qui, jusqu'alors n'a-
vait jamais pu se reporter plus loin que le
jardin du pensionnat Bergeron.
11 me sembla que j'étais toute petite, cou-
~chée sur un grabat, dans une sorte de mai-
son roulante.
Une femme aux yeux ardents, au. visage
olivâtre se penchait sur moi et me regardait t
avec amour. En même temps, cette musique
bizarre que j'entendais, quelque chose me
disait qu'elleavait bercé mon enfance.
M. Adderley, répondant à M. Gosshen, aconSr*
me la nouvelle de l'invasion du Honduras par les
Indiens. Une collision a eu lieu entre ceux-ci et les
Anglais mais on s'est retiré des deux côtés. Les
rapports officiels Marnent sévèrement la conduite
deil'ofnoier'qui commandait les troupes anglaises.
Lord Lennox présente le budget de la marine,
qu) s'élève à 10,'926,253 Hv.sterL, ouundemi-
mitlion de livres sterling de plus que l'année der-
nière.
a!JTR)CHE
Vienne, 14 mars.
.Le gouv'SmemeBt se propose de convoquer pour
!e 3 avril les Diètes nouvellement élues de Bohême,
de Moravie et de Carniole. Le jour de l'ouverture
du.Reichsrath n'est' pas encore fixé, mais on croit
que ce sera, en
(Par le câble atlantique).
New-York, i4 mars, m!di.
La loi relativ&au gouvernemect militaire du Sud
a été déclarée en vigueur dans la Caroline.
Lé général Schoneld a ordonné aux ofSciers du
gouvernement actuel en Virginie, de rester en
fonction jusqu'à la nomination de leurs successeurs.
Un meeting très nombreux de fenians s'est réuni
à Union square pour demander l'assistance .des
Etats-Unis en faveur des habitants de l'Irlande.
RUSSiE <'
Moscou, i4 mars. `
On attend des députations des villes de .Tasch-
kend.Urategaetd'Ojùsac.ainsi que de plusieurs
tribus de Kirghises. Elles se rendront à Saint-Pé-
tersbourg pour présenter leurs, hommages à l'em-
pereur.
TuRQiME
Constantinop!e,i~mars.
Houssein Pacha, nommé gouverneur de la Bosnie,
prendra Ie~'commandement en chef des troupes
dans l'ile de Candie. Dix nouveaux bataillons vien-
nent d'être envoyés à Candie et en Thessalie.
Le ministère est occupa de la question des biens
des mosquées il n'est pas impossible que les 'étran-
gers, obtiennent l'autorisation d'acquérir des pro-
priétés foncières.
Constantinople, 14 mars.. `
De nouveaux délégués de la population Cretoise
viennent d'arriver ici..
(~
f/CBRO~UEP8MTI~E
D'après une dépêche télégraphique, on
assurait hier, dans les cercles bien in-
formés, à Vienne, qu'une entente s'était éta-.
blie récemment entre l'Autriche et la France,
relativement aux affaires d'Orient.
L.e~ont<6MrpfMSS!'<'n nous apporte aujour-
d'hui le texte complet de la réponse faite par
M. de Bismark à l'ancien ministre de Hano-
vre, M. de Munchhausen. Nous regrettons
que le défaut d'espace ne nous permette pas
de, la mettre intégralement sous les yeux de
nos lecteurs. Elle se commenterait d'elle-
même, et-elle fournirait une preuve de
plus de l'esprit qui inspire la politique prus-
sienne dans ses rapports avec les popula-
tions annexées.
Dans ce discours, la dérision se joint a la
force, pour rendre la défaite plus humiliante
et la menace plus cruelle. M. de Bismark
ce veut voir dans l'acte de patriotisme qui
retient à Marienbourg la reine détrônée du
Hanovre~qu'un témoignage de conuance don-
ne par l'ancienne souveraine a la protection
que la Prusse accorde aux princes et.aux
princesses de l'Allemagne. Mais ilraconte en
même temps l'arrestation, sous les yeux mê-
mes de la reine, de l'un de ses serviteurs,
M. de Kleuk, et il ajoute « SHa reine ne
veut pas voir de pareilles choses, il ne faut
pas qu'elle reste a Marienbourg. La fai-
blesse du cœur suffit d'ordinaire a dépeupler
les cours en exil on voit que l'intention de
S. M. le roi de Prusse est d'y ajouter sa
puissante intervention.
Et je restai là, une heure peut-être, muet"
te, immobile et comme perdue dana lea
brumes d'un passe lointain.;
En6n le tambour de basque se tut, la bo-
hémienne cessa de danser, l'enfant acheva
sa récolte de gros sous, et les deux hommes
,se mirent en devoir de plier le tapis qu'ils
avaient étendu sur la poussière de la route.
Puis ils détalèrent, et je les vis prendre
la route de Versailles.
Instinctivement je les suivis a distance.
Pourquoi?
Une sorte d'attraction contre laquelle je
luttais vainement m'entraînait. Quand je fus
a une certaina distance de Vaucresson, je
mis mon cheval au galop.. r
Alors, passant auprès d'eux, je laissai
tomber dans la mcdn de celui des enfants qui
tout à l'heure .tenait la sébile un double
louis.
Les bohémieas s'étaient rangés aux deux
côtés du chemin pour me laisser passer.
La femme qui avait dansé le boléro lera
sur moi deux grands yeux noirs. 1.
Il y eut alors entre nous deux comme
l'échange d'un nuide électrique.
EMe étouSa un cri, et un nom vint a ses
lèvres, unjiom bizarre, qui frappait mon
oreille pour la première foia:
-Pe7'd~s
En même temps aussi il me sembla que
j'avais déjà vt? cette femme quelque part, et
je m'arrêtai muette, la regardant d'un air
hébété.. a
Pendant une minute, cette femme et moi
nous nous regardâmes mais l'arrivée de
mon domestique nous arracha toutes deux
à cette contemplation.
Ce dernier, me voyant au milieu* de"ces
bohémiens, avait poussé son cheval aSn de
me protéger au besoin.
La bohémienne eut un mouvement de
crainte.
–Pardonnez-moi, madame, me dit-elle;
je suis un peu folle par moments, mais vous
ressemblez tant à Perdita.
Et elle voulut passer son chemin..
Je l'arrêtai d'un geste, et, donnant a l'en-
fant une seconde pièce d'or, je dis a sa
mère
M. de Bismak a terminé par ces mots que 1
nous n'avons pas besoin de souligner j
Quant aux arrestations dont on s'est plaint, elles
étaient naturelles et nécessaires dans les circons-
tances, et elles n'ont rien eu d'illégal dans un pays
pr
plus vite pos&iMe.'fOn rit.)
Une fois la Constitution prussienne réalisée~dans
le Hanovre, nous l'exécuterons aussi strictement
que'dans les autres provinces et nous observerons
ligoureusement toutes les garanties de !à liberté in-
dividuelle, Mais, précisément parce que le temps
qui doit s'écouler d'ici là est si court, nous ne pou-
-Yons permettre qu'en'pMsànte .dans c&t intervalle~.
Je conseiMe instamment à vous et à vos amis po-
litiques de ne pas nous provoquer. Vous rencontre-
'rez une énergie vis-à-vis de laqueiie vous n'êtes
pas de force.
Le Parlement fédéral a applaudi ces pa-
roles, dit le ~b?M
mé sa propre servitude; car un général à
la tête d'une armée n'aurait pas parlé au-
trement.
L'/
l'échec du général Garibaldi à Florence, à
Milan, a Bologne et même à Nap!es,-où
il reste en ballottage avec moins de: cent
voix..
Nous regrettons, dit ce journal, d'avoir à nous
réjouir de cet échec d'un homme aussi éminent;
mais, à qui la faute; sinon à, ceux qui ~ont voulu
transformer le général illustre, le grand citoyen,
en instrument de parti, et se servir de son nom
pour obtenir une manifestation électorale.
Cette manifestation a eu lieu puisqu'on l'a voulu;
seulement, elle n'a pas été ce qu'on attendait. On
a pu voir qu'autre chose était d'émouvoir la foule
par quelques phrasespassionnées, autre chose con-
-vaincre les citoyens appelés à exercer leurs droits.
Ainsi, en Vénétie même, où ont été prononcés
les discours que nous avons publiés, tout en re-
grettant qu'ils eussent été prononcés, if est bon de
le remarquer, aucun ou presque aucun des candi-
dats recommandés par le général Garibaidi n'a été
élu.
L'échec du général GaribaMi dans toutes
les villes importantes où il espérait entraî-
ner les esprits par le prestige de son nom
et ses discours enflammés, est un sympteme
du changement ou de la lassitude des es-
prits il suffit, comme dit l'/
non décisive signincation.
Le Fs~reMKd parle d'une brochure rédigée
en langue française, qui circule Vienne et y
excite un douloureux intérêt. C'est un appel
aux sympathies de l'Europe civilisée en faveur
de la Pologne opprimée..
On mande de Dublin, 4 mars, que le
mouvement fenian paraît se calmer et que
la; tranquillité règne en Irlande. Cependant,
les mesures de précaution ne discontinuaient
point à Liverpool, elles étaient comman-
dées par la crainte d'un soulèvement qui
était annoncé pour dimanche. Une colonne
de troupes avait été aussi envoyée de Lime-
rick à Cashel, pour parer à~ toute éventua-
lité. La dépêche ajoute que des arrestations
avaient été faites à Belfast, et que le temps
était toujours fort mauvais.. T'
C. LEFÈVRE.
NOUVELLES BES SBÂMBRES
I
La distribution de l'exposé des motifs des i
projets du gouvernement sur la presse et les c
réunions publiques a 6x6 l'attention sur leur <
caractère et leurs tendances. Ces deuxprojets i
font l'objet des conversations et des préoccupa- (
tiona d'une notable portion de la Chambre. On (
retrouve dans l'exposé des motifs du projet sur (
la presse les conditions et la forme d'un ré- f
quisitoire. Le rapporteur, M. Pinard, discute
en criminaliste plus qu'en homme d'Etat. Il
suf6t de lire son œuvre pour s'en convaincre.
Des députés faisaient aujourd'hui observer ]
le choix des assesseurs donnés à M. Pinard 1
–Qu'est-ce donc que Perdita, ma bonne
femme? 9
–.C'était la femme de Fanfreluche.
––Et qu'est-ce que Fanfreluche?
.–Un pauvre saltimbanque envoyé au
bagne.
–'Quel crime avait-il commis?
–-H avait tué sa ~femme.
–Perdita?
–Oui.. r
–~Et, Ss-je toute trembJante, vous trou-
vez que je ressemble à Perdita.
Oh non, me dit-elle, une belle dame
comme vous. ça ne se peut. ~excusez-
moi, madame.
E)Ie continua son chemin, et hâta le pas
pour rejoindre les hommes qui marchaient
toujoursen avant.
Quant à moi, ma chère belle, acheva
M'de PIanche-Mibray, jecingl&i mon po-
ney d'un coup de cravache et lui faisant
franchir le fossé qui bordait la route, je le
lançai de nouveauà travers bois.
Ce n'était pas la bohémienne qui était
folle, c'était moi.
Rentrée à la vi)!a, je voulus faire une ex-
périence étrange.
Enfermée dans nia chambre à double
tour, j'allumai deux bougies et cherch&i
dans les armoires diSërents vêtements que
j'avais laissés deux annses auparavant.
Parmi ces vêtements, il y avait une bas-
quine de velours noir. et une jupe rouge.'
Je m'en;an'ublai; puis; dénouant mes che-
veux, je me mis a les tordre et a les rouler r
à la façon des Espagnoles, et je posai, com-
me la bohémienne rencontrée tout a l'heure,
une pièce d'étoSe rouge sur ma tète, puis je
me regardai dans la glace.
Et soudain je reculai frémissante.
J'étais bien une femme de beMme.
J'avais bien le type de cette race étrange
venue on M sait d'où, et qui se retrouve
partout..
Et je me fis horreur. J'étais une gitana
Cette Perdita a qui je ressemblais, c'était
peut-être marnera
Je passai .une soirée épouvantable, ayant
toujours ~lans les oreilles le bourdonnement
de cette musique sauvage, dont les sons a-
vaient éveillé chez moi des souvenirs confus.
pour soutenir la discussion de ce projet de loi
ce sont M. de Marnas, procureur senéraLBfè~tth.
Cour impériale de Paris, etM. Mibo~'T~B~
avocat général à Rouen, et anciejt~pqQt~
général à Chambéry. On se demi~a~
président du conseil d'Etat B'auraj~a~S
ner la mission à deux conseiiIers~E~
gers aux parquets de poiicejudieiaH'a~
Quant au choix des commissaires~jM~
nementpour le projet 'de loi sur 'les~P
publiques, les députés y remarquent'avéc une
'certaine faveur deux anciens avocats ayant
été préfets, MM. Genteur et Chassaigne-
Goyon il n'y a qu'un seul ancien procureur
impérial; M. Lenormant.
Ces deux projets seront mis à l'ordre du jour
des bureaux de la Chambre peur lundi pro-
chain..
Le projet de loi relatif à l'armée et à la garde
mobile, présenté à la séance du 7 de ce mois,
ne sera soumis, dit-on, à l'examen des bureaux
de la Chambre qu'après la nomination des deux
commissions sur les projets de loi de la presse
et des réunions publiques. Plusieurs députés
attribuent ce retard aux informations deman-
dées par le gouvernement aux préfets sur l'im-
pression qu'aurait produite ces dispositions nou-
velles parmi les populations des départements.
Deux commissions d'intérêt local et la com-
mission relative à la révision des procès crimi-
nels et correctionnels, sont les seules qui se
soient réunies hier avant lés interpellations de
M.Thiers.
La commission chargée d'examimer le projet
de loi ayant pour objet d'accorder à M. de La-
martine une somme de 400,000 fr., a titre de
récompense nationale, s'est réunie trois fois,
sans pouvoir tomber d'accord sur la convenan-
ce de cette allocation, la seule que l'illustre
poète ait déclaré accepter. On assure a la Cham-
bre que deux membres sur neuf sont seuls d'a-
vis d'accorder la récompense/dans la forme
proposée par le conseil d'Etat. La majorité de
la commission propose de convertir cette allo-
cation en une rente viagère de :_40,000 fr~ Le
rapporteur sera nommé dans la prochaine
séance.
On vient de distribuer aux députés un
projet de loi relatif à là garantie des inventions
susceptibles d'être brevetées et des dessins
de fabrique qui seront admis à l'Exposition
universelle. Cette législation exceptionnelle a
pour but dé mettre à l'abri de la fraude et de la
contrefaçon' les'conceptions utiles, les ingé-
nieux procédés, les produits, en6n, du génie
industriel, destinés à marquer une nouvelle
étape sur la route laborieuse du progrès. La
même mesure transitoire fut votée à l'occasion
de l'Exposition universelle de 1855.
M. le conseiller d'Etat Heurtier, ancien di-
recteur général de l'agriculture et du commer-
ce, chargé du rapport de ce projet deloido.-
vant le conseil d'Etat, est délégué pour en sou-
tenir la discussion devant le Corps législatif.
E. BAUER..
LES OCTROI
Nous continuons l'examen des moyens
proposés par des députés, des publicistes et
des membres de conseils municipaux, pour
remplacer les octrois supprimés.
VI..Pfopost~oH /a!7ë pa~a France
Dans son numéro du 4 octobre, la FyaKce
a tranché la question d'une manière fort sim-
ple. Après avoir reconnu que les vUles a-
valent besoin des revenus qu'elles retirent
de leurs octrois, ce journal avait affirmé
« qu'il-y aurait mille moyens autrement ef-
ficaces s'y suppléer, )) notamment par la
création d'une contribution mobilière spé-
ciale, calculée sur les ,prodults des octrois,
et par un système mixte d'impôts directs et
d'impôts de 'consommation.
Les exigences de la ville de Paris s'oppo-
saient sans doute, disait la France, à la réa-
lisation de cette utile réforme « mais, ajou-
tait-elle, l'on pourrait faire une exception
Vers minuit je me.tordais sur mon lit, en
proie à l'insomnie, lorsque, non plus un
bruitimaginaire.maisunbruitréelm'arriva.
Eperdue, le front baigne de sueur, je me
levai et j'ouvris ma fenêtre.
A travers la nuit calme et silencieuse,
l'infernale musique des bohémiens m'arri-
vait."
Ils avaient dû camper de l'autre côte du
rbois, en vue de Versailles et je n'en pus
douter en apercevant une lueur rougeâtre a
travers lesarbres.
C'était le brasier qu'ils avaient coutume
d'allumer chaque soir.
Alors, ma chère amie, acheva M"~ de
PIanche-Mibray, dent l'émotion était au
comble, savez-vous ce que je us ?
Je me levai, je m'habillai, puis je son-
nai. 'y.
Ma femme de chambre arriva tout éton-
née, et me trouva si p&Ie qu'elle me crut in-
disposée.
Qu'est-ce que cette musijque qu'on
entend ? lui demandai-je.
Cela vient de la-b&s, me dit-elle.
Et elle désignait du'doigt la lueur rou-
ge&tre qui semblait grandir, comme un in-
cendie..
Qu'y a-t-11 donc la-bas?
–Madame, c'estfetea Versailles demain,
et trois ou quatre troupes de bohémiens se
sont réunies en cet endroit..
Au lieu de dormir, ils dansent.
–C'est bien. Appelle Jean; s'il est cou-
ché, qu'il se lève.
Jean était encore à la cuisine.
Puis, tandis que ma femme de chambre
sortait pour exécuter mes ordres, je m'ha-
billai.
Mais que vouliez-vous donc faire ? de-
manda M" Villemure, vivement impression-
née par ce récit.
Vous allez voir.
Et M°" de PIanche-Mibray essuya avec
son mouchoir quelques gouttes de gueur qui
perlaient à son front.
PONSON DU TERRAIL.
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