Titre : La Presse
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1867-02-05
Contributeur : Girardin, Émile de (1806-1881). Directeur de publication
Contributeur : Laguerre, Georges (1858-1912). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34448033b
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 124274 Nombre total de vues : 124274
Description : 05 février 1867 05 février 1867
Description : 1867/02/05. 1867/02/05.
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k512150t
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/03/2008
Mardi S- février 1867
BUREAUX D-ABONHERHlST, 123, RUE MONTMARTRE/
BSardi ë février 1867
3 MOIS (Paris eldéparlcmenlilcla Seine) 13 r'5O
ANNONCES, 8, PL. DE LA BOURSE, ET 7. RUE COQ-HSR6H
Tout ce qui coacerii|r4i!rfms1ial'C1i.^ujJourBal doit .être adressé au Gérant
yw yA 3 ;?
3§9 Ajonée
L'Administration se réserve le droit de modifier la rédaction des Annonces
PARIS, 4 FÉVRIER
'.M 'PROJET DE SÉNATUS-CONSULTE
^is^re^Bfftft^SlS^èiy^H dvùn
projet dé sénatus-consulte qui, en élargis-
sant la sphère d'action du- Sénat, apporte-
rait des modifications d'une certaine impor-
tance au rôle constitutionnel de cette as-
semblée. Les changements que l'on annonce
auraient pour résultat de développer l'auto-
rité du Sénat dans l'esprit des institutions
actuelles; mais, loin de tendre a assimiler
sa fonction dans le mécanisme gouvernemen-
tal à celle de l'ancienne Chambre des pairs,
ils ne feraient que mieux caractériser les
différences que le législateur de 1852 a
voulu établir entre ces deux institutions^
La Constitution de 1852 s'exprime, au
sujet du pouvoir législatif, de la même ma-
tiièrèque la Charte de, 1 830 «La puissance
législative, dit-elle, s'exerce collectivement
par l'Empereur, le Sénat et le Corps légis-
latif. » Cet article 4 de la Constitution im-
périale est, en effet, la reproduction exacte
de l'article 44- de la Charte. Les dénomina-
tions seules ont changé mais avec ces dé-
nominations nouvelles, de profondes diffé-
rences se sont introduites entre chacun des
termes de ces deux formules, en apparence
identiques.
Sous la monarchie parlementaire la
Chambre des pairs_était associée à tous les
actes de la vie législative les deux Cham-
bres possédaient les mêmes droits d'ini-
tiative, de contrôle et de décision; de telle
sorte que le débat clos dans une enceinte é-
tait repris tout entier dans l'autre, traver- {
sait les mêmes phases, avait à franchir les
mêmes obstacles, et qu'en définitive rien
n'était fait tant que la majorité de chacune
des deux Chambres nes'étaii pas prononcée,
et dans un même sens. « Toute loi, disait
la Charte, par son article 1 6, doit être dis-
cutée et votée librement par la majorité de
chacune des deux Chambres. »
Aujourd'hui le Sénat, où doivent égale-
ment, dans la pensée du législateur de
'1 852, se rencontrer la .haute expérience ad-
ministrative et le patriotisme éprouvé, avec
toutes les illustrations de la vie civile/et
politique, le Sénat remplit, au milieu et au-
dessus des grands corps de l'Etat, une sorte
de mission conservatrice qui distingue net-
tement son action de celle du Corps légis-
latif et s'il n'est plus isolé, comme avant
le décret du 24 novèmble 1 860, dans le se-
eret de ses délibérations, il n'a pas à pren-
ds à l'étude et k la confection des lois la
part active que la Constitution réserve à
l'autre Chambre.
Pour mieux faire apprécier les conditions
de son pouvoir, nous demandons à nos lec-
teurs la permission de résumer rapidement
les attributions dévolues au Sénat par la
Constitution de l'Empire.
Le Sénat est le: gardien du pacte fonda-
mental et des libertés publiques (art. 25).
Il doit s'opposer à la promulgation des lois
qui porteraient atteinte à la Constitution, à
la religion, à la morale, à la liberté des cul-
tes, k la liberté individuelle, à l'égalité des
eitoyens devant la loi, à l'inviolabilité de
la propriété et au principe de l'inamovibi-
lité de la magistrature, et de celles qui pour-
raient compromettre la défense du terri-
toire (art. 26) II peut mettre les ministres
en accusation (art. 13), et il est appelé à
sanctionner la déclaration en état de siège
d'un ou-de plusieurs départements (art. 42).
A défaut d'héritier légitime ou d'héritier
adoptifde l'Empereur et de ses successeurs
:"̃. '̃
FEUILLETON BE LA PRESSE
BB 5 FÉVRIER 1867 (
r ™. i
-"v: .• '•• J
LES iiÛUfif 0E PâSSâlE i
t» "̃̃̃ "Î-: '̃' ̃
Les passions vraies profondes, peuvent bien i
capituler un moment et rester muettes devant
des nécessités impérieuses, mais c'est toujours
sous la réserve de se manifester à la première
occasion. Alice et Lucile n'avaient d'abord ré- 1
pondu que par des larmes à leur mère qui, d'un
seul mot, avait rompu leurs deux mariages
mais le premier moment passé, elles avaient,
comme Edouard et Victor, jeté des regards sup-
pliants vers Barazer, en lui demandant de ne
pas les abandonner dans une pareille circon-
stance. Pascal lui-même avait instamment prié
sa femme de se joindre à eux pour combattre
les frayeurs de Mrao de Pradères et la faire re-
venir peu à peu sur une décision qui détruisait
tant d'espérances de bonheur.
Mrae de Pradères, faute de pouvoir s'isoler
immédiatement avec ses filles, allait donc se
trouver seule aux prises avec tous ses ad-
versaires, des adversaires qui avaient une si
grande autorité sur son cœur. Ce complot de
famille organisé presque en silence et paesignes,
avait déjà une journée d'existence, et devait
éclater à l'issue du dîner, au jardin, où l'on en-
traînerait adroitement Mm* de Pradères.
Cette tentative suprême précéderait celle que
Valérie Vêtait, sans doute, réservée pour la nuit
même. Barazer, que la visite de Michel avait
mi.s doublement sur ses gardes, décida qu'il ne
fallait point attendre qu'un second événement
vînt ajouter denouvclles raisons à la résistance
de-.Mm-e de Pradères. Il quitta donc la table le
premier et alla s'asseoir devant la maison pour
y attendre, ses auxiliaires. Ils arrivèrent bien-
Ce roman peut être reproduit par les journaux j
̃ qai ont oh traité avee la Société d*s Gecs de îet-
♦res. Traduction réservée.
désignés en ligne collatérale, il [nomme
l'Empereur par un sénatus-consulte soumis
à l'acceptation du peuple (S.-c. du 7 novem-
bre 1852, art. 4 et 5). II règle par un séna-
tus-consulte la constitution des colonies
et de l'Algérie tout ce qui n'a pas été pré-
vu par la Constitution et qui est nécessaire
à sa marche enfin le sens des articles de
la Constitution qui donnent lieu à des- in-
terprétations différentes (art. 27). Il
maintient ou annule tous les actes qui
lui sont déférés comme inconstitutionnels
par le gouvernement ou dénoncés pour la
même cause par les pétitions des citoyens
(art. 29). 11 peut, dans un rapport adressé
a l'Empereur, poser les bases des projets
de loi d'un grand intérêt national (art. 30).
Il peut également proposer des modi-
fications à la Constitution (art. 3'1).
Enfin, en cas de dissolution du Corps légis-
latif, et jusqu'à une nouvelle convocation, il
pourvoit, par des mesures d'urgence à tout
ce qui est nécessaire à la marche du gouver-
nement (art. 32). ̃
Telle était à l'origine cette assemblée dis-
posant, il nous sera permis de le.dire, d'un
pouvoir plus élevé, qu'actif, placée près de
la Constitution comme une gardienne,' -mais
participant dans une certaine mesure a l'im-
mobilité relative du dépôt qui lui était con-
fié. Notons ici que l'indépendance de cette
Chambre vis-à-vis du. pouvoir souverain
dont elle émane avait été assurée, par la
limitation à 150 du nombre.de. ses mem-
bres. (S.-c. 25 décembre 1852, article 10.)
Et cependant l'opinion, habituée depuis un
demi-siècle aux retentissements delà tribu-
ne du Luxembourg, ne parvenait pas à s'ex-
pliquer d'une façon bien exacte l'importan-
ce, au milieu des rouages de la Constitution,
de celte assemblée où siégeaient, à côté des
noms les plus considérables du régime ac-
tuel, les sommités de la pojitique, de l'ar-
mée et de l'Eglise, mais dont l'autorité sem-
blait répondre à des circonstances tellement
'exceptionnelles qu'on n'en prévoyaitpas l'é-
chéance, et dont l'influence sur les affaires
générales de la politique paraissait se bor-
ner à un examen d'une nature si sommaire
que, pour s'en tenir au fond des choses,
il ne touchait pas aux choses elles-mêmes.
Vint alors le décret du 24 novembre 1860.
Ce décret fit, à l'égard du Sénat, deux cho-
ses il ouvrit non les portes, mais, si l'on peut
le dire les fenêtres du palais du Luxem-
bourg. Par la publicité des comptes-ren-
dus, la voix du Sénat arriva au public.
Ce fût toute une révélation. Puis, le dé-
cret autorisa le Sénat ainsi que le Corps lé-
gislatif à répondre par une Adresse au dis-
cours du Trône. Toute la politique inté-
rieure et extérieure de la France entrait
ainsi dans l'assemblée l'Italie, Roine, le
Mexique, l'Allemagne, l'Orient, avec le cor-
tége de tous les problèmes soulevés au de-
dans par la liberté, et venait remuer les
fibres de ce patriotisme vieilli au service de
la France. Le décret du 49 janvier, fidèle à
la pensée de celui du 24 novembre, a ac-
cordé également aux deux Chambres le droit
d'interpellation en supprimant le vote de
l'Adresses et a même rendu l'exercice du
droit nouveau plus facile pour le Sénat que
pour l'autre assemblée.
Aujourd'hui, si nous sommes bien infor-
més, il s'agirait de faire un pas de plus la
publicité des comptes-rendus serait com-
plétée par la publicité des séances; les tri-
bunes du Luxembourg, fermées depuis dix-
neuf ans, seraient rouvertes au public, ve-
nant communiquer aux luttes oratoires dont
il terait le témoin ce souffle à la fois muet
et puissant des émotions du dehors, qui ne
passe pas sur une poitrine d'orateur sans
l'agiter et l'enflammer.
tôt prendre place aux côtés de l'armateur, c
qui s'écria tout à coup d'uae voix superbement f
dégagée (
Ma chère Suzanne, je constate avec plai- 2
sir que votre visage a recouvré la grâce sou- f
riante qui le caractérise. Cela devait être, et
je n'ai point à me repentir de vous tfvoir lais- 1
sée depuis hier à vos propres réflexions. c
Que voulez-vous dire ? répondit Mmé de (
Pradères avec étonnement. t
Rien, sinon que vous êtes maintenant <
dans une disposition d'esprit qui nous permet
de reprendre la conversation où nous l'ayons
laissée.
Mme de Pradères jeta un regard douloureux
sur l'armateur et garda le, silence.
Bien 1 je vous concède encore ce dernier
regard, reprit en riant Barazer qui voulait ôter
au débat qu'il allait engager tout côté senti-
mental, mais je vous préviens que je n'en ad-
meitrai plus d'autres et que je détournerai plu-
tôt les yeux pour ne pas les voir. Bref! je re-
viens à" mon sujet les publieations de mariage
de Victor et d'Alice sont terminé.es maintenant
et celles d'Edouard et de Lucile sont coimnen-
cées depuis vingt-quatre heures; il faut donc
fixer le jour où nous nous proposons de conclure e
irrévocablement ces deux mariages. Vous
m'entendez, chère Suzanne? f `
Mon ami", vous vouiez me faire une vio-
lence inexcusable, répondit Mme de Pradères
en se levant pour se retirer.
Maman 1 s'écrièrent les deux jeunes filles
qui s'empressèrent de la retenir, tandis que Vic-
tor Ozanne et Edouard Deville s'emparaient de
ses mains, et que Barazer l'obligeait de se ras-
seoir.
Mm0 de Pradères, vaincue par le cercle affec-
tueux qui l'entourait, dit avec des larmes dans
la voix
Yous ne me forcerez jamais, mes en-
fants, à consentira votre malheur;. ce sera tou-
jours au-dessus de m'es forces.
Que faites-vous donc en ce moment, ma
chère amie, reprit Barazer, sinon de sacrifier le
bonheur de vos enfants à des craintes chiméri-
ques et tellement folles qu'elles vous rendent
injuste même envers ce pauvre Victor ? Et
{ puis, j'ai le regret de le répéter, n'est-ce pas
un mat-que absolu de dignité que de tenir
compte de menaces qui partent de si bas., et
En outre, l'article 26 de la Constitution" J
qui détermine les conditions d'examen par!
lé Sénat des lois adoptées par le Corps lé-
gislatif, serait modifié dans ce sens, que le
Sénat pourrait examiner la loi elle-même,
non-seulement dans son caractère constitu- ]
tionnel, moral ou social, JJ&ajs dans sa por-J ..i
têe pratique et en arrêter, par un Veto sus-
pensif, la promulgation. Ce Veto provoque-
rait un nouvel examen de la part de la Cham-
bre élective, dont une seconde décision con- ]
forme a la précédente aurait pour consé- ]
quence l'adoption définitive de la loi.
L'article 1" du séna lus-consul te du .'li
juillet 1866 nous permet d'indiquer ces 1
changements à l'étude, car ils appartiennent
à la rumeur publique, mais nous devons
nous borner à enregistrer aujourd'hui ces
informations, dont un avenir prochain véri-
fiera, croyons-nous, l'exactitude. Ajoutons
que tout ce qui sera un accroissement de
l'influence du Sénat, sans être une diminu
tion des privilèges du Corps législatif, ob-
tiendra notre sincère et loyale adhésion
comme une conquête nouvelle de la liberté.
F. DE LA PQNÏKRIB. )
Un fait considérable vient de s'accomplir
en Autriche. Nous ayons reçu hier, au mo-
ment où notre tirage se terminait, Jà dépê-
ché suivante
Vienne, 3 février 1867.
Une crise ministérielle a éclaté et dure de-
puis trois jours, par suite d'un différend entre
le comte Belcredi et M. de Beust, ce dernier
appuyépar la fraction réactionnaire de l'aris-
tocratie.
Le comte Belcredi persiste à vouloir convo-
quer l'assemblée extraordinaire du Reichsrath
pour soumettre à ses délibérations la transac-
tion avec la Hongrie.
M. de Beust veut, au'îôntraire, que l'on con-
voque le Reichsrath restreint peur lui commu-
niquer la convention conclue avec la Hongrie
comme un fait accompli et non sujet à discus-
sion.
La question a été débattue dans une confé-
rence ministérielle, tenue sous la présidence de
l'empeieur, et à la suite de laquelle le comte
Belcredi a offert sa démission.
Cette démission a été acceptée aujourd'hui
par l'empereur.
M. de Beust sera nommé président du con-
seil à la place du ministre d'Etat, qui sera rem-
placé dans ses fonctions administratives par
un simple ministre de l'intérieur.
La patente de janvier dernier sera révoquée,
et le Héichsralh restreint sera convoqué, com-
me le demandaient les Allemands. Si Jes Tché-
ques et les Polonais ne viennent pas y siéger,
on mettra de côté les désignations faites par les
diètes provinciales, et on ordonnera des élec-
tions directes en établissant des districts élec-
toraux en Bohême et en Gailicie.
On annonce que la Croatie doit protester
contre la teneur de la transaction faite avec la
Hongrie.
Le changement ministériel que nous an-
nonce la dépêche qu'on vient de lire a toute
l'importance d'une révolution intérieure.
C'est le triomphe du parti centraliste alle-
mand qui doit sa victoire k' l'appui de la
haute aristocratie terrienne, c'est la défaite
du parti fédéraliste qui demandait l'égalité
des droits pour toutes les nationalités de la
monarchie et qui réclamait la convocation
d'un Reichsrath constituant élu sur cette
base.
Il reste à connaître quelle sera l'impres-
sion produite par ce revirement dans les
provinces où la patente du 2 janvier 1 867
avait causé une vive satisfaction. Telle est
la situation de l'empereur d'Autriche, qu'il
ne peut satisfaire une partie de ses sujets
sans mécontenter vivement les autres. L'in-
fluence de l'esprit provincial est tellement
prépondérante, qu'elle étouffe toute préoc-
cupation de l'intérêt général.
B. BAtJEE'.
e permettre ainsi à de pareilles femmes de n n
peser sur notre existence, de déranger notre vie, A
celle de nos enfaets? Croyez-moi, ma chère Su- t<
zanne, revenons vite à nos projets. Nous aurons n
fait un mauvais rêve ce sera tout. d
Ma chère tante, poursuivit Victor Ozanne, E
la cause que M. Barazer plaide en ce moment n
est notre cause à tous, et vous nous permettrez l~
de nous réunir pour combattre une détermina- f~
tion prise trop rapidement sous l'empire de d
craintes bien concevables, mais qui devien- 1
draient exagérées si elles pouvaient durer plus i;
longtemps. Mon amour pour Alice, et celui d'E- c
douard pour Lucile, ne sont pas de ces pàles I
affections aisément remplacées par d'autres; de d
ces affections conçues dans l'ivresse d'un bal, et
dont l'aube emporte jusqu'aux derniers vestiges. 1
Elles tiennent à nous par des racines profondes,
et notre cœur, se déchirerait s'il fallait Jes en j
arracher. M. Barazer, désireux de notre bon- r
heur, en a généreusement fait le sien. Long- s
temps aimé par mon père et ma mère, il a voulu `
les remplacer auprès de nous. Il avait pris l'en- a
gagement de veiller sur notre avenir et de nous t
conserver notre, héritage, et il a dirigé notre in- ¡
struction et triplé notre fortune. Et c'est au mo- i
ment, où il songe à nous réunir tous, à nous
faire à chacun une place autour >de son bon-
heur, que vous souffleriez sans pitié sur notre
rêve et le sien? Non, ma chère tante, vous ne le
voudrez pas..
Non, vous ne voudrez pas, ma chère tante,
nous désespérer tous, dit à son tour Edouard
Deville vous ne voudrez pas me donner à moi
le regret d'être venu troubler le bonheur de
mon frère en excitant vos craintes maternelles
sur l'avenir d'Alice et de Lucile. Croyez, ma
chère tante, que je serais le premier à rom-
pre un mariage qui devrait causer un mal-
heur mais les menaces dont vous tremblez
encore sont les derniers cris d'une colère im-
puissante, rien de plus elle ne sauraient avoir
de suites. Ce flacon brisé à vos pieds était un
incident préparé, le dernier incident d'une
scène sauvage destinée seulement à agir sur
votre imagination. Cette femme a lutté jusqu'au
bout pour conquérir la position qu'elle avait la
folie d'ambitionner, et elle s'est retirée vaincue
en essayant encore de laisser la terreur der-
rière elle. Les dettes illusoires qu'elle m'attri-.
buait devant vous, avaient été son premier
BULLETIN TÉLÉGRAPHIQUE
'<
DANEMARK
Kiel, 3 février.
Le, service régulier des bateaux à vapeur entre
Kiel el Corsoër (Danemark) a recommencé aujour-
cThui.
SUÈDE
Stockholm, 2 février.
Il a été présenté à la Chambre des députés ua
projet de réorganisation de l'armée qui établit l'o-
bligation générale du service. L'armée serait divi-
sé» en. trois catégories
La première, formée des jeunes gens de vingt-
deux à vingt- cinq ans, comprendrait 125,000
hommes.
La seconde, formée des jeunes gens de vingt-six
à trente ans, comprendrait 120,000 hommes.
Enfin, la réserve, formée par 1rs hommes de trente
à cinquante éids, serait de 300,000 hommes.
[Affencs Ravas-BuSHer.)
•'̃̃ -̃̃ CHROIIQUE FÛLIÏIP-
Nous croyons devoir reproduire le texte
môme de la déclaration publiée par le Jour-
nal (la Rome, du '1 er février, au sujet delà
convention Langrand-Dumonceau
Un journal de Florence, il Diritto du 30, a pu-
blié une lettre en data à Bruxelles du 20 janvier
1867, adressée par M. le comte Langrand-Dumon-
ceau aux actionnaires de la banque de Crédit fon-
cier et industriel de cette ville. On apprend par
cette lettre auxdils actionnaires uue graude opéra-
tion de ce banquier avec le gouvernement de S. M.
Wtor-Emmanuel II, opération qui, dit -on, a été
signée après de longues négociations ouvertes si-
multanément à Florence, à Rome et près les évo-
lues d'Italie.
Laissons au Diritto la responsabilité de l'authen-
ticité de cette lettre relativement à ce qui a été dit
dans notre numéro du 25 janvier dernier. Les as-
sertions y contenues en la partie qui concerne Ro-
me sont absolument fausses.
En ce qui regarde les pensées et les opinions du
Saint-Siège relativement à la susdite grande opéra-
lion dont certains journaux italiens, môme officieux,
se sont rendus témérairement les interprètes, toute
personne douée d'un bon jugement aurait certai-
nement l'ail de ces pronosiics hasardés et de ces as-
sertions sans fondement-le cas qu'ils méritent.
Ces manœuvres et d'autres semblables de la
presse quoûdienne italienne expliquent peut-être
comment il se fait qne bon nombre de personnes
honnêtes, et entre autres queiques-unes jiarais&ant
bien informées, assuient que tous les- bruits mis en
circulation et les présentes négociations n'ont pas
d'autre but que de gagner du temps et de jeter de
la poudre aux yeux, afin de mieux consomaier les
projets impies et antichrétiens que l'on mûrit en se-
cret.
Les journaux italiens se montrent vive
ment préoccupés de l'attitude "prise par la
Chambre des députés dans l'affaire des biens
ecclésiastiques. La dépêche suivante porte
la trace de ces impressions
Florence, 3 février, soir:
Le deuxième bureau de la Chambre des députés
a aussi repoussé le projet concernant la liberté de
l'Eglise et la liquidation des biens ecclésiastiques.
Il ne reste plus à connaître que la décision du pre-
mier bureau.
h'Opinione croit que le ministère ne prendra de
détermination'qu'après la discussion publique du
projet à la Chambre.
Le Nuovo Dinito dément catégoriquement les
bruits de crise ministérielle.
La Naziunc déclare dénué de tout fondement le
bruit que le ministère ait proposé la dissolution de
la Chambre.
Le baron de Lubeck, ambassadeur d'Autriche
près la cour de Florence, est arrivé.
M. Ricasoli se laissera'-t-il entraîner par
la Chambre à une mesure pure et simple de
spoliation devant laquelle il avait eu le cou-
rage et l'honneur de résister ?
Le Moniteur, dans son Bulletin, apprécie
en ces termes les mesures prises dans les
Etats romains contre le brigandage, et
donne l'analyse suivante de ces disposi-
tions
Par suite du départ des troupes expéditionnaires
françaises, le gouvernement pontifical a redoublé
d'activité et a multiplié ses moyens d'action dans
l'intérieur du pays, où l'on pouvait craindre de
voir le brigandage reparaître avec plus de violence
et- d'audace. En vue de parer à cette éventualité, le
ministre des armes du Saint-Sié^e a provoqué l'a-
;doption d'une série de mesures énergiques et in-
moyen moyen dont il était aisé de faire justice. ¡
Alors ella en a employé un plus perfide et qu'elle
tenait en réserve pour suppléer à l'autre. Rien
ne lui eût été plus facile que d'exécuter immé-
diatement sa menace si elle eût été sérieuse.
Elle ne nous aurait pas dit implicitement Te-
nez-vous là, l'œil fixe, les bras libres, car voici
le moment de vous opposer à ce que je veux
faire. Elle connaît trop la punition réservée à
de tels actes pour l'encourir si bénévolement.
Il n'y a au fond de tout cela, je le répète, qu'une
ignoble comédie, et j'espère que vous en voilà
certaine, ma chère tante, ma mère, ajouta
Edouard en baisant affectueusement les mains
de M"19 de Pradères
-Oui, oui, n'est-ce pas, maman ? dirent
Alice et Lucile aux genoux de leur mère.
Allons, rendez-vous, chère madame, car
je commence à croire que ces messieurs ont
raison, ajouta doucement Mme Pascal sur un si-
gne de son mari.
Très certainement, dit Henri, je connais
assez ces deux femmes pour pouvoir vous affir-
mer qu'elles n'avaient qu'un but en agissant
ainsi, celui de dissimuler leur humiliation et
de sortir d'ici avec les honneurs de la guerre.
-Non, non, quelque chose me dit que je ne
dois pas vous croire 1 s'écria Mme de Pradères
en secouant la tête et en s'efforçant de retenir
ses larmes.
Barazer fit signe à tout le monde de s'éloi-
gner.
Ma chère Suzanne, dit-il, dès qu'il fut
seul avec elle, remarquez bien que. votre ob-
stination finira par causer quelque malheur ici,
et qu'il sera plus terrible que celui que vous
appréhendez.
Quel malheur, mon ami ? 2
Un malheur qui, je l'espère, ne frappera
que RiGi.
Yousl mais cela est impossible.
v- Impossible, oui, si j'étais un égoïste et
que je pusse considérer froidement, comme
vous, ma chère amie, la douleur de ces pau-
vres enfants.
Vous êtes injuste, monsieur Barazer, vous
devriez comprendre tout ce que je souffre à les
tourmenter ainsi.
1 Vos souffrances sont imaginaires, et les
leurs sont véritables Je ne vous répéterai pas ce
qui vient d'être dit, car vous me forcez à croire
telligeDfes.de nature à assurer le maintien du bon
ordre dans toutes les partiesdu territoire pontifical.
Nous citerons en première ligne le rétablisse-
ment de l'institution des' auxiliaires de la réserve,
qui avait déjà été mise en vigueur avant -1848. Ces
auxiliaires, tous volontaires, doivent former un ba-
taillon de six compagnies par province, portant
chacune le nomde la localité où elle.a été organisée.
Le district de Frosinoue a repondu avec empresse-
ment à l'appel fait à sf s habitants, et un bataillon
de 900 hommes y est déjà réuni. Les nulres provin-
ces ne larderont pas à recevoir la même organisa-
tion.
En o >tre, on a créé pour surveiller les bandes et
les tenir éloignées des centres de population, des
escouades dites squairille, composées de gardes
communaux, forestiers ou particuliers, connaissant
le pays, les habitudes des brigands, leurs lieux de
refuge et leur manière de vivre. Ces escouades sont
nomades et rayonnent dans toute la zone frontière
du royaume de Naples.
L'organisation militaire des Efais romains com-
prend donc aujourd'hui des garnisons de troupes
régulières pour les grands centres, des corps auxi-
liaires pour les localités de moindre importance, et
les squadri'le pour parcourir le pays, faire des re-
connaissances et surveiller la frontière.
En résumé, cet ensemble de mesures paraît des-
tiné à produire de bons résultais, et, notamment, à
permettre de mener à bonne fin la destruction des
dernières bandes de brigands. La plus impnrlante
de celles qui tiennent encore la campagne, la ban-
de de Cipriani, éiait, aux dernières nouvelles, cer-
née sur la montagne de Santa Francesca près de
Frosinone.
Le duc de Hesse se fait l'agent de l'unité
allemande pour le compte du roi de Prusse.
On lit dans la Gazette hessoise du 2
M. de Dalwigk se rend aujourd'hui avec le mi-
nistre de la guerre,- M. de Grolraan, à Slult.aard,
pour prendre part aux délibérations des Etals du
Sud. En mirne temps, un officier d'éiat-nnaior se
rend à Munich, et le premier aide de camp du
grand-duc, colonel Grolmann, part pour Berlin,
pour ouvrir o'fîciellement les négociations relatives
à la convention militaire que le prince Louis a pré-
parées par voie confidentielle.
On lit dans la Gazette de V Allemagne du
Nord
Des journaux ont annoncé que le roi aurait l'in-
tention de visiter au printemps, c'est-à-dire au
mois de mars, lesnouvelles provinces; nous ferons
observer que jusqa'ici il n'a été pris aucune déci-
sion à ce sujet. Il en est de mime des bruits rela-
tifs à un voyage que le comte de Bismark aurait
l'intention de l'are à Paris pour assister à l'ouver-
ture de l'Exposition universelle.
Le nouveau ministre de Bavière, le prince
de Hohenlohe, méritait bien d'être défendu
par les journaux officieux de Berlin. Il ob-
tient cet honneur de la Gazette de l'Allemagne
du Nord
Les conséquences erronées où la presse étran-
gère est conduite par la supposition que la Prusse
ne veut pas maintenir la ligne du Mein pour ia
Confédération du Nord, fondée sous sa direction, se
voient dans un article du Journal 'des. Débats su:' le'
programme c'u prince de Hohenlohe. L'auteur pré-
tend que la Bavière incline à se soumettre à la su-
prématie de la Prusse. Mais il n'y a rien çle pareil
dans les déclarations du président du conseil de
Bavière.
D'aufre part, il est absolument de l'intérêt de la
Prusss que les dispositions de la piii.t de Prague,
sur l'union nationale de la Confédération du Nord
et celle de l'Allemagne soient exécutées Le gouver-
nementprussienne peutdonechercherqu'à favoriser
de toutes ses forces une entente des go uvernements
duSud entre eux à l'effet d'établir el de consolider^
une confédération au sud du Mein.
C'est-à-dire que S. M. le roi Guillaume se-
ra roi de Prusse, directeur de la confédéra-
tion du Nord, et défenseur de la .Confédéra-
tion du Sud/ en attendant que lui-même ou
ses successeurs soient empereurs d'Allema-
gne, et voilà comment M. le prince deHohen-
lohe comprend et sert les intérêts nationaux
de la Bavière
Voici le texte de l'avertissement adressé
aux journaux de Belgique par la Gazette de
l'Allemagne du Nord, et qui nous a déjà été
signalé par le télégraphe
Nous avons prouvé à plusieurs reprises qu'une
grande partie des feuilles belges poursuit le plan
d exciter, par un système organisé de mensonges,
'le sentiment national français contre la Prusse. Ces
journaux répandent avec intention la nouvelle qu'on
fait en Pr.isse des préparatifs pour une guerre con-
tre la Çrance, que des espions prussiens parcourent
les provinces trontières de la France et font des
études stratégiques pour le compte du gouverne-
ment prussien.
Un correspondant du Journal d'Anvers est allé
nsqu'à donner i'assurancs qu'il avait eu en mains
que l'opposition que" vous faites maintenant à j c (
ces deux mariages est le résultat de motifs se- i
crets ou plutôt inavoués. i f
Je vous assure, mon ami. jc f
Non, non, vous avez trop d'intelligence; j
vous vous seriez déjà rendue aux raisons que ( (
vous ont données ces pauvres enfants. Votre
intention est de m'atteindre par ces refus obsti- t
nés, et je dois vous dire que vous ne manquez t
pas votre but. Oui, vous m'en voulez de ce tond (
de tendresse que j'ai gardé pour vous, et aussi
de la façon un peu cavalière dont j'ai disposé
de vous et de votre famille. Vous ne me par- (
donnez pas d'être venu vous dire sans prépa- ]
rations suffisantes J'ai fait construire un
château où je veux vous réunir tous, afin
de vous imposer ma compagnie; que voulez-
vous, ma chère Suzanne, j'ai fini par avoir la
folle vanité des millionnaires on ne peut é-
chapper à son étoile.
Mon ami, je vous en supplie. dit Mme de
Pradères tout émue.
Je vous entends, ma chè;e Suzanne, mais
soyez assurée que je Viis réparer ma faute.
D'abord, nous allons mettre à néant le beau
rêve que j'avais fait, puisqu'il n'était beau que
pour moi. Mes frais de cœur et d'imagination
n'auront pas été complètement perdus, et ceta
me console. Vous habiterez ce château en mon
absence vous y vivrez heureuse avec vos filles
et vos gendres, et toute la postérité que le ciel
ne peut manquer de leur accorder. Cécile et
son mari vous y tiendront compagnie avec leur
descendance. Moi, j'irai de nouveau, pendant
ce temps, à la chasse aux millions j'en ferai
ma spécialité, puisque je ne suis plus guère
bon, il paraît, à autre chose. Quant à ma ten-
dresse pour vous, ma chère Suzanne, je pren-
drai le parti de n'en plus causer qu'avec moi-
même. Je suis persuadé maintenant, et c'est un
peu tard, que les femmes sont comme les en-
fants, d'autant plus disposées à l'ingratitude
qu'on les aime davantage.,
Barazer, convaincu qu'il échouerait complè-
tement devant les appréhensions maternelles
de Mme de Pradères, avait eu recours aux dé-
rivatifs.
Mon ami, lui répondit Mm6 de Pradères
avec une émotion mal contenue, vous me pia-
cez par votre modestie dans l'étrange nécessité
i de vous paraître dure, égoïste, injuste, indigne
un rapport de ces espions à S. M. le roi. À*ftjour-
d'hui encore Y Emancipation, du 21 janvierîBious
offre un exemple des men-onges par lesqu^ oa
cherche à tromper l'opinion publique de FrafiTou
Ce journal contient rme prétendue corrcspo!V1W_
ce do Paris, où ii est dit que le roi de Prusse étante
mécontent delà polili rue de 61. Drouvn de Lhuys,
a dvm-M'dé à 1 Empereur Napoléou de destituer ce
ministre, et qu'il a été fait droit a cette'deruande.
L'impossibilité d'une immixtion de la Pru-se, dans
la prérogative rie ia souveraineté française est si
évidente que nous ne dirons pas un mot de pius à
ce sujet. Mais la presse belge, en poursuivant avec
zèle le plan d'exciter par tous les mo>ens la popu-
lation française contre la Prusse, commet un crime
grave contre le droit des gens européen.
D'après les journaux belges, on croit k
Berlin qu'il faudrait un peu de sang fran-
çais pour cimenter l'unité allemande. Que
̃cette indiscrétion déplaise aux îftnis de M.
de Bismark, nous n'en sommes pas surpris,
mais nous n'avons pas à nous associer à
leur mauvaise humeur.
C. LEFÎh'RE.
L'INVASION LATENTE
Nous sommes de détestables colons l'Algé-
rie, là, sous nos yeux, depuis trente-sept ans,
nous le prouve par ses budgets, ses statistiques
commerciales, ses recensements, ses produits,
il n'y a point à parler des colonies plus éloi-
gnées elles ne sont ni prospères ni grandis-
santes. Le canal de Suez. (quand on y pas-
sera ?) n'y pourra pas davantage que notre se-
rie, interrompue aujourd'hui, d'expéditions
lointaines. le fait est acquis.
Pas plus en Californie qu'au Mexique, qu'aux
Etats-Unis, qu'au Brésil et que dans l'Orient
extrême ou "non-extrême, nous ne trouverons
d'exception à cette formule écrite de notre doigt
sur la circonférence entière du méridien ter-
restre « Le Français est mauvais colon. »
Pourquoi, lui demande-t-on, pourquoi n'imi-
tez-vous pas l'Anglais qui voyage, qui s'ins-
talle à l'étranger, qui y dresse le plan de cam-
pagne d'une grosse fortune; l'Allemand quj
émigre en masse qui, aux prises avec les dif-
ficultés d'installation et de vie dans les pays
les moins cléments, plante sa tente, ouvre
son commerce, organise la véritable, solidarité
nationale dans une coopération naturelle, de-
vient au dehors propriétaire, agriculteur, père
de famille, « bénédictin »? ?
Pourquoi n'encouragez-vous pas vos légations
à s'occuper un peu moins des intérêts politi-
ques, intérêts creux le. plus souvent, un peu
plus de vos intérêts industriels, commerciaux,
financiers, qui se soldent toujours, quand on
les soigne, par un dividende de richesse et de
prospérité nationale ?
Pourquoi ne fondez-vous à l'étranger aucun
établissement durable ?
Vous passez, on vous aime, on vous ad-
mire. Votre nature sympathique plaît; votre
soldat, brave tt toujours bon garçon tout à ia
fois, fait de la propagande pour la France et
quand vous avez laissé des traces d'une occu-
.pation militaire, ces traces^ à l'inverse de celles
'de toutes les armées du monde, sont pleines de
doux et sympathiques souvenirs. Ici, une route
faite par vous, là un jardin, là une promenade,
là un théàtre. Partout votre gaîté, votre philo-
sophie, votre excellent cœur vous ont laissé des
amis.
Mais ces succès si divers sont éphémères.
Rien de durable, rien de solide, rien surtout
d'établi. sans esprit de retour. » Pourquoi?
Pourquoine savez- vous aucune langue, quand
l'étranger un peu élevé en parle couramment
trois ou quatre ?
Pourquoi savez-vous si peu d'histoire, si peu
de géographie, et connaissez- vous à peine sur
la carte, le lendemain d'un jour où des coups de
canon ont été tirés par vos expéditions lointai-
nes, la place où ils ont frappé?
Pourquoi vos savants, vos grands indus-
triels, vos poètes, vos écrivains ne voyagent-
ils pas davantage? Pourquoi le gros chiffre de
vos colons est-il partout exclusivement repré-
senté parla modiste et lé marchand de vin de
Champagne, exportant des toilettes et voya-
geant « pour les liquides? »
« Nous sommes si bien chez nous » »,
Telle est notre seule réponse à ce qui pré-
cède.
Nous sommes si bien chez nous que nous
n'avons pas l'humeur voyageuse.
Nous n'apprenons pas les langues, parce que
tout le monde parle le français.'
u moindre intérêt, ou de vous avouer des sen-
iments qu'une femme, mère de deux grandes
Iles, doit, selon moi, cacher religieusement au
Dnd de son cœur. Non, je ne vous hais point;
î ne suis même que trop disposée à être re-
onnaissante envers vous.
.Alors, vous haïssez ce pauvre Edouard?
'écria l'armateur, qui ne voulait pas, par délica-
rsso, augmenter l'embarras de Mluo de Pra-
[ères. ,'•̃̃̃̃
Que le ciel m'en préserve mon ami.
Si ma chère Suzanne, vous lui repro-
hez de n'être pas tombé aussi pur qu'un séra-
ihin aux pieds de cette pauvre Lucile. Que vou-
ez-vous? il est peut-être sage d'accepter la so-
iiété telle qu'on nous l'a faite.
Pourquoi, mon ami, me donner -gratuite-
nent un ridicule ? dit Mmo de Pradères vous
avez bien que je n'ignore pas complétement les
;hoses de la vie. •
Alors, ma chère Suzanne, vous devenez
me énigme pour moi.
Tout devient obscur pour celui qui ne
reut rien entendre, rien voir.
C'est votre pensée? Eh bien, voici la
nienue. Toute affection comporte autant' de
sacrifices que de plaisirs; or, si vous nous ai-
nez, vous marierez Alice et Lucile avec mes
leux puplles vous vous marierez ensuite
vous-même avec moi-même, et pour cimenter,
coordonner tout ce bonheur, pour éviter qu'il
3e désagrège sous .les raffales parisiennes, nous
courrons" immédiatement le mettre en wa-
«on, et nous l'emporterons pour toujours loin,
bien loin, dans le château qui nous attend
à quelque huit cen'.s kilomètres du point où
nous sommes en ce moment. Est-ce une bon-
ne fois convenu?
Mon ami.
Oui ou non, rien de plus! fit Barazer. `
Non, pas aujourd'hui, demain, je vous en
prie. ditMme de Pradères d'une voix suppliante.
Non, pas demain, mais ce soir, car, d'ici
à demain, vous m'auriez peut-être forcé de
commettre un meurtre n
Barazer s'éloigna, laissant Mme de Praaères
bouleversée par ces dernières paroles
Georges FÀTH.
BUREAUX D-ABONHERHlST, 123, RUE MONTMARTRE/
BSardi ë février 1867
3 MOIS (Paris eldéparlcmenlilcla Seine) 13 r'5O
ANNONCES, 8, PL. DE LA BOURSE, ET 7. RUE COQ-HSR6H
Tout ce qui coacerii|r4i!rfms1ial'C1i.^ujJourBal doit .être adressé au Gérant
yw yA 3 ;?
3§9 Ajonée
L'Administration se réserve le droit de modifier la rédaction des Annonces
PARIS, 4 FÉVRIER
'.M 'PROJET DE SÉNATUS-CONSULTE
^is^re^Bfftft^SlS^èiy^H dvùn
projet dé sénatus-consulte qui, en élargis-
sant la sphère d'action du- Sénat, apporte-
rait des modifications d'une certaine impor-
tance au rôle constitutionnel de cette as-
semblée. Les changements que l'on annonce
auraient pour résultat de développer l'auto-
rité du Sénat dans l'esprit des institutions
actuelles; mais, loin de tendre a assimiler
sa fonction dans le mécanisme gouvernemen-
tal à celle de l'ancienne Chambre des pairs,
ils ne feraient que mieux caractériser les
différences que le législateur de 1852 a
voulu établir entre ces deux institutions^
La Constitution de 1852 s'exprime, au
sujet du pouvoir législatif, de la même ma-
tiièrèque la Charte de, 1 830 «La puissance
législative, dit-elle, s'exerce collectivement
par l'Empereur, le Sénat et le Corps légis-
latif. » Cet article 4 de la Constitution im-
périale est, en effet, la reproduction exacte
de l'article 44- de la Charte. Les dénomina-
tions seules ont changé mais avec ces dé-
nominations nouvelles, de profondes diffé-
rences se sont introduites entre chacun des
termes de ces deux formules, en apparence
identiques.
Sous la monarchie parlementaire la
Chambre des pairs_était associée à tous les
actes de la vie législative les deux Cham-
bres possédaient les mêmes droits d'ini-
tiative, de contrôle et de décision; de telle
sorte que le débat clos dans une enceinte é-
tait repris tout entier dans l'autre, traver- {
sait les mêmes phases, avait à franchir les
mêmes obstacles, et qu'en définitive rien
n'était fait tant que la majorité de chacune
des deux Chambres nes'étaii pas prononcée,
et dans un même sens. « Toute loi, disait
la Charte, par son article 1 6, doit être dis-
cutée et votée librement par la majorité de
chacune des deux Chambres. »
Aujourd'hui le Sénat, où doivent égale-
ment, dans la pensée du législateur de
'1 852, se rencontrer la .haute expérience ad-
ministrative et le patriotisme éprouvé, avec
toutes les illustrations de la vie civile/et
politique, le Sénat remplit, au milieu et au-
dessus des grands corps de l'Etat, une sorte
de mission conservatrice qui distingue net-
tement son action de celle du Corps légis-
latif et s'il n'est plus isolé, comme avant
le décret du 24 novèmble 1 860, dans le se-
eret de ses délibérations, il n'a pas à pren-
ds à l'étude et k la confection des lois la
part active que la Constitution réserve à
l'autre Chambre.
Pour mieux faire apprécier les conditions
de son pouvoir, nous demandons à nos lec-
teurs la permission de résumer rapidement
les attributions dévolues au Sénat par la
Constitution de l'Empire.
Le Sénat est le: gardien du pacte fonda-
mental et des libertés publiques (art. 25).
Il doit s'opposer à la promulgation des lois
qui porteraient atteinte à la Constitution, à
la religion, à la morale, à la liberté des cul-
tes, k la liberté individuelle, à l'égalité des
eitoyens devant la loi, à l'inviolabilité de
la propriété et au principe de l'inamovibi-
lité de la magistrature, et de celles qui pour-
raient compromettre la défense du terri-
toire (art. 26) II peut mettre les ministres
en accusation (art. 13), et il est appelé à
sanctionner la déclaration en état de siège
d'un ou-de plusieurs départements (art. 42).
A défaut d'héritier légitime ou d'héritier
adoptifde l'Empereur et de ses successeurs
:"̃. '̃
FEUILLETON BE LA PRESSE
BB 5 FÉVRIER 1867 (
r ™. i
-"v: .• '•• J
LES iiÛUfif 0E PâSSâlE i
t» "̃̃̃ "Î-: '̃' ̃
Les passions vraies profondes, peuvent bien i
capituler un moment et rester muettes devant
des nécessités impérieuses, mais c'est toujours
sous la réserve de se manifester à la première
occasion. Alice et Lucile n'avaient d'abord ré- 1
pondu que par des larmes à leur mère qui, d'un
seul mot, avait rompu leurs deux mariages
mais le premier moment passé, elles avaient,
comme Edouard et Victor, jeté des regards sup-
pliants vers Barazer, en lui demandant de ne
pas les abandonner dans une pareille circon-
stance. Pascal lui-même avait instamment prié
sa femme de se joindre à eux pour combattre
les frayeurs de Mrao de Pradères et la faire re-
venir peu à peu sur une décision qui détruisait
tant d'espérances de bonheur.
Mrae de Pradères, faute de pouvoir s'isoler
immédiatement avec ses filles, allait donc se
trouver seule aux prises avec tous ses ad-
versaires, des adversaires qui avaient une si
grande autorité sur son cœur. Ce complot de
famille organisé presque en silence et paesignes,
avait déjà une journée d'existence, et devait
éclater à l'issue du dîner, au jardin, où l'on en-
traînerait adroitement Mm* de Pradères.
Cette tentative suprême précéderait celle que
Valérie Vêtait, sans doute, réservée pour la nuit
même. Barazer, que la visite de Michel avait
mi.s doublement sur ses gardes, décida qu'il ne
fallait point attendre qu'un second événement
vînt ajouter denouvclles raisons à la résistance
de-.Mm-e de Pradères. Il quitta donc la table le
premier et alla s'asseoir devant la maison pour
y attendre, ses auxiliaires. Ils arrivèrent bien-
Ce roman peut être reproduit par les journaux j
̃ qai ont oh traité avee la Société d*s Gecs de îet-
♦res. Traduction réservée.
désignés en ligne collatérale, il [nomme
l'Empereur par un sénatus-consulte soumis
à l'acceptation du peuple (S.-c. du 7 novem-
bre 1852, art. 4 et 5). II règle par un séna-
tus-consulte la constitution des colonies
et de l'Algérie tout ce qui n'a pas été pré-
vu par la Constitution et qui est nécessaire
à sa marche enfin le sens des articles de
la Constitution qui donnent lieu à des- in-
terprétations différentes (art. 27). Il
maintient ou annule tous les actes qui
lui sont déférés comme inconstitutionnels
par le gouvernement ou dénoncés pour la
même cause par les pétitions des citoyens
(art. 29). 11 peut, dans un rapport adressé
a l'Empereur, poser les bases des projets
de loi d'un grand intérêt national (art. 30).
Il peut également proposer des modi-
fications à la Constitution (art. 3'1).
Enfin, en cas de dissolution du Corps légis-
latif, et jusqu'à une nouvelle convocation, il
pourvoit, par des mesures d'urgence à tout
ce qui est nécessaire à la marche du gouver-
nement (art. 32). ̃
Telle était à l'origine cette assemblée dis-
posant, il nous sera permis de le.dire, d'un
pouvoir plus élevé, qu'actif, placée près de
la Constitution comme une gardienne,' -mais
participant dans une certaine mesure a l'im-
mobilité relative du dépôt qui lui était con-
fié. Notons ici que l'indépendance de cette
Chambre vis-à-vis du. pouvoir souverain
dont elle émane avait été assurée, par la
limitation à 150 du nombre.de. ses mem-
bres. (S.-c. 25 décembre 1852, article 10.)
Et cependant l'opinion, habituée depuis un
demi-siècle aux retentissements delà tribu-
ne du Luxembourg, ne parvenait pas à s'ex-
pliquer d'une façon bien exacte l'importan-
ce, au milieu des rouages de la Constitution,
de celte assemblée où siégeaient, à côté des
noms les plus considérables du régime ac-
tuel, les sommités de la pojitique, de l'ar-
mée et de l'Eglise, mais dont l'autorité sem-
blait répondre à des circonstances tellement
'exceptionnelles qu'on n'en prévoyaitpas l'é-
chéance, et dont l'influence sur les affaires
générales de la politique paraissait se bor-
ner à un examen d'une nature si sommaire
que, pour s'en tenir au fond des choses,
il ne touchait pas aux choses elles-mêmes.
Vint alors le décret du 24 novembre 1860.
Ce décret fit, à l'égard du Sénat, deux cho-
ses il ouvrit non les portes, mais, si l'on peut
le dire les fenêtres du palais du Luxem-
bourg. Par la publicité des comptes-ren-
dus, la voix du Sénat arriva au public.
Ce fût toute une révélation. Puis, le dé-
cret autorisa le Sénat ainsi que le Corps lé-
gislatif à répondre par une Adresse au dis-
cours du Trône. Toute la politique inté-
rieure et extérieure de la France entrait
ainsi dans l'assemblée l'Italie, Roine, le
Mexique, l'Allemagne, l'Orient, avec le cor-
tége de tous les problèmes soulevés au de-
dans par la liberté, et venait remuer les
fibres de ce patriotisme vieilli au service de
la France. Le décret du 49 janvier, fidèle à
la pensée de celui du 24 novembre, a ac-
cordé également aux deux Chambres le droit
d'interpellation en supprimant le vote de
l'Adresses et a même rendu l'exercice du
droit nouveau plus facile pour le Sénat que
pour l'autre assemblée.
Aujourd'hui, si nous sommes bien infor-
més, il s'agirait de faire un pas de plus la
publicité des comptes-rendus serait com-
plétée par la publicité des séances; les tri-
bunes du Luxembourg, fermées depuis dix-
neuf ans, seraient rouvertes au public, ve-
nant communiquer aux luttes oratoires dont
il terait le témoin ce souffle à la fois muet
et puissant des émotions du dehors, qui ne
passe pas sur une poitrine d'orateur sans
l'agiter et l'enflammer.
tôt prendre place aux côtés de l'armateur, c
qui s'écria tout à coup d'uae voix superbement f
dégagée (
Ma chère Suzanne, je constate avec plai- 2
sir que votre visage a recouvré la grâce sou- f
riante qui le caractérise. Cela devait être, et
je n'ai point à me repentir de vous tfvoir lais- 1
sée depuis hier à vos propres réflexions. c
Que voulez-vous dire ? répondit Mmé de (
Pradères avec étonnement. t
Rien, sinon que vous êtes maintenant <
dans une disposition d'esprit qui nous permet
de reprendre la conversation où nous l'ayons
laissée.
Mme de Pradères jeta un regard douloureux
sur l'armateur et garda le, silence.
Bien 1 je vous concède encore ce dernier
regard, reprit en riant Barazer qui voulait ôter
au débat qu'il allait engager tout côté senti-
mental, mais je vous préviens que je n'en ad-
meitrai plus d'autres et que je détournerai plu-
tôt les yeux pour ne pas les voir. Bref! je re-
viens à" mon sujet les publieations de mariage
de Victor et d'Alice sont terminé.es maintenant
et celles d'Edouard et de Lucile sont coimnen-
cées depuis vingt-quatre heures; il faut donc
fixer le jour où nous nous proposons de conclure e
irrévocablement ces deux mariages. Vous
m'entendez, chère Suzanne? f `
Mon ami", vous vouiez me faire une vio-
lence inexcusable, répondit Mme de Pradères
en se levant pour se retirer.
Maman 1 s'écrièrent les deux jeunes filles
qui s'empressèrent de la retenir, tandis que Vic-
tor Ozanne et Edouard Deville s'emparaient de
ses mains, et que Barazer l'obligeait de se ras-
seoir.
Mm0 de Pradères, vaincue par le cercle affec-
tueux qui l'entourait, dit avec des larmes dans
la voix
Yous ne me forcerez jamais, mes en-
fants, à consentira votre malheur;. ce sera tou-
jours au-dessus de m'es forces.
Que faites-vous donc en ce moment, ma
chère amie, reprit Barazer, sinon de sacrifier le
bonheur de vos enfants à des craintes chiméri-
ques et tellement folles qu'elles vous rendent
injuste même envers ce pauvre Victor ? Et
{ puis, j'ai le regret de le répéter, n'est-ce pas
un mat-que absolu de dignité que de tenir
compte de menaces qui partent de si bas., et
En outre, l'article 26 de la Constitution" J
qui détermine les conditions d'examen par!
lé Sénat des lois adoptées par le Corps lé-
gislatif, serait modifié dans ce sens, que le
Sénat pourrait examiner la loi elle-même,
non-seulement dans son caractère constitu- ]
tionnel, moral ou social, JJ&ajs dans sa por-J ..i
têe pratique et en arrêter, par un Veto sus-
pensif, la promulgation. Ce Veto provoque-
rait un nouvel examen de la part de la Cham-
bre élective, dont une seconde décision con- ]
forme a la précédente aurait pour consé- ]
quence l'adoption définitive de la loi.
L'article 1" du séna lus-consul te du .'li
juillet 1866 nous permet d'indiquer ces 1
changements à l'étude, car ils appartiennent
à la rumeur publique, mais nous devons
nous borner à enregistrer aujourd'hui ces
informations, dont un avenir prochain véri-
fiera, croyons-nous, l'exactitude. Ajoutons
que tout ce qui sera un accroissement de
l'influence du Sénat, sans être une diminu
tion des privilèges du Corps législatif, ob-
tiendra notre sincère et loyale adhésion
comme une conquête nouvelle de la liberté.
F. DE LA PQNÏKRIB. )
Un fait considérable vient de s'accomplir
en Autriche. Nous ayons reçu hier, au mo-
ment où notre tirage se terminait, Jà dépê-
ché suivante
Vienne, 3 février 1867.
Une crise ministérielle a éclaté et dure de-
puis trois jours, par suite d'un différend entre
le comte Belcredi et M. de Beust, ce dernier
appuyépar la fraction réactionnaire de l'aris-
tocratie.
Le comte Belcredi persiste à vouloir convo-
quer l'assemblée extraordinaire du Reichsrath
pour soumettre à ses délibérations la transac-
tion avec la Hongrie.
M. de Beust veut, au'îôntraire, que l'on con-
voque le Reichsrath restreint peur lui commu-
niquer la convention conclue avec la Hongrie
comme un fait accompli et non sujet à discus-
sion.
La question a été débattue dans une confé-
rence ministérielle, tenue sous la présidence de
l'empeieur, et à la suite de laquelle le comte
Belcredi a offert sa démission.
Cette démission a été acceptée aujourd'hui
par l'empereur.
M. de Beust sera nommé président du con-
seil à la place du ministre d'Etat, qui sera rem-
placé dans ses fonctions administratives par
un simple ministre de l'intérieur.
La patente de janvier dernier sera révoquée,
et le Héichsralh restreint sera convoqué, com-
me le demandaient les Allemands. Si Jes Tché-
ques et les Polonais ne viennent pas y siéger,
on mettra de côté les désignations faites par les
diètes provinciales, et on ordonnera des élec-
tions directes en établissant des districts élec-
toraux en Bohême et en Gailicie.
On annonce que la Croatie doit protester
contre la teneur de la transaction faite avec la
Hongrie.
Le changement ministériel que nous an-
nonce la dépêche qu'on vient de lire a toute
l'importance d'une révolution intérieure.
C'est le triomphe du parti centraliste alle-
mand qui doit sa victoire k' l'appui de la
haute aristocratie terrienne, c'est la défaite
du parti fédéraliste qui demandait l'égalité
des droits pour toutes les nationalités de la
monarchie et qui réclamait la convocation
d'un Reichsrath constituant élu sur cette
base.
Il reste à connaître quelle sera l'impres-
sion produite par ce revirement dans les
provinces où la patente du 2 janvier 1 867
avait causé une vive satisfaction. Telle est
la situation de l'empereur d'Autriche, qu'il
ne peut satisfaire une partie de ses sujets
sans mécontenter vivement les autres. L'in-
fluence de l'esprit provincial est tellement
prépondérante, qu'elle étouffe toute préoc-
cupation de l'intérêt général.
B. BAtJEE'.
e permettre ainsi à de pareilles femmes de n n
peser sur notre existence, de déranger notre vie, A
celle de nos enfaets? Croyez-moi, ma chère Su- t<
zanne, revenons vite à nos projets. Nous aurons n
fait un mauvais rêve ce sera tout. d
Ma chère tante, poursuivit Victor Ozanne, E
la cause que M. Barazer plaide en ce moment n
est notre cause à tous, et vous nous permettrez l~
de nous réunir pour combattre une détermina- f~
tion prise trop rapidement sous l'empire de d
craintes bien concevables, mais qui devien- 1
draient exagérées si elles pouvaient durer plus i;
longtemps. Mon amour pour Alice, et celui d'E- c
douard pour Lucile, ne sont pas de ces pàles I
affections aisément remplacées par d'autres; de d
ces affections conçues dans l'ivresse d'un bal, et
dont l'aube emporte jusqu'aux derniers vestiges. 1
Elles tiennent à nous par des racines profondes,
et notre cœur, se déchirerait s'il fallait Jes en j
arracher. M. Barazer, désireux de notre bon- r
heur, en a généreusement fait le sien. Long- s
temps aimé par mon père et ma mère, il a voulu `
les remplacer auprès de nous. Il avait pris l'en- a
gagement de veiller sur notre avenir et de nous t
conserver notre, héritage, et il a dirigé notre in- ¡
struction et triplé notre fortune. Et c'est au mo- i
ment, où il songe à nous réunir tous, à nous
faire à chacun une place autour >de son bon-
heur, que vous souffleriez sans pitié sur notre
rêve et le sien? Non, ma chère tante, vous ne le
voudrez pas..
Non, vous ne voudrez pas, ma chère tante,
nous désespérer tous, dit à son tour Edouard
Deville vous ne voudrez pas me donner à moi
le regret d'être venu troubler le bonheur de
mon frère en excitant vos craintes maternelles
sur l'avenir d'Alice et de Lucile. Croyez, ma
chère tante, que je serais le premier à rom-
pre un mariage qui devrait causer un mal-
heur mais les menaces dont vous tremblez
encore sont les derniers cris d'une colère im-
puissante, rien de plus elle ne sauraient avoir
de suites. Ce flacon brisé à vos pieds était un
incident préparé, le dernier incident d'une
scène sauvage destinée seulement à agir sur
votre imagination. Cette femme a lutté jusqu'au
bout pour conquérir la position qu'elle avait la
folie d'ambitionner, et elle s'est retirée vaincue
en essayant encore de laisser la terreur der-
rière elle. Les dettes illusoires qu'elle m'attri-.
buait devant vous, avaient été son premier
BULLETIN TÉLÉGRAPHIQUE
'<
DANEMARK
Kiel, 3 février.
Le, service régulier des bateaux à vapeur entre
Kiel el Corsoër (Danemark) a recommencé aujour-
cThui.
SUÈDE
Stockholm, 2 février.
Il a été présenté à la Chambre des députés ua
projet de réorganisation de l'armée qui établit l'o-
bligation générale du service. L'armée serait divi-
sé» en. trois catégories
La première, formée des jeunes gens de vingt-
deux à vingt- cinq ans, comprendrait 125,000
hommes.
La seconde, formée des jeunes gens de vingt-six
à trente ans, comprendrait 120,000 hommes.
Enfin, la réserve, formée par 1rs hommes de trente
à cinquante éids, serait de 300,000 hommes.
[Affencs Ravas-BuSHer.)
•'̃̃ -̃̃ CHROIIQUE FÛLIÏIP-
Nous croyons devoir reproduire le texte
môme de la déclaration publiée par le Jour-
nal (la Rome, du '1 er février, au sujet delà
convention Langrand-Dumonceau
Un journal de Florence, il Diritto du 30, a pu-
blié une lettre en data à Bruxelles du 20 janvier
1867, adressée par M. le comte Langrand-Dumon-
ceau aux actionnaires de la banque de Crédit fon-
cier et industriel de cette ville. On apprend par
cette lettre auxdils actionnaires uue graude opéra-
tion de ce banquier avec le gouvernement de S. M.
Wtor-Emmanuel II, opération qui, dit -on, a été
signée après de longues négociations ouvertes si-
multanément à Florence, à Rome et près les évo-
lues d'Italie.
Laissons au Diritto la responsabilité de l'authen-
ticité de cette lettre relativement à ce qui a été dit
dans notre numéro du 25 janvier dernier. Les as-
sertions y contenues en la partie qui concerne Ro-
me sont absolument fausses.
En ce qui regarde les pensées et les opinions du
Saint-Siège relativement à la susdite grande opéra-
lion dont certains journaux italiens, môme officieux,
se sont rendus témérairement les interprètes, toute
personne douée d'un bon jugement aurait certai-
nement l'ail de ces pronosiics hasardés et de ces as-
sertions sans fondement-le cas qu'ils méritent.
Ces manœuvres et d'autres semblables de la
presse quoûdienne italienne expliquent peut-être
comment il se fait qne bon nombre de personnes
honnêtes, et entre autres queiques-unes jiarais&ant
bien informées, assuient que tous les- bruits mis en
circulation et les présentes négociations n'ont pas
d'autre but que de gagner du temps et de jeter de
la poudre aux yeux, afin de mieux consomaier les
projets impies et antichrétiens que l'on mûrit en se-
cret.
Les journaux italiens se montrent vive
ment préoccupés de l'attitude "prise par la
Chambre des députés dans l'affaire des biens
ecclésiastiques. La dépêche suivante porte
la trace de ces impressions
Florence, 3 février, soir:
Le deuxième bureau de la Chambre des députés
a aussi repoussé le projet concernant la liberté de
l'Eglise et la liquidation des biens ecclésiastiques.
Il ne reste plus à connaître que la décision du pre-
mier bureau.
h'Opinione croit que le ministère ne prendra de
détermination'qu'après la discussion publique du
projet à la Chambre.
Le Nuovo Dinito dément catégoriquement les
bruits de crise ministérielle.
La Naziunc déclare dénué de tout fondement le
bruit que le ministère ait proposé la dissolution de
la Chambre.
Le baron de Lubeck, ambassadeur d'Autriche
près la cour de Florence, est arrivé.
M. Ricasoli se laissera'-t-il entraîner par
la Chambre à une mesure pure et simple de
spoliation devant laquelle il avait eu le cou-
rage et l'honneur de résister ?
Le Moniteur, dans son Bulletin, apprécie
en ces termes les mesures prises dans les
Etats romains contre le brigandage, et
donne l'analyse suivante de ces disposi-
tions
Par suite du départ des troupes expéditionnaires
françaises, le gouvernement pontifical a redoublé
d'activité et a multiplié ses moyens d'action dans
l'intérieur du pays, où l'on pouvait craindre de
voir le brigandage reparaître avec plus de violence
et- d'audace. En vue de parer à cette éventualité, le
ministre des armes du Saint-Sié^e a provoqué l'a-
;doption d'une série de mesures énergiques et in-
moyen moyen dont il était aisé de faire justice. ¡
Alors ella en a employé un plus perfide et qu'elle
tenait en réserve pour suppléer à l'autre. Rien
ne lui eût été plus facile que d'exécuter immé-
diatement sa menace si elle eût été sérieuse.
Elle ne nous aurait pas dit implicitement Te-
nez-vous là, l'œil fixe, les bras libres, car voici
le moment de vous opposer à ce que je veux
faire. Elle connaît trop la punition réservée à
de tels actes pour l'encourir si bénévolement.
Il n'y a au fond de tout cela, je le répète, qu'une
ignoble comédie, et j'espère que vous en voilà
certaine, ma chère tante, ma mère, ajouta
Edouard en baisant affectueusement les mains
de M"19 de Pradères
-Oui, oui, n'est-ce pas, maman ? dirent
Alice et Lucile aux genoux de leur mère.
Allons, rendez-vous, chère madame, car
je commence à croire que ces messieurs ont
raison, ajouta doucement Mme Pascal sur un si-
gne de son mari.
Très certainement, dit Henri, je connais
assez ces deux femmes pour pouvoir vous affir-
mer qu'elles n'avaient qu'un but en agissant
ainsi, celui de dissimuler leur humiliation et
de sortir d'ici avec les honneurs de la guerre.
-Non, non, quelque chose me dit que je ne
dois pas vous croire 1 s'écria Mme de Pradères
en secouant la tête et en s'efforçant de retenir
ses larmes.
Barazer fit signe à tout le monde de s'éloi-
gner.
Ma chère Suzanne, dit-il, dès qu'il fut
seul avec elle, remarquez bien que. votre ob-
stination finira par causer quelque malheur ici,
et qu'il sera plus terrible que celui que vous
appréhendez.
Quel malheur, mon ami ? 2
Un malheur qui, je l'espère, ne frappera
que RiGi.
Yousl mais cela est impossible.
v- Impossible, oui, si j'étais un égoïste et
que je pusse considérer froidement, comme
vous, ma chère amie, la douleur de ces pau-
vres enfants.
Vous êtes injuste, monsieur Barazer, vous
devriez comprendre tout ce que je souffre à les
tourmenter ainsi.
1 Vos souffrances sont imaginaires, et les
leurs sont véritables Je ne vous répéterai pas ce
qui vient d'être dit, car vous me forcez à croire
telligeDfes.de nature à assurer le maintien du bon
ordre dans toutes les partiesdu territoire pontifical.
Nous citerons en première ligne le rétablisse-
ment de l'institution des' auxiliaires de la réserve,
qui avait déjà été mise en vigueur avant -1848. Ces
auxiliaires, tous volontaires, doivent former un ba-
taillon de six compagnies par province, portant
chacune le nomde la localité où elle.a été organisée.
Le district de Frosinoue a repondu avec empresse-
ment à l'appel fait à sf s habitants, et un bataillon
de 900 hommes y est déjà réuni. Les nulres provin-
ces ne larderont pas à recevoir la même organisa-
tion.
En o >tre, on a créé pour surveiller les bandes et
les tenir éloignées des centres de population, des
escouades dites squairille, composées de gardes
communaux, forestiers ou particuliers, connaissant
le pays, les habitudes des brigands, leurs lieux de
refuge et leur manière de vivre. Ces escouades sont
nomades et rayonnent dans toute la zone frontière
du royaume de Naples.
L'organisation militaire des Efais romains com-
prend donc aujourd'hui des garnisons de troupes
régulières pour les grands centres, des corps auxi-
liaires pour les localités de moindre importance, et
les squadri'le pour parcourir le pays, faire des re-
connaissances et surveiller la frontière.
En résumé, cet ensemble de mesures paraît des-
tiné à produire de bons résultais, et, notamment, à
permettre de mener à bonne fin la destruction des
dernières bandes de brigands. La plus impnrlante
de celles qui tiennent encore la campagne, la ban-
de de Cipriani, éiait, aux dernières nouvelles, cer-
née sur la montagne de Santa Francesca près de
Frosinone.
Le duc de Hesse se fait l'agent de l'unité
allemande pour le compte du roi de Prusse.
On lit dans la Gazette hessoise du 2
M. de Dalwigk se rend aujourd'hui avec le mi-
nistre de la guerre,- M. de Grolraan, à Slult.aard,
pour prendre part aux délibérations des Etals du
Sud. En mirne temps, un officier d'éiat-nnaior se
rend à Munich, et le premier aide de camp du
grand-duc, colonel Grolmann, part pour Berlin,
pour ouvrir o'fîciellement les négociations relatives
à la convention militaire que le prince Louis a pré-
parées par voie confidentielle.
On lit dans la Gazette de V Allemagne du
Nord
Des journaux ont annoncé que le roi aurait l'in-
tention de visiter au printemps, c'est-à-dire au
mois de mars, lesnouvelles provinces; nous ferons
observer que jusqa'ici il n'a été pris aucune déci-
sion à ce sujet. Il en est de mime des bruits rela-
tifs à un voyage que le comte de Bismark aurait
l'intention de l'are à Paris pour assister à l'ouver-
ture de l'Exposition universelle.
Le nouveau ministre de Bavière, le prince
de Hohenlohe, méritait bien d'être défendu
par les journaux officieux de Berlin. Il ob-
tient cet honneur de la Gazette de l'Allemagne
du Nord
Les conséquences erronées où la presse étran-
gère est conduite par la supposition que la Prusse
ne veut pas maintenir la ligne du Mein pour ia
Confédération du Nord, fondée sous sa direction, se
voient dans un article du Journal 'des. Débats su:' le'
programme c'u prince de Hohenlohe. L'auteur pré-
tend que la Bavière incline à se soumettre à la su-
prématie de la Prusse. Mais il n'y a rien çle pareil
dans les déclarations du président du conseil de
Bavière.
D'aufre part, il est absolument de l'intérêt de la
Prusss que les dispositions de la piii.t de Prague,
sur l'union nationale de la Confédération du Nord
et celle de l'Allemagne soient exécutées Le gouver-
nementprussienne peutdonechercherqu'à favoriser
de toutes ses forces une entente des go uvernements
duSud entre eux à l'effet d'établir el de consolider^
une confédération au sud du Mein.
C'est-à-dire que S. M. le roi Guillaume se-
ra roi de Prusse, directeur de la confédéra-
tion du Nord, et défenseur de la .Confédéra-
tion du Sud/ en attendant que lui-même ou
ses successeurs soient empereurs d'Allema-
gne, et voilà comment M. le prince deHohen-
lohe comprend et sert les intérêts nationaux
de la Bavière
Voici le texte de l'avertissement adressé
aux journaux de Belgique par la Gazette de
l'Allemagne du Nord, et qui nous a déjà été
signalé par le télégraphe
Nous avons prouvé à plusieurs reprises qu'une
grande partie des feuilles belges poursuit le plan
d exciter, par un système organisé de mensonges,
'le sentiment national français contre la Prusse. Ces
journaux répandent avec intention la nouvelle qu'on
fait en Pr.isse des préparatifs pour une guerre con-
tre la Çrance, que des espions prussiens parcourent
les provinces trontières de la France et font des
études stratégiques pour le compte du gouverne-
ment prussien.
Un correspondant du Journal d'Anvers est allé
nsqu'à donner i'assurancs qu'il avait eu en mains
que l'opposition que" vous faites maintenant à j c (
ces deux mariages est le résultat de motifs se- i
crets ou plutôt inavoués. i f
Je vous assure, mon ami. jc f
Non, non, vous avez trop d'intelligence; j
vous vous seriez déjà rendue aux raisons que ( (
vous ont données ces pauvres enfants. Votre
intention est de m'atteindre par ces refus obsti- t
nés, et je dois vous dire que vous ne manquez t
pas votre but. Oui, vous m'en voulez de ce tond (
de tendresse que j'ai gardé pour vous, et aussi
de la façon un peu cavalière dont j'ai disposé
de vous et de votre famille. Vous ne me par- (
donnez pas d'être venu vous dire sans prépa- ]
rations suffisantes J'ai fait construire un
château où je veux vous réunir tous, afin
de vous imposer ma compagnie; que voulez-
vous, ma chère Suzanne, j'ai fini par avoir la
folle vanité des millionnaires on ne peut é-
chapper à son étoile.
Mon ami, je vous en supplie. dit Mme de
Pradères tout émue.
Je vous entends, ma chè;e Suzanne, mais
soyez assurée que je Viis réparer ma faute.
D'abord, nous allons mettre à néant le beau
rêve que j'avais fait, puisqu'il n'était beau que
pour moi. Mes frais de cœur et d'imagination
n'auront pas été complètement perdus, et ceta
me console. Vous habiterez ce château en mon
absence vous y vivrez heureuse avec vos filles
et vos gendres, et toute la postérité que le ciel
ne peut manquer de leur accorder. Cécile et
son mari vous y tiendront compagnie avec leur
descendance. Moi, j'irai de nouveau, pendant
ce temps, à la chasse aux millions j'en ferai
ma spécialité, puisque je ne suis plus guère
bon, il paraît, à autre chose. Quant à ma ten-
dresse pour vous, ma chère Suzanne, je pren-
drai le parti de n'en plus causer qu'avec moi-
même. Je suis persuadé maintenant, et c'est un
peu tard, que les femmes sont comme les en-
fants, d'autant plus disposées à l'ingratitude
qu'on les aime davantage.,
Barazer, convaincu qu'il échouerait complè-
tement devant les appréhensions maternelles
de Mme de Pradères, avait eu recours aux dé-
rivatifs.
Mon ami, lui répondit Mm6 de Pradères
avec une émotion mal contenue, vous me pia-
cez par votre modestie dans l'étrange nécessité
i de vous paraître dure, égoïste, injuste, indigne
un rapport de ces espions à S. M. le roi. À*ftjour-
d'hui encore Y Emancipation, du 21 janvierîBious
offre un exemple des men-onges par lesqu^ oa
cherche à tromper l'opinion publique de FrafiTou
Ce journal contient rme prétendue corrcspo!V1W_
ce do Paris, où ii est dit que le roi de Prusse étante
mécontent delà polili rue de 61. Drouvn de Lhuys,
a dvm-M'dé à 1 Empereur Napoléou de destituer ce
ministre, et qu'il a été fait droit a cette'deruande.
L'impossibilité d'une immixtion de la Pru-se, dans
la prérogative rie ia souveraineté française est si
évidente que nous ne dirons pas un mot de pius à
ce sujet. Mais la presse belge, en poursuivant avec
zèle le plan d'exciter par tous les mo>ens la popu-
lation française contre la Prusse, commet un crime
grave contre le droit des gens européen.
D'après les journaux belges, on croit k
Berlin qu'il faudrait un peu de sang fran-
çais pour cimenter l'unité allemande. Que
̃cette indiscrétion déplaise aux îftnis de M.
de Bismark, nous n'en sommes pas surpris,
mais nous n'avons pas à nous associer à
leur mauvaise humeur.
C. LEFÎh'RE.
L'INVASION LATENTE
Nous sommes de détestables colons l'Algé-
rie, là, sous nos yeux, depuis trente-sept ans,
nous le prouve par ses budgets, ses statistiques
commerciales, ses recensements, ses produits,
il n'y a point à parler des colonies plus éloi-
gnées elles ne sont ni prospères ni grandis-
santes. Le canal de Suez. (quand on y pas-
sera ?) n'y pourra pas davantage que notre se-
rie, interrompue aujourd'hui, d'expéditions
lointaines. le fait est acquis.
Pas plus en Californie qu'au Mexique, qu'aux
Etats-Unis, qu'au Brésil et que dans l'Orient
extrême ou "non-extrême, nous ne trouverons
d'exception à cette formule écrite de notre doigt
sur la circonférence entière du méridien ter-
restre « Le Français est mauvais colon. »
Pourquoi, lui demande-t-on, pourquoi n'imi-
tez-vous pas l'Anglais qui voyage, qui s'ins-
talle à l'étranger, qui y dresse le plan de cam-
pagne d'une grosse fortune; l'Allemand quj
émigre en masse qui, aux prises avec les dif-
ficultés d'installation et de vie dans les pays
les moins cléments, plante sa tente, ouvre
son commerce, organise la véritable, solidarité
nationale dans une coopération naturelle, de-
vient au dehors propriétaire, agriculteur, père
de famille, « bénédictin »? ?
Pourquoi n'encouragez-vous pas vos légations
à s'occuper un peu moins des intérêts politi-
ques, intérêts creux le. plus souvent, un peu
plus de vos intérêts industriels, commerciaux,
financiers, qui se soldent toujours, quand on
les soigne, par un dividende de richesse et de
prospérité nationale ?
Pourquoi ne fondez-vous à l'étranger aucun
établissement durable ?
Vous passez, on vous aime, on vous ad-
mire. Votre nature sympathique plaît; votre
soldat, brave tt toujours bon garçon tout à ia
fois, fait de la propagande pour la France et
quand vous avez laissé des traces d'une occu-
.pation militaire, ces traces^ à l'inverse de celles
'de toutes les armées du monde, sont pleines de
doux et sympathiques souvenirs. Ici, une route
faite par vous, là un jardin, là une promenade,
là un théàtre. Partout votre gaîté, votre philo-
sophie, votre excellent cœur vous ont laissé des
amis.
Mais ces succès si divers sont éphémères.
Rien de durable, rien de solide, rien surtout
d'établi. sans esprit de retour. » Pourquoi?
Pourquoine savez- vous aucune langue, quand
l'étranger un peu élevé en parle couramment
trois ou quatre ?
Pourquoi savez-vous si peu d'histoire, si peu
de géographie, et connaissez- vous à peine sur
la carte, le lendemain d'un jour où des coups de
canon ont été tirés par vos expéditions lointai-
nes, la place où ils ont frappé?
Pourquoi vos savants, vos grands indus-
triels, vos poètes, vos écrivains ne voyagent-
ils pas davantage? Pourquoi le gros chiffre de
vos colons est-il partout exclusivement repré-
senté parla modiste et lé marchand de vin de
Champagne, exportant des toilettes et voya-
geant « pour les liquides? »
« Nous sommes si bien chez nous » »,
Telle est notre seule réponse à ce qui pré-
cède.
Nous sommes si bien chez nous que nous
n'avons pas l'humeur voyageuse.
Nous n'apprenons pas les langues, parce que
tout le monde parle le français.'
u moindre intérêt, ou de vous avouer des sen-
iments qu'une femme, mère de deux grandes
Iles, doit, selon moi, cacher religieusement au
Dnd de son cœur. Non, je ne vous hais point;
î ne suis même que trop disposée à être re-
onnaissante envers vous.
.Alors, vous haïssez ce pauvre Edouard?
'écria l'armateur, qui ne voulait pas, par délica-
rsso, augmenter l'embarras de Mluo de Pra-
[ères. ,'•̃̃̃̃
Que le ciel m'en préserve mon ami.
Si ma chère Suzanne, vous lui repro-
hez de n'être pas tombé aussi pur qu'un séra-
ihin aux pieds de cette pauvre Lucile. Que vou-
ez-vous? il est peut-être sage d'accepter la so-
iiété telle qu'on nous l'a faite.
Pourquoi, mon ami, me donner -gratuite-
nent un ridicule ? dit Mmo de Pradères vous
avez bien que je n'ignore pas complétement les
;hoses de la vie. •
Alors, ma chère Suzanne, vous devenez
me énigme pour moi.
Tout devient obscur pour celui qui ne
reut rien entendre, rien voir.
C'est votre pensée? Eh bien, voici la
nienue. Toute affection comporte autant' de
sacrifices que de plaisirs; or, si vous nous ai-
nez, vous marierez Alice et Lucile avec mes
leux puplles vous vous marierez ensuite
vous-même avec moi-même, et pour cimenter,
coordonner tout ce bonheur, pour éviter qu'il
3e désagrège sous .les raffales parisiennes, nous
courrons" immédiatement le mettre en wa-
«on, et nous l'emporterons pour toujours loin,
bien loin, dans le château qui nous attend
à quelque huit cen'.s kilomètres du point où
nous sommes en ce moment. Est-ce une bon-
ne fois convenu?
Mon ami.
Oui ou non, rien de plus! fit Barazer. `
Non, pas aujourd'hui, demain, je vous en
prie. ditMme de Pradères d'une voix suppliante.
Non, pas demain, mais ce soir, car, d'ici
à demain, vous m'auriez peut-être forcé de
commettre un meurtre n
Barazer s'éloigna, laissant Mme de Praaères
bouleversée par ces dernières paroles
Georges FÀTH.
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 70.21%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 70.21%.
- Collections numériques similaires Arts de la marionnette Arts de la marionnette /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "Pam1"The Romanic review : a quarterly journal devoted to research, the publications of texts and documents, critical discussions, notes, news and comment, in the field of the romance languages and literatures / edited by Henry Alfred Todd and Raymond Weeks /ark:/12148/bpt6k119586.highres Bibliothèque de l'École des Chartes /ark:/12148/bpt6k12501c.highresLa Grande Collecte La Grande Collecte /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "GCGen1"
- Auteurs similaires Girardin Émile de Girardin Émile de /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Girardin Émile de" or dc.contributor adj "Girardin Émile de")Laguerre Georges Laguerre Georges /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Laguerre Georges" or dc.contributor adj "Laguerre Georges")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k512150t/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k512150t/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k512150t/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k512150t/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k512150t
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k512150t
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k512150t/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest