Titre : La Presse
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1867-01-08
Contributeur : Girardin, Émile de (1806-1881). Directeur de publication
Contributeur : Laguerre, Georges (1858-1912). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34448033b
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 124274 Nombre total de vues : 124274
Description : 08 janvier 1867 08 janvier 1867
Description : 1867/01/08. 1867/01/08.
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k512122j
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/03/2008
Wârdt 8 janv~ M~
§ MOIS (PMH cU~tMMBtMaMM) ~SOi
~MONCES, 8, PL. CE L~BOURSE~ ET'.7.~UE_M~HËRO~
ISàiii B janvier iB~
~1~ l,TI" 4, ,Fr,
S MSIS (~rttmmt!). « i~
BUREMJX ~!AMNMMM.T. :<23, .RUE MOKT~ARIRE
L'Administration se réserve !e droit de modifier ta rédaction des Annoncer
.A~pLee
T.out.ce .quiconcernBirMm!tustràt!oYt Bu Jourr'al Soit .etrB.spTs~ xm GeraDt
A partir du 15 janvier, la P/'esss publiera
toutes !es semaines une Causene~arisienne
deM.AMERTWQLFF. .1
Après"
LES AMOURS OE PASSAGE'
DE
M. GEORGES FATH
qui obtiennent un si légitime succès,
La Presse publiera:
LA CHAT-ELAINE
DE
PLANCKE-MiBKÂYE
romaa parisien
PAR
-s. i~
LA .~EVËE EN I~
épisode des guerres de laRévolution
pAn
~EmMAM-mTRM
'L& TER~E MâUD!TE
dernier épisode des ~ïH~ de Coïn
Divers Homàns et Nouvelles par
MM. ARMAND LAPOÏNTE, ALFERD DBS ESSAETS,
CAMILLE FARCY, EMILE VILLARS, D. DE
BODËN, HENRI DE LACRETELLE, etc.
Toir, a la 3° page, la liste des Primes of-
fertes a nos abonnés.
~msà~e~ee
PAmS, 7 JANVIER
Ceux qui nous reprochent de croire en-
core & ia question polonaise oublient que
cette question est éternellement vivante a
Varsovie et a Saint-Pétersbourg. Une dépê-
che télégraphique nous signaJele~ nouvel-
les mesures adoptées en faveur de F admi-
nistration russe, c'est-à-dire contre ies res-
tes encore debout de la nationalité polo-
naise:
Saint-Pëtershourg, 8 janvier.
(Dépêche en retard.)
Trois ukases concernant la Pologne viennent
d'être publies. Le premier introduit pour l'adminis-
tration des finances le règlement russe et établit à
Varsovie Tjne direction provisoire du. Trésor dépen-
dant do. ministère des iinances. Le gouvernement
se réserve de changer cette direction en une direc-
tion permanente. Le deuxième a pour objet l'admi-
nistration des postes. Le troisième simpliBe la!
marche de l'administration, investit les gouver-
neurs de pouvoirs étendus et recommande Ja for-
mation de milices .locales.
Dans ces termes se trouve annoncée la fu-
sion de l'administration des postes et de
celle desunances avec l'administration cen-
trale de l'empire. Quant a investir les gou-
verneurs de pouvoirs étendus, aSn de sim-
plifier l'administration, ce n'est évidem-
ment que fortifier l'arbitraire et diminuer
encore ce qu'il pouvait y avoir de garanties
pour la vie et la fortune des. Polonais, sous
un régime que caractérise !e souvenir sinis-
tredeMourawief.
Le dépêche précédente est complétée, en.
FEUILLETON DE LA P~F~E
MSjANVtERd867 PB.ESSB '1
)–
t ES~ NM~~SE~ HC* SSSS~â~E*
LEe A~SuHS SE râ~â~E
Deux bonnes heures s'étaient déjà passées
sans aucun résultat pour Valérie~ ~ans que ses
regards, qui erraient des fenêtre'~ de M"~ de
Pradères a la Comédie-Française, eussent ren-
contré autre chose que des visages indiB'érents.
Son impatience était devenue si grande qu'elle
allait abandonner les intérêts de sa sœur pour
pénétrer au Théâtre-Français, dans l'espérance
d'y apercevoir son amant, quand Luc~Ue, suivie
d'Edouard, était venue s'accouder au ~aJson..
A cette vue, si étrange pour elIe,Vâ!'érte sem-
bla frappée d'une décharge électrique. Son
corps se pelotonna, d'un seul mouvement, dans
un coin du coupé on eût dit une-panthëre qui
se ramasse pour mieux s'élancer sur la proie
qu'elle convoite. Elle examina d'un regard brû-
lant de haine la gracieuse enfant dont la beauté
et l'esprit semblaient produire une profondé
impression sur'Edouard. <
Elle analysait une a une les perfection? de
Luciie, et une rage sourde faisait bouiHo;aner
son sang en songeant au terrible avantage que
sa beauté pouvait lui don ner sur le cœur d'E-
douard. Sa tête enfantait des projets mons-
trueux pour se débarrasser d'une si dangereuse
rivale. Elle regrettait que l'usage n'autorisât pas
les duels entre femmes. Sa pius grande dou-
leur était de sentir qu'une distance incommen-
surable la séparait d'une jeune ËHe belie et ri-
che, et ~ui vivait au milieu de ce sanctuaire
qu'on appelle une famdUe honorable.
La vue d'Edouard aux eûtes de Lucils avait
à ce point bouleversée ses idées, qu'elle avait
oubiié du même coup Agathe, le faux Lau-
sanne,et ennn ce qu'il y avait de singulier dans
la présence d'Edouard chez M"~ de Pradères.
Un seul fait l'occupait maintenant Edouard
pouvait en aimer une autre.
Ce roman peut être reproduit par les journaux
mi ont ua traité avec la Société des Gens de let-
tres. TraducMM réserveo.
ce qui concerne l'adsHnIs~àtton.-dGS postes,
par les détails que voici
Saint-Pétersbourg,Sjanvier.
(Dépêche en retard.)
LaGase/t 5Ma~ publie un ukase du ~dé-
cembre, qui place l'admmistraiion des postes du
royaume de Pologne sous la direction du ministère
de'Saint-Pétersbourg. En vertu de cet uksse, à psr-
tirdu '13 (~janvier), ia Pologne sera divisée en
10 souvernemcnts et ?o cercles, au lieu des c~nq
gouvernements actuels. Des bureaux de payement
s ront établis, à partir du même jour, par gouver-
nementetpardistrict.
L'interprétation que nous donnons h ces
mesures se trouve des aujourd'hui conSr-
mée par l'analyse que nous transmet ]e télé-
graphe, d'un article de l'T~aMe ?'Mose
'Saint-Pétersbourg, 5 janvier.
(Dépêche en retard.)
Le jugement prononcé contre les insurgés de Si-
bérie a été confirmé et mis à exécution. Des sept
condamnés à mort, quatre ont'été fusilles. Les au-
tres ont été'envoyés, avec les autres condamnés,
aux travaux forces. Il a été fait remise à tous des
punitions corporelles.
L'aMf'7'Mse dit qusie but des derniers uka-
ses est d'opérer !e rapprochement et la mise sur le
pied d'égalité de !a Pologne et de ia Rassie. La mê-
me feuitie ajoute que l'unité administrative rendra
possib'e en Pologne l'introduction de toutes les a-
méliorations existant en Russie.
Nous reproduisons cette dépêche telle
qu'eHe nous parvient. Lorsqu'il s'agit d& !a
Pologne, les détails de suppHces se mêlent
bien l'analyse des actes de gouverne-
ment..
Le journal l''7M: donne les bonnes nou-
yclles que voici de !a mission Tone1!o
Nous recevons de Rome des renseignements qm
nous permettent de croire que les négociations en-
tamées avec le Vatican touchent à leur terme.
On peut donc considérer comme cer:a!n que la
papauté s'est entendue avec l'envoyé.italien sur les
principaux objets de sa mission. La réduction du
nombre des diocèses est le seul point qui ne soit
pasencore réglé.
Mais il n'y a la, d'après notre correspondant,
qu'un obstacle de forme: on n'est pas loin d'être
d'accord sur le fond. Du reste, il y a un compro-
mis qui permet de résoudre provisoirement la dif-
Ëeulté, en attendant le jour, saus doute prochain,
-d'une entente'plus complète.
On écrit deRome, 3 janvier, à l'7M. le comte de Sartiges a reçu les officiers de ]a
légion d'Antibes. En répondant au colonel d'Argy,
qui avait parie du dévoûment de la légion à l'em-
pereur, M. le comte de Sartigesadit que le gouver-
nement français continuait à considérer comme des
enfants de la France ceux qui, animés d'un senti-
ment de dévoûment pourle Sajnt-Siége, étaient ve-
nas donner leur appui au vénérable chef de la ca-
thoHciié; mais qu'il espérait que leur appui serait
simplement moral, car. l'esprit éminemment angë-
lique et conciliant du saint-përe était la plus dési-
rable et'ia plus sûre garantie de la papauté.
Un témoin m'a dit que le ton accentué avec 1e-
quei M. de Sartiges avait prononcé sa dernière
phrase, a eu l'adhésion entière de tous les assis-
tants, à peu d'exceptions près.
A Florence, le 5 janvier, a couru !e bruit de
désordres qui seraient survenus à Naples.
Les résistances se brisent a Francfort
contrs la domination écrasante de la Prusse.
La dépêche suivante prouve, en en'et, que
la bourgeoisie de cette ville va concourir à
un gouvernement vis-à-vis duquel elle n'a
pas déguisé jusqu'à ce jour son hostilité
Francfort, 6 janvier.
Le ./oMrn~ ~e FfaKc/brt annonce que !a repré-
sentation permanente de la bourgeoisie a résolu, à
l'unanimité, dans sa séance d'hier, d'accepter iés
fonctions de Corps législatif que le gouvernement
prussien lui a transférées provisoirement, en tant
que ces fonctions concernent les affaires munici-
pales.
Dans une proclamation par laquelle il délie
les habitants des Duchés de leur serment de fi-
délité envers lui, le prince d'Augustenbourg
affirme qtril s'était entendu avec le roi sur les
conditions auxquelles ce prince appuierait sa
candidature. M. de Bismark a déclaré; au con-
traire, que l'entente n'avait jamais pu s'établir
sur ce point. On s'attend donc a une réplique
du premier ministre de Berlin.
Conjurer le danger qui la menaçait était de-
venu sa pensée nxe. Mais son impuissance
d'agir lui semblait plus grande à chaque nou- L
veau parti qu'elle vouait prendre. 1
Tout a coup son visage se contracta sous une
expression diabolique; elle avait sans doute
trouvé le moyen de triompher de sa riya'e, car
elle donna l'ordre au cocher de la ramener ra-
pidement chez elle.
IV
!Le Comse!! des qMn
Pendant'que la jalouse Valérie, foile de co-
lëré, était aliée préparer ses foudres vengeurs,
la petite comédie de l'amour allait ~on train
dans le salon de M~ de Pradères.
Edouard ébloui, charmé par Lucile, conti-
nuait ses madrigaux auprès d'elle, madrigaux
en prose dont aucun éditeur ne tenterait l'ex-
ploitation, mais qui ravissent toujours celle qui
ies inspire.
Pascal, un peu rasséréné par sa conversation
avec M"~ de Pradères, jouait de verve avec sa
femme et ses enfants auxquels s'étaient joints
Alice et Victor.
M" de Pradëres les regardait en silence,
avec cette expression de tendresse rêveuse qui
était presque stéréotypée~ sur son visage.
On devinait a la voir cme sa pensée plon-
geait dans l'avenir comme pour y découvrir le
sort de tous ceux qui riaient autour d'elle en
ce moment, et dont eiïe eût acheté le bonheur
au prix des plus grands saorinces.
L'armateur, lui, n'avait cessé d'arpenter le
,salon, allant de l'un a Pautre, semblable a un
pilote qui parcourt son bâtiment pour décou-
vrir l'avarie dont il vient de remarquer les eGets
car, non-seulement les mots échangés entre
Edouard et Pasca M'avaient frappé, mais encore
la conversation de l'architecte avec M"~ de Pra-
dëres lui avait paru pleine d'insinuations. Ce
qui l'aSermissait dans cette pensée, c'est que
cette conversation s'était .ensuite continuée à
voix basse, et qu'il en avait observé lesdiSe-
rentes phases sur le visage des deux interlocu-
teurs.
Il réfléchit qu'il serait sans doute inutile de
chercher h se renseigner pius amplement la-
dessus auprès de M"~ de Pradères et d'Edouard,
et qu'il saurait plus vite la vérité en s'adressant
à son gendre.
Nous recevons aujourd'hui de Constanti-
nople une série de dépêches qui constatent
la im de la lutte dans l'île de Crète. Un ré-
sultat au moins semble désormais acquis,
c'est la paciGcation du district de Selinos
Constantiaople, 8 janvier..
Le nombre des insurges tués d.tns )e combat li-
vré près de Fonia, à'Candie, s'étëve a 300. Un bâ- c
timeat de guerre russe a transporté au Pirée 4.600 J
insurgés qui se trouvaient accules au bord de la r~
mer il y aurait dans ce nombre des femmes et
dc-s enfants. f
Le commissaire du sultan a été accueilli avec
joie SeHnos par le clergé grec et par la popu)a- L
tion.. n
Les nouvelles publiées par les journaux etran- ,J
sers sur les événemen's en Tbessalie sont exagé- J
rées, v ¿
rées.. Constaftinople,8]auv!er.. c
Le commissaire impérial s'étant rendu le'35 dé- r
cembre à Selinos, les habitants de ce district et ceux
de Kissamos qui étaient resiés s .us la pression drs
volontaires helténcs ont fait leur soumission. L'i!e
est soumise aujourd'hui d'une extrémité à l'autre a r
l'autorité du sultan. Il ne reste qu'a débarrasser
l'ile dequelques aventuriers étrangers réfugiés dans t
les montagnes. t
0 Coustantinople, 6 janvier.
On mande de la Canée, le 1°'' janvier: r
Le quartier-général turc est à Suya, dans le dis- ]
trict de Selinos, où la population, pacifiée, livre ses C
armes. Aptes la défaite de Fonia, le chef des insur- r
~és, Koroneos, s'est retiré dans les montagnes de 1
Sphakia. On assure qu'il a pris la résolution de- j:
s'embarquer sur une frégate russe.
Zimbrakaki, qui a été également re.'oulédans les t
montagnes de Selinos, serait aussi décidé a renon-
cer a une lutte désormais sacs espoir.
Une autre dépêche se rattache directe-~ (
ment, par ses dernières lignes~ à celles qui 1
précèdent.: Constantiaople, 7 janvier. i
Les Bulgares ont remis auSultan une adresse
exprimant leur confiance ehlùi et faisant ressortir
surtout qu'ils ont été émancipés de la pression gê-
nante exercée sur eux par l'Eglise grecque.
Dans toutes les classes de la/population turque
l'exaspération va en croissant contre la Grèce. 1
Le gouvernement impérial ottoman, qui a (
eu'Ia sagesse de ne pas envoyer d'M~MMa~M?N (
à Athènes, s'eSorcera assurément d'apaiser 1
ces excitations populaires, si dangereuses r
lorsqu'elles parviennent a s'imposer aux ré-
solutions de la politique ofËoicHe.,
'0' l, dl 'p d T l
On lit dans !a ~fOUMtCt'a de Turin
S'il faut en croire la Go.sfMe de ~orence, le gène- i
rai Fleury, pendant son séjour à Florence, aurait
abordé le chapitre des éventualités qui pourraient j
surgir en Orient, et parlé de préliminaires d'un
traité iranco-austro-italien.
Nous donnons les lignes qui précèdent a
titre de simple information et sous les ré-
serves les plus formelles.
Le .Mb?M'~Mr ~< so:7' reproduit, avec une
modIGcation que nous n'avons pas besoin
de signaler à nos lecteurs, la note publiée
hier matin par le AfoHtfeM?'. Voici le dernier
texte de cette importante rectification
La PaMe d'hier soir publie sur la politique ds la
France dans les affaires d'Orient un article dont la
forme pourrait donner à penser qu'il est puisé à des
sources officielles. Cet article est une œuvre de
pure imagination. ~lé la rédaction:
Le secrétaire de !arëdaeMoB:
E. BAUSR.
BULLETIN TËlËGRàPB~SE
5'fMBaa.
Bernn, a janvier.
(Dép~che.retardée par la d'.fuculté des communi-
cations télégraphiques.)
La G~seMe de ~a Cra:se annonça que la pr~se ds
possession formelle ~du Schleswig-HoIstein aura
lieu la semaine prochaine.
La Ga;sc~ de !a! Banque dit que les conférences
des Etats du Nord seront probablement doses dans
le courant de la semaine prochaine.
ANg~e~errs.
Londres, 7 janvier.
Le pFM~?Mnsété capturé dans l'Océan-Pacifique par des pirates
chinois. Une partie de l'équipage a été massaerée
le re:te s'est sauve.
(.~6Kce Havas-Bullier.)
Il se dirigea donc droit vers lui. Henri n'avait
pas remarqué les allures de son beau-père sans
un certain retour d'émotion, et il se disait en le
voyant s'avancer vars lui & Allons~.la mèche
e&t encore éventée de ce côté-la. Il est vraiment
extraordinaire de voir comme tout se décou-
vre. )) Il achevait à peine cette réflexion, qu'il
se sentit touché légèrement l'épaule.
–C'est vous, cher père, dit-il d'une voie af-
fectueuse, et comme pour amortir le premier
choc des représentations qu'il pressentait.
Oui~ c'est moi, tu mettras tout l'heure
ta femme et tes enfants en voiture, et nous ren-
trerons à pied en fumant un cigare.
Du moment que vous le désirez, dit Pas-
ca' en continuant de jouer. L'armateur
passa alors dans une petite galerie qui précédait
le salon, et-dans laquelle il s'établit pour songer
avec plus dé liberté à ce qu'il devait faire en
cette circonstance.
Un instant après~ un domestique passa de-
vant lui; il tenait une lettre à la main.
–pour qui cette lettre? lui demanda Ba-
razer.
Pour M. Edouard Devise répondit le do-
mestique.
Qui l'a apportée?
–Monsieur, c'est un commissionnaire, et il
attend la réponse.
–Donnez-moi cela; je sais ce que c'est, vous
reviendrez dans cinq minutes.
Barazer examina la suscriptionde la lettre.
Diable fit-il, écriture et orthographe,
voila qui sent terriblement son quartier Breda.-
Puis il tourna et retourna la lettre entre ses
doigts, cherchant le parti qu'il pouvait tirer,
pour la réussite de ses projets, de cette circon-
stancefortuite.
Bah 1 se dit-il, en manière de réponse a ses
hésitations, si Edouard n'est plus un enfant, il
est en quelque sorte encore sous ma tutelle, et
je puis bien me permettre d'agir ainsi dans son
intérêt.
Il sortit alors le biDët de l'enveloppe, dont le
cachet était encore humide~ et lut les phrases
suivantes dont nous rétablissons l'orthographe
par simple respect pour le Dictionnaire de l'A-
cadémie
x Edouard,
« Tu m'as dit que tu dînais auec Mtî attCteM
» am: ~e ta mère, tu m'as menti, car je viens
s de t'apercevoir a un balcon de la rue Ri-
)) chelMu, accoudé auprès d'une petite saute-
'rUMO~ FiNANMÈRË
ET
LES CHEMIKS DE FER LOMBARDS
L arttcle que j'ai publié sur I't/?!oH~HaN-
C!'e?'e et les C/!e??!ns7oH!6N~s venait a peine
de paraître, que M. X. agent de change,
me demandait si j'avais des opérations à <
faire sur les Chemins lombards.
Je fis remarquer que s'il en était ainsi, <
les notions les pius vulgaires de l'honnêteté
m'auraient fait un devoir de m'abstenir
j'ajoutai que vendre ou achetef les actions j
d'une entreprise et ensuite écrire en faveur
de cette entreprise ou contre elle, serait
moins une spéculation qu'un acte honteux
d'improbité.
De nos jours, je ne l'ignore'pas, l'esprit
public est facilement porté à de telles sup-
positions, et même il tolère aisément de
tels actes, et c'est un triste signe
Cet abus de louanges et de critiques inté-
ressées, dont certains journaux ont donné
le funeste exemple, a causé de grands mal-
heurs, de grandes et irréparables ruines.
Récemment, une pétition le signalait au
Sénat; mais le mal, je le crains, sera long-
temps sans remède.
Je ne rechercherai pas dans quelles pro-
portions le journal que s'est attaché la So-
ciété des Chemins lombards a participé à
cet abus je me borne à répudier et à nétrir
T emploi que l'on fait trop souvent de la pu-.
blicité pour tromper l'opinion..
_~Â. g
J'ai introduit l'examen relatif à la Société
des Chemins lombards dans la discussion de
la question de l'C/m'OK /!naHC!'ëre, parce que
cela est nécessaire pour vaincre les obsta-
cles que rencontre cette Union. Le senti-
ment du péril commun peut seul dominer
lespassions aveugles qui s'opposent à la
réalisation d'une œuvre si utile; je veux
donc amener nos sommités financières, cel-
les qui résistent le plus, notamment MM. de
Rothschild, à une saine appréciation de la
situation générale en les forçant de considé-
rer leur propre situation. Rien ne peut être
plus efficace, que l'étude d'une aS'aire dont
le sort paraît ne pas devoir être sans analo-
gie avec celui du chemin de Madrid à SaTa-
gosse.
Il est donc utile de bien déterminer la si-
tuation de MM. de Rothschild. Quelques ob-
servations générales sur les Chemins lom-
bards n'auraient pas suffi il fallait encore
provoquer la contradiction. Je l'ai obtenue
en annonçant sommairement l'impossibi-
lité de tous revenus pour 1868. La tempête
a dissipé les conseils de prudence qui au-
raient résolu de ne point répondre.
Bien des gens ont dit qu'il était insensé
de vouloir arriver à la conciliation en cri-
tiquant les hommes ef les anàires. Ceux-là
ne savent ni les démarches, ni les sollicita-
tions qui ont été faites. Tout a échoué de-
vant un fol orgueil ou par l'Effet de haines
implacables. Vainement a-t-on montré les
désastres produits par ces rivalités. Vaine-
ment a-t-on fait appel aux plus vulgaires
sentiments d'humanité en faveur de tant de
familles dont l'unique tort aétéjeur con-
6ance absolue dans les calculs et les, prévi-
sions de nos sommités financières! Pas une
ûbredu cœur n'a brpnché! On a invoqué
le devoir qu'impose le mandat peine inu-
tile
Nos grands-financiers ne croient pas être
des mandataires. Infatués de la puissance
où tant d'intérêts les ont élevés, ils sacri-
fient ces intérêts qui les ont faits ce qu'ils
sont.
Et il faudrait attendre paisiblement, si-
lencieusement le jour où il leur plairait de
protéger les sociétés qu'ils ont fondées et
dans lesquelles ils ont, attiré l'épargne de
tant de familles ruinées, réduites au déses-
)) relie qui ne se gênait guère pour te faire de
» l'œil. Tu sais que c'est Mn ~e~rë qui ne me
va pas. J'entends donc que tu là quittes immé-
)) diatement, etque tu viennes me retrouverchez
» moi. Viens! mais tout de suite, et je te
» pardonne. Autrement rappelle-toi que tu
m'as donné le moyen de te faire enfermer à
Clichy à la première infidélité dont tu te ren-.
? drais coupable envers moi.
'~Agathe rage pendant que je t'écris;, elle
D me conseille d'aller t'arracher les yeux, d'au-
» tant plus qu'elle te soupçonne d'être d'accord
B avec son prétendu pour nous jouer quelque
a vilain tour. Tu ne dois pas ignorer que ce
s grand brun, ce mari futur, l'a plantée là pour
» ce soir.
» Réponds oui où non;'mais rappelle-toi ce
N que je t'écris.
tYAI.Ë5!ELEGRAND.)) »
Barazer fut douloureusement Impressionné à
la lecture de cette lettre, car non-seulement
Edouard lui paraissait s'être mis dans une si-
tuation fâcheuse vis-à-vis d'une 6ilé perdue,
mais il ne pouvait plus douter que le grand
brun dont il était question ne fût Henri. Et,
dans ce cas, quel rôle pouvait-il jouer auprès
de cette Agathe dont Edouard, stupéfait de le
rencontrer chez M°~ de Pradères, l'avait entre-
tenu tout bas ? R
Au plus pressé, se dit-il.
Le domestique revenait en ce moment cher-
cher la réponse
Barazer lui recommanda de demander au
commissionnaire quelle était la personne qut
l'envoyait.,
Le domestique revint bientôt.
–Cet homme, dit-il, est venu dé la part
d'une dame qui demeure-rue de Calais, 18.
L'armateur écrivit rapidement l'adresse de
Valérie sur son carnet.
Dites qu'on répond oMt, fit-il ensuite.
Le laquais sortit.
Barazer rentra dans le salon.
Les veilles sent mauvaises pour les enfants.
j~me pagca~ jnere intelligente et dévouée, en
était convaincue. Elle songeait donc à faire ses
apprêts de départ, lorsqu'elle aperçut son père,
qu'elle cherchait vainement depuis quelques
minutes.
Arrivez donc, papa, que je vous souhaite
le bonsoir avant d'aller coucher les enfants,
puisqu'a votre tour vous avez décidé de m'en-
lever Henri pour le reste de la soirée.
poir Il faudrait attendre/sans protes-
ter, qu'ils voulussent enfin se reunir, au c
risque de ne jamais voir arriver ce moment f
II n'en sera pas ainsi/Nos sommités finan- 1
cières sacrifieront leurs rancunes person- t
nelles à l'intérêt général, elles cesseront c
de lutter les unes contre les autres; elfes 1
feront plus, elles se mettront d'accord pour 1
rechercher en commun les moyens de sau-
ver les intérêts qu'elles ont groupes autour }
d'elles.
Voila le but et, puisque le sentiment du 1
devoir et la saine raison ont été Impuissants, t
il ne reste que le sentiment du danger, et la ? i
lumière y pourvoira, en montrant à tous le i
gouffre entr'ouvert sous leurs pas. 1
II est évident que lorsqu'on saura le vé- <
ritable état des entreprises patronnées par (
nos grands financiers, lorquc l'on connaï-
ira la façon dont ces entreprises ont été
formées, lorsqu'on aura le secret des pro-
cédés employés pour réaliser les capitaux
et conquérir les primes prélevées sur le pu-
blic confiant, alors nos sommités .financières
se rendront un compte plus exact de leurs Il
devoirs, alors l'union sera faite. peut-être
trop tard! §
§
Rentrons dans la discussion relative aux
Chemins lombards. On fait à nos appré-
ciations trois objections essentielles
'!° Le taux des emprunts, que l'on des-
cend à 7 0/0 et que nous maintenons être
à environ 1'! 0/0;
S° Les frais d'exploitation, que l'on abais-
se à 35 0/0 et que nous maintenons a
450/0;
3° La .perte réelle sur le change, que nous
avons portée b. 't0 millions, et que l'on pré-
tend biffer absolument.
Ze~tu~~esempt'Mt!Pour réduire à 7
$/0 l'Intérêt des emprunts contractés en
') 8~)6, l'organe dé la Société confond les
prix auxquels les bons lombards ont été of-
ferts au public avec le prix effectif encaissé
par la Compagnie.
La première émission, faite en janvier
~!866, a eu lieu en bons de 300 francs
rapportant 30 francs, et offerts au public à
465 francs. Mais ces bons ayant été l'objet
d'un syndicat dont la' Société générale fut
le centre, le prix effectivement reçu par la
Compagnie n'a été que de 44a francs, com-
pensation faite du bénéSce accordé au syn-
dicat et des bonifications d'intérêt.
Or, ce prix de 445 francs pour 30 francs
d'intérêts représente 7 0/0. En outre, les
bons étant remboursables .à 500 francs en
~870, il y a une prime d'environ') 5 francs
par an, soit 3 'i /3 8/0, qui, ajoutés à 70/0,
font 10~/3 0/0 d'intérêt.
Le deuxième emprunt a été effectué éga-
lement en bons de 500 fr. rapportant 30 fr.
d'intérêt ils ont été offerts au public à 405
francs mais, pour le syndicat, toute com-
pensation.. faite, le prix est descendu à 335
francs. Or, 30 fr. de revenu pour 385 fr.
donnent un intérêt de 8 0/0. En outre, la pri-
me de remboursement de H 5 fr. représente
30 0/0 qui, divisés en dix années, donne
30/0 par an et porte l'intérêt à environ
H 0/0:
Quant a l'amortissement des sommes en-
caissées par la Compagnie, il n'en est nul-
lement question dans ces 10 1 /3 et 'H 0/0
d'intérêt; il faudra même ajouter une très
forte annuité pour amortir les premiers bons
en quatre années et les seconds en dix an-
nées.
Nous ne nous étendrons pas sur l'impor-
tance des emprunts à effectuer, l'organe .do
la Compagnie n'en conteste pas le chiffre,
car nous l'avons puisé dans le Rapport aux
actionnaires. Nous copions
La dépense totale, dit la Compagnie, en
4 865, s'élèvera a. '164.000.000 fr.
sur lesquels il n'a été
réalisé que. 843.000.000
Reste à emprunter. 3'! 5.000.000 fr.
Je te le rendrai bientôt, ma fille.
Comme les autres, cher papa, vous me le
ramènerez vers minuit. Et ce qu'il y a de plus
affreux, c'est qu'il se laisse toujours faire sans
la moindre protestation, j'en suis certaine.~
–Quelle.-injustice! répliqua Pascal en em-
brassant sa femme.
Sais-tu comment j'appelle ces baisers-la,
mon cher mari? demanda Cécile en souriant.
–Non)6t-il.
Des baisers d'exéat..
–Oh! 1
Oui~ mon ami, ça veut dire en toutes let-
tres « Va, ma chère femme, baisse-moi tran-
quille. a
Vraiment, monsieur Pascal? dit Alice.
-Ne le croyez pas,aumoins, mademoiselle!
je vous en prie.
–Eh bien non~ nous ne .voulons pas le croi-
re, pour votre honneur de mari, dit M"~ de
Pradères.
Edouard et Lucile 'causaient toujours, sans
se douter que leur innocente conversation ve-
nait de soulever une tempête.
–Lucile! s'écria M"~ de Pradères, tu ne
viens pas dire bonsoir à M"~ Pascal
La jeune fille, qui's'entendit appeler par son
nom, se retourna tout à coup:
–Tu me parles, maman?
C'est M°~ Pascal qui s'en va ?
Pardon, chère madame, dit Lucile en ac-
courant.
Edouard Deville s'empressa de la suivre;
l'amant de Valérie rayonnait de plaisir.
–N'est-ce pas qu'elle est charmante? fit
l'armateur en l'arrêtant au passage.
–Elle est séduisante, cher monsieur Ba-
razer.
Je vois avec plaisir que tu es encore un
homme de goût.
Ceci fut dit avec une certaine expression qui
frappa Edouard.
Bientôt après, la jeune M~° Pascal, sa bonne
et ses deux enfants furent confiés par l'archi-
tecte à la sollicitude d'une voiture de remise. -i
La gaîté bruyante qui depuis quelques heu-
res animait cette réunion cessa après le départ
des enfants, et le salon de M~ de Pradères
prit un aspect sinon triste, au moins plus grave-
La lutte allait devenir sérieuse entre tous les
personnages de cette histoire, et chacun, à l'ex-
ception des deux jeunes filles, en avait le pres-
sentiment.
Que les emprunts faits en 'i8u8 s'élèveo~y~
200 ou 223 millions, qu'importe? 111)~
faudra pas moins une somme de 3!S i~l'
~ions.et il est certain que la Compagnien~b~~
tiendra pas, pour compléter ses empi'i~j~s~
~emeitleures conditions; il faudrait mMn~
[a féliciter, si elle n'en subissatt pas ue~
pires.. v
Mais, dit la Compagnie, l'exploitation
pour ~866 ne supportera que l'intérêt a.
7 0/0 et point les 3; ou 4 0/0 affectés a
l'6[~(M'un supplément d'intérêt et nM~sf~eMt un a-
mor~'sse?neH<. La seule .chose dont cette ex-
ploitation ne doive pas être grevée, c'est
l'(t??M)'(caisse, or il n'en est nullement question
dans le chiure d'intérêt de 't0 ') /3 et 11 0/0
que nous avons.IncMqué.
Ce qu'il faut reconnaître, c'est que l'ex-
ploitation de 'i868, grevée de cet intérêt de
'!0à'i! O'/O, ne l'est pas de la totalité des
intérêts an'éreats aux 5.f5?H{~ons ?'es~<~ <~MS,
a dn)~rs. Cet exercice ne devra être chargé
que de la portion de ces emprunts qui aura
été employée en 886, soit pour solder M.
de Rothschild et les travaux, soit pour ac-
quitter les intérêts des obligations et le di-
vidende d.e/!86S.
La seconde objection de ia Compagnie
porte sur les frais d'exploitation qu'elle fixe
a 35 0/0 et que nous avons portés a 45 0/0. x
Sur cette-question, la Compagnie fait une
distinction entre les produits du réseau,
autrichien et ceux de la ligne d'Italie, parce
que ces dernières jouissent d'une garantie
d'intérêt.
Si cette garantie d'Intérêt étal!, dépassée.
par les revenus en'ectifs ou même si elle était
couverte, la distinction aurait une certaine
importance malheureusement, il n'en est
rien..
Quant à la proposition de 35 0/0 pour les
frais d'exploitation sur le réseau autrichien,
ce chinre est dépassé par toutes les Compa-
gnies françaises, dont les recettes kilométri-
ques atteignent cependant un chinre supé-
rieur. Pour que le chiffre de la dépense ne
dépasse pas 35 0/0, la Société n'y fait pas
figurer tous les frais d'entretien, toutes les
dépenses de réfection qui pourtant appar-
tiennent à l'exploitation. Il est en outre
certain que des frais généraux de diverse
nature qui incombent a l'exploitation sont
supportés par le compte d'établissement,
pendant la période de construction.
On peut donc facilement prévoir qu'aussi-
tôt les travaux finis, la Compagnie ne pou-
vant plus porter au compte de premier éta-
blissement, qui sera clos, l'entretien de la
voie et sa réfaction ni tous les frais géné-
raux, ces dépenses pèseront exclusivement
sur l'exploitation; aussi l'évaluation de 45
0/0 appliquée à des recettes de 3~ ,000 fr.
par kilomètre, est elfe plutôt modérée
qu'exagérée.
Il y a encore une autre cause d'augmen-
tation dans les frais d'exploitatian. La guer-
re qui a eu lieu en AUemagne a tellement
amoindri les ressources du l'Autriche, que
~papier-monnaie dé ce pays a souEfert une
dépréciation qui varie de 80 à 35 0/0; na-
turellement les dépenses ont dû subir un
accroissement analogue pour toutes les po-
pulations. De là des charges plus grandes
pour l'exploitation comme pour les travaux..
Cet accroissement de dépenses et la per-
te qui en résulte pour la Compagnie sont si
réeis, qu'elle a obtenu d'augmenter de 20
0/0 les tarifs pour les voyageurs.
Dans de telles conditions,prétendre qu'on
exploite à 35 0/0 et au-dessous n'est pas sé-
rieux il est évident que, par l'atténuation'
du véritable état des choses, on veut sauver
le crédit chancelant de la Compagnie, et
réaliser plus facilement les emprunts desti-
nés à dégager la -maison Rothschild.
Pour les lignes d'Italie, les frais d'exploi-
tation seront-ils inférieurs à 45 0/0 ? Nulle-
ment, car la recette kilométrique est beau-
Lucile, qui remarqua cette nouvelle disposi-
tion, alla se mettre au piano.
Bientôt les nctes'mélancoliques du Cnal de
ZMt~'e c~ZaHMHermoor se succédèrent dans l'ai:
comme un appel à la tendresse et aux nobles
émotions de l'amour pur.
Ce fut l'amantde Valérie qui ressentit le plus
profondément cette influence irrésistible. Sans
doute ce spectacle d'une charmante fille, dont
toute la personne-exhalait un suave parfum de
chasteté, avait retrouvé pour lui tout le char-
me de la nouveauté. Accouda sur son fauteuil,
il la suivait d'un œil Sxe, ardent, et qui trahis-
sait tous les symptômes d'une passion nais-
sante.
Aussi un l~ger sourire venait-il de se dessi-
ner sur les lèvres de M"~ de Pradëres.
L'armateur, qui avait maintenant le secret
d'Edouard DevUle, ne voulant pas que les cho-
ses allassent plus loin de ce côté avant de sa-
voir à quoi s'en tenir sur les relations de son
pupille avec Valérie, se décida à sonner la re-
traite.
Ma chère LuoUe, tu es une enchanteresse,
dit-il; mais la soirée s'avance, et nous avons,
ces messieurs et moi, à causer de choses très
sérieuses.
Vous nous quittez déjà? dit naïvement
Lucile.
–.Oui, mon enfant, et, s'il te plaît de le sa-
voir, je te dirai pour mon compte que c'est avec
regret seulement, ii faut savoir concilier le
plaisir avec-les aSaires. Tu sauras mieux ces
jetites choses-là plus tard.
Vous pouvez rester à causer ici, mon-
sieur Barazer, dit la maîtresse de la maison
ici ou dans la chambre de Victor; nous allons
vous laisser tout à fait libres.
J'accepte avec piaisir, ma chère Suzanne.
~m. pradëres et ses 6 Mes se retirèrent
dans leurs chambres.
Alors, passons chez moi, reprit aussitôt
Victor Ozanne, cela me permettra de vous of-
frir des cigares qui ne sont pas à dédaigner..
–SoittStBarazer.
Suivez-moi donc.
Oh 1 oh pas encore, s'écria Barazer en
retenant par un bouton de son habit son pupil-
le, qui s'empressait de lui souhaiter le bon-
soir. Tu restes avec nous, mon cher Edouard;
j'ai grand besoin de toi, et pour ta part, d'ail-
leurs, tu as bien le temps de rejoindre la ter-
rible Valérie.
GsoRGBs FATH.
§ MOIS (PMH cU~tMMBtMaMM) ~SOi
~MONCES, 8, PL. CE L~BOURSE~ ET'.7.~UE_M~HËRO~
ISàiii B janvier iB~
~1~ l,TI" 4, ,Fr,
S MSIS (~rttmmt!). « i~
BUREMJX ~!AMNMMM.T. :<23, .RUE MOKT~ARIRE
L'Administration se réserve !e droit de modifier ta rédaction des Annoncer
.A~pLee
T.out.ce .quiconcernBirMm!tustràt!oYt Bu Jourr'al Soit .etrB.spTs~ xm GeraDt
A partir du 15 janvier, la P/'esss publiera
toutes !es semaines une Causene~arisienne
deM.AMERTWQLFF. .1
Après"
LES AMOURS OE PASSAGE'
DE
M. GEORGES FATH
qui obtiennent un si légitime succès,
La Presse publiera:
LA CHAT-ELAINE
DE
PLANCKE-MiBKÂYE
romaa parisien
PAR
-s. i~
LA .~EVËE EN I~
épisode des guerres de laRévolution
pAn
~EmMAM-mTRM
'L& TER~E MâUD!TE
dernier épisode des ~ïH~ de Coïn
Divers Homàns et Nouvelles par
MM. ARMAND LAPOÏNTE, ALFERD DBS ESSAETS,
CAMILLE FARCY, EMILE VILLARS, D. DE
BODËN, HENRI DE LACRETELLE, etc.
Toir, a la 3° page, la liste des Primes of-
fertes a nos abonnés.
~msà~e~ee
PAmS, 7 JANVIER
Ceux qui nous reprochent de croire en-
core & ia question polonaise oublient que
cette question est éternellement vivante a
Varsovie et a Saint-Pétersbourg. Une dépê-
che télégraphique nous signaJele~ nouvel-
les mesures adoptées en faveur de F admi-
nistration russe, c'est-à-dire contre ies res-
tes encore debout de la nationalité polo-
naise:
Saint-Pëtershourg, 8 janvier.
(Dépêche en retard.)
Trois ukases concernant la Pologne viennent
d'être publies. Le premier introduit pour l'adminis-
tration des finances le règlement russe et établit à
Varsovie Tjne direction provisoire du. Trésor dépen-
dant do. ministère des iinances. Le gouvernement
se réserve de changer cette direction en une direc-
tion permanente. Le deuxième a pour objet l'admi-
nistration des postes. Le troisième simpliBe la!
marche de l'administration, investit les gouver-
neurs de pouvoirs étendus et recommande Ja for-
mation de milices .locales.
Dans ces termes se trouve annoncée la fu-
sion de l'administration des postes et de
celle desunances avec l'administration cen-
trale de l'empire. Quant a investir les gou-
verneurs de pouvoirs étendus, aSn de sim-
plifier l'administration, ce n'est évidem-
ment que fortifier l'arbitraire et diminuer
encore ce qu'il pouvait y avoir de garanties
pour la vie et la fortune des. Polonais, sous
un régime que caractérise !e souvenir sinis-
tredeMourawief.
Le dépêche précédente est complétée, en.
FEUILLETON DE LA P~F~E
MSjANVtERd867 PB.ESSB '1
)–
t ES~ NM~~SE~ HC* SSSS~â~E*
LEe A~SuHS SE râ~â~E
Deux bonnes heures s'étaient déjà passées
sans aucun résultat pour Valérie~ ~ans que ses
regards, qui erraient des fenêtre'~ de M"~ de
Pradères a la Comédie-Française, eussent ren-
contré autre chose que des visages indiB'érents.
Son impatience était devenue si grande qu'elle
allait abandonner les intérêts de sa sœur pour
pénétrer au Théâtre-Français, dans l'espérance
d'y apercevoir son amant, quand Luc~Ue, suivie
d'Edouard, était venue s'accouder au ~aJson..
A cette vue, si étrange pour elIe,Vâ!'érte sem-
bla frappée d'une décharge électrique. Son
corps se pelotonna, d'un seul mouvement, dans
un coin du coupé on eût dit une-panthëre qui
se ramasse pour mieux s'élancer sur la proie
qu'elle convoite. Elle examina d'un regard brû-
lant de haine la gracieuse enfant dont la beauté
et l'esprit semblaient produire une profondé
impression sur'Edouard. <
Elle analysait une a une les perfection? de
Luciie, et une rage sourde faisait bouiHo;aner
son sang en songeant au terrible avantage que
sa beauté pouvait lui don ner sur le cœur d'E-
douard. Sa tête enfantait des projets mons-
trueux pour se débarrasser d'une si dangereuse
rivale. Elle regrettait que l'usage n'autorisât pas
les duels entre femmes. Sa pius grande dou-
leur était de sentir qu'une distance incommen-
surable la séparait d'une jeune ËHe belie et ri-
che, et ~ui vivait au milieu de ce sanctuaire
qu'on appelle une famdUe honorable.
La vue d'Edouard aux eûtes de Lucils avait
à ce point bouleversée ses idées, qu'elle avait
oubiié du même coup Agathe, le faux Lau-
sanne,et ennn ce qu'il y avait de singulier dans
la présence d'Edouard chez M"~ de Pradères.
Un seul fait l'occupait maintenant Edouard
pouvait en aimer une autre.
Ce roman peut être reproduit par les journaux
mi ont ua traité avec la Société des Gens de let-
tres. TraducMM réserveo.
ce qui concerne l'adsHnIs~àtton.-dGS postes,
par les détails que voici
Saint-Pétersbourg,Sjanvier.
(Dépêche en retard.)
LaGase/t 5Ma~ publie un ukase du ~dé-
cembre, qui place l'admmistraiion des postes du
royaume de Pologne sous la direction du ministère
de'Saint-Pétersbourg. En vertu de cet uksse, à psr-
tirdu '13 (~janvier), ia Pologne sera divisée en
10 souvernemcnts et ?o cercles, au lieu des c~nq
gouvernements actuels. Des bureaux de payement
s ront établis, à partir du même jour, par gouver-
nementetpardistrict.
L'interprétation que nous donnons h ces
mesures se trouve des aujourd'hui conSr-
mée par l'analyse que nous transmet ]e télé-
graphe, d'un article de l'T~aMe ?'Mose
'Saint-Pétersbourg, 5 janvier.
(Dépêche en retard.)
Le jugement prononcé contre les insurgés de Si-
bérie a été confirmé et mis à exécution. Des sept
condamnés à mort, quatre ont'été fusilles. Les au-
tres ont été'envoyés, avec les autres condamnés,
aux travaux forces. Il a été fait remise à tous des
punitions corporelles.
L'aMf'7'Mse dit qusie but des derniers uka-
ses est d'opérer !e rapprochement et la mise sur le
pied d'égalité de !a Pologne et de ia Rassie. La mê-
me feuitie ajoute que l'unité administrative rendra
possib'e en Pologne l'introduction de toutes les a-
méliorations existant en Russie.
Nous reproduisons cette dépêche telle
qu'eHe nous parvient. Lorsqu'il s'agit d& !a
Pologne, les détails de suppHces se mêlent
bien l'analyse des actes de gouverne-
ment..
Le journal l''7M: donne les bonnes nou-
yclles que voici de !a mission Tone1!o
Nous recevons de Rome des renseignements qm
nous permettent de croire que les négociations en-
tamées avec le Vatican touchent à leur terme.
On peut donc considérer comme cer:a!n que la
papauté s'est entendue avec l'envoyé.italien sur les
principaux objets de sa mission. La réduction du
nombre des diocèses est le seul point qui ne soit
pasencore réglé.
Mais il n'y a la, d'après notre correspondant,
qu'un obstacle de forme: on n'est pas loin d'être
d'accord sur le fond. Du reste, il y a un compro-
mis qui permet de résoudre provisoirement la dif-
Ëeulté, en attendant le jour, saus doute prochain,
-d'une entente'plus complète.
On écrit deRome, 3 janvier, à l'7M. le comte de Sartiges a reçu les officiers de ]a
légion d'Antibes. En répondant au colonel d'Argy,
qui avait parie du dévoûment de la légion à l'em-
pereur, M. le comte de Sartigesadit que le gouver-
nement français continuait à considérer comme des
enfants de la France ceux qui, animés d'un senti-
ment de dévoûment pourle Sajnt-Siége, étaient ve-
nas donner leur appui au vénérable chef de la ca-
thoHciié; mais qu'il espérait que leur appui serait
simplement moral, car. l'esprit éminemment angë-
lique et conciliant du saint-përe était la plus dési-
rable et'ia plus sûre garantie de la papauté.
Un témoin m'a dit que le ton accentué avec 1e-
quei M. de Sartiges avait prononcé sa dernière
phrase, a eu l'adhésion entière de tous les assis-
tants, à peu d'exceptions près.
A Florence, le 5 janvier, a couru !e bruit de
désordres qui seraient survenus à Naples.
Les résistances se brisent a Francfort
contrs la domination écrasante de la Prusse.
La dépêche suivante prouve, en en'et, que
la bourgeoisie de cette ville va concourir à
un gouvernement vis-à-vis duquel elle n'a
pas déguisé jusqu'à ce jour son hostilité
Francfort, 6 janvier.
Le ./oMrn~ ~e FfaKc/brt annonce que !a repré-
sentation permanente de la bourgeoisie a résolu, à
l'unanimité, dans sa séance d'hier, d'accepter iés
fonctions de Corps législatif que le gouvernement
prussien lui a transférées provisoirement, en tant
que ces fonctions concernent les affaires munici-
pales.
Dans une proclamation par laquelle il délie
les habitants des Duchés de leur serment de fi-
délité envers lui, le prince d'Augustenbourg
affirme qtril s'était entendu avec le roi sur les
conditions auxquelles ce prince appuierait sa
candidature. M. de Bismark a déclaré; au con-
traire, que l'entente n'avait jamais pu s'établir
sur ce point. On s'attend donc a une réplique
du premier ministre de Berlin.
Conjurer le danger qui la menaçait était de-
venu sa pensée nxe. Mais son impuissance
d'agir lui semblait plus grande à chaque nou- L
veau parti qu'elle vouait prendre. 1
Tout a coup son visage se contracta sous une
expression diabolique; elle avait sans doute
trouvé le moyen de triompher de sa riya'e, car
elle donna l'ordre au cocher de la ramener ra-
pidement chez elle.
IV
!Le Comse!! des qMn
Pendant'que la jalouse Valérie, foile de co-
lëré, était aliée préparer ses foudres vengeurs,
la petite comédie de l'amour allait ~on train
dans le salon de M~ de Pradères.
Edouard ébloui, charmé par Lucile, conti-
nuait ses madrigaux auprès d'elle, madrigaux
en prose dont aucun éditeur ne tenterait l'ex-
ploitation, mais qui ravissent toujours celle qui
ies inspire.
Pascal, un peu rasséréné par sa conversation
avec M"~ de Pradères, jouait de verve avec sa
femme et ses enfants auxquels s'étaient joints
Alice et Victor.
M" de Pradëres les regardait en silence,
avec cette expression de tendresse rêveuse qui
était presque stéréotypée~ sur son visage.
On devinait a la voir cme sa pensée plon-
geait dans l'avenir comme pour y découvrir le
sort de tous ceux qui riaient autour d'elle en
ce moment, et dont eiïe eût acheté le bonheur
au prix des plus grands saorinces.
L'armateur, lui, n'avait cessé d'arpenter le
,salon, allant de l'un a Pautre, semblable a un
pilote qui parcourt son bâtiment pour décou-
vrir l'avarie dont il vient de remarquer les eGets
car, non-seulement les mots échangés entre
Edouard et Pasca M'avaient frappé, mais encore
la conversation de l'architecte avec M"~ de Pra-
dëres lui avait paru pleine d'insinuations. Ce
qui l'aSermissait dans cette pensée, c'est que
cette conversation s'était .ensuite continuée à
voix basse, et qu'il en avait observé lesdiSe-
rentes phases sur le visage des deux interlocu-
teurs.
Il réfléchit qu'il serait sans doute inutile de
chercher h se renseigner pius amplement la-
dessus auprès de M"~ de Pradères et d'Edouard,
et qu'il saurait plus vite la vérité en s'adressant
à son gendre.
Nous recevons aujourd'hui de Constanti-
nople une série de dépêches qui constatent
la im de la lutte dans l'île de Crète. Un ré-
sultat au moins semble désormais acquis,
c'est la paciGcation du district de Selinos
Constantiaople, 8 janvier..
Le nombre des insurges tués d.tns )e combat li-
vré près de Fonia, à'Candie, s'étëve a 300. Un bâ- c
timeat de guerre russe a transporté au Pirée 4.600 J
insurgés qui se trouvaient accules au bord de la r~
mer il y aurait dans ce nombre des femmes et
dc-s enfants. f
Le commissaire du sultan a été accueilli avec
joie SeHnos par le clergé grec et par la popu)a- L
tion.. n
Les nouvelles publiées par les journaux etran- ,J
sers sur les événemen's en Tbessalie sont exagé- J
rées, v ¿
rées.. Constaftinople,8]auv!er.. c
Le commissaire impérial s'étant rendu le'35 dé- r
cembre à Selinos, les habitants de ce district et ceux
de Kissamos qui étaient resiés s .us la pression drs
volontaires helténcs ont fait leur soumission. L'i!e
est soumise aujourd'hui d'une extrémité à l'autre a r
l'autorité du sultan. Il ne reste qu'a débarrasser
l'ile dequelques aventuriers étrangers réfugiés dans t
les montagnes. t
0 Coustantinople, 6 janvier.
On mande de la Canée, le 1°'' janvier: r
Le quartier-général turc est à Suya, dans le dis- ]
trict de Selinos, où la population, pacifiée, livre ses C
armes. Aptes la défaite de Fonia, le chef des insur- r
~és, Koroneos, s'est retiré dans les montagnes de 1
Sphakia. On assure qu'il a pris la résolution de- j:
s'embarquer sur une frégate russe.
Zimbrakaki, qui a été également re.'oulédans les t
montagnes de Selinos, serait aussi décidé a renon-
cer a une lutte désormais sacs espoir.
Une autre dépêche se rattache directe-~ (
ment, par ses dernières lignes~ à celles qui 1
précèdent.: Constantiaople, 7 janvier. i
Les Bulgares ont remis auSultan une adresse
exprimant leur confiance ehlùi et faisant ressortir
surtout qu'ils ont été émancipés de la pression gê-
nante exercée sur eux par l'Eglise grecque.
Dans toutes les classes de la/population turque
l'exaspération va en croissant contre la Grèce. 1
Le gouvernement impérial ottoman, qui a (
eu'Ia sagesse de ne pas envoyer d'M~MMa~M?N (
à Athènes, s'eSorcera assurément d'apaiser 1
ces excitations populaires, si dangereuses r
lorsqu'elles parviennent a s'imposer aux ré-
solutions de la politique ofËoicHe.,
'0' l, dl 'p d T l
On lit dans !a ~fOUMtCt'a de Turin
S'il faut en croire la Go.sfMe de ~orence, le gène- i
rai Fleury, pendant son séjour à Florence, aurait
abordé le chapitre des éventualités qui pourraient j
surgir en Orient, et parlé de préliminaires d'un
traité iranco-austro-italien.
Nous donnons les lignes qui précèdent a
titre de simple information et sous les ré-
serves les plus formelles.
Le .Mb?M'~Mr ~< so:7' reproduit, avec une
modIGcation que nous n'avons pas besoin
de signaler à nos lecteurs, la note publiée
hier matin par le AfoHtfeM?'. Voici le dernier
texte de cette importante rectification
La PaMe d'hier soir publie sur la politique ds la
France dans les affaires d'Orient un article dont la
forme pourrait donner à penser qu'il est puisé à des
sources officielles. Cet article est une œuvre de
pure imagination. ~lé la rédaction:
Le secrétaire de !arëdaeMoB:
E. BAUSR.
BULLETIN TËlËGRàPB~SE
5'fMBaa.
Bernn, a janvier.
(Dép~che.retardée par la d'.fuculté des communi-
cations télégraphiques.)
La G~seMe de ~a Cra:se annonça que la pr~se ds
possession formelle ~du Schleswig-HoIstein aura
lieu la semaine prochaine.
La Ga;sc~ de !a! Banque dit que les conférences
des Etats du Nord seront probablement doses dans
le courant de la semaine prochaine.
ANg~e~errs.
Londres, 7 janvier.
Le pFM~?Mns
chinois. Une partie de l'équipage a été massaerée
le re:te s'est sauve.
(.~6Kce Havas-Bullier.)
Il se dirigea donc droit vers lui. Henri n'avait
pas remarqué les allures de son beau-père sans
un certain retour d'émotion, et il se disait en le
voyant s'avancer vars lui & Allons~.la mèche
e&t encore éventée de ce côté-la. Il est vraiment
extraordinaire de voir comme tout se décou-
vre. )) Il achevait à peine cette réflexion, qu'il
se sentit touché légèrement l'épaule.
–C'est vous, cher père, dit-il d'une voie af-
fectueuse, et comme pour amortir le premier
choc des représentations qu'il pressentait.
Oui~ c'est moi, tu mettras tout l'heure
ta femme et tes enfants en voiture, et nous ren-
trerons à pied en fumant un cigare.
Du moment que vous le désirez, dit Pas-
ca' en continuant de jouer. L'armateur
passa alors dans une petite galerie qui précédait
le salon, et-dans laquelle il s'établit pour songer
avec plus dé liberté à ce qu'il devait faire en
cette circonstance.
Un instant après~ un domestique passa de-
vant lui; il tenait une lettre à la main.
–pour qui cette lettre? lui demanda Ba-
razer.
Pour M. Edouard Devise répondit le do-
mestique.
Qui l'a apportée?
–Monsieur, c'est un commissionnaire, et il
attend la réponse.
–Donnez-moi cela; je sais ce que c'est, vous
reviendrez dans cinq minutes.
Barazer examina la suscriptionde la lettre.
Diable fit-il, écriture et orthographe,
voila qui sent terriblement son quartier Breda.-
Puis il tourna et retourna la lettre entre ses
doigts, cherchant le parti qu'il pouvait tirer,
pour la réussite de ses projets, de cette circon-
stancefortuite.
Bah 1 se dit-il, en manière de réponse a ses
hésitations, si Edouard n'est plus un enfant, il
est en quelque sorte encore sous ma tutelle, et
je puis bien me permettre d'agir ainsi dans son
intérêt.
Il sortit alors le biDët de l'enveloppe, dont le
cachet était encore humide~ et lut les phrases
suivantes dont nous rétablissons l'orthographe
par simple respect pour le Dictionnaire de l'A-
cadémie
x Edouard,
« Tu m'as dit que tu dînais auec Mtî attCteM
» am: ~e ta mère, tu m'as menti, car je viens
s de t'apercevoir a un balcon de la rue Ri-
)) chelMu, accoudé auprès d'une petite saute-
'rUMO~ FiNANMÈRË
ET
LES CHEMIKS DE FER LOMBARDS
L arttcle que j'ai publié sur I't/?!oH~HaN-
C!'e?'e et les C/!e??!ns7oH!6N~s venait a peine
de paraître, que M. X. agent de change,
me demandait si j'avais des opérations à <
faire sur les Chemins lombards.
Je fis remarquer que s'il en était ainsi, <
les notions les pius vulgaires de l'honnêteté
m'auraient fait un devoir de m'abstenir
j'ajoutai que vendre ou achetef les actions j
d'une entreprise et ensuite écrire en faveur
de cette entreprise ou contre elle, serait
moins une spéculation qu'un acte honteux
d'improbité.
De nos jours, je ne l'ignore'pas, l'esprit
public est facilement porté à de telles sup-
positions, et même il tolère aisément de
tels actes, et c'est un triste signe
Cet abus de louanges et de critiques inté-
ressées, dont certains journaux ont donné
le funeste exemple, a causé de grands mal-
heurs, de grandes et irréparables ruines.
Récemment, une pétition le signalait au
Sénat; mais le mal, je le crains, sera long-
temps sans remède.
Je ne rechercherai pas dans quelles pro-
portions le journal que s'est attaché la So-
ciété des Chemins lombards a participé à
cet abus je me borne à répudier et à nétrir
T emploi que l'on fait trop souvent de la pu-.
blicité pour tromper l'opinion..
_~Â. g
J'ai introduit l'examen relatif à la Société
des Chemins lombards dans la discussion de
la question de l'C/m'OK /!naHC!'ëre, parce que
cela est nécessaire pour vaincre les obsta-
cles que rencontre cette Union. Le senti-
ment du péril commun peut seul dominer
lespassions aveugles qui s'opposent à la
réalisation d'une œuvre si utile; je veux
donc amener nos sommités financières, cel-
les qui résistent le plus, notamment MM. de
Rothschild, à une saine appréciation de la
situation générale en les forçant de considé-
rer leur propre situation. Rien ne peut être
plus efficace, que l'étude d'une aS'aire dont
le sort paraît ne pas devoir être sans analo-
gie avec celui du chemin de Madrid à SaTa-
gosse.
Il est donc utile de bien déterminer la si-
tuation de MM. de Rothschild. Quelques ob-
servations générales sur les Chemins lom-
bards n'auraient pas suffi il fallait encore
provoquer la contradiction. Je l'ai obtenue
en annonçant sommairement l'impossibi-
lité de tous revenus pour 1868. La tempête
a dissipé les conseils de prudence qui au-
raient résolu de ne point répondre.
Bien des gens ont dit qu'il était insensé
de vouloir arriver à la conciliation en cri-
tiquant les hommes ef les anàires. Ceux-là
ne savent ni les démarches, ni les sollicita-
tions qui ont été faites. Tout a échoué de-
vant un fol orgueil ou par l'Effet de haines
implacables. Vainement a-t-on montré les
désastres produits par ces rivalités. Vaine-
ment a-t-on fait appel aux plus vulgaires
sentiments d'humanité en faveur de tant de
familles dont l'unique tort aétéjeur con-
6ance absolue dans les calculs et les, prévi-
sions de nos sommités financières! Pas une
ûbredu cœur n'a brpnché! On a invoqué
le devoir qu'impose le mandat peine inu-
tile
Nos grands-financiers ne croient pas être
des mandataires. Infatués de la puissance
où tant d'intérêts les ont élevés, ils sacri-
fient ces intérêts qui les ont faits ce qu'ils
sont.
Et il faudrait attendre paisiblement, si-
lencieusement le jour où il leur plairait de
protéger les sociétés qu'ils ont fondées et
dans lesquelles ils ont, attiré l'épargne de
tant de familles ruinées, réduites au déses-
)) relie qui ne se gênait guère pour te faire de
» l'œil. Tu sais que c'est Mn ~e~rë qui ne me
va pas. J'entends donc que tu là quittes immé-
)) diatement, etque tu viennes me retrouverchez
» moi. Viens! mais tout de suite, et je te
» pardonne. Autrement rappelle-toi que tu
m'as donné le moyen de te faire enfermer à
Clichy à la première infidélité dont tu te ren-.
? drais coupable envers moi.
'~Agathe rage pendant que je t'écris;, elle
D me conseille d'aller t'arracher les yeux, d'au-
» tant plus qu'elle te soupçonne d'être d'accord
B avec son prétendu pour nous jouer quelque
a vilain tour. Tu ne dois pas ignorer que ce
s grand brun, ce mari futur, l'a plantée là pour
» ce soir.
» Réponds oui où non;'mais rappelle-toi ce
N que je t'écris.
tYAI.Ë5!ELEGRAND.)) »
Barazer fut douloureusement Impressionné à
la lecture de cette lettre, car non-seulement
Edouard lui paraissait s'être mis dans une si-
tuation fâcheuse vis-à-vis d'une 6ilé perdue,
mais il ne pouvait plus douter que le grand
brun dont il était question ne fût Henri. Et,
dans ce cas, quel rôle pouvait-il jouer auprès
de cette Agathe dont Edouard, stupéfait de le
rencontrer chez M°~ de Pradères, l'avait entre-
tenu tout bas ? R
Au plus pressé, se dit-il.
Le domestique revenait en ce moment cher-
cher la réponse
Barazer lui recommanda de demander au
commissionnaire quelle était la personne qut
l'envoyait.,
Le domestique revint bientôt.
–Cet homme, dit-il, est venu dé la part
d'une dame qui demeure-rue de Calais, 18.
L'armateur écrivit rapidement l'adresse de
Valérie sur son carnet.
Dites qu'on répond oMt, fit-il ensuite.
Le laquais sortit.
Barazer rentra dans le salon.
Les veilles sent mauvaises pour les enfants.
j~me pagca~ jnere intelligente et dévouée, en
était convaincue. Elle songeait donc à faire ses
apprêts de départ, lorsqu'elle aperçut son père,
qu'elle cherchait vainement depuis quelques
minutes.
Arrivez donc, papa, que je vous souhaite
le bonsoir avant d'aller coucher les enfants,
puisqu'a votre tour vous avez décidé de m'en-
lever Henri pour le reste de la soirée.
poir Il faudrait attendre/sans protes-
ter, qu'ils voulussent enfin se reunir, au c
risque de ne jamais voir arriver ce moment f
II n'en sera pas ainsi/Nos sommités finan- 1
cières sacrifieront leurs rancunes person- t
nelles à l'intérêt général, elles cesseront c
de lutter les unes contre les autres; elfes 1
feront plus, elles se mettront d'accord pour 1
rechercher en commun les moyens de sau-
ver les intérêts qu'elles ont groupes autour }
d'elles.
Voila le but et, puisque le sentiment du 1
devoir et la saine raison ont été Impuissants, t
il ne reste que le sentiment du danger, et la ? i
lumière y pourvoira, en montrant à tous le i
gouffre entr'ouvert sous leurs pas. 1
II est évident que lorsqu'on saura le vé- <
ritable état des entreprises patronnées par (
nos grands financiers, lorquc l'on connaï-
ira la façon dont ces entreprises ont été
formées, lorsqu'on aura le secret des pro-
cédés employés pour réaliser les capitaux
et conquérir les primes prélevées sur le pu-
blic confiant, alors nos sommités .financières
se rendront un compte plus exact de leurs Il
devoirs, alors l'union sera faite. peut-être
trop tard! §
§
Rentrons dans la discussion relative aux
Chemins lombards. On fait à nos appré-
ciations trois objections essentielles
'!° Le taux des emprunts, que l'on des-
cend à 7 0/0 et que nous maintenons être
à environ 1'! 0/0;
S° Les frais d'exploitation, que l'on abais-
se à 35 0/0 et que nous maintenons a
450/0;
3° La .perte réelle sur le change, que nous
avons portée b. 't0 millions, et que l'on pré-
tend biffer absolument.
Ze~tu~~esempt'Mt!Pour réduire à 7
$/0 l'Intérêt des emprunts contractés en
') 8~)6, l'organe dé la Société confond les
prix auxquels les bons lombards ont été of-
ferts au public avec le prix effectif encaissé
par la Compagnie.
La première émission, faite en janvier
~!866, a eu lieu en bons de 300 francs
rapportant 30 francs, et offerts au public à
465 francs. Mais ces bons ayant été l'objet
d'un syndicat dont la' Société générale fut
le centre, le prix effectivement reçu par la
Compagnie n'a été que de 44a francs, com-
pensation faite du bénéSce accordé au syn-
dicat et des bonifications d'intérêt.
Or, ce prix de 445 francs pour 30 francs
d'intérêts représente 7 0/0. En outre, les
bons étant remboursables .à 500 francs en
~870, il y a une prime d'environ') 5 francs
par an, soit 3 'i /3 8/0, qui, ajoutés à 70/0,
font 10~/3 0/0 d'intérêt.
Le deuxième emprunt a été effectué éga-
lement en bons de 500 fr. rapportant 30 fr.
d'intérêt ils ont été offerts au public à 405
francs mais, pour le syndicat, toute com-
pensation.. faite, le prix est descendu à 335
francs. Or, 30 fr. de revenu pour 385 fr.
donnent un intérêt de 8 0/0. En outre, la pri-
me de remboursement de H 5 fr. représente
30 0/0 qui, divisés en dix années, donne
30/0 par an et porte l'intérêt à environ
H 0/0:
Quant a l'amortissement des sommes en-
caissées par la Compagnie, il n'en est nul-
lement question dans ces 10 1 /3 et 'H 0/0
d'intérêt; il faudra même ajouter une très
forte annuité pour amortir les premiers bons
en quatre années et les seconds en dix an-
nées.
Nous ne nous étendrons pas sur l'impor-
tance des emprunts à effectuer, l'organe .do
la Compagnie n'en conteste pas le chiffre,
car nous l'avons puisé dans le Rapport aux
actionnaires. Nous copions
La dépense totale, dit la Compagnie, en
4 865, s'élèvera a. '164.000.000 fr.
sur lesquels il n'a été
réalisé que. 843.000.000
Reste à emprunter. 3'! 5.000.000 fr.
Je te le rendrai bientôt, ma fille.
Comme les autres, cher papa, vous me le
ramènerez vers minuit. Et ce qu'il y a de plus
affreux, c'est qu'il se laisse toujours faire sans
la moindre protestation, j'en suis certaine.~
–Quelle.-injustice! répliqua Pascal en em-
brassant sa femme.
Sais-tu comment j'appelle ces baisers-la,
mon cher mari? demanda Cécile en souriant.
–Non)6t-il.
Des baisers d'exéat..
–Oh! 1
Oui~ mon ami, ça veut dire en toutes let-
tres « Va, ma chère femme, baisse-moi tran-
quille. a
Vraiment, monsieur Pascal? dit Alice.
-Ne le croyez pas,aumoins, mademoiselle!
je vous en prie.
–Eh bien non~ nous ne .voulons pas le croi-
re, pour votre honneur de mari, dit M"~ de
Pradères.
Edouard et Lucile 'causaient toujours, sans
se douter que leur innocente conversation ve-
nait de soulever une tempête.
–Lucile! s'écria M"~ de Pradères, tu ne
viens pas dire bonsoir à M"~ Pascal
La jeune fille, qui's'entendit appeler par son
nom, se retourna tout à coup:
–Tu me parles, maman?
C'est M°~ Pascal qui s'en va ?
Pardon, chère madame, dit Lucile en ac-
courant.
Edouard Deville s'empressa de la suivre;
l'amant de Valérie rayonnait de plaisir.
–N'est-ce pas qu'elle est charmante? fit
l'armateur en l'arrêtant au passage.
–Elle est séduisante, cher monsieur Ba-
razer.
Je vois avec plaisir que tu es encore un
homme de goût.
Ceci fut dit avec une certaine expression qui
frappa Edouard.
Bientôt après, la jeune M~° Pascal, sa bonne
et ses deux enfants furent confiés par l'archi-
tecte à la sollicitude d'une voiture de remise. -i
La gaîté bruyante qui depuis quelques heu-
res animait cette réunion cessa après le départ
des enfants, et le salon de M~ de Pradères
prit un aspect sinon triste, au moins plus grave-
La lutte allait devenir sérieuse entre tous les
personnages de cette histoire, et chacun, à l'ex-
ception des deux jeunes filles, en avait le pres-
sentiment.
Que les emprunts faits en 'i8u8 s'élèveo~y~
200 ou 223 millions, qu'importe? 111)~
faudra pas moins une somme de 3!S i~l'
~ions.et il est certain que la Compagnien~b~~
tiendra pas, pour compléter ses empi'i~j~s~
~emeitleures conditions; il faudrait mMn~
[a féliciter, si elle n'en subissatt pas ue~
pires.. v
Mais, dit la Compagnie, l'exploitation
pour ~866 ne supportera que l'intérêt a.
7 0/0 et point les 3; ou 4 0/0 affectés a
l'6[~(M'un supplément d'intérêt et nM~sf~eMt un a-
mor~'sse?neH<. La seule .chose dont cette ex-
ploitation ne doive pas être grevée, c'est
l'(t??M)'(
dans le chiure d'intérêt de 't0 ') /3 et 11 0/0
que nous avons.IncMqué.
Ce qu'il faut reconnaître, c'est que l'ex-
ploitation de 'i868, grevée de cet intérêt de
'!0à'i! O'/O, ne l'est pas de la totalité des
intérêts an'éreats aux 5.f5?H{~ons ?'es~<~ <~MS,
a dn)~rs. Cet exercice ne devra être chargé
que de la portion de ces emprunts qui aura
été employée en 886, soit pour solder M.
de Rothschild et les travaux, soit pour ac-
quitter les intérêts des obligations et le di-
vidende d.e/!86S.
La seconde objection de ia Compagnie
porte sur les frais d'exploitation qu'elle fixe
a 35 0/0 et que nous avons portés a 45 0/0. x
Sur cette-question, la Compagnie fait une
distinction entre les produits du réseau,
autrichien et ceux de la ligne d'Italie, parce
que ces dernières jouissent d'une garantie
d'intérêt.
Si cette garantie d'Intérêt étal!, dépassée.
par les revenus en'ectifs ou même si elle était
couverte, la distinction aurait une certaine
importance malheureusement, il n'en est
rien..
Quant à la proposition de 35 0/0 pour les
frais d'exploitation sur le réseau autrichien,
ce chinre est dépassé par toutes les Compa-
gnies françaises, dont les recettes kilométri-
ques atteignent cependant un chinre supé-
rieur. Pour que le chiffre de la dépense ne
dépasse pas 35 0/0, la Société n'y fait pas
figurer tous les frais d'entretien, toutes les
dépenses de réfection qui pourtant appar-
tiennent à l'exploitation. Il est en outre
certain que des frais généraux de diverse
nature qui incombent a l'exploitation sont
supportés par le compte d'établissement,
pendant la période de construction.
On peut donc facilement prévoir qu'aussi-
tôt les travaux finis, la Compagnie ne pou-
vant plus porter au compte de premier éta-
blissement, qui sera clos, l'entretien de la
voie et sa réfaction ni tous les frais géné-
raux, ces dépenses pèseront exclusivement
sur l'exploitation; aussi l'évaluation de 45
0/0 appliquée à des recettes de 3~ ,000 fr.
par kilomètre, est elfe plutôt modérée
qu'exagérée.
Il y a encore une autre cause d'augmen-
tation dans les frais d'exploitatian. La guer-
re qui a eu lieu en AUemagne a tellement
amoindri les ressources du l'Autriche, que
~papier-monnaie dé ce pays a souEfert une
dépréciation qui varie de 80 à 35 0/0; na-
turellement les dépenses ont dû subir un
accroissement analogue pour toutes les po-
pulations. De là des charges plus grandes
pour l'exploitation comme pour les travaux..
Cet accroissement de dépenses et la per-
te qui en résulte pour la Compagnie sont si
réeis, qu'elle a obtenu d'augmenter de 20
0/0 les tarifs pour les voyageurs.
Dans de telles conditions,prétendre qu'on
exploite à 35 0/0 et au-dessous n'est pas sé-
rieux il est évident que, par l'atténuation'
du véritable état des choses, on veut sauver
le crédit chancelant de la Compagnie, et
réaliser plus facilement les emprunts desti-
nés à dégager la -maison Rothschild.
Pour les lignes d'Italie, les frais d'exploi-
tation seront-ils inférieurs à 45 0/0 ? Nulle-
ment, car la recette kilométrique est beau-
Lucile, qui remarqua cette nouvelle disposi-
tion, alla se mettre au piano.
Bientôt les nctes'mélancoliques du Cnal de
ZMt~'e c~ZaHMHermoor se succédèrent dans l'ai:
comme un appel à la tendresse et aux nobles
émotions de l'amour pur.
Ce fut l'amantde Valérie qui ressentit le plus
profondément cette influence irrésistible. Sans
doute ce spectacle d'une charmante fille, dont
toute la personne-exhalait un suave parfum de
chasteté, avait retrouvé pour lui tout le char-
me de la nouveauté. Accouda sur son fauteuil,
il la suivait d'un œil Sxe, ardent, et qui trahis-
sait tous les symptômes d'une passion nais-
sante.
Aussi un l~ger sourire venait-il de se dessi-
ner sur les lèvres de M"~ de Pradëres.
L'armateur, qui avait maintenant le secret
d'Edouard DevUle, ne voulant pas que les cho-
ses allassent plus loin de ce côté avant de sa-
voir à quoi s'en tenir sur les relations de son
pupille avec Valérie, se décida à sonner la re-
traite.
Ma chère LuoUe, tu es une enchanteresse,
dit-il; mais la soirée s'avance, et nous avons,
ces messieurs et moi, à causer de choses très
sérieuses.
Vous nous quittez déjà? dit naïvement
Lucile.
–.Oui, mon enfant, et, s'il te plaît de le sa-
voir, je te dirai pour mon compte que c'est avec
regret seulement, ii faut savoir concilier le
plaisir avec-les aSaires. Tu sauras mieux ces
jetites choses-là plus tard.
Vous pouvez rester à causer ici, mon-
sieur Barazer, dit la maîtresse de la maison
ici ou dans la chambre de Victor; nous allons
vous laisser tout à fait libres.
J'accepte avec piaisir, ma chère Suzanne.
~m. pradëres et ses 6 Mes se retirèrent
dans leurs chambres.
Alors, passons chez moi, reprit aussitôt
Victor Ozanne, cela me permettra de vous of-
frir des cigares qui ne sont pas à dédaigner..
–SoittStBarazer.
Suivez-moi donc.
Oh 1 oh pas encore, s'écria Barazer en
retenant par un bouton de son habit son pupil-
le, qui s'empressait de lui souhaiter le bon-
soir. Tu restes avec nous, mon cher Edouard;
j'ai grand besoin de toi, et pour ta part, d'ail-
leurs, tu as bien le temps de rejoindre la ter-
rible Valérie.
GsoRGBs FATH.
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 75.66%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 75.66%.
- Collections numériques similaires Fonds régional : Rhône-Alpes Fonds régional : Rhône-Alpes /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "RhoneAlp1"Édit... portant suppression de l'office de notaire au fauxbourg de la Croix-Rousse de Lyon, et l'établissement dudit office au bourg de Cuire... [Enregistré au Parlement le 8 janvier 1716.] /ark:/12148/bd6t54204044p.highres Lettres patentes du Roy, sur arrest du Conseil, pour l'abonnement de la capitation de Bourgogne & de Bresse de l'année 1716. Données à Paris le 29. fevrier 1716. /ark:/12148/bd6t542040720.highres
- Auteurs similaires Fonds régional : Rhône-Alpes Fonds régional : Rhône-Alpes /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "RhoneAlp1"Édit... portant suppression de l'office de notaire au fauxbourg de la Croix-Rousse de Lyon, et l'établissement dudit office au bourg de Cuire... [Enregistré au Parlement le 8 janvier 1716.] /ark:/12148/bd6t54204044p.highres Lettres patentes du Roy, sur arrest du Conseil, pour l'abonnement de la capitation de Bourgogne & de Bresse de l'année 1716. Données à Paris le 29. fevrier 1716. /ark:/12148/bd6t542040720.highres
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k512122j/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k512122j/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k512122j/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k512122j/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k512122j
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k512122j
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k512122j/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest