Titre : La Presse
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1866-12-13
Contributeur : Girardin, Émile de (1806-1881). Directeur de publication
Contributeur : Laguerre, Georges (1858-1912). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34448033b
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 13 décembre 1866 13 décembre 1866
Description : 1866/12/13. 1866/12/13.
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/03/2008
Jeud: dëcëmRre ~S@6
3NMS(P~dDANNONCES, S, PL,CEJ.a~M)!SE, tn,~UE~M-Ha!p)ï
Jeudi 13 décembre 186B
3M~(B4~ i~'
BUR~X D'MONNEMENT, )23, RUE MOMTMRTRP
'Admipjtst.r.~m se reserve Je droit ~~JQMdiSerJ&tirédM~ioïRdesAaBonceS'
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3ie Amiée-
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le o décembre, sont priés de le renouveler i
de. suite, s'ils ne veulent pas éprouver de )
retard dans la réception du journal.
Les abonnés nouveaux recevront ce qui a 1
paru de la CHANTEUSE DES RUES (Afs~As <
~t~use), roman, par M..Armand Lapointe,
Ju roman da N. Georges Fath, les 1
ÀBO~RS DE PASSAGE.
,] ]
PAR!S, 12 DECEMBRE 1866
,v.
Le ~o~eMr a publié I~expë.sé du projet
de réorganisation miHtaire qui est sort,! des :J
délibérations delà commission spéciale nom-
mée par l'Empereur. Nous reproduisons plus
loin ce document considérable. <
Cette question touche a'tant d'intérêts, ]
elte préoccupe à un.si haut degré toutes les n
familles, qu'on-doit savoir gré au gouverne- <
ment de s'être départi des règles usuelles, et
d'avoir fait connaître officiellement les ba-
ses essentielles du projet de loi, avant me-
me qu'il ait subi la révision du conseil d'E-
tat. On ne peut qu'applaudir à la pensée i
libérale qui a inspiré cette publicité antici- ]
pée et qui a ainsi livré aux méditations de ]
tous le plus grave sujet dont le pouvoir 16- <
gislatif puisse être saisi.
L'exposé duM'm'teMr est tellement clair ]
et précis, que toute analyse serait* inutile.
Le journal officiel fait ressortir que le projet
réorganise l'armée da~s une vue de défense 1
bien plus que dans un but d'agression. Rien <
n'est plus exact. Le projet, en eSet, ne sera
converti en loi que dans la session de 1867,
il ne pourra recevoir son application qu'à
partir de janvier 868 et c'est au 't jân- <
vier 878 seulement que la nouvelle orga- J
nisation aura donné le résultat dénnitif <
qu'on en attend. Les deux ou trois premières <
années de la période de transition dans la-
quelle nous entrerons au ~janvier /t 868 ne <
~mettront, pas à la disposition du gouverne- <
ment des forces militaires .sensiblement su- 1
përieures a celles que donne l'organisation
actuelle.
Poor qu'il en fût autrement, il faudrait
qu'une disposition rétroactive fît entrer
dans le cadre de 'l'organisation nouvelle les
classes qui se considèrent aujourd'hui corn- i
me 'entièrement libérées en vertu de la lé- ]
gislation actuelle. Comms il n'est nullement ) i
question d'une disposition de ce genre, on i
est fondé à dire que le projet de loi n'a en
vue que l'avenir, et qu'il ne modiue en rien
la situation présente. Aucun des voisins de
la France n'a donc le droit d'en prendre le
moindre ombrage.
Toute l'économie du projet gît dans les
dispositions qui règlent et qui répartissent
le contingent annuel. Aujourd'hui, le con-
tingent est voté, tous les ans, par le Corps
législatif, et, depuis plusieurs années, le
chiure de 400,000 hommes a été demandé
par le gouvernement et accordé par la
Chambre. Pendant la guerre de Crimée et la
guerre d'Italie, ce chinre fut élevé, par ex-
ception, à 'i40,000 hommes.
La nouvelle organisation aura pour consé-
quence de porter une fois pour toutes, et
d'une manière permanente, a 60,000 hom-
mes lecontingent annuel. Sur ces 60,000
hommes, 80,000 seront immédiatement en-
régimentés 40,000 composeront le premier
ban de la réserve, et 40,000 le second ban.
jMais,wommc le ministre de la guerre pourra
appeler au service le premier ban par la
simple expédition de feuilles de route, le ré-
sultat dénnitif de la loi sera de mettre, tous
les ans, à la disposition du ministre de la.
FECHJ~TON BE LA AKF~E
BCi3BÉeEMBMtS66
LES AMOUR$ DE Pâ~âSE
Calme-toi, ma pauvre Alice, reprit M°"' 1
dePradères, et souviens-toi qu'il vaut mienx
rester fille que de subir l'enfer d'un mauvais
mariage. S'IL n'y a point de douleur sf grande.
que le temps ne Suisse par apaiser, il n'en est
pointde même de celle que chaque jour vient
rendre plus déchirante.
Un long silence régna alors entre la mère et
la nlle, qui pleurèrent en se tenant étroitement
embrassées.
Victor Ozanne, sorti depuis le matin, entra
tout à coup comme un prétendu bien-aimé,
toujours certain d'être reçu à bras ouverts.
Il s'arrêta muet et déconcerté devant le spec-
tacle qui s'offrait à ses yeux.
Mon Dieu s'écria-t-il, qu'avez-vous donc,
ma chère tante, et vous, ma chère Alice? 9
–-Je vais vous le dire, monsieur, répondit
M"~ de Pradëres, et puisse le chagrin que vous
avez causé et dont vous êtes forcément témoin,
vous contraindre à descendre en vous-même et
vous faire faire le premier pas dans une expia-
tion nécessaire.
–Vous m'enrayez tout de bon, ma chère
tante, bien que je cherche vainement de quel
forfait j'ëi pu me rendre coupsbie.
M~ de Pradères reprit:
–L'annonce du mariage que nous avions
projeté entre vous etmaSile..
Que nous avions projeté ? répéta Victor
.avec inquiétude.
–Oui, monsieur, poursuivit M" de Pradë-
res, l'annonce de ce mariage nous a amené la
visite d'une demoiselle dont vous avez, depuis
un an, séduit la sœur, et cela à la faveur d'une
promesse de mariage mariage devenu néces-
saire aujourd'hui par la position de la jeune
personne.
Moi s'écria Victor Ozanne, j'ai séduit.
VoitàquiestbouSbB!
Ce roman peut être reproduit par Jes journaux
qui ont un traité avec la Société des Gens de let-
.tres.–TradoctiOBrëservet:.
-`.r.
guerre 120,000 hommes au lieu de j 00,000 I~.
:t ce chim-e de 20,000 pourra être ports à < c
60,000 par un décret impérial. Ce n'est c
~ue lorsque le ministre de la guerre aura
besoin de ptus de ') 60,000 hommes dans une
Mmée, qu'il seranécessaire de recourir
l'intervention du Corps législatif. Si ce
;hin't'e"sufHt, et il représente a peu près tout
;e qu'une classe peut donner, d'hommes va- r
ides, le gouvernement n'aura besoin de
saisir le Corps législatif qu'un an après
~vdir mobilisé la garde nationale.
Il est Impossible que la Commission su- t
périeure, en élaborant les bases de l'orga- }
alsation nouvelle, n'ait pas commencé par
rechercher les améliorations qu'il était pos-
sible d'introduire dans l'organisation ac-
tuelle. Ce point appellera nécessaire-
ment l'attention du conseil d'Etat,, et il
[l'est pas douteux que le Corps légisia- .1
tif entera l'objet du plus sérieux et du plus j
minutieux examen. Il est donc à souhaiter t
~ueles résultats auxquels la Commission su-
périeure est arrivée sur cette question inté- ] 1
cessante, soient également livrés à la~publi-
:ité.
Le sentiment national, dans sa patrioti-
que et légitime iiei~é, refuse d'examiner
t'hypothèsc d'une coalition de l'Europe et
i'une invasion de la France, parce qu'il se
souvient de 93 où toutes nos frontières fu-
rent envahies a la fois, et où toutes fu-
'ent délivrées par des volontaires et des
conscrits. Aujourd'hui comme alors, toutes
[es forces et toutes les ressources du
pays seraient, en pareil cas, àladispo-
sition du gouvernement; mais presque
toujours la meilleure défensive est de por-
ter sol-màme la guerre au dehors. On peut
considérer 250,000 hommes comme "le
xhinre maximum de l'armée, qu'il est pos-
sible de faire manœuvrer utilement, de ravi-
tailles avec exactitude et de tenir en bon
~tat une certaine distance du sol national.
L'armée d'opérations de la Prusse, dans la
lernière guerre, n'atteignait pas tout ~fait
~e chinre encore était-elle presque cons-
tamment maintenue en deux corps séparés,
~ui se réunissaient pour frapper les coups
iécisifs, mais que la force des choses con-
treignait a s'écarter 'l'un de l'autre des le
lendemain.
L'opinion publique se demande comment
ivec une armée de 430,000 hommes, il
Mus est impossible d'envoyer et d'entretenir
~ù-dela de la frontière 280,000 hommes. La
seule difficulté qu'elle y aperçoive est dans
[& nombre des non-valeurs qui est dans l'ar-
mée française infiniment plus élevé que
ians toute', autre. Quelques calculs l'élèvent
~60,000; les plus modérés le portent à
M,000. Ny a-t-il pas quelque réforme a
accomplir de ce c<~ et ne pourrait-on ré- i
duire, en proportion, les charges qu'ils'a- 6~
git d'imposer au pays? 1
L'administration de la guerre semble ap-
peler des réformes à un plus haut degré en-
core que le personnel. La question est
moins grave puisqu'il ne s'agit plus que
d'argent elle a. toutefois son intérêt à rai-
son du surcroît de dépenses qu'entraîne
l'organisation nouvelle. Tous les bâtiments
que la guerre possède, entretient/répare
ou construit tous les ans, et qu'elle fait
garder par un nombreux personnel, ont- i
ils, leur utilité? La guerre fabrique-t-elle.
avec autant de promptitude et d'économie
que l'industrie privée tout ce qu'elle confec-
tionne elle-même, sous la direction d'un
personnel coûteux. Comment se fait-il que,
lorsque tous les pays d'Europe et d'Améri-
que ont réduit leurs administrations mili-
taires aux seuls services de la trésorerie et
de la surveillance, la France seule conserve
et entretienne, à côté de l'armée qui com-
bat,une armée qui administre et qui.exerce
une multitude d'industries?
Et il partit d'un éclat de rire si franc, si im-
modéré, que salante etsa fiancée eurent beau-
coup de peine à conserver un reste de Pair sé-
rieux, accablé, qu'elles avaient depuis plus
d'une heure.
II vous est peut-être facile de rire dans
une pareille circonstance, Victor, mais.
Ah ma tante. je croyais avoir le droit
d'être cru sur parole, et même, je n'aurais jamais
pensé que vous accueilleriez aussi facilement
une pareille calomnie je devrais dire une pa-
reille plaisanterie.
Victor, cette personne ne plaisantait pas,
et n'en avait, je puis l'affirmer, aucune envie,
reprit Alice avec un reste d'incrédulité.
Alors vous nieriez formellement, et devant
elle-même; la mauvaise action qu'on vous re-
proche ? reprit M" de Pradëres.
Je la nierais surtout devant elle-même et
s'il vous était possible, chère tante,, de me la
présenter à l'instant, je vous demanderais
comme une grâce de vouloir bien le faire.
Vous récuseriez aussi une preuve qu'elle
avance, une preuve qui, selon elle et selon moi,
ne peut pas avoir plus d'un jour de date?
-Une preuve qui date de vingt-quatre heu-
res fit Victor-stupéfait.
Oui, monsieur, cela paraît vous embar-
rasser, dit M'de Pradëres, qui voulait lire
jusqu'au fond de l'âme de son neveu.
–Cela achève dem'étonner, voilà tout; mais
voyons quelle est cette preuve accablante ?
La voici 1
Et M"~ de Pradëres remit a Victor Ozanne la
carte .de visite qui lui avait été apportée par
Valérie.
Ma carie
Que vous -avaz sans doute laissée tomber
imprudemment chez el!e, hier au soir.
–Ma carte de visite! Voilà, qui est fort
étrange. Mes cartes ne sont terminées que
d'hier, et je n'en ai encore donné qu'une à.
Victor Ozacne s'arrêta .court comme un hom-
me qui s'aperçoit qu'il va commettre une im-
prudence.
A qui ? dirent en même temps M°~ de
Pradères et Alice.
–A. mon bottier, que j'attends aujour-
d'hui, répondit tranquillement Victor.
'–Mon ami, je veux vous croire; mais si,
par impossible, vous aviez au fond du cœur
un sentiment, une affection si faible; si effacée
qu'elle fût, pour une autre que pour' ma fille,
je vous conjurerais de renoncer plutôt à sa
main que de risquer de la rendre malheureuse
un jour.
Moi, rendre jamais ma chère Alice mal-
heureuse! Oh) matante!
Et le jeune homme se jeta aux pieds de sa
Tous ces pô~~s~m~j~n.'t le plus sérieux
;xamcn, et ils àppëltent les investigations
lu conseU d'Etat et du Corps législatif.“
LaseSt'êtairodeiarétiMticB:
E.BAUER.
MP~HE'S. ELESTB.ES S
A!!t!e)be.
Vienne,-it décembre.
Le tra.ité de commerce entre la France et l'Au-
riche a été signe aujon''d'hui.
Le 7o:jruit du rappel sous les drapeaux des"go!da!s con-
gédies.
ïtaMe
F[orenco,-H décembre, soi".
L'~sHe dit que Pie IX recevra probablement de-
main le conseiller d'Etat Tomsito.
La Go~cfte o/~ei'r~c publie un décret qui approuve
.a convention signée en.re le ministre des travaux
oublies et la Société des chemins de fer romains.
L'OpMt'o~e annonce que la conveEtiou relative à
~a dette pontificale est arrivée aujourd'hui de Paris
pour recevoir lajatification du gouvernement ita-
[ien.
Une frégate américaine, est arrivée a Civifa-
~ecchia.
Rome~H décembre.
Le régiment Jes zouaves pontificaux est arrivé
lier a Rome.
Le reste des troupes françaises est parti ce matin.
Aagtetcrre
Londres,H décembre, soir.
A Gha)ham, les autorités ont suis! sur la Tamise
un grand steamer en fer à trois.mâts que Fon soup-
çonne appartenir aux fénians. Ce navire avait à
bord environ trente tonnes de poudre, plusieurs
canons Blakeley et une grande quantité de revol-
vers, d'épées et de boulets. Il n'y avait aucun pa-
pier à bord. L'bfacierqui commandait le navire a
pu s'échapper.
M. de Bloome, ministre de Hanovre, a été reçu
en audience par la reine, à qui il a présenté ses
ettres de rappeL
Espsgme..
Madrid, 11 décembre..
Le prince Auguste de Portugal a reçu la reine
d'Espagne à EIvas. L'enthousiasme est immense
sur tout le parcours. ~A9~c2 Bavas-BulLit~)
(~M!ceBaw
(Voir la deuxième page les Dernières
dépêches eties NOUVELLES DU MEXIQUE.)
CERON~UE pemi9UE
Quelques-unes des'nouvelles queno~s
transmet le télégraphe sur les dernières
heures de l'occupation -française à Rome
sont déjà connues nous les reproduisons
cependant à cause de l'intérêt qui s'attache
pour tous a chacun des détails relatifs a cette
grande question
Marseille, lt décembre.
On mande de Rome, le 9
Hier, le pape a reçu en audience d'adieu, dans
la salle du Trône, le général de Montebelto et tous
les officiers français.
Le général a exprimesa'tristesse de la séparation
qui s'opérait, puis il a dit
« L'empereur, fidèle à ses engagements, retire
ses troupes, mais il ne retire pas son appui: il lais-
se à Rome la protection de la France. Puisse le
temps apaiser les passions, calmer les douleurs,
donner à tous l'esprit de conciliation, et assurer au
Saint-Siège l'indépendance et la sécurité pour
maintenir son action spirituelle sur le monde! Te)s 1
sont les vœux'sinceres que je dépose aux pieds de
Sa Sainteté en lui demandant, sa bénédiction.-))
Le pape a répondu par une improvisation qui
n'est pas encore publiée dans les journaux.
La légion romaine doit occuper le fort St-Ange
les zouaves pontificaux escorteront le pape lorsque
Sa Sainteté ira à Civita-Veechia visiter les navires
étrangers.
L'imprimerie pontificale travaille continuelle-
ment à l'impression des documents attendus. On
assure que le pape promulguera des réformes, ex-
pliquant les motifs qui ont fait ajourner les réfor-
mes pendant l'occupation française.
~~t~~sa~ ~ï,n~='~F~~K~~M~B~sp~a
fiancée en lui baisant les mains avec transport.
Alice versait des larmes de joie.
–C'est bien, Victor, mon fils, je vous crois,
j'ai besoin de vous croire, répétait M°~ de Pra-
dères, dont le bonheur et l'attendrissement
étaient au comble.
A la bonne heure mais ce n'est pas tout,
il faut me promettre que, quoi qu'il arrive,
vous ne commencerez pas par douter de moi.
Et si cette fille revenait ? car,en6n,je me
suis engagée à vous faire part de ses réclama-
tions et à ne rien conclure que je ne connaisse
l'exacte vérité.
–Tant mieux! qu'elle revienne je ne de-
mande pas mieux que de multiplier devant vous
les preuves'de ma sincérité, et 'cela maigre le
M! de coM/tNKce que vous venez de m'accorder,
répondit Victor Ozanne en souriant.
–Si je désire maintenant la présence de
cette femme, Victor, ce n'est pas que je doute
encore de vous, mais il doit y avoir au fond de
tout ceci une petite intrigue que je ne serais
pas fâchée de connaître.
C'est vrai maintenant il n'y a peut-être
que du hasard dans tout ceci.
Monsieur Henri Pascal, annonça le domes-
tique.
Qu'il entre, répondit M"~ de Pradères.
Puisse tournant vers Victor Ozanne Pas un
mot de cet incident c'est inutile, ajouta-t-elle.
Victor s'inclina en signe d'adhésion, et tout
en disant à part lui Peste je m'en gar-
derais bien.
–Arrivez donc,monsieur, dit gracieusement
~ma (}g pradères, qui nt un pas au devant de
Pascal Victor nous avait annoncé votre visite~
et je commençais à craindre que nous en fus-
sions privés aujourd'hui.
–Vous êtes trop bonnes, mesdames,répondit
Pascal en saluant respectueusement les deu?
iemmes, mais j'ai égaré la carte que Victor m'a
remise hier soir, et c'est à grand'peine que j'ai
fini par trouver un concierge qui vous connais-
se. Je croyais me rappeler que c'était au nu-
méro 60 et c'était au 8 que je devais avoir l'hon-
neur de vous,rencontrer. Il' y a plus d'une
demi-heure que je. vais de maison en maison.
Diablesse de carte c'est si poli que ça vous glis-
se entre les doigts avec la p[ug grande facifité.
Mais ce n'est pas une carte que je t'ai re-
mise, dit Victor Ozanno je me, rappelle t'avoir
écrit mon adresse sur un coin de papier mes
cartes étaient encore chez le graveur.
Du tout et tu dois te rappeler que nous
avons été les y prendre ensemble. D'ailleurs,
je la vois encore une petite écriture anglaise,
parfaitement gravée. Parbleu en voici une
toute pareille.
Et:le malencontreux Pascal prit la carte ap-
Au milieu des graves circonstances que
traverse l'Italie, les conseils de sagesse
n'auront pas fait défaut au gouvernement de
Florence. La dépêche suivante te démontre,
touten.rectinant des informations inexac-
tes'
Berlin, II décembre.
On lit. dans ia GajM~e t?t; ~McnM~ïie (!i< .~or~
(f Les assertions de la Pf;f!e au sujet de l'atti-
tude de ia Prusse vis-à-vis de la question romaine,
se réduisent, à un seul fait exact, savoir que la
Prusse s'est prononcée, à Florence, pour une ré-
conciliation de l'Italie avec Rome. Les autres sup-
positions de ta fa~'t's sont sans fondement.
» La nouvelle donnée par un correspondant de Pa-
ris de la Gde la Pa~i'e lui avaient été fournis par l'ambassade
de Prusse a Paris est sans fondement, o
L'e annonce, à h date du '!0, que M.
Tonello est parti ce jour même pour Rome,
accompagné de M. Calcgaris, chef de divi-
sion au ministère de la justice. M. Nigra,
ambassadeur d'Italie a Paris, est arrivé à
Florence et a eu aussitôt une entrevue avec
M. RIcasoII. Les journaux italiens nient
l'authenticité du prétendu discours du pape
aux officiers français, publié par la ~Va~'ons,
d'autant plus que le Journai! de Genève en
publie une version très diSérente: Le Jour-
na~e~ome, qui pourrait seul nous donner
le texte officiel de cette allocution, n'est
pas arrivé aujourd'hui.
Tous les documents qui arrivent de Hon-
grie attestent les Inextricables difficultés
daBS lesquelles se trouve prisa., yis-à-vis de
ce pays, la politique impériale d'Autriche.
Aussi né doit-on pas être surpris du carac-
tère contradictoire des renseignements qui
nous sont transmis sur les probabilités d'u-
ne réconciliation entre la couronne et la
Hongrie ou sur les obstacles que rencontre
cette réconciliation.
LaDiètede-Pesth doit discuter samedi
une nouvelle adresse dont le télégraphe
nous donne une analyse étendue. On re-
marquera qu'il §'agit principalement dans
cette pièce d'une question légale que le par-
ti Deak formule ainsi La: continuité du
droit; c'est-à-dire qu'aucun événement n'a
pu infirmer, a une époque quelconque .de
l'histoire de Hongrie, le droit de ce-pays à
un gouvernement autohome.
Pour ce peuple si singulièrement mêlé de
soldats et de juristes, il ne suffit pas de re-
conquérir ses libertés lésées, il faut encore
la reconnaissance formelle par la couronne
d'une notion légale d'après laquelle ces
libertés n'ont jamais cessé d'exister. La
Diète mot donc pour prix de sa réconcilia-
tion la condamnation par le pouvoir royal
lui-même de tout ce qui s'est fait en Hongrie
depuis la guerre funeste de 1848..
Nos-lecteurs remarqueront, en outre, dans
ce document la demande d'une amnistie gé-
nérale, et les impressions que cause à l'as-
semblée la situation générale de l'Europe.
Voici le texte du projet
Le dernier rescrit ne reconnaît pas !a continuité
du droit et ne satisfait pas, même par les promes-
ses qu'il contient, à la pensée du projet d'adresse,
qui demande a l'empereur de ne Bas ajourner le
rétablissement de la Constitution efde la continui-
té du droit pour ne pas rendre impossible la grande
œuvre d'une entente satisfaisante.
II y a des situations dans la vie des Etats qu'il est
impossible de laisser subsister sans danger. On est
dans une situation de ce genre quand le délabre-
ment et le désordre existent depuis longtemps à
l'intérieur d'un Etat. Une pareille situation est dan-
gereuse en tout temps, mais elle l'est encore plus
de nos jours en présence des grandes questions non
résolues qui menacent les peuples de l'Europe de
complications interminables.
L'adresse demande les moyens et l'occasion d'ef-
fectuer un arrangement rassurant. Pour cela, il est
nécessaire, avant tout, que la Constitution soit en-
tièrement rétablie et que la continuité du droit soit
remise de fait en vigueur. Nous le demandons dans
l'intérêt de notre propre pays comme dans celui de
~4:> S
portée par Valérie, et qui était restée sur la
table comme pour servir une seconde fois
d'acte d'accusation.
~me de Pradères et Alice se regardèrent avec
un profond étonnement.
Je te répète que je ne t'ai pas remis de
carte, repritVictor Ozanne avec vivacité et en
s'eSorçant de faire dès signes à Henri.
Je t'assure à mon tour que c'était bien
une carte. Quelle idée as-tu de vouloir
m'afnrmer le contraire?
Ce n'est point une idée, mais quand je suis
sûr de quelque chose.
Moi je suis de même, et si indifférent que
cela puisse être, je jurerais.
–.C'est bien, n'en parlons plus, répliqua
Victor, qui vit l'inutilité de ses signes et de
ses finesses avec un homme qui se refusait obs-
tinément à les comprendre.
M°~ de Pradères, que ce singulier débat.ve-
nait d'éclairer subitement, dit d'une voix sé-
rieuse à Henri Pascal
Vous avez toujours une charmante fa-
-mille, monsieur?
Une famille complète et charmante,
puisque vous le voulez bien~ madame une
femme et deux enfants i.
Que j'ai le plus grand regret de ne pas
voir plus souvent mais nous avons été si oc-
cupées.
M* Pascal a été, elle .aussi,. depuis une e
année dans la situation de ne pouvoir jamais
disposer d'une heure enfin voilà nos petits
bonshommes qui grandissent, et ils pourront
bientôt servir de cavaliers à leur mère dans ses
visites.
-–Je l'espère bien, monsieur, car je vous
préviens que j'aime beaucoup les enfants, et
que me les amener sera toujours me faire un
extrême plaisir. Si vous saviez quel bonheur
j'éprouve à voir une famille bien unie dit M*~
de Pradères en appuyant sur les derniers mots
de sa phrase.
Allons, c'est une toquade que l'amour de
la famille chez ces gens-là, pensa Henri.
–Une famille, reprit M' de Pradères, où
l.e père n'a d'autre souci que de travailler au
bonheur des siens, et où la mère se sacrifie ab-
solument à leur éducation.
Oh M"* Pascal est bien la mère la plus
dévouée, la plus attentive qu'on puisse rencon-
trer.
Je me plais à croire, monsieur, que vcus
ne le lui cédez en rien, et que toute votre exis-
tence leur est bien consacrée.
–Sans nul doute, madame..
C'est au moins dans ces termes cpe Victor
nous a parlé de vous, qui êtes, je crois, un de
ses plus anciens amis.
la maison de Votre Majesté et de la monarchie en- I
iiëre. j
La.légitimité de netre demande est basée sur !es f
traités fondamentaux qui forment aussi la base des
relations de droit réciproque qui existent entre a
nous et la dynastie impériale. La partie du rescrit i
royal, qui contient des observations sur des rela- <
L tiens émanant des intérêts communs et sur le pro- i
jet du sous-comité des quinze, ne saurait être dis- i
cu!ée que lorsque ]e Reicbstag sera à même de pou- [
voir discuter et voter le projet entier.
Le projet d'adresse renouvelle la 'demande d'une (
amnistie pour les exilés politiques. li dit que le fait (
sculd'une satisfaction donnée à cette demande peut (
calmer la aaiion et donner l'espoir d'arriver à un
arrangement favorable..
En priant l'empereur de ne pas retarder l'accom-
plissement de cette demande, le projet d'adresse
constate avec joie que 'le dernier rescrit exprime
l'intention de l'empereur d'introduire également
dans les autres pays do la monarchie des ministères
responsables.
On mande de Dresde, 1 décembre
Le journal officiel. de Dresde engage la presse
saxonne a prendre une attitude favorable a de bons
rapports entre la Prusse et la Saxe. Il ajoute que
ces bons rapports sont l'objet des vifs désirs du
gouvernement saxon..
L e '1
Le gouvernement saxon ne pouvait réel-
lement pas faire moins en faveur de son
vainqueur. Il pourrait srriver que l'on vît
bientôt, a Dresde, des journalistes saxons
emprisonnés pour avoir trop Gdèlemént sou-
tenu la cause nationale..
La discussion du budget de la guerre n'a
causé que fort peu d'émotion dans les Chambres
.prussiennes. Ce budget, qui était 'depuis sept
ans l'occasion de dissentiments si graves entre
la couronne et le Parlement, a été adopté après
quelques observations, d'ailleurs très modé-
rées, du ministre de la guette, M. de Robn.
Personne, a dit le ministre, ne désire de dis-
cussion sur des principes longtemps contestés,
discussion qui ne serait de l'intérêt ni de la
Chambre ni du gouvernement. Les véritables,
débats, ceux qui sont relatifs h l'organisation
définitive de l'armée, sont réservés, d'un com-
mun accord, au Parlement fédéral.
La presse ofncieuse du cabinet de Saint-
Pétersbourg semble s'attacher à convaincre
de plus en plus l'Europe du prochain et me-
naçant réveil de la Russie. Nos lecteurs se
rappeUent que les journaux de Vienne, en
expliquant la mission du comte Goluchowski
en Gallicie, avaient donné à entendre que
ce pays était agité par des menées étrangè-
res. Ces journaux ont ensuite mentionné
l'arrestation d'agents russes parcourant les
provinces de la Pologne autrichienne sous
divers déguisements.
La Con'espo?tdaHce russe proteste aujour-
d'hui contre cette, attaque; mais elle le
fait en des termes qui ne font que rendre
plus redoutable sa dénégation
La Corfc~on~snoc ~MM's~e, dit-elle, n'apporte
pas de preuves à l'appui de son insinuation. Af8r-
mons hautement que ces preuves n'existent pas et
ne peuvent pas exister les feuilles dévouées au
polonisme les ont cherchées sans po.uvoir les
trouver.
Est-ce tout? Non, sans doute, et ce" n'est
pas dans le simple but d'une dénégation
qu'on a écrit l'article précédent. La Corres-
pondance russe Invoque le Sentiment des po-
pulations
Au lieu des agents occultes qu'on voulait décou-
vrir à tout prix, on n'a trouvé en Gallicie qu'une
population disposée sans doute à défendre ses tra-
ditions contre les empiètements d'une race enne-
mie, mais aussi Cdëto à ses devoirs qu'à ses sou-
venirs.
Où sera l'espérance de cette population?
.Que ces malheureuses populations aient souvent
tourné les yeux du coté d'une nationsœur,qui.parle
'leur langue et partage leur croyance, nous en con-
venons avec orgueil nous ne désavouons pas le
lien moral qui nous rattache à elles mais ce que
nous ne pouvons reconnaître, ce sont les menées
~politiques dont nous sommes accusés par une par-
tie de la presse de Vienne. Ces menées ne sont
qu'une calomnie pour expliquer une injustice.
Un ami de collège, oui, madame, et l'on
prétend que ce sont les meilleurs et les plus'6-
deles.
Et peut-être les plus partiaux dans leur
affection, reprit M"" de Pradères en souriant.
C'est vrai, madame, [aussi ne vous eng&
gérais-je pas à croire plus de la moitié du bien
que ce cher Victor a pu vous dire de moi.
Oh 1 quant à Victor,, je ne veux plus m'y
ner,,surtout depuis qu'il soutient vous avoir
remis une simple adresse écrite à lamain, tan-
dis que vous.vous souvenez très bien que c'est
une carte gravée.
Oh cela, je me le rappelle parfaitement,
et j'ajouterai, me servant d'une expression
passablement vulgaire, ~}ue, si j'ai perdu la
carte, je ne suis pas le seul en cette circons-
tance.
Animal se disait Victor Ozanne, fais des
jeux do mots, va, embourbe-toi.
En effet, cette histoire de carte est singu-
lière, reprit M~ de Pradères.
–Fort drôle! n'est-ce pas, mademoiselle?
fit Pascal.
Mais oui, monsieur.
Et Alice ne put s'empêcher de rire.
Il n'y a que cet étourdi de Victor qui n'en
conviendra pas. Il est sur cela d'une obstina-
tion réjouissante. Regardez un peu sa mine
on dirait un homme qui s'attend de minute en
minute à être écorché vif.
Et Pascal se mit a rire comme un .fou de l'air
désappointé de son généreux ami.
En6n la gaîté de Pascal gagna Victor Ozanne
et le rire devint aussitôt général.
Un manque de mémoire si complet pour
une chose qui date d'hier! dit M"~ de Pradè-
res, qui tenait à creuser de plus en plus la si-
tuation.
-Je me souviens même aprésént qu'il a ou-
vert pour me donner cette carle, un paquet
cacheté a la cire.
Nouvelle preuve plus convaincante, ajouta
5P~ de Pradères en regardant son neveu.
Les rires recommeCcèrent cette fois avec une
telle impétuosité qu'il était à craindre de" ne
pas les voir finir.
-'Décidément, c'est plus drôle que je ne
l'aurais pensé, dit Victor Ozanne.
Il en convient enfin reprit Pascal.
Il faut bien se rendre a l'évidence, ce qui
est souvent humiliant.
Regardez un peu quel fonds on peut faire
sur l'affirmation d'un homme mon neveu pré-
tendait tout à l'heure qu'il n'avait encore donné
qu'une de ses cartes de visite et que c'était à
son bottier.. °
Grand merci de la confusion, mon char
ami. mais à moins que tu n'aies rendu visite
ûll~~
Et comme si ce passage n'ëiai~a~
explicite, la Co?'responda?!ce russe iMO~iC
La nation russe ne reniera jamais s~}~~
n'ec les Russes de la Gallicie, pas plus qu~~SÊiE.
'ecocnaîtra aux Polonais le droit de les opprimer;
~!le n'abdiquera pas ses sympathies pëursuppri-
ner la quest'on gallicionne, et cette question sub-
iistera aussi longtemps que l'Autriche aura deux
Mids et deux mesures.
Soumettre des Russes à l'oppression polonaise,
?'est leur rappeler à chaque instant qu'il v a à côté
leux un grand peuple qui a.lutté contre'elte pes-
lant des siècles, et a Sut par en triompher.
Le nom de la Pologne ne semble ici qu'une
a.mère et triste dérision. C'est elle que l'on
dénonce, oiajs c'est de l'Autriche qu'il s'agit.
E. TIEENE.
FJ~OJETT
SUR L'OR&A~SATION BE L'AM!Ë~
La commission présidée par l'Empereur vient de
terminer ses travaux. Le projet de réorganisation
de l'armée va être envoyé au conseil d'Etat. Quoi-
que plusieurs points secondaires de ce paojet ne
soient pas définitivement arrêtés, nous croyons uii-
le, pour répondre à la légitime impatience du pu-
blic, d'en faire connaître les bases~principales.
Il se fonde sur cette considération que, pour con-
server son rang en Europe, la France doit pouvoir
mettre sur pied une armée de 800,000 hommes.
Dans ce chiure, sont compris les recrues exercées'
dans les dépôts, les corps' auxiliaires, tels que la
gendarmerie, Jes infirmiers, les ouvriers d'admi-
nistration, les équipages militaires et enfin les non-
valeurs, telles que les hommes en jugement et aux
hôpitaux, etc.
Unenécessitéaussiévidente,c'estqu'àces 800,000
hommes il faut ajouter une force militaire chargée
de protéger l'ordre à l'intérieur, et de défendre les
côtes et les places fortes pondant que l'armée est
aux frontières.
Le problème à résoudre éiait des plus compli-
qués..
Il s'agissait, eneSët, tout en conservant une or-
ganisation milaire qui a fait ses preuves, d'aviser
au moyen, dans tes circonstances graves, d'aug-
menter d'hommes exercés nos effectifs, sans. ce-
pendant obérer les finances de l'Etat, ni imposer
une trop lourde charge aux populations. En même
temps, tout en proclamant comme un principe d'é-
galité et de justice l'obligation pour chacun de dé-
fendre la patrie en cas de guerre, il importait de
ne pas heurter les mœurs établies et de ne pas dé-
tourner en temps de paix la vocation des jeunes
gens qui se destinent aux carrières libérales.
Le projet adopté par la haute commission satis-
fait à ces diverses obligations.
Il classe les forces militaires de la France en
trois catégories -f° l'armée active 3° !a réserve
3° la garde nationale mobile.
La durée du service dans l'armée comme dans
la réserve est fixée à six années. Les soldats libé-
rés comptent trois ans dans la garde nationale mo-
bile.
1° .L'armée ac~we se compose des engagés et
réengagés volontaires, ainsi que des hommes ap-
pelés sous les drapeaux par la loi annuelle du con-
tingent.
2° La réserve est formée de tous les jeunes gens
de la classe que le sort n'a pas désignés pour faire
partie du contingent annuel. Elle se~divise en deux
parties égales, déterminées par les numéros de ti-
rage. La première, dite fdse?'ue dHpfenM'er 6sn, res-
te à la disposition du ministre de la guerre, même
dans le temps de paix, pour renforcer au besoin
l'effectif des régiments; la seconde, dite rëse~e f/M
Mco~ &tM, au contraire, ne peut être appelée qu'en.
temps de guerre et par un décret de l'Empereur,
comme cela se pratique aujourd'hui pour l'inscrip-
tion maritime. Les deux réserves sont exercées
tour de rôle dans les dépôts de l'armée pendant un
laps de temps plus ou moins long.
Le mariage est permis dans la réserve, dès que,
la quatrième année de service est accomplie.
La division de la réserve en deux portions éga-
les est pour notre constitution militaire d'un im-
mense intérêt. Elle permet de faire-du premier ban.
comme un appendice obligé de l'armée active. Me-
sure éminemment utile, indispensable même. En
effet, qu'ils'agisse soit d'envoyer des régiments en
Afrique, soit d'établir un camp d'instruction, soit
d'entreprendre une expédition quelconque, com-
ment, a. défaut de cette force supplémentaire, pour-
voirait-on à ces urgentes nécessités ? Il faudrait ou,
laisser partir des régiments avec un effectif insuf-
fisant, ou remplir les cadres avec des recrues sor-
tant des dépôts, ou prendre d'anciens soldats dans
d'autres régiments, ce qui détruirait l'esprit'de
corps et désorganiserait toute l'armée.
Au contraire, la réserve du premier ban étant
donnée, on rappellera, dans les circonstances qui
viennent d'être ënumérées, un certain nombre d'an-,
à ton bottier après dix heures du soir, je suis
bien le seul qui ait reçu cette faveur hier.
Il était auprès de nous à dix heures, dit
.M~dePradères.
Pour le coup, la chose est jugée sans appel.
Tu n'es qu'un étourneau, mon cher Victor. Au
reste, de pareilles distractions sont permises à
un homme qui va devenir le mari d'une si jolie
personne, dit Henri Pascal en s'inclinant devant
Alice.
-Par contre-coup vous reconnaissez qu'elles
doivent êtes interdites à un père de famille, ré-
pliquaM~dePradères.
–Certes, reprit Henri en souriant, le përe
de famille doit être un modèle de prudence et
de sagesse.
C'est mon avis~ monsieur, et je suis heu-
reuse de juger par moi-même qu'un des plus
anciens amis de Victor est capable de lui don-
ner les meilleurs conseils et au besoin de le
prêcher d'exemple; car il est évident, mon-
sieur~ que vous n'êtes pas de ces gens qui pro-
fessent les plus belles maximes sans jamais Jes
pratiquer.
–Vous avez complètement raison, madame,
de me juger ainsi.
Henri Pascal~se leva comme un homme qui i
ne veut pas prolonger sa visite dans la crainte
d'atténuer le bon effet qu'il pense avoir produit.
–Vous partez, monsieur, sans naus dire si
vous nous faites le plaisir d'accepter l'invita-
tion que je vous ai adressée par voie d'ambas-
sadeur ? dit M~ de Pradères..
Quelle invitation,madame? demanda Pas-
cal d'un air étonné.
–'CeIIe~de venir dîner ici demain, en fa-
mille. M. Barazer ne s'est donc pas acquitté
de sa commission?
M. Barazer Il est donc à Paris ?. demanda
Pascal avec un certain égarement.
–CommentJ monsieur, vous n'avez pas en-
core vu votre beau-père?
–C'est vous, madame, qui m'apprenez la
nouvelle de son arrivée.
–Vraiment? Cependant il avait déjà em-
brassé sa Elle et ses petits-enfants, lorsqu'il est
venu nous rendre visite vers midi.
C'est que je suis sorti depuis huit heures
du matin.
Oui,' je comprends. vos nombreuses af-
faires.
Des affaires accablantes, répondit Pascal,
qui n'écoutait plus que d'une oreille, tant l'ar-
rivée subite de son beau-père lui donnait a ré-
fléchir.
GEORGES FATH.
3NMS(P~dD
Jeudi 13 décembre 186B
3M~(B4~ i~'
BUR~X D'MONNEMENT, )23, RUE MOMTMRTRP
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3ie Amiée-
MM. les abonnésdont l'abonnement expirer
le o décembre, sont priés de le renouveler i
de. suite, s'ils ne veulent pas éprouver de )
retard dans la réception du journal.
Les abonnés nouveaux recevront ce qui a 1
paru de la CHANTEUSE DES RUES (Afs~As <
~t~use), roman, par M..Armand Lapointe,
Ju roman da N. Georges Fath, les 1
ÀBO~RS DE PASSAGE.
,] ]
PAR!S, 12 DECEMBRE 1866
,v.
Le ~o~eMr a publié I~expë.sé du projet
de réorganisation miHtaire qui est sort,! des :J
délibérations delà commission spéciale nom-
mée par l'Empereur. Nous reproduisons plus
loin ce document considérable. <
Cette question touche a'tant d'intérêts, ]
elte préoccupe à un.si haut degré toutes les n
familles, qu'on-doit savoir gré au gouverne- <
ment de s'être départi des règles usuelles, et
d'avoir fait connaître officiellement les ba-
ses essentielles du projet de loi, avant me-
me qu'il ait subi la révision du conseil d'E-
tat. On ne peut qu'applaudir à la pensée i
libérale qui a inspiré cette publicité antici- ]
pée et qui a ainsi livré aux méditations de ]
tous le plus grave sujet dont le pouvoir 16- <
gislatif puisse être saisi.
L'exposé duM'm'teMr est tellement clair ]
et précis, que toute analyse serait* inutile.
Le journal officiel fait ressortir que le projet
réorganise l'armée da~s une vue de défense 1
bien plus que dans un but d'agression. Rien <
n'est plus exact. Le projet, en eSet, ne sera
converti en loi que dans la session de 1867,
il ne pourra recevoir son application qu'à
partir de janvier 868 et c'est au 't jân- <
vier 878 seulement que la nouvelle orga- J
nisation aura donné le résultat dénnitif <
qu'on en attend. Les deux ou trois premières <
années de la période de transition dans la-
quelle nous entrerons au ~janvier /t 868 ne <
~mettront, pas à la disposition du gouverne- <
ment des forces militaires .sensiblement su- 1
përieures a celles que donne l'organisation
actuelle.
Poor qu'il en fût autrement, il faudrait
qu'une disposition rétroactive fît entrer
dans le cadre de 'l'organisation nouvelle les
classes qui se considèrent aujourd'hui corn- i
me 'entièrement libérées en vertu de la lé- ]
gislation actuelle. Comms il n'est nullement ) i
question d'une disposition de ce genre, on i
est fondé à dire que le projet de loi n'a en
vue que l'avenir, et qu'il ne modiue en rien
la situation présente. Aucun des voisins de
la France n'a donc le droit d'en prendre le
moindre ombrage.
Toute l'économie du projet gît dans les
dispositions qui règlent et qui répartissent
le contingent annuel. Aujourd'hui, le con-
tingent est voté, tous les ans, par le Corps
législatif, et, depuis plusieurs années, le
chiure de 400,000 hommes a été demandé
par le gouvernement et accordé par la
Chambre. Pendant la guerre de Crimée et la
guerre d'Italie, ce chinre fut élevé, par ex-
ception, à 'i40,000 hommes.
La nouvelle organisation aura pour consé-
quence de porter une fois pour toutes, et
d'une manière permanente, a 60,000 hom-
mes lecontingent annuel. Sur ces 60,000
hommes, 80,000 seront immédiatement en-
régimentés 40,000 composeront le premier
ban de la réserve, et 40,000 le second ban.
jMais,wommc le ministre de la guerre pourra
appeler au service le premier ban par la
simple expédition de feuilles de route, le ré-
sultat dénnitif de la loi sera de mettre, tous
les ans, à la disposition du ministre de la.
FECHJ~TON BE LA AKF~E
BCi3BÉeEMBMtS66
LES AMOUR$ DE Pâ~âSE
Calme-toi, ma pauvre Alice, reprit M°"' 1
dePradères, et souviens-toi qu'il vaut mienx
rester fille que de subir l'enfer d'un mauvais
mariage. S'IL n'y a point de douleur sf grande.
que le temps ne Suisse par apaiser, il n'en est
pointde même de celle que chaque jour vient
rendre plus déchirante.
Un long silence régna alors entre la mère et
la nlle, qui pleurèrent en se tenant étroitement
embrassées.
Victor Ozanne, sorti depuis le matin, entra
tout à coup comme un prétendu bien-aimé,
toujours certain d'être reçu à bras ouverts.
Il s'arrêta muet et déconcerté devant le spec-
tacle qui s'offrait à ses yeux.
Mon Dieu s'écria-t-il, qu'avez-vous donc,
ma chère tante, et vous, ma chère Alice? 9
–-Je vais vous le dire, monsieur, répondit
M"~ de Pradëres, et puisse le chagrin que vous
avez causé et dont vous êtes forcément témoin,
vous contraindre à descendre en vous-même et
vous faire faire le premier pas dans une expia-
tion nécessaire.
–Vous m'enrayez tout de bon, ma chère
tante, bien que je cherche vainement de quel
forfait j'ëi pu me rendre coupsbie.
M~ de Pradères reprit:
–L'annonce du mariage que nous avions
projeté entre vous etmaSile..
Que nous avions projeté ? répéta Victor
.avec inquiétude.
–Oui, monsieur, poursuivit M" de Pradë-
res, l'annonce de ce mariage nous a amené la
visite d'une demoiselle dont vous avez, depuis
un an, séduit la sœur, et cela à la faveur d'une
promesse de mariage mariage devenu néces-
saire aujourd'hui par la position de la jeune
personne.
Moi s'écria Victor Ozanne, j'ai séduit.
VoitàquiestbouSbB!
Ce roman peut être reproduit par Jes journaux
qui ont un traité avec la Société des Gens de let-
.tres.–TradoctiOBrëservet:.
-`.r.
guerre 120,000 hommes au lieu de j 00,000 I~.
:t ce chim-e de 20,000 pourra être ports à < c
60,000 par un décret impérial. Ce n'est c
~ue lorsque le ministre de la guerre aura
besoin de ptus de ') 60,000 hommes dans une
Mmée, qu'il seranécessaire de recourir
l'intervention du Corps législatif. Si ce
;hin't'e"sufHt, et il représente a peu près tout
;e qu'une classe peut donner, d'hommes va- r
ides, le gouvernement n'aura besoin de
saisir le Corps législatif qu'un an après
~vdir mobilisé la garde nationale.
Il est Impossible que la Commission su- t
périeure, en élaborant les bases de l'orga- }
alsation nouvelle, n'ait pas commencé par
rechercher les améliorations qu'il était pos-
sible d'introduire dans l'organisation ac-
tuelle. Ce point appellera nécessaire-
ment l'attention du conseil d'Etat,, et il
[l'est pas douteux que le Corps légisia- .1
tif entera l'objet du plus sérieux et du plus j
minutieux examen. Il est donc à souhaiter t
~ueles résultats auxquels la Commission su-
périeure est arrivée sur cette question inté- ] 1
cessante, soient également livrés à la~publi-
:ité.
Le sentiment national, dans sa patrioti-
que et légitime iiei~é, refuse d'examiner
t'hypothèsc d'une coalition de l'Europe et
i'une invasion de la France, parce qu'il se
souvient de 93 où toutes nos frontières fu-
rent envahies a la fois, et où toutes fu-
'ent délivrées par des volontaires et des
conscrits. Aujourd'hui comme alors, toutes
[es forces et toutes les ressources du
pays seraient, en pareil cas, àladispo-
sition du gouvernement; mais presque
toujours la meilleure défensive est de por-
ter sol-màme la guerre au dehors. On peut
considérer 250,000 hommes comme "le
xhinre maximum de l'armée, qu'il est pos-
sible de faire manœuvrer utilement, de ravi-
tailles avec exactitude et de tenir en bon
~tat une certaine distance du sol national.
L'armée d'opérations de la Prusse, dans la
lernière guerre, n'atteignait pas tout ~fait
~e chinre encore était-elle presque cons-
tamment maintenue en deux corps séparés,
~ui se réunissaient pour frapper les coups
iécisifs, mais que la force des choses con-
treignait a s'écarter 'l'un de l'autre des le
lendemain.
L'opinion publique se demande comment
ivec une armée de 430,000 hommes, il
Mus est impossible d'envoyer et d'entretenir
~ù-dela de la frontière 280,000 hommes. La
seule difficulté qu'elle y aperçoive est dans
[& nombre des non-valeurs qui est dans l'ar-
mée française infiniment plus élevé que
ians toute', autre. Quelques calculs l'élèvent
~60,000; les plus modérés le portent à
M,000. Ny a-t-il pas quelque réforme a
accomplir de ce c<~ et ne pourrait-on ré- i
duire, en proportion, les charges qu'ils'a- 6~
git d'imposer au pays? 1
L'administration de la guerre semble ap-
peler des réformes à un plus haut degré en-
core que le personnel. La question est
moins grave puisqu'il ne s'agit plus que
d'argent elle a. toutefois son intérêt à rai-
son du surcroît de dépenses qu'entraîne
l'organisation nouvelle. Tous les bâtiments
que la guerre possède, entretient/répare
ou construit tous les ans, et qu'elle fait
garder par un nombreux personnel, ont- i
ils, leur utilité? La guerre fabrique-t-elle.
avec autant de promptitude et d'économie
que l'industrie privée tout ce qu'elle confec-
tionne elle-même, sous la direction d'un
personnel coûteux. Comment se fait-il que,
lorsque tous les pays d'Europe et d'Améri-
que ont réduit leurs administrations mili-
taires aux seuls services de la trésorerie et
de la surveillance, la France seule conserve
et entretienne, à côté de l'armée qui com-
bat,une armée qui administre et qui.exerce
une multitude d'industries?
Et il partit d'un éclat de rire si franc, si im-
modéré, que salante etsa fiancée eurent beau-
coup de peine à conserver un reste de Pair sé-
rieux, accablé, qu'elles avaient depuis plus
d'une heure.
II vous est peut-être facile de rire dans
une pareille circonstance, Victor, mais.
Ah ma tante. je croyais avoir le droit
d'être cru sur parole, et même, je n'aurais jamais
pensé que vous accueilleriez aussi facilement
une pareille calomnie je devrais dire une pa-
reille plaisanterie.
Victor, cette personne ne plaisantait pas,
et n'en avait, je puis l'affirmer, aucune envie,
reprit Alice avec un reste d'incrédulité.
Alors vous nieriez formellement, et devant
elle-même; la mauvaise action qu'on vous re-
proche ? reprit M" de Pradëres.
Je la nierais surtout devant elle-même et
s'il vous était possible, chère tante,, de me la
présenter à l'instant, je vous demanderais
comme une grâce de vouloir bien le faire.
Vous récuseriez aussi une preuve qu'elle
avance, une preuve qui, selon elle et selon moi,
ne peut pas avoir plus d'un jour de date?
-Une preuve qui date de vingt-quatre heu-
res fit Victor-stupéfait.
Oui, monsieur, cela paraît vous embar-
rasser, dit M'de Pradëres, qui voulait lire
jusqu'au fond de l'âme de son neveu.
–Cela achève dem'étonner, voilà tout; mais
voyons quelle est cette preuve accablante ?
La voici 1
Et M"~ de Pradëres remit a Victor Ozanne la
carte .de visite qui lui avait été apportée par
Valérie.
Ma carie
Que vous -avaz sans doute laissée tomber
imprudemment chez el!e, hier au soir.
–Ma carte de visite! Voilà, qui est fort
étrange. Mes cartes ne sont terminées que
d'hier, et je n'en ai encore donné qu'une à.
Victor Ozacne s'arrêta .court comme un hom-
me qui s'aperçoit qu'il va commettre une im-
prudence.
A qui ? dirent en même temps M°~ de
Pradères et Alice.
–A. mon bottier, que j'attends aujour-
d'hui, répondit tranquillement Victor.
'–Mon ami, je veux vous croire; mais si,
par impossible, vous aviez au fond du cœur
un sentiment, une affection si faible; si effacée
qu'elle fût, pour une autre que pour' ma fille,
je vous conjurerais de renoncer plutôt à sa
main que de risquer de la rendre malheureuse
un jour.
Moi, rendre jamais ma chère Alice mal-
heureuse! Oh) matante!
Et le jeune homme se jeta aux pieds de sa
Tous ces pô~~s~m~j~n.'t le plus sérieux
;xamcn, et ils àppëltent les investigations
lu conseU d'Etat et du Corps législatif.“
LaseSt'êtairodeiarétiMticB:
E.BAUER.
MP~HE'S. ELESTB.ES S
A!!t!e)be.
Vienne,-it décembre.
Le tra.ité de commerce entre la France et l'Au-
riche a été signe aujon''d'hui.
Le 7o:
gédies.
ïtaMe
F[orenco,-H décembre, soi".
L'~sHe dit que Pie IX recevra probablement de-
main le conseiller d'Etat Tomsito.
La Go~cfte o/~ei'r~c publie un décret qui approuve
.a convention signée en.re le ministre des travaux
oublies et la Société des chemins de fer romains.
L'OpMt'o~e annonce que la conveEtiou relative à
~a dette pontificale est arrivée aujourd'hui de Paris
pour recevoir lajatification du gouvernement ita-
[ien.
Une frégate américaine, est arrivée a Civifa-
~ecchia.
Rome~H décembre.
Le régiment Jes zouaves pontificaux est arrivé
lier a Rome.
Le reste des troupes françaises est parti ce matin.
Aagtetcrre
Londres,H décembre, soir.
A Gha)ham, les autorités ont suis! sur la Tamise
un grand steamer en fer à trois.mâts que Fon soup-
çonne appartenir aux fénians. Ce navire avait à
bord environ trente tonnes de poudre, plusieurs
canons Blakeley et une grande quantité de revol-
vers, d'épées et de boulets. Il n'y avait aucun pa-
pier à bord. L'bfacierqui commandait le navire a
pu s'échapper.
M. de Bloome, ministre de Hanovre, a été reçu
en audience par la reine, à qui il a présenté ses
ettres de rappeL
Espsgme..
Madrid, 11 décembre..
Le prince Auguste de Portugal a reçu la reine
d'Espagne à EIvas. L'enthousiasme est immense
sur tout le parcours. ~A9~c2 Bavas-BulLit~)
(~M!ceBaw
(Voir la deuxième page les Dernières
dépêches eties NOUVELLES DU MEXIQUE.)
CERON~UE pemi9UE
Quelques-unes des'nouvelles queno~s
transmet le télégraphe sur les dernières
heures de l'occupation -française à Rome
sont déjà connues nous les reproduisons
cependant à cause de l'intérêt qui s'attache
pour tous a chacun des détails relatifs a cette
grande question
Marseille, lt décembre.
On mande de Rome, le 9
Hier, le pape a reçu en audience d'adieu, dans
la salle du Trône, le général de Montebelto et tous
les officiers français.
Le général a exprimesa'tristesse de la séparation
qui s'opérait, puis il a dit
« L'empereur, fidèle à ses engagements, retire
ses troupes, mais il ne retire pas son appui: il lais-
se à Rome la protection de la France. Puisse le
temps apaiser les passions, calmer les douleurs,
donner à tous l'esprit de conciliation, et assurer au
Saint-Siège l'indépendance et la sécurité pour
maintenir son action spirituelle sur le monde! Te)s 1
sont les vœux'sinceres que je dépose aux pieds de
Sa Sainteté en lui demandant, sa bénédiction.-))
Le pape a répondu par une improvisation qui
n'est pas encore publiée dans les journaux.
La légion romaine doit occuper le fort St-Ange
les zouaves pontificaux escorteront le pape lorsque
Sa Sainteté ira à Civita-Veechia visiter les navires
étrangers.
L'imprimerie pontificale travaille continuelle-
ment à l'impression des documents attendus. On
assure que le pape promulguera des réformes, ex-
pliquant les motifs qui ont fait ajourner les réfor-
mes pendant l'occupation française.
~~t~~sa~ ~ï,n~='~F~~K~~M~B~sp~a
fiancée en lui baisant les mains avec transport.
Alice versait des larmes de joie.
–C'est bien, Victor, mon fils, je vous crois,
j'ai besoin de vous croire, répétait M°~ de Pra-
dères, dont le bonheur et l'attendrissement
étaient au comble.
A la bonne heure mais ce n'est pas tout,
il faut me promettre que, quoi qu'il arrive,
vous ne commencerez pas par douter de moi.
Et si cette fille revenait ? car,en6n,je me
suis engagée à vous faire part de ses réclama-
tions et à ne rien conclure que je ne connaisse
l'exacte vérité.
–Tant mieux! qu'elle revienne je ne de-
mande pas mieux que de multiplier devant vous
les preuves'de ma sincérité, et 'cela maigre le
M! de coM/tNKce que vous venez de m'accorder,
répondit Victor Ozanne en souriant.
–Si je désire maintenant la présence de
cette femme, Victor, ce n'est pas que je doute
encore de vous, mais il doit y avoir au fond de
tout ceci une petite intrigue que je ne serais
pas fâchée de connaître.
C'est vrai maintenant il n'y a peut-être
que du hasard dans tout ceci.
Monsieur Henri Pascal, annonça le domes-
tique.
Qu'il entre, répondit M"~ de Pradères.
Puisse tournant vers Victor Ozanne Pas un
mot de cet incident c'est inutile, ajouta-t-elle.
Victor s'inclina en signe d'adhésion, et tout
en disant à part lui Peste je m'en gar-
derais bien.
–Arrivez donc,monsieur, dit gracieusement
~ma (}g pradères, qui nt un pas au devant de
Pascal Victor nous avait annoncé votre visite~
et je commençais à craindre que nous en fus-
sions privés aujourd'hui.
–Vous êtes trop bonnes, mesdames,répondit
Pascal en saluant respectueusement les deu?
iemmes, mais j'ai égaré la carte que Victor m'a
remise hier soir, et c'est à grand'peine que j'ai
fini par trouver un concierge qui vous connais-
se. Je croyais me rappeler que c'était au nu-
méro 60 et c'était au 8 que je devais avoir l'hon-
neur de vous,rencontrer. Il' y a plus d'une
demi-heure que je. vais de maison en maison.
Diablesse de carte c'est si poli que ça vous glis-
se entre les doigts avec la p[ug grande facifité.
Mais ce n'est pas une carte que je t'ai re-
mise, dit Victor Ozanno je me, rappelle t'avoir
écrit mon adresse sur un coin de papier mes
cartes étaient encore chez le graveur.
Du tout et tu dois te rappeler que nous
avons été les y prendre ensemble. D'ailleurs,
je la vois encore une petite écriture anglaise,
parfaitement gravée. Parbleu en voici une
toute pareille.
Et:le malencontreux Pascal prit la carte ap-
Au milieu des graves circonstances que
traverse l'Italie, les conseils de sagesse
n'auront pas fait défaut au gouvernement de
Florence. La dépêche suivante te démontre,
touten.rectinant des informations inexac-
tes'
Berlin, II décembre.
On lit. dans ia GajM~e t?t; ~McnM~ïie (!i< .~or~
(f Les assertions de la Pf;f!e au sujet de l'atti-
tude de ia Prusse vis-à-vis de la question romaine,
se réduisent, à un seul fait exact, savoir que la
Prusse s'est prononcée, à Florence, pour une ré-
conciliation de l'Italie avec Rome. Les autres sup-
positions de ta fa~'t's sont sans fondement.
» La nouvelle donnée par un correspondant de Pa-
ris de la G
de Prusse a Paris est sans fondement, o
L'e annonce, à h date du '!0, que M.
Tonello est parti ce jour même pour Rome,
accompagné de M. Calcgaris, chef de divi-
sion au ministère de la justice. M. Nigra,
ambassadeur d'Italie a Paris, est arrivé à
Florence et a eu aussitôt une entrevue avec
M. RIcasoII. Les journaux italiens nient
l'authenticité du prétendu discours du pape
aux officiers français, publié par la ~Va~'ons,
d'autant plus que le Journai! de Genève en
publie une version très diSérente: Le Jour-
na~e~ome, qui pourrait seul nous donner
le texte officiel de cette allocution, n'est
pas arrivé aujourd'hui.
Tous les documents qui arrivent de Hon-
grie attestent les Inextricables difficultés
daBS lesquelles se trouve prisa., yis-à-vis de
ce pays, la politique impériale d'Autriche.
Aussi né doit-on pas être surpris du carac-
tère contradictoire des renseignements qui
nous sont transmis sur les probabilités d'u-
ne réconciliation entre la couronne et la
Hongrie ou sur les obstacles que rencontre
cette réconciliation.
LaDiètede-Pesth doit discuter samedi
une nouvelle adresse dont le télégraphe
nous donne une analyse étendue. On re-
marquera qu'il §'agit principalement dans
cette pièce d'une question légale que le par-
ti Deak formule ainsi La: continuité du
droit; c'est-à-dire qu'aucun événement n'a
pu infirmer, a une époque quelconque .de
l'histoire de Hongrie, le droit de ce-pays à
un gouvernement autohome.
Pour ce peuple si singulièrement mêlé de
soldats et de juristes, il ne suffit pas de re-
conquérir ses libertés lésées, il faut encore
la reconnaissance formelle par la couronne
d'une notion légale d'après laquelle ces
libertés n'ont jamais cessé d'exister. La
Diète mot donc pour prix de sa réconcilia-
tion la condamnation par le pouvoir royal
lui-même de tout ce qui s'est fait en Hongrie
depuis la guerre funeste de 1848..
Nos-lecteurs remarqueront, en outre, dans
ce document la demande d'une amnistie gé-
nérale, et les impressions que cause à l'as-
semblée la situation générale de l'Europe.
Voici le texte du projet
Le dernier rescrit ne reconnaît pas !a continuité
du droit et ne satisfait pas, même par les promes-
ses qu'il contient, à la pensée du projet d'adresse,
qui demande a l'empereur de ne Bas ajourner le
rétablissement de la Constitution efde la continui-
té du droit pour ne pas rendre impossible la grande
œuvre d'une entente satisfaisante.
II y a des situations dans la vie des Etats qu'il est
impossible de laisser subsister sans danger. On est
dans une situation de ce genre quand le délabre-
ment et le désordre existent depuis longtemps à
l'intérieur d'un Etat. Une pareille situation est dan-
gereuse en tout temps, mais elle l'est encore plus
de nos jours en présence des grandes questions non
résolues qui menacent les peuples de l'Europe de
complications interminables.
L'adresse demande les moyens et l'occasion d'ef-
fectuer un arrangement rassurant. Pour cela, il est
nécessaire, avant tout, que la Constitution soit en-
tièrement rétablie et que la continuité du droit soit
remise de fait en vigueur. Nous le demandons dans
l'intérêt de notre propre pays comme dans celui de
~4:> S
portée par Valérie, et qui était restée sur la
table comme pour servir une seconde fois
d'acte d'accusation.
~me de Pradères et Alice se regardèrent avec
un profond étonnement.
Je te répète que je ne t'ai pas remis de
carte, repritVictor Ozanne avec vivacité et en
s'eSorçant de faire dès signes à Henri.
Je t'assure à mon tour que c'était bien
une carte. Quelle idée as-tu de vouloir
m'afnrmer le contraire?
Ce n'est point une idée, mais quand je suis
sûr de quelque chose.
Moi je suis de même, et si indifférent que
cela puisse être, je jurerais.
–.C'est bien, n'en parlons plus, répliqua
Victor, qui vit l'inutilité de ses signes et de
ses finesses avec un homme qui se refusait obs-
tinément à les comprendre.
M°~ de Pradères, que ce singulier débat.ve-
nait d'éclairer subitement, dit d'une voix sé-
rieuse à Henri Pascal
Vous avez toujours une charmante fa-
-mille, monsieur?
Une famille complète et charmante,
puisque vous le voulez bien~ madame une
femme et deux enfants i.
Que j'ai le plus grand regret de ne pas
voir plus souvent mais nous avons été si oc-
cupées.
M* Pascal a été, elle .aussi,. depuis une e
année dans la situation de ne pouvoir jamais
disposer d'une heure enfin voilà nos petits
bonshommes qui grandissent, et ils pourront
bientôt servir de cavaliers à leur mère dans ses
visites.
-–Je l'espère bien, monsieur, car je vous
préviens que j'aime beaucoup les enfants, et
que me les amener sera toujours me faire un
extrême plaisir. Si vous saviez quel bonheur
j'éprouve à voir une famille bien unie dit M*~
de Pradères en appuyant sur les derniers mots
de sa phrase.
Allons, c'est une toquade que l'amour de
la famille chez ces gens-là, pensa Henri.
–Une famille, reprit M' de Pradères, où
l.e père n'a d'autre souci que de travailler au
bonheur des siens, et où la mère se sacrifie ab-
solument à leur éducation.
Oh M"* Pascal est bien la mère la plus
dévouée, la plus attentive qu'on puisse rencon-
trer.
Je me plais à croire, monsieur, que vcus
ne le lui cédez en rien, et que toute votre exis-
tence leur est bien consacrée.
–Sans nul doute, madame..
C'est au moins dans ces termes cpe Victor
nous a parlé de vous, qui êtes, je crois, un de
ses plus anciens amis.
la maison de Votre Majesté et de la monarchie en- I
iiëre. j
La.légitimité de netre demande est basée sur !es f
traités fondamentaux qui forment aussi la base des
relations de droit réciproque qui existent entre a
nous et la dynastie impériale. La partie du rescrit i
royal, qui contient des observations sur des rela- <
L tiens émanant des intérêts communs et sur le pro- i
jet du sous-comité des quinze, ne saurait être dis- i
cu!ée que lorsque ]e Reicbstag sera à même de pou- [
voir discuter et voter le projet entier.
Le projet d'adresse renouvelle la 'demande d'une (
amnistie pour les exilés politiques. li dit que le fait (
sculd'une satisfaction donnée à cette demande peut (
calmer la aaiion et donner l'espoir d'arriver à un
arrangement favorable..
En priant l'empereur de ne pas retarder l'accom-
plissement de cette demande, le projet d'adresse
constate avec joie que 'le dernier rescrit exprime
l'intention de l'empereur d'introduire également
dans les autres pays do la monarchie des ministères
responsables.
On mande de Dresde, 1 décembre
Le journal officiel. de Dresde engage la presse
saxonne a prendre une attitude favorable a de bons
rapports entre la Prusse et la Saxe. Il ajoute que
ces bons rapports sont l'objet des vifs désirs du
gouvernement saxon..
L e '1
Le gouvernement saxon ne pouvait réel-
lement pas faire moins en faveur de son
vainqueur. Il pourrait srriver que l'on vît
bientôt, a Dresde, des journalistes saxons
emprisonnés pour avoir trop Gdèlemént sou-
tenu la cause nationale..
La discussion du budget de la guerre n'a
causé que fort peu d'émotion dans les Chambres
.prussiennes. Ce budget, qui était 'depuis sept
ans l'occasion de dissentiments si graves entre
la couronne et le Parlement, a été adopté après
quelques observations, d'ailleurs très modé-
rées, du ministre de la guette, M. de Robn.
Personne, a dit le ministre, ne désire de dis-
cussion sur des principes longtemps contestés,
discussion qui ne serait de l'intérêt ni de la
Chambre ni du gouvernement. Les véritables,
débats, ceux qui sont relatifs h l'organisation
définitive de l'armée, sont réservés, d'un com-
mun accord, au Parlement fédéral.
La presse ofncieuse du cabinet de Saint-
Pétersbourg semble s'attacher à convaincre
de plus en plus l'Europe du prochain et me-
naçant réveil de la Russie. Nos lecteurs se
rappeUent que les journaux de Vienne, en
expliquant la mission du comte Goluchowski
en Gallicie, avaient donné à entendre que
ce pays était agité par des menées étrangè-
res. Ces journaux ont ensuite mentionné
l'arrestation d'agents russes parcourant les
provinces de la Pologne autrichienne sous
divers déguisements.
La Con'espo?tdaHce russe proteste aujour-
d'hui contre cette, attaque; mais elle le
fait en des termes qui ne font que rendre
plus redoutable sa dénégation
La Corfc~on~snoc ~MM's~e, dit-elle, n'apporte
pas de preuves à l'appui de son insinuation. Af8r-
mons hautement que ces preuves n'existent pas et
ne peuvent pas exister les feuilles dévouées au
polonisme les ont cherchées sans po.uvoir les
trouver.
Est-ce tout? Non, sans doute, et ce" n'est
pas dans le simple but d'une dénégation
qu'on a écrit l'article précédent. La Corres-
pondance russe Invoque le Sentiment des po-
pulations
Au lieu des agents occultes qu'on voulait décou-
vrir à tout prix, on n'a trouvé en Gallicie qu'une
population disposée sans doute à défendre ses tra-
ditions contre les empiètements d'une race enne-
mie, mais aussi Cdëto à ses devoirs qu'à ses sou-
venirs.
Où sera l'espérance de cette population?
.Que ces malheureuses populations aient souvent
tourné les yeux du coté d'une nationsœur,qui.parle
'leur langue et partage leur croyance, nous en con-
venons avec orgueil nous ne désavouons pas le
lien moral qui nous rattache à elles mais ce que
nous ne pouvons reconnaître, ce sont les menées
~politiques dont nous sommes accusés par une par-
tie de la presse de Vienne. Ces menées ne sont
qu'une calomnie pour expliquer une injustice.
Un ami de collège, oui, madame, et l'on
prétend que ce sont les meilleurs et les plus'6-
deles.
Et peut-être les plus partiaux dans leur
affection, reprit M"" de Pradères en souriant.
C'est vrai, madame, [aussi ne vous eng&
gérais-je pas à croire plus de la moitié du bien
que ce cher Victor a pu vous dire de moi.
Oh 1 quant à Victor,, je ne veux plus m'y
ner,,surtout depuis qu'il soutient vous avoir
remis une simple adresse écrite à lamain, tan-
dis que vous.vous souvenez très bien que c'est
une carte gravée.
Oh cela, je me le rappelle parfaitement,
et j'ajouterai, me servant d'une expression
passablement vulgaire, ~}ue, si j'ai perdu la
carte, je ne suis pas le seul en cette circons-
tance.
Animal se disait Victor Ozanne, fais des
jeux do mots, va, embourbe-toi.
En effet, cette histoire de carte est singu-
lière, reprit M~ de Pradères.
–Fort drôle! n'est-ce pas, mademoiselle?
fit Pascal.
Mais oui, monsieur.
Et Alice ne put s'empêcher de rire.
Il n'y a que cet étourdi de Victor qui n'en
conviendra pas. Il est sur cela d'une obstina-
tion réjouissante. Regardez un peu sa mine
on dirait un homme qui s'attend de minute en
minute à être écorché vif.
Et Pascal se mit a rire comme un .fou de l'air
désappointé de son généreux ami.
En6n la gaîté de Pascal gagna Victor Ozanne
et le rire devint aussitôt général.
Un manque de mémoire si complet pour
une chose qui date d'hier! dit M"~ de Pradè-
res, qui tenait à creuser de plus en plus la si-
tuation.
-Je me souviens même aprésént qu'il a ou-
vert pour me donner cette carle, un paquet
cacheté a la cire.
Nouvelle preuve plus convaincante, ajouta
5P~ de Pradères en regardant son neveu.
Les rires recommeCcèrent cette fois avec une
telle impétuosité qu'il était à craindre de" ne
pas les voir finir.
-'Décidément, c'est plus drôle que je ne
l'aurais pensé, dit Victor Ozanne.
Il en convient enfin reprit Pascal.
Il faut bien se rendre a l'évidence, ce qui
est souvent humiliant.
Regardez un peu quel fonds on peut faire
sur l'affirmation d'un homme mon neveu pré-
tendait tout à l'heure qu'il n'avait encore donné
qu'une de ses cartes de visite et que c'était à
son bottier.. °
Grand merci de la confusion, mon char
ami. mais à moins que tu n'aies rendu visite
ûll~~
Et comme si ce passage n'ëiai~a~
explicite, la Co?'responda?!ce russe iMO~iC
La nation russe ne reniera jamais s~}~~
n'ec les Russes de la Gallicie, pas plus qu~~SÊiE.
'ecocnaîtra aux Polonais le droit de les opprimer;
~!le n'abdiquera pas ses sympathies pëursuppri-
ner la quest'on gallicionne, et cette question sub-
iistera aussi longtemps que l'Autriche aura deux
Mids et deux mesures.
Soumettre des Russes à l'oppression polonaise,
?'est leur rappeler à chaque instant qu'il v a à côté
leux un grand peuple qui a.lutté contre'elte pes-
lant des siècles, et a Sut par en triompher.
Le nom de la Pologne ne semble ici qu'une
a.mère et triste dérision. C'est elle que l'on
dénonce, oiajs c'est de l'Autriche qu'il s'agit.
E. TIEENE.
FJ~OJETT
SUR L'OR&A~SATION BE L'AM!Ë~
La commission présidée par l'Empereur vient de
terminer ses travaux. Le projet de réorganisation
de l'armée va être envoyé au conseil d'Etat. Quoi-
que plusieurs points secondaires de ce paojet ne
soient pas définitivement arrêtés, nous croyons uii-
le, pour répondre à la légitime impatience du pu-
blic, d'en faire connaître les bases~principales.
Il se fonde sur cette considération que, pour con-
server son rang en Europe, la France doit pouvoir
mettre sur pied une armée de 800,000 hommes.
Dans ce chiure, sont compris les recrues exercées'
dans les dépôts, les corps' auxiliaires, tels que la
gendarmerie, Jes infirmiers, les ouvriers d'admi-
nistration, les équipages militaires et enfin les non-
valeurs, telles que les hommes en jugement et aux
hôpitaux, etc.
Unenécessitéaussiévidente,c'estqu'àces 800,000
hommes il faut ajouter une force militaire chargée
de protéger l'ordre à l'intérieur, et de défendre les
côtes et les places fortes pondant que l'armée est
aux frontières.
Le problème à résoudre éiait des plus compli-
qués..
Il s'agissait, eneSët, tout en conservant une or-
ganisation milaire qui a fait ses preuves, d'aviser
au moyen, dans tes circonstances graves, d'aug-
menter d'hommes exercés nos effectifs, sans. ce-
pendant obérer les finances de l'Etat, ni imposer
une trop lourde charge aux populations. En même
temps, tout en proclamant comme un principe d'é-
galité et de justice l'obligation pour chacun de dé-
fendre la patrie en cas de guerre, il importait de
ne pas heurter les mœurs établies et de ne pas dé-
tourner en temps de paix la vocation des jeunes
gens qui se destinent aux carrières libérales.
Le projet adopté par la haute commission satis-
fait à ces diverses obligations.
Il classe les forces militaires de la France en
trois catégories -f° l'armée active 3° !a réserve
3° la garde nationale mobile.
La durée du service dans l'armée comme dans
la réserve est fixée à six années. Les soldats libé-
rés comptent trois ans dans la garde nationale mo-
bile.
1° .L'armée ac~we se compose des engagés et
réengagés volontaires, ainsi que des hommes ap-
pelés sous les drapeaux par la loi annuelle du con-
tingent.
2° La réserve est formée de tous les jeunes gens
de la classe que le sort n'a pas désignés pour faire
partie du contingent annuel. Elle se~divise en deux
parties égales, déterminées par les numéros de ti-
rage. La première, dite fdse?'ue dHpfenM'er 6sn, res-
te à la disposition du ministre de la guerre, même
dans le temps de paix, pour renforcer au besoin
l'effectif des régiments; la seconde, dite rëse~e f/M
Mco~ &tM, au contraire, ne peut être appelée qu'en.
temps de guerre et par un décret de l'Empereur,
comme cela se pratique aujourd'hui pour l'inscrip-
tion maritime. Les deux réserves sont exercées
tour de rôle dans les dépôts de l'armée pendant un
laps de temps plus ou moins long.
Le mariage est permis dans la réserve, dès que,
la quatrième année de service est accomplie.
La division de la réserve en deux portions éga-
les est pour notre constitution militaire d'un im-
mense intérêt. Elle permet de faire-du premier ban.
comme un appendice obligé de l'armée active. Me-
sure éminemment utile, indispensable même. En
effet, qu'ils'agisse soit d'envoyer des régiments en
Afrique, soit d'établir un camp d'instruction, soit
d'entreprendre une expédition quelconque, com-
ment, a. défaut de cette force supplémentaire, pour-
voirait-on à ces urgentes nécessités ? Il faudrait ou,
laisser partir des régiments avec un effectif insuf-
fisant, ou remplir les cadres avec des recrues sor-
tant des dépôts, ou prendre d'anciens soldats dans
d'autres régiments, ce qui détruirait l'esprit'de
corps et désorganiserait toute l'armée.
Au contraire, la réserve du premier ban étant
donnée, on rappellera, dans les circonstances qui
viennent d'être ënumérées, un certain nombre d'an-,
à ton bottier après dix heures du soir, je suis
bien le seul qui ait reçu cette faveur hier.
Il était auprès de nous à dix heures, dit
.M~dePradères.
Pour le coup, la chose est jugée sans appel.
Tu n'es qu'un étourneau, mon cher Victor. Au
reste, de pareilles distractions sont permises à
un homme qui va devenir le mari d'une si jolie
personne, dit Henri Pascal en s'inclinant devant
Alice.
-Par contre-coup vous reconnaissez qu'elles
doivent êtes interdites à un père de famille, ré-
pliquaM~dePradères.
–Certes, reprit Henri en souriant, le përe
de famille doit être un modèle de prudence et
de sagesse.
C'est mon avis~ monsieur, et je suis heu-
reuse de juger par moi-même qu'un des plus
anciens amis de Victor est capable de lui don-
ner les meilleurs conseils et au besoin de le
prêcher d'exemple; car il est évident, mon-
sieur~ que vous n'êtes pas de ces gens qui pro-
fessent les plus belles maximes sans jamais Jes
pratiquer.
–Vous avez complètement raison, madame,
de me juger ainsi.
Henri Pascal~se leva comme un homme qui i
ne veut pas prolonger sa visite dans la crainte
d'atténuer le bon effet qu'il pense avoir produit.
–Vous partez, monsieur, sans naus dire si
vous nous faites le plaisir d'accepter l'invita-
tion que je vous ai adressée par voie d'ambas-
sadeur ? dit M~ de Pradères..
Quelle invitation,madame? demanda Pas-
cal d'un air étonné.
–'CeIIe~de venir dîner ici demain, en fa-
mille. M. Barazer ne s'est donc pas acquitté
de sa commission?
M. Barazer Il est donc à Paris ?. demanda
Pascal avec un certain égarement.
–CommentJ monsieur, vous n'avez pas en-
core vu votre beau-père?
–C'est vous, madame, qui m'apprenez la
nouvelle de son arrivée.
–Vraiment? Cependant il avait déjà em-
brassé sa Elle et ses petits-enfants, lorsqu'il est
venu nous rendre visite vers midi.
C'est que je suis sorti depuis huit heures
du matin.
Oui,' je comprends. vos nombreuses af-
faires.
Des affaires accablantes, répondit Pascal,
qui n'écoutait plus que d'une oreille, tant l'ar-
rivée subite de son beau-père lui donnait a ré-
fléchir.
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