Titre : La Presse
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1866-12-12
Contributeur : Girardin, Émile de (1806-1881). Directeur de publication
Contributeur : Laguerre, Georges (1858-1912). Directeur de publication
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Type : texte texte
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Langue : français
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Description : 12 décembre 1866 12 décembre 1866
Description : 1866/12/12. 1866/12/12.
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/03/2008
Mercredi 12 décembre 1866
3 MOIS (Paris et dé? artementdelaSeias) f 3fr# §0
ANNONCES, 8, PL. DE U BOURSE. ET 7, RUE CfiQ-HÉROS
Mercredi 1£ décembre -.1.8^6
-3 MOIS (iiépaiie^s). 16fr:
BUREAUX D'ABONNEMENT, I2Î, RUE MONTMARTRE
̃ Tout ee qui concerne l'Administration du Jourcal doit être adressé au Gérant
L'Admiwskation se réserve le droit de ^nodifier la rédaction des Annonces
3I« Aiin.ee
MM. les abonnés dont l'abonnement expire
le 15 décembre, sont priés de le renouveler
de suite, s'ils ne veulent pas éprouver de
retard dans la réception dû journal.
Les abonnés nouveaux recevront .ce qui a
paru de la Chanteuse des Rues [Marina .la
Vielleuse), roman, par M.Ançand Làpointe,
et du roman de M. Georges Fath, les
AMOWîS DE PASSAGE. ̃ V •
~~fii^~p%l~.a"'SSi92i'F!6~5~ '.ERG:T3F~iCSR
PARIS, 1 1 DÉCEMBRE 1866
Voir une paille dans l'œil de son voisin
et ne pas voir une poulre dans le sien de-
meurera éternellement vrai.
La Francedi attribué aux «encouragements,
aux secours, aux impulsions de la. Russie »,
la longue durée de l'insurrection Cretoise.
Le Nord a pris feu immédiatement, et, après
avoir discuté avec amertume ce qu'ii ap-
pelle un véritable acte d'accusation contre
la Russie, il termine par les réflexions.sui-
vantes ï; ̃ • "•
Nous n'insisterons pas longuement sur la gravité
que présentent au point de vue des relations enti-ts-
les gouvernements des insinuations perfides du
genre de celles de la France. Elles troublent la eon-
liancè réciproque des nations et font naître la mé-
sintelligence el des contlits là où il suffirait d'ex-
plications franchement données et loyalement ac-
ceptées pour maintenir entre les puissances une
amitié si désirable pour la paix du monde.
Voilà qui est parler d'or. Que"faisait ce-
pendant le Nord, il y -a-- trois jours, dans un
article que nous avons combattu ? Il signa-
lait, dans làcréation d'une assemblée con-
sultative en Egypte, une intrigue de; la Fran-
ce il en prenait texte pour accuser le gou-
vernement français de souffler la discorde
en Orient et de heurter les intérêts des au-
tres puissances afin de faire naître des com-
plications européennes. Tout cela, parce que
le pacha d'Egypte a pris l'avis de soixante
ou quatre-vingts cheiks sur diverses ques-
tions d'administration locale.
N'étàient-ce pas là des insinuations au
moins aussi gratuites et aussi perfides que
celles que le Nord reproche à la France?
Non-seufemerrt,ie Nord a eu ce tort, mais il y
persiste car, en nous répondant, il a réitéré
contre le gouvernement français ï' accusation
«de vouloir résoudre la question d'Orient en
se mettant en opposition à la fois avec les
autres puissances intéressées et avec l'état
social et politique de ces pays, si peu aptes
à recevoir les institutions occidentales qu'elle
veut y transplanter. »
Ces accusations du Nord sont d'autant
plus injustes que la politique française n'é-
pargne rien, depuis plusieurs mois, pour
éteindre tous les brandons de discorde qu'on,
allume en Orient.. Pour y assurer le maintien
de la tranquillité, pour prévenir toute com-
plication européenne', elle n'a pas hésité à
courir le risque de refroidir momentané-
ment, par la netteté et la fermeté de son
langage, les sympathies traditionnelles des
populations Jielléniques. Au lieu de flatter
les passions des Greès, pour se/faire de leurs
entraînements un moyen d'influence, elle
leur a fait eniendre la vérité avec cette fran-
chise qui'est le propre d'une affection sin-
cère/
Le 'Nord demande qu'on lui montré où est
la main de la Russie dans les agitations-dont
l'empiré turc est le théâtre. Nous lui ren-
voyons la question; et nous lui demandons
où est, dans ce qui se passe en Egypte, la
main de cette France, qu'il accuse de «pous-
ser le vice-roi » dans une voie fatale?
L'initiative que le vice-roi a prise lui ap-
partient tout entière mais l'essai qu'il fait
devait nécessairement obtenir toutes les
sympathies françaises. Il n'est point ques-
tion de tenter rien de semblable à Gonstan-
tinople, mais si le sultan avait, un jour
cette bonne pensée, il ne mériterait et ne
recevrait que des encouragements.
Nous maintenons, malgré les sarcasmes
FECHXETQN Bl LA PRESSE
DB 12 BÉCEMBBS 1866 ;̃
LES -AMOURS DE -PASSAGE
̃ Maintenant que le voilà rivé à Saint-Ger-
main jusqu'à quatre heures, dit Valérie, "et que
̃ nousavons de plus mis un espion sur ses traces,
nousallons voir un bu deux appartements pour
une raison que tu sauras plus tard, puis ntus
retournerons immédiatement à Paris. Là, j'au-
rai^ je té-lé promets, bouleversé le mariage de
ce grand Tartuffe avant qu'il ne songe à venir
y mettre obstacle.
En effet, deux heures sonnaient à peine à
l'embarcadère de la rue Saint-Lazare, que les
deux sœurs rentraient à Paris.
Retourne à la maison dit Valérie à Agathe,
je vais sans perdre de temps aller voir le mu-
seau de M118 Alice dePradères, car j'ai une
envie, terrible de lui chanter les louanges de
son prétendu.
Valérie prit une voiture de remise dans la
rue d'Amsterdam et se fit conduire à grande
vitesse au numéro .8 de la rue de Richelieu.
Mme de Pradères souriait encore en son-
geant à Barazër, et Alice se complaisait dans les
occupation» charmantes d'une jeune fille qui
es.t à la veille de se marier, quand on leur an-
nonça la visité, aussi peu gracieuse qu'inatten-
due de M119 Valérie Legrand.
-^Mademoiselle Legrand ? dit Mme de Pra-
dères aa domestique. je ne connais'personne
de ce nom. Est-ce quelqu'un d'âgé?.
Non, madame, c'est une personne très jolie
et qui n'a guère plus de vingt-deux ans.
-–Faites attendre un moment dans la salle
â manger.
Dois-je me retirer ? dit Alice à sa nîère.
Du tout. du tout Je n'ai point d'affaires
secrètes pour toi, ma chère filie, seulement
Ce roman petit être reproduit par les journaux
qgientun traité avec la Société des Gens de let-
tres. Tradition réseryee.
du Nord, que si le sultan donnait aux diver-
ses populations de son empire un moyen
légal et régulier de faire arriver leurs vœux
jusqu'à lui, et de faire connaître leur senti-
ment sur les améliorations matérielles et sur
les réformes locales qui pourraient déve-
lopper la prospérité de ces riches contrées,
les chrétiens accueilleraient avec reconnais-
sance cette initiative généreuse; et le Nord
ne contestera pas que la satisfaction des
peuples ne fasse la sécurité des souverains.
CtTCMEVAt-CLARIGNY.
̃̃̃"D'après l' Etendard, la Patrie aurait donné
sur ia réorganisation de l'armée des détails
de nature « à égarer l'opinion publique. »
La Pairie, continue l' Etendard, dit que la durée
du service actif est réduite à six^ans, et que la du-
rée du maintien dans la réservé est également de"
six ans. Cela doit s'entendre que la durée de l'obli-
gation militaire est de six ans en tout, soit dans
l'armée active, soit dans la réserve, et non pas six
années d'activité pins six années de réserve.
La Palpe, dit aussi cas la réserve sera divisée en
deux parties, et que la première pourra être mise
à la disposition du ministre de la guerre pat< décret.
Il y a là une confusion.
Le premier ban de la réserve sera à la disposi-
tion du ministre de la guerre pour remplir les vi-
des du cadre d'activité au fur et à mesure des be-
soins le second ban ne pourra être appelé que par
décret.
Cette disposition est très importante pour la for-
ce réelle de l'armée.
Dans l'é'at actuel, si un régiment est appelé à
un serViee expéditionnaire, en Afrique par exem-
ple, le ministre de la guerre n'a, pour combler les
vides produits par la mort naturelle, la mala-
die, etc., que deux moyens également défectueux
ou de faire rentrer dans les cadres de jeunes re-
crues absolument inexpérimentées, ou de prendre
des soldats exercés dans un autre régiment, en
désorganisant celui:ci. D'après le nouveau système,
l'effecfii' d'activité sera sans cesse complété avec
des soldats du premier ban de la réserve suffisam-
ment exercés, et l'armée active du pied de paix ac-
querra une homogénéité et une solidité beaucoup
plus grandes.
Quant à la garde nationale mobile, nous répétons
qu'en temps de paix, c'est-à-dire tant que la réser-
ve ne sera pas appelée sous les armes, elle sera
dispensée de tout service et de tout déplacement.
Il a circulé plusieurs versions des paroles
d'adieu adressées, par le pape aux officiers
du 85e de ligne. En voici encore une que
nous trouvons dans la Nazione
'Allocution du pape aux -officiers. du 5oa régiment
de ligne français
Avant votre départ, je viens vous faire mes a-
dieux. Votre drapeau a quitté naguère la France
pour venir restaurer le Sàint-Siége. A son départ
de France, il fut accompagné par les vœux unani-
mes de la nation. Il y retourne aujourd'hui. Je crois
qu'un grand nombre de consciences ne le rever-
ront pas cette fois avec satisfaction.
Je désire cependant que le même accueil lui
soit fait à son retour qu'à son départ. J'en doute,
néanmoins. Il ne faut pas se faire illusion. La révo-
lution viendra jusqu'aux portes de Rome. On'a dit
que l'Italie é:ait faite. Non, elle n'est pas faite, et
si elle existe maintenant, c'est qu'en Italie il est en-
core un lambeau de terre où je me trouve.
Quandaura disparu ce lambeau, le drapeau ré-
volutionnaire flottera sur la capitale. Pour me ras-
surer, on cherche a me persuader que Rome, à
raison da sa position, ne peut pas être la capitale
de l'Italie. Je suis tranquille parce que j'ai foi dans
la puissance divine. Pariez pour la France avec mes
hé nédictions.
Que ceux qui peuvent approcher de l'Empereur
luidissnt de ma part que je prie pour lui et pour
les siens, et pour sa tranquillité. Mais, c78 son
côté, il doit faire quelque chose. La France est la
fille aînée de l'Eglise, mais il ne suffit pas de por-
ter uu titre, il faut le justifier par ses actes.
Il est certain que le pape n'a prononcé
que fort peu de mots. Si ses paroles ont une
portée politique, il est certain que le Jour-
nal de Rome ou VOsservatore. romano nous en
feront connaître le texte exact.
Si l'on s'en rapporte à la dépêché suivante
reçue de Berlin; par Y Indépendance belge, les
mesures décrétées contre les officiers de
l'ancienne armée hanovrienne auraient pro-
duit sur le roi Georges l'effet qu'on en at-
tendait
Bruxelles, 10 décembre, soir.
L'Indépendance belge a reçu'de Berlin la" dépêche
suivante ̃"
« On assure que le roi Georges a résolu, tout ré-
cemment, de délier de leur serment les officiers
de l'armée hanovrienne, à la condition que ces of-
ficiers toucheraient leur solde entière. »
range un peu tes richesses dont tu poursuivras
l'examen plus tard. n
Alice s'empressait d'obéir à sa»mère, et d'em-
porter dans sa chambre toutes les somptuosités
de sa corbeille de mariage pendant que Valé-
rie inventoriait avec un regard de commissaire-
priseur tout ce qui l'entourait.
La bonn» tenue du domestique, le luxe franc
du mobilier, le dressoir dont la partie supérieu-
re, fermée par des glaces, laissait voir un ma-
gnifique service d'argenterie, enfin d'autres in-
dices, lui firent comprendre qu'elle était dans
une maison véritablement riche, et mieux que
toutceia, chez des personnes d'une certaine
distinction. Ces avertissements muets, loin de
l'intimider, augmentèrent encore, par une sor-
te d'envie, ses dispositions malveillantes. Aussi
se promit-elle de ne ries épargner pour semer
le trouble et la désolation là où le bonheur de-
vait régner en ce moment.
Le domestique vint la prier de vouloir bien
entrer au salon où Mme de Pradères était prête
a la recevoir..
Valérie s'y présenta avec toute la dignité
d'une jeune première de drame.
Veuillez prendre la peine de vous asseoir,
dit Mrae de Pradères qui lui désignait un fau-
teuil.
Valérie s'installa en jetant un regard singulier
sur Alice restée auprès de s'a mère, et qu'elle
eût bien voulu troSver moins belle et moins dis-
tinguée. Comme elle s'oubliait dans cet examen
intéressé, Mme de'Pradères crut devoir lui dire
qu'elle voulût bien expliquer le but de sa visite
Madame, répondit alors Valérie, vous me
pardonnerez de me présenter ici sans avoir
l'honneur d'être connue de vous mais je viens
de lire dans les journaux l'annonce du mariage
de Mue Alice dePradères, votre fille sans doute,
avec M. Victor Ozanne.
Hé bien, mademoiselle *? répondit Mm* de
Pradères avec surprise. o.
Je viens donc au nom de ma sœur, ma-
dame, vous prévenir que M. Victor Ozanne a
depuis longtemps pris avec elle l'engagement
de l'épouser, et qu'hier encore il lui renouvelait
cette promesse en ma présence.
Alice pâlit à cette révélation,
Mademoiselle, répondit Mrae de Pradères
qui venait de remarquer l'émotion de sa fille, la
nouvelle que vous venez de m' annoncer me pa-
raît si étrange, que vous me permettrez d'éle-
On lit dans VÎnùxacUio'nal, sous la rubri-
que de Hanovre
Un démiftjti officiel vient d'être donné par le
gouverneur prussien à la nouvelle que la Prufse
aurait envoyé une note au cabinet autrichien pour
protester contre Ta présence du roi de Hanovre à
Vienne.
Après les rixes dans les rues entre soldats
prussiens et bourgeois, viennent en Hano-
vre les visites domiciliaires faites par la po-
lide et là force armée. La Gazette au Nord de
Hanovre raconte deux de ces perquisitions
qui n'ont amené., ajoule-t-elle, la décou-
verte d'aucun complot. Nous croyons volon-
tiers qu'il n'y a pas, en effet, dans l'ancien
royaume de Hanovre d'autre complot que la
protestation, tour à tour muette ou violente,
du sentiment national contre la conquête.
On sait que, par un resedt impérial du 4 dé-
cembre, les généraux Benedek, Henikstein,
chef de l'état-major général, et Krismanic
chef du service des opérations de l'armée du
Nord, mis en accusation après la bataille de
Kœniggraëtz, ont été déchargés de toute pour-
suite ultérieure.
Cette marque de clémence de l'empereur
d'Autriche trouve aujourd'hui son.correctif dans
un exposé aussi étrange que curieux qui paraît
en tête de la partie officielle de la Gazette de
Vienne.
Ce document est malheureusement beaucoup
trop long pour qu'il nous soit possible de le re-
produire in extenso. Il est d'ailleurs facile de
l'analyser, car il peut se résumer en peu de
lignes
..« Il serait injuste de punir des généraux
» dont la bonne foi et la bonne volonté ne sau-
» raient être suspectées, puisque les travaux
» de la commission d'enquête, bien et dûment
» vérifiés et approuvés par la haute cour de
» justice militaire, aboutissent à celte conclu-
» sion qu'ils ont fait ce qu'ils ont pu, mais que
» malheureusement ils sont dénués de toute
» capacité, s
L'enquête préliminaire n'a constaté dans les
aelés du feld-maréchal-lieutenant, baron de He-
nikstein et du général de brigade chevalier de Kris-
manic, que des fautes qui se réduisaient à une
fausse appréciation des circonstances et à un de-
gré inférieur de capacité pour prendre leurs dispo-
sitions. ̃ ̃
En ce qtti concerne le général en chef, l'ap-
préciation n'est pas moins sévère
Malgré tout ce qu'il nous en coûte, il faut que
nous répétions que le feidzeugmeister Benedek n'é-
tait pas à la hauteur de sa mission qu'il s'est pro-
duit dans ses plans et dans ses dispositions des fau-
tes qu'il est impossible de justifier d'après les rè-
gles de la stratégie, et qui, considérées en elles-
mêmes, pourraient même offrir, au point de vue
juridique, des motifs pour poursuivre le cours de
la procédure, s'il n'y avait pas des motifs des plus
puissants- qui parlent eh faveur d'une appréciation
moins sévère des choses.
Si dans l'enquête qui a été faite, l'on avait eons-
^té le moindre imdice d'une mauvaise volonté ou
d'une négligence préméditée, l'on n'aurait pas
manqué de donnera la loi son interprétation et son
application la plus sévère. Ce n'est pas à la négli-
gence ou au manque d'énergie, à l'indifférence ou
à l'imprudence que sont dues les fautes qu'a com-
mises Benedek dans la conduite de l'armée.
Personne n'aurait pu aspirer avec une meilleure
volonté et avec plus d'ardeur an succès des armes
de l'Autriche mais des circonstances politiques et
militaires comme celles qui, on le sait, se sont pro-
duites avont et pendant cette guerre malheureuse,
exigeaient, pour se montrrer à leur hauieur, un da
ces hommes de génie si rares dans tous les temps,
et parmi lesquels le général Benedek, aVee toutes
les qualités qui le cfisliaguent comme" soldat, ne
peut plus être compté.
Benedeck avait prévu le coap de verges de
la Gazette de Benne, lorsque, après la bataille,
il s'écriait, [es larmes aux yeux « J'ai perdu
mon ancienne renommée »
Les bourgeois de l'ancienne ville libre de
Francfort ne parviennent que difficilement à se
défaire de leurs vieilles habitudes ils s'agitent
avec impatience dans les liens dont la Prusse
les enveloppe.
Le Journal de Francfort publie une déclara-
tion signée d'un bon nombre des citoyens nota-
bles de la ville. Ces hommes candides, parlant
au nom de la majorité de leurs concitoyens, af-
firment qu'un conseil municipal rééligible de
temps en temps, leur conviendrait mieux que
des conseillers municipaux à vie.
Ils osent même ajouter que le suffrage direct
des citoyens leur paraîtrait conférer aux muni-
ver quelques doutes sur son authenticité. Je
vous prierai donc de vouloir bien préciser un
peu les faits, et me dire depuis quelle époque
existent les relations dont vous parlez.
Elles existent depuis près d'une année,
répondit Valérie qui voulait autant que possi-
ble aggraver les torts du prétendu d'Alice.
Ei sans qu'un seul jour M. Victor Ozan-
ne ait manqué de rendre visite à mademoi-
selle votre sœur ?' `
Oui madame, et sans qu'un seul jour
aussi, il ait manqué de l'entretenir de ses pro-
jets de mariage, ajouta Valérie. ̃
Et votre sœur n'a pas depuis ce temps
cessé d'habiter Paris?
Non, madame.
La mère et la fille échangèrent un sourire à
cette réponse, ce qui parut déconcerter un peu
Valérie.. •
–Mademoiselle, reprit Mmtrde Pradères, ce
que vous me dites est de tout point impossible.
Gomment, madame s'écria Valérie avec
un geste superbe, vous douteriez de mes pa-
roles? ̃
Par la simple raison, mademoiselle, que
M. Victor Ozanne, mon neveu.
-Ah! c'est vous quiètes sa tante, madame?
interrompit Valérie avec étonnement. puis
elle-ajouta en elle-même Je comprends sa con-
duite maintenant.
J'avais l'honneur de vous dire, mademoi-
selle, que ce que vous m'avez dit des assidui-
tés de mon neveu auprès de votre sœur est de
tout point impossible, attendu que mon neveu
habitait Bordeaux depuis quelques années, et
que j'ai la certitude qu'il n'est de retour à Paris
que depuis trois mois.
'3'ai trop voulu prouver, pensa Valérie, un
moment interdite par cette réponse.
Elle reprit avec un admirable aplomb
A mon tour, madame, je vous dirai que
M. Ozanne a pu vous laisser croire qu'il habi-
tait la province pendant qu'il demeurait secrè-
tement à Paris. Il y a, dans ces cas-là, des amis
dévoués qui se chargent volontiers de faire ri-
cocher une lettre.
Vous êtes plus savante que moi, évidem-
ment, mademoiselle, dit Mme de Pradères d'un
ton significatif; mais je dois vous dire qu'il ne
m'est pas permis d'avoir aucun doute à cet
égard. •
Du moment, madame, qu'il vous plaît de
cipaux un mandat plus valable que le choix
d'une commission restreinte et gouvernemen-
tale, etc., etc.
C'est bien mal comprendre le libéralisme de
M. de Bismark.
Les correspondances de Vienne font pré1
voir l'installation prochaine d'un ministère
responsable en Hongrie. L'attitude de la
Diète hongroise, écrit-on à la Bœrsenhalle de
Hambourg, est très modérée, en somme, et
tout proureqfae. cette modération inspire de
plus en plus confiance au gouvernement
et que celui-ci incline de plus en plus à fai-
re à la Hongrie de plus grandes concessions
que celles qui étaient indiquées dans le res-
crit d'ouverture de la Diète.
̃̃̃' Le secrétaire de la râdaeîiOD
E. EAUER.
̃DÉPÊCHES 'ÉLECTRIQUES
Auiï'U'Ue.
Vienne, 10 décembre, soir.
M. Marinowieh, président du Sénat de Serbie, est
arrivé à Vienne. Il est allé présenter ses homma-
ges au ministre des affaires étrangères, M. de
Beust.
La signature du traité de commerce austro-fran-
çais aura lieu demain au ministère des affaires
étrangères. •
̃' Prusse ̃ .̃
Berlin, 10 décembre.
Le roi a conféré l'ordre dei'Aigle-Noif au roi et
au prince royal de Danemark.
Sa Majesté assiste aujourd'hui à la chasse de la
cour, à Kœnigswarterhausen, accompagnéedesprin-
ces, des ambassadeurs de France et d'Angleterre,
ainsi que des ministres, MM. de Bismark, d'Itzen-
plitz et d'Eulenbourg.
Berlin, 10 décembre.
Ghambre des députés.– Dans là discussion sur le
budget de la guerre, le ministre de la guerre dé-
clare que la résolution du parti libéral contient, à
côté de plusieurs choses incontestables, maintes
choses contestables qui pourraient engendrer un
nouveau conflit.. Le ministre se prononce contre
toute allocation qui serait accordée provisoirement,
conformément aux propositions de MM. de Vaerst
etYirchow.
Berlin, 10 décembre, soir.
Chambre des députés. L'ordre du jour porte la
discussion du budget dé la guerre. Les résolutions
arrêtées par les fractions libérales de l'Assemblée
réunissent 165 voix contre 151.
La proposition Reichenheim (tendant à accorder
41,874,548 thalers'de dépenses ordinaires avec ré-
duction de 118, SOI thalers pour l'avenir) est adop-
tée après avoir obtenu l'adhésion du ministre de la
guerre. ..̃
̃ Les autres propositions sont retirées.
La Chambre adopte ensuite les recettes et les
dépenses extraordinaires qui doivent avoir lieu une
seule fois.
îtsiiie
Rome, 10 décembre..
Le 29e régiment français, est parti aujourd'hui
pour Civita-Vecchia,, où il s'embarquera pour la
France.
Toulon, 10 décembre.
Par suite de l'encombrement qui existe au :port
de Civita-Vecchia, la frégate Gomer, quravait re-
tardé son départ pour ce port, n'est partie qu'hier
soir.
La frégate-le Panama a débarqué hier dans notre
port 1,240 hommes du 71e de ligne.
Florence, 10 décembre, soir.
La Gazette .officielle publie un décret royal or-
donnant que les commissaires du roi en Vénétie
cessent leurs fonctions à partir d'aujourd'hui.
Espagne.
Madrid, 10 décembre.
La reine a reçu hier, à. Cindad-Béal, les députa-
tiôns de toutes les villes de la Manche. Plus dé 500
commissions des communes sont venues présenter
leurs hommages à Sa Majesté.
La reine est partie pour Badajoz ce matin à huit
heures. ̃
{Agence Havas-Bullier.)
(Voir plus loin les dernières dépêches.)
fermer les yeux sur l'indigne conduite du mari
que vous donnez à votre fille, de prêter les
mains au lâche abandon d'une femmequi lui a
tout sacrifié et à qui les serments les plus so-
lennels l'engagent, à qui enfin il reviendra tôt
ou tard, soyez-en certaine, car il y a une telle
force dans les liens du sang qu'on peut les mé-
connaître d'abord mais
Que voulez-vous dire? 's'écria Alice
malgré elle.
Vous devez me comprendre dans tous les
cas, je ne demande pas mieux que de vous four-
nir les preuves de ce que j'avance..
Assez, mademoiselle, je ne suis pas ha-
bituée à de semblables conversations. Quant
à mademoiselle votre: sœur, je vous répon-
drai que chaque femme subit les conséquen-
ces de sa conduite, et mon neveu, que je
persiste à croire tout à fait étranger à votre
plainte, n'est pas plus que moi dans l'o-
bligation de répondre à des réclamations qui
font fausse route.
Vous prenez un parti commode, madame,
mais je vous avertis que ma sœur emploiera
tous les moyens pour' obtenir la réparation qui
lui est due.
G'estson droit, mademoiselle, et je n'ai
nulle raison à vous opposer là-dessus.
Ainsi, madame, vous persistez à croire "j
qu'il y a confusion de personne, reprit Vaiérie
en se levant.
Oui, mademoiselle, répondit sèchement
Mm* de Pradères,.
Eh bien, cette carte laissée chez ma
sœur, hier soir, par vetre neveu, vous prouvera
le contraire, j'en ai l'assurance.
Et Valérie présenta à Mm* de Pradères la
carte de visite que le faux Lausanne avait éga-
rée, chez elle, la veille. La mère et la fille res-
tèrent frappées d'une douloureuse surprise de-
vant cette preure matérielle.
Vous voilà convaincue, madame, reprit
Valérie.
Mme de Pradères, très émue, répondit après
une pause
Mademoiselle, bien que je ne vous doive
aucune sympathie en cette occasion, je veux
éclaicir toute cette affaire, et cela seulement
pour savoir si véritablement je compromets
l'avenir de ma fille par ce mariage. Dans 'ce
cas, ce ne serait pas moi, jenpuis vous le pro-
LES PARTIS EN AUTRICHE
Nos lecteurs n'ont pas perJu le souvenir des
intéressantes communications que notre corres-
pondant de Vienne nous a adressées pendant la
dernière guerre. Nous avons la certitude que les
études qu'il veut bien nous Envoyer sur la si-
tuation intérieure de la monarchie autrichienne
ne recevront pas du public un accueil moins fa-
vcrable.
Le secrétaire de la rédaction E. daube.-
̃/̃̃• '•̃̃ ̃'̃'̃' -r ̃̃̃ –••̃̃̃̃ ̃ ̃̃
Les événements, en grande partie impré-
vus, de la dernière guerre avec la Prusse
ont, jusqu'à un certain point, confondu les
vues, les espérances, les projets de la di-
plomaiio européenne. Et, cependant, la si-
tuation générale de l'Europe, quoique gra-
vement altérée, n'est pas aussi compléte-
ment transformée que se l'imaginent- cer-
tains esprits, plus frappés des succès mili-
taires de la Prusse que de l'influence des
résultats que cette guerre a produits sur le
système de la politique intérieure et exté-
rieure des gouvernements européens.
Lé seul résultat véritablement décisif de
la dernière campagne, que l'on peiit regret-
ter ou approuver, mais qui paraît irrévo-
cable, est l'affermissement de la domination
prussienne dans le nord de l'Allemagne.
L'intervention de l'Autriche dans les affai-
res des Etats allemands situés au nord du
Mein, intervention. qui, chaque fois qu'elle
se produisait avec des allures un peu déci-
dées, provoquait des tiraillements, des dis-
cussions et souvent des dépenses onéreuses,
comme c'était le cas dans les conflits de Ja
Hesse-Electorale et dans l'expédition du
Schleswig-Holstein, cette intervention, dis-
je, a pris fin et n'a pas dorénavant sa rai-
son d'être.
Par contre, il n'en est pas ainsi, quoi que
l'on dise, en ce qui touche la question de
l'union des Etats allemands du Sud et celle
de la Confédération germanique en général.
Celles-ci n'ont été que compliquées par la
paix de Prague, et leur solution défini-
tive n'a été que reculée. Le projet de, la
Triade, on, comme on l'a nommé, du Tri-
folium allemand, composé de la Confédé-
ration du Nord, de celle du Sud et de l'Au-
triche allemande, bien qu'il reste encore
au nombre des pia desideria germaniques,
est toujours l'idéal du grand parti libéral
en Allemagne, et il faut convenir que c'est
la seule combinaison politique capable d'as-
surer dans l'avenir, la paix entre les divers s
tribus germaniques, et de garantir le re-
pos, la sécurité et la prospérité de l'Europe
centrale et occidentale.
Les destinées de la monarchie autrichienne
ne peuvent être complétement séparées, ce-
la est .certain, de celles de l'Allemagne en
général. On a beau décréter son exclusion
de la Confédération germanique, on a beau
faire signer des traités, où l'Autriche, s'en-
gage à ne pas participer aux affaires de l'Al-
lemagne l'Autriche ne peut pas se désinté-
resser complètement dés affaires allemandes,
l'Allemagne ne peut, non plus, la repousser
complètement de son sein. La nationalité
d'un tiers au moins des habitants de la mo-
narchie, les traditions historiques et sociales,
les intérêts politiques et commerciaux en
un mot, la nature des choses s'y oppose in-
vinciblement. Mais les destinées de cette
monarchie n'intéressent pas que l'Allema-
gne seule; la constitution géographique et
ethnographique de l'Autriche lui impose
d'autres devoirs et lui confère d'autres
droits dans l'ensemble des Etats euro-
péens, que ceux qu'elle puise dans l'origine
de sa dynastie et d'une partie de sa popu-
lation.
L'existence de l'empire autrichien, on l'a
dit et on ne saurait trop le répéter, est une
nécessité politique en Europe. Sans lui, point
de lien entre tant de peuples et de peupla-
des d'origines diverses, point de grand équi-
libre politique européen possible. Sans lui la
grande vallée danubienne ne serait qu'un
réceptacle, pour un amas de petites natio-
nalités sans aucune cohésion. Si par la rup-
ture du fil qui les rattache à un centre cona-
mettre, qui ferais le moindre effort pour dispu-
ter mon neveu à mademoiselle votre sœur.
J'ose espérer, madame, que vous, me
donnez une parole sérieuse qui me permettra
d'éviter un scandale?
Très sérieuse, mademoiselle.
Valérie Legrand se retira après avoir salué
profondément les deux femmes.
Elle était à peiné sur le palier qu'Alice se je-
tait dans les bras de sa mère, en s'écriant
Maman chère maman, que je suis mal-
heureuse l
VII
F, es fautes dPcan ami
La visite de Valérie avait produit sur Mm£ de
Pradères et sur Alice l'effet d'une sentence de
mort qui surprendrait un innocent au milieu de
ses plus doux rêves d'avenir. Les deux
femmes en étaient restées pâles et trem-
blantes.
Tout le passé de la malheureuse mère se
dressait devant elle avec ses longs jours de'
douleur, et elle frémissait en songeant qu'A-
lice eût pu être condamnée aux mêmes tortu-
res. Elle ressentait pour la première fois cette
terrible émotion que les mères éprouvent quand
leurs filles sont indignement trompées.
Ce n'était point l'humiliation causée par une
défaite d'amour-propre, c'était un sentiment où
la pitié et la colère dominaient à la fois son
cœur se révoltait à la pensée d'une confiance
illimitée si bassement trahie. Et plus, c'était
le propre fils de sa sœur qui se rendait coupa-
ble envers elle et envers sa fille d'une pareille
indignité
Un homme qu'elle avait tenu enfant sur ses
genoux, pour qui elle s'était senti des entrailles
de mère, qu'elle avait embrassé tant de fois
comme on embrasse ses propres enfants qu'elle
avait veillé pendant de longues nuits de mala-
die, et dont elle avait tant de fois respiré le
souffle près de s'éteindre
C'était lui qui brisait le cœur de sa fille en
échange de tant d'affection. Il y avait donc des
mois entiers qu'il partageait ses assiduités entre
Alice et une femme perdue, sans qu'un re-
mords, sans qu'un cri de sa conscience l'ait
averti que sa conduite était déloyale, odieuse 1
Enfin Mme de Pradères sortit de son immobi-
mun, ces peuples s'égrenaient sur cette \&s($*|
surface, ils seraient bientôt écrasés sous§~cig]
talons des géants politiques voisins; qui real
menacent.
Cette nécessité d'un lien commun n'exige
cependant ni le sacrifice de toute individua-
lité de la part des nationalités diverses qui
composent l'empire, ni la domination ex-
clusive d'un ou de deux éléments nationaux
sur tous les autres. Par sa configuration géo-
graphique et sa constitution ethnographi-
que, par la 'diversité d'origine et de" lan-
gue de ses populations, par les traditions
de l'histoire, l'Autriche, aspirant à la liberté
politique et parlementaire, -ne peut avoir
et ne doit même pas supposer la possibi-
lité d'un gouvernement durable autre qu'un
gouvernement fédératif.
Toute autre forme que l'on voudrait lui
imposer ne pourrait tendre qu'à l'absolu-
tisme militaire, religieux et- bureaucratique. >
L'aristocratie territoriale elle-même, encore
si puissante en Autriche, perdrait sous toute
autre forme de gouvernement ses avantages"
politiques; quant à l'élément démocratique,
il n'y aurait pas à songer à le îaire jouir de
ses droits. Le premier principe de la démo-
cratie n'est-il pas celui de l'égalité des droits
[Glcichberechtigung) des citoyens de toute
race et de toute condition? Il n'y a donc que
le système fédératif qui puisse donner satis-
faction aux exigences de ce principe, de ce
besoin, dans un état composé comme l'est
la monarchie autrichienne. ̃" ̃
Cette vérité n'a été cependant reconnue et
n'a commencé à être mise en pratique en
Autriche qu'après la guerre de 'l 859. Le di-
plôme du mois d'octobre 1860, publié sous
le' ministère du comte Goluchowski, a le
premier donrié pour base aune représenta-
tion nationale générale de l'empire une cer- <
taine autonomie des pays de la couronne (pro-
vinces). Chacun de ces pays devait recevoir
un statut organique particulier rfglant la
formation d'une assemblée représentative
locale, conforme aux traditions, aux besoins
et aux influences sociales qui y prédomi-
naient. La Hongrie, notamment, y recevait t
la promesse du rétablissement de sa consti-
tution particulière, sous condition, bien en-
tendu, de modifications qui lui permissent
de concourir à la représentation générale de
la monarchie par les délégués de la Diète
hongroise.
La publication de ces statuts commencée,
vers la fin de la même année, fui interrom-
pue par une révolution ministérielle susci-
tée par l'opposition d'un parti qui reçut le
nom de parti centraliste allemand. Ce parti
se recrutait surtout du personnel de la bu-
reaucratie allemande à Vienne et dans les
provinces, et des bourgeois-dé Vienne dési-
rant assurer à leurs fils, élevés dans les di-
verses institutions du gouvernement dans
la capitale, la carrière des emplois adminis-
tratifs. Il était dirigé par quelques puWicis-
tes prônant la germanisation violente des
provinces slaves, madgyares et roumaines.
Ce parti fit du libéralisme en théorie, ac--
cusa les statuts publiés de tendances féoda-.
les, trouva de l'appui auprès des anciens
membres du Parlement de Francfort de
'1 848 à la tête desquels s'était placé M. de
Schmerling, ancien ministre de l'éphémère
Empire germanique de la même date; et,
grâce à la protection de quelques personna-
ges militaires de haut rang et de quelques
membres du haut clergé, il gagna accès à la
cour et parvint à s'insinuer dans la confian-
ce de l'empereur. Le ministère fut changé
M. de Schmerling et d'autres membres du
parti centraliste, furent appelés au pouvoir.
La patente de février 4861 qui créa deux
reichsraths, pleinier et restreint, parut accom-
pagnée des nouveaux statuts provinciaux
taillés tous sur le même patron, mais favo-
risant partout l'élément allemand ou bu-
reaucratique au détriment des autres élé-
ments nationaux dans les provinces. La
Constitution artificielle de février a fonc-
tionné pendant quatre ans, le ministère
Schmerling a réuni à plusieurs reprises le
Reichsrath restreint; mais par suite de la
résistance absolue des Hongrois et des Vé-
Kté, entoura Alice de ses,bras,'et la regardant
avec admiration, elle s'écria
Non! non I cette femme a menti, Victor
ne saurait te préférer une autre femme..
Ah! ma mère, puissiez-vous dire la vérité,
car j'ai le cœur tout' meurtri de ce qui vient
de se passer.
Les paroles de cette fille sont pleines de
contradictions, reprit Mmo de Pradères, et il
vaut mieux ne pas y croire si légèrement.
Une carte, de visite peut tomber entre les
mains de tout le monde, et d'ailleurs c'est la
seule preuve qu'elle apporte.
Oui, maman, vous avez raison.
Attendons les explications de Victor avant
de nous désespérer. Et si, contre toute vrai-
semblance, cette fille avait dit la vérité,, seule-
ment alors il faudrait, autant par dignité que
par raison, rompre avec l'idée de ce mariage.
Oh! maman fit douloureusement Alice.
Ma pauvre enfant, tu n'ignores pas combien
je vç>us aime, ta sœur et toi Eh bien je pré-
férerais mille fois vous voir mortes que de vous
voir aussi malheureuses que je l'ai été.
Maman, ne calomniez pas trop la vie ne
désespérez pas vos enfants. '-̃
Ma pauvre Alice, tu es déjà disposée à me
croire injuste, dit avec une profonde tristesse
Mmo de Pradères.
Non, maman. non. mais.
Mais tu aimes à ce point Victor, que tu es
prête à lui pardonner ses trahisons et à compo-
ser avec lui? Ma chère 'enfant, crois-moi, c'est f,
une voie dangereuse, et dans laquelle une jeu-
ne fille née honorablement et élevée de même
ne doit jamais entrer. Une femme mariée avec
toutes ses illusions subit les conséquences de-
I son mariage le monde, qui lui en fait un de-
voir, l'entoure de ses sympathies. Mais que
doit-il à celle qui se fait sciemment une exis-
tence où elle devra disputer à des courtisanes
le cœur de son mari, et quelquefois la fortune
et jusqu'au pain de ses enfants àdes enfants il-
f légitimes!
[ légitimes! '̃
Ma mère, vous êtes bonne, vous m'éclâi-
| rez sur les affreuses conséquences d'une sem-
i blabîe position. Vous avez raison, et s'il est
vrai que Victor nous ait trompées;eh bien,
| eh bien.
Alice ne put achever et elle fonditen lar-
mes/ >.
| mes,~ Georges FATH.
3 MOIS (Paris et dé? artementdelaSeias) f 3fr# §0
ANNONCES, 8, PL. DE U BOURSE. ET 7, RUE CfiQ-HÉROS
Mercredi 1£ décembre -.1.8^6
-3 MOIS (iiépaiie^s). 16fr:
BUREAUX D'ABONNEMENT, I2Î, RUE MONTMARTRE
̃ Tout ee qui concerne l'Administration du Jourcal doit être adressé au Gérant
L'Admiwskation se réserve le droit de ^nodifier la rédaction des Annonces
3I« Aiin.ee
MM. les abonnés dont l'abonnement expire
le 15 décembre, sont priés de le renouveler
de suite, s'ils ne veulent pas éprouver de
retard dans la réception dû journal.
Les abonnés nouveaux recevront .ce qui a
paru de la Chanteuse des Rues [Marina .la
Vielleuse), roman, par M.Ançand Làpointe,
et du roman de M. Georges Fath, les
AMOWîS DE PASSAGE. ̃ V •
~~fii^~p%l~.a"'SSi92i'F!6~5~ '.ERG:T3F~iCSR
PARIS, 1 1 DÉCEMBRE 1866
Voir une paille dans l'œil de son voisin
et ne pas voir une poulre dans le sien de-
meurera éternellement vrai.
La Francedi attribué aux «encouragements,
aux secours, aux impulsions de la. Russie »,
la longue durée de l'insurrection Cretoise.
Le Nord a pris feu immédiatement, et, après
avoir discuté avec amertume ce qu'ii ap-
pelle un véritable acte d'accusation contre
la Russie, il termine par les réflexions.sui-
vantes ï; ̃ • "•
Nous n'insisterons pas longuement sur la gravité
que présentent au point de vue des relations enti-ts-
les gouvernements des insinuations perfides du
genre de celles de la France. Elles troublent la eon-
liancè réciproque des nations et font naître la mé-
sintelligence el des contlits là où il suffirait d'ex-
plications franchement données et loyalement ac-
ceptées pour maintenir entre les puissances une
amitié si désirable pour la paix du monde.
Voilà qui est parler d'or. Que"faisait ce-
pendant le Nord, il y -a-- trois jours, dans un
article que nous avons combattu ? Il signa-
lait, dans làcréation d'une assemblée con-
sultative en Egypte, une intrigue de; la Fran-
ce il en prenait texte pour accuser le gou-
vernement français de souffler la discorde
en Orient et de heurter les intérêts des au-
tres puissances afin de faire naître des com-
plications européennes. Tout cela, parce que
le pacha d'Egypte a pris l'avis de soixante
ou quatre-vingts cheiks sur diverses ques-
tions d'administration locale.
N'étàient-ce pas là des insinuations au
moins aussi gratuites et aussi perfides que
celles que le Nord reproche à la France?
Non-seufemerrt,ie Nord a eu ce tort, mais il y
persiste car, en nous répondant, il a réitéré
contre le gouvernement français ï' accusation
«de vouloir résoudre la question d'Orient en
se mettant en opposition à la fois avec les
autres puissances intéressées et avec l'état
social et politique de ces pays, si peu aptes
à recevoir les institutions occidentales qu'elle
veut y transplanter. »
Ces accusations du Nord sont d'autant
plus injustes que la politique française n'é-
pargne rien, depuis plusieurs mois, pour
éteindre tous les brandons de discorde qu'on,
allume en Orient.. Pour y assurer le maintien
de la tranquillité, pour prévenir toute com-
plication européenne', elle n'a pas hésité à
courir le risque de refroidir momentané-
ment, par la netteté et la fermeté de son
langage, les sympathies traditionnelles des
populations Jielléniques. Au lieu de flatter
les passions des Greès, pour se/faire de leurs
entraînements un moyen d'influence, elle
leur a fait eniendre la vérité avec cette fran-
chise qui'est le propre d'une affection sin-
cère/
Le 'Nord demande qu'on lui montré où est
la main de la Russie dans les agitations-dont
l'empiré turc est le théâtre. Nous lui ren-
voyons la question; et nous lui demandons
où est, dans ce qui se passe en Egypte, la
main de cette France, qu'il accuse de «pous-
ser le vice-roi » dans une voie fatale?
L'initiative que le vice-roi a prise lui ap-
partient tout entière mais l'essai qu'il fait
devait nécessairement obtenir toutes les
sympathies françaises. Il n'est point ques-
tion de tenter rien de semblable à Gonstan-
tinople, mais si le sultan avait, un jour
cette bonne pensée, il ne mériterait et ne
recevrait que des encouragements.
Nous maintenons, malgré les sarcasmes
FECHXETQN Bl LA PRESSE
DB 12 BÉCEMBBS 1866 ;̃
LES -AMOURS DE -PASSAGE
̃ Maintenant que le voilà rivé à Saint-Ger-
main jusqu'à quatre heures, dit Valérie, "et que
̃ nousavons de plus mis un espion sur ses traces,
nousallons voir un bu deux appartements pour
une raison que tu sauras plus tard, puis ntus
retournerons immédiatement à Paris. Là, j'au-
rai^ je té-lé promets, bouleversé le mariage de
ce grand Tartuffe avant qu'il ne songe à venir
y mettre obstacle.
En effet, deux heures sonnaient à peine à
l'embarcadère de la rue Saint-Lazare, que les
deux sœurs rentraient à Paris.
Retourne à la maison dit Valérie à Agathe,
je vais sans perdre de temps aller voir le mu-
seau de M118 Alice dePradères, car j'ai une
envie, terrible de lui chanter les louanges de
son prétendu.
Valérie prit une voiture de remise dans la
rue d'Amsterdam et se fit conduire à grande
vitesse au numéro .8 de la rue de Richelieu.
Mme de Pradères souriait encore en son-
geant à Barazër, et Alice se complaisait dans les
occupation» charmantes d'une jeune fille qui
es.t à la veille de se marier, quand on leur an-
nonça la visité, aussi peu gracieuse qu'inatten-
due de M119 Valérie Legrand.
-^Mademoiselle Legrand ? dit Mme de Pra-
dères aa domestique. je ne connais'personne
de ce nom. Est-ce quelqu'un d'âgé?.
Non, madame, c'est une personne très jolie
et qui n'a guère plus de vingt-deux ans.
-–Faites attendre un moment dans la salle
â manger.
Dois-je me retirer ? dit Alice à sa nîère.
Du tout. du tout Je n'ai point d'affaires
secrètes pour toi, ma chère filie, seulement
Ce roman petit être reproduit par les journaux
qgientun traité avec la Société des Gens de let-
tres. Tradition réseryee.
du Nord, que si le sultan donnait aux diver-
ses populations de son empire un moyen
légal et régulier de faire arriver leurs vœux
jusqu'à lui, et de faire connaître leur senti-
ment sur les améliorations matérielles et sur
les réformes locales qui pourraient déve-
lopper la prospérité de ces riches contrées,
les chrétiens accueilleraient avec reconnais-
sance cette initiative généreuse; et le Nord
ne contestera pas que la satisfaction des
peuples ne fasse la sécurité des souverains.
CtTCMEVAt-CLARIGNY.
̃̃̃"D'après l' Etendard, la Patrie aurait donné
sur ia réorganisation de l'armée des détails
de nature « à égarer l'opinion publique. »
La Pairie, continue l' Etendard, dit que la durée
du service actif est réduite à six^ans, et que la du-
rée du maintien dans la réservé est également de"
six ans. Cela doit s'entendre que la durée de l'obli-
gation militaire est de six ans en tout, soit dans
l'armée active, soit dans la réserve, et non pas six
années d'activité pins six années de réserve.
La Palpe, dit aussi cas la réserve sera divisée en
deux parties, et que la première pourra être mise
à la disposition du ministre de la guerre pat< décret.
Il y a là une confusion.
Le premier ban de la réserve sera à la disposi-
tion du ministre de la guerre pour remplir les vi-
des du cadre d'activité au fur et à mesure des be-
soins le second ban ne pourra être appelé que par
décret.
Cette disposition est très importante pour la for-
ce réelle de l'armée.
Dans l'é'at actuel, si un régiment est appelé à
un serViee expéditionnaire, en Afrique par exem-
ple, le ministre de la guerre n'a, pour combler les
vides produits par la mort naturelle, la mala-
die, etc., que deux moyens également défectueux
ou de faire rentrer dans les cadres de jeunes re-
crues absolument inexpérimentées, ou de prendre
des soldats exercés dans un autre régiment, en
désorganisant celui:ci. D'après le nouveau système,
l'effecfii' d'activité sera sans cesse complété avec
des soldats du premier ban de la réserve suffisam-
ment exercés, et l'armée active du pied de paix ac-
querra une homogénéité et une solidité beaucoup
plus grandes.
Quant à la garde nationale mobile, nous répétons
qu'en temps de paix, c'est-à-dire tant que la réser-
ve ne sera pas appelée sous les armes, elle sera
dispensée de tout service et de tout déplacement.
Il a circulé plusieurs versions des paroles
d'adieu adressées, par le pape aux officiers
du 85e de ligne. En voici encore une que
nous trouvons dans la Nazione
'Allocution du pape aux -officiers. du 5oa régiment
de ligne français
Avant votre départ, je viens vous faire mes a-
dieux. Votre drapeau a quitté naguère la France
pour venir restaurer le Sàint-Siége. A son départ
de France, il fut accompagné par les vœux unani-
mes de la nation. Il y retourne aujourd'hui. Je crois
qu'un grand nombre de consciences ne le rever-
ront pas cette fois avec satisfaction.
Je désire cependant que le même accueil lui
soit fait à son retour qu'à son départ. J'en doute,
néanmoins. Il ne faut pas se faire illusion. La révo-
lution viendra jusqu'aux portes de Rome. On'a dit
que l'Italie é:ait faite. Non, elle n'est pas faite, et
si elle existe maintenant, c'est qu'en Italie il est en-
core un lambeau de terre où je me trouve.
Quandaura disparu ce lambeau, le drapeau ré-
volutionnaire flottera sur la capitale. Pour me ras-
surer, on cherche a me persuader que Rome, à
raison da sa position, ne peut pas être la capitale
de l'Italie. Je suis tranquille parce que j'ai foi dans
la puissance divine. Pariez pour la France avec mes
hé nédictions.
Que ceux qui peuvent approcher de l'Empereur
luidissnt de ma part que je prie pour lui et pour
les siens, et pour sa tranquillité. Mais, c78 son
côté, il doit faire quelque chose. La France est la
fille aînée de l'Eglise, mais il ne suffit pas de por-
ter uu titre, il faut le justifier par ses actes.
Il est certain que le pape n'a prononcé
que fort peu de mots. Si ses paroles ont une
portée politique, il est certain que le Jour-
nal de Rome ou VOsservatore. romano nous en
feront connaître le texte exact.
Si l'on s'en rapporte à la dépêché suivante
reçue de Berlin; par Y Indépendance belge, les
mesures décrétées contre les officiers de
l'ancienne armée hanovrienne auraient pro-
duit sur le roi Georges l'effet qu'on en at-
tendait
Bruxelles, 10 décembre, soir.
L'Indépendance belge a reçu'de Berlin la" dépêche
suivante ̃"
« On assure que le roi Georges a résolu, tout ré-
cemment, de délier de leur serment les officiers
de l'armée hanovrienne, à la condition que ces of-
ficiers toucheraient leur solde entière. »
range un peu tes richesses dont tu poursuivras
l'examen plus tard. n
Alice s'empressait d'obéir à sa»mère, et d'em-
porter dans sa chambre toutes les somptuosités
de sa corbeille de mariage pendant que Valé-
rie inventoriait avec un regard de commissaire-
priseur tout ce qui l'entourait.
La bonn» tenue du domestique, le luxe franc
du mobilier, le dressoir dont la partie supérieu-
re, fermée par des glaces, laissait voir un ma-
gnifique service d'argenterie, enfin d'autres in-
dices, lui firent comprendre qu'elle était dans
une maison véritablement riche, et mieux que
toutceia, chez des personnes d'une certaine
distinction. Ces avertissements muets, loin de
l'intimider, augmentèrent encore, par une sor-
te d'envie, ses dispositions malveillantes. Aussi
se promit-elle de ne ries épargner pour semer
le trouble et la désolation là où le bonheur de-
vait régner en ce moment.
Le domestique vint la prier de vouloir bien
entrer au salon où Mme de Pradères était prête
a la recevoir..
Valérie s'y présenta avec toute la dignité
d'une jeune première de drame.
Veuillez prendre la peine de vous asseoir,
dit Mrae de Pradères qui lui désignait un fau-
teuil.
Valérie s'installa en jetant un regard singulier
sur Alice restée auprès de s'a mère, et qu'elle
eût bien voulu troSver moins belle et moins dis-
tinguée. Comme elle s'oubliait dans cet examen
intéressé, Mme de'Pradères crut devoir lui dire
qu'elle voulût bien expliquer le but de sa visite
Madame, répondit alors Valérie, vous me
pardonnerez de me présenter ici sans avoir
l'honneur d'être connue de vous mais je viens
de lire dans les journaux l'annonce du mariage
de Mue Alice dePradères, votre fille sans doute,
avec M. Victor Ozanne.
Hé bien, mademoiselle *? répondit Mm* de
Pradères avec surprise. o.
Je viens donc au nom de ma sœur, ma-
dame, vous prévenir que M. Victor Ozanne a
depuis longtemps pris avec elle l'engagement
de l'épouser, et qu'hier encore il lui renouvelait
cette promesse en ma présence.
Alice pâlit à cette révélation,
Mademoiselle, répondit Mrae de Pradères
qui venait de remarquer l'émotion de sa fille, la
nouvelle que vous venez de m' annoncer me pa-
raît si étrange, que vous me permettrez d'éle-
On lit dans VÎnùxacUio'nal, sous la rubri-
que de Hanovre
Un démiftjti officiel vient d'être donné par le
gouverneur prussien à la nouvelle que la Prufse
aurait envoyé une note au cabinet autrichien pour
protester contre Ta présence du roi de Hanovre à
Vienne.
Après les rixes dans les rues entre soldats
prussiens et bourgeois, viennent en Hano-
vre les visites domiciliaires faites par la po-
lide et là force armée. La Gazette au Nord de
Hanovre raconte deux de ces perquisitions
qui n'ont amené., ajoule-t-elle, la décou-
verte d'aucun complot. Nous croyons volon-
tiers qu'il n'y a pas, en effet, dans l'ancien
royaume de Hanovre d'autre complot que la
protestation, tour à tour muette ou violente,
du sentiment national contre la conquête.
On sait que, par un resedt impérial du 4 dé-
cembre, les généraux Benedek, Henikstein,
chef de l'état-major général, et Krismanic
chef du service des opérations de l'armée du
Nord, mis en accusation après la bataille de
Kœniggraëtz, ont été déchargés de toute pour-
suite ultérieure.
Cette marque de clémence de l'empereur
d'Autriche trouve aujourd'hui son.correctif dans
un exposé aussi étrange que curieux qui paraît
en tête de la partie officielle de la Gazette de
Vienne.
Ce document est malheureusement beaucoup
trop long pour qu'il nous soit possible de le re-
produire in extenso. Il est d'ailleurs facile de
l'analyser, car il peut se résumer en peu de
lignes
..« Il serait injuste de punir des généraux
» dont la bonne foi et la bonne volonté ne sau-
» raient être suspectées, puisque les travaux
» de la commission d'enquête, bien et dûment
» vérifiés et approuvés par la haute cour de
» justice militaire, aboutissent à celte conclu-
» sion qu'ils ont fait ce qu'ils ont pu, mais que
» malheureusement ils sont dénués de toute
» capacité, s
L'enquête préliminaire n'a constaté dans les
aelés du feld-maréchal-lieutenant, baron de He-
nikstein et du général de brigade chevalier de Kris-
manic, que des fautes qui se réduisaient à une
fausse appréciation des circonstances et à un de-
gré inférieur de capacité pour prendre leurs dispo-
sitions. ̃ ̃
En ce qtti concerne le général en chef, l'ap-
préciation n'est pas moins sévère
Malgré tout ce qu'il nous en coûte, il faut que
nous répétions que le feidzeugmeister Benedek n'é-
tait pas à la hauteur de sa mission qu'il s'est pro-
duit dans ses plans et dans ses dispositions des fau-
tes qu'il est impossible de justifier d'après les rè-
gles de la stratégie, et qui, considérées en elles-
mêmes, pourraient même offrir, au point de vue
juridique, des motifs pour poursuivre le cours de
la procédure, s'il n'y avait pas des motifs des plus
puissants- qui parlent eh faveur d'une appréciation
moins sévère des choses.
Si dans l'enquête qui a été faite, l'on avait eons-
^té le moindre imdice d'une mauvaise volonté ou
d'une négligence préméditée, l'on n'aurait pas
manqué de donnera la loi son interprétation et son
application la plus sévère. Ce n'est pas à la négli-
gence ou au manque d'énergie, à l'indifférence ou
à l'imprudence que sont dues les fautes qu'a com-
mises Benedek dans la conduite de l'armée.
Personne n'aurait pu aspirer avec une meilleure
volonté et avec plus d'ardeur an succès des armes
de l'Autriche mais des circonstances politiques et
militaires comme celles qui, on le sait, se sont pro-
duites avont et pendant cette guerre malheureuse,
exigeaient, pour se montrrer à leur hauieur, un da
ces hommes de génie si rares dans tous les temps,
et parmi lesquels le général Benedek, aVee toutes
les qualités qui le cfisliaguent comme" soldat, ne
peut plus être compté.
Benedeck avait prévu le coap de verges de
la Gazette de Benne, lorsque, après la bataille,
il s'écriait, [es larmes aux yeux « J'ai perdu
mon ancienne renommée »
Les bourgeois de l'ancienne ville libre de
Francfort ne parviennent que difficilement à se
défaire de leurs vieilles habitudes ils s'agitent
avec impatience dans les liens dont la Prusse
les enveloppe.
Le Journal de Francfort publie une déclara-
tion signée d'un bon nombre des citoyens nota-
bles de la ville. Ces hommes candides, parlant
au nom de la majorité de leurs concitoyens, af-
firment qu'un conseil municipal rééligible de
temps en temps, leur conviendrait mieux que
des conseillers municipaux à vie.
Ils osent même ajouter que le suffrage direct
des citoyens leur paraîtrait conférer aux muni-
ver quelques doutes sur son authenticité. Je
vous prierai donc de vouloir bien préciser un
peu les faits, et me dire depuis quelle époque
existent les relations dont vous parlez.
Elles existent depuis près d'une année,
répondit Valérie qui voulait autant que possi-
ble aggraver les torts du prétendu d'Alice.
Ei sans qu'un seul jour M. Victor Ozan-
ne ait manqué de rendre visite à mademoi-
selle votre sœur ?' `
Oui madame, et sans qu'un seul jour
aussi, il ait manqué de l'entretenir de ses pro-
jets de mariage, ajouta Valérie. ̃
Et votre sœur n'a pas depuis ce temps
cessé d'habiter Paris?
Non, madame.
La mère et la fille échangèrent un sourire à
cette réponse, ce qui parut déconcerter un peu
Valérie.. •
–Mademoiselle, reprit Mmtrde Pradères, ce
que vous me dites est de tout point impossible.
Gomment, madame s'écria Valérie avec
un geste superbe, vous douteriez de mes pa-
roles? ̃
Par la simple raison, mademoiselle, que
M. Victor Ozanne, mon neveu.
-Ah! c'est vous quiètes sa tante, madame?
interrompit Valérie avec étonnement. puis
elle-ajouta en elle-même Je comprends sa con-
duite maintenant.
J'avais l'honneur de vous dire, mademoi-
selle, que ce que vous m'avez dit des assidui-
tés de mon neveu auprès de votre sœur est de
tout point impossible, attendu que mon neveu
habitait Bordeaux depuis quelques années, et
que j'ai la certitude qu'il n'est de retour à Paris
que depuis trois mois.
'3'ai trop voulu prouver, pensa Valérie, un
moment interdite par cette réponse.
Elle reprit avec un admirable aplomb
A mon tour, madame, je vous dirai que
M. Ozanne a pu vous laisser croire qu'il habi-
tait la province pendant qu'il demeurait secrè-
tement à Paris. Il y a, dans ces cas-là, des amis
dévoués qui se chargent volontiers de faire ri-
cocher une lettre.
Vous êtes plus savante que moi, évidem-
ment, mademoiselle, dit Mme de Pradères d'un
ton significatif; mais je dois vous dire qu'il ne
m'est pas permis d'avoir aucun doute à cet
égard. •
Du moment, madame, qu'il vous plaît de
cipaux un mandat plus valable que le choix
d'une commission restreinte et gouvernemen-
tale, etc., etc.
C'est bien mal comprendre le libéralisme de
M. de Bismark.
Les correspondances de Vienne font pré1
voir l'installation prochaine d'un ministère
responsable en Hongrie. L'attitude de la
Diète hongroise, écrit-on à la Bœrsenhalle de
Hambourg, est très modérée, en somme, et
tout proureqfae. cette modération inspire de
plus en plus confiance au gouvernement
et que celui-ci incline de plus en plus à fai-
re à la Hongrie de plus grandes concessions
que celles qui étaient indiquées dans le res-
crit d'ouverture de la Diète.
̃̃̃' Le secrétaire de la râdaeîiOD
E. EAUER.
̃DÉPÊCHES 'ÉLECTRIQUES
Auiï'U'Ue.
Vienne, 10 décembre, soir.
M. Marinowieh, président du Sénat de Serbie, est
arrivé à Vienne. Il est allé présenter ses homma-
ges au ministre des affaires étrangères, M. de
Beust.
La signature du traité de commerce austro-fran-
çais aura lieu demain au ministère des affaires
étrangères. •
̃' Prusse ̃ .̃
Berlin, 10 décembre.
Le roi a conféré l'ordre dei'Aigle-Noif au roi et
au prince royal de Danemark.
Sa Majesté assiste aujourd'hui à la chasse de la
cour, à Kœnigswarterhausen, accompagnéedesprin-
ces, des ambassadeurs de France et d'Angleterre,
ainsi que des ministres, MM. de Bismark, d'Itzen-
plitz et d'Eulenbourg.
Berlin, 10 décembre.
Ghambre des députés.– Dans là discussion sur le
budget de la guerre, le ministre de la guerre dé-
clare que la résolution du parti libéral contient, à
côté de plusieurs choses incontestables, maintes
choses contestables qui pourraient engendrer un
nouveau conflit.. Le ministre se prononce contre
toute allocation qui serait accordée provisoirement,
conformément aux propositions de MM. de Vaerst
etYirchow.
Berlin, 10 décembre, soir.
Chambre des députés. L'ordre du jour porte la
discussion du budget dé la guerre. Les résolutions
arrêtées par les fractions libérales de l'Assemblée
réunissent 165 voix contre 151.
La proposition Reichenheim (tendant à accorder
41,874,548 thalers'de dépenses ordinaires avec ré-
duction de 118, SOI thalers pour l'avenir) est adop-
tée après avoir obtenu l'adhésion du ministre de la
guerre. ..̃
̃ Les autres propositions sont retirées.
La Chambre adopte ensuite les recettes et les
dépenses extraordinaires qui doivent avoir lieu une
seule fois.
îtsiiie
Rome, 10 décembre..
Le 29e régiment français, est parti aujourd'hui
pour Civita-Vecchia,, où il s'embarquera pour la
France.
Toulon, 10 décembre.
Par suite de l'encombrement qui existe au :port
de Civita-Vecchia, la frégate Gomer, quravait re-
tardé son départ pour ce port, n'est partie qu'hier
soir.
La frégate-le Panama a débarqué hier dans notre
port 1,240 hommes du 71e de ligne.
Florence, 10 décembre, soir.
La Gazette .officielle publie un décret royal or-
donnant que les commissaires du roi en Vénétie
cessent leurs fonctions à partir d'aujourd'hui.
Espagne.
Madrid, 10 décembre.
La reine a reçu hier, à. Cindad-Béal, les députa-
tiôns de toutes les villes de la Manche. Plus dé 500
commissions des communes sont venues présenter
leurs hommages à Sa Majesté.
La reine est partie pour Badajoz ce matin à huit
heures. ̃
{Agence Havas-Bullier.)
(Voir plus loin les dernières dépêches.)
fermer les yeux sur l'indigne conduite du mari
que vous donnez à votre fille, de prêter les
mains au lâche abandon d'une femmequi lui a
tout sacrifié et à qui les serments les plus so-
lennels l'engagent, à qui enfin il reviendra tôt
ou tard, soyez-en certaine, car il y a une telle
force dans les liens du sang qu'on peut les mé-
connaître d'abord mais
Que voulez-vous dire? 's'écria Alice
malgré elle.
Vous devez me comprendre dans tous les
cas, je ne demande pas mieux que de vous four-
nir les preuves de ce que j'avance..
Assez, mademoiselle, je ne suis pas ha-
bituée à de semblables conversations. Quant
à mademoiselle votre: sœur, je vous répon-
drai que chaque femme subit les conséquen-
ces de sa conduite, et mon neveu, que je
persiste à croire tout à fait étranger à votre
plainte, n'est pas plus que moi dans l'o-
bligation de répondre à des réclamations qui
font fausse route.
Vous prenez un parti commode, madame,
mais je vous avertis que ma sœur emploiera
tous les moyens pour' obtenir la réparation qui
lui est due.
G'estson droit, mademoiselle, et je n'ai
nulle raison à vous opposer là-dessus.
Ainsi, madame, vous persistez à croire "j
qu'il y a confusion de personne, reprit Vaiérie
en se levant.
Oui, mademoiselle, répondit sèchement
Mm* de Pradères,.
Eh bien, cette carte laissée chez ma
sœur, hier soir, par vetre neveu, vous prouvera
le contraire, j'en ai l'assurance.
Et Valérie présenta à Mm* de Pradères la
carte de visite que le faux Lausanne avait éga-
rée, chez elle, la veille. La mère et la fille res-
tèrent frappées d'une douloureuse surprise de-
vant cette preure matérielle.
Vous voilà convaincue, madame, reprit
Valérie.
Mme de Pradères, très émue, répondit après
une pause
Mademoiselle, bien que je ne vous doive
aucune sympathie en cette occasion, je veux
éclaicir toute cette affaire, et cela seulement
pour savoir si véritablement je compromets
l'avenir de ma fille par ce mariage. Dans 'ce
cas, ce ne serait pas moi, jenpuis vous le pro-
LES PARTIS EN AUTRICHE
Nos lecteurs n'ont pas perJu le souvenir des
intéressantes communications que notre corres-
pondant de Vienne nous a adressées pendant la
dernière guerre. Nous avons la certitude que les
études qu'il veut bien nous Envoyer sur la si-
tuation intérieure de la monarchie autrichienne
ne recevront pas du public un accueil moins fa-
vcrable.
Le secrétaire de la rédaction E. daube.-
̃/̃̃• '•̃̃ ̃'̃'̃' -r ̃̃̃ –••̃̃̃̃ ̃ ̃̃
Les événements, en grande partie impré-
vus, de la dernière guerre avec la Prusse
ont, jusqu'à un certain point, confondu les
vues, les espérances, les projets de la di-
plomaiio européenne. Et, cependant, la si-
tuation générale de l'Europe, quoique gra-
vement altérée, n'est pas aussi compléte-
ment transformée que se l'imaginent- cer-
tains esprits, plus frappés des succès mili-
taires de la Prusse que de l'influence des
résultats que cette guerre a produits sur le
système de la politique intérieure et exté-
rieure des gouvernements européens.
Lé seul résultat véritablement décisif de
la dernière campagne, que l'on peiit regret-
ter ou approuver, mais qui paraît irrévo-
cable, est l'affermissement de la domination
prussienne dans le nord de l'Allemagne.
L'intervention de l'Autriche dans les affai-
res des Etats allemands situés au nord du
Mein, intervention. qui, chaque fois qu'elle
se produisait avec des allures un peu déci-
dées, provoquait des tiraillements, des dis-
cussions et souvent des dépenses onéreuses,
comme c'était le cas dans les conflits de Ja
Hesse-Electorale et dans l'expédition du
Schleswig-Holstein, cette intervention, dis-
je, a pris fin et n'a pas dorénavant sa rai-
son d'être.
Par contre, il n'en est pas ainsi, quoi que
l'on dise, en ce qui touche la question de
l'union des Etats allemands du Sud et celle
de la Confédération germanique en général.
Celles-ci n'ont été que compliquées par la
paix de Prague, et leur solution défini-
tive n'a été que reculée. Le projet de, la
Triade, on, comme on l'a nommé, du Tri-
folium allemand, composé de la Confédé-
ration du Nord, de celle du Sud et de l'Au-
triche allemande, bien qu'il reste encore
au nombre des pia desideria germaniques,
est toujours l'idéal du grand parti libéral
en Allemagne, et il faut convenir que c'est
la seule combinaison politique capable d'as-
surer dans l'avenir, la paix entre les divers s
tribus germaniques, et de garantir le re-
pos, la sécurité et la prospérité de l'Europe
centrale et occidentale.
Les destinées de la monarchie autrichienne
ne peuvent être complétement séparées, ce-
la est .certain, de celles de l'Allemagne en
général. On a beau décréter son exclusion
de la Confédération germanique, on a beau
faire signer des traités, où l'Autriche, s'en-
gage à ne pas participer aux affaires de l'Al-
lemagne l'Autriche ne peut pas se désinté-
resser complètement dés affaires allemandes,
l'Allemagne ne peut, non plus, la repousser
complètement de son sein. La nationalité
d'un tiers au moins des habitants de la mo-
narchie, les traditions historiques et sociales,
les intérêts politiques et commerciaux en
un mot, la nature des choses s'y oppose in-
vinciblement. Mais les destinées de cette
monarchie n'intéressent pas que l'Allema-
gne seule; la constitution géographique et
ethnographique de l'Autriche lui impose
d'autres devoirs et lui confère d'autres
droits dans l'ensemble des Etats euro-
péens, que ceux qu'elle puise dans l'origine
de sa dynastie et d'une partie de sa popu-
lation.
L'existence de l'empire autrichien, on l'a
dit et on ne saurait trop le répéter, est une
nécessité politique en Europe. Sans lui, point
de lien entre tant de peuples et de peupla-
des d'origines diverses, point de grand équi-
libre politique européen possible. Sans lui la
grande vallée danubienne ne serait qu'un
réceptacle, pour un amas de petites natio-
nalités sans aucune cohésion. Si par la rup-
ture du fil qui les rattache à un centre cona-
mettre, qui ferais le moindre effort pour dispu-
ter mon neveu à mademoiselle votre sœur.
J'ose espérer, madame, que vous, me
donnez une parole sérieuse qui me permettra
d'éviter un scandale?
Très sérieuse, mademoiselle.
Valérie Legrand se retira après avoir salué
profondément les deux femmes.
Elle était à peiné sur le palier qu'Alice se je-
tait dans les bras de sa mère, en s'écriant
Maman chère maman, que je suis mal-
heureuse l
VII
F, es fautes dPcan ami
La visite de Valérie avait produit sur Mm£ de
Pradères et sur Alice l'effet d'une sentence de
mort qui surprendrait un innocent au milieu de
ses plus doux rêves d'avenir. Les deux
femmes en étaient restées pâles et trem-
blantes.
Tout le passé de la malheureuse mère se
dressait devant elle avec ses longs jours de'
douleur, et elle frémissait en songeant qu'A-
lice eût pu être condamnée aux mêmes tortu-
res. Elle ressentait pour la première fois cette
terrible émotion que les mères éprouvent quand
leurs filles sont indignement trompées.
Ce n'était point l'humiliation causée par une
défaite d'amour-propre, c'était un sentiment où
la pitié et la colère dominaient à la fois son
cœur se révoltait à la pensée d'une confiance
illimitée si bassement trahie. Et plus, c'était
le propre fils de sa sœur qui se rendait coupa-
ble envers elle et envers sa fille d'une pareille
indignité
Un homme qu'elle avait tenu enfant sur ses
genoux, pour qui elle s'était senti des entrailles
de mère, qu'elle avait embrassé tant de fois
comme on embrasse ses propres enfants qu'elle
avait veillé pendant de longues nuits de mala-
die, et dont elle avait tant de fois respiré le
souffle près de s'éteindre
C'était lui qui brisait le cœur de sa fille en
échange de tant d'affection. Il y avait donc des
mois entiers qu'il partageait ses assiduités entre
Alice et une femme perdue, sans qu'un re-
mords, sans qu'un cri de sa conscience l'ait
averti que sa conduite était déloyale, odieuse 1
Enfin Mme de Pradères sortit de son immobi-
mun, ces peuples s'égrenaient sur cette \&s($*|
surface, ils seraient bientôt écrasés sous§~cig]
talons des géants politiques voisins; qui real
menacent.
Cette nécessité d'un lien commun n'exige
cependant ni le sacrifice de toute individua-
lité de la part des nationalités diverses qui
composent l'empire, ni la domination ex-
clusive d'un ou de deux éléments nationaux
sur tous les autres. Par sa configuration géo-
graphique et sa constitution ethnographi-
que, par la 'diversité d'origine et de" lan-
gue de ses populations, par les traditions
de l'histoire, l'Autriche, aspirant à la liberté
politique et parlementaire, -ne peut avoir
et ne doit même pas supposer la possibi-
lité d'un gouvernement durable autre qu'un
gouvernement fédératif.
Toute autre forme que l'on voudrait lui
imposer ne pourrait tendre qu'à l'absolu-
tisme militaire, religieux et- bureaucratique. >
L'aristocratie territoriale elle-même, encore
si puissante en Autriche, perdrait sous toute
autre forme de gouvernement ses avantages"
politiques; quant à l'élément démocratique,
il n'y aurait pas à songer à le îaire jouir de
ses droits. Le premier principe de la démo-
cratie n'est-il pas celui de l'égalité des droits
[Glcichberechtigung) des citoyens de toute
race et de toute condition? Il n'y a donc que
le système fédératif qui puisse donner satis-
faction aux exigences de ce principe, de ce
besoin, dans un état composé comme l'est
la monarchie autrichienne. ̃" ̃
Cette vérité n'a été cependant reconnue et
n'a commencé à être mise en pratique en
Autriche qu'après la guerre de 'l 859. Le di-
plôme du mois d'octobre 1860, publié sous
le' ministère du comte Goluchowski, a le
premier donrié pour base aune représenta-
tion nationale générale de l'empire une cer- <
taine autonomie des pays de la couronne (pro-
vinces). Chacun de ces pays devait recevoir
un statut organique particulier rfglant la
formation d'une assemblée représentative
locale, conforme aux traditions, aux besoins
et aux influences sociales qui y prédomi-
naient. La Hongrie, notamment, y recevait t
la promesse du rétablissement de sa consti-
tution particulière, sous condition, bien en-
tendu, de modifications qui lui permissent
de concourir à la représentation générale de
la monarchie par les délégués de la Diète
hongroise.
La publication de ces statuts commencée,
vers la fin de la même année, fui interrom-
pue par une révolution ministérielle susci-
tée par l'opposition d'un parti qui reçut le
nom de parti centraliste allemand. Ce parti
se recrutait surtout du personnel de la bu-
reaucratie allemande à Vienne et dans les
provinces, et des bourgeois-dé Vienne dési-
rant assurer à leurs fils, élevés dans les di-
verses institutions du gouvernement dans
la capitale, la carrière des emplois adminis-
tratifs. Il était dirigé par quelques puWicis-
tes prônant la germanisation violente des
provinces slaves, madgyares et roumaines.
Ce parti fit du libéralisme en théorie, ac--
cusa les statuts publiés de tendances féoda-.
les, trouva de l'appui auprès des anciens
membres du Parlement de Francfort de
'1 848 à la tête desquels s'était placé M. de
Schmerling, ancien ministre de l'éphémère
Empire germanique de la même date; et,
grâce à la protection de quelques personna-
ges militaires de haut rang et de quelques
membres du haut clergé, il gagna accès à la
cour et parvint à s'insinuer dans la confian-
ce de l'empereur. Le ministère fut changé
M. de Schmerling et d'autres membres du
parti centraliste, furent appelés au pouvoir.
La patente de février 4861 qui créa deux
reichsraths, pleinier et restreint, parut accom-
pagnée des nouveaux statuts provinciaux
taillés tous sur le même patron, mais favo-
risant partout l'élément allemand ou bu-
reaucratique au détriment des autres élé-
ments nationaux dans les provinces. La
Constitution artificielle de février a fonc-
tionné pendant quatre ans, le ministère
Schmerling a réuni à plusieurs reprises le
Reichsrath restreint; mais par suite de la
résistance absolue des Hongrois et des Vé-
Kté, entoura Alice de ses,bras,'et la regardant
avec admiration, elle s'écria
Non! non I cette femme a menti, Victor
ne saurait te préférer une autre femme..
Ah! ma mère, puissiez-vous dire la vérité,
car j'ai le cœur tout' meurtri de ce qui vient
de se passer.
Les paroles de cette fille sont pleines de
contradictions, reprit Mmo de Pradères, et il
vaut mieux ne pas y croire si légèrement.
Une carte, de visite peut tomber entre les
mains de tout le monde, et d'ailleurs c'est la
seule preuve qu'elle apporte.
Oui, maman, vous avez raison.
Attendons les explications de Victor avant
de nous désespérer. Et si, contre toute vrai-
semblance, cette fille avait dit la vérité,, seule-
ment alors il faudrait, autant par dignité que
par raison, rompre avec l'idée de ce mariage.
Oh! maman fit douloureusement Alice.
Ma pauvre enfant, tu n'ignores pas combien
je vç>us aime, ta sœur et toi Eh bien je pré-
férerais mille fois vous voir mortes que de vous
voir aussi malheureuses que je l'ai été.
Maman, ne calomniez pas trop la vie ne
désespérez pas vos enfants. '-̃
Ma pauvre Alice, tu es déjà disposée à me
croire injuste, dit avec une profonde tristesse
Mmo de Pradères.
Non, maman. non. mais.
Mais tu aimes à ce point Victor, que tu es
prête à lui pardonner ses trahisons et à compo-
ser avec lui? Ma chère 'enfant, crois-moi, c'est f,
une voie dangereuse, et dans laquelle une jeu-
ne fille née honorablement et élevée de même
ne doit jamais entrer. Une femme mariée avec
toutes ses illusions subit les conséquences de-
I son mariage le monde, qui lui en fait un de-
voir, l'entoure de ses sympathies. Mais que
doit-il à celle qui se fait sciemment une exis-
tence où elle devra disputer à des courtisanes
le cœur de son mari, et quelquefois la fortune
et jusqu'au pain de ses enfants àdes enfants il-
f légitimes!
[ légitimes! '̃
Ma mère, vous êtes bonne, vous m'éclâi-
| rez sur les affreuses conséquences d'une sem-
i blabîe position. Vous avez raison, et s'il est
vrai que Victor nous ait trompées;eh bien,
| eh bien.
Alice ne put achever et elle fonditen lar-
mes/ >.
| mes,~ Georges FATH.
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