Titre : La Presse
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1866-11-29
Contributeur : Girardin, Émile de (1806-1881). Directeur de publication
Contributeur : Laguerre, Georges (1858-1912). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 29 novembre 1866 29 novembre 1866
Description : 1866/11/29. 1866/11/29.
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/03/2008
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BUK.mO~!)M!MENT. ~.RUEMOSTMMTRE
jfeudi 29 novembre Ë86S
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ANNONCES. S, P),. DE Lt B~E, ~7,~UE~
Tbatceqn!coMercè!'AdmihistrationduJonrnaIdoitctrcadressëauC~ui~ 7"<
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L'Administration se réserve le droit de modifier la rédaction des AMonoëa
MM.lesaboRnésdoRtI'abannementexpire
le3'0hovc,tn'b:'é, sont pries de le renouveler
de s~ute, s'ils ne veulent pas éprouver de
retai-d dans la réception du journal.
Les aboanés nouveaux recevront ce qui
a pamt~eja ~H&NTEUSE DES RuES (~a~Aa
Js ~tet~e), roman, par M. Armand Lapointe.
Voir,; la 3" ~age, ItgtQ ties.frimes of-
~r~s~-nOS tonnés.' _1
Bc'main, !a Presse commencera !a
publicatMRd'un rom~n en trois parles
E.E.~ AMOURS -DE PASSAGE,
p~r M. GEORGES FATH.
~tpsf'a~K~t~~f~~MT-~aj.NE~
PARtS, 28 NOVEMBRE t866
'JLÈS INTÉRÊTS FRANÇAIS AU MEXiQLE
Les instituions impériales au Mexique
n'auront fait que traverser comme une ap-
.parition fugitive l'histoire de ce triste et.
malheureux pays. La France, lasse de sa-
eriRces stérHes, retire la main qu'elle avait
teadue à ce peuple; et l'empereur Maximi-
Iie&dans!e trouble du coup terrible qui
vient de le frapper renonce a un pouvoir
où il n'entrevoit plua qu'une faculté, odieuse
surtout a un prince d'origine étrangère, la
faculté d'entretenir une guerre civile-. On
p~ut donc dire que deux choses ont dès a~-
je~'hui pris fin au Mexique l'interven-
tion française et l'empire. G'est en face de
cetteisituation nouvelle qu'il faut nettement
se placer.
Ainsi la France:éçhpue dans une grand.e
~entreprise et qui pouvait avoir d'autres
conséquences que d'ajouter une page a nos
paaales militaires. Quant .a savoir sur qui
doit peser la responsabilité de cet échec su-
bi par notre action politique, il sufËrait, si
notre patriotisme ne nous l'Indiquait pas,
d'ouvrir les journaux anglais pour l'appren-
dre. Survant nous, cette responsabilité ne
saurait pas plus retomber sur le gouverne-
ment que sur l'opposition. La France a fait t
pour ce peuple, et avec un désintéressement
nationai que l'on ne saurait trop reconnaître,
;p!us qu'une nation n'a jamais fa*t pour une
autre: nous lui avons donné une armée, des
trésors; nous avons renouvelé et formé ses
régiments; nous sommes devenus les frères
d'armes de ses soldats pour leur montrer
comment il est facile de vaincre; nous a-
vonsinsta!Ié a Mexico des principes \le
gouvernement, organisé une administra-
tion, tenté ennn tout ce qu'il est per-
mis a' un étranger d'entreprendre pour la
rénovation d'un pays. Et s'il y a eu au Corps
législatif des discours où.la regrettable is-
.sue de .cette: expéditien a été dès loEgi.emps
prévue,– moins peut-être par une vue pers-
picace de l'avenir que par un sentiment de
contradiction à l'égard du présent, est-ce
que ces paroles sonores ou éloquentes ont
paralysé~l'action politique ou militaire de la
France; est-ce qu'elles ont pu diminuer la
sagesse ou l'efncacité de nos conseils; et,
en admettant qu'elles aient été un encou-
ragement pour les uns, ne devaient-elles pas
ajoutera au concours des autres, par une
natureHe féactioD, un eSbrtpIusvifde gra-
titude et de dévouement? 2
Non, si l'empire mexicain a péri, ce n'est
,.pâs là-. 'R~erté de nos discussions publiques
.qui l'a. tué,; à .deux mille lieues de noire
tribune, ~à parole, si habile ou ardente
PE~LBTON BE LA ~AE'~E
DCMKOTEHB!!E{866
LA CHANTEUSE DEB RUES
XLI
La révélation de Martha m'expliquai!, pnfin
~)a conduite dnmisérableStevenson: c'éiaitpour
son compte qu'il agissait, espérant sans doute
surpreBdrs le secret de Martha, et, a l'aide de
cette découverte, lui imposer son odieuse pas-
sion ou le livrer au duc de B. Quel que
fût son but réel, il me parut cacher les plus si-
nistrws projets. Le long séjour que j'avais fait
en Orient m'avait appris que les hommes de la
race de Samuel ne reculent devant aucun crime
pour assouvir une passion, satisfaire une ven-
gennce ou se débarrasser d'un obstacle; pour
ces hommes les moyens importent peu, le but
est tout..
Il filait denc délivrer Martha de ce fanatique
ennemi de son repos et de notre amour d'extra-
vagants projets turgirent dans mon cerveau
exalté. Tantôt je songeais a envoyer des témoins
à Samuel Stevenson et à le convier à un duel à
mort;!BatS quel prétexte trouver à ce duel?
Où trouver des témoins qui consentissent re-
donner leur concours pour une rencontre avec
un homme dont la condition touchait presque à
la domesticité? Et puis~ créature lâche et vile,
ne procédant que dans l'ombre et ne s'atta-
quant qu'aux faibles, consentirait-il a placer
sa poitrine en face d'une épéë ou d'un pistolet?
Tantôt me souvenant comment procédaient les
Indous, je voulais l'attendre à la porte de l'hô-
tel de B. et lui plonger dans le cœur l'arme
empoisonnée de sa traîtresse patrie
J'étais fou exaspérô de mon impuissance et
rêvant; de crime comme un sectateur de Si va, ia
noiredéessel
La; nuit était arrivée. J'avais vu dans la
chambre de Mariba une lumière apparaître et.
les rideaux de la fenêtre se fecmer. Martha avait i
$~ ~9ür ~é j9uzi aax qui o:~t
tra un~ si le`Etz!~s.
qu'elle soit; n'a pas cette portée et. cite ne\
J produit pas ces cS'ets. La responsabilité de
!cette.chuic mais elle est tout entière dans
ce peuple, rebelle à toute discipline, dont la
génération actuelle et celle qui l'a précédée
ont grandi dans le désordre, ne connaissant
d'autre état politique que la guerre civile
ce peuple, parmi lequel l'audace des.rapi-
ncs assure les grades militaires, pendant
que les grades ainsi conquis Inspirent, et
justifient l'ambition du pouvoir; peuple de
guérilleros et de contrebandiers, auquel
rien n'est insupportable que la loi, et dont
les vices, l'insouciance, l'àpreté au gain, le
dédain du travail étonnent même les esprits
prévenus. Le Mexique en est a ce point que
seul, comme aujourd'hui, sans cohésion;
sans résistance possible, il est préservé de.
la conquête par la main des Américains
eux-mêmes, qui ne veulent pas d'une proie
semblable. La mission du général Sher-
man et de M. Campbell n'a pas.d'autre sens.
Ce que les envoyés du président Johnson
vont laisser aux Mexicains, c'est l'indépen-
dance du mépris.
Voila où est la responsabilité elle est as-
sez évidente et sévère pourqu'on ne la cher-
che pas ailleurs et qu'on he la déplace ni
dans l'un ni dans l'autre sens. Nous n'avons
pas à nous inquiéter de notre honneur il
sort intact de cette entreprise, car nous a-
vons rempli, et envers tous., toutes les obli-
gations qu'il nous Imposait; mais ilestd'au-
tres points sur lesquels il ne nous paraît pas
possible que l'attention du gouvernement
ne se-porte pas avec la plus active sollicitu-
de nous entendons parler de la garantie
des capitaux engagés dans les emprunts'
mexicains et de la protection due à nos na-
tionaux résidant auMexique.
'Lorsque le payement des intérêts delà
dette mexicaine a été suspendu, il a été an-
noncé qu\me convention avait été conclue
entre les gouvernements de France et du
.Mexique/convention aux termes de laquelle
il serait opéré, au proËt des créanciers fran-
çais, un certain prélèvement sur les produits
des douanes. Que devient cette convention,
au milieu do-la ruine des Institutions Impé-
riales et après l'abdication du souverain
qui l'a consentie? Quelle espérance de voir
leurs droits sauvegardés peuvent conser-
ver les porteurs de titres, intéressés à l'exé-
cution de ce contrat? En échange de l'enga-
gement de l'empereur Maximilien, rece-
vrons-nous une promesse de Juarez? Quelle
foi peut-on fonder sur la parole des repré-
sentants d'un ordre politique où il n'y aura
de réel que la confusion et l'anarchie? Tou-
tes ces incertitudes, si graves pour des par-
ticuliers, démontrent combien il serait équi-
table qu'un engagement direct de la France
vis-à-vis des souscripteurs aux emprunts de
'!864 et '!86o vînt écarter de ces questions
les intérêts individuels, en conservant
notre créance un caractère rigoureusement
diplomatique et international.
Et, d'un autre côté; à quels ressentiments,
quelles exactions et quels périls ne seront
'pas en butte, au lendemain de la retraite de
nos troupes, ceux de nos compatriotes qua
la hardiesse de leur esprit a entraînés au
Mexique, et que leurs intérêts y retien-
nent ? Est-ce qu'il n'y aura pas au-des-
sous de ces inévitables désordres, un état
~pu'e encore, où l'odieux des vengeances se
couvrira de l'Impunité des guerres civiles,
état où l'on est exelu de tout droit, de touje
justice et qui formera la déplorable con-
dition des résidents français? Il ne faut pas
que l'on soit exposé à apprendre, un jour,
la nouvelle de quelque massacre qui ferait
courir dans notre pays un frémissement
[ d'indignation et de pitié, et npus ramène-
eu le temps de prévenir lé duo de B. et 1
sans doute, a l'heure présente, Samuel Ste-
venson, coRgédiéde l'hôtel, était réduit à l'im-
puissance. Cette pensée me calma. jI,
La lumière filtrait toujours à travers la gaze
transparente des rideaux. Je n'osais espérer 1
pour le soir une lettre de Martha elle était
rentrée dans un tel état de fatigue ej, d'abatte-
ment que le duc avait dû; certainement, exiger
qu'elle se mît au lit et qu'on fît prévenir le
médecin. Si, laissée seule un instant, Martha se
levait et voyait delà lumière chez moi, eile
voudrait m'écrire, et cette imprudence pouvait
lui être fatale. Je fis le sacrifice du bonheur
qu'un mst de sa main devait m'apporter, et,
éteignant toutes les lumières, je m'enfouis dans
les ténèbres de mon jardin et me mis à contem-
pler, d'un œil iixe, le point lumineux derrière
lequel reposaient ma vie, mon âme; toutes mes
joies, toutes mes espérances.
Je restai là jusqu'à deux heures du matin, in-
sensible au froide bravant la bise du Nord, dé-
fiant ta tempête, ne vivant, ne seniantptusque
par le regard. A ce mooient; la lumière dimi-
nua d'inteasiié, et je crus.comprendre qu'une
veilleuse remplaçait la lampe.
Quelqu'un est à ses côtés, pensais-je, ou
peut-être, un repos bienfaisant est-il venu clore
ses paupières et lui apporter l'oubli
Je rentrai chez moi et m'endormis d'un som-
meil lourd et pénible.
L'aurore teintait à peine l'horizon que déjà
j'étais sur pied, interrogeant du regard avec
anxiété .les fenêtres de l'hôtel de B. tout était
calme et sitencieux. Dans l'appartement de
Mertha/Ia faible lumière de ia veille luttait en-
core avec l'aube naissante. Bientôt elle s'étei-
gnit le jour apparut dans sa magique splen-
deur, et l'astre du matin répandit sur la terre
sa bienfaisante clarté.
Cette journée s'écoula', pour moi pleine do
morteties angoisses, et le soir me trouva, bien
avant la tombée de la nuit, écoutant tous les
bruits de l'hôtel-voisin.
Toutes les heures nocturnes tintèrent lente-
ment les uses après les autres à mon oreille
mais cette fenêtre, que m*s yeux ne quittèrent
pas un seul instant, ne s'ouvrit, point.
Comme la nuit précédente, je vis une lumiè-
re briHcr à travers les rideaux et disparaître
avec les ténèbres le même silence, em-
preint de je ne sais quelle immense tristesse~
continua de régner sur l'hôtel.
:ix .l
!6'r~ par la force .irrésistible de
~bQD~S~vpfs une entreprise abandonnée.'
"Ccw't~nties, indispensabies à tant de
points de vue, la France ne peut ni les de-
mander à M. Juarejz, ni les accepter de
ses mains. Le gouvememcct des Etats-
Unis s'est fait son protecteur, qu'il âe
fasse son repondant. C'est avec ce pouvoir,
et avec lui seul, que la France peut tcaitëf,
parce qu'I! présente seul la solvabilité d'hon-
neur qui nous est nécessaire. Si des dé-
marches dans ce sens étaient tentées a
Washington ou suivies à Parrs, et si, comme
nous en sommes convaincus, elles réussis-
saient, l'opinion publique en France laisse-
rait, sans regret, après l'expérience que
nous venons de faire, le Mexique se préci-
piter vers la ruine qui l'attend.
F. DE LA PONTERIE.
Nous avons dit deux choses très simples':
Que l'extension, qu'ont reçue en France
toutes les études, et la multiplication des
établissements où l'on distribue une forte et
solide instruction scientiuque, ne permet-
tent plus de considérer comme indispensa-
ble une école spéciale destinée à donner
aux jeunes gens ies connaissances qui sont
le point de départ des professions savantes
Que les principes d'égalité et de libre
compétition, et les raisons d'intérêt public
qui ont fait retirer à l'Ecole polytechnique
le privilège de recruter exclusivement les
corps de l'artillerie et du génie, exigent
qu'elle ne conserve pas davantage le privi-
lége de recruter exclusivement les corps
des ponts et chaussées et des mines; et que
les écoles spéciales qui donnent l'entrée de
ces deux carrières soient ouvertes par un
concours public qui les rende accessibles à
tous les candidats méritants, quelque part
qu'ils aient étudié.
Ce sont là des vérités toutes simples, et
cependant elles ont fait tomber en pâmoison
l'Ôp:?!!OH na<:o?!6~e. Dans San -trouble, il no.
sufnt pas à ce journal de se réclamer de
tous les saints du calendrier socialiste, par-
mi lesquels il oublie M. Victor Considé-
rant et M. Deuotté; il évoque encore l'En-
cyclopédie, Diderot, d'Alembert et Con-
dillac, tous auteurs qu'on ne lit guère a
l'Ecole polytechnique, parce qu'ils ne ngu-
rent sur le programme d'aucun examen, et
parce'que le régime Intérieur, répartissant
minutieusement toutes les heures entre les
leçons, les exercices et les interrogations
périodiques, laisse peu de place à la lec-
ture et à la méditation.
Il faut que tous lès libres penseurs nous
courent sus, car nous sommes, aux yeux de
l'Opinion naet de la Congrégation; nous sommes les
instruments de quelque ténébreux dessein,
et le moindre des crimes que nous méditons
est de substituer à l'Ecole polytechnique
quelque couvent de moines où l'on ensei-
gnera la théologie de saint Thomas.
Tout cela est fort éloquent et ne peut
manquer de produire le plus grand enet sur
les gens auprès de qui ces sortes d'argu
ments réussissent toujours. Mais les esprits
impartiaux n'apercevront pas ce~quele pape,
la Congrégation et saint Thomas ont à voir
dans âne question d'enseignement scienti-
nque et d'égalité civile.
Nous ne croyons pas que les jésuites
soient hostiles a. l'Ecole polytechnique, car.
ils y préparent et ils y font admettre, tous
les ans, un nombre fort respectable de can-
didats.qui pénètrent par là dans les fonc-
tions publiques, malgré la vigilance de l'O-
'pMM'on Kadans cette forteresse qu'on nous accuse de
vouloir leur livrer.
Laissons donc de côté toutes ces décla-
mations et demandons-nous avec bonne foi
quel intérêt matériel ou moral péricliterait
en France, si l'admission aux;écoles d'artil-
lerie, du génie, des ponts et chaussées et
des mines était, chaque année, le résultat
J'étais anéanti; 'mon sang, moins glacé par
la froidure que par l'inquiétude qui m'acca-
blait, s'était porté au cerveau. H me semblait,
par instants, que ma raison s'aliénait et qu'une
folie furieuse prenait possession de moi. Je cou-
rais du jardin à 1& rue,'épiant ici les person-
nes qui entraient ou sortaient de l'hôtel de B.
afin ds lire sur leur physionomie un présage
quelconque; étudiant là cette façade muette et
essayant de deviner la cause de ce silence de
mort.
Je croyais avoir épuisé jusqu'à la lie la coupe
des douleurs, et mes lèvres n'avaient fait que
l'efneurer!
v XLII
Les dernières vibrations de l'airain sonnant
minuit se perdaient dans l'immensité, et rien
encore n'était venu rassurer mon cœur
La situation du prisonnier attaché au poteau
de torture d'unepeuplade sauvage me semblait
enviable, comparée à ce que j'éprouvais.
Une.plus longue attente était impossible.
Ma résolution fut bientôt prise.
Je glissai dans ma poitrine un poignard ma-
lais que j'arrachai d'une panoplie, et, grimpant
le long des espaliers, j'arrivai à la crête du
mur qui séparait les deux propriétés. Les plus
épaisses ténèbres m'entouraient pas une
étoile n'éclairait la sombre nuit. Je sautai
de l'autre côté, et le bruit de ma chute, sur
le sol glacé, fut comme l'écho d'une terre
durcie tombant sur un cercueil. Je me dirigeai
vers l'hôtel l'issue communiquant au jardin
n'était fermée qu'au pêne je l'ouvris sans bruit
et me trouvai dans une longue galerie au bout
de laquelle existait un vaste escalier condui-
sant aux étages supérieurs. Au plafond, une
lampe jetait des lueurs blafardes le vent qui
s'engouffrait par la porte que j'avais laissée ou-
yerte l'éteignit aussitôt. J'avais saisi la rampe,
et; guidé par elle, j'arrivai au premier étage
l'appartement de Martha devait se trouver à
gauche.
Jo tournai les yeux de ce côté et j'aperçus,
ëltrant à travers la serrure, un mince filet de
lumière qui se reûétait sur le mur en face, lais-
sant dans son parcours une~traînée brillante.
Je restai un moment immobile, retenant mon
soufQe, et crus voir un corps opaque traverser l
d'un concours direct auquel tout le monde i
serait libredcse présenter?
Est-Il plus difncilede combiner un pro-
gramme d'admission à l'Ecole de Metz, a
l'Ecole des mines, a l'Ecole des ponts et
chaussées, qu'un programme d'admission
à l'Ecole polytechnique? Les établissements
de toute nature, publics et privés, qui prê-
~reat a cette dernière école, combineraient
t&uféhseignement de façc~n a préparer aux
écoles dont l'entrée serait rendue accessible
à tous, sans que les études intérieures y
fussent modifiées. Seulement, les jeunes
gens qui sont écartés de certaines carriè-
res, parce que leurs familles sont hors
d'état de subvenir à la pension coûteuse
d'un élève de l'Ecole polytechnique, pour-
raient se préparer isolément, dans l'inter-
valle de leurs occupations courantes, a la
profession de leur choix, comme Cuvier,
qui n'aurait pu être ingénieur ni des mines
ni des ponts et chaussées, étudiait les scien-
ces pendant le sommeil des enfants dont il
était le précepteur.
L'Ecole polytechnique nous paraît une
superfétation et un luxe inutile, depuis la
multiplication des établissements d'ensei-
gnement cependant, ce que nous deman-
dons, c'est moins sa suppression que l'abo-
lition du privHége dont la tradition l'a in-
vestie–Qu'un arrêté ministériel (il ne faut
pas autre chose) fasse dépendre désormais
l'entrée des Ecoles d'application, des mines
et des ponts-et-chaussées d'un .concours
auquel les élèves de toutes les écoles et les
candidats isol'és seront admis concurrem-
ment avec lés élèves de l'Ecole polytechni-
que nous nous déclarerons satisfaits, parce
qu'un privilège que rien ne motive aura dis-
p~ru, et ~ue l'Ecole polytechnique sera ren-
trée dans le droit commun.
CUCHEVAL-CLARIGNY.
DEPECHES ÉLECTRIQUES
Acttf:che.
Vienne, 37 novembre, soir.
La Diète de ta Basse-Autriche a commencé au-
jourd'hui les débats de l'adresse. Un de ses mem-
bres, le docteur Kuranda, a dit qu'il était impossi-
ble de considérer la séparation de l'Autriche de
l'Allemagne comme un fait durable.
Pt'MMe.
Berlin, 27 novembre.'
La GMsMe de ~HMta~KC d:< A~o?'(7, se fondant
sur l'opinion généralement adoptée, croit pouvoir
compter sur une solution prochaine et convenable
de la question de dotation sans discussion des per-
sonnes.
Le même journal dément catégoriquement le
bruit que M. de Bismark soit malade, et, par suite,
qu'il aitoSert sa démission.
Ka.!}a
Florence, 37 novembre.
La Gau 30 novembre la cessation de l'état de siège dans
la province de Palërme.
La Gctse~e publie, en outre, une circu!aire du
prince Humbert, invitant les Italiens à participer à
la prochaine Exposi'ion universelle de Paris.
La GaseMe annonce que le roi a décoré le géné-
ral Menabrea de l'ordre de FAnnonciade.
Venise, ~7 novembre, soir.-
.E 'f;célus définitivement; il y auraballotagc pour les dé-
putés qui restent élire.Presque tous les membres
élus appartiennent au parti modéré.
AméfetjiMe
New-York, 26 décembre, soir.
Le bruit court que le chef des fénians, Siephens,
a quitté les E~ats-Unis.
AHgIe
Londres, 23 novembre.
Une députation du comité des provinces a de-
mandé au ministre de l'intérieur, M. Walpole, de
nommer mille ouvriers constables pour maintenir 1
l'ordre dans la procession réformiste du 3 décem-
bre.
M. Walpole a répondu que le gouvernement ne
le rayon lumineux, puis j'entendis le bruit de
ce corps s'affaissant sur le parquet et un san-
glot arriva jusqu'à ~moi. Je me précipitai vers
la porte, l'ouvris, et me trouvai dans un petit
salon, éclairé par une lampe. Une jeune femme,
aux cheveux dorés, dormait d'un sommeil agité,
dans un fauteuil un rêve douloureux contrac-
tait ses traits palis par la veille. En face d'elle
une porte entr'ouverte laissait voir une se-
conde pièce faiblement éclairée.
Le même sanglot que j'avais déjà entendu se
renouvela; je franchis le petit salon, et m'ar-
rêtai sur le seuil, terrine par le spectacle qui i
s'offrit à ma vue.
0 Dieu! puissé-je bientôt mourir pour ense-
velir avec moi dans la tombe cet aB'reux sou-
venir l
Je vis Martha couchée dans son lit et la crus
morte. Son visage ava'it la couleur de la cire, et
ses yeux fermés, enfoncés dans leur orbite, ne
laissaient plus apercevoir que deux minces li-
gnes sombres, ses cils et ses sourcils qui sem-
blaient unis ensemble; ses lèvres, jadis si ro-
ses, étaient noires et aucun souffle ne s'échap-
pait _de sa poitrine.
L'une de ses mains pendait le long du lit
un vieillard aux longs cheveux blancs, à la fi-
gure amaigrie, aux épaules voûtées, tentait, à
genoux, de ranimer cette main glacée.
En face de lui, un homme, le regard empreint
de tristesse et d'anxiété, interrogeait le visage
de Martha."
Je demeurai pétrifie, sans voix, sans force et,
m'appuyai au mur pour ne pas tomber.
Mylord, dit d'une voix grave le person-
nage qui était debout, depuis cinquante-deux
heures j'étudi'e cette insensibilité étrange qui
offre toutes les apparences de la mort. c
J'ai épuisé tous les moyens que la science a
mis à la disposition de l'homme pour rappeler
à la vie 51"~ la duchesse je suis vaincu, et ne
peux vous dissimuler qu'aucune itiusion n'est
désormais possible cet état cache une lente et
mystérieuse agonie et la mort va bientôt arri-
ver mais, à cède heure suprême, il est de mon
devoir de vous dire la vérité cette maladie
sans nom, qui déroute toutes mes investiga-
tiens, ne peut être que le résultat d'un crime! 1
Un crime"' m'écriai-je.
Au son de cette voix qui lui était inconnue,
le vieillard releva la tcte et redressa sa haute
taille.
Qui donc a parle ? dcmanda-t-il.
pouvait agir que dans le cas ou là députaiion s'at-
tendraitadesdésordres.
Sur )a réponse négative de M. Potter, Wal-
pole a promis l'aide de la police pour maintenir
'l'orjre dans la procession.
Lord Ranelagh a accordé, au comité, t'autorisa-
tion de tcilir un meeting dans son parc.
ËSpH.f-
Madrid, 27 novembre.
La ~!oca assure, d'après ses informations, que
la reine Isabelle partira le 1' décembre pour Lis-
bonne, et qu'elle rentrera à Madrid lé 8. Sa Majesté
sera accompagnée du président, du conseil des mi-
nistres.
iPt~HOp&U~CS t!tM:Hb!eMH3S
· Buchares!,S7 novembre.
L'ouverture des Chambres a eu lieu aujourd'hui.
Le prince a dit dans son discours du trône « La sou-
veraineté de la Porte, tel!e qu'elfe est limitée par
les traites de Paris, sera respectée.
))Les relations avec tes Etats voisins sont d'un ca-
ractère pacifique. La reconnaissance de la dynastie
par la Porte et les puissances garantes, prouve que
la situation politique est très favorable. Tous les
contrats passés par l'ancien gouvernement seront
maintenus lors même qu'ils nécessiteraient des sa-
crifices, afin de ne porter aucune atteinte au cré-
ditduLp.tys.B »
Bucharest, 38 novembre.
Hier, le prince de Roumanie a reçu en audience
solennelle le consul général de France, M. d'Avril,
qui lui a remis ses lettres de créance.
BSus~ie.
Saint-Pétersbourg, 27 novembre.
Oa'mande d'Orembourg, en date du 26
« La tranquillité est complète dans tout le Tur-
kestan. Les troupes russes rentrent dans leurs
foyers. La guerre avec l'émir de Bockara est ter-
minée. Les rapports d'amitié avec le Kockhan s'af-
fermissent. Les relations commerciales sont par-
tout rétablies, a
(j~eKce HauM-BuM)'<;f.)
(Voir plus loin les dernières dépêches.)
–OB-
CHRONIQUE POLI~UE
Un correspondant particulier de Vienne
nous parle d'une brochure <( qui sera lancée
bientôt, )) nous dit-il, par un membre de
l'émigration hongroise.
Cette brochure, traitant la question déli-
cate des rapports du royaume de Hongrie
avec le gouvernement de l'empire d'Autriche
à un point de vue par trop fantaisiste, com-
parerait la Hongrie a « une jeune Elle noble,
)) pleine d'aspirations généreuses, qui serait
» unie, par les liens du mariage le plus mal
)) assorti; a un vieillard usé, dépensier, dé-
)) crépit, )) et l'auteur trouverait dès-!ors
très naturel que la jeune fille cherchât le
divorce.
La brochure, dont les conclusions ne se-
raient point exemptes de violence, conti-
jluerait sur ce ton imagé et quelque peu
singulier, on l'avouera, par conclure à une
rupture radicale entre la Hongrie et l'Autri-
che.
Un des journaux les plus indulgents en
pareIHe matière, I'Opt?M'on.H~MH6~s, a dé-
jà fait cependant ressortir combien sont re-
~grettables, dans les circonstances que tra-
verse l'Europe du sud, les manoeuvres de ce
parti qu'on est convenu d'appeler « parti de
l'action », et qui semble vouloir résister
aujourd'hui aux plus sincères réformes.
Est-ce bien le moment d'agiter ainsi les
passions quand des concessions parfaite-
ment libérales émanent chaque jour de
Vienne en faveur des nationalités crue
l'Autriche groupe sous son sceptre. Peut-
on croire que ces tentatives répondent aux
sentiments de la nation hongroise, en pré-
sence de ce fait éclatant que pendant Ia~
dernière guerre si désastreuse, les hommes
de la révolution hongroise n'ont pu entraî-
ner un mouvement national et n'ont abouti
qu'à jeter une poignée de déserteurs et de
prisonniers de la Prusse dans les montagnes
deIabasseSilésie.
La jeune fille dont parlent aujourd'hui les
conseillers apocryphes de la nation hon-
Mais avant que j'eusse eu le temps de lui ré-
pondre, un tressaillement de Martha avait atti-
ré les regards du médecin. If saisit le bras du
duc et l'attirant vers le lit
–Myiord! dit-il, regardez!
Les yeux de Martba s'étaient rouverts, et,
comme si elle eût été mue par une machine
électrique, sa tête se tourna de mon côte.
C'est toi, dit-elle d'une voix éteinte, mon
Valentin. mon ami. mon frëre! Je t'atten-
dais. donne-moi ta main.
Je pris sa main,'qui avait la froideur et la
rigidité du marbre et, tombant à genoux, je
l'inondai de mes pleurs. Elle tendit l'autre
main au due ses yeux se refermèrent de nou-
veau ct~je sentis une légère pression de ses
doigts. Sa bouche exhala un soupir et le mot
<( Adieu a vint expirer sur ses lèvres
Martba était morte
Je poussai un grand cri~ët sentis comme un
déchirement qui s'opérait en moi. En portant
involontairement la main à ma poitrine, je trou-
vai le poignard malais et j'atlais m'en percer le
cœur, lorsque le duc, dont la douleur silen-
cieuse avait quelque chose d'effrayant; arrêta
mbnbras~etme dit:
Monsieur Valentin Belz, je vous ordonne
de vivre
Puis, s'adressant au médecin, il reprit
–Vous avez parlé d'un crime, je crois,
monsieur.
Oui, mylord.
Que supposez-vous donc ? `?
Ce n'est plus' une supposition, mylord,
c'est une certitude M~ la duchesse a été em-
poisonnée à l'aide d'une faible dose d'upas an-
tiare, l'arbre mortel de Java 1
Empoisonnée m'écriai-je. Ah vous
avez eu raison d'arrêter mon bras; mylord, car
je connais le coupable.
–Vous?
–C'est Samuel Stevenson Samuel l'Indou,
Samuel l'assassin de Mary
Le duc bondit. Un sentiment de. haine féroce
sepeignH dans ses yeux. Il voulut parler; mais
la parole ne pouvait se frayer un passage dans
sa gorge.
–Samuel! exclamait-il ennn, Samuel!
l'upas!
Il s'empara violemment de l'arme qui n'avait
-pas quitté ma main.
A ce moment, la jeune femme qui dormait
grolse a essaye en )84'8 de ce divorce, et il
nous serait permis de dire, pour continuer
la comparaison, que son passé n'est pas
sans aventures.
Aujourd'hui, ramenée au foye~~n&~I,
que peut-elle attendre d'un-c0u~ ~p
nouveau?
Qu'elle accepte donc,'sa~s i~toc~~cc~
que les dispositions du ma~cnSp.&n~eH~.I~
gouvernement métropoiltai%; a lui octro.yt~
Les temps peuvent ehang~e~, .et.t.eR~
cessions qui lui sont faites aujoùrd~a~pM-
vent être impossibles demain.
L'Europe, moins encore que l'Autriche,
ne saurait consentir a l'isolement de la Hon-
grie. Tandis que les cabinets font de l'apai-
sement à tout prix, que la question d'Orient
a étéenergiquementétouS'ée, que les nations
se concertent, et s'étudient à ne provoquer
aucun conûitpar aucune faute sur l'échi-
quiér de la politique continentaie, la Hon-
grie se Iaisserait'insp:rer par des conseils
perndes si elle fournissait aux puissances
L'occasion de constater une mauvaise vo-
.lonté évidente et des tendances dangereuses.
Quelle autonomie peut-elle conquérir, en
face des principautés qui s'euacent aujour-
d'hui de la scène dfplomatique, en face de
la Russie qui lui tendra la main pour la sai-
sir dès qu'elle brisera les liens qui l'atta-
chent a l'Allemagne du Sud? Que la Hon-
grie, en poursuivant âne indépendance chi-
mérique, craigne de compromettre irrépa-
rablement le progrès de ses libertés qu'elle
peut servir si utilement en ayant pour soin
principal d'apporter son concours à l'œuvre
de régénération que l'Autriche ne peut man-
quer de poursuivre, puisqu'il s'agit pdùr
elle de vie ou de mort. Que les Heagrois ne
s'y trompent pas, nous nous plaçons, en
leur tenant ce langage, sur le terrain qu'oc-
cupent maintenant tous les libéraux. Ils
peuvent, par une entente librement débat-
tue, contraindre l'Autriche à entrer et a se
maintenir dans les voies constitutionnelles
c'est là le grand service qu'ils peuvent ren-
dre à l'Europe libérale, et c'est la seule ten-
tative qui leur assurera ses sympathies.
La Gase~e de H~ser publie un document
curieux. C'est une lettre adressée par le mi-
nistre dirigeant de Bavière, M. Yon der
Pfordtën, à M. de Grese, ministre de Ba-
vière à Dresde, au mois de juin dernier,
c'est-à-dire au moment où la cour de Saxe
prit le parti de se réfugier à Prague, où elle
fut suivie par M. de Grese.
La Bavière est résolue à faire cette guerre sans
aucun intérêt pour elle-même, et au risque assez
prochain de perdre son Paiatinat du Rhin unique-
ment par sentiment de fidélité fédérale, par devoir
et par honneur; mais elle est également résolue de
sauvegarder son indépendance et de ne pas se lais-
ser traiter comme province autrichienne, ni son
armée comme un corps autrichien, à quoi. on
était assez disposé. Le gouvernement autrichien a
abandonné sa propre proposition do désarmer au
moment où cette proposition était acceptée à Ber-
lin, et a amené la guerre par ses armements éten-
dus.
Ceci permet de croire que l'Autriche se sentant
assez forte, ainsi qu'elle l'a soutenu toujours, pour
entreprendre la lutte avec deux adversaires, et
qu'eile l'est d'autant plus aujourd'hui que Fallian-
ce de la Confédération lui est assuiée. Si ce n'était
pas là le cas, les actes de la politique aufichienne
du mois d'avril qui ont amené la guerre, 'devraient
être considérés comme le résultat d'une précipita-
tion et d'une légèreté extrêmes.
Les événements ont prouvé que cette der-
nière appréciation de M. Von der Pfordtën
était la vraie, et qu'eue n'était pas trop sé-
vère.
L'~ah'g apprécie dans les lignes suivantes,
l'attitude du gouvernement italien vis-à-vis du
pape
On a parlé de la reprise des négociations avec
Rome. Voici, croyons-nous, quelle est la véritable
situation
Le gouvernement du roi, désireux de donner
toutes les preuves possibles de la parfaite bonne
foi avec laquelle il exécutera la convention du io
septembre, ne serait pas éloigné de reprendre les
négociations avec le Saint-Siège au point où elles
turent interrompues l'an passé, s'il trouve à Rome
des dispositions aussi conciliantes que celles dont
il est animé lui-même.
La reprise des négociations n'est donc nullement.
impossible.
dans le petit salon, réveillée par le bruit de
nos voix, entra dans là chambre.
Diana ) dit froidement le duc en la voyant,
ia duchesse Martha est morte Priez pour e!te 1
Et, s'adressant au médecin et a moi
Suivez-moi, messieurs, nous dit-il.
Le duc avait saisi la lampe du petit salon et
franchi la porte qui donnait sur la galerie; nous
le suivions. Tout à coup, un cri s'échappa de
ses lèvres; il éleva la lampe, et nous vîmes un-
corps étendu sans vie sur les dalles.
C'était Samuel Stevenson
L'arme meurtrière était encore dans son sein;
sa main crispée par la mortétreignait un pa-
pier. Le duc s'en empara et le lut a mi-voix.
Il contenait ces mots
« Elle n'était pas à vous. E!Ie ne pouvait
s être a moi. Elle ne sera a nul autre. Si vous
s m'avez sauvé la vie, j'ai sauvé votre honneur.
') Nous sommes quittes B
–Infâme! murmura le duc en repoussant ie
cadavre du pied.
La lampe, qu'il tenait à la main, s'éteignit; et
nous nous trouvâmes dans l'obscurité.
AtMé par le désespoir, sansavoir la conscien-
ce de ce que je faisais, je descendis l'escalier et
me trouvai dans le jardin; j'escaladai la mu-
raille et glissai inanimé sur le sol.
Le vent glacial du nord et la neige qui tom-
bait abondamment me firent revenir à moi. Je
rentrai dans ma maison déterminé a quitter une
existence qui ne m'ofî'rait plus qu'amers regrets
et douloureux souvenirs. Le portrait de Martha
sembla se détacher de son cadre, et je crus en-
tendre sa voix mélodieuse qui me disait
Vis, pour me revoir dans un monde meil-
leur
Les croyances religieuses de l'enfance revin-
rent à mon esprit mes genoux se ployèrent et
l'âme heureuse de Martha me toucha de son
aile
Je pars paur Staoueli ensevelir a la Trappe~
dans le silence et la prière, le peu de jours qui
merestentavivre!
AMAKD LAPOINiE.
Fri~
~NMS(M~ i~- `~'
BUK.mO~!)M!MENT. ~.RUEMOSTMMTRE
jfeudi 29 novembre Ë86S
3MMS~ri!ttB~rtmmtdd
ANNONCES. S, P),. DE Lt B~E, ~7,~UE~
Tbatceqn!coMercè!'AdmihistrationduJonrnaIdoitctrcadressëauC~ui~ 7"<
>. ~< a ,<,
31" Am~~
L'Administration se réserve le droit de modifier la rédaction des AMonoëa
MM.lesaboRnésdoRtI'abannementexpire
le3'0hovc,tn'b:'é, sont pries de le renouveler
de s~ute, s'ils ne veulent pas éprouver de
retai-d dans la réception du journal.
Les aboanés nouveaux recevront ce qui
a pamt~eja ~H&NTEUSE DES RuES (~a~Aa
Js ~tet~e), roman, par M. Armand Lapointe.
Voir,; la 3" ~age, ItgtQ ties.frimes of-
~r~s~-nOS tonnés.' _1
Bc'main, !a Presse commencera !a
publicatMRd'un rom~n en trois parles
E.E.~ AMOURS -DE PASSAGE,
p~r M. GEORGES FATH.
~tpsf'a~K~t~~f~~MT-~aj.NE~
PARtS, 28 NOVEMBRE t866
'JLÈS INTÉRÊTS FRANÇAIS AU MEXiQLE
Les instituions impériales au Mexique
n'auront fait que traverser comme une ap-
.parition fugitive l'histoire de ce triste et.
malheureux pays. La France, lasse de sa-
eriRces stérHes, retire la main qu'elle avait
teadue à ce peuple; et l'empereur Maximi-
Iie&dans!e trouble du coup terrible qui
vient de le frapper renonce a un pouvoir
où il n'entrevoit plua qu'une faculté, odieuse
surtout a un prince d'origine étrangère, la
faculté d'entretenir une guerre civile-. On
p~ut donc dire que deux choses ont dès a~-
je~'hui pris fin au Mexique l'interven-
tion française et l'empire. G'est en face de
cetteisituation nouvelle qu'il faut nettement
se placer.
Ainsi la France:éçhpue dans une grand.e
~entreprise et qui pouvait avoir d'autres
conséquences que d'ajouter une page a nos
paaales militaires. Quant .a savoir sur qui
doit peser la responsabilité de cet échec su-
bi par notre action politique, il sufËrait, si
notre patriotisme ne nous l'Indiquait pas,
d'ouvrir les journaux anglais pour l'appren-
dre. Survant nous, cette responsabilité ne
saurait pas plus retomber sur le gouverne-
ment que sur l'opposition. La France a fait t
pour ce peuple, et avec un désintéressement
nationai que l'on ne saurait trop reconnaître,
;p!us qu'une nation n'a jamais fa*t pour une
autre: nous lui avons donné une armée, des
trésors; nous avons renouvelé et formé ses
régiments; nous sommes devenus les frères
d'armes de ses soldats pour leur montrer
comment il est facile de vaincre; nous a-
vonsinsta!Ié a Mexico des principes \le
gouvernement, organisé une administra-
tion, tenté ennn tout ce qu'il est per-
mis a' un étranger d'entreprendre pour la
rénovation d'un pays. Et s'il y a eu au Corps
législatif des discours où.la regrettable is-
.sue de .cette: expéditien a été dès loEgi.emps
prévue,– moins peut-être par une vue pers-
picace de l'avenir que par un sentiment de
contradiction à l'égard du présent, est-ce
que ces paroles sonores ou éloquentes ont
paralysé~l'action politique ou militaire de la
France; est-ce qu'elles ont pu diminuer la
sagesse ou l'efncacité de nos conseils; et,
en admettant qu'elles aient été un encou-
ragement pour les uns, ne devaient-elles pas
ajoutera au concours des autres, par une
natureHe féactioD, un eSbrtpIusvifde gra-
titude et de dévouement? 2
Non, si l'empire mexicain a péri, ce n'est
,.pâs là-. 'R~erté de nos discussions publiques
.qui l'a. tué,; à .deux mille lieues de noire
tribune, ~à parole, si habile ou ardente
PE~LBTON BE LA ~AE'~E
DCMKOTEHB!!E{866
LA CHANTEUSE DEB RUES
XLI
La révélation de Martha m'expliquai!, pnfin
~)a conduite dnmisérableStevenson: c'éiaitpour
son compte qu'il agissait, espérant sans doute
surpreBdrs le secret de Martha, et, a l'aide de
cette découverte, lui imposer son odieuse pas-
sion ou le livrer au duc de B. Quel que
fût son but réel, il me parut cacher les plus si-
nistrws projets. Le long séjour que j'avais fait
en Orient m'avait appris que les hommes de la
race de Samuel ne reculent devant aucun crime
pour assouvir une passion, satisfaire une ven-
gennce ou se débarrasser d'un obstacle; pour
ces hommes les moyens importent peu, le but
est tout..
Il filait denc délivrer Martha de ce fanatique
ennemi de son repos et de notre amour d'extra-
vagants projets turgirent dans mon cerveau
exalté. Tantôt je songeais a envoyer des témoins
à Samuel Stevenson et à le convier à un duel à
mort;!BatS quel prétexte trouver à ce duel?
Où trouver des témoins qui consentissent re-
donner leur concours pour une rencontre avec
un homme dont la condition touchait presque à
la domesticité? Et puis~ créature lâche et vile,
ne procédant que dans l'ombre et ne s'atta-
quant qu'aux faibles, consentirait-il a placer
sa poitrine en face d'une épéë ou d'un pistolet?
Tantôt me souvenant comment procédaient les
Indous, je voulais l'attendre à la porte de l'hô-
tel de B. et lui plonger dans le cœur l'arme
empoisonnée de sa traîtresse patrie
J'étais fou exaspérô de mon impuissance et
rêvant; de crime comme un sectateur de Si va, ia
noiredéessel
La; nuit était arrivée. J'avais vu dans la
chambre de Mariba une lumière apparaître et.
les rideaux de la fenêtre se fecmer. Martha avait i
$~ ~9ür ~é j9uzi aax qui o:~t
tra un~ si le`Etz!~s.
qu'elle soit; n'a pas cette portée et. cite ne\
J produit pas ces cS'ets. La responsabilité de
!cette.chuic mais elle est tout entière dans
ce peuple, rebelle à toute discipline, dont la
génération actuelle et celle qui l'a précédée
ont grandi dans le désordre, ne connaissant
d'autre état politique que la guerre civile
ce peuple, parmi lequel l'audace des.rapi-
ncs assure les grades militaires, pendant
que les grades ainsi conquis Inspirent, et
justifient l'ambition du pouvoir; peuple de
guérilleros et de contrebandiers, auquel
rien n'est insupportable que la loi, et dont
les vices, l'insouciance, l'àpreté au gain, le
dédain du travail étonnent même les esprits
prévenus. Le Mexique en est a ce point que
seul, comme aujourd'hui, sans cohésion;
sans résistance possible, il est préservé de.
la conquête par la main des Américains
eux-mêmes, qui ne veulent pas d'une proie
semblable. La mission du général Sher-
man et de M. Campbell n'a pas.d'autre sens.
Ce que les envoyés du président Johnson
vont laisser aux Mexicains, c'est l'indépen-
dance du mépris.
Voila où est la responsabilité elle est as-
sez évidente et sévère pourqu'on ne la cher-
che pas ailleurs et qu'on he la déplace ni
dans l'un ni dans l'autre sens. Nous n'avons
pas à nous inquiéter de notre honneur il
sort intact de cette entreprise, car nous a-
vons rempli, et envers tous., toutes les obli-
gations qu'il nous Imposait; mais ilestd'au-
tres points sur lesquels il ne nous paraît pas
possible que l'attention du gouvernement
ne se-porte pas avec la plus active sollicitu-
de nous entendons parler de la garantie
des capitaux engagés dans les emprunts'
mexicains et de la protection due à nos na-
tionaux résidant auMexique.
'Lorsque le payement des intérêts delà
dette mexicaine a été suspendu, il a été an-
noncé qu\me convention avait été conclue
entre les gouvernements de France et du
.Mexique/convention aux termes de laquelle
il serait opéré, au proËt des créanciers fran-
çais, un certain prélèvement sur les produits
des douanes. Que devient cette convention,
au milieu do-la ruine des Institutions Impé-
riales et après l'abdication du souverain
qui l'a consentie? Quelle espérance de voir
leurs droits sauvegardés peuvent conser-
ver les porteurs de titres, intéressés à l'exé-
cution de ce contrat? En échange de l'enga-
gement de l'empereur Maximilien, rece-
vrons-nous une promesse de Juarez? Quelle
foi peut-on fonder sur la parole des repré-
sentants d'un ordre politique où il n'y aura
de réel que la confusion et l'anarchie? Tou-
tes ces incertitudes, si graves pour des par-
ticuliers, démontrent combien il serait équi-
table qu'un engagement direct de la France
vis-à-vis des souscripteurs aux emprunts de
'!864 et '!86o vînt écarter de ces questions
les intérêts individuels, en conservant
notre créance un caractère rigoureusement
diplomatique et international.
Et, d'un autre côté; à quels ressentiments,
quelles exactions et quels périls ne seront
'pas en butte, au lendemain de la retraite de
nos troupes, ceux de nos compatriotes qua
la hardiesse de leur esprit a entraînés au
Mexique, et que leurs intérêts y retien-
nent ? Est-ce qu'il n'y aura pas au-des-
sous de ces inévitables désordres, un état
~pu'e encore, où l'odieux des vengeances se
couvrira de l'Impunité des guerres civiles,
état où l'on est exelu de tout droit, de touje
justice et qui formera la déplorable con-
dition des résidents français? Il ne faut pas
que l'on soit exposé à apprendre, un jour,
la nouvelle de quelque massacre qui ferait
courir dans notre pays un frémissement
[ d'indignation et de pitié, et npus ramène-
eu le temps de prévenir lé duo de B. et 1
sans doute, a l'heure présente, Samuel Ste-
venson, coRgédiéde l'hôtel, était réduit à l'im-
puissance. Cette pensée me calma. jI,
La lumière filtrait toujours à travers la gaze
transparente des rideaux. Je n'osais espérer 1
pour le soir une lettre de Martha elle était
rentrée dans un tel état de fatigue ej, d'abatte-
ment que le duc avait dû; certainement, exiger
qu'elle se mît au lit et qu'on fît prévenir le
médecin. Si, laissée seule un instant, Martha se
levait et voyait delà lumière chez moi, eile
voudrait m'écrire, et cette imprudence pouvait
lui être fatale. Je fis le sacrifice du bonheur
qu'un mst de sa main devait m'apporter, et,
éteignant toutes les lumières, je m'enfouis dans
les ténèbres de mon jardin et me mis à contem-
pler, d'un œil iixe, le point lumineux derrière
lequel reposaient ma vie, mon âme; toutes mes
joies, toutes mes espérances.
Je restai là jusqu'à deux heures du matin, in-
sensible au froide bravant la bise du Nord, dé-
fiant ta tempête, ne vivant, ne seniantptusque
par le regard. A ce mooient; la lumière dimi-
nua d'inteasiié, et je crus.comprendre qu'une
veilleuse remplaçait la lampe.
Quelqu'un est à ses côtés, pensais-je, ou
peut-être, un repos bienfaisant est-il venu clore
ses paupières et lui apporter l'oubli
Je rentrai chez moi et m'endormis d'un som-
meil lourd et pénible.
L'aurore teintait à peine l'horizon que déjà
j'étais sur pied, interrogeant du regard avec
anxiété .les fenêtres de l'hôtel de B. tout était
calme et sitencieux. Dans l'appartement de
Mertha/Ia faible lumière de ia veille luttait en-
core avec l'aube naissante. Bientôt elle s'étei-
gnit le jour apparut dans sa magique splen-
deur, et l'astre du matin répandit sur la terre
sa bienfaisante clarté.
Cette journée s'écoula', pour moi pleine do
morteties angoisses, et le soir me trouva, bien
avant la tombée de la nuit, écoutant tous les
bruits de l'hôtel-voisin.
Toutes les heures nocturnes tintèrent lente-
ment les uses après les autres à mon oreille
mais cette fenêtre, que m*s yeux ne quittèrent
pas un seul instant, ne s'ouvrit, point.
Comme la nuit précédente, je vis une lumiè-
re briHcr à travers les rideaux et disparaître
avec les ténèbres le même silence, em-
preint de je ne sais quelle immense tristesse~
continua de régner sur l'hôtel.
:ix .l
!6'r~ par la force .irrésistible de
~bQD~S~vpfs une entreprise abandonnée.'
"Ccw't~nties, indispensabies à tant de
points de vue, la France ne peut ni les de-
mander à M. Juarejz, ni les accepter de
ses mains. Le gouvememcct des Etats-
Unis s'est fait son protecteur, qu'il âe
fasse son repondant. C'est avec ce pouvoir,
et avec lui seul, que la France peut tcaitëf,
parce qu'I! présente seul la solvabilité d'hon-
neur qui nous est nécessaire. Si des dé-
marches dans ce sens étaient tentées a
Washington ou suivies à Parrs, et si, comme
nous en sommes convaincus, elles réussis-
saient, l'opinion publique en France laisse-
rait, sans regret, après l'expérience que
nous venons de faire, le Mexique se préci-
piter vers la ruine qui l'attend.
F. DE LA PONTERIE.
Nous avons dit deux choses très simples':
Que l'extension, qu'ont reçue en France
toutes les études, et la multiplication des
établissements où l'on distribue une forte et
solide instruction scientiuque, ne permet-
tent plus de considérer comme indispensa-
ble une école spéciale destinée à donner
aux jeunes gens ies connaissances qui sont
le point de départ des professions savantes
Que les principes d'égalité et de libre
compétition, et les raisons d'intérêt public
qui ont fait retirer à l'Ecole polytechnique
le privilège de recruter exclusivement les
corps de l'artillerie et du génie, exigent
qu'elle ne conserve pas davantage le privi-
lége de recruter exclusivement les corps
des ponts et chaussées et des mines; et que
les écoles spéciales qui donnent l'entrée de
ces deux carrières soient ouvertes par un
concours public qui les rende accessibles à
tous les candidats méritants, quelque part
qu'ils aient étudié.
Ce sont là des vérités toutes simples, et
cependant elles ont fait tomber en pâmoison
l'Ôp:?!!OH na<:o?!6~e. Dans San -trouble, il no.
sufnt pas à ce journal de se réclamer de
tous les saints du calendrier socialiste, par-
mi lesquels il oublie M. Victor Considé-
rant et M. Deuotté; il évoque encore l'En-
cyclopédie, Diderot, d'Alembert et Con-
dillac, tous auteurs qu'on ne lit guère a
l'Ecole polytechnique, parce qu'ils ne ngu-
rent sur le programme d'aucun examen, et
parce'que le régime Intérieur, répartissant
minutieusement toutes les heures entre les
leçons, les exercices et les interrogations
périodiques, laisse peu de place à la lec-
ture et à la méditation.
Il faut que tous lès libres penseurs nous
courent sus, car nous sommes, aux yeux de
l'Opinion naet de la Congrégation; nous sommes les
instruments de quelque ténébreux dessein,
et le moindre des crimes que nous méditons
est de substituer à l'Ecole polytechnique
quelque couvent de moines où l'on ensei-
gnera la théologie de saint Thomas.
Tout cela est fort éloquent et ne peut
manquer de produire le plus grand enet sur
les gens auprès de qui ces sortes d'argu
ments réussissent toujours. Mais les esprits
impartiaux n'apercevront pas ce~quele pape,
la Congrégation et saint Thomas ont à voir
dans âne question d'enseignement scienti-
nque et d'égalité civile.
Nous ne croyons pas que les jésuites
soient hostiles a. l'Ecole polytechnique, car.
ils y préparent et ils y font admettre, tous
les ans, un nombre fort respectable de can-
didats.qui pénètrent par là dans les fonc-
tions publiques, malgré la vigilance de l'O-
'pMM'on Ka
vouloir leur livrer.
Laissons donc de côté toutes ces décla-
mations et demandons-nous avec bonne foi
quel intérêt matériel ou moral péricliterait
en France, si l'admission aux;écoles d'artil-
lerie, du génie, des ponts et chaussées et
des mines était, chaque année, le résultat
J'étais anéanti; 'mon sang, moins glacé par
la froidure que par l'inquiétude qui m'acca-
blait, s'était porté au cerveau. H me semblait,
par instants, que ma raison s'aliénait et qu'une
folie furieuse prenait possession de moi. Je cou-
rais du jardin à 1& rue,'épiant ici les person-
nes qui entraient ou sortaient de l'hôtel de B.
afin ds lire sur leur physionomie un présage
quelconque; étudiant là cette façade muette et
essayant de deviner la cause de ce silence de
mort.
Je croyais avoir épuisé jusqu'à la lie la coupe
des douleurs, et mes lèvres n'avaient fait que
l'efneurer!
v XLII
Les dernières vibrations de l'airain sonnant
minuit se perdaient dans l'immensité, et rien
encore n'était venu rassurer mon cœur
La situation du prisonnier attaché au poteau
de torture d'unepeuplade sauvage me semblait
enviable, comparée à ce que j'éprouvais.
Une.plus longue attente était impossible.
Ma résolution fut bientôt prise.
Je glissai dans ma poitrine un poignard ma-
lais que j'arrachai d'une panoplie, et, grimpant
le long des espaliers, j'arrivai à la crête du
mur qui séparait les deux propriétés. Les plus
épaisses ténèbres m'entouraient pas une
étoile n'éclairait la sombre nuit. Je sautai
de l'autre côté, et le bruit de ma chute, sur
le sol glacé, fut comme l'écho d'une terre
durcie tombant sur un cercueil. Je me dirigeai
vers l'hôtel l'issue communiquant au jardin
n'était fermée qu'au pêne je l'ouvris sans bruit
et me trouvai dans une longue galerie au bout
de laquelle existait un vaste escalier condui-
sant aux étages supérieurs. Au plafond, une
lampe jetait des lueurs blafardes le vent qui
s'engouffrait par la porte que j'avais laissée ou-
yerte l'éteignit aussitôt. J'avais saisi la rampe,
et; guidé par elle, j'arrivai au premier étage
l'appartement de Martha devait se trouver à
gauche.
Jo tournai les yeux de ce côté et j'aperçus,
ëltrant à travers la serrure, un mince filet de
lumière qui se reûétait sur le mur en face, lais-
sant dans son parcours une~traînée brillante.
Je restai un moment immobile, retenant mon
soufQe, et crus voir un corps opaque traverser l
d'un concours direct auquel tout le monde i
serait libredcse présenter?
Est-Il plus difncilede combiner un pro-
gramme d'admission à l'Ecole de Metz, a
l'Ecole des mines, a l'Ecole des ponts et
chaussées, qu'un programme d'admission
à l'Ecole polytechnique? Les établissements
de toute nature, publics et privés, qui prê-
~reat a cette dernière école, combineraient
t&uféhseignement de façc~n a préparer aux
écoles dont l'entrée serait rendue accessible
à tous, sans que les études intérieures y
fussent modifiées. Seulement, les jeunes
gens qui sont écartés de certaines carriè-
res, parce que leurs familles sont hors
d'état de subvenir à la pension coûteuse
d'un élève de l'Ecole polytechnique, pour-
raient se préparer isolément, dans l'inter-
valle de leurs occupations courantes, a la
profession de leur choix, comme Cuvier,
qui n'aurait pu être ingénieur ni des mines
ni des ponts et chaussées, étudiait les scien-
ces pendant le sommeil des enfants dont il
était le précepteur.
L'Ecole polytechnique nous paraît une
superfétation et un luxe inutile, depuis la
multiplication des établissements d'ensei-
gnement cependant, ce que nous deman-
dons, c'est moins sa suppression que l'abo-
lition du privHége dont la tradition l'a in-
vestie–Qu'un arrêté ministériel (il ne faut
pas autre chose) fasse dépendre désormais
l'entrée des Ecoles d'application, des mines
et des ponts-et-chaussées d'un .concours
auquel les élèves de toutes les écoles et les
candidats isol'és seront admis concurrem-
ment avec lés élèves de l'Ecole polytechni-
que nous nous déclarerons satisfaits, parce
qu'un privilège que rien ne motive aura dis-
p~ru, et ~ue l'Ecole polytechnique sera ren-
trée dans le droit commun.
CUCHEVAL-CLARIGNY.
DEPECHES ÉLECTRIQUES
Acttf:che.
Vienne, 37 novembre, soir.
La Diète de ta Basse-Autriche a commencé au-
jourd'hui les débats de l'adresse. Un de ses mem-
bres, le docteur Kuranda, a dit qu'il était impossi-
ble de considérer la séparation de l'Autriche de
l'Allemagne comme un fait durable.
Pt'MMe.
Berlin, 27 novembre.'
La GMsMe de ~HMta~KC d:< A~o?'(7, se fondant
sur l'opinion généralement adoptée, croit pouvoir
compter sur une solution prochaine et convenable
de la question de dotation sans discussion des per-
sonnes.
Le même journal dément catégoriquement le
bruit que M. de Bismark soit malade, et, par suite,
qu'il aitoSert sa démission.
Ka.!}a
Florence, 37 novembre.
La Gau 30 novembre la cessation de l'état de siège dans
la province de Palërme.
La Gctse~e publie, en outre, une circu!aire du
prince Humbert, invitant les Italiens à participer à
la prochaine Exposi'ion universelle de Paris.
La GaseMe annonce que le roi a décoré le géné-
ral Menabrea de l'ordre de FAnnonciade.
Venise, ~7 novembre, soir.-
.E 'f;célus définitivement; il y auraballotagc pour les dé-
putés qui restent élire.Presque tous les membres
élus appartiennent au parti modéré.
AméfetjiMe
New-York, 26 décembre, soir.
Le bruit court que le chef des fénians, Siephens,
a quitté les E~ats-Unis.
AHgIe
Londres, 23 novembre.
Une députation du comité des provinces a de-
mandé au ministre de l'intérieur, M. Walpole, de
nommer mille ouvriers constables pour maintenir 1
l'ordre dans la procession réformiste du 3 décem-
bre.
M. Walpole a répondu que le gouvernement ne
le rayon lumineux, puis j'entendis le bruit de
ce corps s'affaissant sur le parquet et un san-
glot arriva jusqu'à ~moi. Je me précipitai vers
la porte, l'ouvris, et me trouvai dans un petit
salon, éclairé par une lampe. Une jeune femme,
aux cheveux dorés, dormait d'un sommeil agité,
dans un fauteuil un rêve douloureux contrac-
tait ses traits palis par la veille. En face d'elle
une porte entr'ouverte laissait voir une se-
conde pièce faiblement éclairée.
Le même sanglot que j'avais déjà entendu se
renouvela; je franchis le petit salon, et m'ar-
rêtai sur le seuil, terrine par le spectacle qui i
s'offrit à ma vue.
0 Dieu! puissé-je bientôt mourir pour ense-
velir avec moi dans la tombe cet aB'reux sou-
venir l
Je vis Martha couchée dans son lit et la crus
morte. Son visage ava'it la couleur de la cire, et
ses yeux fermés, enfoncés dans leur orbite, ne
laissaient plus apercevoir que deux minces li-
gnes sombres, ses cils et ses sourcils qui sem-
blaient unis ensemble; ses lèvres, jadis si ro-
ses, étaient noires et aucun souffle ne s'échap-
pait _de sa poitrine.
L'une de ses mains pendait le long du lit
un vieillard aux longs cheveux blancs, à la fi-
gure amaigrie, aux épaules voûtées, tentait, à
genoux, de ranimer cette main glacée.
En face de lui, un homme, le regard empreint
de tristesse et d'anxiété, interrogeait le visage
de Martha."
Je demeurai pétrifie, sans voix, sans force et,
m'appuyai au mur pour ne pas tomber.
Mylord, dit d'une voix grave le person-
nage qui était debout, depuis cinquante-deux
heures j'étudi'e cette insensibilité étrange qui
offre toutes les apparences de la mort. c
J'ai épuisé tous les moyens que la science a
mis à la disposition de l'homme pour rappeler
à la vie 51"~ la duchesse je suis vaincu, et ne
peux vous dissimuler qu'aucune itiusion n'est
désormais possible cet état cache une lente et
mystérieuse agonie et la mort va bientôt arri-
ver mais, à cède heure suprême, il est de mon
devoir de vous dire la vérité cette maladie
sans nom, qui déroute toutes mes investiga-
tiens, ne peut être que le résultat d'un crime! 1
Un crime"' m'écriai-je.
Au son de cette voix qui lui était inconnue,
le vieillard releva la tcte et redressa sa haute
taille.
Qui donc a parle ? dcmanda-t-il.
pouvait agir que dans le cas ou là députaiion s'at-
tendraitadesdésordres.
Sur )a réponse négative de M. Potter, Wal-
pole a promis l'aide de la police pour maintenir
'l'orjre dans la procession.
Lord Ranelagh a accordé, au comité, t'autorisa-
tion de tcilir un meeting dans son parc.
ËSpH.f-
Madrid, 27 novembre.
La ~!oca assure, d'après ses informations, que
la reine Isabelle partira le 1' décembre pour Lis-
bonne, et qu'elle rentrera à Madrid lé 8. Sa Majesté
sera accompagnée du président, du conseil des mi-
nistres.
iPt~HOp&U~CS t!tM:Hb!eMH3S
· Buchares!,S7 novembre.
L'ouverture des Chambres a eu lieu aujourd'hui.
Le prince a dit dans son discours du trône « La sou-
veraineté de la Porte, tel!e qu'elfe est limitée par
les traites de Paris, sera respectée.
))Les relations avec tes Etats voisins sont d'un ca-
ractère pacifique. La reconnaissance de la dynastie
par la Porte et les puissances garantes, prouve que
la situation politique est très favorable. Tous les
contrats passés par l'ancien gouvernement seront
maintenus lors même qu'ils nécessiteraient des sa-
crifices, afin de ne porter aucune atteinte au cré-
ditduLp.tys.B »
Bucharest, 38 novembre.
Hier, le prince de Roumanie a reçu en audience
solennelle le consul général de France, M. d'Avril,
qui lui a remis ses lettres de créance.
BSus~ie.
Saint-Pétersbourg, 27 novembre.
Oa'mande d'Orembourg, en date du 26
« La tranquillité est complète dans tout le Tur-
kestan. Les troupes russes rentrent dans leurs
foyers. La guerre avec l'émir de Bockara est ter-
minée. Les rapports d'amitié avec le Kockhan s'af-
fermissent. Les relations commerciales sont par-
tout rétablies, a
(j~eKce HauM-BuM)'<;f.)
(Voir plus loin les dernières dépêches.)
–OB-
CHRONIQUE POLI~UE
Un correspondant particulier de Vienne
nous parle d'une brochure <( qui sera lancée
bientôt, )) nous dit-il, par un membre de
l'émigration hongroise.
Cette brochure, traitant la question déli-
cate des rapports du royaume de Hongrie
avec le gouvernement de l'empire d'Autriche
à un point de vue par trop fantaisiste, com-
parerait la Hongrie a « une jeune Elle noble,
)) pleine d'aspirations généreuses, qui serait
» unie, par les liens du mariage le plus mal
)) assorti; a un vieillard usé, dépensier, dé-
)) crépit, )) et l'auteur trouverait dès-!ors
très naturel que la jeune fille cherchât le
divorce.
La brochure, dont les conclusions ne se-
raient point exemptes de violence, conti-
jluerait sur ce ton imagé et quelque peu
singulier, on l'avouera, par conclure à une
rupture radicale entre la Hongrie et l'Autri-
che.
Un des journaux les plus indulgents en
pareIHe matière, I'Opt?M'on.H~MH6~s, a dé-
jà fait cependant ressortir combien sont re-
~grettables, dans les circonstances que tra-
verse l'Europe du sud, les manoeuvres de ce
parti qu'on est convenu d'appeler « parti de
l'action », et qui semble vouloir résister
aujourd'hui aux plus sincères réformes.
Est-ce bien le moment d'agiter ainsi les
passions quand des concessions parfaite-
ment libérales émanent chaque jour de
Vienne en faveur des nationalités crue
l'Autriche groupe sous son sceptre. Peut-
on croire que ces tentatives répondent aux
sentiments de la nation hongroise, en pré-
sence de ce fait éclatant que pendant Ia~
dernière guerre si désastreuse, les hommes
de la révolution hongroise n'ont pu entraî-
ner un mouvement national et n'ont abouti
qu'à jeter une poignée de déserteurs et de
prisonniers de la Prusse dans les montagnes
deIabasseSilésie.
La jeune fille dont parlent aujourd'hui les
conseillers apocryphes de la nation hon-
Mais avant que j'eusse eu le temps de lui ré-
pondre, un tressaillement de Martha avait atti-
ré les regards du médecin. If saisit le bras du
duc et l'attirant vers le lit
–Myiord! dit-il, regardez!
Les yeux de Martba s'étaient rouverts, et,
comme si elle eût été mue par une machine
électrique, sa tête se tourna de mon côte.
C'est toi, dit-elle d'une voix éteinte, mon
Valentin. mon ami. mon frëre! Je t'atten-
dais. donne-moi ta main.
Je pris sa main,'qui avait la froideur et la
rigidité du marbre et, tombant à genoux, je
l'inondai de mes pleurs. Elle tendit l'autre
main au due ses yeux se refermèrent de nou-
veau ct~je sentis une légère pression de ses
doigts. Sa bouche exhala un soupir et le mot
<( Adieu a vint expirer sur ses lèvres
Martba était morte
Je poussai un grand cri~ët sentis comme un
déchirement qui s'opérait en moi. En portant
involontairement la main à ma poitrine, je trou-
vai le poignard malais et j'atlais m'en percer le
cœur, lorsque le duc, dont la douleur silen-
cieuse avait quelque chose d'effrayant; arrêta
mbnbras~etme dit:
Monsieur Valentin Belz, je vous ordonne
de vivre
Puis, s'adressant au médecin, il reprit
–Vous avez parlé d'un crime, je crois,
monsieur.
Oui, mylord.
Que supposez-vous donc ? `?
Ce n'est plus' une supposition, mylord,
c'est une certitude M~ la duchesse a été em-
poisonnée à l'aide d'une faible dose d'upas an-
tiare, l'arbre mortel de Java 1
Empoisonnée m'écriai-je. Ah vous
avez eu raison d'arrêter mon bras; mylord, car
je connais le coupable.
–Vous?
–C'est Samuel Stevenson Samuel l'Indou,
Samuel l'assassin de Mary
Le duc bondit. Un sentiment de. haine féroce
sepeignH dans ses yeux. Il voulut parler; mais
la parole ne pouvait se frayer un passage dans
sa gorge.
–Samuel! exclamait-il ennn, Samuel!
l'upas!
Il s'empara violemment de l'arme qui n'avait
-pas quitté ma main.
A ce moment, la jeune femme qui dormait
grolse a essaye en )84'8 de ce divorce, et il
nous serait permis de dire, pour continuer
la comparaison, que son passé n'est pas
sans aventures.
Aujourd'hui, ramenée au foye~~n&~I,
que peut-elle attendre d'un-c0u~ ~p
nouveau?
Qu'elle accepte donc,'sa~s i~toc~~cc~
que les dispositions du ma~cnSp.&n~eH~.I~
gouvernement métropoiltai%; a lui octro.yt~
Les temps peuvent ehang~e~, .et.t.eR~
cessions qui lui sont faites aujoùrd~a~pM-
vent être impossibles demain.
L'Europe, moins encore que l'Autriche,
ne saurait consentir a l'isolement de la Hon-
grie. Tandis que les cabinets font de l'apai-
sement à tout prix, que la question d'Orient
a étéenergiquementétouS'ée, que les nations
se concertent, et s'étudient à ne provoquer
aucun conûitpar aucune faute sur l'échi-
quiér de la politique continentaie, la Hon-
grie se Iaisserait'insp:rer par des conseils
perndes si elle fournissait aux puissances
L'occasion de constater une mauvaise vo-
.lonté évidente et des tendances dangereuses.
Quelle autonomie peut-elle conquérir, en
face des principautés qui s'euacent aujour-
d'hui de la scène dfplomatique, en face de
la Russie qui lui tendra la main pour la sai-
sir dès qu'elle brisera les liens qui l'atta-
chent a l'Allemagne du Sud? Que la Hon-
grie, en poursuivant âne indépendance chi-
mérique, craigne de compromettre irrépa-
rablement le progrès de ses libertés qu'elle
peut servir si utilement en ayant pour soin
principal d'apporter son concours à l'œuvre
de régénération que l'Autriche ne peut man-
quer de poursuivre, puisqu'il s'agit pdùr
elle de vie ou de mort. Que les Heagrois ne
s'y trompent pas, nous nous plaçons, en
leur tenant ce langage, sur le terrain qu'oc-
cupent maintenant tous les libéraux. Ils
peuvent, par une entente librement débat-
tue, contraindre l'Autriche à entrer et a se
maintenir dans les voies constitutionnelles
c'est là le grand service qu'ils peuvent ren-
dre à l'Europe libérale, et c'est la seule ten-
tative qui leur assurera ses sympathies.
La Gase~e de H~ser publie un document
curieux. C'est une lettre adressée par le mi-
nistre dirigeant de Bavière, M. Yon der
Pfordtën, à M. de Grese, ministre de Ba-
vière à Dresde, au mois de juin dernier,
c'est-à-dire au moment où la cour de Saxe
prit le parti de se réfugier à Prague, où elle
fut suivie par M. de Grese.
La Bavière est résolue à faire cette guerre sans
aucun intérêt pour elle-même, et au risque assez
prochain de perdre son Paiatinat du Rhin unique-
ment par sentiment de fidélité fédérale, par devoir
et par honneur; mais elle est également résolue de
sauvegarder son indépendance et de ne pas se lais-
ser traiter comme province autrichienne, ni son
armée comme un corps autrichien, à quoi. on
était assez disposé. Le gouvernement autrichien a
abandonné sa propre proposition do désarmer au
moment où cette proposition était acceptée à Ber-
lin, et a amené la guerre par ses armements éten-
dus.
Ceci permet de croire que l'Autriche se sentant
assez forte, ainsi qu'elle l'a soutenu toujours, pour
entreprendre la lutte avec deux adversaires, et
qu'eile l'est d'autant plus aujourd'hui que Fallian-
ce de la Confédération lui est assuiée. Si ce n'était
pas là le cas, les actes de la politique aufichienne
du mois d'avril qui ont amené la guerre, 'devraient
être considérés comme le résultat d'une précipita-
tion et d'une légèreté extrêmes.
Les événements ont prouvé que cette der-
nière appréciation de M. Von der Pfordtën
était la vraie, et qu'eue n'était pas trop sé-
vère.
L'~ah'g apprécie dans les lignes suivantes,
l'attitude du gouvernement italien vis-à-vis du
pape
On a parlé de la reprise des négociations avec
Rome. Voici, croyons-nous, quelle est la véritable
situation
Le gouvernement du roi, désireux de donner
toutes les preuves possibles de la parfaite bonne
foi avec laquelle il exécutera la convention du io
septembre, ne serait pas éloigné de reprendre les
négociations avec le Saint-Siège au point où elles
turent interrompues l'an passé, s'il trouve à Rome
des dispositions aussi conciliantes que celles dont
il est animé lui-même.
La reprise des négociations n'est donc nullement.
impossible.
dans le petit salon, réveillée par le bruit de
nos voix, entra dans là chambre.
Diana ) dit froidement le duc en la voyant,
ia duchesse Martha est morte Priez pour e!te 1
Et, s'adressant au médecin et a moi
Suivez-moi, messieurs, nous dit-il.
Le duc avait saisi la lampe du petit salon et
franchi la porte qui donnait sur la galerie; nous
le suivions. Tout à coup, un cri s'échappa de
ses lèvres; il éleva la lampe, et nous vîmes un-
corps étendu sans vie sur les dalles.
C'était Samuel Stevenson
L'arme meurtrière était encore dans son sein;
sa main crispée par la mortétreignait un pa-
pier. Le duc s'en empara et le lut a mi-voix.
Il contenait ces mots
« Elle n'était pas à vous. E!Ie ne pouvait
s être a moi. Elle ne sera a nul autre. Si vous
s m'avez sauvé la vie, j'ai sauvé votre honneur.
') Nous sommes quittes B
–Infâme! murmura le duc en repoussant ie
cadavre du pied.
La lampe, qu'il tenait à la main, s'éteignit; et
nous nous trouvâmes dans l'obscurité.
AtMé par le désespoir, sansavoir la conscien-
ce de ce que je faisais, je descendis l'escalier et
me trouvai dans le jardin; j'escaladai la mu-
raille et glissai inanimé sur le sol.
Le vent glacial du nord et la neige qui tom-
bait abondamment me firent revenir à moi. Je
rentrai dans ma maison déterminé a quitter une
existence qui ne m'ofî'rait plus qu'amers regrets
et douloureux souvenirs. Le portrait de Martha
sembla se détacher de son cadre, et je crus en-
tendre sa voix mélodieuse qui me disait
Vis, pour me revoir dans un monde meil-
leur
Les croyances religieuses de l'enfance revin-
rent à mon esprit mes genoux se ployèrent et
l'âme heureuse de Martha me toucha de son
aile
Je pars paur Staoueli ensevelir a la Trappe~
dans le silence et la prière, le peu de jours qui
merestentavivre!
AMAKD LAPOINiE.
Fri~
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