Titre : La Presse
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1866-10-30
Contributeur : Girardin, Émile de (1806-1881). Directeur de publication
Contributeur : Laguerre, Georges (1858-1912). Directeur de publication
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Description : 30 octobre 1866 30 octobre 1866
Description : 1866/10/30. 1866/10/30.
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/12/2007
Mards 30 oc~rp 1$$@:
3i'ANNÉE.
3 MOïS(~9et~p!rtMentatiNSKEES, 8, PL. CE H 80URSE; ET RUE COS-ttËfiOtf
-eo~Fe ~e
'3'1"AKNËE-'
3'MdS.'(Mp.!HcM)!!s). ..i6fr.
BtJKEAt;Xt)'ABeKKEME~T, 123, KUENOXTafARTKS
'MM.-Ies abondas dontl'aboanem~t expire
le 3'! :octobre, sont pfles de le renouveler de
sui-te, s'ils ne veulent pas éprouver de retard
daas)a réception du joumËl.
Les abohnés nouveaux recevront ce qui
a paru de la CHANTEUSE DES RuES (~at'~a
~s K~MfMse), roman, par M. ArmancILapointe.
Yoir, la page, la liste dc&-Primes of-
fertes Ros abonnés.
PA~S, 29 OCTOBRE ~860
Les nouvelles du Mexique confirment l'in-
formation qui nous avait été apportée par ]c
télégraphe de la défaite des forces juaristes
parfegéaé.'aIMfjia sous les murs de Mon-
terey.
Ce général, a la tête de 5,000 hom
mes dé troupes chotsies, s'étant mis en mar-
che .sur cette viiïe, Escobedo avait pris ses
précautions pour défendre la place et avait
fait demander des renforts a Cortina. Ceiui-
ci, peu jatoux sans doute de procurer des
succès à un rival, avait préféré prendre !a
route de Matamores, d'où il se proposait de
chasser Canalès.
C'est dans ces circonstances que k géné-
ral Mejia à pu atteindre Escobedo et l'a com-
plètement battu. Monterey est retombé ainsi
au pouvoir des impériaux. <( Le corps d'Es-
cobedo, ditle CouîT!'e?'(/es E'~s~-t/nîs, était
la seule armée digne de Ce nom qui restât a
Juarez. Là victoire de Monterey'a d'autant
plus d'importance que c'est une victoire pu-
rement mexicaine, remportée par un géné-
ral mexicain à la tête dé troupes composant
l'armée personnelle de Maximilien, sans
l'assistance d'un corps français. Cet. 'inci-
dent tendrait à démontrerqu'aprèsie départ
de nos troupes l'empire peut, sinon pacifier
entièrement le pays, du moins se soutenir
contre les bandes dont on n'aura raison
qu'en les exterminant. ))
Après'cette victoire décisive dans le
nord, Mejia a dirigé une division sur Mata-
mores, autour de laquelle s'agite la guerre
"civile des républicains. Un partisan d'Or-
tega, Hinajosa, avait déjà tenté de chasser
de la ville Canalès, mais il avait échoué dans
cette nouvelle entreprise. H s'était réfugié à
Brownsville. Quant a Canaiès, il av~it frappé
les habitants de Matamores d'une contribu-
tion de 800,000 francs, et on ajoute que,
dans une seule nuit, il avait perdu au jeu Je
tiers de cette somme. Un soulèvement de la
population contre son autorité arbitraire pa-
raissait imminent.
On avait reçu à San-Francisco des nou-
velles des bandes qui avaient récemment
quitté la Californie pour le Mexique. EUes
avaient traversé le golfe de Californie en
deux groupes et se trouvaient à 60 milles
d'Alamos, en Sonora. Cette place était, di-
sait-on, défendue par 3,000 Mexicains. Un
détail digne d'être note, c'est que ces auxi-
liaires n'avaient pas hésité à ptaeer le dra-
peau de l'union américaine à côté de celui I
de l'ancienne république du Mexique.
Au milieu de ces incidents militaires,
l'empereur Maxunilien semble poursuivre
avec une active persévérance l'œùvre de la
consolidation de l'empire. Nous apprenons,
eh effet, que MM. Théophile Marin, Garcia
Aguirreet JoachimMier y Teran ont été
nommés ministres de l'intérieur, de l'ins-
truction pulique, enSn des travaux publics
et du commerce. En outre, le général de
brigade Ramon lavera, commandant mili-
taire de la' première division territoriale, a
été chargé par intérim du porteîeuille de la
guerre, et M. Joachim Terres Parrainzos,
ancien préfet de Cholula, du portefeuille des
FEUILLETON DE LÀ PAE~E
B? 38 oeTOBM 1886
LA CH~MTEUSE DES RU~§
(MAïtTHA LA VIELLEUSE)
Par une de ces splendides maUnées de-prin-
temps où tout ce qui. a vie ici-bas chante le ré-
veil de la nature, j'étais sorti de chez moi pour
acheter des cigares-; je suivais ta rue d'Haute-.
ville, essayant de ne penser à rien ou, pour
mieux dire, do conserver cette quiétude d'es-
prit qui est une des jouissances de l'homme
dont la conscience est en repos, quand tout à
coup, en baissant les yeux, j'aperçus, trottinant
avec l'élégance et )a légèreté dont la Parisienne
a seule le secret, deux petits pieds bien cam-
brés et Snement chaussés dans de coquets sou-
liers qui eussent été trop grands pour .le pied
deCendrillon.
Une robo, légèrement relevée, laissait entre-
voir, sur le bas bianc, les rubans noirs qui
s'enroulaient autour de la jambe, d'une rondeur
parfaite, et venaient s'attacher au-dessus de ia
cheviHe ce genrede chaussure, détrôné ncpuis
bien des années par l'aS'reux brodequin, le-
quel est lui-même à la veiHe d'être déffôné par
l'espèce de botte à la Souvarow que portent
nos coquettes, –piqua ma curiosité je doublai
le pas et vis un de ces minois chiH'oaaés qui
ont le privilège de faire faire à la jeunesse,
et parfois même à l'âge mûr,– toutes sortes
de folies. Le printemps et la jeunesse aidant, je
commis, ce jour-là, la folie la mieux caractéri-
sée car ce minois chiffonné et ces deux pe-
tits pieds, que j'avais suivis, par distraction,
me conduisirent jusqu'à A)ger Puisque ceci
est une confession, je dois'avouer que le point
d'arrivée devant être aussi le lieu de ia sépara-
tion, il y eut, durant ce long trajet, quelques
stations assez prolongées.'
Amené en Afrique par une de ces fantaisies
qu'on regrette de ne pouvoir plus suivre a cin-
quante ans, je voulus en ~ronter pour visiter
cette nouvelle France qui, grâce à lavapeur, est
devenue une banlieue de Marseille. J'ai décrit
ailleurs les splendeurs de cette terre de pro-
Reproductionautorisëe'poar les journaux qui ont
raité avec la Société des Gens de iettr es.
nnunces. 'Ces hommes politiques paraisgenj.
appartenu' au groupe de conservaieurs'qut
désirent !a complète réconciliation de l'E-
glise et de l'Etat. Nos lecteurs se rappc~ent
que c'est le parti qui a été, al'origtr.e, Is
plus favorable à l'intervention et ai éta-
blissement du régime impérial.
Tous les courriers nous apportent de
nouveltes preuves de la résol~i,bh qu'avait
prise l'empereur .Maximilien de défendre
avec sa couronne l'oeuvre de régénération
qu'il a entreprise. Le 16 septembre dernier,
jour où se célèbre à Mexico la fête de l'Indé-
pendance, en souvenir des premiers eilorts
tentés il y a quarante-six ans contre la do-
mination espagnole, l'empereur a prononcé
les paroles suivantes, empreintes de la m~-
me pensée et du même esprit de décision:
Je suis toujours ferme, a-i-il dit, a la place où
m'ont appelé )es vœux c'e ta .nation, en dépit de
toutes tes difficultés, sans vaciller dans mes de-
voirs, car ce n'est pas dans les moments critiques
qu'un véritable Hapsbour~ abandonne son poste.
La majorité de ia nation m'a élu pour dciendré
ses droits les plus sacrés contre les violateurs de
l'ordre, de ta propriété, de la véritab'.e indépen-
dance. Le Tout-Puissant doit donc nous pro!ég"r,
car c'est uneverité sacrée quela voix du peuple est
la voix de Dieu. On Fa vu en d'autres temps, on le
verra dans la renaissancs actueiie.
L'acharnement avec lequel les dissidents
so disputent entre eux la possession do Ma-
tamoros atteste les profondes divisions qui
existent entre les juaristes. Ainsi, le Chi-
huahua, donUe chef-lieu a été si longtemps
la capitale de Juarez, est en insurrection
contre l'ancien président. Le chef du mou-
vement est Jésus Palacios, qui était député
au congrès national.
Nous trouvons plusieurs décrets intéres-
sants dans le journal ofËcieI. L'un de ses
actes assujettit au payement des droits de
douane à l'intérieur les marchandises en-
trées par les ports qui sont au pouvoir des
dissidents. Un autre atteint les importations
faites en fraude des règlements douaniers.
Un troisième décret concède à MM. Richard
Maùry etC" un privilège de quatre-vingt-
dix-neuf ans pour l'établissement et l'ex-
ploitation de câbles sous-marins destinés à
établir une communication' télégraphique
entre les côtes du Mexique, l'île de Cuba,
l'Amérique centrale et l'Amérique méridio-
nale.
Le général de division Courtois d'HurbaI,
du corps expéditionnaire, .avait quitté Mexi-
co le 26 septembre, pour rentrer en France,
où il est. rappelé, dit l'Ere nauueHe, par le
terme Ëxé pur la loi au service des officiers
généraux.
Les journaux anglais publient la dépè-
che suivante que nous ne reproduisons
que sous les plus expresses réserves. En
supposant que la lettre dont il est question
existât, il y aurait quelque chose d'étrange
à ce qu'elle fût tombée entre les mains du
gouvernement américain
New-York, i7 octobre.
Les journaux de New-York publient une lettre
qu'ils disent avoir été adressée à l'empereur Maxi-
milieu par M. Eloin, son envoyé en Europe~ et dont
l'original serait, dit-on, en la possession du dépar-
tement d'Etat à Washington.
M. Eloin, dans cette lettre, annonce à l'empe-
reur que le général Casteinau est chargé parle
gouvernement francaisd'engager vivement Sa Ma-
jesté à abdiquer avant le départ des troupes tran-
çaisss.
M. Eloin exprime en même temps sa conviction
que Maximiliea n'abandonnera pas Mexico, mais
que, libre de l'intervention étrangère, il fera un
nouvel appel au peuple.
L'incident de l'JT~'sot~a, qui a fait croire
au retour de l'empereur Maximilien, paraît
~aujourd'hui expliqué. Cette corvette irait
remplacer dans les eaux du Mexique leDan-
dolo qui s'y trouve depuis deux ans et qui
avait lui-même remplacé la frégate mixte
j'Vo~am.
Un journal ajoute que le commandant de
l'Elisabetta a reçu ordre défaire tous ses
arrangements pour un séjour de deux ans à
la côte du Mexique.
mission, et vingt autres depuis moi, et avant
moi, en ont raconté les merveilles et les an-
chantcments. Si tout n'a pas été dit sur ce pays,
c'est que 'la plume légère du romancier retrace
plus volontiers les e8ëts que les causes et l'A-
frique française attend encore son historien.
Durant l'année de séjour que je fis par delà
la Méditerranée, je me liai d'une d'amitié très
vive avec un jeune peintre, nommé Valentin
Belz, dont la fantaisie était a peu près le seul
guide; seulement la charmante déesse ne se
présentait pas à lui sous la forme de deux
petits pieds et d'un minois chinbnné. –Mon
cher Valentin n'avait qu'une pensée l'étude
de la nature, dont l'ari, n'est que la reproduc-
tion plus ou moins intelligente. C'était unGa-
ton, un jeune sage, et bien que je fusse son
aîné il me grondaifsouventde mes folies. Pau-
vre ami il ne se doutait pas que ces folies pré-
servent le cœur des grands orages qui amènent
parfois, dans la vie, les plus douloureuses ca-
tastrophes
Vaientin Belz avait, a cette époque, vingt-
quatre ans; c'était une de ces natures d'or qui
sont sympathiques au premier aspect, et pour
lesquettes l'amitié va jusqu'à l'enthousiasme
dèxqu~npeut les juger; un cœur noble,grand;
généreux, logé dans un corps d'acier qui rap-
poiait, par la beauté exceptionnelle de son type,
ces grandes figures vénitiennes que le pinceau
~lu Titien a fait éclore. Certes, nuHe femme au
monde n'eût pu rêver figure plus distinguée et
-plus ma!e, regard plus doux et main plus par-
faite!
Je ne connais qu'un homme, un artiste aussi
iui,–Mélingue–qui ait été doué par la na-
ture d'une main semblable. Valentin n'avait
plus de famille la fièvre jaune lui avait enteve.
!bn père, capitaine de vaisseau, qui comman-
dait la station du Brésil! sa mère était morte en
lui donnant le jour et deux années avant.que je
le .rencontrasse, il avait perdu un très proche
parent qui l'avait élevé. Jamais les baisers et
les sourires d'une mère,ces soleils de l'enfance,
n'avaient réehaunë son cœur, et toutes les ten-
dresses y couvaient encore inexpérimentées.
Leur explosion devait être terrible!
Nous parcourûmes ensemble toute la cote
africaine, depuis Zaréna jusqu'à Tunis. Son
intention était de visiter l'extrême Orient
je ne pouvais, à mon grand regret, l'accom-
pagner jusque-là, et tandis qu'un navire mar-
chand le transportait en Grèce, je reprenais,
tout attristé, la route d'Alger. Trois jours
plus tard, le ~~ofe me débarquait sur les quais
de Toulon.
Pendaatles huit années qui suivirent cette
''J~aMM nous fait cette objection:
Si la Prusse admet que les liens qui ont
attaché la Confédération germanique ad'au-
tres Etats sont rompus par le fait de la 'dis-
solution de la Confédération, ce prin~pe
doit' s'appliquer .au Luxembourg aussi bien
qu'au Limbourg
Gcia est parfaitement logique mais ti~u-
drait d'abord
Etablir que !e cabinet de Berlin admet ef-
fectivement, et dans sa plénitude, le prin-
cipe que la Gs~e ~c~ema~edMA~'d
n'apptique elle-même qu'au Limbourg
Expliquer pourquoi la Prusse, tout en re-
connaissant que le Luxembourg n'a plus de
lien qui l'attache al'AUemagne, refusenéan-
moins de retirer la garnison qu'elle a mise
dans cette forteresse, et passe des marchés
de tro!s ans pour l'entretien de cette gar-
nison.
Nous trouvons dans la Co?' nouvelle suivante
Nous tenons de source certuiae que la France et
l'Angleterre préparent une note énergique & t'a-
dresse de la Russie, motivée par les grands arme-
ments maritimes'de Nikolaïef, qui blessent en
grande partie la teneur du traité de Paris.
Malgré !e ton afnrmatif de cette note,
nous doutons beaucoup de l'exactitude de
cette information.
L~MCretair3d'')a!'édMt!0!i:
E.BÂUER.
DEPECEES ËLECTR~UES
Aag!e~re ~r-
Sou~iampton, ~8 octobre, soir.
Le S~tsTUtOH est arrivé avec tes maHes des Indés
occidentales du Mexique, du Pacifique et de la Nou-
ve]!e-Zé)ande.napporta d,3J9,S10donars: Lesnou-
veUes de Saint-Thomas sont du 14, de la Vera-Cruz
du SÏ et de Vatpara~so du 17. Les rëpub)iques amé-
ricaines, du Sud, resserrent toujours leur aHiance
et continuent à fortiner leurs ports pour les mettre
à l'abri d'une attaque de l'Espagne. Le gouverne-
ment de l'Equateur.a décrété l'expulsion de tous
tes Espagnols qui ne voudraient pas se naturaliser
.danscn délai de cinquante-six jours. Plusieurs
miaes d'opale ont été découvertes dans le Honduras.
Le bruit courait d'une conspiration qui s'ourdirait
dans la répubtique de San-Salvador pour amener
une uouveUe révolution. La tracquiHita règne ac-
tuellement.
L'escadre espagnole était a Papeete (iles de la So-
ciété (Océauie), le 7 juiliet, et devait partir, quel-
ques jours après, pour Manille.
La Martinique, 13 octobre~- Le temps a été très
orageux pendant la dermëre quinzaine. L& com-
merce en importations a été très actif dans la der-
nière quinzaine de septembre.-
(~'eMCf .8'
(Voir plus loin les dernières dépêches.)
Demain, nous publierons !a deuxième let-
tre dé M. Mirés à MM: Perëire,MaMetet Sal-
vador. L'abondance des matières ne nous a
pas permis de l'insérer aujourd'hui.
CMONiQUE PCMT~UE
Le roi de Saxe est rentré dans ses Etats
aussitôt après la conclusion de la paix avec
la Prusse. L'accueil enthousiaste qui lui a
été fait par ses sujets, et dont témoigne une
lettre de notre, correspondant de Dresde,
prouve surabondamment la répulsion que le
joug de la Prusse inspire aux populations
aliemandes. I! explique, en même temps,
les regrets qu'inspire aux Hanovneos la
perte de leur autonomie.
Le Jottrna~ (~e Dresde publie la proclamatioB i
suivanteduroideSaxe: j
~M!MS'f!acOM/
Apres une séparation ioDgue,doutOureuse, âpres
ùa temps rempli de graves éYénements, je reviens
séparation, je ne reeus que deux lettres de Va-
lentin; la première, datée de Bassora, où il s'é-
tait fixé la seconde, portant le timbre de Saint-
Pétersbourg, m'annonçait sa prochaine arrivée
en France. « Je reviens, –-me disait-il,
riche d'idées et de matétiaUK de toutes sortes.
J'ai un train d'ambassadeur vingt caisses de
costumes, d'objets d'art et de curiosités qu~on
ne trouverait nulle part en France.un vrai
musée t. l'hiver ne se passera pas ayant que
je serre ta main amie. a
En effet, au mois de février 1860, Valentin
Belz arrivait à Paris. Après quelques 'jours
donnés à l'amitié, je fus deux mois sans le re-
voir il était allé en Bretagne, son pays natal,
régler des affaires que sa longue absence avait
dû singulièrement embrouiller. Au. printemps,
il revint à Paris et prit possession d'un atqlier,
espèce de palais enchanté, qu'il avait su trou-
ver dans le faubourg Saint-Honoré. S'il m'é-
tait permis d'écrire ici le véritable nom de ce
charmant artiste, le lecteur se souviendrait des
deux toiles qu'il exposa au Salonde 1860, et
qui lui valurent les étoges unanimes de la cri-
tique.
Tout le monde salua l'aurore d'un grand
peintre, d'un vrai poète de la nature. Jouissant
d'une fortune relativement importante; il ne fit
rien pour agrandir cette renmnmée naissante,
et ne voulut devoir sa réputation qu'à ses œu-
vres. Malheureusement, un grand amour, âne
de ces passions qui décident de l'avenir, enva-
hit son cœur, et le peintre déjà célèbre fut per-
du pour l'art!
Depuis plusieurs semaines je -n'avais ppmt t
eu de ses nouvelles et, malgré ma vive insis-
tance, son domestique avait constamment re-
fusé de me laisserpénétrer jusqu'à lui. L'artiste
est comme ]a femme il a des coquetteries que
l'amitié la plus dévouée doit savoir respecter.
& II travaille, me disais-je, et ne veut montrer
qu'une œuvre achevée, a J'attendis. Cependant
son silence se proto~geant/j'éprouvai quelques
inquiétudes, et un matin, prontant de l'absence
du fidèle gardien de sa porte, je me glissai dans
son ateiier. Je trouvai mon pauvre Valentin
pâte; maigre, abattu une ride profonde traver-
sait son front et quelquesuis argentés briUaient
dans sa chevelure.
Qu'as-tu? lui dis-je en serrant sa main
avec émotion, quel souci t'accable ? Pourquoi
ne m'as-tu pas appelé? Doutes-tu de mon
amitié?
Voici ma réponse, me dit~il en découvrant
une toHe qui reposait sur le chevalet j'aime
un rcve, une vision, une femme inconnue!
Vois!
'au milieu de vous. Je sais ce que voas avez souf-
fert et supporté et l'ai senti avec vous au plus pro-
fond de mon cœur; mais je sais aussi avec quelle
ferme iidélité vous avez été attaches dans toutes les
épreuves à votre prince indigène.
Cette pensée a c~, après la confiance en Dieu,
ma meilleure consolation dans tes heures de tris-
tesse que le décret impénétrable de la Providence
nous a départies a moi et à vous. Etie me'donne
un nouveau coulage pour recommencer mon rude
:tra',atl~urnithef.
Avec.l'ancien amour, devenu plu&jntime encore;
si ce!a ëiait possible, par les nombreux témoigna-
ges d'attachement que j'ai reçus, je vouerai les
jours que Dieu m'accordera encore h guérir !es
plaies du pays, a t'avbr.ser sa prospérité, à mainte-
nir le droit et ia justice, et a développer avec ré-
tlexjon nos institutions politiques. Je compte en
cela sur l'appui des représentants du pays, au-de-
vant desqueis j'irai avec la franchise et la con-
fiance habituettes.
Avec !a fidp'ité avec !aquel)e j'ai soutenu l'an-
cienne confédération, je tiendrai aussi à la nouvelle
union daus la~ueUe je viens d'entrer maintenant, et
ferai tout ce qui dépendra de mes forces pour la
rendre aussi fructueuse que possible pour notre
patrie étroite comme pour notre grande patrie, j
Puisse le Tout-Puissant bénir nos efforts communs
et la Saxe rester comme avant un pays de paix,
d'ordre, d'activiié, de culture intellectuelle, de
morati!é et de crainte de Dieu! 1
Tepli'x, le 36 octobre 1866. JEAN.
On ~'crit de Hanovre, 36 octobre, à ]a Cassée
?M't!'o?!a.!e:
L'ordonnance conce'nant l'administration civile
du royaume~ de Hanovre a para aujourd'hui dan~
le ~Mau gouvernement générât. L'administrateur civil
remp)it)ps fonctions de commissaire permanentjdu
ministère prussien et envoie aux divers ministères
Dtsrii!) son rappo:t sur toutes ies auaires pour
lesqueHes il faHai!, d'après ta Constitution hano-
vriencë/l'approbatioQ du souverain. `
Les ministères hanovriens sont dissous et rem-
places auprès du gouvernement général par trois
départements on administrations spéciales, ceDedes
j&Mno~ft, ce)!e de t'miérieur et oeUe des cultes. Le
aépTr~mentdes StKmoMsera.cbargé des ancien-
p deslJO'IItlOffi sera.chargé des anci~
nes attributions du ministère de- ta guerre, à l'ex-
ception du recrutement qui passe au dëparteoient
de l'iaterieur.Les anciens secrétaires généraux des
ministères des finances, des cultes et de l'intérieur,
MM. de Seebach,Bonel et Heinricbs, seront charges
de la direction des trois nouveaux départements.
La Gase~e de ~am publiait hier et confirme
aujourd'hui la nouvelle d'un prochain voyage
du prince Humbert en Allemagne. Le prince
partira après l'entrée du roi a Venise et visitera
Vienne et Berlin. Il s'agirait, dit la JMaM, d'un mariage avec une princesse de la
maison d'Autriche.
Le même journal ajoute:
Nous croyons pouvoir également confirmer la
nouvelle du mariage assez prochain du prince e
Amëdee avec la richissime La C'sterna, de Turin.
On sait .que la mère de cette-demoiseHe appartient
u la famiUe de Mërode. Le principal médiateur de
cette union serait, dit-on, [e çotonet MorrQ,run
des membres tes ptns innuents de ta.camaritta.
OnIitdansP~aKe;
Le gouvernement espagnol se tait, disions-nous il
y a quelques jours~ donc il nous prépare quelque
couveMesurprise.
Cette surprise, d'après quelques correspondants,
ae s'est pas fait attendre. La voici en deux mots
Oa aurait résolu, à Madrid, de continuer a Rome
le r&)e de !a France et de sauver te poavoir tMNpo-
rel des partis dont il peut être menacé..
Qu'y a-t-il de vrai dans une pareitte nouvelle? 2
M nous est difficile de le dire. Cependant elle ne
nous semNe pss tout à fait invraisemblable. On
sait les ioSuencesqui dominent à la cour d'Espagne.
Pourquoi ne tenterait-on pas âne expédition ro-
maine ? L'Italie c'aurait pas trop a s'en plaindre, et
elle ne pourrait même qu'en remercier la fortune.
Rapprochons de èe passage de rjM:e les
lignes suivantes que nous: empruntons à
l'~M)-Op8?
Ons'éMnne toutefois de la présence a Rome de
M. G)adstone que doivent rejoindre lord Clarendon
et lord Grey, et l'on se demande quel est le motif
qui a pu déterminer ces hommes d'Etat anglais a
se trouver dans !a viMe éternelle au moment où on
approche de l'échéance de décembre. H est aisé de
comprendre que la présence à Rome de quelques-
uns des membres de la dernière administration
angtaise prête à de nombreux commentaires. Aussi
narle-t-on encore de roSre-renouvelée au pape par
la reine Victoria de Ini donner asile dans l'île de
Malte.
PoM'!Ot&nMt
E.V1BRNE.
Qu'elle est belle! m'écriai-je tout fris-
sonnant devant ce chef-d'œuvre de la nature et
de l'art.
–'Tu m'excuses, n'est-ce pas? reprit Va-
lentM. `
Oh fis-je tout troublé par l'adorable tête
que j'avais sous les yeux, je comprends
–Dans un mois, je serai guéri, fou pu mort l
Tiens, ajouta-t-il en me désignant un petit
meuble, mon .testament est dans ce tiroir. Si je
n'avais pas te courage d'attendre le délai que
je me suis imposé, Ëtienne– c'était lejiom de
son domestique–irait te le porter.
Je sondai mon cœur et n'y trouvant aucune
force pour consoler cette rroide douleur, je
m'enfuis épouvanté dés ravages que la passion
avait faits dans cette nature cependant si puis-
sante. ,,¡
En rentrant chez moi, je lui écrivis quelques
lignes:
« Ami, lui disais-je, ta maîtresse est belle,
mais l'art est plus beau encore Remets-toi au
travail avec cette force de volonté que je te con-
nais, et le travail te donnera ce qu'il-ne refuse
à personne l'oubli et le repos. ))
Chaque matin, je passais à son atelier.
–Monsieur va bien, me répondait son do-
mestique.
Et, respectant cette solitude, je m'en allais
soucieux du dëooûment de cette lutte intime.
Un jour, au moment de sortir pour accom-
plir mon pèlerinage ordinaire, je reçus une let-
tre de Vaientin que m'apportait son domesti-
que. J'eus un moment d'enroi.
–Et ton maître?lui demandai-je vivement.
'–Uvabien,monsieur~ r.-
Cette phrase réponse ordmaire d'Etien-
ne, me rendit ma tranquillité.
Voici ce que contenait la lettre de Valentin
<( Je suis, à la fois, le plus heureux et le plus
malheureux des hommes Le plus heureux, car
j'ai retrouvé ma chère idole; le plus malheu-
reux, car elle est mariée, et la jalousie m@
brute le cœur Si tu ne me vois pas ~n'ac-
cuse point mon amitié. Je ne suis plus un hom-
me, je suis un misérable serf attaché h la glèbe
d'une passion dont les voluptés s loureuses que les angoisses, et cependant, plu-
tôt que d'y renoncer, je préférerais la mort 1,
a Plains et aime toujours~on pauvre ami,
))VALENT!NB.9 »
Bien des jours s'écoulèrent sans que j'enten-
disse parier de mon cher peintre.–((Il est
aimé, heureux, pensais-je, et l'amitié doit se
} contenter du regain de l'amour. Un jour il me
LA SITUATION AU~ËTÂTS-UMS
Les élections pour le Congres futur et
pour )eg législatures d'Etat sont commencées
depuis le mois de septembre aux Etats-Unis,
et leurs résultats connus jusque présent ne
sont pas de nature a diminuer ies craintes
qu'inspire, des deux côtés de. l'océan, la
lutte engagée entre le président et le parti
radical. Le8'd~x-pt'€miers.,Etats appelés a
exprimer leur vote, le Maine et lo Yermont,
se sont prononcés pour les radicaux avec
une majorité écrasante, et si les conserva-
teurs l'ont emporté dans les élections locales
de la Californie, c'est encore l'opinion radi-
cale qui a obtenu gain de cause a San Fran-
cisco, pour la représentation au Congrès.
Mais ce qui donne la mesure du revire-
ment qui s'est opéré dans les esprits depuis
le malencontreux voyage du président, c'est
que la Pensylvanie, l'Etat modérateur par
excellence, a suivi l'exemple du Maine, le
foyer le plus ardent du radicalisme; Une
dépêche nous fait connaître que la majorité
est acquise au même parti dans les Etats
de l'OhJo, de l'lowa et de l'Indiana, où, du
reste, les amis de M. Johnson s'attendaient
à un échec. C'est a Indianopolis que le pré- `
sident, dont l'apparition n'avait été saluée'
jusque-là que par des. applaudissements, a
rencontré pour la première fois ce torrent
d'insultes grossières et de brutales accusa-
tions de trahison qui l'ont malheureuse-
ment entraîné a des réponses plus énergi-
ques et plus pittoresques que convenables.
.D'autres symptômes aussi significatifs
constatent le terrai'n regagné par les radi-
caux et dans l'opinion, militante et chez
quelques-uns des hommes les plus considé-
rables de l'Union. Le A~FfM'/c.BeroM, qui
s'était montré, depuis l'avènement' de M.
Johnson, partisan de sa politique conci-
liatrice, s'est retourné tout a. coup vers
sas adversaires, et le général Grant, dont
la présence et la fidélité avaient été re-
marquées pendant toute l'orageuse pérégri-
nation présidentielle, vient de se détacher
de son chef par une lettre publique datée
du ')9 septembre, et de se poser ainsi, aux
yeux de tous, comme son plus redoutable
concurrent a la présidence future.
Ce qui explique cette situation si com-
plexe et ces soubresauts de l'opinion publi-
que, tout d'abord si favorable à la person-
ne et aux doetrines du successeur de Lin-
coln, .c'est un peu ses propres imprudences,
puis les fautes de ses plus chaleureux parti-
sans, et surtout les préventions qui persis-
tent dans le Nord contre le Sud et qui se
traduisent chez les meneurs radicaux par les
projets les plus violents et les systèmes les
plus contraires a l'esprit et au texte de la
Constitution américaine.
Nous avons déjà blâmé, non sans regret,
quelques-unes des réponses, hautaines et
acerbes de M. Johnson aux attaques systé-
matiques dont il a été l'objet pondant une
partie de son voyage. La dignité d'un chef
d'Etat n'avait rien à gagner à ces pugilats
oratoires dont ses adversaires se faisaient
un jeu cruel et habile. En se laissant a!ler
ainsi, aux entraînements' d'un caractère
puissamment taIHé.pour la lutte, le prési-
dent a donné tête baissée dans le piége qui
lui était tendu et en se créant des ennemis
personnels et irréconciliables de tous ceux
qu'il .criblait de ses mordantes invectives, ii
aamoindri dans les masses l'idée qu'elles
avaient conçu de sa sagesse et de sa mo-
dération, au grand préjudice de la cause
loyale et généreuse dont il est le coura-
geux défenseu.r
D'un autre coté, les démocrates qui s'é-
taient ralliés à lui par haine de la domina-
tion du Nord, n'ont pas toujours compris
qu'ils n'avaient de chances de succès qu'en
cessant d'être un parti pour attirer à eux
tous les éléments conservateurs du pays sur
le terrain respecté de la constitution. Ils é-
tâient bien entrés dans cette voie lors de la
Convention de Philadelphie, en éliminant
reviendra, le cœur froissé et meurtri peut-
être, mais l'art et l'amitié le consoleront )) o
Je me trompais!
Un soir, je trouvai chez mon concierge un
pli volumineux à mon adresse.
Ce pli contenait les dernières conSdences du
peintre Valentin Beiz.
S'étaient les pagesqu'on va lu'e.
Tout le monde, & Pans, sait que tes révolu-
tions et Jes réjouissances publiques ont pour
résultat de peupler le boulevard'd'une nuée de
musiciens ambulants, pinceurs de guit&re,
vielleurs, clarinettistes, violoneux et chanteurs,
enfants de bohème pour lesquels Paris a des re-
fuges mystérieux et d'innombrables ressources.
Paris! 'le rêve de la jeunesse, la ville habillée
d'or et de soie, mais pavée de crédulité et de
badauderie, où la vie se mène à grandes gui-
des, où l'or fond dans les mains, et dont l'im-
préyusest le seul et véritable souverain'! Paris
est le paradis du saltimbanque
Au printemps de 1848, le boulevard Mont-
martre et celui des Italiens étaient devenus la
propriété de la bohème mendiante et chantan-
te, Venue de tous les points de la France, on
pourrait m~tne dire de l'Europe, pour ex-
ploiter la générosité du Parisien, l'Être le plus
charitable qu'il y ait au monde.
L& police laissait faire. Existait-elle même
alors, cette pauvre police? J'avoue que je l'i-
gnore. Dans tous les cas, si elle n'était pas dé-
funte, elle était bien occupée ailleurs, car on
n'en voyait nulle trace sur tes boulevards.
Aussi, à partir de six heures dusoir; pas un
café qui ne fût entouré d'un cercle de curieux
au milieu duquel grinçait un archet souvent
m'1 assuré, piaulait une clarinette fêlée,Sou-
pirait la guitare, beuglait le trombone oul'o-
phicléide, gloussait l'orgue.de Barbarie ou la
vielle. De la porte Montmartre a!a Chaussée-
d'Antin ce n'étaient qu'arpèges jetés au vent,
roucoulements de romances, notes discordan-
tes en un mot, un immense concert en plein
vent où tous les rhythmes étaient mélangés, où
tous les genres se croisaient;, charivari musi-
cal qui ne faisait pas sourciller le peuple qui
passe pour être lé plus délicat de la terre
Au milieu do tant d'harmonie on eût pu se
croire dans les temps les plus calmés, et cepen-
dant l'accord-n~extsta.it pas davantage dans les
esprits que parmi les virtuoses du pavé; –Ça
et là sur le boulevard, ce n'étaient que groupes
pérorant, discutant et disputant; dans les cafés,
°` `
les noms trop compromis do Fernando
Wood et de VaIIandigham. Mais soit que
l'illusion de cette première victoire les eùt
abuses, soit que l'intolérance ordinaire aux
coteries ait repoussé toute conciliation a-
vec d'anciens ennemis, Us se sont aliénée;
depuis, en les écartant, notamment dans
une convention tenue a Albany, une pa~ie~
des conservateurs que la prudence et l'ipts-~
rêt public leur conseillait d'englober c~s
un~grand parti national.
Or, ies démocrates seuls ne peuvent étr8~
pour le président un appui sérieux: Us ne
représentent qu~une cause'vaincue et n'ont
pour chefs que des hommes discrédités. Aus-
si tout ~eGbrt des véritables libéraux du
Congrès vait-il tendu à constituer une espè-
ce de tiers-p~rti dans lequel tous les hon-
nêtes gens, tous les républicains sincères
auraient pu s'entendre en prenant pour dra-
peau l'union et le pacte fédéral. C'était
là la solution du conflit qui divise à la fois
le pays et le gouvernement, au grand désar-
roi de la chose publique; mais la violence
des passions engagées n'a pas permis que
cette solution se réalisât, et le président,
malgré son indépendance personnelle de
tout esprit de parti, supporte aujourd'hui les
conséquences de la déconsidération et do
l'absence de vitalité du parti démocrate dans
le-'Nord.
'Mais la principale pierre d'achoppement
de sa politique et de la réconciliation gène-
jale, c'est l'abolitionisme radical; ce sont
ces passions de secte, attisées par l'antago-
nisme des intérêts et des mœurs, qui ont
allumé, de fait, la guerre civile, et qui la
poursuiventencore avec une implacable per-
sévérance, malgré la soumission des vaincus
et la rentrée de tous les Etats dans l'ordre
légal; Les meneurs de ce parti ne dissimu-
lent -ni leurs projets ni leur but. Ne tenant
aucun compte de la proclamation présiden-
tielle qui déclare la guerre terminée et l'U-
nion rétablie, ils n'aspirentà rien moins qu'à
soumettre les Etats du Sud, au moins pen-
dant un-certain nomtre d'années, au régime
de la dictature, et, par suite, à renverser la
Constitution existante pour lui substituer une
centralisation despotique et protectioniste au
pront exclusif des Etats du Nord. On jugera
de la hardiesse de ces combinaisons par le
résumé suivant d'un discours prononcé en
P.ensylvanie par M. Tbaddeus Stevens, le
chef du parti radical au Congrès.
« ) ° II entend que le Congrès vote des lois
abolissant les gouvernements d'Etat établis
dans les Etats du .Sud, comme illégaux, et
leur substituant des gouverne.ments de-a-.
u:Hcss coH~u:'ses, Ëxant en même temps les
qualifications des ~votants et concédant aux
noirs ~e droit de suffrage.
)) 3° II entend également que le Congrès a-
dopte des loisaux termes desquelles les pro-
priétés des habitants du Sud seront frappées
d'un impôt spécial sufnsant pour payer Jes
dépenses encourues et les dommages cau-
sés par la guerre. Cette somme étant é-
gale à 5 milliards de dollars environ, une
valeur équivalente de propriétés du Sud se-
rait eon/ts~Mes pour la couvrir.
)) 3° Le Congrès devra distribuer des terres
aux soldats de couleur qui ont servi dans les
armées de l'Union et les invesiir. du droit de
suffrage. Une nouvelle connscation sera donc.
nécessaire.
M 4°La grande question fondamentalearé-
gler aujourd'hui est celle des ~'o~~esHOM's,
et M. Stevens se charge d'en imposer la so-
lution au Congrès. Il affirme que le peuple
du Sud a perdu tous ses droits, et que' le
gouvernement n'est tenu à observer aucune
obligation constitutionnelle envers lui.
seule ~o?! a sur le Sud tous les droits d'un conquérant;
les existences, les fortunes, les droits, les
privilèges, les immunités, tout ce qui appar-.
tient à la section rebelle, sont à sa disposi-
tion absolue. Là Constitution n'a pas seule-
ment été changée par la guerre; elle a été
entièrement a6o/M. Tous les liens et les con-
trats antérieurs a la guerre ont été rompus
chaque table avait sen orateur,: chaque coin
étaitunclub.
0 bizarrerie des temps! les plus calmes
d'aujourd'hui étaient les plus enragés d'alors!
Tout le monde allait au café. J'avais fait
comme tout le monde. Les préoccupations po-
litiques étaient vives, l'esprit avait besoin d'ali-
ments nouveaux; chaque jour voyait éclôre un
incident imprévu, une décision inopinée qu'il
fallait commenter, applaudir ou critiquera Quel
meilleur endroit que le café pour apprendre
toutes les nouvelles vraies ou fausses? Il n'en
existe point. Donc les anaires aHaieht mal,
mais les cafetiers faisaient fortune.
J'avais pr.is l'habitude de fréquenter un
des établissements du boulevard Montmartre,
très connu pour être le rendez-vous d'une di-
zaine de représentants et de quelques journa-
listes d'opinions diverses.'A cause de cela, les
discussions étaientardentes et passionnées les
orateurs timides s'y préparaient aux luttes de
la tribune, et les journalistes fougueux y impro-
visaient le premier Paris du lendemain.
Peu soucieux de prendre; part à ces débâts
irritantsot stériles, je ne franchissais le seuil*
du café qu'aux heures de pluie; et m'attablant
sur le boulevard, dans la partie que la tolérance
administrative accorde aux cafetiers, je me
trouvais, tous les soirs, en face des nombreux
musiciens ambulants qui sillonnaient les bou-
levards. Je dois a la vérité de déclarer ici, qu'à
a nn de la première soirée, j'eus la pensée de
me réfugier le lendemain sur les buttes Mont-
martre, et que je ne trouvai plus,extravagantes
ces paroles d'un écrivain qui devait être, plus
tard, directeur de deux théâtres lyriques musique n'est autre chose qu'un bruit de con-
vention un peu plus désagréable que les autres
bruits.))
Cependant telte est l'attraction des boule-
vards, de tous les joyaux de Paris le plus
beau, le plus étincélant, celui qui pare le mieux
la grande ville, et dont elle a ceint sa taille en
véritable coquette qu'elle est,– telle est aussi
la puissance de l'habitude, que le lendemain je
retournai au boulevard Montmartre. Peu à peu
mes oreilles se familiarisèrent avec ces discor-
dances d'instruments et de voix je trouvai
même un grand intérêt dans l'étude de tous ces
types de bohèmes, pittoresquement vêtus d'ori-
peaux et de haillons, et rappelant les ngures qui
nous ont été léguées par les burins deRem-
brandtetdeCaîlot.
ARMAND LAPOINTE.
.~ZaïMtfesc!i~c.tM.~ J
3i'ANNÉE.
3 MOïS(~9et~p!rtMentatiNSKEES, 8, PL. CE H 80URSE; ET RUE COS-ttËfiOtf
-eo~Fe ~e
'3'1"AKNËE-'
3'MdS.'(Mp.!HcM)!!s). ..i6fr.
BtJKEAt;Xt)'ABeKKEME~T, 123, KUENOXTafARTKS
'MM.-Ies abondas dontl'aboanem~t expire
le 3'! :octobre, sont pfles de le renouveler de
sui-te, s'ils ne veulent pas éprouver de retard
daas)a réception du joumËl.
Les abohnés nouveaux recevront ce qui
a paru de la CHANTEUSE DES RuES (~at'~a
~s K~MfMse), roman, par M. ArmancILapointe.
Yoir, la page, la liste dc&-Primes of-
fertes Ros abonnés.
PA~S, 29 OCTOBRE ~860
Les nouvelles du Mexique confirment l'in-
formation qui nous avait été apportée par ]c
télégraphe de la défaite des forces juaristes
parfegéaé.'aIMfjia sous les murs de Mon-
terey.
Ce général, a la tête de 5,000 hom
mes dé troupes chotsies, s'étant mis en mar-
che .sur cette viiïe, Escobedo avait pris ses
précautions pour défendre la place et avait
fait demander des renforts a Cortina. Ceiui-
ci, peu jatoux sans doute de procurer des
succès à un rival, avait préféré prendre !a
route de Matamores, d'où il se proposait de
chasser Canalès.
C'est dans ces circonstances que k géné-
ral Mejia à pu atteindre Escobedo et l'a com-
plètement battu. Monterey est retombé ainsi
au pouvoir des impériaux. <( Le corps d'Es-
cobedo, ditle CouîT!'e?'(/es E'~s~-t/nîs, était
la seule armée digne de Ce nom qui restât a
Juarez. Là victoire de Monterey'a d'autant
plus d'importance que c'est une victoire pu-
rement mexicaine, remportée par un géné-
ral mexicain à la tête dé troupes composant
l'armée personnelle de Maximilien, sans
l'assistance d'un corps français. Cet. 'inci-
dent tendrait à démontrerqu'aprèsie départ
de nos troupes l'empire peut, sinon pacifier
entièrement le pays, du moins se soutenir
contre les bandes dont on n'aura raison
qu'en les exterminant. ))
Après'cette victoire décisive dans le
nord, Mejia a dirigé une division sur Mata-
mores, autour de laquelle s'agite la guerre
"civile des républicains. Un partisan d'Or-
tega, Hinajosa, avait déjà tenté de chasser
de la ville Canalès, mais il avait échoué dans
cette nouvelle entreprise. H s'était réfugié à
Brownsville. Quant a Canaiès, il av~it frappé
les habitants de Matamores d'une contribu-
tion de 800,000 francs, et on ajoute que,
dans une seule nuit, il avait perdu au jeu Je
tiers de cette somme. Un soulèvement de la
population contre son autorité arbitraire pa-
raissait imminent.
On avait reçu à San-Francisco des nou-
velles des bandes qui avaient récemment
quitté la Californie pour le Mexique. EUes
avaient traversé le golfe de Californie en
deux groupes et se trouvaient à 60 milles
d'Alamos, en Sonora. Cette place était, di-
sait-on, défendue par 3,000 Mexicains. Un
détail digne d'être note, c'est que ces auxi-
liaires n'avaient pas hésité à ptaeer le dra-
peau de l'union américaine à côté de celui I
de l'ancienne république du Mexique.
Au milieu de ces incidents militaires,
l'empereur Maxunilien semble poursuivre
avec une active persévérance l'œùvre de la
consolidation de l'empire. Nous apprenons,
eh effet, que MM. Théophile Marin, Garcia
Aguirreet JoachimMier y Teran ont été
nommés ministres de l'intérieur, de l'ins-
truction pulique, enSn des travaux publics
et du commerce. En outre, le général de
brigade Ramon lavera, commandant mili-
taire de la' première division territoriale, a
été chargé par intérim du porteîeuille de la
guerre, et M. Joachim Terres Parrainzos,
ancien préfet de Cholula, du portefeuille des
FEUILLETON DE LÀ PAE~E
B? 38 oeTOBM 1886
LA CH~MTEUSE DES RU~§
(MAïtTHA LA VIELLEUSE)
Par une de ces splendides maUnées de-prin-
temps où tout ce qui. a vie ici-bas chante le ré-
veil de la nature, j'étais sorti de chez moi pour
acheter des cigares-; je suivais ta rue d'Haute-.
ville, essayant de ne penser à rien ou, pour
mieux dire, do conserver cette quiétude d'es-
prit qui est une des jouissances de l'homme
dont la conscience est en repos, quand tout à
coup, en baissant les yeux, j'aperçus, trottinant
avec l'élégance et )a légèreté dont la Parisienne
a seule le secret, deux petits pieds bien cam-
brés et Snement chaussés dans de coquets sou-
liers qui eussent été trop grands pour .le pied
deCendrillon.
Une robo, légèrement relevée, laissait entre-
voir, sur le bas bianc, les rubans noirs qui
s'enroulaient autour de la jambe, d'une rondeur
parfaite, et venaient s'attacher au-dessus de ia
cheviHe ce genrede chaussure, détrôné ncpuis
bien des années par l'aS'reux brodequin, le-
quel est lui-même à la veiHe d'être déffôné par
l'espèce de botte à la Souvarow que portent
nos coquettes, –piqua ma curiosité je doublai
le pas et vis un de ces minois chiH'oaaés qui
ont le privilège de faire faire à la jeunesse,
et parfois même à l'âge mûr,– toutes sortes
de folies. Le printemps et la jeunesse aidant, je
commis, ce jour-là, la folie la mieux caractéri-
sée car ce minois chiffonné et ces deux pe-
tits pieds, que j'avais suivis, par distraction,
me conduisirent jusqu'à A)ger Puisque ceci
est une confession, je dois'avouer que le point
d'arrivée devant être aussi le lieu de ia sépara-
tion, il y eut, durant ce long trajet, quelques
stations assez prolongées.'
Amené en Afrique par une de ces fantaisies
qu'on regrette de ne pouvoir plus suivre a cin-
quante ans, je voulus en ~ronter pour visiter
cette nouvelle France qui, grâce à lavapeur, est
devenue une banlieue de Marseille. J'ai décrit
ailleurs les splendeurs de cette terre de pro-
Reproductionautorisëe'poar les journaux qui ont
raité avec la Société des Gens de iettr es.
nnunces. 'Ces hommes politiques paraisgenj.
appartenu' au groupe de conservaieurs'qut
désirent !a complète réconciliation de l'E-
glise et de l'Etat. Nos lecteurs se rappc~ent
que c'est le parti qui a été, al'origtr.e, Is
plus favorable à l'intervention et ai éta-
blissement du régime impérial.
Tous les courriers nous apportent de
nouveltes preuves de la résol~i,bh qu'avait
prise l'empereur .Maximilien de défendre
avec sa couronne l'oeuvre de régénération
qu'il a entreprise. Le 16 septembre dernier,
jour où se célèbre à Mexico la fête de l'Indé-
pendance, en souvenir des premiers eilorts
tentés il y a quarante-six ans contre la do-
mination espagnole, l'empereur a prononcé
les paroles suivantes, empreintes de la m~-
me pensée et du même esprit de décision:
Je suis toujours ferme, a-i-il dit, a la place où
m'ont appelé )es vœux c'e ta .nation, en dépit de
toutes tes difficultés, sans vaciller dans mes de-
voirs, car ce n'est pas dans les moments critiques
qu'un véritable Hapsbour~ abandonne son poste.
La majorité de ia nation m'a élu pour dciendré
ses droits les plus sacrés contre les violateurs de
l'ordre, de ta propriété, de la véritab'.e indépen-
dance. Le Tout-Puissant doit donc nous pro!ég"r,
car c'est uneverité sacrée quela voix du peuple est
la voix de Dieu. On Fa vu en d'autres temps, on le
verra dans la renaissancs actueiie.
L'acharnement avec lequel les dissidents
so disputent entre eux la possession do Ma-
tamoros atteste les profondes divisions qui
existent entre les juaristes. Ainsi, le Chi-
huahua, donUe chef-lieu a été si longtemps
la capitale de Juarez, est en insurrection
contre l'ancien président. Le chef du mou-
vement est Jésus Palacios, qui était député
au congrès national.
Nous trouvons plusieurs décrets intéres-
sants dans le journal ofËcieI. L'un de ses
actes assujettit au payement des droits de
douane à l'intérieur les marchandises en-
trées par les ports qui sont au pouvoir des
dissidents. Un autre atteint les importations
faites en fraude des règlements douaniers.
Un troisième décret concède à MM. Richard
Maùry etC" un privilège de quatre-vingt-
dix-neuf ans pour l'établissement et l'ex-
ploitation de câbles sous-marins destinés à
établir une communication' télégraphique
entre les côtes du Mexique, l'île de Cuba,
l'Amérique centrale et l'Amérique méridio-
nale.
Le général de division Courtois d'HurbaI,
du corps expéditionnaire, .avait quitté Mexi-
co le 26 septembre, pour rentrer en France,
où il est. rappelé, dit l'Ere nauueHe, par le
terme Ëxé pur la loi au service des officiers
généraux.
Les journaux anglais publient la dépè-
che suivante que nous ne reproduisons
que sous les plus expresses réserves. En
supposant que la lettre dont il est question
existât, il y aurait quelque chose d'étrange
à ce qu'elle fût tombée entre les mains du
gouvernement américain
New-York, i7 octobre.
Les journaux de New-York publient une lettre
qu'ils disent avoir été adressée à l'empereur Maxi-
milieu par M. Eloin, son envoyé en Europe~ et dont
l'original serait, dit-on, en la possession du dépar-
tement d'Etat à Washington.
M. Eloin, dans cette lettre, annonce à l'empe-
reur que le général Casteinau est chargé parle
gouvernement francaisd'engager vivement Sa Ma-
jesté à abdiquer avant le départ des troupes tran-
çaisss.
M. Eloin exprime en même temps sa conviction
que Maximiliea n'abandonnera pas Mexico, mais
que, libre de l'intervention étrangère, il fera un
nouvel appel au peuple.
L'incident de l'JT~'sot~a, qui a fait croire
au retour de l'empereur Maximilien, paraît
~aujourd'hui expliqué. Cette corvette irait
remplacer dans les eaux du Mexique leDan-
dolo qui s'y trouve depuis deux ans et qui
avait lui-même remplacé la frégate mixte
j'Vo~am.
Un journal ajoute que le commandant de
l'Elisabetta a reçu ordre défaire tous ses
arrangements pour un séjour de deux ans à
la côte du Mexique.
mission, et vingt autres depuis moi, et avant
moi, en ont raconté les merveilles et les an-
chantcments. Si tout n'a pas été dit sur ce pays,
c'est que 'la plume légère du romancier retrace
plus volontiers les e8ëts que les causes et l'A-
frique française attend encore son historien.
Durant l'année de séjour que je fis par delà
la Méditerranée, je me liai d'une d'amitié très
vive avec un jeune peintre, nommé Valentin
Belz, dont la fantaisie était a peu près le seul
guide; seulement la charmante déesse ne se
présentait pas à lui sous la forme de deux
petits pieds et d'un minois chinbnné. –Mon
cher Valentin n'avait qu'une pensée l'étude
de la nature, dont l'ari, n'est que la reproduc-
tion plus ou moins intelligente. C'était unGa-
ton, un jeune sage, et bien que je fusse son
aîné il me grondaifsouventde mes folies. Pau-
vre ami il ne se doutait pas que ces folies pré-
servent le cœur des grands orages qui amènent
parfois, dans la vie, les plus douloureuses ca-
tastrophes
Vaientin Belz avait, a cette époque, vingt-
quatre ans; c'était une de ces natures d'or qui
sont sympathiques au premier aspect, et pour
lesquettes l'amitié va jusqu'à l'enthousiasme
dèxqu~npeut les juger; un cœur noble,grand;
généreux, logé dans un corps d'acier qui rap-
poiait, par la beauté exceptionnelle de son type,
ces grandes figures vénitiennes que le pinceau
~lu Titien a fait éclore. Certes, nuHe femme au
monde n'eût pu rêver figure plus distinguée et
-plus ma!e, regard plus doux et main plus par-
faite!
Je ne connais qu'un homme, un artiste aussi
iui,–Mélingue–qui ait été doué par la na-
ture d'une main semblable. Valentin n'avait
plus de famille la fièvre jaune lui avait enteve.
!bn père, capitaine de vaisseau, qui comman-
dait la station du Brésil! sa mère était morte en
lui donnant le jour et deux années avant.que je
le .rencontrasse, il avait perdu un très proche
parent qui l'avait élevé. Jamais les baisers et
les sourires d'une mère,ces soleils de l'enfance,
n'avaient réehaunë son cœur, et toutes les ten-
dresses y couvaient encore inexpérimentées.
Leur explosion devait être terrible!
Nous parcourûmes ensemble toute la cote
africaine, depuis Zaréna jusqu'à Tunis. Son
intention était de visiter l'extrême Orient
je ne pouvais, à mon grand regret, l'accom-
pagner jusque-là, et tandis qu'un navire mar-
chand le transportait en Grèce, je reprenais,
tout attristé, la route d'Alger. Trois jours
plus tard, le ~~ofe me débarquait sur les quais
de Toulon.
Pendaatles huit années qui suivirent cette
''J~aMM nous fait cette objection:
Si la Prusse admet que les liens qui ont
attaché la Confédération germanique ad'au-
tres Etats sont rompus par le fait de la 'dis-
solution de la Confédération, ce prin~pe
doit' s'appliquer .au Luxembourg aussi bien
qu'au Limbourg
Gcia est parfaitement logique mais ti~u-
drait d'abord
Etablir que !e cabinet de Berlin admet ef-
fectivement, et dans sa plénitude, le prin-
cipe que la Gs~e ~c~ema~edMA~'d
n'apptique elle-même qu'au Limbourg
Expliquer pourquoi la Prusse, tout en re-
connaissant que le Luxembourg n'a plus de
lien qui l'attache al'AUemagne, refusenéan-
moins de retirer la garnison qu'elle a mise
dans cette forteresse, et passe des marchés
de tro!s ans pour l'entretien de cette gar-
nison.
Nous trouvons dans la Co?'
Nous tenons de source certuiae que la France et
l'Angleterre préparent une note énergique & t'a-
dresse de la Russie, motivée par les grands arme-
ments maritimes'de Nikolaïef, qui blessent en
grande partie la teneur du traité de Paris.
Malgré !e ton afnrmatif de cette note,
nous doutons beaucoup de l'exactitude de
cette information.
L~MCretair3d'')a!'édMt!0!i:
E.BÂUER.
DEPECEES ËLECTR~UES
Aag!e~re ~r-
Sou~iampton, ~8 octobre, soir.
Le S~tsTUtOH est arrivé avec tes maHes des Indés
occidentales du Mexique, du Pacifique et de la Nou-
ve]!e-Zé)ande.napporta d,3J9,S10donars: Lesnou-
veUes de Saint-Thomas sont du 14, de la Vera-Cruz
du SÏ et de Vatpara~so du 17. Les rëpub)iques amé-
ricaines, du Sud, resserrent toujours leur aHiance
et continuent à fortiner leurs ports pour les mettre
à l'abri d'une attaque de l'Espagne. Le gouverne-
ment de l'Equateur.a décrété l'expulsion de tous
tes Espagnols qui ne voudraient pas se naturaliser
.danscn délai de cinquante-six jours. Plusieurs
miaes d'opale ont été découvertes dans le Honduras.
Le bruit courait d'une conspiration qui s'ourdirait
dans la répubtique de San-Salvador pour amener
une uouveUe révolution. La tracquiHita règne ac-
tuellement.
L'escadre espagnole était a Papeete (iles de la So-
ciété (Océauie), le 7 juiliet, et devait partir, quel-
ques jours après, pour Manille.
La Martinique, 13 octobre~- Le temps a été très
orageux pendant la dermëre quinzaine. L& com-
merce en importations a été très actif dans la der-
nière quinzaine de septembre.-
(~'eMCf .8'
(Voir plus loin les dernières dépêches.)
Demain, nous publierons !a deuxième let-
tre dé M. Mirés à MM: Perëire,MaMetet Sal-
vador. L'abondance des matières ne nous a
pas permis de l'insérer aujourd'hui.
CMONiQUE PCMT~UE
Le roi de Saxe est rentré dans ses Etats
aussitôt après la conclusion de la paix avec
la Prusse. L'accueil enthousiaste qui lui a
été fait par ses sujets, et dont témoigne une
lettre de notre, correspondant de Dresde,
prouve surabondamment la répulsion que le
joug de la Prusse inspire aux populations
aliemandes. I! explique, en même temps,
les regrets qu'inspire aux Hanovneos la
perte de leur autonomie.
Le Jottrna~ (~e Dresde publie la proclamatioB i
suivanteduroideSaxe: j
~M!MS'f!acOM/
Apres une séparation ioDgue,doutOureuse, âpres
ùa temps rempli de graves éYénements, je reviens
séparation, je ne reeus que deux lettres de Va-
lentin; la première, datée de Bassora, où il s'é-
tait fixé la seconde, portant le timbre de Saint-
Pétersbourg, m'annonçait sa prochaine arrivée
en France. « Je reviens, –-me disait-il,
riche d'idées et de matétiaUK de toutes sortes.
J'ai un train d'ambassadeur vingt caisses de
costumes, d'objets d'art et de curiosités qu~on
ne trouverait nulle part en France.un vrai
musée t. l'hiver ne se passera pas ayant que
je serre ta main amie. a
En effet, au mois de février 1860, Valentin
Belz arrivait à Paris. Après quelques 'jours
donnés à l'amitié, je fus deux mois sans le re-
voir il était allé en Bretagne, son pays natal,
régler des affaires que sa longue absence avait
dû singulièrement embrouiller. Au. printemps,
il revint à Paris et prit possession d'un atqlier,
espèce de palais enchanté, qu'il avait su trou-
ver dans le faubourg Saint-Honoré. S'il m'é-
tait permis d'écrire ici le véritable nom de ce
charmant artiste, le lecteur se souviendrait des
deux toiles qu'il exposa au Salonde 1860, et
qui lui valurent les étoges unanimes de la cri-
tique.
Tout le monde salua l'aurore d'un grand
peintre, d'un vrai poète de la nature. Jouissant
d'une fortune relativement importante; il ne fit
rien pour agrandir cette renmnmée naissante,
et ne voulut devoir sa réputation qu'à ses œu-
vres. Malheureusement, un grand amour, âne
de ces passions qui décident de l'avenir, enva-
hit son cœur, et le peintre déjà célèbre fut per-
du pour l'art!
Depuis plusieurs semaines je -n'avais ppmt t
eu de ses nouvelles et, malgré ma vive insis-
tance, son domestique avait constamment re-
fusé de me laisserpénétrer jusqu'à lui. L'artiste
est comme ]a femme il a des coquetteries que
l'amitié la plus dévouée doit savoir respecter.
& II travaille, me disais-je, et ne veut montrer
qu'une œuvre achevée, a J'attendis. Cependant
son silence se proto~geant/j'éprouvai quelques
inquiétudes, et un matin, prontant de l'absence
du fidèle gardien de sa porte, je me glissai dans
son ateiier. Je trouvai mon pauvre Valentin
pâte; maigre, abattu une ride profonde traver-
sait son front et quelquesuis argentés briUaient
dans sa chevelure.
Qu'as-tu? lui dis-je en serrant sa main
avec émotion, quel souci t'accable ? Pourquoi
ne m'as-tu pas appelé? Doutes-tu de mon
amitié?
Voici ma réponse, me dit~il en découvrant
une toHe qui reposait sur le chevalet j'aime
un rcve, une vision, une femme inconnue!
Vois!
'au milieu de vous. Je sais ce que voas avez souf-
fert et supporté et l'ai senti avec vous au plus pro-
fond de mon cœur; mais je sais aussi avec quelle
ferme iidélité vous avez été attaches dans toutes les
épreuves à votre prince indigène.
Cette pensée a c~, après la confiance en Dieu,
ma meilleure consolation dans tes heures de tris-
tesse que le décret impénétrable de la Providence
nous a départies a moi et à vous. Etie me'donne
un nouveau coulage pour recommencer mon rude
:tra',atl~urnithef.
Avec.l'ancien amour, devenu plu&jntime encore;
si ce!a ëiait possible, par les nombreux témoigna-
ges d'attachement que j'ai reçus, je vouerai les
jours que Dieu m'accordera encore h guérir !es
plaies du pays, a t'avbr.ser sa prospérité, à mainte-
nir le droit et ia justice, et a développer avec ré-
tlexjon nos institutions politiques. Je compte en
cela sur l'appui des représentants du pays, au-de-
vant desqueis j'irai avec la franchise et la con-
fiance habituettes.
Avec !a fidp'ité avec !aquel)e j'ai soutenu l'an-
cienne confédération, je tiendrai aussi à la nouvelle
union daus la~ueUe je viens d'entrer maintenant, et
ferai tout ce qui dépendra de mes forces pour la
rendre aussi fructueuse que possible pour notre
patrie étroite comme pour notre grande patrie, j
Puisse le Tout-Puissant bénir nos efforts communs
et la Saxe rester comme avant un pays de paix,
d'ordre, d'activiié, de culture intellectuelle, de
morati!é et de crainte de Dieu! 1
Tepli'x, le 36 octobre 1866. JEAN.
On ~'crit de Hanovre, 36 octobre, à ]a Cassée
?M't!'o?!a.!e:
L'ordonnance conce'nant l'administration civile
du royaume~ de Hanovre a para aujourd'hui dan~
le ~Mau gouvernement générât. L'administrateur civil
remp)it)ps fonctions de commissaire permanentjdu
ministère prussien et envoie aux divers ministères
Dtsrii!) son rappo:t sur toutes ies auaires pour
lesqueHes il faHai!, d'après ta Constitution hano-
vriencë/l'approbatioQ du souverain. `
Les ministères hanovriens sont dissous et rem-
places auprès du gouvernement général par trois
départements on administrations spéciales, ceDedes
j&Mno~ft, ce)!e de t'miérieur et oeUe des cultes. Le
aépTr~mentdes StKmoMsera.cbargé des ancien-
p deslJO'IItlOffi sera.chargé des anci~
nes attributions du ministère de- ta guerre, à l'ex-
ception du recrutement qui passe au dëparteoient
de l'iaterieur.Les anciens secrétaires généraux des
ministères des finances, des cultes et de l'intérieur,
MM. de Seebach,Bonel et Heinricbs, seront charges
de la direction des trois nouveaux départements.
La Gase~e de ~am publiait hier et confirme
aujourd'hui la nouvelle d'un prochain voyage
du prince Humbert en Allemagne. Le prince
partira après l'entrée du roi a Venise et visitera
Vienne et Berlin. Il s'agirait, dit la JMaM, d'un mariage avec une princesse de la
maison d'Autriche.
Le même journal ajoute:
Nous croyons pouvoir également confirmer la
nouvelle du mariage assez prochain du prince e
Amëdee avec la richissime La C'sterna, de Turin.
On sait .que la mère de cette-demoiseHe appartient
u la famiUe de Mërode. Le principal médiateur de
cette union serait, dit-on, [e çotonet MorrQ,run
des membres tes ptns innuents de ta.camaritta.
OnIitdansP~aKe;
Le gouvernement espagnol se tait, disions-nous il
y a quelques jours~ donc il nous prépare quelque
couveMesurprise.
Cette surprise, d'après quelques correspondants,
ae s'est pas fait attendre. La voici en deux mots
Oa aurait résolu, à Madrid, de continuer a Rome
le r&)e de !a France et de sauver te poavoir tMNpo-
rel des partis dont il peut être menacé..
Qu'y a-t-il de vrai dans une pareitte nouvelle? 2
M nous est difficile de le dire. Cependant elle ne
nous semNe pss tout à fait invraisemblable. On
sait les ioSuencesqui dominent à la cour d'Espagne.
Pourquoi ne tenterait-on pas âne expédition ro-
maine ? L'Italie c'aurait pas trop a s'en plaindre, et
elle ne pourrait même qu'en remercier la fortune.
Rapprochons de èe passage de rjM:e les
lignes suivantes que nous: empruntons à
l'~M)-Op8?
Ons'éMnne toutefois de la présence a Rome de
M. G)adstone que doivent rejoindre lord Clarendon
et lord Grey, et l'on se demande quel est le motif
qui a pu déterminer ces hommes d'Etat anglais a
se trouver dans !a viMe éternelle au moment où on
approche de l'échéance de décembre. H est aisé de
comprendre que la présence à Rome de quelques-
uns des membres de la dernière administration
angtaise prête à de nombreux commentaires. Aussi
narle-t-on encore de roSre-renouvelée au pape par
la reine Victoria de Ini donner asile dans l'île de
Malte.
PoM'!Ot&nMt
E.V1BRNE.
Qu'elle est belle! m'écriai-je tout fris-
sonnant devant ce chef-d'œuvre de la nature et
de l'art.
–'Tu m'excuses, n'est-ce pas? reprit Va-
lentM. `
Oh fis-je tout troublé par l'adorable tête
que j'avais sous les yeux, je comprends
–Dans un mois, je serai guéri, fou pu mort l
Tiens, ajouta-t-il en me désignant un petit
meuble, mon .testament est dans ce tiroir. Si je
n'avais pas te courage d'attendre le délai que
je me suis imposé, Ëtienne– c'était lejiom de
son domestique–irait te le porter.
Je sondai mon cœur et n'y trouvant aucune
force pour consoler cette rroide douleur, je
m'enfuis épouvanté dés ravages que la passion
avait faits dans cette nature cependant si puis-
sante. ,,¡
En rentrant chez moi, je lui écrivis quelques
lignes:
« Ami, lui disais-je, ta maîtresse est belle,
mais l'art est plus beau encore Remets-toi au
travail avec cette force de volonté que je te con-
nais, et le travail te donnera ce qu'il-ne refuse
à personne l'oubli et le repos. ))
Chaque matin, je passais à son atelier.
–Monsieur va bien, me répondait son do-
mestique.
Et, respectant cette solitude, je m'en allais
soucieux du dëooûment de cette lutte intime.
Un jour, au moment de sortir pour accom-
plir mon pèlerinage ordinaire, je reçus une let-
tre de Vaientin que m'apportait son domesti-
que. J'eus un moment d'enroi.
–Et ton maître?lui demandai-je vivement.
'–Uvabien,monsieur~ r.-
Cette phrase réponse ordmaire d'Etien-
ne, me rendit ma tranquillité.
Voici ce que contenait la lettre de Valentin
<( Je suis, à la fois, le plus heureux et le plus
malheureux des hommes Le plus heureux, car
j'ai retrouvé ma chère idole; le plus malheu-
reux, car elle est mariée, et la jalousie m@
brute le cœur Si tu ne me vois pas ~n'ac-
cuse point mon amitié. Je ne suis plus un hom-
me, je suis un misérable serf attaché h la glèbe
d'une passion dont les voluptés s
tôt que d'y renoncer, je préférerais la mort 1,
a Plains et aime toujours~on pauvre ami,
))VALENT!NB.9 »
Bien des jours s'écoulèrent sans que j'enten-
disse parier de mon cher peintre.–((Il est
aimé, heureux, pensais-je, et l'amitié doit se
} contenter du regain de l'amour. Un jour il me
LA SITUATION AU~ËTÂTS-UMS
Les élections pour le Congres futur et
pour )eg législatures d'Etat sont commencées
depuis le mois de septembre aux Etats-Unis,
et leurs résultats connus jusque présent ne
sont pas de nature a diminuer ies craintes
qu'inspire, des deux côtés de. l'océan, la
lutte engagée entre le président et le parti
radical. Le8'd~x-pt'€miers.,Etats appelés a
exprimer leur vote, le Maine et lo Yermont,
se sont prononcés pour les radicaux avec
une majorité écrasante, et si les conserva-
teurs l'ont emporté dans les élections locales
de la Californie, c'est encore l'opinion radi-
cale qui a obtenu gain de cause a San Fran-
cisco, pour la représentation au Congrès.
Mais ce qui donne la mesure du revire-
ment qui s'est opéré dans les esprits depuis
le malencontreux voyage du président, c'est
que la Pensylvanie, l'Etat modérateur par
excellence, a suivi l'exemple du Maine, le
foyer le plus ardent du radicalisme; Une
dépêche nous fait connaître que la majorité
est acquise au même parti dans les Etats
de l'OhJo, de l'lowa et de l'Indiana, où, du
reste, les amis de M. Johnson s'attendaient
à un échec. C'est a Indianopolis que le pré- `
sident, dont l'apparition n'avait été saluée'
jusque-là que par des. applaudissements, a
rencontré pour la première fois ce torrent
d'insultes grossières et de brutales accusa-
tions de trahison qui l'ont malheureuse-
ment entraîné a des réponses plus énergi-
ques et plus pittoresques que convenables.
.D'autres symptômes aussi significatifs
constatent le terrai'n regagné par les radi-
caux et dans l'opinion, militante et chez
quelques-uns des hommes les plus considé-
rables de l'Union. Le A~FfM'/c.BeroM, qui
s'était montré, depuis l'avènement' de M.
Johnson, partisan de sa politique conci-
liatrice, s'est retourné tout a. coup vers
sas adversaires, et le général Grant, dont
la présence et la fidélité avaient été re-
marquées pendant toute l'orageuse pérégri-
nation présidentielle, vient de se détacher
de son chef par une lettre publique datée
du ')9 septembre, et de se poser ainsi, aux
yeux de tous, comme son plus redoutable
concurrent a la présidence future.
Ce qui explique cette situation si com-
plexe et ces soubresauts de l'opinion publi-
que, tout d'abord si favorable à la person-
ne et aux doetrines du successeur de Lin-
coln, .c'est un peu ses propres imprudences,
puis les fautes de ses plus chaleureux parti-
sans, et surtout les préventions qui persis-
tent dans le Nord contre le Sud et qui se
traduisent chez les meneurs radicaux par les
projets les plus violents et les systèmes les
plus contraires a l'esprit et au texte de la
Constitution américaine.
Nous avons déjà blâmé, non sans regret,
quelques-unes des réponses, hautaines et
acerbes de M. Johnson aux attaques systé-
matiques dont il a été l'objet pondant une
partie de son voyage. La dignité d'un chef
d'Etat n'avait rien à gagner à ces pugilats
oratoires dont ses adversaires se faisaient
un jeu cruel et habile. En se laissant a!ler
ainsi, aux entraînements' d'un caractère
puissamment taIHé.pour la lutte, le prési-
dent a donné tête baissée dans le piége qui
lui était tendu et en se créant des ennemis
personnels et irréconciliables de tous ceux
qu'il .criblait de ses mordantes invectives, ii
aamoindri dans les masses l'idée qu'elles
avaient conçu de sa sagesse et de sa mo-
dération, au grand préjudice de la cause
loyale et généreuse dont il est le coura-
geux défenseu.r
D'un autre coté, les démocrates qui s'é-
taient ralliés à lui par haine de la domina-
tion du Nord, n'ont pas toujours compris
qu'ils n'avaient de chances de succès qu'en
cessant d'être un parti pour attirer à eux
tous les éléments conservateurs du pays sur
le terrain respecté de la constitution. Ils é-
tâient bien entrés dans cette voie lors de la
Convention de Philadelphie, en éliminant
reviendra, le cœur froissé et meurtri peut-
être, mais l'art et l'amitié le consoleront )) o
Je me trompais!
Un soir, je trouvai chez mon concierge un
pli volumineux à mon adresse.
Ce pli contenait les dernières conSdences du
peintre Valentin Beiz.
S'étaient les pagesqu'on va lu'e.
Tout le monde, & Pans, sait que tes révolu-
tions et Jes réjouissances publiques ont pour
résultat de peupler le boulevard'd'une nuée de
musiciens ambulants, pinceurs de guit&re,
vielleurs, clarinettistes, violoneux et chanteurs,
enfants de bohème pour lesquels Paris a des re-
fuges mystérieux et d'innombrables ressources.
Paris! 'le rêve de la jeunesse, la ville habillée
d'or et de soie, mais pavée de crédulité et de
badauderie, où la vie se mène à grandes gui-
des, où l'or fond dans les mains, et dont l'im-
préyusest le seul et véritable souverain'! Paris
est le paradis du saltimbanque
Au printemps de 1848, le boulevard Mont-
martre et celui des Italiens étaient devenus la
propriété de la bohème mendiante et chantan-
te, Venue de tous les points de la France, on
pourrait m~tne dire de l'Europe, pour ex-
ploiter la générosité du Parisien, l'Être le plus
charitable qu'il y ait au monde.
L& police laissait faire. Existait-elle même
alors, cette pauvre police? J'avoue que je l'i-
gnore. Dans tous les cas, si elle n'était pas dé-
funte, elle était bien occupée ailleurs, car on
n'en voyait nulle trace sur tes boulevards.
Aussi, à partir de six heures dusoir; pas un
café qui ne fût entouré d'un cercle de curieux
au milieu duquel grinçait un archet souvent
m'1 assuré, piaulait une clarinette fêlée,Sou-
pirait la guitare, beuglait le trombone oul'o-
phicléide, gloussait l'orgue.de Barbarie ou la
vielle. De la porte Montmartre a!a Chaussée-
d'Antin ce n'étaient qu'arpèges jetés au vent,
roucoulements de romances, notes discordan-
tes en un mot, un immense concert en plein
vent où tous les rhythmes étaient mélangés, où
tous les genres se croisaient;, charivari musi-
cal qui ne faisait pas sourciller le peuple qui
passe pour être lé plus délicat de la terre
Au milieu do tant d'harmonie on eût pu se
croire dans les temps les plus calmés, et cepen-
dant l'accord-n~extsta.it pas davantage dans les
esprits que parmi les virtuoses du pavé; –Ça
et là sur le boulevard, ce n'étaient que groupes
pérorant, discutant et disputant; dans les cafés,
°` `
les noms trop compromis do Fernando
Wood et de VaIIandigham. Mais soit que
l'illusion de cette première victoire les eùt
abuses, soit que l'intolérance ordinaire aux
coteries ait repoussé toute conciliation a-
vec d'anciens ennemis, Us se sont aliénée;
depuis, en les écartant, notamment dans
une convention tenue a Albany, une pa~ie~
des conservateurs que la prudence et l'ipts-~
rêt public leur conseillait d'englober c~s
un~grand parti national.
Or, ies démocrates seuls ne peuvent étr8~
pour le président un appui sérieux: Us ne
représentent qu~une cause'vaincue et n'ont
pour chefs que des hommes discrédités. Aus-
si tout ~eGbrt des véritables libéraux du
Congrès vait-il tendu à constituer une espè-
ce de tiers-p~rti dans lequel tous les hon-
nêtes gens, tous les républicains sincères
auraient pu s'entendre en prenant pour dra-
peau l'union et le pacte fédéral. C'était
là la solution du conflit qui divise à la fois
le pays et le gouvernement, au grand désar-
roi de la chose publique; mais la violence
des passions engagées n'a pas permis que
cette solution se réalisât, et le président,
malgré son indépendance personnelle de
tout esprit de parti, supporte aujourd'hui les
conséquences de la déconsidération et do
l'absence de vitalité du parti démocrate dans
le-'Nord.
'Mais la principale pierre d'achoppement
de sa politique et de la réconciliation gène-
jale, c'est l'abolitionisme radical; ce sont
ces passions de secte, attisées par l'antago-
nisme des intérêts et des mœurs, qui ont
allumé, de fait, la guerre civile, et qui la
poursuiventencore avec une implacable per-
sévérance, malgré la soumission des vaincus
et la rentrée de tous les Etats dans l'ordre
légal; Les meneurs de ce parti ne dissimu-
lent -ni leurs projets ni leur but. Ne tenant
aucun compte de la proclamation présiden-
tielle qui déclare la guerre terminée et l'U-
nion rétablie, ils n'aspirentà rien moins qu'à
soumettre les Etats du Sud, au moins pen-
dant un-certain nomtre d'années, au régime
de la dictature, et, par suite, à renverser la
Constitution existante pour lui substituer une
centralisation despotique et protectioniste au
pront exclusif des Etats du Nord. On jugera
de la hardiesse de ces combinaisons par le
résumé suivant d'un discours prononcé en
P.ensylvanie par M. Tbaddeus Stevens, le
chef du parti radical au Congrès.
« ) ° II entend que le Congrès vote des lois
abolissant les gouvernements d'Etat établis
dans les Etats du .Sud, comme illégaux, et
leur substituant des gouverne.ments de-a-.
u:Hcss coH~u:'ses, Ëxant en même temps les
qualifications des ~votants et concédant aux
noirs ~e droit de suffrage.
)) 3° II entend également que le Congrès a-
dopte des loisaux termes desquelles les pro-
priétés des habitants du Sud seront frappées
d'un impôt spécial sufnsant pour payer Jes
dépenses encourues et les dommages cau-
sés par la guerre. Cette somme étant é-
gale à 5 milliards de dollars environ, une
valeur équivalente de propriétés du Sud se-
rait eon/ts~Mes pour la couvrir.
)) 3° Le Congrès devra distribuer des terres
aux soldats de couleur qui ont servi dans les
armées de l'Union et les invesiir. du droit de
suffrage. Une nouvelle connscation sera donc.
nécessaire.
M 4°La grande question fondamentalearé-
gler aujourd'hui est celle des ~'o~~esHOM's,
et M. Stevens se charge d'en imposer la so-
lution au Congrès. Il affirme que le peuple
du Sud a perdu tous ses droits, et que' le
gouvernement n'est tenu à observer aucune
obligation constitutionnelle envers lui.
seule ~o?!
les existences, les fortunes, les droits, les
privilèges, les immunités, tout ce qui appar-.
tient à la section rebelle, sont à sa disposi-
tion absolue. Là Constitution n'a pas seule-
ment été changée par la guerre; elle a été
entièrement a6o/M. Tous les liens et les con-
trats antérieurs a la guerre ont été rompus
chaque table avait sen orateur,: chaque coin
étaitunclub.
0 bizarrerie des temps! les plus calmes
d'aujourd'hui étaient les plus enragés d'alors!
Tout le monde allait au café. J'avais fait
comme tout le monde. Les préoccupations po-
litiques étaient vives, l'esprit avait besoin d'ali-
ments nouveaux; chaque jour voyait éclôre un
incident imprévu, une décision inopinée qu'il
fallait commenter, applaudir ou critiquera Quel
meilleur endroit que le café pour apprendre
toutes les nouvelles vraies ou fausses? Il n'en
existe point. Donc les anaires aHaieht mal,
mais les cafetiers faisaient fortune.
J'avais pr.is l'habitude de fréquenter un
des établissements du boulevard Montmartre,
très connu pour être le rendez-vous d'une di-
zaine de représentants et de quelques journa-
listes d'opinions diverses.'A cause de cela, les
discussions étaientardentes et passionnées les
orateurs timides s'y préparaient aux luttes de
la tribune, et les journalistes fougueux y impro-
visaient le premier Paris du lendemain.
Peu soucieux de prendre; part à ces débâts
irritantsot stériles, je ne franchissais le seuil*
du café qu'aux heures de pluie; et m'attablant
sur le boulevard, dans la partie que la tolérance
administrative accorde aux cafetiers, je me
trouvais, tous les soirs, en face des nombreux
musiciens ambulants qui sillonnaient les bou-
levards. Je dois a la vérité de déclarer ici, qu'à
a nn de la première soirée, j'eus la pensée de
me réfugier le lendemain sur les buttes Mont-
martre, et que je ne trouvai plus,extravagantes
ces paroles d'un écrivain qui devait être, plus
tard, directeur de deux théâtres lyriques
vention un peu plus désagréable que les autres
bruits.))
Cependant telte est l'attraction des boule-
vards, de tous les joyaux de Paris le plus
beau, le plus étincélant, celui qui pare le mieux
la grande ville, et dont elle a ceint sa taille en
véritable coquette qu'elle est,– telle est aussi
la puissance de l'habitude, que le lendemain je
retournai au boulevard Montmartre. Peu à peu
mes oreilles se familiarisèrent avec ces discor-
dances d'instruments et de voix je trouvai
même un grand intérêt dans l'étude de tous ces
types de bohèmes, pittoresquement vêtus d'ori-
peaux et de haillons, et rappelant les ngures qui
nous ont été léguées par les burins deRem-
brandtetdeCaîlot.
ARMAND LAPOINTE.
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