Titre : Journal des débats politiques et littéraires
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1938-06-25
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Type : texte texte
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Description : 25 juin 1938 25 juin 1938
Description : 1938/06/25 (Numéro 150). 1938/06/25 (Numéro 150).
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Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : d'une guerre à l'autre (1914-1945)
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/01/2008
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150'ANNEE.–N"150
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25 J~!M 1938
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25 JU'~ 1938
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'f~-eMe M~ DÉBATS -T.T.- PAHtt
M.' GUTENBERS 03.00~03.0t-03.02
LES MMMES tent rettM dirmtemMt
eMj)r~en
''J~JK.jE?.
EN 2?.PAGE f
Nouvelles de l'étranger.
Le gouvernement japonais décide la mobili-
sation économique générale.
Les nationalistes avancent dans la direction
de Sagonte.
La Tchécoslovaquie et s,es minorités natio-
nales.
Le problème des réfugiés à la Conférence
d'Evian.
A la Conférence internationale de la Crom-
Rouge.
EN S* PAGE
Chez les proscrits d'Alsace.– Paul Bourson.
Le Rassemblement populaire et l'<: avenant
socialiste ?.
Communications de MM. Osusky et Paul La-
<:henal à l'Académie diplomatique.
Revue de la presse.
'Revue des livres. Raoul Narsy.
EN 4' PAGE
1 Le jubilé de M. Lémery.
La Vie artistique. Edouard Sarradin.
EN g'PAGE r-
La Bourse. j
.L'actualité Bnanciere. 'j
Ghausse-Liëvre, par Geneviève D~rdel.
'PARIS, LE 34 JUIN
La v!s!te
des
souverains anglais
Le .deuil qui les frappe entraîne un
ajournement de la visite que les sou-
verains britanniques devaient faire à
Paris la semaine prochaine. Le côm-
tnumque 'ofnciel publie par le secré-
tariat du Palais tient à constater que
< la suggestion de cet ajournement
revient au'président de la Répu-
blique et que apprécié vivement~ » le sentiment
dont il S'est inspiré.
La France tout entière s'associe
yespecttie~ement à la douleur. de la
taïmlle royale. Elle est profohdé-
B~ènt touchée du sacrifice que s'im-
posera la reine, au lendemain d'une
cruelle. épreuve, pour accompagner
le~roi dana~une démarche dont la
portée et le sens n'échappent à per-
sonne et sont ainsi rehaussés. La ré-
ception se déroulera dans une atmo-
sphère de gravité qui n'en diminuera
pas la grandeur, qui peut-être même
y ajoutera quelque chose de plus
fénéchi et de plus prenant. Ce ne
sont pas les illuminations et les
pavoisëments qui sont l'essentiel,
c'est l'accord des esprits et des cœurs
en face des nécessités de l'heure et
des devoirs qu'elles imposent.
Une page émouvante s'ajoute au
li~re d'or des visites qui ont un sens.
Gelle-ci est la consécration d'un état
<~e.choses qui résulte d'intérêts com-
muns menacés par un même danger.
Ces intérêts communs n'ont,du ï?este
~en d'égoïste ni de mesquin. La
France et l'Angleterre ent évidem-
ment :un égal besoin de paix, mais
la paix qu'elles s'attachent à sauve-
garder est la paix pour tout le
monde. Et c'est pour que tout le
monde le sache, le sache un peu
mieux, que les souverains du grand
pays ami n'ont pas voulu que la si-
gniûcation de leur voyage fût, même
en apparence, amoindrie par l'ab-
sence de la reine, si naturelle et si
justi&éa qu'elle pût être.
JL-a. population parisienne ne pré-
tend pas avoir le privilège du tact et
des nuances. On lui accorde du
moins un gentiment instinctif de la
mesure dans les circonstances qui ne
permettent pas une joie populaire
sans réserve. On peut être sûr qu'elle
en fera preuve une fois de plus et
que ses manifestations d'entente cor-
diale me perdront rien de leur éclat
pourse traduire avec moins de bruit.
La presse anglaise tout entière
s'exprime comme la nôjre. reuse et sympathique suggestion du
président de la République, écrit le
visite, dont le renvoi n'est pas sans
niddi~er de manière gênante les ]
plans de là France, ni sans entraîner
des frais et des déceptions, pourra <
conserver tout son caractère de splen-
deur. j,
~e voyage ne sera pas annulé, il `
Tie sera pas même découronné de sa
grâc:e. II a fa:IIu pour cela et cha- t t
cun te sent une volonté de bonne r
yôtonté qui en double le prix. l
A. ALBERT-PETIT.
jLa decoraMoâde Paris
L'ajournement de la visite des souverains
anglais soulève une question maintiendra-
t-on en place les motifs décoratifs déjà mon-
tés, au risque' de les laisser défraîchir par
le vent et la pluie, ou les déposera-t-on pour
les replacer dans quinze jours ?
La première solution paraît devoir préva-
loir. Mais on pourrait bien profiter de ce con-
tre temps pour rectifier d'évidentes erreurs.
Les architectes chargés de décorer le par-
cours des souverains ont donné à la presse
l'ineffable assurance qu'on ne toucherait pas
à l'aspect monumental de la capitale. Ils se
sont gardés de parler des fûts innombrables
plantés devant la façade des Invalides et des
deux gigantesques motifs ~symboliques »
dressés sur la place de la Concorde.
Nous ne dirons rien des mâts multicolores
qui s'alignent sur l'avenue des Champs-Ely-
sées, ni des miroirs aux alouettes installés
dans le <: salon de verdure du rond-point.
Ces derniers sont sans doute destinés à re-
hausser des effets d'eau, qui sont la seule
idée originale et heureuse dont se
Soient inspirés les <: décorateurs Nous ne
dirons rien non plus de la rotonde, assez
ISgëre, Mifiée devant la. gare d'atri~e des
souverains.
Mais on ne saurait trop déplorer les tours
carrées surmontées d'un fer de lance doré qui
entourent l'Arc de Triomphe et feraient là
joie d'un comice agricole. Elles alternent
avec des petits pylônes terminés en pinces
de crabes du plus cocasse effet. Quant à la
Porte-Maillot, on y a aménagé une rangée
circulaire de troncs à torsades, dont le profil
et la couleur sont d'une égale vulgarité.
Nous nous serions gardés de revenir sur
ces critiques si le nouveau délai que nous
laisse l'arrivée de nos hôtes ne permettait
pas de remédier à de trop manifestes fautes
de goût.
Où en est l'Etat?
M. Paul Reynaud, dans le discours qu'il
a prononcé devant l'assemblée du Conseil
d'Etat, s'est exprimé avec une grande hau-
teur de vues sur l'un des problèmes essen-
tiels de ce temps, qui est le problème de
l'Etat. M. Paul Reynaud a été frappé, comme
tous les esprits qui réfléchissent, par l'omni-
potence de l'Etat dans les sociétés moder-
nes. Formé pour assurer à l'individu la sé-
curité et, par conséquent, les libertés dont
celui-ci à besoin, l'Etaï est devenu peu à pëtf
i'o~~mê~ë~dB tous'les- écarts,- }e -Mn~n-
ciaire de toutes les initiatives et l'expression
d'un culte extraordinaire et monstrueux. De
moyen supérieur qu'il était, il s'est changé
en une fin suprême. Au lieu d'être puissant
pour permettre à la personne humaine son
développement harmonieux, il est devenu
puissant au point d'opprimer la personne et
de l'anéantir. Il a à la fois augmenté son
pouvoir et développé ses attributions. Il a
tendu à absorber toute activité sociale. Il s'est
posé souverainement dans l'absolu. Il a
dressé son symbole et il est devenu une sorte
de divinité.
Tel est l'Etat que des sociétés et des phi-
losophies sociales comme le ~KtHMMtc
f/tt~-MWC essaient d'accréditer dans de
grandes nations. M. Paul Reynaud constate
que les instincts profonds de l'homme résis-
tent à cette usurpation singulière, mais il
remarque aussi que, dans les pays où s'accom-
plit la mainmise totale sur l'individu, l'Etat en
tire, momentanément du moins, une recrudes-
dënce surprenante de force, un développement
prodigieux de pouvoir qui est redoutable pour
les Etats voisins et qui doit les obliger à leur
tour, pour se défendre, à de grandes et fortes
actions. Dans le monde actuel, il n'est plus
possible qu'il ait plus possible non plus qu'il y ait des socié-
tés' bu la facilité' soit la règle.' La théorie
suivant laquelle l'Etat doit être faible pour
que le citoyen soit fort, conclut M. Paul Rey-
naud, ne peut se concevoir que dans les pé-
riodes calmes, elle serait un contre-sens au-
jourd'hui.
On comprend assurément le sens de cet
appel et de cet avertissement. Où en est
l'Etat dans notre pays ? Il est à la fois tout-
puissant et inerte, plein d'exigence et fragile,
organisme qui, par un étrange paradoxe, s'af-
faiblit à mesure qu'il se renforce. Notre Etat
a certainement participé à la fièvre d'ambi-
tion qui a atteint presque tous les autres
Etats du monde. Par l' <: omnivorisme éta-
tiste, il a prétendu s'attribuer tous les rôles,
remplir toutes les fonctions, s'insinuer et
dominer partout. Il veut tout faire lui-même.
Il veut même être tout. C'est la grande ma-
ladie de la socialisation. Mais, en même
temps, par suite des singularités de la dé-
magogie, par suite aussi des faiblesses du
parlementarisme, il a laissé se former toute
sorte de pouvoirs, ri vaux qui le menacent et
le rendent instable. Son développement même
a entraîné le développement de la bureaucra-
tie dont il dépend. L'Etat, ayant besoin d'or-
ganes de plus en plus nombreux pour exercer
ses charges de plus en plus diverses, est de-
venu le prisonnier de ses instruments. II est
le prisonnier des fonctionnaires, des syndi-
cats. Il dépend des comités, d'obscurs prében-
diers, de faiseurs d'élection. Il est partout
et il n'est nulle part. Il est tyrannique et il
est soumis lui-même à des tyrans invisibles.
II brime, il réglemente, il légifère, et il s'ef-
~fondre, dans l'inaction, sous le poids de la
paperasserie qui lui est indispensable. C
On peut bien dire que cet Etat a besoin
d'être renforcé. Mais il a surtout besoin ]
d'être reconstitué. Tant qu'il voudra tout C
aborder, tout accomplir, il négligera tout, et a
en premier lieu ses attributions essentielles, j 1
Tant qu'il sera asservi aux nécessités d'un f
régime démagogique qui l'obligent à être j ~i
tout-puissant pour faire bénéficier de cette t
toute-puissance une clientèle avide, il ne sera
rien. S'il reste tel qu'il est, les citoyens au-
ront beau suivre les conseils J M. Paul Rey-
naud en consentant à l'Etat les plus grands t
sacrifices ,-ces saen6ces ne serviront qu'une r
minorité turbulente et la. société n'en sera
que plus appauvrie. Les premiers sacrifices
doivent être consentis par l'Etat lui-même,
qui doit cesser d'être usinier, marchand, ar-
mateur, assureur, banquier et s'appliquer à
ses fonctions véritables. Il est nécessaire en
même temps que l'Etat ne recommande pas,
comme l'idéal des temp-. modernes, la paresse
et les loisirs. Jusque présent, l'Etat sociali-
L'ajournement du voyage des souverains
Le Palais de Buckimgham publie le commu-
nique suivant
En raison ~K deuil de ~0 Majesté /0 Reine,
Président de la ~~M&/<9M? /f0ttfat~*0 Je-
moM~ si Z.~K~ Majestés préféreraient remettre
leur visite à Paris à la période allant ~K 19 CM
22 ;«t~
Leurs Mo/M~ MZ'fMM< <0«t-ytCM par les
Mo~/y oyoMt inspiré la ~fo/'o~t'oM de M. Le-
&~M~ ~OK< fO/OM
I.'MMM~MfO~OM du MtOMKWCtt< aux MOf~ aus-
~aH~Kjf de /OCMer~ à Ft~M-JS~/OMMCM~ OMt-S
t
L'opinion publique anglaise
est émue du g6
dm président de la république
1~ geste du Président Lebrun, proposant qnë
!a visite des souverains anglais soit remise au
tnois de juillet, a profondément ému l'opinion
puMique britannique, si l'on en juge par la
presse de ce matin.
Le généreuse et sympathique suggestion du
Président de la République, écrit le T~M, a
été acceptée. Ainsi !!jt visite, dont le renvoi n est
pas sans modifier de manière gênante les plans
de la France, ni sans entraîner des frais et des
déceptions, pourra conserver tout son caractère
de splendeur. Mais le peuple anglais ne sera
pas près d'oublier la nouvelle preuve que les
Français viennent de donner de leurs tradition-
nelles qualités de cœur et de tact, en prenant
l'initiative du geste qui Vient de résoudre la dif-
ficulté.
.La délicate suggestion du Président de la
Republique française, écrit de son côté le Dot/v
Tf/e~-oyA, a été acceptée.
Le peuple anglais, qui n'attendait pas avec
moins d'impatience que le peuple français l'hon-
neur que le pays ami se prépare à faire à nos
souverains, sera déçu du retard.
Mais, poursuit-i!, après la vofonté exprimée
par la France de s'associer aux deuils aussi bien
quaux joies de l'Angleterre, la visite aura fina-
lement une signification encore plus profonde.
Le deult de famille
des souverains anglais
On annonce que les obsèques de la comtesse
de Strathmore aurqn): heu )undi prochain 27
courant, au château d.e Gtamis. Un service re-
ligieux sera célébré le même jour'i Londresi f
Le deuil qui frappe les souverains est observé
comme deuil de famille et non pas comme un
deuil de Cour, pour un membre de la famiMe
royale qui aurait entraîné la suspension de toute
réception pendant trois mois.
Hier, !e roi a offert, dans !es jardins de Buc-
kingham, une:s~~t party aux 600 délégués à
la Conférence internationale de la Croix-Rouge.
Le souverain était en habit, avec cravate et
chapeau noirs en signe de deuil. Il était accom-
pagné de la reine mère Mary, la reine Elisa-
beth n'assistait pas à !a réception.
Le roi s'est fait présenter par Lord Ebbis-
ham soixante-dix délégués, représentant plus de
cinquante nations, et échangea quelques mots
avec chacun d'eux.
La plupart des femmes de délégués portaient
te costume national de leur pays et un grand
nombre des délégués étaient en uniforme, y
compris le duc de Saxe-~Cobourg-Gotha, prési-
~M y0~ LE /C~
Un nouveau portrait de Necker
.Y' "1
Il est des hommes qui traversent les
grandes tourmentes sans: en pàraHre affec-
tés. Ce ne sont point toujours des natures
olympiennes, mais des personnages que le
sûr abri de leur fortune, l'éclectisme de
leurs relations et aussi une certaine ab-
sence ~ie passion préservent également de
la panique et des enthousiasmes témérai-
res. Necker est du petit nombre de ces
privilégiés. Aucune âme ne fut plus sim-
ple que la sienne, un psychologue di-
rait plus désespérément simple. II faut
bien de l'imagination pour faire de lui
un « sauveur & ou, au contraire, un <: four-
rier de la Révolution Et on ne s'ex-
plique ni les violents courants d'opinion
ni les adulations qui entourèrent sa per-
sonne. Peu d'hommes se sont, en effet, ré-
véiés plus impuissants à dominer le cours
des événements. Le seul miracle que Necker
ait accompli, ce fut, étant étranger et pro-
testant, de tenir entre ses mains les des-
tinées de la Monarchie française.
L'intéressant ouvrage récemment publié
par M. Edouard Chapuisat qui, grâce à
l'obligeance de Mme la comtesse Le Ma-
rois, née d'Haussonville, a pu consulter
les archives du château de Coppet, nous
ouvre des horizons nouveaux sur les idées
du <: Grand Homme comme l'appelaient
ses admirateurs (1). Tout semblait con-
courir à la fortune de Jacques Necker. A
ce riche bourgeois, assez opulent pour prê-
ter à la monarchie, assez cultivé pour tenir
son rang parmi les beaux esprits de l'épo- ri
que, marié à une femme charmante et
<: sensible X-, rien ne manqua, si ce n'est
peut-être un bon cuisinier (du moins à en
croire cette mauvaise langue de Grimm).
Le peuple, qui le tient pour l'homme in-
tègre par excellence. lui donne sa con--
fiance et son cœur. Des petites gens se
feront tuer en portant son buste en
triomphe.
Necker est heureux. Trop heureux, trop
satisfait de lui-même et des siens. Il n'a
connu ni les révoltes intérieures d'un Mi-
rabeau, ni les méditations hautaines d'un
sant se~contentait d'exiger d'une minorité
laborieuse des ressources abondantes, pour
entretenir une majorité peu active. Aujour-
d'hui, il prétend interdire à cette minorité
même le travail et lui prendre ses richesses
en l'empêchant de les reconstituer. Telle est
l'absurdité à laquelle nous aboutissons. Il est
évident que le dénouement ne peut être que
le chaos, l'anarchie et la défaite.
uem: ce m ~roix-Kouge allemande et cousin du
roi.
L'hommage de la vIHe de Lyon
M. Edouard Herriot offrira à la reine Eli-
sabeth, au nom de la ville de Lyon, du Co-
mité centra! de la soie et de la Fabrique lyon-
naise, un coffret de magnifiques soieries créées
et tissées spécialement à l'intention de la jeune
souveraine. Il a tenu à rédiger lui-même le texte
du parchemin de dédicace, qui sera remis entre
les mains royales dans un maroquin vert jade,
timbré d'argent aux armes de la Couronne d'An-
gleterre. Cette dédicace est ainsi conçue
G~e-Brera~ Majesté, la
Grande-Bretagne.
royaume à qui Dieu ait
~Par~autant_ de grâces qu'à-]~-Ville de Lyon
de coÊn~ Soye en toutes
de couleurs.
Corporation des Teinturiers, 1581.
Aujourd'hui, comme jadis. Lyon s'efforce
d'exprimer le Goût et la Beauté et de les ré-
pandre à travers le monde.
Aujourd'hui, les Corporations de la Soie de
Lyon m'ont fait le très grand honneur d'oSrir
en leur nom a Votre très Gracieuse Majesté
quelques-unes de leurs plus belles spécialités,
tissées à Votre intention.
Reconstitution du Cabinet égyptien
OR télégraphie du Caire au T~tM ?j
Mohamed pacha Mahmoud, premier ministre,
a été reçu en audience, pendant une heure par
le rp). Il a déclaré que cette entrevue avait été
très satisfaisante. II a ajouté que rien ne serait
annoncé tant qu'il n'aura pas consulté ses col-
lègues Un Conseil aura Heu samedi, après quoi
e premier ministre sera de nouveau reçu par le
roi,
En. dépit de la réserve de cette déclaration,
on a appris que le roi avait accepté la recons-
-itution jeunent vendredi à Alexandrie, invités par le
premier ministre. La composition du nouveau
Cabinet, qui se rendue publique samedi, sera la
suivante':
~MM~Mohamed pacha Mahmoud premier m!
ntstre~ Ahmed Maher (saadiste), nnances Mah-
moud Fahmy pacha Nokrashi (saadiste), inté-
rieur Abdel Fattah pacha Yehia (indépendant),
aHaires étrangères; Ahmed pacha Khashaba
Uibera)), justice; Achwan pacha Mahruz (li-
beral); agriculture; Hussein pacha Heikal (li-
béra!), éducation; Hassan pacha Sat)ry (indé-
pendant), guerre et marine; Mahmoud pacha
Ghaleb (saadiste), communications; Dr Hamed
Mahmoud (saadiste), santé puMique; Hussein
pacha- Sirry (indépendant), travaux publics
Me. Satia Habachi (saadist'e), commerce et in-
dustrie Cheikh Moustafa Abdet Razek bey (li-
béral), wakfs.
I! y a déjà des signes que l'entrée des saa-
distes (wafdistes dissidents) dans le Cabinet
excitera la colère des wafdistes nahadistes. On
remarque que des portefeuilles importants ont
été attribués aux saadistes et certains observa-
teurs .prédisent que ceux-ci deviendront l'élé-
ment prépondérant dans le nouveau Cabinet.
Robespierre. Il reste à la fois loin du peu-
ple et ioin de la Monarchie il ne cherche
à se rapprocher ni de l'un ni de d'autre,
tout pénétré qu'il est de la supériorité de
sss,idées. <: H met trop de métaphysique
da~si,~out ce qu'il écrit », note très fine-
dans tout ce qu'il écrit x., note très Hne-
ment Mme du Deffand. Ce qui ne l'empê-
cha pas de haïf l'esprit de système et de
preférej <: son bon sens à toutes les
théones de, l'économie politique. « C'est,
dira-t-H, une science où l'on est à la suite
des opinions des autres sans s'en aperce-
voir, car toutes les routes y sont en cercle,
et l'on y revient sur ses pas beaucoup plus
qu'on- avance. » Ses idées politiques et
sociates ne sont rien moins que révolu-
tionnaires, et l'on est tenté d'affirmer que
certaines d'entre elles pourraient bien
n'être que le reflet de son tempérament
persbnneL Ce riche n'a pas honte de sa
fortune. Il est convaincu de la nécessité
du iuxe « Il faudrait, pour l'arrêter dans
un pays tel que la France, interdire à la
terre d'être fertile. » Ce bourgeois, secrè-
tement fier de sa baronnie de Coppet, sera
à peu près seul à protester contre la sup-
pression de titres nobiliaires. N'est-on pas
allé jusqu'à prétendre assez ridiculement
que, si Necker avait été hostile à la libre
circulation des grains, c'est parce qu'i)
avait « été hanté par le spectre de la
disette », étant gros mangeur et affligé de
« faims canines 1
Necker n'est point responsable' de la
Révolution. H était naturellement étranger
à toutes les violences. Mais !e rô!e de
« sauveur est périlleux à tenir. Le mi-
nistre a commencé par où tant de ses suc-
cesseurs ont fini l'aveu du déficit. Il n'a
pu a!)er plus loin. Le jugement porté sur
lui par Bonaparte est. injuste « Pauvre
divinité 'M n'y a jamais eu d'homme plus
médiocre, avec son fton-fton et sa queue
de chiffres. » Mais que pouvait, que vou-
M faire cet étranger, plus homme de fi-
nance qu'homme d'Etat, entre une Cour
hostite et un peuple déchaîné? « Ce ne
fut pas, dit M. Chapuisat, un surhomme,
mais un honnête homme. » Et c'est un
éloge qui en vaut bien d'autres.
ALBERT MOUSSET.
(i)' Edouard Chapm~at, Necker ~732-1804?,
Sirey, 1938.
MLNevi! Cham~am et ta quesMoa d'EspagM
On conçoit iort bien l'émotion €t l'irn-
tation que causent de l'autre côté de la
Manche tes bombardements incessants
dont les navires britanniques sont les vic-
times et que l'opinion désire qu'on mette
fin à ces attaques. Dans le débat qui a eu
Heu hier soir à la Chambre des Communes
cet état d'esprit s'est exprimé d'une façon
exempte d'arrière-pensées dans le discours
de M. Winston Churchill, qui n'est pas un
adversaire du gouvernement. Malheu-
reusement les intentions d'autres orateurs,
parlant au nom de l'opposition, sont peut-
être moins pures leur indignation semble
toujours avoir pour objet de contrecarrer
la politique de lion-intervention que le
cabinet poursuit avec raison et de servir
la cause des rouges. C'est ce qu'a très net-
tement marqué M. Neville Chamberlain.
dans la réponse digne et calme qu'il a faite
à ses interpellateurs. <: Une grande indi-
gnation a été manifestée, a-t-il dit, par des
nombres de l'opposition au sujet dés atta-
ques qui ont été dirigées contre des navires
britanniques et au sujet de la destruction
de biens britanniques, question à propos
de laquelle ils n'ont pas toujours montré
un tel enthousiasme. Ils devraient se de-
mander dans cette circonstance si leurs
motifs sont entièrement sans mélange et
si c'est seulement l'Indignation causée par
la destruction de biens britanniques ou par
le risque couru par des vies britanniques
qui les fait agir en cette aSaire. Depuis
le commencement du conflit espagnol,
l'opposition a résisté de la façon la plus
persistante et parfois la plus amère à toute
la politique de non-Intervention. »
Le premier ministre a mis là le doigt
sur le fait qui donne un caractère un peu
suspect à toutes ces manœuvres. Il a in-
vité ses adversaires à ne pas étouffer par
leurs passions la voix de la raison. II a
fait voir que sa politique avait eu en vue
la préservation du plus grand des biens,
à savoir la paix, et d'empêcher la consé-
quence inévitable de toute intervention,
c'est-à-dire la transformation de la guerre
civile espagnole en une conflagration in-
ternationale~ H a rappelé-~que le gouver-
nement avait depuis longtemps informé les
propriétaires de navires que, s'ils pou-
vaient compter sur la protection de la
flotte britannique en haute mer, il n'en
était pas de même quand, dans la zone des
hostilités, ils faisaient pénétrer leurs vais-
seaux dans les eaux territoriales. Certains
armateurs ont tenu compte de cet aver-
tissement. D'autres, alléchés par les grands
profits que procure toujours un trafic fait
dans ces conditions, ont passé outre. <: Est- <
il vraiment admissible, a ajouté le pre-
mier ministre, que le pays soit entraîné
dans la guerre ou qu'il se livre à une action
qui pourrait l'entraîner dans la guerre pour
protéger des gens qui, par pure recherche
du gain, se sont engagés dans un com-
merce risqué en dépit des avertissements
du gouvernement ? II y a lieu de dire
encore que certains des navires en ques-
tion ne sont'britanniques que de nom.
Ces observations sont parfaitement
sages. Agacé par l'excitation de M. Lloyd
George, qui réclamait le bombardement
de Majorque, M. Chamberlain a vive-
ment ,répdn mais ce n'est pas une politique que le pays
pourrait approuver. Je sais gré à l'hono
râble gentleman d'avoir dit aussi claire-
ment ce qu'il ferait. Dans la soixante-
seizième année de son âge, il est prêt à
plonger le pays dans la guerre. » Cette
réplique était d'autant plus méritée que M.
Lloyd George est un des grands responsa-
bles du triste état dans lequel l'Europe se
trouve aujourd'hui. Cela ne veut pas dire
que le premier ministre approuve de très
fâcheux procédés de guerre ni qu'il ne
fera rien dans la mesure où cela dépend
de lui pour obtenir leur cessation. Des
explications ont été demandées à Burgos.
L'agent britannique détaché auprès du
gouvernement Franco (pourquoi n'avons-
nous toujours pas, comme nos voisins,
un représentant auprès des nationalistes?),
Sir Robert Hodson, devra même venir
en personne à Londres pour apporter ces
explications, le gouvernement se réservant
de prendre ensuite une décision. Mais le
premier -ninistre ne se laissera détourne!
par aucun incident de la voie qu'il a choi-
sie et qu'il considère comme la bonne. I!
l'a répété hier à diverses reprises. « Nous
entendons, a-t-i! dit, poursuivre la politi-
que de non-Intervention, qui, en ce mo-
ment plus qu'à aucun autre, paraît pouvoir
être couronnée de succès. » Revenant à la
charge, il a encore déclaré plus tarddis une fois de plus que nous ne change-
rons pas la politique que j'ai fait connaî-
tre à la Chambre et au pays en ce qui
concerne l'Espagne. »
On ne peut que féliciter les Anglais
d'avoir à leur tête, dans cette période cri-
tique, un homme qui conserve un calme
imperturbable et qui, s'étant fixé un but
et ayant déterminé les meilleurs moyens
de l'atteindre, ne veut pas être arrêté dans
l'œuvre qu'il juge nécessaire. C'est ainsi
qu'on écarte les dangers et que, finalement,
on obtient des résultats. La présence de
M. Neville Chamberlain au pouvoir a été
aussi un grand bienfait pour nous. Il y
a tout'juste trois mois, M. Léon.Blum'a
fait tout ce qu'il a pu pour nous jeter dans
la mêlée. Si sa funeste politique n'a pas* 4
eu les plus" graves conséquences, c'est
sans aucun doute à l'heureuse action du
premier ministre anglais qu'on le doit sur-
tout. Aujourd'hui, nos ministres parais-
sent avoir pris le bon chemin, ce qui leur
vaut les attaque de M. Blum, de ses amis
et de ses alliés. Qu'à l'exemple de M.
Chamberlain, ils ne se laissent pas détour-
ner de !a route où ils se sont engagés
PIERRE BERNUS.
Un débat aux Commune* `
sur !es bombardements des navires
M. Attlee, député travailliste, a inauguré au
début de la soirée le débat aux Communes sur
les bombardements de navires marchands bri-
tanniques dans les eaux espagnoles. Il a réclamé
le blocus de l'île de Majorque par la flotte an-
glaise et a soutenu que cette action ne pouvait
entraîner de c~mplicatioNS .dû coté des puis-
sances. L'Allemagne, a bombardé AImeria en
représailles d'une attaque contre un de seânavt-
res de guerre, l'Italie a conclu un accord de bon
voisinage un bon voisin ne peut protester
parce qu'un Etat souverain protège ses rMSOt-'
tissants.
Le premier ministre considère-t-il donc que
Franco est si bien protégé par une autre puis-
sance qu'il n'ose pas protéger le sujets britanni-
ques ? demande encore M. Attlee. L'Angleterre
est-elle incapable de protéger ses nationaux en
raison de la menace d'autres puissances ?
Si nous continuons d'admettre ces attaques
contre les navires britanniques, où nous arrê-
terons-nous ? Et M. Attlee conclut en afnrmant
que le premier ministre veut la victoire de
Franco et est prêt à sacrifier les intérêts bri-
tanniques pour conclure une alliance avec M.
Mussolini.
Le premier ministre nie énergiquement que le
gouvernement britannique ait plus de sympathie
pour un des partis espagnols que pour l'autre.
Notre politique, a-t-il affirmé, a consisté à
essayer de préserver le plus grand des intérêts
britanniques c'est-à-dire la paix. Et tout. au
long le but de la politique de non-intervention
a été d'éviter ce que nous considérons comme
les résultats inévitables d'une intervention
c'est-à-dire l'extension d'un conflit au delà des
frontières de l'Espagne jusqu'à ce qu'il se trans-
forme en une connagration générale européenne.
Il ne se laissera écarter de sa ligne par aucune
provocation.
Il est impossible de protéger ailleurs, qù'eà
haute mer.
M. Lloyd George voudrait que les aérodro-
mes de Majorque soient'bo~afdés'-eMétttfttt
déclare le premier ministre. C'est une pQ)it)que,
mais une politique que le pays n'appuierait pas.
Dans sa soixante-seizième année M. Lloyd
George est prêt à lancer le pays dans une guerre.
A mon avis, riposte M. Lloyd George, cela
arrêterait la guerre et le bombardement des
bateaux anglais.
Je dis, répète le premier ministre, que c'est là
le moyen de provoquer une nouvelle guerre eu-~
ropéennne. Telle est l'opinion du pays en général.
Je ne suis pas disposé à courir ce risque.
D'autre part, M. Chamberlain rappeUe sa
récente déclaration. Il est évidemment impos-
sible que 16s attaques entraînant fréquemment
.des pertes de vies, et parfois apparemment'
systématiques, contre des navires britanniques
puissent être répétées sans compromettre sé'
rieusement les relations amicales que les auto"
Mtés de Burgos se disent désireuses d'entre"
ftemr avec nous.
Je répéterai et soulignerai cet avertissement
et comme deux attaques dont nous discutons
aujourd'hui nous paraissent entrer nettement,
d'après les témoignages que nous possédons
jusqu'ici, dans la catégorie des attaques systé-
matiques, nous avons, comme je l'ai annoncé à
l'heure des questions, demandé aux autorités de
Burgos une explication de ces attaques qui son~
apparemment incompatibles avec les assurances
qui nous furent données.
Je déplore ces attaques, poursuit le premier
ministre. J'espère que les avertissements donnés
tout récemment auront été compris par le gé-
néral Franco. J'espère que, de toutes.facpns,
n'est pas trop tard pour qu'il donne des 'ins-
tructions afin d'éviter !e retour de ces inc!<-
dents. En cë~ qui concerne l'avenir, je demande*
rar seulement~ la Chambre d'attendre que nousi
ayons reçu la réponse des autorités nationatlis?
tes et que nous ayons eu la possibilité de l'et~-
dier.
Sir Archibald Sinclair, leader dé ~opposition
libérale, qui parle ensuite, voit dans le général
Franco un homme qui n'a pas plus de droit t
être reconnu comme belligérant qu'un gangster
dans les rues américaines.
Au cours d'une intervention énergique et
éloquente, M. Winston Churchill déplore la fai-
blesse du gouvernement. Il ne croit pas qu'au-
cune grande puissance navale tolèrerait de tel-t
les attaques. Le Japon, l'Italie, l'Allemagne, les
Etats-Unis ne les toléreraient certainement pat
ainsi pendant des mois.
Comme remède, il suggère que le premier mi-
nistre demande à M. Mussolini de ne négliger
aucun effort pour prévenir une répétition de
ces attaques et de fournir les preuves qu'il a
fait tout son possible pour y mettre fin.
Je suis certain que s'il faisait cela, un grand
obstacle aux relations amicales entre la Grande-
Bretagne et l'Italie serait renversé.
Mais, reprend-il, M. Chamberlain et ses
collègues ayant fait de leur mieux et le général
Franco s'obstinant dans son attitude, il ne res-
terai.): plus qu'à le menacer de saisir un ou plu-
sieurs de ses navires de guerre en haute mer
« Je ne crois pas. dit-il en terminant, que cela
entraînerait une guerre générale en Europe
M. R. A. Butler, sous-secrétaire d'Etat aux
affaires étrangères, termine alors le débat a<~
nom du gouvernement.
Il est peut-être légal de faire du commerce
-dans les eaux espagnoles, déclare-t-il. Mais,
après les avertissements donnés aux navires, il
est préférable de ne pas se rendre dans ces
ports~ à l'heure actuelle. On a dit que les va-
peurs britanniques devraient être protégés tout
comme le sol britannique, et c'est une noble tra-
dition, Le Rpuvernement est parfaitement dé-
cidé et à même de défendre un navire en haute
mer.
Nous ne pouvons pas défendre les navires t
l'intérieur de la limite de trois miHes et nous
l'avons déclaré très nettement Nous nous en
tenons à cette décision.
Examinant les remèdes suggérés, H repousse
l'idée d'un blocus de Palma qui signifierait que,
au lieu d'obéir à la loi internationale, les An-
glais deviendraient des pirates à leur tour. Ils
devraient arraisonner des navires neutres.
Ce serait adopter une attitude contraire à !a
lot internationale qui pourrait avoir les consé-
quences les plus graves et les plus dangereuses.
Après la mise aux voix, la motion travail
liste est repoussée par 275 voix contre 14;,
SO centimes le I~uméro– DANS TOUTE 1.~ FRAMCE TL.e ISTuTn~t-o SO centimes
150'ANNEE.–N"150
? t50. t50' ANNEE
SAMED!
25 J~!M 1938
11 M)XBEL'tMMEt)E)!T `:'
11 Smm~Miilm
?MMttMt!i)it! 37fr. 70fr. ISOff.
R[Mj)
temmtKditit). Mfr.HSrr.ZZOh
!tMBoef(s)itre!!pm) 86h. 16
Ce t'atCNM <<
4tH)!M~c<
~:YI1MVY1V~
JOMMAL BES DEBATS
POUïtOtfES Eï UïïE!!A))tES
SAMED!
25 JU'~ 1938
)tÉt)tCÎ)MEïM)t))))SïMï)B)t:
i7. Rm des Pmtres-St-Semam.t'AnxMMM
PARIS.~r
'f~-eMe M~ DÉBATS -T.T.- PAHtt
M.' GUTENBERS 03.00~03.0t-03.02
LES MMMES tent rettM dirmtemMt
eMj)r~en
''J~JK.jE?.
EN 2?.PAGE f
Nouvelles de l'étranger.
Le gouvernement japonais décide la mobili-
sation économique générale.
Les nationalistes avancent dans la direction
de Sagonte.
La Tchécoslovaquie et s,es minorités natio-
nales.
Le problème des réfugiés à la Conférence
d'Evian.
A la Conférence internationale de la Crom-
Rouge.
EN S* PAGE
Chez les proscrits d'Alsace.– Paul Bourson.
Le Rassemblement populaire et l'<: avenant
socialiste ?.
Communications de MM. Osusky et Paul La-
<:henal à l'Académie diplomatique.
Revue de la presse.
'Revue des livres. Raoul Narsy.
EN 4' PAGE
1 Le jubilé de M. Lémery.
La Vie artistique. Edouard Sarradin.
EN g'PAGE r-
La Bourse. j
.L'actualité Bnanciere. 'j
Ghausse-Liëvre, par Geneviève D~rdel.
'PARIS, LE 34 JUIN
La v!s!te
des
souverains anglais
Le .deuil qui les frappe entraîne un
ajournement de la visite que les sou-
verains britanniques devaient faire à
Paris la semaine prochaine. Le côm-
tnumque 'ofnciel publie par le secré-
tariat du Palais tient à constater que
< la suggestion de cet ajournement
revient au'président de la Répu-
blique et que
dont il S'est inspiré.
La France tout entière s'associe
yespecttie~ement à la douleur. de la
taïmlle royale. Elle est profohdé-
B~ènt touchée du sacrifice que s'im-
posera la reine, au lendemain d'une
cruelle. épreuve, pour accompagner
le~roi dana~une démarche dont la
portée et le sens n'échappent à per-
sonne et sont ainsi rehaussés. La ré-
ception se déroulera dans une atmo-
sphère de gravité qui n'en diminuera
pas la grandeur, qui peut-être même
y ajoutera quelque chose de plus
fénéchi et de plus prenant. Ce ne
sont pas les illuminations et les
pavoisëments qui sont l'essentiel,
c'est l'accord des esprits et des cœurs
en face des nécessités de l'heure et
des devoirs qu'elles imposent.
Une page émouvante s'ajoute au
li~re d'or des visites qui ont un sens.
Gelle-ci est la consécration d'un état
<~e.choses qui résulte d'intérêts com-
muns menacés par un même danger.
Ces intérêts communs n'ont,du ï?este
~en d'égoïste ni de mesquin. La
France et l'Angleterre ent évidem-
ment :un égal besoin de paix, mais
la paix qu'elles s'attachent à sauve-
garder est la paix pour tout le
monde. Et c'est pour que tout le
monde le sache, le sache un peu
mieux, que les souverains du grand
pays ami n'ont pas voulu que la si-
gniûcation de leur voyage fût, même
en apparence, amoindrie par l'ab-
sence de la reine, si naturelle et si
justi&éa qu'elle pût être.
JL-a. population parisienne ne pré-
tend pas avoir le privilège du tact et
des nuances. On lui accorde du
moins un gentiment instinctif de la
mesure dans les circonstances qui ne
permettent pas une joie populaire
sans réserve. On peut être sûr qu'elle
en fera preuve une fois de plus et
que ses manifestations d'entente cor-
diale me perdront rien de leur éclat
pourse traduire avec moins de bruit.
La presse anglaise tout entière
s'exprime comme la nôjre.
président de la République, écrit le
niddi~er de manière gênante les ]
plans de là France, ni sans entraîner
des frais et des déceptions, pourra <
conserver tout son caractère de splen-
deur. j,
~e voyage ne sera pas annulé, il `
Tie sera pas même découronné de sa
grâc:e. II a fa:IIu pour cela et cha- t t
cun te sent une volonté de bonne r
yôtonté qui en double le prix. l
A. ALBERT-PETIT.
jLa decoraMoâde Paris
L'ajournement de la visite des souverains
anglais soulève une question maintiendra-
t-on en place les motifs décoratifs déjà mon-
tés, au risque' de les laisser défraîchir par
le vent et la pluie, ou les déposera-t-on pour
les replacer dans quinze jours ?
La première solution paraît devoir préva-
loir. Mais on pourrait bien profiter de ce con-
tre temps pour rectifier d'évidentes erreurs.
Les architectes chargés de décorer le par-
cours des souverains ont donné à la presse
l'ineffable assurance qu'on ne toucherait pas
à l'aspect monumental de la capitale. Ils se
sont gardés de parler des fûts innombrables
plantés devant la façade des Invalides et des
deux gigantesques motifs ~symboliques »
dressés sur la place de la Concorde.
Nous ne dirons rien des mâts multicolores
qui s'alignent sur l'avenue des Champs-Ely-
sées, ni des miroirs aux alouettes installés
dans le <: salon de verdure du rond-point.
Ces derniers sont sans doute destinés à re-
hausser des effets d'eau, qui sont la seule
idée originale et heureuse dont se
Soient inspirés les <: décorateurs Nous ne
dirons rien non plus de la rotonde, assez
ISgëre, Mifiée devant la. gare d'atri~e des
souverains.
Mais on ne saurait trop déplorer les tours
carrées surmontées d'un fer de lance doré qui
entourent l'Arc de Triomphe et feraient là
joie d'un comice agricole. Elles alternent
avec des petits pylônes terminés en pinces
de crabes du plus cocasse effet. Quant à la
Porte-Maillot, on y a aménagé une rangée
circulaire de troncs à torsades, dont le profil
et la couleur sont d'une égale vulgarité.
Nous nous serions gardés de revenir sur
ces critiques si le nouveau délai que nous
laisse l'arrivée de nos hôtes ne permettait
pas de remédier à de trop manifestes fautes
de goût.
Où en est l'Etat?
M. Paul Reynaud, dans le discours qu'il
a prononcé devant l'assemblée du Conseil
d'Etat, s'est exprimé avec une grande hau-
teur de vues sur l'un des problèmes essen-
tiels de ce temps, qui est le problème de
l'Etat. M. Paul Reynaud a été frappé, comme
tous les esprits qui réfléchissent, par l'omni-
potence de l'Etat dans les sociétés moder-
nes. Formé pour assurer à l'individu la sé-
curité et, par conséquent, les libertés dont
celui-ci à besoin, l'Etaï est devenu peu à pëtf
i'o~~mê~ë~dB tous'les- écarts,- }e -Mn~n-
ciaire de toutes les initiatives et l'expression
d'un culte extraordinaire et monstrueux. De
moyen supérieur qu'il était, il s'est changé
en une fin suprême. Au lieu d'être puissant
pour permettre à la personne humaine son
développement harmonieux, il est devenu
puissant au point d'opprimer la personne et
de l'anéantir. Il a à la fois augmenté son
pouvoir et développé ses attributions. Il a
tendu à absorber toute activité sociale. Il s'est
posé souverainement dans l'absolu. Il a
dressé son symbole et il est devenu une sorte
de divinité.
Tel est l'Etat que des sociétés et des phi-
losophies sociales comme le ~KtHMMtc
f/tt~-MWC essaient d'accréditer dans de
grandes nations. M. Paul Reynaud constate
que les instincts profonds de l'homme résis-
tent à cette usurpation singulière, mais il
remarque aussi que, dans les pays où s'accom-
plit la mainmise totale sur l'individu, l'Etat en
tire, momentanément du moins, une recrudes-
dënce surprenante de force, un développement
prodigieux de pouvoir qui est redoutable pour
les Etats voisins et qui doit les obliger à leur
tour, pour se défendre, à de grandes et fortes
actions. Dans le monde actuel, il n'est plus
possible qu'il ait
tés' bu la facilité' soit la règle.' La théorie
suivant laquelle l'Etat doit être faible pour
que le citoyen soit fort, conclut M. Paul Rey-
naud, ne peut se concevoir que dans les pé-
riodes calmes, elle serait un contre-sens au-
jourd'hui.
On comprend assurément le sens de cet
appel et de cet avertissement. Où en est
l'Etat dans notre pays ? Il est à la fois tout-
puissant et inerte, plein d'exigence et fragile,
organisme qui, par un étrange paradoxe, s'af-
faiblit à mesure qu'il se renforce. Notre Etat
a certainement participé à la fièvre d'ambi-
tion qui a atteint presque tous les autres
Etats du monde. Par l' <: omnivorisme éta-
tiste, il a prétendu s'attribuer tous les rôles,
remplir toutes les fonctions, s'insinuer et
dominer partout. Il veut tout faire lui-même.
Il veut même être tout. C'est la grande ma-
ladie de la socialisation. Mais, en même
temps, par suite des singularités de la dé-
magogie, par suite aussi des faiblesses du
parlementarisme, il a laissé se former toute
sorte de pouvoirs, ri vaux qui le menacent et
le rendent instable. Son développement même
a entraîné le développement de la bureaucra-
tie dont il dépend. L'Etat, ayant besoin d'or-
ganes de plus en plus nombreux pour exercer
ses charges de plus en plus diverses, est de-
venu le prisonnier de ses instruments. II est
le prisonnier des fonctionnaires, des syndi-
cats. Il dépend des comités, d'obscurs prében-
diers, de faiseurs d'élection. Il est partout
et il n'est nulle part. Il est tyrannique et il
est soumis lui-même à des tyrans invisibles.
II brime, il réglemente, il légifère, et il s'ef-
~fondre, dans l'inaction, sous le poids de la
paperasserie qui lui est indispensable. C
On peut bien dire que cet Etat a besoin
d'être renforcé. Mais il a surtout besoin ]
d'être reconstitué. Tant qu'il voudra tout C
aborder, tout accomplir, il négligera tout, et a
en premier lieu ses attributions essentielles, j 1
Tant qu'il sera asservi aux nécessités d'un f
régime démagogique qui l'obligent à être j ~i
tout-puissant pour faire bénéficier de cette t
toute-puissance une clientèle avide, il ne sera
rien. S'il reste tel qu'il est, les citoyens au-
ront beau suivre les conseils J M. Paul Rey-
naud en consentant à l'Etat les plus grands t
sacrifices ,-ces saen6ces ne serviront qu'une r
minorité turbulente et la. société n'en sera
que plus appauvrie. Les premiers sacrifices
doivent être consentis par l'Etat lui-même,
qui doit cesser d'être usinier, marchand, ar-
mateur, assureur, banquier et s'appliquer à
ses fonctions véritables. Il est nécessaire en
même temps que l'Etat ne recommande pas,
comme l'idéal des temp-. modernes, la paresse
et les loisirs. Jusque présent, l'Etat sociali-
L'ajournement du voyage des souverains
Le Palais de Buckimgham publie le commu-
nique suivant
En raison ~K deuil de ~0 Majesté /0 Reine,
Président de la ~~M&/<9M? /f0ttfat~*0 Je-
moM~ si Z.~K~ Majestés préféreraient remettre
leur visite à Paris à la période allant ~K 19 CM
22 ;«t~
Leurs Mo/M~ MZ'fMM< <0«t-ytCM par les
Mo~/y oyoMt inspiré la ~fo/'o~t'oM de M. Le-
&~M~ ~OK< fO/OM
I.'MMM~MfO~OM du MtOMKWCtt< aux MOf~ aus-
~aH~Kjf de /OCMer~ à Ft~M-JS~/OMMCM~ OMt-S
t
L'opinion publique anglaise
est émue du g6
dm président de la république
1~ geste du Président Lebrun, proposant qnë
!a visite des souverains anglais soit remise au
tnois de juillet, a profondément ému l'opinion
puMique britannique, si l'on en juge par la
presse de ce matin.
Le généreuse et sympathique suggestion du
Président de la République, écrit le T~M, a
été acceptée. Ainsi !!jt visite, dont le renvoi n est
pas sans modifier de manière gênante les plans
de la France, ni sans entraîner des frais et des
déceptions, pourra conserver tout son caractère
de splendeur. Mais le peuple anglais ne sera
pas près d'oublier la nouvelle preuve que les
Français viennent de donner de leurs tradition-
nelles qualités de cœur et de tact, en prenant
l'initiative du geste qui Vient de résoudre la dif-
ficulté.
.La délicate suggestion du Président de la
Republique française, écrit de son côté le Dot/v
Tf/e~-oyA, a été acceptée.
Le peuple anglais, qui n'attendait pas avec
moins d'impatience que le peuple français l'hon-
neur que le pays ami se prépare à faire à nos
souverains, sera déçu du retard.
Mais, poursuit-i!, après la vofonté exprimée
par la France de s'associer aux deuils aussi bien
quaux joies de l'Angleterre, la visite aura fina-
lement une signification encore plus profonde.
Le deult de famille
des souverains anglais
On annonce que les obsèques de la comtesse
de Strathmore aurqn): heu )undi prochain 27
courant, au château d.e Gtamis. Un service re-
ligieux sera célébré le même jour'i Londresi f
Le deuil qui frappe les souverains est observé
comme deuil de famille et non pas comme un
deuil de Cour, pour un membre de la famiMe
royale qui aurait entraîné la suspension de toute
réception pendant trois mois.
Hier, !e roi a offert, dans !es jardins de Buc-
kingham, une:s~~t party aux 600 délégués à
la Conférence internationale de la Croix-Rouge.
Le souverain était en habit, avec cravate et
chapeau noirs en signe de deuil. Il était accom-
pagné de la reine mère Mary, la reine Elisa-
beth n'assistait pas à !a réception.
Le roi s'est fait présenter par Lord Ebbis-
ham soixante-dix délégués, représentant plus de
cinquante nations, et échangea quelques mots
avec chacun d'eux.
La plupart des femmes de délégués portaient
te costume national de leur pays et un grand
nombre des délégués étaient en uniforme, y
compris le duc de Saxe-~Cobourg-Gotha, prési-
~M y0~ LE /C~
Un nouveau portrait de Necker
.Y' "1
Il est des hommes qui traversent les
grandes tourmentes sans: en pàraHre affec-
tés. Ce ne sont point toujours des natures
olympiennes, mais des personnages que le
sûr abri de leur fortune, l'éclectisme de
leurs relations et aussi une certaine ab-
sence ~ie passion préservent également de
la panique et des enthousiasmes témérai-
res. Necker est du petit nombre de ces
privilégiés. Aucune âme ne fut plus sim-
ple que la sienne, un psychologue di-
rait plus désespérément simple. II faut
bien de l'imagination pour faire de lui
un « sauveur & ou, au contraire, un <: four-
rier de la Révolution Et on ne s'ex-
plique ni les violents courants d'opinion
ni les adulations qui entourèrent sa per-
sonne. Peu d'hommes se sont, en effet, ré-
véiés plus impuissants à dominer le cours
des événements. Le seul miracle que Necker
ait accompli, ce fut, étant étranger et pro-
testant, de tenir entre ses mains les des-
tinées de la Monarchie française.
L'intéressant ouvrage récemment publié
par M. Edouard Chapuisat qui, grâce à
l'obligeance de Mme la comtesse Le Ma-
rois, née d'Haussonville, a pu consulter
les archives du château de Coppet, nous
ouvre des horizons nouveaux sur les idées
du <: Grand Homme comme l'appelaient
ses admirateurs (1). Tout semblait con-
courir à la fortune de Jacques Necker. A
ce riche bourgeois, assez opulent pour prê-
ter à la monarchie, assez cultivé pour tenir
son rang parmi les beaux esprits de l'épo- ri
que, marié à une femme charmante et
<: sensible X-, rien ne manqua, si ce n'est
peut-être un bon cuisinier (du moins à en
croire cette mauvaise langue de Grimm).
Le peuple, qui le tient pour l'homme in-
tègre par excellence. lui donne sa con--
fiance et son cœur. Des petites gens se
feront tuer en portant son buste en
triomphe.
Necker est heureux. Trop heureux, trop
satisfait de lui-même et des siens. Il n'a
connu ni les révoltes intérieures d'un Mi-
rabeau, ni les méditations hautaines d'un
sant se~contentait d'exiger d'une minorité
laborieuse des ressources abondantes, pour
entretenir une majorité peu active. Aujour-
d'hui, il prétend interdire à cette minorité
même le travail et lui prendre ses richesses
en l'empêchant de les reconstituer. Telle est
l'absurdité à laquelle nous aboutissons. Il est
évident que le dénouement ne peut être que
le chaos, l'anarchie et la défaite.
uem: ce m ~roix-Kouge allemande et cousin du
roi.
L'hommage de la vIHe de Lyon
M. Edouard Herriot offrira à la reine Eli-
sabeth, au nom de la ville de Lyon, du Co-
mité centra! de la soie et de la Fabrique lyon-
naise, un coffret de magnifiques soieries créées
et tissées spécialement à l'intention de la jeune
souveraine. Il a tenu à rédiger lui-même le texte
du parchemin de dédicace, qui sera remis entre
les mains royales dans un maroquin vert jade,
timbré d'argent aux armes de la Couronne d'An-
gleterre. Cette dédicace est ainsi conçue
G~e-Brera~ Majesté, la
Grande-Bretagne.
royaume à qui Dieu ait
~Par~autant_ de grâces qu'à-]~-Ville de Lyon
de coÊn~ Soye en toutes
de couleurs.
Corporation des Teinturiers, 1581.
Aujourd'hui, comme jadis. Lyon s'efforce
d'exprimer le Goût et la Beauté et de les ré-
pandre à travers le monde.
Aujourd'hui, les Corporations de la Soie de
Lyon m'ont fait le très grand honneur d'oSrir
en leur nom a Votre très Gracieuse Majesté
quelques-unes de leurs plus belles spécialités,
tissées à Votre intention.
Reconstitution du Cabinet égyptien
OR télégraphie du Caire au T~tM ?j
Mohamed pacha Mahmoud, premier ministre,
a été reçu en audience, pendant une heure par
le rp). Il a déclaré que cette entrevue avait été
très satisfaisante. II a ajouté que rien ne serait
annoncé tant qu'il n'aura pas consulté ses col-
lègues Un Conseil aura Heu samedi, après quoi
e premier ministre sera de nouveau reçu par le
roi,
En. dépit de la réserve de cette déclaration,
on a appris que le roi avait accepté la recons-
-itution
premier ministre. La composition du nouveau
Cabinet, qui se rendue publique samedi, sera la
suivante':
~MM~Mohamed pacha Mahmoud premier m!
ntstre~ Ahmed Maher (saadiste), nnances Mah-
moud Fahmy pacha Nokrashi (saadiste), inté-
rieur Abdel Fattah pacha Yehia (indépendant),
aHaires étrangères; Ahmed pacha Khashaba
Uibera)), justice; Achwan pacha Mahruz (li-
beral); agriculture; Hussein pacha Heikal (li-
béra!), éducation; Hassan pacha Sat)ry (indé-
pendant), guerre et marine; Mahmoud pacha
Ghaleb (saadiste), communications; Dr Hamed
Mahmoud (saadiste), santé puMique; Hussein
pacha- Sirry (indépendant), travaux publics
Me. Satia Habachi (saadist'e), commerce et in-
dustrie Cheikh Moustafa Abdet Razek bey (li-
béral), wakfs.
I! y a déjà des signes que l'entrée des saa-
distes (wafdistes dissidents) dans le Cabinet
excitera la colère des wafdistes nahadistes. On
remarque que des portefeuilles importants ont
été attribués aux saadistes et certains observa-
teurs .prédisent que ceux-ci deviendront l'élé-
ment prépondérant dans le nouveau Cabinet.
Robespierre. Il reste à la fois loin du peu-
ple et ioin de la Monarchie il ne cherche
à se rapprocher ni de l'un ni de d'autre,
tout pénétré qu'il est de la supériorité de
sss,idées. <: H met trop de métaphysique
da~si,~out ce qu'il écrit », note très fine-
dans tout ce qu'il écrit x., note très Hne-
ment Mme du Deffand. Ce qui ne l'empê-
cha pas de haïf l'esprit de système et de
preférej <: son bon sens à toutes les
théones de, l'économie politique. « C'est,
dira-t-H, une science où l'on est à la suite
des opinions des autres sans s'en aperce-
voir, car toutes les routes y sont en cercle,
et l'on y revient sur ses pas beaucoup plus
qu'on- avance. » Ses idées politiques et
sociates ne sont rien moins que révolu-
tionnaires, et l'on est tenté d'affirmer que
certaines d'entre elles pourraient bien
n'être que le reflet de son tempérament
persbnneL Ce riche n'a pas honte de sa
fortune. Il est convaincu de la nécessité
du iuxe « Il faudrait, pour l'arrêter dans
un pays tel que la France, interdire à la
terre d'être fertile. » Ce bourgeois, secrè-
tement fier de sa baronnie de Coppet, sera
à peu près seul à protester contre la sup-
pression de titres nobiliaires. N'est-on pas
allé jusqu'à prétendre assez ridiculement
que, si Necker avait été hostile à la libre
circulation des grains, c'est parce qu'i)
avait « été hanté par le spectre de la
disette », étant gros mangeur et affligé de
« faims canines 1
Necker n'est point responsable' de la
Révolution. H était naturellement étranger
à toutes les violences. Mais !e rô!e de
« sauveur est périlleux à tenir. Le mi-
nistre a commencé par où tant de ses suc-
cesseurs ont fini l'aveu du déficit. Il n'a
pu a!)er plus loin. Le jugement porté sur
lui par Bonaparte est. injuste « Pauvre
divinité 'M n'y a jamais eu d'homme plus
médiocre, avec son fton-fton et sa queue
de chiffres. » Mais que pouvait, que vou-
M faire cet étranger, plus homme de fi-
nance qu'homme d'Etat, entre une Cour
hostite et un peuple déchaîné? « Ce ne
fut pas, dit M. Chapuisat, un surhomme,
mais un honnête homme. » Et c'est un
éloge qui en vaut bien d'autres.
ALBERT MOUSSET.
(i)' Edouard Chapm~at, Necker ~732-1804?,
Sirey, 1938.
MLNevi! Cham~am et ta quesMoa d'EspagM
On conçoit iort bien l'émotion €t l'irn-
tation que causent de l'autre côté de la
Manche tes bombardements incessants
dont les navires britanniques sont les vic-
times et que l'opinion désire qu'on mette
fin à ces attaques. Dans le débat qui a eu
Heu hier soir à la Chambre des Communes
cet état d'esprit s'est exprimé d'une façon
exempte d'arrière-pensées dans le discours
de M. Winston Churchill, qui n'est pas un
adversaire du gouvernement. Malheu-
reusement les intentions d'autres orateurs,
parlant au nom de l'opposition, sont peut-
être moins pures leur indignation semble
toujours avoir pour objet de contrecarrer
la politique de lion-intervention que le
cabinet poursuit avec raison et de servir
la cause des rouges. C'est ce qu'a très net-
tement marqué M. Neville Chamberlain.
dans la réponse digne et calme qu'il a faite
à ses interpellateurs. <: Une grande indi-
gnation a été manifestée, a-t-il dit, par des
nombres de l'opposition au sujet dés atta-
ques qui ont été dirigées contre des navires
britanniques et au sujet de la destruction
de biens britanniques, question à propos
de laquelle ils n'ont pas toujours montré
un tel enthousiasme. Ils devraient se de-
mander dans cette circonstance si leurs
motifs sont entièrement sans mélange et
si c'est seulement l'Indignation causée par
la destruction de biens britanniques ou par
le risque couru par des vies britanniques
qui les fait agir en cette aSaire. Depuis
le commencement du conflit espagnol,
l'opposition a résisté de la façon la plus
persistante et parfois la plus amère à toute
la politique de non-Intervention. »
Le premier ministre a mis là le doigt
sur le fait qui donne un caractère un peu
suspect à toutes ces manœuvres. Il a in-
vité ses adversaires à ne pas étouffer par
leurs passions la voix de la raison. II a
fait voir que sa politique avait eu en vue
la préservation du plus grand des biens,
à savoir la paix, et d'empêcher la consé-
quence inévitable de toute intervention,
c'est-à-dire la transformation de la guerre
civile espagnole en une conflagration in-
ternationale~ H a rappelé-~que le gouver-
nement avait depuis longtemps informé les
propriétaires de navires que, s'ils pou-
vaient compter sur la protection de la
flotte britannique en haute mer, il n'en
était pas de même quand, dans la zone des
hostilités, ils faisaient pénétrer leurs vais-
seaux dans les eaux territoriales. Certains
armateurs ont tenu compte de cet aver-
tissement. D'autres, alléchés par les grands
profits que procure toujours un trafic fait
dans ces conditions, ont passé outre. <: Est- <
il vraiment admissible, a ajouté le pre-
mier ministre, que le pays soit entraîné
dans la guerre ou qu'il se livre à une action
qui pourrait l'entraîner dans la guerre pour
protéger des gens qui, par pure recherche
du gain, se sont engagés dans un com-
merce risqué en dépit des avertissements
du gouvernement ? II y a lieu de dire
encore que certains des navires en ques-
tion ne sont'britanniques que de nom.
Ces observations sont parfaitement
sages. Agacé par l'excitation de M. Lloyd
George, qui réclamait le bombardement
de Majorque, M. Chamberlain a vive-
ment ,répdn
pourrait approuver. Je sais gré à l'hono
râble gentleman d'avoir dit aussi claire-
ment ce qu'il ferait. Dans la soixante-
seizième année de son âge, il est prêt à
plonger le pays dans la guerre. » Cette
réplique était d'autant plus méritée que M.
Lloyd George est un des grands responsa-
bles du triste état dans lequel l'Europe se
trouve aujourd'hui. Cela ne veut pas dire
que le premier ministre approuve de très
fâcheux procédés de guerre ni qu'il ne
fera rien dans la mesure où cela dépend
de lui pour obtenir leur cessation. Des
explications ont été demandées à Burgos.
L'agent britannique détaché auprès du
gouvernement Franco (pourquoi n'avons-
nous toujours pas, comme nos voisins,
un représentant auprès des nationalistes?),
Sir Robert Hodson, devra même venir
en personne à Londres pour apporter ces
explications, le gouvernement se réservant
de prendre ensuite une décision. Mais le
premier -ninistre ne se laissera détourne!
par aucun incident de la voie qu'il a choi-
sie et qu'il considère comme la bonne. I!
l'a répété hier à diverses reprises. « Nous
entendons, a-t-i! dit, poursuivre la politi-
que de non-Intervention, qui, en ce mo-
ment plus qu'à aucun autre, paraît pouvoir
être couronnée de succès. » Revenant à la
charge, il a encore déclaré plus tard
rons pas la politique que j'ai fait connaî-
tre à la Chambre et au pays en ce qui
concerne l'Espagne. »
On ne peut que féliciter les Anglais
d'avoir à leur tête, dans cette période cri-
tique, un homme qui conserve un calme
imperturbable et qui, s'étant fixé un but
et ayant déterminé les meilleurs moyens
de l'atteindre, ne veut pas être arrêté dans
l'œuvre qu'il juge nécessaire. C'est ainsi
qu'on écarte les dangers et que, finalement,
on obtient des résultats. La présence de
M. Neville Chamberlain au pouvoir a été
aussi un grand bienfait pour nous. Il y
a tout'juste trois mois, M. Léon.Blum'a
fait tout ce qu'il a pu pour nous jeter dans
la mêlée. Si sa funeste politique n'a pas* 4
eu les plus" graves conséquences, c'est
sans aucun doute à l'heureuse action du
premier ministre anglais qu'on le doit sur-
tout. Aujourd'hui, nos ministres parais-
sent avoir pris le bon chemin, ce qui leur
vaut les attaque de M. Blum, de ses amis
et de ses alliés. Qu'à l'exemple de M.
Chamberlain, ils ne se laissent pas détour-
ner de !a route où ils se sont engagés
PIERRE BERNUS.
Un débat aux Commune* `
sur !es bombardements des navires
M. Attlee, député travailliste, a inauguré au
début de la soirée le débat aux Communes sur
les bombardements de navires marchands bri-
tanniques dans les eaux espagnoles. Il a réclamé
le blocus de l'île de Majorque par la flotte an-
glaise et a soutenu que cette action ne pouvait
entraîner de c~mplicatioNS .dû coté des puis-
sances. L'Allemagne, a bombardé AImeria en
représailles d'une attaque contre un de seânavt-
res de guerre, l'Italie a conclu un accord de bon
voisinage un bon voisin ne peut protester
parce qu'un Etat souverain protège ses rMSOt-'
tissants.
Le premier ministre considère-t-il donc que
Franco est si bien protégé par une autre puis-
sance qu'il n'ose pas protéger le sujets britanni-
ques ? demande encore M. Attlee. L'Angleterre
est-elle incapable de protéger ses nationaux en
raison de la menace d'autres puissances ?
Si nous continuons d'admettre ces attaques
contre les navires britanniques, où nous arrê-
terons-nous ? Et M. Attlee conclut en afnrmant
que le premier ministre veut la victoire de
Franco et est prêt à sacrifier les intérêts bri-
tanniques pour conclure une alliance avec M.
Mussolini.
Le premier ministre nie énergiquement que le
gouvernement britannique ait plus de sympathie
pour un des partis espagnols que pour l'autre.
Notre politique, a-t-il affirmé, a consisté à
essayer de préserver le plus grand des intérêts
britanniques c'est-à-dire la paix. Et tout. au
long le but de la politique de non-intervention
a été d'éviter ce que nous considérons comme
les résultats inévitables d'une intervention
c'est-à-dire l'extension d'un conflit au delà des
frontières de l'Espagne jusqu'à ce qu'il se trans-
forme en une connagration générale européenne.
Il ne se laissera écarter de sa ligne par aucune
provocation.
Il est impossible de protéger ailleurs, qù'eà
haute mer.
M. Lloyd George voudrait que les aérodro-
mes de Majorque soient'bo~afdés'-eMétttfttt
déclare le premier ministre. C'est une pQ)it)que,
mais une politique que le pays n'appuierait pas.
Dans sa soixante-seizième année M. Lloyd
George est prêt à lancer le pays dans une guerre.
A mon avis, riposte M. Lloyd George, cela
arrêterait la guerre et le bombardement des
bateaux anglais.
Je dis, répète le premier ministre, que c'est là
le moyen de provoquer une nouvelle guerre eu-~
ropéennne. Telle est l'opinion du pays en général.
Je ne suis pas disposé à courir ce risque.
D'autre part, M. Chamberlain rappeUe sa
récente déclaration. Il est évidemment impos-
sible que 16s attaques entraînant fréquemment
.des pertes de vies, et parfois apparemment'
systématiques, contre des navires britanniques
puissent être répétées sans compromettre sé'
rieusement les relations amicales que les auto"
Mtés de Burgos se disent désireuses d'entre"
ftemr avec nous.
Je répéterai et soulignerai cet avertissement
et comme deux attaques dont nous discutons
aujourd'hui nous paraissent entrer nettement,
d'après les témoignages que nous possédons
jusqu'ici, dans la catégorie des attaques systé-
matiques, nous avons, comme je l'ai annoncé à
l'heure des questions, demandé aux autorités de
Burgos une explication de ces attaques qui son~
apparemment incompatibles avec les assurances
qui nous furent données.
Je déplore ces attaques, poursuit le premier
ministre. J'espère que les avertissements donnés
tout récemment auront été compris par le gé-
néral Franco. J'espère que, de toutes.facpns,
n'est pas trop tard pour qu'il donne des 'ins-
tructions afin d'éviter !e retour de ces inc!<-
dents. En cë~ qui concerne l'avenir, je demande*
rar seulement~ la Chambre d'attendre que nousi
ayons reçu la réponse des autorités nationatlis?
tes et que nous ayons eu la possibilité de l'et~-
dier.
Sir Archibald Sinclair, leader dé ~opposition
libérale, qui parle ensuite, voit dans le général
Franco un homme qui n'a pas plus de droit t
être reconnu comme belligérant qu'un gangster
dans les rues américaines.
Au cours d'une intervention énergique et
éloquente, M. Winston Churchill déplore la fai-
blesse du gouvernement. Il ne croit pas qu'au-
cune grande puissance navale tolèrerait de tel-t
les attaques. Le Japon, l'Italie, l'Allemagne, les
Etats-Unis ne les toléreraient certainement pat
ainsi pendant des mois.
Comme remède, il suggère que le premier mi-
nistre demande à M. Mussolini de ne négliger
aucun effort pour prévenir une répétition de
ces attaques et de fournir les preuves qu'il a
fait tout son possible pour y mettre fin.
Je suis certain que s'il faisait cela, un grand
obstacle aux relations amicales entre la Grande-
Bretagne et l'Italie serait renversé.
Mais, reprend-il, M. Chamberlain et ses
collègues ayant fait de leur mieux et le général
Franco s'obstinant dans son attitude, il ne res-
terai.): plus qu'à le menacer de saisir un ou plu-
sieurs de ses navires de guerre en haute mer
« Je ne crois pas. dit-il en terminant, que cela
entraînerait une guerre générale en Europe
M. R. A. Butler, sous-secrétaire d'Etat aux
affaires étrangères, termine alors le débat a<~
nom du gouvernement.
Il est peut-être légal de faire du commerce
-dans les eaux espagnoles, déclare-t-il. Mais,
après les avertissements donnés aux navires, il
est préférable de ne pas se rendre dans ces
ports~ à l'heure actuelle. On a dit que les va-
peurs britanniques devraient être protégés tout
comme le sol britannique, et c'est une noble tra-
dition, Le Rpuvernement est parfaitement dé-
cidé et à même de défendre un navire en haute
mer.
Nous ne pouvons pas défendre les navires t
l'intérieur de la limite de trois miHes et nous
l'avons déclaré très nettement Nous nous en
tenons à cette décision.
Examinant les remèdes suggérés, H repousse
l'idée d'un blocus de Palma qui signifierait que,
au lieu d'obéir à la loi internationale, les An-
glais deviendraient des pirates à leur tour. Ils
devraient arraisonner des navires neutres.
Ce serait adopter une attitude contraire à !a
lot internationale qui pourrait avoir les consé-
quences les plus graves et les plus dangereuses.
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