Paris: Mardi,
3 sepiemke !8î>0. ) 1
Toutes les lettres et communications relatives à ty rédaction doivent être adressées, affranchies:
̃ A M. NEFFTZER, l'ottdes gébaks et sechùtairk bu comité de rédaction, rue Menlmarire, 131.
Principaux rédacteurs MM. A. de Li Guéuon.mÀkk ;(A; de L.) J. Pérobeaud (J. P.) A. Nbfftzes
t (A. N.); E. Pelleta» (E. P.) A. Peyrat (A. R.) A. Labyray (A. L.); P. Limaybac (P. L.J
-A. DDMONT(A.B.);-CAi;LEBY(C.);-HAYARD(Hi)
Les articles envoyéset quin'ontpas été insérés sont brâlés.et ne sont pas rendus.
̃->̃.̃ ©ONZIÈME ANNÉE. • ̃
0i\ S'ABO^M.r.EUI^OITIAItTEE, K« 13f.
BR1X: BN AN, 4© FBANCS SIX MOIS, Sk FRANCS J TROIS MOIS, 12 FRANCS.
Port-cn sus pour les pays sans échange postal. les abonnmens datent des i" el iG du mois.
Toutes les demandes .•̃ A M. ROUY ft-, administrateur de la Presse, rue Montmartre, 131.
On s'abonne à Londres, pour tout le Royaume-Uni, .chez M. LOYSEL ot O, 34, Essex-Slreet, Strand.
ANNONCES» M. t. PANIS kesisseuiî, place de la Bourse, ,10. i
• Imprimeur Delanchy, rue Montmartre, 131.
Paris~ septe~u~t~.
LA POLITIQUE ET EA BEUGIOIV.
` La loi du talion, vient de recevoir une nou-
velle et solennelle application. Il n'y a pas de
renommée un peu éclatante dans le pays, pas
d'jdées un peu généreuses, qui n'aient été cen-
surées, excommuniées, outragées par Y Univers
au nom de la religion dont il portait le mas-
que,. L'Univers, à son tour, est frappé de cen-
sure et d'excornmunieation morale par M..
F.archey"êque de Paris, au nom de l'Eglise dont
ce prélat représente l'autorité.
Nous avons reprod uit hier les deux documens
dans lesquels la puissance ecclésiastique a dé-
posé l'expression de. ses sévérités à l'adressa de
la presse dite catholique, Ce blâme énergique
tombe comme un éclat do, foudre sur; l'univers
et l'Ami de la Religion. Le premier de ces deux
journaux, surtout; auquel le prékit fait l'appli-
cation-direcle et nominale de ses censures, est
frappé sans, ménagement et d'une main terri-
bje. Après, cet arrêt de condamnation, on peut
dire que la pressG catholique est chassée du
Temple de Dieu, comme ces vendeurs quile;
déshonoraient autrefois. On peut dire que Jes
évêques du dehors sont dépossédés de leur in-
fluence usurpée et que les véritables évoques
sont rentras dans la plénitude de leur autorité
spirituelle et du gouvernement des âmes..
Mais au dessus de ce résultat do l'initiative
prise par, M. l'archevêque de Paris^ deux ques-
tions appwajsssat dans eo mandement deux
questions graves, car l'une touche au droit de
la liberté ef l'autre au lien delà société politi-
que et de la société religieuse. C'est/de ce dou-
ble intérêt que nous vouions nous occuper bien;
plus que de l'humiliation de l'Univers .et delà,
confusion de l'Ami de la Religion, échos trop
fidèles de ce parti, dont l'arrogance enflellée
de tous les venins de la haine a: pu souvent
exciter notre indignation, mais dont l'infor-
tune ne mérite aujourd'hui que notre pitié.
Il y a quelque chose qui est au. dessus de-
toutes les censures et de toutes les foudres ec-
clésiastiques c'est la liberté 1 Nous la voulons
pour nous mais nous la demandons de même
pour M. de Montalembert et pour M. Yeuillot.
Que ces messieurs se réservent de défendreet
de glorifier l'Inquisition, cela les regarde-; nous
nous réservons de la mépriser comme une ini-
quité, et de ladétester comme un crime. Dans
le domaine de la publicité, comme, écrivains,
comme citoyens, eux et nous, nous sommes
tous justiciables de l'opinion mais dans le do-
maine des croyances particulières, il y a évi-
demment des autorités que la foi peut impo-
ser et que la conscience doit subir. Telle est
l'autorité des évêques pour les catholiques.'
Les évêques disent « Mais la liberté de la
presse ne doit pas envahir un\domaine qui
n'est pas le sien, prétendre à un gouvernement
qui la dépasse, s'arroger sur les choses de Dieu
et de l'Eglise une autorité' qui 'ne .lui appartient.
pas elle ne doit pas s'immiscer dans, l'intérieur
dfi la cité de Dieu, y semer la discorde, y fo-
menter l'esprit. de parti, y former les factions, y
régner sur les ames à la place des véritables
autorités, sans prestige et sans forcé.» Oui,
sans doute^ au point de vue delà croyance re-
ligieuse, les évoques ont raison. Mais quel,
moyen ont-ils de fermer ̃ la porte de leurs
temples à la controverse? lis' n'en ont
qu'un,;un seul, c'est de' la fermer en même,
tjempsia la politique c'est de ne point associer
sur leurs autels, dans une alliance impie,1 lo
Culte immortel de Dieu et, le 'cuite mobile et
douteux des pouvoirs qui viennent leur de-,
mander leur consécration pour leur imposer la
servitude c'est, en un mot, de tendre de. plus
en'plus à l'indépendance réciproque de. l'Egli-
se et de, l'Etat.
Autrement, nous ledemândons au vénérable
archevêque de Paris, comment est-il possible'
de ne pasmêlerl^sacréau profane, la foi à la
philosophie, la religion. à la politique? Ejt-ce'
que^nbus pouvons faire, un pas sans sentir le
lien qui attache ,1'uie. à l'autre, ces choses si
différentes? Est-ce que ce lien ne^'impose, pas.
à la. conscience et à la raison dans le domaine
civiPeomme dans le domaine 'religieux? Est-ce
que le chrétien qui ne Groit passà la philo-
FEUILLETON DE Là PRESSE
v, !)
BB 3< SEPTEMBRE 1850/ fS I
M' ̃ .)
iPIJYEÏlESVcONElïfflCES^.
TREIZIÈME. LETTRE .(kome).
« Les jours et les mois passent, et.rienn'a a
» changé dans ma féliii té. Yoilà pourquoi je
» no. t'écris que si rarement; j'ai, peur de t'en-
» nuyer de bonheur.- J'hjbitë depuis. quelque»
» semaines U même maison queRégina et sa
».grand'-mère, à Tivoli..
( » Los médecins ont conseillé à, la comtessfi
» Livia do respirer, pour se fortifier, l'air pur
» ot vif des collines. Elle a loué pour quoique? |
» jours lo palais à Tivoli. Elle m'a,perniis j
» de louer moi-même un petit apparteniez ]
» au dessus du sien dansle même palais- De ma jj-
» 'fenêtre je vois te balcon de Régina, où saj;
» grand'-mère s'asseoit à l'ombre loutlo jour, i!
» dès quo le soleil a tourné l'angle du palais.Tu.ji
» connais Tivoli. Nous sommes sur le dernier;
» gradin de la colline, dominant- té tcsmple dc;
» là Sibylle, les grottes, les cascatelles et cette;
» valiéo d'où le murmure et la fumée des;
» eaux s'élèvent confondus ave3 les arcs-en
» ciel tournoyans -dans les vapeurs toute luji
» journée I Avions-nou* besoin do ce verlig«:|l
» de plus pour donner le vertige éternel à vo>\
)> âmes?.
» Jo vois d'ici le plateau opposé de l'autrq
» côté de la vallée des eaux^ avee les chëne>'j
» verts, les roches grises entrelacées de-fi-j
» guiers, et l'ermitage des Franciscains, qui fut
» autrefois la maison-d'Hurate et où tuéeri-j ~i
» vis uq jour tes premiers vers/ Ce-souvoniri
» de toi; au milieu de mon bonhsur, le com-
» plète. Je mo liguro queta'-es encore là, me,
» regardant et te réjouissant avec moi de -r à j
» que la fortune m'a donné pour théâtre du
(1) Ypirla Presse des 30, 31 millet,-ler,2,-3, -7;
8, 9, 13, U, 15, 17, 20, 21, 22, 23, 39 et 30 août.
^opliie n'est pas froissé jusque dans, l'asile
'Ijo plus; intime de sa croyance? Est-ce que
te philosophe qui ne croit pas à la foi
n'est, pas gêné jusque dans le droit le plus lë-
gitîaw w s^Ufeerté ? De cette alliance étroite
et lyrannique pour l'Etat comme pour l'Eglise
résultent nécessairement des choes, des pré-
sentions des irritations des discussions.
\e dogme, arraché au tabernacle est
jeté dans la polémique aux risées de la
fjoule. L'égliso n'est plus un temple; elle de-
vient un camp. Au lieu des pontifes qui bénis-
sent et qui prient, elle a dès soldats qui com-
battent et. des pamphlétaires qui insultent au
Ueu de saint Vincent de Paul, qui, lui, ensei-
gne la charité, elle a M. Veuillot, qui glorifie
l'Inquisition, et M. de Montalembert,, qui sanc-
tifie la guerre et. la violence, en proposant l'ex-
pédition de Rome; à l'intérieur, après l'avoir
fait de .l'autre côté des Alpes I
Cela est déplorable sans doute pour la reli-
gion, et nous cocaprenons, nous honorons
rnême les alarmes de M. l'archevêque, de Pa-
ris. Mais cela esj, inévitable dans l'état actuel
des. ehpses. A supposer que la presse catholi-
que s'incline ;sous le soufflet qu'elle, vient de
recevoir d'una main bénie, la controverse re-
ligieuse n'en sera pas moins livrée, aux pr^fa-s
nations laïques. Est-ce, que la. nouvelle3Û>i
d'enseignement n'a pas créé en effet un tê'S
pin do, lutte-, inévitable, entre. l'influencerè]^
Rieuse et l'influence philosophique? Cette fôi^
pe n'est plus, la religion qui. laisse envà^^
j'Eglise. C'est elle-même qui sort de son jsfiô|
^t qui ya s'asseoir, dans les conseils ùnivetsP
jtaires, au milieu des iudifférens, des héréti-
ques et des incrédules. Elle va livrer sa croyance
Mous les hasards, a toutes les irrévérences, à'tou-
jtes les susceptibilités de discussions sans is§ue.
C'est un Rabbin, c'est un Protestant c'est un.
Eclectique, c'e*t un Athée, qui seront 'les
jjuges d'une question de foi. Comment -s'éton-
ner maintenant que l'Univers et l'Ami de la
{Religion, s'arrogent le droit do trancher ces
jquestions ? Quelque incompétens qu'ils puis-
isent être, franchement ils le sont encore moins
fc[ue la juridiction créée par la loi de 1850, au
sommet dej'enseignement pour en diriger
^'impulsion religieuse.
J II n'y a donc qu'un moyen un seul de
jmettre la roligiori en dehors do ces luttes où
folle laissa^ toujours quelques lambeaux de sa
jpourpre. Ce moyen nous l'avons indiqué c'est
Ja séparation de l'Eglise et de l'Etat.
J Qui, que l'Eglise soit libre, et elle ne crain-
jdraplus d'être affaiblie par ses ennemis ou d'ê-
tre compromise par ses faux amis 1
Le jour où la religion sera indépendante de
lia politique, et réciproquement, M. de Monta-
ilembert et M. Yeuillot cesseront d'être des amis
jcompromettans parce? que les ennemis de
l'Eglise cesseront d'être dangereux. L'œuvre
des citoyens sera à part de celle des.chrétiens.
Citoyens dans la vie civile, nous userons de nos
droits, nous exercerons sans obstacles et sans
limites la souveraineté de notre raison. Chré-
tiens dans la vie. religieuse, nous accomplirons
[nos devoirs, et nous nous inclinerons devant
nos autorités légitimes. Alors les évêques au-
rent je droit de parler haut, car ils parleront au
nom d'une puissance immortelle, et ils pour-
ront s'imposer à la conscience sans opprimer la
raison l
L'Universse présente aujourd'hui, à ses lec-
teurs, dans l'ittitude; modeste d'un condamné.
IL ne dissimule pas la portéa de. l'arrêt qui,
vient, de., le -frapper, et, avec lui le partiront il
portait la bannière. Seulement, il "se réserve
une.dernière .chance de; salut, et il; annoncé
qu'il va porter sa cause; à; Rome.
Pour un. partisan aussi déclaré que l'est VU-
niversdu principe d'autorité, cette, protestation
sous, forme d'appel contre la condamnation de
la puissance catholique, représentée par. un ar-
chevêque, nous -paraît peu conséquente. Dés-
ormais, .il y. aura une. réponse à toutes les.cen-,
'sures ecclésias.tiques-, eticette réponse estcelle-
:ci «J'irai le dire à. Rome.» >
Nous demandons à= l'Univers pourquoi, il
s'indigne si fort en ce moment même contre
.fie roi; de.Sardaigne,,qui, lui aussi, ayant à se
('plaindre de M. l'archevêque de Turin a.mena-
imoD amour un des; plus divins séjours de
> la terre. Quand i'ame est pleine ellfi a be-
> soin de se répandre autour d'elle, dans une
9, nature aussi splendide que ses pensées. La
•> natureestla déeoration do la*vie. Vie p'us
» heureuse, décoration plus belle, jamais 1 »
LETTRE XlYe (ro.ue).
«Le bonheur était trop cosiplet pour êtro
» durable. C'est ta pitié maintenant qu'il
» me faut. La comtesse Livia a reçu du gou-
» vernement l'ordre do rentrer à Rome, d'ob-
» server la vie cloîtré© du. cou vent avee sa pe-
»Jite fille, ou de la, laisser seule au couvent
» jusqu'au retour du prince qui réçlamora
» sa femme,' Cela vient des_ amis, du prince
«qui bnt'^té' informas et "qui se. sont plaints
» des assiduité? d'un étranger dans la famille.
» Les ordres «le police icisent absolus; il a fallu.
» obéir. La comtosse a quitté Tivoli elle est
» rentf ée danv'on palais à Romo, afin d'avoir
» la liberté. de réclamer et do iaire agir aussi
» ses amisf. auprès du gouvernemant. Régina
«est enferméo, seule avec, la nourrice dans
» l'encointo du. couvent, Je suis parti ostonsi-
» blement pour Florence, d'après ses conseils,
» pour enlever tout prétexte d'accusation et de
»' réclusion contre Régina'ét la comtesse. Mais,
» arrivé à Terni, j'ai fait poursuivre de nuit à
» ma calèche la route de Florence; un jeun»
» Napolitain de mes amis, qui va à Paris, y a
» pris ma place. Je suis revenu seul et sou*
̃d un autie.nom à. Rome. Je ne suis pas tmi-
» tré dans la ville, pour que mon palais vide
» trompât les observations du gouvernement.
» Jb vis eaché dans une maison de jardinier,
«.hors des murs, du côté de Saint-Paul, sur
»' un' chemin de traverse, chez le frère- de la
» nourrice de Régina. J'ai une chambre dont
»- ta fenêtre ouvre sur la campagne, et qui
» me permet do. jouir- de la, vue du ver-
» gor, d''s prairie- sans.êtr.e. aperçu du -ch»-
» .min. J lai des Jiyrcs, du papier, .des arme?: j«
» nesor* que; la nuit, enveloppé de #bs grands
» manteaux bruns qui recouvrent les paysans
cé d'aller le dire à Rome;?
Quo l'Univers se mette donc d'accord avtc
lui-même et s'il résiste à l'archevêque de Pa-
ris, qu'il cesse d'accuser le roi Emmanuel pour
sa résistons» & ^sfehévê^tte de 'iHiriat j
Le National reproduit aujourd'hui, en s'y
associant avec empressement, quelques lignes
un peu aigres du Peuple de 1850 à l'adresse de
la Presse.
C'est l'article de M. do Lamartine, article
dont la responsabilité tout individuelle n'ap-
partient qu'à son auteur, qui nous vaut, de la
part du Peuple, une leçou de coiislitutionalité.
Avons nous donc manqué de respecta la
Constitution ? Nous ne le croyons pas. Nous
avons seulement accueilli l'opinion de M. de
Lamartine qui so prononce pour la nomination
d'un pouvoir intérimaire pendant la révision,
afin que la nouvelle Assemblée constituante
puisse régler les conditions d'éligibilité et de
durée de la seconde présidence de la Républi-
que.
M. de Lamartine expliquera et justifiera sans,
douto son opinion quand il en sera temps.
Quant à nous, le Peuple et:le National doivent
savoir que nos interprétations des textes consti-
tutionnels sont toujours dictées par la plus
iscrupuleuse bonne foi, et par l'inspiration de
fla liberté la plus largo et la plus complète.
̃ Mais pourquoi ce qui devrait être si clair est-
il si obscur? Pourquoi les. hommes, comme M.
;d© Lamartine en sont-ils à se demander si
l'Assemblée dft4^ri¥isiOB pourra être convo-
quée avant ou après l'expiration des pouvoirs
du président de là République? Pourquoi ces
obscurités et ces équivoques? A qui la faute?
En vérité, le National devrait ôtre plus mo-
deste.
Oui, il devrait être plus modeste, car, enfin,
il-nous faut bien le dire, puisqu'il nous y pro-
voque, c'est lui qui a noué ces mailles dou-
teuses du texte constitutionnel à travers les-
Iquelles les interprétations les plus déplorables
ont pu se faire jour, comme c'est lui qui a
laissé ces portes détournées qui ont livré à
l'ennemi la Constitution, la liberté politique et
̃la nationalité des peuples.
On dirait que les auteurs de la Constitution
:ont procédé comme ces avocats habiles, beau-
coup trop habiles et trop prévoyans qui, char-
gés de rédiger un contrat, savent habilement
̃glisser, dans l'ambiguïté du texte, des prétex-
tes- à procès. Nous en avons déjà vu plaider
^Beaucoup. Nous ne sommes pas encore au
jbout. Malheureusement, c'est toujours la li-
berté qui les perd.
Nous n'avons pas notre amour-propre d'au-
|teur engagé dans la Constitution. Mais nous
lavons, mis volontairement notre honneur et
jnotre patriotisme dans sa défense énergique
I8t loyale. Nous défendons son esprit contre le
(gouvernement de M. Louis-Napoléon Bona-
jparte, comme nous l'aurions défendu au be-
jsoin contre le gouvernement du National, si
ils' National n'avait pas été vaincu dans l'urne
idu~ 10 décembre. Nous sommes pour tous les
(droits contre tous les abus, pour toutes les li-
ibertés contre toutes les ssrvitudes.
] Maintenant que le National ne s'en prenne
ipas à M. de Lamartine ni à la Presse^ mais à
lui seul, si la question de la révision de la
Constitution, très claire pour nous, peut don-
ner lieu à des interprétations diverses mais
au moins que l'expérience lui serve et qu'il
apprenne à ses dépens qu'en laissant des trap-
;pe5 sous.lé droit, on s'expose à y tomber l:
|. Le deuil do Claremont a reçu un hommage
que nous devons constater parce qu'il est un
acte de haute, convenance. M. le comte de
Chambord était au concert quand on est venu
lui annoncer la mort de Louis-Philippe. Il s'est
spontanément retiré, et il a demandé' pour le
lendemain un service funèbre auquel tous les
(Français ont été invités à se rendre. Nous
jerbyons peu à l'efficacité des réconciliations dy-
Jna'stiuues. Mais il y a une limite devant la-
iquelle toutes les prétentions doivent s'arrêter:
ic'est la mort 1 L'initiative de M., le comte de
Chambord peut être offerte en exemple. La Fran-
ce républicaine a.renversé un trône; qu'elle rap-
;» Romains, avec un de ces chapeaux de large
» feutre sur la tête. On me confond à la porte
i» de Rome avec les marchands de bœuts de
!» la Sabine ou avec les vignerons de Veliétri
» j'entre et je sors sans soupçon. pourallpr
» me glisser sous les murs de la Longard. A
y> un s'gnal de mes souliers fcrrés sur le pa-
» vé, un flambeau brille à travers le treillisd^
» bois, une main passe, un fil armé d'un cro-
'» chpt de plomb descend contre lifmur; j'y
» prends un billet do Pagina, j'y suspends un
» billet do moi, 'entends un soupir ou mon
» nom prononcé à voix basse, jo couvre d?
» baisers le papier avant Ja le laisser remon-
» ter, je m'éloigne au moindre bruit, j'em-
» porte mon trésor, je le lis à la clarté de la
«lune ou des lampes qui brûlent dans ~~z
» les niches des madones, je réssors par une
«autre porte de Rome, je regagne à travers
» les cha-mps mon .asile, jo passe la nuit et le
» jour à relire, à étudier. àirito;préter les let-
j» très ue Résina. Le prince* dit-elle, est en
i » route pour revenir en Italie. Sa grand'-mèr<:
», passe sa, vie. dans les transes et dans les lar-
» mes. Elle est décidée à protfst^r contre k
» consentëmpnt imprévu, qu'elle "a donné h
» cette union,. sous l'empirode la domination
l » et de la peur. Elle se prêtera à tout poui
» empêcher le malheur et l'enlèvGment do sv
» petiie-fille. Ello a mis dans ses intéiêH,
I » force d'argent et de supplications, une par
| » lie de la famille et des personnes influento
» dans le gouvernempnt. L'opinion est parta-
| » gée. Elle plaidera, elle se jettera aux pied:
» » au cardinal Elle a pris en horreur h
i » tuteur de Régina et le prince Régin* ju-
j » re, dans toutes ses lettres, qu'olle se réfu ~i
• » gierait. plutôt dans la tomba de Clotild-
» que de se lai. ser livrer à un homme qu<
;[» son cœur reppusi » vie qu'elle.m'à donnée avaut même de m'a
» voir connu. Los. chose» en sont là, elles- n>
» peuvent durer longtemps ainsi.
;l » On i que n'es-tu là pour me conïoilier.t1
» pour m'entraîner peut-être! Je sens que j j,
pelle un tombeau, et qu'en abolissant les lois
de proscription, elle provoque, ainsi la plus no-
ble et la motos dangereuse de? réconciliations,
celle qui p.rfjaettra à deux familles de rendre
une patrrs>JtUï morts" gu-eiles regrettent, et
d'oublier leurs querelles dans une noble ému-
lation de patriotisme I
UÎHI.
̃ C«N«RÊS DE Ï.A PAIX.
(Troisième session.)
DEUXIÈME SÉANCE. TROISIÈME RÉSOLUTION.
§ III.– Le congrès pense que les armées per-
manentes avec lesquelles les gouvememens de
l'Europe se menacent réciproquement, imposent
à tous les peuples dès charge» écrasantes, et at-
tirent sur eux des calamités sans nombre; et
le congrès ne saurait trop appeler l'attention
des gouoernemens et des représentans des peu-
ples sur la nécestité de parvenir à un désarme-
ment international.
DISCOURS DE. M. JOSEPH GARNIES.
M. Joseph garnier Messieurs, les person-r
nés qui n'ont pas éjudiéj ou suffisamment ap-
profondi la grande question de la paix, nous
reprochent de nous perdre dans une vaine phi-
lanlropie, ou dans des aspirations religieuses
inapplicables, et de ne pas nous en prendre, di-
rectement aux causes, de guerre.
Cette objection n'est pas juste, car c'est bien
réellement la recherche des causes de guerre;
ce sont bien réellement les moyens défaire
disparaître ces causes qui font l'objet de nos
préoccupations dans, ce Congrès et dans toutes
les réunions ,qui l'ont précédé. Voyez notre
programme; voyez les résolutions votées hier.
Est-ce que 16» vœux qui vous sont soumis ne
signalent pas les causes de guerre et ne por-
tent pas sur des moyens de détruire ou au
moins' d'atténuer ees causes? Est-ce que la
proposition que nous discutons en ce moment
n'indique pas à la fois que les gros arméniens
sont une cause permanente de guerre entre les
nations, et que le désarmement international
est le rgmède -naturel, nécessaire, indispensa-
ble à apporter à ce mal ?:
Messieurs, la guerre a eu quatre causes gé-
Inérales les intérêts religieux les intérêts des
familles régnantes les intérêts économiques,
industriels, commerciaux des peuples; l'esprit
̃étroit de nationalité, les gros armemens.
j De guerre de religion, il n'y en a plus. Une
ides grandes puissances de l'Europe a récem-
iment fait la faute de réinstaller par la voie des
larmes le chef de la religion catholique mais
|si on va au fond des choses, on voit que dans
,çette intervention la religion n'a pas générale-
|mènt été prise pour prétexte, et que les motifs
|les plus réels, les plus, apparens, ont été tirés
|de la Dignité, de l'Influence, de la Prépondé-
rance et autres.raisons à l'usage de ceux qui
jveulent engager une nation à se mêler des af-
jfaires des autres.
jUSi on interroge ceux qui ont voté les subsides
|de cette guerre injuste et déplorable, on s'aper-
jçoit qu'ils n'ont pas même le sentiment bien
jprécis des raisons qui les ont guidés. Bien cer-
tainement, la majorité a eu en vue tout autre
iehose. que les intérêts du catholicisme, et je
!vois là un progrès sur le, fanatisme qui aurait
Inspiré, les représentans de la. nation interve-
nante à une autre époque. De nos jours, la re-
jligion est mieux comprise; on sait mieux qu'il
lest possible d'employer des moyens différens
pour progresser dans la voie divine; toutes les
isectes religieuses abandonnent chaque jour da-
jvantageies moyens de haine et de guerre, et
s'en fient chaque jour davantage aux moyens
de conciliationet de fraternité. La remarqua-
ble composition de ce congrès est une preuve
de ce que j'avance.
s Grâce au perfectionnement des institutions
[constitutionnelles et représentatives dans toute
l'Europe, la seconde cause de guerre que j'ai
indiquée va s'affaiblissant de jour en jour. Pour
!qu'un- gouvernernent fasse la,guerro dans l'in-
qu'un gouvernement fasse la. guerre dans l'in-
térêt d'une dynastie ou d'un petit nombre "do
familles, il faut, la permission: de ceux qui en
font les frais; or, celle permission ne s'obtient
que lorsqu'on est parvenu à faire prendre. le
change au .contribuable, à'lui faire croire que
{l'intérêt de lamille est national, et que l'intérêt
national est d'accord avec l'honneur, le droit,
la justice et le devoir. Et c'est là un. résultat
tous les jours plus difficile à obtenir, même
par les gouvernemens les plus autocratiques,
qui, eux aussi, ont besoin de s'appuyer sur l'o-
pinion- publique, sur laquelle agit le courant du
[progrès moral qui est la. loi de notre nature.
D'absurdes préjugés économiques et com-
merciaux inspirent encore les diplomates/ les
i» vais jouer mille fois plus que ma vie la Yie
î» et la réputation do Régina Mais je n'ai pôur
':» conseil que la délire dont je suis nuit et
I» jour possédé I Ah I il vient des jours où le
;» délire est la seule inspiration possible!
.1 » Je t'écrirai avant peu do jours, si je suis
» encore libre ou vivant. »
XXV. m-
Cotte lettre avait été la dernière avant la ca-
tastrophe qui avait jeté Saluce au château
Saint-Auge et' la comtesse avec Kogina; on
France. Voici comment co drame d'amour
s'était dénoué comriio ils se dénouent tou^,
pur dps déchiremens et par des larmos. Régi-
na me raconta tous les détails quoSaiuce, pri-
̃ Konnier alors, no pouvait plus m'écrire.
-.̃ XXVf. '̃.
Saluce, par l'intermédiairo du frère de la
nourricfl de Régina,' était parvenu à mettri-
̃ j dans ses intérêts un pauvre jardinier du Trans-
i tevore', leur parent,- qui cultivait un petit jar-j
•\ din de légumes et d'arbres fruitiers sous la
ij muraille même de la ville, qui serrait d'en-
ij ceinto à l'enclos ducouvent de la Longara. Le
•j gouvernement ayant ordonné à la comtesse
ij Livia de se retirer dans ses terres dos Abbru-
ù zps, ou de so confiner dam le cloître avec s;> '1
petite-fille, la comtesse, secrètement d'accord i
-j avccSaluce et Régina, partit pour les Abbruzes.
-j Régina, à qui toute communication hors du;
4 couvent était désormais sévèrement interJito,:
»: fut avertie do se préparer à rentrer dansla'do-!
minationet dans la maison du prince aussitôt
qu'il serait arrivé. On* peut jugor, d'après; j
,i l'énergie ot l'indomptable caprice de ce carac-
j tère, co Qu'elle dut éprouver de douleur, de
i répulsion ot.de colère en se vbyanUréduite à
sacrifier^ la fois sa grand'mère, Clolilde, Sa^
a luce, sa liberté, sa mémoire, son amour, dans
une môrao immolation d'elle-même! Elle é4
t .crivit..pîr/;l'entt8ffiïséi de sa nourrice à Saluco
é ces deux mots « Ou la fuite, ou la mort, a-
législateurs et les gouvernem,ens de notre épo
que mais si ces préjugés sont de même natu-
re que ceux des siècles précëdens, ils en diffè-
rent sensiblement en force et en intensité, depuis,
une centaine d'années quo les fondemens dt
l'économie, politique ont été jetés. Cette science
rationnelle des intérêts n'a cessé de progresse!
par le travail des penseurs el des philosophe.1
éminens, quelquefois aussi par les efforts dei
hommes d'Etat, tels que Turgot, Huskisson.
Robert Pool. Eh bien cette science, quoique
repoussée de l'instruction publique dans quel-
ques Elats, n'en agit pas moins par le poid.1-
même des vérités qu'elle renferme sur les re-
lations internationales elle n'en affaiblit pat
moins tous les jours les préjugés qui ont pro-
duit toutes les entraves commerciales dont le.-
nations sentent aujourd'hui le besoin de se dé-
barrasser.
Sur certains points l'économie politique en
est encore à l'énoncé des problèmes mais sur
bien d'autres aussi la lumière a été faite par
des maîtres dont le nom est vénéré, dont l'au-
torité est respectée par tout ce qu'il y a d'hom-
mes instruits en Europe. Au nombre de ces-
points complétement élucidés et tout à fait ré-
solus, il faut mettre les règles qui doiveni
présider aux relations économiques des peu-
ples pour le plus grand avantage de leur agri-
culture, de leur industrie, do leur commerce,
de leurs capitalistes, de leurs travailleurs. La
Science économique que M. Drôz a appelée le
meilleur auxiliaire.de la morale, qui est aussi
le meilleur auxiliaire do la cause que nous dé-
fendons, et pour l'enseignement de laquelle les
amis de la paix ne- sauraient faire trop d'ef-
forts, la science économique renverse de fond
en comble les préjugés par lesquels on a légi-
.diméune fonle de guerres dans le passe, les
mêmes préjugés qu'on invoque encore au-
jourd'hui.
Interprète de ces préjugés* Montaigne a dit
que « le dommage de l'un est le profit de l'au-
;» tre ». C'est là un axiome barbare qui n'a ja-
jrnais été vrai, que l'économie politique démon-
itre être le contraire de la vérité. Ce qui est
;vrai, ce qui est l'expression des intérêts des
ipeuples comme des individus, c'est que le pro-
fit "de l'un est le profit do l'autre c'est que le
idommage de l'un est le dommage de l'autre.
'Observez bien ce qui s'est passé dans ces der-
jnières années seulement.
̃ N'avez-vous pas vu que la disette des uns a
jeté 'aussi la disette des autres;que la crise chez
;ies uns a amené la crise chez les autres; que la
jdiminulion. des importations a correspondu à
'celle des exportations; que la souffrance des
Ipeuples en révolution s'est fait sentir chez los
jpeuples tranquilles; que la misère des travail-
iicurs a appauvri les capitalistes, et que -les per-
îtes de ceux-ci ont pesé sur les travailleurs?
'Qu'est-ce que cela veut dîre> sinon le contraire
jde ce que disait Montaigne, que le dommage
;de l'un n'est pas le profit de l'autre, et bien au
icontrairo que le dommage de l'un est le. dom-
mage de l'autre, comme le profit de l'un est le
profit de l'autre?
Je ne veux pas parler ici de la question brû-
jlante des nationalités.; mais ne puis-je pas dire
jque si vous faites le déport de ce qui, dans les
jhaines qui divisent les peuples et qu'on dé-
core le plus souvent du nom de patriotisme,
irovient à l'influence religieuse, ou à l'intérêt
jplus oumoinsbion entendu des dynasties et
ides olygarchies, ou aux préjugés économiques;
ique si vous tenez compte des effets obtenus par
'lo progrès des voies de communication, par-la
irapidité des correspondances, par l'étude des
langues, le mélange incessant des hommes et
ides choses, le problème des nationalités se sim-
plifie prodigieusement. •••̃
Reste, messieurs, la dernière cause do guer-
;re que j'ai signalée, les gros armemens contre
lesquels ce vœu vous est proposé. 11 est de
^'essence des armées de provoquer la guerre,
ieomme il est de l'essence des nuages de pro-
duire la foudre et l'orage. Toutes les fois que
Ivous avez vu des armées d'observation se mas-
|ser quelque part pour prévoir la guerre, vous
lavez vu- les complications diplomatiques, et la
jguerre s'en suivre le- plus souvent,, ipso facto.
Rien de plus naturel. Quand les armées exis-
tent, il faut en légitimer le maintien; il faut les
utiliser, et, pour les utiliser, il faut chercher
querelle -ou se faire chercher- querelle, afin
'd'en venir aux coups de. fusil et aux coups de
icanon, par lesquels se manifestent l'utilité des
'régimens.
Les membres du Congrès savent, eux aussi,
quelles sont les qualités qui peuvent se déve-
lopper dans l'état militaire; et ils tiennent
grand compte du courage, du dévoûment, des
sacrifices, des sentimens d'humanité dont les
» vaut le jour qui m'arracherait à toi!» n
Co jour approchait. Le prince était arri--
vé.-ll n'avait pas demandé encore à voir lai
:princess9. Il délibérait avec ses amis du gou-
vernement sur le moyen d'amener ,p»r la dou-
CHur.'et.. par la iemppr'isalion à l'obéissance.:
cotte imagination d'enfant révoltée. Saluce en
fut informé. Il résolut de profiler de co mo-.
aient d'indéoi.~ioa du prince pour soustraire;
Régina à une tyrannie qu'elle reiputaitplus:
que lo poignard. xxvll:
XXVII.
Saluce se procura. successivement ot sans
qu'on pût remarquer leur accumulation dans-;
10 même jardin, quatre ou cinq de ces longues r
échelles de bois léger dont les jardiniers d'I-
talio se servent pour tailler les ceps de vigne;
et pour cueillir Ips raisins dés pampres enta,
ces et suspendus à l'extrémité des branches?
sur les plus hauts peupliers. Il les démonta, ~i
il en mit à part les échelons il ajusta et reli.' i
les montans avec de fortes cordes, ot il un re->:
çoiislruisit une échelle légèro, soiido,.m:jnia-:|
ble à l'aile do laqunlle il pouvait atteindra jj
jusqu'à !a hautour du rempart. 'Ce travail ter-j
miné, il fit avertir Uégina, par le frère do sa 1
nourrice, qu'il serait la nuit suivante, après;!
quo la lune serait couchéa, dans,, la chapelle |i
auprès du tombeau do sa sœur, et qu'e'letrou-i
voraiHa ̃ liberté là où il avait trouvé l'amour:
de sa vie..
Aidé.du jardinier et du frère do la nourrice
dont il avait acheté à prix d'or la complicité
et le silence,, à l'heure dite il monta sur;
le rempart, tira l'échelle à Jui, la fit glisser au
pied du mur dans l'ailée de cyprès du cou-
vent, descendit, se glissa dans" la chapelle, 'j
trouva diïjàRégina et la nourrice, les fit fran-l
cbirla muraille de la manière_dojit lui-mêmo
l'avait franchie, et laissa ses deux .complices,
retirer, démolir l'échelle et, détruire ainsi toutv;
j trace d'escalade et de rapt dans la jardin du
complaisant Transté* éan. tyio de ces: petites
̃ voilures de paysan romain, formée de deux
arceaux do bois recourbé, et voilés eoutro le
hommes de guerre peuvent donner le glorieux
.exemple. Mais il. n'y a que les sujets d'élite.
que les hommes exceptionnels chez lesquelsjgrfP
voit s'exalter, par cet affreux procédé, les/J^
bles qualités de l'ame. La masse, sous cetjïdîpf
fluence délétère, obéit aux mauvais instlj|f|îi^
en temps de guerre, elle s'habitue à assbuK^es; `:
penchant de la cruauté; elle tue, elle pillc»HeJ'
viole à l'instar dos barbares et des bêtes fat&w
dont parlait hier l'éloquent M. Burnett tfs|j
temps de paix, elle est livrée aux ravages de la
paresse et de la démoralisation, qui agit sur
elle-même et sur les populations au sein des-
quelles elle vit.
Et, à ce sujet, permettez-moi de vous faire
part d'une pénible impression que je ressen-
tais ce matin même, en observant un des ef-
fets de cette influence démoralisante des ar-
mées permanentes. Ce matin, au bruit de h
musique militaire, j'ai ouvert ma fenêtre pour
voir défiler un détachement de soldats prus-
siens et qu'ai- je aperçu? Une bande de petits
̃Francforlois marchant après les tambours, et
s'imprégnant avidement, ici comme à Paris,
comme dans toutes les villes de garnison, des
préjugés militaires; s'habituant à la vue des
armes destinées à tuer des hommes se fami-
liarisant avec l'idée de là guerre et de l'exter-
mination de leurs semblables. C'est là un en-
seignement pernicieux, qui a. plus de portée
qu'on ne pense, et qui est aussi le point de dé-
part des préjugés que nous avons à détruire.
Je ne dirai qu'un mot sur les effets écono-.
miques de l'entretien de ces armées qui rui-
nent l'Europe, Un des hommes les plus labo-
rieux et les plus savans de l'Allemagne, M. de
Reden, vous a fait distribuer une brochure, en
partie dirigée contre notre agitation,_mais dans
laquelle je trouve un argument considérable à
l'appui de votre cause. M. de Reden a calculé
ique la moitié des hommes jeunes de l'Europe,
ost occupée par les armées. Voilà donc la moi-
tié do la force vive de la'population qui, non-
jseulement ne produit pas pour elle-même, pour
les enfans, les vieillards et les femmes, mais qui
(détruit une quantité notable'de la richesse des-
tinée soit à la reproduction, soit à l'entretien
jde la population. Or, qui dit destruction de ri-
jehesses et de capitaux, dit on même temps di-
iminulion de travail et misère. Car, avec quoi
iprévoit-on la misère ? avec quoi la soulage-t-
jon? avec quoi la fait-on disparaître, si ce n'est
;avec du travail et du capital.. Ainsi donc, lo
isystème des armées permanentes a pour effet
jdirect la. guerre, qui est l'extermination des
hommes, et pour effet indirect la misère, qui
|est une autre espèce d'extermination.
| Si cela est vrai, l'a conclusion naturelle, la
{conclusion forcée, la conclusion du sons com-
jmun est que les gouvernemens des nations qui
ise piquent de marcher à la tête de la civilisa-
tion, doivent renoncer à ce'système ruineux et
[dégradant, ne plus augmenter leurs arméniens
jet 'diminuer, au contraire, progressivement,
jleur armée et leur marine.
Je parle do diminution progressive, pour me
(maintenir dans les limites de ce qui est natu-
rellement acceptable et praticable; mais je
crois à la possibilité dans l'avenir d'un désar-
i.moment absolu. Ce n'est pas que je rêvo la
iperfoction absolue de noire espèce, maisj'es-'
ipère que les sociétés apprendront, en avançant
jdans la voie du progrès, à constituer d'une
manière moins vicieuse la force publique de-
vant servir à la tranquillité et à la sanction do3
arrêts de la justice.
Ici, je lo sens, se présente à l'esprit de beau-
coup d'entre vous, de ceux surtout qui habi-
jtont des pays où les événemens politiques ont
̃ déchaîné de dangereuses passions et ébranlé"
les bases de l'ordre social-, une objection que
;je ne veux pas éviter. Les armée?, me dit-on,
des armées assez considérables sont nécessai-
res pour comprimer ces passions, pour défen-
dre les libertés de fous, pour rassurer la socié-
té. D'abord, je crains beaucoup, pour mon
compte, et Dieu veuille quo je me trompe, que
bientôt les libertés publiques ne soient obligées
de se défendre contre ce genre de protection.
En second lieu, tout en admettant par hy-
pothèse que de gros armemens sont légitimés
par les événemens qui se sont passes depuis
1848, il y a en eux une proportion subsistant'
en vue des hostilités extérieures auxquelles s'a-
dressent nos critiques. •
En troisième lieu, les révolutions sont des
fièvres qui n'ont qu'un temps, et tout fait
espérer que le gros de la crise est passé,
que les peuples vont reprendre l'allure du
progrès pacifique, que les mauvaises pas-
sions von.t se calmer, que nous allons ren-
trer, dans les conditions hygiéniques d'a-
vant 1848; et alors, comme nos efforts ne sont
soleil d'un lambeau do toile, les attendait
dans là courdu frèredo lanourrico dellégina.
Un vigoureux cheval sauvage des. marais
Pontins acheté d'avance par Saluce était
'attelé à cette charrette Régina dépouilla ses
habits de toie ut pritlecostume.de lainn d'una
| desaièces do sa nourrice. Saluée «-'taiUeouvort
de son costuœe romain et de son manteaa do
laine brune, il portait aux jambes !os souliers
à semelles de bois et les guêtres do cuir noir
| des paysans de, la campagne Sabitie. Il avait
deux fusils et uno espingole chargé" jusqu'à la
gueule, dans la paille do l.a charrette sous ses
uieds. Les fugitifs accompagnés seulement do
la nourrice prirent, quatre heures avant lo
jour, la route des montagnes eu suivait le
plus possible les chomins les moins fréquen-
tés. Grâce à la vigueur du cheval ils arrivè-
rent le soir du lendemain à la résidence de la
comtesso Livia. La comtesse qui les atleadait
à toute heure, no perdit pas un instant à jouir
du r-tour de sa-flllo. Ello avait tout préparé
pour l'éventualité do sa fuite. Une felouque
espagnolo,noliséo par les-solns do,son fat tore,
attendait leurs ordres à Gaëto. Ils s'y rendi-
rent le lendemain et s'embarquèrent pour Gê-
nes, où la co nte.îso avait averti par leitro son
banquier de lui préparer do l'or, une voiture
et un courrier.
Los adieux de Régina et do Saluce en se sé-
parant de3 deux fugitives délivrée;, ne furent
qu'un court et heureux ajournement do leur
réunion et de leur félicité. Ils devaient so re-
trouver six semaines après à Paris, Mais com-
me la fuite de Régina aurait, passa pour un
rapt si le nom de Salupo y avait été mêlé, Sa-r
luce résolut do revenir hardiment à Rome,
comme s'i! n'en était jamais sorti, do s'y mon^
trer avec affectation dans les lieux publics et
au théâtre, et d« démon,tir ainsi p'ar ta pré-
sence toute participation à l'événement dont
le public allait s'entretenir.
̃•̃ A. DE LAMARTINE.' "["
3 sepiemke !8î>0. ) 1
Toutes les lettres et communications relatives à ty rédaction doivent être adressées, affranchies:
̃ A M. NEFFTZER, l'ottdes gébaks et sechùtairk bu comité de rédaction, rue Menlmarire, 131.
Principaux rédacteurs MM. A. de Li Guéuon.mÀkk ;(A; de L.) J. Pérobeaud (J. P.) A. Nbfftzes
t (A. N.); E. Pelleta» (E. P.) A. Peyrat (A. R.) A. Labyray (A. L.); P. Limaybac (P. L.J
-A. DDMONT(A.B.);-CAi;LEBY(C.);-HAYARD(Hi)
Les articles envoyéset quin'ontpas été insérés sont brâlés.et ne sont pas rendus.
̃->̃.̃ ©ONZIÈME ANNÉE. • ̃
0i\ S'ABO^M.r.EUI^OITIAItTEE, K« 13f.
BR1X: BN AN, 4© FBANCS SIX MOIS, Sk FRANCS J TROIS MOIS, 12 FRANCS.
Port-cn sus pour les pays sans échange postal. les abonnmens datent des i" el iG du mois.
Toutes les demandes .•̃ A M. ROUY ft-, administrateur de la Presse, rue Montmartre, 131.
On s'abonne à Londres, pour tout le Royaume-Uni, .chez M. LOYSEL ot O, 34, Essex-Slreet, Strand.
ANNONCES» M. t. PANIS kesisseuiî, place de la Bourse, ,10. i
• Imprimeur Delanchy, rue Montmartre, 131.
Paris~ septe~u~t~.
LA POLITIQUE ET EA BEUGIOIV.
` La loi du talion, vient de recevoir une nou-
velle et solennelle application. Il n'y a pas de
renommée un peu éclatante dans le pays, pas
d'jdées un peu généreuses, qui n'aient été cen-
surées, excommuniées, outragées par Y Univers
au nom de la religion dont il portait le mas-
que,. L'Univers, à son tour, est frappé de cen-
sure et d'excornmunieation morale par M..
F.archey"êque de Paris, au nom de l'Eglise dont
ce prélat représente l'autorité.
Nous avons reprod uit hier les deux documens
dans lesquels la puissance ecclésiastique a dé-
posé l'expression de. ses sévérités à l'adressa de
la presse dite catholique, Ce blâme énergique
tombe comme un éclat do, foudre sur; l'univers
et l'Ami de la Religion. Le premier de ces deux
journaux, surtout; auquel le prékit fait l'appli-
cation-direcle et nominale de ses censures, est
frappé sans, ménagement et d'une main terri-
bje. Après, cet arrêt de condamnation, on peut
dire que la pressG catholique est chassée du
Temple de Dieu, comme ces vendeurs quile;
déshonoraient autrefois. On peut dire que Jes
évêques du dehors sont dépossédés de leur in-
fluence usurpée et que les véritables évoques
sont rentras dans la plénitude de leur autorité
spirituelle et du gouvernement des âmes..
Mais au dessus de ce résultat do l'initiative
prise par, M. l'archevêque de Paris^ deux ques-
tions appwajsssat dans eo mandement deux
questions graves, car l'une touche au droit de
la liberté ef l'autre au lien delà société politi-
que et de la société religieuse. C'est/de ce dou-
ble intérêt que nous vouions nous occuper bien;
plus que de l'humiliation de l'Univers .et delà,
confusion de l'Ami de la Religion, échos trop
fidèles de ce parti, dont l'arrogance enflellée
de tous les venins de la haine a: pu souvent
exciter notre indignation, mais dont l'infor-
tune ne mérite aujourd'hui que notre pitié.
Il y a quelque chose qui est au. dessus de-
toutes les censures et de toutes les foudres ec-
clésiastiques c'est la liberté 1 Nous la voulons
pour nous mais nous la demandons de même
pour M. de Montalembert et pour M. Yeuillot.
Que ces messieurs se réservent de défendreet
de glorifier l'Inquisition, cela les regarde-; nous
nous réservons de la mépriser comme une ini-
quité, et de ladétester comme un crime. Dans
le domaine de la publicité, comme, écrivains,
comme citoyens, eux et nous, nous sommes
tous justiciables de l'opinion mais dans le do-
maine des croyances particulières, il y a évi-
demment des autorités que la foi peut impo-
ser et que la conscience doit subir. Telle est
l'autorité des évêques pour les catholiques.'
Les évêques disent « Mais la liberté de la
presse ne doit pas envahir un\domaine qui
n'est pas le sien, prétendre à un gouvernement
qui la dépasse, s'arroger sur les choses de Dieu
et de l'Eglise une autorité' qui 'ne .lui appartient.
pas elle ne doit pas s'immiscer dans, l'intérieur
dfi la cité de Dieu, y semer la discorde, y fo-
menter l'esprit. de parti, y former les factions, y
régner sur les ames à la place des véritables
autorités, sans prestige et sans forcé.» Oui,
sans doute^ au point de vue delà croyance re-
ligieuse, les évoques ont raison. Mais quel,
moyen ont-ils de fermer ̃ la porte de leurs
temples à la controverse? lis' n'en ont
qu'un,;un seul, c'est de' la fermer en même,
tjempsia la politique c'est de ne point associer
sur leurs autels, dans une alliance impie,1 lo
Culte immortel de Dieu et, le 'cuite mobile et
douteux des pouvoirs qui viennent leur de-,
mander leur consécration pour leur imposer la
servitude c'est, en un mot, de tendre de. plus
en'plus à l'indépendance réciproque de. l'Egli-
se et de, l'Etat.
Autrement, nous ledemândons au vénérable
archevêque de Paris, comment est-il possible'
de ne pasmêlerl^sacréau profane, la foi à la
philosophie, la religion. à la politique? Ejt-ce'
que^nbus pouvons faire, un pas sans sentir le
lien qui attache ,1'uie. à l'autre, ces choses si
différentes? Est-ce que ce lien ne^'impose, pas.
à la. conscience et à la raison dans le domaine
civiPeomme dans le domaine 'religieux? Est-ce
que le chrétien qui ne Groit passà la philo-
FEUILLETON DE Là PRESSE
v, !)
BB 3< SEPTEMBRE 1850/ fS I
M' ̃ .)
iPIJYEÏlESVcONElïfflCES^.
TREIZIÈME. LETTRE .(kome).
« Les jours et les mois passent, et.rienn'a a
» changé dans ma féliii té. Yoilà pourquoi je
» no. t'écris que si rarement; j'ai, peur de t'en-
» nuyer de bonheur.- J'hjbitë depuis. quelque»
» semaines U même maison queRégina et sa
».grand'-mère, à Tivoli..
( » Los médecins ont conseillé à, la comtessfi
» Livia do respirer, pour se fortifier, l'air pur
» ot vif des collines. Elle a loué pour quoique? |
» jours lo palais à Tivoli. Elle m'a,perniis j
» de louer moi-même un petit apparteniez ]
» au dessus du sien dansle même palais- De ma jj-
» 'fenêtre je vois te balcon de Régina, où saj;
» grand'-mère s'asseoit à l'ombre loutlo jour, i!
» dès quo le soleil a tourné l'angle du palais.Tu.ji
» connais Tivoli. Nous sommes sur le dernier;
» gradin de la colline, dominant- té tcsmple dc;
» là Sibylle, les grottes, les cascatelles et cette;
» valiéo d'où le murmure et la fumée des;
» eaux s'élèvent confondus ave3 les arcs-en
» ciel tournoyans -dans les vapeurs toute luji
» journée I Avions-nou* besoin do ce verlig«:|l
» de plus pour donner le vertige éternel à vo>\
)> âmes?.
» Jo vois d'ici le plateau opposé de l'autrq
» côté de la vallée des eaux^ avee les chëne>'j
» verts, les roches grises entrelacées de-fi-j
» guiers, et l'ermitage des Franciscains, qui fut
» autrefois la maison-d'Hurate et où tuéeri-j ~i
» vis uq jour tes premiers vers/ Ce-souvoniri
» de toi; au milieu de mon bonhsur, le com-
» plète. Je mo liguro queta'-es encore là, me,
» regardant et te réjouissant avec moi de -r à j
» que la fortune m'a donné pour théâtre du
(1) Ypirla Presse des 30, 31 millet,-ler,2,-3, -7;
8, 9, 13, U, 15, 17, 20, 21, 22, 23, 39 et 30 août.
^opliie n'est pas froissé jusque dans, l'asile
'Ijo plus; intime de sa croyance? Est-ce que
te philosophe qui ne croit pas à la foi
n'est, pas gêné jusque dans le droit le plus lë-
gitîaw w s^Ufeerté ? De cette alliance étroite
et lyrannique pour l'Etat comme pour l'Eglise
résultent nécessairement des choes, des pré-
sentions des irritations des discussions.
\e dogme, arraché au tabernacle est
jeté dans la polémique aux risées de la
fjoule. L'égliso n'est plus un temple; elle de-
vient un camp. Au lieu des pontifes qui bénis-
sent et qui prient, elle a dès soldats qui com-
battent et. des pamphlétaires qui insultent au
Ueu de saint Vincent de Paul, qui, lui, ensei-
gne la charité, elle a M. Veuillot, qui glorifie
l'Inquisition, et M. de Montalembert,, qui sanc-
tifie la guerre et. la violence, en proposant l'ex-
pédition de Rome; à l'intérieur, après l'avoir
fait de .l'autre côté des Alpes I
Cela est déplorable sans doute pour la reli-
gion, et nous cocaprenons, nous honorons
rnême les alarmes de M. l'archevêque, de Pa-
ris. Mais cela esj, inévitable dans l'état actuel
des. ehpses. A supposer que la presse catholi-
que s'incline ;sous le soufflet qu'elle, vient de
recevoir d'una main bénie, la controverse re-
ligieuse n'en sera pas moins livrée, aux pr^fa-s
nations laïques. Est-ce, que la. nouvelle3Û>i
d'enseignement n'a pas créé en effet un tê'S
pin do, lutte-, inévitable, entre. l'influencerè]^
Rieuse et l'influence philosophique? Cette fôi^
pe n'est plus, la religion qui. laisse envà^^
j'Eglise. C'est elle-même qui sort de son jsfiô|
^t qui ya s'asseoir, dans les conseils ùnivetsP
jtaires, au milieu des iudifférens, des héréti-
ques et des incrédules. Elle va livrer sa croyance
Mous les hasards, a toutes les irrévérences, à'tou-
jtes les susceptibilités de discussions sans is§ue.
C'est un Rabbin, c'est un Protestant c'est un.
Eclectique, c'e*t un Athée, qui seront 'les
jjuges d'une question de foi. Comment -s'éton-
ner maintenant que l'Univers et l'Ami de la
{Religion, s'arrogent le droit do trancher ces
jquestions ? Quelque incompétens qu'ils puis-
isent être, franchement ils le sont encore moins
fc[ue la juridiction créée par la loi de 1850, au
sommet dej'enseignement pour en diriger
^'impulsion religieuse.
J II n'y a donc qu'un moyen un seul de
jmettre la roligiori en dehors do ces luttes où
folle laissa^ toujours quelques lambeaux de sa
jpourpre. Ce moyen nous l'avons indiqué c'est
Ja séparation de l'Eglise et de l'Etat.
J Qui, que l'Eglise soit libre, et elle ne crain-
jdraplus d'être affaiblie par ses ennemis ou d'ê-
tre compromise par ses faux amis 1
Le jour où la religion sera indépendante de
lia politique, et réciproquement, M. de Monta-
ilembert et M. Yeuillot cesseront d'être des amis
jcompromettans parce? que les ennemis de
l'Eglise cesseront d'être dangereux. L'œuvre
des citoyens sera à part de celle des.chrétiens.
Citoyens dans la vie civile, nous userons de nos
droits, nous exercerons sans obstacles et sans
limites la souveraineté de notre raison. Chré-
tiens dans la vie. religieuse, nous accomplirons
[nos devoirs, et nous nous inclinerons devant
nos autorités légitimes. Alors les évêques au-
rent je droit de parler haut, car ils parleront au
nom d'une puissance immortelle, et ils pour-
ront s'imposer à la conscience sans opprimer la
raison l
L'Universse présente aujourd'hui, à ses lec-
teurs, dans l'ittitude; modeste d'un condamné.
IL ne dissimule pas la portéa de. l'arrêt qui,
vient, de., le -frapper, et, avec lui le partiront il
portait la bannière. Seulement, il "se réserve
une.dernière .chance de; salut, et il; annoncé
qu'il va porter sa cause; à; Rome.
Pour un. partisan aussi déclaré que l'est VU-
niversdu principe d'autorité, cette, protestation
sous, forme d'appel contre la condamnation de
la puissance catholique, représentée par. un ar-
chevêque, nous -paraît peu conséquente. Dés-
ormais, .il y. aura une. réponse à toutes les.cen-,
'sures ecclésias.tiques-, eticette réponse estcelle-
:ci «J'irai le dire à. Rome.» >
Nous demandons à= l'Univers pourquoi, il
s'indigne si fort en ce moment même contre
.fie roi; de.Sardaigne,,qui, lui aussi, ayant à se
('plaindre de M. l'archevêque de Turin a.mena-
imoD amour un des; plus divins séjours de
> la terre. Quand i'ame est pleine ellfi a be-
> soin de se répandre autour d'elle, dans une
9, nature aussi splendide que ses pensées. La
•> natureestla déeoration do la*vie. Vie p'us
» heureuse, décoration plus belle, jamais 1 »
LETTRE XlYe (ro.ue).
«Le bonheur était trop cosiplet pour êtro
» durable. C'est ta pitié maintenant qu'il
» me faut. La comtesse Livia a reçu du gou-
» vernement l'ordre do rentrer à Rome, d'ob-
» server la vie cloîtré© du. cou vent avee sa pe-
»Jite fille, ou de la, laisser seule au couvent
» jusqu'au retour du prince qui réçlamora
» sa femme,' Cela vient des_ amis, du prince
«qui bnt'^té' informas et "qui se. sont plaints
» des assiduité? d'un étranger dans la famille.
» Les ordres «le police icisent absolus; il a fallu.
» obéir. La comtosse a quitté Tivoli elle est
» rentf ée danv'on palais à Romo, afin d'avoir
» la liberté. de réclamer et do iaire agir aussi
» ses amisf. auprès du gouvernemant. Régina
«est enferméo, seule avec, la nourrice dans
» l'encointo du. couvent, Je suis parti ostonsi-
» blement pour Florence, d'après ses conseils,
» pour enlever tout prétexte d'accusation et de
»' réclusion contre Régina'ét la comtesse. Mais,
» arrivé à Terni, j'ai fait poursuivre de nuit à
» ma calèche la route de Florence; un jeun»
» Napolitain de mes amis, qui va à Paris, y a
» pris ma place. Je suis revenu seul et sou*
̃d un autie.nom à. Rome. Je ne suis pas tmi-
» tré dans la ville, pour que mon palais vide
» trompât les observations du gouvernement.
» Jb vis eaché dans une maison de jardinier,
«.hors des murs, du côté de Saint-Paul, sur
»' un' chemin de traverse, chez le frère- de la
» nourrice de Régina. J'ai une chambre dont
»- ta fenêtre ouvre sur la campagne, et qui
» me permet do. jouir- de la, vue du ver-
» gor, d''s prairie- sans.êtr.e. aperçu du -ch»-
» .min. J lai des Jiyrcs, du papier, .des arme?: j«
» nesor* que; la nuit, enveloppé de #bs grands
» manteaux bruns qui recouvrent les paysans
cé d'aller le dire à Rome;?
Quo l'Univers se mette donc d'accord avtc
lui-même et s'il résiste à l'archevêque de Pa-
ris, qu'il cesse d'accuser le roi Emmanuel pour
sa résistons» & ^sfehévê^tte de 'iHiriat j
Le National reproduit aujourd'hui, en s'y
associant avec empressement, quelques lignes
un peu aigres du Peuple de 1850 à l'adresse de
la Presse.
C'est l'article de M. do Lamartine, article
dont la responsabilité tout individuelle n'ap-
partient qu'à son auteur, qui nous vaut, de la
part du Peuple, une leçou de coiislitutionalité.
Avons nous donc manqué de respecta la
Constitution ? Nous ne le croyons pas. Nous
avons seulement accueilli l'opinion de M. de
Lamartine qui so prononce pour la nomination
d'un pouvoir intérimaire pendant la révision,
afin que la nouvelle Assemblée constituante
puisse régler les conditions d'éligibilité et de
durée de la seconde présidence de la Républi-
que.
M. de Lamartine expliquera et justifiera sans,
douto son opinion quand il en sera temps.
Quant à nous, le Peuple et:le National doivent
savoir que nos interprétations des textes consti-
tutionnels sont toujours dictées par la plus
iscrupuleuse bonne foi, et par l'inspiration de
fla liberté la plus largo et la plus complète.
̃ Mais pourquoi ce qui devrait être si clair est-
il si obscur? Pourquoi les. hommes, comme M.
;d© Lamartine en sont-ils à se demander si
l'Assemblée dft4^ri¥isiOB pourra être convo-
quée avant ou après l'expiration des pouvoirs
du président de là République? Pourquoi ces
obscurités et ces équivoques? A qui la faute?
En vérité, le National devrait ôtre plus mo-
deste.
Oui, il devrait être plus modeste, car, enfin,
il-nous faut bien le dire, puisqu'il nous y pro-
voque, c'est lui qui a noué ces mailles dou-
teuses du texte constitutionnel à travers les-
Iquelles les interprétations les plus déplorables
ont pu se faire jour, comme c'est lui qui a
laissé ces portes détournées qui ont livré à
l'ennemi la Constitution, la liberté politique et
̃la nationalité des peuples.
On dirait que les auteurs de la Constitution
:ont procédé comme ces avocats habiles, beau-
coup trop habiles et trop prévoyans qui, char-
gés de rédiger un contrat, savent habilement
̃glisser, dans l'ambiguïté du texte, des prétex-
tes- à procès. Nous en avons déjà vu plaider
^Beaucoup. Nous ne sommes pas encore au
jbout. Malheureusement, c'est toujours la li-
berté qui les perd.
Nous n'avons pas notre amour-propre d'au-
|teur engagé dans la Constitution. Mais nous
lavons, mis volontairement notre honneur et
jnotre patriotisme dans sa défense énergique
I8t loyale. Nous défendons son esprit contre le
(gouvernement de M. Louis-Napoléon Bona-
jparte, comme nous l'aurions défendu au be-
jsoin contre le gouvernement du National, si
ils' National n'avait pas été vaincu dans l'urne
idu~ 10 décembre. Nous sommes pour tous les
(droits contre tous les abus, pour toutes les li-
ibertés contre toutes les ssrvitudes.
] Maintenant que le National ne s'en prenne
ipas à M. de Lamartine ni à la Presse^ mais à
lui seul, si la question de la révision de la
Constitution, très claire pour nous, peut don-
ner lieu à des interprétations diverses mais
au moins que l'expérience lui serve et qu'il
apprenne à ses dépens qu'en laissant des trap-
;pe5 sous.lé droit, on s'expose à y tomber l:
|. Le deuil do Claremont a reçu un hommage
que nous devons constater parce qu'il est un
acte de haute, convenance. M. le comte de
Chambord était au concert quand on est venu
lui annoncer la mort de Louis-Philippe. Il s'est
spontanément retiré, et il a demandé' pour le
lendemain un service funèbre auquel tous les
(Français ont été invités à se rendre. Nous
jerbyons peu à l'efficacité des réconciliations dy-
Jna'stiuues. Mais il y a une limite devant la-
iquelle toutes les prétentions doivent s'arrêter:
ic'est la mort 1 L'initiative de M., le comte de
Chambord peut être offerte en exemple. La Fran-
ce républicaine a.renversé un trône; qu'elle rap-
;» Romains, avec un de ces chapeaux de large
» feutre sur la tête. On me confond à la porte
i» de Rome avec les marchands de bœuts de
!» la Sabine ou avec les vignerons de Veliétri
» j'entre et je sors sans soupçon. pourallpr
» me glisser sous les murs de la Longard. A
y> un s'gnal de mes souliers fcrrés sur le pa-
» vé, un flambeau brille à travers le treillisd^
» bois, une main passe, un fil armé d'un cro-
'» chpt de plomb descend contre lifmur; j'y
» prends un billet do Pagina, j'y suspends un
» billet do moi, 'entends un soupir ou mon
» nom prononcé à voix basse, jo couvre d?
» baisers le papier avant Ja le laisser remon-
» ter, je m'éloigne au moindre bruit, j'em-
» porte mon trésor, je le lis à la clarté de la
«lune ou des lampes qui brûlent dans ~~z
» les niches des madones, je réssors par une
«autre porte de Rome, je regagne à travers
» les cha-mps mon .asile, jo passe la nuit et le
» jour à relire, à étudier. àirito;préter les let-
j» très ue Résina. Le prince* dit-elle, est en
i » route pour revenir en Italie. Sa grand'-mèr<:
», passe sa, vie. dans les transes et dans les lar-
» mes. Elle est décidée à protfst^r contre k
» consentëmpnt imprévu, qu'elle "a donné h
» cette union,. sous l'empirode la domination
l » et de la peur. Elle se prêtera à tout poui
» empêcher le malheur et l'enlèvGment do sv
» petiie-fille. Ello a mis dans ses intéiêH,
I » force d'argent et de supplications, une par
| » lie de la famille et des personnes influento
» dans le gouvernempnt. L'opinion est parta-
| » gée. Elle plaidera, elle se jettera aux pied:
» » au cardinal Elle a pris en horreur h
i » tuteur de Régina et le prince Régin* ju-
j » re, dans toutes ses lettres, qu'olle se réfu ~i
• » gierait. plutôt dans la tomba de Clotild-
» que de se lai. ser livrer à un homme qu<
;[» son cœur reppus
» voir connu. Los. chose» en sont là, elles- n>
» peuvent durer longtemps ainsi.
;l » On i que n'es-tu là pour me conïoilier.t1
» pour m'entraîner peut-être! Je sens que j j,
pelle un tombeau, et qu'en abolissant les lois
de proscription, elle provoque, ainsi la plus no-
ble et la motos dangereuse de? réconciliations,
celle qui p.rfjaettra à deux familles de rendre
une patrrs>JtUï morts" gu-eiles regrettent, et
d'oublier leurs querelles dans une noble ému-
lation de patriotisme I
UÎHI.
̃ C«N«RÊS DE Ï.A PAIX.
(Troisième session.)
DEUXIÈME SÉANCE. TROISIÈME RÉSOLUTION.
§ III.– Le congrès pense que les armées per-
manentes avec lesquelles les gouvememens de
l'Europe se menacent réciproquement, imposent
à tous les peuples dès charge» écrasantes, et at-
tirent sur eux des calamités sans nombre; et
le congrès ne saurait trop appeler l'attention
des gouoernemens et des représentans des peu-
ples sur la nécestité de parvenir à un désarme-
ment international.
DISCOURS DE. M. JOSEPH GARNIES.
M. Joseph garnier Messieurs, les person-r
nés qui n'ont pas éjudiéj ou suffisamment ap-
profondi la grande question de la paix, nous
reprochent de nous perdre dans une vaine phi-
lanlropie, ou dans des aspirations religieuses
inapplicables, et de ne pas nous en prendre, di-
rectement aux causes, de guerre.
Cette objection n'est pas juste, car c'est bien
réellement la recherche des causes de guerre;
ce sont bien réellement les moyens défaire
disparaître ces causes qui font l'objet de nos
préoccupations dans, ce Congrès et dans toutes
les réunions ,qui l'ont précédé. Voyez notre
programme; voyez les résolutions votées hier.
Est-ce que 16» vœux qui vous sont soumis ne
signalent pas les causes de guerre et ne por-
tent pas sur des moyens de détruire ou au
moins' d'atténuer ees causes? Est-ce que la
proposition que nous discutons en ce moment
n'indique pas à la fois que les gros arméniens
sont une cause permanente de guerre entre les
nations, et que le désarmement international
est le rgmède -naturel, nécessaire, indispensa-
ble à apporter à ce mal ?:
Messieurs, la guerre a eu quatre causes gé-
Inérales les intérêts religieux les intérêts des
familles régnantes les intérêts économiques,
industriels, commerciaux des peuples; l'esprit
̃étroit de nationalité, les gros armemens.
j De guerre de religion, il n'y en a plus. Une
ides grandes puissances de l'Europe a récem-
iment fait la faute de réinstaller par la voie des
larmes le chef de la religion catholique mais
|si on va au fond des choses, on voit que dans
,çette intervention la religion n'a pas générale-
|mènt été prise pour prétexte, et que les motifs
|les plus réels, les plus, apparens, ont été tirés
|de la Dignité, de l'Influence, de la Prépondé-
rance et autres.raisons à l'usage de ceux qui
jveulent engager une nation à se mêler des af-
jfaires des autres.
jUSi on interroge ceux qui ont voté les subsides
|de cette guerre injuste et déplorable, on s'aper-
jçoit qu'ils n'ont pas même le sentiment bien
jprécis des raisons qui les ont guidés. Bien cer-
tainement, la majorité a eu en vue tout autre
iehose. que les intérêts du catholicisme, et je
!vois là un progrès sur le, fanatisme qui aurait
Inspiré, les représentans de la. nation interve-
nante à une autre époque. De nos jours, la re-
jligion est mieux comprise; on sait mieux qu'il
lest possible d'employer des moyens différens
pour progresser dans la voie divine; toutes les
isectes religieuses abandonnent chaque jour da-
jvantageies moyens de haine et de guerre, et
s'en fient chaque jour davantage aux moyens
de conciliationet de fraternité. La remarqua-
ble composition de ce congrès est une preuve
de ce que j'avance.
s Grâce au perfectionnement des institutions
[constitutionnelles et représentatives dans toute
l'Europe, la seconde cause de guerre que j'ai
indiquée va s'affaiblissant de jour en jour. Pour
!qu'un- gouvernernent fasse la,guerro dans l'in-
qu'un gouvernement fasse la. guerre dans l'in-
térêt d'une dynastie ou d'un petit nombre "do
familles, il faut, la permission: de ceux qui en
font les frais; or, celle permission ne s'obtient
que lorsqu'on est parvenu à faire prendre. le
change au .contribuable, à'lui faire croire que
{l'intérêt de lamille est national, et que l'intérêt
national est d'accord avec l'honneur, le droit,
la justice et le devoir. Et c'est là un. résultat
tous les jours plus difficile à obtenir, même
par les gouvernemens les plus autocratiques,
qui, eux aussi, ont besoin de s'appuyer sur l'o-
pinion- publique, sur laquelle agit le courant du
[progrès moral qui est la. loi de notre nature.
D'absurdes préjugés économiques et com-
merciaux inspirent encore les diplomates/ les
i» vais jouer mille fois plus que ma vie la Yie
î» et la réputation do Régina Mais je n'ai pôur
':» conseil que la délire dont je suis nuit et
I» jour possédé I Ah I il vient des jours où le
;» délire est la seule inspiration possible!
.1 » Je t'écrirai avant peu do jours, si je suis
» encore libre ou vivant. »
XXV. m-
Cotte lettre avait été la dernière avant la ca-
tastrophe qui avait jeté Saluce au château
Saint-Auge et' la comtesse avec Kogina; on
France. Voici comment co drame d'amour
s'était dénoué comriio ils se dénouent tou^,
pur dps déchiremens et par des larmos. Régi-
na me raconta tous les détails quoSaiuce, pri-
̃ Konnier alors, no pouvait plus m'écrire.
-.̃ XXVf. '̃.
Saluce, par l'intermédiairo du frère de la
nourricfl de Régina,' était parvenu à mettri-
̃ j dans ses intérêts un pauvre jardinier du Trans-
i tevore', leur parent,- qui cultivait un petit jar-j
•\ din de légumes et d'arbres fruitiers sous la
ij muraille même de la ville, qui serrait d'en-
ij ceinto à l'enclos ducouvent de la Longara. Le
•j gouvernement ayant ordonné à la comtesse
ij Livia de se retirer dans ses terres dos Abbru-
ù zps, ou de so confiner dam le cloître avec s;> '1
petite-fille, la comtesse, secrètement d'accord i
-j avccSaluce et Régina, partit pour les Abbruzes.
-j Régina, à qui toute communication hors du;
4 couvent était désormais sévèrement interJito,:
»: fut avertie do se préparer à rentrer dansla'do-!
minationet dans la maison du prince aussitôt
qu'il serait arrivé. On* peut jugor, d'après; j
,i l'énergie ot l'indomptable caprice de ce carac-
j tère, co Qu'elle dut éprouver de douleur, de
i répulsion ot.de colère en se vbyanUréduite à
sacrifier^ la fois sa grand'mère, Clolilde, Sa^
a luce, sa liberté, sa mémoire, son amour, dans
une môrao immolation d'elle-même! Elle é4
t .crivit..pîr/;l'entt8ffiïséi de sa nourrice à Saluco
é ces deux mots « Ou la fuite, ou la mort, a-
législateurs et les gouvernem,ens de notre épo
que mais si ces préjugés sont de même natu-
re que ceux des siècles précëdens, ils en diffè-
rent sensiblement en force et en intensité, depuis,
une centaine d'années quo les fondemens dt
l'économie, politique ont été jetés. Cette science
rationnelle des intérêts n'a cessé de progresse!
par le travail des penseurs el des philosophe.1
éminens, quelquefois aussi par les efforts dei
hommes d'Etat, tels que Turgot, Huskisson.
Robert Pool. Eh bien cette science, quoique
repoussée de l'instruction publique dans quel-
ques Elats, n'en agit pas moins par le poid.1-
même des vérités qu'elle renferme sur les re-
lations internationales elle n'en affaiblit pat
moins tous les jours les préjugés qui ont pro-
duit toutes les entraves commerciales dont le.-
nations sentent aujourd'hui le besoin de se dé-
barrasser.
Sur certains points l'économie politique en
est encore à l'énoncé des problèmes mais sur
bien d'autres aussi la lumière a été faite par
des maîtres dont le nom est vénéré, dont l'au-
torité est respectée par tout ce qu'il y a d'hom-
mes instruits en Europe. Au nombre de ces-
points complétement élucidés et tout à fait ré-
solus, il faut mettre les règles qui doiveni
présider aux relations économiques des peu-
ples pour le plus grand avantage de leur agri-
culture, de leur industrie, do leur commerce,
de leurs capitalistes, de leurs travailleurs. La
Science économique que M. Drôz a appelée le
meilleur auxiliaire.de la morale, qui est aussi
le meilleur auxiliaire do la cause que nous dé-
fendons, et pour l'enseignement de laquelle les
amis de la paix ne- sauraient faire trop d'ef-
forts, la science économique renverse de fond
en comble les préjugés par lesquels on a légi-
.diméune fonle de guerres dans le passe, les
mêmes préjugés qu'on invoque encore au-
jourd'hui.
Interprète de ces préjugés* Montaigne a dit
que « le dommage de l'un est le profit de l'au-
;» tre ». C'est là un axiome barbare qui n'a ja-
jrnais été vrai, que l'économie politique démon-
itre être le contraire de la vérité. Ce qui est
;vrai, ce qui est l'expression des intérêts des
ipeuples comme des individus, c'est que le pro-
fit "de l'un est le profit do l'autre c'est que le
idommage de l'un est le dommage de l'autre.
'Observez bien ce qui s'est passé dans ces der-
jnières années seulement.
̃ N'avez-vous pas vu que la disette des uns a
jeté 'aussi la disette des autres;que la crise chez
;ies uns a amené la crise chez les autres; que la
jdiminulion. des importations a correspondu à
'celle des exportations; que la souffrance des
Ipeuples en révolution s'est fait sentir chez los
jpeuples tranquilles; que la misère des travail-
iicurs a appauvri les capitalistes, et que -les per-
îtes de ceux-ci ont pesé sur les travailleurs?
'Qu'est-ce que cela veut dîre> sinon le contraire
jde ce que disait Montaigne, que le dommage
;de l'un n'est pas le profit de l'autre, et bien au
icontrairo que le dommage de l'un est le. dom-
mage de l'autre, comme le profit de l'un est le
profit de l'autre?
Je ne veux pas parler ici de la question brû-
jlante des nationalités.; mais ne puis-je pas dire
jque si vous faites le déport de ce qui, dans les
jhaines qui divisent les peuples et qu'on dé-
core le plus souvent du nom de patriotisme,
irovient à l'influence religieuse, ou à l'intérêt
jplus oumoinsbion entendu des dynasties et
ides olygarchies, ou aux préjugés économiques;
ique si vous tenez compte des effets obtenus par
'lo progrès des voies de communication, par-la
irapidité des correspondances, par l'étude des
langues, le mélange incessant des hommes et
ides choses, le problème des nationalités se sim-
plifie prodigieusement. •••̃
Reste, messieurs, la dernière cause do guer-
;re que j'ai signalée, les gros armemens contre
lesquels ce vœu vous est proposé. 11 est de
^'essence des armées de provoquer la guerre,
ieomme il est de l'essence des nuages de pro-
duire la foudre et l'orage. Toutes les fois que
Ivous avez vu des armées d'observation se mas-
|ser quelque part pour prévoir la guerre, vous
lavez vu- les complications diplomatiques, et la
jguerre s'en suivre le- plus souvent,, ipso facto.
Rien de plus naturel. Quand les armées exis-
tent, il faut en légitimer le maintien; il faut les
utiliser, et, pour les utiliser, il faut chercher
querelle -ou se faire chercher- querelle, afin
'd'en venir aux coups de. fusil et aux coups de
icanon, par lesquels se manifestent l'utilité des
'régimens.
Les membres du Congrès savent, eux aussi,
quelles sont les qualités qui peuvent se déve-
lopper dans l'état militaire; et ils tiennent
grand compte du courage, du dévoûment, des
sacrifices, des sentimens d'humanité dont les
» vaut le jour qui m'arracherait à toi!» n
Co jour approchait. Le prince était arri--
vé.-ll n'avait pas demandé encore à voir lai
:princess9. Il délibérait avec ses amis du gou-
vernement sur le moyen d'amener ,p»r la dou-
CHur.'et.. par la iemppr'isalion à l'obéissance.:
cotte imagination d'enfant révoltée. Saluce en
fut informé. Il résolut de profiler de co mo-.
aient d'indéoi.~ioa du prince pour soustraire;
Régina à une tyrannie qu'elle reiputaitplus:
que lo poignard. xxvll:
XXVII.
Saluce se procura. successivement ot sans
qu'on pût remarquer leur accumulation dans-;
10 même jardin, quatre ou cinq de ces longues r
échelles de bois léger dont les jardiniers d'I-
talio se servent pour tailler les ceps de vigne;
et pour cueillir Ips raisins dés pampres enta,
ces et suspendus à l'extrémité des branches?
sur les plus hauts peupliers. Il les démonta, ~i
il en mit à part les échelons il ajusta et reli.' i
les montans avec de fortes cordes, ot il un re->:
çoiislruisit une échelle légèro, soiido,.m:jnia-:|
ble à l'aile do laqunlle il pouvait atteindra jj
jusqu'à !a hautour du rempart. 'Ce travail ter-j
miné, il fit avertir Uégina, par le frère do sa 1
nourrice, qu'il serait la nuit suivante, après;!
quo la lune serait couchéa, dans,, la chapelle |i
auprès du tombeau do sa sœur, et qu'e'letrou-i
voraiHa ̃ liberté là où il avait trouvé l'amour:
de sa vie..
Aidé.du jardinier et du frère do la nourrice
dont il avait acheté à prix d'or la complicité
et le silence,, à l'heure dite il monta sur;
le rempart, tira l'échelle à Jui, la fit glisser au
pied du mur dans l'ailée de cyprès du cou-
vent, descendit, se glissa dans" la chapelle, 'j
trouva diïjàRégina et la nourrice, les fit fran-l
cbirla muraille de la manière_dojit lui-mêmo
l'avait franchie, et laissa ses deux .complices,
retirer, démolir l'échelle et, détruire ainsi toutv;
j trace d'escalade et de rapt dans la jardin du
complaisant Transté* éan. tyio de ces: petites
̃ voilures de paysan romain, formée de deux
arceaux do bois recourbé, et voilés eoutro le
hommes de guerre peuvent donner le glorieux
.exemple. Mais il. n'y a que les sujets d'élite.
que les hommes exceptionnels chez lesquelsjgrfP
voit s'exalter, par cet affreux procédé, les/J^
bles qualités de l'ame. La masse, sous cetjïdîpf
fluence délétère, obéit aux mauvais instlj|f|îi^
en temps de guerre, elle s'habitue à assbuK^es; `:
penchant de la cruauté; elle tue, elle pillc»HeJ'
viole à l'instar dos barbares et des bêtes fat&w
dont parlait hier l'éloquent M. Burnett tfs|j
temps de paix, elle est livrée aux ravages de la
paresse et de la démoralisation, qui agit sur
elle-même et sur les populations au sein des-
quelles elle vit.
Et, à ce sujet, permettez-moi de vous faire
part d'une pénible impression que je ressen-
tais ce matin même, en observant un des ef-
fets de cette influence démoralisante des ar-
mées permanentes. Ce matin, au bruit de h
musique militaire, j'ai ouvert ma fenêtre pour
voir défiler un détachement de soldats prus-
siens et qu'ai- je aperçu? Une bande de petits
̃Francforlois marchant après les tambours, et
s'imprégnant avidement, ici comme à Paris,
comme dans toutes les villes de garnison, des
préjugés militaires; s'habituant à la vue des
armes destinées à tuer des hommes se fami-
liarisant avec l'idée de là guerre et de l'exter-
mination de leurs semblables. C'est là un en-
seignement pernicieux, qui a. plus de portée
qu'on ne pense, et qui est aussi le point de dé-
part des préjugés que nous avons à détruire.
Je ne dirai qu'un mot sur les effets écono-.
miques de l'entretien de ces armées qui rui-
nent l'Europe, Un des hommes les plus labo-
rieux et les plus savans de l'Allemagne, M. de
Reden, vous a fait distribuer une brochure, en
partie dirigée contre notre agitation,_mais dans
laquelle je trouve un argument considérable à
l'appui de votre cause. M. de Reden a calculé
ique la moitié des hommes jeunes de l'Europe,
ost occupée par les armées. Voilà donc la moi-
tié do la force vive de la'population qui, non-
jseulement ne produit pas pour elle-même, pour
les enfans, les vieillards et les femmes, mais qui
(détruit une quantité notable'de la richesse des-
tinée soit à la reproduction, soit à l'entretien
jde la population. Or, qui dit destruction de ri-
jehesses et de capitaux, dit on même temps di-
iminulion de travail et misère. Car, avec quoi
iprévoit-on la misère ? avec quoi la soulage-t-
jon? avec quoi la fait-on disparaître, si ce n'est
;avec du travail et du capital.. Ainsi donc, lo
isystème des armées permanentes a pour effet
jdirect la. guerre, qui est l'extermination des
hommes, et pour effet indirect la misère, qui
|est une autre espèce d'extermination.
| Si cela est vrai, l'a conclusion naturelle, la
{conclusion forcée, la conclusion du sons com-
jmun est que les gouvernemens des nations qui
ise piquent de marcher à la tête de la civilisa-
tion, doivent renoncer à ce'système ruineux et
[dégradant, ne plus augmenter leurs arméniens
jet 'diminuer, au contraire, progressivement,
jleur armée et leur marine.
Je parle do diminution progressive, pour me
(maintenir dans les limites de ce qui est natu-
rellement acceptable et praticable; mais je
crois à la possibilité dans l'avenir d'un désar-
i.moment absolu. Ce n'est pas que je rêvo la
iperfoction absolue de noire espèce, maisj'es-'
ipère que les sociétés apprendront, en avançant
jdans la voie du progrès, à constituer d'une
manière moins vicieuse la force publique de-
vant servir à la tranquillité et à la sanction do3
arrêts de la justice.
Ici, je lo sens, se présente à l'esprit de beau-
coup d'entre vous, de ceux surtout qui habi-
jtont des pays où les événemens politiques ont
̃ déchaîné de dangereuses passions et ébranlé"
les bases de l'ordre social-, une objection que
;je ne veux pas éviter. Les armée?, me dit-on,
des armées assez considérables sont nécessai-
res pour comprimer ces passions, pour défen-
dre les libertés de fous, pour rassurer la socié-
té. D'abord, je crains beaucoup, pour mon
compte, et Dieu veuille quo je me trompe, que
bientôt les libertés publiques ne soient obligées
de se défendre contre ce genre de protection.
En second lieu, tout en admettant par hy-
pothèse que de gros armemens sont légitimés
par les événemens qui se sont passes depuis
1848, il y a en eux une proportion subsistant'
en vue des hostilités extérieures auxquelles s'a-
dressent nos critiques. •
En troisième lieu, les révolutions sont des
fièvres qui n'ont qu'un temps, et tout fait
espérer que le gros de la crise est passé,
que les peuples vont reprendre l'allure du
progrès pacifique, que les mauvaises pas-
sions von.t se calmer, que nous allons ren-
trer, dans les conditions hygiéniques d'a-
vant 1848; et alors, comme nos efforts ne sont
soleil d'un lambeau do toile, les attendait
dans là courdu frèredo lanourrico dellégina.
Un vigoureux cheval sauvage des. marais
Pontins acheté d'avance par Saluce était
'attelé à cette charrette Régina dépouilla ses
habits de toie ut pritlecostume.de lainn d'una
| desaièces do sa nourrice. Saluée «-'taiUeouvort
de son costuœe romain et de son manteaa do
laine brune, il portait aux jambes !os souliers
à semelles de bois et les guêtres do cuir noir
| des paysans de, la campagne Sabitie. Il avait
deux fusils et uno espingole chargé" jusqu'à la
gueule, dans la paille do l.a charrette sous ses
uieds. Les fugitifs accompagnés seulement do
la nourrice prirent, quatre heures avant lo
jour, la route des montagnes eu suivait le
plus possible les chomins les moins fréquen-
tés. Grâce à la vigueur du cheval ils arrivè-
rent le soir du lendemain à la résidence de la
comtesso Livia. La comtesse qui les atleadait
à toute heure, no perdit pas un instant à jouir
du r-tour de sa-flllo. Ello avait tout préparé
pour l'éventualité do sa fuite. Une felouque
espagnolo,noliséo par les-solns do,son fat tore,
attendait leurs ordres à Gaëto. Ils s'y rendi-
rent le lendemain et s'embarquèrent pour Gê-
nes, où la co nte.îso avait averti par leitro son
banquier de lui préparer do l'or, une voiture
et un courrier.
Los adieux de Régina et do Saluce en se sé-
parant de3 deux fugitives délivrée;, ne furent
qu'un court et heureux ajournement do leur
réunion et de leur félicité. Ils devaient so re-
trouver six semaines après à Paris, Mais com-
me la fuite de Régina aurait, passa pour un
rapt si le nom de Salupo y avait été mêlé, Sa-r
luce résolut do revenir hardiment à Rome,
comme s'i! n'en était jamais sorti, do s'y mon^
trer avec affectation dans les lieux publics et
au théâtre, et d« démon,tir ainsi p'ar ta pré-
sence toute participation à l'événement dont
le public allait s'entretenir.
̃•̃ A. DE LAMARTINE.' "["
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