Titre : Journal des débats politiques et littéraires
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1886-08-06
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Type : texte texte
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Langue : français
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Description : 06 août 1886 06 août 1886
Description : 1886/08/06. 1886/08/06.
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : Révolution - Empire (1789-1815)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : Restauration - Monarchie de Juillet (1814-1848)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIe République - Second Empire (1848-1870)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIIe République (1870-1914)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : d'une guerre à l'autre (1914-1945)
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
JOURNAL DES DÉBATS DU TENDREDt 6 AOUT i886
du Vertbois, en plaçant dans l'appareil fri-
gonnque le corps pendant les douze heures de
nuit, et en ne le rapportant dans la salle d'ex-
position qcc pendant ta journée. La congéla-
tion absolue qui a ~té produite se maintient as-
sez longtemps, et dure parfois même pendant
vmgt'.quatre heures.
t~ toMme coupée en merceanx. Jeudi
matin, les débris du corps de la jeune femme
coupée en morceaux, a Montrouge, ont été trans-
portes dans la saile des expositions, à la
Morgue, où ils pourront être conservés quel-
couvert d'une toile, près du cadavre de la petite
~le de la rue du Vertbois.
.Malgré les recherches faites par M. Taylor,
chef de la sûreté, et M. Percha, commissaire de
police, sous la direction de M. Atthalin, juge
d'instruction chargé de l'aCfaire, on n'a pu encore
essore retrouver les autres parties du corps, ni re-
constituer l'identitédo la jeune femme. A certains
tndices on a cru reconnaître que cette femme était
Monde su châtain clair. Sa peau est blanche.
1~ tiMa gauche porte la marque d'une cicatrice
ancienne, datant probablement de l'enfance et
ia.Eg& de 4 centimètres environ. L'examen des
pieo.s et des mains n'est pas concluant. Ils sont
délicats, mais paraissent peu soignés. Il faut
dire que leur séjour dans la cuvette de l'urinoir
-a. fait subir des altérations à la peau. A l'index
d'aiguille, ce qui semble prouver que, sans être
une ouvrière couturière et piqueuse, la victime
était de condition modeste et se livrait parfois
a des travaux manuels.
En ce qui concerne l'assassin, on n'a encore
découvert aucune piste sérieuse. Les indications
données par les habitans, les employés et les
agens du quartier sont tellement vagues qu'elles
ne peuvent être d'aucune utilité pour l'instruc-
tion.
Somme toute, on n'a comme indice que des
débris informes, un morceau de soie, une nappe
de toile de toile cirée blanche et une corde lon-
S-ie de 1~80, ayant au milieu un renfort en
tresse comme en font les matelots ou les co-
chers qui n'ont pas de fouet.
Le service de la sûreté a reçu quelques let-
tres lui signalant l'absence ou le départ de jeu-
nes SIles et de jeunes femmes, mais toutes ont
été retrouvées. Un père de famille de Rennes
qui était a la recherche de sa fille disparue de-
puis quelques jours est venu faire une déposi-
tion devant M. Taylor. Cette jeune nlle a été
Tetrouvée dans un garni en compagnie d'un jeune
homme avec lequel elle s'était enfuie.
Un incendie s'est déclaré dans la matinée
de jeudi chez les époux Wantz, 15, rue de
Steinkerque. Les parens, absens, avaient laissé
au lit deux enfans, l'un, Charles, âgé de
six ans, l'autre, Jules, âgé seulement de
vingt mois.
Ce sont les cris des pauvres bébés qui ont at-
tiré l'attention des voisins, qui prévinrent im-
médiatement les agens Conrad et Baquet ceux-
ont enfoncé la porte et sauvé les deux enfans.
Le feu a été mis par le jeune Charles qui
jouait avec des allumettes laissées imprudem-
ment sur la table de nuit.
Mercredi vers huit heures du soir un nommé
C.âgé de quarante ans, s'est suicidé, dans une
voiture de remise, en absorbant le contenu d'une
ûole d'aciée prussique.
Bcnx précoces votemrs. Les gardiens de
la paix ont arrêté mercredi, vers six heures du
soir, les nommés Henri W. âgé de dix-sept
ans, et Jules B. âgé de onze ans, qui venaient
de dévaliser un ivrogne couché et endormi sur
un banc. On a retrouvé sur W. la montre et la
chaîne volées.
MOKTFELUEn, le 5 août. MM. Duc-Quercy
et Roche ont quitté hier la prison de Montpel-
lier pour Clairvaux.
Leur départ a été tenu secret.
CHANCELADE, le S août. Deux ouvriers ont
pu pénétrer, après de laborieux enbrts, dans les
galeries qu'occupaient les ouvriers au moment
de l'ébomement et dans lesquelles on supposait
qu'ils avaient dû périr après une longue agonie
par suite du manque d'air et d'aliment.
Ils ont retrouvé tous les outils et diHërens
objets laissés par les ouvriers, mais Us n'ont
pas retrouvé les cadavres.
On peut donc admettre qu'au premier bruit de
l'éboulement les ouvriers ont pris la fui te et que,
après avoir parcouru quelques mètres, ils ont
été écrasés et recouverts par l'enbndrement.
TOCLON, S août. La délégation du Conseil
municipal de Paris, dont l'arrivée avait été an-
noncée prématurément, n'arrivera que de-
main.
Les surveillans de Porquerolles, qui avaient
été arrêtés, ont été remis en état de liberté pro-
visoire, après avoir subi plusieurs interroga-
toires.
Les enfans indisciplinés sont toujours a la
maison d'arrêt, j
Pendant les chaleurs, ~coo~ J!~M~ de
MCQLÈs est indispensable contre les indiges-
tions, maux d'estomac, de nerfs, de tête. Quel-
ques gouttes dans un verre d'eau sucrée don-
nent une boisson délicieuse. 46 ans de succès,
38 récompenses, dont i6 médailles. Refuser les
imitations. Dépôt, 41, rue Richer, et partout.
tLa tombe de César Bor~-ta. On annonce
la découverte des restes de César Borgia, faite
dans des conditions très singulières, à Viana,
petite ville de Navarre, sur les indications don-
nées par un de nos confrères, M. Charles Yriarte.
L'écrivain avait, sans succès, cherché la tombe
dans toute la Navarre; en présence de docu-
mens qui dénonçaient l'existence de ces restes
a Viana, où la 'tradition, encore conservée, se
trouvait conforme aux assertions des chroniques,
le juge de paix du lieu a opéré la fouille
et On a découvert le cadavre. Dans une restau-
ration générale de l'église de Viana, l'évoque
du diocèse, outré de voir dans le lieu saint la
tombe de Borgia, aurait ordonné de la dé-
truire et fait enfouir les restes dans la rue qui
passe devant l'église.
tLes hannetons et t'autertte zarteotsc.
On nous écrit de Berne, le 4 août
Dans le canton do Zurich, il existe une loi
obligeant les propriétaires, sous peine d'amende,
à fournir deux litres de hannetons, l'année ou
ces coléoptères apparaissent nombreux. C'est
le gouvernement qui se charge d'annoncer
que l'année est celle dos hannetons et les
propriétaires savent ce qu'ils ont à faire. Or,
f année 1886 a bien été signalée comme une
année à hannetons, mais on n'en a vu que fort
peu cela n'empêche pas que les autorités com-
munales sontobligées de reclamer les deux litres
de coléoptères ou & infliger des amendes. La
chose paraît drôle l'amende est de 30 c., les
frais d'inscription SO c., d'huissier 30 c. total,
1 fr 10 c. A ce compte on pourrait faire venir du
dehors le précieux scarabée, afin d'éviter les
conséquences de cet excès de bureaucratie.
La presse zuricoise s'amuse de la chose, et la
.yoMpe~ priétaire au désespoir, qui, avec deux aides,
n'avait trouvé que 12 hannetons, s'est vu obligé
d'envoyer son monde chasser au dehors afin de
se procurer la quantité prescrite.
L'administration du bureau Veritas vient de
publier la liste des sinistres maritimes signalés
pendant le mois de juin 1886, concernant tous
les pavillons.
Nous relevons dans cette publication la sta-
tistique suivante:
Navires à voiles signalés perdus 10 allemands,
3 américains, n anglais, 1 autrichien, 1 chilien,
1 danois, 1 espagnol. 6 français 1 hollandais,
5 italiens, 5 norvégiens, 2 russes, 1 suédois.
Total, 51..
Dans ce nombre sont compris 3 navires sup-
posés perdus par suite de défaut de nouvelles.
Navires a vapeur signalés perdus 6 anglais,
1 hawaïen. 1 russe. Total. 8.
Causes des pertes. Navires à voiles Echoue-
ment. 24; abordage, 6; incendie, 3; sombres, I;
abandonnés, 3; condamnés, 14; supposés perdus,
3. Total, 34..
Navires à vapeur: Echouement, C; abordage,
t sombré, 1. Total, 8.
-Pendant la semaine du 20 au 27 juillet 1886, la
Société générale des téléphones a inscrit 13 nou-
veaux abonnés à Paris et 9 dans les dépar-
temens. Le nombre des nouveaux relies a
été de 10 a Paris et de 9 dans les départe-
mens.
Paris compte actuellement 4,410 abonnés et
les départemens 2,198. soit, en tout, 6.608 abon-
nés, contre 5,281, à la même époque de l'année
dernière.
Mbratrte.
Bien intéressant le numéro de l'~M'~eM
~w~ de cette semaine il contient un por-
trait de Gyp, une vue de son Saton et un frag-
ment de son nouveau livre: ~M~oM!M~BO?'ce,
qui va paraître cette semaine et qui sera le
succès de la saison.
Entre autres gravures du plus haut intérêt,
on trouvera dans ce même numéro un splen-
dide portrait, d'après nature, de Franz Listz.
Il 1
VARIETES
CHARLES CLËMENT: 67~'C, 1 Vol. in-8".
Librairie académique Didier. -Deca~~M,
1 vol. grand in-8". Librairie de l'Art.
J. Rouam.
M. Charles Clément est passé maître
dans ces monographies de peintres. Il donne
un grand nombre de documens originaux,
pièces d'archives, lettres intimes, notes de
voyages ou de journal. Son récit a. l'intérêt
que l'on cherche, souvent sans l'y trouver,
dans les romans à la mode. Quant aux idées
esthétiques et aux jugemens des œuvres, il
est superflu, dans le ~oM~a~ des .Z~f~,
d'insister sur les qualités de critique d'art
de M. Charles Clément. S'il n'a pas été
peintre, comme beaucoup de gens se l'i-
maginent, il n'en a pas moins, avec
un goût très sûr, une profonde con-
naissance de la technique de la pein-
ture. Il a vécu dans les ateliers et dans les
musées. Les Z7/M et la ~Vi~o~ 6*~e~
lui sont aussi familiers que le Louvre, et
Dieu sait, cependant, s'il connaît bien le
Louvre, lui qui ne laisse point passer une
semaine sans y entrer! Chez M. Charles
Clément, enSn, c'est encore un musée de
dessins etd'esquisses où l'on se plaît à suivre,
au milieu des changemens et des ?'<~e~
le travail des maîtres. Quelques tableaux de
prix, des estampes et des photographies sans
nombre permettent de comparer l'œuvre
achevée aux premières ébauches. Est-il
étude plus profitable?
Deux méthodes de composition' s'offrent
à celui qui entreprend d'écrire la monogra-
phie d'un artiste. Le plus généralement, on
divise le livre en trois parties. On raconte, d'a-
bord, la vie du maître ensuite, on décrit son
œuvre; enfin, l'on étudie sa manière, l'on
discute son esthétique, l'on caractérise son
génie. Cela paraît logique et bien ordonné.
Mais, par cette division rigoureuse, la pre-
mière partie du livre est toute biographi-
que et anecdotique; la seconde purement
descriptive et technique la troisième ex-
clusivement esthétique. Il en résulté une
certaine motononie dans chacune de ces par-
ties et un manque d'unité dans l'ensemble de
l'ouvrage. Ce n'est plus un livre; ce sont
trois études différentes qui se complètent
l'une par l'autre. La méthode adoptée par
M. Charles Clément est toute différente. Il
mêle la biographie à la description des
peintures et à l'étude de la manière. Il
parle des tableaux à mesure que l'artiste
les peint. Il explique l'œuvre par la vie et
commente la vie par l'œuvre. Le récit se
fait plus varié, plus animé, plus vivant. Au
lieu d'écouter son biographe et son criti-
que, il semble qu'on vive entièrement avec
l'artiste et qu'on le voie au travail.
Le succès qui a accueilli les premiers
livres de M. Charles Clément .P~M~AoM-,
6'~con~, Zeo~oM Robert était fait pour
lui prouver que sa méthode est la bonne. Il
s'y est tenu, et avec raison, dans son
Gleyre et dans son .Dëcvolume, nous craignons que la place nous
manque pour parler avec quelques détails.
Nous le signalons en tout cas. C'est une
étude consciencieuse et intéressante. A qui
l'a lu, il reste peu de chose à apprendre sur
Decamps. De nombreuses gravures accom-
pagnent le texte. Voilà, pour tout dire, un li-
vre bien digne d'entrer dans cette belle col-
lection de monographies d'artistes de la Li-
brairie de l'Art, collection qui sera à l'His-
toire des _pe~ de Charles Blanc ce
qu'une encyclopédie est à un diction-
naire.
I. 4
Charles-Gabriel Gleyre est né le 2 mai
1806, dans un petit village du canton de
Vaud nommé Chevilly. Son père, un culti-
vateur ayant quelque bien, et sa mère
moururent presque simultanément en 1814.
Un oncle, commissionnaire en marchandi-
ses, qui habitait Lyon, recueillit l'orphelin,
et pour toute instruction lui donna celle de
l'école primaire. Gleyre heureusement aimait
le dessin; cela peut s'apprendre sans maî-
tre. A huit ans, il avait copié une gravure
avec une singulière précision. L'oncle, qui
ne voulait pas que de pareilles dispositions
fussent perdues, destina Gleyre à être des-
sinateur de fabrique. Le jeune homme ne
l'entendit point ainsi. Il voulait être peintre.
Il partit pour Paris en 1824 et entra aus-
sitôt à l'atelier de Hersent, où il eut comme
camarades Chenavard et Gudin, et où les
encouragemens du professeur ne lui firent
pas défaut. Mais, soit qu'il s'aperçût que
l'enseignement de ce peintre ne répondait
pas à ses aptitudes personnelles, soit plu-
tôt que l'argent lui manquât, il quitta l'a-
telier au bout d'un an et se mit à étudier
librement. Il trouvait des modèles, à peu de
frais, à l'amphithéâtre et à la Morgue. Sa
pauvreté, pour mieux dire sa misère,
était extrême. Il habitait une mansarde
sordide, où il lui arriva de rester deux
jours salis manger. M. Charles Clément
reproduit des lettres vraiment douloureuses
dans lesquelles Gleyre fait à son oncle
l'exposé de ses dépenses. Voici trois lignes
très caractéristiques t 28 décembre
M 182S. Le froid commence bien àm'en-
B nuyer. J'ai voulu faire du feu pour tra-
)) vailler dimanche. J'ai brûlé pour vingt-
cinq sous de bois. Aussi, je me suis bien
promis de ne plus me chauffer. En
1828, Gleyre, rompu par un travail con-
stant au métier de .peintre, retourna à
Lyon. Il eut quelque argent d'un petit
héritage et partit à pied pour l'Italie, en
compagnie d'un de ses amis. C'était Sébas-
tien Cornu, qui devait être aussi un néo-
Grec et qui épousa plus tard M"° Lacroix,
filleule de la reine Hortense. Il a peint
avec plus de savoir que de talent les fres-
ques de la Maison romaine de l'avenue
Montaigne. Les jeunes peintres virentTurin,
Milan, Parme, Florence, où Gleyre demeura
trois mois occupé à faire des études d'après
les marbres antiques; au commencement
de 1829, ils étaient à Rome. Comme il ar-
rive souvent dans cette ville, Gleyre eut
d'abord une impression de tristesse et
d'ennui. Ses lettres en témoignent « On
sent ici une odeur de prêtrise qui n'est
s pas agréable du tout. Rien de nouveau,
» toujours la même monotonie. Je m'en-
nuie prodigieusement. Mais le charme
profond de Rome ne tarda pas à l'envahir.
Il était venu à Rome pour une année; il y
était encore en 1834. « 0 Italie, écrivait-il,
M qui peut te remplacer? »
Comment GleyrevivaitalorsPDe la vente
de quelques aquarelles, de quelques dessins;
parfois, de petites sommes lui arrivaient de
Lyon. D'ailleurs, il n'était guère plus riche
qu'il ne l'avait été à Paris. Il dépensait douze
sous pour son dîner et s'habillait comme
Chodruc-DucIos, *selon son expression. II
réparait lui-même ses vêtemens et excel-
lait à en peindre à l'aquarelle les coutures
blanchies. Le jour qu'il se fit faire une re-
dingote neuve « pour remplacer la vieille,
f tellement usée qu'une manche est res-
» tée dans la main de Cornu » est
signale dans ses lettres comme un événe-
ment. Mais à Rome, la gaieté de la vie de
bohème se trouvait dans cette vie de mi-
sère. On avait la jeunesse, la bonne cama-
raderie, le chaud soleil. Certains jours, on
se laissait aller à quelque folie, et l'on s'en
remettait pour le lendemain à la bonne for-
tune. C'étaient des agapes entre camarades
<: où l'on chantait, où l'on mangeait des
» truffes, où l'on buvait du punch C'était
ce bal travesti pour lequel Gleyre, qui était
très beau, avait pris le costume de Faust, et
où son entrée provoqua une teUe admiration
que le jeune homme tout confus se retira
incontinent. Horace Vernet était alors di-
recteur de l'Académie de France. Il donnait
des soirées, et, pour y être admis, il n'était
pas nécessaire de faire preuve d'un titre de
rentes sur l'Etat. Gleyre, assure-t-on, aima
en secret la fille de Vernet, plus tard
M* Paul Delaroche; mais, si pauvre et en-
core inconnu, il ne pouvait prétendre a
une pareille alliance. Peut-être faut-il
compter cet amour sans espoir parmi les
causes multiples de la tristesse de Gleyre
qui alla toujours grandissante.
A Rome, Gleyre travailla peu. De 1829 a
1833, il peignit seulement deux tableaux de
genre: .Ka~et les .S~fit aussi un certain nombre d'aquarelles et
de portraits qui lui donnèrent un peu d'ar-
gent. C'était pour vivre, à ce qu'il semble,
que l'artiste prenait ses pinceaux. Il était
sans ardeur au, travail, sans résistance
contre le /non qu'il voulût s'excuser de sa pa-
resse vis-à-vis de lui-même, mais parce
que c'était sa conviction profonde de-
vant les chefs-d'œuvre amoncelés à Rome
a Les maîtres anciens ont tout pris, et
B il n'y a plus rien & faire après eux. »
Gleyre n'avait alors qu'une passion, les
voyages. Depuis longtemps, il désirait
voir Constantinople. C'était avec un vrai
chagrin que, faute d'argent, il s'était vu
contraint de renoncer & ce voyage qu'en-
treprenaient quelques camarades. Au com-
mencement de 1834, il fit la connaissance
d'un Américain qui, séduit par ses aqua-
relles, lui proposa de l'emmener en Tur-
quie, en Grèce et en Egypte. Gleyre serait
défrayé de tout et recevrait 200 fr. par mois.
En retour, le peintre devait faire pour son
riche compagnon une vue et un costume de
tous les pays où l'on passerait. Gleyre
a laissé un très curieux journal de ce
voyage. Tantôt ce sont de courtes notes,
touchant une coloration particulière ou un
détail ethnographique, sortes de point de
repère pour la mémoire du peintre n Ja-
') nina. Des ciels merveilleux me souvenir
a de leur douceur. Beaucoup d'importance;
» des masses énormes de nuages blancs, la
» partie supérieure très brillante, le côté de
a l'ombre et la base se confondant l'un avec
N le ciel bleu, l'autre avec les montagnes.
f Lorsque le nuage est éclairé en face, lalu-
» mière se place sur le milieu des petites
masses. Oasis de Karghi. L'extrême
B petitesse de la bouche des chevaux arabes.
» La partie supérieure du corpsdes fellahs est
r généralement bien faite. Ils ont le dos
» creusé, le bassin étroit, les cuisses for-
» tes mais les jambes sont grêles. La
a couleur varie. Quelques-uns sont rou-
)) ges, d'autres presque noirs. Lorsque leur
x peau est mouillée, elle ressemble à du
bronze poli. Je suis dans l'erreur, ou le
o ciel de l'Italie est plus beau que celui-ci.
J'oubliais le ciel d'Athènes, le plus beau
» du monde. s Tantôt ce sont des récits,
des anecdotes, des réflexions d'art et
de littérature. Le plus souvent, ce sont
d'amères pensées sur le mal de la vie, des
aveux douloureux de découragement et
d'incurable tristesse. c Egine. J'ai re-
» connu le néant de toute chose sans en
» avoir possédé aucune. Maintenant sans
» désir, sans volonté, comme une bran-
H che morte, je me laisse emporter au
? gré du courant sans me soucier trop
» où il me portera, Je suis pris d'une
)) maladie d'esprit qui dépouille la vie de
» tous ses charmes. <' Ipsamboul.
') 0 chères et douces illusions de ma
? jeunesse, hélas trop tôt dissipées, vous
» êtes donc perdues, perdues à jamais !)'
Gleyre alors avait juste trente ans
Après dix-huit mois de voyage, Gleyre
se trouvait au milieu du Sennaar, en
querelle continue avec son Américain. Ce
Yankee se montrait vraiment trop ad-
mirateur du talent du jeune peintre.
Non content des aquarelles que Gleyre
s'était engagé à lui donner, il s'em-
parait de tous ses croquis, de toutes
ses études. A la suite d'une violente dis-
cussion, les deux compagnons se séparèrent
au confluent des deux Nils. L'Américain
retourna au Caire, Gleyre s'installa à Kar-
toum où il vécut près d'une année, en vé-
ritable Arabe, avec une belle Nubienne
qu'il appelait Stella. Ce rêve d'amour, de
soleil et d'oubli finit trop tôt. Gleyre avait
dépensé le peu d'argent qu'il avait et il
était atteint d'une ophthalmie aiguë. Sa
maîtresse l'abandonna. L'existence devint
lamentable. Il restait des jours entiers assis
sur une pierre, à l'entrée du village, atten-
dant l'écuellée de riz que les habitans, qui
le prenaient pour un santon, avaient cou-
tume de lui apporter.
Comment Gleyre, dénué de toute res-
source, à demi-aveugle, atteint de la dy-
senterie, presque mourant, put regagner le
Caire et Alexandrie, et de là passer à Bey-
routh, où sa fdmille lui fit parvenir un peu
d'argent? la chose est difficile à établir.
Gleyre avait interrompu au Sennaar ses
notes de voyages, et, plus tard, ce n'était
pas l'homme des confidences. De Beyrouth,
il revint directement en France. II arriva à
Paris, encore assez souSrant, au commen-
cement de 1838.
II.
A vingt ans, Ingres avait peint deux de
ses plus beaux portraits; à vingt et un ans,
Géricault avait fait le C~MeM~ eA~eo~
à vingt-quatre ans, Delacroix avait fait la
.Z~M'~ë de .DoH~c. Gleyre avait trente-deux
ans, et, loin qu'il eût donné quelque œuvre
importante, il en était encore à chercher sa
voie. A Rome, il semblait sous l'influence
de Léopold Robert; au retour de son
voyage en Orient, il peignit plusieurs
tableaux de genre qui, par l'exactitude
locale et la clarté sereine du coloris., faisaient
présager un orientaliste à la Marilhat. Mais
il avait d'autres aspirations. Au Salon de
1840, il exposaun/S~M~e~ma-Pa~MM
qui fut remarqué. Cette même année, il
reçut une commande faite pour combler
tous les vœux de plus célèbres et de plus
ambitieux que lui. Duban restaurait le châ-
teau de Dampierre; le duc de Luynes char-
gea Gleyre des peintures de l'escalier d'hon-
neur. Gleyre conçut un grand ensemble de
compositions qui, à en juger par les projets
et les études, était du plus beau caractère.
Le travail fut achevé en 1842. Le duc de
Luynes et Duban s'en montrèrent ab-
solument satisfaits. Par malheur pour
Gleyre, par malheur pour tout le monde
et surtout, peut-être, pour la mémoire
du peintre de ~o~e'o~ ~'Zfo~o'e, M. In-
gres, qui devait décorer le grand sa-
lon du château, vit ces peintures. « II
» se voila le visage de ses mains et
déclara qu'il entendait que toute la dé-
coration de Dampierre fût faite par lui ou
par ses élèves. En vain, Duban protesta le
duc de Luynes donna l'ordre d'effacer les
peintures de Gleyre. L'artiste avait été
payé; le duc de Luynes était donc dans son
droit absolu de propriétaire. Mais, ce jour-
là, il n'était plus dans son rôle de K pro-
tecteur des arts ».
Le fait, unique peut-être dans l'histoire
de la peinture, dont Gleyre avait été vic-
time, lui fit au cœur une plaie qui resta
inguérissable. S'il eùt été moins pauvre, il
eût brisé sa palette; c'était son seul moyen
d'existence. Il se remit au travail, peignant,
pour vivre/une copie d'une ~.Mow~~oM, qui
lui fut payée 1,000 fr., et une série de médail-
lons, dans l'église de Saint-Vincent-de-Paul.
D'autre part, Gleyre voulut en appeler
au monde des artistes, au public tout en-
tier, de la. sentence prononcée par Ingres.
Pendant son voyage en Egypte, Gleyre
avait eu une sorte d'hallucination qu'il dé-
crit ainsi dans son journal de voyage a Le
a ciel était si pur, l'eau du Nil si calme,
B que, après la surexcitation de cerveau à
o laquelle je m'étais livré toute la jour-
)' née, il m'eût été difficile de dire si
a je voguais sur un fleuve ou dans les
a espaces infinis de l'air. En me tournant
a du côté du couchant, je crus voir, je vis
a certainement une barque de la forme la
M plus heureuse et dans laquelle était un
a groupe d'anges vêtus avec tant d'élé-
)) gance et dans des positions si calmes et
H si nobles que je fus ravi. Insensiblement
a ils se rapprochèrent de moi et bientôt je
? pus distinguer leurs voix. Ils chantaient
? en chœur une musique divine. Je n'ou-
M blierai cela de ma vie la triple harmonie
M des formes, des couleurs et des sons était
a complète. Cette vision était restée dans
l'esprit du peintre, et depuis longtemps il
avait formé le projet de la reproduire sur la
toile. Ce fut le tableau exposé avec tant de
succès au Salon de 1843 sous ce titre ~e
/S'OM'. Eloges de la critique, admiration du
public, haute récompense du jury, rien ne
manqua à Gleyre. Au Salon suivant, ~a Sé-
~fM'a~OM. des ~o~'&y obtint un succès égal.
Le peintre prit alors la direction de l'atelier
de Paul Delaroche. Les élèves étaient nom-
breux, les commandes se multipliaient. Il
semblait que le peintre fût à l'aube d'une
nouvelle existence, faite de bonheur et de
renommée.
Mais Gleyre, né avec un fond de mé-
lancolie, avait souffert trop de misè-
res et de déceptions pour qu'il pût se re-
prendre de bon cœur à la comédie de la
vie. On ne croyait pas dire si vrai
quand on le nommait le peintre des
TZ~~fMM j~w~. Il retomba bientôt dans
son humeur sombre, dans ses pensées cha-
grines. Il reçut de nouveau les atteintes de
cette c maladie d'esprit s dont il avait subi
tant de crises. Soudain, il se résolut à ne
plus exposer, et, quelles que fussent les re-
présentations, les prières de ses amis et de
ses élèves, il demeura inébranlable. En 1849,
l'ambassadeur d'Espagne envoya de sa pro-
pre autorité au Salon Z~a~e des -Sac-
e/~M~, qu'il venait d'acheter pour don
François d'Assise. Gleyre fit incontinent
retirer ce tableau, qui est une de ses œuvres
capitales. Le maître donnait comme pré-
texte a sa résolution l'inutilité et le danger
des expositions annuelles c Les Salons,
» disait-il, ont une influence déplorable en
» obligeant l'artiste à hausser la voix, à
» forcer la note, pour se mettre à l'unisson
» et se faire remarquer. B Gleyre cachait
sa vraie pensée, lui qui avait écrit na-
guères & Il n'y a pas d'artiste sans public.
» La fiction de ce Grec qui faisait des sta-
a tues dans une île déserte m'a toujours
» paru un contresens. »
Pour conquérir la place que Gleyre am-
bitionnait, dans l'école moderne, partagée
entre les esclaves de la tradition et les nova-
teurs à tout prix, il lui eût fallu soutenir une
lutte constante et acharnée, subir bien des
attaques, courir la fortune de bien des in-
succès. Or, un pareil effort valait-il ce qu'il
eût coûté à ses procédés de travail qui étaient
lents, à sa timidité qui était grande, à sa sen-
sibilité qui était excessive? La nature l'a-
vaitfait mélancolique; les chagrins l'avaient
fait pessimiste; son long séjour en Orient
l'avait rendu indifférent. Jeune, il avait rêvé
la gloire; elle avait été trop lente à venir.
Désormais, il la dédaignait, et il savourait
l'âpre jouissance d'une obscurité imméri-
tée dont il se faisait l'artisan volontaire.
Son abstention était un renoncement.
A dater de 1849, Gleyre vécut comme le
Grec, faisant des tableaux « dans une île dé-
serte )). Ainsi que l'a si bien défini M. Taine
dans une magistrale étude, il devint un xbou-
dhiste, un moine laïque ». Encore si ce culte
de l'art pour l'art, si cet amour du travail
pour le travail même, séparé de toutes con-
tingences de renommée ou de fortune,
l'eût rendu heureux! Il n'en était rien.
Jamais Gleyre n'était complètement satis-
fait de son œuvre. Il travaillait un tableau
jusqu'à lui enlever cette spontanéité d'im-
pression, cette franchise de touche, cette
virginité de tons qui frappent dans ses
études peintes. Et quand l'œuvre était
achevée et qu'un ami l'admirait en
toute sincérité, Gleyre lui montrait l'at-
titude d'une figure, l'expression d'une phy-
sionomie, la nuance d'une draperie, en di-
sant « Eh bien! non, cela est faible.
Ce n'est point là ce que je cherchais,
s mais je n'ai pas trouve a N'étadt-ce
pas avec raison que Gleyre s'écriait, en
un de ses jours de découragement, jours
qui étaient si nombreux <' Ah par
)) quelle fatalité la nature m'a-t-elle doué
a d'un esprit critique t a
A cet homme pour qui la vie avait eu
tant de tristesses et de douleurs, la desti-
née réservait la plus enviable des morts.
Le H mai 1874., il tomba foudroyé par l'a-
poplexie, devant un des chefs-d'œuvre de
l'Exposition des Alsaciens-Lorrains.
Par sa volonté même, l'oeuvre de Gleyre
est peu connu. Il se refusait a exposer et
de préférence il vendait ses tableaux à l'é-
tranger. Elles sont dispersés en Suisse, en
Allemagne, en Angleterre, en Amérique,
toutes ces belles peintures 2)<:M~e des
-Nac~M~y qui garde l'eurythmie dans son
furieux mouvement; Fem~ FaM~~o~,
ce poème de la forme; les ~o~aMM ~(MM~i~
sous le y''oM~, cette page épique où bat le
cœur de la patrie gauloise, ce chef-d'œu-
vre si accompli que les plus grands peintres
l'eussent signé, si original qu'il n'a d'équi-
valent dans aucune école; Fz~e ??
d'un caractère raphaëlesque et d'une grâce
corrégienne; C~e, austère comme une
fresque des catacombes j~w~A jSoo~,
C7y~e ~Vi'MMM'M, visions divines de la
Bible et de l'Odyssée;Me~c et les 6'~cM, ~Vy~Ac .B'eAo, ces
figures si belles et si chastes; le ~~M
~d'innocence, dernier tableau de Gleyre,
qu'il a laissé inachevé comme Apelles avait
laissé inachevée sa F~M~ JLMS~o~g~e.
Seul, letous. Mais Soir n'est point un des chefs-
d'œuvre de Gleyre. Si la conception a une
grande poésie et un charme profond et mé-
lancolique, le faire manque d'accent, de
liberté, de largeur. On sent encore dans
quelques parties des procédés d'école; cer-
tains détails marquent trop l'époque où le
tableau a été peint. Il y a des coiffures
qui portent le millésime de 1840. Ce n'est
point là l'exquise délicatesse de modelé
la pureté de ligne, la vénusté adora-
ble du .8et de .2Vrant, n'a' pas cessé de transformer sa
manière. Il ne voulut pas avoir de moule
fixe, et, une toile terminée, il oubliait vo-
lontairement les procédés qui lui avaient
servi afin d'en chercher de nouveaux pour
un autre tableau. De là, l'infinie va-
riété de son œuvre. Chacune de ses pein-
tures est june surprise. Devant celle-ci
on pense à Prudhon, devant celle-là à
Corrège ou à Léonard. Dans le ~o?' Z~
~e~, dans ~OM~ Gleyre est vigoureux
et coloriste; dans Bain, sa touche at-
teint à la suavité suprême, à la plus douce
harmonie. Tantôt le contour est précis,
tantôtil est enveloppé dans la forme. Mais si
les œuvres de Gleyre diffèrent à ce point dans
les procédés techniques, coloris et dessin,
toutes se ressemblent par le grand style des
figures, l'admirable ordonnance de la
composition et le beau caractère des lignes
du paysage. L'avenir sans doute mettra ce
peintre de l'idéale beauté au rang qu'il mé-
rite, parmi les maîtres du dix-neuvième
siècle. Gleyre avait-il cette espérance ou
plutôt ne tenait-il pas pour vaine une re-
nommée posthume? Le vrai philosophe
s'inquiète moins encore du jugement de la
postérité que de celui de ses contempo-
rains.
HENRY HOUSSAYE.
ACADEMIE
des Sctcuccs ntorates et poUtiqacs.
;Se
M. BARTHELEMY SAiNT-HiLAiRE lit le pre-
mier article d'un travail intitulé M~ ac-
tuel ~C Z'7K~ ~0?M .~OMCO'HCMCKi'M. Barthélemy Saint-Hilaire est d'avis que
l'Angleterre tire de ses immenses possessions
de l'Inde plus de gloire que de profit. Il in-
siste sur les difficultés que présente le gou-
vernement d'un pays peuplé de races sidin'é-
rentes, ayant leurs mœurs, leurs coutumes,
leurs préjugés, mais il constate aussi l'in-
fluence bienfaisante d'une civilisation supé-
rieure comme celle des Anglais. Il aborde en-
suite l'histoire de la Compagnie des Indes et
termine par un exposé détaillé de l'organisa-
tion actuelle du pays.
M. Beauregard, professeur agrégé à la Fa-
culté de Droit, se fait connaître comme l'au-
teur du Mémoire n° 4 du concours sur le
-S~M'e et son Prix auquel une récompense a
été décernée.
M. QEOR&ES PICOT, faisant fonction de secré-
taire perpétuel, en l'absence de M. Joies Simon,
présente le premier fascicule du (7s~o~e des
actes de T~'SMCOM ~r. Ce fascicule comprend
1,92S actes, ordonnances, édits,ete., depuis le
1'janvier 1515 (n. o.) jusqu'au 7 novembre
1523. L'énumération de ces actes avec leurs
titres et l'indication du lieu où ils ont été re-
trouvés occupe 360 pages in-4".
Le premier fascicule représente donc envi-
ron neuf années de règne. Il comprend le
quart des actes recueillis de François 1°',
soit un demi-volume in-4°, le catalogue de-
vant comprendre 2 volumes.
Celte publication, qui se suivra régulière-
ment et s'achèvera l'année prochaine, sert de
base et de point de départ aux travaux de la
commission chargée de préparer la suite de
la collection in-folio des grandes ordonnan-
ces elle est composée de MM. Aucoc, Genroy,
Fustel, de Coulanges, Georges Picot, Dareste
et Levasseur.
M. Félix Hément lit un Mémoire intitulé
le Sol de Po'M et de la 7~'aMce aw ~M'~ de c?(c
~e~'Mm~~M~ son ~e dans la civilisa-
~tOM.
M. Hément donne une description géologi-
que de la France et cherche à démontrer qu'il
y a des rapports entre la nature du sol et l'a-
mour de la patrie.
M. LEVASSEUR présente, au nom de M. Che-
vrey-Rameau, sous-directeur au ministère
des affaires étrangères, un ~epe~o~ <~oM<
~Mc et eeM~K~?'e. Ce recueil contient les
textes officiels relatifs aux fonctions diploma-
tiques et consulaires, des détails sur les ar-
rangemens diplomatiques et d'autres docu-
mens utiles aux fonctionnaires auxquels ce
recueil est destiné.
M. BAUDRILLART continue la lecture de son
Mémoire « sur les populations agricoles de la
Vendée D. Après avoir achevé la description
du territoire des arrondissemens de Fontenay-
le-Comte et des Sables-d'Olonne, M. Baudril-
lart passe à l'étude de l'alimentation des po-
pulations. Il la trouve fort inégale et souvent
insuffisante. Même dans la partie du pays ap-
pelée le Marais, le progrès ne va pas sans
souffrance et « le vieux huttier )) regrette de
voir le territoire se dessécher, car ainsi le
gibier d'eau devient rare.
En général, le Bocage est plus favorisé,
bien que la culture y laisse encore parfois à
désirer. En tout cas, les produits sont plus
variés, les légumes, les fruits, les laitages plus
abondans, mais la consommation de la viande
y semble très restreinte. M. Baudrillart entre
sur ce point dans des détails circonstanciés.
Il parle aussi des boissons usitées, mais ne
les trouve pas toujours hygiéniques, surtout
depuis que le phylloxéra, envahit le pays.
Le savant académicien donne ensuite des
détails intéressans sur le vêtement. L'usage
du drap se répand, le confort augmente, mais
on ne s'abandonne pas autant au luxe que
dans d'autres provinces, on ne se résout pas
facilement a' dépenser de l'argent aussi le
vêtement misérable dénote-t-il moins sou-
vent qu'ailleurs la pauvreté.
L'Académie procède 'à l'élection de deux
membres chargés de vériner sa comptabilité:
MM. Franck et Levasseur sont élus.
CemnmnteattoBS. Avts divers.
CBiUME M <)M TABtM t'H' t'aophtrmMfM,
NM!HE UE UN TAntn) cox.T.Mno~ 0' `
BULLETIN JUDICIAIRE
tLe désespotr d'un inventeur. Touize,
l'accusé qui comparaissait hier pour tentative
d'assassinat devant le jury de la Seine, a.
moins la physionomie d'un criminel que celle
,d'un patriarche. C'est un vieillard do soixante-
trois ans, à la barbe longue et blanche, a l'air
doux et triste. C'est aussi un inventeur, non
pas un inventeur méconnu, car des indu-
striels ont acheté sa découverte, mais plu-
tôt, s'il faut en croire son défenseur, un
inventeur exploité.
Il avait inventé une machine à fabriquer
les œillets mécaniques dont on se sert pour
les chaussures. Avec l'opiniâtreté de ses pa-
reils, il avait longtemps cherché, donnant à
son idée ses veilles et son argent toutes ses
économies, environ 6,000 fr., y étaient
passées enfin, le succès allait bientôt,
il l'espérait du moins, le payer de tant do
peines déjà, il avait vendu 36 de ses machi-
nes. De riches industriels (la maison Béatry
et Bisson) lui firent des ouvertures on mè-
nerait l'anaire de compte a demi le traité
fut signé. Traité léonin, soutient Touize,
qui s'en est aperçu trop tard et par lequel
il s'interdisait de fabriquer aucun appareil,
laissant le monopole de cette fabrication à ses
associés. Les bénéfices seraient partagés par
moitié.
La maison Béatry et Bisson apporta, pa-
raît-il, quelque négligence dans l'exploita-
tion de l'entreprise. En près d'un an, elle
n'aurait construit que H machines. Cepen-
dant, Touizo, dans une gône lamentable,
adressait a MM. Béatry et Bisson de pressans
appels.
Il les suppliait de construire plus de ma-
chines, les priant de se souvenir que, aux
termes du traité, il s'était dépouille, à leur
pront exclusif, de l'invention dans laquelle il
avait placé toutes ses économies, tout son es-
poir, et qu'ils devaient en exécuter loyale-
ment les clauses.
Ne parvenant pas & vaincre la lenteur cal-
culée ou involontaire de ses associés, Touizo
se décida a leur inteuter un procès.
Mais la malechance semblait le poursuivre
le tribunal de commerce lui donna tort.
Il eut d'abord l'idée d'interjeter appel, et
sollicita l'assistance judiciaire devant la Cour
d'appel. Mais ses adversaires se présentèrent,
en même temps que lui, devant le membre
délégué de l'assistance, lui montrèrent le rap-
port de l'arbitre rapporteur qui lui avait été
contraire, et sa demande fut rejetée.
Alors le malheureux, sans ressources, sans
courage, se persuada que l'arbitre rappor-
teur, M. Périsse, était la cause de sa ruine,
et, croyant avoir épuisé tous les moyens de se
faire écouter, s'inspirant sans doute de l'exem-
ple de cet autre exalté qui, l'an passé, pour
éveiller l'attention publique, tirait en l'air sur
le pont de la Concorde un coup de pistolet
au moment où passait la voiture de M. de
Freycinet, il se rendit, au mois de mars der-
nier, rue de Rome, se posta près du n° 77 où.
demeure M. Périsse, et, quand, vers six heures
du soir, celui-ci rentrait chez lui, revenant do
la Cour d'assises où il faisait alors partie du
jury de quinzaine, il marcha droit a lui et lui
porta avec son couteau do poche un coup
dans le ventre.
Arrêté presque aussitôt, il s'écria avec
exaltation « Enfin, on me rendra justice!
La blessure do M. Périsse était, par bonheur,
légère, et l'honorable arbitre était rétabli au
bout de trois semaines.
Dans un réquisitoire modéré, M. l'avocat
général Banaston, tout en rendant hommage
au passé sans reproche de l'ouvrier laborieux,
a demandé au jury de faire la part do la pitié,
mais de ne point laisser impuni l'attentat do
Touize.
Dans une éloquente plaidoirie. M° Léonce
do Sal, le nouveau sénateur de la Corrèzc, l'a
adjuré, au contraire, de considérer comme
une expiation suffisante la détention subie
par son client depuis son arrestation et de
prononcer l'acquittement d'un homme qui
était moins un assassin qu'un exalté.
Touize à été acquitté.
Verdict d'une jurisprudence assurément
dangereuse, mais dont le bénéficiaire est
peut-être, pour l'avenir, plus à plaindre qu'a
craindre.
BiS5tmat!C7Graux, ancien préfetduLot, actuellement pré-
fet delà Charente,avait,enl870,donnélapreuve
de sonmanque de courage en se réfugiant dans
une sous-préfecture pour échapper au ser-
vice militaire et qu'il était indigne du nom
do patriote. M. Graux, ancien officier de mo-
biles a l'armée de la Loire, ne voulant pas res-
ter sous le coup de cette imputation calom-
nieuse, fit assigner le gérant du journal et le
signataire de l'article devant le tribunal cor-
rectionnel de Cahors.
L'affaire est venue & l'audience du samedi
31 juillet où les prévenus se sont vus d'abord
débouter de leurs conclusions d'incompé-
tence. M" Trarieux, du barreau de Pa-
ris, avocat de la partie civile s'élevant
au-dessus des faits de la cause, a vengé le
parti républicain des injures imméritées
d'une presse qui ne craint pas, en lui déniant
tout patriotisme, de diminuer la patrie. Puis,
dans un admirable mouvement d'éloquence,
il a évoqué le souvenir de Gambetta qui restera
si grand parce qu'il fut sincère il l'a montré
appelant tous les Français, sans leur deman-
der ni leurs opinions ni leur origine, a se
ranger sous les lambeaux du drapeau natio-
nal et les conviant indistinctement à la lutte
pour le sol envahi et pour l'honneur com-
mun, qu'ils fussent Gougeard ou Charette,
Cremer ou Cathelineau. Le public, très ému,
a plusieurs fois interrompu M" Trarieux par
des applaudissemens que le président a eu
peine a réprimer.
Sur les réquisitions du ministère pu-
blic, le tribunal a rendu un jugement forte-
ment motivé par lequel il a condamné le
gérant du C7signataire de l'article a 1,000 fr., tous deux so-
lidairement à 1,800 fr. de dommages et inté-
rêts envers la partie civile, à l'insertion du
jugement dans trois journaux du Lot, trois
journaux de la Charente, deux journaux do
Paris, au choix de M. Graux, et aux dé-
pens.
Procès de presse. Le Fjournal qui se publie a Toulon depuis peu de
temps, a, le premier, publié sur les incidens
de Porquerolles une série de notes. M. de
Roussen, qui dirige la colonie agricole, esti-
mant que les divulgations du ~KMMmœ
lui ont causé un grand préjudice, l'a assigné
devant le tribunal correctionnel de Toulon et
lui demande 100,000 fr. de dommages et inté-
rêts. L'affaire viendra samedi prochain.
Le Vin Aroud pMTM~e est le médicament par excellence, le
reconstituant le plus énergique pour com-
battre la CA~OM, l'~tC'MM, 1\~NM?~ ou l'jd/ïo~ <~M .MMt~. II convient à
toutes les personnes d'une constitution lan-
guissante ou anaiblies par le travail, les veil-
les, les excès ou la maladie. Chez Ferré,
pharm., 102, r. Richelieu, Paris, et pharm~.
du Vertbois, en plaçant dans l'appareil fri-
gonnque le corps pendant les douze heures de
nuit, et en ne le rapportant dans la salle d'ex-
position qcc pendant ta journée. La congéla-
tion absolue qui a ~té produite se maintient as-
sez longtemps, et dure parfois même pendant
vmgt'.quatre heures.
t~ toMme coupée en merceanx. Jeudi
matin, les débris du corps de la jeune femme
coupée en morceaux, a Montrouge, ont été trans-
portes dans la saile des expositions, à la
Morgue, où ils pourront être conservés quel-
~le de la rue du Vertbois.
.Malgré les recherches faites par M. Taylor,
chef de la sûreté, et M. Percha, commissaire de
police, sous la direction de M. Atthalin, juge
d'instruction chargé de l'aCfaire, on n'a pu encore
essore retrouver les autres parties du corps, ni re-
constituer l'identitédo la jeune femme. A certains
tndices on a cru reconnaître que cette femme était
Monde su châtain clair. Sa peau est blanche.
1~ tiMa gauche porte la marque d'une cicatrice
ancienne, datant probablement de l'enfance et
ia.Eg& de 4 centimètres environ. L'examen des
pieo.s et des mains n'est pas concluant. Ils sont
délicats, mais paraissent peu soignés. Il faut
dire que leur séjour dans la cuvette de l'urinoir
-a. fait subir des altérations à la peau. A l'index
une ouvrière couturière et piqueuse, la victime
était de condition modeste et se livrait parfois
a des travaux manuels.
En ce qui concerne l'assassin, on n'a encore
découvert aucune piste sérieuse. Les indications
données par les habitans, les employés et les
agens du quartier sont tellement vagues qu'elles
ne peuvent être d'aucune utilité pour l'instruc-
tion.
Somme toute, on n'a comme indice que des
débris informes, un morceau de soie, une nappe
de toile de toile cirée blanche et une corde lon-
S-ie de 1~80, ayant au milieu un renfort en
tresse comme en font les matelots ou les co-
chers qui n'ont pas de fouet.
Le service de la sûreté a reçu quelques let-
tres lui signalant l'absence ou le départ de jeu-
nes SIles et de jeunes femmes, mais toutes ont
été retrouvées. Un père de famille de Rennes
qui était a la recherche de sa fille disparue de-
puis quelques jours est venu faire une déposi-
tion devant M. Taylor. Cette jeune nlle a été
Tetrouvée dans un garni en compagnie d'un jeune
homme avec lequel elle s'était enfuie.
Un incendie s'est déclaré dans la matinée
de jeudi chez les époux Wantz, 15, rue de
Steinkerque. Les parens, absens, avaient laissé
au lit deux enfans, l'un, Charles, âgé de
six ans, l'autre, Jules, âgé seulement de
vingt mois.
Ce sont les cris des pauvres bébés qui ont at-
tiré l'attention des voisins, qui prévinrent im-
médiatement les agens Conrad et Baquet ceux-
ont enfoncé la porte et sauvé les deux enfans.
Le feu a été mis par le jeune Charles qui
jouait avec des allumettes laissées imprudem-
ment sur la table de nuit.
Mercredi vers huit heures du soir un nommé
C.âgé de quarante ans, s'est suicidé, dans une
voiture de remise, en absorbant le contenu d'une
ûole d'aciée prussique.
Bcnx précoces votemrs. Les gardiens de
la paix ont arrêté mercredi, vers six heures du
soir, les nommés Henri W. âgé de dix-sept
ans, et Jules B. âgé de onze ans, qui venaient
de dévaliser un ivrogne couché et endormi sur
un banc. On a retrouvé sur W. la montre et la
chaîne volées.
MOKTFELUEn, le 5 août. MM. Duc-Quercy
et Roche ont quitté hier la prison de Montpel-
lier pour Clairvaux.
Leur départ a été tenu secret.
CHANCELADE, le S août. Deux ouvriers ont
pu pénétrer, après de laborieux enbrts, dans les
galeries qu'occupaient les ouvriers au moment
de l'ébomement et dans lesquelles on supposait
qu'ils avaient dû périr après une longue agonie
par suite du manque d'air et d'aliment.
Ils ont retrouvé tous les outils et diHërens
objets laissés par les ouvriers, mais Us n'ont
pas retrouvé les cadavres.
On peut donc admettre qu'au premier bruit de
l'éboulement les ouvriers ont pris la fui te et que,
après avoir parcouru quelques mètres, ils ont
été écrasés et recouverts par l'enbndrement.
TOCLON, S août. La délégation du Conseil
municipal de Paris, dont l'arrivée avait été an-
noncée prématurément, n'arrivera que de-
main.
Les surveillans de Porquerolles, qui avaient
été arrêtés, ont été remis en état de liberté pro-
visoire, après avoir subi plusieurs interroga-
toires.
Les enfans indisciplinés sont toujours a la
maison d'arrêt, j
Pendant les chaleurs, ~coo~ J!~M~ de
MCQLÈs est indispensable contre les indiges-
tions, maux d'estomac, de nerfs, de tête. Quel-
ques gouttes dans un verre d'eau sucrée don-
nent une boisson délicieuse. 46 ans de succès,
38 récompenses, dont i6 médailles. Refuser les
imitations. Dépôt, 41, rue Richer, et partout.
tLa tombe de César Bor~-ta. On annonce
la découverte des restes de César Borgia, faite
dans des conditions très singulières, à Viana,
petite ville de Navarre, sur les indications don-
nées par un de nos confrères, M. Charles Yriarte.
L'écrivain avait, sans succès, cherché la tombe
dans toute la Navarre; en présence de docu-
mens qui dénonçaient l'existence de ces restes
a Viana, où la 'tradition, encore conservée, se
trouvait conforme aux assertions des chroniques,
le juge de paix du lieu a opéré la fouille
et On a découvert le cadavre. Dans une restau-
ration générale de l'église de Viana, l'évoque
du diocèse, outré de voir dans le lieu saint la
tombe de Borgia, aurait ordonné de la dé-
truire et fait enfouir les restes dans la rue qui
passe devant l'église.
tLes hannetons et t'autertte zarteotsc.
On nous écrit de Berne, le 4 août
Dans le canton do Zurich, il existe une loi
obligeant les propriétaires, sous peine d'amende,
à fournir deux litres de hannetons, l'année ou
ces coléoptères apparaissent nombreux. C'est
le gouvernement qui se charge d'annoncer
que l'année est celle dos hannetons et les
propriétaires savent ce qu'ils ont à faire. Or,
f année 1886 a bien été signalée comme une
année à hannetons, mais on n'en a vu que fort
peu cela n'empêche pas que les autorités com-
munales sontobligées de reclamer les deux litres
de coléoptères ou & infliger des amendes. La
chose paraît drôle l'amende est de 30 c., les
frais d'inscription SO c., d'huissier 30 c. total,
1 fr 10 c. A ce compte on pourrait faire venir du
dehors le précieux scarabée, afin d'éviter les
conséquences de cet excès de bureaucratie.
La presse zuricoise s'amuse de la chose, et la
.yoMpe~ priétaire au désespoir, qui, avec deux aides,
n'avait trouvé que 12 hannetons, s'est vu obligé
d'envoyer son monde chasser au dehors afin de
se procurer la quantité prescrite.
L'administration du bureau Veritas vient de
publier la liste des sinistres maritimes signalés
pendant le mois de juin 1886, concernant tous
les pavillons.
Nous relevons dans cette publication la sta-
tistique suivante:
Navires à voiles signalés perdus 10 allemands,
3 américains, n anglais, 1 autrichien, 1 chilien,
1 danois, 1 espagnol. 6 français 1 hollandais,
5 italiens, 5 norvégiens, 2 russes, 1 suédois.
Total, 51..
Dans ce nombre sont compris 3 navires sup-
posés perdus par suite de défaut de nouvelles.
Navires a vapeur signalés perdus 6 anglais,
1 hawaïen. 1 russe. Total. 8.
Causes des pertes. Navires à voiles Echoue-
ment. 24; abordage, 6; incendie, 3; sombres, I;
abandonnés, 3; condamnés, 14; supposés perdus,
3. Total, 34..
Navires à vapeur: Echouement, C; abordage,
t sombré, 1. Total, 8.
-Pendant la semaine du 20 au 27 juillet 1886, la
Société générale des téléphones a inscrit 13 nou-
veaux abonnés à Paris et 9 dans les dépar-
temens. Le nombre des nouveaux relies a
été de 10 a Paris et de 9 dans les départe-
mens.
Paris compte actuellement 4,410 abonnés et
les départemens 2,198. soit, en tout, 6.608 abon-
nés, contre 5,281, à la même époque de l'année
dernière.
Mbratrte.
Bien intéressant le numéro de l'~M'~eM
~w~ de cette semaine il contient un por-
trait de Gyp, une vue de son Saton et un frag-
ment de son nouveau livre: ~M~oM!M~BO?'ce,
qui va paraître cette semaine et qui sera le
succès de la saison.
Entre autres gravures du plus haut intérêt,
on trouvera dans ce même numéro un splen-
dide portrait, d'après nature, de Franz Listz.
Il 1
VARIETES
CHARLES CLËMENT: 67~'C, 1 Vol. in-8".
Librairie académique Didier. -Deca~~M,
1 vol. grand in-8". Librairie de l'Art.
J. Rouam.
M. Charles Clément est passé maître
dans ces monographies de peintres. Il donne
un grand nombre de documens originaux,
pièces d'archives, lettres intimes, notes de
voyages ou de journal. Son récit a. l'intérêt
que l'on cherche, souvent sans l'y trouver,
dans les romans à la mode. Quant aux idées
esthétiques et aux jugemens des œuvres, il
est superflu, dans le ~oM~a~ des .Z~f~,
d'insister sur les qualités de critique d'art
de M. Charles Clément. S'il n'a pas été
peintre, comme beaucoup de gens se l'i-
maginent, il n'en a pas moins, avec
un goût très sûr, une profonde con-
naissance de la technique de la pein-
ture. Il a vécu dans les ateliers et dans les
musées. Les Z7/M et la ~Vi~o~ 6*~e~
lui sont aussi familiers que le Louvre, et
Dieu sait, cependant, s'il connaît bien le
Louvre, lui qui ne laisse point passer une
semaine sans y entrer! Chez M. Charles
Clément, enSn, c'est encore un musée de
dessins etd'esquisses où l'on se plaît à suivre,
au milieu des changemens et des ?'<~e~
le travail des maîtres. Quelques tableaux de
prix, des estampes et des photographies sans
nombre permettent de comparer l'œuvre
achevée aux premières ébauches. Est-il
étude plus profitable?
Deux méthodes de composition' s'offrent
à celui qui entreprend d'écrire la monogra-
phie d'un artiste. Le plus généralement, on
divise le livre en trois parties. On raconte, d'a-
bord, la vie du maître ensuite, on décrit son
œuvre; enfin, l'on étudie sa manière, l'on
discute son esthétique, l'on caractérise son
génie. Cela paraît logique et bien ordonné.
Mais, par cette division rigoureuse, la pre-
mière partie du livre est toute biographi-
que et anecdotique; la seconde purement
descriptive et technique la troisième ex-
clusivement esthétique. Il en résulté une
certaine motononie dans chacune de ces par-
ties et un manque d'unité dans l'ensemble de
l'ouvrage. Ce n'est plus un livre; ce sont
trois études différentes qui se complètent
l'une par l'autre. La méthode adoptée par
M. Charles Clément est toute différente. Il
mêle la biographie à la description des
peintures et à l'étude de la manière. Il
parle des tableaux à mesure que l'artiste
les peint. Il explique l'œuvre par la vie et
commente la vie par l'œuvre. Le récit se
fait plus varié, plus animé, plus vivant. Au
lieu d'écouter son biographe et son criti-
que, il semble qu'on vive entièrement avec
l'artiste et qu'on le voie au travail.
Le succès qui a accueilli les premiers
livres de M. Charles Clément .P~M~AoM-,
6'~con~, Zeo~oM Robert était fait pour
lui prouver que sa méthode est la bonne. Il
s'y est tenu, et avec raison, dans son
Gleyre et dans son .Dëc
manque pour parler avec quelques détails.
Nous le signalons en tout cas. C'est une
étude consciencieuse et intéressante. A qui
l'a lu, il reste peu de chose à apprendre sur
Decamps. De nombreuses gravures accom-
pagnent le texte. Voilà, pour tout dire, un li-
vre bien digne d'entrer dans cette belle col-
lection de monographies d'artistes de la Li-
brairie de l'Art, collection qui sera à l'His-
toire des _pe~ de Charles Blanc ce
qu'une encyclopédie est à un diction-
naire.
I. 4
Charles-Gabriel Gleyre est né le 2 mai
1806, dans un petit village du canton de
Vaud nommé Chevilly. Son père, un culti-
vateur ayant quelque bien, et sa mère
moururent presque simultanément en 1814.
Un oncle, commissionnaire en marchandi-
ses, qui habitait Lyon, recueillit l'orphelin,
et pour toute instruction lui donna celle de
l'école primaire. Gleyre heureusement aimait
le dessin; cela peut s'apprendre sans maî-
tre. A huit ans, il avait copié une gravure
avec une singulière précision. L'oncle, qui
ne voulait pas que de pareilles dispositions
fussent perdues, destina Gleyre à être des-
sinateur de fabrique. Le jeune homme ne
l'entendit point ainsi. Il voulait être peintre.
Il partit pour Paris en 1824 et entra aus-
sitôt à l'atelier de Hersent, où il eut comme
camarades Chenavard et Gudin, et où les
encouragemens du professeur ne lui firent
pas défaut. Mais, soit qu'il s'aperçût que
l'enseignement de ce peintre ne répondait
pas à ses aptitudes personnelles, soit plu-
tôt que l'argent lui manquât, il quitta l'a-
telier au bout d'un an et se mit à étudier
librement. Il trouvait des modèles, à peu de
frais, à l'amphithéâtre et à la Morgue. Sa
pauvreté, pour mieux dire sa misère,
était extrême. Il habitait une mansarde
sordide, où il lui arriva de rester deux
jours salis manger. M. Charles Clément
reproduit des lettres vraiment douloureuses
dans lesquelles Gleyre fait à son oncle
l'exposé de ses dépenses. Voici trois lignes
très caractéristiques t 28 décembre
M 182S. Le froid commence bien àm'en-
B nuyer. J'ai voulu faire du feu pour tra-
)) vailler dimanche. J'ai brûlé pour vingt-
cinq sous de bois. Aussi, je me suis bien
promis de ne plus me chauffer. En
1828, Gleyre, rompu par un travail con-
stant au métier de .peintre, retourna à
Lyon. Il eut quelque argent d'un petit
héritage et partit à pied pour l'Italie, en
compagnie d'un de ses amis. C'était Sébas-
tien Cornu, qui devait être aussi un néo-
Grec et qui épousa plus tard M"° Lacroix,
filleule de la reine Hortense. Il a peint
avec plus de savoir que de talent les fres-
ques de la Maison romaine de l'avenue
Montaigne. Les jeunes peintres virentTurin,
Milan, Parme, Florence, où Gleyre demeura
trois mois occupé à faire des études d'après
les marbres antiques; au commencement
de 1829, ils étaient à Rome. Comme il ar-
rive souvent dans cette ville, Gleyre eut
d'abord une impression de tristesse et
d'ennui. Ses lettres en témoignent « On
sent ici une odeur de prêtrise qui n'est
s pas agréable du tout. Rien de nouveau,
» toujours la même monotonie. Je m'en-
nuie prodigieusement. Mais le charme
profond de Rome ne tarda pas à l'envahir.
Il était venu à Rome pour une année; il y
était encore en 1834. « 0 Italie, écrivait-il,
M qui peut te remplacer? »
Comment GleyrevivaitalorsPDe la vente
de quelques aquarelles, de quelques dessins;
parfois, de petites sommes lui arrivaient de
Lyon. D'ailleurs, il n'était guère plus riche
qu'il ne l'avait été à Paris. Il dépensait douze
sous pour son dîner et s'habillait comme
Chodruc-DucIos, *selon son expression. II
réparait lui-même ses vêtemens et excel-
lait à en peindre à l'aquarelle les coutures
blanchies. Le jour qu'il se fit faire une re-
dingote neuve « pour remplacer la vieille,
f tellement usée qu'une manche est res-
» tée dans la main de Cornu » est
signale dans ses lettres comme un événe-
ment. Mais à Rome, la gaieté de la vie de
bohème se trouvait dans cette vie de mi-
sère. On avait la jeunesse, la bonne cama-
raderie, le chaud soleil. Certains jours, on
se laissait aller à quelque folie, et l'on s'en
remettait pour le lendemain à la bonne for-
tune. C'étaient des agapes entre camarades
<: où l'on chantait, où l'on mangeait des
» truffes, où l'on buvait du punch C'était
ce bal travesti pour lequel Gleyre, qui était
très beau, avait pris le costume de Faust, et
où son entrée provoqua une teUe admiration
que le jeune homme tout confus se retira
incontinent. Horace Vernet était alors di-
recteur de l'Académie de France. Il donnait
des soirées, et, pour y être admis, il n'était
pas nécessaire de faire preuve d'un titre de
rentes sur l'Etat. Gleyre, assure-t-on, aima
en secret la fille de Vernet, plus tard
M* Paul Delaroche; mais, si pauvre et en-
core inconnu, il ne pouvait prétendre a
une pareille alliance. Peut-être faut-il
compter cet amour sans espoir parmi les
causes multiples de la tristesse de Gleyre
qui alla toujours grandissante.
A Rome, Gleyre travailla peu. De 1829 a
1833, il peignit seulement deux tableaux de
genre: .Ka~
de portraits qui lui donnèrent un peu d'ar-
gent. C'était pour vivre, à ce qu'il semble,
que l'artiste prenait ses pinceaux. Il était
sans ardeur au, travail, sans résistance
contre le /
resse vis-à-vis de lui-même, mais parce
que c'était sa conviction profonde de-
vant les chefs-d'œuvre amoncelés à Rome
a Les maîtres anciens ont tout pris, et
B il n'y a plus rien & faire après eux. »
Gleyre n'avait alors qu'une passion, les
voyages. Depuis longtemps, il désirait
voir Constantinople. C'était avec un vrai
chagrin que, faute d'argent, il s'était vu
contraint de renoncer & ce voyage qu'en-
treprenaient quelques camarades. Au com-
mencement de 1834, il fit la connaissance
d'un Américain qui, séduit par ses aqua-
relles, lui proposa de l'emmener en Tur-
quie, en Grèce et en Egypte. Gleyre serait
défrayé de tout et recevrait 200 fr. par mois.
En retour, le peintre devait faire pour son
riche compagnon une vue et un costume de
tous les pays où l'on passerait. Gleyre
a laissé un très curieux journal de ce
voyage. Tantôt ce sont de courtes notes,
touchant une coloration particulière ou un
détail ethnographique, sortes de point de
repère pour la mémoire du peintre n Ja-
') nina. Des ciels merveilleux me souvenir
a de leur douceur. Beaucoup d'importance;
» des masses énormes de nuages blancs, la
» partie supérieure très brillante, le côté de
a l'ombre et la base se confondant l'un avec
N le ciel bleu, l'autre avec les montagnes.
f Lorsque le nuage est éclairé en face, lalu-
» mière se place sur le milieu des petites
masses. Oasis de Karghi. L'extrême
B petitesse de la bouche des chevaux arabes.
» La partie supérieure du corpsdes fellahs est
r généralement bien faite. Ils ont le dos
» creusé, le bassin étroit, les cuisses for-
» tes mais les jambes sont grêles. La
a couleur varie. Quelques-uns sont rou-
)) ges, d'autres presque noirs. Lorsque leur
x peau est mouillée, elle ressemble à du
bronze poli. Je suis dans l'erreur, ou le
o ciel de l'Italie est plus beau que celui-ci.
J'oubliais le ciel d'Athènes, le plus beau
» du monde. s Tantôt ce sont des récits,
des anecdotes, des réflexions d'art et
de littérature. Le plus souvent, ce sont
d'amères pensées sur le mal de la vie, des
aveux douloureux de découragement et
d'incurable tristesse. c Egine. J'ai re-
» connu le néant de toute chose sans en
» avoir possédé aucune. Maintenant sans
» désir, sans volonté, comme une bran-
H che morte, je me laisse emporter au
? gré du courant sans me soucier trop
» où il me portera, Je suis pris d'une
)) maladie d'esprit qui dépouille la vie de
» tous ses charmes. <' Ipsamboul.
') 0 chères et douces illusions de ma
? jeunesse, hélas trop tôt dissipées, vous
» êtes donc perdues, perdues à jamais !)'
Gleyre alors avait juste trente ans
Après dix-huit mois de voyage, Gleyre
se trouvait au milieu du Sennaar, en
querelle continue avec son Américain. Ce
Yankee se montrait vraiment trop ad-
mirateur du talent du jeune peintre.
Non content des aquarelles que Gleyre
s'était engagé à lui donner, il s'em-
parait de tous ses croquis, de toutes
ses études. A la suite d'une violente dis-
cussion, les deux compagnons se séparèrent
au confluent des deux Nils. L'Américain
retourna au Caire, Gleyre s'installa à Kar-
toum où il vécut près d'une année, en vé-
ritable Arabe, avec une belle Nubienne
qu'il appelait Stella. Ce rêve d'amour, de
soleil et d'oubli finit trop tôt. Gleyre avait
dépensé le peu d'argent qu'il avait et il
était atteint d'une ophthalmie aiguë. Sa
maîtresse l'abandonna. L'existence devint
lamentable. Il restait des jours entiers assis
sur une pierre, à l'entrée du village, atten-
dant l'écuellée de riz que les habitans, qui
le prenaient pour un santon, avaient cou-
tume de lui apporter.
Comment Gleyre, dénué de toute res-
source, à demi-aveugle, atteint de la dy-
senterie, presque mourant, put regagner le
Caire et Alexandrie, et de là passer à Bey-
routh, où sa fdmille lui fit parvenir un peu
d'argent? la chose est difficile à établir.
Gleyre avait interrompu au Sennaar ses
notes de voyages, et, plus tard, ce n'était
pas l'homme des confidences. De Beyrouth,
il revint directement en France. II arriva à
Paris, encore assez souSrant, au commen-
cement de 1838.
II.
A vingt ans, Ingres avait peint deux de
ses plus beaux portraits; à vingt et un ans,
Géricault avait fait le C~MeM~ eA~eo~
à vingt-quatre ans, Delacroix avait fait la
.Z~M'~ë de .DoH~c. Gleyre avait trente-deux
ans, et, loin qu'il eût donné quelque œuvre
importante, il en était encore à chercher sa
voie. A Rome, il semblait sous l'influence
de Léopold Robert; au retour de son
voyage en Orient, il peignit plusieurs
tableaux de genre qui, par l'exactitude
locale et la clarté sereine du coloris., faisaient
présager un orientaliste à la Marilhat. Mais
il avait d'autres aspirations. Au Salon de
1840, il exposaun/S~M~e~ma-Pa~MM
qui fut remarqué. Cette même année, il
reçut une commande faite pour combler
tous les vœux de plus célèbres et de plus
ambitieux que lui. Duban restaurait le châ-
teau de Dampierre; le duc de Luynes char-
gea Gleyre des peintures de l'escalier d'hon-
neur. Gleyre conçut un grand ensemble de
compositions qui, à en juger par les projets
et les études, était du plus beau caractère.
Le travail fut achevé en 1842. Le duc de
Luynes et Duban s'en montrèrent ab-
solument satisfaits. Par malheur pour
Gleyre, par malheur pour tout le monde
et surtout, peut-être, pour la mémoire
du peintre de ~o~e'o~ ~'Zfo~o'e, M. In-
gres, qui devait décorer le grand sa-
lon du château, vit ces peintures. « II
» se voila le visage de ses mains et
déclara qu'il entendait que toute la dé-
coration de Dampierre fût faite par lui ou
par ses élèves. En vain, Duban protesta le
duc de Luynes donna l'ordre d'effacer les
peintures de Gleyre. L'artiste avait été
payé; le duc de Luynes était donc dans son
droit absolu de propriétaire. Mais, ce jour-
là, il n'était plus dans son rôle de K pro-
tecteur des arts ».
Le fait, unique peut-être dans l'histoire
de la peinture, dont Gleyre avait été vic-
time, lui fit au cœur une plaie qui resta
inguérissable. S'il eùt été moins pauvre, il
eût brisé sa palette; c'était son seul moyen
d'existence. Il se remit au travail, peignant,
pour vivre/une copie d'une ~.Mow~~oM, qui
lui fut payée 1,000 fr., et une série de médail-
lons, dans l'église de Saint-Vincent-de-Paul.
D'autre part, Gleyre voulut en appeler
au monde des artistes, au public tout en-
tier, de la. sentence prononcée par Ingres.
Pendant son voyage en Egypte, Gleyre
avait eu une sorte d'hallucination qu'il dé-
crit ainsi dans son journal de voyage a Le
a ciel était si pur, l'eau du Nil si calme,
B que, après la surexcitation de cerveau à
o laquelle je m'étais livré toute la jour-
)' née, il m'eût été difficile de dire si
a je voguais sur un fleuve ou dans les
a espaces infinis de l'air. En me tournant
a du côté du couchant, je crus voir, je vis
a certainement une barque de la forme la
M plus heureuse et dans laquelle était un
a groupe d'anges vêtus avec tant d'élé-
)) gance et dans des positions si calmes et
H si nobles que je fus ravi. Insensiblement
a ils se rapprochèrent de moi et bientôt je
? pus distinguer leurs voix. Ils chantaient
? en chœur une musique divine. Je n'ou-
M blierai cela de ma vie la triple harmonie
M des formes, des couleurs et des sons était
a complète. Cette vision était restée dans
l'esprit du peintre, et depuis longtemps il
avait formé le projet de la reproduire sur la
toile. Ce fut le tableau exposé avec tant de
succès au Salon de 1843 sous ce titre ~e
/S'OM'. Eloges de la critique, admiration du
public, haute récompense du jury, rien ne
manqua à Gleyre. Au Salon suivant, ~a Sé-
~fM'a~OM. des ~o~'&y obtint un succès égal.
Le peintre prit alors la direction de l'atelier
de Paul Delaroche. Les élèves étaient nom-
breux, les commandes se multipliaient. Il
semblait que le peintre fût à l'aube d'une
nouvelle existence, faite de bonheur et de
renommée.
Mais Gleyre, né avec un fond de mé-
lancolie, avait souffert trop de misè-
res et de déceptions pour qu'il pût se re-
prendre de bon cœur à la comédie de la
vie. On ne croyait pas dire si vrai
quand on le nommait le peintre des
TZ~~fMM j~w~. Il retomba bientôt dans
son humeur sombre, dans ses pensées cha-
grines. Il reçut de nouveau les atteintes de
cette c maladie d'esprit s dont il avait subi
tant de crises. Soudain, il se résolut à ne
plus exposer, et, quelles que fussent les re-
présentations, les prières de ses amis et de
ses élèves, il demeura inébranlable. En 1849,
l'ambassadeur d'Espagne envoya de sa pro-
pre autorité au Salon Z~a~e des -Sac-
e/~M~, qu'il venait d'acheter pour don
François d'Assise. Gleyre fit incontinent
retirer ce tableau, qui est une de ses œuvres
capitales. Le maître donnait comme pré-
texte a sa résolution l'inutilité et le danger
des expositions annuelles c Les Salons,
» disait-il, ont une influence déplorable en
» obligeant l'artiste à hausser la voix, à
» forcer la note, pour se mettre à l'unisson
» et se faire remarquer. B Gleyre cachait
sa vraie pensée, lui qui avait écrit na-
guères & Il n'y a pas d'artiste sans public.
» La fiction de ce Grec qui faisait des sta-
a tues dans une île déserte m'a toujours
» paru un contresens. »
Pour conquérir la place que Gleyre am-
bitionnait, dans l'école moderne, partagée
entre les esclaves de la tradition et les nova-
teurs à tout prix, il lui eût fallu soutenir une
lutte constante et acharnée, subir bien des
attaques, courir la fortune de bien des in-
succès. Or, un pareil effort valait-il ce qu'il
eût coûté à ses procédés de travail qui étaient
lents, à sa timidité qui était grande, à sa sen-
sibilité qui était excessive? La nature l'a-
vaitfait mélancolique; les chagrins l'avaient
fait pessimiste; son long séjour en Orient
l'avait rendu indifférent. Jeune, il avait rêvé
la gloire; elle avait été trop lente à venir.
Désormais, il la dédaignait, et il savourait
l'âpre jouissance d'une obscurité imméri-
tée dont il se faisait l'artisan volontaire.
Son abstention était un renoncement.
A dater de 1849, Gleyre vécut comme le
Grec, faisant des tableaux « dans une île dé-
serte )). Ainsi que l'a si bien défini M. Taine
dans une magistrale étude, il devint un xbou-
dhiste, un moine laïque ». Encore si ce culte
de l'art pour l'art, si cet amour du travail
pour le travail même, séparé de toutes con-
tingences de renommée ou de fortune,
l'eût rendu heureux! Il n'en était rien.
Jamais Gleyre n'était complètement satis-
fait de son œuvre. Il travaillait un tableau
jusqu'à lui enlever cette spontanéité d'im-
pression, cette franchise de touche, cette
virginité de tons qui frappent dans ses
études peintes. Et quand l'œuvre était
achevée et qu'un ami l'admirait en
toute sincérité, Gleyre lui montrait l'at-
titude d'une figure, l'expression d'une phy-
sionomie, la nuance d'une draperie, en di-
sant « Eh bien! non, cela est faible.
Ce n'est point là ce que je cherchais,
s mais je n'ai pas trouve a N'étadt-ce
pas avec raison que Gleyre s'écriait, en
un de ses jours de découragement, jours
qui étaient si nombreux <' Ah par
)) quelle fatalité la nature m'a-t-elle doué
a d'un esprit critique t a
A cet homme pour qui la vie avait eu
tant de tristesses et de douleurs, la desti-
née réservait la plus enviable des morts.
Le H mai 1874., il tomba foudroyé par l'a-
poplexie, devant un des chefs-d'œuvre de
l'Exposition des Alsaciens-Lorrains.
Par sa volonté même, l'oeuvre de Gleyre
est peu connu. Il se refusait a exposer et
de préférence il vendait ses tableaux à l'é-
tranger. Elles sont dispersés en Suisse, en
Allemagne, en Angleterre, en Amérique,
toutes ces belles peintures 2)<:M~e des
-Nac~M~y qui garde l'eurythmie dans son
furieux mouvement; Fem~ FaM~~o~,
ce poème de la forme; les ~o~aMM ~(MM~i~
sous le y''oM~, cette page épique où bat le
cœur de la patrie gauloise, ce chef-d'œu-
vre si accompli que les plus grands peintres
l'eussent signé, si original qu'il n'a d'équi-
valent dans aucune école; Fz~e ??
d'un caractère raphaëlesque et d'une grâce
corrégienne; C~e, austère comme une
fresque des catacombes j~w~A jSoo~,
C7y~e ~Vi'MMM'M, visions divines de la
Bible et de l'Odyssée;
figures si belles et si chastes; le ~~M
~d'innocence, dernier tableau de Gleyre,
qu'il a laissé inachevé comme Apelles avait
laissé inachevée sa F~M~ JLMS~o~g~e.
Seul, le
d'œuvre de Gleyre. Si la conception a une
grande poésie et un charme profond et mé-
lancolique, le faire manque d'accent, de
liberté, de largeur. On sent encore dans
quelques parties des procédés d'école; cer-
tains détails marquent trop l'époque où le
tableau a été peint. Il y a des coiffures
qui portent le millésime de 1840. Ce n'est
point là l'exquise délicatesse de modelé
la pureté de ligne, la vénusté adora-
ble du .8
manière. Il ne voulut pas avoir de moule
fixe, et, une toile terminée, il oubliait vo-
lontairement les procédés qui lui avaient
servi afin d'en chercher de nouveaux pour
un autre tableau. De là, l'infinie va-
riété de son œuvre. Chacune de ses pein-
tures est june surprise. Devant celle-ci
on pense à Prudhon, devant celle-là à
Corrège ou à Léonard. Dans le ~o?' Z~
~e~, dans ~OM~ Gleyre est vigoureux
et coloriste; dans Bain, sa touche at-
teint à la suavité suprême, à la plus douce
harmonie. Tantôt le contour est précis,
tantôtil est enveloppé dans la forme. Mais si
les œuvres de Gleyre diffèrent à ce point dans
les procédés techniques, coloris et dessin,
toutes se ressemblent par le grand style des
figures, l'admirable ordonnance de la
composition et le beau caractère des lignes
du paysage. L'avenir sans doute mettra ce
peintre de l'idéale beauté au rang qu'il mé-
rite, parmi les maîtres du dix-neuvième
siècle. Gleyre avait-il cette espérance ou
plutôt ne tenait-il pas pour vaine une re-
nommée posthume? Le vrai philosophe
s'inquiète moins encore du jugement de la
postérité que de celui de ses contempo-
rains.
HENRY HOUSSAYE.
ACADEMIE
des Sctcuccs ntorates et poUtiqacs.
;Se
M. BARTHELEMY SAiNT-HiLAiRE lit le pre-
mier article d'un travail intitulé M~ ac-
tuel ~C Z'7K~ ~0?M .~OMCO'HCMCKi'
l'Angleterre tire de ses immenses possessions
de l'Inde plus de gloire que de profit. Il in-
siste sur les difficultés que présente le gou-
vernement d'un pays peuplé de races sidin'é-
rentes, ayant leurs mœurs, leurs coutumes,
leurs préjugés, mais il constate aussi l'in-
fluence bienfaisante d'une civilisation supé-
rieure comme celle des Anglais. Il aborde en-
suite l'histoire de la Compagnie des Indes et
termine par un exposé détaillé de l'organisa-
tion actuelle du pays.
M. Beauregard, professeur agrégé à la Fa-
culté de Droit, se fait connaître comme l'au-
teur du Mémoire n° 4 du concours sur le
-S~M'e et son Prix auquel une récompense a
été décernée.
M. QEOR&ES PICOT, faisant fonction de secré-
taire perpétuel, en l'absence de M. Joies Simon,
présente le premier fascicule du (7s~o~e des
actes de T~'SMCOM ~r. Ce fascicule comprend
1,92S actes, ordonnances, édits,ete., depuis le
1'janvier 1515 (n. o.) jusqu'au 7 novembre
1523. L'énumération de ces actes avec leurs
titres et l'indication du lieu où ils ont été re-
trouvés occupe 360 pages in-4".
Le premier fascicule représente donc envi-
ron neuf années de règne. Il comprend le
quart des actes recueillis de François 1°',
soit un demi-volume in-4°, le catalogue de-
vant comprendre 2 volumes.
Celte publication, qui se suivra régulière-
ment et s'achèvera l'année prochaine, sert de
base et de point de départ aux travaux de la
commission chargée de préparer la suite de
la collection in-folio des grandes ordonnan-
ces elle est composée de MM. Aucoc, Genroy,
Fustel, de Coulanges, Georges Picot, Dareste
et Levasseur.
M. Félix Hément lit un Mémoire intitulé
le Sol de Po'M et de la 7~'aMce aw ~M'~ de c?(c
~e~'Mm~~M~ son ~e dans la civilisa-
~tOM.
M. Hément donne une description géologi-
que de la France et cherche à démontrer qu'il
y a des rapports entre la nature du sol et l'a-
mour de la patrie.
M. LEVASSEUR présente, au nom de M. Che-
vrey-Rameau, sous-directeur au ministère
des affaires étrangères, un ~epe~o~ <~oM<
~Mc et eeM~K~?'e. Ce recueil contient les
textes officiels relatifs aux fonctions diploma-
tiques et consulaires, des détails sur les ar-
rangemens diplomatiques et d'autres docu-
mens utiles aux fonctionnaires auxquels ce
recueil est destiné.
M. BAUDRILLART continue la lecture de son
Mémoire « sur les populations agricoles de la
Vendée D. Après avoir achevé la description
du territoire des arrondissemens de Fontenay-
le-Comte et des Sables-d'Olonne, M. Baudril-
lart passe à l'étude de l'alimentation des po-
pulations. Il la trouve fort inégale et souvent
insuffisante. Même dans la partie du pays ap-
pelée le Marais, le progrès ne va pas sans
souffrance et « le vieux huttier )) regrette de
voir le territoire se dessécher, car ainsi le
gibier d'eau devient rare.
En général, le Bocage est plus favorisé,
bien que la culture y laisse encore parfois à
désirer. En tout cas, les produits sont plus
variés, les légumes, les fruits, les laitages plus
abondans, mais la consommation de la viande
y semble très restreinte. M. Baudrillart entre
sur ce point dans des détails circonstanciés.
Il parle aussi des boissons usitées, mais ne
les trouve pas toujours hygiéniques, surtout
depuis que le phylloxéra, envahit le pays.
Le savant académicien donne ensuite des
détails intéressans sur le vêtement. L'usage
du drap se répand, le confort augmente, mais
on ne s'abandonne pas autant au luxe que
dans d'autres provinces, on ne se résout pas
facilement a' dépenser de l'argent aussi le
vêtement misérable dénote-t-il moins sou-
vent qu'ailleurs la pauvreté.
L'Académie procède 'à l'élection de deux
membres chargés de vériner sa comptabilité:
MM. Franck et Levasseur sont élus.
CemnmnteattoBS. Avts divers.
CBiUME M <)M TABtM t'H' t'aophtrmMfM,
NM!HE UE UN TAntn) cox.T.Mno~ 0' `
BULLETIN JUDICIAIRE
tLe désespotr d'un inventeur. Touize,
l'accusé qui comparaissait hier pour tentative
d'assassinat devant le jury de la Seine, a.
moins la physionomie d'un criminel que celle
,d'un patriarche. C'est un vieillard do soixante-
trois ans, à la barbe longue et blanche, a l'air
doux et triste. C'est aussi un inventeur, non
pas un inventeur méconnu, car des indu-
striels ont acheté sa découverte, mais plu-
tôt, s'il faut en croire son défenseur, un
inventeur exploité.
Il avait inventé une machine à fabriquer
les œillets mécaniques dont on se sert pour
les chaussures. Avec l'opiniâtreté de ses pa-
reils, il avait longtemps cherché, donnant à
son idée ses veilles et son argent toutes ses
économies, environ 6,000 fr., y étaient
passées enfin, le succès allait bientôt,
il l'espérait du moins, le payer de tant do
peines déjà, il avait vendu 36 de ses machi-
nes. De riches industriels (la maison Béatry
et Bisson) lui firent des ouvertures on mè-
nerait l'anaire de compte a demi le traité
fut signé. Traité léonin, soutient Touize,
qui s'en est aperçu trop tard et par lequel
il s'interdisait de fabriquer aucun appareil,
laissant le monopole de cette fabrication à ses
associés. Les bénéfices seraient partagés par
moitié.
La maison Béatry et Bisson apporta, pa-
raît-il, quelque négligence dans l'exploita-
tion de l'entreprise. En près d'un an, elle
n'aurait construit que H machines. Cepen-
dant, Touizo, dans une gône lamentable,
adressait a MM. Béatry et Bisson de pressans
appels.
Il les suppliait de construire plus de ma-
chines, les priant de se souvenir que, aux
termes du traité, il s'était dépouille, à leur
pront exclusif, de l'invention dans laquelle il
avait placé toutes ses économies, tout son es-
poir, et qu'ils devaient en exécuter loyale-
ment les clauses.
Ne parvenant pas & vaincre la lenteur cal-
culée ou involontaire de ses associés, Touizo
se décida a leur inteuter un procès.
Mais la malechance semblait le poursuivre
le tribunal de commerce lui donna tort.
Il eut d'abord l'idée d'interjeter appel, et
sollicita l'assistance judiciaire devant la Cour
d'appel. Mais ses adversaires se présentèrent,
en même temps que lui, devant le membre
délégué de l'assistance, lui montrèrent le rap-
port de l'arbitre rapporteur qui lui avait été
contraire, et sa demande fut rejetée.
Alors le malheureux, sans ressources, sans
courage, se persuada que l'arbitre rappor-
teur, M. Périsse, était la cause de sa ruine,
et, croyant avoir épuisé tous les moyens de se
faire écouter, s'inspirant sans doute de l'exem-
ple de cet autre exalté qui, l'an passé, pour
éveiller l'attention publique, tirait en l'air sur
le pont de la Concorde un coup de pistolet
au moment où passait la voiture de M. de
Freycinet, il se rendit, au mois de mars der-
nier, rue de Rome, se posta près du n° 77 où.
demeure M. Périsse, et, quand, vers six heures
du soir, celui-ci rentrait chez lui, revenant do
la Cour d'assises où il faisait alors partie du
jury de quinzaine, il marcha droit a lui et lui
porta avec son couteau do poche un coup
dans le ventre.
Arrêté presque aussitôt, il s'écria avec
exaltation « Enfin, on me rendra justice!
La blessure do M. Périsse était, par bonheur,
légère, et l'honorable arbitre était rétabli au
bout de trois semaines.
Dans un réquisitoire modéré, M. l'avocat
général Banaston, tout en rendant hommage
au passé sans reproche de l'ouvrier laborieux,
a demandé au jury de faire la part do la pitié,
mais de ne point laisser impuni l'attentat do
Touize.
Dans une éloquente plaidoirie. M° Léonce
do Sal, le nouveau sénateur de la Corrèzc, l'a
adjuré, au contraire, de considérer comme
une expiation suffisante la détention subie
par son client depuis son arrestation et de
prononcer l'acquittement d'un homme qui
était moins un assassin qu'un exalté.
Touize à été acquitté.
Verdict d'une jurisprudence assurément
dangereuse, mais dont le bénéficiaire est
peut-être, pour l'avenir, plus à plaindre qu'a
craindre.
BiS5tmat!
fet delà Charente,avait,enl870,donnélapreuve
de sonmanque de courage en se réfugiant dans
une sous-préfecture pour échapper au ser-
vice militaire et qu'il était indigne du nom
do patriote. M. Graux, ancien officier de mo-
biles a l'armée de la Loire, ne voulant pas res-
ter sous le coup de cette imputation calom-
nieuse, fit assigner le gérant du journal et le
signataire de l'article devant le tribunal cor-
rectionnel de Cahors.
L'affaire est venue & l'audience du samedi
31 juillet où les prévenus se sont vus d'abord
débouter de leurs conclusions d'incompé-
tence. M" Trarieux, du barreau de Pa-
ris, avocat de la partie civile s'élevant
au-dessus des faits de la cause, a vengé le
parti républicain des injures imméritées
d'une presse qui ne craint pas, en lui déniant
tout patriotisme, de diminuer la patrie. Puis,
dans un admirable mouvement d'éloquence,
il a évoqué le souvenir de Gambetta qui restera
si grand parce qu'il fut sincère il l'a montré
appelant tous les Français, sans leur deman-
der ni leurs opinions ni leur origine, a se
ranger sous les lambeaux du drapeau natio-
nal et les conviant indistinctement à la lutte
pour le sol envahi et pour l'honneur com-
mun, qu'ils fussent Gougeard ou Charette,
Cremer ou Cathelineau. Le public, très ému,
a plusieurs fois interrompu M" Trarieux par
des applaudissemens que le président a eu
peine a réprimer.
Sur les réquisitions du ministère pu-
blic, le tribunal a rendu un jugement forte-
ment motivé par lequel il a condamné le
gérant du C7
lidairement à 1,800 fr. de dommages et inté-
rêts envers la partie civile, à l'insertion du
jugement dans trois journaux du Lot, trois
journaux de la Charente, deux journaux do
Paris, au choix de M. Graux, et aux dé-
pens.
Procès de presse. Le F
temps, a, le premier, publié sur les incidens
de Porquerolles une série de notes. M. de
Roussen, qui dirige la colonie agricole, esti-
mant que les divulgations du ~KMMmœ
lui ont causé un grand préjudice, l'a assigné
devant le tribunal correctionnel de Toulon et
lui demande 100,000 fr. de dommages et inté-
rêts. L'affaire viendra samedi prochain.
Le Vin Aroud
reconstituant le plus énergique pour com-
battre la CA~OM, l'~tC'MM, 1\~
toutes les personnes d'une constitution lan-
guissante ou anaiblies par le travail, les veil-
les, les excès ou la maladie. Chez Ferré,
pharm., 102, r. Richelieu, Paris, et pharm~.
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