Titre : Journal des débats politiques et littéraires
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-05-11
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb39294634r
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 200316 Nombre total de vues : 200316
Description : 11 mai 1852 11 mai 1852
Description : 1852/05/11. 1852/05/11.
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : Révolution - Empire (1789-1815)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : Restauration - Monarchie de Juillet (1814-1848)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIe République - Second Empire (1848-1870)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIIe République (1870-1914)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : d'une guerre à l'autre (1914-1945)
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k449456g
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
MARM ii NA!
i8~.
ON S'ABOKKE p~
j! àRome,
chez PtEM~ MERLE, libraire~
place Colonne
à Naptes,
Chez ÉTtENKE DUFRËKE,
rueMedma.,6i.
Les annonce'- sont reQues j
M bureau du josiM~'AtL BEa.BEBAM
et chez m..rANta, régisseur,
placedelaBQU;'se,M.
P$UT!~ES ET UTTËRMRES.
MRDÏ ii MM
i8S2.
ONS'ABON?nE
tae des Preires-S.-G.-l'Auxerrois, n.
PARIS.
Par trimestre. 18 !r.
CËPARTEMENS.
Par trimestre, 30 fr.
In t.O!)iBO])!.appIy~oaB~Mgénéral advertising agent, t, Finch-Latie,
CMnhiU; and to mEjnzv and G", forcign
booksoHcrsandpubUshers,
t3. Régent strt;et,StrJi~p6'~
FRANCE..
PARIS,10 MAI.
La cérémonie de la distribution des aigles à l'ar-
mée et la revue ont eu lieu aujourd' hui, par un
temps magnifique, d'après le programme arrêté
par le gouvernement.
Les constructions faites par les ingénieurs mili-
taires; sous la direction du colonel du génie le
fomte Dejean, n'ont été terminées que ce matin,
ainsi que les tribunes bâties par l'industrie privée.
La tribune du prince Président s'élevait sur une
immense estrade a la hauteur du premier étage de
l'Ecole-Militaire.
On arrivait a cette estrade par un vaste escalier
interrompu par trois grands paliers. Au bas de l'es-
calier. de chaque côté, étaient placés deux lions do-
rés, sculptés par M. Barye. La façade de l'estrade
était surmontée d'un fronton rond coupé, au centre
duquel, sur un fond bleu semé d'étoites d'or, se
trouvait placé un aigle immense, supportant legrand
cordon de la'Légion-d'Honneur. Au-dessous du
fronton, des Renommées occupaient les cotés d'un
hrge cintre, supporté par des colonnes. Des dra-
peries en velours rouge ornaient le haut de ce
cintre, d'ou partaient de grandes portières de
même étoffe, retenues par des embrasses en or.
L'intérieur était également tendu en velours rouge.
Les bas-côtés de l'estrade étaient occupés par
deux niches superposées, dans lesquelles étaient
placées desstatues; Sur les côtés en retour existait
.une suite d'arceaux permettant de von-1 intérieur
de l'estrade. Le fronton, également rond et coupe,
était t'empli par des tords de feuille de chêne do-
rées, au centre desquels était inscrit 7,500,000
('chiffre des voix obtenues par le prince Président
lors de sa dernière élection) des deux cotés de ce
chiffre, dans des médaillons, étaient tracés ces
mots en lettres d'or ~o.r populi, rsoubassement de cette tribune, qui n'avait accès
que par le Champ-de-Mars, était peint en pierre
et entremêlé d'aigus et du chiffre L.-N. entouré de
guirlandes.
Au fond de la tribune du Président, il y avait
quatre coiHpartimens destinés à la famille du prince
Président, au corps diplomatique français et étran-
ger, aux femmes des ambassadeurs et des minis-
tres. et aux hauts dignitaires de l'Ebt.
Les gradins étaient recouverts de riches tapis
des manufactures de Beauvais et des Cobefins et
des deux cotés se trouvaient des trophées d'armes
et des faisceaux contenant chacun seize hampes
ornées de leurs étendards.
Au milieu du Champ-de-Mars s'élevait un autel
nvant vingt-cinq mètres de hauteur. Sur une plate-
forme élevée de huit mètres était placé le maître-
autel. Quatre pilastres supportaient quatre archi-
voltes correspondant aux quatre côtés du Champ-
de-Mars. Sur un attique surmonté d'une corniche,
était posé un dôme à écailles dorées, au som-
met duquel était placée une croix latine. Quatre
aigles dorés occupaient les angles de la corniche
au-dessus des archivoltes; a chaque pitastre était
adossée une colonne cannelée sur le chapiteau de
laquelle était placée une statue. Les colonnes déta-
chées se reliaient avec les corniches des pilastres
a la hauteur des archivoltes. De ce point partaient
quatre t'chot! soutenus en dehors par de grandes
lances inclinées. Ces t~um étaient formés alterna-
tivement par des bandes de velours rouge et des
bandes or. Trois paliers, faisantface a l'ËcoIe-Mili-
taire, conduisaient à l'autel. Tout le fond de la dé-
coration était blanc et or.
Des huit heures du matin, la population des fdu-
bom'gs et de tous les quartiers de capitale s'est
portée au Cbamp-de-Mars, et a occupé les tertres
qui s'élèvent de chaque côté en amphithéâtre, en
avant des tribunes publiques. Jamais peut-être Pa-
ris n'avait vu'une telle foule.
Les troupes ont commencé à dix heures a pren-
dre position; l'infanterie a droite, massée par ba-
taillons, et la cavalerie à gauche, en colonnes ser-
rées par escadrons. L'artillerie était au fo-nd en
avant du pontd'iéna.
Les délégués de chaque corps envoyés pour re-
cevoir les aigles sont venus se placer le long des
tertres, chacun auprès d'un poteau orné de deux
flammes aux couleurs nationales et d'un faisceau
de drapeaux surmontés d'aigles.
Vers onze heures, toutes les tribunes étaient
déjà remplies. A droite et a gauche de la tribune
du Président, adossées a la .façade principale de
l'EeoIe-MiHtaire, se trouvaient les tribunes réser-
vées pour les grands corps de l'Etat. Les tribunes
du Sénat et du Corps-Législatif étaient les pre-
mières a droite et à gauche de la tribune du Pré-
sident venaient ensuite les tribunes du conseil
d'Etat, de la Cour des comptes, de la magistra-
ture de~ grands-officiers de la Légipn-d'Uonneur
et des différentes administrations, qui contenaient
environ seize cents personnes. Chacun de ces
corps avait a sa tête son chef.
Au pied de ces tribunes étaient des gradins dé-
couverts pour les officiers des diverses puissances
étrangères.
Aux deux extrémités et aux angles do la façade
de l'Ecole-Militaire, plusieurs pavitions, construits
également par le ~.énie militaire, contenaient plus
de douxe mille personnes. La municipalité de Paris
et l'armée avaient des tribunes spéciales construites
leurs frais.
Entin, de chaque coté du Champ-de-Mars, sur le
hiutdes tertres, s'élevaient des constructions de
différentes formes établies aux frais des particu-
hers, et qui ne contenaient pas moins de quarante
mille personnes. Les billets, dont le prix avait été
iixé a 51r., se sont vendus 50 fr., 100 fr. et jus-
qu'à 1~0 fr.
Le. Jockey-Club avait obtenu la permission de
garder une partie des tribunes qui lui appartien-
nent, et qu'il a bâties pour les courses qu'il a
fondées. Il a fait établir un glacier et un restaura-
teur dans un enclos derrière ses tribunes, et dis-
t 'ibuer, dans les tribuacs et aux mUitaires qui sta-
tionnaient devant, du vin et des rafraichissemens.
L'aspect que présentaient sous un ciel admi-
t'able la variété d~s uniformes et les parures des
dames était éblouissant et offrait un coup d'œil
grandiose. Les sénateurs, les conseillers d'Etat, 1
les magistrats portaient tous le costume officiel.
Dans la tribune du Corps-Législatif, on distinguait
plusieurs habits noirs, malgré la recommandation
faite a la dernière séance par le président du
Corps-Législatif. Les étrangers, pour la plupart,
étaient en uniforme.
Dans la tribune du Président se trouvaient la
princesse Mathilde, lady Douglas, la princesse
Elisa Bacciochi, le prince Napoléon Bonaparte, le
prince Lucien Bonaparte, le prince de Canino le
comte Camerata, etc., etc.
Dans les tribunes d'honneur, on remarquait
Parmt ~ng~ais, le duc de Cleveland, le marquis
de Cianricarde, le vicomte etia vicomtesse Sydney,
lord et lady Alfred Pagët, lord et lady Gray, le
comte Sheftield, ~vicomte et la vicomtesse Pol-
Ungton, lord Yernon~lord et lady Poltimore, le
vicomte et la vicomtesse Dillon, lord et lady Litford,
la comtesse Elgin, lady Burghcrsh, sir Frederick
Adam, sir William Fraser, lord Bury, lord et lady
Ossulston, lord Bateman, le colonel Cadogan, le
colonel O'GiI~y, le colonel Torrens, le colonel
Wevmouth, le capitaine Arthur Itardinge, le colo-
nel lord George Paget, (petit-li)s du marquis d'An-
glesey, l'un des plus braves et des plus vieux géné-
raux de l'armée anglaise, et qui a eu une jambe em-
portée à Waterloo), le colonel Cartwright, le lieu-
tenant-colonel Russell, les capitaines Bailiie, Dudiey
deRos, Streatneld, Williams, etc., etc.
Plusieurs de ces officiers portaient l'uniforme
des !t/e ~Mards et des n/?e ~tta?'
Pat'mt ~s ~.MScotti, le comte Tecffenbacb, le baron Roger d'Al-
denbourgh, le baron de Gayling.
ParHn /es PftMStcns, le prince de Salm, le prince
Lichnowski, le général Wagner, le colonel d'Ol-
berg et le comte de Sehulenbcrg.
Panm 7~Ms~cx, le prince ~Voikonski, le prince
et la princesse Wittgenstein, le prince Dotgorouid,
le prince et la princesse Scbakowskoy, la princesse
Catherine Troubetzkoy, le prince Ladislas Trou-
betzkoy, la princesse Butera, la princesse Ypsi-
lanti, la princesse Radzhvill, le prince Soltikoff, le
prince et la princesse Ouroussoff, le comte Panim,
le prince et la princesse Galitzin le comte Rasou-
mowski, le général Tolstoy et les deux officiers
venus expressément pour la fête, le comte Sta-
keiberg, colonel d'artiDerie, et M. Pachkoff, ofti-
cier des chevaliers gardes de l'impératrice.
Parmi les membres les plus distingués de rpAdam Cxartoryski et ses doux iits, le comte La-
dislas Zamoyski, le comte Xavier Branicki, le
comte Bathyani, le général Pepe, le général Dcm-
binski, qui commandait en chef l'armée hongroise,
et le général Chrzanowski, qui était chef d'état-
major général de l'armée piémontaise à la bataille
de Novare.
ParHn les PaHOts, M. le conseiller d'Etat David,
M. le commandeur Schlick et le capitaine de Glud,
aide de camp du ministre de la guerre.
Parnu ?cs ~MëdoM, le colonel d'Ackcrstein, le
major baron de Rosen, le major comte de Sin-
clair et le major de Stauf.
Pn)')H! les ~afarois, le comte de Jennisson an-
cien ministre de Bavière à Paris, M. de Klenze,
conseiller intime, et le comte de Rochemont.
ParHn les NbHnHdat's, le baron de Kattendjike,
le baron de Poliandt, le major Gilly de Montéta, le
colonel Van Toi), et M. de Chatelleux, capitaine
d'artillerie de l'armée des Indes néerlandaises.
PanM: Belges, le prince et la princesse de
Ligne, le comte de Beaufort, le comte Lehon le
comte et la comtesse Delalaing, le comte et la
comtesse Cornélissen, le lieutenant-général comte
Duval de Beauliou, le baron et la baronne de
Yinck, le major Daelman et le capitaine ~ockelt.
Parnu 5'Mtsses, le colonel Zeerleder, le lieu-
tenant-colonel Wurstemberger et le capitaine Lan-
dérer.
Panm !es ~s.c0)(s, le baroTl de Week, officier
d'infanterie.
ParHit les ~adot's, le baron de Glaubitx et ic
baron de Kensingen.
Par~t !es Por(Mgrand échanson de S. M. T. F., le comte de Yil-
laréal, ta comtesse de Lumiarës, les chevaliers de
Silveira, dePereira, de Maga)haes, etc.
Parmt ~es Fspamarquise de Guadalcazar, le marquis de Brenex,
M.CuetoGonxales, les colonels Yerdu, Or; an,
Gaertner, etc.
Parmt ?M JVopoh'~at'Ms, le duc et la duchesse de
Ravaschieri, le duc de San-Teodoro, le comte
Grifeo le prince San-Giaccmo, le marquis Bran-
caccio, le marquis Valenzano, le marquis .Si-
mino etc.
Pan?~ ~es PtMHO)!valier Yicino, général de la garde nationale te
colonel Ponxio le chevalier Bcrclet, le comte de
Vh-y.
Pa)'Hu' ~s r«rM, la princesse Vogoridës, la
princesse GhiLa.
ParM: (r)'<'c~, la princesse Morousi et
M" Maurocordato.
Enfin pornu ~es AwrtcamsJe général Cooper, commandant les troupes de
l'Etat de ~ev.-York; M. Van-Buren, ofucier de
cavalerie, et les colonels Rotch et I~awrence, aides
de camp du gouverneur de Massachussets.
A onze heures et d-cmic, M. l'archevêque de Pa-
ris, précédé de son clergé, est entré processionncl-
lement dans le Champ-de-Mars, venant de l'église
de Saint-Pierre du Gros-CaiUoux, au chant de
l'hymne Veni Cf'Mtés l'ahbé Eglé, grand-vicaire et maître des céré-
modies de la cathédrale. Plus de six cent& chanoi-
nes, curés et prêtres, les premiers en costume ca-
nonial, et les seconds avec l'étole rouge, suivaient
processionneltement et sont venus s'échelonner
sur les marches de l'autel.
A midi vingt minutes, le Président de la Répu-
blique est entré dans le Champ-de-Mars par le
pont d'Iéna. Une salve d'arUileric avait annoncé
le départ du Président des Tuileries elle a été ré-
pétée a son arrivée au Champ-de-Mars.
Louis-Napoléon, en grand uniforme de lieu-
tenant-général et portant le grand-cordon de laLé-
gion-d'Honneur, était accompagné de son oncle, le
prince Jérôme, du ministre de la guerre, des ma-
réchaux de France, de sa maison militaire, et d'un
nombreux état-major, à la suite duquel venaient
les chefs arabes, revêtus deburnousrouges et Mânes,
et montés surdeschevauxrichementcaparaçonnés.
Chacune des trois provinces de l'Algérie a envoyé
une députation pour assister à la distribution des
aigles. Legouverneur général a désignépourremplir
cette mission les hommes les plus considérables
par leur naissance ou parla position que nous leur
avons faite dans le pays.
Ce sont, pour la province de Constantine, Aly-
Ben-Ba-Ahmed, qui est au service de la France
depuis la prise de Constantine en 1857. Nommé
d'abord kaïd des Haractas, il a été élevé à la di-
gnité de khalifa en 1841 en 1844, il visita la
France avec une députation de chefs arabes, et
re~ut des mains du roi Louis-Philippe la croix de
commandeur de la Légion-d'Honneur, en récom-
pense de ses services éminens; il était officier de
l'Ordre depuis 1859. Lo khalifa Aly est accom-
pagné de son jeune fils, charmant enfant de douze
ans, auquel les caresses n'ont nas manqué dans
tous les salons ou il a été présenté.
Le second membre de la députation de Constaa-
tine est Lakhdar-Ould-Mokrani, fils du khalifa de
laMedjana. Ce jeune homme, d'un grand air et
d'une mâle beauté, assiste son père dans l'immense
commandement dont il est chargé entre Sétif et
les Portes-dë-Fer. Le vieux Mokrani cs~ un Mêle
serviteur de la France depuis 1857.
Après lui, vient Si-Mokhtar-ben-Deikba, fils d'un
marabout célèbre, qui lit plusieurs fois au tyran
Ahmed-Bey des représentations aussi vives que
celles que le poète des On<*HAli-Teleben par un derviche. Si-Mokhta.' est jeune
encore; il ut sa soumission en 18 M, entre les
mains de M. le duc d'Aumale; il tut a)ors investi
d'un commandement qui s'est depuis considéra-
blement agrandi a cause de la capacité qu'il a mon-
trée plusieurs fois Si-Mokhtar a repoussé les faux
cherifs qui voulaient agiter son pays, avant même
d'être appuyé par des troupes françaises il est dé-
signé pour recevoir la croix de la Légion-d'Hon-
ueur.
Le quatrième chef est Si-Ahmed-Kbodja-Ouid-
ben-Achour, envo.é par le cbeikh Bou-Akkaz du
Firdjioua, que son état de maindie a empêché de
venir lui-même. Megoura-Ould-Bournan-Outd-hcn-
Achour, kaid de Tclaghma, est le cinquième mem-
bre de la députation. Le dermer est Ben-Henni-
OuId-ben-Diaf, kaid des Amer-Dahara, dans la sub-
division de Sétif c'est c&que les-Arabcs appellent
un homme de grande tente.
Le fils de Mokrani, les Beu-Acbour, tous deux
neveux de Bou-Akkaz, appartiennent à la noblesse'
la plus pure et la plus ancienne de l'Algérie. Les
Mokrani ont été sultans du royaume de Bougie
dans le qua!orzième et le quinzième siècle.
La députation de la province d'Oran n'est pas
moins remairquable, mais elle a un caractère prin-
cipalement militaire. On y compte le iils du géné-
ral Mustapba-ben-Ismail, IeHlsd'E)mezari,Ben-
Mokhtar, Ben-Daoud, Bel-Hadri, tous vaiitans ca-
valiers des Douairs et des Zmelas qui combattent
dans nos rangs et pour notre cause depuis 1855.
Leur physionomie est plus accentuée et plus mar-
tiale que celle des chefs de la province de l'est,
tous sont décorés de la Légion-d'Honneur; Bel-
Hadri va recevoir la croix d'officier. Deux chefs
des Beni-Amer Abd-el-Kader-oul-Xin et Moham-
med-ben Goua, se sont volontairement joints a la
députation et sont venus a leurs frais.
La province d'Alger est représentée par le bach-
agitu Si-Tahar-ben-Matthieddin, frère du Mialifa
BeB-Mabhieddin,mort récemment. C'est une figure
douce, spirituelle, de mœurs affables et distin-
guées. Son frère passait pour un des diplomates
arabes les plus habites et les phts concilians. Après
lui vient !e bach-agha Bou-Auam-ben-Cberifa, un
des plus valeureux cavaliers arabes. H s'est soumis
à la France en i842, entre les mains du général
Changarnier, et assistait avec lui à la chaude af-
faire du t9 septembre de !a même année dans les
gorges de l'Ouarensenis; il s'y distingua les armes
à la main. C'est un bras et un cœur sur lesquels la
France peut compter.
La subdivision d'Alger a envoyé le bach-agba
Bil Kassem ou Kassy Abd-eI-Kader, parlant de lui
à Amboise, disait « C'.est une des clefs du Djurd-
jura. a D'une physionomie calme, énergique, ré-
solue, quoique très douce, Bil Kassem ou Kassy
s'est trouvé dans des circonstances très critiques
lors de la levée de boucliers de Bou-Baghla; il
s'est toujours montré à la hauteur de la mission
dont on l'avait chargé. Il appartient à la race ka-
byle.
Le marabout Sy-ben-Aly-Chérif représente la sub-
division d'Aumalc et commande dans la vallée de
l'oued Sahel supérieur. C'est un jeune homme dis-
tingué qui a déjà beaucoup souffert depuis qu'il est
soumis à la France. H a porté presque tout le poids
des troubles suscités par Bou-BaghIa, et a été pres-
que complètement ruiné. Mais sa position a ~té
rétablie après les succès remportés l'année der-
nière dans l'oued Sahel par le général Camou.
Si-Sliman-ben-Siam, hakem de Mitiana, complète
la députation de la province d'Alger. 11 appartient
à une famille de Kouiouglis des plus considérables
et compte parmi les meilleurs serviteurs de la
France.
Le Président a passé au galop devant le front
de l'infanterie, qui* l'a salué par les cris def~'e
.fVapoMo)t' puis, traversant le Champ-de-Mars de-
vant les tribunes, où ont aussi éclaté les cris de
fi'ce JVapoMoM.' il est allé passer en revue la cava-
lerie rangée a droite en colonne scr''éc, et l'artil-
lerie massée au fond du Champ-de-Mars.
Louis-Napoléon est revenu ensuite se placer
devant l'autel où il a salué le clergé qui a répondu
par des cris de ~t~'e A'apo~on
11 s'est rendu de la à la tribune présidentielle.
Le prince Président a été introduit par le comte
!Bacciochi qui, dans toute l'ordonnance de cette
fête, a été secondé par M. Feuillet de Conches,
employé supérieur du ministère des affaires étran-
gères. Le Président a pris'place sur un fauteuil
place au milieu de sa tribune, ayant a sa droite le
prince Jérôme, son oncle.
Le prince Jérôme portait pour la première fois
la médaitte créée par le prince Président. Cette
médaille lui a été envoyée hier, accompagnée
d'une lettre dans laquelle le prince Président le
priait de vouloir bien la porter à cette cérémonie.
Le prince Président a fait aussi une distribution
de la médaille aux maréchaux et aux amiraux.
Derrière les deux fauteuils se tenaient debout les
ministres, le maréchal Exelmans, le maréchal Vail-
lant, l'amiral de Mackau, LL. EEm. Mathieu, Du-
pontet Donnct, dans leur grand costume de cardi-
nal, les aides de camp et la maison militaire.
Les colonels d'infanterie sont arrivés au pied
de l'estrade, et chacun d'eux est allé recevoir suc-
cessivement des mains du Président son drapeau
et est revenu se placer au pied des gradins faisant
face a la tribune. Les colonels d'artillerie et de
cavalerie sont venus ensuite.
Les drapeaux portent les chiffres du Président,
un R et un F (république française) et le nom des
principales batailles auxquelles le régiment a as-
sisté pendant toutes nos guerres. Un aigle surmonte
chaque drapeau, il rappelle complètement les ai-
gles romaines.
A une heure moins un quart, la distribution des
aigles était terminée. Les colonels en masse et leur
drapeau à la main ont monté quelques degrés pour
se rapprocher de la tribune présidentielle. et la
Louis-Napoléon leur a adressé, d'une voix ferme
et retentissante, l'allocution suivante
«Soldats,
» L'histoire des peuples est en grande partie
l'histoire des armées. De leurs succès ou 'de
~) leurs revers dépend le sort de la civilisation et
< de la patrie. Vaincues, c'est l'invasi~n.oul'anar-
chie; victorieuses, c'est la gloire ou l'ordre.
.) Aussi les nations comme les armées portent-
cites une vénération religieuse a ces emblèmes
de l'honneur militaire, qui résument en eux
)) tout un passé de luttes et de triomphes.
L'aigle romaine, adoptée par l'empereur Na-
M poléon au commencement de ce siècle, l'ut la
)) signification la plus éclatante de la régénération
a et de la grandeur de la France. Elle disparut
)' dans nos malheurs. Elle devait revenir lorsque
') la France, relevée de ses défaites, maîtresse
d'elle-même, ne semblerait plus répudier sapt'o-
» pré gloire.
)) Soldats,
Keprenex donc ces aigles, non comme une
» menace contre les étrangers, mais comme le
a symbole de notre indépendance, comme le sou-
» venir d'une époque héroïque, comme le ~signe
de noblesse de chaque régiment.
» Reprenez ces aigles qui ont si souvent conduit
nos pères à la victoire, et jurez de mourir, s'il
» le faut, pour les défendre. »
Les colonels ont répondu par les cris de ~t'rc le
P)'Mtdc~< ~tfe A'opoMoM.' Quelques cris seulement
de t't'uc i!'cmpo'('M)'/ se sont fait entendre.
Les colonels se sont rendus ensuite au pied de
l'autel.
A un signal donné la cérémonie religieuse a
commencé. Un coup de canon a annoncé l'éléva-
tion. A ce moment, les tambours ont battu aux
champs, les trompettes ont sonné, les troupes ont
présenté les armes, les drapeaux se sont inclinés,
et tous les officiers sans commandement se sont
découverts.
L'archevêque a procédé ensuite a la bénédic-
tion des drapeaux.
Cent et un coups de canon ont retenti pendant
cette cérémonie.
Après la bénédiction des drapeaux, le prélat a
prononcé le discours suivant
H 6'atM'<
a Jer.Vt.4.
N Prince, soldats
M Le Dieu de paix, dont nous sommes les ministres,
est aussi le Dieu des armées. Voilà pourquoi notre
place, la place de la religion, est marquée dans cette
fête guerrière.
? Il y eut toujours une religion des combats. Chez le
peuple juif, c'est Dieu qui dirigeait les batailles, qui
formait les grands capitaines qui inspirait aux pro-
phètes les accens les plus belliqueux. Les Romains pla-
çaient les dieux à côté des aigles, en tête dos légions.
a Constantin remporta ses grandes victoires sous
l'étendard de la croix. Nos preux chevaliers, avant
d'aller combattre les infidèles, se faisaient armer et
bénir par l'Eglise. Je ne parle pas de ce drapeau de
l'ancienne monarchie que nos rois allaient recevoir
des mains de la religion, avant leur expédition guer-
rière, sur l'autel de Saint-Denis le souvenir en est
venu naturellement a tous les esprits.
B Chose étonnante! l'Eglise, qui prêche à tous la
paix; l'Eglise, dont la milice sainte ne sait verser que
son sang, et a même horreur du sang ennemi, l'Eglise
a toujours eu des bénédictions abondantes pour le
soldat, pour ses armes et pour ses drapeaux.
)) L'explication de ce mystère n'est pas diflicile, et
c'est tout le sens de cette grande solennité militaire
à la fois et religieuse.
)) La paix est le dessein do Dieu. C est le but vers
lequel marchent les sociétés humaines, quand elles
suivent, dans leur cours régulier, les principes de la
justice et les inspirations d'en haut. La guerre n'est
légitime qu'à la condition de conquérir et d'assurer la
paix. Les armées sont dans la main de Dieu, comme
de puissans instrumens de pacification et d'ordre pu-
blic..
a Le droit a besoin de la force pour se faire respec-
ter ici-bas mais à son tour la force a besoin du droi<
pour demeurer elle-même dans l'ordre providentiel.
La paix. est donc toujours le but, la guerre quelquefois
le mo\en moyen terrible, mais nécessaire, hélas
par l'effet des passions qui agitent le monde.
n Yoilà pourquoi Dieu l'approuve; pourquoi les pro-
phètes l'appellent sainte, sanc~M~ 6e~MM pourquoi
l'Eglise a pour el)e des paroles de bénédiction d'en-
couragement et presque d'amour; pourquoi aujour-
d'hui, comme si souvent dans le passé ,')n soldat et
le prêtre se sont rencontrés et se sont tendu la main.
;) Le soldat et le prêtre, placés l'un et l'autre sous
les lois austères de la discipline, ayant au cœur les
mêmes principes de conduite, qui sont l'amour du
devoir par-dessus toutes choses et l'esprit de dévoue-
ment jusqu'au sacrilice de sa vie, travaillent ensemble,
quoique diversement, a '.n'ocurer, par l'apaisement des
passions le triomphe de la justice dans les sociétés
humaines.
» Que de services rendus à la paix pnbhqne par
cette'gloneuse armée qui vient aujourd'hui incliner
son front devant la majesté suprême! D'en vient que
ces bruits sourds qui grondaient dans les entrailles de
la France et de l'Europe se sont tus tout a coup? Pour-
quoi ces menaces de guerre civile et d'anarchie qm
jetaient l'épouvante dans les esprits sont-eHes dés-
armées? Qui a arrêté ce travail de disse ution~ut fai-
sait de si rapides progrès ? C'est une volonté tc';meet
résolue, appuvée. d'un côté sur la volonté nattona s
qui fait son droit, et de l'autre sur une invincible .u-
mée qui t'ait sa force. i
» Et maintenant, salut, glorieux étendards, sym-:
bole de tant de victoires! Notre âme de pontite, qui.
n'est jamais restée étrangère à aucun des sentimens
du patriotisme, s'émeut en vous revoyant. La gloire en
ce moment elïace à n'es veux les anciens manieurs ùe
la patrie. Et pourtant tant de douloureux souvenirs
qui ne trouvent pas place ici ne sauraient être oublies t
» 0 prince! que la volonté d'un grand peuple a mis
à la tête de ses destinées, nous comprenons ce que ces
signes héroïques, que vous nous apportez comme tu.
plus glorieuse part de votre héritage domestique, doi-
vent dire è votre cœur.
)) Ah nous comptons sur votre sagesse elle vous
mettra a l'abri des éMouissem&ns de la gton'e. La.
France a soif de tranquUiité et d'ordre. Fatiguée de la.
licence, sans répudier la.liberté, elle veut se reposer a.
t'ombre d'un Douvoir fort et tutélaire. Continuez a ta.
conduire dans les voies pacifiques où elle est entrée~
Qu'elle puisse développer 'tous les élémens de torcees.
de prospérité cachés dans son sein fécond.
» Au-dessus des intérêts matériels, il y a les in'c-
~-<~ ,).. ~n. Tit- f-r.nt )')mf ft !p fmm' ft'nn
iOSHiUiU.UYUUj~t~. n~m,
grand peuple, sans lesquels il ne peut tarder a dech-
uer et :t se dissoudre. Soyez toujours leur défenseur.
La religion que vous aimezme vous demande pas de~
priviléges et des faveurs, elle vous demande de lu;
conserver toujours ce que l'empereur votre oncle Im
rendit dans les beaux jours de sa gloire, la liberté de
vivre et de faire le bien. Vous y gagnerez la reconnais-
sance des peuples et la seule gloire,'peut-être, qu'un
grand cœur puisse encore ambitionner aujourd hui.
» Prince, regardez moins le passé que l'avenir. Ou
peut parler de paix. quand on tient dans sa main de
si valantes armées. Vos aigles, des cimes de l'Atlas
au\ cimes des Alpes et des Pyrénées auront pour l~ur
vol sublime d'assez vastes espaces.
a La Providence vous destine a 1 edihcation d'une
œuvre grande et sainte.
M Souvenez-vous que,' pour bâtir le temple, Dieu
préféra Salomon a David. Continuez à reconstruire en
paix la société si profondément ébranlée, bâtissant
d'une main, et de l'autre tenant toujours l'épée glo-
rieuse de la France.
? Vous avez d'ailleurs compris qu'à une époque ou
toutes les institutions tendent à s'imprégner de plus
en plus de l'esprit de l'Evangile, l'édifice soeial ne
peut bien se cimenter que.dans l'amour et la.' clé-
mence.
n 0 Dieu! maure souverain de la guerre et ae ia.
paix, qui dissipez les complots, qui calmez les tem-
pêtes qui brisez, quand vous le voulez, le glaive tiré
pour le combat, ~M! coHfens 6<~«; venez bénir vous-
mêmes ces étendard!, imprimez-y des signes eclatans
de votre puissance et de votre sainteté. Qu'en les
voyant le courage s'anime, s'élève et monte jusqu'à
son céleste principe De cc~o /brf
)) r';c les rendez tcrrib'.es qu'aux ennemis du repos
pu): et à ces nations, s'il s'en trouvait encore, .ja-
fouses de notre gloire et de notre prospérité, et qui
tenteraient de les troubler, ad 6e~a roho)t. Qu'Us soient pour nos vaillans soldats une
eauvegarde et un gage assuré de la victoire, t'Monœ
ccr/6B ~~ffi'a.
a Qu'ils renferment dans leurs phs glorieux la pa et la guerre pour la sécurité des bons et la terreur des
médians et qu'a leur ombre la France respire et soit,
pour le bonheur du monde, la plus grande et la plus
heureuse des nations M »
Aussitôt âpres la messe, le detile a commence ot
a eu lieu dans !'ordre suivant
1" Le général Magnan, commandant en chef, et
son état-major
2° Les députations de l'Ecole d'application de
l'artillerie et du génie et de l'Ecole Polytechnique,
l'Ecole d'application du corps d'état-major, l'Ecoie
spéciale militaire; sou~ les ordres des commandans
respectifs de ces étabiissemens
5" Le général Carrelet, commandant toutes les
troupes à pied (y compris les députations), et son
état-major;
4" La députation des invalides et les députaticns
des vétérans, commandées par le général Sauboui
5° Les députations des bataillons de chasseurs a
pied; des bataillons d'infanterie légère d'Afrique
des équipages de ligne; des compagnies de disci-
pline des bataillons de tirailleurs indigènes les
bataillons de chasseurs à pied en garnison a Paris -)
la compagnie des équipages de ligne les ouvriers s
d'administration et les iniirmiers; commandés par
le général Forey; ro
6° Les députattons des regimens d miantene (te
ligne et légère, des régimens d'infanterie de ma-
rine, des regimens de zouaves, des regimens de la
légion étrangère les brigades d'infanterie de ia
1"' division de l'armée de Paris (à raison de deux
bataMIons par régiment), sous les ordres de leurs
généraux respectifs, commandées par le générât
Martin de Bourgon
7" Les brigades de la 2'' division de l'armée de
Paris (à raison de .deux bataillons par régiment),
sous les ordres de leurs généraux respectifs, com-
mandées par le général Renault
8~ Les brigades de la 5° division de l'armée do
Paris (à raison de deux bataillons par régiment),
sous les ordres de leurs généraux respectifs com-
mandées par le général Levasseur
')" Les députations du génie, les compagnies de
l'arme, avec les tambours et la musique du f'' ré-
giment, commandées par le général de Sallcnave
i0° Les députations de la gendarmerie continen-
tale de la gendarmerie maritime; les sapem-n-
pompiers ( 1 bataillon ) la gendarmerie mobile
(2 bataillons), la garde républicaine (2 bataillons),
commandés par le général Courand
11° Les députations de l'artillerie de terre, de
l'artillerie de marine, la 5* compagnie d'ouvriers
d'artillerie, dix batteries de l'armée de Paris, avec
l'état-major et la musique du 7e régiment, la com-
pagnie du 5" escadron du train des parcs, avec
son matériel; un détachement des 5~ et 4" esca-
drons du train des équipages, avec soD matériel
commandes par le général Hubert
12° Le général de Létang, commandant toute la
cavalerie, avec ses officiers;
!5° La dépuiation de l'Ecole de cavalerie, les
députations des regimens de cavalerie, les esca-
drons de guides, commandés par le général <'e
Goyon;
14" Une division de cavalerie légère, compre-
nant deux brigades la première (4** et 7~ chas-
seurs), sous les ordres du général d'Oraison; h
seconde (I i° chasseurs, 6~ et 8~' hussards), sous les
ordres du général Daumas, commandée par le
général Le Pays de Bourjolly de Scrmaise;
!o° Une division de cavalerie de ligne, com{'t'e<
i8~.
ON S'ABOKKE p~
j! àRome,
chez PtEM~ MERLE, libraire~
place Colonne
à Naptes,
Chez ÉTtENKE DUFRËKE,
rueMedma.,6i.
Les annonce'- sont reQues j
M bureau du josiM~'AtL BEa.BEBAM
et chez m..rANta, régisseur,
placedelaBQU;'se,M.
P$UT!~ES ET UTTËRMRES.
MRDÏ ii MM
i8S2.
ONS'ABON?nE
tae des Preires-S.-G.-l'Auxerrois, n.
PARIS.
Par trimestre. 18 !r.
CËPARTEMENS.
Par trimestre, 30 fr.
In t.O!)iBO])!.appIy~oaB~M
CMnhiU; and to mEjnzv and G", forcign
booksoHcrsandpubUshers,
t3. Régent strt;et,StrJi~p6'~
FRANCE..
PARIS,10 MAI.
La cérémonie de la distribution des aigles à l'ar-
mée et la revue ont eu lieu aujourd' hui, par un
temps magnifique, d'après le programme arrêté
par le gouvernement.
Les constructions faites par les ingénieurs mili-
taires; sous la direction du colonel du génie le
fomte Dejean, n'ont été terminées que ce matin,
ainsi que les tribunes bâties par l'industrie privée.
La tribune du prince Président s'élevait sur une
immense estrade a la hauteur du premier étage de
l'Ecole-Militaire.
On arrivait a cette estrade par un vaste escalier
interrompu par trois grands paliers. Au bas de l'es-
calier. de chaque côté, étaient placés deux lions do-
rés, sculptés par M. Barye. La façade de l'estrade
était surmontée d'un fronton rond coupé, au centre
duquel, sur un fond bleu semé d'étoites d'or, se
trouvait placé un aigle immense, supportant legrand
cordon de la'Légion-d'Honneur. Au-dessous du
fronton, des Renommées occupaient les cotés d'un
hrge cintre, supporté par des colonnes. Des dra-
peries en velours rouge ornaient le haut de ce
cintre, d'ou partaient de grandes portières de
même étoffe, retenues par des embrasses en or.
L'intérieur était également tendu en velours rouge.
Les bas-côtés de l'estrade étaient occupés par
deux niches superposées, dans lesquelles étaient
placées desstatues; Sur les côtés en retour existait
.une suite d'arceaux permettant de von-1 intérieur
de l'estrade. Le fronton, également rond et coupe,
était t'empli par des tords de feuille de chêne do-
rées, au centre desquels était inscrit 7,500,000
('chiffre des voix obtenues par le prince Président
lors de sa dernière élection) des deux cotés de ce
chiffre, dans des médaillons, étaient tracés ces
mots en lettres d'or ~o.r populi, r
que par le Champ-de-Mars, était peint en pierre
et entremêlé d'aigus et du chiffre L.-N. entouré de
guirlandes.
Au fond de la tribune du Président, il y avait
quatre coiHpartimens destinés à la famille du prince
Président, au corps diplomatique français et étran-
ger, aux femmes des ambassadeurs et des minis-
tres. et aux hauts dignitaires de l'Ebt.
Les gradins étaient recouverts de riches tapis
des manufactures de Beauvais et des Cobefins et
des deux cotés se trouvaient des trophées d'armes
et des faisceaux contenant chacun seize hampes
ornées de leurs étendards.
Au milieu du Champ-de-Mars s'élevait un autel
nvant vingt-cinq mètres de hauteur. Sur une plate-
forme élevée de huit mètres était placé le maître-
autel. Quatre pilastres supportaient quatre archi-
voltes correspondant aux quatre côtés du Champ-
de-Mars. Sur un attique surmonté d'une corniche,
était posé un dôme à écailles dorées, au som-
met duquel était placée une croix latine. Quatre
aigles dorés occupaient les angles de la corniche
au-dessus des archivoltes; a chaque pitastre était
adossée une colonne cannelée sur le chapiteau de
laquelle était placée une statue. Les colonnes déta-
chées se reliaient avec les corniches des pilastres
a la hauteur des archivoltes. De ce point partaient
quatre t'chot! soutenus en dehors par de grandes
lances inclinées. Ces t~um étaient formés alterna-
tivement par des bandes de velours rouge et des
bandes or. Trois paliers, faisantface a l'ËcoIe-Mili-
taire, conduisaient à l'autel. Tout le fond de la dé-
coration était blanc et or.
Des huit heures du matin, la population des fdu-
bom'gs et de tous les quartiers de capitale s'est
portée au Cbamp-de-Mars, et a occupé les tertres
qui s'élèvent de chaque côté en amphithéâtre, en
avant des tribunes publiques. Jamais peut-être Pa-
ris n'avait vu'une telle foule.
Les troupes ont commencé à dix heures a pren-
dre position; l'infanterie a droite, massée par ba-
taillons, et la cavalerie à gauche, en colonnes ser-
rées par escadrons. L'artillerie était au fo-nd en
avant du pontd'iéna.
Les délégués de chaque corps envoyés pour re-
cevoir les aigles sont venus se placer le long des
tertres, chacun auprès d'un poteau orné de deux
flammes aux couleurs nationales et d'un faisceau
de drapeaux surmontés d'aigles.
Vers onze heures, toutes les tribunes étaient
déjà remplies. A droite et a gauche de la tribune
du Président, adossées a la .façade principale de
l'EeoIe-MiHtaire, se trouvaient les tribunes réser-
vées pour les grands corps de l'Etat. Les tribunes
du Sénat et du Corps-Législatif étaient les pre-
mières a droite et à gauche de la tribune du Pré-
sident venaient ensuite les tribunes du conseil
d'Etat, de la Cour des comptes, de la magistra-
ture de~ grands-officiers de la Légipn-d'Uonneur
et des différentes administrations, qui contenaient
environ seize cents personnes. Chacun de ces
corps avait a sa tête son chef.
Au pied de ces tribunes étaient des gradins dé-
couverts pour les officiers des diverses puissances
étrangères.
Aux deux extrémités et aux angles do la façade
de l'Ecole-Militaire, plusieurs pavitions, construits
également par le ~.énie militaire, contenaient plus
de douxe mille personnes. La municipalité de Paris
et l'armée avaient des tribunes spéciales construites
leurs frais.
Entin, de chaque coté du Champ-de-Mars, sur le
hiutdes tertres, s'élevaient des constructions de
différentes formes établies aux frais des particu-
hers, et qui ne contenaient pas moins de quarante
mille personnes. Les billets, dont le prix avait été
iixé a 51r., se sont vendus 50 fr., 100 fr. et jus-
qu'à 1~0 fr.
Le. Jockey-Club avait obtenu la permission de
garder une partie des tribunes qui lui appartien-
nent, et qu'il a bâties pour les courses qu'il a
fondées. Il a fait établir un glacier et un restaura-
teur dans un enclos derrière ses tribunes, et dis-
t 'ibuer, dans les tribuacs et aux mUitaires qui sta-
tionnaient devant, du vin et des rafraichissemens.
L'aspect que présentaient sous un ciel admi-
t'able la variété d~s uniformes et les parures des
dames était éblouissant et offrait un coup d'œil
grandiose. Les sénateurs, les conseillers d'Etat, 1
les magistrats portaient tous le costume officiel.
Dans la tribune du Corps-Législatif, on distinguait
plusieurs habits noirs, malgré la recommandation
faite a la dernière séance par le président du
Corps-Législatif. Les étrangers, pour la plupart,
étaient en uniforme.
Dans la tribune du Président se trouvaient la
princesse Mathilde, lady Douglas, la princesse
Elisa Bacciochi, le prince Napoléon Bonaparte, le
prince Lucien Bonaparte, le prince de Canino le
comte Camerata, etc., etc.
Dans les tribunes d'honneur, on remarquait
Parmt ~ng~ais, le duc de Cleveland, le marquis
de Cianricarde, le vicomte etia vicomtesse Sydney,
lord et lady Alfred Pagët, lord et lady Gray, le
comte Sheftield, ~vicomte et la vicomtesse Pol-
Ungton, lord Yernon~lord et lady Poltimore, le
vicomte et la vicomtesse Dillon, lord et lady Litford,
la comtesse Elgin, lady Burghcrsh, sir Frederick
Adam, sir William Fraser, lord Bury, lord et lady
Ossulston, lord Bateman, le colonel Cadogan, le
colonel O'GiI~y, le colonel Torrens, le colonel
Wevmouth, le capitaine Arthur Itardinge, le colo-
nel lord George Paget, (petit-li)s du marquis d'An-
glesey, l'un des plus braves et des plus vieux géné-
raux de l'armée anglaise, et qui a eu une jambe em-
portée à Waterloo), le colonel Cartwright, le lieu-
tenant-colonel Russell, les capitaines Bailiie, Dudiey
deRos, Streatneld, Williams, etc., etc.
Plusieurs de ces officiers portaient l'uniforme
des !t/e ~Mards et des n/?e ~tta?'
Pat'mt ~s ~.M
denbourgh, le baron de Gayling.
ParHn /es PftMStcns, le prince de Salm, le prince
Lichnowski, le général Wagner, le colonel d'Ol-
berg et le comte de Sehulenbcrg.
Panm 7~Ms~cx, le prince ~Voikonski, le prince
et la princesse Wittgenstein, le prince Dotgorouid,
le prince et la princesse Scbakowskoy, la princesse
Catherine Troubetzkoy, le prince Ladislas Trou-
betzkoy, la princesse Butera, la princesse Ypsi-
lanti, la princesse Radzhvill, le prince Soltikoff, le
prince et la princesse Ouroussoff, le comte Panim,
le prince et la princesse Galitzin le comte Rasou-
mowski, le général Tolstoy et les deux officiers
venus expressément pour la fête, le comte Sta-
keiberg, colonel d'artiDerie, et M. Pachkoff, ofti-
cier des chevaliers gardes de l'impératrice.
Parmi les membres les plus distingués de rp
dislas Zamoyski, le comte Xavier Branicki, le
comte Bathyani, le général Pepe, le général Dcm-
binski, qui commandait en chef l'armée hongroise,
et le général Chrzanowski, qui était chef d'état-
major général de l'armée piémontaise à la bataille
de Novare.
ParHn les PaHOts, M. le conseiller d'Etat David,
M. le commandeur Schlick et le capitaine de Glud,
aide de camp du ministre de la guerre.
Parnu ?cs ~MëdoM, le colonel d'Ackcrstein, le
major baron de Rosen, le major comte de Sin-
clair et le major de Stauf.
Pn)')H! les ~afarois, le comte de Jennisson an-
cien ministre de Bavière à Paris, M. de Klenze,
conseiller intime, et le comte de Rochemont.
ParHn les NbHnHdat's, le baron de Kattendjike,
le baron de Poliandt, le major Gilly de Montéta, le
colonel Van Toi), et M. de Chatelleux, capitaine
d'artillerie de l'armée des Indes néerlandaises.
PanM: Belges, le prince et la princesse de
Ligne, le comte de Beaufort, le comte Lehon le
comte et la comtesse Delalaing, le comte et la
comtesse Cornélissen, le lieutenant-général comte
Duval de Beauliou, le baron et la baronne de
Yinck, le major Daelman et le capitaine ~ockelt.
Parnu 5'Mtsses, le colonel Zeerleder, le lieu-
tenant-colonel Wurstemberger et le capitaine Lan-
dérer.
Panm !es ~s.c0)(s, le baroTl de Week, officier
d'infanterie.
ParHit les ~adot's, le baron de Glaubitx et ic
baron de Kensingen.
Par~t !es Por(Mgrand échanson de S. M. T. F., le comte de Yil-
laréal, ta comtesse de Lumiarës, les chevaliers de
Silveira, dePereira, de Maga)haes, etc.
Parmt ~es Fspamarquise de Guadalcazar, le marquis de Brenex,
M.CuetoGonxales, les colonels Yerdu, Or; an,
Gaertner, etc.
Parmt ?M JVopoh'~at'Ms, le duc et la duchesse de
Ravaschieri, le duc de San-Teodoro, le comte
Grifeo le prince San-Giaccmo, le marquis Bran-
caccio, le marquis Valenzano, le marquis .Si-
mino etc.
Pan?~ ~es PtMHO)!valier Yicino, général de la garde nationale te
colonel Ponxio le chevalier Bcrclet, le comte de
Vh-y.
Pa)'Hu' ~s r«rM, la princesse Vogoridës, la
princesse GhiLa.
ParM: (r)'<'c~, la princesse Morousi et
M" Maurocordato.
Enfin pornu ~es Awrtcams
l'Etat de ~ev.-York; M. Van-Buren, ofucier de
cavalerie, et les colonels Rotch et I~awrence, aides
de camp du gouverneur de Massachussets.
A onze heures et d-cmic, M. l'archevêque de Pa-
ris, précédé de son clergé, est entré processionncl-
lement dans le Champ-de-Mars, venant de l'église
de Saint-Pierre du Gros-CaiUoux, au chant de
l'hymne Veni Cf'M
modies de la cathédrale. Plus de six cent& chanoi-
nes, curés et prêtres, les premiers en costume ca-
nonial, et les seconds avec l'étole rouge, suivaient
processionneltement et sont venus s'échelonner
sur les marches de l'autel.
A midi vingt minutes, le Président de la Répu-
blique est entré dans le Champ-de-Mars par le
pont d'Iéna. Une salve d'arUileric avait annoncé
le départ du Président des Tuileries elle a été ré-
pétée a son arrivée au Champ-de-Mars.
Louis-Napoléon, en grand uniforme de lieu-
tenant-général et portant le grand-cordon de laLé-
gion-d'Honneur, était accompagné de son oncle, le
prince Jérôme, du ministre de la guerre, des ma-
réchaux de France, de sa maison militaire, et d'un
nombreux état-major, à la suite duquel venaient
les chefs arabes, revêtus deburnousrouges et Mânes,
et montés surdeschevauxrichementcaparaçonnés.
Chacune des trois provinces de l'Algérie a envoyé
une députation pour assister à la distribution des
aigles. Legouverneur général a désignépourremplir
cette mission les hommes les plus considérables
par leur naissance ou parla position que nous leur
avons faite dans le pays.
Ce sont, pour la province de Constantine, Aly-
Ben-Ba-Ahmed, qui est au service de la France
depuis la prise de Constantine en 1857. Nommé
d'abord kaïd des Haractas, il a été élevé à la di-
gnité de khalifa en 1841 en 1844, il visita la
France avec une députation de chefs arabes, et
re~ut des mains du roi Louis-Philippe la croix de
commandeur de la Légion-d'Honneur, en récom-
pense de ses services éminens; il était officier de
l'Ordre depuis 1859. Lo khalifa Aly est accom-
pagné de son jeune fils, charmant enfant de douze
ans, auquel les caresses n'ont nas manqué dans
tous les salons ou il a été présenté.
Le second membre de la députation de Constaa-
tine est Lakhdar-Ould-Mokrani, fils du khalifa de
laMedjana. Ce jeune homme, d'un grand air et
d'une mâle beauté, assiste son père dans l'immense
commandement dont il est chargé entre Sétif et
les Portes-dë-Fer. Le vieux Mokrani cs~ un Mêle
serviteur de la France depuis 1857.
Après lui, vient Si-Mokhtar-ben-Deikba, fils d'un
marabout célèbre, qui lit plusieurs fois au tyran
Ahmed-Bey des représentations aussi vives que
celles que le poète des On<*HAli-Teleben par un derviche. Si-Mokhta.' est jeune
encore; il ut sa soumission en 18 M, entre les
mains de M. le duc d'Aumale; il tut a)ors investi
d'un commandement qui s'est depuis considéra-
blement agrandi a cause de la capacité qu'il a mon-
trée plusieurs fois Si-Mokhtar a repoussé les faux
cherifs qui voulaient agiter son pays, avant même
d'être appuyé par des troupes françaises il est dé-
signé pour recevoir la croix de la Légion-d'Hon-
ueur.
Le quatrième chef est Si-Ahmed-Kbodja-Ouid-
ben-Achour, envo.é par le cbeikh Bou-Akkaz du
Firdjioua, que son état de maindie a empêché de
venir lui-même. Megoura-Ould-Bournan-Outd-hcn-
Achour, kaid de Tclaghma, est le cinquième mem-
bre de la députation. Le dermer est Ben-Henni-
OuId-ben-Diaf, kaid des Amer-Dahara, dans la sub-
division de Sétif c'est c&que les-Arabcs appellent
un homme de grande tente.
Le fils de Mokrani, les Beu-Acbour, tous deux
neveux de Bou-Akkaz, appartiennent à la noblesse'
la plus pure et la plus ancienne de l'Algérie. Les
Mokrani ont été sultans du royaume de Bougie
dans le qua!orzième et le quinzième siècle.
La députation de la province d'Oran n'est pas
moins remairquable, mais elle a un caractère prin-
cipalement militaire. On y compte le iils du géné-
ral Mustapba-ben-Ismail, IeHlsd'E)mezari,Ben-
Mokhtar, Ben-Daoud, Bel-Hadri, tous vaiitans ca-
valiers des Douairs et des Zmelas qui combattent
dans nos rangs et pour notre cause depuis 1855.
Leur physionomie est plus accentuée et plus mar-
tiale que celle des chefs de la province de l'est,
tous sont décorés de la Légion-d'Honneur; Bel-
Hadri va recevoir la croix d'officier. Deux chefs
des Beni-Amer Abd-el-Kader-oul-Xin et Moham-
med-ben Goua, se sont volontairement joints a la
députation et sont venus a leurs frais.
La province d'Alger est représentée par le bach-
agitu Si-Tahar-ben-Matthieddin, frère du Mialifa
BeB-Mabhieddin,mort récemment. C'est une figure
douce, spirituelle, de mœurs affables et distin-
guées. Son frère passait pour un des diplomates
arabes les plus habites et les phts concilians. Après
lui vient !e bach-agha Bou-Auam-ben-Cberifa, un
des plus valeureux cavaliers arabes. H s'est soumis
à la France en i842, entre les mains du général
Changarnier, et assistait avec lui à la chaude af-
faire du t9 septembre de !a même année dans les
gorges de l'Ouarensenis; il s'y distingua les armes
à la main. C'est un bras et un cœur sur lesquels la
France peut compter.
La subdivision d'Alger a envoyé le bach-agba
Bil Kassem ou Kassy Abd-eI-Kader, parlant de lui
à Amboise, disait « C'.est une des clefs du Djurd-
jura. a D'une physionomie calme, énergique, ré-
solue, quoique très douce, Bil Kassem ou Kassy
s'est trouvé dans des circonstances très critiques
lors de la levée de boucliers de Bou-Baghla; il
s'est toujours montré à la hauteur de la mission
dont on l'avait chargé. Il appartient à la race ka-
byle.
Le marabout Sy-ben-Aly-Chérif représente la sub-
division d'Aumalc et commande dans la vallée de
l'oued Sahel supérieur. C'est un jeune homme dis-
tingué qui a déjà beaucoup souffert depuis qu'il est
soumis à la France. H a porté presque tout le poids
des troubles suscités par Bou-BaghIa, et a été pres-
que complètement ruiné. Mais sa position a ~té
rétablie après les succès remportés l'année der-
nière dans l'oued Sahel par le général Camou.
Si-Sliman-ben-Siam, hakem de Mitiana, complète
la députation de la province d'Alger. 11 appartient
à une famille de Kouiouglis des plus considérables
et compte parmi les meilleurs serviteurs de la
France.
Le Président a passé au galop devant le front
de l'infanterie, qui* l'a salué par les cris def~'e
.fVapoMo)t' puis, traversant le Champ-de-Mars de-
vant les tribunes, où ont aussi éclaté les cris de
fi'ce JVapoMoM.' il est allé passer en revue la cava-
lerie rangée a droite en colonne scr''éc, et l'artil-
lerie massée au fond du Champ-de-Mars.
Louis-Napoléon est revenu ensuite se placer
devant l'autel où il a salué le clergé qui a répondu
par des cris de ~t~'e A'apo~on
11 s'est rendu de la à la tribune présidentielle.
Le prince Président a été introduit par le comte
!Bacciochi qui, dans toute l'ordonnance de cette
fête, a été secondé par M. Feuillet de Conches,
employé supérieur du ministère des affaires étran-
gères. Le Président a pris'place sur un fauteuil
place au milieu de sa tribune, ayant a sa droite le
prince Jérôme, son oncle.
Le prince Jérôme portait pour la première fois
la médaitte créée par le prince Président. Cette
médaille lui a été envoyée hier, accompagnée
d'une lettre dans laquelle le prince Président le
priait de vouloir bien la porter à cette cérémonie.
Le prince Président a fait aussi une distribution
de la médaille aux maréchaux et aux amiraux.
Derrière les deux fauteuils se tenaient debout les
ministres, le maréchal Exelmans, le maréchal Vail-
lant, l'amiral de Mackau, LL. EEm. Mathieu, Du-
pontet Donnct, dans leur grand costume de cardi-
nal, les aides de camp et la maison militaire.
Les colonels d'infanterie sont arrivés au pied
de l'estrade, et chacun d'eux est allé recevoir suc-
cessivement des mains du Président son drapeau
et est revenu se placer au pied des gradins faisant
face a la tribune. Les colonels d'artillerie et de
cavalerie sont venus ensuite.
Les drapeaux portent les chiffres du Président,
un R et un F (république française) et le nom des
principales batailles auxquelles le régiment a as-
sisté pendant toutes nos guerres. Un aigle surmonte
chaque drapeau, il rappelle complètement les ai-
gles romaines.
A une heure moins un quart, la distribution des
aigles était terminée. Les colonels en masse et leur
drapeau à la main ont monté quelques degrés pour
se rapprocher de la tribune présidentielle. et la
Louis-Napoléon leur a adressé, d'une voix ferme
et retentissante, l'allocution suivante
«Soldats,
» L'histoire des peuples est en grande partie
l'histoire des armées. De leurs succès ou 'de
~) leurs revers dépend le sort de la civilisation et
< de la patrie. Vaincues, c'est l'invasi~n.oul'anar-
chie; victorieuses, c'est la gloire ou l'ordre.
.) Aussi les nations comme les armées portent-
cites une vénération religieuse a ces emblèmes
de l'honneur militaire, qui résument en eux
)) tout un passé de luttes et de triomphes.
L'aigle romaine, adoptée par l'empereur Na-
M poléon au commencement de ce siècle, l'ut la
)) signification la plus éclatante de la régénération
a et de la grandeur de la France. Elle disparut
)' dans nos malheurs. Elle devait revenir lorsque
') la France, relevée de ses défaites, maîtresse
d'elle-même, ne semblerait plus répudier sapt'o-
» pré gloire.
)) Soldats,
Keprenex donc ces aigles, non comme une
» menace contre les étrangers, mais comme le
a symbole de notre indépendance, comme le sou-
» venir d'une époque héroïque, comme le ~signe
de noblesse de chaque régiment.
» Reprenez ces aigles qui ont si souvent conduit
nos pères à la victoire, et jurez de mourir, s'il
» le faut, pour les défendre. »
Les colonels ont répondu par les cris de ~t'rc le
P)'Mtdc~< ~tfe A'opoMoM.' Quelques cris seulement
de t't'uc i!'cmpo'('M)'/ se sont fait entendre.
Les colonels se sont rendus ensuite au pied de
l'autel.
A un signal donné la cérémonie religieuse a
commencé. Un coup de canon a annoncé l'éléva-
tion. A ce moment, les tambours ont battu aux
champs, les trompettes ont sonné, les troupes ont
présenté les armes, les drapeaux se sont inclinés,
et tous les officiers sans commandement se sont
découverts.
L'archevêque a procédé ensuite a la bénédic-
tion des drapeaux.
Cent et un coups de canon ont retenti pendant
cette cérémonie.
Après la bénédiction des drapeaux, le prélat a
prononcé le discours suivant
H 6'atM'<
a Jer.Vt.4.
N Prince, soldats
M Le Dieu de paix, dont nous sommes les ministres,
est aussi le Dieu des armées. Voilà pourquoi notre
place, la place de la religion, est marquée dans cette
fête guerrière.
? Il y eut toujours une religion des combats. Chez le
peuple juif, c'est Dieu qui dirigeait les batailles, qui
formait les grands capitaines qui inspirait aux pro-
phètes les accens les plus belliqueux. Les Romains pla-
çaient les dieux à côté des aigles, en tête dos légions.
a Constantin remporta ses grandes victoires sous
l'étendard de la croix. Nos preux chevaliers, avant
d'aller combattre les infidèles, se faisaient armer et
bénir par l'Eglise. Je ne parle pas de ce drapeau de
l'ancienne monarchie que nos rois allaient recevoir
des mains de la religion, avant leur expédition guer-
rière, sur l'autel de Saint-Denis le souvenir en est
venu naturellement a tous les esprits.
B Chose étonnante! l'Eglise, qui prêche à tous la
paix; l'Eglise, dont la milice sainte ne sait verser que
son sang, et a même horreur du sang ennemi, l'Eglise
a toujours eu des bénédictions abondantes pour le
soldat, pour ses armes et pour ses drapeaux.
)) L'explication de ce mystère n'est pas diflicile, et
c'est tout le sens de cette grande solennité militaire
à la fois et religieuse.
)) La paix est le dessein do Dieu. C est le but vers
lequel marchent les sociétés humaines, quand elles
suivent, dans leur cours régulier, les principes de la
justice et les inspirations d'en haut. La guerre n'est
légitime qu'à la condition de conquérir et d'assurer la
paix. Les armées sont dans la main de Dieu, comme
de puissans instrumens de pacification et d'ordre pu-
blic..
a Le droit a besoin de la force pour se faire respec-
ter ici-bas mais à son tour la force a besoin du droi<
pour demeurer elle-même dans l'ordre providentiel.
La paix. est donc toujours le but, la guerre quelquefois
le mo\en moyen terrible, mais nécessaire, hélas
par l'effet des passions qui agitent le monde.
n Yoilà pourquoi Dieu l'approuve; pourquoi les pro-
phètes l'appellent sainte, sanc~M~ 6e~MM pourquoi
l'Eglise a pour el)e des paroles de bénédiction d'en-
couragement et presque d'amour; pourquoi aujour-
d'hui, comme si souvent dans le passé ,')n soldat et
le prêtre se sont rencontrés et se sont tendu la main.
;) Le soldat et le prêtre, placés l'un et l'autre sous
les lois austères de la discipline, ayant au cœur les
mêmes principes de conduite, qui sont l'amour du
devoir par-dessus toutes choses et l'esprit de dévoue-
ment jusqu'au sacrilice de sa vie, travaillent ensemble,
quoique diversement, a '.n'ocurer, par l'apaisement des
passions le triomphe de la justice dans les sociétés
humaines.
» Que de services rendus à la paix pnbhqne par
cette'gloneuse armée qui vient aujourd'hui incliner
son front devant la majesté suprême! D'en vient que
ces bruits sourds qui grondaient dans les entrailles de
la France et de l'Europe se sont tus tout a coup? Pour-
quoi ces menaces de guerre civile et d'anarchie qm
jetaient l'épouvante dans les esprits sont-eHes dés-
armées? Qui a arrêté ce travail de disse ution~ut fai-
sait de si rapides progrès ? C'est une volonté tc';meet
résolue, appuvée. d'un côté sur la volonté nattona s
qui fait son droit, et de l'autre sur une invincible .u-
mée qui t'ait sa force. i
» Et maintenant, salut, glorieux étendards, sym-:
bole de tant de victoires! Notre âme de pontite, qui.
n'est jamais restée étrangère à aucun des sentimens
du patriotisme, s'émeut en vous revoyant. La gloire en
ce moment elïace à n'es veux les anciens manieurs ùe
la patrie. Et pourtant tant de douloureux souvenirs
qui ne trouvent pas place ici ne sauraient être oublies t
» 0 prince! que la volonté d'un grand peuple a mis
à la tête de ses destinées, nous comprenons ce que ces
signes héroïques, que vous nous apportez comme tu.
plus glorieuse part de votre héritage domestique, doi-
vent dire è votre cœur.
)) Ah nous comptons sur votre sagesse elle vous
mettra a l'abri des éMouissem&ns de la gton'e. La.
France a soif de tranquUiité et d'ordre. Fatiguée de la.
licence, sans répudier la.liberté, elle veut se reposer a.
t'ombre d'un Douvoir fort et tutélaire. Continuez a ta.
conduire dans les voies pacifiques où elle est entrée~
Qu'elle puisse développer 'tous les élémens de torcees.
de prospérité cachés dans son sein fécond.
» Au-dessus des intérêts matériels, il y a les in'c-
~-<~ ,).. ~n. Tit- f-r.nt )')mf ft !p fmm' ft'nn
iOSHiUiU.UYUUj~t~. n~m,
grand peuple, sans lesquels il ne peut tarder a dech-
uer et :t se dissoudre. Soyez toujours leur défenseur.
La religion que vous aimezme vous demande pas de~
priviléges et des faveurs, elle vous demande de lu;
conserver toujours ce que l'empereur votre oncle Im
rendit dans les beaux jours de sa gloire, la liberté de
vivre et de faire le bien. Vous y gagnerez la reconnais-
sance des peuples et la seule gloire,'peut-être, qu'un
grand cœur puisse encore ambitionner aujourd hui.
» Prince, regardez moins le passé que l'avenir. Ou
peut parler de paix. quand on tient dans sa main de
si valantes armées. Vos aigles, des cimes de l'Atlas
au\ cimes des Alpes et des Pyrénées auront pour l~ur
vol sublime d'assez vastes espaces.
a La Providence vous destine a 1 edihcation d'une
œuvre grande et sainte.
M Souvenez-vous que,' pour bâtir le temple, Dieu
préféra Salomon a David. Continuez à reconstruire en
paix la société si profondément ébranlée, bâtissant
d'une main, et de l'autre tenant toujours l'épée glo-
rieuse de la France.
? Vous avez d'ailleurs compris qu'à une époque ou
toutes les institutions tendent à s'imprégner de plus
en plus de l'esprit de l'Evangile, l'édifice soeial ne
peut bien se cimenter que.dans l'amour et la.' clé-
mence.
n 0 Dieu! maure souverain de la guerre et ae ia.
paix, qui dissipez les complots, qui calmez les tem-
pêtes qui brisez, quand vous le voulez, le glaive tiré
pour le combat, ~M! coHfens 6<~«; venez bénir vous-
mêmes ces étendard!, imprimez-y des signes eclatans
de votre puissance et de votre sainteté. Qu'en les
voyant le courage s'anime, s'élève et monte jusqu'à
son céleste principe De cc~o /brf
)) r';c les rendez tcrrib'.es qu'aux ennemis du repos
pu): et à ces nations, s'il s'en trouvait encore, .ja-
fouses de notre gloire et de notre prospérité, et qui
tenteraient de les troubler, ad 6e~a roho)t. Qu'Us soient pour nos vaillans soldats une
eauvegarde et un gage assuré de la victoire, t'Monœ
ccr/6B ~~ffi'a.
a Qu'ils renferment dans leurs phs glorieux la pa
médians et qu'a leur ombre la France respire et soit,
pour le bonheur du monde, la plus grande et la plus
heureuse des nations M »
Aussitôt âpres la messe, le detile a commence ot
a eu lieu dans !'ordre suivant
1" Le général Magnan, commandant en chef, et
son état-major
2° Les députations de l'Ecole d'application de
l'artillerie et du génie et de l'Ecole Polytechnique,
l'Ecole d'application du corps d'état-major, l'Ecoie
spéciale militaire; sou~ les ordres des commandans
respectifs de ces étabiissemens
5" Le général Carrelet, commandant toutes les
troupes à pied (y compris les députations), et son
état-major;
4" La députation des invalides et les députaticns
des vétérans, commandées par le général Sauboui
5° Les députations des bataillons de chasseurs a
pied; des bataillons d'infanterie légère d'Afrique
des équipages de ligne; des compagnies de disci-
pline des bataillons de tirailleurs indigènes les
bataillons de chasseurs à pied en garnison a Paris -)
la compagnie des équipages de ligne les ouvriers s
d'administration et les iniirmiers; commandés par
le général Forey; ro
6° Les députattons des regimens d miantene (te
ligne et légère, des régimens d'infanterie de ma-
rine, des regimens de zouaves, des regimens de la
légion étrangère les brigades d'infanterie de ia
1"' division de l'armée de Paris (à raison de deux
bataMIons par régiment), sous les ordres de leurs
généraux respectifs, commandées par le générât
Martin de Bourgon
7" Les brigades de la 2'' division de l'armée de
Paris (à raison de .deux bataillons par régiment),
sous les ordres de leurs généraux respectifs, com-
mandées par le général Renault
8~ Les brigades de la 5° division de l'armée do
Paris (à raison de deux bataillons par régiment),
sous les ordres de leurs généraux respectifs com-
mandées par le général Levasseur
')" Les députations du génie, les compagnies de
l'arme, avec les tambours et la musique du f'' ré-
giment, commandées par le général de Sallcnave
i0° Les députations de la gendarmerie continen-
tale de la gendarmerie maritime; les sapem-n-
pompiers ( 1 bataillon ) la gendarmerie mobile
(2 bataillons), la garde républicaine (2 bataillons),
commandés par le général Courand
11° Les députations de l'artillerie de terre, de
l'artillerie de marine, la 5* compagnie d'ouvriers
d'artillerie, dix batteries de l'armée de Paris, avec
l'état-major et la musique du 7e régiment, la com-
pagnie du 5" escadron du train des parcs, avec
son matériel; un détachement des 5~ et 4" esca-
drons du train des équipages, avec soD matériel
commandes par le général Hubert
12° Le général de Létang, commandant toute la
cavalerie, avec ses officiers;
!5° La dépuiation de l'Ecole de cavalerie, les
députations des regimens de cavalerie, les esca-
drons de guides, commandés par le général <'e
Goyon;
14" Une division de cavalerie légère, compre-
nant deux brigades la première (4** et 7~ chas-
seurs), sous les ordres du général d'Oraison; h
seconde (I i° chasseurs, 6~ et 8~' hussards), sous les
ordres du général Daumas, commandée par le
général Le Pays de Bourjolly de Scrmaise;
!o° Une division de cavalerie de ligne, com{'t'e<
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 76.5%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 76.5%.
- Collections numériques similaires Boizot Louis Simon Boizot Louis Simon /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Boizot Louis Simon" or dc.contributor adj "Boizot Louis Simon")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k449456g/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k449456g/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k449456g/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k449456g/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k449456g
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k449456g
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k449456g/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest