Titre : La Presse
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1846-05-20
Contributeur : Girardin, Émile de (1806-1881). Directeur de publication
Contributeur : Laguerre, Georges (1858-1912). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 20 mai 1846 20 mai 1846
Description : 1846/05/20 (Numéro 3670). 1846/05/20 (Numéro 3670).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
Dixième ann~e. N" &$TO
:BEMTËH~ a,
~e~di 30 mai 1 â4~
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)es Directeur!) de* Poste! et anx bnr.de.'i Measag. RoyaieaetCainard.J~
A ~MfmAXtiEm ttg ~<M<
~ema.yne, Alexandre, è Strasb&nrg. ~pa~e, Mpnnier.H~
braire, carrera San Geronimo,'etB~t,,ea!)e detesCerreta~n~S.–
fM/fe, sans aucnn frais, ehM Mer)e, tibraire de ta cuqj, a Rome.–
~ar~M€t~'<~n
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étrea~reKéesàtt.BOtY~administratenrdetafre~e.
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TAteEDEURf *CTto~;Tou tes sans exception doiventêtreaffraneMes.
A~CJES.
Pour toutes !cs imerttons ~j/M~, 6'nareMer de )0 heures du matia
jusqu'à 4.heurcs, à ta Sf)f)!'e
8, 8.ptace~etm~!onMe
Toute insertion eet soumise au consentement prea!at!e du g8-
l'ant,quià]efh'0!tdT;I~refuscr. ?' p-
i €MTMiO?SS ME ~'ANéx~ETHEXT t
Un an. Six mon. TfOMtnot~. unmo~t
Pari! <0tr. Mfr. Hfr. f)fr.
Mpartement. M 96 .M) Etnicger;72 '39 Mi.. 7
Les abonnement datent des )"jet)5,de<'Miae mots.. j.
!<~M~
Ladiscussion générale sur le budget a ëtë fer-
mée anjonrd'hni, après trois ou quatre discours ou
l'on a parléun peudetouteschoses, etdequelquesau-
tres encore. Sur ces discours, mêles d'ivraie et de bon
grain, d'idées justes et d'idées fausses, il y aurait
beaucoup à dire, si on voulait les suivre pas à pas.
Maïs les orateurs qui les ont prononcés n occupent
pas dans la chambre une position assez élevée,
n'exercent pas assez (l'autorité, pour qu'il y ait lieu
d'attachcrcëtteimportance à leurs paroles. Con-
tentons-nous de quelques courtes observations.
M.Chapuysde MontlaviMes'est principalement
occupé du sort des classes laborieuses, des mesures
propres à ame!iorerleur condition matérielle et mo-
rale. En cela, ila obéi aun sentiment louable. Oui, Y>
l'avenir destravaillcurs mérite d'occuperunc grande
place dans les soIHcitudes des pouvoirs publics. Il
faut leur faci nterles moyens de développer à la fois
leur intelligence et leur bien-être, de parvenir a
l'aisance par le travait, cette voie ouverte à tous é-
galement, mais qui a sesdiuicultésetsesécucils
que tous n'évitent pas avec le même bonheur.
M. Ghapuys de Montlavilte a essayé d'indiquer ces
moyens. Nous estimons toutefois qu'on fera bien de
chercher encore après lui, car ceux qu'il.propo-
se sont loin de résoudre le problème. Il vou-
drait, par exemple, que le gouvernement, dans les
grands travaux pubhcs qu'il adjuge, forç&tles maî-
tres ou capitalistes a. s'associer avec leurs ouvriers.
Mais quandces maints, eTcît~pa~t'ardeHr' de id
concurrence, ne deviennent adjudicataires qu'à
force de rabais et finissent par se ruiner, ce qui
n'est pas rare, qu'advieudrait-il de ces ouvriers as-
sociés ainsi à toutes leurs chances ? N'aurait-il pas
mieux valu cent fois qu'ils eussent reçu régulière-
ment', pendant le cours de leurs travaux, leur sa-
laire de chaque jour, sans courir les hasards
d'une spéculation malheureuse ? De même, à pro-
pos de la grève des mineurs de Saint-Etienné, M.
Chapuys de MontlaviMc a émis le vœu que le gou-
vernement /orpH~ les exploitons à donner aux ou-
vriers le choix entre un prixûxcpour la journée et
un prix moindre avec participation aux béuénces.
En pareille matière, il n'y a rien de pire que la
contrainte, Ce que le gouvernement a de mieux à
faire, c'est délaisser la question des salaires se dé-
battre et se :rég!er librement, de gré à gré, d'un
commun accord entre l'ouvrier et le maître. Sous
-prétexte d'affranchir celui-là, il ne faut pas oppri-
mer celui-ci. Autrement, on ne fait pas cesser
l'antagonisme qui, trop souvent, divise leurs in-
térêts/
Le moyen imaginé par M. de MontlaviIIe n'est
donc pas un remède. C'est un autre genre de ma!,
voilà tout! Hy a évidemment quelque chose ~de
mieux a concevoir, et puisqu'on a cité les ouvriers
~mineurs de Saint-Etienné, nous dirons que nous
avons entendu parler d'une combinaison adoptée
par la compagnie des mines de la Loire, qui nous
parait beaucoup plus sage et beaucoup plusem*
cace. Nous aurons occasion de nous en occuper. >
M.Garnier-Pagès a vivement critique notre si-
tuation unancicre. ïl a comparé le budget actuel
au budget d'il y a vingt, ans, et eu a tiré cette con-
séquence (pic, dépensant beaucoup plus aujour-
d'hui qu'alors, nous sommes, nécessairement de mau-
vais gardiens de la fortune publique. C'est là un
raisonnement peu sérieux. On ne saurait trop le
redire la mauvaise administration consiste, non
pas à dépenser beaucoup, mais a dépenser mal. Or,
ce n'est pas dépenser mal que de créer sur tout le
territoire d'immenses travaux destinés à viviner le
commerce et l'industrie dans foutes leurs ramifica-
tions. Sous ce rapport, les reproches de M. &ar-
nier-Pagès portent complètement à faux, et M.'le
ministre des finances a eu facilement raison contre
lui. Il y a d'ailleurs une autre cause à l'augmenta-
tion des dépenses qu'on signale depuis t830 c'est
l'Algérie, l'Algérie qui a déjà dévoré plus d'un
milliard, et qui en dévorera bien d'autres si Fon
ne se décidepas à changer de système!
-11 est un point, par exemple, sur lequel nous
sommes pleinement d'accord avec M. Garnier-Pa-
gès c'est lorsqu'il signale le chinre extravagant de
l'eSectif militaire qu'on s'obstine à maintenir en
temps de paix. Il fut un temps où la commission
du budget, ayant M. Bignou pour organe, insistait
vivement sur la nécessite de réduire cet eifectif, et
d'appliquer à des emplois plus productifs une por-
tion des sommes énormes qu'il absorbe. Cette an-
née, la commission, ayant toujours le même M. Bi-
FeMÊMe~BB de Ma PM~E
j)u20MAtt846.
TT~ 'R~HT~ TM~fP~C ~)
L&~ mRJM iHNUuij~~
IL
La place qui s'étend devant la vieille église de
Saint-Germain-des-Prés était complètement déserte.
Un reste do brouiDard qui se résolvait en p!uie Sno
-avait chasse les rares passans qui traversent cet en-
droit presque so]itaire. Les yeux des maisons com-
mençaient à peine à s'ouvrir, et, sans une citadine
~ux Stores baisses qui stationnait à quelque distance
du portail, on eût pu se croire dans une viHe morte.
Une femme emmaitiotéo d'une pelisse do couleur
Sombre qui ne permettait pas de distinguer ses for-
mes, coiSee d'un chapeau noir garni d'un voUe très
épais derrière leque! il était impossible de deviner
ses traits, sortit de FcgUse après avoir légèrement
emeuredubout de son gant le goupiiton que luiton-
dait le donneur d'eau bénite; mais, soit qu'il lui eût
faiïu pour so signer rotever son voile, soit qu'eHe ne
<ût pas d'une piété bien fervculo, ol!o secoua la gou-
te!ftto suspendue à son doigt et se dirigea vers la ci-
tadine, dont le cocher abaissa le marche-pied avec
plus d'adresse et de vivacité que n'en mettent habi-
tuellement ces honnêtes automedons.
S'il se fût trouvé !à un observateur, il eût remar-
qué un pied à cambrure aristocratique, des chevilles
mignonnes moulées dans un brodequin irréprocha-
ble et l'Idée de quelque entrevue mystérieuse, de
quoique rendez-vous à l'espagnole lui fùt immédiate
ment venue à l'esprit, corroborée par la mise de l'in-
connue, qui pouvait passer pour un déguisement;
car, bien qu'elles n'aient pas la ressource du loup
de vetours, de la mantille et de la baûto, les femmes
de Paris qui ne veulent pas être reconnues ont in-
vente à l'usage do la ville un domino aussi impéné-
trable que celui de l'Opéra.
g(t)YoirlafrMMd't)[cr,j
~gaoB~our organe, abandonne son opinion, et cela
r p!tr ta ndson assM cmieose que le ministre de !a
guerre per~e dansie refus qui a toujours été op-
pose~ jusqu'ici à cette demande si raisonnable!
Comme si l'opposition des ministres dispen-
sait les députes de conserver leurs convictions
et de chercher à les faire prévaloir Les cham-
bres en sont-elles donc réduites à ne plus voter
que ce qui plait aux ministres? Est-ce en capitu-
lant sans combat qu'on les forcera à céder? Cet
argument de l'honorable rapporteur, soit dit
tci en passant, se ressent singulièrement do la
mollesse qui règne dans tout son travaH. Ce travail
est long, démesurément long; mais les vues fermes
et élevées n'y brillent que par leur absence. On y
discute avec une gravité magistrale sur des vétilles
sans importance;ons'y donne un mal innnipour
uarder quelque milie francs sur un total deMM
mt~tarc! ~Ma(reccn< cM!ÇMaKfe mt~tp~, et c'est poiar
arriver à un tel résultat qu'on écrit un n!'yMar monstrueux deFranchement, ce n'est guère la peine. Nous aime-
rions mieux, quanta nous, moins de papier noirci
et un peu plus de ligueur dans les idées.
La discussion de& articles commencera demain.
Apres avoir entendu quelques rap ports de péti-
tions dont denx réclamant l'augmentation du trai-
tement des desservans des communes, but été ren-
voyées au ministre de la justice, la chambre des
pairs a repris la discussion du projet de loi relatif
àl'empruntgrec.
Un discours de M. le comte Pelet (de la Lozère),
quiattribue Iesdispositions]nalveiHàntes&mtî'An-'
gleterre fait en quelque sorte parade depuis quel-
que temps à régard delà Grcce, à la jalousie que lui
inspire le rétablissement de notre influence dans
ce pays, a attire M. Guizot à la tribune. M. le mi-
nistre a déclare qu'il déplorait autant que person-
ne, dans l'intérêt de la Grèce, le dissentiment qui
existe depuis l'avènement du ministère Coletti entre
les deux cabinets anglais et français dans cette
question, mais, a-t il ajouté, il ne dépend pas du
gouvernement de le faire cesser; c'est là un résul-
tat qu'on ne doit attendre que du temps; c'est à tort
qu'on suppose le gouvernement anglais anime de
mauvais vouloir à l'égard de la Grèce, ou de jalou-
sie envers la France. La vérité est que le gouver-
nement anglais ne croit pas à là prospérité possi-
ble de la Grèce sous son administration actuelle
de là son indiuerence. Quand il y croira comme
nous ycroyons, et cetera prochainement, sacon-
duite nediuereràplusdelanôtre.
Telle est l'opinion de M. le ministre des affaires
étrangères. Reste à savoir si les faits répondront à
_scs espérances..
Après ces explications, le projet de loi a été a-
dopté à la majorité de 125 voix contre 4.
La chambre a ensuite adop'é le projet de loi re-
latif à la rectincatiôn de routes royales et deux
projets de loi d'intérêt local. Elle a de plus mis à
l'ordre du jour, sur la demande de M. le comte de
Montalembert, le rapport d'une pétition que le
comité.avait cru pouvoir écarter, de s~ propre
autorité.
Mgr Murad, archevêque de Laodicée et représen-
tant des Maronites près du saint-siége, vient d'ar-
river à Paris. La présence de ce prélat, qui déjà
plusieurs fois est venu implorer une protection
plus efficace de la~art de la France en faveur des
Maronites, ajoutera un nouvel intérêt à la discus-
sion sur les affaires de là Syrie, qui, si nous som-
mes bien informés, seront portées prochainement
à la tribune par M. d& Lamartine.
Dans notre numéro d'hier, nous savons annoncé
que M. le ministre des aSaires étrangères venait
de déposer aux archives de la chambre plusieurs
pièces diplomatiques relatives à la question sy-
rienne.
Le CoH~Mpar quelques nëgocians et armateurs de Cette, de
Marseille et du Havre, qui demandent qu'on fasse
cesser dans la Plata un état de choses qui leur cau-
se les plus graves préjudices. Le CmMtt(Mraison d'ouvrir ses colonnes aux pétitionnaires dont
nous parlons, il leur doit bien ce dédommagement
pour la part, la très grande part qui lui revient
dans la politique désastreuse dont se plaignent
tous les ports de mer. Il est prouvé aujourd'hui
que si le gouvernement français n'eût pas permis à
ses agens de prendre parti dans une guerre civile
où nous n'avions qu'à perdre sous tous les rap-
Eh bien! malgré sa Snesse, cet observateur se se-
rait trompé. H eût pu faire le tour des nefs humides,
le long desquelles moisissent quelques tableaux dans
le goût strapasse du dernier siècle, pénétrer jusque
dans la chapelle de là Vierge déshonorée f~anreuscs
grisailles, fouiller le chœur assombri par les écha-
faudages placés pour les peintures de Flandrin, re-
garder derrière les colonnes corinthiennes de bois
sculpté qui soutiennent le buuct de l'orgue et jettent
des ombres si propices au mystère,–il n'eût décou-
vert aucun prétexte pour supposer une intrigue de
roman.
Une ou deux vieilles femmes marmottaient des
prières, chacune devant son autel de prédilection, et
un vieillard coiffé d'un bonnet de soie noire baiayait
la nef et rangeait les chaises dont les pieds tracassés
faisaient un bruit répète longuement par la sonorité
vide dé l'église.
L'esprit lo plus sceptique n'eût pu soupçonner ce
bnnhommo d'être un prince déguisé c'était bien un
balayeur d'une authenticité incontestablo,et d'ail-
leurs connu dans le quartier depuis quarante ans.
L'objection qu'il existe une autre porte,–et même
d'un assez joli style renaissance, qui donne sur
une autre rue, n'aurait eu aucune valeur, car depuis
plus d'une heure personne n'avait passé par là.
Malgré toute l'envie possible de croire qu'on te-
nait le bout du fil d'un do ces imbroglios que la cu-
riosité aime tant à démêler, il eut fallu se résigner à
-ce fait tout simple et peu romanesque que la dame
inconnue n'avait d'autre but que do faire sa prière
on dépit du manteau sac, du voile et de la citadine
.aux stores baissés. En ce siècle d'incrédulité, tout le
monde n'a pas le courage d'être pieux ouvertement,
et beaucoup de gens se masquent pour aller a l'é-
~'se.
Au moment où la citadine sa mettait en mouve-
ment, parut au coin de larue de l'Abbaye unejpune
fille accompagnée d'une gouvernante âgée et d'une
physionomie respectable, qui tenait ouvert au-dessus
de la tête de son élève, un parapluie de forme pa-
triarcale..
La mise de la jeune fille, quoique d'une simplicité
presque puritaine, faisait voir par la finesse des é-
toffes et le soin des détails qu'elle appartenait aux
classes aisées de la société. Sa figure fraîche et colo-
rée annonçait une vie calme comme le quartier. On
ne Usait ~pas autour de ses yeux b~eus la fatigue des
ports, depuis huit ans a~:n:Q'ns la paix serait réta-
Mie~r'~sdenx rives d~i.f\
Vraiment, il faut une singulière assurance podr
se faire l'avocat ~u commerce quand~ depuis trois
ans, on n'a cesse de pousser à la guerre qui l'a rui-
né, et qu'aujourd'hui même on demande un redou-
blement d'hostilités, qui lui donnerait le coup de
grâce..
C'est maintenant qu'on peut voir si nous ayons
eu raison de protester sans cesse contre l'entraîne-
ment de l'opinion publique, égarée par la presse
anglaise, complice intéressée des spéculateurs et
des usuriers demande aux négocians dont il publie les pétitions
le nombre de vaisseaux qui se sont présentés à
Buénos-Ayres, et qui ont été obligés de revenir au
port d'armepient avec le chargement, qu'ils y a-
vaientpris; qu'il calcule les pertes de tout genr~
qui sont résuKées d'un pareil voyagcfait en pui'é
perte, et pendant lequel les marchandises~pnt res-
tées plus d'un anjt bord. et qu'il nous dise s'il
peut, en conscience, se féliciter d'avoir provoqué
notre intervention!
Entre nos divers ports et Buénos-Ayres, il y avait
annuellement, soit par pavillon national, soit par
pavillon t~ers, un mouvement de près de deux
cents voyages. Voila ce que nôtre navigation et
notre commerce ont perdu à l'application de la
politique conquérante de M. Thiers. st bien com-
prise et si bien appliquée par M. benaudis, qui,
soit dit en passant, paraît se préoccuper beaucoup
plus des éloges de l'opposition que de l'approba-
tion du gouvernement. )
~Quscctmpreno~~ et noi~'s ap-
prouvons que les arnSteurs et lès négdcians qui
.font le commerce d'exportation adressent aux
chambres des pétitions contre notre impolitique
et désastreuse intervention dans les aNaires de la
PIata. Ce que nous comprenons beaucoup moins,
c'est que ceux-là se fassent une arme de ces péti-
tions, qui ont provoqué et approuvé le blocus de
Buénos-Ayres, et qui sont, par conséquent, les au-
teurs de tout le mal. Nous ne leur permettrons pas
d'intervertir les rôles.
D'après des nouvelles reçues de Londres, le chif-
fre de 93 voix obtenu par le ministère en faveur du
biU des céréales dans lâchambre descommunes,
ne suuiraitpas pour assurer le succès de ce bill
dans la chambre des lords. Lord Siauley se serait
décide à accepter la mission de former un cabinet
dans ]e cas où la majorité de la pairie voterait
contre la mesure, et cette circonstance aurait beau-
coup enhardi la chambre haute. L'événement nous
apprendra bientôt ce qu'il y a de fonde dans ces
bruits..
H paraît que le CaMoHMc a apporte en An-
gleterre de nouvelles propositions pour l'ar-
rangement de la question de l'Orëgon sur la base
d'un partage du territoire au 49'' degré de latitude,
les deux parties conservant en outre !a libre navi-
gation dela-rMièreCoî&mlMa. Ce serait là un ar-
rangement ëqBitable sous tous les rapports, ,~t
nous~pensons qu'il sera adopte jies.deuxparts.
La Caxe~e d*MM&oMr~ annonce, que l'empereur
de Russie raccorde, à MM; Brpchers, Garces et
Aroquin, omciers supérieurs envoyés par le gou-
vernement espagnol pour étudier la stratégie des
puissances étrangères, la permission de visser la
Russie et d'y examiner tous les étahlissemens mi-
litaires. Ce l'ait, dit la feutlle a~emande, joint au
prochain voyage du grand duc Constantin a Cadix,
prouve que la cour de Saint-Pétersbourg revient à
des sentimens plus amicaux envers le gouverne-
ment de Madrid.
Le congrès central d'agriculture s'est occupé,
dans sa séance de ce jour, de l'importante ques-
tion du dëfrichemeal et du reboisement des mon-
tagnes. M. de Ladoucette, membre de la chambre
des députés, rapporteur de la commission, a vive-
ment insiste pour que le congrès omît le vœu que
l'administration se montrât plus rigoureuse dans
les autorisations qu'elle accorde. Les conclusions
du rappo.rt ont été combattues avec succès par
M. le marquis de Vogue. Un amendement avait été
proposé pour que toutes les demandes d'autorisa-
tion fussent renvoyées au çonseil-d~état, et qu'il fut
statué par ordonnance royale. Cet amendement,
combattu par M. le comte de Gasparin, M. de
Tracy et M. Henri Pellault, a été repoussé à une
grande majorité.
bals, des spectacles et des soirées, écrite enpenom-~
bres violettes. Ses cheveux blonds tournes en boule
et arrêtés au coin de ses lampes, car il était trop ma-
tin pour qu'elle fut déjà coiETée, permettaient d'ap-
précier les lignes pures de ses joues que veloutait
le duvet do la virginité. Son air modeste et recueilli,
ses yeux baissés sans aSectation, indiquaient une
jeunepersonno pieuse qui se rendàj'églisepour
commencer saintement une journée innocente.
Le petit Sacre à stores baissés passa si près de la
jeune fille et de sa gouvernante, qu'elles furent for-
cées de se ranger contre le mur. Une légère rougeur,
probablement due à l'émotion, car la roue Pavait
presque frolée, colora le front blanc deCa)ixtc,et elle
continua sa route vers Saint-Germain-des-Prés d'un
pas plus vif.
Calixte etsa gouvernante entrèrent dans l'église,
et remontèrent la nef jusqu'à ce qu'elles fussent ar-
rivées à la chaire. C'était là que se trouvait la chaise
do Calixte, dont les initiales étaient marquées en
clous de cuh're sur le dossier.–Un petit conrea-
dapté en dessous contenait !e Paroissien, FEucologe
et les livres de piété à l'usage de la jeune CHe.
Elle s'agenouiUa après avoir tiré un des livres de
la bo!!e, et se mit à prier en .apparence avec ferveur.
Cependant, malgré toute la bonne opinion que doit
inspirer une jeune ûHe qui se rend do si bonne heu-
re à l'église, accompagnée de la plus respectable des
gouvernantes, il faut dire qu'un papier plié ayant
toutes les apparences d'un billet dnux se trouvait in-
tercalé entre les feuUle.s du saint livre! Calixtene
sembla pas le m )ins du monde indignée de cette dé-
couverte, et glissa avec asscf de dextérité le billet
entre son gant et sa main.
Autre remarque bien faite pour surprendre si
quelqu'un des convives qui avaient si joyeusement
employé la nuit aux Frères-Provençaux eût pu, par
un hasard invraisembte, se trouver à cette heure ma-
tinale dans cette vieiilo égiise, au fond du faubourg
Saint-Germain, il eùt été frappé de 1 étrange ressem-
blance des traits de Calixto avec ceux du médaillon
volé par Aminé à Henri Dalberg.
C'étaient bien les mêmes cheveux blonds, le même
regard bleu, le mémo sourire doucement épanoui.
Mais comment le portrait d'une jeune Clle si dévote
reposait-il sur le cœur d'un jeune éccrvelé, où l'a-
vait été chercher la main impure d'une courtisane?
La messe achevée, Calixte retourna chez elle d'un
pas dont elle avait peine à modérer l'impaticNce, et
L'assemblée était plas nombreuse qu'hier. Près
de qitfttcccents.ctëîégtiésy assistaient.
~~<:
C~NaB!'r0 dos PaiF~
Séance du 19 mai.–Présidence de M. BAR'rHE.viec-
président.
sOMHAtftE–Rapport Je pétitions. MM. de.Taseher et de Cordouo.–
Suite de ]a discussion du projet de toi sur t'emprun' grec MM.
P.etet (de ta Lozère) et Guimt. Scrutin.– Projet de toi relatif A ta
reetiucatien des routes royatca. M. Peiet (de ta Lozère). Scrutin.
–Présentation d'un projet de toi.–Demande de M. de Montatem-
bert, afin de mise à l'ordre du jour d'une pêtitioa. M. de Tascher.
Vote do'.projets de toi d'intérêt toca).
l/ordre du jour appeiie te rapport du comité des péti-
tions.
M. LE COMTE DE TASc~Ett, rapporteur Le sieur Fay,
a Paris, propose des mesures dénature à prévenir les.abus
trop freqùensquirésuftent des vofs d'enfans et des enter-
remehsdè personnes vivantes. "–Renvoi au ministre de
l'intérieur.
Les désservans du diocèse d'Amiens appellent l'attention
de la chambre sur i'insumsance du traitement aifoùéaux
désservans. et sur ta néccssitéd'y pourvoir, si ce n'est par
une mesure générale, au moins :en votant uue augmenta-
tion en faveur desdcsservans qui comptent ieptus d'an-
nées de service et qui ne touchent aucune pension." 4
"Pfùsicurs curés dcsscrvansdes environs de Parîs.solfi-
citcnt de nouveau l'intervention de la chambre, a l'effet de
provoquer .une mesure législative qui élèverait à t ,200 fr.
te traitement des désservans dans les départemens de )a
Seine, de Seine-et-Oisc et dc-Seine-et'Marne, où;la vie est
plus chère et où les ressources du casuel sont presque
nulles.
Le comité propose le renvoi de ces deux pétitions h M.
legarde-dcs-sceaux.
M.LE MARQCts DE CORDOCË appuie ces conclusions. 11
s'étonne que le ministère ne prenne pas un parti sur cet
objet, après que la chambre des .pairs lui a déjà renvoyé
quatre ou :cmq pétitions scmb)ab!cs. On a augmenté )e
traitement des juges-dc-paix, des instituteurs primaires,
pourquoi ne passonger aussi aux desservans qm sottt-for-<
ces de tendre ta main aux maires etaux membres des con-
seils municipaux.
Lcd')ub)erenvoiestordonné..
La suite de l'ordre du jour appolle )a continuation de la
discussion du projet de loi retatii'a l'emprunt grec.
M. LE COMTE PELET (delà Lozère)appelie l'attention de
la chambre sur le dissentiment qui a éclaté récemmeut ré-
lativement a ta question grecque entre tes cabinets de Lon-
dres et des Tuileries. I) trace l'historique de l'emprunt et
constate .que les. grandes puissances avaient marché tou-
jours d'accord jusqu'en t8')ï. Qu'est-it arrivé a cette époque?
rendaut.lës deux années qui avaient précédé, la'Grèce é-
tait parvenue a servir elte-mé'ne les intérêts do son cm-:
prunt. Eu. t843, elte ne put faire le même service, et en
même temps un changement eut iieu dans ia forme consti–
tutibnnciiede_son gouvernement; le ministre Coletti arriva
aux affaire: Ainsi deux. événemens simultanés, cessation du
service de l'emprunt sur la Grèce, révolution dans ia Cons-
titution, et dès ce moment désaccord complet entre les gou-
vernemens anglais et français. Voila ia marche des choses.
Tout.ie 'monde a lu les notes blessantes adressées par le
gouvernement anglais au ministère grec, notes qui étaient
un peu a notre adresse.
Le dissentiment est donc grave. D'où provient-ii ? de la.
question pécuniaire? C'~st impossibië, eUe a trop peu d im-
portance. Le dissentiment est tout poiiliqtie. Il a pour mo-
tif ia jalousie qu'inspire a i.'Ang!cterre;)'mnuëncc que nous~
a donnée la révolutton ministérieite qui a eu lieu a Athè-
nes. Ces divisions sont très fâcheuses, parce qu'elles nui-
sentaux progrès de la G'ècè. ',J,
L'Angleterre, a laquelle nous avons donné tant de preu-
ves de condescendance, en montre peu pour Hous iors-
qu'elie s'irrite ainsi d'une modiucation constitutionneile,
qu'eite croit devoir être utile à notre influence. Je ne com-
prends pas du~restequ'i) y ait en Grèce un parti anglais et
un part! français il ne devrait y avoir qu'un seui parti
celui qui vent le.bonheur et le progrès de ta Grèce.
M. t.tnzof, ministre des an'aires étrangères: Je suis
d'accord avec i'honoraMe préopinant sur un ~oint. Je re-
~r&ttecommc imtesdtssemimenaqm se soHt étcvés de-
puis quelque temps entre la Fr.ance et l'Angleterre au sujet
des auaires de la Grèce; mais l'honorable préupinantest
daus l'erreur sur la cause, sur l'origine et mémo sur ia
date de ce dissentiment. A l'en croire, il aurait éclaté en
t8i3, au moment où par uue révolution le régime consti-
tutionnel a été introduit en Grèce.
Ceci est, je le répète, une erreur: c'est précisément à
cette époque que !e bon accord des deuxgouv'rnemens a
été ie plus grand dans les an'.ures de la Grèce; et cet ac-
cord a même beaucoup contribué à donner à la révolution
la consistance et la durée qui étaient dcsirabies.
L'accord:des deux gouvernemens existait non seulement
à cette époque, mais its'est maintenu longtemps après.
Quand, plus tard.l'assembiée constituante grecque s'est
réunie pour délibérer sur ia constitution qui régit actueHe-
ment la Grèce, la France etrAngieterre s*' sont également
trouvées d'accord, et leur influence s'est exercée, s'est
continuée dans le même sens, jusqu'à t'époque où le cabi-
net Mavrocordato s'est formé pour mettre en œuvre, lui le
premier, la constitution nouvellement adoptée.
La dissidence n'a donc pas l'origine que lui attribuait
l'honorable préopinant. C'est seulement quand M. Mavro-;
cordato est tombé, et qu'un nouveau cabinet, présidé par
M. Cotetti, s'est formé, qu'elle a éclaté, qu'clie a commencé
entre les deux cabinets.
Cette dissidence, l'honorable préopinant le reconnaît lui-
même, ne peut être attribuée à une véritable différence de
politique et d'intérêt, car le gouvernement anglais veut,
comme nous,)e développement, l'affermissement de la
prospérité de la Grèce et ie maintien de son gouverne-
ment, tci qu'il cstsorti de la constitution de )8<3.
.Voici ia cause du dissentiment les deux cabinets se for-
ment sur l'état de la Grèce, sur les hommes qui la gouver-
nent, et sur la manière dont il convient quetie soit gou-
vernée, des idées différentes, etcefa est uniquement le ré-
sultat desinformations qu'ifs reçoivent. La dissidence n'a
pas d'autre origine nid autre portée.
Lequel des deux gouvernemens reçoit les informations
que pouvait à peine suivre la vieille gouvernante
arrivée à la maison, elle monta droit a sa chambre.
Il régnait dans ce nid de colombe un ordre parfait,
une proprété extrême. L'ameublement, quoique con-
fortable, était d'une simplicité rigoureuse; une
étoS'e Noue unie tendait la muraille; un tapis blanc,
parsemé de bouquets, couvrait le plancher. Un lit
de pensionnaire se cachait au fond, sous ses rideaux
blancs. A des cordons de soie étaient suspendues quel-
ques gravures d'après Raphaël quelques aquarelles
représentant des Ceurs, cadeaux et souvenirs d'amies
de pension. L'une d'elles ayant pour sujet un
groupe de coquelicots et de bluets mêlés à des épis,
portait cette inscription o Fait en promenade d'a-
prés nature, et oBert a mon amie Calixie. D Mais la
signature, à moitié cachée par le cadre, ne laissait
voir que le haut de deux lettres débordant de la li-
gne et qui semblaient être un F. et un L. Etait-ce une
maladresse de l'encadreur pu une précaution pour
dissimuler un nom ~u'il ne convenait pas de faire
connaître? c'est ce qu'il serait diuicilo de résoudre.
Sur une petite étagère de palissandre, une douzai-
ne de votumcs montraient des dos à nervures et des
titres glorieux, tels que ~M Mcdt(ad'B~roM, et témoignaient d'un goût pur et d'une édu-
cation soignée.
Un magnifique piano d'Erard, seul luxe de la
chambre, et sur le pupitre duquel s'ouvrait un cahier
de musique, la sonate 13" deBeethovon, –annon-
çait aussi chez Calixte des connaissances musicales
assez avancées, en même temps qu'un métier a bro-
der tendu d'un fond de meuble presque terminéat-
tcstait que ces études d'un ordre plus élevé ne lui
faisaient pas négliger les humbles travaux de l'ai-
guille.
Calixte, après avoir donné à sa gouvernante un
ordre qui devait la tenir éloignée pour quelque temps
ferma sa porte, retira le billet de son gant et se mit
a le lire.
La lettre si mystérieusement parvenue à son a-
dresse ne produisit pas l'euct qui résulte-ordinaire-
ment de pareilles correspondances. Un nuage pa-
rut ombrer le front ordinairement si serein de Ca-
lixte ses beaux yeux se troublèrent, un mouvement
précipité souleva son sein et le papier trembla dans
sa main émue, qu'elle laissa retomber sur son genou
dans une attitude découragée.
EUe resta ainsi quelques minutes, puis relevant sa
les plus exactes, tes mieux fondées? Je sais convaincu gué
c'est !e gouvernement français, c), de s0n côtç, te gouver-
nement.
convk(i)Mt. tt'honoraMe'aréopfnant.yoit,donc qu'il n'y a
pas àë moSen dé vïdér aa~oit~fPftitP~iCC'$ttestibtl;"c'est da
pas de moyen de ïMër aujOMraTmTcette~aestM) c'est aa
tëmpsaiarésondre. h. ,.)..
Siiatranquitiitédeia Grèce s'an'ermit, 6i fa prospérité
continue à se développer sous l'administration actuciie,
j'ai trop bonne opinion du gouvernement anglais pour ne
pas croire qn'it finira par se rendre a l'évidence des faits t
mais nous ne pouvons point devancer cette expérience; it
fautqu'ciie se fasse quoique bien intentionnés que nous
soyons de part et d'autres, il faut en attendre !cs rést'a!8.
L'honoraMe préopinant parait croire que l'influence d~
gouvernement français n'a pas été assez forte en Grèce
mais ic gouvernement ang'ais est .un gouvernement sé-
rteux, sincère et convaincu it ne veut. pas s'en rapporter
aux paroiès que je lui répète en toute occasion, et ccfa .se;
comprend, ii attend les faits. Je suis convaincu qu'ii se
tromp'e ;je le regrette mais j'ai la confiance que sa pro-
pre expérience te fera entrer tôt ou tard dans une autre.
voie, dans cétieqùe nons suivons n~us-mcmc, et je crois
même.que i'expérience qui se poursuit a commence à pdr-
terd'héurét!X!fuits.
tt est vrai qu'ii y a eu en Grèce.des désordres graves, qui
retentissent encore cependant ta chambre peut voir, par
ios faits mêmes qu'eite a sous tes yeux, qu'it y a déjà, dans
les .finances de ce pays, un excédant de recettes sur ics
dépenses; Depuis plusieurs années, ceia n'était pas arrivé.
Lecabinet.actue! a opéré des réformes considérab)cs
dans tes dépenses, hotamment dans cciics de l'armée et
c'est a t'aide de ces réductions, comme ausH par l'effet du
développement déjà très marqué de ta prospérité du pavs
qu'ita obtenu cet excédant:
L'Angteferreena demandésa part; nous n'avons pas
en) devoir, nous, demander la nôtre. Nous croyons que te
cabinet de M. Co'etti gouverne mieux qu'un autre; c'est ne-
tre conviction, et, natureifement, nous imtémoignoDtt cet-
te confiance que ie gouvernement anglais, lui, ne croit pa~
pouvoir tni accorder.
Quand.t'Angtetérre verra que sa part dans l'excédant an-
nuei, iui estrégj'iièremcnt.rcmboursée quand, elle aura
été pend~nt'<}aei(~)ctemp~ témotn des bons résuftaM de
t'admin'Stratton actueiie, eiie reconnaîtra, .je t'espôre -que
ses informations étaient mafl~méE&, et que tes hommes
qm sont aujourd'hui a la tête dés affaires gouvernent
Grèce avecia confiance et rappui du roi et des chambres.
Ces hommes ont été mis à des épreuves que ieurs pré-
décesseurs n'avaient pas subies. La Grèce possède actuei-
iement un véritaMR gouvernement constitutionnel ies dis-
sentimens poiitiquës Y sont très ardens; ta lutte très vive
encore, et pour gouverner, ii faut s'appuyer sur une majo-
rité. Eh bien 'depuis deux ans ie ministre Coieui et ses
collègues ont constamment eu ia majorité dans ics cham-
bres. La présomption constitutionnelle est donc en faveur
du cabinet :actuci. Nous demandons pour iui )a sanction du
temps et de i'cxpèrienee, parce que nous nous croyons
fondes dans ia confiance que nous iui accordons, non-seu-
lement par la connaissance que nous avons des personnes.
mais encore par ics considérations ~ies épreuves par ies-
queiiesii a déjà passé depuis deux ans.
Notre conduite né peut donc être taxée ni do faiblesse,
ni de condescendance maigre de factieux dissentimens,
nous maintenons notre politique, qm es) ce))e que ieroi
de la Grèce et les chambres suivent comme nous.
Quant à l'état réei des finances de la Grèce, je me bor-
nerai à faire observer a i'honorabic préopinant qoe t'excé-
dant de recettes repond sufBsamment acequ'iivie!~ de
dire.
U est également dans l'erreur sur l'opinion qu'ii se forme
des agens financiers de ia Grèce. Les finances de ce pavs
sont administrées avec la pius complète indépendance
comme toutes les autres parties de l'administration, et ia
France n'a aucun droit d'intervenir directement et avec
autorité dansies financés de ta Grèce. Nous avonste devoir
nousavonsfe.droit de conseiiet de surveiiiance, comme
cela appartient a une puissance protectrice et intérefs~e.
Je ne descendrai pas de iatrmots sur ie discours qui a été prononcé hier par i'honora-
bio générât Fabvier, non point assurément pour entrer en
opposition avec iui sur l'histoire des grands événemcns
qui se sont accomplis en Grèce.
Personne, je né dis pas ptus que iui, mais autant que lui,
na le droit ~i'étre écouté avec déférence; quand on a dé-
fendu une si belle cause avec le nobic dévouement dont il
a donné tant de preuves éclatantes, on a toujours le droit
de dire hautement ~on opinion, et d'être écouté sérieuse-
ment et avec respect. (Marques nombreuses d'approbation.)
Je n'ai que deux observations a faire, et je ics iui soumets
a iui-même.
L'honorable générât a paru croire que, dans ies:cvcu)et-
mens qui se eont succédés eu Grèce, et surtout en ce qui
regarde l'administration des .finances de )a Grèce, l'in-
fluence étrangère aurait été la seuié cause de tout ie ma). ·
U sait trop bien ce que sont ies peuples naissans les
peupics. qui se forment à ia vie politique et constitution-
nelle, pour admettre qu'il n'y a)t pas eu do ia part des
Grecs beaucoup de fautes, d'erreurs et d~désordres qui ne
peuvent être en aucnne façon attribués ar'infhtence étran-
gère et dont ciie n'a pas profité. Je tenais a rétabtir ce fait,
parceque je pense que cest plus que jamais le moment de
dire ia vente a la Grèce.
Ma seconde observation est cciie-ci on pourrait in dui-
re, je ne'dis pas do ses intentions, mais de ses paroles
qu'ii y a eu et qu'il y a encore aujourd'hui trop d'influence
étrangère en Grèce; que ce.'te inuuence étrangère cherche
trop à peser, a intervenir dans les affaires de la Grèce ~c
repousse complètement, pour mon compte, une teile sup'
position.
Nous sommes plus convaincus que personne que c'est a
ia Grèce à se gouverner èHe-mëme, et que les hommesqui
sont aujourd'hui a la tête des affaires en sont les ptus eapa-
Mes..Aussi, loin de vouloir exercer sur eux une innuence
excessive, nous entendons seulement leur prêter cet ap-
pui morai qu'un gouvernement doit à un autre gouverne-
ment qu'il a contribué à fonder et a consolider. (De tputes
parts: Très bien! très bien!)
Ladiscussion'gènérate est fermée. Les trois articles du
projet sont suceessiTemfnt adoptés sans observation.
Le projet est ensuite adopté dans son ensemble au scru-
tin par f 25 voix contre 4. "c,
La suite de l'ordre du jour appelte ta discussion dn pro-
tête, qu'éclairait en plein la~umière, elle sembla se-
couer une idée importune et !a tranquillité reparut
sur ses traits. La conviction ébranlée un moment
rentra dans son ame, et elle se leva du fauteuil où
elle s'était jetée en disant avec un accent 00 foi pro-
fonde
–Je vainerafle mauvais auge! l,
Puis elle alluma une bougie et brûla à sa flamme
la lettre, dont elle nt disparaître les vestiges dans la
cheminée.
Quand la gouvernante rentra, elle trouva Calixte
assise à son métier et comptant les points d'une Qeur
tracée au carreau qu'elle voulait copier. Elle lui ap-
portait ce qu'eilo avait demandé.
C'est bien, ma bonne, dit CaUxte d'un ton
doux et bienveillant. Comment trouvez-vous ce
dessin ?
–Parfait'répondit la vieille femme sanssedou-
tor que Calixte venait de l'envoyer chercher assez
loin un échevau de laine dont elle n'avait que fai-
re, et qu'on eût fort surprise en lui apprenant
que la pupille qu'elfe ne quittait d'un instant a-
vait reçu, lu et brûlé un billet éminemment sus-
pect.
Quelques mots sur Calixio et son origine ne se-
raient pas déptacés ici. Calixte habitait Paris depuis
six mois seulement avec M. Desprez, son père, an-
cien notaire d'une ville de province qu'il est inutile
de désigner, et qu'il s'étonnait d'avoir quittée.
Cette ville était la ville natale d'Henri Dalberg lé-
gèrement cousin de Calixte Desprex. Là, ces deux en-
fans s'étaient connus et liés l'un a l'autre par ce fil
imperceptible do l'habitude; ils avaient vécu en-
semble dans la charmante familiarité da l'innocence;
leur parente, qu'ils s'exagéraient, expliquait la fré-
quence de leurs rapports on les avait vus si petits
l'un et l'autre que personne ne songeait qu'ils étaient
devenus grands. M. Desprez, parce qu'il avait autre-
fois fait danser Henri sur son genou, le regardait
comme un enfantsans conséquence; quanta sa SUe, el-
le lui paraissait à peine sevrée, et il t'appelait toujours
« petito,a comme lojou) où elle était revenue de nour-
rice aberration commune aux gens âgés qui, parce
qu'ils restent stationnaires, ne s'aperçoivent pas
que tout pousse autour d'eux, et demeurent tout éba-
his qu'un jour ces bambins fassent des dettes, se
battent en due!, aient des maîtresses, et demandent
à se marier. Henri était pourtant un beau jeune
homme, ayant ia tête de plus que M. Desprez, et Ca~
:BEMTËH~ a,
~e~di 30 mai 1 â4~
.f~eanx
)es Directeur!) de* Poste! et anx bnr.de.'i Measag. RoyaieaetCainard.J~
A ~MfmAXtiEm ttg ~<
~ema.yne, Alexandre, è Strasb&nrg. ~pa~e, Mpnnier.H~
braire, carrera San Geronimo,'etB~t,,ea!)e detesCerreta~n~S.–
fM/fe, sans aucnn frais, ehM Mer)e, tibraire de ta cuqj, a Rome.–
~ar~M€t~'<~n
Tontes !ea !eMre* rehtives an service des abonnemeM dotvent
étrea~reKéesàtt.BOtY~administratenrdetafre~e.
Les tettrç! relatives ata rédaction doiventêtteadressêes A~ SECMÊ- Ê-
TAteEDEURf *CTto~;Tou tes sans exception doiventêtreaffraneMes.
A~CJES.
Pour toutes !cs imerttons ~j/M~, 6'nareMer de )0 heures du matia
jusqu'à 4.heurcs, à ta Sf)f)!'e
8, 8.ptace~etm~!onMe
Toute insertion eet soumise au consentement prea!at!e du g8-
l'ant,quià]efh'0!tdT;I~refuscr. ?' p-
i €MTMiO?SS ME ~'ANéx~ETHEXT t
Un an. Six mon. TfOMtnot~. unmo~t
Pari! <0tr. Mfr. Hfr. f)fr.
Mpartement. M 96 .M) Etnicger;72 '39 Mi.. 7
Les abonnement datent des )"jet)5,de<'Miae mots.. j.
!<~M~
Ladiscussion générale sur le budget a ëtë fer-
mée anjonrd'hni, après trois ou quatre discours ou
l'on a parléun peudetouteschoses, etdequelquesau-
tres encore. Sur ces discours, mêles d'ivraie et de bon
grain, d'idées justes et d'idées fausses, il y aurait
beaucoup à dire, si on voulait les suivre pas à pas.
Maïs les orateurs qui les ont prononcés n occupent
pas dans la chambre une position assez élevée,
n'exercent pas assez (l'autorité, pour qu'il y ait lieu
d'attachcrcëtteimportance à leurs paroles. Con-
tentons-nous de quelques courtes observations.
M.Chapuysde MontlaviMes'est principalement
occupé du sort des classes laborieuses, des mesures
propres à ame!iorerleur condition matérielle et mo-
rale. En cela, ila obéi aun sentiment louable. Oui, Y>
l'avenir destravaillcurs mérite d'occuperunc grande
place dans les soIHcitudes des pouvoirs publics. Il
faut leur faci nterles moyens de développer à la fois
leur intelligence et leur bien-être, de parvenir a
l'aisance par le travait, cette voie ouverte à tous é-
galement, mais qui a sesdiuicultésetsesécucils
que tous n'évitent pas avec le même bonheur.
M. Ghapuys de Montlavilte a essayé d'indiquer ces
moyens. Nous estimons toutefois qu'on fera bien de
chercher encore après lui, car ceux qu'il.propo-
se sont loin de résoudre le problème. Il vou-
drait, par exemple, que le gouvernement, dans les
grands travaux pubhcs qu'il adjuge, forç&tles maî-
tres ou capitalistes a. s'associer avec leurs ouvriers.
Mais quandces maints, eTcît~pa~t'ardeHr' de id
concurrence, ne deviennent adjudicataires qu'à
force de rabais et finissent par se ruiner, ce qui
n'est pas rare, qu'advieudrait-il de ces ouvriers as-
sociés ainsi à toutes leurs chances ? N'aurait-il pas
mieux valu cent fois qu'ils eussent reçu régulière-
ment', pendant le cours de leurs travaux, leur sa-
laire de chaque jour, sans courir les hasards
d'une spéculation malheureuse ? De même, à pro-
pos de la grève des mineurs de Saint-Etienné, M.
Chapuys de MontlaviMc a émis le vœu que le gou-
vernement /orpH~ les exploitons à donner aux ou-
vriers le choix entre un prixûxcpour la journée et
un prix moindre avec participation aux béuénces.
En pareille matière, il n'y a rien de pire que la
contrainte, Ce que le gouvernement a de mieux à
faire, c'est délaisser la question des salaires se dé-
battre et se :rég!er librement, de gré à gré, d'un
commun accord entre l'ouvrier et le maître. Sous
-prétexte d'affranchir celui-là, il ne faut pas oppri-
mer celui-ci. Autrement, on ne fait pas cesser
l'antagonisme qui, trop souvent, divise leurs in-
térêts/
Le moyen imaginé par M. de MontlaviIIe n'est
donc pas un remède. C'est un autre genre de ma!,
voilà tout! Hy a évidemment quelque chose ~de
mieux a concevoir, et puisqu'on a cité les ouvriers
~mineurs de Saint-Etienné, nous dirons que nous
avons entendu parler d'une combinaison adoptée
par la compagnie des mines de la Loire, qui nous
parait beaucoup plus sage et beaucoup plusem*
cace. Nous aurons occasion de nous en occuper. >
M.Garnier-Pagès a vivement critique notre si-
tuation unancicre. ïl a comparé le budget actuel
au budget d'il y a vingt, ans, et eu a tiré cette con-
séquence (pic, dépensant beaucoup plus aujour-
d'hui qu'alors, nous sommes, nécessairement de mau-
vais gardiens de la fortune publique. C'est là un
raisonnement peu sérieux. On ne saurait trop le
redire la mauvaise administration consiste, non
pas à dépenser beaucoup, mais a dépenser mal. Or,
ce n'est pas dépenser mal que de créer sur tout le
territoire d'immenses travaux destinés à viviner le
commerce et l'industrie dans foutes leurs ramifica-
tions. Sous ce rapport, les reproches de M. &ar-
nier-Pagès portent complètement à faux, et M.'le
ministre des finances a eu facilement raison contre
lui. Il y a d'ailleurs une autre cause à l'augmenta-
tion des dépenses qu'on signale depuis t830 c'est
l'Algérie, l'Algérie qui a déjà dévoré plus d'un
milliard, et qui en dévorera bien d'autres si Fon
ne se décidepas à changer de système!
-11 est un point, par exemple, sur lequel nous
sommes pleinement d'accord avec M. Garnier-Pa-
gès c'est lorsqu'il signale le chinre extravagant de
l'eSectif militaire qu'on s'obstine à maintenir en
temps de paix. Il fut un temps où la commission
du budget, ayant M. Bignou pour organe, insistait
vivement sur la nécessite de réduire cet eifectif, et
d'appliquer à des emplois plus productifs une por-
tion des sommes énormes qu'il absorbe. Cette an-
née, la commission, ayant toujours le même M. Bi-
FeMÊMe~BB de Ma PM~E
j)u20MAtt846.
TT~ 'R~HT~ TM~fP~C ~)
L&~ mRJM iHNUuij~~
IL
La place qui s'étend devant la vieille église de
Saint-Germain-des-Prés était complètement déserte.
Un reste do brouiDard qui se résolvait en p!uie Sno
-avait chasse les rares passans qui traversent cet en-
droit presque so]itaire. Les yeux des maisons com-
mençaient à peine à s'ouvrir, et, sans une citadine
~ux Stores baisses qui stationnait à quelque distance
du portail, on eût pu se croire dans une viHe morte.
Une femme emmaitiotéo d'une pelisse do couleur
Sombre qui ne permettait pas de distinguer ses for-
mes, coiSee d'un chapeau noir garni d'un voUe très
épais derrière leque! il était impossible de deviner
ses traits, sortit de FcgUse après avoir légèrement
emeuredubout de son gant le goupiiton que luiton-
dait le donneur d'eau bénite; mais, soit qu'il lui eût
faiïu pour so signer rotever son voile, soit qu'eHe ne
<ût pas d'une piété bien fervculo, ol!o secoua la gou-
te!ftto suspendue à son doigt et se dirigea vers la ci-
tadine, dont le cocher abaissa le marche-pied avec
plus d'adresse et de vivacité que n'en mettent habi-
tuellement ces honnêtes automedons.
S'il se fût trouvé !à un observateur, il eût remar-
qué un pied à cambrure aristocratique, des chevilles
mignonnes moulées dans un brodequin irréprocha-
ble et l'Idée de quelque entrevue mystérieuse, de
quoique rendez-vous à l'espagnole lui fùt immédiate
ment venue à l'esprit, corroborée par la mise de l'in-
connue, qui pouvait passer pour un déguisement;
car, bien qu'elles n'aient pas la ressource du loup
de vetours, de la mantille et de la baûto, les femmes
de Paris qui ne veulent pas être reconnues ont in-
vente à l'usage do la ville un domino aussi impéné-
trable que celui de l'Opéra.
g(t)YoirlafrMMd't)[cr,j
~gaoB~our organe, abandonne son opinion, et cela
r p!tr ta ndson assM cmieose que le ministre de !a
guerre per~e dansie refus qui a toujours été op-
pose~ jusqu'ici à cette demande si raisonnable!
Comme si l'opposition des ministres dispen-
sait les députes de conserver leurs convictions
et de chercher à les faire prévaloir Les cham-
bres en sont-elles donc réduites à ne plus voter
que ce qui plait aux ministres? Est-ce en capitu-
lant sans combat qu'on les forcera à céder? Cet
argument de l'honorable rapporteur, soit dit
tci en passant, se ressent singulièrement do la
mollesse qui règne dans tout son travaH. Ce travail
est long, démesurément long; mais les vues fermes
et élevées n'y brillent que par leur absence. On y
discute avec une gravité magistrale sur des vétilles
sans importance;ons'y donne un mal innnipour
uarder quelque milie francs sur un total deMM
mt~tarc! ~Ma(reccn< cM!ÇMaKfe mt~tp~, et c'est poiar
arriver à un tel résultat qu'on écrit un n!'yMar
rions mieux, quanta nous, moins de papier noirci
et un peu plus de ligueur dans les idées.
La discussion de& articles commencera demain.
Apres avoir entendu quelques rap ports de péti-
tions dont denx réclamant l'augmentation du trai-
tement des desservans des communes, but été ren-
voyées au ministre de la justice, la chambre des
pairs a repris la discussion du projet de loi relatif
àl'empruntgrec.
Un discours de M. le comte Pelet (de la Lozère),
quiattribue Iesdispositions]nalveiHàntes&mtî'An-'
gleterre fait en quelque sorte parade depuis quel-
que temps à régard delà Grcce, à la jalousie que lui
inspire le rétablissement de notre influence dans
ce pays, a attire M. Guizot à la tribune. M. le mi-
nistre a déclare qu'il déplorait autant que person-
ne, dans l'intérêt de la Grèce, le dissentiment qui
existe depuis l'avènement du ministère Coletti entre
les deux cabinets anglais et français dans cette
question, mais, a-t il ajouté, il ne dépend pas du
gouvernement de le faire cesser; c'est là un résul-
tat qu'on ne doit attendre que du temps; c'est à tort
qu'on suppose le gouvernement anglais anime de
mauvais vouloir à l'égard de la Grèce, ou de jalou-
sie envers la France. La vérité est que le gouver-
nement anglais ne croit pas à là prospérité possi-
ble de la Grèce sous son administration actuelle
de là son indiuerence. Quand il y croira comme
nous ycroyons, et cetera prochainement, sacon-
duite nediuereràplusdelanôtre.
Telle est l'opinion de M. le ministre des affaires
étrangères. Reste à savoir si les faits répondront à
_scs espérances..
Après ces explications, le projet de loi a été a-
dopté à la majorité de 125 voix contre 4.
La chambre a ensuite adop'é le projet de loi re-
latif à la rectincatiôn de routes royales et deux
projets de loi d'intérêt local. Elle a de plus mis à
l'ordre du jour, sur la demande de M. le comte de
Montalembert, le rapport d'une pétition que le
comité.avait cru pouvoir écarter, de s~ propre
autorité.
Mgr Murad, archevêque de Laodicée et représen-
tant des Maronites près du saint-siége, vient d'ar-
river à Paris. La présence de ce prélat, qui déjà
plusieurs fois est venu implorer une protection
plus efficace de la~art de la France en faveur des
Maronites, ajoutera un nouvel intérêt à la discus-
sion sur les affaires de là Syrie, qui, si nous som-
mes bien informés, seront portées prochainement
à la tribune par M. d& Lamartine.
Dans notre numéro d'hier, nous savons annoncé
que M. le ministre des aSaires étrangères venait
de déposer aux archives de la chambre plusieurs
pièces diplomatiques relatives à la question sy-
rienne.
Le CoH~M
Marseille et du Havre, qui demandent qu'on fasse
cesser dans la Plata un état de choses qui leur cau-
se les plus graves préjudices. Le CmMtt(M
nous parlons, il leur doit bien ce dédommagement
pour la part, la très grande part qui lui revient
dans la politique désastreuse dont se plaignent
tous les ports de mer. Il est prouvé aujourd'hui
que si le gouvernement français n'eût pas permis à
ses agens de prendre parti dans une guerre civile
où nous n'avions qu'à perdre sous tous les rap-
Eh bien! malgré sa Snesse, cet observateur se se-
rait trompé. H eût pu faire le tour des nefs humides,
le long desquelles moisissent quelques tableaux dans
le goût strapasse du dernier siècle, pénétrer jusque
dans la chapelle de là Vierge déshonorée f~anreuscs
grisailles, fouiller le chœur assombri par les écha-
faudages placés pour les peintures de Flandrin, re-
garder derrière les colonnes corinthiennes de bois
sculpté qui soutiennent le buuct de l'orgue et jettent
des ombres si propices au mystère,–il n'eût décou-
vert aucun prétexte pour supposer une intrigue de
roman.
Une ou deux vieilles femmes marmottaient des
prières, chacune devant son autel de prédilection, et
un vieillard coiffé d'un bonnet de soie noire baiayait
la nef et rangeait les chaises dont les pieds tracassés
faisaient un bruit répète longuement par la sonorité
vide dé l'église.
L'esprit lo plus sceptique n'eût pu soupçonner ce
bnnhommo d'être un prince déguisé c'était bien un
balayeur d'une authenticité incontestablo,et d'ail-
leurs connu dans le quartier depuis quarante ans.
L'objection qu'il existe une autre porte,–et même
d'un assez joli style renaissance, qui donne sur
une autre rue, n'aurait eu aucune valeur, car depuis
plus d'une heure personne n'avait passé par là.
Malgré toute l'envie possible de croire qu'on te-
nait le bout du fil d'un do ces imbroglios que la cu-
riosité aime tant à démêler, il eut fallu se résigner à
-ce fait tout simple et peu romanesque que la dame
inconnue n'avait d'autre but que do faire sa prière
on dépit du manteau sac, du voile et de la citadine
.aux stores baissés. En ce siècle d'incrédulité, tout le
monde n'a pas le courage d'être pieux ouvertement,
et beaucoup de gens se masquent pour aller a l'é-
~'se.
Au moment où la citadine sa mettait en mouve-
ment, parut au coin de larue de l'Abbaye unejpune
fille accompagnée d'une gouvernante âgée et d'une
physionomie respectable, qui tenait ouvert au-dessus
de la tête de son élève, un parapluie de forme pa-
triarcale..
La mise de la jeune fille, quoique d'une simplicité
presque puritaine, faisait voir par la finesse des é-
toffes et le soin des détails qu'elle appartenait aux
classes aisées de la société. Sa figure fraîche et colo-
rée annonçait une vie calme comme le quartier. On
ne Usait ~pas autour de ses yeux b~eus la fatigue des
ports, depuis huit ans a~:n:Q'ns la paix serait réta-
Mie~r'~sdenx rives d~i.f\
Vraiment, il faut une singulière assurance podr
se faire l'avocat ~u commerce quand~ depuis trois
ans, on n'a cesse de pousser à la guerre qui l'a rui-
né, et qu'aujourd'hui même on demande un redou-
blement d'hostilités, qui lui donnerait le coup de
grâce..
C'est maintenant qu'on peut voir si nous ayons
eu raison de protester sans cesse contre l'entraîne-
ment de l'opinion publique, égarée par la presse
anglaise, complice intéressée des spéculateurs et
des usuriers
le nombre de vaisseaux qui se sont présentés à
Buénos-Ayres, et qui ont été obligés de revenir au
port d'armepient avec le chargement, qu'ils y a-
vaientpris; qu'il calcule les pertes de tout genr~
qui sont résuKées d'un pareil voyagcfait en pui'é
perte, et pendant lequel les marchandises~pnt res-
tées plus d'un anjt bord. et qu'il nous dise s'il
peut, en conscience, se féliciter d'avoir provoqué
notre intervention!
Entre nos divers ports et Buénos-Ayres, il y avait
annuellement, soit par pavillon national, soit par
pavillon t~ers, un mouvement de près de deux
cents voyages. Voila ce que nôtre navigation et
notre commerce ont perdu à l'application de la
politique conquérante de M. Thiers. st bien com-
prise et si bien appliquée par M. benaudis, qui,
soit dit en passant, paraît se préoccuper beaucoup
plus des éloges de l'opposition que de l'approba-
tion du gouvernement. )
~Quscctmpreno~~ et noi~'s ap-
prouvons que les arnSteurs et lès négdcians qui
.font le commerce d'exportation adressent aux
chambres des pétitions contre notre impolitique
et désastreuse intervention dans les aNaires de la
PIata. Ce que nous comprenons beaucoup moins,
c'est que ceux-là se fassent une arme de ces péti-
tions, qui ont provoqué et approuvé le blocus de
Buénos-Ayres, et qui sont, par conséquent, les au-
teurs de tout le mal. Nous ne leur permettrons pas
d'intervertir les rôles.
D'après des nouvelles reçues de Londres, le chif-
fre de 93 voix obtenu par le ministère en faveur du
biU des céréales dans lâchambre descommunes,
ne suuiraitpas pour assurer le succès de ce bill
dans la chambre des lords. Lord Siauley se serait
décide à accepter la mission de former un cabinet
dans ]e cas où la majorité de la pairie voterait
contre la mesure, et cette circonstance aurait beau-
coup enhardi la chambre haute. L'événement nous
apprendra bientôt ce qu'il y a de fonde dans ces
bruits..
H paraît que le CaMoHMc a apporte en An-
gleterre de nouvelles propositions pour l'ar-
rangement de la question de l'Orëgon sur la base
d'un partage du territoire au 49'' degré de latitude,
les deux parties conservant en outre !a libre navi-
gation dela-rMièreCoî&mlMa. Ce serait là un ar-
rangement ëqBitable sous tous les rapports, ,~t
nous~pensons qu'il sera adopte jies.deuxparts.
La Caxe~e d*MM&oMr~ annonce, que l'empereur
de Russie raccorde, à MM; Brpchers, Garces et
Aroquin, omciers supérieurs envoyés par le gou-
vernement espagnol pour étudier la stratégie des
puissances étrangères, la permission de visser la
Russie et d'y examiner tous les étahlissemens mi-
litaires. Ce l'ait, dit la feutlle a~emande, joint au
prochain voyage du grand duc Constantin a Cadix,
prouve que la cour de Saint-Pétersbourg revient à
des sentimens plus amicaux envers le gouverne-
ment de Madrid.
Le congrès central d'agriculture s'est occupé,
dans sa séance de ce jour, de l'importante ques-
tion du dëfrichemeal et du reboisement des mon-
tagnes. M. de Ladoucette, membre de la chambre
des députés, rapporteur de la commission, a vive-
ment insiste pour que le congrès omît le vœu que
l'administration se montrât plus rigoureuse dans
les autorisations qu'elle accorde. Les conclusions
du rappo.rt ont été combattues avec succès par
M. le marquis de Vogue. Un amendement avait été
proposé pour que toutes les demandes d'autorisa-
tion fussent renvoyées au çonseil-d~état, et qu'il fut
statué par ordonnance royale. Cet amendement,
combattu par M. le comte de Gasparin, M. de
Tracy et M. Henri Pellault, a été repoussé à une
grande majorité.
bals, des spectacles et des soirées, écrite enpenom-~
bres violettes. Ses cheveux blonds tournes en boule
et arrêtés au coin de ses lampes, car il était trop ma-
tin pour qu'elle fut déjà coiETée, permettaient d'ap-
précier les lignes pures de ses joues que veloutait
le duvet do la virginité. Son air modeste et recueilli,
ses yeux baissés sans aSectation, indiquaient une
jeunepersonno pieuse qui se rendàj'églisepour
commencer saintement une journée innocente.
Le petit Sacre à stores baissés passa si près de la
jeune fille et de sa gouvernante, qu'elles furent for-
cées de se ranger contre le mur. Une légère rougeur,
probablement due à l'émotion, car la roue Pavait
presque frolée, colora le front blanc deCa)ixtc,et elle
continua sa route vers Saint-Germain-des-Prés d'un
pas plus vif.
Calixte etsa gouvernante entrèrent dans l'église,
et remontèrent la nef jusqu'à ce qu'elles fussent ar-
rivées à la chaire. C'était là que se trouvait la chaise
do Calixte, dont les initiales étaient marquées en
clous de cuh're sur le dossier.–Un petit conrea-
dapté en dessous contenait !e Paroissien, FEucologe
et les livres de piété à l'usage de la jeune CHe.
Elle s'agenouiUa après avoir tiré un des livres de
la bo!!e, et se mit à prier en .apparence avec ferveur.
Cependant, malgré toute la bonne opinion que doit
inspirer une jeune ûHe qui se rend do si bonne heu-
re à l'église, accompagnée de la plus respectable des
gouvernantes, il faut dire qu'un papier plié ayant
toutes les apparences d'un billet dnux se trouvait in-
tercalé entre les feuUle.s du saint livre! Calixtene
sembla pas le m )ins du monde indignée de cette dé-
couverte, et glissa avec asscf de dextérité le billet
entre son gant et sa main.
Autre remarque bien faite pour surprendre si
quelqu'un des convives qui avaient si joyeusement
employé la nuit aux Frères-Provençaux eût pu, par
un hasard invraisembte, se trouver à cette heure ma-
tinale dans cette vieiilo égiise, au fond du faubourg
Saint-Germain, il eùt été frappé de 1 étrange ressem-
blance des traits de Calixto avec ceux du médaillon
volé par Aminé à Henri Dalberg.
C'étaient bien les mêmes cheveux blonds, le même
regard bleu, le mémo sourire doucement épanoui.
Mais comment le portrait d'une jeune Clle si dévote
reposait-il sur le cœur d'un jeune éccrvelé, où l'a-
vait été chercher la main impure d'une courtisane?
La messe achevée, Calixte retourna chez elle d'un
pas dont elle avait peine à modérer l'impaticNce, et
L'assemblée était plas nombreuse qu'hier. Près
de qitfttcccents.ctëîégtiésy assistaient.
~~<:
C~NaB!'r0 dos PaiF~
Séance du 19 mai.–Présidence de M. BAR'rHE.viec-
président.
sOMHAtftE–Rapport Je pétitions. MM. de.Taseher et de Cordouo.–
Suite de ]a discussion du projet de toi sur t'emprun' grec MM.
P.etet (de ta Lozère) et Guimt. Scrutin.– Projet de toi relatif A ta
reetiucatien des routes royatca. M. Peiet (de ta Lozère). Scrutin.
–Présentation d'un projet de toi.–Demande de M. de Montatem-
bert, afin de mise à l'ordre du jour d'une pêtitioa. M. de Tascher.
Vote do'.projets de toi d'intérêt toca).
l/ordre du jour appeiie te rapport du comité des péti-
tions.
M. LE COMTE DE TASc~Ett, rapporteur Le sieur Fay,
a Paris, propose des mesures dénature à prévenir les.abus
trop freqùensquirésuftent des vofs d'enfans et des enter-
remehsdè personnes vivantes. "–Renvoi au ministre de
l'intérieur.
Les désservans du diocèse d'Amiens appellent l'attention
de la chambre sur i'insumsance du traitement aifoùéaux
désservans. et sur ta néccssitéd'y pourvoir, si ce n'est par
une mesure générale, au moins :en votant uue augmenta-
tion en faveur desdcsservans qui comptent ieptus d'an-
nées de service et qui ne touchent aucune pension." 4
"Pfùsicurs curés dcsscrvansdes environs de Parîs.solfi-
citcnt de nouveau l'intervention de la chambre, a l'effet de
provoquer .une mesure législative qui élèverait à t ,200 fr.
te traitement des désservans dans les départemens de )a
Seine, de Seine-et-Oisc et dc-Seine-et'Marne, où;la vie est
plus chère et où les ressources du casuel sont presque
nulles.
Le comité propose le renvoi de ces deux pétitions h M.
legarde-dcs-sceaux.
M.LE MARQCts DE CORDOCË appuie ces conclusions. 11
s'étonne que le ministère ne prenne pas un parti sur cet
objet, après que la chambre des .pairs lui a déjà renvoyé
quatre ou :cmq pétitions scmb)ab!cs. On a augmenté )e
traitement des juges-dc-paix, des instituteurs primaires,
pourquoi ne passonger aussi aux desservans qm sottt-for-<
ces de tendre ta main aux maires etaux membres des con-
seils municipaux.
Lcd')ub)erenvoiestordonné..
La suite de l'ordre du jour appolle )a continuation de la
discussion du projet de loi retatii'a l'emprunt grec.
M. LE COMTE PELET (delà Lozère)appelie l'attention de
la chambre sur le dissentiment qui a éclaté récemmeut ré-
lativement a ta question grecque entre tes cabinets de Lon-
dres et des Tuileries. I) trace l'historique de l'emprunt et
constate .que les. grandes puissances avaient marché tou-
jours d'accord jusqu'en t8')ï. Qu'est-it arrivé a cette époque?
rendaut.lës deux années qui avaient précédé, la'Grèce é-
tait parvenue a servir elte-mé'ne les intérêts do son cm-:
prunt. Eu. t843, elte ne put faire le même service, et en
même temps un changement eut iieu dans ia forme consti–
tutibnnciiede_son gouvernement; le ministre Coletti arriva
aux affaire: Ainsi deux. événemens simultanés, cessation du
service de l'emprunt sur la Grèce, révolution dans ia Cons-
titution, et dès ce moment désaccord complet entre les gou-
vernemens anglais et français. Voila ia marche des choses.
Tout.ie 'monde a lu les notes blessantes adressées par le
gouvernement anglais au ministère grec, notes qui étaient
un peu a notre adresse.
Le dissentiment est donc grave. D'où provient-ii ? de la.
question pécuniaire? C'~st impossibië, eUe a trop peu d im-
portance. Le dissentiment est tout poiiliqtie. Il a pour mo-
tif ia jalousie qu'inspire a i.'Ang!cterre;)'mnuëncc que nous~
a donnée la révolutton ministérieite qui a eu lieu a Athè-
nes. Ces divisions sont très fâcheuses, parce qu'elles nui-
sentaux progrès de la G'ècè. ',J,
L'Angleterre, a laquelle nous avons donné tant de preu-
ves de condescendance, en montre peu pour Hous iors-
qu'elie s'irrite ainsi d'une modiucation constitutionneile,
qu'eite croit devoir être utile à notre influence. Je ne com-
prends pas du~restequ'i) y ait en Grèce un parti anglais et
un part! français il ne devrait y avoir qu'un seui parti
celui qui vent le.bonheur et le progrès de ta Grèce.
M. t.tnzof, ministre des an'aires étrangères: Je suis
d'accord avec i'honoraMe préopinant sur un ~oint. Je re-
~r&ttecommc imtesdtssemimenaqm se soHt étcvés de-
puis quelque temps entre la Fr.ance et l'Angleterre au sujet
des auaires de la Grèce; mais l'honorable préupinantest
daus l'erreur sur la cause, sur l'origine et mémo sur ia
date de ce dissentiment. A l'en croire, il aurait éclaté en
t8i3, au moment où par uue révolution le régime consti-
tutionnel a été introduit en Grèce.
Ceci est, je le répète, une erreur: c'est précisément à
cette époque que !e bon accord des deuxgouv'rnemens a
été ie plus grand dans les an'.ures de la Grèce; et cet ac-
cord a même beaucoup contribué à donner à la révolution
la consistance et la durée qui étaient dcsirabies.
L'accord:des deux gouvernemens existait non seulement
à cette époque, mais its'est maintenu longtemps après.
Quand, plus tard.l'assembiée constituante grecque s'est
réunie pour délibérer sur ia constitution qui régit actueHe-
ment la Grèce, la France etrAngieterre s*' sont également
trouvées d'accord, et leur influence s'est exercée, s'est
continuée dans le même sens, jusqu'à t'époque où le cabi-
net Mavrocordato s'est formé pour mettre en œuvre, lui le
premier, la constitution nouvellement adoptée.
La dissidence n'a donc pas l'origine que lui attribuait
l'honorable préopinant. C'est seulement quand M. Mavro-;
cordato est tombé, et qu'un nouveau cabinet, présidé par
M. Cotetti, s'est formé, qu'elle a éclaté, qu'clie a commencé
entre les deux cabinets.
Cette dissidence, l'honorable préopinant le reconnaît lui-
même, ne peut être attribuée à une véritable différence de
politique et d'intérêt, car le gouvernement anglais veut,
comme nous,)e développement, l'affermissement de la
prospérité de la Grèce et ie maintien de son gouverne-
ment, tci qu'il cstsorti de la constitution de )8<3.
.Voici ia cause du dissentiment les deux cabinets se for-
ment sur l'état de la Grèce, sur les hommes qui la gouver-
nent, et sur la manière dont il convient quetie soit gou-
vernée, des idées différentes, etcefa est uniquement le ré-
sultat desinformations qu'ifs reçoivent. La dissidence n'a
pas d'autre origine nid autre portée.
Lequel des deux gouvernemens reçoit les informations
que pouvait à peine suivre la vieille gouvernante
arrivée à la maison, elle monta droit a sa chambre.
Il régnait dans ce nid de colombe un ordre parfait,
une proprété extrême. L'ameublement, quoique con-
fortable, était d'une simplicité rigoureuse; une
étoS'e Noue unie tendait la muraille; un tapis blanc,
parsemé de bouquets, couvrait le plancher. Un lit
de pensionnaire se cachait au fond, sous ses rideaux
blancs. A des cordons de soie étaient suspendues quel-
ques gravures d'après Raphaël quelques aquarelles
représentant des Ceurs, cadeaux et souvenirs d'amies
de pension. L'une d'elles ayant pour sujet un
groupe de coquelicots et de bluets mêlés à des épis,
portait cette inscription o Fait en promenade d'a-
prés nature, et oBert a mon amie Calixie. D Mais la
signature, à moitié cachée par le cadre, ne laissait
voir que le haut de deux lettres débordant de la li-
gne et qui semblaient être un F. et un L. Etait-ce une
maladresse de l'encadreur pu une précaution pour
dissimuler un nom ~u'il ne convenait pas de faire
connaître? c'est ce qu'il serait diuicilo de résoudre.
Sur une petite étagère de palissandre, une douzai-
ne de votumcs montraient des dos à nervures et des
titres glorieux, tels que ~M Mcdt(ad'
cation soignée.
Un magnifique piano d'Erard, seul luxe de la
chambre, et sur le pupitre duquel s'ouvrait un cahier
de musique, la sonate 13" deBeethovon, –annon-
çait aussi chez Calixte des connaissances musicales
assez avancées, en même temps qu'un métier a bro-
der tendu d'un fond de meuble presque terminéat-
tcstait que ces études d'un ordre plus élevé ne lui
faisaient pas négliger les humbles travaux de l'ai-
guille.
Calixte, après avoir donné à sa gouvernante un
ordre qui devait la tenir éloignée pour quelque temps
ferma sa porte, retira le billet de son gant et se mit
a le lire.
La lettre si mystérieusement parvenue à son a-
dresse ne produisit pas l'euct qui résulte-ordinaire-
ment de pareilles correspondances. Un nuage pa-
rut ombrer le front ordinairement si serein de Ca-
lixte ses beaux yeux se troublèrent, un mouvement
précipité souleva son sein et le papier trembla dans
sa main émue, qu'elle laissa retomber sur son genou
dans une attitude découragée.
EUe resta ainsi quelques minutes, puis relevant sa
les plus exactes, tes mieux fondées? Je sais convaincu gué
c'est !e gouvernement français, c), de s0n côtç, te gouver-
nement.
convk(i)Mt. tt'honoraMe'aréopfnant.yoit,donc qu'il n'y a
pas àë moSen dé vïdér aa~oit~fPftitP~iCC'$ttestibtl;"c'est da
pas de moyen de ïMër aujOMraTmTcette~aestM) c'est aa
tëmpsaiarésondre. h. ,.)..
Siiatranquitiitédeia Grèce s'an'ermit, 6i fa prospérité
continue à se développer sous l'administration actuciie,
j'ai trop bonne opinion du gouvernement anglais pour ne
pas croire qn'it finira par se rendre a l'évidence des faits t
mais nous ne pouvons point devancer cette expérience; it
fautqu'ciie se fasse quoique bien intentionnés que nous
soyons de part et d'autres, il faut en attendre !cs rést'a!8.
L'honoraMe préopinant parait croire que l'influence d~
gouvernement français n'a pas été assez forte en Grèce
mais ic gouvernement ang'ais est .un gouvernement sé-
rteux, sincère et convaincu it ne veut. pas s'en rapporter
aux paroiès que je lui répète en toute occasion, et ccfa .se;
comprend, ii attend les faits. Je suis convaincu qu'ii se
tromp'e ;je le regrette mais j'ai la confiance que sa pro-
pre expérience te fera entrer tôt ou tard dans une autre.
voie, dans cétieqùe nons suivons n~us-mcmc, et je crois
même.que i'expérience qui se poursuit a commence à pdr-
terd'héurét!X!fuits.
tt est vrai qu'ii y a eu en Grèce.des désordres graves, qui
retentissent encore cependant ta chambre peut voir, par
ios faits mêmes qu'eite a sous tes yeux, qu'it y a déjà, dans
les .finances de ce pays, un excédant de recettes sur ics
dépenses; Depuis plusieurs années, ceia n'était pas arrivé.
Lecabinet.actue! a opéré des réformes considérab)cs
dans tes dépenses, hotamment dans cciics de l'armée et
c'est a t'aide de ces réductions, comme ausH par l'effet du
développement déjà très marqué de ta prospérité du pavs
qu'ita obtenu cet excédant:
L'Angteferreena demandésa part; nous n'avons pas
en) devoir, nous, demander la nôtre. Nous croyons que te
cabinet de M. Co'etti gouverne mieux qu'un autre; c'est ne-
tre conviction, et, natureifement, nous imtémoignoDtt cet-
te confiance que ie gouvernement anglais, lui, ne croit pa~
pouvoir tni accorder.
Quand.t'Angtetérre verra que sa part dans l'excédant an-
nuei, iui estrégj'iièremcnt.rcmboursée quand, elle aura
été pend~nt'<}aei(~)ctemp~ témotn des bons résuftaM de
t'admin'Stratton actueiie, eiie reconnaîtra, .je t'espôre -que
ses informations étaient mafl~méE&, et que tes hommes
qm sont aujourd'hui a la tête dés affaires gouvernent
Grèce avecia confiance et rappui du roi et des chambres.
Ces hommes ont été mis à des épreuves que ieurs pré-
décesseurs n'avaient pas subies. La Grèce possède actuei-
iement un véritaMR gouvernement constitutionnel ies dis-
sentimens poiitiquës Y sont très ardens; ta lutte très vive
encore, et pour gouverner, ii faut s'appuyer sur une majo-
rité. Eh bien 'depuis deux ans ie ministre Coieui et ses
collègues ont constamment eu ia majorité dans ics cham-
bres. La présomption constitutionnelle est donc en faveur
du cabinet :actuci. Nous demandons pour iui )a sanction du
temps et de i'cxpèrienee, parce que nous nous croyons
fondes dans ia confiance que nous iui accordons, non-seu-
lement par la connaissance que nous avons des personnes.
mais encore par ics considérations ~ies épreuves par ies-
queiiesii a déjà passé depuis deux ans.
Notre conduite né peut donc être taxée ni do faiblesse,
ni de condescendance maigre de factieux dissentimens,
nous maintenons notre politique, qm es) ce))e que ieroi
de la Grèce et les chambres suivent comme nous.
Quant à l'état réei des finances de la Grèce, je me bor-
nerai à faire observer a i'honorabic préopinant qoe t'excé-
dant de recettes repond sufBsamment acequ'iivie!~ de
dire.
U est également dans l'erreur sur l'opinion qu'ii se forme
des agens financiers de ia Grèce. Les finances de ce pavs
sont administrées avec la pius complète indépendance
comme toutes les autres parties de l'administration, et ia
France n'a aucun droit d'intervenir directement et avec
autorité dansies financés de ta Grèce. Nous avonste devoir
nousavonsfe.droit de conseiiet de surveiiiance, comme
cela appartient a une puissance protectrice et intérefs~e.
Je ne descendrai pas de iatr
bio générât Fabvier, non point assurément pour entrer en
opposition avec iui sur l'histoire des grands événemcns
qui se sont accomplis en Grèce.
Personne, je né dis pas ptus que iui, mais autant que lui,
na le droit ~i'étre écouté avec déférence; quand on a dé-
fendu une si belle cause avec le nobic dévouement dont il
a donné tant de preuves éclatantes, on a toujours le droit
de dire hautement ~on opinion, et d'être écouté sérieuse-
ment et avec respect. (Marques nombreuses d'approbation.)
Je n'ai que deux observations a faire, et je ics iui soumets
a iui-même.
L'honorable générât a paru croire que, dans ies:cvcu)et-
mens qui se eont succédés eu Grèce, et surtout en ce qui
regarde l'administration des .finances de )a Grèce, l'in-
fluence étrangère aurait été la seuié cause de tout ie ma). ·
U sait trop bien ce que sont ies peuples naissans les
peupics. qui se forment à ia vie politique et constitution-
nelle, pour admettre qu'il n'y a)t pas eu do ia part des
Grecs beaucoup de fautes, d'erreurs et d~désordres qui ne
peuvent être en aucnne façon attribués ar'infhtence étran-
gère et dont ciie n'a pas profité. Je tenais a rétabtir ce fait,
parceque je pense que cest plus que jamais le moment de
dire ia vente a la Grèce.
Ma seconde observation est cciie-ci on pourrait in dui-
re, je ne'dis pas do ses intentions, mais de ses paroles
qu'ii y a eu et qu'il y a encore aujourd'hui trop d'influence
étrangère en Grèce; que ce.'te inuuence étrangère cherche
trop à peser, a intervenir dans les affaires de la Grèce ~c
repousse complètement, pour mon compte, une teile sup'
position.
Nous sommes plus convaincus que personne que c'est a
ia Grèce à se gouverner èHe-mëme, et que les hommesqui
sont aujourd'hui a la tête des affaires en sont les ptus eapa-
Mes..Aussi, loin de vouloir exercer sur eux une innuence
excessive, nous entendons seulement leur prêter cet ap-
pui morai qu'un gouvernement doit à un autre gouverne-
ment qu'il a contribué à fonder et a consolider. (De tputes
parts: Très bien! très bien!)
Ladiscussion'gènérate est fermée. Les trois articles du
projet sont suceessiTemfnt adoptés sans observation.
Le projet est ensuite adopté dans son ensemble au scru-
tin par f 25 voix contre 4. "c,
La suite de l'ordre du jour appelte ta discussion dn pro-
tête, qu'éclairait en plein la~umière, elle sembla se-
couer une idée importune et !a tranquillité reparut
sur ses traits. La conviction ébranlée un moment
rentra dans son ame, et elle se leva du fauteuil où
elle s'était jetée en disant avec un accent 00 foi pro-
fonde
–Je vainerafle mauvais auge! l,
Puis elle alluma une bougie et brûla à sa flamme
la lettre, dont elle nt disparaître les vestiges dans la
cheminée.
Quand la gouvernante rentra, elle trouva Calixte
assise à son métier et comptant les points d'une Qeur
tracée au carreau qu'elle voulait copier. Elle lui ap-
portait ce qu'eilo avait demandé.
C'est bien, ma bonne, dit CaUxte d'un ton
doux et bienveillant. Comment trouvez-vous ce
dessin ?
–Parfait'répondit la vieille femme sanssedou-
tor que Calixte venait de l'envoyer chercher assez
loin un échevau de laine dont elle n'avait que fai-
re, et qu'on eût fort surprise en lui apprenant
que la pupille qu'elfe ne quittait d'un instant a-
vait reçu, lu et brûlé un billet éminemment sus-
pect.
Quelques mots sur Calixio et son origine ne se-
raient pas déptacés ici. Calixte habitait Paris depuis
six mois seulement avec M. Desprez, son père, an-
cien notaire d'une ville de province qu'il est inutile
de désigner, et qu'il s'étonnait d'avoir quittée.
Cette ville était la ville natale d'Henri Dalberg lé-
gèrement cousin de Calixte Desprex. Là, ces deux en-
fans s'étaient connus et liés l'un a l'autre par ce fil
imperceptible do l'habitude; ils avaient vécu en-
semble dans la charmante familiarité da l'innocence;
leur parente, qu'ils s'exagéraient, expliquait la fré-
quence de leurs rapports on les avait vus si petits
l'un et l'autre que personne ne songeait qu'ils étaient
devenus grands. M. Desprez, parce qu'il avait autre-
fois fait danser Henri sur son genou, le regardait
comme un enfantsans conséquence; quanta sa SUe, el-
le lui paraissait à peine sevrée, et il t'appelait toujours
« petito,a comme lojou) où elle était revenue de nour-
rice aberration commune aux gens âgés qui, parce
qu'ils restent stationnaires, ne s'aperçoivent pas
que tout pousse autour d'eux, et demeurent tout éba-
his qu'un jour ces bambins fassent des dettes, se
battent en due!, aient des maîtresses, et demandent
à se marier. Henri était pourtant un beau jeune
homme, ayant ia tête de plus que M. Desprez, et Ca~
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