Titre : La Presse
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1841-04-05
Contributeur : Girardin, Émile de (1806-1881). Directeur de publication
Contributeur : Laguerre, Georges (1858-1912). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34448033b
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 124274 Nombre total de vues : 124274
Description : 05 avril 1841 05 avril 1841
Description : 1841/04/05. 1841/04/05.
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k428442v
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
Lundi 5 avrM Ï8M.
Edition de Paria
ABONNENENS:
Unat). 48fr.)troismoisStxmois.. 24 frj Un mois.! ~51~ r~
Les abonneuiens datent qeS~-
t"en5dumoi6.
°w w v w r · \v
` \O Q `
''1
¡¡¡ Iiii. ~:I"
'~I i~
e2_·,p~~
N &*anow paf trimettFO.
ÏNSERTÏ~NS:
tfr.Mc.tapetiteHgneet3fr.ta
i Hs'tedereciame.
Toutes les lettres doivent ttre
affranchies.
Tontes les communications et rMamatidoivent être adressées à M. EMILE DE GmARDM.
]Par~, 4 avrU.
La chambre des députés doit s'occuper demain de ta proposition
Pages et Mauguin. Nous n'examinerons pas ici les termes de cette
proposition. Elle aurait pu être plus heureusement conçue; elle est
incomplète sous certains rapports, excessive sous quelques autres.
Nous la laissons donc pour ce qu'elle vaut, sans nous en faire les
champions. Mais puisqu'elle est présentée, puisque la chambre en a
déjà autorisé la lecture, nous saisirons cette occasion de rappeler très
franchement nos vues sur la question. Plusieurs de nos amis, nous le
savons, diuërent ici complètement d'opinion avec nous. Quoique re-
gret que nous ayons de cette dissidence, nous n'en dirons pas moins
ce qui nous parait être ia venté. Nos amis toléreront notre indé-
pendance. Si l'indépendance est un mérite, c'est surtout lors-
qu'elle résiste aux plus impérieux entrainemens de l'esprit ou du
cœur.
Aussi bien, cette question est-elle pleine dé doutes pour ceux-là
même qui se montrent le plus disposes à la trancher dans le sens de
ce quiexiste aujourd'hui. C'est la troisième fois, depuis un an, que
cette question se reproduit. Si toutes les consciences étaient sures
d'avoir bien fait en la repoussant par un premier vote, eussent-elles
permis qu'à si peu de distance on vînt les consulter encore, et les
soumettre à deux nouvelles épreuves? Apres l'échec de la proposition
Gaugùier, rien n'empêchait la chambré de tuer dans son germe !a pro-
position Rémilly. Eh bien, non. La chambre ne l'a pas tuée Elle en a
autorisé la lecture, elle en a vote !a prise en considération. Il est vrai
qu'ensuite éilel'a rejetée; mais attendez! voici venir une autre pro-
position, et la chambre l'accueille encore Elle pouvait l'étouHër dans
!é huis-clos des bureaux elle îa laisse tranquillement arriver à son
tour à la tribune, quoique la formule n'en soit guère meilleure que
celledesprécédentes. ` L
Qu'on ne s'y trompe pas, cela n'est pas de l'inconséquence, ce se-
rait plutôt de l'esprit de suite. Malgré ses votes répulsifs, la cham-
bre continue à sent!r qu'il y a au fond de la situation actuelle un
vice caché. Elle ne fait encore rien pour l'extirper, mais elle com-
prend, comme l'a dit ùu des ministres d'aujourd'hui, qu'il y a pour-
tant quelque chose à faire. Son instinct proteste contre son œuvre,
et refuse d'en $tre complice. Voilà l'explication de cette conduite
qui, sans cela, serait inexplicable. Voilà pourquoi, le lendemain, elle
tend une mainsecourable à ce qu'elle a repoussé la veille. Ces con-
tradictions sont le propre des gens qui doutent, qui hésitent, quine
croient pas à l'excellence des institutions qu'ils consacrent. La cham-
Ttre voit le mal en dépit des scrutins qui le nient; seulement, com-
me elle n'est pas encore bien convaincue que le remède proposé soit
le plus efHcàce, elle l'éloigné; tout enseréservant d'examiner les au-
tresremedes qui lui seront oSerts. C'est sa main qui vote la durée
des traditions du passé, mais c'est sa raison qui va au devant dés re-
formes possibles de ravemr.
Ne cherchez pas d'autre cause à cette continuité de tentatives qui
renaissent lés unes des autres et qui, toujours malheureuses, sont ce-
pendant toujours encouragées. Gomme beaucoup d'excellens esprits,
qui s'avouent plus ou moins ouvertement à eux-mêmes l'irrésistible
tendance de leur bon sens, nous trouvons, nous, que l'invasion des
fonctionnaires dans la chambre élective constitue pour le parlement
"et pour le pays une situation anormale et mauvaise; nous craignons
que cette situation n'empire encore chaque jour avec la cause qui la
produit; nous désirons qu'un terme soit mis à cet envahissement qui
menace de s'étendre de plus en plus; nous nous rattachons d'avance
9
Rien déplus faibleque les objections par lesquelles on prétend jus-
tifier le maintien des abus actuels. Prononcer des incompatibilités,
dit-on, c'est porter atteinte à la dignité des fonctionnaires sur les-
quels pesé l'exclusion; c'est les frapper d'nne incapacité injurieuse et
Ne~ante. Et pourquoi donc ? Est-ce que déjà la loi n'a pas prononcé
d'autres incompatibilités? Est-ce que les préfets ne sont pas exclus?
Est-ce que les receveurs-généraux ne sont pas exclus ? La loi leur a
tpEt~t~JETT~ B!E t.A PRESSE. j
-MAT~DE.
MÉMOIRES D'UNE JEUNE FEMMEY
ss~saâ~s~a'tFa's..
LE~RIA~
CHAPITRE X~–ï,eBiHe<
Je fus plusieurs jours très souSrante, et pourtant après notre re-
tra)te de Chantilly, je comptai ces jours parmi ies plus beaux de ma vie.
.Contran resta près de moi, me prodiguai les ptus.tendrëssomB. Mes
pensées étaient mélancotiques,. tristes; mais d'une tristesse douce.
Quelquefois je me~ demandais a quof bon la vie désormais? Je crai-
gnais d'avoir épuisé toute la félicite que je pouvais espérer. Alors sincè-
rement, sans exagération/je priaisDieu de me retirer de ce monde;
.alors ta mort m'eût parupresque belle.
Mon mari était redevenu aSectueux, prévenant comme parle passé;
il regrettait le chagrin qu'il m'avait causé il ne me quittait pas
j'étaisdéuvréectela présence de M- 'Lugarto.
Non bonheur était si grand que j'oubliais les chagrins qui avaient
.cause ma maladie. Je redoutais presque le rétabUssement de ma san-
té, dans la crainte de voir cesser les précieuses attelons de Gontran~ car,
à mesure que mes sôuSrances.diminuaient, il devenait moins assidu.
Dan~'inon égôismè, pour le réténir.pr'e,s de moi;' jè désirâis ardéàiment
Dans mon égoYsme, pour le retenir prèsdeTnoi, je désirais ardemment
une rechute. Al'insu de ma pauvre Blondeau, qui me veillait pourtant
avec une sollicitude maternelle, je commis de grandes imprudences; je
tombai assez gravement malade.
Jenesàùrais dire ma joie en voyant que j'avais réussi. Contran rede-
vint pendant quelques jours ce qu'if avait été d'abord. Mais le bonheur
d'être toujours près de lui avait, sur moi une telle influence que je re-
naissaisbieptôtà la.vie; alors de nouveau je craignais de le perdre.
j\.u milieu.de ces alternatives, je me traçai une ligne de conduite dont
~je.meprotmsbiendenepasm'éearter; elle était en tout conforme à Lia
.dernière résolution que j'avais prise, il serait faux de dire que cette
détermination ne me coûtait pas beaucoup mais il y a dans tout sacri-
;&cehijtt~ramour.une sorte de satisfaction profonde qui c~ugmente pour
Bmreanx: Rue Saint-Georges, ~e, ~Parts.
donc fait injure? Usent donc le droit de se plaindre de la loi? Ou bien,
s'ils ne s'en plaignent pas, si la loi n'a été que prévoyante et sage à
leur égard, de quel droit les autres viendraient-ils se formaliser, par- ~`
ce que la même loi leur serait appliquée ? Laissons-là ces fausses sus-
ceptibilités'qui ne signifient absolument rien dans une question de
cette nature. On a écarté de la chambre élective les préfets et les re-
ceveurs-généraux, parce qu'on a jugé qu'ils seraient beaucoup mieux
placés et beaucoup plus utiles dans te poste qui leur est conGé qu'au
milieu d'une assemblée délibérante. St l'on s'apercevait aujourd'hui
qu'un substitut de procureur du roi ou un co.lone! rendrait des ser-
vices plus réels en restant, l'un à son parquet, l'autre à la tête de son
régiment, qu'en venant cabaler contre ses supérieurs du ministère
dans les couloirs de la chambre, et si l'on décidait qu'à l'avenir ils ne
pourraient cumuler les fonctions de député avec celles que l'état leur
à conËées, la dignité de ces messieurs ne serait pas plus compromise
que celle des préfets et des receveurs-généraux. Seulement, ils au-
raient à opter entre leur position et leur ambition. S'ils se croient in-
dispensables a la chambre ou destinés a un grand avenir, ils donne-
ront leur démission et seront libres de briguer le mandat parlemen-
taire. Si leurs prétentions au leurs espérances sont moins hautes, ils
se renfermeront dans les devoirs de leur carrière, et l'administration
y gagnera, sans que le parlement y perde beaucoup.
En principe, les fonctions sont faites pour être remplies. Lorsqu'un
fonctionnaire passe, sur douze mois de l'année, sept ou huit mois à
Paris, et deux ou trois mois en vacances, les populations ont le droit
de dire, ou bien que sa place est inutile,' ou bien qu'il n'en remplit
pas les obligations; ou bien que le budget fait les frais d'une sinécure,
ou bien qu'il est mis à contribution pour un travail qui ne se fait
pas. La règle est que tous les agens du pouvoir s'occupent de la be-
sogne inhérente à leur emploi. Toute règle, nous le savons, comporte
des exceptions. Aussi, ne combattons-nous que l'abus. Or, l'abus,
c'est que les petits fonctionnaires se lancent tous à l'envi dans la
carrière parlementaire; l'abus, c'est qu'il n'y ait, parmi eux, d'ému-
lation que pour déserter leur poste. Qu'on se rappelle ce fait si ca-
ractéristique qui s'est produit dans les élections dernières. Tous les
membres du parquet de Toulouse, et plusieurs membres de la cour
royale, s'étaient mis sur les rangs pour la députation. Que serait-il
arrive, si les électeurs avaient donné gain de cause à toutes ces can-
didatures ? Le ministère public fût resté vacant, la justice aurait fermé
sa porte pendant les trois quarts de l'année. Croyez-vous qu'une lé-
gislation qui permet de pareilles choses, ait pourvu sumsamment à
la permanence et à la dignité des services publics?
Et pourquoi cela se voit-il? Pourquoi tous ces fonctionnaires, pe-
tits et grands, mais surtout les petits, se tournent-ils ~ainsi vers la
chambre.? Pourquoi? Nous allons le .dire, et c'est ici qu'on recounaî-'
traques! l'abus dont nous nous plaignons est à déplorer au point
de vue de l'administration, il l'est bien plus encore au point de vue
de la politique gouvernementale.
On invoque en faveur du «œtM rité on gémit sur les atteintes profondes que ce principe a déjà re-
çues on signale l'esprit de la mesure projetée comme un dernier coup
porté aux idées d'ordre etde pouvoir. Nous n'éprouvons, quanta nous,
ancune commisération pour ces doléances. Le principe d'autorité? i
les idées d'ordre gouvernemental? Mais rien ne les déconsidère, rien
ne les mine plus que le régime actuel! Regardez donc d'un peu près
aux réalités ne voyez-vous pas combien tous les principes de hié-
rarchie sont renversés?Nevoyez-vous pas que ce sont les ministres qui
se trouvent réduits à trembler devant leurs subordonnés et à rechercher
leurs bonnes grâces? Ne voyez-vous pas que c'est le dessous qui
fait la loi au ~&MtM ? Qu'eït-ce qu'un garde des sceaux aujourd'hui ?
Un homme dont un petit substitut mécontent' peut chaque jouré-
branler l'existence. Qu'est-ce qu'un ministre de la guerre? Un hom-
me que l'intérêt de son avenir contraint de descendre l'échelle hié-
rarchique pour traiter d'égal a égal avec telle ambition subalterne
qui, d'un coup de main, pourrait le renverser. Qu'est-ce qu'un mi-
nistre de l'intérieur ? Un homme qui en est aux courbettes vis à vis
d'un conseiller de préfecture à qui l'habit brodé de préfet fait envie.
ainsi dire, en raison de la grandeur même du sacrifice qu'on s'impose.
Le lendemain de ma première sortie, Blondeau entra chez moi elle
m'apportait la liste des personnes qui étaient venues savoir de mes nou-
velles et se faire écrire à ma porte.pendant ma maladie.
La princesse de Ksernika, M. de Rochegune, M. Lugar.to s'y trouvaient,
Mlle de Maran avait aussi envoyé chez moi, mais elle n'était pas venue
mevoir. Jamais elle n'approchait de la maison d'un malade, car elle a-
vait la marne de croire toutes les maladies contagieuses.
Je fus étonnée de ne'pas trouver sur la liste le nom de madame de Ri-
cheville, mes préventions contre elle avaient en partie disparu, non que
j'eusse en rien reconnu la vérité de ses prévisions au sujet de Contran,
car un des symptômesdel'amom' est un aveuglement complet, mais le
charme qu'elle possédait m'attirait malgré fnoi, et je ne mettais plus en
doute l'intérêt qu'elle me portait. <
–Madame la duchesse de Richeville n'a pas envoyé savoir de mesnou-
velles?–demandai-je à Blondeau.
–Non, madame. Mais.
Je vis à la physionomie de Blondeau qu'elle avait quelque chose à me
dire au sujet de cette liste et qu'elle hésitait.
–Qu'as-tu donc, tu parais embarrassée? (Quoique ce tutoiement fut
assez peu convenable, je n'avais pu renoncer à cette habitude de mon en-
fance.)
–C'est que j'ai peur de vous inquiéter, madame.
–S'agirait-il de M. de Lancry,–m'écriai-je.
–Non, non, madame, c'est une aventure extraordinaire qui s'est pas-
sée pendant votre maladie. Je ne vous en aurais pas parlé s'il ne s'agissait
pas indirectement, il est vrai, de ce bon M. de Mortagne.
Dis-donc vite. alors.
–Eh bien! madame, le lendemain: du jour où vous êtes tombée malade,
le soir pendant que vous étiez assoupie, j'étais un moment descendue à
l'oSice.M. René, votre valet de chambre, venait de nous apprendre qu'il
quittait la maison.
Il est vrai, –dis-je à Blondeau, en me souvenant d'avoir vu le matin
un nouveau domestique dont la figure m'avait frappée, car il ne me sem-
blait pas inconnu,saia-tu pourquoi René s'en est allé.
–Pour retourner daasson pays, enLorraine, a-t-il dit.
Et.celui qui le remplace, d'où sort-il? 1
Il était chez' des Anglais, il est au fait du service, il parait très
bonhomme et assez intelligent; mais, madame, il ne s'agit pas de
cela, ainsi que vous allez le voir. Le soir donc on vint me-dire que
quelqu'ua me demandait à la porte de l'hôtel,.et on me remit un
.billet pu étaient écrits ces mots de l'écriture de M. deMortagne,que
.je reconnaîtrais entre mille,. a
Toutes les communications relatives à la rédaction du feuilleton et à l'ad-
ministration du journal doivent être adressées à M. mnÀMER.
Personne n'ignore quelle puissance magique la qualité de députe
donne sur les membres d'un cabinet obligé de faire sa majorité boule
à boule. Aussi tous ceux qui veulent arriver vite, tous ceux qui ai-
ment mieux escalader les honneurs que les mériter, tous ceux qui
ne cherchent qu'un marche-pied, s'efforcent-ils de faire une trouée
dans la chambre élective. Dès qu'ils y sont, ne vous inquiétez plus de
leur sort! Avec un peu d'industrie, ils iront loin. Chaque crise,
chaque avènement nouveau, avancera leurs anaires, et pendant que
la médiocrité, oublieuse de ses devoirs.ferason chemin avec une
rapidité scandaleuse, le talent qui sera resté à son postépour y ser-
vir modestement l'état, sera laissé dans l'ombre pendant des années!
II y a sans doute de nobles caractères qui ne sauraient se résigner
à aUer ramasser chaque matin le pouvoir aux pieds de ces cupidités
ardentes. Ceux-là, quand ils sont aux affaires/se raidissent le plus
souvent contre les exigences qui les obsèdent. Mais aussi, que ceux-là
tombent vite que ceux-là expient amèrement l'audace qu'ils onteue
de secouer le joug Dans une chambre où le fractionnement des es-
prits rend si difficile et si précaire ta création d'une majorité, une
poignée d'intrigans suiBt pour faire la hausse et la baisse. Un minis-
tre peut être culbuté le soir par deux ou trois solliciteups qu'il aura
éconduits le matin. Aussi faut-il apporter au pouvoir un grand déta-
chement, une résolution bien arrêtée d'en sortir par la première porte
qui s'ouvrira, lorsqu'on veut lutter contre les abus qui s'y sont ins-
tallés..
S'il en est ainsi, et aucun des hommesqui connatssehtie fond des
choses ne contestera la vérité de ce tableau, pense-t-ôn quête prin-
cipe d'autorité puisse gagner au maintien d'un pareil régime? Pour
notre part, nous le nions hardiment. Laissons donc de côté, avec ta
dignité soi-disant Messée des fonctionnaires qu'atteindrait une décla-
ration .d'incompatibUité, ces grandes considérations d'ordre moral
que l'on présente à contresens, ou du moins tout à fait en dehors de
la réalité pratique. Il ne faut pas que le parti conservateur se laisse
duper ou éblouir par la fausse application qu'on prétend faire de prin-
cipes qui lui sont chers à juste titre. <
Lorsqu'on a fait la loi électorale qui nous régit aujourd'hui, on a
senti que les abus que nous signalons étaient possibles, et l'on a voulu
y remédier. C'est dans ce but qu'on a exigé que tout député qui ac-
cepterait des fonctions publiques ou de l'avancement fût soumis a la
réélection. Mais ce remède, loin deguénr le mal, n'a fait que l'ag-
graver. Le profit qu'un député tire de son mandat ne lui hnit jamais
auprès des électeurs, au contraire les faveurs qu'il obtient sont
regardées par eux comme autant de preuves dé son influence et de
son crédit sur le gouvernement; et comme, en général, les électeurs
aiment à avoir eux-mêmes des représentans qui puissent servir leurs
intérêts personnels ou locaux, c'est de préférence a ces heureux dé-
putes qu'ils s'adressent. Il est sans exempte de puis dix ans qu'une
promotion, quelque peu légitime qu'on l'ait trouvée, ait été une
cause de dêchêanc& électorale. On citerait plutôt des candidatures qui
y ont puisé de nouvelles garanties de succès.
Il faut donc un autre remède un système mieux conçu d'incom-
patibilités pourrait le fournir. Mais, s'écrie-t-on, si vous, excluez les
fonctionnaires de la chambre, vous vous priverez de lumières indis-
pensables dans une assemblée chargée défaire des lois! Cela serait
vrai, s'il était question de fructidoriser les fonctionnaires aveu-
glément et sans exception. Mais, pour des esprits sensés, il ne
s'agit de rien de pareil. Pour notre part, nous croyons qu'il
est très facile de combiner le système des incompatibilités, de
façon à conserver toutes les lumières et à exclure les intri-
gues, autant du moins que la chose est possible. On y parviendra
probablement en n'admettant, par exemple, que les hommes
déjà parvenus aux derniers échelons d'un emploi. Par là, d'a-
bord, on éviterait toute perturbation administrative; car, dana
chaque carrière, plus on s'élève, plus on a de suppléans pour exé-
cuter ou surveiller le travail. Les hautes positions sont des dignités
qui représentent des services déjà rendus, plutôt que dés charges qui
imposent de nouveaux devoirs. Elles donnent ces nobles' loisirs qni
sont la première et pe~t-être la plus essentielle condition des hom-
« ~a &onK6 madame B~on~MM, ayez tOMte coH/MMce c!~onue OMt uotM femcMra cg 6tMet; eHe ~OMS (!t'ra ce ~Me j'a~MM~
~OMS~ j'at apprt's que Mf~MMe est maMe,-j'e tMKS d (mot'r c~otM j'oMr
de sesnouueMes~af~Otts. "S~ne MORTAGNE.x u
–Vous pensez bien, _madame, que je n'hésitai pas un moment.
Je descendis à la porte je vis un nacre,, la portière était-entr'ou~-
verte; dans cette voiture était un homme dont. je ne pouvais distin-
guer les traits à cause de l'obscurité, it me dit d'une voix émue et
que je né reconnus .pas:
Madame Bbndeau,je viens de !a part de M. de Mor~agne sa-
voir des MuveUes de Mme la vicomtesse de Lancry.
EUe est bien souiTrantë, dis-je à cet inconnu. Les méde-
cins craignent une mauvaise nuit; `
Vous ne vous étonnerez pas du mystère avec. lequel M deMor-
tagne s'informe par moi son ami, de Fêtât de Mme de Lancry;
ajouta-t-it,–quand vous saurëx que dans l'intérêt de votre, maîtresse
ie nom de M. de Mortagne ne doit pas être prononcé chez eHe.Vous
ne m'aviez pas caché, madame ajouta Btohdeau, ta scène
crueHe de votre contrat de mariage; il me parut très simple que M.
de Mortagne s'informât de vos nouveHes par un moyen détoumB,
d'autant plus qui) n'était pas alors à Paris.
–Où est-il donc?–dis-je a BIondëau.
–Cette même personneincohnMeajouta queM. de Mortagneetait absent
de Paris, par suite d'aSaires très importantes qui vous concernaient et
qu'il lui fallait s'entourer du plus grand mystère pour les mener, à bien.,
.–Qu'ëst-cequecelasignine?
Je ne sais pas, madame. Toujours est-il que cet inconnu me dit qu'H
ne pouvait me faire ainsi désormais demander, à la porte, sans provoquer
les remarques de vos gens, ce qui eut étéfacheux~quepour avoir des
détaiis fréquens et précis sur votre santé, il me priaitaunomdëM. de
Mortagne de mettre chaque jour une espèce de buUetin sous une grosse
pierre à la grille du jardin du côté des Champs-Elysées, e~ qu'il viendrait
le prendre le soir, cet endroit étant, là nuit, tout à fait désert; que si je
pouvais quelquefois venir moi-même, il m'en serait bien reconnaissant au
nom de M. de Mortagne.'car-il pourrait ainsi avoir des nouvelles encore
plus détaillées; il ajouta que M. de Mortagne avait bien pensé à envoyer
un domestique s'informer de vptresanté, ainsi que cela se fait, mais que
ce renseignement incomplet ne pouvait satisfaire son inquiétude.; il me dit
enfin qu'il avait aussi songé à me demander de IuL écrire, parla peste,;so!is
un nom suppose, mais que ce moyen était de tous Ïe plus dang~re~x.
'–Etpôurquoisidangëreux?
/–Je ne sais, madame ,ilne s'est pas explique davantage; il m~aMM
recommandede vous dire, uhe fois pour toutes, que gt'Yous ayiez dans!
Edition de Paria
ABONNENENS:
Unat). 48fr.)troismois
Les abonneuiens datent qeS~-
t"en5dumoi6.
°w w v w r · \v
` \O Q `
''1
¡¡¡ Iiii. ~:I"
'~I i~
e2_·,p~~
N &*anow paf trimettFO.
ÏNSERTÏ~NS:
tfr.Mc.tapetiteHgneet3fr.ta
i Hs'tedereciame.
Toutes les lettres doivent ttre
affranchies.
Tontes les communications et rMamati
]Par~, 4 avrU.
La chambre des députés doit s'occuper demain de ta proposition
Pages et Mauguin. Nous n'examinerons pas ici les termes de cette
proposition. Elle aurait pu être plus heureusement conçue; elle est
incomplète sous certains rapports, excessive sous quelques autres.
Nous la laissons donc pour ce qu'elle vaut, sans nous en faire les
champions. Mais puisqu'elle est présentée, puisque la chambre en a
déjà autorisé la lecture, nous saisirons cette occasion de rappeler très
franchement nos vues sur la question. Plusieurs de nos amis, nous le
savons, diuërent ici complètement d'opinion avec nous. Quoique re-
gret que nous ayons de cette dissidence, nous n'en dirons pas moins
ce qui nous parait être ia venté. Nos amis toléreront notre indé-
pendance. Si l'indépendance est un mérite, c'est surtout lors-
qu'elle résiste aux plus impérieux entrainemens de l'esprit ou du
cœur.
Aussi bien, cette question est-elle pleine dé doutes pour ceux-là
même qui se montrent le plus disposes à la trancher dans le sens de
ce quiexiste aujourd'hui. C'est la troisième fois, depuis un an, que
cette question se reproduit. Si toutes les consciences étaient sures
d'avoir bien fait en la repoussant par un premier vote, eussent-elles
permis qu'à si peu de distance on vînt les consulter encore, et les
soumettre à deux nouvelles épreuves? Apres l'échec de la proposition
Gaugùier, rien n'empêchait la chambré de tuer dans son germe !a pro-
position Rémilly. Eh bien, non. La chambre ne l'a pas tuée Elle en a
autorisé la lecture, elle en a vote !a prise en considération. Il est vrai
qu'ensuite éilel'a rejetée; mais attendez! voici venir une autre pro-
position, et la chambre l'accueille encore Elle pouvait l'étouHër dans
!é huis-clos des bureaux elle îa laisse tranquillement arriver à son
tour à la tribune, quoique la formule n'en soit guère meilleure que
celledesprécédentes. ` L
Qu'on ne s'y trompe pas, cela n'est pas de l'inconséquence, ce se-
rait plutôt de l'esprit de suite. Malgré ses votes répulsifs, la cham-
bre continue à sent!r qu'il y a au fond de la situation actuelle un
vice caché. Elle ne fait encore rien pour l'extirper, mais elle com-
prend, comme l'a dit ùu des ministres d'aujourd'hui, qu'il y a pour-
tant quelque chose à faire. Son instinct proteste contre son œuvre,
et refuse d'en $tre complice. Voilà l'explication de cette conduite
qui, sans cela, serait inexplicable. Voilà pourquoi, le lendemain, elle
tend une mainsecourable à ce qu'elle a repoussé la veille. Ces con-
tradictions sont le propre des gens qui doutent, qui hésitent, quine
croient pas à l'excellence des institutions qu'ils consacrent. La cham-
Ttre voit le mal en dépit des scrutins qui le nient; seulement, com-
me elle n'est pas encore bien convaincue que le remède proposé soit
le plus efHcàce, elle l'éloigné; tout enseréservant d'examiner les au-
tresremedes qui lui seront oSerts. C'est sa main qui vote la durée
des traditions du passé, mais c'est sa raison qui va au devant dés re-
formes possibles de ravemr.
Ne cherchez pas d'autre cause à cette continuité de tentatives qui
renaissent lés unes des autres et qui, toujours malheureuses, sont ce-
pendant toujours encouragées. Gomme beaucoup d'excellens esprits,
qui s'avouent plus ou moins ouvertement à eux-mêmes l'irrésistible
tendance de leur bon sens, nous trouvons, nous, que l'invasion des
fonctionnaires dans la chambre élective constitue pour le parlement
"et pour le pays une situation anormale et mauvaise; nous craignons
que cette situation n'empire encore chaque jour avec la cause qui la
produit; nous désirons qu'un terme soit mis à cet envahissement qui
menace de s'étendre de plus en plus; nous nous rattachons d'avance
9
Rien déplus faibleque les objections par lesquelles on prétend jus-
tifier le maintien des abus actuels. Prononcer des incompatibilités,
dit-on, c'est porter atteinte à la dignité des fonctionnaires sur les-
quels pesé l'exclusion; c'est les frapper d'nne incapacité injurieuse et
Ne~ante. Et pourquoi donc ? Est-ce que déjà la loi n'a pas prononcé
d'autres incompatibilités? Est-ce que les préfets ne sont pas exclus?
Est-ce que les receveurs-généraux ne sont pas exclus ? La loi leur a
tpEt~t~JETT~ B!E t.A PRESSE. j
-MAT~DE.
MÉMOIRES D'UNE JEUNE FEMMEY
ss~saâ~s~a'tFa's..
LE~RIA~
CHAPITRE X~–ï,eBiHe<
Je fus plusieurs jours très souSrante, et pourtant après notre re-
tra)te de Chantilly, je comptai ces jours parmi ies plus beaux de ma vie.
.Contran resta près de moi, me prodiguai les ptus.tendrëssomB. Mes
pensées étaient mélancotiques,. tristes; mais d'une tristesse douce.
Quelquefois je me~ demandais a quof bon la vie désormais? Je crai-
gnais d'avoir épuisé toute la félicite que je pouvais espérer. Alors sincè-
rement, sans exagération/je priaisDieu de me retirer de ce monde;
.alors ta mort m'eût parupresque belle.
Mon mari était redevenu aSectueux, prévenant comme parle passé;
il regrettait le chagrin qu'il m'avait causé il ne me quittait pas
j'étaisdéuvréectela présence de M- 'Lugarto.
Non bonheur était si grand que j'oubliais les chagrins qui avaient
.cause ma maladie. Je redoutais presque le rétabUssement de ma san-
té, dans la crainte de voir cesser les précieuses attelons de Gontran~ car,
à mesure que mes sôuSrances.diminuaient, il devenait moins assidu.
Dan~'inon égôismè, pour le réténir.pr'e,s de moi;' jè désirâis ardéàiment
Dans mon égoYsme, pour le retenir prèsdeTnoi, je désirais ardemment
une rechute. Al'insu de ma pauvre Blondeau, qui me veillait pourtant
avec une sollicitude maternelle, je commis de grandes imprudences; je
tombai assez gravement malade.
Jenesàùrais dire ma joie en voyant que j'avais réussi. Contran rede-
vint pendant quelques jours ce qu'if avait été d'abord. Mais le bonheur
d'être toujours près de lui avait, sur moi une telle influence que je re-
naissaisbieptôtà la.vie; alors de nouveau je craignais de le perdre.
j\.u milieu.de ces alternatives, je me traçai une ligne de conduite dont
~je.meprotmsbiendenepasm'éearter; elle était en tout conforme à Lia
.dernière résolution que j'avais prise, il serait faux de dire que cette
détermination ne me coûtait pas beaucoup mais il y a dans tout sacri-
;&cehijtt~ramour.une sorte de satisfaction profonde qui c~ugmente pour
Bmreanx: Rue Saint-Georges, ~e, ~Parts.
donc fait injure? Usent donc le droit de se plaindre de la loi? Ou bien,
s'ils ne s'en plaignent pas, si la loi n'a été que prévoyante et sage à
leur égard, de quel droit les autres viendraient-ils se formaliser, par- ~`
ce que la même loi leur serait appliquée ? Laissons-là ces fausses sus-
ceptibilités'qui ne signifient absolument rien dans une question de
cette nature. On a écarté de la chambre élective les préfets et les re-
ceveurs-généraux, parce qu'on a jugé qu'ils seraient beaucoup mieux
placés et beaucoup plus utiles dans te poste qui leur est conGé qu'au
milieu d'une assemblée délibérante. St l'on s'apercevait aujourd'hui
qu'un substitut de procureur du roi ou un co.lone! rendrait des ser-
vices plus réels en restant, l'un à son parquet, l'autre à la tête de son
régiment, qu'en venant cabaler contre ses supérieurs du ministère
dans les couloirs de la chambre, et si l'on décidait qu'à l'avenir ils ne
pourraient cumuler les fonctions de député avec celles que l'état leur
à conËées, la dignité de ces messieurs ne serait pas plus compromise
que celle des préfets et des receveurs-généraux. Seulement, ils au-
raient à opter entre leur position et leur ambition. S'ils se croient in-
dispensables a la chambre ou destinés a un grand avenir, ils donne-
ront leur démission et seront libres de briguer le mandat parlemen-
taire. Si leurs prétentions au leurs espérances sont moins hautes, ils
se renfermeront dans les devoirs de leur carrière, et l'administration
y gagnera, sans que le parlement y perde beaucoup.
En principe, les fonctions sont faites pour être remplies. Lorsqu'un
fonctionnaire passe, sur douze mois de l'année, sept ou huit mois à
Paris, et deux ou trois mois en vacances, les populations ont le droit
de dire, ou bien que sa place est inutile,' ou bien qu'il n'en remplit
pas les obligations; ou bien que le budget fait les frais d'une sinécure,
ou bien qu'il est mis à contribution pour un travail qui ne se fait
pas. La règle est que tous les agens du pouvoir s'occupent de la be-
sogne inhérente à leur emploi. Toute règle, nous le savons, comporte
des exceptions. Aussi, ne combattons-nous que l'abus. Or, l'abus,
c'est que les petits fonctionnaires se lancent tous à l'envi dans la
carrière parlementaire; l'abus, c'est qu'il n'y ait, parmi eux, d'ému-
lation que pour déserter leur poste. Qu'on se rappelle ce fait si ca-
ractéristique qui s'est produit dans les élections dernières. Tous les
membres du parquet de Toulouse, et plusieurs membres de la cour
royale, s'étaient mis sur les rangs pour la députation. Que serait-il
arrive, si les électeurs avaient donné gain de cause à toutes ces can-
didatures ? Le ministère public fût resté vacant, la justice aurait fermé
sa porte pendant les trois quarts de l'année. Croyez-vous qu'une lé-
gislation qui permet de pareilles choses, ait pourvu sumsamment à
la permanence et à la dignité des services publics?
Et pourquoi cela se voit-il? Pourquoi tous ces fonctionnaires, pe-
tits et grands, mais surtout les petits, se tournent-ils ~ainsi vers la
chambre.? Pourquoi? Nous allons le .dire, et c'est ici qu'on recounaî-'
traques! l'abus dont nous nous plaignons est à déplorer au point
de vue de l'administration, il l'est bien plus encore au point de vue
de la politique gouvernementale.
On invoque en faveur du «œtM rité on gémit sur les atteintes profondes que ce principe a déjà re-
çues on signale l'esprit de la mesure projetée comme un dernier coup
porté aux idées d'ordre etde pouvoir. Nous n'éprouvons, quanta nous,
ancune commisération pour ces doléances. Le principe d'autorité? i
les idées d'ordre gouvernemental? Mais rien ne les déconsidère, rien
ne les mine plus que le régime actuel! Regardez donc d'un peu près
aux réalités ne voyez-vous pas combien tous les principes de hié-
rarchie sont renversés?Nevoyez-vous pas que ce sont les ministres qui
se trouvent réduits à trembler devant leurs subordonnés et à rechercher
leurs bonnes grâces? Ne voyez-vous pas que c'est le dessous qui
fait la loi au ~&MtM ? Qu'eït-ce qu'un garde des sceaux aujourd'hui ?
Un homme dont un petit substitut mécontent' peut chaque jouré-
branler l'existence. Qu'est-ce qu'un ministre de la guerre? Un hom-
me que l'intérêt de son avenir contraint de descendre l'échelle hié-
rarchique pour traiter d'égal a égal avec telle ambition subalterne
qui, d'un coup de main, pourrait le renverser. Qu'est-ce qu'un mi-
nistre de l'intérieur ? Un homme qui en est aux courbettes vis à vis
d'un conseiller de préfecture à qui l'habit brodé de préfet fait envie.
ainsi dire, en raison de la grandeur même du sacrifice qu'on s'impose.
Le lendemain de ma première sortie, Blondeau entra chez moi elle
m'apportait la liste des personnes qui étaient venues savoir de mes nou-
velles et se faire écrire à ma porte.pendant ma maladie.
La princesse de Ksernika, M. de Rochegune, M. Lugar.to s'y trouvaient,
Mlle de Maran avait aussi envoyé chez moi, mais elle n'était pas venue
mevoir. Jamais elle n'approchait de la maison d'un malade, car elle a-
vait la marne de croire toutes les maladies contagieuses.
Je fus étonnée de ne'pas trouver sur la liste le nom de madame de Ri-
cheville, mes préventions contre elle avaient en partie disparu, non que
j'eusse en rien reconnu la vérité de ses prévisions au sujet de Contran,
car un des symptômesdel'amom' est un aveuglement complet, mais le
charme qu'elle possédait m'attirait malgré fnoi, et je ne mettais plus en
doute l'intérêt qu'elle me portait. <
–Madame la duchesse de Richeville n'a pas envoyé savoir de mesnou-
velles?–demandai-je à Blondeau.
–Non, madame. Mais.
Je vis à la physionomie de Blondeau qu'elle avait quelque chose à me
dire au sujet de cette liste et qu'elle hésitait.
–Qu'as-tu donc, tu parais embarrassée? (Quoique ce tutoiement fut
assez peu convenable, je n'avais pu renoncer à cette habitude de mon en-
fance.)
–C'est que j'ai peur de vous inquiéter, madame.
–S'agirait-il de M. de Lancry,–m'écriai-je.
–Non, non, madame, c'est une aventure extraordinaire qui s'est pas-
sée pendant votre maladie. Je ne vous en aurais pas parlé s'il ne s'agissait
pas indirectement, il est vrai, de ce bon M. de Mortagne.
Dis-donc vite. alors.
–Eh bien! madame, le lendemain: du jour où vous êtes tombée malade,
le soir pendant que vous étiez assoupie, j'étais un moment descendue à
l'oSice.M. René, votre valet de chambre, venait de nous apprendre qu'il
quittait la maison.
Il est vrai, –dis-je à Blondeau, en me souvenant d'avoir vu le matin
un nouveau domestique dont la figure m'avait frappée, car il ne me sem-
blait pas inconnu,saia-tu pourquoi René s'en est allé.
–Pour retourner daasson pays, enLorraine, a-t-il dit.
Et.celui qui le remplace, d'où sort-il? 1
Il était chez' des Anglais, il est au fait du service, il parait très
bonhomme et assez intelligent; mais, madame, il ne s'agit pas de
cela, ainsi que vous allez le voir. Le soir donc on vint me-dire que
quelqu'ua me demandait à la porte de l'hôtel,.et on me remit un
.billet pu étaient écrits ces mots de l'écriture de M. deMortagne,que
.je reconnaîtrais entre mille,. a
Toutes les communications relatives à la rédaction du feuilleton et à l'ad-
ministration du journal doivent être adressées à M. mnÀMER.
Personne n'ignore quelle puissance magique la qualité de députe
donne sur les membres d'un cabinet obligé de faire sa majorité boule
à boule. Aussi tous ceux qui veulent arriver vite, tous ceux qui ai-
ment mieux escalader les honneurs que les mériter, tous ceux qui
ne cherchent qu'un marche-pied, s'efforcent-ils de faire une trouée
dans la chambre élective. Dès qu'ils y sont, ne vous inquiétez plus de
leur sort! Avec un peu d'industrie, ils iront loin. Chaque crise,
chaque avènement nouveau, avancera leurs anaires, et pendant que
la médiocrité, oublieuse de ses devoirs.ferason chemin avec une
rapidité scandaleuse, le talent qui sera resté à son postépour y ser-
vir modestement l'état, sera laissé dans l'ombre pendant des années!
II y a sans doute de nobles caractères qui ne sauraient se résigner
à aUer ramasser chaque matin le pouvoir aux pieds de ces cupidités
ardentes. Ceux-là, quand ils sont aux affaires/se raidissent le plus
souvent contre les exigences qui les obsèdent. Mais aussi, que ceux-là
tombent vite que ceux-là expient amèrement l'audace qu'ils onteue
de secouer le joug Dans une chambre où le fractionnement des es-
prits rend si difficile et si précaire ta création d'une majorité, une
poignée d'intrigans suiBt pour faire la hausse et la baisse. Un minis-
tre peut être culbuté le soir par deux ou trois solliciteups qu'il aura
éconduits le matin. Aussi faut-il apporter au pouvoir un grand déta-
chement, une résolution bien arrêtée d'en sortir par la première porte
qui s'ouvrira, lorsqu'on veut lutter contre les abus qui s'y sont ins-
tallés..
S'il en est ainsi, et aucun des hommesqui connatssehtie fond des
choses ne contestera la vérité de ce tableau, pense-t-ôn quête prin-
cipe d'autorité puisse gagner au maintien d'un pareil régime? Pour
notre part, nous le nions hardiment. Laissons donc de côté, avec ta
dignité soi-disant Messée des fonctionnaires qu'atteindrait une décla-
ration .d'incompatibUité, ces grandes considérations d'ordre moral
que l'on présente à contresens, ou du moins tout à fait en dehors de
la réalité pratique. Il ne faut pas que le parti conservateur se laisse
duper ou éblouir par la fausse application qu'on prétend faire de prin-
cipes qui lui sont chers à juste titre. <
Lorsqu'on a fait la loi électorale qui nous régit aujourd'hui, on a
senti que les abus que nous signalons étaient possibles, et l'on a voulu
y remédier. C'est dans ce but qu'on a exigé que tout député qui ac-
cepterait des fonctions publiques ou de l'avancement fût soumis a la
réélection. Mais ce remède, loin deguénr le mal, n'a fait que l'ag-
graver. Le profit qu'un député tire de son mandat ne lui hnit jamais
auprès des électeurs, au contraire les faveurs qu'il obtient sont
regardées par eux comme autant de preuves dé son influence et de
son crédit sur le gouvernement; et comme, en général, les électeurs
aiment à avoir eux-mêmes des représentans qui puissent servir leurs
intérêts personnels ou locaux, c'est de préférence a ces heureux dé-
putes qu'ils s'adressent. Il est sans exempte de puis dix ans qu'une
promotion, quelque peu légitime qu'on l'ait trouvée, ait été une
cause de dêchêanc& électorale. On citerait plutôt des candidatures qui
y ont puisé de nouvelles garanties de succès.
Il faut donc un autre remède un système mieux conçu d'incom-
patibilités pourrait le fournir. Mais, s'écrie-t-on, si vous, excluez les
fonctionnaires de la chambre, vous vous priverez de lumières indis-
pensables dans une assemblée chargée défaire des lois! Cela serait
vrai, s'il était question de fructidoriser les fonctionnaires aveu-
glément et sans exception. Mais, pour des esprits sensés, il ne
s'agit de rien de pareil. Pour notre part, nous croyons qu'il
est très facile de combiner le système des incompatibilités, de
façon à conserver toutes les lumières et à exclure les intri-
gues, autant du moins que la chose est possible. On y parviendra
probablement en n'admettant, par exemple, que les hommes
déjà parvenus aux derniers échelons d'un emploi. Par là, d'a-
bord, on éviterait toute perturbation administrative; car, dana
chaque carrière, plus on s'élève, plus on a de suppléans pour exé-
cuter ou surveiller le travail. Les hautes positions sont des dignités
qui représentent des services déjà rendus, plutôt que dés charges qui
imposent de nouveaux devoirs. Elles donnent ces nobles' loisirs qni
sont la première et pe~t-être la plus essentielle condition des hom-
« ~a &onK6 madame B~on~MM, ayez tOMte coH/MMce c!~onue OMt uotM femcMra cg 6tMet; eHe ~OMS (!t'ra ce ~Me j'a~MM~
~OMS~ j'at apprt's que Mf~MMe est maMe,-j'e tMKS d (mot'r c~otM j'oMr
de sesnouueMes~af~Otts. "S~ne MORTAGNE.x u
–Vous pensez bien, _madame, que je n'hésitai pas un moment.
Je descendis à la porte je vis un nacre,, la portière était-entr'ou~-
verte; dans cette voiture était un homme dont. je ne pouvais distin-
guer les traits à cause de l'obscurité, it me dit d'une voix émue et
que je né reconnus .pas:
Madame Bbndeau,je viens de !a part de M. de Mor~agne sa-
voir des MuveUes de Mme la vicomtesse de Lancry.
EUe est bien souiTrantë, dis-je à cet inconnu. Les méde-
cins craignent une mauvaise nuit; `
Vous ne vous étonnerez pas du mystère avec. lequel M deMor-
tagne s'informe par moi son ami, de Fêtât de Mme de Lancry;
ajouta-t-it,–quand vous saurëx que dans l'intérêt de votre, maîtresse
ie nom de M. de Mortagne ne doit pas être prononcé chez eHe.Vous
ne m'aviez pas caché, madame ajouta Btohdeau, ta scène
crueHe de votre contrat de mariage; il me parut très simple que M.
de Mortagne s'informât de vos nouveHes par un moyen détoumB,
d'autant plus qui) n'était pas alors à Paris.
–Où est-il donc?–dis-je a BIondëau.
–Cette même personneincohnMeajouta queM. de Mortagneetait absent
de Paris, par suite d'aSaires très importantes qui vous concernaient et
qu'il lui fallait s'entourer du plus grand mystère pour les mener, à bien.,
.–Qu'ëst-cequecelasignine?
Je ne sais pas, madame. Toujours est-il que cet inconnu me dit qu'H
ne pouvait me faire ainsi désormais demander, à la porte, sans provoquer
les remarques de vos gens, ce qui eut étéfacheux~quepour avoir des
détaiis fréquens et précis sur votre santé, il me priaitaunomdëM. de
Mortagne de mettre chaque jour une espèce de buUetin sous une grosse
pierre à la grille du jardin du côté des Champs-Elysées, e~ qu'il viendrait
le prendre le soir, cet endroit étant, là nuit, tout à fait désert; que si je
pouvais quelquefois venir moi-même, il m'en serait bien reconnaissant au
nom de M. de Mortagne.'car-il pourrait ainsi avoir des nouvelles encore
plus détaillées; il ajouta que M. de Mortagne avait bien pensé à envoyer
un domestique s'informer de vptresanté, ainsi que cela se fait, mais que
ce renseignement incomplet ne pouvait satisfaire son inquiétude.; il me dit
enfin qu'il avait aussi songé à me demander de IuL écrire, parla peste,;so!is
un nom suppose, mais que ce moyen était de tous Ïe plus dang~re~x.
'–Etpôurquoisidangëreux?
/–Je ne sais, madame ,ilne s'est pas explique davantage; il m~aMM
recommandede vous dire, uhe fois pour toutes, que gt'Yous ayiez dans!
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 82.41%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 82.41%.
- Collections numériques similaires Académie française Académie française /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Académie française" or dc.contributor adj "Académie française")Recueil des harangues prononcées par Messieurs de l'Académie françoise, dans leurs receptions, & en d'autres occasions, depuis l'établissement de l'Académie jusqu'à présent /ark:/12148/bpt6k1428755j.highres La Lyre : Feuille littéraire mensuelle paraissant le 10 de chaque mois ["puis" Feuille littéraire des jeunes paraissant chaque quinzaine]. Publié sous le patronage de M. Edmond Rostand de l'Académie française /ark:/12148/bpt6k1204430d.highres
- Auteurs similaires Académie française Académie française /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Académie française" or dc.contributor adj "Académie française")Recueil des harangues prononcées par Messieurs de l'Académie françoise, dans leurs receptions, & en d'autres occasions, depuis l'établissement de l'Académie jusqu'à présent /ark:/12148/bpt6k1428755j.highres La Lyre : Feuille littéraire mensuelle paraissant le 10 de chaque mois ["puis" Feuille littéraire des jeunes paraissant chaque quinzaine]. Publié sous le patronage de M. Edmond Rostand de l'Académie française /ark:/12148/bpt6k1204430d.highres
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k428442v/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k428442v/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k428442v/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k428442v/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k428442v
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k428442v
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k428442v/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest