Titre : La Presse
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1840-07-08
Contributeur : Girardin, Émile de (1806-1881). Directeur de publication
Contributeur : Laguerre, Georges (1858-1912). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34448033b
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 08 juillet 1840 08 juillet 1840
Description : 1840/07/08. 1840/07/08.
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k428171k
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
s Cinquième année.- 1840.
INfSERTt~NS ·:
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Un an. 48 fr. Trots moptbMt F
Six mois .M m moh.t;~ t
Les tbonnemens datent tp
t" et ts du mots.
Edttion de Paris.
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La chambre des pairs a adopte aujourd'hui le rapport de ta com-
'mission chargée d'examiner le projet du chemin de fer de Paris .a
'Rouen. La commission conclut à l'adoption du projet tel qu'il a été
votéparlachambredesdëputés.
La chambre a également entendu le rapport de la commission nom-
.mée pour l'examen du projet de "loi sur les jnges-suppléans du tribu-
naldela Seine. Par l'organe de son rapporteur M. Portails, la com-
mission adopte à l'unanimité la première partie du projet de loi por-
tant création de nouveaux juges titulaires et augmentation du nombre
des membres du parquet; mais elle maintient l'institution des ju-
ges-suppléans dont le projet de loi porte suppression. Seulement nul
f ne pourra être nommé juge-suppléant, avant l'âge de 22 ans accomplis
et s'il n'a fait 2 ans de stage comme avocat auprès d'une cour Myate.
Jusqu'à 25ans,lesjuges-suppléans N'auront que voix consultative,
et pourront cependant être appelés à exercer les fonctions de minis-
tëre public. A 24 ans, après 3 ans d'exercice, les juges-suppléans se-
ront inamovibles; ils auront voix délibérative en cas de partage et joui-
ront d'un traitement de 1,500 francs. Ils seront chargés, avec les ju-
ges titulaires, des ordres, contributions, enquêtes, taxes des fr~is. Le
nombre des juges-suppléansseraportêàlë; & choisis .parmi ceux
qui ont voix délibérative seront spécialement attachés à l'instruction
criminelle. Les autres dispositions du projet amendé sont relatives
aux vacances et au mode de nomination.
Sur les instances de M. le garde des sceaux, qui a fait remarquer
que la loi sur les juges supplëans de Paris avait été présentée en temps
utile par le ministère, la chambre a décidé que cette loi serait discutée
entre les deux budgets.
M. d'Audiffret a présenté ensuite le rapport du budget des dépen-
ses pour l'exercice 18~1.
Les titres de M. le comte Foy, qui a atteint l'âge requis pour sié-
ger, ont été validés par la chambre, 'et l'admission de M. le comte Foy
prononcée.
Le vote d'un projet de loi relatif à divers travaux du service des
monumens et édifices publics a terminé la séance, mais il a été annu-
lé, faute d'un nombre sufEsant de votans.
Le ~?'$cmême, qui ont blâmé les avances inutilement faites à M. Martin (du
Nord), peuvent recommencer leurs doléances dès aujourd'hui; car,
le cabinet du 1" mars vient de s'attirer un nouveau refus.
Le ministère a fait offrir directement à M. Villemain la place de
garde-général des archives du royaume, laissée vacante par la mort
de M. Daunou. M. Villemain, malgré les instances de toutes sortes
dont il a été l'objet, a irrëvocaMement refusé.
La conduite de M. Villemain est digne d'éloges, et nous l'en félici-
tons sans aucune réserve. Cette conduite est de bon exemple. Le mi-
ci~ere s'était fiattê qu'il se ferait une majorité par les places; qu'en
-satisfaisant les intérêts'privés, il fermerait fa bouche aux opinions, et
que de tous les points de l'horizon on verrait accourir en foule les
devoûmens alléchés par l'appât de sa munificence. Le ministè-
re vertueux du 1" mars doit comprendre maintenant qu'il s'est
trompé. Sans doute il a fait quelques recrues; mais celles-là, nul
ne les regrette, et aucun parti n'est tenté de les lui envier. Quant
aux hommes véritablementsêrieux, quant à ceux dont l'appui pouvait
surtout l'honorer et le renforcer, ils ont résisté à toutes ses séduc-
tions. Cette attitude, qui est un mérite pour eux, est aussi un fâcheux
symptôme pour lui. Elle lui prouve que le nerf de son système est
brisé.
FE~MJLET~M ME BjA ]PB5ES~E.
LA REÏNE DES PRAtRÏES i)
r 'VI.
Depuis que le conseil des Frères des quatre langues, dit la voix, s'est
réuni, il y a de cela un an,' sur les landes des Alpes-Juliennes, l'es-
clavage s'écroule de plus en plus, en Syrie, en Egypte, en Arabie, dans
tout l'Orient. Si la paix était donnée, pendant un demi-siècle, à cette
partie du monde, les marchés eu se vend la chair vivante et humaine
seraient fermes jusqu'au dernier.
Les .maîtres élèvent eux-mêmes leurs esclaves, non pas jusqu'à la li-
berté, oe qui serait peu, mais jusqu'à la propriété et à la famille, ce qui
est beaucoup. Quoique les lois défendent aux esclaves de contracter et
de posséder, ainsi que les autres hommes, les maîtres le leur permet-
tent. Ils prennent parmi eux les fermiers de leurs terres et les pasteurs
de leurs troupeaux. Au lieu de les irener eux-mêmes au travail, ils leur
assignent des champs à labourer, des vignes à tailler, des oliviers à
planter, et ils les laissent ainsi pendant long-temps, prenant chaque an-
née la part' convenue, une pan qui est juste; et les esclaves, libres en
réalité, puisque personne ne leur commande, épargnent, amassent, pros-
pèrent, lèguent à leurs héritiers; fondent des familles, deviennent maî-
tres, presque citoyens.
Seulement, ces esclaves, enrichis par le travail, et qui ont acheté pé-
niblement le repos et le calmé de leur vieillesse, semblent oublier leur
origine. Ils sont durs, exigeans, avides,, et leurs esclaves sont moins
heureux qne ceux des fanulles libres et anciennes.
Je demanderai à l'orateur, dit tout à coup une voix sortie du
groupe de la langue grecque, si ces maîtres nouveaux donnent à leurs
esclaves des laitues de Gappadoce ?
Pourquoi cette question ridicule, dit sévèrement en se retournant
sur son tronc d'arbre l'homme qu'on avait appelé le Père ?
C'est que j'ai un maître, répondit la voix, qui ne me nourrit pas
d'autre chose, depuis deux ans et je voudrais que l'assemblée décrétât
un peu plus de variété dans le régime.
Des rires étouffés accueillirent cette observation, et le Frère de la
langue égyptienne recommença.
Il s'est répandu peu à peu en Orient une religion nouvelle, qui a
éteint toutes les révoltes des esclaves: Cette religion dit que les esclaves
et les libres sont la même chose devant Dieu, et que la condition des
uns ne vaut pas mieux que la condition des autres, puisque toutes deux
peuvent m"riter également les biens de l'autre vie, qui sont les seuls
impérissables. Lorsqu'on prêcha pour la première fois cette religion, les
esclaves, en apprenant que tous les hommes sont égaux, voulurent se
soulever, et ne plus rester en servitude; mais il y eut.un grand docteur,
(1) Voir ta Presse des 30 juin, l", 2, 3 et 7 juillet.
~tBC !S&i!!&@!M.'yiltemain etM. Martin'(du Nord) ont eu en cette circonstance
,une intelligence, profonde des devoirs et des intérêts du parti conser-
vateur. Ces tentatives d'embauchage qui, depuis quatre mois, signa-
lent la politique de M. Thiers, ne sont passeutement une conséquence
de ses habitudes de corruption. EUes cachent une arriéré-pensée plus
profonde et plus immorale. M. Thiers sait parfaitement qu'oter a tous
les grands partis leur couleur, leur personnalité, la virginité de leurs
opinions et de leurs espérances, c'est les affaiblir, éteindre autour de
4eurs chefs les sympathies qui faisaient ieur puissance, annuler leur
action pour l'avenir. Diviser n'est pas te seul moyen de.régner long-
temps. Il y a aussi une certaine manière de réunir, de'faire de la trans~
action, de la fusion et delà confusion, qui réussit beaucoup plus sûre-
ment à débarrasser de rivalités: dangereuses et à fonder l'élévation d'un
seul sur l'abaissement de tous..M. Thiers comprend à merveille que
lorsqu'il aurait absorbe un a un, déconsidère et enterré sous le poids
des honneurs, dés cordons et des places, tout. les hommes de quelque
valeur, la durée et l'impunité lui seraient assurées. De ses plus redou-
tables adversaires, il aurait fait ses complices :d'où lui viendrait la
guerre désormais? Les surprises sont bian faciles, quand on a gagné
et mis dans ses intérêts les sentinelle avancées. Or, c'est parmi ces
sentinelles'avancées que M. Thiers s'est efforcé de pratiquer des in-
telligences. Si son obscure stratégie réussissait complètement, l'opi-
nion publique, désarmée de ses organes habituels, perdrait, sinon de
son dévouement aux principes, du moins de sa puissance à les faire
prévaloir sur les ténébreuses habiletés de l'intrigue, et l'impossibilité
presque absolue de trouver un successeur à M. Thiers dans'les rangs.
éclaircis de ses antagonistes, perpétuerait sa domination.
Tel est le calcul qui n'a cessé depuis quatre mois de diriger le chef
du cabinet actuel. Ce calcul n'a pas été sans quelque résultat: il a
tué la gauche comme parti. A l'heure qu'il est, M. Thiers peut défier
M. Barrot de faire un cabinet sans lui. M. Barrot, quoiqu'à la tête
d'un parti nombreux, est tombé dans une condition subalterne. On
l'utilise, et à ce titre on consent bien à le ménager. Mais on ne le
craint plus, nicommecompétiteur, ni comme adversaire, depuis qu'on
lui a fait jeter au fond del'urne des fonds secrets la robe d'innocence,
le signe distinctif qu'il avait conservés intacts pendant neuf ans. Me-
hemet-Ali n'a plus eu à redouter le capitan-pacha delà Porte, du
jour où, après avoir fomenté et accueilli sa défection, il lui a fait en-
.dosser, à lui et à ses soldats, l'uniforme égyptien. M. Thiers est tout
à fait dans la même situation vis-à-vis du capilan-pacha de la gauche.
Comme Méhêmet-Ali; il pourrait même aujourd'hui le renvoyer sans
danger à ses anciens amis, tes radicaux. M. Barrot désormais ne peut
pas plus pour eux que pour lui.
Les chefs du parti conservateur ne veulent point s'exposer à une
aussi triste décadence. Lors même que leurs principes ne sumraient
pas .pour les retenir, le spectacle qu'ils ont sous les yeux achèverait
d'éclairer leur esprit. Ce spectacle leur prouve en effet que la ndétité
à son drapeau serait encore le meilleur de tous les calculs.si elle n'é-
tait le plus sacré de tous lés devoirs,' et le plus louable de tous les
actes: MM. Vittemain et Martin (du i~rd~ ont acquis des droits a l'es-
time de .ceux qui font de la politique sérieuse et consciencieuse.
It ne faut pas que tous les hommes de talent se perdent à la fois, en
s'asservissant à la même cause. A part tout ce'que de tels amalgames
d'antécédens, de tendances et de principes ont de contraire à la di-
gnité des personnes, rien n'est plus antipathique à l'esprit dé nos ins-
titutions qui appellent successivement ~es divers partis a manier les
affaires, chacun avec ses idées, et qui suppléent ainsi à l'insuffisance
de certains systèmes par la variété des expériences. Si vous n'aviez
plus qu'un seul grand parti recruté des défections de tous les autres,
ou serait le remède contrôles mécomptes et les dangers de sa politique?
que l'on nommait Paul, qui expliqua que tous les hommes étaient égaux
aux yeux de Dieu, et non point sur la terre; que le mal était également
punissable, quelque pensée qui le connût, et le bien également méritoire,
quelque main qui le fit; que Dieu ne faisait aucune différence entre les
petits et les grands, les nobles et les inconnus, les ignorans et les phi-
losophes, et que c'était .en ce sens que tous les 'hommes étaient égaux
qu'il ne fallait pas se préoccuper des inégalités de ce monde, où le plus
grand n'a que la taille de ses œuvres, et où le plus modeste et le plus caché
n'échappe jamais à l'œil éternellement ouvert de la justice divine.
C'est là une grande religion! s'écria l'assemblée.
–L'Orient est donc calme aujourd'hui, reprit le Frère de la langue
égyptienne. Les esclaves y sont soumis, actifs, contens, heureux; ils le
croient du moins, et le croire n'est-ce pas l'être?–J'a: dit.
Des murmures divers coururent quelle temps, dans les ténèbres.
Quand le silence fut rétabli, le Père se leva et dit
Frère, qui parlez pour la langue gauloise, nous vous~écoutons.
Alors quelqu'un se leva du côté du septentrion. La voix qui parlait si-
gnala dans l'esclavage de l'Espagne et de la Gaule le même affaissement
que dans celui de l'Egypte et de la Syrie. Les maitres prenaient partout
leurs esclaves pour fermiers et pour pasteurs; et ceux-ci, livrés ainsi à
eux-mêmes, à leur activité et à leur industrie, étaient véritablement li-
bres, n'étant soumis qu'au travail, qui est la loi de tous.
U y a ceci de particulier, dans l'esclavage de la Gaule, ajouta la
voix, qu'il menace d'être ramené par une influence étrangère à son an-
cienne et rigoureuse condition. Les peuples septentrionaux qui s'entas-
sent sur les limites de l'empire, sont tous barbares, n'ont point de vil-
les, ignorent l'agriculture, et ne comprennent pas cette tolérance des
mœurs romaines qui a rendu les esclaves attachés à lenrs maîtres. Ils
sont durs, fantasques, féroces, même à leurs familles, jugez à leurs es-
claves Ils les accablent des travaux les plus pénibles; et il n'y a là ni
pécule à épargner, quand on est jeune, ni repos à espérer, quand on est
vieux.
Je désirerais savoir, demanda tout à coup la voix qui s'était déjà
élevée du groupe de la langue grecque, s'il y a, chez ces peuples sauva-
ges des régions hyperboréénhes, des exemples de maîtres ayant pour
esclaves des lettrés qu'ils emploient à l'office de cuisinier?
Il s'éleva une hilarité bruyante dans l'assemblée à cette question; et
comme son auteur allait l'expliquer, le Père s'interposa et dit
Frère de la langue gauloise, continuez.
Si ces peuples du septentrion, reprit le Frère, envahissent jamais
la Gaule et l'Espagne, toutes les améliorations amenées par le temps dans
la condition des esclaves seront perdues; nous recommencerons ce que
nos pères étaient en Italie, du temps des anciens Rots; à moins que cette
grande religion, amie des esclaves, qui s'étend en Orient, ne porte
bientôt son Dieu dans la Gaule.–J'ai dit.
Quelques paroles d'adhésion coururent çà et là dans l'ombre. Puis le
Père se leva, et dit
Frère, qui parlez pour la langue grecque, nous vous écoutons.
Il se fit un grand silence de curiosité dans toute l'assemblée, pour sa-
voir si la voix du groupe de. la langue grecque, qui avait déjà fait en-
tendre deux questions si malencontreuses, parlerait de nouveau. C'était
elle en effet, et le silence redoubla,
Il y a des" gens qui parlent encore de la possibilité de rejoindre .ce
que le temps a brisé, de refaire ce que les événemens ont détruit, d&
ressusciter en un mot le 11 octobre. Singulière préoccupation! Quoi!
vous songeriez à reconstituer le 11 octobre avec M. Thiers? Mais
quels titres a invoqués M. Thiers lors de son avènement? Les quatre
années d'opposition qu'il venait de faire M. Thiers s'est proclame
ministre de l'opposition; a6n de le mieux prouver, il a pris pour
auxiliaire le chef du parti quittait au li octobre la guerre la plus
acharnée et qui l'a renverse. Et c'est avec de tels élêmens que vous
voudriez recomposercette phase du passe?. Une telle erreur nese
conçoit pas, et jamais, pour notre compte, nous ne la partagerons.,
Puisque M. Thiers a voulu être un ministre de l'opposition, eh bien! I
qu'il le soit à son aise! Laissons-lui le champ libre, aun que la France
sache enfin ce qu'il y-a d'habileté réelle et de moralité mtime dans
ce système d'une opposition qui, depuis dixans,:n'a eu d'autre beso-
gne ni d'autre talent que de calomnier ceux qui lui ont énergiquement
résisté.
Oh assure que la place de conseiller à la cour de cassation, refusée
par M. Martin (du Nord), a été oHerteà M. Taillandier. On ignore
s'il l'acceptera, ou s'il la jugera plusdigne de lui que le ruban de la
Légion-d'Honneur qu'il a dernièrement refusé.
M. le président du conseil avait l'intention d'élever au poste de
sous-secrétaire-d'êtat, dans son département, M. Emile Desages,
chef de la direction politique aux affaires étrangères; mais il paraît que
M. Desages a décliné cet honneur.
M. Porter, un des agens anglais chargés de suivre à Paris les négo-
ciations pour le traité de commercé, vient de repartir pour Londres,
a6n de soumettre à son gouvernement les nouvelles modincations que
le ministère français prétend introduire dans le traité. Il est difficile
de prévoir, d'après la tournure nouvelle qu'ont prise ces négociations,
la décision du cabinet anglais. Dans tous tes cas; l'imminence de la
clôture du parlement ne permet guère d'espérer que ce traité puisse
recevoir sa sanction définitive avant la session prochaine.
M. Armand Lefebvre, attaché à la direction politique des affaires
étrangères, accompagne à Buénos-Ayres M. l'amiral Baudin, qu'il
doit aider dans la partie diplomatique de ses fonctions.
Une dépêche télégraphique datée de Perpignan, le 6 juillet 18/tO,
est ainsi conçue Berga est au pouvoir des christinos. Carbo pour-
suit les factieux~lOO sont entrés en France ce matin par Osséja. Ca-
brera, à la tête de &,000 hommes, est en vue; il entrera en France
probablement cette nuit. '.)
Une seconde dépêche du même jour annonce que Cabrera vient
d'entrer en France avec 5,000 hommes. Il est arrêté.
A cette nouvelle, le. Mc~~ff ajoute "Tous ont fui sans combat
à l'approche des troupes constitutionneltes, commandées par Esparte-
ro qui vient ainsi d'acquérir un. nouveau titre à la reconnaissance de
l'Espagne. »
Les correspondances d'Espagne annoncent, à la date du 30, que, les
bruits qui ont couru ces jours derniers au sujet d'un changement total
de ministère, se sont renouvelés hier avec plus de force. M. Arazola,
,qui allait se mettre en route pour Barcelonne, paraît avoir renoncé à
ce voyage dans la crainte de rencontrer sa démission en route.
La Gazette ~M~<'OM?'~ rapporte que le capitan-pacba a assuré
Je suis, dit la voix du midi, valet de pied, cuisinier et secrétaire
d'unpoète dramatique.
H éclata, à ces mots, un rire inextinguible dans l'assemblée et une
volée de palombes qui était endormie, au-dessus dafts les chênes,
partit comme un coup dé-tonnerre, et alla se disperser dans les bois.
Le Père lui même, dont la gravité avait peine à se remettre, fut quelques
momens à rétablir le silence. Enfin la voix poursuivit.
–J'accompagne mon maître dans les visites qu'il rend aux comé-
diens employés dans ses pièces; je copie les vers qu'il me dicte, et je
prépare le dîner. Hélas cette troisième occupation est la plus légère, et
nous la chômons quelquefois.
Je ne comprends pas bien ce que les frères de la langue égyptienne
et de la langue gauloise ont dit du contentement universel des esclaves.
Je n'ai pas été consulté. Ils ont parlé d'une religion qui dit que tous les
hommes sont égaux. Par Jupiter je ne serais pas fàché qu'on l'établit
dans la Grèce. La dignité du secrétaire d'un poète ne serait plus com-
promise tous les jours; à la halle, avec des marchandes de poisson, que ji'
n'achète pas. Mais tout cela n'est que systèmes. Mon maître a dans sa bi-
bliothèque les comédies du poète Aristophanes. CetAristophanes soutient
contre Socra'es et contre Euripides, qu'il n'y a qu'une seule natur..
d'hommes; mais à quoi cela a-t-il servi?
Les rires recommencèrent de nouveau en cet endroit de la harangue,
et le Père s'impatienta.
Frère de la langue grecque, dit-il, si vous venez une'autre fois
aux assemblées, vous porterez une clepsydre, afin de vous mesurer h;
temps, comme aux avocats. Concluez donc quelque chose
–Que-je conclue? reprit la voix. Eh bten! je conclus. °
On entendit en ce moment un bruit qui venait du fond des bois, C'é"
tait un craquement de branches sèches,et un froissement rapide de brousi
saillespiétinées,
–Silence! étqu'onsedisperse,cria le Père.
Aussitôt cet amoncèlemeht d'individus entassés s'écroula homme à
homme; la foule s'échappa, se glissa, s'écoula comme l'eau, à traver;
les herbes hautes. Le cirque fut vide en un instant, et le silence devin!.
si profond, qu'on entendait les courlis du lac Fucin s'appeler et se pour
suivresur les vagues.
La cause de cette alerte, c'était Phylax qui avait brisé son collier
et qui accourait de la villa Emilia, sur les traces de sa maîtresse. Le:
petits aboiemens plaintifs qu'il poussa, en recevant les caresses de Néoi
bulé, avertire-nt les pàtres de leur erreur; ils rentrèrent en riant dan
l'enceinte et demandèrent les conclusions de l'orateur.
Puisqu'on veut que je sois précis, reprit la voix du midi, je conclu
à la suppression des laitues de Cappadoce.
L'hilarité de l'assemblée salua d'une grande exclamation les paroles d.
Frère de la langue grecque. Comme la nuit s'avançait, le Père réprim
lesriresetdit:
Frère, qui parlez pour la langue latine, nous vous écoutons
Aussitôt, une voix s'éleva du coté de l'Occident. C'était celle d'Anto-
nio. Les pâtres, qui la reconnurent, demeurèrent tous muets. Antoni<:
déroula la situation de l'esclavage en Orient et en Occident, et fit u)
tableau sombre et pathétique de l'état des~ esclaves en Italie. Il montra
leur nombre incessamment accru par l'apathie des mœurs, et par l'amo-
INfSERTt~NS ·:
t'fr. 50 r. !pet!te ttsae, et:fr.!a
tigne de r6c}ame,
t0nte5!es!tresdo[vent6tte
aNtanch&s.
~Nercredt 8 juïMet.j
~BONNEMENS
Un an. 48 fr. Trots moptbMt F
Six mois .M m moh.t;~ t
Les tbonnemens datent tp
t" et ts du mots.
Edttion de Paris.
-:ra.r<.s,Wj~M<&$..
La chambre des pairs a adopte aujourd'hui le rapport de ta com-
'mission chargée d'examiner le projet du chemin de fer de Paris .a
'Rouen. La commission conclut à l'adoption du projet tel qu'il a été
votéparlachambredesdëputés.
La chambre a également entendu le rapport de la commission nom-
.mée pour l'examen du projet de "loi sur les jnges-suppléans du tribu-
naldela Seine. Par l'organe de son rapporteur M. Portails, la com-
mission adopte à l'unanimité la première partie du projet de loi por-
tant création de nouveaux juges titulaires et augmentation du nombre
des membres du parquet; mais elle maintient l'institution des ju-
ges-suppléans dont le projet de loi porte suppression. Seulement nul
f ne pourra être nommé juge-suppléant, avant l'âge de 22 ans accomplis
et s'il n'a fait 2 ans de stage comme avocat auprès d'une cour Myate.
Jusqu'à 25ans,lesjuges-suppléans N'auront que voix consultative,
et pourront cependant être appelés à exercer les fonctions de minis-
tëre public. A 24 ans, après 3 ans d'exercice, les juges-suppléans se-
ront inamovibles; ils auront voix délibérative en cas de partage et joui-
ront d'un traitement de 1,500 francs. Ils seront chargés, avec les ju-
ges titulaires, des ordres, contributions, enquêtes, taxes des fr~is. Le
nombre des juges-suppléansseraportêàlë; & choisis .parmi ceux
qui ont voix délibérative seront spécialement attachés à l'instruction
criminelle. Les autres dispositions du projet amendé sont relatives
aux vacances et au mode de nomination.
Sur les instances de M. le garde des sceaux, qui a fait remarquer
que la loi sur les juges supplëans de Paris avait été présentée en temps
utile par le ministère, la chambre a décidé que cette loi serait discutée
entre les deux budgets.
M. d'Audiffret a présenté ensuite le rapport du budget des dépen-
ses pour l'exercice 18~1.
Les titres de M. le comte Foy, qui a atteint l'âge requis pour sié-
ger, ont été validés par la chambre, 'et l'admission de M. le comte Foy
prononcée.
Le vote d'un projet de loi relatif à divers travaux du service des
monumens et édifices publics a terminé la séance, mais il a été annu-
lé, faute d'un nombre sufEsant de votans.
Le ~?'$c
Nord), peuvent recommencer leurs doléances dès aujourd'hui; car,
le cabinet du 1" mars vient de s'attirer un nouveau refus.
Le ministère a fait offrir directement à M. Villemain la place de
garde-général des archives du royaume, laissée vacante par la mort
de M. Daunou. M. Villemain, malgré les instances de toutes sortes
dont il a été l'objet, a irrëvocaMement refusé.
La conduite de M. Villemain est digne d'éloges, et nous l'en félici-
tons sans aucune réserve. Cette conduite est de bon exemple. Le mi-
ci~ere s'était fiattê qu'il se ferait une majorité par les places; qu'en
-satisfaisant les intérêts'privés, il fermerait fa bouche aux opinions, et
que de tous les points de l'horizon on verrait accourir en foule les
devoûmens alléchés par l'appât de sa munificence. Le ministè-
re vertueux du 1" mars doit comprendre maintenant qu'il s'est
trompé. Sans doute il a fait quelques recrues; mais celles-là, nul
ne les regrette, et aucun parti n'est tenté de les lui envier. Quant
aux hommes véritablementsêrieux, quant à ceux dont l'appui pouvait
surtout l'honorer et le renforcer, ils ont résisté à toutes ses séduc-
tions. Cette attitude, qui est un mérite pour eux, est aussi un fâcheux
symptôme pour lui. Elle lui prouve que le nerf de son système est
brisé.
FE~MJLET~M ME BjA ]PB5ES~E.
LA REÏNE DES PRAtRÏES i)
r 'VI.
Depuis que le conseil des Frères des quatre langues, dit la voix, s'est
réuni, il y a de cela un an,' sur les landes des Alpes-Juliennes, l'es-
clavage s'écroule de plus en plus, en Syrie, en Egypte, en Arabie, dans
tout l'Orient. Si la paix était donnée, pendant un demi-siècle, à cette
partie du monde, les marchés eu se vend la chair vivante et humaine
seraient fermes jusqu'au dernier.
Les .maîtres élèvent eux-mêmes leurs esclaves, non pas jusqu'à la li-
berté, oe qui serait peu, mais jusqu'à la propriété et à la famille, ce qui
est beaucoup. Quoique les lois défendent aux esclaves de contracter et
de posséder, ainsi que les autres hommes, les maîtres le leur permet-
tent. Ils prennent parmi eux les fermiers de leurs terres et les pasteurs
de leurs troupeaux. Au lieu de les irener eux-mêmes au travail, ils leur
assignent des champs à labourer, des vignes à tailler, des oliviers à
planter, et ils les laissent ainsi pendant long-temps, prenant chaque an-
née la part' convenue, une pan qui est juste; et les esclaves, libres en
réalité, puisque personne ne leur commande, épargnent, amassent, pros-
pèrent, lèguent à leurs héritiers; fondent des familles, deviennent maî-
tres, presque citoyens.
Seulement, ces esclaves, enrichis par le travail, et qui ont acheté pé-
niblement le repos et le calmé de leur vieillesse, semblent oublier leur
origine. Ils sont durs, exigeans, avides,, et leurs esclaves sont moins
heureux qne ceux des fanulles libres et anciennes.
Je demanderai à l'orateur, dit tout à coup une voix sortie du
groupe de la langue grecque, si ces maîtres nouveaux donnent à leurs
esclaves des laitues de Gappadoce ?
Pourquoi cette question ridicule, dit sévèrement en se retournant
sur son tronc d'arbre l'homme qu'on avait appelé le Père ?
C'est que j'ai un maître, répondit la voix, qui ne me nourrit pas
d'autre chose, depuis deux ans et je voudrais que l'assemblée décrétât
un peu plus de variété dans le régime.
Des rires étouffés accueillirent cette observation, et le Frère de la
langue égyptienne recommença.
Il s'est répandu peu à peu en Orient une religion nouvelle, qui a
éteint toutes les révoltes des esclaves: Cette religion dit que les esclaves
et les libres sont la même chose devant Dieu, et que la condition des
uns ne vaut pas mieux que la condition des autres, puisque toutes deux
peuvent m"riter également les biens de l'autre vie, qui sont les seuls
impérissables. Lorsqu'on prêcha pour la première fois cette religion, les
esclaves, en apprenant que tous les hommes sont égaux, voulurent se
soulever, et ne plus rester en servitude; mais il y eut.un grand docteur,
(1) Voir ta Presse des 30 juin, l", 2, 3 et 7 juillet.
~tBC !S&i!!&@!
,une intelligence, profonde des devoirs et des intérêts du parti conser-
vateur. Ces tentatives d'embauchage qui, depuis quatre mois, signa-
lent la politique de M. Thiers, ne sont passeutement une conséquence
de ses habitudes de corruption. EUes cachent une arriéré-pensée plus
profonde et plus immorale. M. Thiers sait parfaitement qu'oter a tous
les grands partis leur couleur, leur personnalité, la virginité de leurs
opinions et de leurs espérances, c'est les affaiblir, éteindre autour de
4eurs chefs les sympathies qui faisaient ieur puissance, annuler leur
action pour l'avenir. Diviser n'est pas te seul moyen de.régner long-
temps. Il y a aussi une certaine manière de réunir, de'faire de la trans~
action, de la fusion et delà confusion, qui réussit beaucoup plus sûre-
ment à débarrasser de rivalités: dangereuses et à fonder l'élévation d'un
seul sur l'abaissement de tous..M. Thiers comprend à merveille que
lorsqu'il aurait absorbe un a un, déconsidère et enterré sous le poids
des honneurs, dés cordons et des places, tout. les hommes de quelque
valeur, la durée et l'impunité lui seraient assurées. De ses plus redou-
tables adversaires, il aurait fait ses complices :d'où lui viendrait la
guerre désormais? Les surprises sont bian faciles, quand on a gagné
et mis dans ses intérêts les sentinelle avancées. Or, c'est parmi ces
sentinelles'avancées que M. Thiers s'est efforcé de pratiquer des in-
telligences. Si son obscure stratégie réussissait complètement, l'opi-
nion publique, désarmée de ses organes habituels, perdrait, sinon de
son dévouement aux principes, du moins de sa puissance à les faire
prévaloir sur les ténébreuses habiletés de l'intrigue, et l'impossibilité
presque absolue de trouver un successeur à M. Thiers dans'les rangs.
éclaircis de ses antagonistes, perpétuerait sa domination.
Tel est le calcul qui n'a cessé depuis quatre mois de diriger le chef
du cabinet actuel. Ce calcul n'a pas été sans quelque résultat: il a
tué la gauche comme parti. A l'heure qu'il est, M. Thiers peut défier
M. Barrot de faire un cabinet sans lui. M. Barrot, quoiqu'à la tête
d'un parti nombreux, est tombé dans une condition subalterne. On
l'utilise, et à ce titre on consent bien à le ménager. Mais on ne le
craint plus, nicommecompétiteur, ni comme adversaire, depuis qu'on
lui a fait jeter au fond del'urne des fonds secrets la robe d'innocence,
le signe distinctif qu'il avait conservés intacts pendant neuf ans. Me-
hemet-Ali n'a plus eu à redouter le capitan-pacha delà Porte, du
jour où, après avoir fomenté et accueilli sa défection, il lui a fait en-
.dosser, à lui et à ses soldats, l'uniforme égyptien. M. Thiers est tout
à fait dans la même situation vis-à-vis du capilan-pacha de la gauche.
Comme Méhêmet-Ali; il pourrait même aujourd'hui le renvoyer sans
danger à ses anciens amis, tes radicaux. M. Barrot désormais ne peut
pas plus pour eux que pour lui.
Les chefs du parti conservateur ne veulent point s'exposer à une
aussi triste décadence. Lors même que leurs principes ne sumraient
pas .pour les retenir, le spectacle qu'ils ont sous les yeux achèverait
d'éclairer leur esprit. Ce spectacle leur prouve en effet que la ndétité
à son drapeau serait encore le meilleur de tous les calculs.si elle n'é-
tait le plus sacré de tous lés devoirs,' et le plus louable de tous les
actes: MM. Vittemain et Martin (du i~rd~ ont acquis des droits a l'es-
time de .ceux qui font de la politique sérieuse et consciencieuse.
It ne faut pas que tous les hommes de talent se perdent à la fois, en
s'asservissant à la même cause. A part tout ce'que de tels amalgames
d'antécédens, de tendances et de principes ont de contraire à la di-
gnité des personnes, rien n'est plus antipathique à l'esprit dé nos ins-
titutions qui appellent successivement ~es divers partis a manier les
affaires, chacun avec ses idées, et qui suppléent ainsi à l'insuffisance
de certains systèmes par la variété des expériences. Si vous n'aviez
plus qu'un seul grand parti recruté des défections de tous les autres,
ou serait le remède contrôles mécomptes et les dangers de sa politique?
que l'on nommait Paul, qui expliqua que tous les hommes étaient égaux
aux yeux de Dieu, et non point sur la terre; que le mal était également
punissable, quelque pensée qui le connût, et le bien également méritoire,
quelque main qui le fit; que Dieu ne faisait aucune différence entre les
petits et les grands, les nobles et les inconnus, les ignorans et les phi-
losophes, et que c'était .en ce sens que tous les 'hommes étaient égaux
qu'il ne fallait pas se préoccuper des inégalités de ce monde, où le plus
grand n'a que la taille de ses œuvres, et où le plus modeste et le plus caché
n'échappe jamais à l'œil éternellement ouvert de la justice divine.
C'est là une grande religion! s'écria l'assemblée.
–L'Orient est donc calme aujourd'hui, reprit le Frère de la langue
égyptienne. Les esclaves y sont soumis, actifs, contens, heureux; ils le
croient du moins, et le croire n'est-ce pas l'être?–J'a: dit.
Des murmures divers coururent quelle temps, dans les ténèbres.
Quand le silence fut rétabli, le Père se leva et dit
Frère, qui parlez pour la langue gauloise, nous vous~écoutons.
Alors quelqu'un se leva du côté du septentrion. La voix qui parlait si-
gnala dans l'esclavage de l'Espagne et de la Gaule le même affaissement
que dans celui de l'Egypte et de la Syrie. Les maitres prenaient partout
leurs esclaves pour fermiers et pour pasteurs; et ceux-ci, livrés ainsi à
eux-mêmes, à leur activité et à leur industrie, étaient véritablement li-
bres, n'étant soumis qu'au travail, qui est la loi de tous.
U y a ceci de particulier, dans l'esclavage de la Gaule, ajouta la
voix, qu'il menace d'être ramené par une influence étrangère à son an-
cienne et rigoureuse condition. Les peuples septentrionaux qui s'entas-
sent sur les limites de l'empire, sont tous barbares, n'ont point de vil-
les, ignorent l'agriculture, et ne comprennent pas cette tolérance des
mœurs romaines qui a rendu les esclaves attachés à lenrs maîtres. Ils
sont durs, fantasques, féroces, même à leurs familles, jugez à leurs es-
claves Ils les accablent des travaux les plus pénibles; et il n'y a là ni
pécule à épargner, quand on est jeune, ni repos à espérer, quand on est
vieux.
Je désirerais savoir, demanda tout à coup la voix qui s'était déjà
élevée du groupe de la langue grecque, s'il y a, chez ces peuples sauva-
ges des régions hyperboréénhes, des exemples de maîtres ayant pour
esclaves des lettrés qu'ils emploient à l'office de cuisinier?
Il s'éleva une hilarité bruyante dans l'assemblée à cette question; et
comme son auteur allait l'expliquer, le Père s'interposa et dit
Frère de la langue gauloise, continuez.
Si ces peuples du septentrion, reprit le Frère, envahissent jamais
la Gaule et l'Espagne, toutes les améliorations amenées par le temps dans
la condition des esclaves seront perdues; nous recommencerons ce que
nos pères étaient en Italie, du temps des anciens Rots; à moins que cette
grande religion, amie des esclaves, qui s'étend en Orient, ne porte
bientôt son Dieu dans la Gaule.–J'ai dit.
Quelques paroles d'adhésion coururent çà et là dans l'ombre. Puis le
Père se leva, et dit
Frère, qui parlez pour la langue grecque, nous vous écoutons.
Il se fit un grand silence de curiosité dans toute l'assemblée, pour sa-
voir si la voix du groupe de. la langue grecque, qui avait déjà fait en-
tendre deux questions si malencontreuses, parlerait de nouveau. C'était
elle en effet, et le silence redoubla,
Il y a des" gens qui parlent encore de la possibilité de rejoindre .ce
que le temps a brisé, de refaire ce que les événemens ont détruit, d&
ressusciter en un mot le 11 octobre. Singulière préoccupation! Quoi!
vous songeriez à reconstituer le 11 octobre avec M. Thiers? Mais
quels titres a invoqués M. Thiers lors de son avènement? Les quatre
années d'opposition qu'il venait de faire M. Thiers s'est proclame
ministre de l'opposition; a6n de le mieux prouver, il a pris pour
auxiliaire le chef du parti quittait au li octobre la guerre la plus
acharnée et qui l'a renverse. Et c'est avec de tels élêmens que vous
voudriez recomposercette phase du passe?. Une telle erreur nese
conçoit pas, et jamais, pour notre compte, nous ne la partagerons.,
Puisque M. Thiers a voulu être un ministre de l'opposition, eh bien! I
qu'il le soit à son aise! Laissons-lui le champ libre, aun que la France
sache enfin ce qu'il y-a d'habileté réelle et de moralité mtime dans
ce système d'une opposition qui, depuis dixans,:n'a eu d'autre beso-
gne ni d'autre talent que de calomnier ceux qui lui ont énergiquement
résisté.
Oh assure que la place de conseiller à la cour de cassation, refusée
par M. Martin (du Nord), a été oHerteà M. Taillandier. On ignore
s'il l'acceptera, ou s'il la jugera plusdigne de lui que le ruban de la
Légion-d'Honneur qu'il a dernièrement refusé.
M. le président du conseil avait l'intention d'élever au poste de
sous-secrétaire-d'êtat, dans son département, M. Emile Desages,
chef de la direction politique aux affaires étrangères; mais il paraît que
M. Desages a décliné cet honneur.
M. Porter, un des agens anglais chargés de suivre à Paris les négo-
ciations pour le traité de commercé, vient de repartir pour Londres,
a6n de soumettre à son gouvernement les nouvelles modincations que
le ministère français prétend introduire dans le traité. Il est difficile
de prévoir, d'après la tournure nouvelle qu'ont prise ces négociations,
la décision du cabinet anglais. Dans tous tes cas; l'imminence de la
clôture du parlement ne permet guère d'espérer que ce traité puisse
recevoir sa sanction définitive avant la session prochaine.
M. Armand Lefebvre, attaché à la direction politique des affaires
étrangères, accompagne à Buénos-Ayres M. l'amiral Baudin, qu'il
doit aider dans la partie diplomatique de ses fonctions.
Une dépêche télégraphique datée de Perpignan, le 6 juillet 18/tO,
est ainsi conçue Berga est au pouvoir des christinos. Carbo pour-
suit les factieux~lOO sont entrés en France ce matin par Osséja. Ca-
brera, à la tête de &,000 hommes, est en vue; il entrera en France
probablement cette nuit. '.)
Une seconde dépêche du même jour annonce que Cabrera vient
d'entrer en France avec 5,000 hommes. Il est arrêté.
A cette nouvelle, le. Mc~~ff ajoute "Tous ont fui sans combat
à l'approche des troupes constitutionneltes, commandées par Esparte-
ro qui vient ainsi d'acquérir un. nouveau titre à la reconnaissance de
l'Espagne. »
Les correspondances d'Espagne annoncent, à la date du 30, que, les
bruits qui ont couru ces jours derniers au sujet d'un changement total
de ministère, se sont renouvelés hier avec plus de force. M. Arazola,
,qui allait se mettre en route pour Barcelonne, paraît avoir renoncé à
ce voyage dans la crainte de rencontrer sa démission en route.
La Gazette ~M~<'OM?'~ rapporte que le capitan-pacba a assuré
Je suis, dit la voix du midi, valet de pied, cuisinier et secrétaire
d'unpoète dramatique.
H éclata, à ces mots, un rire inextinguible dans l'assemblée et une
volée de palombes qui était endormie, au-dessus dafts les chênes,
partit comme un coup dé-tonnerre, et alla se disperser dans les bois.
Le Père lui même, dont la gravité avait peine à se remettre, fut quelques
momens à rétablir le silence. Enfin la voix poursuivit.
–J'accompagne mon maître dans les visites qu'il rend aux comé-
diens employés dans ses pièces; je copie les vers qu'il me dicte, et je
prépare le dîner. Hélas cette troisième occupation est la plus légère, et
nous la chômons quelquefois.
Je ne comprends pas bien ce que les frères de la langue égyptienne
et de la langue gauloise ont dit du contentement universel des esclaves.
Je n'ai pas été consulté. Ils ont parlé d'une religion qui dit que tous les
hommes sont égaux. Par Jupiter je ne serais pas fàché qu'on l'établit
dans la Grèce. La dignité du secrétaire d'un poète ne serait plus com-
promise tous les jours; à la halle, avec des marchandes de poisson, que ji'
n'achète pas. Mais tout cela n'est que systèmes. Mon maître a dans sa bi-
bliothèque les comédies du poète Aristophanes. CetAristophanes soutient
contre Socra'es et contre Euripides, qu'il n'y a qu'une seule natur..
d'hommes; mais à quoi cela a-t-il servi?
Les rires recommencèrent de nouveau en cet endroit de la harangue,
et le Père s'impatienta.
Frère de la langue grecque, dit-il, si vous venez une'autre fois
aux assemblées, vous porterez une clepsydre, afin de vous mesurer h;
temps, comme aux avocats. Concluez donc quelque chose
–Que-je conclue? reprit la voix. Eh bten! je conclus. °
On entendit en ce moment un bruit qui venait du fond des bois, C'é"
tait un craquement de branches sèches,et un froissement rapide de brousi
saillespiétinées,
–Silence! étqu'onsedisperse,cria le Père.
Aussitôt cet amoncèlemeht d'individus entassés s'écroula homme à
homme; la foule s'échappa, se glissa, s'écoula comme l'eau, à traver;
les herbes hautes. Le cirque fut vide en un instant, et le silence devin!.
si profond, qu'on entendait les courlis du lac Fucin s'appeler et se pour
suivresur les vagues.
La cause de cette alerte, c'était Phylax qui avait brisé son collier
et qui accourait de la villa Emilia, sur les traces de sa maîtresse. Le:
petits aboiemens plaintifs qu'il poussa, en recevant les caresses de Néoi
bulé, avertire-nt les pàtres de leur erreur; ils rentrèrent en riant dan
l'enceinte et demandèrent les conclusions de l'orateur.
Puisqu'on veut que je sois précis, reprit la voix du midi, je conclu
à la suppression des laitues de Cappadoce.
L'hilarité de l'assemblée salua d'une grande exclamation les paroles d.
Frère de la langue grecque. Comme la nuit s'avançait, le Père réprim
lesriresetdit:
Frère, qui parlez pour la langue latine, nous vous écoutons
Aussitôt, une voix s'éleva du coté de l'Occident. C'était celle d'Anto-
nio. Les pâtres, qui la reconnurent, demeurèrent tous muets. Antoni<:
déroula la situation de l'esclavage en Orient et en Occident, et fit u)
tableau sombre et pathétique de l'état des~ esclaves en Italie. Il montra
leur nombre incessamment accru par l'apathie des mœurs, et par l'amo-
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