Titre : La Presse
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1839-08-06
Contributeur : Girardin, Émile de (1806-1881). Directeur de publication
Contributeur : Laguerre, Georges (1858-1912). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34448033b
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 06 août 1839 06 août 1839
Description : 1839/08/06. 1839/08/06.
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k427826n
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
tJxi titMs 5
1VIARDI 6 AOUT:
MARDI 6 AOUT.
ANNONCES f~
t franc 50 centimes ia ~$B,\ ':1
HUE SAINT-GEORGES, t6:
4"ANNËE.l8S9..
ÀBONNEMENS
Datent des t" et t5 MESAt[
B'&~m~s~o~t..
Les deux chambres se réuniront demain pour entendre l'ordon-
nance de clôture de la session de 1839. Aujourd'hui, la chambre des
pairs a voté le budget des recettes à peu près sans discussion. It est
juste de reconnaître qu'aucune discussion n'était possible, car la
chambre des députés a rendu tout-à-fait illusoire, entre les mains
de la pairie, ce droit d'examen et d'amendement que la charte ce-
pendant a départi aux deux branches du pouvoir législatif dans une
proportion parfaitemement égale.
Voilà donc cette longue session Ënie. Le moment est venu d'exa-
miner ses œuvres, et d'apprécier dans leur ensemble les travaux qui
restent de tant d'cNbrts laborieux. Nous le ferons avec impartialité
et avec justice. Il est indispensable que le pays sache bien à
quoi s'en tenir sur la valeur de cette campagne parlementaire au
bout de laquelle oh lui avait montré la conquête du ~oMfc/'Meme~
re~~cM~~
Nous apprenons d'une manière certaine que Ahmed-Fethi-Pacha,
ambassadeur ottoman près la cour de France, vient d'être révoqué
de ses fonctions et rappelé à Constantinople. La nouvelle en a été re-
çue of6ciellement ce matin à l'ambassade, et les préparatifs de dé-
part sont commencés.
Il est difficile de .connaître encore les intentions de la Porte à l'é-
gard de son envoyé. Lui destinc-t-elle un poste plus élevé que celui
qu'il occupait? Serait-il, au contraire, compris dans la disgrâce qui
atteint eh ce moment plusieurs membres émihens du personnel ad-
ministratif et diplomatique? C'est une question qu'on ne peut avoir
la prétention de résoudre encore, et qui d'ailleurs n'intéresse là
France qu'indirectement. Mais ce qui la touche directement et ce
qui mérite son attention, c'est que le gouvernement turc annonce
l'intention de remplacer son ambassadeur eh France par un simple
chargé d'affairés.
Ou ne s3 rend pas compte de ce cnahgement. Les raisons d'écono-
mie ne sauraient avoir, dans les circonstances actuelles, aucune es-
pèce do poids. Ce n'est pas au moment où il s'agit, pour la Turquie,
de voir l'Europe prononcer sur ses 'destinées, et où par conséquent
il lui serait si utile d'être bien représentée auprès de toutes les gran-
des puissances, ce n'est pas à ce moment, disons-nous, qu'il serait
économique de retrancher quelque dizaine de mille francs sur le trai-
tement desôu personnel dip)omatique. U'aifteurs, si l'on tenait tant
a cette économie; on aurait généralisé la mesure, en .l'appliquant à
tous R's pays où il y a en ce moment des ambassadeurs de la Porte.
Or, nous ue sachions pas qu'il soit question de cette suppression
coEuplO.c.H paraH qus ta mesure ne concerne que ta France.
Nous ne voyons donc aucun motif qui la justifie, à moins que ce
ne soit, de la part du gouvernement turc, nue démonstration de mé-
contentement. Mais alors il resterait a.se demander d'où pourrait
tu'îi.rc eu mécontentement ? Est-ce que fa France ne s'est pas mon-
trée bonne et sincère :i))iëo vis-à-vis de la Porte ? Hetas si on l'avait
écoutée pins tôt, ia 'Porte n'en serait pas réduite aujourd'hui à l'hu-:
miiiatioa de recevoir ia loi d'un de ses vassaux, et la triste campa-
gne du HaBz-Pacha contre Ibrahim n'eût jamais été entreprise. La
France a; donc, beaucoup mieux que l'Angleterre et la Russie, ar-
dentes instigatrices de cette malheureuse guerre, compris les vérita-
bles intérêts de la Porte. Ce n'est pas sa faute si ses avis n'ont pas
été suivis.
Peut-être y a-t-il la-dessous quelque intrigue d'une nation
reste ce qu'un prompt avenir eclaircira, car il est impossible que
cette mesure dont le projet vient d'être notifié à l'ambassade, ne soit
pas accompagnée de quelques explications, s'il y est définitivement
donné suite.
Les journaux anglais arrivés aujourd'hui s'occupent encore de l'o-
pération de crédit faite entre la banque de Londres et des maisons
de banque de Paris. Le MorMMMjf C~.rotMc taques que les feuilles de Londres ont accumulées, par ignorance ou
mauvaise foi, contre cette opération, et s'attache à la justifier.
Les faits, du reste, là justiSent mieux que des paroles. Déjà, le
cours des changes s'est relevé, et l'exportation des métaux précieux
se trouve mstantahêméht arrêtée. Tel est précisément ''le But auquel
on visait.
Les cotons se. maintiennent encore à des prix élevés mais il est
FEtJBLMETOaî ~N tA rR]E!S(SN.
LA TOISON D'OR.
t.
I.'
Tiburce était réellement un jeune homme fort singulier; sa bizarrerie
avait.surtout l'avantage de n'être pas affectée, il ne la quittait pas comme
son chapeau et ses gants en rentrant chez lui il était original entre
quatre murs, sans spectateurs~ pour lui tout seul.
N'allez pascroire, je vous prie, que Tiburee fûtjidicule, et qu'il eût
une'de ces manies aggréssiyes, insupportables a toutle monde; Une man-
geait pas d'araignées, ne jouait d'aucun instrumentet ne lisait devers à
personne; c'était un garconposé.tranquille, parlant peu, écoutant moins,
et dont l'œil à demi ouvert semblait regarder en dedans.
Il vivait accroupi sur le coin d'un divan, etayé de chaque côté par une
pite de coussins, s'inquiétant aussi peu des affaires du temps que de
ce qui se passe dans la lune. Il y avait très peu de substantifs qui 6s-
sent de l'effet sur lui et jamais personne ne fut moins sensible aux grands
mots. It ne tenait en aucune façon à ses droits politiques et pensait que
le peuple est toujours libre au cabaret..
Ses idées sur toutes choses étaient fort simptes il aimait mieux ne
rien faire que travailler; il .préférait le bon~in à la piquette, et une
belle femme à une laide; en histoire naturelle, il avait une classification
omie peut p!us succincte ce qui se mange et ce qui ne se mange pas.
Il était d'aitleurs~rfaitement détaché detoute~hose humaine et tel-
lement raisonnable, qu'il paraissait fou.
Il n'avait pas le moindre amour-propre; il ne se croyait pas le pivot~de
la création, eteomprenait fort bien que la.terre pouvait tourner sans
qu'il 6'€n'mëlât,it,jnes!es'imatt pas beaucoup plus que 1'aoarus du fro-
mage ou tesanguiHes du \'uM)gt'e; en face de i'etfrnité et ae se sentait pas le courage d'être vaniteux; ayant quelquefuis icgai'dé
probable qu'avant peu les cousignataires de Livcrpool recevront des
ordres qui teur permettront de les livrer a des conditions meilleures,
et alors l'effet des mesures prises par la banque sera plus comptëtè-
ment atteint.
La lettre suivante nous, est adressée:
Londres, vendredi 3 août 1859.
Monsieur, j'ai lu aujourd'hui dans plusieurs journaux français un
compte-rendu si inexact d'une négociation qui vient d'être conclue entre
une maison de commerce de Londres, agissant pour la banque d'Angle-
terre, et une douzaine de maisons de banque de Paris, que je ne puis
m'empêcher de vous adresser, du milieu de la Cite; quelques lignes aussi
succinctes que possible, afin dene pastaisser sans réponse certaines
assertions qui par leur inexactitude pourraient inquiéter le commerce
de Paris.
Je sais bien, monsieur, que les journaux de l'opposition usent de tous
les moyens en leur pouvoir, quitte à tomber dans des erreurs plus ou
moins graves, sinon volontaires, pour inspirer la défiance du gouverne
nient, mais je n'aurais jamais crû, quetqu'habitueque je sois à leur po-
lémique, qu'une opération toute commerciale, et qui n'a et ne peut
avoir aucun rapport avec la politique, pût servir de thème aux récrimina-
tions quotidiennes de la presse de l'opposition. Bien de la mauvaise hu-
meur, bien peu de frais d'imagination peuvent seuls expliquer une si
grande pauvreté de texte.
Permettez moi d'abord de vous exposer en quelques mots la nature
de l'opération qui a donne lieu à de si malheureuses récriminations.
Depuis 1856 les divers états do l'Union américaine ayant, obtenu du
congrès l'autorisation de contracter pour environ 500 millions d'em-
prunts (établissemens de banques, de chemins de fer~de canaux, etc.) ont
charge tes negocians de Londres, ce.grand centre de capitaux, d'émettre
ces emprunts. Qne!ques circonstances particulières rendaient alors l'ar-
gent fort abondant sur cette place; 1SO millions de dettes de la compa-
gnie des Indes venaient d'être remboursées tandis que le gouverne-
ment payait SOO millions aux mai.trcs des esclaves affranchis dans les co-
lonies. Comme par suite des nombreuses commandes faites auxmanu-
f.tCtures françaises, belges, attemaudes~et, par te fait même de leur im-
mense commerce avec tes Indes les Etats-Unis avaient contracte de
larges dettes àl'étranger, tes maisons de Londres avaient ordre de re-
mettre à Paris. Amsterdam, Hambourg et. dans l'Inde même le produit
des émissions d'emprunt. En outre, les dernières récoltés debtéayhnt
été mauvaises en Angleterre, ta Grande-Bretagne avait été obligée d'im-
porter du continent du blé pour une valeur d'em'u'on 200 minions. Ces
deux causes prinçipatcs, jointes à des causes subsidiaires et d'un ordre
inférieur, te))es que l'exportation de 40 millions aux Indes, par suite de
l'étsvation du taux des billets de change de la compagnie (1), ont pour
résultat, que ta p'sce de Londres a eu d'immenses remises a faire sur
je continent, tout en n'ayant sa portée .que tes ressources ordinaires
du commerce, le papier, et a défaut de papier, l'or.
Cet te demande insolite déparier a fait considérablement baisser te
change, si bien que n'obtenant pas à Paris, Amsterdam, Hambourg, pour
chaque livre sterling payée a Londres une somme égale à cel!ë que
produirait ta venio sur ces diuërentes places d'un souverain anglais ex'
porte d'Angleterre, les hégociaus de ta cité M sont vus obliges de faire
leurs remises sur te eon)iht'nt en numéraire.
Ils ont donc cherché a réaliser te pt!!s possible d'or, sqit en escomp-
tant, suit eu changeant a la banque d'Angleterre les bittets de banque
centre de l'or. Il en est prompteuieut résuttë une diminution considéra-
b'e de numéraire dans tes coffres de la banque. y
Laissez-moi vous faire remarquer, en passant, que l'action du commer-
ce ne pouvait agir que sur la banque d'Angleterre, puisque c'est te seut dé-
biteur qui soit obligé de payer eu or, tous les autres débiteurs ont droit
de payer leurs dettes en billets de banque.
La proportion convenable qui doit exister entre le papier en circula-
tionde la banque, et le numéraire qu'elle a dans ses coffres, s'étant
promptement troublée, le gouvernement de tabanque a dû chercher à ré-
tablir l'équilibre que ses lois lui imposaient. De là tes deux importantes
mesures prises par les directeurs de la banque cette semaine.
1° L'élévation du taux de l'escompte à 60 j0.
2" L'ouverture à Paris d'un crédit éventuel de 50 millions.
Là première de ces mesures a pour but de resserrer l'escompte ,du pa-
pier, tes negocians étrangers ayant prus d'intérêt à conserver leurs va-
teurs en portefeuille jusqu'à l'échéance qu'à tes escompter à un taux aussi
ëtevé, et par suite d'empêcher beaucoup de negoeians du continent d'en-
voyer à rescompte à Londres une grande quantité de papier américain,
payable dans Londres, qui circule sur le continent, {fe m'occuperai peu
ici de cette mesure, quoiqu'elle doive être de beaucoup ta plus efficace,
parce ,qu'ei)e n'a pas un rapport direct avec !a mesure tant blâmée par
les journaux de l'opposition.
(1) Le taux ordinaire des remises de ta compagnie sur t'Tnfie est de 2
OjO par roupie. Les dépenses occasionées au gouvernement de )a compagnie
par les derniers événemens de l'Inde l'ont forcé d'élever le change a 2 1)2,
de sorte qu'M y eut avantage pour tes négecians de Londres d'eïporter.
par le microscope et le télescope, il ne s'exagérait pas l'importance hu-
maine sa taille était de cinq pieds quatre pouces, mais it se disait que
tes habitans du soleil pouvaient bien avoir huit cents lieues de haut.
Tel était notre ami Tiburce.
On aurait tort de croire, d'après ceci, que Tiburce fût dénué de pas-
sions. Sous les cendres de cette tranquittité, couvait plus d'un tison ar-
dent. Pourtant on ne lui connaissait pas de maîtresse en titre, et il se
montrait peu gâtant envers les femmes. Tiburce, comme presque tous
les jeunes gens d'aujourd'hui, sans être précisément un poète ou un n
peintre, avait lu beaucoup de romans et vu beaucoup de tableaux; en sa
qualité de paresseux, il préférait vivre sur la foi d'autrui il aimait avec
l'amour du poète, il regardait avec les yeux du peintre, et connaissait
plus de portraits que de visages~ la réalité lui répugnait, et à force de
vivre dans les livrés et tes peintures, il en'était arrivé à ne plus trouver
la nature vraie.
Les madones de'Raphaët, lés courtisanes du Titien lui rendaient
laides les beautés les plus notoires la Lauré de Pétrarque, la Béatrix de
Dante, l'Haïdée de Byron, la Camille d'André Chénier lui faisaient pa-
raitre vulgaires les femmes en chapeau, enrobe et en mantelet dont il
aurait pu devenir t'amant il n'exigeait cependant pas un idéal avec des
ailes a plumes blanches et une auréole autour de la tête, mais ses études
sur la st&tùaire antique, les écoles d'Italie, la familiarité des chefs-d'œu-
vre départ,'la lecture des poètes l'avaient rendu d'une exquise délica-
tesse en matière de forme, et il lui eût été 'impossible d'aimer laplus
belle ame du monde, à moins qu'elle n'eut les, épaules de la Vénus de
Milo.–AussiTiburcen'était-itamoureuxdepersonme.
Cette préoccupation de ta beauté se trahissait ;par la quantité de;sta-
tuettes, déplâtres moulés, de dessins.et dé gravures qui encombraient
et tapissaient sachambre, qu'un bourgeo~s~fejtt trouve une habitation
peu vraisemblable ~r il n'avait d'autres meubtes que le Siyan cite plus
haut et quelques carreaux 'de diverses couleurs épars sur te tapis;
n'ayant pas de secrets, il se passait facilement de secrétaire, et l'incom-
modité des cnmmo~ps ctni'. un fait démontré pour tui.
Tiburce allait rarement dans te monde, non par sauvagerie, mais par
La seconde mesure adoptée par ta banque d'Angleterre a pour but de
fournir d)i papier à la place ae Londres pour la mettre à même de faire
ses remises sur )e continent sans exporter d'or. En vertu du crédit
consenti par tes banquiers de Paris, la banque d'Angleterre a donne Ôr-~
dre à des banquiers de Londres de fournir du papier sur Paris à un
taux égal à )a somme que produirait l'or anglais vendu à Paris, ou plu-
tôt à un prix légèrement supérieur, aSn que les négocians de Londres r
préfèrent remettre en papier plutôt qu'en or, en un mot qu'ils y~trou-~
vent plus d'avantage. Je n'a} pas besoin de vous dire qu'au moyen des
revh'emenspar changes indirects, un crédit ouvert à la banque d'An-
gleterre sur Paris suffit aux besoins de !a place de Londres sur toutes,
celles du continent. Mais je me hâte d'ajouter qu'il ~est fort probable que
te cours naturel du commerce rendra inutile la mise à éxecution du traite
conclu entre la banque d'Angleterre et les négocians de Paris. La presse
de rOpppsitiqn peut se rassurer. L'or de ta banque de France ne servira.
pas à payer l'expédition des Anglais contre Suez.
Voila, monsieur, la nature de l'opération commerciale, bien innocente
et légitime, vous le voyez, qui a si fort excite les colÈres de la presse
opposante. Ette s'écrie Mais on nous enlevé notre or, et encore c'est au
pt'ont de l'Angleterre'mais ta banque de France engage l'argent du
gouvernement qui, d'un instant à l'autre, peut dans les éventualités po..
litiqùes en avoir besoin mais on sacrifie le petit commerce de Paris qui
a déjà tant de peine à se faire escompter! Peu de motssùfnrdnt pour ré-
pondre à ces objections bien vagues, il faut l'avouer. Comment on en-
lève l'or a îa France., parce qu'une traite d'un banquier de Londres est
acceptée par un banquier de Paris, payée par un banquier de Paris à un
banquier de Paris, escomptée par ta banque de France C'est là tout le
fond de l'opération qui fait l'objet de vos clameurs, où croyez-vous que
de l'or sorte de France' C'est au contraire que d'ici à trois mois, à six
mois peut être, la banque d'Agletérre sera obligée de faire tes fonds
pour lé crédit qu'on lui ouvK à Paris, si toutefois elle eh use. Comment
la banque de France engage l'argent du gouvernement, parce qu'ayant
trop de fonds non productifs en réserve, cite s'en sert pour escompter à
un bon intérêt le meilleur papier de Paris Qu'aurait à faire dans une
semblable opération M. lé ministre des finances? depuis quand est-il dé-
venu membre du conseil d'escompte dé la banque? Comment! la banque
gêne les opérations de ce que vous appelez le petit commerce de Paris,
parce qu'elle escompte de bon papier préférablement à du papier d'un
rang inférieur?
Ici je m'arrête, monsieur, car on me taxerait sans doute d'anglomanisme
passion fort peu a ia mode dans les journaux de l'opposition, et si je me
mettais en voie de vous montrer que nous devrions applaudir à ta préfé-
rence que la banque d'Angleterre a donnée a notre place sur toutes cel-
les du continent, tandis que la situation dé la Hollande et de Hambourg
lui permettait de faire la même opération d'une manière tout aussi
avantageuse, personne au moins ne niera t'immense avantage, dé faire
crédit à l'Angleterre sur d'aussi bonnes garanties que cel'ës qu'elle nous
donne, nn'ieu d'avoir notre place obérée de ces coupons d'emprunt
amëricainpt.usoumoinsdignesdeconnance.
Peut-être devrais-je encore aborder des considérations d'un ordre
plus élevé, et je vous prouverais alors facilement combien la prospérité
du commerce de la France et de l'Angleterre est intimement liée et
combien un ébranlement dans le crédit commercial en Angtéterre serait
vivement ressenti en France. Mais d'abord paréitle crainte est super-
nue, jamais te commercé anglais n'a été plus prospère; ensuite je sens
quej'.ii déjà abusé de votr~comptaisancc, mon but ayant priticipate<-
mcnt é!é du rt'dresser !a vérité et d'empêcher tes funestes passions poli-
tiques d'envahir de leurs injustes et ignorantes récriminations le do-
maine des transactions commerciales qui ne peut leur appartenir 'et qui
ne leur appartiendra jamais..
Le Courrier de B~f~~MO?, que ses relations particulières met-
tent en position d'être bien informé, contient une correspondance de
ta frontière espagnole où nous tisons les détails snivans
Après plusieurs messages échangés durant ces derniersjours, entre Ma-
roto et tord John Hay, commandant )a station navale anglaise sur tes cotes
de Biscaye, ce .dernier reçut, )e 27 juitiet au matin, une lettré de Maroto,
apportée par un cotonef, qui vint en qualité de partementaire & Bitbao, tt&
)a suite de taquette te lord accepta ta conférence qui lui était proposée on
qui était peut-Être convenue dans )e correspondance qui avait précédé.
'Au moment où arrivait~cette iKp&che, )ord John Hay visitait tes fortiD-
cattons dé Bitbao, en compagnie du gouverneur de !a ptace, du comman-
dant de ta province et autres ofSciers supérieurs.
~A neuf heures précises du matin, de ce même jour, 27, )ord John sortit
de Bitbao accompagné de trois colonets angiais et d'un interprète. H avait
pour escorte, une compagnie de chasseurs d'ïsahette H te gouverneur de la
ptace et pfusieurs omciers d'état-major te suivirent jusqu'au Pont-Neuf, où
se trouvait un détachement de hussards carlistes commandé par un ofûcier
supérieur. L'escorte Christine fut retevée.
~Après un assez court trajet, tord John rencontra Maroto, Vittarea),
Zarcàteguy, Arjona, Simon, La Torre et quelques autres officiers de dis-
tinction.Pendant la route, jusqu'à Mirabattes, )ieu6tépour ie rendez-vous,
ta conversation fut très animée, mais très potie.
nonchalance; il accueillait très bien ses amis et ne leur rendait ja-
mais de visite.–Tiburce était-il heureux? non; mais il n'était p:s
malheureux seulement il aurait bien voulu pouvoir s'habiller de
rouge. Les gens superficiels Faccusaient d'insensibilité et les femmes
entretenues ne lui trouvaient pas d'âme, mais au fond c'était un cœur
d'or, et sa recherche de la beauté physique trahissait aux yeux attentifs
d'amères déceptions dans le monde de la beauté morale. A défaut de
la suavité du parfum, il cherchait l'élégance du vase, ilnese~plaignait
pas, il ne faisait pas d'élégies, il ne portait pas ses manchettes en pleu-
reuse, mais l'on voyait bien qu'il avait souffert autrefois, qu'il avait été
trompé et qu'il ne voulait plus aimer qu'à bon escient; comme la dissi-
mulation du corps est bien plus difficile que celle de l'âme, il s'en tenait
a la perfection matérielle; mais, hélas'un beau corps est aussi rare
qu'une belle ame. D'ailleurs Tiburce, dépravé par les rêveries des ro-
manciers, vivant dans la société idéale ~t charmante créée par les poètes,
l'œil plein des chefs-d'œuvre de la statuaire et de la peinture, avait le
goût dédaigneux et superbe; et ce qu'il prenait pour de l'amour n'était
que de l'admiration d'artiste– il trouvait des fautes de dessin dans sa
maîtresse sans qu'il s'en doutât, la femme n'était pour lui qu'un mo-
dèle. `
Un jour, ayant fumé son hooka, regardé la triple Léda dn Corrige
dans son cadre à Blets, retourné en'tons sens la dernière figurine de
Pradier, pris son pied gauche dans sa main droite et son pied droirdans
sa main gauche, posé ses talons sur le bord de la sh~minêe, Tiburce,
au bout de ses moyens de distraction, fut obligé de convenir vis-à-vis
de lui-même qu'il ne savait que devenir, f!qae les~ grises araignées de
l'ennui descendaient le long des murailles de sa chambre toute pou-
dreuse de somnolence.
Il demanda l'heure on lui répondit qu'il Était une heure moins un
quart, ce qui lui parut décisif et sans réplique. Il se fit habiller et se mit
à courir les rues; en marchant, il réfléchit qu'il avait le cœur vide et sen-
tit le besoin de /6Kfe une passion, comme on dit en argot parisien.
Cette louable résolution prise, il se posa les questions suivantes
Aimerai-je une Espagnole au teint d'ambre, aux sourcils violens, aux
1VIARDI 6 AOUT:
MARDI 6 AOUT.
ANNONCES f~
t franc 50 centimes ia ~$B,\ ':1
HUE SAINT-GEORGES, t6:
4"ANNËE.l8S9..
ÀBONNEMENS
Datent des t" et t5 MESAt[
B'&~m~s~o~t..
Les deux chambres se réuniront demain pour entendre l'ordon-
nance de clôture de la session de 1839. Aujourd'hui, la chambre des
pairs a voté le budget des recettes à peu près sans discussion. It est
juste de reconnaître qu'aucune discussion n'était possible, car la
chambre des députés a rendu tout-à-fait illusoire, entre les mains
de la pairie, ce droit d'examen et d'amendement que la charte ce-
pendant a départi aux deux branches du pouvoir législatif dans une
proportion parfaitemement égale.
Voilà donc cette longue session Ënie. Le moment est venu d'exa-
miner ses œuvres, et d'apprécier dans leur ensemble les travaux qui
restent de tant d'cNbrts laborieux. Nous le ferons avec impartialité
et avec justice. Il est indispensable que le pays sache bien à
quoi s'en tenir sur la valeur de cette campagne parlementaire au
bout de laquelle oh lui avait montré la conquête du ~oMfc/'Meme~
re~~cM~~
Nous apprenons d'une manière certaine que Ahmed-Fethi-Pacha,
ambassadeur ottoman près la cour de France, vient d'être révoqué
de ses fonctions et rappelé à Constantinople. La nouvelle en a été re-
çue of6ciellement ce matin à l'ambassade, et les préparatifs de dé-
part sont commencés.
Il est difficile de .connaître encore les intentions de la Porte à l'é-
gard de son envoyé. Lui destinc-t-elle un poste plus élevé que celui
qu'il occupait? Serait-il, au contraire, compris dans la disgrâce qui
atteint eh ce moment plusieurs membres émihens du personnel ad-
ministratif et diplomatique? C'est une question qu'on ne peut avoir
la prétention de résoudre encore, et qui d'ailleurs n'intéresse là
France qu'indirectement. Mais ce qui la touche directement et ce
qui mérite son attention, c'est que le gouvernement turc annonce
l'intention de remplacer son ambassadeur eh France par un simple
chargé d'affairés.
Ou ne s3 rend pas compte de ce cnahgement. Les raisons d'écono-
mie ne sauraient avoir, dans les circonstances actuelles, aucune es-
pèce do poids. Ce n'est pas au moment où il s'agit, pour la Turquie,
de voir l'Europe prononcer sur ses 'destinées, et où par conséquent
il lui serait si utile d'être bien représentée auprès de toutes les gran-
des puissances, ce n'est pas à ce moment, disons-nous, qu'il serait
économique de retrancher quelque dizaine de mille francs sur le trai-
tement desôu personnel dip)omatique. U'aifteurs, si l'on tenait tant
a cette économie; on aurait généralisé la mesure, en .l'appliquant à
tous R's pays où il y a en ce moment des ambassadeurs de la Porte.
Or, nous ue sachions pas qu'il soit question de cette suppression
coEuplO.c.H paraH qus ta mesure ne concerne que ta France.
Nous ne voyons donc aucun motif qui la justifie, à moins que ce
ne soit, de la part du gouvernement turc, nue démonstration de mé-
contentement. Mais alors il resterait a.se demander d'où pourrait
tu'îi.rc eu mécontentement ? Est-ce que fa France ne s'est pas mon-
trée bonne et sincère :i))iëo vis-à-vis de la Porte ? Hetas si on l'avait
écoutée pins tôt, ia 'Porte n'en serait pas réduite aujourd'hui à l'hu-:
miiiatioa de recevoir ia loi d'un de ses vassaux, et la triste campa-
gne du HaBz-Pacha contre Ibrahim n'eût jamais été entreprise. La
France a; donc, beaucoup mieux que l'Angleterre et la Russie, ar-
dentes instigatrices de cette malheureuse guerre, compris les vérita-
bles intérêts de la Porte. Ce n'est pas sa faute si ses avis n'ont pas
été suivis.
Peut-être y a-t-il la-dessous quelque intrigue d'une nation
cette mesure dont le projet vient d'être notifié à l'ambassade, ne soit
pas accompagnée de quelques explications, s'il y est définitivement
donné suite.
Les journaux anglais arrivés aujourd'hui s'occupent encore de l'o-
pération de crédit faite entre la banque de Londres et des maisons
de banque de Paris. Le MorMMMjf C~.rotMc
mauvaise foi, contre cette opération, et s'attache à la justifier.
Les faits, du reste, là justiSent mieux que des paroles. Déjà, le
cours des changes s'est relevé, et l'exportation des métaux précieux
se trouve mstantahêméht arrêtée. Tel est précisément ''le But auquel
on visait.
Les cotons se. maintiennent encore à des prix élevés mais il est
FEtJBLMETOaî ~N tA rR]E!S(SN.
LA TOISON D'OR.
t.
I.'
Tiburce était réellement un jeune homme fort singulier; sa bizarrerie
avait.surtout l'avantage de n'être pas affectée, il ne la quittait pas comme
son chapeau et ses gants en rentrant chez lui il était original entre
quatre murs, sans spectateurs~ pour lui tout seul.
N'allez pascroire, je vous prie, que Tiburee fûtjidicule, et qu'il eût
une'de ces manies aggréssiyes, insupportables a toutle monde; Une man-
geait pas d'araignées, ne jouait d'aucun instrumentet ne lisait devers à
personne; c'était un garconposé.tranquille, parlant peu, écoutant moins,
et dont l'œil à demi ouvert semblait regarder en dedans.
Il vivait accroupi sur le coin d'un divan, etayé de chaque côté par une
pite de coussins, s'inquiétant aussi peu des affaires du temps que de
ce qui se passe dans la lune. Il y avait très peu de substantifs qui 6s-
sent de l'effet sur lui et jamais personne ne fut moins sensible aux grands
mots. It ne tenait en aucune façon à ses droits politiques et pensait que
le peuple est toujours libre au cabaret..
Ses idées sur toutes choses étaient fort simptes il aimait mieux ne
rien faire que travailler; il .préférait le bon~in à la piquette, et une
belle femme à une laide; en histoire naturelle, il avait une classification
omie peut p!us succincte ce qui se mange et ce qui ne se mange pas.
Il était d'aitleurs~rfaitement détaché detoute~hose humaine et tel-
lement raisonnable, qu'il paraissait fou.
Il n'avait pas le moindre amour-propre; il ne se croyait pas le pivot~de
la création, eteomprenait fort bien que la.terre pouvait tourner sans
qu'il 6'€n'mëlât,it,jnes!es'imatt pas beaucoup plus que 1'aoarus du fro-
mage ou tesanguiHes du \'uM)gt'e; en face de i'etfrnité et
probable qu'avant peu les cousignataires de Livcrpool recevront des
ordres qui teur permettront de les livrer a des conditions meilleures,
et alors l'effet des mesures prises par la banque sera plus comptëtè-
ment atteint.
La lettre suivante nous, est adressée:
Londres, vendredi 3 août 1859.
Monsieur, j'ai lu aujourd'hui dans plusieurs journaux français un
compte-rendu si inexact d'une négociation qui vient d'être conclue entre
une maison de commerce de Londres, agissant pour la banque d'Angle-
terre, et une douzaine de maisons de banque de Paris, que je ne puis
m'empêcher de vous adresser, du milieu de la Cite; quelques lignes aussi
succinctes que possible, afin dene pastaisser sans réponse certaines
assertions qui par leur inexactitude pourraient inquiéter le commerce
de Paris.
Je sais bien, monsieur, que les journaux de l'opposition usent de tous
les moyens en leur pouvoir, quitte à tomber dans des erreurs plus ou
moins graves, sinon volontaires, pour inspirer la défiance du gouverne
nient, mais je n'aurais jamais crû, quetqu'habitueque je sois à leur po-
lémique, qu'une opération toute commerciale, et qui n'a et ne peut
avoir aucun rapport avec la politique, pût servir de thème aux récrimina-
tions quotidiennes de la presse de l'opposition. Bien de la mauvaise hu-
meur, bien peu de frais d'imagination peuvent seuls expliquer une si
grande pauvreté de texte.
Permettez moi d'abord de vous exposer en quelques mots la nature
de l'opération qui a donne lieu à de si malheureuses récriminations.
Depuis 1856 les divers états do l'Union américaine ayant, obtenu du
congrès l'autorisation de contracter pour environ 500 millions d'em-
prunts (établissemens de banques, de chemins de fer~de canaux, etc.) ont
charge tes negocians de Londres, ce.grand centre de capitaux, d'émettre
ces emprunts. Qne!ques circonstances particulières rendaient alors l'ar-
gent fort abondant sur cette place; 1SO millions de dettes de la compa-
gnie des Indes venaient d'être remboursées tandis que le gouverne-
ment payait SOO millions aux mai.trcs des esclaves affranchis dans les co-
lonies. Comme par suite des nombreuses commandes faites auxmanu-
f.tCtures françaises, belges, attemaudes~et, par te fait même de leur im-
mense commerce avec tes Indes les Etats-Unis avaient contracte de
larges dettes àl'étranger, tes maisons de Londres avaient ordre de re-
mettre à Paris. Amsterdam, Hambourg et. dans l'Inde même le produit
des émissions d'emprunt. En outre, les dernières récoltés debtéayhnt
été mauvaises en Angleterre, ta Grande-Bretagne avait été obligée d'im-
porter du continent du blé pour une valeur d'em'u'on 200 minions. Ces
deux causes prinçipatcs, jointes à des causes subsidiaires et d'un ordre
inférieur, te))es que l'exportation de 40 millions aux Indes, par suite de
l'étsvation du taux des billets de change de la compagnie (1), ont pour
résultat, que ta p'sce de Londres a eu d'immenses remises a faire sur
je continent, tout en n'ayant sa portée .que tes ressources ordinaires
du commerce, le papier, et a défaut de papier, l'or.
Cet te demande insolite déparier a fait considérablement baisser te
change, si bien que n'obtenant pas à Paris, Amsterdam, Hambourg, pour
chaque livre sterling payée a Londres une somme égale à cel!ë que
produirait ta venio sur ces diuërentes places d'un souverain anglais ex'
porte d'Angleterre, les hégociaus de ta cité M sont vus obliges de faire
leurs remises sur te eon)iht'nt en numéraire.
Ils ont donc cherché a réaliser te pt!!s possible d'or, sqit en escomp-
tant, suit eu changeant a la banque d'Angleterre les bittets de banque
centre de l'or. Il en est prompteuieut résuttë une diminution considéra-
b'e de numéraire dans tes coffres de la banque. y
Laissez-moi vous faire remarquer, en passant, que l'action du commer-
ce ne pouvait agir que sur la banque d'Angleterre, puisque c'est te seut dé-
biteur qui soit obligé de payer eu or, tous les autres débiteurs ont droit
de payer leurs dettes en billets de banque.
La proportion convenable qui doit exister entre le papier en circula-
tionde la banque, et le numéraire qu'elle a dans ses coffres, s'étant
promptement troublée, le gouvernement de tabanque a dû chercher à ré-
tablir l'équilibre que ses lois lui imposaient. De là tes deux importantes
mesures prises par les directeurs de la banque cette semaine.
1° L'élévation du taux de l'escompte à 60 j0.
2" L'ouverture à Paris d'un crédit éventuel de 50 millions.
Là première de ces mesures a pour but de resserrer l'escompte ,du pa-
pier, tes negocians étrangers ayant prus d'intérêt à conserver leurs va-
teurs en portefeuille jusqu'à l'échéance qu'à tes escompter à un taux aussi
ëtevé, et par suite d'empêcher beaucoup de negoeians du continent d'en-
voyer à rescompte à Londres une grande quantité de papier américain,
payable dans Londres, qui circule sur le continent, {fe m'occuperai peu
ici de cette mesure, quoiqu'elle doive être de beaucoup ta plus efficace,
parce ,qu'ei)e n'a pas un rapport direct avec !a mesure tant blâmée par
les journaux de l'opposition.
(1) Le taux ordinaire des remises de ta compagnie sur t'Tnfie est de 2
OjO par roupie. Les dépenses occasionées au gouvernement de )a compagnie
par les derniers événemens de l'Inde l'ont forcé d'élever le change a 2 1)2,
de sorte qu'M y eut avantage pour tes négecians de Londres d'eïporter.
par le microscope et le télescope, il ne s'exagérait pas l'importance hu-
maine sa taille était de cinq pieds quatre pouces, mais it se disait que
tes habitans du soleil pouvaient bien avoir huit cents lieues de haut.
Tel était notre ami Tiburce.
On aurait tort de croire, d'après ceci, que Tiburce fût dénué de pas-
sions. Sous les cendres de cette tranquittité, couvait plus d'un tison ar-
dent. Pourtant on ne lui connaissait pas de maîtresse en titre, et il se
montrait peu gâtant envers les femmes. Tiburce, comme presque tous
les jeunes gens d'aujourd'hui, sans être précisément un poète ou un n
peintre, avait lu beaucoup de romans et vu beaucoup de tableaux; en sa
qualité de paresseux, il préférait vivre sur la foi d'autrui il aimait avec
l'amour du poète, il regardait avec les yeux du peintre, et connaissait
plus de portraits que de visages~ la réalité lui répugnait, et à force de
vivre dans les livrés et tes peintures, il en'était arrivé à ne plus trouver
la nature vraie.
Les madones de'Raphaët, lés courtisanes du Titien lui rendaient
laides les beautés les plus notoires la Lauré de Pétrarque, la Béatrix de
Dante, l'Haïdée de Byron, la Camille d'André Chénier lui faisaient pa-
raitre vulgaires les femmes en chapeau, enrobe et en mantelet dont il
aurait pu devenir t'amant il n'exigeait cependant pas un idéal avec des
ailes a plumes blanches et une auréole autour de la tête, mais ses études
sur la st&tùaire antique, les écoles d'Italie, la familiarité des chefs-d'œu-
vre départ,'la lecture des poètes l'avaient rendu d'une exquise délica-
tesse en matière de forme, et il lui eût été 'impossible d'aimer laplus
belle ame du monde, à moins qu'elle n'eut les, épaules de la Vénus de
Milo.–AussiTiburcen'était-itamoureuxdepersonme.
Cette préoccupation de ta beauté se trahissait ;par la quantité de;sta-
tuettes, déplâtres moulés, de dessins.et dé gravures qui encombraient
et tapissaient sachambre, qu'un bourgeo~s~fejtt trouve une habitation
peu vraisemblable ~r il n'avait d'autres meubtes que le Siyan cite plus
haut et quelques carreaux 'de diverses couleurs épars sur te tapis;
n'ayant pas de secrets, il se passait facilement de secrétaire, et l'incom-
modité des cnmmo~ps ctni'. un fait démontré pour tui.
Tiburce allait rarement dans te monde, non par sauvagerie, mais par
La seconde mesure adoptée par ta banque d'Angleterre a pour but de
fournir d)i papier à la place ae Londres pour la mettre à même de faire
ses remises sur )e continent sans exporter d'or. En vertu du crédit
consenti par tes banquiers de Paris, la banque d'Angleterre a donne Ôr-~
dre à des banquiers de Londres de fournir du papier sur Paris à un
taux égal à )a somme que produirait l'or anglais vendu à Paris, ou plu-
tôt à un prix légèrement supérieur, aSn que les négocians de Londres r
préfèrent remettre en papier plutôt qu'en or, en un mot qu'ils y~trou-~
vent plus d'avantage. Je n'a} pas besoin de vous dire qu'au moyen des
revh'emenspar changes indirects, un crédit ouvert à la banque d'An-
gleterre sur Paris suffit aux besoins de !a place de Londres sur toutes,
celles du continent. Mais je me hâte d'ajouter qu'il ~est fort probable que
te cours naturel du commerce rendra inutile la mise à éxecution du traite
conclu entre la banque d'Angleterre et les négocians de Paris. La presse
de rOpppsitiqn peut se rassurer. L'or de ta banque de France ne servira.
pas à payer l'expédition des Anglais contre Suez.
Voila, monsieur, la nature de l'opération commerciale, bien innocente
et légitime, vous le voyez, qui a si fort excite les colÈres de la presse
opposante. Ette s'écrie Mais on nous enlevé notre or, et encore c'est au
pt'ont de l'Angleterre'mais ta banque de France engage l'argent du
gouvernement qui, d'un instant à l'autre, peut dans les éventualités po..
litiqùes en avoir besoin mais on sacrifie le petit commerce de Paris qui
a déjà tant de peine à se faire escompter! Peu de motssùfnrdnt pour ré-
pondre à ces objections bien vagues, il faut l'avouer. Comment on en-
lève l'or a îa France., parce qu'une traite d'un banquier de Londres est
acceptée par un banquier de Paris, payée par un banquier de Paris à un
banquier de Paris, escomptée par ta banque de France C'est là tout le
fond de l'opération qui fait l'objet de vos clameurs, où croyez-vous que
de l'or sorte de France' C'est au contraire que d'ici à trois mois, à six
mois peut être, la banque d'Agletérre sera obligée de faire tes fonds
pour lé crédit qu'on lui ouvK à Paris, si toutefois elle eh use. Comment
la banque de France engage l'argent du gouvernement, parce qu'ayant
trop de fonds non productifs en réserve, cite s'en sert pour escompter à
un bon intérêt le meilleur papier de Paris Qu'aurait à faire dans une
semblable opération M. lé ministre des finances? depuis quand est-il dé-
venu membre du conseil d'escompte dé la banque? Comment! la banque
gêne les opérations de ce que vous appelez le petit commerce de Paris,
parce qu'elle escompte de bon papier préférablement à du papier d'un
rang inférieur?
Ici je m'arrête, monsieur, car on me taxerait sans doute d'anglomanisme
passion fort peu a ia mode dans les journaux de l'opposition, et si je me
mettais en voie de vous montrer que nous devrions applaudir à ta préfé-
rence que la banque d'Angleterre a donnée a notre place sur toutes cel-
les du continent, tandis que la situation dé la Hollande et de Hambourg
lui permettait de faire la même opération d'une manière tout aussi
avantageuse, personne au moins ne niera t'immense avantage, dé faire
crédit à l'Angleterre sur d'aussi bonnes garanties que cel'ës qu'elle nous
donne, nn'ieu d'avoir notre place obérée de ces coupons d'emprunt
amëricainpt.usoumoinsdignesdeconnance.
Peut-être devrais-je encore aborder des considérations d'un ordre
plus élevé, et je vous prouverais alors facilement combien la prospérité
du commerce de la France et de l'Angleterre est intimement liée et
combien un ébranlement dans le crédit commercial en Angtéterre serait
vivement ressenti en France. Mais d'abord paréitle crainte est super-
nue, jamais te commercé anglais n'a été plus prospère; ensuite je sens
quej'.ii déjà abusé de votr~comptaisancc, mon but ayant priticipate<-
mcnt é!é du rt'dresser !a vérité et d'empêcher tes funestes passions poli-
tiques d'envahir de leurs injustes et ignorantes récriminations le do-
maine des transactions commerciales qui ne peut leur appartenir 'et qui
ne leur appartiendra jamais..
Le Courrier de B~f~~MO?, que ses relations particulières met-
tent en position d'être bien informé, contient une correspondance de
ta frontière espagnole où nous tisons les détails snivans
Après plusieurs messages échangés durant ces derniersjours, entre Ma-
roto et tord John Hay, commandant )a station navale anglaise sur tes cotes
de Biscaye, ce .dernier reçut, )e 27 juitiet au matin, une lettré de Maroto,
apportée par un cotonef, qui vint en qualité de partementaire & Bitbao, tt&
)a suite de taquette te lord accepta ta conférence qui lui était proposée on
qui était peut-Être convenue dans )e correspondance qui avait précédé.
'Au moment où arrivait~cette iKp&che, )ord John Hay visitait tes fortiD-
cattons dé Bitbao, en compagnie du gouverneur de !a ptace, du comman-
dant de ta province et autres ofSciers supérieurs.
~A neuf heures précises du matin, de ce même jour, 27, )ord John sortit
de Bitbao accompagné de trois colonets angiais et d'un interprète. H avait
pour escorte, une compagnie de chasseurs d'ïsahette H te gouverneur de la
ptace et pfusieurs omciers d'état-major te suivirent jusqu'au Pont-Neuf, où
se trouvait un détachement de hussards carlistes commandé par un ofûcier
supérieur. L'escorte Christine fut retevée.
~Après un assez court trajet, tord John rencontra Maroto, Vittarea),
Zarcàteguy, Arjona, Simon, La Torre et quelques autres officiers de dis-
tinction.Pendant la route, jusqu'à Mirabattes, )ieu6tépour ie rendez-vous,
ta conversation fut très animée, mais très potie.
nonchalance; il accueillait très bien ses amis et ne leur rendait ja-
mais de visite.–Tiburce était-il heureux? non; mais il n'était p:s
malheureux seulement il aurait bien voulu pouvoir s'habiller de
rouge. Les gens superficiels Faccusaient d'insensibilité et les femmes
entretenues ne lui trouvaient pas d'âme, mais au fond c'était un cœur
d'or, et sa recherche de la beauté physique trahissait aux yeux attentifs
d'amères déceptions dans le monde de la beauté morale. A défaut de
la suavité du parfum, il cherchait l'élégance du vase, ilnese~plaignait
pas, il ne faisait pas d'élégies, il ne portait pas ses manchettes en pleu-
reuse, mais l'on voyait bien qu'il avait souffert autrefois, qu'il avait été
trompé et qu'il ne voulait plus aimer qu'à bon escient; comme la dissi-
mulation du corps est bien plus difficile que celle de l'âme, il s'en tenait
a la perfection matérielle; mais, hélas'un beau corps est aussi rare
qu'une belle ame. D'ailleurs Tiburce, dépravé par les rêveries des ro-
manciers, vivant dans la société idéale ~t charmante créée par les poètes,
l'œil plein des chefs-d'œuvre de la statuaire et de la peinture, avait le
goût dédaigneux et superbe; et ce qu'il prenait pour de l'amour n'était
que de l'admiration d'artiste– il trouvait des fautes de dessin dans sa
maîtresse sans qu'il s'en doutât, la femme n'était pour lui qu'un mo-
dèle. `
Un jour, ayant fumé son hooka, regardé la triple Léda dn Corrige
dans son cadre à Blets, retourné en'tons sens la dernière figurine de
Pradier, pris son pied gauche dans sa main droite et son pied droirdans
sa main gauche, posé ses talons sur le bord de la sh~minêe, Tiburce,
au bout de ses moyens de distraction, fut obligé de convenir vis-à-vis
de lui-même qu'il ne savait que devenir, f!qae les~ grises araignées de
l'ennui descendaient le long des murailles de sa chambre toute pou-
dreuse de somnolence.
Il demanda l'heure on lui répondit qu'il Était une heure moins un
quart, ce qui lui parut décisif et sans réplique. Il se fit habiller et se mit
à courir les rues; en marchant, il réfléchit qu'il avait le cœur vide et sen-
tit le besoin de /6Kfe une passion, comme on dit en argot parisien.
Cette louable résolution prise, il se posa les questions suivantes
Aimerai-je une Espagnole au teint d'ambre, aux sourcils violens, aux
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