Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1936-08-26
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 26 août 1936 26 août 1936
Description : 1936/08/26 (Numéro 239). 1936/08/26 (Numéro 239).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k409223q
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
MERCREDI 2 6 AOUT 1936
MERCREDI 26 AOUT 1936
Ml* Année N° 239
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H. DE VILLEMESSANT, F. MAGNARD
G. CALMEnE, A. CAPUS, R. DE FLERS
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Loilê PAR CEUX-CI, BLÂMÉ PAR CEUXH.X, ME MOQUANT DES SOTS, BRAVANT LES MECHANTS, JE ME
PRESSE DE RIRE DE TOUT. DE PEUR D'ÊTRE OBLIGÉ D'EN PLEURER. BEAUMARCHAIS.
Le Gaulois
30 C"8
L'ARMEE ]
ALLEMANDE
Le 14 octobre 1933;
l'Allemagne se retirait I
de la Conférence du
Désarmement et de la
~r_ 1 i
t^ociçie aes iNanons. unq mois plus
tard. elle annonçait l'affectation d'un
crédit de plus de quatre milliards de
notre monnaie à la Reichswehr et de
plus d'un milliard à l'aviation mili-
taire.
Ce fut le début officiel du « réar-
mement ». t
Le 16 mars 1935, le chancelier c
Hitler décrétait la conscription et la f
constitution d'une armée régulière de !•
500.000 hommes. Quelques semaines c
plus tard, une loi militaire » sou- t
mettait à l'obligation du service tout «
Allemand de 18 à.45 ans. Un décret f
fixait provisoirement à urr an le temps v
de service des recrues. i
Moins d'un mois après la promul- c
gation de cette loi, l'accord naval |
anglo-allemand reconnaissait à l'Ai- c
lemagne le droit de construire une 1
flotte correspondant à 35 pour cent
des forces de la flotte britannique. t
Le 7 mars 1936, brusquementç s
M. Hitler annonçait la « remilitari- J
sation » de la Rhénanie. Non moins (
brusquement, il vient de doubler le r
temps de service militaire, ce qui doit c
porter à plus d'un miHion d'hommes c
la force armée encadrée, dont environ
700.000 hommes, toujours instruits et
entraînés. i
Ainsi, en moins de deux années et «
demie, l'Allemagne a non seulement 1
brisé tous les liens ou contraintes qui
pouvaient retarder son essor militaire,
mais mis en train la plus forte armée 1
du continent, avec un effort au moins ]
égal pour les cadres, le matériel de
guerre, les équipements, le logement
des troupes, sans parler de la recons- 1
titution de sa flotte, de la réfection de
ses routes et de son outillage de trans-
ports.
L'ampleur de cet effort est impres- ]
sionnante. Mais plus instructive pour
qui pense, au passé et à l'avenir, est,
à notre avis, son extraordinaire rapi-
dité. Aucun rédacteur du traité de
Versailles n'imagina un instant que
r Allemagne retrouverait toute sa
puissance militaire juste à temps pour
faire face à nos « classes creuses ».
Prendre au mot les Allemands
quand ils prétendent avoir réalisé un
tel tour de force au hasard de leurs
déceptions diplomatiques et de leurs
réflexes de circonstance, serait leur
faire injure. Tout au plus fournissent-
ils ainsi une fausse excuse à ceux,
chez nous, qui crurent que le pro-
blème de l'équilibre européen se ré-
soudrait au jour le jour.
Comment sont calculés les effectifs
immédiatement disponibles de la nou-
velle armée allemande ?
Pour répondre, il suffit de se pen-
cher attentivement sur la répartition
et le tableau d'emploi éventuel des
forces des différentes armées en Eu-
rope.
Les effectifs de la nouvelle armée
allemande sont calculés, pour repré-
senter, à l'Ouest, une force sensi-
blement égale à celle que la France
pourrait aligner tout de suite sur sa
frontière, et à l'Est une force très
supérieure, la Hongrie comprise, aux
moyens immédiatement disponibles
que la Petite-Entente et la Russie
pourraient opposer à l'Allemagne.
Pour le moment, l'Italie et la Polo-
gne paraissent exclues du calcul.
Rarement hommes au pouvoir fu-
rent devant une responsabilité aussi
lourdé que-celle qui se présente aux
membres du cabinet Blum. Il est évi-
dent que les progrès de plus en plus
accélérés de l'effort allemand exigent,
pour rattraper l'équilibre, au moins
quant au nombre et dans le temps,
un effort correspondant. Il est évi-
dent aussi que, désormais, bon gré
mal gré, la diplomatie sera dominée
par ce problème de l'équilibre maté-
riel des forces. Il est évident, enfin,
qu'un dialogue utile ne pourra s'ou-
vrir à temps si, dans la course, l'une
des parties devance trop aisément les
autres elles-mêmes divisées.
Lucien Romier.
LE BAROMETRE BOURSIER
:ttW£* ^OtEJMl/fç «OîH"fJ
JUVi\UtU5c>- assez jerine. onuAoïv-
LES bien disposé. NBWrYORK sou-
tenu.
Uvre 76,425 contre 76,43.
DoUar 1d,19 contre 15,1875.
Lire en page 6 « LE FIGARO
ECONOMIQUE ET FINANCIER »
H TEMPS PROBABLE
Région parisienne. Un peu brumeux
et beau. veut est faible.
Température en légère uausse. Maximum:
29 degrés.
visibilité médiocre à tonne.
Manche. Beau. Vent nord-est h est
faible.
Mer SelUk.
Sud-Ouest. Brumeux, plus nuageux
tendance orageuse. Vent sud-eat faillie.
Mer belle.
Sud-Ett. Beau, Vent .est faible.
Mer beiif.
Alpes. lît-aii. l'n ji'ii i >I il r!i;m:i.
Pyrénées. B tllU"UX. pll1s nn.~cux
tciirtiiTico or.wn-r '̃' '̃iii'lil.
(Voir VéiKiUilioii tji-nérule et ta carte du
temps à la puye des Sports.)
L'ALLEMAGNE I
justifie son réarmement
)ar la collusion franco-soviétique
ELLE S'EFFORCE
DE SE CONCILIER L'ANGLETERRE i
(De notre correspondant particulier, par téléphone) r
Berlin, 25 août. Les commen-
taires de la presse allemande ne té-
moignent pas d'un enthousiasme ex-
cessif pour la nouvelle loi militaire,
encore qu'on s'fforce unanimement
de la justifier. « Une chose inéluc-
table imposée par les circonstan-
ces », tel est le refrain général et
pourtant cette explication est parfois
contredite par d'autres raisons ac-
cessoires qui semblent montrer que
la prolongation de la durée du ser-
vice était envisagée depuis que l'Alle-
magne a repris sa liberté en matière
d'armements.
Comme les autres pays, dit-on, le
Reich va avoir une série de classes
creuses. Les jeunes gens nés pendant
la guerre sont, en outre, d'une qua-
lité physique inférieure (assertion
qui semble contredite par les résul-
tats plus que satisfaisants des con-
seils de révision). Enfin, si l'on n'a-
vait que des soldats d'un an, la va-
leur de l'armée se trouverait consi-
dérablement réduite pendant les se-
maines ou même les premiers mois
qui suivent l'incorporation de la
classe.
Si ces arguments valent quelque
chose, ils ne datent pas des dernières
mesures prises en Russie soviétique
il y a longtemps qu'ils doivent être
connus des autorités militaires alle-
mandes.
La propagande
Dans les comptes rendus que l'on
publie de l'impression produite à
l'étranger, on s'efforce de faire res-
sortir les notes plus ou moins favo-
rables. A lire la presse allemande,
on croirait presque que l'introduc-
tion du service de deux ans dans le
Reich a rencontré un bon accueil
dans la plupart des autres pays.
Particulièrement intéressant pour
nous est l'article qui paraîtra de-
main dans la Frankfurter Zeitung et
qui attribue à la politique française
la responsabilité de ce qui arrive au-
jourd'hui. Il soutient cette thèse que
la course aux armements, qui s'accé-
lère depuis un an, a pour origine le
rapprochement franco-soviétique
dont Barthou eut l'initiative.
« Le résultat de cette politique
d'alliance est que le standard des
armements n'est .plus déterminé par
la France, mais par la combinaison
France-Russie soviétique-Tchécoslo-
vaquie. On entend dire par des An-
glais influents que cette alliance
n'est pas une réalité mais, en tout
cas, elle est la source principale de
l'insécurité actuelle de l'Europe. La,
politique de Barthou a rendu l'Eu-
rope beaucoup moins sûre. Au fond,
la France n'y a pas gagné. L'Alle-
magne s'est trouvée contrainte à des
efforts extraordinaires que person-
ne n'eût imaginé il y a deux ans.
̃» L'alliance russe a fait du pro-
gramme de Moscou une partie du
programme français. Que les paysans
et les bourgeois de France le veuil-
lent ou non, un programme français
est pour l'Allemagne un fait décisif.
Nous ressentons comme une fatalité
LES REPERCUSSIONS
de la décision du Reich
sur l'opinion politique française
II serait vain de tenter une en-
quête dans les milieux parlementai-
res ou dans les milieux militaires
pour bien définir, du point de vue
français et sur le double plan poli-
tique et technique, les conséquences
de la décision allemande. Les rares
sénateurs ou députés que l'on peut
atteindre se dérobent obstinément
aux déclarations, indiquant seule-
ment, d'un mot ou par leurs réticen-
ces, l'évolution toute de circonspec-
tion qui se produit dans maintes
parties de l'opinion, provinciale sur-
tout.
La frontière de M. Baldwin
répudiée ?
II semble d'ailleurs que le carac-
tère diplomatique de la situation
préoccupe beaucoup plus sénateurs
et députés que son caractère propre-
ment militaire, nos interlocuteurs
estimant, non sans raison, que l'un
t est la conséquence de l'autre et que
l'heure d'une politique de limitation
d'armements étant désormais passée,
il convient de reporter tout PefFort
sur une formule internationale sus-
ceptible de maintenir l'ordre et de
sauver la paix.
Les commentaires de la presse
britannique sont pour beaucoup dans
cette orientation des esprits, un jour-
nal conservateur d'outre-Manche,
l'Evening^News ayant, dit-on, fait
écho à une détermination anglaise
très répandue en écrivant hier cette
phrase Si la France devient com-
muniste, notre frontière ne sera plus
sur le Rhin. » Cette révision et ré-
pudiation éventuelle de l'engagement
historique de M. Baldwin, connue
dans la soirée à Paris, suscita une
•grosse impression.
Ce que l'on dit dans les sphères
gouvernementales
Dans les milieux goiivernenicn-
;.l' faux, c'est la réserve goUYCrl1Cmcnc
taux, c'est la réserve absolue, le plus
qu'on en soit arrivé là et nous nous 'r
demandons s'il n'est vraiment pas l
possible d'aller, de cette folie vers e,
cet autre but qui est aussi un but du e
cabinet Baldwin la collaboration r
des Allemands, des Anglais et des
Français, sans l'intervention de la c
puissance et de la propagande bol- c
chevistes. » E
Bernard Millot. <
Les mesures d'exécution
du décret du Fiihrer
,x.̃ .• i
Berlin, 25 août. Le maréchal von
Blomberg, ministre de la guerre, a
promulgué aujourd'hui les mesures
d'exécution du décret portant à deux
ans la durée du service militaire en
Allemagne.
1. En octobre 1936, seront libérés,
après un an de service actif
a) Les engagés volontaires de la
classe de naissance de 1913 et au-
dessous
b) Les recrues de la classe de nais-
sance 1910, qui ont été appelées au
service actif en Prusse orientale.
Ces jeunes gens pourront toutefois
rengager pour une seconde année ou
pour plus longtemps. Mais leurs obli-
gations de service actif seront consi-
dérées comme accomplies après un in
de service sous les drapeaux.
2. A partir d'octobre 1936, resteront
sous les drapeaux, pour une deuxième
année de service actif les jeunes
gens de la classe de naissance de 1914
et au-dessus qui font actuellement leur
service actif, y compris les engagés
volontaires de ces classes.
Le maréchal, commandant en chef
l'armée allemande, prendra d'autres
dispositions complémentaires.
(Lire la suite de nos informations
en troisième page.)
Démission de l'ambassadeur
des Etats-Unis à Paris
WASHINGTON, 25 août. 31. Jesse
Isidor Straus, ambassadeur des Etats-
Unis à Paris, a démissionné.
En annonçant la démission de
l'ambassadeur, le président Roose-
velt a précisé- qu'elle était due à des
raisons de santé, les médecins de
M., Straus lui ayant formellement
prescrit un repos complet de six
mois.
Dans la lettre par laquelle il ac-
cepte cette démission,' M. Roosevelt
déclare
«Si l'administration que je pré-
side devait durer encore quatre ans,
je souhaiterais vous voir retourner à
votre poste. »
M. William Bullitt, ambassadeur
des Etats-Unis à Moscou, a été nom-
mé ambassadeur à Paris, en rempla-
cement de M. Straus.
complet mutisme. C'est à peine si l
l'on consent à exprimer, pour qu'il
soit inséré dans la presse, un avis.
Toutefois, et en gardant à ces infor-
mations une forme strictement objec-
tive, signalons, après contact avec
des personnalités touchant le pou-
voir 1° que la gravité exception-
nelle du nouvel état de choses est
explicitement reconnue 2° que l'on
s'efforce de ne pas négliger le rôle
qu'ont pu jouer, dans la publication
du décret, la politique intérieure,
plusieurs centaines de milliers de
chômeurs y trouvant, par l'enrôle-
ment ou pour la fabrication des ar-
mes notamment et la construction
de casernes, un emploi qui entraîne
un allégement budgétaire et une
amélioration sociale 3° que l'on
reconnaît la supériorité numérique
de l'armée allemande quant à ses
effectifs disponibles sur-le-champ,
soit 450.000 chez nous et 900.000 en
Allemagne, cela dès l'application du
régime du 24 août 4° que nulle
démarche à Berlin n'est en vue, la
base d'une telle intervention n'ap-
paraissant pas 5° que la mesure,
accueillie avec sang-froid, était at-
tendue 6° enfin et cela offre un
intérêt capital que l'on ne sau-
rait, en pareille matière et sous peine
de risques extrêmes, « se guider sur
des mots d'ordre de politique inté-
rieure ».
Le général Gamelin et M. Blum
ont conféré
M. Léon Blum et le général Game-
lin ont eu, hier après-midi, un très
long entretien. On précise officielle-
ment que cette conférence, entre le
chef du gouvernement et le chef de
l'état-major général de l'armée, « a
eu pour objet l'examen de la situa-
.tion créée par le rétablissement du
service militaire de deux ans en Al-
lemagne ».
Gaëtan Sanvoisin.
(Suite page 3, colonnes 6 et 7.)
lie Df SGBflGjT t
A MH1S
Le Reich aurait (
grand besoin de crédits
Le Dr Schacht est arrivé hier soir
à Çaris.
Qu'est-ce qu'il vient y faire ? Son
voyage est d'abord de politesse une
visite en vaut une autre. Le Gouver-
neur de la Banque de France s'était
rendu à Berlin. Le Président de la
Reichsbank s'empresse de le remer-
cier. Ces bonnes relations ne présen-
tent que des avantages. M. Schacht y
est fort attaché. Peu de jours après les
événements de mars, il avait déjà
réuni à sa table, dans son agréable
villa de la Forêt Noire, quelques-uns 1]
de ses collègues des autres banques
d'émission. Pour apaiser l'inquiétude 1;
et calmer la susceptibilité, il n'est rien
de meilleur qu'un petit balthazar. La
série continue.
Le vrai menu est de plus sérieuse
conséquence. La gestion des finances
et du crédit germanique est un tour
de force. Il n'est pas certain que tout
le mérite en revienne au Dr Schacht
peu importe. C'est sur lui que tombe-
rait la responsabilité d'un échec. Pour
tenir sur sa corde raide, il lui faudrait
des crédits. Ne serait-il pas possible,
sinon d'en obtenir tout de suite, du
moins d'engager une négociation au
bout de laquelle on Jes apercevrait ?
Ce serait déjà un joli succès.
De bons esprits, en nombre plus
grand qu'on ne croit, se plaisent en-
core à imaginer que les affaires de
l'Europe s'arrangeront bien gentiment,
avec un peu d'argent. In petto, on se
demande s'ils sont aveugles, ou qu'est-
ce qui leur ouvrira l'entendement ?
Mais dans ces illusions, admirables
par quelque côté, ils ne vont pas jus-
qu'à supposer que les emprunts alle-
mands seront souscrits tout de go à
Londres ou à Paris. Un prétexte est
indispensable. Seule une dévaluation
concertée, suivie d'une stabilisation
générale à grand spectacle, pourrait en
offrir l'occasion.
F.-F. Legueu^
(Suite page 6, colonne 1.)
UN AMATEUR
DE PIGEONS
En lisant l'autre jour que la cam-
pagne recommençait contre les pigeons
coupables de dégrader et de salir les
statues de nos parcs et de nos jardins,
j'ai tout de suite pensé à un homme
qui a pour les pigeons en particulier et
les oiseaux en général une véritable
passion. <̃
Il est riche. Pour être en paix avec
sa conscience, il donne chaque année
des sommes importantes aux œuvres de
bienfaisance après quoi, il réserve
toute sa tendresse et toute sa sollici-
tude à la gent ailée.
Il possède dans l'Oise une propriété
qui comporte un grand verger planté de
cerisiers. Mais, à la stupeur de ses voi-
sins, il ne met dans les arbres ni épou-
vantails, ni miroir» tournant, ni rien qui
puisse effrayer les oiseaux et les écarter.
Au contraire, il a donné des ordres for-
mels pour que personne ne cueille les
cerises. Elles sont réservées aux chers
maraudeurs aériens, qui s'en gorgent
impunément tout leur saoul.
Cet homme, vous l'avez vu certaine-
ment, un matin ou l'autre, place de
l'Etoile. Il est grand, mince, élégant, les
cheveux blancs. Chaque dimanche, régu-
lièrement, en tout cas, il vient vers midi
distribuer des graines aux pigeons qui
arrivent de toutes parts, car les nou-
velles se colportent vite dans le monde
des oiseaux. Certains dimanches, la place
de l'Etoile est ainsi, plus « empigeon-
née que la place Saint-Marc, à Venise.
Et voilà où il nous faut bien revenir
aux doléances dont nous parlions tout
à l'heure. Les oiseaux, toujours plus
nombreux autour de la maison du vieux
gentleman, ont commis dans le quartier
des dégâts considérables. Ils ont tout
sali, bouché des gouttières et des che-
naux. Les voisins ont porté plainte, une
pétition a circulé. L'affaire est allée
jusque chez le juge de paix. Docilement,
il a payé la note des frais occasionnés
par ses petits amis et a continué à se
féliciter de les avoir comme visiteurs
-quotidiens.
Quoi ? allez-vous dire, un tel amour
pour les oiseaux alors qu'autour de soi
la terre tremble et les hommes se jettent
les uns contre les autres comme des
loups furieux, mais c'est de la fplie
A moins que ce ne soit de la sagesse.
André Warnod.
m
LE TRAGIQUE EPILOGUE
DU PROCES DE MOSCOU
LES SEIZE CONDAMNES
ont été exécutés
dans la cour du Guépéou
Moscou, 25 août. Le comité
central exécutif de l'Union soviéti-
que ayant rejeté leur appel, les seize
anciens chefs communistes, dont Ka-
menev et Zinoviev, condamnés à
mort pour avoir ourdi des complots
contre la vie de Staline, ont été exé-
cutés ce matin -dans la cour inté-
rieure du Guépéou.
Jusqu'au dernier moment, les con-
damnés avaient entretenu l'espoir
qu'ils seraient graciés.
Le journal Pravda montre son mé-
pris pour les suppliciés, en annon-
çant simplement leur exécution dans
un coin de sa dernière page.
Ainsi se termine le premier épi-
sode du combat dirigé par le' Gué-
péou contre les anciens bolcheviks.
D'autres enquêtes judiciaires sont en
cours et il faut s'attendre à ce que
plusieurs personnalités soviétiques,
qui ont, autrefois, occupé des posi-
tions officielles iniportiinies. se trou-
vent i)roiili;iiii'iicnl renvoyées He-
vant les tribunaux.
X
~LETER1~
L~JVGfETE~~E
s'ef~`ôr-ce d'~umanis~r
la guerre civile d'Es p a ~e
ON ENVISAGE RECHANGE DES OTAGES
L'Italie décrète l'embargo ?
sur les armes gi
(De nos correspondants particuliers, par té(éphone) 0
LONDRES, 25 août. Le comité
les affaires étrangères du Cabinet
britannique s'est réuni aujourd'hui
il Downing Street, sous la présidence
de M. Eden. M. Baldwin, en vacan-
ces, n'a pas pris part à cette réu-
nion, qui était la première depuis
que les ministres se séparèrent à la
fin du mois de juillet.
Les affaires d'Espagne, la reforme
de la Société des nations, la réunion
des puissances locarnicnnes, le traité
anglo-égyptien fournirent la matière
d'une discussion qui ne dura pas
moins de six heures. L'acceptation
par l'Allemagne du plan français de
non-intervention fut accueillie avec
un soulagement considérable. Mais le
gouvernement de Londres désirerait
que les nations qui ont adopté le
principe de la non-intervention et
ne l'ont pas encore mis en pratique
prissent le plus vite possible les me-
sures destinées à interdire l'expor-
tation de matériel de guerre. Cette
restriction s'applique principalement
au Portugal, qui demeure le siège
d'un trafic d'armes considérable.
L'échelon suivant consisterait à
interdire l'envoi en Espagne de vo-
lontaires et d'argent. On pourrait
alors songer à établir, sur la propo-
sition de Rome déjà acceptée par
Londres et Paris, un comité inter-
national qui surveillerait le bon
fonctionnement des accords. Ce co-
mité revêtirait la forme d'une con-
férence d'ambassadeurs siégeant t
dans une capitale neutre. Mais là,
une nouvelle difficulté s'élève. Com-
ment persuader à l'Allemagne de
faire siéger son représentant à la
même table que celui de la Russie?
Il ne semble pas que les ministres
aient encore parlé de médiation, mais
ils ont fermement appuyé les tentatives
MALAGA SERAIT TOMBEE
AUX MAINS DES BLANCS
Les rouges poursuivent leur offensive
sur Oviedo et Cordoue
(De notre correspondant particulier, par téléphone,
de la frontière espagnole.)
e Journée bien remplie au point
de vue militaire. D'importantes
nouvelles, dont toutes, vrai dire,
'• ne sont pas conf irmées, parviennent
s de tous les f ronts. En premier lieu,
s Malaga, citadelle de l'extrême-gau-
lt che en Andalousie, base de la flotte
gouvernementale, aurait été prise
e par les blancs. La ville qui a nom-
s nié, en Espagne, le premier député
[- communiste aux Cor tes, serait tom-
bée devant les efforts conjugués des
légionnaires, des troupes régulières
e du Sud et des miliciens de la pha-
̃e lange espagnole.
i- Avant-hier, le général Queipo de
r Llano avait dit « J'espère pouvoir
annoncer demain une grande nou-
1 veïïe. » C'était la prise de Malaga
IS qu'il espérait. Cependant, hier, il
IX n'avait pas encore pu annoncer la
!r chute de la ville. Aujourd'hui. la
Linéa donne la nouvelle, qui n'est
pas encore officiellement confirmée.
ie Ce qui est certain, c'est que, étant
'f donnée la pression exercée par les
i1.' blancs et l'effet produit par l'incen-
:*> ̃"̃̃' '"̃ -==
Une haute personnalité de la Croix-Rouge
nous expose l'attitude de son organisation
devant le conflit espagnol
Une haute personnalité de la
Croix-Rouge française la plus
qualifiée a bien voulu nous expo-
ser le rôle, assez mal connu, de la
grande association charitable dans
le conflit qui déchire actuellement
l'Espagne, et l'attitude qu'elle entend
conserver devant cette lutte fratri-
cide.
Le premier soin de la Croix-Rouge
nationale fut d'assurer son concours
au cordon sanitaire tendu à la fron-'
tière des Pyrénées.
L'afflux des réfugiés, nous dit
notre interlocuteur, réclamait une
sévère organisation d'inspection et
de prophylaxie. Des instructions ont
été données par le Comité central à
nos groupements locaux, qui se sont
immédiatement mis en rapports avec
les préfets des Hautes-Pyrénées, des
Basses-Pyrénées et des Landes. Cette
collaboration permettra, entre autres
choses, d'enrayer l'épidémie de fiè-
vre typhoïde qui avait été signalée.
Stricte neutralité
» La Croix-Rouge a pour mission
de soulager toutes les souffrances,
mais, évidemment, elle ne peut le
faire que dans la mesure de ses
moyens matériels et en observant la
plus stricte neutralité.
» Lors du conflit italo-abyssin,
nous avons fait nos offres aux deux
partis en présence. La Croix-Rouge
italienne a déc-lim'1 notre olIYe. Lu
Croix-Rouge abyssine l'a acceplée
w
rr
qui ont été faites pour humaniser la A
guerre. A ce propos, on confirme ce ci
que le « Figaro » avait été le premier a
à annoncer que des négociations ont
été entreprises dans ce sens sur l'initia- d
tive du doyen du corps diplomatique à
Madrid, l'ambassadeur d'Argentine, et
sont appuyées par les ambassadeurs de a
France et d'Angleterre. Il ne s'agirait, ê
pour le moment, que d'un échange des b
prisonniers civils. b
La discussion de la guerre d'Espa- (
gue et de ses répercussions possi- B
bles a absorbé la majeure partie de d
la réunion du comité. En ce qui con-
cerne la réforme de la Société des t
nations, aucune décision n'a encore i
été prise par le Foreign Office. t
Les répercussions, de la prolonge-
tion de la durée du service militaire «
en Allemagne ont également été en- i
visagées au cours de la réunion, 1
mais les' ministres se sont sépares j
sans avoir fait, aucune déclaration i
et la plus grande réserve est obser- ]
vée à ce sujet dans les milieux gou- i
vernementaux. D. C. i
t i
LA DECISION ITALIENNE i
t
Rome, 25 août. La décision du
gouvernement allemand d'interdire
toute exportation d'armes et de mu-
nitions à destination de l'Espagne
n'a été soulignée à Rome par aucun
commentaire officiel ou officieux.
Les journaux l'ont annoncée dans
des dépêches qu'encadrent des cor-
respondances particulières exposant
les réactions favorables qu'elle a
provoquées à Londres comme à Pa-
ris. J. R.
(Suite page 3, colonne 5.)
die des dépôts d'essence de la ville,
il faudra un miracle pour que les
rouges puissent repousser les blancs
de Malaga.
Sur le front d'htm
Sur le f ront d'Irun et de Saint-
Sébastien, un bombardement in-
tense a été effectué aujourd'hui par
les navires blancs dont le tir a été,
par moments, très effectif.
Les principaux objectifs étaient
la gare d'Irun et les batteries rouges
situées autour d'Irun et de Saint-
Sébastien. Le bombardement n'a sûr-
pris personne. La journée, en effet,
était radieuse. Et si cela signifie,
d'un côté de la frontière bains de
soleil et bains de mer, cela signifie,
de l'autre côté, que l'aviation et la
marine profiteront de la. visibilité
pour- bombarder l'ennemi. De plus,
il y a des raisons de croire que ce
bombardement intense est le prélude
d'une offensive des blancs contre
Irun et Saint-Sébastien.
Georges Rotvand.
(Suite page 3, colonnes 3 et 4)
avec reconnaissance. Nous avons
donc envoyé à cette dernière des
caisses de médicaments, de panse-
ments, et des fonds.
» D'autre part, l'intervention dans
une guerre civile est soumise à cer-
tains règlements de la Croix-Rouge
internationale. Elle est du ressort du
Comité international de la Croix-
Rouge de Genève, qui, seul, peut cen-
traliser les demandes et faire appel,
ensuite, aux différentes Croix-Rouges
nationales.
» Aucun appel de ce genre n'a
encore été lancé par la Croix-Rouge
espagnole, qui, d'ailleurs, a été com-
letement transformée depuis les
hostilités et a renouvelé entièrement
son comité directeur.
Une démarche
du Rassemblement populaire
» La « Commission de solidarité
du Rassemblement populaire pour
l'aide au peuple espagnol » a cepen-
dant transmis à la Croix-Rouge fran-
çaise un appel du comité local de
Barcelone de la Croix-Rouge espa-
gnole. Le ministère de la Santé pu-
blique avait transmis la même re-
quête. Il s'agissait d'envoyer des
médicaments, du matériel et un
avion sanitaire. Pareil effort eût dé-
passé manifestement les moyens de
la Croix-Rouge française.
Georges Ravon.
(Suite page 3, colonne 7.)
CHRONIQUE
VAGUE S
Par ANDRE MAUROIS
Je viens de relire un livre qui,
à la fois par la vigueur du style et t
par la force de la pensée, me sem-
ble admirable ce sont les souve-
nirs d'Alexis de Tocqueville sur la
révolution de 1848. Il est beau
qu'en pleine émeute un écrivain
garde assez de sang-froid pour por-
ter sur les événements un jugement
objectif. Dès les journées de juin,
Tocqueville, homme d'Etat libéral,
comprit que les excès de la violence
allaient amener une réaction de
défense.
« A l'amour de l'indépendance
allaient succéder la crainte et peut-
être le- dégoût des institutions li-
bres après un tel abus de la li-
berté, un tel retour était inévitable.
Ce mouvement de retraite com-
mença, en effet, dès le 27 juin
d'abord très lent et comme invisi-
ble à l'œil nu, puis rapide, puis
impétueux et irrésistible. Où s'arrê-
tera-t-il ? Je l'ignore. Je crois que-
nous aurons grand'peine à ne pas
rouler fort au delà du point que
nous avions atteint avant Février, et
je prévois que tous, socialistes,
montagnards, républicains, libé-
raux, nous tomberons dans un mê-
me discrédit, jusqu'à ce que les sou-
venirs particuliers de la révolutien
de 48 s'éloignent, s'effacent, et que
l'esprit général du temps reprenne
son empire. »
Jamais prédiction ne fut mieux
vérifiée par les événements. Après
le Coup d'Etat, il fallut vingt ans,
et la plus affreuse défaite, pour que
la France reprît possession d'elle-
même. Tant il est vrai que les hom-
mes, quand ils ont éprouvé l'hor-
reur du désordre, en viennent, com-
me écrit fortement Valéry, à sou-
haiter de nouveau « la police ou la
mort »•
J'imagine que, pour un observa-
teur divin, au regard de qui nos
siècles seraient des heures, ces on-
dulations monotones de la vie pu-
blique formeraient un spectacle
aussi grandiose et aussi vain que ce-
lui des vagues de la mer. Au creux
marbré succède une croupe écu-
meuse sur le cap granitique de la
nature humaine, cette croupe vient
se briser et les gouttes de la gerbe
retombent encore que déjà s'avan-
ce un autre creux, une autre croupe
que gonfle le vent de la passion, et
qui se briseront à leur tour sur les
rochers du rivage.
L'histoire des sociétés est à la fois
aussi simple et aussi complexe que
celle des vagues de l'Océan. Pour
lutter contre les forces naturelles,
l'homme, créature infiniment vul-
nérable, doit vivre en société. Toute
société comporte des institutions
qui limitent la liberté des individus
et que ceux-ci acceptent parce
qu'ils sont terrifiés par les consé-
quences de l'anarchie naturelle.
Abrités par les lois, ils en arrivent
à oublier leur misère primitive les
règles qui les ont sauvés leur de-
viennent insupportables ils imagi-
nent un état paradisiaque où toutes
les hiérarchies seraient abolies
ils cherchent à l'atteindre une va-
gue se brise.
Mais, dès que les institutions ont
été détruites ou affaiblies, les hom-
mes découvrent qu'il leur faut lut-
ter à nouveau contre la cruauté de
la nature et la férocité de leurs
semblables. Bientôt il n'est plus
question de la liberté, luxe déli-
cieux, mais de la sécurité qui de-
vient un besoin pressant, doulou-
reux. A grand'peine, les survivants
édifient alors un nouvel état qui,
sous des noms adaptés aux modes
intellectuelles de l'époque, rétablit
à peu près les hiérarchies ancien-
nés. Enfin, après une longue pério-
de d'expériences et de souffrances,
l'abri devient assez solide pour per-
mettre à ceux qui l'habitent de re-
trouver quelque liberté de mœurs
et d'esprit. Déjà les plus impatients
̃ d'entre eux maudissent des institu-
tions dont le crime est d'avoir trop
bien réussi. Une vague monte.
André Maurois.
EN PAGE 5 »
LE FIGARO-TENNIS
VOIR A LA RUBRIQUE SPORTIVE
i L'ENQUETE DU FIGARO
SUR LA REORGANISATION
DU SPORT EN FRANCE
AIDEZ LES ORGANISATIONS
POST-SCOLAIRES
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l aj ̃ "̃ 4
VOIR PAGE 6 J
« Les Nouvelles Officielles »
) (Suite)
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Le Gaulois
30 C"8
L'ARMEE ]
ALLEMANDE
Le 14 octobre 1933;
l'Allemagne se retirait I
de la Conférence du
Désarmement et de la
~r_ 1 i
t^ociçie aes iNanons. unq mois plus
tard. elle annonçait l'affectation d'un
crédit de plus de quatre milliards de
notre monnaie à la Reichswehr et de
plus d'un milliard à l'aviation mili-
taire.
Ce fut le début officiel du « réar-
mement ». t
Le 16 mars 1935, le chancelier c
Hitler décrétait la conscription et la f
constitution d'une armée régulière de !•
500.000 hommes. Quelques semaines c
plus tard, une loi militaire » sou- t
mettait à l'obligation du service tout «
Allemand de 18 à.45 ans. Un décret f
fixait provisoirement à urr an le temps v
de service des recrues. i
Moins d'un mois après la promul- c
gation de cette loi, l'accord naval |
anglo-allemand reconnaissait à l'Ai- c
lemagne le droit de construire une 1
flotte correspondant à 35 pour cent
des forces de la flotte britannique. t
Le 7 mars 1936, brusquementç s
M. Hitler annonçait la « remilitari- J
sation » de la Rhénanie. Non moins (
brusquement, il vient de doubler le r
temps de service militaire, ce qui doit c
porter à plus d'un miHion d'hommes c
la force armée encadrée, dont environ
700.000 hommes, toujours instruits et
entraînés. i
Ainsi, en moins de deux années et «
demie, l'Allemagne a non seulement 1
brisé tous les liens ou contraintes qui
pouvaient retarder son essor militaire,
mais mis en train la plus forte armée 1
du continent, avec un effort au moins ]
égal pour les cadres, le matériel de
guerre, les équipements, le logement
des troupes, sans parler de la recons- 1
titution de sa flotte, de la réfection de
ses routes et de son outillage de trans-
ports.
L'ampleur de cet effort est impres- ]
sionnante. Mais plus instructive pour
qui pense, au passé et à l'avenir, est,
à notre avis, son extraordinaire rapi-
dité. Aucun rédacteur du traité de
Versailles n'imagina un instant que
r Allemagne retrouverait toute sa
puissance militaire juste à temps pour
faire face à nos « classes creuses ».
Prendre au mot les Allemands
quand ils prétendent avoir réalisé un
tel tour de force au hasard de leurs
déceptions diplomatiques et de leurs
réflexes de circonstance, serait leur
faire injure. Tout au plus fournissent-
ils ainsi une fausse excuse à ceux,
chez nous, qui crurent que le pro-
blème de l'équilibre européen se ré-
soudrait au jour le jour.
Comment sont calculés les effectifs
immédiatement disponibles de la nou-
velle armée allemande ?
Pour répondre, il suffit de se pen-
cher attentivement sur la répartition
et le tableau d'emploi éventuel des
forces des différentes armées en Eu-
rope.
Les effectifs de la nouvelle armée
allemande sont calculés, pour repré-
senter, à l'Ouest, une force sensi-
blement égale à celle que la France
pourrait aligner tout de suite sur sa
frontière, et à l'Est une force très
supérieure, la Hongrie comprise, aux
moyens immédiatement disponibles
que la Petite-Entente et la Russie
pourraient opposer à l'Allemagne.
Pour le moment, l'Italie et la Polo-
gne paraissent exclues du calcul.
Rarement hommes au pouvoir fu-
rent devant une responsabilité aussi
lourdé que-celle qui se présente aux
membres du cabinet Blum. Il est évi-
dent que les progrès de plus en plus
accélérés de l'effort allemand exigent,
pour rattraper l'équilibre, au moins
quant au nombre et dans le temps,
un effort correspondant. Il est évi-
dent aussi que, désormais, bon gré
mal gré, la diplomatie sera dominée
par ce problème de l'équilibre maté-
riel des forces. Il est évident, enfin,
qu'un dialogue utile ne pourra s'ou-
vrir à temps si, dans la course, l'une
des parties devance trop aisément les
autres elles-mêmes divisées.
Lucien Romier.
LE BAROMETRE BOURSIER
:ttW£* ^OtEJMl/fç «OîH"fJ
JUVi\UtU5c>- assez jerine. onuAoïv-
LES bien disposé. NBWrYORK sou-
tenu.
Uvre 76,425 contre 76,43.
DoUar 1d,19 contre 15,1875.
Lire en page 6 « LE FIGARO
ECONOMIQUE ET FINANCIER »
H TEMPS PROBABLE
Région parisienne. Un peu brumeux
et beau. veut est faible.
Température en légère uausse. Maximum:
29 degrés.
visibilité médiocre à tonne.
Manche. Beau. Vent nord-est h est
faible.
Mer SelUk.
Sud-Ouest. Brumeux, plus nuageux
tendance orageuse. Vent sud-eat faillie.
Mer belle.
Sud-Ett. Beau, Vent .est faible.
Mer beiif.
Alpes. lît-aii. l'n ji'ii i >I il r!i;m:i.
Pyrénées. B tllU"UX. pll1s nn.~cux
tciirtiiTico or.wn-r '̃' '̃iii'lil.
(Voir VéiKiUilioii tji-nérule et ta carte du
temps à la puye des Sports.)
L'ALLEMAGNE I
justifie son réarmement
)ar la collusion franco-soviétique
ELLE S'EFFORCE
DE SE CONCILIER L'ANGLETERRE i
(De notre correspondant particulier, par téléphone) r
Berlin, 25 août. Les commen-
taires de la presse allemande ne té-
moignent pas d'un enthousiasme ex-
cessif pour la nouvelle loi militaire,
encore qu'on s'fforce unanimement
de la justifier. « Une chose inéluc-
table imposée par les circonstan-
ces », tel est le refrain général et
pourtant cette explication est parfois
contredite par d'autres raisons ac-
cessoires qui semblent montrer que
la prolongation de la durée du ser-
vice était envisagée depuis que l'Alle-
magne a repris sa liberté en matière
d'armements.
Comme les autres pays, dit-on, le
Reich va avoir une série de classes
creuses. Les jeunes gens nés pendant
la guerre sont, en outre, d'une qua-
lité physique inférieure (assertion
qui semble contredite par les résul-
tats plus que satisfaisants des con-
seils de révision). Enfin, si l'on n'a-
vait que des soldats d'un an, la va-
leur de l'armée se trouverait consi-
dérablement réduite pendant les se-
maines ou même les premiers mois
qui suivent l'incorporation de la
classe.
Si ces arguments valent quelque
chose, ils ne datent pas des dernières
mesures prises en Russie soviétique
il y a longtemps qu'ils doivent être
connus des autorités militaires alle-
mandes.
La propagande
Dans les comptes rendus que l'on
publie de l'impression produite à
l'étranger, on s'efforce de faire res-
sortir les notes plus ou moins favo-
rables. A lire la presse allemande,
on croirait presque que l'introduc-
tion du service de deux ans dans le
Reich a rencontré un bon accueil
dans la plupart des autres pays.
Particulièrement intéressant pour
nous est l'article qui paraîtra de-
main dans la Frankfurter Zeitung et
qui attribue à la politique française
la responsabilité de ce qui arrive au-
jourd'hui. Il soutient cette thèse que
la course aux armements, qui s'accé-
lère depuis un an, a pour origine le
rapprochement franco-soviétique
dont Barthou eut l'initiative.
« Le résultat de cette politique
d'alliance est que le standard des
armements n'est .plus déterminé par
la France, mais par la combinaison
France-Russie soviétique-Tchécoslo-
vaquie. On entend dire par des An-
glais influents que cette alliance
n'est pas une réalité mais, en tout
cas, elle est la source principale de
l'insécurité actuelle de l'Europe. La,
politique de Barthou a rendu l'Eu-
rope beaucoup moins sûre. Au fond,
la France n'y a pas gagné. L'Alle-
magne s'est trouvée contrainte à des
efforts extraordinaires que person-
ne n'eût imaginé il y a deux ans.
̃» L'alliance russe a fait du pro-
gramme de Moscou une partie du
programme français. Que les paysans
et les bourgeois de France le veuil-
lent ou non, un programme français
est pour l'Allemagne un fait décisif.
Nous ressentons comme une fatalité
LES REPERCUSSIONS
de la décision du Reich
sur l'opinion politique française
II serait vain de tenter une en-
quête dans les milieux parlementai-
res ou dans les milieux militaires
pour bien définir, du point de vue
français et sur le double plan poli-
tique et technique, les conséquences
de la décision allemande. Les rares
sénateurs ou députés que l'on peut
atteindre se dérobent obstinément
aux déclarations, indiquant seule-
ment, d'un mot ou par leurs réticen-
ces, l'évolution toute de circonspec-
tion qui se produit dans maintes
parties de l'opinion, provinciale sur-
tout.
La frontière de M. Baldwin
répudiée ?
II semble d'ailleurs que le carac-
tère diplomatique de la situation
préoccupe beaucoup plus sénateurs
et députés que son caractère propre-
ment militaire, nos interlocuteurs
estimant, non sans raison, que l'un
t est la conséquence de l'autre et que
l'heure d'une politique de limitation
d'armements étant désormais passée,
il convient de reporter tout PefFort
sur une formule internationale sus-
ceptible de maintenir l'ordre et de
sauver la paix.
Les commentaires de la presse
britannique sont pour beaucoup dans
cette orientation des esprits, un jour-
nal conservateur d'outre-Manche,
l'Evening^News ayant, dit-on, fait
écho à une détermination anglaise
très répandue en écrivant hier cette
phrase Si la France devient com-
muniste, notre frontière ne sera plus
sur le Rhin. » Cette révision et ré-
pudiation éventuelle de l'engagement
historique de M. Baldwin, connue
dans la soirée à Paris, suscita une
•grosse impression.
Ce que l'on dit dans les sphères
gouvernementales
Dans les milieux goiivernenicn-
;.l' faux, c'est la réserve goUYCrl1Cmcnc
taux, c'est la réserve absolue, le plus
qu'on en soit arrivé là et nous nous 'r
demandons s'il n'est vraiment pas l
possible d'aller, de cette folie vers e,
cet autre but qui est aussi un but du e
cabinet Baldwin la collaboration r
des Allemands, des Anglais et des
Français, sans l'intervention de la c
puissance et de la propagande bol- c
chevistes. » E
Bernard Millot. <
Les mesures d'exécution
du décret du Fiihrer
,x.̃ .• i
Berlin, 25 août. Le maréchal von
Blomberg, ministre de la guerre, a
promulgué aujourd'hui les mesures
d'exécution du décret portant à deux
ans la durée du service militaire en
Allemagne.
1. En octobre 1936, seront libérés,
après un an de service actif
a) Les engagés volontaires de la
classe de naissance de 1913 et au-
dessous
b) Les recrues de la classe de nais-
sance 1910, qui ont été appelées au
service actif en Prusse orientale.
Ces jeunes gens pourront toutefois
rengager pour une seconde année ou
pour plus longtemps. Mais leurs obli-
gations de service actif seront consi-
dérées comme accomplies après un in
de service sous les drapeaux.
2. A partir d'octobre 1936, resteront
sous les drapeaux, pour une deuxième
année de service actif les jeunes
gens de la classe de naissance de 1914
et au-dessus qui font actuellement leur
service actif, y compris les engagés
volontaires de ces classes.
Le maréchal, commandant en chef
l'armée allemande, prendra d'autres
dispositions complémentaires.
(Lire la suite de nos informations
en troisième page.)
Démission de l'ambassadeur
des Etats-Unis à Paris
WASHINGTON, 25 août. 31. Jesse
Isidor Straus, ambassadeur des Etats-
Unis à Paris, a démissionné.
En annonçant la démission de
l'ambassadeur, le président Roose-
velt a précisé- qu'elle était due à des
raisons de santé, les médecins de
M., Straus lui ayant formellement
prescrit un repos complet de six
mois.
Dans la lettre par laquelle il ac-
cepte cette démission,' M. Roosevelt
déclare
«Si l'administration que je pré-
side devait durer encore quatre ans,
je souhaiterais vous voir retourner à
votre poste. »
M. William Bullitt, ambassadeur
des Etats-Unis à Moscou, a été nom-
mé ambassadeur à Paris, en rempla-
cement de M. Straus.
complet mutisme. C'est à peine si l
l'on consent à exprimer, pour qu'il
soit inséré dans la presse, un avis.
Toutefois, et en gardant à ces infor-
mations une forme strictement objec-
tive, signalons, après contact avec
des personnalités touchant le pou-
voir 1° que la gravité exception-
nelle du nouvel état de choses est
explicitement reconnue 2° que l'on
s'efforce de ne pas négliger le rôle
qu'ont pu jouer, dans la publication
du décret, la politique intérieure,
plusieurs centaines de milliers de
chômeurs y trouvant, par l'enrôle-
ment ou pour la fabrication des ar-
mes notamment et la construction
de casernes, un emploi qui entraîne
un allégement budgétaire et une
amélioration sociale 3° que l'on
reconnaît la supériorité numérique
de l'armée allemande quant à ses
effectifs disponibles sur-le-champ,
soit 450.000 chez nous et 900.000 en
Allemagne, cela dès l'application du
régime du 24 août 4° que nulle
démarche à Berlin n'est en vue, la
base d'une telle intervention n'ap-
paraissant pas 5° que la mesure,
accueillie avec sang-froid, était at-
tendue 6° enfin et cela offre un
intérêt capital que l'on ne sau-
rait, en pareille matière et sous peine
de risques extrêmes, « se guider sur
des mots d'ordre de politique inté-
rieure ».
Le général Gamelin et M. Blum
ont conféré
M. Léon Blum et le général Game-
lin ont eu, hier après-midi, un très
long entretien. On précise officielle-
ment que cette conférence, entre le
chef du gouvernement et le chef de
l'état-major général de l'armée, « a
eu pour objet l'examen de la situa-
.tion créée par le rétablissement du
service militaire de deux ans en Al-
lemagne ».
Gaëtan Sanvoisin.
(Suite page 3, colonnes 6 et 7.)
lie Df SGBflGjT t
A MH1S
Le Reich aurait (
grand besoin de crédits
Le Dr Schacht est arrivé hier soir
à Çaris.
Qu'est-ce qu'il vient y faire ? Son
voyage est d'abord de politesse une
visite en vaut une autre. Le Gouver-
neur de la Banque de France s'était
rendu à Berlin. Le Président de la
Reichsbank s'empresse de le remer-
cier. Ces bonnes relations ne présen-
tent que des avantages. M. Schacht y
est fort attaché. Peu de jours après les
événements de mars, il avait déjà
réuni à sa table, dans son agréable
villa de la Forêt Noire, quelques-uns 1]
de ses collègues des autres banques
d'émission. Pour apaiser l'inquiétude 1;
et calmer la susceptibilité, il n'est rien
de meilleur qu'un petit balthazar. La
série continue.
Le vrai menu est de plus sérieuse
conséquence. La gestion des finances
et du crédit germanique est un tour
de force. Il n'est pas certain que tout
le mérite en revienne au Dr Schacht
peu importe. C'est sur lui que tombe-
rait la responsabilité d'un échec. Pour
tenir sur sa corde raide, il lui faudrait
des crédits. Ne serait-il pas possible,
sinon d'en obtenir tout de suite, du
moins d'engager une négociation au
bout de laquelle on Jes apercevrait ?
Ce serait déjà un joli succès.
De bons esprits, en nombre plus
grand qu'on ne croit, se plaisent en-
core à imaginer que les affaires de
l'Europe s'arrangeront bien gentiment,
avec un peu d'argent. In petto, on se
demande s'ils sont aveugles, ou qu'est-
ce qui leur ouvrira l'entendement ?
Mais dans ces illusions, admirables
par quelque côté, ils ne vont pas jus-
qu'à supposer que les emprunts alle-
mands seront souscrits tout de go à
Londres ou à Paris. Un prétexte est
indispensable. Seule une dévaluation
concertée, suivie d'une stabilisation
générale à grand spectacle, pourrait en
offrir l'occasion.
F.-F. Legueu^
(Suite page 6, colonne 1.)
UN AMATEUR
DE PIGEONS
En lisant l'autre jour que la cam-
pagne recommençait contre les pigeons
coupables de dégrader et de salir les
statues de nos parcs et de nos jardins,
j'ai tout de suite pensé à un homme
qui a pour les pigeons en particulier et
les oiseaux en général une véritable
passion. <̃
Il est riche. Pour être en paix avec
sa conscience, il donne chaque année
des sommes importantes aux œuvres de
bienfaisance après quoi, il réserve
toute sa tendresse et toute sa sollici-
tude à la gent ailée.
Il possède dans l'Oise une propriété
qui comporte un grand verger planté de
cerisiers. Mais, à la stupeur de ses voi-
sins, il ne met dans les arbres ni épou-
vantails, ni miroir» tournant, ni rien qui
puisse effrayer les oiseaux et les écarter.
Au contraire, il a donné des ordres for-
mels pour que personne ne cueille les
cerises. Elles sont réservées aux chers
maraudeurs aériens, qui s'en gorgent
impunément tout leur saoul.
Cet homme, vous l'avez vu certaine-
ment, un matin ou l'autre, place de
l'Etoile. Il est grand, mince, élégant, les
cheveux blancs. Chaque dimanche, régu-
lièrement, en tout cas, il vient vers midi
distribuer des graines aux pigeons qui
arrivent de toutes parts, car les nou-
velles se colportent vite dans le monde
des oiseaux. Certains dimanches, la place
de l'Etoile est ainsi, plus « empigeon-
née que la place Saint-Marc, à Venise.
Et voilà où il nous faut bien revenir
aux doléances dont nous parlions tout
à l'heure. Les oiseaux, toujours plus
nombreux autour de la maison du vieux
gentleman, ont commis dans le quartier
des dégâts considérables. Ils ont tout
sali, bouché des gouttières et des che-
naux. Les voisins ont porté plainte, une
pétition a circulé. L'affaire est allée
jusque chez le juge de paix. Docilement,
il a payé la note des frais occasionnés
par ses petits amis et a continué à se
féliciter de les avoir comme visiteurs
-quotidiens.
Quoi ? allez-vous dire, un tel amour
pour les oiseaux alors qu'autour de soi
la terre tremble et les hommes se jettent
les uns contre les autres comme des
loups furieux, mais c'est de la fplie
A moins que ce ne soit de la sagesse.
André Warnod.
m
LE TRAGIQUE EPILOGUE
DU PROCES DE MOSCOU
LES SEIZE CONDAMNES
ont été exécutés
dans la cour du Guépéou
Moscou, 25 août. Le comité
central exécutif de l'Union soviéti-
que ayant rejeté leur appel, les seize
anciens chefs communistes, dont Ka-
menev et Zinoviev, condamnés à
mort pour avoir ourdi des complots
contre la vie de Staline, ont été exé-
cutés ce matin -dans la cour inté-
rieure du Guépéou.
Jusqu'au dernier moment, les con-
damnés avaient entretenu l'espoir
qu'ils seraient graciés.
Le journal Pravda montre son mé-
pris pour les suppliciés, en annon-
çant simplement leur exécution dans
un coin de sa dernière page.
Ainsi se termine le premier épi-
sode du combat dirigé par le' Gué-
péou contre les anciens bolcheviks.
D'autres enquêtes judiciaires sont en
cours et il faut s'attendre à ce que
plusieurs personnalités soviétiques,
qui ont, autrefois, occupé des posi-
tions officielles iniportiinies. se trou-
vent i)roiili;iiii'iicnl renvoyées He-
vant les tribunaux.
X
~LETER1~
L~JVGfETE~~E
s'ef~`ôr-ce d'~umanis~r
la guerre civile d'Es p a ~e
ON ENVISAGE RECHANGE DES OTAGES
L'Italie décrète l'embargo ?
sur les armes gi
(De nos correspondants particuliers, par té(éphone) 0
LONDRES, 25 août. Le comité
les affaires étrangères du Cabinet
britannique s'est réuni aujourd'hui
il Downing Street, sous la présidence
de M. Eden. M. Baldwin, en vacan-
ces, n'a pas pris part à cette réu-
nion, qui était la première depuis
que les ministres se séparèrent à la
fin du mois de juillet.
Les affaires d'Espagne, la reforme
de la Société des nations, la réunion
des puissances locarnicnnes, le traité
anglo-égyptien fournirent la matière
d'une discussion qui ne dura pas
moins de six heures. L'acceptation
par l'Allemagne du plan français de
non-intervention fut accueillie avec
un soulagement considérable. Mais le
gouvernement de Londres désirerait
que les nations qui ont adopté le
principe de la non-intervention et
ne l'ont pas encore mis en pratique
prissent le plus vite possible les me-
sures destinées à interdire l'expor-
tation de matériel de guerre. Cette
restriction s'applique principalement
au Portugal, qui demeure le siège
d'un trafic d'armes considérable.
L'échelon suivant consisterait à
interdire l'envoi en Espagne de vo-
lontaires et d'argent. On pourrait
alors songer à établir, sur la propo-
sition de Rome déjà acceptée par
Londres et Paris, un comité inter-
national qui surveillerait le bon
fonctionnement des accords. Ce co-
mité revêtirait la forme d'une con-
férence d'ambassadeurs siégeant t
dans une capitale neutre. Mais là,
une nouvelle difficulté s'élève. Com-
ment persuader à l'Allemagne de
faire siéger son représentant à la
même table que celui de la Russie?
Il ne semble pas que les ministres
aient encore parlé de médiation, mais
ils ont fermement appuyé les tentatives
MALAGA SERAIT TOMBEE
AUX MAINS DES BLANCS
Les rouges poursuivent leur offensive
sur Oviedo et Cordoue
(De notre correspondant particulier, par téléphone,
de la frontière espagnole.)
e Journée bien remplie au point
de vue militaire. D'importantes
nouvelles, dont toutes, vrai dire,
'• ne sont pas conf irmées, parviennent
s de tous les f ronts. En premier lieu,
s Malaga, citadelle de l'extrême-gau-
lt che en Andalousie, base de la flotte
gouvernementale, aurait été prise
e par les blancs. La ville qui a nom-
s nié, en Espagne, le premier député
[- communiste aux Cor tes, serait tom-
bée devant les efforts conjugués des
légionnaires, des troupes régulières
e du Sud et des miliciens de la pha-
̃e lange espagnole.
i- Avant-hier, le général Queipo de
r Llano avait dit « J'espère pouvoir
annoncer demain une grande nou-
1 veïïe. » C'était la prise de Malaga
IS qu'il espérait. Cependant, hier, il
IX n'avait pas encore pu annoncer la
!r chute de la ville. Aujourd'hui. la
Linéa donne la nouvelle, qui n'est
pas encore officiellement confirmée.
ie Ce qui est certain, c'est que, étant
'f donnée la pression exercée par les
i1.' blancs et l'effet produit par l'incen-
:*> ̃"̃̃' '"̃ -==
Une haute personnalité de la Croix-Rouge
nous expose l'attitude de son organisation
devant le conflit espagnol
Une haute personnalité de la
Croix-Rouge française la plus
qualifiée a bien voulu nous expo-
ser le rôle, assez mal connu, de la
grande association charitable dans
le conflit qui déchire actuellement
l'Espagne, et l'attitude qu'elle entend
conserver devant cette lutte fratri-
cide.
Le premier soin de la Croix-Rouge
nationale fut d'assurer son concours
au cordon sanitaire tendu à la fron-'
tière des Pyrénées.
L'afflux des réfugiés, nous dit
notre interlocuteur, réclamait une
sévère organisation d'inspection et
de prophylaxie. Des instructions ont
été données par le Comité central à
nos groupements locaux, qui se sont
immédiatement mis en rapports avec
les préfets des Hautes-Pyrénées, des
Basses-Pyrénées et des Landes. Cette
collaboration permettra, entre autres
choses, d'enrayer l'épidémie de fiè-
vre typhoïde qui avait été signalée.
Stricte neutralité
» La Croix-Rouge a pour mission
de soulager toutes les souffrances,
mais, évidemment, elle ne peut le
faire que dans la mesure de ses
moyens matériels et en observant la
plus stricte neutralité.
» Lors du conflit italo-abyssin,
nous avons fait nos offres aux deux
partis en présence. La Croix-Rouge
italienne a déc-lim'1 notre olIYe. Lu
Croix-Rouge abyssine l'a acceplée
w
rr
qui ont été faites pour humaniser la A
guerre. A ce propos, on confirme ce ci
que le « Figaro » avait été le premier a
à annoncer que des négociations ont
été entreprises dans ce sens sur l'initia- d
tive du doyen du corps diplomatique à
Madrid, l'ambassadeur d'Argentine, et
sont appuyées par les ambassadeurs de a
France et d'Angleterre. Il ne s'agirait, ê
pour le moment, que d'un échange des b
prisonniers civils. b
La discussion de la guerre d'Espa- (
gue et de ses répercussions possi- B
bles a absorbé la majeure partie de d
la réunion du comité. En ce qui con-
cerne la réforme de la Société des t
nations, aucune décision n'a encore i
été prise par le Foreign Office. t
Les répercussions, de la prolonge-
tion de la durée du service militaire «
en Allemagne ont également été en- i
visagées au cours de la réunion, 1
mais les' ministres se sont sépares j
sans avoir fait, aucune déclaration i
et la plus grande réserve est obser- ]
vée à ce sujet dans les milieux gou- i
vernementaux. D. C. i
t i
LA DECISION ITALIENNE i
t
Rome, 25 août. La décision du
gouvernement allemand d'interdire
toute exportation d'armes et de mu-
nitions à destination de l'Espagne
n'a été soulignée à Rome par aucun
commentaire officiel ou officieux.
Les journaux l'ont annoncée dans
des dépêches qu'encadrent des cor-
respondances particulières exposant
les réactions favorables qu'elle a
provoquées à Londres comme à Pa-
ris. J. R.
(Suite page 3, colonne 5.)
die des dépôts d'essence de la ville,
il faudra un miracle pour que les
rouges puissent repousser les blancs
de Malaga.
Sur le front d'htm
Sur le f ront d'Irun et de Saint-
Sébastien, un bombardement in-
tense a été effectué aujourd'hui par
les navires blancs dont le tir a été,
par moments, très effectif.
Les principaux objectifs étaient
la gare d'Irun et les batteries rouges
situées autour d'Irun et de Saint-
Sébastien. Le bombardement n'a sûr-
pris personne. La journée, en effet,
était radieuse. Et si cela signifie,
d'un côté de la frontière bains de
soleil et bains de mer, cela signifie,
de l'autre côté, que l'aviation et la
marine profiteront de la. visibilité
pour- bombarder l'ennemi. De plus,
il y a des raisons de croire que ce
bombardement intense est le prélude
d'une offensive des blancs contre
Irun et Saint-Sébastien.
Georges Rotvand.
(Suite page 3, colonnes 3 et 4)
avec reconnaissance. Nous avons
donc envoyé à cette dernière des
caisses de médicaments, de panse-
ments, et des fonds.
» D'autre part, l'intervention dans
une guerre civile est soumise à cer-
tains règlements de la Croix-Rouge
internationale. Elle est du ressort du
Comité international de la Croix-
Rouge de Genève, qui, seul, peut cen-
traliser les demandes et faire appel,
ensuite, aux différentes Croix-Rouges
nationales.
» Aucun appel de ce genre n'a
encore été lancé par la Croix-Rouge
espagnole, qui, d'ailleurs, a été com-
letement transformée depuis les
hostilités et a renouvelé entièrement
son comité directeur.
Une démarche
du Rassemblement populaire
» La « Commission de solidarité
du Rassemblement populaire pour
l'aide au peuple espagnol » a cepen-
dant transmis à la Croix-Rouge fran-
çaise un appel du comité local de
Barcelone de la Croix-Rouge espa-
gnole. Le ministère de la Santé pu-
blique avait transmis la même re-
quête. Il s'agissait d'envoyer des
médicaments, du matériel et un
avion sanitaire. Pareil effort eût dé-
passé manifestement les moyens de
la Croix-Rouge française.
Georges Ravon.
(Suite page 3, colonne 7.)
CHRONIQUE
VAGUE S
Par ANDRE MAUROIS
Je viens de relire un livre qui,
à la fois par la vigueur du style et t
par la force de la pensée, me sem-
ble admirable ce sont les souve-
nirs d'Alexis de Tocqueville sur la
révolution de 1848. Il est beau
qu'en pleine émeute un écrivain
garde assez de sang-froid pour por-
ter sur les événements un jugement
objectif. Dès les journées de juin,
Tocqueville, homme d'Etat libéral,
comprit que les excès de la violence
allaient amener une réaction de
défense.
« A l'amour de l'indépendance
allaient succéder la crainte et peut-
être le- dégoût des institutions li-
bres après un tel abus de la li-
berté, un tel retour était inévitable.
Ce mouvement de retraite com-
mença, en effet, dès le 27 juin
d'abord très lent et comme invisi-
ble à l'œil nu, puis rapide, puis
impétueux et irrésistible. Où s'arrê-
tera-t-il ? Je l'ignore. Je crois que-
nous aurons grand'peine à ne pas
rouler fort au delà du point que
nous avions atteint avant Février, et
je prévois que tous, socialistes,
montagnards, républicains, libé-
raux, nous tomberons dans un mê-
me discrédit, jusqu'à ce que les sou-
venirs particuliers de la révolutien
de 48 s'éloignent, s'effacent, et que
l'esprit général du temps reprenne
son empire. »
Jamais prédiction ne fut mieux
vérifiée par les événements. Après
le Coup d'Etat, il fallut vingt ans,
et la plus affreuse défaite, pour que
la France reprît possession d'elle-
même. Tant il est vrai que les hom-
mes, quand ils ont éprouvé l'hor-
reur du désordre, en viennent, com-
me écrit fortement Valéry, à sou-
haiter de nouveau « la police ou la
mort »•
J'imagine que, pour un observa-
teur divin, au regard de qui nos
siècles seraient des heures, ces on-
dulations monotones de la vie pu-
blique formeraient un spectacle
aussi grandiose et aussi vain que ce-
lui des vagues de la mer. Au creux
marbré succède une croupe écu-
meuse sur le cap granitique de la
nature humaine, cette croupe vient
se briser et les gouttes de la gerbe
retombent encore que déjà s'avan-
ce un autre creux, une autre croupe
que gonfle le vent de la passion, et
qui se briseront à leur tour sur les
rochers du rivage.
L'histoire des sociétés est à la fois
aussi simple et aussi complexe que
celle des vagues de l'Océan. Pour
lutter contre les forces naturelles,
l'homme, créature infiniment vul-
nérable, doit vivre en société. Toute
société comporte des institutions
qui limitent la liberté des individus
et que ceux-ci acceptent parce
qu'ils sont terrifiés par les consé-
quences de l'anarchie naturelle.
Abrités par les lois, ils en arrivent
à oublier leur misère primitive les
règles qui les ont sauvés leur de-
viennent insupportables ils imagi-
nent un état paradisiaque où toutes
les hiérarchies seraient abolies
ils cherchent à l'atteindre une va-
gue se brise.
Mais, dès que les institutions ont
été détruites ou affaiblies, les hom-
mes découvrent qu'il leur faut lut-
ter à nouveau contre la cruauté de
la nature et la férocité de leurs
semblables. Bientôt il n'est plus
question de la liberté, luxe déli-
cieux, mais de la sécurité qui de-
vient un besoin pressant, doulou-
reux. A grand'peine, les survivants
édifient alors un nouvel état qui,
sous des noms adaptés aux modes
intellectuelles de l'époque, rétablit
à peu près les hiérarchies ancien-
nés. Enfin, après une longue pério-
de d'expériences et de souffrances,
l'abri devient assez solide pour per-
mettre à ceux qui l'habitent de re-
trouver quelque liberté de mœurs
et d'esprit. Déjà les plus impatients
̃ d'entre eux maudissent des institu-
tions dont le crime est d'avoir trop
bien réussi. Une vague monte.
André Maurois.
EN PAGE 5 »
LE FIGARO-TENNIS
VOIR A LA RUBRIQUE SPORTIVE
i L'ENQUETE DU FIGARO
SUR LA REORGANISATION
DU SPORT EN FRANCE
AIDEZ LES ORGANISATIONS
POST-SCOLAIRES
conseillent MM. MARIAGE et
BOUCHY.PICON.
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« Les Nouvelles Officielles »
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