Titre : L'Humanité : journal socialiste quotidien
Auteur : Parti communiste français. Auteur du texte
Éditeur : L'Humanité (Paris)
Éditeur : L'HumanitéL'Humanité (Saint-Denis)
Date d'édition : 1919-08-08
Contributeur : Jaurès, Jean (1859-1914). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327877302
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 08 août 1919 08 août 1919
Description : 1919/08/08 (Numéro 5590). 1919/08/08 (Numéro 5590).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k299396b
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
SEIZIEME ANNEE. - N° 5590
;
VENDREDI R AOUT 101*4
10 Centimes
ADRESSE PARIS (2«) : 142, Rua Montmartre
ADRESSE TÉLÉGRAPHIQUE: HUMANITÉ-PARIS'
TÉLÉPHONE : GUTENBERS 02-69
PUBLICITÉ ANNONCES
142, Rue Montmartre, 142
l'Humanité
JOURNAL SO
Fondateur : JEAN JAURÈS
10 Centimes
ABONNEMENTS - 7:
1 AN 6 MOIS - 3 MOIS
«wSi-rt-O?.. } 26 fr. 13 fr. 7 fr.
i 28 - 14 » 7150
i£trsmser 3K » 18 » . 9 50
EN MÉMOIRE DE JAURÈS
UN APPEL A NOS AMIS
Pour la publication complète de ses OEuvres
et pour le développement de V " Humanité "
Noué, choisissons le moment où le souve- t
Xtir de Jaurès revii avec plus de force dans l
ta pensée 'de tous les socialistes pour leur t
faire un nouvel appel. I
La souscription, pour élever un monu- i
ment à Jaurès atteint aujourd'hui la som-
Wte de 101.449 francs, somme jugée suffi- 5
santé pour réaliser les projets de ceux qui ,
nous engagèrent d ouvrir dans nos colon- .,
nies cette souscription que nous déclarons ,
close aujourd'hui. i
Ce que nous demandons aujourd'hui à j
*LOS amis, et; n'est plus seulement de nous
'donner les moyens de fixer dans la pierre 5
\JU dans le bronze les traits extérieurs de ,
Jaurès, mais de permettre, que se perpétue (
von esprit et que se continue au delà de la ,
mort l'admirable enseignement que nous .
donnait son activité socialiste.
El cela nous comptons le? faire en ras- j
semblant, dans une grande Publication son
oeuvre intégrale : ses diseours,. ses confé- j
rances ses articles, ses brochures, ses li- j
vres;
: Mais pour qu'une telle publication soit
digne de Jaurès, pour qu'elle soit soignée
dans son édition, pour qu'elle soit, c.om-
plète, bien ordonnée, bien annotée, pour
que le prix de l'ensemble en soit abordable i
à tons les militants,' et pour qu'elle se
fasse rapidement, il faut envisager des dé- >
penses qui dépassent nos disponibilités ac-
tuelles.
C'est pourquoi nous nous adressons à
nos amis, à ceux qui furent depuis longtemps
dévoués à l'esprit de Jaurès comme à ceux
qui, nouveaux venus à notre Parti, veu-
lent mieux connaître toute la valeur de ses
idées.
Les uns et les autres se rendront compte
de l'intérêt de l'oeuvre que nous vou-
lons réaliser, ils comprendront qu'au
moment où notre société déjà vieille
est acculée à la faillite, au moment
où bouillonnent les éléments d'un mon-
de et d'un ordre nouveaux, les militants
et les foules ont plus que jamais besoin d'ê-
tre éclairés par la pensée géniale d'un
homme qui fut toujours guidé par la rai-
son, par ses connaissances universelles,
par son immense amour de VHumanité. Et '
ils nous donneront, en versant à la sous-
cription nouvelle, clans les formes que nous
indiquerons plus loin, le moyen de mener
à bien la Publication intégrale de ses oeu-
vres.
Il faut continuer néanmoins
à souscrire pour 1' « Humanité »
Nous rappelons à nos amis que la sous-
cription pour l'Humanité n'est pas close.
Il est nécessaire qu'elle continue et même
qu'elle retrouve le cours rapide et brillant
qu'elle avait avant l'ouverture de la sous-
cription pour le monument Jaurès.
Certes, nous avons déjà reçu pour l'Hu-
manité une part importante des fonds que
vous avions demandés à nos souscripteurs.
Notre souscription avait été fixée un
demi-million, nous avons déjà reçu 365.150
francs.
Grâce à cette somme, nous avons pu faire
de l'Humanité un grand journal, qui re-
garde maintenant bien en face les grands
organes de la Presse capitaliste et qui, non
seulement les domine de toute sa valeur
morale, mais qui peu à peu se hausse jus-
qu'à eux par son tirage et par sa vente.
Mais si notre développement a été consi-
dérable) notre avenir commercial est en-
core sombre : les augmentations incessan-
tes de toutes sortes sur l'impression, l'ex-
pédition, les transports, les traitements et
salaires, et surtout la hausse prochaine
que nous devons envisager sur le papier,
auront bientôt réduit à néant les bénéfices
importants que nous avons faits depuis le
début de Vannée et que nous faisons en-
core à l'heure actuelle.
Comment, dans l'avenir, comblerons-
nous ces déficits ? Serons-nous obligés de
réduire le format de notre journal ? Se-
rons-nous comme déjà certains journaux le
demandent, obligés de mettre l'Humanité à
trois sous ? Nous ne pouvons encore le pré-
voir. Mais ce que nous savons aujourd'hui,
'c'est que pour être à même de jouer un
grand rôle dans les événements politiques
qui se préparent, pour pouvoir affronter
certains frais nouveaux destinés soit à per-
fectionner notre rédaction, soit à augmen-
ter la diffusion de notre journal, il nous
"faudra encorecompter sur le produit de
notre souscription.
Et, de meme que nous venons de faire
appel à nos amis pour,souscrire à la pu-
blication des-OEuvres complètes de Jaurès,
nousHeur-demandons aussi de continuer
leur effort ile Souscription en faveur de
l'Humanité.
Il n'y aura qu'une seule souscription
Mais, pour éviter les difficultés et les in~
convénients qui proviennent des souscrip-
tions multiples, difficultés et inconvénients
que nous avons ressentis lorsque, notre
souscription d'obligations pour l'Humanité
n'étant pas terminée, nous avons dû ou-
vrir une nouvelle souscription pour le mo-
nument Jaurès, il n'y aura plus à l'avenir
qu'une seule souscription en cours dans
1' « Humanité », souscription unique qui
aura pour but :
1° La publication des OEuvres complètes
de Jaurès ;
2" Le développement de V « Humanité »,
oeuvres que nous pouvons consacrer toutes
deux à la mémoire de Jaurès.
Après études, nous avons estimé que la
publication -de s'oeuvre s de Jaurès, qui com
prendra av. moins cinquante volumes, de-
mandait- vue mise de fonds de cinq cent
mille francs.
Comme il rest»? l'émission d'obliga-
lions en cours pour le développement de
l'Humanité une. somme de 134.850 francs à
souscrire, nous faisons donc appel ici pour
le versement de nos souscripteurs d'une
somme globale de 634.S50 francs.
Nous recevrons pour couvrir cette som-
me, soit des souscriptions à nos obligations
de 25 francs à 5,5 % d'intérêt annuel et
remboursables en quarante ans, soit des
souscriptions ordinaires comme celle qu'on
nous envoyait pour l'érection du monu-,
ment Jaurès.
Quel que soit le mode de souscription,
nout faisons un pressant appel, pour que
nos am>s se mettent immédiatement en
campagne et qu'ils activent le zèle des
souscripteurs ; que partout où ils le peu-
vent ils fassent souscrire à nos obligations
de 25 francs, que là où la souscription d'o-
bligations n'est pas possible, ils organi-
sent des collectes eri faisant circuler des.',
listes de souscription que nous tenons à ..
leur disposition.
Nous sommes certains que notre nouvelle I
souscription réussira comme les précédai
tes >
Sans grand effort de notre part, sans I
propagande spéciale, nous venons de ré-
colter en quelques mois plus de 100.000 fr,.
pour le monument Jaurès.
C'est un succès qui nous donne grand es- j
poir.
Et nous sommes aujourd'hui persuadés \
que vers les mois d'octobre ou de novem- i
bre, le journal du Parti aura reçu ce qui \
lui est nécessaire pour qu'il soit plus puis-
sant encore qu'aujourd'hui et que hous i
pourrons commencer notre grande et si |
utile Publication.
L'HUMANITE.
GROUPE SOCIALISTE AU PARLEMENT
Réunion aujourd'hui vendredi, 10 heu-
res, 4" bureau.
Ordre du jour : La situation générale.
Le secrétaire : Hubert-Rouger.
Les Fauteurs
de Vie Chère
ET LE FROMAGE ?
La Journée Industrielle nous fournit une
information qui vaut son pesant d'or.
« On croit savoir, dit-elle, que la Société
des caves de Roquefort va distribuer à ses
actionnaires sa réserve de prévoyance,
s'élevant, à un million 831.000 francs. Une
assemblée extraordinaire est convoquée à
cet effet. »
« Ah ! les beaux fromages !... », fre-
donne-ton dans je ne sais plus quelle
chanson !
Les actionnaires de Roquefort pourront,
à rassemblée, qui va avoir lieu, entonner
le refrain...
« Une réserve de prévoyance »... n'est-
ce pas délicieux ? !
Après avoir encaissé de gros dividendes
pendant !a guerre, celle-ci terminée, voilà
la manne qui tombe «!,..
La vie chère profite donc à cette puis-
sante société oui, pendant la guerre, aura
vu les bénéfices, réalisés dépasser son ca-
pital social.
Edouard BARTHE.
CRIME OU FOLIE
L'Acte Insensé
d'un Aviateur
IL PASSE EN AVION SOUS L'ARC DE TRIOMPHE
Je réclame l'arrestation de M. Charles Go-
defroy.
M. Charles Godefroy est un pilote-aviateur
qui, hier matin, à 7 h. 30, a passé en avion
sous l'Arc de Triomphe.
M. Charles Godefroy a ainsi manifesté
une audace .incontestable et une adresse re-
marquable. Mais l'événement a surtout prou-
vé qu'il possède une dose de chance appré-
ciable.
Son ? avion, du type Nieuport ordinaire,
avait en effet neuf mètres (l'envergure et la
largeur intérieure de l'arche franchie excède
à peine quatorze mètres. Le téméraire avia:
teur n'avait donc de chaque côté guère plus
de 2 m. 50 de jeu. Ceci sur un avion filant à
140 à.l'heure et dans un endroit où Ton pou-
vait s'attendre à de graves remous. 'Le pilote
a, d'ailleurs, déclaré à un de nos confrères
du soir :
Devant l'Arc même un coup de vent formi-
dable menace de me retourner. Je redresse
d'un suprême coup et, sans hésitation au-
cune à 140 à l'heure, je passe.
Circonstance aggravante-: depuis six mois,
paraît-il, M. Godefroy n'avait pas volé, et son
vol d'hier matin constituait sa première sor-
tie i .
Libre a,' nos confrères de s'extasier sur une
telle « prouesse » et de célébrer hyperboli-
quement son auteur. Mais il m'est permis de
dire à l'un d'eu'x qui écrivait hier que « le
coeur de tous les aviateurs dut être rempli de
joie » qu'U se trompe Sourdement. Nombreux
sont ceux que 'j'ai vue dans la soirée et qui
taxaient sévèrement l'acte insensé de leur ca-
marade.
Or il faut surtout noter que cet acte, con-
trairement à certaines acrobaties audacieu-
ses mais non inutiles, ne comporte absolu-
ment aucune utilité ni directe ni indirecte
Pour la seule satisfaction d'une ridicule ni"
riole personnelle M. Godefroy n'a pas hésité
à risquer avec sa vie,celles d'un certain nom-
bre de passants.
Voilà pourquoi je réclame son arrestation,
sa mise en jugement-.ou s'il v a lieu - et il
doit y avoir lieu ! - son internement.
Et qu'on veuille bien croire que jé parie sé-
rieusement.
Raoul ALEXANDRE.
Un Coup d'État
en Hongrie
L'ARCHIDDC JOSEPH RENVERSE
GOUVERNEMENT DE JULIEN PEIDL
Les dirigeants de l'Entente avaient déjà,
ces jours derniers, remporté un 1 succès en
.exploitant, la-- rivalité des chefs syndica-
listes pour renverser le gouvernement de
Bela Kun. Ce succès, que nous ne leur
avons pas contesté, est en train de devenir
un triomphe. Avant-hier soir, pendant que
le cabinet Peidl était en séance, la gendar-
merie hongroise en a arrêté les ministres.
Un nouveau cabinet, présidé par un M.
Frédéric, du parti « bourgeois » s'est im-
médiatement constitué sous les » auspices »
de « l'archiduc feld-maréchal Joseph », de
la maison de Habsbourg-Lorraine.
Il convient ici d'accorder ' notre tribut
d'hommages à qui le mérite. Entre les équi-
pes rivales qui, également sous les « aus-
pices » de M. Clemenceau, conduisent à
hue et à dia nos affaires extérieures, ce
n'est pas l'entourage militaire du président
qui' a conçu ce chef-d'oeuvre. C'est, cette
.L'AIiCHlDVC JOSEPH
fois, le personnel diplomatique qui a ourdi
la trame dont le couronnement est la res-
tauration de la monarchie en Hongrie.
Quittons pour un instant notre point de
vue socialiste. Admettons - du point de vue
de la vieille diplomatie - que, pour con-
server une Hongrie indépendante en Eu-
rope, il était nécessaire de renverser .1* ;
gouvernement des Soviets dont l'existence l
servait de prétexté" à la politique, conqué-
rante de la Roumanie. D'où vient alors l'u-
nité de son des articles du «.Temps » et
des « Débats » d'hier soir, s'élevant contre
l'intention prêtée.; aux Quatre de prendre
parti contre-la Roumanie ? Quel est le sens
de leur approbation sans réserve du nouvel
armistice imposé à la Roumanie, armistice
dont les clauses empiètent, de façon extra-
ordinaire sur les conditions de paix à fixer
et qui, en dépouillant la Hongrie, va. pro-
voquer le ressentiment des différents alliés
à qui sont dues des réparations ?
Mais peut-être que le maintien ' d'une
Hongrie indépendante n'est pas jugé néces-
saire à la constitution future de l'Europe.
Peut-être, en donnant carte blanche à la
Roumanie, l'arrière-pensée est.-elle de for-
mer sur le Danube inférieur et moyen une
grande puissance nouvelle, une grande mo-
narchie militaire qui, sous la. conduite d'un
Hohenzollern, tiendrait un rôle prépondé-
rant dans le jeu retrouvé de l'équilibre eu-
ropéen. On fait grief aux Quatre de pren-
dre parti contre -la. Roumanie, dans les
« querelles des-missions militaires ». Quel-
les sont ces querelles ? De quelle mission
s'àgit-il ? Est-ce celle du grand pays allié
qui a refusé d'intervenir contre la Hongrie
des Soviets ? du pays qui veut faire de la
Hongrie un des pivots de sa politique
Nous voulons savoir, au lendemain de la
catastrophe européenne, quelles combinai-
sons se préparent en vue des boucheries
futures.
Pour nous, c'est avec soulagement qu'au
lendemain de la chute des Soviets, nous
apprenons les violences roumaines, la res-
tauration de la monarchie, le retour d'An-
drassy, dont on parle comme du futur pré-
sident. du conseil. Dans les services ignobles
: que nos dirigeants vont demander au gou-
vernement. hongrois, nous aimons mieux
voir ce personnage sinistre, le plus perfide,
le plus dangereux ennemi de la France dé-
mocratique, que des prolétaires momenta-
nément égarés comme l'ont été les minis-
tres syndicalistes du cabinet Peidl
o F. CAUSSY.
{VOIR LA SUITE EN 3® PAGE.)
M GROUPE SOCIALISTE ML !
La Conférence de L. Caballero et Besteiro
La conférence de nos camarades Largo
Caballero et Besteiro que nous avions an-
noncée et qui a eu lieu à. la Maison des
Syndicats avait attiré, avant-hier soir, une
affluenee considérable de travailleurs espa-
gnols.
Prenant le premier la parole, Largo Ca-
ballero a exposé le développement de la
situation du prolétariat en Espagne et les
progrès des organisations ouvrières dans
tout le pays, notamment en Andalousie où
plus de 40.000 travailleurs agricoles sont
groupés derrière l'U. G. T. Ces résultats
obtenus malgré les persécutions des gou-
vernements plus ou moins réactionnaires,
.ne laissent pas .que d'inquiéter sérieuse-
ment les représentants du régime bour-
geois.
Notre ami Besteiro, député et vice-pré-
sident de l'U. G. T. a parlé ensuite. Il a
proclamé la nécessité, plus impérieuse
aujourd'hui que jamais de l'union de tous
les travailleurs quelles que soient les con-
ceptions de tactique. Cette union s'impose
en face d'un gouvernement pris entre le
mouvement ouvrier et la' résistance réac-
tionnaire.
Dans ces conditions la bataille est pro-
chaine, inévitable, aussi le parti socialiste
et les travailleurs espagnols doivent-ils
s'entendre pour mener ensemble une lutte
qui les conduira à prendre en mains la
direction des destinées du .pays.
Les deux orateurs ont été acclamés avec
enthousiasme nar leurs
L'ORGANISATION DE L'INTERNATIONALE
Au Congrès de Lucerne on adopte
le texte des nouveaux statuts
MISTRAL EN EXPOSE LES GRANDES LIGNES
Lucerne, 6 août. - (Par télégrammes de
notre envoyé spécial). .- Je- n'ai encore
rien dit des travaux de la. deuxième com-
mission. J'attendais qu'ils fussent termi-
nés : c'est fait depuis hier soir, et la dis-
cussion en séance plénière doit commencer
ce matin sur le rapport Vliegen.
J'ai prié notre a-mi'.Mistral ? de m'indi-
que r à quoi ont abouti les travaux de la
commission et c'est après une longue con-
versation avec, lui sur le banc du magni-
fique quai National, en face de cette cam-
pagne de Triebschen,' où vécut Wagner, de
1866 à 1872, et où il composa leis Maîtres
Chanteurs, Siegfried, le Crépuscule des
Dieux, que je rédige cette dépêche:
Un résumé des statuts
Les nouveaux statuts de l'Internationale
sont précédés d'un préambule définissant
les principes et. le but du socialisme. T1 n'y
a rien d'essentiellement nouveau, si ce
n'est un paragraphe concernant la défense
des peuples opprimés, qui ne fait d'ailleurs
que consacrer la pratique constante du so-
cialisme depuis Marx.
L'Internationale accueillera non seule-
ment les partis mais aussi les coopératives
et syndicats qui accepteront le principe et
le but du socialisme. L'influence anglaise
a fait atténuer certains termes, mais des
! amendements de Mistral et d'Hilferding se-
| ront déposés qui rendront, à la lettre autant
j de vigueur qu'à l'esprit du texte,
j Le Congrès, instance souveraine, se réu-
! nira tous les deux ans. Chaque section
! pourra y envoyer six délégués par voix
; sans que l'effectif total des délégués puisse
i dépasser le double du nombre des voix,
| s'oit soixante délégués. Dans l'intervalle
des sessions, l'autorité passe à un conseil
international composé de six délégués pair
section, plus les neuf membres du comité
exécutif ; ce dernier est l'autorité admi-
nistrative : les neuf membres sont élus
par le Conseil international an cours du
Congrès.
Le calcul des voix attribuées à chaque
section a donné lieu à un vif débat. La
commission a prévu une échelle, allant de
une à trente voix, révisée périodiquement
par le. Conseil international, en tenant
: compte de l'importance de chaque nation,
i de la force..numérique et de l'influence po-
j litique de chaque section,
i Le comité exécutif pourra convoquer des
réunions internationales de groupes par-
lementaires.
Enfin, une grave question, celle de la
presse socialiste, a été abordée. La créa-
tion d'une agence télégraphique interna-
tionale se>ra mise 1 à l'étude et, en atten-
dant, chaque section devra rédiger à l'u-
sage des sections soeurs un -bulletin de ren-
seignements politiques et sociaux.
' Comme on. le voit, l'organisation nou-
velle internationale dans ses diverses ins-
tances a .été calquée sur l'organisation du
Parti français.
On attend encore l'arrivée des délégués
autrichiens.
Aujourd'hui, séance plénière de la Con-
férence. La commission de politique géné-
rale n'a pas achevé ses travaux et se réu-
nira. à nouveau à la fin de la journée.
Le Congrès général international prévu
pour 'le. 2 février prochain se tiendra à Ge-
nève. - Amédée Dunois
Les statuts sont adoptés
Lucérne, 6 août. - [Par télégrammes de
notre envoyé spécial). - Malgré une vio-
lente' diatribe antibolcheviste de Brouc-
kère, que notre ami Frossard releva avec
une juste vivacité, ila journée a été pai-
sible et laborieuse.
Les statuts dé l'Internationale ont été
adoptés .'sans modification dans la forme
que leur avait donnée la commission et que
vous connaissez par l'interview 1 de Mis-
tral.
Quant au préambule:, il a été assez pro-
fondément modifié dans le sens internatio-
naliste et révolutionnaire ,par l'adoption
d'amendements présentés par Mistral, d'ac-
cord avec les indépendants, au. nom des-
quels a parlé énergiquement Crispien.
Ces amendements, là où ils ne se bor-
nent pas à corriger la forme de Moniers à
la rendre plus intelligible, touchent à l'es-
prit même du préambule en affirmant le
but, nettement collectiviste et communiste
du mouvement socialiste, et en soulignant
là valeur de l'action révolutionnaire pour
la réalisation-des idéals du prolétariat.
La séance plénière a été levée à cinq heu-
res pour permettre à la sous-commission,
chargée par la commission de politique gé-
nérale.d'établir le texte de la résolution, de
terminer son travail. La sous-coinmssion
siégera, vraisemblablement, fort avant
dans la nuit. - Amédée DUNOIS.
CE QUE PEUT FAIRE UNE ORGANISATION OUVRIÈRE
La Syndicale-Essence"
et la Maison Commune
La « Syndicale-Taxis », dont j'ai exposé
ici dimanche la fondation et le fonction-
nement est la dernière création du syn-
dicat ; mais elle n'est, pas la seule. Et les
précédentes méritent tout autant d'être ci-
tées comme des exemples de ce que l'esprit
de réalisation peut, inspirer aux organisa-
tions ouvrières.
La « Syndicale-Essence » en premier
lieu. ' O
Depuis neuf ans qu'elle existe, elle four-
nit aux chauffeurs l'essence et toutes les
autres matières dont, une voiture automo-
bile peut, avoir besoin : huile, bougies,
pneumatiques, etc...
L'usine qu'elle possède à Bezons occupe
un. terrain de 2-2.000 mètres. D'Angleterre,
de Hollande, de Belgique, du. Nord de la
France - d'Allemagne avant la guerre -
elle reçoit les produits 'avec lesquels on
procède aux mélanges qui sont indispen-
sables pour fabriquer un bon carburant.
Quarante ouvriers y travaillent. Cinq
camionnettes font la navette de l'usine
aux dépôts. Le dépôt central est à Levai-
lois, 234 bis, route de la Révolte, en face
de 1a. porte Champerret. C'est là qu'on em-
bidonne l'essence, on l'y vend-, comme
on la vend aux dépôts secondaires, ré-
partis dans tous les quartiers de Paris.
La guerre en a provisoirement-réduit le i
nombre à six, mais il en existait douze,
qui reprendront leurs affaires peu à peu.
La « Syndicale-Essence » vend à tout
le monde. Son débit quotidien, de 35.000
litres avant les hostilités, atteint actuelle-
ment. 20..000 litres ; ce qui représente en-
core le joli chiffre de 4.000 bidons, répartis
entre quelques 3.000 clients.
C'est un curieux spectacle que de voir,
au dépôt principal, vers les 9. heures, la
théorie des chauffeurs qui viennent s'ap-
provisionner. Ils y achètent leur troisiè-
me bidon-, ca.r les compagnies doivent leur
en fournir deux à 2 fr. 25 au maximum,
quel que soit le cours du jour. Ainsi l'a
décidé le contrat de travail signé à la suite
de la grande grève de 1911-12, qui dura
cinq mois et coûta cinq millions aux tra-
vailleurs, mais dont le syndicat est sorti
victorieux. >
La « Syndicale-Essence » constitue avec
t'a, « Syndicale-Taxis » les fondations de
l'état organique que l'es chauffeurs confé-
dérés veulent substituer à l'état anarchi-
que dans lequel vivent aujourd'hui trans-
porteurs et transportés parviens. La pre-
mière n'a qu'à reprendre son développe-
ment ancien. La seconde, qui vient de se
Kinder, a à accroître et à multiplier ses
voitures.
La prospérité du syndicat, dont, toutes
deux sont filles, ouvre les perspectives les
plus brillantes.
En dehors du bureau de la Bourse du
Travail, où se trouve son siège social, il
la", depuis 1911, sa permanence centrale
dans un immeuble à lui, la Maison Com-
mune des chauffeurs, rue Cavé, à Levai-
lois. « Boîte à grèves » ! disait à Fian-
cett.e l'illustre Lépine, qui suscita, toutes
les difficultés possibles aux initiateurs.
« Boite à grèves ? Peut-être ! lui répondait
alors Fiancette. Boîte qui grandira, en
.tous cas ! » ?
La Maison Commune possède une salle
de réunion pour 2.000 personnes, avec
scène théatrale s'il voua plaît, une salle
de commission où peuvent tenir 250 indi-
vidus, une salle de concert et des bureaux
où s'assemblent, outre les conseils d'admi-
nistration des différentes entreprises des
chauffeurs, ceux de toutes les sections syn-
dicales de Levallois.
Le service du contentieux, qui suit tous
les litiges intéressant la corporation (les
accidents de la rue y tiennent naturelle-
ment la place principale), fonctionne au
premier étage. Notre ami Desplanques
qui le dirige, s'enorgueillit à juste titre
d'avoir traité pour plus de 200.000 francs
d'affaires l'an dernier.
Les soupes populaires organisées par les
différents syndicats de Levallois, qui ont
servi plus de 3.000 repas par jour pendant
la guerre, occupaient à cette époque les
locaux du rez-de-chaussée.
Le syndicat n'a pas que sa maison, de
ville. 11 possède sa maison de campagne
également. °
L année dernière, il a acquis pour
204.000 francs le magnifique domaine de
l'Audronnière, à Montrichard, qui longe
le Cher sur deux kilomètres. 14 hectares
de' vigne, 5 de prairies, 5 de bois, 8 de
terres arables constituent son domaine
rural.
Notre camarade Bled l'administre. Cinq
cents enfants y passent, leurs vacances
sous sa direction paternelle. Deux cents
pièces de vin vont , en sortir cet automne.
On les vendra dans la coopérative qui va
être installée rue Ordener, en façade du
garage qu'occupe la « Syndicale-Taxis ».
Cet ensemble harmonieux d'oeuvres di-
verses est intéressant- à plus d'un titre.
Il a permis d'abord, et il permet chaque
jour, de former des administrateurs. Il
développe chez tous les adhérents, qui
contrôlent leur gestion, l'esprit réaliste et
pratique-
Ce n'est pas le tout que de se procla-
mer révolutionnaires, les chauffeurs le sa-
vent bien. Ils ne se sont pas endormis sur
le mol oreiller du réformisme, et lorsqu'on
préparait la grève générale du 21 juillet,
leur syndicat est le seul à avoir affirmé
qu'il aurait cent pour cent de grévistes.
1I> l'avait promis et il aurait tenu.
Mais il sait que les déclarations verbales
?sont, insuffisantes, et qu'il importe de réa-
liser. De là les efforts qu'il poursuit ac-
tuellement pour organiser la journée d.e
huit heures. De là les négociations qu'il
a engagées avec les compagnies pour ré-
glementer'la sortie des voitures de telle
sorte qu'il s'en trouve toujours dans les
rues un nombre suffisant.
De là surtout ses oeuvres, que j'ai pas-
sées en revue et données en exemple ; oeu-
vres syndicales toutes, fondées et diri-
gées par l'organisation, non pas pour la
satisfaction de quelques-uns, mais dans
l'intérêt collectif.
Esprit révolutionnaire, réformes et réa-
lisations pratiques, n'est-ce pas l'idéal
que doit se proposer toute organisation
ouvrière ?
André MORIZET.
ACHETER SES LIVRES
aux Librairies du Parti socialiste et de l'Huma-
nité (réunies), 142, rue Montmartre (Paris), c'est
contribuer A la propagande «ésérste dw PvM
Pour le Ravitaillement
de Paris
UN PROGRAMME D'IMPORTATION
Les déclarations de M. Hoover
sur la question du charbon
Avoir une politique de ravitaillement
est une chose indispensable ; mais il
faut aussi arrêter u-n programme d'im-
portation. Comment établir ce program-
me d'importation ? Il faudrait connaître
les besoins d'une part, et, d'autre part,
les disponibilités. Pendant toute la du-
rée de la guerre, jamais cette méthode
n'a été appliquée. On a approvisionné à
la diable, au hasard, selon les exigences
de l'heure, selon les événements et les
circonstances. Malgré tout, on avait créé
différents organismes d'ordre collectif
qui se prêtaient tant bien que mal à réa-
liser au jour le jour les importations in-
dispensables.
Depuis l'armistice, tous ces organis-
mes ont été détruits. La liberté commer-
ciale tant invoquée par le Temps a
triomphé. Tous les consortiums créés
pendant la guerre ont disparu. La situa-
tion économique n'est pas changée. Elle
s'est même, pour certaines denrées, ag-
gravée. Dans le monde entier, il y a un
déficit pour les céréales, pour la viande,
les oeufs, les graisses, les beurres,-la
sucre.
En dehors du déficit de ces denrées, il
y a le manque de transport. Il est extrê-
mement difficile de trouver le fret nê«
cessaire pour transporter les matières
que l'on peut importer d'au, delà des
mers.
En conséquence, si nous voulons que
cet hiver la vie ne soit pas trop, dure,
pour la plus grande partie de la popu-
lation laborieuse, il faut que le gouver-
nement n'ait en vue que les intérêts de
la collectivité, établisse un programme
d'importation pour toutes les denrées
essentielles dont ia production nationale
est insuffisante et, en même temps, un
programme de transport pour permet-
tre la répartition de ces denrées dans
toutes les grosses agglomérations.
Si ces mesures ne sont pas prises, si
le programme d'importation n'est pas
rapidement établi, si les transports ne
sont pas organisés, les pires ? difficultés
surgiront au cours de l'hiver. Je ne sau-
rais trop le répéter : il faut un pro-
gramme, il faut le faire exécuter. Pour
cela, le ministre du ravitaillement, res-
ponsable, a besoin de dominer -ses ser-
vices, de les faire agir dans le sens qu'il
leur indiquera. Il faut que -toutes les ré-
sistances qui s'opposent à l'application
de ces mesures d'intérêt collectif soient
brisées. Le gouvernement le voudra-t-il ?
Le ministre du ravitaillement saura-t-il
prendre à temps les décisions qui s'im-
posent ? Je l'espère.
En tout cas, je suis convaincu que les
représentants de la Municipalité pari-
sienne rappelleront chaque fois qu'ils
en auront l'occasion, qu'il est-nécessaire
d'avoir à Paris, cet hiver, la viande fri-
gorifiée, les beurres, l'huile, le café, et
toutes les denrées de première néces-
sité_ en quantités suffisantes.
Si les mesures n'étaient pas prises à
temps, nous pourrons l'affirmer : ce ne
serait pas la faute des représentants de
Paris. La responsabilité incomberait,
seule au gouvernement.
E. FIANCETTE.
DES DISCOURS
M. Vilgrain multiplie à Londres Jee
toasts et les discours. De quoi nous plai-
gnons-nous ? Notre sur-ministre du ravi-
taillement boit et mange bien, et pour une
fois ce ne sont pas les contribuables fran-
çais qui paient.
Pendant q,ue Mi. Vilgrain banquette..
M. Noulens... ma foi que fait au juste
M. Noulens, nul ne le sait. Depuis qu'il
désavoua certains « mouvements » que
quelques jours auparavant il avait exaltés,
notre ancien ambassadeur en Russie pré-
fère ne plus se faire interviewer.
L'Heure d'hier pose 1a. question . Ouel
est le ministre, M. Vilgrain ou M. Nou-
lens? La réponse n'a peut-être pas toute
l'importance que semble y attacher notre
confrère : Le résultat sera toujours-le
même. Enfin mettons que ce soit M. Lou-
cheur et parlons d'autre chose.
M. Vilgrain prononce donc d'éloquentes
allocutions dont la presse officielle s'em-
pare avec joie. Pendant qu'il pérore ainsi
en Angleterre par compensation sans
doute, un américain. M. Hoover parle chez
nous au nom des Etats-Unis qu'il repré-
sente au Conseil suprême économique.
Le discours de M. Hoover semble sonner
un slas mélancolique à côté des joyeux
1 carillons de l'équipe gouvernementale.
| N'ayez pas d'inquiétude ! affirmaient
MM. Loucheur et Vilgrain, cependant que
M. Noulens - qui préférerait être ail-
leurs... même à Petrograd - prépare tout
doucement ses commissions de « prix nor-
maux », n'ayez pas d'inquiétude, les char-
bons américains sont là.
M. Hoover nous dit crûment qu'il n'y
faut pas compter. Nous sommes à la veille
de la catastrophe ; au lieu d'action et d'or-
ganisation on se contente de faire des dé-
clarations sonores.
Cela nous rappelle invinciblement les
discours et le banquet qui formaient le
début d'une pièce qui eut son succès révo-
lutionnaire et qui s'intitulait : « Mais
quelqu'un troubla la fête... » - Çh. Lussy.
Aurons-nous du CHARBON ?.. .
Nous disions hier notre peu de confiance,
dans l'optimisme qu'on affecta d'afficher"
dans les milieux officiels.
Il est à peu près acquis que compter
sur l'Angleterre est d'ores et déjà illu-
soire. Restait l'Amérique. Or voici" d'après
le Matin ce que M. Hoover, représentant
des Etats-Unis au Conseil suprême écono-
mique a déclaré à une récente réunion de
ce conseil :
Ajouter un million de tonnes par mois aux
expéditions que l'Amérique fait déjà à l'Eu-
rope serait un lourd fardeau en présence des
;
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l'Humanité
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Fondateur : JEAN JAURÈS
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i£trsmser 3K » 18 » . 9 50
EN MÉMOIRE DE JAURÈS
UN APPEL A NOS AMIS
Pour la publication complète de ses OEuvres
et pour le développement de V " Humanité "
Noué, choisissons le moment où le souve- t
Xtir de Jaurès revii avec plus de force dans l
ta pensée 'de tous les socialistes pour leur t
faire un nouvel appel. I
La souscription, pour élever un monu- i
ment à Jaurès atteint aujourd'hui la som-
Wte de 101.449 francs, somme jugée suffi- 5
santé pour réaliser les projets de ceux qui ,
nous engagèrent d ouvrir dans nos colon- .,
nies cette souscription que nous déclarons ,
close aujourd'hui. i
Ce que nous demandons aujourd'hui à j
*LOS amis, et; n'est plus seulement de nous
'donner les moyens de fixer dans la pierre 5
\JU dans le bronze les traits extérieurs de ,
Jaurès, mais de permettre, que se perpétue (
von esprit et que se continue au delà de la ,
mort l'admirable enseignement que nous .
donnait son activité socialiste.
El cela nous comptons le? faire en ras- j
semblant, dans une grande Publication son
oeuvre intégrale : ses diseours,. ses confé- j
rances ses articles, ses brochures, ses li- j
vres;
: Mais pour qu'une telle publication soit
digne de Jaurès, pour qu'elle soit soignée
dans son édition, pour qu'elle soit, c.om-
plète, bien ordonnée, bien annotée, pour
que le prix de l'ensemble en soit abordable i
à tons les militants,' et pour qu'elle se
fasse rapidement, il faut envisager des dé- >
penses qui dépassent nos disponibilités ac-
tuelles.
C'est pourquoi nous nous adressons à
nos amis, à ceux qui furent depuis longtemps
dévoués à l'esprit de Jaurès comme à ceux
qui, nouveaux venus à notre Parti, veu-
lent mieux connaître toute la valeur de ses
idées.
Les uns et les autres se rendront compte
de l'intérêt de l'oeuvre que nous vou-
lons réaliser, ils comprendront qu'au
moment où notre société déjà vieille
est acculée à la faillite, au moment
où bouillonnent les éléments d'un mon-
de et d'un ordre nouveaux, les militants
et les foules ont plus que jamais besoin d'ê-
tre éclairés par la pensée géniale d'un
homme qui fut toujours guidé par la rai-
son, par ses connaissances universelles,
par son immense amour de VHumanité. Et '
ils nous donneront, en versant à la sous-
cription nouvelle, clans les formes que nous
indiquerons plus loin, le moyen de mener
à bien la Publication intégrale de ses oeu-
vres.
Il faut continuer néanmoins
à souscrire pour 1' « Humanité »
Nous rappelons à nos amis que la sous-
cription pour l'Humanité n'est pas close.
Il est nécessaire qu'elle continue et même
qu'elle retrouve le cours rapide et brillant
qu'elle avait avant l'ouverture de la sous-
cription pour le monument Jaurès.
Certes, nous avons déjà reçu pour l'Hu-
manité une part importante des fonds que
vous avions demandés à nos souscripteurs.
Notre souscription avait été fixée un
demi-million, nous avons déjà reçu 365.150
francs.
Grâce à cette somme, nous avons pu faire
de l'Humanité un grand journal, qui re-
garde maintenant bien en face les grands
organes de la Presse capitaliste et qui, non
seulement les domine de toute sa valeur
morale, mais qui peu à peu se hausse jus-
qu'à eux par son tirage et par sa vente.
Mais si notre développement a été consi-
dérable) notre avenir commercial est en-
core sombre : les augmentations incessan-
tes de toutes sortes sur l'impression, l'ex-
pédition, les transports, les traitements et
salaires, et surtout la hausse prochaine
que nous devons envisager sur le papier,
auront bientôt réduit à néant les bénéfices
importants que nous avons faits depuis le
début de Vannée et que nous faisons en-
core à l'heure actuelle.
Comment, dans l'avenir, comblerons-
nous ces déficits ? Serons-nous obligés de
réduire le format de notre journal ? Se-
rons-nous comme déjà certains journaux le
demandent, obligés de mettre l'Humanité à
trois sous ? Nous ne pouvons encore le pré-
voir. Mais ce que nous savons aujourd'hui,
'c'est que pour être à même de jouer un
grand rôle dans les événements politiques
qui se préparent, pour pouvoir affronter
certains frais nouveaux destinés soit à per-
fectionner notre rédaction, soit à augmen-
ter la diffusion de notre journal, il nous
"faudra encorecompter sur le produit de
notre souscription.
Et, de meme que nous venons de faire
appel à nos amis pour,souscrire à la pu-
blication des-OEuvres complètes de Jaurès,
nousHeur-demandons aussi de continuer
leur effort ile Souscription en faveur de
l'Humanité.
Il n'y aura qu'une seule souscription
Mais, pour éviter les difficultés et les in~
convénients qui proviennent des souscrip-
tions multiples, difficultés et inconvénients
que nous avons ressentis lorsque, notre
souscription d'obligations pour l'Humanité
n'étant pas terminée, nous avons dû ou-
vrir une nouvelle souscription pour le mo-
nument Jaurès, il n'y aura plus à l'avenir
qu'une seule souscription en cours dans
1' « Humanité », souscription unique qui
aura pour but :
1° La publication des OEuvres complètes
de Jaurès ;
2" Le développement de V « Humanité »,
oeuvres que nous pouvons consacrer toutes
deux à la mémoire de Jaurès.
Après études, nous avons estimé que la
publication -de s'oeuvre s de Jaurès, qui com
prendra av. moins cinquante volumes, de-
mandait- vue mise de fonds de cinq cent
mille francs.
Comme il rest»? l'émission d'obliga-
lions en cours pour le développement de
l'Humanité une. somme de 134.850 francs à
souscrire, nous faisons donc appel ici pour
le versement de nos souscripteurs d'une
somme globale de 634.S50 francs.
Nous recevrons pour couvrir cette som-
me, soit des souscriptions à nos obligations
de 25 francs à 5,5 % d'intérêt annuel et
remboursables en quarante ans, soit des
souscriptions ordinaires comme celle qu'on
nous envoyait pour l'érection du monu-,
ment Jaurès.
Quel que soit le mode de souscription,
nout faisons un pressant appel, pour que
nos am>s se mettent immédiatement en
campagne et qu'ils activent le zèle des
souscripteurs ; que partout où ils le peu-
vent ils fassent souscrire à nos obligations
de 25 francs, que là où la souscription d'o-
bligations n'est pas possible, ils organi-
sent des collectes eri faisant circuler des.',
listes de souscription que nous tenons à ..
leur disposition.
Nous sommes certains que notre nouvelle I
souscription réussira comme les précédai
tes >
Sans grand effort de notre part, sans I
propagande spéciale, nous venons de ré-
colter en quelques mois plus de 100.000 fr,.
pour le monument Jaurès.
C'est un succès qui nous donne grand es- j
poir.
Et nous sommes aujourd'hui persuadés \
que vers les mois d'octobre ou de novem- i
bre, le journal du Parti aura reçu ce qui \
lui est nécessaire pour qu'il soit plus puis-
sant encore qu'aujourd'hui et que hous i
pourrons commencer notre grande et si |
utile Publication.
L'HUMANITE.
GROUPE SOCIALISTE AU PARLEMENT
Réunion aujourd'hui vendredi, 10 heu-
res, 4" bureau.
Ordre du jour : La situation générale.
Le secrétaire : Hubert-Rouger.
Les Fauteurs
de Vie Chère
ET LE FROMAGE ?
La Journée Industrielle nous fournit une
information qui vaut son pesant d'or.
« On croit savoir, dit-elle, que la Société
des caves de Roquefort va distribuer à ses
actionnaires sa réserve de prévoyance,
s'élevant, à un million 831.000 francs. Une
assemblée extraordinaire est convoquée à
cet effet. »
« Ah ! les beaux fromages !... », fre-
donne-ton dans je ne sais plus quelle
chanson !
Les actionnaires de Roquefort pourront,
à rassemblée, qui va avoir lieu, entonner
le refrain...
« Une réserve de prévoyance »... n'est-
ce pas délicieux ? !
Après avoir encaissé de gros dividendes
pendant !a guerre, celle-ci terminée, voilà
la manne qui tombe «!,..
La vie chère profite donc à cette puis-
sante société oui, pendant la guerre, aura
vu les bénéfices, réalisés dépasser son ca-
pital social.
Edouard BARTHE.
CRIME OU FOLIE
L'Acte Insensé
d'un Aviateur
IL PASSE EN AVION SOUS L'ARC DE TRIOMPHE
Je réclame l'arrestation de M. Charles Go-
defroy.
M. Charles Godefroy est un pilote-aviateur
qui, hier matin, à 7 h. 30, a passé en avion
sous l'Arc de Triomphe.
M. Charles Godefroy a ainsi manifesté
une audace .incontestable et une adresse re-
marquable. Mais l'événement a surtout prou-
vé qu'il possède une dose de chance appré-
ciable.
Son ? avion, du type Nieuport ordinaire,
avait en effet neuf mètres (l'envergure et la
largeur intérieure de l'arche franchie excède
à peine quatorze mètres. Le téméraire avia:
teur n'avait donc de chaque côté guère plus
de 2 m. 50 de jeu. Ceci sur un avion filant à
140 à.l'heure et dans un endroit où Ton pou-
vait s'attendre à de graves remous. 'Le pilote
a, d'ailleurs, déclaré à un de nos confrères
du soir :
Devant l'Arc même un coup de vent formi-
dable menace de me retourner. Je redresse
d'un suprême coup et, sans hésitation au-
cune à 140 à l'heure, je passe.
Circonstance aggravante-: depuis six mois,
paraît-il, M. Godefroy n'avait pas volé, et son
vol d'hier matin constituait sa première sor-
tie i .
Libre a,' nos confrères de s'extasier sur une
telle « prouesse » et de célébrer hyperboli-
quement son auteur. Mais il m'est permis de
dire à l'un d'eu'x qui écrivait hier que « le
coeur de tous les aviateurs dut être rempli de
joie » qu'U se trompe Sourdement. Nombreux
sont ceux que 'j'ai vue dans la soirée et qui
taxaient sévèrement l'acte insensé de leur ca-
marade.
Or il faut surtout noter que cet acte, con-
trairement à certaines acrobaties audacieu-
ses mais non inutiles, ne comporte absolu-
ment aucune utilité ni directe ni indirecte
Pour la seule satisfaction d'une ridicule ni"
riole personnelle M. Godefroy n'a pas hésité
à risquer avec sa vie,celles d'un certain nom-
bre de passants.
Voilà pourquoi je réclame son arrestation,
sa mise en jugement-.ou s'il v a lieu - et il
doit y avoir lieu ! - son internement.
Et qu'on veuille bien croire que jé parie sé-
rieusement.
Raoul ALEXANDRE.
Un Coup d'État
en Hongrie
L'ARCHIDDC JOSEPH RENVERSE
GOUVERNEMENT DE JULIEN PEIDL
Les dirigeants de l'Entente avaient déjà,
ces jours derniers, remporté un 1 succès en
.exploitant, la-- rivalité des chefs syndica-
listes pour renverser le gouvernement de
Bela Kun. Ce succès, que nous ne leur
avons pas contesté, est en train de devenir
un triomphe. Avant-hier soir, pendant que
le cabinet Peidl était en séance, la gendar-
merie hongroise en a arrêté les ministres.
Un nouveau cabinet, présidé par un M.
Frédéric, du parti « bourgeois » s'est im-
médiatement constitué sous les » auspices »
de « l'archiduc feld-maréchal Joseph », de
la maison de Habsbourg-Lorraine.
Il convient ici d'accorder ' notre tribut
d'hommages à qui le mérite. Entre les équi-
pes rivales qui, également sous les « aus-
pices » de M. Clemenceau, conduisent à
hue et à dia nos affaires extérieures, ce
n'est pas l'entourage militaire du président
qui' a conçu ce chef-d'oeuvre. C'est, cette
.L'AIiCHlDVC JOSEPH
fois, le personnel diplomatique qui a ourdi
la trame dont le couronnement est la res-
tauration de la monarchie en Hongrie.
Quittons pour un instant notre point de
vue socialiste. Admettons - du point de vue
de la vieille diplomatie - que, pour con-
server une Hongrie indépendante en Eu-
rope, il était nécessaire de renverser .1* ;
gouvernement des Soviets dont l'existence l
servait de prétexté" à la politique, conqué-
rante de la Roumanie. D'où vient alors l'u-
nité de son des articles du «.Temps » et
des « Débats » d'hier soir, s'élevant contre
l'intention prêtée.; aux Quatre de prendre
parti contre-la Roumanie ? Quel est le sens
de leur approbation sans réserve du nouvel
armistice imposé à la Roumanie, armistice
dont les clauses empiètent, de façon extra-
ordinaire sur les conditions de paix à fixer
et qui, en dépouillant la Hongrie, va. pro-
voquer le ressentiment des différents alliés
à qui sont dues des réparations ?
Mais peut-être que le maintien ' d'une
Hongrie indépendante n'est pas jugé néces-
saire à la constitution future de l'Europe.
Peut-être, en donnant carte blanche à la
Roumanie, l'arrière-pensée est.-elle de for-
mer sur le Danube inférieur et moyen une
grande puissance nouvelle, une grande mo-
narchie militaire qui, sous la. conduite d'un
Hohenzollern, tiendrait un rôle prépondé-
rant dans le jeu retrouvé de l'équilibre eu-
ropéen. On fait grief aux Quatre de pren-
dre parti contre -la. Roumanie, dans les
« querelles des-missions militaires ». Quel-
les sont ces querelles ? De quelle mission
s'àgit-il ? Est-ce celle du grand pays allié
qui a refusé d'intervenir contre la Hongrie
des Soviets ? du pays qui veut faire de la
Hongrie un des pivots de sa politique
Nous voulons savoir, au lendemain de la
catastrophe européenne, quelles combinai-
sons se préparent en vue des boucheries
futures.
Pour nous, c'est avec soulagement qu'au
lendemain de la chute des Soviets, nous
apprenons les violences roumaines, la res-
tauration de la monarchie, le retour d'An-
drassy, dont on parle comme du futur pré-
sident. du conseil. Dans les services ignobles
: que nos dirigeants vont demander au gou-
vernement. hongrois, nous aimons mieux
voir ce personnage sinistre, le plus perfide,
le plus dangereux ennemi de la France dé-
mocratique, que des prolétaires momenta-
nément égarés comme l'ont été les minis-
tres syndicalistes du cabinet Peidl
o F. CAUSSY.
{VOIR LA SUITE EN 3® PAGE.)
M GROUPE SOCIALISTE ML !
La Conférence de L. Caballero et Besteiro
La conférence de nos camarades Largo
Caballero et Besteiro que nous avions an-
noncée et qui a eu lieu à. la Maison des
Syndicats avait attiré, avant-hier soir, une
affluenee considérable de travailleurs espa-
gnols.
Prenant le premier la parole, Largo Ca-
ballero a exposé le développement de la
situation du prolétariat en Espagne et les
progrès des organisations ouvrières dans
tout le pays, notamment en Andalousie où
plus de 40.000 travailleurs agricoles sont
groupés derrière l'U. G. T. Ces résultats
obtenus malgré les persécutions des gou-
vernements plus ou moins réactionnaires,
.ne laissent pas .que d'inquiéter sérieuse-
ment les représentants du régime bour-
geois.
Notre ami Besteiro, député et vice-pré-
sident de l'U. G. T. a parlé ensuite. Il a
proclamé la nécessité, plus impérieuse
aujourd'hui que jamais de l'union de tous
les travailleurs quelles que soient les con-
ceptions de tactique. Cette union s'impose
en face d'un gouvernement pris entre le
mouvement ouvrier et la' résistance réac-
tionnaire.
Dans ces conditions la bataille est pro-
chaine, inévitable, aussi le parti socialiste
et les travailleurs espagnols doivent-ils
s'entendre pour mener ensemble une lutte
qui les conduira à prendre en mains la
direction des destinées du .pays.
Les deux orateurs ont été acclamés avec
enthousiasme nar leurs
L'ORGANISATION DE L'INTERNATIONALE
Au Congrès de Lucerne on adopte
le texte des nouveaux statuts
MISTRAL EN EXPOSE LES GRANDES LIGNES
Lucerne, 6 août. - (Par télégrammes de
notre envoyé spécial). .- Je- n'ai encore
rien dit des travaux de la. deuxième com-
mission. J'attendais qu'ils fussent termi-
nés : c'est fait depuis hier soir, et la dis-
cussion en séance plénière doit commencer
ce matin sur le rapport Vliegen.
J'ai prié notre a-mi'.Mistral ? de m'indi-
que r à quoi ont abouti les travaux de la
commission et c'est après une longue con-
versation avec, lui sur le banc du magni-
fique quai National, en face de cette cam-
pagne de Triebschen,' où vécut Wagner, de
1866 à 1872, et où il composa leis Maîtres
Chanteurs, Siegfried, le Crépuscule des
Dieux, que je rédige cette dépêche:
Un résumé des statuts
Les nouveaux statuts de l'Internationale
sont précédés d'un préambule définissant
les principes et. le but du socialisme. T1 n'y
a rien d'essentiellement nouveau, si ce
n'est un paragraphe concernant la défense
des peuples opprimés, qui ne fait d'ailleurs
que consacrer la pratique constante du so-
cialisme depuis Marx.
L'Internationale accueillera non seule-
ment les partis mais aussi les coopératives
et syndicats qui accepteront le principe et
le but du socialisme. L'influence anglaise
a fait atténuer certains termes, mais des
! amendements de Mistral et d'Hilferding se-
| ront déposés qui rendront, à la lettre autant
j de vigueur qu'à l'esprit du texte,
j Le Congrès, instance souveraine, se réu-
! nira tous les deux ans. Chaque section
! pourra y envoyer six délégués par voix
; sans que l'effectif total des délégués puisse
i dépasser le double du nombre des voix,
| s'oit soixante délégués. Dans l'intervalle
des sessions, l'autorité passe à un conseil
international composé de six délégués pair
section, plus les neuf membres du comité
exécutif ; ce dernier est l'autorité admi-
nistrative : les neuf membres sont élus
par le Conseil international an cours du
Congrès.
Le calcul des voix attribuées à chaque
section a donné lieu à un vif débat. La
commission a prévu une échelle, allant de
une à trente voix, révisée périodiquement
par le. Conseil international, en tenant
: compte de l'importance de chaque nation,
i de la force..numérique et de l'influence po-
j litique de chaque section,
i Le comité exécutif pourra convoquer des
réunions internationales de groupes par-
lementaires.
Enfin, une grave question, celle de la
presse socialiste, a été abordée. La créa-
tion d'une agence télégraphique interna-
tionale se>ra mise 1 à l'étude et, en atten-
dant, chaque section devra rédiger à l'u-
sage des sections soeurs un -bulletin de ren-
seignements politiques et sociaux.
' Comme on. le voit, l'organisation nou-
velle internationale dans ses diverses ins-
tances a .été calquée sur l'organisation du
Parti français.
On attend encore l'arrivée des délégués
autrichiens.
Aujourd'hui, séance plénière de la Con-
férence. La commission de politique géné-
rale n'a pas achevé ses travaux et se réu-
nira. à nouveau à la fin de la journée.
Le Congrès général international prévu
pour 'le. 2 février prochain se tiendra à Ge-
nève. - Amédée Dunois
Les statuts sont adoptés
Lucérne, 6 août. - [Par télégrammes de
notre envoyé spécial). - Malgré une vio-
lente' diatribe antibolcheviste de Brouc-
kère, que notre ami Frossard releva avec
une juste vivacité, ila journée a été pai-
sible et laborieuse.
Les statuts dé l'Internationale ont été
adoptés .'sans modification dans la forme
que leur avait donnée la commission et que
vous connaissez par l'interview 1 de Mis-
tral.
Quant au préambule:, il a été assez pro-
fondément modifié dans le sens internatio-
naliste et révolutionnaire ,par l'adoption
d'amendements présentés par Mistral, d'ac-
cord avec les indépendants, au. nom des-
quels a parlé énergiquement Crispien.
Ces amendements, là où ils ne se bor-
nent pas à corriger la forme de Moniers à
la rendre plus intelligible, touchent à l'es-
prit même du préambule en affirmant le
but, nettement collectiviste et communiste
du mouvement socialiste, et en soulignant
là valeur de l'action révolutionnaire pour
la réalisation-des idéals du prolétariat.
La séance plénière a été levée à cinq heu-
res pour permettre à la sous-commission,
chargée par la commission de politique gé-
nérale.d'établir le texte de la résolution, de
terminer son travail. La sous-coinmssion
siégera, vraisemblablement, fort avant
dans la nuit. - Amédée DUNOIS.
CE QUE PEUT FAIRE UNE ORGANISATION OUVRIÈRE
La Syndicale-Essence"
et la Maison Commune
La « Syndicale-Taxis », dont j'ai exposé
ici dimanche la fondation et le fonction-
nement est la dernière création du syn-
dicat ; mais elle n'est, pas la seule. Et les
précédentes méritent tout autant d'être ci-
tées comme des exemples de ce que l'esprit
de réalisation peut, inspirer aux organisa-
tions ouvrières.
La « Syndicale-Essence » en premier
lieu. ' O
Depuis neuf ans qu'elle existe, elle four-
nit aux chauffeurs l'essence et toutes les
autres matières dont, une voiture automo-
bile peut, avoir besoin : huile, bougies,
pneumatiques, etc...
L'usine qu'elle possède à Bezons occupe
un. terrain de 2-2.000 mètres. D'Angleterre,
de Hollande, de Belgique, du. Nord de la
France - d'Allemagne avant la guerre -
elle reçoit les produits 'avec lesquels on
procède aux mélanges qui sont indispen-
sables pour fabriquer un bon carburant.
Quarante ouvriers y travaillent. Cinq
camionnettes font la navette de l'usine
aux dépôts. Le dépôt central est à Levai-
lois, 234 bis, route de la Révolte, en face
de 1a. porte Champerret. C'est là qu'on em-
bidonne l'essence, on l'y vend-, comme
on la vend aux dépôts secondaires, ré-
partis dans tous les quartiers de Paris.
La guerre en a provisoirement-réduit le i
nombre à six, mais il en existait douze,
qui reprendront leurs affaires peu à peu.
La « Syndicale-Essence » vend à tout
le monde. Son débit quotidien, de 35.000
litres avant les hostilités, atteint actuelle-
ment. 20..000 litres ; ce qui représente en-
core le joli chiffre de 4.000 bidons, répartis
entre quelques 3.000 clients.
C'est un curieux spectacle que de voir,
au dépôt principal, vers les 9. heures, la
théorie des chauffeurs qui viennent s'ap-
provisionner. Ils y achètent leur troisiè-
me bidon-, ca.r les compagnies doivent leur
en fournir deux à 2 fr. 25 au maximum,
quel que soit le cours du jour. Ainsi l'a
décidé le contrat de travail signé à la suite
de la grande grève de 1911-12, qui dura
cinq mois et coûta cinq millions aux tra-
vailleurs, mais dont le syndicat est sorti
victorieux. >
La « Syndicale-Essence » constitue avec
t'a, « Syndicale-Taxis » les fondations de
l'état organique que l'es chauffeurs confé-
dérés veulent substituer à l'état anarchi-
que dans lequel vivent aujourd'hui trans-
porteurs et transportés parviens. La pre-
mière n'a qu'à reprendre son développe-
ment ancien. La seconde, qui vient de se
Kinder, a à accroître et à multiplier ses
voitures.
La prospérité du syndicat, dont, toutes
deux sont filles, ouvre les perspectives les
plus brillantes.
En dehors du bureau de la Bourse du
Travail, où se trouve son siège social, il
la", depuis 1911, sa permanence centrale
dans un immeuble à lui, la Maison Com-
mune des chauffeurs, rue Cavé, à Levai-
lois. « Boîte à grèves » ! disait à Fian-
cett.e l'illustre Lépine, qui suscita, toutes
les difficultés possibles aux initiateurs.
« Boite à grèves ? Peut-être ! lui répondait
alors Fiancette. Boîte qui grandira, en
.tous cas ! » ?
La Maison Commune possède une salle
de réunion pour 2.000 personnes, avec
scène théatrale s'il voua plaît, une salle
de commission où peuvent tenir 250 indi-
vidus, une salle de concert et des bureaux
où s'assemblent, outre les conseils d'admi-
nistration des différentes entreprises des
chauffeurs, ceux de toutes les sections syn-
dicales de Levallois.
Le service du contentieux, qui suit tous
les litiges intéressant la corporation (les
accidents de la rue y tiennent naturelle-
ment la place principale), fonctionne au
premier étage. Notre ami Desplanques
qui le dirige, s'enorgueillit à juste titre
d'avoir traité pour plus de 200.000 francs
d'affaires l'an dernier.
Les soupes populaires organisées par les
différents syndicats de Levallois, qui ont
servi plus de 3.000 repas par jour pendant
la guerre, occupaient à cette époque les
locaux du rez-de-chaussée.
Le syndicat n'a pas que sa maison, de
ville. 11 possède sa maison de campagne
également. °
L année dernière, il a acquis pour
204.000 francs le magnifique domaine de
l'Audronnière, à Montrichard, qui longe
le Cher sur deux kilomètres. 14 hectares
de' vigne, 5 de prairies, 5 de bois, 8 de
terres arables constituent son domaine
rural.
Notre camarade Bled l'administre. Cinq
cents enfants y passent, leurs vacances
sous sa direction paternelle. Deux cents
pièces de vin vont , en sortir cet automne.
On les vendra dans la coopérative qui va
être installée rue Ordener, en façade du
garage qu'occupe la « Syndicale-Taxis ».
Cet ensemble harmonieux d'oeuvres di-
verses est intéressant- à plus d'un titre.
Il a permis d'abord, et il permet chaque
jour, de former des administrateurs. Il
développe chez tous les adhérents, qui
contrôlent leur gestion, l'esprit réaliste et
pratique-
Ce n'est pas le tout que de se procla-
mer révolutionnaires, les chauffeurs le sa-
vent bien. Ils ne se sont pas endormis sur
le mol oreiller du réformisme, et lorsqu'on
préparait la grève générale du 21 juillet,
leur syndicat est le seul à avoir affirmé
qu'il aurait cent pour cent de grévistes.
1I> l'avait promis et il aurait tenu.
Mais il sait que les déclarations verbales
?sont, insuffisantes, et qu'il importe de réa-
liser. De là les efforts qu'il poursuit ac-
tuellement pour organiser la journée d.e
huit heures. De là les négociations qu'il
a engagées avec les compagnies pour ré-
glementer'la sortie des voitures de telle
sorte qu'il s'en trouve toujours dans les
rues un nombre suffisant.
De là surtout ses oeuvres, que j'ai pas-
sées en revue et données en exemple ; oeu-
vres syndicales toutes, fondées et diri-
gées par l'organisation, non pas pour la
satisfaction de quelques-uns, mais dans
l'intérêt collectif.
Esprit révolutionnaire, réformes et réa-
lisations pratiques, n'est-ce pas l'idéal
que doit se proposer toute organisation
ouvrière ?
André MORIZET.
ACHETER SES LIVRES
aux Librairies du Parti socialiste et de l'Huma-
nité (réunies), 142, rue Montmartre (Paris), c'est
contribuer A la propagande «ésérste dw PvM
Pour le Ravitaillement
de Paris
UN PROGRAMME D'IMPORTATION
Les déclarations de M. Hoover
sur la question du charbon
Avoir une politique de ravitaillement
est une chose indispensable ; mais il
faut aussi arrêter u-n programme d'im-
portation. Comment établir ce program-
me d'importation ? Il faudrait connaître
les besoins d'une part, et, d'autre part,
les disponibilités. Pendant toute la du-
rée de la guerre, jamais cette méthode
n'a été appliquée. On a approvisionné à
la diable, au hasard, selon les exigences
de l'heure, selon les événements et les
circonstances. Malgré tout, on avait créé
différents organismes d'ordre collectif
qui se prêtaient tant bien que mal à réa-
liser au jour le jour les importations in-
dispensables.
Depuis l'armistice, tous ces organis-
mes ont été détruits. La liberté commer-
ciale tant invoquée par le Temps a
triomphé. Tous les consortiums créés
pendant la guerre ont disparu. La situa-
tion économique n'est pas changée. Elle
s'est même, pour certaines denrées, ag-
gravée. Dans le monde entier, il y a un
déficit pour les céréales, pour la viande,
les oeufs, les graisses, les beurres,-la
sucre.
En dehors du déficit de ces denrées, il
y a le manque de transport. Il est extrê-
mement difficile de trouver le fret nê«
cessaire pour transporter les matières
que l'on peut importer d'au, delà des
mers.
En conséquence, si nous voulons que
cet hiver la vie ne soit pas trop, dure,
pour la plus grande partie de la popu-
lation laborieuse, il faut que le gouver-
nement n'ait en vue que les intérêts de
la collectivité, établisse un programme
d'importation pour toutes les denrées
essentielles dont ia production nationale
est insuffisante et, en même temps, un
programme de transport pour permet-
tre la répartition de ces denrées dans
toutes les grosses agglomérations.
Si ces mesures ne sont pas prises, si
le programme d'importation n'est pas
rapidement établi, si les transports ne
sont pas organisés, les pires ? difficultés
surgiront au cours de l'hiver. Je ne sau-
rais trop le répéter : il faut un pro-
gramme, il faut le faire exécuter. Pour
cela, le ministre du ravitaillement, res-
ponsable, a besoin de dominer -ses ser-
vices, de les faire agir dans le sens qu'il
leur indiquera. Il faut que -toutes les ré-
sistances qui s'opposent à l'application
de ces mesures d'intérêt collectif soient
brisées. Le gouvernement le voudra-t-il ?
Le ministre du ravitaillement saura-t-il
prendre à temps les décisions qui s'im-
posent ? Je l'espère.
En tout cas, je suis convaincu que les
représentants de la Municipalité pari-
sienne rappelleront chaque fois qu'ils
en auront l'occasion, qu'il est-nécessaire
d'avoir à Paris, cet hiver, la viande fri-
gorifiée, les beurres, l'huile, le café, et
toutes les denrées de première néces-
sité_ en quantités suffisantes.
Si les mesures n'étaient pas prises à
temps, nous pourrons l'affirmer : ce ne
serait pas la faute des représentants de
Paris. La responsabilité incomberait,
seule au gouvernement.
E. FIANCETTE.
DES DISCOURS
M. Vilgrain multiplie à Londres Jee
toasts et les discours. De quoi nous plai-
gnons-nous ? Notre sur-ministre du ravi-
taillement boit et mange bien, et pour une
fois ce ne sont pas les contribuables fran-
çais qui paient.
Pendant q,ue Mi. Vilgrain banquette..
M. Noulens... ma foi que fait au juste
M. Noulens, nul ne le sait. Depuis qu'il
désavoua certains « mouvements » que
quelques jours auparavant il avait exaltés,
notre ancien ambassadeur en Russie pré-
fère ne plus se faire interviewer.
L'Heure d'hier pose 1a. question . Ouel
est le ministre, M. Vilgrain ou M. Nou-
lens? La réponse n'a peut-être pas toute
l'importance que semble y attacher notre
confrère : Le résultat sera toujours-le
même. Enfin mettons que ce soit M. Lou-
cheur et parlons d'autre chose.
M. Vilgrain prononce donc d'éloquentes
allocutions dont la presse officielle s'em-
pare avec joie. Pendant qu'il pérore ainsi
en Angleterre par compensation sans
doute, un américain. M. Hoover parle chez
nous au nom des Etats-Unis qu'il repré-
sente au Conseil suprême économique.
Le discours de M. Hoover semble sonner
un slas mélancolique à côté des joyeux
1 carillons de l'équipe gouvernementale.
| N'ayez pas d'inquiétude ! affirmaient
MM. Loucheur et Vilgrain, cependant que
M. Noulens - qui préférerait être ail-
leurs... même à Petrograd - prépare tout
doucement ses commissions de « prix nor-
maux », n'ayez pas d'inquiétude, les char-
bons américains sont là.
M. Hoover nous dit crûment qu'il n'y
faut pas compter. Nous sommes à la veille
de la catastrophe ; au lieu d'action et d'or-
ganisation on se contente de faire des dé-
clarations sonores.
Cela nous rappelle invinciblement les
discours et le banquet qui formaient le
début d'une pièce qui eut son succès révo-
lutionnaire et qui s'intitulait : « Mais
quelqu'un troubla la fête... » - Çh. Lussy.
Aurons-nous du CHARBON ?.. .
Nous disions hier notre peu de confiance,
dans l'optimisme qu'on affecta d'afficher"
dans les milieux officiels.
Il est à peu près acquis que compter
sur l'Angleterre est d'ores et déjà illu-
soire. Restait l'Amérique. Or voici" d'après
le Matin ce que M. Hoover, représentant
des Etats-Unis au Conseil suprême écono-
mique a déclaré à une récente réunion de
ce conseil :
Ajouter un million de tonnes par mois aux
expéditions que l'Amérique fait déjà à l'Eu-
rope serait un lourd fardeau en présence des
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