Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1922-11-19
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 19 novembre 1922 19 novembre 1922
Description : 1922/11/19 (Numéro 323). 1922/11/19 (Numéro 323).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
Dimanche 1» Novembre 1925 "W
68me Année 3me Série- N°323
Le Numéro quotidrëniVINBf CENTIMES EN FRANCE
GASTON CALMÇTTE
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de France et d'Algérie
« IvOilê pîjr ceux-ci, blâmé par; ceux-là, me moquant des sots, bravant les méchants, je me presse
• i de,rire de tout. de peur d'être obligé d'en pleurer. ». (Beaumarchais).
LES X.EÇÔNS
de l'Exposition coloniale
Marseille,' 18 novembre, Les der-
niers ^jours de l'Exposition coloniale
sont arrivés. Mais l'on ne se résignait-
.pas à cette fin et il y eut une, sorte de
plébiscite de l'opinion pour donner à
l'Exposition une semaine supplémentai-
re d'existence. Une semaine,rien qu'une
semaine Cela n'a pas été possible. -Le
départ des coloniaux est réglé, les'ar-
rangements administratifs sont sans
appel. Et alors, les voyageurs 'retarda-
taires se sont rués aux guichets. C'est
une belle fin, et émouvante.
En effet, l'Exposition coloniale eut,
lors dé sa naissance, toutes les mauvai-
ses fées et les prophètes de malheur
contre elle. Ses organisateurs firent la
nique aux funestes présages. C'est qu'ils
avaient, pour réconfort de leur propre
foi, la foi plus vive- encore des commis-
saires coloniaux. Ceux-ci avaient à leur
tour la chance rare d'être conseillés, ap-
puyés, morigénés quelquefois pour le
bon motif, par un ministre de volonté
et de saine observation. A quoi vraiment
a tenu le sort de l'Exposition ? A' la lon-
gëvitérminisférielle de M. Sarraut qui,
par un hasard fabuleux, savait, d'expé-
rience personnelle, ce qu'est une colo-
nie, et la plus considérable de toutes,
l'Indo-Chine.
C'est à ce précieux concours de cir-
constances, à un commissaire général
rompu aux questions politiques, M.
Adrien Artaud, à des directeurs, dili-
gents et à un personnel d'élite que l'Ex-
position dut de devenir une réalité ma-
gnifique. Il est vrai aussi que la grande
ombre du créateur de l'Exposition colo-
niale de 1906, Jules Charles-Roux, dont
on a dressé le buste au centre du parc,
planait sur l'audacieuse entreprise. On
se souvenait, on s'inspirait de ce puis-
sant bourgeois qui fut ensemble un hom-
me politique, un poète, un financier et
surtout un professeur d'énergie.
Il est possible que l'on n'ait pas fait
à cette Exposition si riche en attraits di-
vers'toute la publicité qu'elle méritait.
Aux mains d'Anglo-Saxons ou de Scan-
dinaves, lés Hottentots et les, Pingouins
eux-mêmes ne l'eussent pas ignorée. Ce
sçnU les premiers visiteurs qui ont ap-
pris aux seconds, et ceux-ci aux autres,
:SUfiç.essivenient, qu'il y avait à.Marséil-
ie^SyT la, promenade du Prado, quelque
chose dé. 'vrai m eut très bien à voir et t
que, sans exagération méridionale, cela
yalait/Ja. peine du voyage. Le succès a
poussé 'ainsi tout seul, comme une belle
plante ..trbpïcâle.'
Kermesse disaient d'abord les aigris
et les méliants de profession. Fallait-il
que l'on s'ennuyât et que tout se passât
dans des bocaux ou que l'on offrit des
statistiques sans rien autour ? On lit
l'Exposition la plus aimable du monde
et l'on fit bien. Il y eut de la lumière en
torrents pour les obscurs blasphéma-
teurs, des fontaines et des cascades, des
danses, de la musique, des feux d'artifi-
ce, deB cortèges pour les petits et les
grands; de l'opéra en plein air, des bal-
loris, des équilibristes. On mit ainsi de
la joie et du bruit dans le cadre un peu
sévère des choses coloniales. Cela ne
nuisait pas à ceci, bien au contraire.
Pourquoi vouloir sans cesse mettre de
la mélancolie dans l'enseignement et
couper les ailes à l'imagination ?
Entre tous les bienfaits que l'on doit
attendre de l'Exposition, c'est précisé-
ment qu'elle parle à l'imagination. Les
enfants que l'on a promenés parmi les
splendeurs d'Angkor-Vat, dans les pay-
sages reconstitués de> l'Afrique équato-
riale, de Madagascar, de l'Algérie, du
Maroc, de la Tunisie et des vieilles colo-
nies. ne se font plus de nos possessions
lointaines une idée revêche, quelque
chose composé d'exil, de soif, d^ coups
de soleil et de fièvres. Ils rêveront d'a-
ventures,' de profitables voyages et d'une
France; qui n'est plus circonscrite par
des bureaux de vote, des préfets et des
bars. Ici, ils auront vu l'étroite union de
cœur et d'esprit de la métropole et des
terres d'ôutrë-mter. Heureux ces .enfants
qui, devenus de jeunes hommesv trouve-
ront dans lès colonies le chemin dure-
ment (racé, par leurs aînés, les difficul-
tés "aplanies, la voie toute grande ou-
verte 'â leur activité.
Oui, bien là la'haute morale de
l'Exposition mourante. Elle nous a ren-
du la confiance en nous-mêmes, elle
nous rassure sur l'avenir si nous n'ou-
|lionsA pas ses leçons. Par réciprocité,
elle attife1; à' nous l'âme exotique. Cette
France bonne, accueillante, rassure, en-
courage les jaunes et les noirs. Elle est
discrètement égalitaire et apaise la ja-
lousie des racés elle ne domine pas,
elle collabore elle n'opprime pas, elle
distribue la justice. Les indigènes qui
vont rentrer chez eux affirmeront mieux
encore tout cela, qu'ils ont vu, senti, i,.
éprouvé. S'ils .ont été pour nous des
amis durant ces sept mois écoulés, ils
deviendront là-bas les missionnaires les
plus éloquents de la. civilisation fran-
çaise.
On ne voudrait point tomber dans le
prêche, ou la déclamation, mais, enfin,
il faut bien exprimer ces petites vérités
essentielles et les rappeler, l'occasion.
Et ces fleurs ne sont pas de pure rhéto-
r-ique. Elles s'allieraient, d'ailleurs, mal
à :1a parure que des jardiniers ont su
faire a' l'Exposition. Les merveilles flo-
rales de toutes les saisons ont tour à tour
orné les parterres. Maintenant, ce sont
les chrysanthèmes échevelés d'or, de
-neige et de sang, qui cachent à nos yeux
les craquelures des palais bâtis pour un
semestre, Angkor qui sera de nouveau
'-bijoj sa[ 'sjnoï ap nad suep ouuu.oun
̃refeses soudanaises dont le torchis s'é-
caille, les souks arabes qui s'effritent.
Les noirs de l'Afrique occidentale cla-
quent, des' dents au vent d'automne. Les
feuilles mortes tourbillonnent. Les cha-
meaux dociles frissonnent. Le marchand
de rahat-loukoum et de pastilles du sé-
rail débite sans entrain ses pâtes et ses
parfums. L'astucieux Tunisien voudrait
bien écouler son stock de tapis. Le fils
de Tombouctou, qui hurlait les bon-
nes bananes, se tait et se résout à dévo-
rer son fonds. Toutefois, le ciel ne cesse
pas de se montrer clément. Le soleil
veut bien être colonial jusqu'au bout.
Le dragon annamiite sort pour une der-
nière promenade dans une pétarade ef-
froyable. Et le congrès radical ouvre ses
portes.
C'est bien la fin.
Emile Thomas.
Mort de M. Marcel Proust
M. Marcel Proust est mort hier, à six
heures de l'après-midi,, à l'âge de 51
,ans. Sa santé, chancelante depuis tant
d'années, donnait depuis quelques se-
maines les plus vives inquiétudes. Elles
étaient, hélas Irop-justifiées. C'est une
perte immense pour les.Jettr.es, et qui se-
ra profondément ressentie.
Ce grand écrivain, qui a apporté au
roman français un ton si nouveau, et à
la fois si conforme aux plus hautes tra-
ditions de notre littérature, et projeté
des éclairs si fulgurants sur l'histoire
des sensibilités contemporaines, était
depuis longtemps admiré dés lettrés
alors qu'il n'avait pu atteindre encore le
grand public. Il avait publié avant la,
guerre Les Plaisirs et les Jours, de sai-
sissants Pastiches et Mélanges et la pre-
mière partie de cet A la recherche du,
temps perdu que la mort vient d'inter-
rompre Du côté de chez Swann. En
1919, la seconde partie de cette œuvre
sans pareille, A l'ombre des jeunes filles
en fleur, recevait le prix Goncourt et
l'écrivain put sentir autour de lui une
unànimie admiration. Depuis parurent
Le Voté de Guennantes et une grande
partie de Sodorne et Gamoi*rhe.
Nous ne nous consolerons jamais de
voir la mort nous enlever en plein tra-
vail ce magnifique artiste. Le Figaro, où
il collabora à plusieurs reprises, prie
son frère, M. Robert Proust, de croire à
sa douloureuse sympathie..
Le Parlement britannique
se réunira jeudi prochain
Londres, 18 novembre. Le premier
ministre a envoyé aujourd'hui à. ses par-
tisans une circulaire les convoquant
pour te jeudi 23 novembre, date à la-
quelle le Roi ouvrira le Parlement en
personne.
.L'approbation de la Constitution ir-
landaise sera aussitôt proposée. `-
Lord Curzon a adressé un message
aux membres conservateurs de la Cham-
bre des lords.
L'Université de Londres sera repré-
sentée au Parlement par sir Sydney Rus-
sel Wells, conservateur, qui a battu le
professeur Pollard, libéra], et le roman-
cier II. G. Wells, travailliste.
Les résultats des élections ne sont
pas encore complètement connus, car
on ignore encore quels seront les titu-
laires des deux sièges attribués à deux
autres universités britanniques.
Le labour party va demander que le
leader de l'opposition soit pris dans son
sein.
AU JOUR LE JOUR
La Conférence É 20 novembre
Suffit-il pour mettre une trêve
A nos soucis malencontreux
.Qu'on ratiocine à Genève
Et que l'on palabre à Montreux?
Des longs entretiens dans la ville
Qui domine le lac Léman
Bannira-t-ou la haine vile ?
Le destin sera-t-il clément?.
Le jour lumineux est-il proche
(Lequel jamais n'étincela)
Où l'on fera payer le Boche? v
Car tout se résume à delà.
Franchement, croyez-vous qu'on puisse
Atteindre ce but en 'changeant
Les mots « Pas d'argent, pas de Suisse »
En': « Pas de Suisse, pas d'argent »? ?
Hélas le problème bifurque
On âbit le résoudre autrement
Car c'est vers la question turque
Qu'on s'oriente en ce moment
Sur notre touchante Alliance,
D'après des documents récents,
Le farouche Ismet pacha lance
De durs regards bosphorescents. ̃
L'atmosphère moins épaissie
Va-t-elle s'éclairer là-bas; w
Et doit-on prendre l'Helvétie
Pour des lanternes?. Pourquoi pas ?.
Pauvre France! Dans ta folie
Jusques ici tu te régîais ̃ ̃<"•
Ou sur l'épate d'Italie
Ou sur le morne orgueil anglais ̃
Quand partout ailleurs on te berne;
Quand jamais ton droit ne prévaut,
Ne peut-il triompher à Berne
Ou même à Cassonay, près Vaud?.
Sur ces hauteurs le cerveau, même
Terre à terre (car un sommet
Sans défauts vaut un long poème),
Aux buts élevés se soumet
Très pur, dans l'âmb un souffle vibre
Dès que l'on est moins loin des cieux,
Et le cœur large, l'esprit libre,
Vont délibérer ces messieurs.
Et sans doute cette date est-ce
Celle que chacun espéra
Le vingt dissipe la tristesse! »
Comme l'on chante à l'Opéra.
Hugues Delorme.
ECHOS
Shakespeare ou Bacon.
Mmes Elisabeth Wells, Gallup, Kate
Wells, sous la direction du colonel Fa-
byan, nous ont révélé dernièrement que
Shakespeare ne fut jamais Shakespeare,
mais bien le chancelier Francis Bacon.
Elles ont percé la clé des lignes cryp-
tographiques laissées dans les ouvrages
du génial auteur elles y ont découvert
que Bacon avait inventé un alphabet
chiffré qui lui permettait, tout en écri-
vant sa biographie, de nous apprendre
qu'il était le fils de la reine Elisabeth et
l'auteur de toute l'incomparable littéra-
ture attribuée à Shakespeare.
Or, voici une chose bien étrange. Cet
alphabet, conventionnel, invente- ainsi à
la fin du xvj" siècle par Francis Bacon,
avait déjà été préconisé, au milieu du
xm° siècle, par. Roger Bacon, qui en
donne la clé dans ses Ouvrages secrets
de l'art et de la nature, Ce n'était même,
à ce moment, qu'un des principes de la
kabbale.
La similitude des noms n'aurait-
elle pas créé une confusion dans 4 'es-
prit de ces doctes Américaines qui nous
apportent aujourd'hui une si sensation-
nelle découverte» ? '?
La chose mlérifo d'être sérieusement
étudiée.
L'art national.
Que les grands artistes français du
moyen âge aient été condamnés- ou non
à l'anonymat, on peut discuter la chose,
malgré les preuves contraires publiées
chaque jour. Mais, vraiment, nos gloi-
res françaises méritent bien d'être mi-
ses en valeur, quand on les connaît. Le
temîps devrait être passé où la science
allemande prétendait nous imposer que
l'art français doit tout à l'étranger.
Récemmient, un ministre présidait les
fêtes de Beaune. Des journaux rappor-
tent son discours ils nous disent qu'il
inaugura la, statue de Nicolas Rolin,
chancelier du duc de Bourgogne, qui,
en .1-443, fonda l 'Hôtel-Dieu, un des
joyaux de l'architecture flamande.
Voyons voyons le maître de l'Hôtel-
Dieu de Beaune est connu. Il s'appelait
Jchannin Fouqueret, très probablement
un parent de notre célèbre, Jean Fou-
quet (les noms se déforment ainsi très
souvent au moyen âge), dont les cons-
tructions dans ses miniatures indiquent
une influence tout particulièrement ar-
chitecturale.
Q.U'y.ft-Ml là de flamand ? Si encore
on rappelait l'art bourguignon Mais
pourquoi parler de l'étranger quand,
quelques années auparavant, les Italiens
eux-mêmes venaient chercher chez ijous
Nicolas Bonavçnture, Mignot de Paris,
Gnampmousse de Normandie, pour cons-
truire le dôme de Milan ? Y
-o.
Jiotes d'un Parisien
C'est, une histoire simple et touchante.
Dernièrement, le directeur de l'asile
Sainte-Anne reçut la visite d'un de ses
pensionnaires qui lui tint à peu près ce
discours
Monsieur le directeur, nous vivons à
une époque où, seuls, les gens unis sont
forts. Tous ceux qui exercent le même
métier. ou la même fonction, qui, jouissent
de-droits similaires ou supportent des char-
ges semblables, qui ont des conditions de
vie identiques, bref qui ont un point com-
mun soit par leurs occupations, leurs opi-
nions, politiques, leur amour des dominos
ou leur désir, de trouver des appartements
à louer, s'unissent, se groupent et" forment
dç.redoutables syndicats. Mais nous autres,
îes.fous, nous ne sommes pas rapprochés
par notre commune infirmité et il arrive
même qu'elle nous isole complètement
dans des cabanons. Je viens donc vous de-
mander la permission de fonder, sous votre
patronage, le Syndicat des aliénés de là
Seiflev; '̃̃'
Ainsi parla 'ëè' fou, sur un ton. calme et
résolu. Puis; avec la permission du direc-
teur, il alla 'é 'efforcer d'inculquer à ses
compagnons d'infortune l'esprit syndica-
liste.
< Mais les aliénés n'arrivèrent' point à
S'entendre et c'est tant mieux. Ce serait,
en effet, un grand malheur pour la société
si ces déments se conduisaient comme les
gens réputés sains d'esprit. Nous qui vi-
vons en liberté, nous avons décidé, arbi-
trairement peut-être, qu'il y avait des
choses raisonnables et d'autres qui ne l'é-
taient point. Qu'il était spirituel de s'ha-
biller en sans-culotte pour le mardi gras
ou la mi-carême, mais que c'était un signe
de folie à la Saint-Sylvestre ou au 15 août.
Le jour où les fous se-mettront à nous
singer et à ne rien faire que nous ne fas-
sions, nous manquerons d'un critérium
pour juger de notre bon sens et de notre
équilibre mental. Et surtout, comme nous
ne sommes pas encore assez sages pour
doute de'notre sagesse, loin de traiter de
folies celles de nos actions qui séduisent
les fous, nous démolirons les asiles d'alié-
nés alors qu'il vaudrait peut-être mieux les
agrandir. Janot.
0 oo-c
Contraste.
L'autre jour, M. Méline, qui s'était en-
tretenu dans les couloirs avec M. Ché-
ron, entra dans la salle des séances, tout
frêle, tout menu, au bras de son corpu-
lent, barbu et florissant successeur.
Quelqu'un dit
L'agriculture d'avant-guerre et celle
d'à présent.
Le passé de Lausanne.
Au moment où s'ouvre, dans la jolie
ville suisse si curieusement perchée au
bord du Léman, une conférence pacifis-
te, 'il est intéressant de- rappeler qu'au
x* siècle, un concile d'évêques s'y tint
pou déclarer la Trêve de Dieu.
Grâce à cette trêve, aucune hostilité-
n'était permise du samedi au lundi, et
plus tard même, du mercredi au lundi.
suivant. C'étaient,, comme ̃. "disent les
Anglais, des week ends qui en valaient
la. peine.
A ce moment, de toutes parts l'Eglise
fondait des ligues de la paix. Ces ligues
disposaient, plus heureuses que la. So-
ciété des nations, d'une milice de pais-
sistes (paciarii),.j sorte de gendarmerie
rurale.
Espérons que de la conférence qui va
s'ouvrir sortira mieux qu'une trêve,
mais une paix véritable
Le Masque de Fer.
.-«•̃̃a.^ ̃ •
Le radicalisme continue
%£t M. Herriot a promis à ses amis du
congrès radical un magnifique ave-
nir. « Nous étions les arbitres de la si-
tuation, nous en devenons les maîtres »,
a-t-il dit. Les maîtres ce n'est pas
rien. Les radicaux, aussitôt, ont tenu à
faire un petit bout de toilette. Il faut être
présentable quand on occupe une si
belle position.
Ils se sont d'abord ̃débarrassés de
M. Caillaux en quelques, phrases. De ma-
ladroits amis avaient remis sur le tapis
la revision du procès de la Haute-Cour
Distinguons, a dit M. Herriot. Pour
ce qui est du procès politique en soi,
concedo condamnons le procès' politi*
que. Quant à la. doctrine de M. Caillaux,
nego. Ce n'est ni la nuienne, ni celle du
parti.
Après ce désaveu, le congrès ayant
constate que les, procès Malvy et Cail-
laux étaient des procès politiques (pas
possible ?), a ajoute qu'il y avait lieu « de
ne pas laisser prescrire les droits des
personnes condamnées par une juridic-
tion exceptionnelle ». Voilà tout ce que
les amis du condamné de 1920 ont ob-
tenu à Marseille. On est loin do la pré-
sidence d'honneur 1
Les radicaux ont ensuite tenu à se dé-
barbouiller de l'affaire Marty. Pour des
prochains maîtres de situation, l'allian-
ce avec le communisme semble bien
une mésalliance. Mais tout s'est expli-
qué. De même qu'ils sont adversaires du
procès politique en soi, les radicaux sont
partisans de l'amnistie, aveuglément, en
tout état.de cause. D'ailleurs, Marty n'est
pas un communiste c'est un républi-
cain, un radical, un franc-maçon, que
les communistes ont voulu, par leurs
vSteSj dise rédi ter Telle esX, .vue .do la
Cahnebière, l'élection de la Sahlé."
Cette liquidation faite, on a préparé
la déclaration du parti. Cependant M.
Herriot n'est pas pleinement heureux.
« On .nous hait », dit-il à ses amis du
parti radical dans un article du Rap-
pel.
Et comment aimer le pa,rti'qui, triom-
pilant, alla du co'mfoisrne au iGai'lïauti's-
ine, de l'intolérance au défaitisme? Ja-
niais la République ne fut moins ce
•qu'elle doit être, le règne de la loi sou-
veraine, que sous ces républicain de
gauche. Dans son article, M. Herriot,
qui veut être aimable, se déclare partisan
d'une réipubLique ouverte, ni fanatique,
ni sectaire. Comme le radicalisme
change en vieillissant
Mais non La déclaration du parti
qui nous arrive en dernière heure ap-
paraît d'un ton bien différent. C'est un
réquisitoire contre le Blioc national où
l'on retrouve toutes les vieilles formules
électorales contre l'ambassade du Va-
tican, contre les «'attaques à la laïcité »,
les « atteintes à la, loi de huit heures. »,
e\c, etc.
Le radicalisme continue. :•
̃ î> Henri Vonoven.
Apologie pour le tabac
II parait que l'on trouve des produits dan-
gereux, si l'on osé dire, qui sont des poi-
sons sociaux. Ils sont, nous dit-on, au nom-
bre de quatre. C'est l'alcool, le tabac, le thé
et le café. Tout au moins si nous voulons
accorder quelque crédit à; l'opinion de'l'ho-
norable sir Oames CanUie.
Sans doute parce que dans Gantlie il y a
Cant, l'éminent conférencier de l'Institut de
l'hygiène à Londres, n'a-t-il pas voulu faire
allusion aux stupéfiants qui font tant de i:a-
Vages dans, le monde entier, et dans le de-
mi. Dédaignant les désastres que provoque
l'usage de la cocaïne, par exemple, il a réha-
bilité le tabac et condamné le thé pacifique
et le café familial. Voilà bien un homme que
tous les? fumeurs devraient remercier pour
l'appui .inespéré qu'il leur apporte. On sait,
en effet, que le fumeur est en butte aux at-
taques, violentes ou sournoises, de sa fem-
me, de son médecin, de sa fille et souvent,
peut-être, des belles dames qu'il connaît. On
le menace. chaque jour des maladies les plus
horribles. On invoque, pour le dégoûter des
bonnes pipes qui chauffent le creux de la
main, par les mornes soirées d'hiver, des
ejgarettes;ees blondes et .charmantes amies,
des cigares roulés sous des cieux inconnus
par d'expertes négçesses, les maux les plus
horribles. L'artério-sclérose est le moindre
mal qu'on lui prédise et l'on ne réserve pas
toujours le cancer des fumeurs pour les dia-
tribes désespérées.
Àh que cette légère fumée a donc d'a-
charnés ennemis dans le vaste univers. Et
ne cite-t-on pas, dans les Amériques, des
Etats où son charme est proscrit par un af-
freux jansénisme ? Eh bien l'honorable
sir James Cantlie est venu au secours des
infortunés fumeurs. Ceux-ci sauront désor-
mais quelle réponse faire, à l'heure du thé,
aux contemptrices de leur plaisir.
Comment, madame, osez-vous protes-
ter contre cette pauvre petite fumée, alors
que vous êtes en train de vous empoisonner
avec du thé ? L'aciion du tabac, comme Vu
dit un célèbre professeur anglais-, n'est pas
de longue durée. En ne lumant pas pendant
quelques 'jours, on peut conjurer les maléfi-
ces parfumésde Nicot, mais le thé que vous
prenez chaque jour, s'attaque, insidieuse-
ment à votre ^estomac. Vous avez mainte-
nant vingt-neuf printernps, comme toutes
les femmes de quarante ans, mais quand
vous en avouerez quarante-cinq, vous serez
complètement intoxiquée.
Il en est tout de même pour- le café qui
'détraque insensiblement le coeur, que l'on
dit tendre. Vous pouvez bien invectiver con-
tre le-tabac, on ne connaît pas de fumeurs
qui aient succombé à un empoisonnement
par la nicotine.
Et si des dames, plus indulgentes, se bor-
nent à vous reprocher de trop fumer, répon-
dez-leur qu'il est plus sage de ne pas varier
la quantité de poison absorbé et que l'on
doit toujours fumer environ le même nom-
bre de cigarettes.
Tels sont les arrêts du professeur sir Ja-
mes Gantlie. Mais cet homme, qui est un
sage, a ajouté quelques conseils.
Si je vous disais de ne plus fumer,
vous fumeriez néanmoins. Mais cédez à vo-
tre inclination, avec régularité. Pas plus de
trente cigarettes par jour. Dix ou vingt de-
vraient vous suffire.
Espérons que, dans quelques mois, un
autre savant viendra soutenir, avec autant
de sérieux, une thèse différente et attendons-
nous à voir énergiquement dénoncer quel-
que jour les redoutables dangers do la chi-
corée. Personne ne changera pour cela ses
habitudes.
Gilbert Charles.
L' entrevue de Paris
Une entrevue a eu lieu, hier, au Quai
d'Orsay, entre M. Poincaré, lord Cur-
zon, le baron Avezzana. et un certain
nombre d'experts militaires et civils. Il
s'agissait pour les Alliés de s'entendre
sur les solutions des problèmes qui se-
ront posés à Lausanne.
Une véritable conspiration do fausses
nouvelles et de soupçons mensongers
avait, en moins de quinze jours, formé
une espèce de nuage qui a été aussitôt
dissipé. L'histoire dira quels sont les
auteurs de cette conjuration. Il ne
reste rien de; leur misérable ouvra-
ge. Les Alliés vont a Lausanne, et leurs
vues sont les mêmes. Cette unité dans
les desseins est manifeste entre. lord
Curzon et M. Poincaré. Le baron Avez-
zana, .qui n'est pas encore accrédité, se
trouve obligé, de ce fait, à beaucoup de
réserve. Mais il n'y a guère de doute
que-M. Poincarô et lord Curzon s'enten-
"derit'demam" avec M. Mussolini;
Au point de vue du droit internatio-
nal, quelle est la situation d'os puissan-
ces qui 'vont conférer à Lausanne ? El-
les sont sous le régime de l'armistice.
En ce qui concerne la France, cet armis-
tice a été renouvelé et augmenté de con-
ventions particulières à Angora, en oc-
tobre 1921. Mais l'accord d'Angora n'est
pas un traité de paix il ne constitue
même pas des préliminaires de paix.
Dans l'exposé qu'il a fait vendredi de-
vant la Chambre avec tant de clarté, de
précision et de fermeté, M. Poincaré a
nettement expliqué la situation des Al-
liés. Ils sont toujours liés par l'accord
de septembre 1914, où ils s'interdisent
la paix séparée. Ils doivent la faire en-
semble à Lausanne.
D'accord sur les points essentiels, ils
n'ont pas voulu, cependant, mettre la,
Turquie en présence d'un texte arrêté et
définitif. La Grande-Bretagne amis de
la générosité à reconnaître que la situa-
tion n'était plus celle de 1918 et qu'il fal-
lait tenir compte aux Turcs de leurs der-
nières victoires. Les. pourparlers n'au-
ront pas le caractère impératif, unila-
téral de ceux de Versailles. Les Turcs
discuteront les conditions de la paix et
le statut de l'Orient. L'assurance en a
été donnée à Ismet pacha. qui avait nia-
nifesté, lors de son arrivée à Lausanne;
quelque crainte de l'entrevuo interalliée
de Paris.
Telle est la situation, vue du côté des
Alliés. Leur accord, qui était indispen-
sable, n'empêchera pas les négociations
de Lausanne d'être extrêmement épi-
neuses. Il se peut, comme nous l'avons
déjà suggéré, qu'on arrive assez aisé-
ment à un accord sur la question des
Détroits, qui a le mérite d'être insolu-
ble le statut des étrangers sera sans
doute beaucoup plus délicat à établir,
et il y faudra de part et d'autre beaucoup
d'habileté et de bonne volonté.
° Henry Bidou.
Arrivé à Paris vendredi dans la soi-
rée, lord Curzon a été reçu, hier matin,
à onze heures, à l'Elysée, par M.
Alexandre Millerand, président de la
République, avec qui il a eu un long
et cordial entretien.
A midi et demir le ministre britanni-
que des affaires étrangères a, assisté,
au Quai d'Orsay, au déjeuner offert en
son honneur par M. Raymond Poincaré,
président du Conseil et ministre des af-
faires étrangères, et auquel avaient été
priés lord Hardinge, ambassadeur de
Grande-Bretagne à Paris le. baron Avez-
zana, ambassadeur d'Italie à Paris sir
William Tyrrel, sous-secrétaire d'Etat
aux affaires étrangères britanniques
sir Eric Phippe, conseiller à l'ambassa-
de d'Angleterre le général Burnett
Stuart,- sir Harold Nicholson, M. Adam
Lesper, experts pour les affaires orien-
tales le capitaine de vaisseau Pound,
MM. Barrère, ambassadeur de France
à Rome, et Bompard, plénipotentiaires
français à la Conférence de Lausanne
M. L. Peretti de La Rocca, directeur des
affaires politiques au ministère des
affaires étrangères le maréchal Poch et
le général Weygand, experts militaires,
et le vice-amiral Lacaze, expert "naval.
A 3 heures, lord Curzon et M. Poin-
oaré ont commencé l'étude des stipula-
tions territoriales, noliliciues, militaires
et maritimes qui idevjont figurer dans
le traité de Lausanne.
A l'issue -de cette conversation,' un
communiqué officiel a été publié,, dunj
voici; la. teneur:; ••̃̃ ̃ r
Un 'échange de vues préliïninairc'a 'eu
lieu utilement aujourd'hui au Quai d'Or-
my, entre les représentants de la Gran-
de-Bretagne, de la France et de l'Italie
au suiet des questions à régler à la, con-
férence qui va, s'ouvrir à Lausanne. Ces
conversations ont pleinement confirmé
V accord complet entre les ALliés sur les
questions qui feront l'objet des débats à
Lausanne.
Ce matin, à 8 h. 10, do.rd Curzon, M.
Poinearé, ainsi que les délégations fran-
çaise et britannique à la conférence quit-
teront Paris à destination de la Suisse.
Arrivés à la frontière, lord Curzon et
M. Poincaré seront informés par télé-
gramme de l'endroit exact où les atten-
dra M. Mussolini, président du Conseil
italien. C'est là, et après le repas du
soir, que les trois ministres alliés au-
ront un premier entretien.
Il est probable que les conversations
entre lord Curzon, M. Mussolini et M.
Raymond Poincaré se poursuivront lun-
di et mardi.
f
Les Fêtes de Brest
Le Triomphe de l'Ecole navale
(DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL)
Brest, 18 novembre. Brest, et de
tout son içoeui-, a fêté les foordaches, îles
élèves officiers marins, îles élèves méca-
niciens, ceux .du Commissariat et d'Ecole
des imous-ses. Pour cotte fête, on distri-
buait un programme où se disait en épi-
graphe « A la gloirç. de l'Ecole .navale
et des écoles do marine ». En ;l'offrant
,ce matin, sur le. vieux cours Dajot, au
̃moment même où le ministre allait re-
mettre des récompenses mille fois méri-
tées, .une fillette l'annonçait, avec plus
de justesse « A la gloire de ;la marine ».
C'est, en effet, le sens qu'il convient de
donner à ces cérémonies, car c'est moins
aux écoles,- d'où sont sortis des officiers
d'élite, qu'à la marine entière que vont
aujourd'hui nos hommages tardifs.
Un de ceux-là qui ont passé par le Bor-
da et l'ont aimé comme tous ils chéris-
sent leur ponton- vermoulu, a retracé
pour nous l'histoire de l'Ecole navale et
l'hisloiro plus jeune des autres écoles
qui, avec elle, sont à l'honneur. Il ne me
reste qu'à vous conter ce que fut leur
triomphe.
Imaginez une longue allée aux arbres
dépouillés, découvrant par endroits la
rade, vêtue comme le temps du gris des
nacres fines. L'automne s'est radouci.
Sur cette allée sont venus se ranger des
fantassins, des artilleurs, des matelots,
soldats qui ont vu la guerre et qui, pour
un jour, vont garder les fistots et garder,
les anciens il en faut cinq de ces an-
ciens pour faire un siècle.
Une estrade de généraux, d'officiers
de vaisseaux du port, ou venus d'autres
ports pour revivre un peu leur jeu-
nesse. Leur jeunesse, elle est devant
eux. Ils sont là face à la tribune, les bor-
daches, le sabre au poing, raides et pâ-
les de fierté. Des saint-cyriens, des po-
lytechniciens, accourus en délégation
pour leur fête, fraternellement les enca-
drent.
Devant l'estrade, un mât est planté.
Le ministre s'approche. En quelques
phrases, et sa voix sonne clair, il redit
les mérites, il rappelle à ces jeunes hom-
mes les six mille officiers qui les ont
précédés, dépositaires do traditions que
la marine ;a su garder et que eux garde-
ront. Au mât est accroché alors 'Je pavil-
Ion de J'Ecole navale où brUlent deux
étoiles. Un ordre monte « Envoyez les
couleurs ». Le drapeau est hissé, des
loups de mer sanglotent et, la foule, qui
ne tenait plus, acclame et applaudit. Et
des acclamations, elle en adresse aussi
aux quatre autres écoles citées- à l'ordre
de l'armée. Un défilé, c'est tout. C'est un
appareil très simple.
C'était la fête du matin, fête, de ,1a re-
connaissance et de .l'admiration. Nous
avons eu après une fête d'histoire.
A .midi, les nuées se sont dispersées,
et sur Brest un rayon a lui. C'est un évé-
nement par cet automne détestable. Les
marins y voient un présage. Mais com-
bien il fut bref A deux heures, il brui-
nait, et c'est drapé de ̃voiles qu'estappa-
j-.u, dans la penfeld, le vaisseau conqué-
rant. D'un corps-mort, amarré au quai,
on avait fait, à force de toiles, un grotes-
que bateau très hautement maté.
C'était là le Borda ou, si l'on veut,.
« la baille ». Seul, un enseigne s'y te-
nait qui, découvrant le Conquérant bat-
tant la fleur de lys, s'écria « Hoha -de
ce navire, qui êtes-vous ? » « Tourville »,
a répondu le capitaine. Beaulieu et Ca-
baret, le lieutenant de l'Irle et le lieute-
nant de Colombes, étaient auprès de
lui. Ils avaient amené « l'homme débile
et jaune », le sculpteur Pierre Puget.
L'Académie flottante naviguait.
Derrière elle venait, à renfort d'avi-
rons, la Dauphine, galère plus jeune de
quarante années, que montaiept et d'Es-
trées et Duguay-Trouin, et des herbiers
entourés de la garde de l'étendard réal.
Et puis, plus jeune encore, s'avançait
un chebec commandé par Suffren. Il
s'appelait le Provençal. Les élèves du
Havre .y faisaient la manœuvre sous l'oeil
du chevalier Borda.
Et le vaisseau les Droits-de-VHomme.
avec Dupetit-Thouars et Villaret-Joyeu-
se, a traversé la grisâtre Penfeld, précé-
dant, commandée par Bruix, la baleiniè-
re impériale. En chapeau de haute for-
me, sous Duperré et sous Dumont d'Ur-
ville, les élèves-officiers d'Angoulême
« nageaient à bord de la Sylphide, une
fine corvette qui amateloltait, blanc
com'me une mouette, le Voila de Cour-
bet.
Quelle étonnante évocation Tuus ces
68me Année 3me Série- N°323
Le Numéro quotidrëniVINBf CENTIMES EN FRANCE
GASTON CALMÇTTE
̃ Directeur {1902-1914)
RÉPACTION APMINISTRATIOK
26, Rue Drôuot, Paris (9= Arr')
H. DE VILLEMESSANT
Fondateur (1854-1879)
TELEPHONE Gutenberg 02-46 02-47 02-49
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ROBERT DE FLERS
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de France et d'Algérie
« IvOilê pîjr ceux-ci, blâmé par; ceux-là, me moquant des sots, bravant les méchants, je me presse
• i de,rire de tout. de peur d'être obligé d'en pleurer. ». (Beaumarchais).
LES X.EÇÔNS
de l'Exposition coloniale
Marseille,' 18 novembre, Les der-
niers ^jours de l'Exposition coloniale
sont arrivés. Mais l'on ne se résignait-
.pas à cette fin et il y eut une, sorte de
plébiscite de l'opinion pour donner à
l'Exposition une semaine supplémentai-
re d'existence. Une semaine,rien qu'une
semaine Cela n'a pas été possible. -Le
départ des coloniaux est réglé, les'ar-
rangements administratifs sont sans
appel. Et alors, les voyageurs 'retarda-
taires se sont rués aux guichets. C'est
une belle fin, et émouvante.
En effet, l'Exposition coloniale eut,
lors dé sa naissance, toutes les mauvai-
ses fées et les prophètes de malheur
contre elle. Ses organisateurs firent la
nique aux funestes présages. C'est qu'ils
avaient, pour réconfort de leur propre
foi, la foi plus vive- encore des commis-
saires coloniaux. Ceux-ci avaient à leur
tour la chance rare d'être conseillés, ap-
puyés, morigénés quelquefois pour le
bon motif, par un ministre de volonté
et de saine observation. A quoi vraiment
a tenu le sort de l'Exposition ? A' la lon-
gëvitérminisférielle de M. Sarraut qui,
par un hasard fabuleux, savait, d'expé-
rience personnelle, ce qu'est une colo-
nie, et la plus considérable de toutes,
l'Indo-Chine.
C'est à ce précieux concours de cir-
constances, à un commissaire général
rompu aux questions politiques, M.
Adrien Artaud, à des directeurs, dili-
gents et à un personnel d'élite que l'Ex-
position dut de devenir une réalité ma-
gnifique. Il est vrai aussi que la grande
ombre du créateur de l'Exposition colo-
niale de 1906, Jules Charles-Roux, dont
on a dressé le buste au centre du parc,
planait sur l'audacieuse entreprise. On
se souvenait, on s'inspirait de ce puis-
sant bourgeois qui fut ensemble un hom-
me politique, un poète, un financier et
surtout un professeur d'énergie.
Il est possible que l'on n'ait pas fait
à cette Exposition si riche en attraits di-
vers'toute la publicité qu'elle méritait.
Aux mains d'Anglo-Saxons ou de Scan-
dinaves, lés Hottentots et les, Pingouins
eux-mêmes ne l'eussent pas ignorée. Ce
sçnU les premiers visiteurs qui ont ap-
pris aux seconds, et ceux-ci aux autres,
:SUfiç.essivenient, qu'il y avait à.Marséil-
ie^SyT la, promenade du Prado, quelque
chose dé. 'vrai m eut très bien à voir et t
que, sans exagération méridionale, cela
yalait/Ja. peine du voyage. Le succès a
poussé 'ainsi tout seul, comme une belle
plante ..trbpïcâle.'
Kermesse disaient d'abord les aigris
et les méliants de profession. Fallait-il
que l'on s'ennuyât et que tout se passât
dans des bocaux ou que l'on offrit des
statistiques sans rien autour ? On lit
l'Exposition la plus aimable du monde
et l'on fit bien. Il y eut de la lumière en
torrents pour les obscurs blasphéma-
teurs, des fontaines et des cascades, des
danses, de la musique, des feux d'artifi-
ce, deB cortèges pour les petits et les
grands; de l'opéra en plein air, des bal-
loris, des équilibristes. On mit ainsi de
la joie et du bruit dans le cadre un peu
sévère des choses coloniales. Cela ne
nuisait pas à ceci, bien au contraire.
Pourquoi vouloir sans cesse mettre de
la mélancolie dans l'enseignement et
couper les ailes à l'imagination ?
Entre tous les bienfaits que l'on doit
attendre de l'Exposition, c'est précisé-
ment qu'elle parle à l'imagination. Les
enfants que l'on a promenés parmi les
splendeurs d'Angkor-Vat, dans les pay-
sages reconstitués de> l'Afrique équato-
riale, de Madagascar, de l'Algérie, du
Maroc, de la Tunisie et des vieilles colo-
nies. ne se font plus de nos possessions
lointaines une idée revêche, quelque
chose composé d'exil, de soif, d^ coups
de soleil et de fièvres. Ils rêveront d'a-
ventures,' de profitables voyages et d'une
France; qui n'est plus circonscrite par
des bureaux de vote, des préfets et des
bars. Ici, ils auront vu l'étroite union de
cœur et d'esprit de la métropole et des
terres d'ôutrë-mter. Heureux ces .enfants
qui, devenus de jeunes hommesv trouve-
ront dans lès colonies le chemin dure-
ment (racé, par leurs aînés, les difficul-
tés "aplanies, la voie toute grande ou-
verte 'â leur activité.
Oui, bien là la'haute morale de
l'Exposition mourante. Elle nous a ren-
du la confiance en nous-mêmes, elle
nous rassure sur l'avenir si nous n'ou-
|lionsA pas ses leçons. Par réciprocité,
elle attife1; à' nous l'âme exotique. Cette
France bonne, accueillante, rassure, en-
courage les jaunes et les noirs. Elle est
discrètement égalitaire et apaise la ja-
lousie des racés elle ne domine pas,
elle collabore elle n'opprime pas, elle
distribue la justice. Les indigènes qui
vont rentrer chez eux affirmeront mieux
encore tout cela, qu'ils ont vu, senti, i,.
éprouvé. S'ils .ont été pour nous des
amis durant ces sept mois écoulés, ils
deviendront là-bas les missionnaires les
plus éloquents de la. civilisation fran-
çaise.
On ne voudrait point tomber dans le
prêche, ou la déclamation, mais, enfin,
il faut bien exprimer ces petites vérités
essentielles et les rappeler, l'occasion.
Et ces fleurs ne sont pas de pure rhéto-
r-ique. Elles s'allieraient, d'ailleurs, mal
à :1a parure que des jardiniers ont su
faire a' l'Exposition. Les merveilles flo-
rales de toutes les saisons ont tour à tour
orné les parterres. Maintenant, ce sont
les chrysanthèmes échevelés d'or, de
-neige et de sang, qui cachent à nos yeux
les craquelures des palais bâtis pour un
semestre, Angkor qui sera de nouveau
'-bijoj sa[ 'sjnoï ap nad suep ouuu.oun
̃refeses soudanaises dont le torchis s'é-
caille, les souks arabes qui s'effritent.
Les noirs de l'Afrique occidentale cla-
quent, des' dents au vent d'automne. Les
feuilles mortes tourbillonnent. Les cha-
meaux dociles frissonnent. Le marchand
de rahat-loukoum et de pastilles du sé-
rail débite sans entrain ses pâtes et ses
parfums. L'astucieux Tunisien voudrait
bien écouler son stock de tapis. Le fils
de Tombouctou, qui hurlait les bon-
nes bananes, se tait et se résout à dévo-
rer son fonds. Toutefois, le ciel ne cesse
pas de se montrer clément. Le soleil
veut bien être colonial jusqu'au bout.
Le dragon annamiite sort pour une der-
nière promenade dans une pétarade ef-
froyable. Et le congrès radical ouvre ses
portes.
C'est bien la fin.
Emile Thomas.
Mort de M. Marcel Proust
M. Marcel Proust est mort hier, à six
heures de l'après-midi,, à l'âge de 51
,ans. Sa santé, chancelante depuis tant
d'années, donnait depuis quelques se-
maines les plus vives inquiétudes. Elles
étaient, hélas Irop-justifiées. C'est une
perte immense pour les.Jettr.es, et qui se-
ra profondément ressentie.
Ce grand écrivain, qui a apporté au
roman français un ton si nouveau, et à
la fois si conforme aux plus hautes tra-
ditions de notre littérature, et projeté
des éclairs si fulgurants sur l'histoire
des sensibilités contemporaines, était
depuis longtemps admiré dés lettrés
alors qu'il n'avait pu atteindre encore le
grand public. Il avait publié avant la,
guerre Les Plaisirs et les Jours, de sai-
sissants Pastiches et Mélanges et la pre-
mière partie de cet A la recherche du,
temps perdu que la mort vient d'inter-
rompre Du côté de chez Swann. En
1919, la seconde partie de cette œuvre
sans pareille, A l'ombre des jeunes filles
en fleur, recevait le prix Goncourt et
l'écrivain put sentir autour de lui une
unànimie admiration. Depuis parurent
Le Voté de Guennantes et une grande
partie de Sodorne et Gamoi*rhe.
Nous ne nous consolerons jamais de
voir la mort nous enlever en plein tra-
vail ce magnifique artiste. Le Figaro, où
il collabora à plusieurs reprises, prie
son frère, M. Robert Proust, de croire à
sa douloureuse sympathie..
Le Parlement britannique
se réunira jeudi prochain
Londres, 18 novembre. Le premier
ministre a envoyé aujourd'hui à. ses par-
tisans une circulaire les convoquant
pour te jeudi 23 novembre, date à la-
quelle le Roi ouvrira le Parlement en
personne.
.L'approbation de la Constitution ir-
landaise sera aussitôt proposée. `-
Lord Curzon a adressé un message
aux membres conservateurs de la Cham-
bre des lords.
L'Université de Londres sera repré-
sentée au Parlement par sir Sydney Rus-
sel Wells, conservateur, qui a battu le
professeur Pollard, libéra], et le roman-
cier II. G. Wells, travailliste.
Les résultats des élections ne sont
pas encore complètement connus, car
on ignore encore quels seront les titu-
laires des deux sièges attribués à deux
autres universités britanniques.
Le labour party va demander que le
leader de l'opposition soit pris dans son
sein.
AU JOUR LE JOUR
La Conférence É 20 novembre
Suffit-il pour mettre une trêve
A nos soucis malencontreux
.Qu'on ratiocine à Genève
Et que l'on palabre à Montreux?
Des longs entretiens dans la ville
Qui domine le lac Léman
Bannira-t-ou la haine vile ?
Le destin sera-t-il clément?.
Le jour lumineux est-il proche
(Lequel jamais n'étincela)
Où l'on fera payer le Boche? v
Car tout se résume à delà.
Franchement, croyez-vous qu'on puisse
Atteindre ce but en 'changeant
Les mots « Pas d'argent, pas de Suisse »
En': « Pas de Suisse, pas d'argent »? ?
Hélas le problème bifurque
On âbit le résoudre autrement
Car c'est vers la question turque
Qu'on s'oriente en ce moment
Sur notre touchante Alliance,
D'après des documents récents,
Le farouche Ismet pacha lance
De durs regards bosphorescents. ̃
L'atmosphère moins épaissie
Va-t-elle s'éclairer là-bas; w
Et doit-on prendre l'Helvétie
Pour des lanternes?. Pourquoi pas ?.
Pauvre France! Dans ta folie
Jusques ici tu te régîais ̃ ̃<"•
Ou sur l'épate d'Italie
Ou sur le morne orgueil anglais ̃
Quand partout ailleurs on te berne;
Quand jamais ton droit ne prévaut,
Ne peut-il triompher à Berne
Ou même à Cassonay, près Vaud?.
Sur ces hauteurs le cerveau, même
Terre à terre (car un sommet
Sans défauts vaut un long poème),
Aux buts élevés se soumet
Très pur, dans l'âmb un souffle vibre
Dès que l'on est moins loin des cieux,
Et le cœur large, l'esprit libre,
Vont délibérer ces messieurs.
Et sans doute cette date est-ce
Celle que chacun espéra
Le vingt dissipe la tristesse! »
Comme l'on chante à l'Opéra.
Hugues Delorme.
ECHOS
Shakespeare ou Bacon.
Mmes Elisabeth Wells, Gallup, Kate
Wells, sous la direction du colonel Fa-
byan, nous ont révélé dernièrement que
Shakespeare ne fut jamais Shakespeare,
mais bien le chancelier Francis Bacon.
Elles ont percé la clé des lignes cryp-
tographiques laissées dans les ouvrages
du génial auteur elles y ont découvert
que Bacon avait inventé un alphabet
chiffré qui lui permettait, tout en écri-
vant sa biographie, de nous apprendre
qu'il était le fils de la reine Elisabeth et
l'auteur de toute l'incomparable littéra-
ture attribuée à Shakespeare.
Or, voici une chose bien étrange. Cet
alphabet, conventionnel, invente- ainsi à
la fin du xvj" siècle par Francis Bacon,
avait déjà été préconisé, au milieu du
xm° siècle, par. Roger Bacon, qui en
donne la clé dans ses Ouvrages secrets
de l'art et de la nature, Ce n'était même,
à ce moment, qu'un des principes de la
kabbale.
La similitude des noms n'aurait-
elle pas créé une confusion dans 4 'es-
prit de ces doctes Américaines qui nous
apportent aujourd'hui une si sensation-
nelle découverte» ? '?
La chose mlérifo d'être sérieusement
étudiée.
L'art national.
Que les grands artistes français du
moyen âge aient été condamnés- ou non
à l'anonymat, on peut discuter la chose,
malgré les preuves contraires publiées
chaque jour. Mais, vraiment, nos gloi-
res françaises méritent bien d'être mi-
ses en valeur, quand on les connaît. Le
temîps devrait être passé où la science
allemande prétendait nous imposer que
l'art français doit tout à l'étranger.
Récemmient, un ministre présidait les
fêtes de Beaune. Des journaux rappor-
tent son discours ils nous disent qu'il
inaugura la, statue de Nicolas Rolin,
chancelier du duc de Bourgogne, qui,
en .1-443, fonda l 'Hôtel-Dieu, un des
joyaux de l'architecture flamande.
Voyons voyons le maître de l'Hôtel-
Dieu de Beaune est connu. Il s'appelait
Jchannin Fouqueret, très probablement
un parent de notre célèbre, Jean Fou-
quet (les noms se déforment ainsi très
souvent au moyen âge), dont les cons-
tructions dans ses miniatures indiquent
une influence tout particulièrement ar-
chitecturale.
Q.U'y.ft-Ml là de flamand ? Si encore
on rappelait l'art bourguignon Mais
pourquoi parler de l'étranger quand,
quelques années auparavant, les Italiens
eux-mêmes venaient chercher chez ijous
Nicolas Bonavçnture, Mignot de Paris,
Gnampmousse de Normandie, pour cons-
truire le dôme de Milan ? Y
-o.
Jiotes d'un Parisien
C'est, une histoire simple et touchante.
Dernièrement, le directeur de l'asile
Sainte-Anne reçut la visite d'un de ses
pensionnaires qui lui tint à peu près ce
discours
Monsieur le directeur, nous vivons à
une époque où, seuls, les gens unis sont
forts. Tous ceux qui exercent le même
métier. ou la même fonction, qui, jouissent
de-droits similaires ou supportent des char-
ges semblables, qui ont des conditions de
vie identiques, bref qui ont un point com-
mun soit par leurs occupations, leurs opi-
nions, politiques, leur amour des dominos
ou leur désir, de trouver des appartements
à louer, s'unissent, se groupent et" forment
dç.redoutables syndicats. Mais nous autres,
îes.fous, nous ne sommes pas rapprochés
par notre commune infirmité et il arrive
même qu'elle nous isole complètement
dans des cabanons. Je viens donc vous de-
mander la permission de fonder, sous votre
patronage, le Syndicat des aliénés de là
Seiflev; '̃̃'
Ainsi parla 'ëè' fou, sur un ton. calme et
résolu. Puis; avec la permission du direc-
teur, il alla 'é 'efforcer d'inculquer à ses
compagnons d'infortune l'esprit syndica-
liste.
< Mais les aliénés n'arrivèrent' point à
S'entendre et c'est tant mieux. Ce serait,
en effet, un grand malheur pour la société
si ces déments se conduisaient comme les
gens réputés sains d'esprit. Nous qui vi-
vons en liberté, nous avons décidé, arbi-
trairement peut-être, qu'il y avait des
choses raisonnables et d'autres qui ne l'é-
taient point. Qu'il était spirituel de s'ha-
biller en sans-culotte pour le mardi gras
ou la mi-carême, mais que c'était un signe
de folie à la Saint-Sylvestre ou au 15 août.
Le jour où les fous se-mettront à nous
singer et à ne rien faire que nous ne fas-
sions, nous manquerons d'un critérium
pour juger de notre bon sens et de notre
équilibre mental. Et surtout, comme nous
ne sommes pas encore assez sages pour
doute de'notre sagesse, loin de traiter de
folies celles de nos actions qui séduisent
les fous, nous démolirons les asiles d'alié-
nés alors qu'il vaudrait peut-être mieux les
agrandir. Janot.
0 oo-c
Contraste.
L'autre jour, M. Méline, qui s'était en-
tretenu dans les couloirs avec M. Ché-
ron, entra dans la salle des séances, tout
frêle, tout menu, au bras de son corpu-
lent, barbu et florissant successeur.
Quelqu'un dit
L'agriculture d'avant-guerre et celle
d'à présent.
Le passé de Lausanne.
Au moment où s'ouvre, dans la jolie
ville suisse si curieusement perchée au
bord du Léman, une conférence pacifis-
te, 'il est intéressant de- rappeler qu'au
x* siècle, un concile d'évêques s'y tint
pou déclarer la Trêve de Dieu.
Grâce à cette trêve, aucune hostilité-
n'était permise du samedi au lundi, et
plus tard même, du mercredi au lundi.
suivant. C'étaient,, comme ̃. "disent les
Anglais, des week ends qui en valaient
la. peine.
A ce moment, de toutes parts l'Eglise
fondait des ligues de la paix. Ces ligues
disposaient, plus heureuses que la. So-
ciété des nations, d'une milice de pais-
sistes (paciarii),.j sorte de gendarmerie
rurale.
Espérons que de la conférence qui va
s'ouvrir sortira mieux qu'une trêve,
mais une paix véritable
Le Masque de Fer.
.-«•̃̃a.^ ̃ •
Le radicalisme continue
%£t M. Herriot a promis à ses amis du
congrès radical un magnifique ave-
nir. « Nous étions les arbitres de la si-
tuation, nous en devenons les maîtres »,
a-t-il dit. Les maîtres ce n'est pas
rien. Les radicaux, aussitôt, ont tenu à
faire un petit bout de toilette. Il faut être
présentable quand on occupe une si
belle position.
Ils se sont d'abord ̃débarrassés de
M. Caillaux en quelques, phrases. De ma-
ladroits amis avaient remis sur le tapis
la revision du procès de la Haute-Cour
Distinguons, a dit M. Herriot. Pour
ce qui est du procès politique en soi,
concedo condamnons le procès' politi*
que. Quant à la. doctrine de M. Caillaux,
nego. Ce n'est ni la nuienne, ni celle du
parti.
Après ce désaveu, le congrès ayant
constate que les, procès Malvy et Cail-
laux étaient des procès politiques (pas
possible ?), a ajoute qu'il y avait lieu « de
ne pas laisser prescrire les droits des
personnes condamnées par une juridic-
tion exceptionnelle ». Voilà tout ce que
les amis du condamné de 1920 ont ob-
tenu à Marseille. On est loin do la pré-
sidence d'honneur 1
Les radicaux ont ensuite tenu à se dé-
barbouiller de l'affaire Marty. Pour des
prochains maîtres de situation, l'allian-
ce avec le communisme semble bien
une mésalliance. Mais tout s'est expli-
qué. De même qu'ils sont adversaires du
procès politique en soi, les radicaux sont
partisans de l'amnistie, aveuglément, en
tout état.de cause. D'ailleurs, Marty n'est
pas un communiste c'est un républi-
cain, un radical, un franc-maçon, que
les communistes ont voulu, par leurs
vSteSj dise rédi ter Telle esX, .vue .do la
Cahnebière, l'élection de la Sahlé."
Cette liquidation faite, on a préparé
la déclaration du parti. Cependant M.
Herriot n'est pas pleinement heureux.
« On .nous hait », dit-il à ses amis du
parti radical dans un article du Rap-
pel.
Et comment aimer le pa,rti'qui, triom-
pilant, alla du co'mfoisrne au iGai'lïauti's-
ine, de l'intolérance au défaitisme? Ja-
niais la République ne fut moins ce
•qu'elle doit être, le règne de la loi sou-
veraine, que sous ces républicain de
gauche. Dans son article, M. Herriot,
qui veut être aimable, se déclare partisan
d'une réipubLique ouverte, ni fanatique,
ni sectaire. Comme le radicalisme
change en vieillissant
Mais non La déclaration du parti
qui nous arrive en dernière heure ap-
paraît d'un ton bien différent. C'est un
réquisitoire contre le Blioc national où
l'on retrouve toutes les vieilles formules
électorales contre l'ambassade du Va-
tican, contre les «'attaques à la laïcité »,
les « atteintes à la, loi de huit heures. »,
e\c, etc.
Le radicalisme continue. :•
̃ î> Henri Vonoven.
Apologie pour le tabac
II parait que l'on trouve des produits dan-
gereux, si l'on osé dire, qui sont des poi-
sons sociaux. Ils sont, nous dit-on, au nom-
bre de quatre. C'est l'alcool, le tabac, le thé
et le café. Tout au moins si nous voulons
accorder quelque crédit à; l'opinion de'l'ho-
norable sir Oames CanUie.
Sans doute parce que dans Gantlie il y a
Cant, l'éminent conférencier de l'Institut de
l'hygiène à Londres, n'a-t-il pas voulu faire
allusion aux stupéfiants qui font tant de i:a-
Vages dans, le monde entier, et dans le de-
mi. Dédaignant les désastres que provoque
l'usage de la cocaïne, par exemple, il a réha-
bilité le tabac et condamné le thé pacifique
et le café familial. Voilà bien un homme que
tous les? fumeurs devraient remercier pour
l'appui .inespéré qu'il leur apporte. On sait,
en effet, que le fumeur est en butte aux at-
taques, violentes ou sournoises, de sa fem-
me, de son médecin, de sa fille et souvent,
peut-être, des belles dames qu'il connaît. On
le menace. chaque jour des maladies les plus
horribles. On invoque, pour le dégoûter des
bonnes pipes qui chauffent le creux de la
main, par les mornes soirées d'hiver, des
ejgarettes;ees blondes et .charmantes amies,
des cigares roulés sous des cieux inconnus
par d'expertes négçesses, les maux les plus
horribles. L'artério-sclérose est le moindre
mal qu'on lui prédise et l'on ne réserve pas
toujours le cancer des fumeurs pour les dia-
tribes désespérées.
Àh que cette légère fumée a donc d'a-
charnés ennemis dans le vaste univers. Et
ne cite-t-on pas, dans les Amériques, des
Etats où son charme est proscrit par un af-
freux jansénisme ? Eh bien l'honorable
sir James Cantlie est venu au secours des
infortunés fumeurs. Ceux-ci sauront désor-
mais quelle réponse faire, à l'heure du thé,
aux contemptrices de leur plaisir.
Comment, madame, osez-vous protes-
ter contre cette pauvre petite fumée, alors
que vous êtes en train de vous empoisonner
avec du thé ? L'aciion du tabac, comme Vu
dit un célèbre professeur anglais-, n'est pas
de longue durée. En ne lumant pas pendant
quelques 'jours, on peut conjurer les maléfi-
ces parfumésde Nicot, mais le thé que vous
prenez chaque jour, s'attaque, insidieuse-
ment à votre ^estomac. Vous avez mainte-
nant vingt-neuf printernps, comme toutes
les femmes de quarante ans, mais quand
vous en avouerez quarante-cinq, vous serez
complètement intoxiquée.
Il en est tout de même pour- le café qui
'détraque insensiblement le coeur, que l'on
dit tendre. Vous pouvez bien invectiver con-
tre le-tabac, on ne connaît pas de fumeurs
qui aient succombé à un empoisonnement
par la nicotine.
Et si des dames, plus indulgentes, se bor-
nent à vous reprocher de trop fumer, répon-
dez-leur qu'il est plus sage de ne pas varier
la quantité de poison absorbé et que l'on
doit toujours fumer environ le même nom-
bre de cigarettes.
Tels sont les arrêts du professeur sir Ja-
mes Gantlie. Mais cet homme, qui est un
sage, a ajouté quelques conseils.
Si je vous disais de ne plus fumer,
vous fumeriez néanmoins. Mais cédez à vo-
tre inclination, avec régularité. Pas plus de
trente cigarettes par jour. Dix ou vingt de-
vraient vous suffire.
Espérons que, dans quelques mois, un
autre savant viendra soutenir, avec autant
de sérieux, une thèse différente et attendons-
nous à voir énergiquement dénoncer quel-
que jour les redoutables dangers do la chi-
corée. Personne ne changera pour cela ses
habitudes.
Gilbert Charles.
L' entrevue de Paris
Une entrevue a eu lieu, hier, au Quai
d'Orsay, entre M. Poincaré, lord Cur-
zon, le baron Avezzana. et un certain
nombre d'experts militaires et civils. Il
s'agissait pour les Alliés de s'entendre
sur les solutions des problèmes qui se-
ront posés à Lausanne.
Une véritable conspiration do fausses
nouvelles et de soupçons mensongers
avait, en moins de quinze jours, formé
une espèce de nuage qui a été aussitôt
dissipé. L'histoire dira quels sont les
auteurs de cette conjuration. Il ne
reste rien de; leur misérable ouvra-
ge. Les Alliés vont a Lausanne, et leurs
vues sont les mêmes. Cette unité dans
les desseins est manifeste entre. lord
Curzon et M. Poincaré. Le baron Avez-
zana, .qui n'est pas encore accrédité, se
trouve obligé, de ce fait, à beaucoup de
réserve. Mais il n'y a guère de doute
que-M. Poincarô et lord Curzon s'enten-
"derit'demam" avec M. Mussolini;
Au point de vue du droit internatio-
nal, quelle est la situation d'os puissan-
ces qui 'vont conférer à Lausanne ? El-
les sont sous le régime de l'armistice.
En ce qui concerne la France, cet armis-
tice a été renouvelé et augmenté de con-
ventions particulières à Angora, en oc-
tobre 1921. Mais l'accord d'Angora n'est
pas un traité de paix il ne constitue
même pas des préliminaires de paix.
Dans l'exposé qu'il a fait vendredi de-
vant la Chambre avec tant de clarté, de
précision et de fermeté, M. Poincaré a
nettement expliqué la situation des Al-
liés. Ils sont toujours liés par l'accord
de septembre 1914, où ils s'interdisent
la paix séparée. Ils doivent la faire en-
semble à Lausanne.
D'accord sur les points essentiels, ils
n'ont pas voulu, cependant, mettre la,
Turquie en présence d'un texte arrêté et
définitif. La Grande-Bretagne amis de
la générosité à reconnaître que la situa-
tion n'était plus celle de 1918 et qu'il fal-
lait tenir compte aux Turcs de leurs der-
nières victoires. Les. pourparlers n'au-
ront pas le caractère impératif, unila-
téral de ceux de Versailles. Les Turcs
discuteront les conditions de la paix et
le statut de l'Orient. L'assurance en a
été donnée à Ismet pacha. qui avait nia-
nifesté, lors de son arrivée à Lausanne;
quelque crainte de l'entrevuo interalliée
de Paris.
Telle est la situation, vue du côté des
Alliés. Leur accord, qui était indispen-
sable, n'empêchera pas les négociations
de Lausanne d'être extrêmement épi-
neuses. Il se peut, comme nous l'avons
déjà suggéré, qu'on arrive assez aisé-
ment à un accord sur la question des
Détroits, qui a le mérite d'être insolu-
ble le statut des étrangers sera sans
doute beaucoup plus délicat à établir,
et il y faudra de part et d'autre beaucoup
d'habileté et de bonne volonté.
° Henry Bidou.
Arrivé à Paris vendredi dans la soi-
rée, lord Curzon a été reçu, hier matin,
à onze heures, à l'Elysée, par M.
Alexandre Millerand, président de la
République, avec qui il a eu un long
et cordial entretien.
A midi et demir le ministre britanni-
que des affaires étrangères a, assisté,
au Quai d'Orsay, au déjeuner offert en
son honneur par M. Raymond Poincaré,
président du Conseil et ministre des af-
faires étrangères, et auquel avaient été
priés lord Hardinge, ambassadeur de
Grande-Bretagne à Paris le. baron Avez-
zana, ambassadeur d'Italie à Paris sir
William Tyrrel, sous-secrétaire d'Etat
aux affaires étrangères britanniques
sir Eric Phippe, conseiller à l'ambassa-
de d'Angleterre le général Burnett
Stuart,- sir Harold Nicholson, M. Adam
Lesper, experts pour les affaires orien-
tales le capitaine de vaisseau Pound,
MM. Barrère, ambassadeur de France
à Rome, et Bompard, plénipotentiaires
français à la Conférence de Lausanne
M. L. Peretti de La Rocca, directeur des
affaires politiques au ministère des
affaires étrangères le maréchal Poch et
le général Weygand, experts militaires,
et le vice-amiral Lacaze, expert "naval.
A 3 heures, lord Curzon et M. Poin-
oaré ont commencé l'étude des stipula-
tions territoriales, noliliciues, militaires
et maritimes qui idevjont figurer dans
le traité de Lausanne.
A l'issue -de cette conversation,' un
communiqué officiel a été publié,, dunj
voici; la. teneur:; ••̃̃ ̃ r
Un 'échange de vues préliïninairc'a 'eu
lieu utilement aujourd'hui au Quai d'Or-
my, entre les représentants de la Gran-
de-Bretagne, de la France et de l'Italie
au suiet des questions à régler à la, con-
férence qui va, s'ouvrir à Lausanne. Ces
conversations ont pleinement confirmé
V accord complet entre les ALliés sur les
questions qui feront l'objet des débats à
Lausanne.
Ce matin, à 8 h. 10, do.rd Curzon, M.
Poinearé, ainsi que les délégations fran-
çaise et britannique à la conférence quit-
teront Paris à destination de la Suisse.
Arrivés à la frontière, lord Curzon et
M. Poincaré seront informés par télé-
gramme de l'endroit exact où les atten-
dra M. Mussolini, président du Conseil
italien. C'est là, et après le repas du
soir, que les trois ministres alliés au-
ront un premier entretien.
Il est probable que les conversations
entre lord Curzon, M. Mussolini et M.
Raymond Poincaré se poursuivront lun-
di et mardi.
f
Les Fêtes de Brest
Le Triomphe de l'Ecole navale
(DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL)
Brest, 18 novembre. Brest, et de
tout son içoeui-, a fêté les foordaches, îles
élèves officiers marins, îles élèves méca-
niciens, ceux .du Commissariat et d'Ecole
des imous-ses. Pour cotte fête, on distri-
buait un programme où se disait en épi-
graphe « A la gloirç. de l'Ecole .navale
et des écoles do marine ». En ;l'offrant
,ce matin, sur le. vieux cours Dajot, au
̃moment même où le ministre allait re-
mettre des récompenses mille fois méri-
tées, .une fillette l'annonçait, avec plus
de justesse « A la gloire de ;la marine ».
C'est, en effet, le sens qu'il convient de
donner à ces cérémonies, car c'est moins
aux écoles,- d'où sont sortis des officiers
d'élite, qu'à la marine entière que vont
aujourd'hui nos hommages tardifs.
Un de ceux-là qui ont passé par le Bor-
da et l'ont aimé comme tous ils chéris-
sent leur ponton- vermoulu, a retracé
pour nous l'histoire de l'Ecole navale et
l'hisloiro plus jeune des autres écoles
qui, avec elle, sont à l'honneur. Il ne me
reste qu'à vous conter ce que fut leur
triomphe.
Imaginez une longue allée aux arbres
dépouillés, découvrant par endroits la
rade, vêtue comme le temps du gris des
nacres fines. L'automne s'est radouci.
Sur cette allée sont venus se ranger des
fantassins, des artilleurs, des matelots,
soldats qui ont vu la guerre et qui, pour
un jour, vont garder les fistots et garder,
les anciens il en faut cinq de ces an-
ciens pour faire un siècle.
Une estrade de généraux, d'officiers
de vaisseaux du port, ou venus d'autres
ports pour revivre un peu leur jeu-
nesse. Leur jeunesse, elle est devant
eux. Ils sont là face à la tribune, les bor-
daches, le sabre au poing, raides et pâ-
les de fierté. Des saint-cyriens, des po-
lytechniciens, accourus en délégation
pour leur fête, fraternellement les enca-
drent.
Devant l'estrade, un mât est planté.
Le ministre s'approche. En quelques
phrases, et sa voix sonne clair, il redit
les mérites, il rappelle à ces jeunes hom-
mes les six mille officiers qui les ont
précédés, dépositaires do traditions que
la marine ;a su garder et que eux garde-
ront. Au mât est accroché alors 'Je pavil-
Ion de J'Ecole navale où brUlent deux
étoiles. Un ordre monte « Envoyez les
couleurs ». Le drapeau est hissé, des
loups de mer sanglotent et, la foule, qui
ne tenait plus, acclame et applaudit. Et
des acclamations, elle en adresse aussi
aux quatre autres écoles citées- à l'ordre
de l'armée. Un défilé, c'est tout. C'est un
appareil très simple.
C'était la fête du matin, fête, de ,1a re-
connaissance et de .l'admiration. Nous
avons eu après une fête d'histoire.
A .midi, les nuées se sont dispersées,
et sur Brest un rayon a lui. C'est un évé-
nement par cet automne détestable. Les
marins y voient un présage. Mais com-
bien il fut bref A deux heures, il brui-
nait, et c'est drapé de ̃voiles qu'estappa-
j-.u, dans la penfeld, le vaisseau conqué-
rant. D'un corps-mort, amarré au quai,
on avait fait, à force de toiles, un grotes-
que bateau très hautement maté.
C'était là le Borda ou, si l'on veut,.
« la baille ». Seul, un enseigne s'y te-
nait qui, découvrant le Conquérant bat-
tant la fleur de lys, s'écria « Hoha -de
ce navire, qui êtes-vous ? » « Tourville »,
a répondu le capitaine. Beaulieu et Ca-
baret, le lieutenant de l'Irle et le lieute-
nant de Colombes, étaient auprès de
lui. Ils avaient amené « l'homme débile
et jaune », le sculpteur Pierre Puget.
L'Académie flottante naviguait.
Derrière elle venait, à renfort d'avi-
rons, la Dauphine, galère plus jeune de
quarante années, que montaiept et d'Es-
trées et Duguay-Trouin, et des herbiers
entourés de la garde de l'étendard réal.
Et puis, plus jeune encore, s'avançait
un chebec commandé par Suffren. Il
s'appelait le Provençal. Les élèves du
Havre .y faisaient la manœuvre sous l'oeil
du chevalier Borda.
Et le vaisseau les Droits-de-VHomme.
avec Dupetit-Thouars et Villaret-Joyeu-
se, a traversé la grisâtre Penfeld, précé-
dant, commandée par Bruix, la baleiniè-
re impériale. En chapeau de haute for-
me, sous Duperré et sous Dumont d'Ur-
ville, les élèves-officiers d'Angoulême
« nageaient à bord de la Sylphide, une
fine corvette qui amateloltait, blanc
com'me une mouette, le Voila de Cour-
bet.
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