Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1907-06-07
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 07 juin 1907 07 juin 1907
Description : 1907/06/07 (Numéro 158). 1907/06/07 (Numéro 158).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k287745p
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
Vendredi 7 Juin 1907
U Numéro quotidien = SEWE & SBNE-ET-OISE 15 centimes = DEPARTEMENTS ZO centimes
53» Année 3* Série H" 158
H. DE VILLEMESSANT
Fondateur
Gaston CALMETTE
Directeur- Gérant
RÉDACTION ADMINISTRATION
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L'HOTEL OU « FIGARO »
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-8, place de la Bourse.
c Loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là, me moquant des sots, bravant les méchants, je me hâte
de rire de tout., de peur d'être obligé d'en pleurer. > (Beaumarchais.)
Un témoignage
? d'outre-tombe
La dernière livraison des Archives
russes nous a apporté des documents
d'un intérêt capital pour l'histoire ce
sont les lettres écrites par feu Pobé-
donostzef à une de ses amies de Mos-
cou la fille du poète Tutchef, durant
les journées qui suivirent l'assassinat du
tsar Alexandre H. Mlle Tutchef ayant
précédé son vieil ami dans la tombe, les
lettres furent rendues àPobédonostzef; il
autorisa le directeur des Archives, M.
Bartéhef, à en prendre une copie qui
ferait l'objet d'une publication posthume.
Cette correspondance a donc toutes les
garanties d'authenticité, tout le prix
d'une déposition rédigée au jour le jour,
dans la liberté des épanchements inti-
mes, par un des hommes les mieux in-
formés des'secrets d'Etat.
La légende a singulièrement défiguré le
fameux procureur du Saint Synode. En
Russie comme en Occident, la crédulité
publique le voit tel que ses adversaires
l'ont peint un théologien farouche et
borné, une sorte de Torquemada. Certes,
il fut le champion intraitable de l'auto-
cratie et de l'orthodoxie; le libéralisme,
au sens nouveau du mot, n'était pas son
fait,.il eût volontiers souscrit à la défini-
tion qu'en donnait Bismarck « une niai-
serie dangereuse ». Mais son esprit était
libéral dans l'ancienne acception du
terme entendons par là qu'il alliait à la
rigidité de la doctrine une vive curiosité
intellectuelle et les ferveurs- d'une sensi-
bilité contenue. Il avait plus d'un trait
•en .commun avec Joseph de Maistre
absolu comme le grand Savoyard, et,
comme lui, habile écrivain, amoureux
de dialectique, curieux de toutes les
idées, séduit par toutes les grâces litté-
raires de bon aloi. J'ai connu peu de
Russes, plus instruits, plus policés que
Pobédonostzef. Familier avec la poésie
anglaise, il avait une prédilection parti-
culière, et que l'on n'eût pas attendue de
lui sur sa réputation, pour les moins!
orthodoxes des poètes Shelley, Brow-
ning Swinburne. La première fois que
je l'abordai, prévenu par, la légende, je
fus abasourdi de' l'entendre s'exprimer
sur ses auteurs favoris avec autant de
çhaleur-qxie de liberté d'esprit.
Rappelons en quelques mots la situa-
tion de Pobédonostzef au mois de mars
1881, le jour où le carnage du canal Ca-
therine fit tomber la couronne ensan-
glantée sur le front de son élève, ce tsa-
révitch qui devenait l'empereur Alexan-
dre III. L'expérience libérale de Loris-
Mélikof avait éloigné de la Cour le pro-
cureur du Saint Synode elle destituait
de toute influence l'homme qui maudis-
sait le plus amèrement « l'esprit nou-
veau ». Il n'avait plus de communica-
tions et encore étaient-elles gênées,
dérobées à une surveillance hostile
qu'avec le palais Anitchkof, avec l'héri-
tier taciturne, indéchiffrable, à peine
initié aux affaires, dont il- avait formé
l'esprit et le cœur.
Le soir même de la catastrophe, Pobé-
donostzef prend la plume, il confie à
l'amie de Moscou son trouble, son épou-
vante, sa tendre pitié pour le jeune
prince qui vient de l'embrasser en san-
glotant. Les confidences se succèdent les
jours suivants, très libres dans l'appré-
ciation des choses et des personnes,
même les plus haut placées, très expli-
cités sur l'intrigue politique, les fluctua-
tions ministérielles, les discussions aux
séances du Conseil. Ces lettres projet-
tent une vive lumière sur des résolu-
tions et des faits encore mal éclaircis;
notamment sur la Constitution embryon-
naire qui allait être octroyée au peuple
russe, si Alexandre II eût vécu quelques
heures de plus. Elles précisent et prou-
vent les assertions un peu vagues que
nous avions pu recueillir, nous autres
étrangers, dans les conversations du
monde officiel. Elles peignent avec force
le désarroi du moment, les physiono-
mies des principaux acteurs et des com-
parses j'y retrouve les impressions que
je notais de mon côté, au cours de ces
journées historiques, et comme une
contre-épreuve d'inoubliables visions.
Que va faire le « pauvre enfant », li-
vré pieds et poings liés au « charlatan »
Loris-Mélikof ? C'est là pour son ancien
maître le grand sujet d'anxiété. « Je
crains qu'il n'ait pas de volonté. » Le
conseiller passionné lui écrit dès la pre-
mière heure, il rapporte et appuie les pro-
pos du populaire « Chassez Constantin,
chassez la princesse. » La réponse du
nouveau tsar ne satisfait point Pobédo-
nostzef « On y voit son âme simple
et bonne, mais la volonté n'y apparait
pas. » Le procureur eut le tort de
prêter une oreille complaisante aux
soupçons empoisonnés qui se propa-
geaient dans l'affolement général et n'é-
pargnaient personne; ni Loris et ses
amis, coupables de n'avoir pas su dé-
jouer le complot régici'de, ni le grand-
duc qui faisait figure de libéral dans la
famille impériale. « Aux réceptions
du palais, Constantin a la mine d'une
bête féroce; il est odieux à voir. »- Il
n'y eut de vraiment odieux que les ca-
lomnies dirigées contre ce prince par le
délire des haines politiques.
Cependant le temps presse, Pobédo-
nostzef vit dans les transes Loris n'a
pas renoncé à « gratifier la Russie » de
cette invention diabolique, une Constitu-
tion. Elle a été élaborée, durant les der-
niers jours du règne, dans trois conseils
successifs où le procureur du Saint Sy-
node ne fut point appelé. Le crime du
lor mars a seul fait surseoir à l'exécution
de l'abominable projet, qui devait être
définitivement ratifié au conseil du len-
demain, 2 mars. Le Jmtrnai officiel du 5
devait enregistrer le manifeste solennel
qui convoquerait l'assemblée consulta-
tive, les députés des Zemstvos.
Que va-t-on faire ? Que veut le Tsar ?
« Je ne sais pas, je ne sais rien Pour lui,
ces minutes sont le to be or nottobe. Qu'ad-
viéndra-t-il devnous s'il choisit le not to
be ? Je pense à Hamlefc, qui avait aussi à
venger la mort d'un père. » Et le maî-
tre épouvanté, exaspéré, accable de bil-
lets, de supplications ardentes cet élève
indécis qui va peut-être lui. échapper. Il
faut fuir Pétersbourg et son atmosphère
empestée, se réfugier à Moscou, au cœur
de la vraie Russie. Il faut vouloir, il faut
déchirer le réseau de trahisons ourdi
par les malfaiteurs qui entourent le trône.
Le furieux prophète n'a-t-il donc pas
réfléchi un instant sur l'étrange oppor-
tunité du crime? Il se produit à l'heure
même où l'agitation révolutionnaire al-
lait être enrayée par l'octroi d'institu-
tions plus libérales les terroristes ont
devancé les constitutionnels. Pour ceux-
ci, pour Loris et ses amis, l'attentat qui re-
donne tant de force au clan réactionnaire
paralyse les longs efforts près d'aboutir.
Comment rendre un parti responsable
d'un événement fait pour l'atterrer? La
passion ne raisonne pas.
Le Comité des ministres se réunit, et
cette fois le procureur du Saint Synode
y reprend sa place. Le compte rendu
des séances, tel qu'il le résume dans ses
lettres, fait songer à l'audience célèbre
où le Parlement cassa le testament de
Louis XIV Saint-Simon eût pu contre-
signer des récits où il aurait retrouvé
l'emportement de ses propres colères.
Loris, Abaza, Milioutine continuent de
plaider "la cause des réformes constitu-
tionnelles leurs collègues les appuient
timidement, ou se réservent: les princes
profèrent « des phrases veules, molles,
où l'on entend ce misérable mot Il faut
faire quelque chose, et ce quelque
chose signifie la Constitution ».
Pobédonostzef se levé, et ses paroles
«éclatent comme la foudre», c'est du
moins lui qui le dit. Il dresse le cadavre du
père devant le fils muet, il s'écrie « Nous
sommes tous coupables de sa mort
Qu'avons-nous fait durant tout son
règne? Nous avons parlé, parlé, nous
écoutant les uns les autres, et les
conspirateurs agissaient Chacune de
ses réformes s'est changée en men-
songe dans nos mains, la liberté donnée
d'en haut n'a été qu'un mensonge de
plus. Au lieu de craindre pour lui et
de le garder, nous nous sommes aban-
donnés a d'ignobles craintes, tremblants
devant l'opinion publique, c'est-à-dire
l'opinion de journalistes méprisables! »
La harangue se poursuit avec cette belle
fougue, conclut au mensonge et à l'ina-
nité du rêve constitutionnel. Les adver-
saires échangent des regards chargés de
haine. Lé souverain approuve faiblement,
lorsque son maître répète avec insis-
tance « Ce. sang retombe: sur nous
tous! » « C'est la vérité », dit-il; et
il congédie ses ministres en décidant de
renvoyer l'examen de cette affaire si
embrouillée à une «commission spé-
ciale ». Pobédonostzef sort aussi in-
quiet qu'il était entré; il ne tient pas la
victoire, le danger n'est que conjuré
quelle intrigue imaginera encore le subtil
Loris? 2
Les lettres nous retracent d'autres scè-
nes émouvantes. « Aujourd'hui, j'ai
pris le service de nuit à la chapelle, au-
près du cercueil de l'Empereur. Après
les prières publiques, quand tous se fu-
rent retirés, la veuve apparut, sortant
d'une chambre contiguë. Ses jambes la
portaient à peine, sa sœur la soutenait,
Ryléef la conduisait. Elle s'effondra de-
vant la bière. Le visage du défunt est
couvert d'une gaze blanche que l'on ne
doit pas soulever; mais elle s'inclina,
retira brusquement ce voile, embrassa
longuement, à maintes réprises, le front
et le visage. Puis, chancelante, elle sor-
tit.J'eus compassion de la pauvre femme,
désormais pitoyable, seule ̃ »
Je vis cette même scène le jour des
funérailles, dans l'église de la forteresse.
Une dernière fois, la malheureuse veuve
vint s'abattre sur le corps qui allait dis-
paraître. Tout disparaissait avec lui pour
celle dont on disait, la veille encore, que
son couronnement solennel à Moscou
n'était plus qu'une question de semai-
nes. Je me souviens du frisson,de pitié
qui secouait, à quelques pas de moi, le
princedeGalles,aujourd'hui Edouard VII,
devant l'indicible détresse de l'abandon-
née. Ce fut la seule note touchante,
profondément humaine, dans une sym-
phonie funèbre où toutes les autres
étaient fausses et faibles; mal accordées
avec la terrible majesté de l'événement,
de l'heure, du lieu.
Cette dissonance entre les gestes des
hommes et le geste de Dieu échauffe la
verve de Pobédonostzef. Il s'était rendu
le matin à la cathédrale, lui aussi, le
cœur tenaillé par l'angoisse. Baranof, le
préfet de Pétersbourg, lui avait dit la
veille que l'on venait'de découvrir en-
core et de couper dix-sept fils de mine
devant une porte du palais d'Hiver. Le
complot souterrain était à craindre par-
tout, ajoutait le préfet le kronprinz alle-
mand avait reçu de Berlin une dépêche
chiffrée qui détaillait le plan des atten-
tats préparés pour le lendemain ce serait
miracle si le' tsar arrivait vivant à la ca-
thédrale. Nous avions tous mêmes ren-
seignements, mêmes appréhensions.
Levieuxserviteur de l'autocratie, fidèle
à son culte, passionnément attaché au
jeune souverain qu'il a couvé, ne cesse
de trembler et d'invoquer la protection
du ciel jusqu'à la fin de la longue céré-
rémonie. Une fois rassuré, sa bile s'épan-
che dans la description du corlège; tout
lui a paru froid, mesquin et théâtral
les défroques moyenageuses des figu-
rants, les visages composés des courti-
sans, leurs propos vides de sens ou ré-
voltants de bas égoïsme. Il n'en jugeait
pas mal nos impressions ne différèrent
pas des siennes, sur ce parcours où rien
ne répondait à l'attente grandiose des
imaginations le seul élément qui eût été
vrai, te peuple, refoulé par la police, é
était massé dans le lointain en larges
houles noires, silencieuses, marée intt-
mobilisée qui attendait l'heure de son
mascaret.
Ici encore, Saint-Simon reconnaîtrait
chez le narrateur russe l'âpre ironie d'un
écrivain de sa lignée; mais il pourrait
lui rappeler ce que Pobédonostzef ou-
blie trop, dans son indignation contre ses
contemporains et ses compatriotes. L'in-
firmité des hommes est toujours et par-
tout la même, dans ces moments où l'on
croirait qu'ils vont se-surpasser comme
si tous tant qu'ils sont, hauts dignitaires
de cour et valets de livrée, ils ne sa-
vaient jamais soutenir la grandeur des
tragédies où les coups- du sort leur as-
signent un rôle.
Lesoirdul5mars(dàtêsduvieuxstyle),
on descendait le cercueil d'Alexandre II
dans le caveau de §aint-Pierre-et-Saint-
Paul. Il se rapprochait ainsi de ses meur-
triers, les conspirateurs déjà arrêtés, en"
fermés plus bas sous terre, dans ces ca-
chots de la forteréssè'baignés par la
Néva. Mine de haine où la. sape acharnée
continuait dans les, .cœurs, sous ̃ la vic-
time. Au-dessus, les courtisans se dé-
tendaient, retournaient en hâte à leur
affaire, qui est de s'enquérir des nou-
velles et de guetter les places. Tout était
aboli de l'ancien règne, déjà oublié.
Restait à cbnstruire'lë nouveau.
Les réunions ministérielles se suepè-
dent dans le triste palais de Gatchina,
incertaines encore et sans orientation
décisive durant six semaines; toujours
inquiétantes pour Pobédonostzef, quîn&
voitpas se dégager la volonté impériale.
Il décrit les péripéties de ces luttes sOur-
des, le terrain gagné, reperdu, par ses
adversaires, -par lui-même; jusqu'à ce
jour du 30 avril que les Russes appelè-
rent, par une réminiscence de notre
propre histoire, la 'journée des Dupes.
A l'ouverture du conseil, le ministre de
la justice, Nabokof, tira de sa poche et
lut un papier dont nul de ses collègues
n'avait eu connaissance c'était le mani-
feste inspiré, sinon rédigé, par le procu-
reur du Saint Synode, et qui exorcisait
en termes mystiques le spectre libéral.
Loris, Abaza, Milioutine se retirèrent
pour libeller leur démission. Enfin Po-
bédonostzef triomphait ses ennemis
étaient anéantis, et' leur Constitution^
mort-née enterrée avec le feu tsar qm
avait consenti à la subir. L'affreux fart-;
tome ne devait ressortir des limbe|>-
qu'un quart' de siècle plus tard, pqiuf
essuyer, les dernières malédictions que
l'absolutiste impénitent procureur lui
jette encore du fond de sa tombe.
Si ce premier avortement et ce long
retard furent heureux ou néfastes pour.
la nation russe, ce sont là des problèmes
qu'il faut laisser débattre à la superbe
judiciaire des Bouvards et-des Pécu-
chets. On n'est guère tenté de refaire à
leur façon l'histoire de ce qui aurait pu
être, quand on. a vu des coups de foudre
comme celui du 1er mars:: toutes les ̃̃
prévisions déroutées tous les plans
bouleversés, les plus légitimes espéran- ̃:
ces des réformateurs à vau-l'eau les
terroristes eux-mêmes consternés par
l'inutilité de leur forfait lorsqu'ils pu-
rent contempler, le soir même, ce peu-
ple indifférent. à peine ému, aussi tran-
quille qu'aux meilleurs jours. Que d'au-
tres s'acharnent à retourner arbitraire-
ment cette trame obscure de l'histoire,
tissée par des mains qui ne livrent pas
leur secret. L'historien prudent ne pré-
tend pas à l'impossible connaissance du
pourquoi; il s'estime assez heureux lors-
que celle du comment lui est donnée par
de sûrs témoignages, qui le renseignent
sur la vérité des faits, des caractères,
des intentions. Pobédonostzef nous -a
légué un de ces témoignages abstrac-
tion faite de leur partialité passionnée,
ses lettres, resteront une source pré-
cieuse d'information sur la Russie que
j'ai vu vivre, espérer, souffrir, et qui est
déjà la Russie d'un autre âge.
E. M. de Vogué.
Échos
La Température
La situation atmosphérique est encore trou-
blée dans le nord-ouest de l'Europe par une
dépression dont le centre persiste sur les îles
Britanniques (748mm). La pression n'est supé-
rieure à 765mm que dans le sud-ouest de la
France et le nord de l'Espagne.
A Paris, le baromètre, en hausse lente,
accusait hier, à midi, 76omm3.
Des pluies sont tombées sur l'ouest du
continent; en France, il a plu à Besançon, à
Dunkerque, à Lyon, à Perpignan et à Nan-
tes on signale des orages dans l'Est et le
Sud, A Paris, la journée d'hier s'est passée
sans pluie, malgré un ciel très nuageux.
La température a un peu baissé sur nos ré-
gions. Hier, à sept heures du matin, le ther-
momètre marquait, à Paris, n« au-dessus de
zéro, et 190 l'après-midi.
Départements, le matin Au-dessus de %èro
110 à Dunkerque, à Belfort, à Brest et à Be-
sançon, 13° à Cherbourg, à Ouessant, à Nan*
tes, au Mans, à Limoges et à Clermont, 130 à
Toulouse, à Nancy et à Lyon; 140 à Roche-
fort, à Bordeaux et à Biarritz, 150 à Boulogne,
à l'île d'Aix, à Cette et à Marseille, 10V à
Perpignan, 170 à Oran, 250 à Alger.
En France, des pluies restent probables
dans le Nord et le Centre.
(La température du 6 juin 1906 était, à
Paris io° au-dessus de zéra le matin et 160
l'après-midi; baromètre, 771"»"» très'belle
journée.)
Les Courses
Aujourd'hui, à deux heures, Courses à
Maisons-Laffitte. Gagnants du Figaro;
Prix de Longjumeau Scheherazade;Velleda.
Prix Ténébreuse Miniature Vespery.
Prix de Bedons Toast; Parfait.
Prix Macdonald Luzerne L'Inconnu.
Prix, de Fercoq Lavarède Légionnaire.
Prix l,e Jftardy Ecurie jyeux; Le Cédant.
» RESIPISCENCE
La raison et la justice ont remporté
<*v hier, à la Chambre, sur tous les so-
cialismes coalisés, une petite victoire
qui, au moins comme symptôme, né
semble pas négligeable. Nous sommes
habitués à nous contenter de peu.
Les économats des chemins de fer qui
rendent aux ouvriers des services dont
le principal, quoi qu'on en dise, est de
leur assurer du crédit, ont .été mainte-
nus, à de fortes majorités, contre la
Commission du travail, contre le minis-
tre du travail, contre la Confédération
du travail, et contre M. Jaurès plus puis-
sant, a l'ordinaire, que les commissions,
les confédérations et les ministres.
C'est M. de La Batut, énergiquement
soutenu par M. Millerand, qui a triom-
phé ainsi de tant d'ennemis. Inutile de
dire que cette tapageuse Confédération
du travail, qui siège au dehors, avait
trouvé au Palais-Bourbon ses représen-
tants et ses avocats.
L'autorité légale a refusé cette fois
d'obéir à cette autorité latérale qui ne
relève que d'elle-même et qui prétend
dicter des lois aux pouvoirs publics. On
remarquera que, dans cette circons-
tance, elle a eu un ministre pour inter-
prète et pour appui.
Ce qui donne du piquant à cette petite
rencontre, c'est que le vainqueur de la
journée, M. Millerand, avait contre lui
toute la Commission du travail qu'il pré-
side et qu'il a dû combattre et vaincre
seul contre tous. L'expérience et le bon
sens n'ont donc pas encore perdu com-
plètement leur légitime ascendant sur
l'anarchie organisée et sur la révolution
en marche.
Que devient, dans ces conditions, le
baiser Lamourette auquel socialistes
et radicaux se convient réciproquement,
avec des effusio'ns de tendresse, dans les
journaux de leur parti? Que devient ce
besoin qu'ils éprouvent de se raccrocher
les uns aux autres, contre vent et ma-
rée, dans un simple intérêt électoral?
On dit qu'il y a des larmes de croco-
dile. Les crocodiles auraient-ils aussi
leurs baisers ? En tout cas, la Chambre a
prouvé hier qu'elle y était parfaitement
insensible.- Ne fût-ce qu'une résipiscence
d'un jour, on:se sent plus de penchant à
y applaudir qu'.à la décourager.
A Travers Paris
LL. MM. le roi et la reine de Dane-
mark, qui ont quitté hier Copenhague
pour entreprendre leur voyage officiel en
Angleterre et en France, s'embarquent
aujourd'hui même ,à Flessingué pour
Spithoad, où ils débarqueront demain
et d'où ils se rendront à Londres.
Ils resteront auprès dès souverains an-
glais jusqu'à leur départ pour Cher-
bourg. ̃̃ 1 v ;> '̃•.
Le capitaine de frégate Kérkudren, offi-
cier d'ordonnance du Président de la
République, que M. Fallières avait en-
voyé dans ce port pour y régler le pro-
gramme de son séjour et de la réception
du roi et de la reine de Danemark, a
arrêté avec les autorités locales le détail
de ces cérémonies, comme nous l'indi-
quions il y a deux jours..
La revue de l'escadre du Nord sera
passée dans la matinée du vendredi par
les souverains danois et le Président de
la République, à bord du yacht Victoria
and Albert, afin d'éviter à la reineLouise
la fatigue d'un transbordement sur un
de nos navires.
En revenant des fêtes du bicentenaire
de Linné qui ont eu lieu à Upsàla et à
Stockholm, Son Altesse le prince Roland
Bonaparte s'est arrêté à Copenhague. Le
prince a assisté au dîner de famille que
le roi de Danemark donnait au château
de Charlottenlund en l'honneur du roi et
de la reine de Norvège.
Echange de bons procédés.
Les journaux ont annoncé la nomina-
tion, comme juge d'instruction à Mar-
seille, de M. de Fresquet, juge d'intruc-
tion de Montpellier. C'est un avancement
agréable.
M. de Fresquet n'est pas un inconnu
pour le gouvernement. M. Leroy-Beau-
lieu, pendant sa dernière campagne
électorale, fut victime de l'attentat que
l'on sait et que ses adversaires voulurent
donner pour un attentat simulé une
manœuvre électorale. M. Leroy-Beau-
lieu n'étant pas gouvernemental, cette
hypothèse malveillante fut très bien ac-
cueillie par les amis du ministère. Une
instruction fut ouverte et confiée à M. de
Fresquet.
C'est lundi dernier qu'on annonça l'a-
vancement de M. de Fresquet, et c'est
avant-hier que M. de Fresquet rendit une
ordonnance de non-lieu, admettant l'at-
tentat simulé.
Coïncidences, sans doute ?. Mais coïn-
cidences, en tout cas, qu'il valait mieux
éviter, pour sauver quelques apparences
indispensables au renom d'impartialité
de notre magistrature.
On continue à ne pas comprendre très
bien ce qui se passe dans le monde des
Postes et Télégraphes.
Les agents de cette administration ont
ouvert hier matin, à l'hôtel des Sociétés
savantes, un congrès dont les trois pré-
sidents d'honneur, immédiatement dési-
gnés, furent les trois agents que révo-
quait naguère, pour fait d'indiscipline,
M. Simyan.
Mais cela n'est rien. Voici qui est
mieux.
L'Association par qui était organisé ce
congrès continue d'avoir pour secrétaire
général un de ces trois agents rpvoqués,
M. Clavier; et c'est par M. Clavier qu'a
été lu le rapport d'ouverture. Plusieurs,
orateurs ont pris la parole, et parmi eux
le secrétaireduSyndicat des sous-agents,
M. Grangier, récemment révoqué, et le
secrétaire xle .rAsso£iatio.n des âewies
facteurs, l'ineffable Simonnet éga-
lement révoqué.
Et alors nous posons respectueuse-
ment à M. le sous-secrétaire d'Etat des
postes et télégraphes cette question
Les associations. postales ne devant
être ouvertes, par définition, qu'à des
agents postaux, comment se fait-il qu'y
soit admise la présence d'hommes qui,
révoqués, n'appartiennent plus à la cor-
poration ? En vertu de quel privilège
Clavier, Grângier, Simonnet, continuent-
ils de figurer, comme secrétaires, à la
tête d'associations où ils n'auraient plus
le droit d'entrer comme simples adhé-
rents, puisqu'on ne saurait adhérer à ces
associations-là qu'à condition d'exercer
une fonction qu'ils n'exercent plus?
L'administration a révoqué ces trois
commis parce qu'ils donnaient de mau-
vais exemples; et ces mauvais exemples,
elle permet qu'ils continuent de les don-
ner officiellement, en quelque sorte, à
la tribune de congrès qu'elle approuve,
et de sociétés qu'elle patronne.
Incohérence
Tirage au sort.
Tout le monde connaît le tirage au
sort des conscrits 'mais on est moins
ferré sur. le tirage au sort des pères
conscrits. Il existe cependant, et c'est la
Constitution qui l'a édicté. Chaque fois
que meurt un sénateur inamovible, on
tire au sort le nom du département qui
sera appelé à lui donner un successeur
lequel, bien entendu, ne jouira pas
du privilège de l'inamovibilité.
C'est le département de la Seine qui a
hérité récemment du siège de M. Mar-
celin Berthelot. Et hier, c'est au départe-
ment d'Ille-et-Vilaine qu'est échue la
succession du général Billot, le dernier
inamovible décédé. Le nombre des dé-
partements qui doivent ainsi bénéficier
de ces vacances se trouve donc diminuer
au fur et à mesure, et il n'y en a plus
que cinq aujourd'hui correspondant
aux cinq inamovibles que compte encore
le Sénat qui concourront aux pro-'
chains tirages au sort.
Ce sont le Loir-et-Cher, la Haute-Loire,
le Loiret; Meurthe-et-Moselle et le Mor-
ibihan. Chacun "de1 ces départements a
encore, droit à. un sénateur.: Après quoi
tous les élus de la .haute «assemblée se
trouveront avoir la même origine, et la
réforme constitutionnelle qui pontait sur
la suppression" des inamovibles et qui fut
votée sous Jules Ferry, sera ainsi un fait
accompli.
Aide-toi.
̃ Voici, enfin, en attendant que les pou-
voirs publics puissent, dans la mesure
du possible, leur porter secours,' un pre-
mier remède, d'un effet immédiat et pra-
tique, que viennent de trouver les viti-
culteurs du Midi. L'un d'entre eux a de-
mandé aux organisateurs de la manifes-
tation de dimanche à Montpellier que la
caractéristique de cette manifestation,
qui s'annonce comme devant être très
imposante, fût qu' « à l'exclusion de toute
autre boisson » on ne consommât, diman-
che, à Montpellier que le vin pur et na-
turel. L'idée était judicieuse, et elle a été
aussitôt adoptée. "M. Marcelin Albert a
aussitôt télégraphié aux organisateurs
du- mouvement
Ceux d Argelliers verraient .avec plaisir les
manifestants consommer dans les établisse-
ments publics le vin naturel de notre vigne.
Cela serait pour tous d'un bon exemple.
Albert. r
Voilà, ce n'est pas douteux, de bonne
et utile propagande. La protestation n'en
acquiert que plus de force, puisque c'est
pour ce vin même qu'elle a lieu. Et dans
une certaine mesure, si faible qu'elle
soit, on atténue aussi l'étendue de la
crise. On est toujours mieux disposé en-
vers ceux qui essayent d'abord de se ti-
rer eux-mêmes d'affaire, et qui savent,
comme c'est le cas, appliquer la vieille
maxime « Aide-toi, le ciel t'aidera ».
Une cochère a déjà renoncé au fouet.
C'est Mme de Lutzen, comtesse de La
Guérinière, une des premières femmes
qui aient conduit un « char numéroté ».
La nouvelle est certaine, officielle.
Cette retraite a pour conséquence un
petit procès qui se plaide devant la jus-
tice de paix du dix-huitième arrondisse-
ment. 11 s'agit de savoir à qui appar-
tiennent la culotte cycliste et le paletot-
redingote qu'a offerts gratuitement un
tailleur pour les débuts de la cochère.
Celle-ci les réclame, le loueur prétend
les conserver. Salomon eût fort bien
jugé ce procès
-0-<:><>-0-
Cherchez la femme.
C'est un vieux policier qui professait
que, dans chaque crime, il fallait, avant
tout, commencer par chercher la femme.
On ne croyait pourtant pas que ce très
ancien et très philosophique adage pût
s'appliquer à des forfaits d'un certain
ordre, à des attentats anarchistes comme
celui qui se juge, en ce moment même,
à Madrid.
Il s'agit, on le sait, de la bombe lancée
par Moral et qui faillit coûter la vie au
roi et-à la reine d'Espagne le jour même
où se célébrait leur mariage. Le coupa-
ble s'est fait justice, et les juges n'ont
devant eux, aujourd'hui, qu'un certain
Ferrer, anarchiste avéré et ami intime
de Moral. Tellement intime, même
qu'un des témoins entendus au procès,
la senora Soledad Vill ifranca, maîtresse
dudit Ferrer, est venue déclarer que
Moral lui faisait la cour, et qu'elle avait
été obligée un jour de le rappeler sé-
vèrement aux devoirs de l'amitié.
D'où il faut conclure que le radieux
avenir que nous promettent les anar-
chistes ne différerait guère du pauvre
présent où nous vivons. Si, dans la so-
ciété future, dans la- cité idéale qu'ils
nous préparent, on doit voir encore des
citoyens faire la cour aux femmes de
leurs amis, il n'est vraiment pas besoin
.de feneer Mnt .de Jsomkespour m\&. C'est
une tradition vieille comme le monde;
et, en- France comme en Espagne, les
anarchistes se tromperaient fort s'ils
croyaient avoir, de ce côté-là, quoi que
ce soit à innover.
,¡.
Paris a en ce moment une merveil-
leuse, une incomparablecantatrice,Mme
Selma Kurz; et l'on a raison de dire
que, depuis la Patti, nul soprano ne nous
avait donné de plus fortes, de plus pro-
fondes émotions.
Elle a chanté hier au Trocadéro, à la
matinée de Lasalle, et là, de même qu'au
Figaro où elle nous procura l'inoubliable
joie de l'entendre la veille, cette artiste
extraordinaire sut déchaîner un indes-
criptible enthousiasme.
Sa voix si souple, si légère, si aé-
rienne, prodigieuse-dans les demi-tein-
tes, irréelle lorsqu'elle vocalise, sa voix
voluptueuse ,et caressante, qui tantôt
vibre comme une corde de violoncelle,
tantôt file des sons délicieux, lance des
notes piquées et détaille des. gammas
chromatiques et des arpèges avec la net-
teté, la douceur d'une flûte habile, sa
voix de cristal qui nuance et prolonge
des trilles penda.nt un temps invraisem-
blable, tient de l'enchantement et du
rêve. On songe, en l'écoutant, à ces ros-
signols qui, certains soirs de printemps,
éperdument, magnifiquement, chantent
leurs plus belles chansons d'amour, de
douleur et de joie
-o~-
Les poètes à l'Académie.
Deux nouvelles candidatures poéti-
ques au fauteuil de M. André Theuriet
sont officielles depuis hier celles de
MM. Jean Lahor et Jean Aicard.
Après ces deux lettres de candidature,
la compagnie a décerné pas mal de prix
Montyon, pour des ouvrages dits « utiles
aux mœurs ». Si nous nous conduisons
mal désormais Puis elle décerna d'au-
tres récompenses, inutiles aux mœurs
probablement, mais agréables sans doute
a plusieurs auteurs de livres variést.Aprti i
quoi, n'ayant pu consacrer une minutè
au dictionnaire de l'usage, elle se sépara.
Tous les délicats, tous'les gourmets
savent que, par son heureuse .composi-
tion, l'anisette Marie Brizard et Rocèr
agit favorablement sur l'estomac, tout en
lui conservant l'intégrité de ses fonc-
tions. Grâce au sucre qu'elle renferme
en grande quantité, l'emploi de cette ex-
cellente liqueur augmente les forces
physiques et retarde la fatigue. Addi-
tionnée d'eau frappée, l'anisette Marie
Brizard et Roger constitue la plus hygié-
nique, la plus rafraîchissante et la plua
agréable des boissons.
-0-<:><:>-0--
Les deux voitures Gobron-Brillié qui
doivent disputer prochainement la Coupe
de l'Empereur, au Taunus, ne seront
pas pilotées par les; coureurs habituels
,de,cette maison. Ces deux voitures, véri-
tables véhicules de tourisme, ont été
appréciées par deux sjportsmen bien
connus. L'une a été achetée par M. Fran-
çois Ferry, le jeune et riche Américain
qui courut déjà plusieurs épreuves de
vitesse et qui conduira lui-même au
Taunus.
L'autre appartient au comte I. de So-
banie Sobansky elle sera conduite par
lui-même ou par son mécanicien.
--o-<:x'>-o--
Demain, la galerie. Georges Petit s'ou-
vrira pour l'exposition particulière de la
collection Thirion. Cinquante numéros
en tout au catalogue, mais des numéros
triés sur le volet: des œuvres admirables
de Rubens, de Van Beyeren Gérard
Dou, de Troy, Van der Meer, J. et S.
Ruisdaël, Tocqué, Wouv>'erman Cha-
plin, ainsi que de belles tapisseries an-
ciennes. La vente aura lieu le 10 juin,
par le ministère de M" 'Paul Chevallier
et Lair-Dubreuil, assisté^ de MM. Jules
Féral et Mannheim, experts.
Dimanche, l'exposition sera publique.
--0-<:><>-0-
La collection Suminokura,ti%ansportée
dans les galeries Durand-Ruel, 16. rue
Laffitte, y sera visible jusqu'à dimanche
inclus, avant la vente qui aura lieu, par
les soins de M* Lair-Dubreuil. assisté de,
M. M *Bing, expert, du lundi 10 au sa-
medi 15 juin.
o– QO– o– ̃ ̃ ̃
Mardi, le duc d'Audiffret-Pasquier et
le comte de La Ferron.nays réunissaient
quelques amisau « Pavillon deBellevue »
en un élégant déjeuner, servi en face de
ce merveilleux panorama qui embrasse
Paris et la vallée de la Seine. Parmi les
convives
Marquis de Lévis-Mirepoix, vicomte de
Brimont, comte de Wignacourt, comte des
Cars, comte Henri de Monti, comte de Mous-
tier, P. de La Tour d'Auvergne, comte d'Au-
diffret-Pasquier, baron d'Entraigues, comte
Henri d'Yanville.
Sont descendus dans cet Hôtel
Mrs James C. King, Mrs Maud King, Mrs
A. S. Melvin, Mrs S. W. Robinson, Mrs A. S.
Melvin, docteur A. S. Melvin, miss C. Wood,
Mr et Mrs Thomas C. Wood, Mme Escalante
et famille, Mme Gautier, Mme Lorilla.
.o.ao.o--
C'est un grand avantage pour Lau-
sanne, en ce temps de triomphe pour la
villégiature, de pouvoir offrir aux visi-
teurs des établissements comme les Hô-
tels Richemont et Beausite, où tout est
combiné pour le plaisir des yeux et le
confort du séjour. Au dehors, une situa-
tion merveilleuse, des jardins divine-
ment exposés, toutes sortes de jeux; au
dedans, une hospitalité élégante, un
bien-être raisonné, des ressources infi-
nies que désirer de plus ?
-<.Jod:
Nouvelles à la Main
Au téléphone.
L'ABONNÉ, furieux. C'est insensé,
mademoiselle. Il y a une heure que je
vous sonne
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Fondateur
Gaston CALMETTE
Directeur- Gérant
RÉDACTION ADMINISTRATION
26, rue Drouot, Paris (9° Arrt)
^RÉDACTION ADMINISTRATIOW
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rêLÉPHIE, Trois lipss H°* 102.46 102.47 102.49
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c Loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là, me moquant des sots, bravant les méchants, je me hâte
de rire de tout., de peur d'être obligé d'en pleurer. > (Beaumarchais.)
Un témoignage
? d'outre-tombe
La dernière livraison des Archives
russes nous a apporté des documents
d'un intérêt capital pour l'histoire ce
sont les lettres écrites par feu Pobé-
donostzef à une de ses amies de Mos-
cou la fille du poète Tutchef, durant
les journées qui suivirent l'assassinat du
tsar Alexandre H. Mlle Tutchef ayant
précédé son vieil ami dans la tombe, les
lettres furent rendues àPobédonostzef; il
autorisa le directeur des Archives, M.
Bartéhef, à en prendre une copie qui
ferait l'objet d'une publication posthume.
Cette correspondance a donc toutes les
garanties d'authenticité, tout le prix
d'une déposition rédigée au jour le jour,
dans la liberté des épanchements inti-
mes, par un des hommes les mieux in-
formés des'secrets d'Etat.
La légende a singulièrement défiguré le
fameux procureur du Saint Synode. En
Russie comme en Occident, la crédulité
publique le voit tel que ses adversaires
l'ont peint un théologien farouche et
borné, une sorte de Torquemada. Certes,
il fut le champion intraitable de l'auto-
cratie et de l'orthodoxie; le libéralisme,
au sens nouveau du mot, n'était pas son
fait,.il eût volontiers souscrit à la défini-
tion qu'en donnait Bismarck « une niai-
serie dangereuse ». Mais son esprit était
libéral dans l'ancienne acception du
terme entendons par là qu'il alliait à la
rigidité de la doctrine une vive curiosité
intellectuelle et les ferveurs- d'une sensi-
bilité contenue. Il avait plus d'un trait
•en .commun avec Joseph de Maistre
absolu comme le grand Savoyard, et,
comme lui, habile écrivain, amoureux
de dialectique, curieux de toutes les
idées, séduit par toutes les grâces litté-
raires de bon aloi. J'ai connu peu de
Russes, plus instruits, plus policés que
Pobédonostzef. Familier avec la poésie
anglaise, il avait une prédilection parti-
culière, et que l'on n'eût pas attendue de
lui sur sa réputation, pour les moins!
orthodoxes des poètes Shelley, Brow-
ning Swinburne. La première fois que
je l'abordai, prévenu par, la légende, je
fus abasourdi de' l'entendre s'exprimer
sur ses auteurs favoris avec autant de
çhaleur-qxie de liberté d'esprit.
Rappelons en quelques mots la situa-
tion de Pobédonostzef au mois de mars
1881, le jour où le carnage du canal Ca-
therine fit tomber la couronne ensan-
glantée sur le front de son élève, ce tsa-
révitch qui devenait l'empereur Alexan-
dre III. L'expérience libérale de Loris-
Mélikof avait éloigné de la Cour le pro-
cureur du Saint Synode elle destituait
de toute influence l'homme qui maudis-
sait le plus amèrement « l'esprit nou-
veau ». Il n'avait plus de communica-
tions et encore étaient-elles gênées,
dérobées à une surveillance hostile
qu'avec le palais Anitchkof, avec l'héri-
tier taciturne, indéchiffrable, à peine
initié aux affaires, dont il- avait formé
l'esprit et le cœur.
Le soir même de la catastrophe, Pobé-
donostzef prend la plume, il confie à
l'amie de Moscou son trouble, son épou-
vante, sa tendre pitié pour le jeune
prince qui vient de l'embrasser en san-
glotant. Les confidences se succèdent les
jours suivants, très libres dans l'appré-
ciation des choses et des personnes,
même les plus haut placées, très expli-
cités sur l'intrigue politique, les fluctua-
tions ministérielles, les discussions aux
séances du Conseil. Ces lettres projet-
tent une vive lumière sur des résolu-
tions et des faits encore mal éclaircis;
notamment sur la Constitution embryon-
naire qui allait être octroyée au peuple
russe, si Alexandre II eût vécu quelques
heures de plus. Elles précisent et prou-
vent les assertions un peu vagues que
nous avions pu recueillir, nous autres
étrangers, dans les conversations du
monde officiel. Elles peignent avec force
le désarroi du moment, les physiono-
mies des principaux acteurs et des com-
parses j'y retrouve les impressions que
je notais de mon côté, au cours de ces
journées historiques, et comme une
contre-épreuve d'inoubliables visions.
Que va faire le « pauvre enfant », li-
vré pieds et poings liés au « charlatan »
Loris-Mélikof ? C'est là pour son ancien
maître le grand sujet d'anxiété. « Je
crains qu'il n'ait pas de volonté. » Le
conseiller passionné lui écrit dès la pre-
mière heure, il rapporte et appuie les pro-
pos du populaire « Chassez Constantin,
chassez la princesse. » La réponse du
nouveau tsar ne satisfait point Pobédo-
nostzef « On y voit son âme simple
et bonne, mais la volonté n'y apparait
pas. » Le procureur eut le tort de
prêter une oreille complaisante aux
soupçons empoisonnés qui se propa-
geaient dans l'affolement général et n'é-
pargnaient personne; ni Loris et ses
amis, coupables de n'avoir pas su dé-
jouer le complot régici'de, ni le grand-
duc qui faisait figure de libéral dans la
famille impériale. « Aux réceptions
du palais, Constantin a la mine d'une
bête féroce; il est odieux à voir. »- Il
n'y eut de vraiment odieux que les ca-
lomnies dirigées contre ce prince par le
délire des haines politiques.
Cependant le temps presse, Pobédo-
nostzef vit dans les transes Loris n'a
pas renoncé à « gratifier la Russie » de
cette invention diabolique, une Constitu-
tion. Elle a été élaborée, durant les der-
niers jours du règne, dans trois conseils
successifs où le procureur du Saint Sy-
node ne fut point appelé. Le crime du
lor mars a seul fait surseoir à l'exécution
de l'abominable projet, qui devait être
définitivement ratifié au conseil du len-
demain, 2 mars. Le Jmtrnai officiel du 5
devait enregistrer le manifeste solennel
qui convoquerait l'assemblée consulta-
tive, les députés des Zemstvos.
Que va-t-on faire ? Que veut le Tsar ?
« Je ne sais pas, je ne sais rien Pour lui,
ces minutes sont le to be or nottobe. Qu'ad-
viéndra-t-il devnous s'il choisit le not to
be ? Je pense à Hamlefc, qui avait aussi à
venger la mort d'un père. » Et le maî-
tre épouvanté, exaspéré, accable de bil-
lets, de supplications ardentes cet élève
indécis qui va peut-être lui. échapper. Il
faut fuir Pétersbourg et son atmosphère
empestée, se réfugier à Moscou, au cœur
de la vraie Russie. Il faut vouloir, il faut
déchirer le réseau de trahisons ourdi
par les malfaiteurs qui entourent le trône.
Le furieux prophète n'a-t-il donc pas
réfléchi un instant sur l'étrange oppor-
tunité du crime? Il se produit à l'heure
même où l'agitation révolutionnaire al-
lait être enrayée par l'octroi d'institu-
tions plus libérales les terroristes ont
devancé les constitutionnels. Pour ceux-
ci, pour Loris et ses amis, l'attentat qui re-
donne tant de force au clan réactionnaire
paralyse les longs efforts près d'aboutir.
Comment rendre un parti responsable
d'un événement fait pour l'atterrer? La
passion ne raisonne pas.
Le Comité des ministres se réunit, et
cette fois le procureur du Saint Synode
y reprend sa place. Le compte rendu
des séances, tel qu'il le résume dans ses
lettres, fait songer à l'audience célèbre
où le Parlement cassa le testament de
Louis XIV Saint-Simon eût pu contre-
signer des récits où il aurait retrouvé
l'emportement de ses propres colères.
Loris, Abaza, Milioutine continuent de
plaider "la cause des réformes constitu-
tionnelles leurs collègues les appuient
timidement, ou se réservent: les princes
profèrent « des phrases veules, molles,
où l'on entend ce misérable mot Il faut
faire quelque chose, et ce quelque
chose signifie la Constitution ».
Pobédonostzef se levé, et ses paroles
«éclatent comme la foudre», c'est du
moins lui qui le dit. Il dresse le cadavre du
père devant le fils muet, il s'écrie « Nous
sommes tous coupables de sa mort
Qu'avons-nous fait durant tout son
règne? Nous avons parlé, parlé, nous
écoutant les uns les autres, et les
conspirateurs agissaient Chacune de
ses réformes s'est changée en men-
songe dans nos mains, la liberté donnée
d'en haut n'a été qu'un mensonge de
plus. Au lieu de craindre pour lui et
de le garder, nous nous sommes aban-
donnés a d'ignobles craintes, tremblants
devant l'opinion publique, c'est-à-dire
l'opinion de journalistes méprisables! »
La harangue se poursuit avec cette belle
fougue, conclut au mensonge et à l'ina-
nité du rêve constitutionnel. Les adver-
saires échangent des regards chargés de
haine. Lé souverain approuve faiblement,
lorsque son maître répète avec insis-
tance « Ce. sang retombe: sur nous
tous! » « C'est la vérité », dit-il; et
il congédie ses ministres en décidant de
renvoyer l'examen de cette affaire si
embrouillée à une «commission spé-
ciale ». Pobédonostzef sort aussi in-
quiet qu'il était entré; il ne tient pas la
victoire, le danger n'est que conjuré
quelle intrigue imaginera encore le subtil
Loris? 2
Les lettres nous retracent d'autres scè-
nes émouvantes. « Aujourd'hui, j'ai
pris le service de nuit à la chapelle, au-
près du cercueil de l'Empereur. Après
les prières publiques, quand tous se fu-
rent retirés, la veuve apparut, sortant
d'une chambre contiguë. Ses jambes la
portaient à peine, sa sœur la soutenait,
Ryléef la conduisait. Elle s'effondra de-
vant la bière. Le visage du défunt est
couvert d'une gaze blanche que l'on ne
doit pas soulever; mais elle s'inclina,
retira brusquement ce voile, embrassa
longuement, à maintes réprises, le front
et le visage. Puis, chancelante, elle sor-
tit.J'eus compassion de la pauvre femme,
désormais pitoyable, seule ̃ »
Je vis cette même scène le jour des
funérailles, dans l'église de la forteresse.
Une dernière fois, la malheureuse veuve
vint s'abattre sur le corps qui allait dis-
paraître. Tout disparaissait avec lui pour
celle dont on disait, la veille encore, que
son couronnement solennel à Moscou
n'était plus qu'une question de semai-
nes. Je me souviens du frisson,de pitié
qui secouait, à quelques pas de moi, le
princedeGalles,aujourd'hui Edouard VII,
devant l'indicible détresse de l'abandon-
née. Ce fut la seule note touchante,
profondément humaine, dans une sym-
phonie funèbre où toutes les autres
étaient fausses et faibles; mal accordées
avec la terrible majesté de l'événement,
de l'heure, du lieu.
Cette dissonance entre les gestes des
hommes et le geste de Dieu échauffe la
verve de Pobédonostzef. Il s'était rendu
le matin à la cathédrale, lui aussi, le
cœur tenaillé par l'angoisse. Baranof, le
préfet de Pétersbourg, lui avait dit la
veille que l'on venait'de découvrir en-
core et de couper dix-sept fils de mine
devant une porte du palais d'Hiver. Le
complot souterrain était à craindre par-
tout, ajoutait le préfet le kronprinz alle-
mand avait reçu de Berlin une dépêche
chiffrée qui détaillait le plan des atten-
tats préparés pour le lendemain ce serait
miracle si le' tsar arrivait vivant à la ca-
thédrale. Nous avions tous mêmes ren-
seignements, mêmes appréhensions.
Levieuxserviteur de l'autocratie, fidèle
à son culte, passionnément attaché au
jeune souverain qu'il a couvé, ne cesse
de trembler et d'invoquer la protection
du ciel jusqu'à la fin de la longue céré-
rémonie. Une fois rassuré, sa bile s'épan-
che dans la description du corlège; tout
lui a paru froid, mesquin et théâtral
les défroques moyenageuses des figu-
rants, les visages composés des courti-
sans, leurs propos vides de sens ou ré-
voltants de bas égoïsme. Il n'en jugeait
pas mal nos impressions ne différèrent
pas des siennes, sur ce parcours où rien
ne répondait à l'attente grandiose des
imaginations le seul élément qui eût été
vrai, te peuple, refoulé par la police, é
était massé dans le lointain en larges
houles noires, silencieuses, marée intt-
mobilisée qui attendait l'heure de son
mascaret.
Ici encore, Saint-Simon reconnaîtrait
chez le narrateur russe l'âpre ironie d'un
écrivain de sa lignée; mais il pourrait
lui rappeler ce que Pobédonostzef ou-
blie trop, dans son indignation contre ses
contemporains et ses compatriotes. L'in-
firmité des hommes est toujours et par-
tout la même, dans ces moments où l'on
croirait qu'ils vont se-surpasser comme
si tous tant qu'ils sont, hauts dignitaires
de cour et valets de livrée, ils ne sa-
vaient jamais soutenir la grandeur des
tragédies où les coups- du sort leur as-
signent un rôle.
Lesoirdul5mars(dàtêsduvieuxstyle),
on descendait le cercueil d'Alexandre II
dans le caveau de §aint-Pierre-et-Saint-
Paul. Il se rapprochait ainsi de ses meur-
triers, les conspirateurs déjà arrêtés, en"
fermés plus bas sous terre, dans ces ca-
chots de la forteréssè'baignés par la
Néva. Mine de haine où la. sape acharnée
continuait dans les, .cœurs, sous ̃ la vic-
time. Au-dessus, les courtisans se dé-
tendaient, retournaient en hâte à leur
affaire, qui est de s'enquérir des nou-
velles et de guetter les places. Tout était
aboli de l'ancien règne, déjà oublié.
Restait à cbnstruire'lë nouveau.
Les réunions ministérielles se suepè-
dent dans le triste palais de Gatchina,
incertaines encore et sans orientation
décisive durant six semaines; toujours
inquiétantes pour Pobédonostzef, quîn&
voitpas se dégager la volonté impériale.
Il décrit les péripéties de ces luttes sOur-
des, le terrain gagné, reperdu, par ses
adversaires, -par lui-même; jusqu'à ce
jour du 30 avril que les Russes appelè-
rent, par une réminiscence de notre
propre histoire, la 'journée des Dupes.
A l'ouverture du conseil, le ministre de
la justice, Nabokof, tira de sa poche et
lut un papier dont nul de ses collègues
n'avait eu connaissance c'était le mani-
feste inspiré, sinon rédigé, par le procu-
reur du Saint Synode, et qui exorcisait
en termes mystiques le spectre libéral.
Loris, Abaza, Milioutine se retirèrent
pour libeller leur démission. Enfin Po-
bédonostzef triomphait ses ennemis
étaient anéantis, et' leur Constitution^
mort-née enterrée avec le feu tsar qm
avait consenti à la subir. L'affreux fart-;
tome ne devait ressortir des limbe|>-
qu'un quart' de siècle plus tard, pqiuf
essuyer, les dernières malédictions que
l'absolutiste impénitent procureur lui
jette encore du fond de sa tombe.
Si ce premier avortement et ce long
retard furent heureux ou néfastes pour.
la nation russe, ce sont là des problèmes
qu'il faut laisser débattre à la superbe
judiciaire des Bouvards et-des Pécu-
chets. On n'est guère tenté de refaire à
leur façon l'histoire de ce qui aurait pu
être, quand on. a vu des coups de foudre
comme celui du 1er mars:: toutes les ̃̃
prévisions déroutées tous les plans
bouleversés, les plus légitimes espéran- ̃:
ces des réformateurs à vau-l'eau les
terroristes eux-mêmes consternés par
l'inutilité de leur forfait lorsqu'ils pu-
rent contempler, le soir même, ce peu-
ple indifférent. à peine ému, aussi tran-
quille qu'aux meilleurs jours. Que d'au-
tres s'acharnent à retourner arbitraire-
ment cette trame obscure de l'histoire,
tissée par des mains qui ne livrent pas
leur secret. L'historien prudent ne pré-
tend pas à l'impossible connaissance du
pourquoi; il s'estime assez heureux lors-
que celle du comment lui est donnée par
de sûrs témoignages, qui le renseignent
sur la vérité des faits, des caractères,
des intentions. Pobédonostzef nous -a
légué un de ces témoignages abstrac-
tion faite de leur partialité passionnée,
ses lettres, resteront une source pré-
cieuse d'information sur la Russie que
j'ai vu vivre, espérer, souffrir, et qui est
déjà la Russie d'un autre âge.
E. M. de Vogué.
Échos
La Température
La situation atmosphérique est encore trou-
blée dans le nord-ouest de l'Europe par une
dépression dont le centre persiste sur les îles
Britanniques (748mm). La pression n'est supé-
rieure à 765mm que dans le sud-ouest de la
France et le nord de l'Espagne.
A Paris, le baromètre, en hausse lente,
accusait hier, à midi, 76omm3.
Des pluies sont tombées sur l'ouest du
continent; en France, il a plu à Besançon, à
Dunkerque, à Lyon, à Perpignan et à Nan-
tes on signale des orages dans l'Est et le
Sud, A Paris, la journée d'hier s'est passée
sans pluie, malgré un ciel très nuageux.
La température a un peu baissé sur nos ré-
gions. Hier, à sept heures du matin, le ther-
momètre marquait, à Paris, n« au-dessus de
zéro, et 190 l'après-midi.
Départements, le matin Au-dessus de %èro
110 à Dunkerque, à Belfort, à Brest et à Be-
sançon, 13° à Cherbourg, à Ouessant, à Nan*
tes, au Mans, à Limoges et à Clermont, 130 à
Toulouse, à Nancy et à Lyon; 140 à Roche-
fort, à Bordeaux et à Biarritz, 150 à Boulogne,
à l'île d'Aix, à Cette et à Marseille, 10V à
Perpignan, 170 à Oran, 250 à Alger.
En France, des pluies restent probables
dans le Nord et le Centre.
(La température du 6 juin 1906 était, à
Paris io° au-dessus de zéra le matin et 160
l'après-midi; baromètre, 771"»"» très'belle
journée.)
Les Courses
Aujourd'hui, à deux heures, Courses à
Maisons-Laffitte. Gagnants du Figaro;
Prix de Longjumeau Scheherazade;Velleda.
Prix Ténébreuse Miniature Vespery.
Prix de Bedons Toast; Parfait.
Prix Macdonald Luzerne L'Inconnu.
Prix, de Fercoq Lavarède Légionnaire.
Prix l,e Jftardy Ecurie jyeux; Le Cédant.
» RESIPISCENCE
La raison et la justice ont remporté
<*v hier, à la Chambre, sur tous les so-
cialismes coalisés, une petite victoire
qui, au moins comme symptôme, né
semble pas négligeable. Nous sommes
habitués à nous contenter de peu.
Les économats des chemins de fer qui
rendent aux ouvriers des services dont
le principal, quoi qu'on en dise, est de
leur assurer du crédit, ont .été mainte-
nus, à de fortes majorités, contre la
Commission du travail, contre le minis-
tre du travail, contre la Confédération
du travail, et contre M. Jaurès plus puis-
sant, a l'ordinaire, que les commissions,
les confédérations et les ministres.
C'est M. de La Batut, énergiquement
soutenu par M. Millerand, qui a triom-
phé ainsi de tant d'ennemis. Inutile de
dire que cette tapageuse Confédération
du travail, qui siège au dehors, avait
trouvé au Palais-Bourbon ses représen-
tants et ses avocats.
L'autorité légale a refusé cette fois
d'obéir à cette autorité latérale qui ne
relève que d'elle-même et qui prétend
dicter des lois aux pouvoirs publics. On
remarquera que, dans cette circons-
tance, elle a eu un ministre pour inter-
prète et pour appui.
Ce qui donne du piquant à cette petite
rencontre, c'est que le vainqueur de la
journée, M. Millerand, avait contre lui
toute la Commission du travail qu'il pré-
side et qu'il a dû combattre et vaincre
seul contre tous. L'expérience et le bon
sens n'ont donc pas encore perdu com-
plètement leur légitime ascendant sur
l'anarchie organisée et sur la révolution
en marche.
Que devient, dans ces conditions, le
baiser Lamourette auquel socialistes
et radicaux se convient réciproquement,
avec des effusio'ns de tendresse, dans les
journaux de leur parti? Que devient ce
besoin qu'ils éprouvent de se raccrocher
les uns aux autres, contre vent et ma-
rée, dans un simple intérêt électoral?
On dit qu'il y a des larmes de croco-
dile. Les crocodiles auraient-ils aussi
leurs baisers ? En tout cas, la Chambre a
prouvé hier qu'elle y était parfaitement
insensible.- Ne fût-ce qu'une résipiscence
d'un jour, on:se sent plus de penchant à
y applaudir qu'.à la décourager.
A Travers Paris
LL. MM. le roi et la reine de Dane-
mark, qui ont quitté hier Copenhague
pour entreprendre leur voyage officiel en
Angleterre et en France, s'embarquent
aujourd'hui même ,à Flessingué pour
Spithoad, où ils débarqueront demain
et d'où ils se rendront à Londres.
Ils resteront auprès dès souverains an-
glais jusqu'à leur départ pour Cher-
bourg. ̃̃ 1 v ;> '̃•.
Le capitaine de frégate Kérkudren, offi-
cier d'ordonnance du Président de la
République, que M. Fallières avait en-
voyé dans ce port pour y régler le pro-
gramme de son séjour et de la réception
du roi et de la reine de Danemark, a
arrêté avec les autorités locales le détail
de ces cérémonies, comme nous l'indi-
quions il y a deux jours..
La revue de l'escadre du Nord sera
passée dans la matinée du vendredi par
les souverains danois et le Président de
la République, à bord du yacht Victoria
and Albert, afin d'éviter à la reineLouise
la fatigue d'un transbordement sur un
de nos navires.
En revenant des fêtes du bicentenaire
de Linné qui ont eu lieu à Upsàla et à
Stockholm, Son Altesse le prince Roland
Bonaparte s'est arrêté à Copenhague. Le
prince a assisté au dîner de famille que
le roi de Danemark donnait au château
de Charlottenlund en l'honneur du roi et
de la reine de Norvège.
Echange de bons procédés.
Les journaux ont annoncé la nomina-
tion, comme juge d'instruction à Mar-
seille, de M. de Fresquet, juge d'intruc-
tion de Montpellier. C'est un avancement
agréable.
M. de Fresquet n'est pas un inconnu
pour le gouvernement. M. Leroy-Beau-
lieu, pendant sa dernière campagne
électorale, fut victime de l'attentat que
l'on sait et que ses adversaires voulurent
donner pour un attentat simulé une
manœuvre électorale. M. Leroy-Beau-
lieu n'étant pas gouvernemental, cette
hypothèse malveillante fut très bien ac-
cueillie par les amis du ministère. Une
instruction fut ouverte et confiée à M. de
Fresquet.
C'est lundi dernier qu'on annonça l'a-
vancement de M. de Fresquet, et c'est
avant-hier que M. de Fresquet rendit une
ordonnance de non-lieu, admettant l'at-
tentat simulé.
Coïncidences, sans doute ?. Mais coïn-
cidences, en tout cas, qu'il valait mieux
éviter, pour sauver quelques apparences
indispensables au renom d'impartialité
de notre magistrature.
On continue à ne pas comprendre très
bien ce qui se passe dans le monde des
Postes et Télégraphes.
Les agents de cette administration ont
ouvert hier matin, à l'hôtel des Sociétés
savantes, un congrès dont les trois pré-
sidents d'honneur, immédiatement dési-
gnés, furent les trois agents que révo-
quait naguère, pour fait d'indiscipline,
M. Simyan.
Mais cela n'est rien. Voici qui est
mieux.
L'Association par qui était organisé ce
congrès continue d'avoir pour secrétaire
général un de ces trois agents rpvoqués,
M. Clavier; et c'est par M. Clavier qu'a
été lu le rapport d'ouverture. Plusieurs,
orateurs ont pris la parole, et parmi eux
le secrétaireduSyndicat des sous-agents,
M. Grangier, récemment révoqué, et le
secrétaire xle .rAsso£iatio.n des âewies
facteurs, l'ineffable Simonnet éga-
lement révoqué.
Et alors nous posons respectueuse-
ment à M. le sous-secrétaire d'Etat des
postes et télégraphes cette question
Les associations. postales ne devant
être ouvertes, par définition, qu'à des
agents postaux, comment se fait-il qu'y
soit admise la présence d'hommes qui,
révoqués, n'appartiennent plus à la cor-
poration ? En vertu de quel privilège
Clavier, Grângier, Simonnet, continuent-
ils de figurer, comme secrétaires, à la
tête d'associations où ils n'auraient plus
le droit d'entrer comme simples adhé-
rents, puisqu'on ne saurait adhérer à ces
associations-là qu'à condition d'exercer
une fonction qu'ils n'exercent plus?
L'administration a révoqué ces trois
commis parce qu'ils donnaient de mau-
vais exemples; et ces mauvais exemples,
elle permet qu'ils continuent de les don-
ner officiellement, en quelque sorte, à
la tribune de congrès qu'elle approuve,
et de sociétés qu'elle patronne.
Incohérence
Tirage au sort.
Tout le monde connaît le tirage au
sort des conscrits 'mais on est moins
ferré sur. le tirage au sort des pères
conscrits. Il existe cependant, et c'est la
Constitution qui l'a édicté. Chaque fois
que meurt un sénateur inamovible, on
tire au sort le nom du département qui
sera appelé à lui donner un successeur
lequel, bien entendu, ne jouira pas
du privilège de l'inamovibilité.
C'est le département de la Seine qui a
hérité récemment du siège de M. Mar-
celin Berthelot. Et hier, c'est au départe-
ment d'Ille-et-Vilaine qu'est échue la
succession du général Billot, le dernier
inamovible décédé. Le nombre des dé-
partements qui doivent ainsi bénéficier
de ces vacances se trouve donc diminuer
au fur et à mesure, et il n'y en a plus
que cinq aujourd'hui correspondant
aux cinq inamovibles que compte encore
le Sénat qui concourront aux pro-'
chains tirages au sort.
Ce sont le Loir-et-Cher, la Haute-Loire,
le Loiret; Meurthe-et-Moselle et le Mor-
ibihan. Chacun "de1 ces départements a
encore, droit à. un sénateur.: Après quoi
tous les élus de la .haute «assemblée se
trouveront avoir la même origine, et la
réforme constitutionnelle qui pontait sur
la suppression" des inamovibles et qui fut
votée sous Jules Ferry, sera ainsi un fait
accompli.
Aide-toi.
̃ Voici, enfin, en attendant que les pou-
voirs publics puissent, dans la mesure
du possible, leur porter secours,' un pre-
mier remède, d'un effet immédiat et pra-
tique, que viennent de trouver les viti-
culteurs du Midi. L'un d'entre eux a de-
mandé aux organisateurs de la manifes-
tation de dimanche à Montpellier que la
caractéristique de cette manifestation,
qui s'annonce comme devant être très
imposante, fût qu' « à l'exclusion de toute
autre boisson » on ne consommât, diman-
che, à Montpellier que le vin pur et na-
turel. L'idée était judicieuse, et elle a été
aussitôt adoptée. "M. Marcelin Albert a
aussitôt télégraphié aux organisateurs
du- mouvement
Ceux d Argelliers verraient .avec plaisir les
manifestants consommer dans les établisse-
ments publics le vin naturel de notre vigne.
Cela serait pour tous d'un bon exemple.
Albert. r
Voilà, ce n'est pas douteux, de bonne
et utile propagande. La protestation n'en
acquiert que plus de force, puisque c'est
pour ce vin même qu'elle a lieu. Et dans
une certaine mesure, si faible qu'elle
soit, on atténue aussi l'étendue de la
crise. On est toujours mieux disposé en-
vers ceux qui essayent d'abord de se ti-
rer eux-mêmes d'affaire, et qui savent,
comme c'est le cas, appliquer la vieille
maxime « Aide-toi, le ciel t'aidera ».
Une cochère a déjà renoncé au fouet.
C'est Mme de Lutzen, comtesse de La
Guérinière, une des premières femmes
qui aient conduit un « char numéroté ».
La nouvelle est certaine, officielle.
Cette retraite a pour conséquence un
petit procès qui se plaide devant la jus-
tice de paix du dix-huitième arrondisse-
ment. 11 s'agit de savoir à qui appar-
tiennent la culotte cycliste et le paletot-
redingote qu'a offerts gratuitement un
tailleur pour les débuts de la cochère.
Celle-ci les réclame, le loueur prétend
les conserver. Salomon eût fort bien
jugé ce procès
-0-<:><>-0-
Cherchez la femme.
C'est un vieux policier qui professait
que, dans chaque crime, il fallait, avant
tout, commencer par chercher la femme.
On ne croyait pourtant pas que ce très
ancien et très philosophique adage pût
s'appliquer à des forfaits d'un certain
ordre, à des attentats anarchistes comme
celui qui se juge, en ce moment même,
à Madrid.
Il s'agit, on le sait, de la bombe lancée
par Moral et qui faillit coûter la vie au
roi et-à la reine d'Espagne le jour même
où se célébrait leur mariage. Le coupa-
ble s'est fait justice, et les juges n'ont
devant eux, aujourd'hui, qu'un certain
Ferrer, anarchiste avéré et ami intime
de Moral. Tellement intime, même
qu'un des témoins entendus au procès,
la senora Soledad Vill ifranca, maîtresse
dudit Ferrer, est venue déclarer que
Moral lui faisait la cour, et qu'elle avait
été obligée un jour de le rappeler sé-
vèrement aux devoirs de l'amitié.
D'où il faut conclure que le radieux
avenir que nous promettent les anar-
chistes ne différerait guère du pauvre
présent où nous vivons. Si, dans la so-
ciété future, dans la- cité idéale qu'ils
nous préparent, on doit voir encore des
citoyens faire la cour aux femmes de
leurs amis, il n'est vraiment pas besoin
.de feneer Mnt .de Jsomkespour m\&. C'est
une tradition vieille comme le monde;
et, en- France comme en Espagne, les
anarchistes se tromperaient fort s'ils
croyaient avoir, de ce côté-là, quoi que
ce soit à innover.
,¡.
Paris a en ce moment une merveil-
leuse, une incomparablecantatrice,Mme
Selma Kurz; et l'on a raison de dire
que, depuis la Patti, nul soprano ne nous
avait donné de plus fortes, de plus pro-
fondes émotions.
Elle a chanté hier au Trocadéro, à la
matinée de Lasalle, et là, de même qu'au
Figaro où elle nous procura l'inoubliable
joie de l'entendre la veille, cette artiste
extraordinaire sut déchaîner un indes-
criptible enthousiasme.
Sa voix si souple, si légère, si aé-
rienne, prodigieuse-dans les demi-tein-
tes, irréelle lorsqu'elle vocalise, sa voix
voluptueuse ,et caressante, qui tantôt
vibre comme une corde de violoncelle,
tantôt file des sons délicieux, lance des
notes piquées et détaille des. gammas
chromatiques et des arpèges avec la net-
teté, la douceur d'une flûte habile, sa
voix de cristal qui nuance et prolonge
des trilles penda.nt un temps invraisem-
blable, tient de l'enchantement et du
rêve. On songe, en l'écoutant, à ces ros-
signols qui, certains soirs de printemps,
éperdument, magnifiquement, chantent
leurs plus belles chansons d'amour, de
douleur et de joie
-o~-
Les poètes à l'Académie.
Deux nouvelles candidatures poéti-
ques au fauteuil de M. André Theuriet
sont officielles depuis hier celles de
MM. Jean Lahor et Jean Aicard.
Après ces deux lettres de candidature,
la compagnie a décerné pas mal de prix
Montyon, pour des ouvrages dits « utiles
aux mœurs ». Si nous nous conduisons
mal désormais Puis elle décerna d'au-
tres récompenses, inutiles aux mœurs
probablement, mais agréables sans doute
a plusieurs auteurs de livres variést.Aprti i
quoi, n'ayant pu consacrer une minutè
au dictionnaire de l'usage, elle se sépara.
Tous les délicats, tous'les gourmets
savent que, par son heureuse .composi-
tion, l'anisette Marie Brizard et Rocèr
agit favorablement sur l'estomac, tout en
lui conservant l'intégrité de ses fonc-
tions. Grâce au sucre qu'elle renferme
en grande quantité, l'emploi de cette ex-
cellente liqueur augmente les forces
physiques et retarde la fatigue. Addi-
tionnée d'eau frappée, l'anisette Marie
Brizard et Roger constitue la plus hygié-
nique, la plus rafraîchissante et la plua
agréable des boissons.
-0-<:><:>-0--
Les deux voitures Gobron-Brillié qui
doivent disputer prochainement la Coupe
de l'Empereur, au Taunus, ne seront
pas pilotées par les; coureurs habituels
,de,cette maison. Ces deux voitures, véri-
tables véhicules de tourisme, ont été
appréciées par deux sjportsmen bien
connus. L'une a été achetée par M. Fran-
çois Ferry, le jeune et riche Américain
qui courut déjà plusieurs épreuves de
vitesse et qui conduira lui-même au
Taunus.
L'autre appartient au comte I. de So-
banie Sobansky elle sera conduite par
lui-même ou par son mécanicien.
--o-<:x'>-o--
Demain, la galerie. Georges Petit s'ou-
vrira pour l'exposition particulière de la
collection Thirion. Cinquante numéros
en tout au catalogue, mais des numéros
triés sur le volet: des œuvres admirables
de Rubens, de Van Beyeren Gérard
Dou, de Troy, Van der Meer, J. et S.
Ruisdaël, Tocqué, Wouv>'erman Cha-
plin, ainsi que de belles tapisseries an-
ciennes. La vente aura lieu le 10 juin,
par le ministère de M" 'Paul Chevallier
et Lair-Dubreuil, assisté^ de MM. Jules
Féral et Mannheim, experts.
Dimanche, l'exposition sera publique.
--0-<:><>-0-
La collection Suminokura,ti%ansportée
dans les galeries Durand-Ruel, 16. rue
Laffitte, y sera visible jusqu'à dimanche
inclus, avant la vente qui aura lieu, par
les soins de M* Lair-Dubreuil. assisté de,
M. M *Bing, expert, du lundi 10 au sa-
medi 15 juin.
o– QO– o– ̃ ̃ ̃
Mardi, le duc d'Audiffret-Pasquier et
le comte de La Ferron.nays réunissaient
quelques amisau « Pavillon deBellevue »
en un élégant déjeuner, servi en face de
ce merveilleux panorama qui embrasse
Paris et la vallée de la Seine. Parmi les
convives
Marquis de Lévis-Mirepoix, vicomte de
Brimont, comte de Wignacourt, comte des
Cars, comte Henri de Monti, comte de Mous-
tier, P. de La Tour d'Auvergne, comte d'Au-
diffret-Pasquier, baron d'Entraigues, comte
Henri d'Yanville.
Sont descendus dans cet Hôtel
Mrs James C. King, Mrs Maud King, Mrs
A. S. Melvin, Mrs S. W. Robinson, Mrs A. S.
Melvin, docteur A. S. Melvin, miss C. Wood,
Mr et Mrs Thomas C. Wood, Mme Escalante
et famille, Mme Gautier, Mme Lorilla.
.o.ao.o--
C'est un grand avantage pour Lau-
sanne, en ce temps de triomphe pour la
villégiature, de pouvoir offrir aux visi-
teurs des établissements comme les Hô-
tels Richemont et Beausite, où tout est
combiné pour le plaisir des yeux et le
confort du séjour. Au dehors, une situa-
tion merveilleuse, des jardins divine-
ment exposés, toutes sortes de jeux; au
dedans, une hospitalité élégante, un
bien-être raisonné, des ressources infi-
nies que désirer de plus ?
-<.Jod:
Nouvelles à la Main
Au téléphone.
L'ABONNÉ, furieux. C'est insensé,
mademoiselle. Il y a une heure que je
vous sonne
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