Î4B m&ABQ MARDI 5 AVRÏL I9Ô4
ses concurrentes y ont répondu dune façon
satisfaisante.
En revanche, je lui annonce, à elle qui se
plaint des difficultés, qu'elle estla seule, jus-
qu'à présent, à avoir justement résolu la plus
difficile des trois questions. Que cela atténue
son découragement dont je serais désolée 1
• Claire de Chancenay.
BOITE AUX LETTRES
l'ai reçu plusieurs demandes de renseigne-
ments au sujet du chef de cuisine français dont
j'ai parle dans un de mes derniers numéros. Je
répondrai par lettres personnelles. Mais je
tiens à répéter qu'il ne s'agit pas ici d'un cui-
sinier ordinaire, comme il y en a tant. Celui
dont il est question est un de ces maîtres qui
deviennent de plus en plus rares, comme
Cubat,.le cuisinier actuel de l'empereur de
Russie, bu Casimir, l'ancien chef de la Maison
d'-On. C'est un- homme d'une quarantaine d'an-
nées, qui n'a servi que dans deux des premières
maisons de Paris et qui ferait le plus grand
honneunà lapersonne, amie de la vraie bonne
chère,: qui se l'attacherait, en France ou à
l'étranger.
Mme de St-C. à Paris. Avec le Duvet
de Ninon, la plus exquise, la plus diaphane et
la, plus adhérente des poudres de riz, qu'on
trouve à la parfumerie Ninon, 31, rue du
4-Septembre, demandez à la parfumerie Exoti-
que, 35, rue du 4-Septembre, la Pâte des Pré-
lats, merveilleux produit qui fait les mains
blanches, aristocratiques, exquises.– C. de C.
LE NOUVEAU PARIS
Lè.« Nouveau Paris » est une Société,
née d?hiei% qui n'a pas attendu longtemps
pour affirmer son existence et sa vitalité.
Il me;parait intéressant d'attirer l'atten-
tion du. grand public sur ce groupement
qui est appelé à jouer un rôle important
dans les- .futures transformations de
Paris.
Un certain nombre d'artistes, d'hom-
mes de lettres, d'architectes, d'ingénieurs
e.t, de, gens du. monde s'est proposé
Tétude, au point de vue parisien, des
problèmes variés et complexes que sou-
lève l'adaptation des grandes capitales à
la vie moderne.
Certaines villes ont pris, dans le der-
rnèrdémï-siëcle, un prodigieux dévelop-
pement. New- York, et Chicago en sont
des exemples dans l'Amérique du Nord.
Rien n'arrête la croissance de ces cités
monstres. Biles n'ont pas de passé qui les
gêné, pas de murailles qui les enserrent.
Chaque année des blocs nouveaux s'ajou-
tent à la.masse ancienne, et tandis que
leur périmètre s'étend indéfiniment,
les maisons et les monuments, comme
atteints d'une précoce caducité, tombent,
au cçeur de la ville, 'pour faire place à
des constructions géantes de vingt étages
et plus, qui, selon l'expression améri-
caine, vont « gratter les nuées ».
Ces villes, malgré les dépenses énor-
mes consacrées, comme à' Chicago, à
.des -travaux d'embellissement, sont aussi
tristes qu'elles sont immenses. La circu-
lation intense de leurs avenues et le
grouillement agité de leur population
les empêchent seuls de paraître mornes.
Il leur a manqué la main du temps et ce
sentiment, intime que le souvenir'donne
aua choses,. Elles n'ont, pas de pittores-
que, parce qu'elles n'ont pas d'histoire.
Il en va tout autrement de Paris. La
beauté de Paris est l'effet, non seulement
du goût artistique de ses habitants, mais
aussi do. quinze siècles d'histoire de
frraheci. Chaque génération a signalé son
passage par. une pierre marquée à l'em-
preinte de son génie. Depuis les arènes
dfc (a rue Monge et les thermes de l'em-
pereur Julien jusqu'aux grands ouvra-
ges métalliques contemporains, l'esprit
rJc chaque- époque a pris corps dans une
forme plastique. La civilisation gallo-
romaine, le moyen âge et la Renais-
sance, la Royauté et l'Empire, l'indus-
irialisme.. et ..l'éclectisme modernes ont
successivement ajouté leur œuvre à
̃l:œuvre des âges précédents.
M. de Selves a donc eu grandement
raison -de créer cette « Commission du
Vieux Paris », à qui il a confié la garde de
'noire admirable héritage du passé. On
médit quelquefois du Vieux Paris; on
devrait bien plutôt lui rendre la justice
qu'il mérite, pour les. très grands ser-
vices qu'il rend. Mais les hommes dis-
tingués qui lé composent, par une pente
bien naturelle, se, sont trouvés portés à
intervenir dans toutes les questions qui
intéressent la capitale. Ils se considèrent
un peu comme les conservateurs d'un
vaste musée qui serait Paris, et le res-
pectable souci de l'antiquité qui les anime
trouble quelquefois chez eux la vision
nette des exigences de l'avenir. Si le
Vieux Paris avaitexisté du tempsd'Hauss-
rnanni nous n'aurions pas encore une
ville moderne. S'il avait existé du temps
de Philippe-Auguste, nous serions au-
jourd'hui enfermés dans une triple en-
ceinte de murailles, et, pour les franchir,
Feuilleton du FIGARO du 5 Avril
̃
Sur la mort
d'un petit chien
̃ (Suite)
Sur la table éclatante reposent un
poulet. ,un lièvre, trois perdreaux, à
côté d'autres choses qu'on appelle des
fruits pêches melons raisins et
qui ne valent-rien. La cuisinière vide
un grand poisson d'argent et jette les
entrailles (au lieu de les offrir!).dans
la boite aux ordures. Ah la boite aux
ordures trésor inépuisable, réceptacle
dWbàines, joyau de la maison On
ctv aura sa part, exquise et subreptice,
mais il ne convient pas qu'on ait l'air de
savoir. où elle se trouve. Il est stricter
ment interdit d'y fouiller. L'homme dé-
fend ainsi maintes choses agréables, et
la vie serait morne et les jours seraient
vides s'il fallait obéir à tous les comman-
dements de l'office, de la cave et de la
salle à manger.Par bonheur il est distrait
et ne se souvient pas longtemps des or-
dres quïil prodigue. On le trompe aisé-
mont. On arrive à ses fins etil'on fait ce
qu'on veut, pourvu qu'avec patience on
sache attendre l'heure. On est soumis à
l'homme et il est le seul dieu; mais on
n"en a pas moins sa morale personnelle,
précise, imperturbable, qui proclame
Reprcductioi) çt traduction interdites.
il faudrait lever la herse et baisser le
pont-levis.
Sans doute, les amateurs de roman-
tisme ne s'en plaindraient pas. Mais une
grande cité, active et laborieuse, ne vit pas
de romantisme, non plus que d'archéo-
logie. Il faut à nos contemporains des
moyens de circulation rapide, 'une hy-
giène publique et privée de plus en plus
parfaite. Le travailleur, comme l'oisif,
demandent plus d'aisance; de confortable
et de luxei Et tout cela exige l'eau, l'air
et la lumière à profusion.
Lés grands services administratifs et
les assemblées municipales élues sont
chargés d'assurer, au mieux, la satis-
faction de ces besoins. Y réussissent-ils
toujours? Ce serait injustice pure de
contester les immenses progrès réalisés,
mais il serait non moins téméraire d'af-
firmer que rien ne laisse a désirer à cet
égard. L'administration, qui représente
l'esprit de suite et la tradition, n'a pas
les mains libres. Elle a aussi l'envers de
ses qualités et, si elle est toujours pru-
dente, elle ne se hâte jamais que lente-
ment. L'impulsion qui devrait lui venir
des assemblées lui fait trop souvent dé-
faut. Chaque conseiller municipal est
tellement pénétré des besoins particuliers
de son quartier, qu'il oublie les vues
d'ensemble. Il en résulte, dans l'assem-
blée tout entière, un manque d'orienta-
tion, une absence de conceptions larges
et d'idées générales, indispensables à la
transformation d'une ville moderne. C'est
ainsi qu'on éparpille en opérations mi-
nuscules des sommes considérables et
qu'on voit les emprunts se fondre en
poussière, pendant que les grands tra-
vaux restent en souffrance. Combien
d'années faudra-t-il avec un pareil; sys-
tème pour achever le boulevard Hauss-
mann et le boulevard Raspail, .la rue de
Rennes et la rue du Louvre?
Il ne faut donc pas trop attendre ni des,
administrateurs ni des conseillers muni-
cipaux pour réagir sûr l'opinion. La pro-
pagande nécessaire pour la ramener n'est
pas le rôle des premiers elle n'est guère
dans lesmovens des seconds. Pour attein-
dre le but, il faut une Société privée, ou-
verte à toutes les initiatives, composée
de l'élite intellectuelle de Paris, quipren-
drait à tâche de convertir tous ces égoïs-
mes locaux et de créer un puissant cou-
rant d'idées. C'est cette Société que se
propose d'être le « Nouveau Paris ,».'
Elle agirait par la presse, par, des
conférences, par voie de réunions et de
pétitions. Elle pourrait intervenir utile-
ment dans les élections, non pas en se
mêlant aux misérables querelles politi-
ques, qui n'ont rien à faire dans la bonne
administration d'une grande ville comme
Paris, mais en proposant à tous les can-
didats, sans distinction de parti, un pro-
gramme d'ensemble, à exécuter par éta-.
pes, et en ouvrant les yeux du corps
électoral sur ses véritables intérêts.
Une tâche pareille n'est pas au-dessus
de bonnes volontés désintéressées.- Elle
pourrait se résumer en deux mots hy-
giène et beauté.
A deux reprises on a tenté' de refaire
le plan d(3 Paris pour répondre aùx.ïdé.és
du moment ou aux besoins nouveaux.
Sous la Révolution, on a préparê.fépZa~
Sous la Révolution, on a préparé le plan
des artistes, qui semble avoir étë.trop ins-
piré par ledésir d'effacer le passé. Il se-
rait; curièu'x de le comparer -au plan
d'Hàussmann. L'illustre préfet,; àye;C une
conception plus haute, créa le Paris mo-
derne. Il nous resté à'achever son œuvre
encore incomplète et à préparer le Paris
du vingtième siècle, celui de l'électricité
et des transports rapides.. ̃
Notre capitale est à lafois uné=ville de
luxe et une ville laborieuse.'A l'une
comme à l'autre il faut lés larges voies,
appropriées' aux nouveaux moyens de e
locomotion là splendeur d'un éclairage
toujours plus intense, condition primor-
diale de sécurité publique; l'eau saine
répandue partoutà profusion et qu'on ait
le droit, presque le devoir, de gaspiller. Il
faut.les vastes espaces plantés, où le tra-
vailleur puisse respirer à l'aise après sa
journée finie, tandis que les vieilles ma-
sures des quartiers sombres, comme les
appelait Victor Hugo, feront peu à peu
place à dés maisons confortables. On a
raison de décerner des prix aux belles
façades, mais on devrait encore primer
les constructions nouvelles où des ap-
partements, petits et moyens, réuni-
raient le maximum d'hygiène pour un
minimum de loyer.
Cette transformation, qui se fera pro-
gressivement, exige deux conditions.
D'abord, on ne laissera point passer l'oc-
casion de conserver les espaces libres
qui existent. On ne commettra pas ce
crime de couvrir entièrement de mai-
sons de rapport certaines parties des
fortifications, quand elles seront démo-
lies. Ensuite on dressera un nouveau
plan d'alignements, auquel il faudra te-
nir sérieusement la main.
Pour cet ensemble grandiose, il faudra
chercher des combinaisons nouvelles
permettant de varier lés aspects et d'é-
hautement que les actes défendus de-
viennent très licites par le fait même
qu'ils s'accomplissent à l'insu du maitre.
C'est pourquoi fermons l'œil attentif qui i
a vu. Ayons l'air de dormir en rêvant à la
lune.-Tiens! on frappe doucement à la
fenêtre bleue qui donne sur le jardin.
Qu'est-ce donc? Rien, une branche
d'aubépine qui vient voir ce qu'on fait
dans la. cuisine fraîche- Les arbres
sont curieux et souvent agités; mais ils
ne comptent point, on n'a, rien à leur
dire, ils sont irresponsables, ils obéissent
au vent qui n'a pas de principes. Mais
quoi? J'entends des pas -7- Debout,
l'oreille au guet et le nez en action
Non c'est le boulanger qui s'approche
de la grille, tandis que le facteur ,ouvre
une petite porte dans lahâiç de tilleuls.
-Ils sont connus, c'est bien. Ils appor-
tent quelque chose, on peutjes saluer;
et la, queue, réservée) s'agite deux ou
trois fois, avec un sourire protecteur.
Autre alerte Qu'est-ce encore ? Une
voiture s'arrête devant le perron. Ah!
ceci est plus grave! Le problème est
complexe. II, importe avant tout de
copieusement injurier les chevaux, gran-
.des bêtes orgueilleuses qui ne répondent
pas. Cependant on^ examine du coin de
l'œil les personnages qui descendent.
Ils sont bien mis et semblent pleins d'as-
surance. Ils vont probablement s'asseoir
à.la table des dieux. Il convient d'aboyer
sans aigreur, avec une- n uançe de res-
pect, pour montrer que l'on fait son de-
voir, mais qu'on le fait avec intelligence.
Néanmoins, on "nourrit quelque>: arrière-
soupçon, et dans le dos des hôtes, à la
dérobée, on hume l'air avec persévérance
et d'.un air entendu-, afin de démêler les
intentions cachées.
Mais des pas clopinants sonnent au-
viter les monotonies rectilignes qui nui-
senttantàlaperspectivedeceptainesvilles
nouvelles. A côté de l'ensemble, chaque
détail, depuis le palais jusqu'au moindre
édicule, devra être étudié avec une préoc-
cupation de beauté. C'est ainBvcpie Paris
restera la ville de luxe qu'il est et qu'il
doit être, la ville enviée et désirée du
monde entier. • ¡
Si le « Nouveau Paris » peut, en vulga-
risant ces idées, qui: sont tes siennes,
aider à leur succès, et préparer teur réa-
lisation, il,aura collaboré, à une belle et
grande œuvre qui honorera notre époque.
̃' •' Félix Roussel.
JOURNAUX ET REVUES
*<"
̃' Verlaine
Pour qu'une plaque commémora-,
tivè fût apposée sur; la maison messine
oii Verlaine naquit, il :eut récemment
mille difficultés. A ce propos, en outre,
mille bêtises fureufcdjtes..
M. Lepelletier, qui connut et aima
Verlaine, met, dans. YEcho de Paris, les
choses au point. '•̃' ,'̃
On a dit que les objections étaient
venues des « cléricaux:». Or,- Verlaine a
terminé sa vie chrétiennement.
On a dit que les objections étaient ve-
nues des Français de Metz. Or, Verlaine
fut patriote et n'eut pour sa ville natale
que de bonnes paroles.
L'explication de l'ostracisme dont Paul-
Verlaine est l'objet dans lavilleoù le hasard
des garnisons le fit naître, mais qu'il aimait
profondément, est toute dans la virulence de
ses sentiments de Français..
« Je revendique d'autant plus ma qualité
de Lorrain et de Messin, que la Lorraine et
Metz sont plus malheureuses a-t-il écrit.
Etant à Londres, en-1872, il a fait sa décla-
ration d'option. J'ai noté plusieurs détails à
l'appui de l'amour-que Verlaine éprouvait;
après tant d'années d'éloigriement, pour'sa
ville natale, dans mon livre Aux Pays cou-
quis, qui vient de paraître, et je ne crains nul
démenti.
Pour M. Lepelletier, l'autorité alle-
mande- s'est vengée d'une Ode à Metz
que composa Verlaine en i892 et dont
voici le début ̃
Jo déteste l'artisterife
Qui se moque de la Patrie
Et du vieux grand nom de Français,
Et j'abomine l'anarchie..1.
Tous peuples frères -autant fdire
Plus de France, même martyre,
Plus de souvenirs, même amers!
0 Metz, mon berceau fatidique,
Metz violée et plus pudique,
Et plus pucelle que' jamaiè .••
Ô ville où riait mon enfance,
0 citadelle sans défense.
Patiente encore, bonne ville,
On pense à toi. ;i
Pauvre Lélian 1
M. Brûnetière
M. Périlhou, de la Petite Rè.publi-
qiïe, est allé prendre,des nouvelles de M.
Brunetière, que M. Georges Renard, dans
la Petite République,, attaqua,.
M. Brunetière va bien. Sa demeure est
« d'une élégance -sobre, traditionnelle et
môme un peu sévère «..Bref,. «on aurait
plaisir, dit M. Périlhou, à s'y installer ».
M. Brunetière est yvètu d'un tricot, d'un
veston d'intérieur, d'un gros foulard «à
ramages,». Tout de suite, spn interlocu-
teur a rimpr'essioir «-d'un excellent
homme' et d'un homme charmant ».
M. Brunetière- expose sa doctrine. Il
croit qu'eritrele socialisme: et le. catholi-
cisme il; n'y' a pas d'opposition, au
contraire». Il demande qulon; lui accorde
« le bénéfice' de la bonne; foi », il n'a,
dans cette affaire, aucun intérêt .d'au-
cune sorte. Il ne désire pas être ministre,
ni conseiller d'arrondissement. 11 a cin-
quante-cinq ans, et ce n'est point l'âge où
l'on devient ambitieux soudain, quand
on n'a jamais désiré qu'une chose tra-
vailler en paix. ̃ •;̃ ̃̃
Fut-il toujours. catholique?
J'ai été longtemps vis^ù-vis du catholi-
cisme 'dans un état d'indifférence sympathi-
que. comme jTaine avant d'avoir écrit son
dernier volume. Je suis allé au catholicisme,
parce que je vois précisément dans la religion
le seul fondement possible d'une morale so-
ciale. Et c'est parca qxie'Je suïs socialiste que
je suis catholique. Eu dehors d'une religion,
on peut établir des morales individuelles par-
fois très élevées comme celles d'Epictète, de
Marc-Aurèle et des Stoïciens, mais pas une
morale sociale. ;•
Du reste, M. Périlhou observant- que
le catholicisme est surtout une question
de foi », M. Brunetière lui l'épond « On
croit ce qu'on peut !.»
Ml Périlhou n'insiste, pas. Il lui plait
de ne pas considérer comme «très so-
lide » ce catholicisme de;M. Brunetière,
car,ce catholicisme ôte. M. Périlhou
aurait la joie d'être d'accord avec M. Bru-
netière complètement.
Gendarmerie,
#Un députe se plaignit à M. Maret
de ce « tempérament autoritaire ». qui
tour de la cuisine. Cette fois c'jjst le pau-
vre qui traîne sabesacf 1,'ennè'm'i essen-
tiel, l'ennemi héréditaire, le' descendant
•direct de, celui qui rôdait,aut,bur de la ca-
verne encombrée d'ossements qu'on re-
voit tout à coup dans la mémoire de la
race. Ivre d'indignation, l'aboi entre-
coupé, les dents m,uUipliées par la haine
et la rage, on va saisir auxgfègues l'irré-
conciliable adversaire,' lorsque la cuisi-
nière, armée de son bahij. sceptre ancil-
lairc et parjure, vient protéger le traître;
et l'on est obligé de'rentror.dans- sa niche,
où, l'œil rempli de flammes impuissan-
tes ettorves, oh gronde des ûialédictions
effroyables mais vaines, en songeant à
part "soi que c'est fa fin de tout et que
l'espèce humaine a perdu la notion du
juste et de l'injuste.
Est-ce tout? Pas encore, car la pi us
petite vie se compose* d'innombrables
devoirs, et c'est un long travail que de
s'organiser une pxistence .heureuse sur
la limite de deux mondes aussi diflerehts
que le monde des, b&tés. et le monde des
hommes. Comment' nous en tirerions-
nous s'il nous fallait' serv.ir, tout en res-
tant dans noire sphère, "une divinité non
plus, imaginaire .et, .semblable ̃. à nous-
mêmes puisqu'elle est née de nos pen-
sées, mais' un dieu liien "visible, toujours
présent, .toujours .actif. 'et aussi étranger,
aussi supérieur 'à "notre être que' nous le
sommes au. chien?
̃ À présent, pour en rqyenir à Pùllèas,
il sait à peu près ce qu'il faut faire et
comment se coriduire'dàns l'enceinte du
maître. Mais, le n)onde,n.c finit pas aux
portes des maisons ctde l'autre. côte des
murs et de la haie il va un univers dont
on n'a plus la gâfjle; pu l'on' n'est plus
chez soi; où les fëlà.Rotïs sont changées.
De quelle façon se tenir dans l{i rue, dans
lui gâte les socialistes. Ce sont des gens
avec lesquels il n'est pas facile de dis-
cuter.
Voyez-les écoutez-les. Volontiers, à la
Chambre; ils voteraient les lois, comme on
votait jadis la mort, sans phrases. « Aux
voix Ne répondez pas! La clôture ? » Ce
qu'ils veulent est bien voulu, et il le faut faire
sans réplique. Je ne parle pas des injures
dont ils couvrent leurs adversaires traîtres,
mufles, rebuts de l'humanité, sales, tout ce
qu'on voudra, car ce sont là ingrédients pour
la "salade uniquement destinés à lui donner
du goût.
M. Maret n'admire certes pas cette in-
tolérance. Mais il ne considère pas qu'elle
soit le fait des seuls socialistes. De «sim-
ples radicaux » sont dans le' même état
d'esprit.
Et les autres partis semblablement.
Le peuple français est un peuple qui a
plus de goût, dit M. Maret, pour l'op-
pression que pour la liberté. On croit,
en 'France, qu'on change de gouverne-
ment. On change l'étiquette de ce gou-
vernement, voilà tout; et c'est toujours
la gendarmerie.
Laïciser
On enlève les christs des prétoires.
C'est, dit la Lanterne, parfait! Mais il
faudrait, encore supprimer Dieu des arti-
cles 312 et 348 du Code d'instruction cri-
minelle;– c'est-à-dire l'expulser des for-
mules que lit le président des assises
aux jurés et le chef du jury dans sa ré-
ponse.
« Qu'est-ce que le nommé Dieu vient
faire là dedans? » s'écrie la nommée
Lanterne
Puis, elle, développe cette idée.
• s, Le Rappel est humilié quand il
constate' que les Tribunaux, les Cham-
bres et tout le reste prennent leurs va-
cances de-Pâques « suivant le bon plaisir
du calendrier romain ».
Obéira l'Eglise?.
• Le Rappel propose fièrement que les
vacances de Pâques soient désormais
fixées au lcr-i5 avril. Car, laïcisons nos
vacances!
André Beaunier.
Paris aa]oo* le }
LA JOURNÉE
Concours hippique Neuf heures et demie,
chevaux de selle (7e classe) midi et demi,
Primes d'appareillement (2« classe) trois
heures, prix Mornay (obstacles).
Les bibliothèques publiques Ce matin, à neuf
heures, réouverture de la salle de travail de
la Bibliothèque nationale, fermée depuis le
21 mars, et de la salle publique du même éta-
blissement. fermée depuis le 27 mars. (Les au-
tres bibliothèques de Paris resteront closes
aujourd'hui.)
Les congrès: Ouverture du congrès des So-
ciétés savantes, à la Sorbonne, grand amphi-
théâtre (deux heures). A la môme heure,
s'ouvrira, à. l'hémicycle de l'Ecole des beaux-
arts, le congrès des Sociétés des beaux-arts,
SO.US la présidence de M. Henry Havard, ins-
pecteur général des beaux-arts. (Ces congrès
dureront jusqu'au 9 avril). Ouverture du
congrès de la Ligue contre la misère _.(huit
heures et demie du soir, pendant trois jours,.
mairie Drouot).
Les prix-de Rome Deuxième essai du con-
cours de peinture, dit de figure peinte (y pren-
dront part quarante concurrents, dont Mlles
Simonet et Rondenay, admises au 1" essai).
Au Petit Palais -Exposition internationale
rétrospective et contemporaine de l'eau-forte,
organisée par le syndicat de hvPresse artis-
tique. ;• -̃̃ •̃' ̃'̃' ̃̃̃
'Obsèques: M. Paul Aumont (Saint-Augus
tin inhumation à Chantilly). M. Paul
Martha (midi, Saint-François-de-Sales mai-
son mortuaire, 7, rue Legcndre inhumation
en province).•
Concours: Certificat d'aptitude à l'enseigne-
ment du dessin dans les lycées et collèges,
̃1er degré. Ouverture des inscriptions pour
le concours d'admission à trente emplois
d'expéditionnaire la préfecture de la Seine
(jusqu'au 16 avril, Hôtel do Ville).
Mémento du rentier: Ce matin, dix heures,
rue La Fontaine, 9, tirage de l'emprunt muni-
cipal 189i-9G (avec 161,500 fr. de lots). Au-
tres tirages Communales 1879 (avec 200,000
francs de lots), 1880 (mêmes lots), 1891
(135,000 fr.) et 1899 (175,000 francs).
Le legs Batifol Dernier jour pour s'inscrire
en vue du legs de 15,000 francs destiné à une
Parisienne méritante, capable, célibataire, à
laquelle il ne manquerait pour s'établir que
l'argent nécessaire.
Conférences M. H: Duchmann « Zola fé-
ministe, l'Assommoir » (huit heures et demie
du soir, 157, faubourg Saint- Antoine).
INFORMATIONS
Une Exposition. ̃ Bazau, 101, ruo des
Petits-Champs, expose en ce moment ses
modèles exécutés. :i des prix très modérés:
ravissantes robes de voile, doublées de soie,
à 250 francs costume tailleur à .150 francs,
sur mesure.
les champs, sur le marché, dans les bou-
tiques ? A la suite d'observations diffici-
les et délicates, il comprend qu'il sied de
ne pas s'occuper des passants, de ne pas
obéir aux appels étrangers, d'ète poli
avec indifférence envers les inconnus
qui vous caressent. 11 faut ensuite acconv
plir consciencieusement certains devoirs
de mystérieuse courtoisie envers ses frè-
res les autres chiens, respecter les poules
et les canards, n'avoir pas l'air de remar-
quer les gâteaux du pâtissier qui se pré-
lassent insolemment à portée de la lan-
gue, témoigner aux chats qui, sur le seuil
des portes, vous provoquent par d'affreu-
ses, grimaces un mépris silencieux mais
qui se souviendra, et ne pas oublier qu'il
est licite et même louable de poursuivre
et d'étrangler les souris, les rats, les la-
pins sauvages et généralement tous les
animaux (on doit le reconnaître à des
marques secrètes) qui n'ont pas encore
fait leur paix avec l'homme.
Tout cela et tant d'autres choses!
Etait-il étonnant que Pelléas parût sou-
vent pensif en face de ces problèmes sans
nombre, et que son humble et doux re-
gard fut parfois si profond et si grave, si
chance de soucis et si plein de questions
illisibles ?-
Hélas il n'a pas eu le temps d'achever
la lourde et. longue tâche que la nature
impose à l'instinct, qui s'élève pour se
rapprocher d'une région plus claire.
Un mal assez mystérieux et qui semble
spécialement 'punir le seul animal qui
parvienne a sortir du cercle où il est né,
un mal indéfini qui emporte par. centai-
nes les petits chiens intelligents, est venu
mettre fin aux destinées et àTédueatiOn
heureuse de Pelléas: Et maintenant tant
d'efforts vers un peu plus de lumière,
tant d'ardeur à aimer, de courage com-
Nouvelles Diverses
A PARIS
GRANDEUR ET DÉCADENCE
On a trouvé hier, morte d'épuisement causé
par les privations et la misère; dans la pe-
tite chambre qu'elle occupait, 36, rue Tho-
lozé une dame Julie Marchand, âgée de
soixante-quatre ans.
D'après ce qu'on raconte, cette pauvre
femme aurait connu jadis la richesse. Elle
serait la fille d'un colonel, ancien aide de
camp du roi Louis-Philippe. Comment en était-
elle arrivée à mourir presque de faim? On
l'ignore. Peut-être y a-t-il là un drame qui
serait intéressant à connaitre et à raconter.
UN AMATEUR D'OBJETS D'ART
Sur mandat de M. Bouissou; juge d'instruc-
tion, le service de la Sûreté a arrêté hier un
sieur Moral, se, faisant, aussi appeler Mon-
tault, de Menouvilleet Flachon.
Morelqui, sous ses' différents pseudonymes,
avait été rédacteur à la Délivrance et au Fu-
reteur, est inculpé d'abus de confiance. D'a-
près les plaintes portées contre lui, il se fai-
sait livrer à condition des objets d'art par les
marchands d'antiquités et il les revendait à
son profit: Il est sous le coup d'une condam-
nation à huit mois de prison, prononcée par
défaut contre lui par le Tribunal,de la Semé.
*+*
MACABRE DÉCOUVERTE
En procédant à la réfection d'un égout, rue
de Palestro, à la hauteur du no 24, des ou-
vriers ont mis à découvert des ossements hu-
mains auxquels adhéraient encore des lam-
beaux d'étoffe.
Ces ossements proviennent de l'ancien ci-
metière des Fillcs-Saint-Thomas qui se trou-
vait à cet endroit et qui a été désaffecté lors
du percement de cette rue. M. Diiponnois,
commissaire de police, les a fait porter aux
catacombes.
--».
LES NUANCES NOUVELLES
La mode est aux étoffes claires, dont les
délicates nuances s'harmonisent si bien avec
lé soleil.
Que ce soit pour complet ou pardessus,
c'est dans la gamme des gris qu'il faut choi-
sir, soît en rayure soit en carreau.
N'hésitez pas à aller faire votre commande
chez Crémieux, 97, rue Richelieu c'est le
seul qui pour 55 francs fait sur mesure le
complet, ou le pardessus,choisi dans les étoffes
les plus nouvelles dont il a l'exclusivité, et
qu'il offre même dans sa série de réclame.
EMPOISONNEMENT ACCIDENTEL
Les familles Mourtier, Moulin et Sergent,
comprenant dix personnes, demeurant, 14,
rue de la Glacière, à Gentilly, ont été victi-
mes hier d'un commencement d'empoisonne-
ment. On a pu heureusement leur donner à
temps les soins nécessaires.
Les trois familles avaient mangé ensemble
un ragoût de veau accommodé avec des pois
de conserve. On a saisi les restes du repas
afin de déterminer si l'empoisonnement a été
causé par la mauvaise qualité de la viande
ou par celle des pois qui étaient dans une
boite déjà ancienne.
INCENDIE
Un incendie, qui aurait pu avoir de terri-
bles conséquences, s'est déclaré hier soir, à
dix heures, 37, rue de Clignancourt.
Six locataires qui ne pouvaient descendre
un escalier envahi par les flammes ont été
sauvés par les pompiers.
Le feu a été éteint au bout d'une demi-
heurfrd'éfforts..
̃“̃̃̃ ̃ ̃ v ̃ ̃' ..• •̃ ̃
LA. FUHEUH D UNE MERE
Les époux Goby, demeurant boulevard
Voltaire, avaient divorcé, et la garde des en-
fants, âgés do! douze et treize, ans, avait été
confiée au père..•.•
Hier, comme il les promenait sur le bou-
levard Voltaire, sa femme s'approcha et de-
manda à les embrasser. M. Goby s'y opposa.
Furieuse alors, elle bondit sur lui, lui dé-
chira le visage à coups d'ongle. et lui asséna
un coup de parapluie si violent qu'il eut l'œil
droit presque sorti de l'orbite.
Le blessé a été conduit à l'hôpital Saint-
Antoine. Mme Goby a été arrêtée.
Jean de Paris.
Mémento.- Le pompier Camille Girard, de
la caserne de Grenelle, a arrêté hier, au péril de
sa vie, un cheval emballé sur la place du Troca-
déro. Il a été acclamé par la foule.
On a cambriolé hier plusieurs logements aux
étajrés supérieurs, 133, rue de Sèvres, et 53, rue
du Cherche-Midi.
J. de P.
DANS LES DÉPARTEMENTS
ET wA. X.'fiTR.A.IsrGKER
APPAREILLAGE POUR BARCELONE
»«™« Toulon. La deuxième division de
l'escadre do la Méditerranée, composée des
cuirassés Bouvet, léna et Saint-Louis, du croi-
seur Linois et des contre-torpilleurs Sarba-
cane et Carabine, a appareillé pour Barce-
lone.
INAUGURATION D'UN MONUMENT
^«mvw» Vichy. Au banquet (1,000 convi-
ves) qui a précédé l'inauguration du monu-
ment de la République, M. Fort, chef du ca-
binet du ministre do l'intérieur, a exposé sous
de riantes couleurs la politique de M. Com-
prendre, tant de joie affectueuse et de
caresses innocentes, tant de bons regards
dévoués qui se tournaient vers l'homme
pour demander son aide contre la mort
injuste, tant de frêles lueurs qui venaient
de l'abime profond d'un monde qui n'est
plus le nôtre, tant de petites habitudes
presque humaines reposent tristement
sous un sureau fleuri et dans la froide
terre, en un coin du jardin
'̃
L'homme aime le chien, mais combien
il devrait l'aimer davantage s'il considé-
rait, dans l'ensemble inflexible des lois
de la nature, l'exception unique qu'est
cet amour d'un, être qui parvient à per-
cer, pour se rapprocher de nous, les cloi-
sons, partout ailleurs imperméables, qui
séparent les espèces. Nous sommes seuls,
absolument seuls sur cette planète de ha-
sard, et parmi toutes les formes de la vie
qui nous entourent pas une, hors le
chien, n'a fait alliance avec nous. Quel-
ques êtres nous craignent, la plupart
nous ignorent, et aucun ne nous aime.
Nous avons, dans le monde des plantes,
des esclaves muettes et immobiles, mais
elles nous servent malgré elles. Elles su-
bissent simplement nos lois et notre
joug.Ce sont des prisonnières impuis-
santes, des victimes incapables de fuir
mais silencieusement rebelles, et silùtque
nous les.perdons de vue elles s'empres-
sent de nous trahir et retournent à leur
liberté sauvage et malfaisante- d'autre-
fois. S'ils avaient des ailes, la rosc et le
blé fuiraient à, notre approche comme
nous fuient les oiseaux. Parmi les ani-
maux nous, comptons quelques servi-
teurs qui ne se sont soumis que par in-
bes et bu à la République, à M. Loubet, à Vi--
chy et à M. Lasteyras, maire de Vichy. Au
sujet de M. Lasteyras, il dit
Je regrette de n'avoir pas les pouvoirs nécos-
saires pour lui remettre la juste récompense, à.
laquelle nous pensons tous, des services qu'il a,
rendus à la chose publique.
A l'inauguration, discoururent MM. Las-
teyras, Gacon, sénateur, et le général G-irar-
del. Celui-ci a exprimé les regrets que cause
l'absence du général André malade, analysé
l'œuvre militaire de la République troisième,
célébré les combattants de 70-71. Il est reparti
pour Clermont-Ferrand, à quatre heures, salué
par la foule. Hier, MM. Alfred Nury, secré-
taire général de la Fédération dés syndicats
des maçons de France, et Auguste Jay avaient
été arrêtés pour avoir manifesté contre lui au
moment où il rentrait à l'hôtel.
Il avait plu dans la journée. Mais ce soir., le
temps est à souhait. Les illuminations sont
fort admirées; de fait, leur polychromie et
leur arabesque s'agencent selon une fantaisie
singulièrement ingénieuse et décorative;
M. LOUBET CHEZ LUI
«»*»**»* Montélimar. Le Président est ar-
rivé ici à sept heures du matin avec Mme
Loubet et MM. Combarieu, le commandant
Huguet, Paul Loubet et Emile Loubet.; Il est
parti pour Mazenc à deux heures. •
La Béqude de Mazenc. Vers trois
heures, le Président, Mme Loubet et leurs
fils arrivaient au château, où flotte, sur la
tourelle sud-ouest, le drapeau tricolore. M.
Loubet a fait, aussitôt après son arrivée, une
promenade à pied dans les environs. La
maire, M. Paradis, est venu ce soir le saluer.
LE DÉJEUNER DE LA REINE
«*~w>~>, Biskra. Le bach-aga Ben' Gana a a
offert ce matin à la reine Ranayalo-et à sa
suite un grand déjeuner composé des mets
les plus caractéristiques de la cuisine arabe.
Sa Majesté sembla prendre plaisir à ces suc-
culences, surtout aux gâteaux et aux sucre-
ries.
Sont arrivés à Biskra ni. J. Herbert John-
ston et sa famille M. Ternaux, d'Alger M.
Robert Warschayer, banquier à Berlin lo
docteur Bajdeker, le professeur Wcstphaf,
de la faculté de Berlin.
> • DEUX. CONGRÈS .•̃
̃v» Nice. Aujourd'hui à cinq heures,
a été inauguré le Congrès de climatothérapie
et d'hygiène urbaine, sous la présidence
effective du docteur Chantemesse et la; pré-
sidence honoraire de S. A; S. le prince do
Monaco. Cinq cents médecins français ou
étrangers étaient présents M. Randon,
premier adjoint, souhaita la bienvenue aux
congressistes. M. Chantemesse traita des
radiations solaires. Il y eut d'autres dis-
cours encore fort applaudis. Enfin le prince
de Monaco prononça une allocution char-
mante, où il se dit heureux de se trouver au
milieu de tant de savants et do se considérer
comme leur confrère.
• Tunis. Le Congrès des sociétés" de
géographie s'est ouvert ce matin par deux
discours dont les extraits que voici indiquent
le ton
La géographie et la colonisation étant étroite-
ment associées, a dit le délégué à la Résidence,
nous comprendrons, en interrogeant ce, sol, le
caractère. les mœurs et les tendances des habi-
tant bien plus, nous pourrons déchiiïer l'énigme
des réactions que 'ce milieu exercera sur les gé-
nérations futures. ̃ • ̃
Et le résident général
Nous devons à nos populations' d'Afrique le
bien-être, le respect de leurs traditions, la liberté
do leurs coutumes, une éducation appropriée à
leurs besoins, l'assistance dans la maladie. ou la
misère, la justice et la bonté..En un nioty-la
conquête morale: doit; roûiplacer la j conque ta
guerrière et faire aimer au peuple africain; les
principes de notre patrie.
Ce soir un banquet, a réuni de nouveau les
quelque trois cents congressistes.
TREMBLEMENTS DE TERRE V y
«««« Sofia. Trois fortes secousses ont
été ressenties entre midi et midi et demi.
Belgrade.– Le sol a tremblé, faible-
ment, vors midi. ̃ ̃
Argus.-
AVIS DIVERS
NE DEMANDEZ la Véritable Eau de Ninon,
contre les rides, qu'à la,Par/ï><> Ninon, rue
du 4-Sep1)rc,31,en exigeant ces mots Véritable
Eau de Ninon, avec l'adresse sur l'étiquette.
IDÉALE LOTION POUR LA CHEVELURE.
.Maison Broux, 10, rue St-Florentin, Paris.
COURRIER ÏMÉATRES
Ce soir:
A la Comédie-Française, à 8 heures, Grin-
goire, les Demoiselles de Sainl-Cyr. •
A l'Opôra-Coniique. à 8 heures, Carmen.
A TOdéon, à 8 h. 1/2, l'Absent, pièce en
quatres actes de M. Georges Mitchell, musi-
que de M. Fer n and Le Borne.
Interprètes Janvier, Dorival, Corna-
glia, Daumerie, Violet, Debosj Mme Tes-
sandier, Sylvie, Dehon, Marcilly,' ̃ DUfàn,
Doll, etc.
[ Aux Variétés, à 8 heures, la Boule, co-
différence, par lâcheté ou par stupidité
le cheval incertain et poltron qui n'obéit
qu'à la douleur et ne s'attache à rien,
l'âne passif et morne qui ne reste près de
nous que parce qu'il ne sait que faire ni
où aller, mais garde cependant, sous la
trique ou le bât, son idée de derrière les
oreilles; la vache et le bœuf, heureux
pourvu qu'ils mangent et dociles parce
que depuis des siècles ils n'ont plus une
pensée à eux; le mouton ahuri qui n'a
d'autre maître que l'épouvante; la poule
fidèle à la basse-cour parce qu'on y
trouve plus de maïs et de froment que
dans la forêt prochaine. Je ne parte pas
du chat pour qui nous ne sommes qu'une
proie trop grosse et immangeable-, du
chat féroce dont t l'oblique dédain .ne
nous tolère que comme des parasites en-
combrants dans notre propre logis. Lui
du moins nous maudit dans son: coeur
mystérieux; mais tous les autres vivent
près de nous comme ils vivraient près
d'un rocher ou près d'un arbre. Ils ne
nous aiment pas, ne nous connaissent
pas, nous remarquent à peine. Ils igno-
rent notre vie, notre mort, notre départ,
notre retour, notre tristesse, notre joie,
notre sourire: Ils n'entendent même pas
le son de notre voix dès qu'elle ne me-
nace plus, et quand ils nous regardent,
c'est avec l'effarement méfiantdu cheval,
dans l'œil duquel passe encore l'affole-
ment de l'élan ou de la gazelle qui nous
voit pour la première fois, ou avec la
morne stupeur des ruminants qui ne
nous considèrent que comme un accci-
dent momentaué et inutile de l'herbage.
Maurice Maeterlinck.
(La fin à demain. J
ses concurrentes y ont répondu dune façon
satisfaisante.
En revanche, je lui annonce, à elle qui se
plaint des difficultés, qu'elle estla seule, jus-
qu'à présent, à avoir justement résolu la plus
difficile des trois questions. Que cela atténue
son découragement dont je serais désolée 1
• Claire de Chancenay.
BOITE AUX LETTRES
l'ai reçu plusieurs demandes de renseigne-
ments au sujet du chef de cuisine français dont
j'ai parle dans un de mes derniers numéros. Je
répondrai par lettres personnelles. Mais je
tiens à répéter qu'il ne s'agit pas ici d'un cui-
sinier ordinaire, comme il y en a tant. Celui
dont il est question est un de ces maîtres qui
deviennent de plus en plus rares, comme
Cubat,.le cuisinier actuel de l'empereur de
Russie, bu Casimir, l'ancien chef de la Maison
d'-On. C'est un- homme d'une quarantaine d'an-
nées, qui n'a servi que dans deux des premières
maisons de Paris et qui ferait le plus grand
honneunà lapersonne, amie de la vraie bonne
chère,: qui se l'attacherait, en France ou à
l'étranger.
Mme de St-C. à Paris. Avec le Duvet
de Ninon, la plus exquise, la plus diaphane et
la, plus adhérente des poudres de riz, qu'on
trouve à la parfumerie Ninon, 31, rue du
4-Septembre, demandez à la parfumerie Exoti-
que, 35, rue du 4-Septembre, la Pâte des Pré-
lats, merveilleux produit qui fait les mains
blanches, aristocratiques, exquises.– C. de C.
LE NOUVEAU PARIS
Lè.« Nouveau Paris » est une Société,
née d?hiei% qui n'a pas attendu longtemps
pour affirmer son existence et sa vitalité.
Il me;parait intéressant d'attirer l'atten-
tion du. grand public sur ce groupement
qui est appelé à jouer un rôle important
dans les- .futures transformations de
Paris.
Un certain nombre d'artistes, d'hom-
mes de lettres, d'architectes, d'ingénieurs
e.t, de, gens du. monde s'est proposé
Tétude, au point de vue parisien, des
problèmes variés et complexes que sou-
lève l'adaptation des grandes capitales à
la vie moderne.
Certaines villes ont pris, dans le der-
rnèrdémï-siëcle, un prodigieux dévelop-
pement. New- York, et Chicago en sont
des exemples dans l'Amérique du Nord.
Rien n'arrête la croissance de ces cités
monstres. Biles n'ont pas de passé qui les
gêné, pas de murailles qui les enserrent.
Chaque année des blocs nouveaux s'ajou-
tent à la.masse ancienne, et tandis que
leur périmètre s'étend indéfiniment,
les maisons et les monuments, comme
atteints d'une précoce caducité, tombent,
au cçeur de la ville, 'pour faire place à
des constructions géantes de vingt étages
et plus, qui, selon l'expression améri-
caine, vont « gratter les nuées ».
Ces villes, malgré les dépenses énor-
mes consacrées, comme à' Chicago, à
.des -travaux d'embellissement, sont aussi
tristes qu'elles sont immenses. La circu-
lation intense de leurs avenues et le
grouillement agité de leur population
les empêchent seuls de paraître mornes.
Il leur a manqué la main du temps et ce
sentiment, intime que le souvenir'donne
aua choses,. Elles n'ont, pas de pittores-
que, parce qu'elles n'ont pas d'histoire.
Il en va tout autrement de Paris. La
beauté de Paris est l'effet, non seulement
du goût artistique de ses habitants, mais
aussi do. quinze siècles d'histoire de
frraheci. Chaque génération a signalé son
passage par. une pierre marquée à l'em-
preinte de son génie. Depuis les arènes
dfc (a rue Monge et les thermes de l'em-
pereur Julien jusqu'aux grands ouvra-
ges métalliques contemporains, l'esprit
rJc chaque- époque a pris corps dans une
forme plastique. La civilisation gallo-
romaine, le moyen âge et la Renais-
sance, la Royauté et l'Empire, l'indus-
irialisme.. et ..l'éclectisme modernes ont
successivement ajouté leur œuvre à
̃l:œuvre des âges précédents.
M. de Selves a donc eu grandement
raison -de créer cette « Commission du
Vieux Paris », à qui il a confié la garde de
'noire admirable héritage du passé. On
médit quelquefois du Vieux Paris; on
devrait bien plutôt lui rendre la justice
qu'il mérite, pour les. très grands ser-
vices qu'il rend. Mais les hommes dis-
tingués qui lé composent, par une pente
bien naturelle, se, sont trouvés portés à
intervenir dans toutes les questions qui
intéressent la capitale. Ils se considèrent
un peu comme les conservateurs d'un
vaste musée qui serait Paris, et le res-
pectable souci de l'antiquité qui les anime
trouble quelquefois chez eux la vision
nette des exigences de l'avenir. Si le
Vieux Paris avaitexisté du tempsd'Hauss-
rnanni nous n'aurions pas encore une
ville moderne. S'il avait existé du temps
de Philippe-Auguste, nous serions au-
jourd'hui enfermés dans une triple en-
ceinte de murailles, et, pour les franchir,
Feuilleton du FIGARO du 5 Avril
̃
Sur la mort
d'un petit chien
̃ (Suite)
Sur la table éclatante reposent un
poulet. ,un lièvre, trois perdreaux, à
côté d'autres choses qu'on appelle des
fruits pêches melons raisins et
qui ne valent-rien. La cuisinière vide
un grand poisson d'argent et jette les
entrailles (au lieu de les offrir!).dans
la boite aux ordures. Ah la boite aux
ordures trésor inépuisable, réceptacle
dWbàines, joyau de la maison On
ctv aura sa part, exquise et subreptice,
mais il ne convient pas qu'on ait l'air de
savoir. où elle se trouve. Il est stricter
ment interdit d'y fouiller. L'homme dé-
fend ainsi maintes choses agréables, et
la vie serait morne et les jours seraient
vides s'il fallait obéir à tous les comman-
dements de l'office, de la cave et de la
salle à manger.Par bonheur il est distrait
et ne se souvient pas longtemps des or-
dres quïil prodigue. On le trompe aisé-
mont. On arrive à ses fins etil'on fait ce
qu'on veut, pourvu qu'avec patience on
sache attendre l'heure. On est soumis à
l'homme et il est le seul dieu; mais on
n"en a pas moins sa morale personnelle,
précise, imperturbable, qui proclame
Reprcductioi) çt traduction interdites.
il faudrait lever la herse et baisser le
pont-levis.
Sans doute, les amateurs de roman-
tisme ne s'en plaindraient pas. Mais une
grande cité, active et laborieuse, ne vit pas
de romantisme, non plus que d'archéo-
logie. Il faut à nos contemporains des
moyens de circulation rapide, 'une hy-
giène publique et privée de plus en plus
parfaite. Le travailleur, comme l'oisif,
demandent plus d'aisance; de confortable
et de luxei Et tout cela exige l'eau, l'air
et la lumière à profusion.
Lés grands services administratifs et
les assemblées municipales élues sont
chargés d'assurer, au mieux, la satis-
faction de ces besoins. Y réussissent-ils
toujours? Ce serait injustice pure de
contester les immenses progrès réalisés,
mais il serait non moins téméraire d'af-
firmer que rien ne laisse a désirer à cet
égard. L'administration, qui représente
l'esprit de suite et la tradition, n'a pas
les mains libres. Elle a aussi l'envers de
ses qualités et, si elle est toujours pru-
dente, elle ne se hâte jamais que lente-
ment. L'impulsion qui devrait lui venir
des assemblées lui fait trop souvent dé-
faut. Chaque conseiller municipal est
tellement pénétré des besoins particuliers
de son quartier, qu'il oublie les vues
d'ensemble. Il en résulte, dans l'assem-
blée tout entière, un manque d'orienta-
tion, une absence de conceptions larges
et d'idées générales, indispensables à la
transformation d'une ville moderne. C'est
ainsi qu'on éparpille en opérations mi-
nuscules des sommes considérables et
qu'on voit les emprunts se fondre en
poussière, pendant que les grands tra-
vaux restent en souffrance. Combien
d'années faudra-t-il avec un pareil; sys-
tème pour achever le boulevard Hauss-
mann et le boulevard Raspail, .la rue de
Rennes et la rue du Louvre?
Il ne faut donc pas trop attendre ni des,
administrateurs ni des conseillers muni-
cipaux pour réagir sûr l'opinion. La pro-
pagande nécessaire pour la ramener n'est
pas le rôle des premiers elle n'est guère
dans lesmovens des seconds. Pour attein-
dre le but, il faut une Société privée, ou-
verte à toutes les initiatives, composée
de l'élite intellectuelle de Paris, quipren-
drait à tâche de convertir tous ces égoïs-
mes locaux et de créer un puissant cou-
rant d'idées. C'est cette Société que se
propose d'être le « Nouveau Paris ,».'
Elle agirait par la presse, par, des
conférences, par voie de réunions et de
pétitions. Elle pourrait intervenir utile-
ment dans les élections, non pas en se
mêlant aux misérables querelles politi-
ques, qui n'ont rien à faire dans la bonne
administration d'une grande ville comme
Paris, mais en proposant à tous les can-
didats, sans distinction de parti, un pro-
gramme d'ensemble, à exécuter par éta-.
pes, et en ouvrant les yeux du corps
électoral sur ses véritables intérêts.
Une tâche pareille n'est pas au-dessus
de bonnes volontés désintéressées.- Elle
pourrait se résumer en deux mots hy-
giène et beauté.
A deux reprises on a tenté' de refaire
le plan d(3 Paris pour répondre aùx.ïdé.és
du moment ou aux besoins nouveaux.
Sous la Révolution, on a préparê.fépZa~
Sous la Révolution, on a préparé le plan
des artistes, qui semble avoir étë.trop ins-
piré par ledésir d'effacer le passé. Il se-
rait; curièu'x de le comparer -au plan
d'Hàussmann. L'illustre préfet,; àye;C une
conception plus haute, créa le Paris mo-
derne. Il nous resté à'achever son œuvre
encore incomplète et à préparer le Paris
du vingtième siècle, celui de l'électricité
et des transports rapides.. ̃
Notre capitale est à lafois uné=ville de
luxe et une ville laborieuse.'A l'une
comme à l'autre il faut lés larges voies,
appropriées' aux nouveaux moyens de e
locomotion là splendeur d'un éclairage
toujours plus intense, condition primor-
diale de sécurité publique; l'eau saine
répandue partoutà profusion et qu'on ait
le droit, presque le devoir, de gaspiller. Il
faut.les vastes espaces plantés, où le tra-
vailleur puisse respirer à l'aise après sa
journée finie, tandis que les vieilles ma-
sures des quartiers sombres, comme les
appelait Victor Hugo, feront peu à peu
place à dés maisons confortables. On a
raison de décerner des prix aux belles
façades, mais on devrait encore primer
les constructions nouvelles où des ap-
partements, petits et moyens, réuni-
raient le maximum d'hygiène pour un
minimum de loyer.
Cette transformation, qui se fera pro-
gressivement, exige deux conditions.
D'abord, on ne laissera point passer l'oc-
casion de conserver les espaces libres
qui existent. On ne commettra pas ce
crime de couvrir entièrement de mai-
sons de rapport certaines parties des
fortifications, quand elles seront démo-
lies. Ensuite on dressera un nouveau
plan d'alignements, auquel il faudra te-
nir sérieusement la main.
Pour cet ensemble grandiose, il faudra
chercher des combinaisons nouvelles
permettant de varier lés aspects et d'é-
hautement que les actes défendus de-
viennent très licites par le fait même
qu'ils s'accomplissent à l'insu du maitre.
C'est pourquoi fermons l'œil attentif qui i
a vu. Ayons l'air de dormir en rêvant à la
lune.-Tiens! on frappe doucement à la
fenêtre bleue qui donne sur le jardin.
Qu'est-ce donc? Rien, une branche
d'aubépine qui vient voir ce qu'on fait
dans la. cuisine fraîche- Les arbres
sont curieux et souvent agités; mais ils
ne comptent point, on n'a, rien à leur
dire, ils sont irresponsables, ils obéissent
au vent qui n'a pas de principes. Mais
quoi? J'entends des pas -7- Debout,
l'oreille au guet et le nez en action
Non c'est le boulanger qui s'approche
de la grille, tandis que le facteur ,ouvre
une petite porte dans lahâiç de tilleuls.
-Ils sont connus, c'est bien. Ils appor-
tent quelque chose, on peutjes saluer;
et la, queue, réservée) s'agite deux ou
trois fois, avec un sourire protecteur.
Autre alerte Qu'est-ce encore ? Une
voiture s'arrête devant le perron. Ah!
ceci est plus grave! Le problème est
complexe. II, importe avant tout de
copieusement injurier les chevaux, gran-
.des bêtes orgueilleuses qui ne répondent
pas. Cependant on^ examine du coin de
l'œil les personnages qui descendent.
Ils sont bien mis et semblent pleins d'as-
surance. Ils vont probablement s'asseoir
à.la table des dieux. Il convient d'aboyer
sans aigreur, avec une- n uançe de res-
pect, pour montrer que l'on fait son de-
voir, mais qu'on le fait avec intelligence.
Néanmoins, on "nourrit quelque>: arrière-
soupçon, et dans le dos des hôtes, à la
dérobée, on hume l'air avec persévérance
et d'.un air entendu-, afin de démêler les
intentions cachées.
Mais des pas clopinants sonnent au-
viter les monotonies rectilignes qui nui-
senttantàlaperspectivedeceptainesvilles
nouvelles. A côté de l'ensemble, chaque
détail, depuis le palais jusqu'au moindre
édicule, devra être étudié avec une préoc-
cupation de beauté. C'est ainBvcpie Paris
restera la ville de luxe qu'il est et qu'il
doit être, la ville enviée et désirée du
monde entier. • ¡
Si le « Nouveau Paris » peut, en vulga-
risant ces idées, qui: sont tes siennes,
aider à leur succès, et préparer teur réa-
lisation, il,aura collaboré, à une belle et
grande œuvre qui honorera notre époque.
̃' •' Félix Roussel.
JOURNAUX ET REVUES
*<"
̃' Verlaine
Pour qu'une plaque commémora-,
tivè fût apposée sur; la maison messine
oii Verlaine naquit, il :eut récemment
mille difficultés. A ce propos, en outre,
mille bêtises fureufcdjtes..
M. Lepelletier, qui connut et aima
Verlaine, met, dans. YEcho de Paris, les
choses au point. '•̃' ,'̃
On a dit que les objections étaient
venues des « cléricaux:». Or,- Verlaine a
terminé sa vie chrétiennement.
On a dit que les objections étaient ve-
nues des Français de Metz. Or, Verlaine
fut patriote et n'eut pour sa ville natale
que de bonnes paroles.
L'explication de l'ostracisme dont Paul-
Verlaine est l'objet dans lavilleoù le hasard
des garnisons le fit naître, mais qu'il aimait
profondément, est toute dans la virulence de
ses sentiments de Français..
« Je revendique d'autant plus ma qualité
de Lorrain et de Messin, que la Lorraine et
Metz sont plus malheureuses a-t-il écrit.
Etant à Londres, en-1872, il a fait sa décla-
ration d'option. J'ai noté plusieurs détails à
l'appui de l'amour-que Verlaine éprouvait;
après tant d'années d'éloigriement, pour'sa
ville natale, dans mon livre Aux Pays cou-
quis, qui vient de paraître, et je ne crains nul
démenti.
Pour M. Lepelletier, l'autorité alle-
mande- s'est vengée d'une Ode à Metz
que composa Verlaine en i892 et dont
voici le début ̃
Jo déteste l'artisterife
Qui se moque de la Patrie
Et du vieux grand nom de Français,
Et j'abomine l'anarchie..1.
Tous peuples frères -autant fdire
Plus de France, même martyre,
Plus de souvenirs, même amers!
0 Metz, mon berceau fatidique,
Metz violée et plus pudique,
Et plus pucelle que' jamaiè .••
Ô ville où riait mon enfance,
0 citadelle sans défense.
Patiente encore, bonne ville,
On pense à toi. ;i
Pauvre Lélian 1
M. Brûnetière
M. Périlhou, de la Petite Rè.publi-
qiïe, est allé prendre,des nouvelles de M.
Brunetière, que M. Georges Renard, dans
la Petite République,, attaqua,.
M. Brunetière va bien. Sa demeure est
« d'une élégance -sobre, traditionnelle et
môme un peu sévère «..Bref,. «on aurait
plaisir, dit M. Périlhou, à s'y installer ».
M. Brunetière est yvètu d'un tricot, d'un
veston d'intérieur, d'un gros foulard «à
ramages,». Tout de suite, spn interlocu-
teur a rimpr'essioir «-d'un excellent
homme' et d'un homme charmant ».
M. Brunetière- expose sa doctrine. Il
croit qu'eritrele socialisme: et le. catholi-
cisme il; n'y' a pas d'opposition, au
contraire». Il demande qulon; lui accorde
« le bénéfice' de la bonne; foi », il n'a,
dans cette affaire, aucun intérêt .d'au-
cune sorte. Il ne désire pas être ministre,
ni conseiller d'arrondissement. 11 a cin-
quante-cinq ans, et ce n'est point l'âge où
l'on devient ambitieux soudain, quand
on n'a jamais désiré qu'une chose tra-
vailler en paix. ̃ •;̃ ̃̃
Fut-il toujours. catholique?
J'ai été longtemps vis^ù-vis du catholi-
cisme 'dans un état d'indifférence sympathi-
que. comme jTaine avant d'avoir écrit son
dernier volume. Je suis allé au catholicisme,
parce que je vois précisément dans la religion
le seul fondement possible d'une morale so-
ciale. Et c'est parca qxie'Je suïs socialiste que
je suis catholique. Eu dehors d'une religion,
on peut établir des morales individuelles par-
fois très élevées comme celles d'Epictète, de
Marc-Aurèle et des Stoïciens, mais pas une
morale sociale. ;•
Du reste, M. Périlhou observant- que
le catholicisme est surtout une question
de foi », M. Brunetière lui l'épond « On
croit ce qu'on peut !.»
Ml Périlhou n'insiste, pas. Il lui plait
de ne pas considérer comme «très so-
lide » ce catholicisme de;M. Brunetière,
car,ce catholicisme ôte. M. Périlhou
aurait la joie d'être d'accord avec M. Bru-
netière complètement.
Gendarmerie,
#Un députe se plaignit à M. Maret
de ce « tempérament autoritaire ». qui
tour de la cuisine. Cette fois c'jjst le pau-
vre qui traîne sabesacf 1,'ennè'm'i essen-
tiel, l'ennemi héréditaire, le' descendant
•direct de, celui qui rôdait,aut,bur de la ca-
verne encombrée d'ossements qu'on re-
voit tout à coup dans la mémoire de la
race. Ivre d'indignation, l'aboi entre-
coupé, les dents m,uUipliées par la haine
et la rage, on va saisir auxgfègues l'irré-
conciliable adversaire,' lorsque la cuisi-
nière, armée de son bahij. sceptre ancil-
lairc et parjure, vient protéger le traître;
et l'on est obligé de'rentror.dans- sa niche,
où, l'œil rempli de flammes impuissan-
tes ettorves, oh gronde des ûialédictions
effroyables mais vaines, en songeant à
part "soi que c'est fa fin de tout et que
l'espèce humaine a perdu la notion du
juste et de l'injuste.
Est-ce tout? Pas encore, car la pi us
petite vie se compose* d'innombrables
devoirs, et c'est un long travail que de
s'organiser une pxistence .heureuse sur
la limite de deux mondes aussi diflerehts
que le monde des, b&tés. et le monde des
hommes. Comment' nous en tirerions-
nous s'il nous fallait' serv.ir, tout en res-
tant dans noire sphère, "une divinité non
plus, imaginaire .et, .semblable ̃. à nous-
mêmes puisqu'elle est née de nos pen-
sées, mais' un dieu liien "visible, toujours
présent, .toujours .actif. 'et aussi étranger,
aussi supérieur 'à "notre être que' nous le
sommes au. chien?
̃ À présent, pour en rqyenir à Pùllèas,
il sait à peu près ce qu'il faut faire et
comment se coriduire'dàns l'enceinte du
maître. Mais, le n)onde,n.c finit pas aux
portes des maisons ctde l'autre. côte des
murs et de la haie il va un univers dont
on n'a plus la gâfjle; pu l'on' n'est plus
chez soi; où les fëlà.Rotïs sont changées.
De quelle façon se tenir dans l{i rue, dans
lui gâte les socialistes. Ce sont des gens
avec lesquels il n'est pas facile de dis-
cuter.
Voyez-les écoutez-les. Volontiers, à la
Chambre; ils voteraient les lois, comme on
votait jadis la mort, sans phrases. « Aux
voix Ne répondez pas! La clôture ? » Ce
qu'ils veulent est bien voulu, et il le faut faire
sans réplique. Je ne parle pas des injures
dont ils couvrent leurs adversaires traîtres,
mufles, rebuts de l'humanité, sales, tout ce
qu'on voudra, car ce sont là ingrédients pour
la "salade uniquement destinés à lui donner
du goût.
M. Maret n'admire certes pas cette in-
tolérance. Mais il ne considère pas qu'elle
soit le fait des seuls socialistes. De «sim-
ples radicaux » sont dans le' même état
d'esprit.
Et les autres partis semblablement.
Le peuple français est un peuple qui a
plus de goût, dit M. Maret, pour l'op-
pression que pour la liberté. On croit,
en 'France, qu'on change de gouverne-
ment. On change l'étiquette de ce gou-
vernement, voilà tout; et c'est toujours
la gendarmerie.
Laïciser
On enlève les christs des prétoires.
C'est, dit la Lanterne, parfait! Mais il
faudrait, encore supprimer Dieu des arti-
cles 312 et 348 du Code d'instruction cri-
minelle;– c'est-à-dire l'expulser des for-
mules que lit le président des assises
aux jurés et le chef du jury dans sa ré-
ponse.
« Qu'est-ce que le nommé Dieu vient
faire là dedans? » s'écrie la nommée
Lanterne
Puis, elle, développe cette idée.
• s, Le Rappel est humilié quand il
constate' que les Tribunaux, les Cham-
bres et tout le reste prennent leurs va-
cances de-Pâques « suivant le bon plaisir
du calendrier romain ».
Obéira l'Eglise?.
• Le Rappel propose fièrement que les
vacances de Pâques soient désormais
fixées au lcr-i5 avril. Car, laïcisons nos
vacances!
André Beaunier.
Paris aa]oo* le }
LA JOURNÉE
Concours hippique Neuf heures et demie,
chevaux de selle (7e classe) midi et demi,
Primes d'appareillement (2« classe) trois
heures, prix Mornay (obstacles).
Les bibliothèques publiques Ce matin, à neuf
heures, réouverture de la salle de travail de
la Bibliothèque nationale, fermée depuis le
21 mars, et de la salle publique du même éta-
blissement. fermée depuis le 27 mars. (Les au-
tres bibliothèques de Paris resteront closes
aujourd'hui.)
Les congrès: Ouverture du congrès des So-
ciétés savantes, à la Sorbonne, grand amphi-
théâtre (deux heures). A la môme heure,
s'ouvrira, à. l'hémicycle de l'Ecole des beaux-
arts, le congrès des Sociétés des beaux-arts,
SO.US la présidence de M. Henry Havard, ins-
pecteur général des beaux-arts. (Ces congrès
dureront jusqu'au 9 avril). Ouverture du
congrès de la Ligue contre la misère _.(huit
heures et demie du soir, pendant trois jours,.
mairie Drouot).
Les prix-de Rome Deuxième essai du con-
cours de peinture, dit de figure peinte (y pren-
dront part quarante concurrents, dont Mlles
Simonet et Rondenay, admises au 1" essai).
Au Petit Palais -Exposition internationale
rétrospective et contemporaine de l'eau-forte,
organisée par le syndicat de hvPresse artis-
tique. ;• -̃̃ •̃' ̃'̃' ̃̃̃
'Obsèques: M. Paul Aumont (Saint-Augus
tin inhumation à Chantilly). M. Paul
Martha (midi, Saint-François-de-Sales mai-
son mortuaire, 7, rue Legcndre inhumation
en province).•
Concours: Certificat d'aptitude à l'enseigne-
ment du dessin dans les lycées et collèges,
̃1er degré. Ouverture des inscriptions pour
le concours d'admission à trente emplois
d'expéditionnaire la préfecture de la Seine
(jusqu'au 16 avril, Hôtel do Ville).
Mémento du rentier: Ce matin, dix heures,
rue La Fontaine, 9, tirage de l'emprunt muni-
cipal 189i-9G (avec 161,500 fr. de lots). Au-
tres tirages Communales 1879 (avec 200,000
francs de lots), 1880 (mêmes lots), 1891
(135,000 fr.) et 1899 (175,000 francs).
Le legs Batifol Dernier jour pour s'inscrire
en vue du legs de 15,000 francs destiné à une
Parisienne méritante, capable, célibataire, à
laquelle il ne manquerait pour s'établir que
l'argent nécessaire.
Conférences M. H: Duchmann « Zola fé-
ministe, l'Assommoir » (huit heures et demie
du soir, 157, faubourg Saint- Antoine).
INFORMATIONS
Une Exposition. ̃ Bazau, 101, ruo des
Petits-Champs, expose en ce moment ses
modèles exécutés. :i des prix très modérés:
ravissantes robes de voile, doublées de soie,
à 250 francs costume tailleur à .150 francs,
sur mesure.
les champs, sur le marché, dans les bou-
tiques ? A la suite d'observations diffici-
les et délicates, il comprend qu'il sied de
ne pas s'occuper des passants, de ne pas
obéir aux appels étrangers, d'ète poli
avec indifférence envers les inconnus
qui vous caressent. 11 faut ensuite acconv
plir consciencieusement certains devoirs
de mystérieuse courtoisie envers ses frè-
res les autres chiens, respecter les poules
et les canards, n'avoir pas l'air de remar-
quer les gâteaux du pâtissier qui se pré-
lassent insolemment à portée de la lan-
gue, témoigner aux chats qui, sur le seuil
des portes, vous provoquent par d'affreu-
ses, grimaces un mépris silencieux mais
qui se souviendra, et ne pas oublier qu'il
est licite et même louable de poursuivre
et d'étrangler les souris, les rats, les la-
pins sauvages et généralement tous les
animaux (on doit le reconnaître à des
marques secrètes) qui n'ont pas encore
fait leur paix avec l'homme.
Tout cela et tant d'autres choses!
Etait-il étonnant que Pelléas parût sou-
vent pensif en face de ces problèmes sans
nombre, et que son humble et doux re-
gard fut parfois si profond et si grave, si
chance de soucis et si plein de questions
illisibles ?-
Hélas il n'a pas eu le temps d'achever
la lourde et. longue tâche que la nature
impose à l'instinct, qui s'élève pour se
rapprocher d'une région plus claire.
Un mal assez mystérieux et qui semble
spécialement 'punir le seul animal qui
parvienne a sortir du cercle où il est né,
un mal indéfini qui emporte par. centai-
nes les petits chiens intelligents, est venu
mettre fin aux destinées et àTédueatiOn
heureuse de Pelléas: Et maintenant tant
d'efforts vers un peu plus de lumière,
tant d'ardeur à aimer, de courage com-
Nouvelles Diverses
A PARIS
GRANDEUR ET DÉCADENCE
On a trouvé hier, morte d'épuisement causé
par les privations et la misère; dans la pe-
tite chambre qu'elle occupait, 36, rue Tho-
lozé une dame Julie Marchand, âgée de
soixante-quatre ans.
D'après ce qu'on raconte, cette pauvre
femme aurait connu jadis la richesse. Elle
serait la fille d'un colonel, ancien aide de
camp du roi Louis-Philippe. Comment en était-
elle arrivée à mourir presque de faim? On
l'ignore. Peut-être y a-t-il là un drame qui
serait intéressant à connaitre et à raconter.
UN AMATEUR D'OBJETS D'ART
Sur mandat de M. Bouissou; juge d'instruc-
tion, le service de la Sûreté a arrêté hier un
sieur Moral, se, faisant, aussi appeler Mon-
tault, de Menouvilleet Flachon.
Morelqui, sous ses' différents pseudonymes,
avait été rédacteur à la Délivrance et au Fu-
reteur, est inculpé d'abus de confiance. D'a-
près les plaintes portées contre lui, il se fai-
sait livrer à condition des objets d'art par les
marchands d'antiquités et il les revendait à
son profit: Il est sous le coup d'une condam-
nation à huit mois de prison, prononcée par
défaut contre lui par le Tribunal,de la Semé.
*+*
MACABRE DÉCOUVERTE
En procédant à la réfection d'un égout, rue
de Palestro, à la hauteur du no 24, des ou-
vriers ont mis à découvert des ossements hu-
mains auxquels adhéraient encore des lam-
beaux d'étoffe.
Ces ossements proviennent de l'ancien ci-
metière des Fillcs-Saint-Thomas qui se trou-
vait à cet endroit et qui a été désaffecté lors
du percement de cette rue. M. Diiponnois,
commissaire de police, les a fait porter aux
catacombes.
--».
LES NUANCES NOUVELLES
La mode est aux étoffes claires, dont les
délicates nuances s'harmonisent si bien avec
lé soleil.
Que ce soit pour complet ou pardessus,
c'est dans la gamme des gris qu'il faut choi-
sir, soît en rayure soit en carreau.
N'hésitez pas à aller faire votre commande
chez Crémieux, 97, rue Richelieu c'est le
seul qui pour 55 francs fait sur mesure le
complet, ou le pardessus,choisi dans les étoffes
les plus nouvelles dont il a l'exclusivité, et
qu'il offre même dans sa série de réclame.
EMPOISONNEMENT ACCIDENTEL
Les familles Mourtier, Moulin et Sergent,
comprenant dix personnes, demeurant, 14,
rue de la Glacière, à Gentilly, ont été victi-
mes hier d'un commencement d'empoisonne-
ment. On a pu heureusement leur donner à
temps les soins nécessaires.
Les trois familles avaient mangé ensemble
un ragoût de veau accommodé avec des pois
de conserve. On a saisi les restes du repas
afin de déterminer si l'empoisonnement a été
causé par la mauvaise qualité de la viande
ou par celle des pois qui étaient dans une
boite déjà ancienne.
INCENDIE
Un incendie, qui aurait pu avoir de terri-
bles conséquences, s'est déclaré hier soir, à
dix heures, 37, rue de Clignancourt.
Six locataires qui ne pouvaient descendre
un escalier envahi par les flammes ont été
sauvés par les pompiers.
Le feu a été éteint au bout d'une demi-
heurfrd'éfforts..
̃“̃̃̃ ̃ ̃ v ̃ ̃' ..• •̃ ̃
LA. FUHEUH D UNE MERE
Les époux Goby, demeurant boulevard
Voltaire, avaient divorcé, et la garde des en-
fants, âgés do! douze et treize, ans, avait été
confiée au père..•.•
Hier, comme il les promenait sur le bou-
levard Voltaire, sa femme s'approcha et de-
manda à les embrasser. M. Goby s'y opposa.
Furieuse alors, elle bondit sur lui, lui dé-
chira le visage à coups d'ongle. et lui asséna
un coup de parapluie si violent qu'il eut l'œil
droit presque sorti de l'orbite.
Le blessé a été conduit à l'hôpital Saint-
Antoine. Mme Goby a été arrêtée.
Jean de Paris.
Mémento.- Le pompier Camille Girard, de
la caserne de Grenelle, a arrêté hier, au péril de
sa vie, un cheval emballé sur la place du Troca-
déro. Il a été acclamé par la foule.
On a cambriolé hier plusieurs logements aux
étajrés supérieurs, 133, rue de Sèvres, et 53, rue
du Cherche-Midi.
J. de P.
DANS LES DÉPARTEMENTS
ET wA. X.'fiTR.A.IsrGKER
APPAREILLAGE POUR BARCELONE
»«™« Toulon. La deuxième division de
l'escadre do la Méditerranée, composée des
cuirassés Bouvet, léna et Saint-Louis, du croi-
seur Linois et des contre-torpilleurs Sarba-
cane et Carabine, a appareillé pour Barce-
lone.
INAUGURATION D'UN MONUMENT
^«mvw» Vichy. Au banquet (1,000 convi-
ves) qui a précédé l'inauguration du monu-
ment de la République, M. Fort, chef du ca-
binet du ministre do l'intérieur, a exposé sous
de riantes couleurs la politique de M. Com-
prendre, tant de joie affectueuse et de
caresses innocentes, tant de bons regards
dévoués qui se tournaient vers l'homme
pour demander son aide contre la mort
injuste, tant de frêles lueurs qui venaient
de l'abime profond d'un monde qui n'est
plus le nôtre, tant de petites habitudes
presque humaines reposent tristement
sous un sureau fleuri et dans la froide
terre, en un coin du jardin
'̃
L'homme aime le chien, mais combien
il devrait l'aimer davantage s'il considé-
rait, dans l'ensemble inflexible des lois
de la nature, l'exception unique qu'est
cet amour d'un, être qui parvient à per-
cer, pour se rapprocher de nous, les cloi-
sons, partout ailleurs imperméables, qui
séparent les espèces. Nous sommes seuls,
absolument seuls sur cette planète de ha-
sard, et parmi toutes les formes de la vie
qui nous entourent pas une, hors le
chien, n'a fait alliance avec nous. Quel-
ques êtres nous craignent, la plupart
nous ignorent, et aucun ne nous aime.
Nous avons, dans le monde des plantes,
des esclaves muettes et immobiles, mais
elles nous servent malgré elles. Elles su-
bissent simplement nos lois et notre
joug.Ce sont des prisonnières impuis-
santes, des victimes incapables de fuir
mais silencieusement rebelles, et silùtque
nous les.perdons de vue elles s'empres-
sent de nous trahir et retournent à leur
liberté sauvage et malfaisante- d'autre-
fois. S'ils avaient des ailes, la rosc et le
blé fuiraient à, notre approche comme
nous fuient les oiseaux. Parmi les ani-
maux nous, comptons quelques servi-
teurs qui ne se sont soumis que par in-
bes et bu à la République, à M. Loubet, à Vi--
chy et à M. Lasteyras, maire de Vichy. Au
sujet de M. Lasteyras, il dit
Je regrette de n'avoir pas les pouvoirs nécos-
saires pour lui remettre la juste récompense, à.
laquelle nous pensons tous, des services qu'il a,
rendus à la chose publique.
A l'inauguration, discoururent MM. Las-
teyras, Gacon, sénateur, et le général G-irar-
del. Celui-ci a exprimé les regrets que cause
l'absence du général André malade, analysé
l'œuvre militaire de la République troisième,
célébré les combattants de 70-71. Il est reparti
pour Clermont-Ferrand, à quatre heures, salué
par la foule. Hier, MM. Alfred Nury, secré-
taire général de la Fédération dés syndicats
des maçons de France, et Auguste Jay avaient
été arrêtés pour avoir manifesté contre lui au
moment où il rentrait à l'hôtel.
Il avait plu dans la journée. Mais ce soir., le
temps est à souhait. Les illuminations sont
fort admirées; de fait, leur polychromie et
leur arabesque s'agencent selon une fantaisie
singulièrement ingénieuse et décorative;
M. LOUBET CHEZ LUI
«»*»**»* Montélimar. Le Président est ar-
rivé ici à sept heures du matin avec Mme
Loubet et MM. Combarieu, le commandant
Huguet, Paul Loubet et Emile Loubet.; Il est
parti pour Mazenc à deux heures. •
La Béqude de Mazenc. Vers trois
heures, le Président, Mme Loubet et leurs
fils arrivaient au château, où flotte, sur la
tourelle sud-ouest, le drapeau tricolore. M.
Loubet a fait, aussitôt après son arrivée, une
promenade à pied dans les environs. La
maire, M. Paradis, est venu ce soir le saluer.
LE DÉJEUNER DE LA REINE
«*~w>~>, Biskra. Le bach-aga Ben' Gana a a
offert ce matin à la reine Ranayalo-et à sa
suite un grand déjeuner composé des mets
les plus caractéristiques de la cuisine arabe.
Sa Majesté sembla prendre plaisir à ces suc-
culences, surtout aux gâteaux et aux sucre-
ries.
Sont arrivés à Biskra ni. J. Herbert John-
ston et sa famille M. Ternaux, d'Alger M.
Robert Warschayer, banquier à Berlin lo
docteur Bajdeker, le professeur Wcstphaf,
de la faculté de Berlin.
> • DEUX. CONGRÈS .•̃
̃v» Nice. Aujourd'hui à cinq heures,
a été inauguré le Congrès de climatothérapie
et d'hygiène urbaine, sous la présidence
effective du docteur Chantemesse et la; pré-
sidence honoraire de S. A; S. le prince do
Monaco. Cinq cents médecins français ou
étrangers étaient présents M. Randon,
premier adjoint, souhaita la bienvenue aux
congressistes. M. Chantemesse traita des
radiations solaires. Il y eut d'autres dis-
cours encore fort applaudis. Enfin le prince
de Monaco prononça une allocution char-
mante, où il se dit heureux de se trouver au
milieu de tant de savants et do se considérer
comme leur confrère.
• Tunis. Le Congrès des sociétés" de
géographie s'est ouvert ce matin par deux
discours dont les extraits que voici indiquent
le ton
La géographie et la colonisation étant étroite-
ment associées, a dit le délégué à la Résidence,
nous comprendrons, en interrogeant ce, sol, le
caractère. les mœurs et les tendances des habi-
tant bien plus, nous pourrons déchiiïer l'énigme
des réactions que 'ce milieu exercera sur les gé-
nérations futures. ̃ • ̃
Et le résident général
Nous devons à nos populations' d'Afrique le
bien-être, le respect de leurs traditions, la liberté
do leurs coutumes, une éducation appropriée à
leurs besoins, l'assistance dans la maladie. ou la
misère, la justice et la bonté..En un nioty-la
conquête morale: doit; roûiplacer la j conque ta
guerrière et faire aimer au peuple africain; les
principes de notre patrie.
Ce soir un banquet, a réuni de nouveau les
quelque trois cents congressistes.
TREMBLEMENTS DE TERRE V y
«««« Sofia. Trois fortes secousses ont
été ressenties entre midi et midi et demi.
Belgrade.– Le sol a tremblé, faible-
ment, vors midi. ̃ ̃
Argus.-
AVIS DIVERS
NE DEMANDEZ la Véritable Eau de Ninon,
contre les rides, qu'à la,Par/ï><> Ninon, rue
du 4-Sep1)rc,31,en exigeant ces mots Véritable
Eau de Ninon, avec l'adresse sur l'étiquette.
IDÉALE LOTION POUR LA CHEVELURE.
.Maison Broux, 10, rue St-Florentin, Paris.
COURRIER ÏMÉATRES
Ce soir:
A la Comédie-Française, à 8 heures, Grin-
goire, les Demoiselles de Sainl-Cyr. •
A l'Opôra-Coniique. à 8 heures, Carmen.
A TOdéon, à 8 h. 1/2, l'Absent, pièce en
quatres actes de M. Georges Mitchell, musi-
que de M. Fer n and Le Borne.
Interprètes Janvier, Dorival, Corna-
glia, Daumerie, Violet, Debosj Mme Tes-
sandier, Sylvie, Dehon, Marcilly,' ̃ DUfàn,
Doll, etc.
[ Aux Variétés, à 8 heures, la Boule, co-
différence, par lâcheté ou par stupidité
le cheval incertain et poltron qui n'obéit
qu'à la douleur et ne s'attache à rien,
l'âne passif et morne qui ne reste près de
nous que parce qu'il ne sait que faire ni
où aller, mais garde cependant, sous la
trique ou le bât, son idée de derrière les
oreilles; la vache et le bœuf, heureux
pourvu qu'ils mangent et dociles parce
que depuis des siècles ils n'ont plus une
pensée à eux; le mouton ahuri qui n'a
d'autre maître que l'épouvante; la poule
fidèle à la basse-cour parce qu'on y
trouve plus de maïs et de froment que
dans la forêt prochaine. Je ne parte pas
du chat pour qui nous ne sommes qu'une
proie trop grosse et immangeable-, du
chat féroce dont t l'oblique dédain .ne
nous tolère que comme des parasites en-
combrants dans notre propre logis. Lui
du moins nous maudit dans son: coeur
mystérieux; mais tous les autres vivent
près de nous comme ils vivraient près
d'un rocher ou près d'un arbre. Ils ne
nous aiment pas, ne nous connaissent
pas, nous remarquent à peine. Ils igno-
rent notre vie, notre mort, notre départ,
notre retour, notre tristesse, notre joie,
notre sourire: Ils n'entendent même pas
le son de notre voix dès qu'elle ne me-
nace plus, et quand ils nous regardent,
c'est avec l'effarement méfiantdu cheval,
dans l'œil duquel passe encore l'affole-
ment de l'élan ou de la gazelle qui nous
voit pour la première fois, ou avec la
morne stupeur des ruminants qui ne
nous considèrent que comme un accci-
dent momentaué et inutile de l'herbage.
Maurice Maeterlinck.
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