Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1904-04-02
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 02 avril 1904 02 avril 1904
Description : 1904/04/02 (Numéro 93). 1904/04/02 (Numéro 93).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k286565g
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
BOe Année = 3e Série = N° 93
le Numéro quotidien ç= SEINE & SEINE-et Oise ; 15 centimes m DÉPARTEMENTS : 20 centimes
Samedi 2 Avril 1904
Gaston CALMETTE
Directeur-Gérant
JBÊDACTION - ADMINISTRATION
26, rue Drouot, Paris (9° Arr 1)
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S'ADRESSER, as, RUE DROUOT
A L'HOTEL DU . FIGARO >
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Lu I ItrAIlU
'< Loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là, me moquant des sots, bravant les méchants, je me hâte
de rire de tout..., de peur d'être obligé d'en pleurer. » (BEAUMARCHAIS).
H. DE VILLEMESSANT
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présent numéro un
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SUR
l'Algerie
qui devra leur être délivré gratuitement.
SOMMAIRE
Coups de foudre : LE PASSANT.
La Vie de Paris : La fête de Mireille ; CH.
FORMENTIN. '
La représentation de gala au bénéfice des bles-
sés russes : CHARLES JOLY.
La guerre" russo-japonaise : Effectifs russes
en Mandchourie : GEORGES BOURDON.
4 l'Etranger : Lettre d'Egypte : GALLUS.
Figaro à Londres.
Ce que l'on dit de nous.
Journaux et Revues : ANDRÉ BEAUNIER.
Dessin : A là Renaissance : "Le Mannequin
d'osier" : SACHA GUITRY.
La musique dans les églises.
Autour de la politique : ANDRÉ NANCEY.
Les Beaux-Arts à l'Exposition de Saint-Louis :
EMILE BERR.
Affaires militaires.: Les promotions.
Les Concerts : GABRIEL FAURÉ.
Les Théâtres : Théâtre de Monte-Carlo : "Le
Droit é l'amour" : J. DARTHENAY.
J ;i. "> i \ : ; ! » ' 1 ?"'?-y ; . ,. .
Coups
de foudre
? -, - ,, , ... .....
C'est, ayant tout, une impression de
stupéfaction qui s'est dégagée des dé-
bats de.cette affaire Greuling, si claire-
ment et si sobrement racontée par notre
brillant collaborateur.Henri Varennes. On
peut, maintenant que le jury s'est pro-
noncé, émettre sans crainte une opinion
sur le draine et, malgré toutes les déné-
gations, tenir l'individu pour un meur-
trier. Au: surplus, que ce fût lui qui eût
tué la-jeune fille ou elle-même qui se
fût donné la mort, c'était, de toute fa-
çon, à cause de lui qu'elle était morte, et
c'est cela qui, au point de vue psycholo-
gique, sinon au point de vue juridique,
faisait tout l'intérêt de cette étrange af-
faire. On vous à dépeint physiquement
le personnage: une.de ces figures glar
bres et rasès qui..semblent faites pour
q u 'o ny applique û ci nd i fié re m me a t tous' lés
masques :' l'allure suffisante-et inquié-
tante du bellâtre toujours uniquement
préoccupé '.de ses avantages extérieurs ;
une recherche exagérée de toilette, abou-
tissant à une mise du goût le plus dou-
teux ; le perpétuel souci de poser et de
plastronner. Et par-dessus tout cela,
une stupidité à-faire frémir, une bêtise
à faire pleurer.
, Tel est le beau jeune homme pour qui
là pauvre Elisa Popésco avait éprouvé le
coup de foudre. Elle l'aperçoit dans un
couloir de théâtrè, et tout de suite sa pe-
tite cervelle et son petit coeur d'oiseau
sont médusés. Cet homme qu'elle: n'a
jamais vu, qu'elle ne connaît pas, c'est
l'homme qu'elle avait rêvé et qu'il lui
faut. Elle ne sait ni qui il est ni ce qu'il
est; à sâ figure sans.barbe et sans mous-
tache, elle le prend pour un acteur, mais
ce peut être aussi bien un domestique.
Elle n'en a cure; le coup de foudre, qui
est un moyen commode de justifier' les
-pires faiblesses, ne lui laisse pas le loisir
de réfléchir. Ses sens ont parlé; il n'y a
que son ' bon sens qui se taise. D'un
entr'acte à- l'autre, cette jeune fille, qui,
sans être immaculée, a cependant de la
tenue, de l'éducation, une certaine cul-
ture d'esprit et de moeurs, fait d'elle-
même une sorte d'abandon public. Du
premier sourire, elle se livre au fat
odiëux et imbécile qui lui répond par ses
exercices habituels, un oeil en coulisse,
une attitude penchée et langoureuse.
L'oiseleur a sorti son miroir : une
alouette de plus .vient de s'y laisser
prendre.
Mais il les lui .faut toutes rôties, à cet
homme. Le proverbe dit qu'on ne vit pas
d'amour, mais on peut très bien vivre de
l'amour. Notre joli jeune homme n'en-
tendait pas n'être aimé que pour ses
beaux yeux, et quand il s'était donné la
peine de faire une .'conquête, il . tenait à
rentrer dans ses frais. Il voulait bien
aimer à son tour, mais à la condition
d'être nourri :1e coeur a ses raisons que
l'estomac ne connaît pas., Et le plus
curieux, c'est que l'aimable sire avait tou-
jours la pâtée assurée; des demoiselles
dont c'est le métier de recevoir de ^ar-
gent des hommes se faisaient un plaisir
d'en donner à cet individu. Il est vrai
qu'on ne peut ;pas dire que ce fût là un
homme! C'était.une sorte de chien de
chasse de la galanterie : il avait le flair
de ce gibier spécial. Et il savait très bien
calculer son élan, ne soutirant qu'une
dizaine de francs à la belle de nuit du
café Américain' pour qui c'était une
somme, et. « tapant» gaillardement de
quinze louis une jeune femme rencon-
trée à Nice, la ville où l'on connaît
tout de suite.les gens qu'on trouve, et où
l'on retrouve toujours les gens qu'on
connaît. Greuling, en ces milieux cosmo-
polites, était tout à.son affaire. Il s'est qua-
lifié lui-même «d'emprunteur errant», se
parant de ce titre comme d'une sorte de
profession sociale. Avant lui, d'ailleurs,
du temps de l'ancienTortoni, nous avions
eu l'histoire, souvent racontée par Scholl,
du vagùé homme de lettres qui venait là
chaque soir vivre' aux crochets des uns
et des autres. Il avait fini par lasser tout
le monde. Mais comme sa situation,
sommé toute, paraissait intéressante, on
résolut de le tirer d'embarras en lui trou-
vant un petit emploi. Ce fut Scholl qui
parvint a ie caser dans- une librairie, et ;
il le lui annonça joyeusement le soir à
l'heure de l'apéritif.
- Combien cela me rapportera-t-il ?
demanda le bohème.
- Deux cent cinquante francs par
mois...
- Vous plaisantez !... s'écria l'autre
d'un ton indigné et humilié. Mais je ga-
gne le double à emprunter !...
Encore n'était-ce là qu'un emprunteur
fixe. L'emprunteur errant a, évidem-
ment, un champ plus vaste devant lui. Il
voit plus de pays, et surtout il en fait
voir aux autres. C'était vraiment, suivant
le mot consacré, un assemblage bien
suggestif, dans les coulisses de cette
tragi-comédie, que celui de la pauvre
donzelle du café Américain, de la gen-
I tille demi-mondaine de Nice et de la
grande dame russe rencontrée à Venise,
sous ce ciel italien propice à toutes lès
folies. Sur toutes les trois, le coup de
foudre avait produit les mêmes effets :
il était tombé tout droit sur leur bourse.
Et la malheureuse Elisa Popesco n'au-
rait 'pas échappé au sort commun. Il
lui aurait fallu, comme les autres, ali-
menter le bel amoureux. Elle l'a com-
pris, et elle aura voulu se révolter, mais
il était trop tard. Le poisson ne voulait
plus quitter l'hameçon.,La pauvre fille
a payé de sa vie sa trop galante aven-
ture. Sa fin si triste empêchera-t-elle
le retour de semblables histoires ? 11
n'y a même pas à l'espérer. A la Cour
d'assises - notre ami Varennes vous l'a
raconté - un public féminin regardait
cOmplaisamment le Greuling. S'il eût été
acquitté, il aurait pu sans crainte faire
appel à ces âmes sensibles; les billets
doux et les billets bleus auraient rempli
son chapeau - ou sa casquette.
Quand on songe, pourtant, que la vic-
time était, de l'avis de tous, une petite
personne ne manquant ni d'intelligence
ni de finesse, et qui savait toujours, ou
croyait savoir ce qu'elle faisait ! Il est
probable que si, à cette même représen-
tation des Français, un brave et_ loyal
garçon, sérieusement épris, sè fût ap-
proché d'elle, elle y aurait mis beaucoup
plus de formes et lui aurait peut-être fait
comprendre qu'il se trompait. Elle au-
rait, en tout cas, exigé un stage, et, sa-
chant, comme toute femme, ce qu'elle
valait, elle aurait voulu qu'on la méritât,
qu'on la gagnât. Et peut-être le timide
amoureux se fût-il découragé, et la jeune
fille aurait ainsi passé à côté de sa desti-
née.-Elle aurait rebuté l'homme vrai-
ment sincère, celui qui l'aurait prise
pour toujours et aurait rempli sa vie.
Mais voici' 'lin grôs pâpillon-qui passe,
de ces papillons brillants et bêtes, qui
vous jettent en tourbillonnant de leur
poudre aux yeux. Et la pauvre enfant
s'élanco à sa suite. En dix minutes, elle
fait plus de chemin avec cet inconnu
qu'elle n'en eût fait avec un fiancé. Vous
avez lu les détails du procès. Le président,
quelque discrétion qu'il y ait mis, n'a pu
s'empêcher de remarquer que la jeune
fille était allée bien vite en besogne. On ne
pouvait guère l'accabler, puisqu'elle est
morte. Mais si, n'ayant été que blessée,
elle fût apparue à ce procès comme té-
moin, quel triste quart d'heure on lui
aurait fait passer, et quels accents l'avo-
cat de Greuling et peut-être Greuling lui-
même auraient trouvés pour juger une
femme qui se jette aussi rapidement,
aussi follement au cou d'un homme !
Il est vrai qu'elle aurait eu la ressource
de répondre que de plus sérieux et de
plus pratiques qu'elle se laissent prendre
à tout ce mirage, à tout ce clinquant, à
tout ce qui brille et qui n'est pas de l'or !
En amour comme en affaires, a beau men-
tir qui vient de loin. C'est une expé-
rience trop souvent faite qu'un bijoutier
parisien qui hésitera à confier une bague
à un honnête bourgeois ayant pignon
sur rue mettra toute sa boutique à la
disposition du premier rasta venu affu-
blé d'un nom ronflant et descendu
dans un hôtel à la mode. Tous les jours
on signale de ces genres de vol. C'est
l'éternel coup classique du garçon de
magasin que l'ingénieux filou lait at-
tendre à la porte de 1 hôtel, tandis que
par-un escalier dérobé il s'empresse de
prendre le large. Aujourd'hui c'est un
hidalgo, demain ce sera un mylord, après-
demain quelque cavalière'des Abruzzes.
Pourvu que ce ne soit pas un Parisien,
lp. bijoutier. y sera toujours pris. C'est
encore là une des formes les plus cou-
rantes du coup de foudre. Et c'est en
quoi la métaphore se rapproche de la
réalité. Au propre comme au figuré, les
coups de foudre, certes, ne tuent pas
toujours. Mais ils ravagent, ils dégra-
dent, et tournent généralement fort mal
pour les pauvres coeurs trop inflamma- !
bles qui sortent sans paratonnerre...
Le Passant.
PARIS HORS PARIS
LA FÊTE DE MIREILLE
Une fête exquise aura lieu après-demain
au pays de Provence et c'est un grand
poète qui en a eu l'idée. Cette, fois, il n'y aura
ni cigaliers ni félibres ; on n'inaugurera pas
de bustes à grand renfort de tambourins ; on
ne prononcera pas de discours à effrayer les
cigales. Mais ce sera une fête souriante et
calme, d'une beauté classique, quelque chose
comme les Panathénées que célébrait jadis
Athènes en l'honneur de Minerve.
Le théâtre antique d'Arles est le cadre
choisi pour cette manifestation d'une grâce à
la fois provençale et païenne. Et voici ce que
l'on verra, lundi prochain, dans ce décor
incomparable, doré par le soleil.
Frédéric Mistral, en tenue d'empereur du
Midi, son grand feutre gris sur la tête, une
rose à la boutonnière, embrassera l'une après
l'àutre les belles filles d'Arles, dont les dix-
huit printemps fleuriront cette année même et
gui auront fait un serment. Oh ! le serment
n'aura rien de rigoureux et n'entraînera pas
de condamnation à d'éternelles vertus. Le
poète de Mireille ne voudrait pas d'un voeu
qui ferait pâlir de fraîches joues roses et effa-
roucherait de beaux yeux. Le programme de la
fête n'a rien qui rappelle l'entrée au couvent :
il y est question d'une prise de coiffes, mais
non d'une prise de voile -? et ce n'est pas le
front baissé, l'allure repentante, que défileront
les jeunes vierges, mais la tête haute, le rire
aux lèvres et le corsage entre-bâillê sous la
guimpe blanche et fleurie.
Pour avoir le droit de figurer à cette pro-
cession virginale, les jolies fidèles auront
dû prendre à. l'avance et par écrit un en-
gagement solennel : celui de porter toujours
la coiffure et le costume traditionnels; de re-
noncer, à tout jamais, aux toilettes trop ten-
tantes qui viennent de Paris.
Alors, Frédéric Mistral les prendra l'une
après l'autre dans ses grands bras paternels,
leur mettra sur le front son baiser de patriar-
che, et leur distribuera, estampillé de sa fine
signature, un diplôme qui commémorera ce
grand événement. Et la blonde et brune théo-
rie des belles filles évoluera lentement au son
des galoubets joyeux et l'on verra - délicieux
contraste - toutes ces fraîches jeunesses s'é-
panouir à l'ombre de raines plusieurs fois sé-
culaires.
Voilà ce qu'a révé un poète et ce que l'on
verra après-demain.
Cette heureuse pensée était bien digne de
celui qui depuis cinquante ans honore et dé-
fend sa petite patrie provençale et ne veut
pas voir s'en aller les belles traditions qui
font son originale beauté. Je me souviens des
inquiétudes que me manifestait à ce sujet, il y
a quelques'mois à peine, Frédéric Mistral en
sa blanche maison de Maillahe. Certes,il était
fier d'avoir pu réunir dans son musée'd'Ar-
les tous les pittoresques échantillons de la
Provence d'autrefois ; mais il était triste à la
pensée que les plus jolies choses de son pays
meurent ou se transforment quand il serait si
facile de les garder bien vivantes et de les re-
mettre en honneur. De là est sortie la « Festo
Vierginenco » qui sera célébrée dans quelques
jours.
.11 ne faut pas que la race arlésienne dispa-
raisse devant, l'invasion, des grandes villes.
Paris a le droit de mettre partout son sceau
d'élégance, mais pas là où il fait de la lai-
deur. Or, les belles filles d'Arles né sont pas
créées pour les fanfreluches et les toilettes de
nos mondaines. Le plus joli chapeau de'Pari-
sienne- ne va pas à leur visage d'un dessin si
pur. Leurs grands yeux où le soleil , a mis de
la braise n'ont pas besoin d'être abrités- soùs
de vastes écrans; ils demandent au contraire
de l'air et de l'espace ; leur front est trop beau
pour ne pas être libre. Et voilà pourquoi l'Ar-
lésienne est irrésistible avec son petit chignon
en tourelle et le petit bout de velours noir qui
flotte autour. Elle est délicieusement attirante
avec son fichu croisé sur la poitrine, avec sa
« chapelle » où des dentelles légères voilent à
peine une gorge .idéale, tandis qu'elle est
gauche et empêtrée dans nos modes nouvelles,
quand la sotte idée lui vient de s'habillèr
comme les dames de Paris.
Frédéric Mistral ne veut pas que cet admi-
rable tvpe de beauté provençale devienne un
article de musée. L'Arlésienne, fille .dé Mi-
reille, n'a pas le droit de -renoncer à ce qui
fait son charme, son originalité et "sa"grâce. '
Et c'est pour le lui rappeler qu'un grand poète,
amoureux de toutes les beautés de la Pro-
vence,-distribuera dans deux jours des diplô-
mes et des baisers.
Ch. Formentin.
Échos
La Température
Les fortes pressions persistent dans le sud-
ouest et l'est du continent. Des pluies sont
tombées sur l'ouest et le .centre de l'Europe. En
France, il a plu dans toutes les régions, sauf
dans le sud-est, notamment à Brest, à Lyon,
à Paris où pendant la journée d'hier la piuie
est tombée à plusieurs reprises sous un ciel
nuageux et-très sombre. Quant à -la mgr, elle
est houleuse sur toutes nos côtes.
La température a baissé sur l'Europe -cen-
trale. Hier,à Paris, vers sept heures du matin,
le thermomètre marquait 7" au-dessus de zéro
et 120 à trois heures de l'après-midi. On no-
tait 170 à Algèr; i° au-dessous de zéro au puy
de Dôme.
.En France, des ondées sont probables avec
temps.doux. Ce baromètre, à 760mm ie matin,
était 7651»» dans la soirée. '
Monte-Carlo. - Thermomètre à midi : 240
au-dessus de zéro. Beau temps.
Du New York Herald :
A New-York : Brouillard épais, pluie inces-
sante. Température : minima, -j- 20 ; maxima,
-+- 40. Vent , frais de l'est-sud-est. Baromètre
baisse lentement.
A Berlin : Couvert. Température, -f- 100.
A Londres : Beau. Température : minima,-
-4- 40 ; maxima, -(- 11°. Vent fort de l'ouest.
Baromètre en hausse.
Les Courses
Aujourd'hui, à 2 heures, Courses à
Enghien. - Gagnants du Figaro :
Prix du Gatinais : Oban ou Corton.
Prix du Blaisois: Chambovet ou Litorne.
Prix du Loir : Rob Roy ou Roi d'Armes.
Prix de la Brenne : Lointaine ou Mo-
rency.
Prix de la Touraine : Chambovet ou
April.
Prix du Bassigny : Bereg ou Ruy Blas III.
L'ANTÉCHRIST
Les caricaturistes représentent vo-
lontiers M. Combes avec les attri-
buts diaboliques, les cornes, le pied four-
chu, et cet appendice caudal qui s'al-
longe naturellement, à cause de tant de
gens qui tirent le diable par la queue.
Loin d'être désobligé par ces. fantai-
sies satiriques, M. Combes en est ravi et
s'applique à les justifier. Il pioche cons-
ciencieusement son rôle de Belzébuth.
Ayant vu, à l'Opéra, au deuxième acte
de Faust, le Choral des épées, il songea
que si Méphistophélès avait été prési-
dent du Conseil, au lieu de fuir devant
les croix, il aurait pu interdire l'exhibi-
tion de toute espèce d'emblème reli-
gieux. V.f .
M. Combes a donc donné l'ordre d'en-
lever tous les-christs qui décoraient tra-
ditionnellement les salles d'audience des
Cours et Tribunaux. Car il tient énormér
ment à ce que l'on pense que l'aspect
d'un crucifix lui est . aussi intolérable
qu'à un diable le séjour d'un bénitier.
Vains efforts ! Tout le monde voit bien
que ce n'est qu'une pose. Si. fanatique
que puisse être . M. le président du
Conseil, -personne ne Je. croira-jamais
aussi inintelligent. Pourquoi des tableaux
à sujets sacrés l'offusqueraient-ils au Pa-
lais, alors qu'il les supporté très bien au
Louvre? Pourquoi le célèbre triptyque
de Memlin'g le gênerait-il plus dans lé
prétoire que dans le cabinet du premier
président, où l'on va, paraît-il, le trans-
porter? Pourquoi les symboles chrétiens
lui porteraient-ils ombrage, tandis que
les statues de dieux et de déesses de
l'antiquité ou de l'Orient ne lui inspirent
que de l'admiration, si elles ont une va-
leur esthétique, et, dans le cas contraire,
que de l'indifférence?
Si M. Combes était de bonne foi, il
ordonnerait de brûler, et non de démé-
nager, le Memling, le Henner et le Bon-
nat du Palais de justice. Lorsque sévit
l'hérésie des iconoclastes, qui étaient
des vandales et des imbéciles, mais des
convaincus; ils détruisaient les icônes,
ils ne les envoyaient pas dans les mu-
sées.
Il est évident que la mesure prise par
M. Combes contre les crucifix est pure-
ment ostentatoire.
M. le président du Conseil joue à l'An-
téchrist et s'amuse à braver l'opinion.
Seulement, il oublie que, dans la poli-
tique contemporaine, Satan s'appelle
Homiais, ce qui fait qu'il brave surtout le
ridicule, - et qu'il n'y échappe pas.
A Travers Paris
S. M. l'impératrice Eugénie, accom-
pagnée de Mlle d'Allouville et de M.Fran-
ceschini Pietri, a ,quitté Paris hier soir
par le rapide de Màrseille.
L'Impératrice, dont l'état de santé est
assez satisfaisant, mais que les fatigues
et les émotions de ces trois derniers mois
passés aù chèvet de sa niëce ont-fort
abattue, va prendre quelque repos à Cap-
Martin,,où elle compte rester une partie
de la saison 1. v . .. , : .. . - i .
Coïncidence piquante : avant-hier, au
moment même où M. Combes donnait
l'ordre d'enlever les crucifix des prétoi-
res; la voiture d'un des membres, et non
des moindres, du gouvernement actuel,
stationnait devant la Madeleine.
Quelques passants s'étaient arrêtés,
un peu étonnés de trouver là une livrée
officielle à la cocarde tricolore.
La voiture attendait la sortie de la fa-
mille du ministre qui était venue avec
la foule visiter lès tombeaux du jeudi
saint, et qui repartit après avoir accom-
pli dans l'église ses dévotions.
INSTANTANÉ
M. Georges LOUIS
Succède à M. Cogordan à la direction poli-
tique .du ministère des affaires étrangères. Ce
choix ne surprendra personne. On n'en pou-
vait faire de plus heureux.
Cinquante-sept ans. Sympathique et ave-
nant. Lé charme de ses manières, la distinc-
tion de son esprit en font un des fonction-
naires les plus affables comme aussi les plus
brillants du quai d'Orsay.
A eu une carrière particulièrement rapide.
Chacun se plaît à reconnaître qu'il en est peu
de mieux justifiées.
Débute en 1880 comme chef de cabinet du
comte Horace de Choiseul, sous-secrétaire
d'Etat aux Affaires Etrangères avec M. Barthé-
lemy-Saint-Hilaire. L'année suivante, il passe
à la direction des affaires commerciales en qua-
lité de sous-directeur. Successivement consul
général, ministre plénipotentiaire, il est en-
voyé en 1893 à la Commission de la Dette
égyptienne.
La tâche des représentants français au
Caire était alors des plus délicates. Rien ne
faisait encore prévoir «l'entente cordiale».
M. Louis s'acquitta de sa mission avec un tact
parfait et apporta dans la défense des intérêts
dont il avait la garde autant de fermeté que
de courtoisie. ,
En 1901, il rentre en France pour occcuper
les importantes fonctions de directeur des
consulats Sa haute compétence, sa grande
culture, ses facultés d'assimilation et de travail
comme aussi sa connaissance. profonde des
affaires le'désignaient tout naturellement pour
le poste élevé auquel vient de l'appeler la con-
fiance et l'estime de son chef.
C'est au nom de la Ligue franco-ita-
lienne que sera offerte au prince Co-
lonna, syndic de Rome, la belle statue
de Victor Hugo dont nous avons parlé.
Nous pouvons ajouter.que la remise
de cette oeuvre donnera lieu à une grande
solennité et sera faite, non, comme on
l'avait annoncé, par M. Deville, président
du Conseil municipal, à qui la statue n'a
point encore été présentée, mais par une
délégation de la Ligue qui se trouvera à
Rome, ainsi que nous l'avons dit, en
même temps que le Président de la
République.
Le prince Colonna désignera d'ailleurs
lui-même l'emplacement sur lequel sera
érigée l'image de l'illustre poète qui, on
le sait, n'est pas moins populaire en
Italie qu'en France.
Dubufe s'embarquera ce matin sur la
Lorraine avec les toiles dont nous par-
lions l'autre jour, et qui serviront à la
décoration du pavillon français de l'Ex-
position de Saint-Louis.
»i co» ?
Il y a eu hier à l'Ecole des beaux-arts
une éclatante victoire féministe, dont les
élèves hommes ont d'ailleurs tout de
suite pris galamment leur parti.
En tête de la liste des vingt concur-
rents pour le prix de Rome admis à la
suite du premier essai figurait le nom de
Mlle Simonnet, là brillante élève de
MM. Ferdinand Humbert, de l'Institut,
et de Winter.
Mlle Simonnet prendra part avec une
autre élève-femme, Mlle Rondenay,
exempte du premier essai, à la seconde
et dernière épreuve qui précède l'entrée
en loge.
L'exactitude est, dit-on, la politesse
des Rois. C'est sans doute pour cette rai-
son que Charron, roi des chauffeurs, a
ténu à donner à la célèbre marque Char-
ron-Girardot et Voigt la rare et précieuse
réputation de 1',exactitude. 1
La maison C.-G.-V. est, en effet, la seule
marque d'automobiles qui au lieu de
livrer de vieux modèles transformés ou
allongés livre à date exacte les nouveaux
types 1904.
Cette originalité est particulièrement
appréciée des clients.
A l'hiver qui n'a pas été clément, va
succéder, on le sent déjà, un printemps
capricieux, les journées tièdes côtoient
les nuits froides ; aux rayons de soleil
succèdent sans transition les coups secs
d:un vent glacial. Qu'arrive-t-il? Toutes
les diathèses se réveillent: lymphatisme,
herpétisme, arthritisme, et personne n'i-
gnore que leurs manifestations les plus
bénignes se portent du côté de la peau,
la scrofule couvre les paupières, les ailes
du nez, le derrière des oreilles de ses
plaques. Vite un dépuratif qui cependant
ne débilite pas l'organisme et le meilleur
est le Vin Désiles qui, à l'iode dépuratif,
unit la kola, la coca, le quinquina et les
glycérophosphates réparateurs.
Le Cercle de la Mort... à cheval.
Telle est la. chose inouïe dont le Casino
de Paris nous donne ce soir l'étonnante
primeur.
On sait ce qu'est le Cercle de la Mort :
une cuvette sans fond suspendue dans
le vide, au-dessus du public... Eh'bien,
sur les parois glissantes de cette cuvette,
un cavalier va lancer sa monture et ga-
loper en cercle aussi tranquillement que
sûr le sol sablé d'un manège.
Un seul homme.pouvait réaliser pareil
lourde force: M. Bonne enfant, un gentle-
man-rider pour lequel la science du che-
val n'a plus de secrets.
Do même qu'il n'était qu'un établisse-
ment capable de découvrir le Cercle de
la Mort à cheval et de nous le servir : le
Casino de Paris, coutumier de pareilles
trouvailles. _
Hors Paris
: De notre correspondant de Berlin :
« Les nouvelles mises en circulation
par quelques journaux anglais sur l'état
de santé de l'empereur d'Allemagne sont j
dénuées de tout fondement. Le souve-
rain est seulement atteint d'un léger en- j
rouement qui sera vite dissipé.
» Je crois savoir que, dans quelques
semaines, Guillaume II se rendra à Mo-
naco, incognito, pour rendre visite au
prince Albert. »
Nouvelles à la Main
- Tu te plains du manque d'argent;
tu as là une croix en brillants ; porte-la
au Mont-de-Piété.
- On ne l'y accepterait pas.
- Pourquoi cela?
- On ne veut plus de croix dans les...
prétoires!. _____
L'anticléricalisme de M. Combes a
toutes les cordes : violent à souhait, il
sait aussi se montrer ingénieux.
-C'est ainsi qu'à l'occasion du vendredi
saint, il avait proposé au Conseil des
ministres de donner congé aux fonction-
naires de l'Etat.
M. le président du Conseil entendait
permettre à ses subordonnés de témoi-
gner de leur libre pensée en faisant la
grasse matinée.
Le Masque de Fer.
La Représentation de Gala
AU
BÉNÉFICE DES BLESSÉS RUSSES
Et les demandes affluaient toujours
tandis que diminuaient les places encore
disponibles. L'excellent Barrau, secré-
taire de la Société des Grandes Auditions
musicales, ne sait plus où donner de la
tête. Il passe chaque jour par des transes
indicibles, surtout à l'heure où nous lui
portons les demandes envoyées quoti-
diennement au Figaro. « C'est impos-
sible..., plus rien... ; noqs sommes obli-
gés de conserver quelques placs pour
l'imprévu, etc., etc. » Je connais l'an-
tienne ; Barrau me la chante depuis
lundi. Mais en cherchant bien, en scru-
tant la feuille de location", nous finissons
toujours par découvrir, ici et là, quelques
bons strapontins.
Et puis nous avons eu aujourd'hui la
bonne fortune de rentrer en possession
de quatre fauteuils et d'une loge.de bal-
con. Deux personnes, ayant souscrit
chacune deux orchestres, nous ont en
effet averti qu'elles ne seraient pas à Pa-
ris le 14 avril, et que nous pouvions dis-
poser des places qu'elles avaient rete-
nues. D'autre part, M. Deville, président
du Conseil municipal, nous a informé
qu'il abandonnait là loge qui lui est ré-
servée chaque soir au Théâtre munici-
pal de Mme Sarah Bernhardt, et nous
autorisait en même temps à la mettre en
location, ce dont nous lui savons un gré
infini. Cette loge de balcon et ces quatre
fauteuils d'orchestre ont été immédia-
tement réservés.
A ce propos, nous prions instamment
les personnes qui, étant déjà inscrites,
se trouveraient pour une raison ou pour
une autre dans l'impossibilité d'assister
à la représentation de gala, de nous le
faire savoir au plus tôt, afin que nous
puissions attribuer leurs places dans
l'ordre des demandes qui nous sont en-
voyées chaque jour.
Parmi les derniers souscripteurs aux-
quels nous avons pu jusqu'à présent
donner satisfaction, nous relevons les
noms suivants :
Loges et baignoires
Comte Fersen, attaché à l'ambassade
de Russie 400
Princesse de Wrède 399
Mme de Benardaki QQQ
m. x....... ; 400
Mme Livingtoii-Sampeon.. 400
Mme Gildemeister 400
Fauteuils d'orchestre et de balcon
M. Schébeko, premier secrétaire de
l'ambassade de Russie 100
M. Iuriwitsch, attaché à l'ambassade
de Russie JQQ
Prince Orloff, attaché à l'ambassade
de Russie.. ^QO
Prince Troubetzkoy, attaché à l'am-
bassade de Russie JQO
M. Raffalowich, attaché à l'ambas-
sade de Russie . ^QQ
M. Agricola 200
Comte Brunetta d'Usseaux 200
Mme Jules Giraud -JQO
M. Jules Giraud... jyo
Colonel Lara -KJQ
M. Noël Bardac
Mlle Lindsay, de l'Opéra......;..,." 100
Mme Etienne Mallet . 100
M. Philippe de Burlet, de Bruxelles. 200
M. Maurice Depret 100
M. M Jinos | 200
M. Baele.... ] 200
Nous n'exagérions pas hier en disant
que cette représentation de Rigoletto
s'annonçait comme un succès sans pré-
cédent.' Au plaisir d'entendre l'ouvrage
de Verdi, interprété par des artistes
comme Mlle Cavalieri, MM. Carùso et
Renaud, se joindra l'attrait d'une cham-
brée dont la séduction évoquera lés
beaux soirs disparus du théâtre Venta-
dour.
Nous n'avons pu que prendre bonne
note des demandes que nous avons re-
çues pour les loges de première galerie
avec salon; mais il est d'ores et déjà cer-
tain que nous ne pourrons les satisfaire
toutes. Quant aux fauteuils de premiere
galerie, nous répétons encore qu'il n'en
reste plus un seul de disponible depuis
lundi, et nous nous excusons de ne pou-
voir répondre aux nombreuses lettres
qu'on nous adresse chaque jour au sujet
de ces places.
Nous pouvons annoncer aujourd'hui
que les coupons pourront être délivrés à
partir du mercredi 6 avril, au théâtre
Sarah-Bernhardt,
Charles Joly.
Nous commencerons, lundi, en feuilleton) ,
la première partie d'une charmante fan-
taisie : i f
SDH ItA PHT D'UN PETIT Chien
écrite pour les lecteurs du FIGARO par
M. Maurice MAETERLINCK.
Cette publication sera suivie de celle
d'un court roman :
Monsieur Je
adapté, par M. Pierre-Paul PLAN; d'un des
plus spirituels ouvrages du romancier ita-
lien
Salvatore FARINA
Puis nous publierons une nouvelle :
LA MAISON MAUDITE
de notre excellent collaborateur
M. Henry BORDEAUX
La Guerre
russo-japonaise
Effectifs russes
en Mandchourie
(Par dépêche de notre envoyé spécial)
Saint-Pétersbourg, 1« avril.
J'ai eu aujourd'hui communication, à
titre officieux, de la liste détaillée des
troupes russes actuellement concentrées
en Extrême-Orient, avec la désignation
et les numéros des divisions, brigades,
régiments, batteries, escadrons.
J'ai été prié de respecter le secret de
la mobilisation et de ne pas publier cette
liste ; je puis du moins vous donner des
chiffres d'ensemble.
L'état que j'ai eu entre les mains a été
arrêté le 15-/28 mars au soir, par l'état-
major, à Kharbine. A cette date, il y
avait exactement en Mandchourie 170,000
hommes d'infanterie, 17,000 hommes de
cavalerie et 256 bouches à feu par batte-
ries de six ou huit pièces.
Sur cet effectif, 20,000 fantassins, 5,000
cavaliers, 4 batteries de huit pièces sont
employés exclusivement à la garde du
chemin de fer.
Bien que le gros des troupes soit
concentré face à la Corée, le front stra-
tégique à couvrir est de 1,600 kilomè-
tres et s'étend de Vladivostok à Niou-
Tchouang, sur la rive gauche du Liao,
la rive droite étant considérée comme
neutre.)
Le 15/28 juin prochain, la Russie aura
le Numéro quotidien ç= SEINE & SEINE-et Oise ; 15 centimes m DÉPARTEMENTS : 20 centimes
Samedi 2 Avril 1904
Gaston CALMETTE
Directeur-Gérant
JBÊDACTION - ADMINISTRATION
26, rue Drouot, Paris (9° Arr 1)
POUR LA PUBLICITÉ
S'ADRESSER, as, RUE DROUOT
A L'HOTEL DU . FIGARO >
ET POUR LES ANNONCES ET RÉCLAMES
Chez MM. LAGRA.NGE, CERF & Ci*
G et 8, place de la Bourse
T V PTCAHn
Lu I ItrAIlU
'< Loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là, me moquant des sots, bravant les méchants, je me hâte
de rire de tout..., de peur d'être obligé d'en pleurer. » (BEAUMARCHAIS).
H. DE VILLEMESSANT
Fondateur
REDACTION - ADMINISTRATION
26, rue Drouot, Paris (9' axr.t) LlL.".'.
ÏÎLÉPHOME, Trois lignas : 102-48 -"THZ-fl - '
ABONNEMENT
Seine, Selne-et-OIse. 15 » 3a » 00 A
Départements 18 75 37 50 75 .
Union postale 21 50 43 » 86 *
On s'abonne dans tous les Bureau» de Posti
de France et ,l'Algérie,
Nos lecteurs trouver ont encarté dans le
présent numéro un
SUPPLÉMENT ILLUSTRÉ DE HUIT PAGES
SUR
l'Algerie
qui devra leur être délivré gratuitement.
SOMMAIRE
Coups de foudre : LE PASSANT.
La Vie de Paris : La fête de Mireille ; CH.
FORMENTIN. '
La représentation de gala au bénéfice des bles-
sés russes : CHARLES JOLY.
La guerre" russo-japonaise : Effectifs russes
en Mandchourie : GEORGES BOURDON.
4 l'Etranger : Lettre d'Egypte : GALLUS.
Figaro à Londres.
Ce que l'on dit de nous.
Journaux et Revues : ANDRÉ BEAUNIER.
Dessin : A là Renaissance : "Le Mannequin
d'osier" : SACHA GUITRY.
La musique dans les églises.
Autour de la politique : ANDRÉ NANCEY.
Les Beaux-Arts à l'Exposition de Saint-Louis :
EMILE BERR.
Affaires militaires.: Les promotions.
Les Concerts : GABRIEL FAURÉ.
Les Théâtres : Théâtre de Monte-Carlo : "Le
Droit é l'amour" : J. DARTHENAY.
J ;i. "> i \ : ; ! » ' 1 ?"'?-y ; . ,. .
Coups
de foudre
? -, - ,, , ... .....
C'est, ayant tout, une impression de
stupéfaction qui s'est dégagée des dé-
bats de.cette affaire Greuling, si claire-
ment et si sobrement racontée par notre
brillant collaborateur.Henri Varennes. On
peut, maintenant que le jury s'est pro-
noncé, émettre sans crainte une opinion
sur le draine et, malgré toutes les déné-
gations, tenir l'individu pour un meur-
trier. Au: surplus, que ce fût lui qui eût
tué la-jeune fille ou elle-même qui se
fût donné la mort, c'était, de toute fa-
çon, à cause de lui qu'elle était morte, et
c'est cela qui, au point de vue psycholo-
gique, sinon au point de vue juridique,
faisait tout l'intérêt de cette étrange af-
faire. On vous à dépeint physiquement
le personnage: une.de ces figures glar
bres et rasès qui..semblent faites pour
q u 'o ny applique û ci nd i fié re m me a t tous' lés
masques :' l'allure suffisante-et inquié-
tante du bellâtre toujours uniquement
préoccupé '.de ses avantages extérieurs ;
une recherche exagérée de toilette, abou-
tissant à une mise du goût le plus dou-
teux ; le perpétuel souci de poser et de
plastronner. Et par-dessus tout cela,
une stupidité à-faire frémir, une bêtise
à faire pleurer.
, Tel est le beau jeune homme pour qui
là pauvre Elisa Popésco avait éprouvé le
coup de foudre. Elle l'aperçoit dans un
couloir de théâtrè, et tout de suite sa pe-
tite cervelle et son petit coeur d'oiseau
sont médusés. Cet homme qu'elle: n'a
jamais vu, qu'elle ne connaît pas, c'est
l'homme qu'elle avait rêvé et qu'il lui
faut. Elle ne sait ni qui il est ni ce qu'il
est; à sâ figure sans.barbe et sans mous-
tache, elle le prend pour un acteur, mais
ce peut être aussi bien un domestique.
Elle n'en a cure; le coup de foudre, qui
est un moyen commode de justifier' les
-pires faiblesses, ne lui laisse pas le loisir
de réfléchir. Ses sens ont parlé; il n'y a
que son ' bon sens qui se taise. D'un
entr'acte à- l'autre, cette jeune fille, qui,
sans être immaculée, a cependant de la
tenue, de l'éducation, une certaine cul-
ture d'esprit et de moeurs, fait d'elle-
même une sorte d'abandon public. Du
premier sourire, elle se livre au fat
odiëux et imbécile qui lui répond par ses
exercices habituels, un oeil en coulisse,
une attitude penchée et langoureuse.
L'oiseleur a sorti son miroir : une
alouette de plus .vient de s'y laisser
prendre.
Mais il les lui .faut toutes rôties, à cet
homme. Le proverbe dit qu'on ne vit pas
d'amour, mais on peut très bien vivre de
l'amour. Notre joli jeune homme n'en-
tendait pas n'être aimé que pour ses
beaux yeux, et quand il s'était donné la
peine de faire une .'conquête, il . tenait à
rentrer dans ses frais. Il voulait bien
aimer à son tour, mais à la condition
d'être nourri :1e coeur a ses raisons que
l'estomac ne connaît pas., Et le plus
curieux, c'est que l'aimable sire avait tou-
jours la pâtée assurée; des demoiselles
dont c'est le métier de recevoir de ^ar-
gent des hommes se faisaient un plaisir
d'en donner à cet individu. Il est vrai
qu'on ne peut ;pas dire que ce fût là un
homme! C'était.une sorte de chien de
chasse de la galanterie : il avait le flair
de ce gibier spécial. Et il savait très bien
calculer son élan, ne soutirant qu'une
dizaine de francs à la belle de nuit du
café Américain' pour qui c'était une
somme, et. « tapant» gaillardement de
quinze louis une jeune femme rencon-
trée à Nice, la ville où l'on connaît
tout de suite.les gens qu'on trouve, et où
l'on retrouve toujours les gens qu'on
connaît. Greuling, en ces milieux cosmo-
polites, était tout à.son affaire. Il s'est qua-
lifié lui-même «d'emprunteur errant», se
parant de ce titre comme d'une sorte de
profession sociale. Avant lui, d'ailleurs,
du temps de l'ancienTortoni, nous avions
eu l'histoire, souvent racontée par Scholl,
du vagùé homme de lettres qui venait là
chaque soir vivre' aux crochets des uns
et des autres. Il avait fini par lasser tout
le monde. Mais comme sa situation,
sommé toute, paraissait intéressante, on
résolut de le tirer d'embarras en lui trou-
vant un petit emploi. Ce fut Scholl qui
parvint a ie caser dans- une librairie, et ;
il le lui annonça joyeusement le soir à
l'heure de l'apéritif.
- Combien cela me rapportera-t-il ?
demanda le bohème.
- Deux cent cinquante francs par
mois...
- Vous plaisantez !... s'écria l'autre
d'un ton indigné et humilié. Mais je ga-
gne le double à emprunter !...
Encore n'était-ce là qu'un emprunteur
fixe. L'emprunteur errant a, évidem-
ment, un champ plus vaste devant lui. Il
voit plus de pays, et surtout il en fait
voir aux autres. C'était vraiment, suivant
le mot consacré, un assemblage bien
suggestif, dans les coulisses de cette
tragi-comédie, que celui de la pauvre
donzelle du café Américain, de la gen-
I tille demi-mondaine de Nice et de la
grande dame russe rencontrée à Venise,
sous ce ciel italien propice à toutes lès
folies. Sur toutes les trois, le coup de
foudre avait produit les mêmes effets :
il était tombé tout droit sur leur bourse.
Et la malheureuse Elisa Popesco n'au-
rait 'pas échappé au sort commun. Il
lui aurait fallu, comme les autres, ali-
menter le bel amoureux. Elle l'a com-
pris, et elle aura voulu se révolter, mais
il était trop tard. Le poisson ne voulait
plus quitter l'hameçon.,La pauvre fille
a payé de sa vie sa trop galante aven-
ture. Sa fin si triste empêchera-t-elle
le retour de semblables histoires ? 11
n'y a même pas à l'espérer. A la Cour
d'assises - notre ami Varennes vous l'a
raconté - un public féminin regardait
cOmplaisamment le Greuling. S'il eût été
acquitté, il aurait pu sans crainte faire
appel à ces âmes sensibles; les billets
doux et les billets bleus auraient rempli
son chapeau - ou sa casquette.
Quand on songe, pourtant, que la vic-
time était, de l'avis de tous, une petite
personne ne manquant ni d'intelligence
ni de finesse, et qui savait toujours, ou
croyait savoir ce qu'elle faisait ! Il est
probable que si, à cette même représen-
tation des Français, un brave et_ loyal
garçon, sérieusement épris, sè fût ap-
proché d'elle, elle y aurait mis beaucoup
plus de formes et lui aurait peut-être fait
comprendre qu'il se trompait. Elle au-
rait, en tout cas, exigé un stage, et, sa-
chant, comme toute femme, ce qu'elle
valait, elle aurait voulu qu'on la méritât,
qu'on la gagnât. Et peut-être le timide
amoureux se fût-il découragé, et la jeune
fille aurait ainsi passé à côté de sa desti-
née.-Elle aurait rebuté l'homme vrai-
ment sincère, celui qui l'aurait prise
pour toujours et aurait rempli sa vie.
Mais voici' 'lin grôs pâpillon-qui passe,
de ces papillons brillants et bêtes, qui
vous jettent en tourbillonnant de leur
poudre aux yeux. Et la pauvre enfant
s'élanco à sa suite. En dix minutes, elle
fait plus de chemin avec cet inconnu
qu'elle n'en eût fait avec un fiancé. Vous
avez lu les détails du procès. Le président,
quelque discrétion qu'il y ait mis, n'a pu
s'empêcher de remarquer que la jeune
fille était allée bien vite en besogne. On ne
pouvait guère l'accabler, puisqu'elle est
morte. Mais si, n'ayant été que blessée,
elle fût apparue à ce procès comme té-
moin, quel triste quart d'heure on lui
aurait fait passer, et quels accents l'avo-
cat de Greuling et peut-être Greuling lui-
même auraient trouvés pour juger une
femme qui se jette aussi rapidement,
aussi follement au cou d'un homme !
Il est vrai qu'elle aurait eu la ressource
de répondre que de plus sérieux et de
plus pratiques qu'elle se laissent prendre
à tout ce mirage, à tout ce clinquant, à
tout ce qui brille et qui n'est pas de l'or !
En amour comme en affaires, a beau men-
tir qui vient de loin. C'est une expé-
rience trop souvent faite qu'un bijoutier
parisien qui hésitera à confier une bague
à un honnête bourgeois ayant pignon
sur rue mettra toute sa boutique à la
disposition du premier rasta venu affu-
blé d'un nom ronflant et descendu
dans un hôtel à la mode. Tous les jours
on signale de ces genres de vol. C'est
l'éternel coup classique du garçon de
magasin que l'ingénieux filou lait at-
tendre à la porte de 1 hôtel, tandis que
par-un escalier dérobé il s'empresse de
prendre le large. Aujourd'hui c'est un
hidalgo, demain ce sera un mylord, après-
demain quelque cavalière'des Abruzzes.
Pourvu que ce ne soit pas un Parisien,
lp. bijoutier. y sera toujours pris. C'est
encore là une des formes les plus cou-
rantes du coup de foudre. Et c'est en
quoi la métaphore se rapproche de la
réalité. Au propre comme au figuré, les
coups de foudre, certes, ne tuent pas
toujours. Mais ils ravagent, ils dégra-
dent, et tournent généralement fort mal
pour les pauvres coeurs trop inflamma- !
bles qui sortent sans paratonnerre...
Le Passant.
PARIS HORS PARIS
LA FÊTE DE MIREILLE
Une fête exquise aura lieu après-demain
au pays de Provence et c'est un grand
poète qui en a eu l'idée. Cette, fois, il n'y aura
ni cigaliers ni félibres ; on n'inaugurera pas
de bustes à grand renfort de tambourins ; on
ne prononcera pas de discours à effrayer les
cigales. Mais ce sera une fête souriante et
calme, d'une beauté classique, quelque chose
comme les Panathénées que célébrait jadis
Athènes en l'honneur de Minerve.
Le théâtre antique d'Arles est le cadre
choisi pour cette manifestation d'une grâce à
la fois provençale et païenne. Et voici ce que
l'on verra, lundi prochain, dans ce décor
incomparable, doré par le soleil.
Frédéric Mistral, en tenue d'empereur du
Midi, son grand feutre gris sur la tête, une
rose à la boutonnière, embrassera l'une après
l'àutre les belles filles d'Arles, dont les dix-
huit printemps fleuriront cette année même et
gui auront fait un serment. Oh ! le serment
n'aura rien de rigoureux et n'entraînera pas
de condamnation à d'éternelles vertus. Le
poète de Mireille ne voudrait pas d'un voeu
qui ferait pâlir de fraîches joues roses et effa-
roucherait de beaux yeux. Le programme de la
fête n'a rien qui rappelle l'entrée au couvent :
il y est question d'une prise de coiffes, mais
non d'une prise de voile -? et ce n'est pas le
front baissé, l'allure repentante, que défileront
les jeunes vierges, mais la tête haute, le rire
aux lèvres et le corsage entre-bâillê sous la
guimpe blanche et fleurie.
Pour avoir le droit de figurer à cette pro-
cession virginale, les jolies fidèles auront
dû prendre à. l'avance et par écrit un en-
gagement solennel : celui de porter toujours
la coiffure et le costume traditionnels; de re-
noncer, à tout jamais, aux toilettes trop ten-
tantes qui viennent de Paris.
Alors, Frédéric Mistral les prendra l'une
après l'autre dans ses grands bras paternels,
leur mettra sur le front son baiser de patriar-
che, et leur distribuera, estampillé de sa fine
signature, un diplôme qui commémorera ce
grand événement. Et la blonde et brune théo-
rie des belles filles évoluera lentement au son
des galoubets joyeux et l'on verra - délicieux
contraste - toutes ces fraîches jeunesses s'é-
panouir à l'ombre de raines plusieurs fois sé-
culaires.
Voilà ce qu'a révé un poète et ce que l'on
verra après-demain.
Cette heureuse pensée était bien digne de
celui qui depuis cinquante ans honore et dé-
fend sa petite patrie provençale et ne veut
pas voir s'en aller les belles traditions qui
font son originale beauté. Je me souviens des
inquiétudes que me manifestait à ce sujet, il y
a quelques'mois à peine, Frédéric Mistral en
sa blanche maison de Maillahe. Certes,il était
fier d'avoir pu réunir dans son musée'd'Ar-
les tous les pittoresques échantillons de la
Provence d'autrefois ; mais il était triste à la
pensée que les plus jolies choses de son pays
meurent ou se transforment quand il serait si
facile de les garder bien vivantes et de les re-
mettre en honneur. De là est sortie la « Festo
Vierginenco » qui sera célébrée dans quelques
jours.
.11 ne faut pas que la race arlésienne dispa-
raisse devant, l'invasion, des grandes villes.
Paris a le droit de mettre partout son sceau
d'élégance, mais pas là où il fait de la lai-
deur. Or, les belles filles d'Arles né sont pas
créées pour les fanfreluches et les toilettes de
nos mondaines. Le plus joli chapeau de'Pari-
sienne- ne va pas à leur visage d'un dessin si
pur. Leurs grands yeux où le soleil , a mis de
la braise n'ont pas besoin d'être abrités- soùs
de vastes écrans; ils demandent au contraire
de l'air et de l'espace ; leur front est trop beau
pour ne pas être libre. Et voilà pourquoi l'Ar-
lésienne est irrésistible avec son petit chignon
en tourelle et le petit bout de velours noir qui
flotte autour. Elle est délicieusement attirante
avec son fichu croisé sur la poitrine, avec sa
« chapelle » où des dentelles légères voilent à
peine une gorge .idéale, tandis qu'elle est
gauche et empêtrée dans nos modes nouvelles,
quand la sotte idée lui vient de s'habillèr
comme les dames de Paris.
Frédéric Mistral ne veut pas que cet admi-
rable tvpe de beauté provençale devienne un
article de musée. L'Arlésienne, fille .dé Mi-
reille, n'a pas le droit de -renoncer à ce qui
fait son charme, son originalité et "sa"grâce. '
Et c'est pour le lui rappeler qu'un grand poète,
amoureux de toutes les beautés de la Pro-
vence,-distribuera dans deux jours des diplô-
mes et des baisers.
Ch. Formentin.
Échos
La Température
Les fortes pressions persistent dans le sud-
ouest et l'est du continent. Des pluies sont
tombées sur l'ouest et le .centre de l'Europe. En
France, il a plu dans toutes les régions, sauf
dans le sud-est, notamment à Brest, à Lyon,
à Paris où pendant la journée d'hier la piuie
est tombée à plusieurs reprises sous un ciel
nuageux et-très sombre. Quant à -la mgr, elle
est houleuse sur toutes nos côtes.
La température a baissé sur l'Europe -cen-
trale. Hier,à Paris, vers sept heures du matin,
le thermomètre marquait 7" au-dessus de zéro
et 120 à trois heures de l'après-midi. On no-
tait 170 à Algèr; i° au-dessous de zéro au puy
de Dôme.
.En France, des ondées sont probables avec
temps.doux. Ce baromètre, à 760mm ie matin,
était 7651»» dans la soirée. '
Monte-Carlo. - Thermomètre à midi : 240
au-dessus de zéro. Beau temps.
Du New York Herald :
A New-York : Brouillard épais, pluie inces-
sante. Température : minima, -j- 20 ; maxima,
-+- 40. Vent , frais de l'est-sud-est. Baromètre
baisse lentement.
A Berlin : Couvert. Température, -f- 100.
A Londres : Beau. Température : minima,-
-4- 40 ; maxima, -(- 11°. Vent fort de l'ouest.
Baromètre en hausse.
Les Courses
Aujourd'hui, à 2 heures, Courses à
Enghien. - Gagnants du Figaro :
Prix du Gatinais : Oban ou Corton.
Prix du Blaisois: Chambovet ou Litorne.
Prix du Loir : Rob Roy ou Roi d'Armes.
Prix de la Brenne : Lointaine ou Mo-
rency.
Prix de la Touraine : Chambovet ou
April.
Prix du Bassigny : Bereg ou Ruy Blas III.
L'ANTÉCHRIST
Les caricaturistes représentent vo-
lontiers M. Combes avec les attri-
buts diaboliques, les cornes, le pied four-
chu, et cet appendice caudal qui s'al-
longe naturellement, à cause de tant de
gens qui tirent le diable par la queue.
Loin d'être désobligé par ces. fantai-
sies satiriques, M. Combes en est ravi et
s'applique à les justifier. Il pioche cons-
ciencieusement son rôle de Belzébuth.
Ayant vu, à l'Opéra, au deuxième acte
de Faust, le Choral des épées, il songea
que si Méphistophélès avait été prési-
dent du Conseil, au lieu de fuir devant
les croix, il aurait pu interdire l'exhibi-
tion de toute espèce d'emblème reli-
gieux. V.f .
M. Combes a donc donné l'ordre d'en-
lever tous les-christs qui décoraient tra-
ditionnellement les salles d'audience des
Cours et Tribunaux. Car il tient énormér
ment à ce que l'on pense que l'aspect
d'un crucifix lui est . aussi intolérable
qu'à un diable le séjour d'un bénitier.
Vains efforts ! Tout le monde voit bien
que ce n'est qu'une pose. Si. fanatique
que puisse être . M. le président du
Conseil, -personne ne Je. croira-jamais
aussi inintelligent. Pourquoi des tableaux
à sujets sacrés l'offusqueraient-ils au Pa-
lais, alors qu'il les supporté très bien au
Louvre? Pourquoi le célèbre triptyque
de Memlin'g le gênerait-il plus dans lé
prétoire que dans le cabinet du premier
président, où l'on va, paraît-il, le trans-
porter? Pourquoi les symboles chrétiens
lui porteraient-ils ombrage, tandis que
les statues de dieux et de déesses de
l'antiquité ou de l'Orient ne lui inspirent
que de l'admiration, si elles ont une va-
leur esthétique, et, dans le cas contraire,
que de l'indifférence?
Si M. Combes était de bonne foi, il
ordonnerait de brûler, et non de démé-
nager, le Memling, le Henner et le Bon-
nat du Palais de justice. Lorsque sévit
l'hérésie des iconoclastes, qui étaient
des vandales et des imbéciles, mais des
convaincus; ils détruisaient les icônes,
ils ne les envoyaient pas dans les mu-
sées.
Il est évident que la mesure prise par
M. Combes contre les crucifix est pure-
ment ostentatoire.
M. le président du Conseil joue à l'An-
téchrist et s'amuse à braver l'opinion.
Seulement, il oublie que, dans la poli-
tique contemporaine, Satan s'appelle
Homiais, ce qui fait qu'il brave surtout le
ridicule, - et qu'il n'y échappe pas.
A Travers Paris
S. M. l'impératrice Eugénie, accom-
pagnée de Mlle d'Allouville et de M.Fran-
ceschini Pietri, a ,quitté Paris hier soir
par le rapide de Màrseille.
L'Impératrice, dont l'état de santé est
assez satisfaisant, mais que les fatigues
et les émotions de ces trois derniers mois
passés aù chèvet de sa niëce ont-fort
abattue, va prendre quelque repos à Cap-
Martin,,où elle compte rester une partie
de la saison 1. v . .. , : .. . - i .
Coïncidence piquante : avant-hier, au
moment même où M. Combes donnait
l'ordre d'enlever les crucifix des prétoi-
res; la voiture d'un des membres, et non
des moindres, du gouvernement actuel,
stationnait devant la Madeleine.
Quelques passants s'étaient arrêtés,
un peu étonnés de trouver là une livrée
officielle à la cocarde tricolore.
La voiture attendait la sortie de la fa-
mille du ministre qui était venue avec
la foule visiter lès tombeaux du jeudi
saint, et qui repartit après avoir accom-
pli dans l'église ses dévotions.
INSTANTANÉ
M. Georges LOUIS
Succède à M. Cogordan à la direction poli-
tique .du ministère des affaires étrangères. Ce
choix ne surprendra personne. On n'en pou-
vait faire de plus heureux.
Cinquante-sept ans. Sympathique et ave-
nant. Lé charme de ses manières, la distinc-
tion de son esprit en font un des fonction-
naires les plus affables comme aussi les plus
brillants du quai d'Orsay.
A eu une carrière particulièrement rapide.
Chacun se plaît à reconnaître qu'il en est peu
de mieux justifiées.
Débute en 1880 comme chef de cabinet du
comte Horace de Choiseul, sous-secrétaire
d'Etat aux Affaires Etrangères avec M. Barthé-
lemy-Saint-Hilaire. L'année suivante, il passe
à la direction des affaires commerciales en qua-
lité de sous-directeur. Successivement consul
général, ministre plénipotentiaire, il est en-
voyé en 1893 à la Commission de la Dette
égyptienne.
La tâche des représentants français au
Caire était alors des plus délicates. Rien ne
faisait encore prévoir «l'entente cordiale».
M. Louis s'acquitta de sa mission avec un tact
parfait et apporta dans la défense des intérêts
dont il avait la garde autant de fermeté que
de courtoisie. ,
En 1901, il rentre en France pour occcuper
les importantes fonctions de directeur des
consulats Sa haute compétence, sa grande
culture, ses facultés d'assimilation et de travail
comme aussi sa connaissance. profonde des
affaires le'désignaient tout naturellement pour
le poste élevé auquel vient de l'appeler la con-
fiance et l'estime de son chef.
C'est au nom de la Ligue franco-ita-
lienne que sera offerte au prince Co-
lonna, syndic de Rome, la belle statue
de Victor Hugo dont nous avons parlé.
Nous pouvons ajouter.que la remise
de cette oeuvre donnera lieu à une grande
solennité et sera faite, non, comme on
l'avait annoncé, par M. Deville, président
du Conseil municipal, à qui la statue n'a
point encore été présentée, mais par une
délégation de la Ligue qui se trouvera à
Rome, ainsi que nous l'avons dit, en
même temps que le Président de la
République.
Le prince Colonna désignera d'ailleurs
lui-même l'emplacement sur lequel sera
érigée l'image de l'illustre poète qui, on
le sait, n'est pas moins populaire en
Italie qu'en France.
Dubufe s'embarquera ce matin sur la
Lorraine avec les toiles dont nous par-
lions l'autre jour, et qui serviront à la
décoration du pavillon français de l'Ex-
position de Saint-Louis.
»i co» ?
Il y a eu hier à l'Ecole des beaux-arts
une éclatante victoire féministe, dont les
élèves hommes ont d'ailleurs tout de
suite pris galamment leur parti.
En tête de la liste des vingt concur-
rents pour le prix de Rome admis à la
suite du premier essai figurait le nom de
Mlle Simonnet, là brillante élève de
MM. Ferdinand Humbert, de l'Institut,
et de Winter.
Mlle Simonnet prendra part avec une
autre élève-femme, Mlle Rondenay,
exempte du premier essai, à la seconde
et dernière épreuve qui précède l'entrée
en loge.
L'exactitude est, dit-on, la politesse
des Rois. C'est sans doute pour cette rai-
son que Charron, roi des chauffeurs, a
ténu à donner à la célèbre marque Char-
ron-Girardot et Voigt la rare et précieuse
réputation de 1',exactitude. 1
La maison C.-G.-V. est, en effet, la seule
marque d'automobiles qui au lieu de
livrer de vieux modèles transformés ou
allongés livre à date exacte les nouveaux
types 1904.
Cette originalité est particulièrement
appréciée des clients.
A l'hiver qui n'a pas été clément, va
succéder, on le sent déjà, un printemps
capricieux, les journées tièdes côtoient
les nuits froides ; aux rayons de soleil
succèdent sans transition les coups secs
d:un vent glacial. Qu'arrive-t-il? Toutes
les diathèses se réveillent: lymphatisme,
herpétisme, arthritisme, et personne n'i-
gnore que leurs manifestations les plus
bénignes se portent du côté de la peau,
la scrofule couvre les paupières, les ailes
du nez, le derrière des oreilles de ses
plaques. Vite un dépuratif qui cependant
ne débilite pas l'organisme et le meilleur
est le Vin Désiles qui, à l'iode dépuratif,
unit la kola, la coca, le quinquina et les
glycérophosphates réparateurs.
Le Cercle de la Mort... à cheval.
Telle est la. chose inouïe dont le Casino
de Paris nous donne ce soir l'étonnante
primeur.
On sait ce qu'est le Cercle de la Mort :
une cuvette sans fond suspendue dans
le vide, au-dessus du public... Eh'bien,
sur les parois glissantes de cette cuvette,
un cavalier va lancer sa monture et ga-
loper en cercle aussi tranquillement que
sûr le sol sablé d'un manège.
Un seul homme.pouvait réaliser pareil
lourde force: M. Bonne enfant, un gentle-
man-rider pour lequel la science du che-
val n'a plus de secrets.
Do même qu'il n'était qu'un établisse-
ment capable de découvrir le Cercle de
la Mort à cheval et de nous le servir : le
Casino de Paris, coutumier de pareilles
trouvailles. _
Hors Paris
: De notre correspondant de Berlin :
« Les nouvelles mises en circulation
par quelques journaux anglais sur l'état
de santé de l'empereur d'Allemagne sont j
dénuées de tout fondement. Le souve-
rain est seulement atteint d'un léger en- j
rouement qui sera vite dissipé.
» Je crois savoir que, dans quelques
semaines, Guillaume II se rendra à Mo-
naco, incognito, pour rendre visite au
prince Albert. »
Nouvelles à la Main
- Tu te plains du manque d'argent;
tu as là une croix en brillants ; porte-la
au Mont-de-Piété.
- On ne l'y accepterait pas.
- Pourquoi cela?
- On ne veut plus de croix dans les...
prétoires!. _____
L'anticléricalisme de M. Combes a
toutes les cordes : violent à souhait, il
sait aussi se montrer ingénieux.
-C'est ainsi qu'à l'occasion du vendredi
saint, il avait proposé au Conseil des
ministres de donner congé aux fonction-
naires de l'Etat.
M. le président du Conseil entendait
permettre à ses subordonnés de témoi-
gner de leur libre pensée en faisant la
grasse matinée.
Le Masque de Fer.
La Représentation de Gala
AU
BÉNÉFICE DES BLESSÉS RUSSES
Et les demandes affluaient toujours
tandis que diminuaient les places encore
disponibles. L'excellent Barrau, secré-
taire de la Société des Grandes Auditions
musicales, ne sait plus où donner de la
tête. Il passe chaque jour par des transes
indicibles, surtout à l'heure où nous lui
portons les demandes envoyées quoti-
diennement au Figaro. « C'est impos-
sible..., plus rien... ; noqs sommes obli-
gés de conserver quelques placs pour
l'imprévu, etc., etc. » Je connais l'an-
tienne ; Barrau me la chante depuis
lundi. Mais en cherchant bien, en scru-
tant la feuille de location", nous finissons
toujours par découvrir, ici et là, quelques
bons strapontins.
Et puis nous avons eu aujourd'hui la
bonne fortune de rentrer en possession
de quatre fauteuils et d'une loge.de bal-
con. Deux personnes, ayant souscrit
chacune deux orchestres, nous ont en
effet averti qu'elles ne seraient pas à Pa-
ris le 14 avril, et que nous pouvions dis-
poser des places qu'elles avaient rete-
nues. D'autre part, M. Deville, président
du Conseil municipal, nous a informé
qu'il abandonnait là loge qui lui est ré-
servée chaque soir au Théâtre munici-
pal de Mme Sarah Bernhardt, et nous
autorisait en même temps à la mettre en
location, ce dont nous lui savons un gré
infini. Cette loge de balcon et ces quatre
fauteuils d'orchestre ont été immédia-
tement réservés.
A ce propos, nous prions instamment
les personnes qui, étant déjà inscrites,
se trouveraient pour une raison ou pour
une autre dans l'impossibilité d'assister
à la représentation de gala, de nous le
faire savoir au plus tôt, afin que nous
puissions attribuer leurs places dans
l'ordre des demandes qui nous sont en-
voyées chaque jour.
Parmi les derniers souscripteurs aux-
quels nous avons pu jusqu'à présent
donner satisfaction, nous relevons les
noms suivants :
Loges et baignoires
Comte Fersen, attaché à l'ambassade
de Russie 400
Princesse de Wrède 399
Mme de Benardaki QQQ
m. x....... ; 400
Mme Livingtoii-Sampeon.. 400
Mme Gildemeister 400
Fauteuils d'orchestre et de balcon
M. Schébeko, premier secrétaire de
l'ambassade de Russie 100
M. Iuriwitsch, attaché à l'ambassade
de Russie JQQ
Prince Orloff, attaché à l'ambassade
de Russie.. ^QO
Prince Troubetzkoy, attaché à l'am-
bassade de Russie JQO
M. Raffalowich, attaché à l'ambas-
sade de Russie . ^QQ
M. Agricola 200
Comte Brunetta d'Usseaux 200
Mme Jules Giraud -JQO
M. Jules Giraud... jyo
Colonel Lara -KJQ
M. Noël Bardac
Mlle Lindsay, de l'Opéra......;..,." 100
Mme Etienne Mallet . 100
M. Philippe de Burlet, de Bruxelles. 200
M. Maurice Depret 100
M. M Jinos | 200
M. Baele.... ] 200
Nous n'exagérions pas hier en disant
que cette représentation de Rigoletto
s'annonçait comme un succès sans pré-
cédent.' Au plaisir d'entendre l'ouvrage
de Verdi, interprété par des artistes
comme Mlle Cavalieri, MM. Carùso et
Renaud, se joindra l'attrait d'une cham-
brée dont la séduction évoquera lés
beaux soirs disparus du théâtre Venta-
dour.
Nous n'avons pu que prendre bonne
note des demandes que nous avons re-
çues pour les loges de première galerie
avec salon; mais il est d'ores et déjà cer-
tain que nous ne pourrons les satisfaire
toutes. Quant aux fauteuils de premiere
galerie, nous répétons encore qu'il n'en
reste plus un seul de disponible depuis
lundi, et nous nous excusons de ne pou-
voir répondre aux nombreuses lettres
qu'on nous adresse chaque jour au sujet
de ces places.
Nous pouvons annoncer aujourd'hui
que les coupons pourront être délivrés à
partir du mercredi 6 avril, au théâtre
Sarah-Bernhardt,
Charles Joly.
Nous commencerons, lundi, en feuilleton) ,
la première partie d'une charmante fan-
taisie : i f
SDH ItA PHT D'UN PETIT Chien
écrite pour les lecteurs du FIGARO par
M. Maurice MAETERLINCK.
Cette publication sera suivie de celle
d'un court roman :
Monsieur Je
adapté, par M. Pierre-Paul PLAN; d'un des
plus spirituels ouvrages du romancier ita-
lien
Salvatore FARINA
Puis nous publierons une nouvelle :
LA MAISON MAUDITE
de notre excellent collaborateur
M. Henry BORDEAUX
La Guerre
russo-japonaise
Effectifs russes
en Mandchourie
(Par dépêche de notre envoyé spécial)
Saint-Pétersbourg, 1« avril.
J'ai eu aujourd'hui communication, à
titre officieux, de la liste détaillée des
troupes russes actuellement concentrées
en Extrême-Orient, avec la désignation
et les numéros des divisions, brigades,
régiments, batteries, escadrons.
J'ai été prié de respecter le secret de
la mobilisation et de ne pas publier cette
liste ; je puis du moins vous donner des
chiffres d'ensemble.
L'état que j'ai eu entre les mains a été
arrêté le 15-/28 mars au soir, par l'état-
major, à Kharbine. A cette date, il y
avait exactement en Mandchourie 170,000
hommes d'infanterie, 17,000 hommes de
cavalerie et 256 bouches à feu par batte-
ries de six ou huit pièces.
Sur cet effectif, 20,000 fantassins, 5,000
cavaliers, 4 batteries de huit pièces sont
employés exclusivement à la garde du
chemin de fer.
Bien que le gros des troupes soit
concentré face à la Corée, le front stra-
tégique à couvrir est de 1,600 kilomè-
tres et s'étend de Vladivostok à Niou-
Tchouang, sur la rive gauche du Liao,
la rive droite étant considérée comme
neutre.)
Le 15/28 juin prochain, la Russie aura
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