Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1901-01-22
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 22 janvier 1901 22 janvier 1901
Description : 1901/01/22 (Numéro 22). 1901/01/22 (Numéro 22).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k2853947
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
479 Année = 3e Série «. N" 22
U Numéro^ SEINE & SE1NE-ET»QISE 15 centimes = DEPARTEMEfiiTS 20 centimes
Mardi 22 Janvier 190t
pirecf&urs- Gérants
F. DE RODAYS | A. PÉRIVIElt
Rédacteur en chef «• Administrateur,
S. DE VILLEMESSAKT
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LA
Reine Victoria
M. d'Estpumelles de Constant, député, qui
• a longtemps occupé à notre ambassade de
Londres un poste important, a bien voulu
nous adresser les .notes suivantes sur l'au-
guste rnalade
Malgré la fièvre de chauvinisme égoïste
et barbare qui s'est .emparée du monde,
le matérialise et l'abaisse, aveugle les
hommes d'un même pays, dresse les uns
contre jesautres les peuples qui cherchent
la paix malgré ces mauvais germes de
discorde savamment jetés dans les fou-
les qui voudraient s'unir, un Français s
est-il encore libre de rendre un hommage
indépendant à la grande, souveraine qui
vient d'entrer en agonie? Oui, car nous
respectons la mort. Pendant huit ans
j'ai vécu à Londres au milieu d'une co-
lonie française admirable et dans des
circonstances parfois plus que difficiles,
critiqués. J'ai lutté de toutes mes forces
pour là .défense de nos droits contre les
Anglais; j'ai été souvent leur adversaire,
et ils m'ont, eux aussi, combattu je n'ai
jamais été leur ennemi. Et je tiens à sa-
luer une dernière fois, avant qu'elle
disparaisse à jamais, la reine qui fut
toute s'a vie, pour tant de Français et
tant d'étrangers, hospitalière et paci-
fique.
A tous ceux qpi l'ont connue, ou qui
connaissent l'Angleterre, elle à inspiré un
respect absolu, et parmi tant de veuves,
d'orphelins, parmi tantde mères anglaises
que l'affreuse guerre du Transvaal a
misés en deuil, iln'est personne quilui ait
adresse un reproche. Comme l'immense
majorité de ses sujets, elle a cru, sans
doute, cette guerre inévitable, mais elle
n'a pas du s'en consoler, et ceux qui di-
sent qu'elle en meurt disent peut-être la
vérité. L'histoire jugera certainement
avec urje rare faveur l'ensemble de son
règne et, pour tout le bien qu'elle a voulu
et qu'elle a 'fait, lui pardonnera les mal-
heurs qu'elle n'a pas pu empêcher.
La reine Victoria a fait beaucoup de
bien, parce qu'elle avait reçu du prince
Albert, son mari, une incomparable
éducation de souveraine constitution-
nelle, parce qu'elle a toujours su, depuis
lors, s entourer des personnages les plus
respectables, et- les plus respectés, mais
aussi parce qu'elle a été. femme et mère.
Il semble que, de nos jours, les peuples
accordent plus de" crédit à, une reine
qu'à un roi la jeune reine de Hollande
est ï'énfant' chérie de tout son royaume
la reine régente d'Espagne, bien qu'é-
trangère, a su se faire non seulement
accepter, mais adopter par ses sujets.
Une, femme trouve, pour parler à son
peuple, des mots humains auxquels ne
songent pas les hommes d'Etat, et qui
ouvrent les cœurs, apaisent les colères.
Là bonne fortune aussi a été grande
pour la majeure partie d'un règne que la
.transformation économique de l'Angle-
terre et le triomphe du libre-échange
ont fait si grand.
L'Angleterre a été la première à mettre
en valeur ses charbons, ses mines et à
créer les industriesnouvelles dont sa ma-
rine a transporté, dans le monde entier,
les produits longtemps à l'abri de toute
concurrence. Elle y a sacrifié son agri-
culture, sans doute, mais les grands
propriétaires ont su accepter et faire ac-
cepter autour d'eux ce sacrifice, en com-
pensation des avantages que leurs capi-
taux tiraient des progrès de l'industrie.
Le libre-échange, ainsi, n'a fait sentir
à la grande majorité des Anglais que ses
bienfaits: Il faut reconnaître aussi que
toujours l'influence humaine de la Reine
a favorisé les concessions nécessaires.
Libéraux ou conservateurs, ses minis-
tres se sont tour à tour piqués d'accom-
plir le plus possible de réformes démo-
cratiques.
Telle est la différence qui frappe un
étranger, entre le gouvernement en An-
gleterre et eh France :̃ les Anglais n'at-
tendent pas d'y être contraints pour ac-
corder au peuple des réformes; ils s'y
décident, sans marchander, aussitôt,
qu'ils prévoient qu'ils devront en passer
par là.
L'expansion coloniale est le côté le
plus brillant et, à mon avis, le point faible
de la politique anglaise dans la seconde
partie du règne de la Reine-Impératrice.
Le germe de toutes ces entreprises loin-
tainesenAfrique, au Transvaal, en Chine,
ou ailleurs, est le malaise économique,
l'arrêt dans la prospérité matérielle de
l'Angleterre, le jour où ses clients, Alle-
lemagne, Etats-Unis, Canada, Australie,
Japon même, ont commencé à l'abandon-
ner pour se transformer en concurrents.
Alors.ilafallusecréerde nouveaux débou-
chés. L'Inde elle-même n'était plus la
ressource inépuisable des belles années.
Mais, en s'étendant et en provoquant
d'autres entreprises rivales des siennes,
l'Angleterre, sans y penser, devenait peu
à peu une nouvelle puissance, beaucoup
plus grande, plus impériale, mais aussi
plus exposée qu'auparavant. Elle dut en-
trer dans le fatalengrenage de la paix ar-
mée elle n'eut pas sans doute une année
comme les puissances continentales,
mais elle ne pourra pas s'en passer, et
en attendant elle augmente sa flotte à
coups de millions, de centaines de mil-
lions. En sorte que les impôts s'élè-
vent à mesure que se raréfient les res-
sources, et avec les mauvais jours
sont venues les inspirations mauvaises.
II. a fallu non seulement coloniser, mais
coloniser à tout prix; le besoin d'ar-
gent est devenu le mobile de l'ex-
pansion anglaise; en vain les chefs
autorisés du gouvernement, lord Salis-.
bury, lord Rosebery lui-même, après"
Gladstone, se sont élevés, contre la. mé-
galomanie qui entraîne leur pays ils
sont. impuissants à l%rrêter.
Et alors?.
La Reine aurait du mourir deux ans
plus tôt, mais elle disparaît encore à
temps pour ne pas assister à de terribles
luttes.
Nous, Français, nous devons regretter
sa mort, non seulement parce qu'elle
était pacifique, mais parce qu'elle aimait
notre pays. Elle en parlait comme les
vieillards parlent de leur jeunesse; elle y
venait; elle y serait venue bien davan-
tage, s'il n'avait dépendu que d'elle. Je
visitais l'an dernier près d'Aix-les-
Bains, le domaine qu'elle avait acquis
et où elle allait faire bâtir une de ses re-
traites favorites. Par les plus stupides pro-
cédés, nous l'avons obligée à vendre son
terrain et à abandonner son rêve; nous
avons ainsi chassé de notre Savoie la
clientèle innombrable d'Anglais et de
voyageurs étrangers qui réglaient leurs
modes et. leurs déplacements sur ceux
de la souveraine. Partout, depuis l'affaire
de Fachoda, nous nous donnons le facile
plaisir de crier: Mort aux Anglais! Le ré-
sultat est que nos plages et nos stations
thermales ou pittoresques sont désertes.
Bien plus, les Français habitant Lon-
dres, ces précieux intermédiaires de
notre immense commerce avec l'Angle-
terre, sont l'objet de mesures de repré-
sailles, sont boy cottes, mis à l'index à leur
tour; le courant séculaire qui nous assu-
rait, depuis des siècles, la clientèle la
plus riche du monde tend à disparaître,
et c'est nous qui l'aurons voulu.
Le prince de Galles ne s'abstiendra-
t-il pas, lui aussi, de venir chez nous?
et avec lui, toute sa Cour ? II n'a même
pas visité, notre Exposition, lui qui en
avait suivi, presque mois par mois, les
travaux, et que Paris considérait comme
un habitué
Ce sont là autant de symptômes.
L'Angleterre s'appauvrit, et de même
la France; pour aggraver ïë mal, l'ur\e
et l'autre poursuivent,a,ux extrémités du
monde, des conquêtes qui les mettront
en conflit, non seulement entre elles,
mais avec les autres puissances, an-
ciennes et nouvelles des conquêtes qui
coûteront beaucoup plus qu'elles ne va-
lent,' et qui augmenteront démesuré-
ment, pour l'une et pour l'autre, les
charges de la paix armée.
Oui, la reine Victoria ne doit pas re-
gretter de disparaître la lutte des appé*
tits va devenir trop âpre et trop cynique.
Les excès de l'impérialisme et de la colo-
nisation vont porter leurs fruits empoi-
sonnés.
D»Estournelles de Constant.
51 janvier 1901. V
Echos
.oa.
La. Température
Le baromètre continue à se relever dans
l'ouest du continent; il est à 778mm à Biarritz
et à 771mm à Paris. Des pluies sont signalées
à Besançon, à Cherbourg, à Biarritz et à Pa-
ris. La mer est agitée généralement.
La température s'abaisse sur nos régions
du Centre et du Sud. A Paris, le thermomètre
indiquait hier dans la matinée 60 au-dessus de
zéro, et 90 1/2 dans l'après-midi on notait
110 à Alger et 170 au-dessous à Herman-
stadt. En France, un temps doux et pluvieux
est probable. Dans la soirée et après une
journée humide et assez sombre, le baromètre
restait à 773mm.
Monte-Carlo. Thermomètre le matin à
huit heures 13° à midi, 150, Très beau
temps.
UNE BELLE JOURNÉE
Oui, une belle journée que celle où
l'on a entendu deux orateurs tels que
M. le comte do Mun et M. le président
du Conseil. Ils suffisent à prouver, par
leurs accents, qu'on se trompe lorsqu'on
ose parler de la décadence de la tribune
française. Oui, une belle journée que
celle où l'on a vu la gauche courtoise
pendant que parlait l'orateur catholique,
et la droite tolérante pendant que par-
lait le chef du ministère.
Rien n'est plus dissemblable que leurs
talents, sinon les thèses qu'ils ont défen-
dues. M. le comte de Mun représente
parmi nous l'éloquence dé la tribune
telle, que nous l'avons apprise dans les
anthologies, telle qu'on la pratiquait
avant les découvertes scientifiques et
sociales qui lui ont donné un caractère
plus précis, plus technique et moins
orné.
M. Waldeck-Rousseau, lui, représente
cette éloquence de la tribune telle que
nos neveux l'admireront dans les antho-
logies futures; telle que l'ont faite les
technicités modernes.
Et comme dans un parallèle littéraire
des métaphores s'imposent, je dirais de
la première qu'elle est un de ces chars
magnifiques où paradaient les nobles
dames d'autrefois, carrosses surchargés
de dorures, de franges et de panaches,
dans lesquels on se. promenait solennel-
lement sans allerr quelque part. Et je
dirais de la seconde qu'elle. ressemble à
ces locomotives où l'acier et le cuivre
ont acquis des lignes irréprochables et
élégantes, par leur adaptation exacte
à leur fonction nécessaire, qui est de
mener rapidement et sûrement.
M. de Mun a examiné la loi au point
de vue économique et au point de vue
politique.
Quoique sa parole abondante, colorée
et chaude eût gagné à se saupoudrer de
connaissances juridiques qui eussent em-
pêché l'orateur de confondre unecongré-
gation avec une société anonyme, et de
croire que la mainmorte existe chez les
deux, il a cependant produit un effet
considérable en blâmant les calculs et
les statistiques du ministèr*esur les biens
congréganistes.
Il semble à beaucoup de gens, dont je
suis, que la propriété est une chose tel-
lement sacrée, que jamais, à aucun
point de vue et sous aucun prétexte,
l'hypothèse d'une* confiscation quelcon-
que ne doit être sôuieyée-
,A.u point de. vue politique, M. de Mun
était moins solide, car tout le talent et
toute l'habileté du monde ne feront ja-
mais admettre qu'un gouvernement
puisse tolérer des congrégations uni.
quement occupées à le détruire sous pré-
texte de religion. La Monarchie, sur ce
point, serait du même avis que la Répu-
blique, et sa main serait même plus
lourde.
M. le président du Conseil, envelop-
pant ses écrasantes qualités de juriste
d'une éloquence simple, volontairement
décolorée, qui portait cependant parfois
à son dernier degré d'intensité J'émo-
tion de l'auditoire, a expliqué le méca-
nisme et la nécessité de la loi. Et quand
il a dressé le tableau du clergé paroissial
que nulle congrégation n'a jamais songé
à aider, et que, presque toutes., elles pri-
vent de ses fonctions ou de ses ressour-
ces, il a trouvé dans sa philosophie des
accents aussi persuasifs que ceux qu'un
grand chrétien aurait pu tirer de sa foi
religieuse..
Cette page s'étalera bientôt sur nos
murs.. Une majorité de quatre-vingts
voix a ordonné l'affichage. C'est; on peut
le prédire, la majorité finale en faveur
de la loi, qui se dessine et se dégage.
J. CORNÉLY.
QO«0>0
A Travers Paris
Le Président de la République et le
ministre du commerce ont reçu de
Saint-Pétersbourg la dépêche suivante
Monsieur Loubet, Président de la République
française, et pwnsieiir MMerand, ministre
̃du commerce, à Paris.
Réunis dans un sentiment de reconnais-
sance et d'admiration pour la grande Expo-
sition, nous nous permettons, à propos •"
d'une fête organisée en l'honneur de nos ca-
marades décorés par le gouvernement fran-
çais, de vous adresser nos remerciements
pour l'accueil que nous, Russes, avons reçu
dans Paris, la belle capitale. Nous avons
travaillé pour la grande Exposition et nous
nous en vantons. Vive la France i vivent
les produits français! vive Loubet 1 vive
Millerand! f au nom de notre société. J
Le conseiller do commerce Edouard
Michaïlovitch Gbunwaldt; les
journalistes Jacoff, Matweevitch, <
Gottberg et ALEXANDROVITCH de
GRINEWSKY; l'adjoint officiel de la
direction générale des postes et té-
iégraphes Vladimir DE Sembnoff. 1
M. Millerand, ministre du commerce,
a répondu en ces termes
Monsieur Edouard Michaïlovitch, conseiller du
commerce, à Saint-Pétersbourg,
M. le Président de la République a été très
touché des sentiments dont votre télégramme
lui à fait parvenir l'expression.
Il me charge d'être près de vous et de vos
-collègues l'interprète de ses remerciements,
auxquels je vous demande la permission de
joindre l'assurance de ma gratitude pérson-
nelle. ̃
'•̃' •̃:̃ Millerand.
La gallophobie du correspondant du
Novoïé Vrémia n'a pas eu grand écho,
comme on le voit, parmi ses compa-
triotes.
C'est aujourd'hui que sera distribuée
aux membres du Parlement la médaille
commémorative du congrès qui a élu
M. Emile Loubet Président de la Répu-
blique.
Les derniers exemplaires de cette mé-
daille, absolument distincte de celle de
Chaplain à l'effigie du Président, et qui
est l'œuvre de MM. Henri Dubois et
Launay, chef de la comptabilité et du
matériel du Palais-Bourbon, qui en a
dessiné le revers, ont été frappés hier à
la Monnaie et livrés aussitôt aux ques-
tures du Sénat et de la Chambre des dé-
putés.
M. le diic Albert de Broglie, membre
de l'Académie française, avait également
fait partie du Sénat pendant de longues
années, comme chacun sait.
Cette double qualité de sénateur et
d'académicien a appartenu à un assez
grand nombre de personnalités éminen-
tes depuis tantôt vingt-cinq ans que le
Sénat existe.
On trouve en effet, comme ayant simul-
tanément siégé au palais Mazarin et au
palais du Luxembourg, outre le duc de
Broglie Victor Hugo, Jules Simon,
Mgr Dupanloup, Dufaure, Henri Martin,
Littré, Challemel-Lacour, John Le-
moinne, le comte d'Haussonville (père de
l'académicien actuel) et Léon Say, le-
quel toutefois, vers la fin de sa carrière,
quitta le Sénat pour la Chambre des dé-
putés.
Dans le Sénat actuel, on compte en-
core quatre immortels MM. le duc
d'Auditfret-Pasquier, de Freycinet, Ber-
thelot et Alfred Mézières.
La haute assemblée possède en outre
six autres membres de l'Institut M,
Wallon, de l'Académie des inscriptions
et belles-lettres MM. Bérengér, le baron
de Courcel,. Théophile Roussel et Alfred
Rambaud, de l'Académie des sciences
morales et politiques M. Priliieux, de
l'Académie des sciences, dont sont mem-
bres en outre MM. Berthelot et de Frey-
cinet. '̃
A la Chambre, il n'y a que deux mem-
bres de l'Académie française, MH. Paul
Deschanel et de Mun, et deux mèaîbres
aussi des autres sections de Tlastitut
M. Louis Passy, de l'Académie des
sciences morales et politiques, et M. Ra-
phaël Bischoffsheim, de l'Académie des
sciences.
.v40Q-s:
Le statuaire Antonin Cariés a terminé
hier le modèle, à la grandeur d'exécu-
tion, du monument qui sera élevé, par
souscription internationale, à la mémoire
de Pasteur, à Dôle, ville nataie de l'illus-
tre savant.
Au bas d'un piédestal dessiné par
M. Chifflot, et que surmonte la statue de
Pasteur; passe la Science, qui dans un
mouvement d'élan élève une couronne,
tandis qu'assise sur les degrés du monu-
ment l'Humanité, reconnaissante presse
dans ses bras les deux enfants que le'
savoir du maître vient dé sauver.
L'ensemble de «stte œuvre vraiment
belle ne mesure pas moins dé 8 tàètre§
dehauteur.
L'inauguration à Dôle 'en aura lieu
seulement en 1902, après celle du monu-
ment qui sera élevé, également par sous-
cription internationale, à Paris, et qui
est la dernière œuvre de Falguière.
OPINIONS FANTAISISTES
-£f- C'est un des privilèges de la royauté
que la mort du monarque ne saurait passer
inaperçue c'est un privilège, est-ce un avan-
tage ?
•3S- Flots de sang ou flots de larmes, tout
finit par des flots d'encre, et ce sont toujours
des flots et puis l'Angleterre est une île.
-BS- On ne meurt qu'une fois, dit-on; et
pourtant la supériorité des articles nécrologi-
ques est qu'on les peut utiliser avant, pendant
et après; ce sont les funérailles qui, elles, ne
doivent malheureusement se raconter qu'une
fois.
-®r- II est assurément des livres plus porta-
tifs que le dictionnaire Larousse, mais j'en
connais peu dont la lecture soit, lorsqu'il le
faut, plus opportunément suggestive.
-S- Je crois qu'il y a des gens plus intéressés
que ses amis, que ses proches, et que le mo-
narque lui-même, à ce qu'il passe au moins
la nuit, je veux parler des directeurs des
journaux du soir.
-©- J'ai tout lieu de penser que les télé-
grammes dés rois ou des ministres, avisés
diplomates, sont toujours préparés d'avance
quelque pénibles et funèbres même qu'en cer-
taines circonstances puissent sembler de telles
précautions, il appartient au diplomate de ne
rien laisser au hasard, c'est toujours plus
sûr, et cela n'engage à rien.
"HS- Pourquoi s'en aller répétant qu'on ne vou-
drait pas être à la place du prince de Galles,
alors qu'on sait pertinemment combien gra-
tuite est une pareille supposition?
Hors Paris
De notre correspondant de Rome
« Une vive émotion a été ressentie ici,
aujourd'hui, à la suite de la nouvelle,
venue de Milan, que Verdi avait été
frappé d'une attaque d'apoplexie.
» L'illustre compositeur, d'après l'avis
de son médecin qui trouvait son état
satisfaisant, avait fait dans la journée
une promenade en landau. Peu après
son retour chez lui, sa petite-fille, en-
trant dans sa chambre, le trouvait rigide.
Les médecins aussitôt appelés lui appli-
quèrent des réactifs violents qui lui
firent reprendre connaissance.
» Le bulletin publié ce soir, à neuf
heures, à Milan, constate des troubles
aigus dans les lobes du cerveau et un
engourdissement de la sensibilité.
» La situation est grave. » • ̃
~400bd-
Nouvelles â la Main
La comtesse à Boireau
J'aime beaucoup l'extrait de réséda
et vous, monsieur Boireau?
Moi, comtesse.je tremperais mon
pain dedans 1
Molinchard raconte à un ami qu'on lui
avait proposé un poste très bien rétribué,
là-bas, au diable, dans les colonies, mais
qu'il a refusé, redoutant le voisinage des
éléphants et des rhinocéros qui pullulent
dans la contrée.
Ah! dame, lui dit l'ami, si tu cher-
ches la petite bête
Le Masque de Fer.
LA MALADIE
DELA
REINE D'ANGLETERRE
(DE notre CORRESPONDANT PARTICULIER)
Londres, 21 janvier.
Comme hier, journée lugubre. Le bul-
letin de minuit a laissé une impression
douloureuse que n'ont pas effacée les nou-
velles de la journée, annonçant un léger
mieux; mais, bien que tous les cœurs
soient étreints d'une profonde angoisse,
on veut espérer quand même.
Les Anglais ont une foi touchante
dans la robuste santé de leur Reine,
comme dans la protection' que la Provi-
dence lui a toujours accordée « Ce n'est
pas possible! disent-ils. Elle nous sera
encore,une fois conservée. »
C'est que les Anglais, au contraire des
autres peuples de l'Europe, n'ont pas as-
sisté à des changements de monarchie.
Les neuf dixièmes des sujets de la Reine
sont nés depuis qu'elle préside aux des-
tinées de la Grande-Bretagne. Ils n'ont
jamais connu que la Reine; Pour eux,
la reine Victoria a toujours été et doit
toujours être. Jamais il ne leur est venu
à l'esprit l'idée qu'un jour ce règne pour-
rait finir, et voilà que, tout à coup, brus-
quement, avec l'imprévu d'un gronde-
ment de tonnerre dans un ciel serein, la
terrible éventualité se présente, à eux,
d'une catastrophe!
̃ II faut se rappeler ces faits, pour com-
prendre l'émotion qui s'est emparée
d'eux, qui les hante comme une vision
hideuse.
II y a cependant peu de signes exté-
rieurs des cruelles préoccupations du
peuple anglais, bien que, à la Cité comme
aux abords des palais, la foule consulte
d'un oeil anxieux les bulletins, trop rares
selon elle, car elle en voudrait recevoir
toutes les heures. Mais partout1 il n'y a
qu'un sujet de conversation là santé de
la Reine! Et, signe des plus graves, de-
puis ce matin on commence à parler
discrètement, à voix basse, de l'avenir.
Demain préoccupé le peuple anglais
avec une obsédante persistance. Les bul-
letins,,je l'ai dit, sont rares et inquié-
tants mais plus inquiétants sont cer-
tains signes, certaines dispositions, qui
annoncent que ceux qui ont la charge
des affaires de. l'Etat pressentent une
crise. ̃ .̃"̃̃
Les ̃mouvements des ministres et fonc-,
tîonnaires sont significatifs.
Lord Salisbury, il est vrai, est reparti
ce soir pour Hàtfield; Inaîs le premier
ministre n'est pas de ceux dont la pré-
sence pourrait être nécessaire à Osborne.
Le lord chancelier, le ministre de l'inté-
rieur, officier de l'état civil, et le premier
lord de la Trésorerie, M. Balfour, au
contraire, doivent en cas d'urgence se
trouver à Osborne, et un train spécial
est sous vapeur à Victoria-Station, pour
emmener les ministres à Portsmouth
d'où ils s'embarqueraient pour Osborne.
D'après un avis reçu à la gare, ce train
sera probablement nécessaire cette nuit,
et le ministre de l'intérieur, appelé en
toute hâte; est arrivé ce soir à Londres.
Un signe grave est que tous les dîners,
toutes les réceptions, toutes les fêtes
ont été décommandés et nous avons
maintenant la véritable explication de la
décison prise par lord Roberts d'ajour-
ner toutes les fêtes préparées pour lui.
On le voit aujourd'hui, ce n'est pas sim-
plement à cause de la guerre qu'il a pris
la détermination qu'on sait. Voilà ce qui
inquiète et effraye l'opinion, et fait passer
un frisson de consternation d'un bout
du royaume à l'autre.
Je crois devoir constater ici que les
Anglais sont très touchés de la sympa-
thie qu'ont pour eux, dans cette heure
de crise nationale, les pays étrangers et
notamment la France.
Les articles des journaux français sont
cités et commentés. Le bon goût, le
tact, la discrétion de la vraie presse
française ont fait beaucoup de plaisir
ici, où l'on suit avec tant d'attention ce
qui se dit.et s'imprime chez nous.
Lord Kelvin a présidé aujourd'hui à
Edimbourg une réunion de la Société
franco-écossaise. Il a exprimé la vive sa-
tisfaction que lui causait la profonde
sympathie témoignée par les amis de la
Société en France à l'occasion de la ma-
ladie de la Reine.
Il y a un an, a-t-il dit, on aurait pu croire
qu'il existait un nuage au-dessus de l'entente
cordiale entre l'Angleterre et la France
mais la sympathie manifestée en cette triste
occasion ecarte tous les doutes au sujet de
l'existence de cette cordialité.
Je note, en passant, que le roi des Bel-
ges, qui devait, venir, a contremandé son
voyage.
Cela peut tenir à la difficulté de loger
à Osborne tous les membres et alliés de
la famille royale. Osborne-quin'estpas
un des châteaux de la Couronne, mais,
comme Balmoral, une propriété privée
de la Reine -n'est pas très vaste, et l'on
a été obligé d'aménager des apparte-
ments, provisoires, à bord des yachts
royaux.
On annoncé à l'instant que l'empereur
Guillaume, qui devait revenir à Londres,
reste à Cowes cette nuit.
Paul Villars.
.A. OSBORNE
L'arrivée de l'empereur d'Allemagne
Osborne, 21 janvier,'10 heures soir.
Le train spécial parti de Londres à
huit heures du matin et amenant l'em-
pereur Guillaume, le prince de Galles, le
duc d'York, le duc et la duchesse de
Connaught est arrivé à dix heures à
Portsmouth où les augustes voyageurs
se sont immédiatement embarqués à
bord du yacht royal Alberta.
Une foule nombreuse assistait de loin
à ce départ, respectueusement décou-
verte, sans un cri, sans une acclamation,
comme angoissée.
Les honneurs ont été rendus à l'empe-
reur d'Allemagne par les officiers de ma-
rine présents, en grand uniforme, et les
soldats de marine du vapeur Majestic;
mais Guillaume II s'est abstenu des for-
malités habituelles, les minutes étant
précieuses et le petit-fils de la reine Vic-
toria voulant arriver à temps au chevet
de son aïeule.
Tandis que l'Alberta s'éloignait dans la
direction de Cowes, les soldats de marine
entonnaient d'une voix grave le Godsave
the Queen. Et l'on pouvait voir, à bord du
yacht royal, l'empereur Guillaume et lés
membres de la famille royale respec-
tueusement découverts pendant l'audi-
tion de l'hymne britannique.
Une heure un quart plus tard, exacte-
ment à onze heures et demie, le yacht
Alberta arrivait à Cowes.
Une foule considérable était massée
près du débarcadère, désireuse de témoi-
gner au souverain allemand, par sa pré-
sence, le prix qu'elle attachait à sa ve-
nue. Mais, là encore, pas un cri ne fut
poussé, pas une acclamation ne retentit.
Toutes les têtes se découvrirent respec-
tueusement devant Guillaume II et les
personnages royaux lorsqu'ils montèrent
en voiture pour se rendre au château.
L'état de la reine Victoria était moins
mauvais dans la matinée que les bulle-
tins de la nuit précédente pouvaient le
faire craindre. L'auguste malade, a pu
reconnaître quelques-uns de ses enfants,
etquand Penirjereur Guillaume, accompa-
gné du prince de Galles, du duc d'York
et du duc de Connaught, a pénétré, très
ému, dans sa chambre, les yeux de la
Reine se sont fixés sur lui avec un vague
éclat, et sa main a pressé faiblement la
main de Guillaume II.
L'empereur allemand est resté long-
temps, en contemplation muette, au
chevet de son aïeule, et s'est retiré très `
impressionné.
Dans la journée, la légère amélioration
s'étant maintenue et les craintes d'un
dénouement immédiat étant un peu dis-
sipées, l'empereur Guillaume II est sorti
à pied, avec le prince de.Galles, le due
d'York et le duc de Connaught, pour
aller visiter la Maison des soldats inva-
lides. L'Empereur était vêtu d'un mac-
farlane sombre et coiffé d'un feutre mou.
Guillaume II a prolongé cette prome-
nade jusqu'à cinq heures,.avarit de ren-
trer au château d'Osborrie, où le prince
de Galles l'avait devancé.. Il .y a jyouyé le
dernier bulletin des .médecios mention-
fiant là continuation de la légère «më*
lioration déjà constatée.
La physionomie de Cowes ne dénote
pas l'angoisse des habitants. Ceux-ci,; qui
ont pour la souveraine un grand atta-
chement et qui se rendent compte du
vide que sa mort causera dans ce coin
d'Angleterre qu'elle affectionnait parti-
culièrement, attendent avec résigna-
tion l'ultime nouvelle, qu'ils connaî-
tront peut-être après Londres, car les ser.
viteurs du château restent muets à toutes
les demandes de renseignements. Il n'y
a pas dans les rues un mouvement inu-
sité, et c'est à peine si la vente des jour-
naux de Londres donnant des détails sur
la maladie de la Reine a augmenté de
quelques numéros.
L'empereur Guillaume II restera ce
soir à Osborne House.
Le roi des Belges, dont on avait an-
nonce l'imminente arrivée, a* dit-on,
décommandé son départ.
Les bulletins de santé
Les bulletins semblent donner encore
une lueur d'espoir..
Bulletin de onze heures du matin r
OsSdrne, il a. matin.
La Reine s'est légèrement ravivée depuis
minuit. Elle a pris plus de nourriture, et a
dormi pendant quelque temps d'un sommeil
réparateur.
Aucune perte nouvelle de forces. i ̃
Les symptômes qui causent le plus d'in-
quiétude sont ceux qui indiquent une obs-
truction locale dans la circulation du cerveau.
Signé POWELL, Reid, BARLOW.
Le docteur Barlow est spécialiste pour
les maladies cérébrales.
Bulletin de cinq heures du soir
Osborne, 5 h. soir.
La légère amélioration de ce matin s'est.
maintenue.
Reid, Powell, Barlow,
Un journal de Londres, YEcho, e a
accentué ce soir dans son édition de
neuf heures, cette douce lueur d'espoir
Voici la dépêche que ce journal a reçue
de Cowes, a six heures du soir
Il y a ce soir des nouvelles rassurantes
d'Osborne. ̃̃.
J'apprends que la Reine a repris ses sens
ce soir, pour la première fois, pendant plu-
sieurs heures. A quatre heures, elle s'est
éveillée d'un sommeil bienfaisant et a pu
prendre un peu de Champagne et de«noum-
ture. Une heure après, elle s'est endormie à
nouveau, dans les bras de la princesse de
Galles. ;̃̃
Ayant' de Rendormir, Sa Majesté avait ex-
prime le. désir de voir l'empereur d'Allema-
gne. On dit maintenant qu'elle d'avait fait
mander quand les symptômes de la maladie
s'étaient aggravés. L'Emperèur vint à son
chevet et la Reine lui adressa voix basse
quelques paroles. L'Empereur s'est retiré
après quelques minutes, visiblement ému.
Il y a a une lueur d'espoir. ` ̃̃-•••
D'ailleurs, en dehors des bulletins offi-
ciels, on ne peut rien savoir.
Depuis le bulletin de cinq heures
jusqu'à celui de minuit, rien n'a trans-
piré au sujet de l'état de la Reine.
II est évident que la plus grande par-
tie des détails donnés en dehors des
bulletins sont de pure invention ou sont
basés sur des on-dit..
Personne n'est admis à Osborne
House. Les personnages ou les fonction-
naires qui se tiennent aux portes refu-
sent même de transmettre les lettres
d'introduction de personnages impor-
tants aux officiers de garde.
Bulletin officiel de minuit
Osborne, minuit
Il n'y a pas de changement matériel dans
l'état de la Reine.
La légère amélioration de la matinée s'est
continuée toute la journée. L'alimentation
s est faite assez bien.
On est arrivé à procurer à la Reine ut» som-
meil paisible.
Çigné Reid, Powell, BARiaw.
̃
Xa princesse Fredérica, fille du roi de
Hanovre, actuellement à Biarritz, a reçu
dans la soirée d'hier, une dépêche d'Os-
borne disant que la reine Victoria avait
pu prendre un peu de nourriture et qu'on
avait encore quelque espoir.
La princesse partira aujourd'hui pour
l'Angleterre.
Télégramme du prince de Galles
Le prince de Galles a envoyé le télé-
gramme suivant à M. Cambon, notre
ambassadeur à Londres
Je vous prie d'exprimer à M. le Président
de la République mes remerciements les plus
chaleureux pour sa vive sympathie à l'occa-
sion de la grave maladie de ma mère bien»
aimée.
Albert-Edouard.
.1.
A TRAVERS LA PRESSE <,
EN ANGLETERRE
La presse anglaise tout entière, com-
mente les nouvelles graves arrivées
d'Osborne, et rappelle avec émotion les
grands services rendus par la reine Vic-
toria à l'Angleterre. Presque tous les
j ournaux relatent avec orgueil la prompte
arrivée de Guillaume II en Angleterre:
Le Times écrit
L'histoire présente peu d'exemples –même
parmi les souverains qui ont bravement et
Ëdelement accompli la tâche qui leur incom-
bait –de chefs d'Etat qui aient conquis la
profonde affection personnelle et la considé-*
ration dont jouit notre Reine bienTaimée.
Mais on peut s© demander s'il y a jamais m
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Mardi 22 Janvier 190t
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LA
Reine Victoria
M. d'Estpumelles de Constant, député, qui
• a longtemps occupé à notre ambassade de
Londres un poste important, a bien voulu
nous adresser les .notes suivantes sur l'au-
guste rnalade
Malgré la fièvre de chauvinisme égoïste
et barbare qui s'est .emparée du monde,
le matérialise et l'abaisse, aveugle les
hommes d'un même pays, dresse les uns
contre jesautres les peuples qui cherchent
la paix malgré ces mauvais germes de
discorde savamment jetés dans les fou-
les qui voudraient s'unir, un Français s
est-il encore libre de rendre un hommage
indépendant à la grande, souveraine qui
vient d'entrer en agonie? Oui, car nous
respectons la mort. Pendant huit ans
j'ai vécu à Londres au milieu d'une co-
lonie française admirable et dans des
circonstances parfois plus que difficiles,
critiqués. J'ai lutté de toutes mes forces
pour là .défense de nos droits contre les
Anglais; j'ai été souvent leur adversaire,
et ils m'ont, eux aussi, combattu je n'ai
jamais été leur ennemi. Et je tiens à sa-
luer une dernière fois, avant qu'elle
disparaisse à jamais, la reine qui fut
toute s'a vie, pour tant de Français et
tant d'étrangers, hospitalière et paci-
fique.
A tous ceux qpi l'ont connue, ou qui
connaissent l'Angleterre, elle à inspiré un
respect absolu, et parmi tant de veuves,
d'orphelins, parmi tantde mères anglaises
que l'affreuse guerre du Transvaal a
misés en deuil, iln'est personne quilui ait
adresse un reproche. Comme l'immense
majorité de ses sujets, elle a cru, sans
doute, cette guerre inévitable, mais elle
n'a pas du s'en consoler, et ceux qui di-
sent qu'elle en meurt disent peut-être la
vérité. L'histoire jugera certainement
avec urje rare faveur l'ensemble de son
règne et, pour tout le bien qu'elle a voulu
et qu'elle a 'fait, lui pardonnera les mal-
heurs qu'elle n'a pas pu empêcher.
La reine Victoria a fait beaucoup de
bien, parce qu'elle avait reçu du prince
Albert, son mari, une incomparable
éducation de souveraine constitution-
nelle, parce qu'elle a toujours su, depuis
lors, s entourer des personnages les plus
respectables, et- les plus respectés, mais
aussi parce qu'elle a été. femme et mère.
Il semble que, de nos jours, les peuples
accordent plus de" crédit à, une reine
qu'à un roi la jeune reine de Hollande
est ï'énfant' chérie de tout son royaume
la reine régente d'Espagne, bien qu'é-
trangère, a su se faire non seulement
accepter, mais adopter par ses sujets.
Une, femme trouve, pour parler à son
peuple, des mots humains auxquels ne
songent pas les hommes d'Etat, et qui
ouvrent les cœurs, apaisent les colères.
Là bonne fortune aussi a été grande
pour la majeure partie d'un règne que la
.transformation économique de l'Angle-
terre et le triomphe du libre-échange
ont fait si grand.
L'Angleterre a été la première à mettre
en valeur ses charbons, ses mines et à
créer les industriesnouvelles dont sa ma-
rine a transporté, dans le monde entier,
les produits longtemps à l'abri de toute
concurrence. Elle y a sacrifié son agri-
culture, sans doute, mais les grands
propriétaires ont su accepter et faire ac-
cepter autour d'eux ce sacrifice, en com-
pensation des avantages que leurs capi-
taux tiraient des progrès de l'industrie.
Le libre-échange, ainsi, n'a fait sentir
à la grande majorité des Anglais que ses
bienfaits: Il faut reconnaître aussi que
toujours l'influence humaine de la Reine
a favorisé les concessions nécessaires.
Libéraux ou conservateurs, ses minis-
tres se sont tour à tour piqués d'accom-
plir le plus possible de réformes démo-
cratiques.
Telle est la différence qui frappe un
étranger, entre le gouvernement en An-
gleterre et eh France :̃ les Anglais n'at-
tendent pas d'y être contraints pour ac-
corder au peuple des réformes; ils s'y
décident, sans marchander, aussitôt,
qu'ils prévoient qu'ils devront en passer
par là.
L'expansion coloniale est le côté le
plus brillant et, à mon avis, le point faible
de la politique anglaise dans la seconde
partie du règne de la Reine-Impératrice.
Le germe de toutes ces entreprises loin-
tainesenAfrique, au Transvaal, en Chine,
ou ailleurs, est le malaise économique,
l'arrêt dans la prospérité matérielle de
l'Angleterre, le jour où ses clients, Alle-
lemagne, Etats-Unis, Canada, Australie,
Japon même, ont commencé à l'abandon-
ner pour se transformer en concurrents.
Alors.ilafallusecréerde nouveaux débou-
chés. L'Inde elle-même n'était plus la
ressource inépuisable des belles années.
Mais, en s'étendant et en provoquant
d'autres entreprises rivales des siennes,
l'Angleterre, sans y penser, devenait peu
à peu une nouvelle puissance, beaucoup
plus grande, plus impériale, mais aussi
plus exposée qu'auparavant. Elle dut en-
trer dans le fatalengrenage de la paix ar-
mée elle n'eut pas sans doute une année
comme les puissances continentales,
mais elle ne pourra pas s'en passer, et
en attendant elle augmente sa flotte à
coups de millions, de centaines de mil-
lions. En sorte que les impôts s'élè-
vent à mesure que se raréfient les res-
sources, et avec les mauvais jours
sont venues les inspirations mauvaises.
II. a fallu non seulement coloniser, mais
coloniser à tout prix; le besoin d'ar-
gent est devenu le mobile de l'ex-
pansion anglaise; en vain les chefs
autorisés du gouvernement, lord Salis-.
bury, lord Rosebery lui-même, après"
Gladstone, se sont élevés, contre la. mé-
galomanie qui entraîne leur pays ils
sont. impuissants à l%rrêter.
Et alors?.
La Reine aurait du mourir deux ans
plus tôt, mais elle disparaît encore à
temps pour ne pas assister à de terribles
luttes.
Nous, Français, nous devons regretter
sa mort, non seulement parce qu'elle
était pacifique, mais parce qu'elle aimait
notre pays. Elle en parlait comme les
vieillards parlent de leur jeunesse; elle y
venait; elle y serait venue bien davan-
tage, s'il n'avait dépendu que d'elle. Je
visitais l'an dernier près d'Aix-les-
Bains, le domaine qu'elle avait acquis
et où elle allait faire bâtir une de ses re-
traites favorites. Par les plus stupides pro-
cédés, nous l'avons obligée à vendre son
terrain et à abandonner son rêve; nous
avons ainsi chassé de notre Savoie la
clientèle innombrable d'Anglais et de
voyageurs étrangers qui réglaient leurs
modes et. leurs déplacements sur ceux
de la souveraine. Partout, depuis l'affaire
de Fachoda, nous nous donnons le facile
plaisir de crier: Mort aux Anglais! Le ré-
sultat est que nos plages et nos stations
thermales ou pittoresques sont désertes.
Bien plus, les Français habitant Lon-
dres, ces précieux intermédiaires de
notre immense commerce avec l'Angle-
terre, sont l'objet de mesures de repré-
sailles, sont boy cottes, mis à l'index à leur
tour; le courant séculaire qui nous assu-
rait, depuis des siècles, la clientèle la
plus riche du monde tend à disparaître,
et c'est nous qui l'aurons voulu.
Le prince de Galles ne s'abstiendra-
t-il pas, lui aussi, de venir chez nous?
et avec lui, toute sa Cour ? II n'a même
pas visité, notre Exposition, lui qui en
avait suivi, presque mois par mois, les
travaux, et que Paris considérait comme
un habitué
Ce sont là autant de symptômes.
L'Angleterre s'appauvrit, et de même
la France; pour aggraver ïë mal, l'ur\e
et l'autre poursuivent,a,ux extrémités du
monde, des conquêtes qui les mettront
en conflit, non seulement entre elles,
mais avec les autres puissances, an-
ciennes et nouvelles des conquêtes qui
coûteront beaucoup plus qu'elles ne va-
lent,' et qui augmenteront démesuré-
ment, pour l'une et pour l'autre, les
charges de la paix armée.
Oui, la reine Victoria ne doit pas re-
gretter de disparaître la lutte des appé*
tits va devenir trop âpre et trop cynique.
Les excès de l'impérialisme et de la colo-
nisation vont porter leurs fruits empoi-
sonnés.
D»Estournelles de Constant.
51 janvier 1901. V
Echos
.oa.
La. Température
Le baromètre continue à se relever dans
l'ouest du continent; il est à 778mm à Biarritz
et à 771mm à Paris. Des pluies sont signalées
à Besançon, à Cherbourg, à Biarritz et à Pa-
ris. La mer est agitée généralement.
La température s'abaisse sur nos régions
du Centre et du Sud. A Paris, le thermomètre
indiquait hier dans la matinée 60 au-dessus de
zéro, et 90 1/2 dans l'après-midi on notait
110 à Alger et 170 au-dessous à Herman-
stadt. En France, un temps doux et pluvieux
est probable. Dans la soirée et après une
journée humide et assez sombre, le baromètre
restait à 773mm.
Monte-Carlo. Thermomètre le matin à
huit heures 13° à midi, 150, Très beau
temps.
UNE BELLE JOURNÉE
Oui, une belle journée que celle où
l'on a entendu deux orateurs tels que
M. le comte do Mun et M. le président
du Conseil. Ils suffisent à prouver, par
leurs accents, qu'on se trompe lorsqu'on
ose parler de la décadence de la tribune
française. Oui, une belle journée que
celle où l'on a vu la gauche courtoise
pendant que parlait l'orateur catholique,
et la droite tolérante pendant que par-
lait le chef du ministère.
Rien n'est plus dissemblable que leurs
talents, sinon les thèses qu'ils ont défen-
dues. M. le comte de Mun représente
parmi nous l'éloquence dé la tribune
telle, que nous l'avons apprise dans les
anthologies, telle qu'on la pratiquait
avant les découvertes scientifiques et
sociales qui lui ont donné un caractère
plus précis, plus technique et moins
orné.
M. Waldeck-Rousseau, lui, représente
cette éloquence de la tribune telle que
nos neveux l'admireront dans les antho-
logies futures; telle que l'ont faite les
technicités modernes.
Et comme dans un parallèle littéraire
des métaphores s'imposent, je dirais de
la première qu'elle est un de ces chars
magnifiques où paradaient les nobles
dames d'autrefois, carrosses surchargés
de dorures, de franges et de panaches,
dans lesquels on se. promenait solennel-
lement sans allerr quelque part. Et je
dirais de la seconde qu'elle. ressemble à
ces locomotives où l'acier et le cuivre
ont acquis des lignes irréprochables et
élégantes, par leur adaptation exacte
à leur fonction nécessaire, qui est de
mener rapidement et sûrement.
M. de Mun a examiné la loi au point
de vue économique et au point de vue
politique.
Quoique sa parole abondante, colorée
et chaude eût gagné à se saupoudrer de
connaissances juridiques qui eussent em-
pêché l'orateur de confondre unecongré-
gation avec une société anonyme, et de
croire que la mainmorte existe chez les
deux, il a cependant produit un effet
considérable en blâmant les calculs et
les statistiques du ministèr*esur les biens
congréganistes.
Il semble à beaucoup de gens, dont je
suis, que la propriété est une chose tel-
lement sacrée, que jamais, à aucun
point de vue et sous aucun prétexte,
l'hypothèse d'une* confiscation quelcon-
que ne doit être sôuieyée-
,A.u point de. vue politique, M. de Mun
était moins solide, car tout le talent et
toute l'habileté du monde ne feront ja-
mais admettre qu'un gouvernement
puisse tolérer des congrégations uni.
quement occupées à le détruire sous pré-
texte de religion. La Monarchie, sur ce
point, serait du même avis que la Répu-
blique, et sa main serait même plus
lourde.
M. le président du Conseil, envelop-
pant ses écrasantes qualités de juriste
d'une éloquence simple, volontairement
décolorée, qui portait cependant parfois
à son dernier degré d'intensité J'émo-
tion de l'auditoire, a expliqué le méca-
nisme et la nécessité de la loi. Et quand
il a dressé le tableau du clergé paroissial
que nulle congrégation n'a jamais songé
à aider, et que, presque toutes., elles pri-
vent de ses fonctions ou de ses ressour-
ces, il a trouvé dans sa philosophie des
accents aussi persuasifs que ceux qu'un
grand chrétien aurait pu tirer de sa foi
religieuse..
Cette page s'étalera bientôt sur nos
murs.. Une majorité de quatre-vingts
voix a ordonné l'affichage. C'est; on peut
le prédire, la majorité finale en faveur
de la loi, qui se dessine et se dégage.
J. CORNÉLY.
QO«0>0
A Travers Paris
Le Président de la République et le
ministre du commerce ont reçu de
Saint-Pétersbourg la dépêche suivante
Monsieur Loubet, Président de la République
française, et pwnsieiir MMerand, ministre
̃du commerce, à Paris.
Réunis dans un sentiment de reconnais-
sance et d'admiration pour la grande Expo-
sition, nous nous permettons, à propos •"
d'une fête organisée en l'honneur de nos ca-
marades décorés par le gouvernement fran-
çais, de vous adresser nos remerciements
pour l'accueil que nous, Russes, avons reçu
dans Paris, la belle capitale. Nous avons
travaillé pour la grande Exposition et nous
nous en vantons. Vive la France i vivent
les produits français! vive Loubet 1 vive
Millerand! f au nom de notre société. J
Le conseiller do commerce Edouard
Michaïlovitch Gbunwaldt; les
journalistes Jacoff, Matweevitch, <
Gottberg et ALEXANDROVITCH de
GRINEWSKY; l'adjoint officiel de la
direction générale des postes et té-
iégraphes Vladimir DE Sembnoff. 1
M. Millerand, ministre du commerce,
a répondu en ces termes
Monsieur Edouard Michaïlovitch, conseiller du
commerce, à Saint-Pétersbourg,
M. le Président de la République a été très
touché des sentiments dont votre télégramme
lui à fait parvenir l'expression.
Il me charge d'être près de vous et de vos
-collègues l'interprète de ses remerciements,
auxquels je vous demande la permission de
joindre l'assurance de ma gratitude pérson-
nelle. ̃
'•̃' •̃:̃ Millerand.
La gallophobie du correspondant du
Novoïé Vrémia n'a pas eu grand écho,
comme on le voit, parmi ses compa-
triotes.
C'est aujourd'hui que sera distribuée
aux membres du Parlement la médaille
commémorative du congrès qui a élu
M. Emile Loubet Président de la Répu-
blique.
Les derniers exemplaires de cette mé-
daille, absolument distincte de celle de
Chaplain à l'effigie du Président, et qui
est l'œuvre de MM. Henri Dubois et
Launay, chef de la comptabilité et du
matériel du Palais-Bourbon, qui en a
dessiné le revers, ont été frappés hier à
la Monnaie et livrés aussitôt aux ques-
tures du Sénat et de la Chambre des dé-
putés.
M. le diic Albert de Broglie, membre
de l'Académie française, avait également
fait partie du Sénat pendant de longues
années, comme chacun sait.
Cette double qualité de sénateur et
d'académicien a appartenu à un assez
grand nombre de personnalités éminen-
tes depuis tantôt vingt-cinq ans que le
Sénat existe.
On trouve en effet, comme ayant simul-
tanément siégé au palais Mazarin et au
palais du Luxembourg, outre le duc de
Broglie Victor Hugo, Jules Simon,
Mgr Dupanloup, Dufaure, Henri Martin,
Littré, Challemel-Lacour, John Le-
moinne, le comte d'Haussonville (père de
l'académicien actuel) et Léon Say, le-
quel toutefois, vers la fin de sa carrière,
quitta le Sénat pour la Chambre des dé-
putés.
Dans le Sénat actuel, on compte en-
core quatre immortels MM. le duc
d'Auditfret-Pasquier, de Freycinet, Ber-
thelot et Alfred Mézières.
La haute assemblée possède en outre
six autres membres de l'Institut M,
Wallon, de l'Académie des inscriptions
et belles-lettres MM. Bérengér, le baron
de Courcel,. Théophile Roussel et Alfred
Rambaud, de l'Académie des sciences
morales et politiques M. Priliieux, de
l'Académie des sciences, dont sont mem-
bres en outre MM. Berthelot et de Frey-
cinet. '̃
A la Chambre, il n'y a que deux mem-
bres de l'Académie française, MH. Paul
Deschanel et de Mun, et deux mèaîbres
aussi des autres sections de Tlastitut
M. Louis Passy, de l'Académie des
sciences morales et politiques, et M. Ra-
phaël Bischoffsheim, de l'Académie des
sciences.
.v40Q-s:
Le statuaire Antonin Cariés a terminé
hier le modèle, à la grandeur d'exécu-
tion, du monument qui sera élevé, par
souscription internationale, à la mémoire
de Pasteur, à Dôle, ville nataie de l'illus-
tre savant.
Au bas d'un piédestal dessiné par
M. Chifflot, et que surmonte la statue de
Pasteur; passe la Science, qui dans un
mouvement d'élan élève une couronne,
tandis qu'assise sur les degrés du monu-
ment l'Humanité, reconnaissante presse
dans ses bras les deux enfants que le'
savoir du maître vient dé sauver.
L'ensemble de «stte œuvre vraiment
belle ne mesure pas moins dé 8 tàètre§
dehauteur.
L'inauguration à Dôle 'en aura lieu
seulement en 1902, après celle du monu-
ment qui sera élevé, également par sous-
cription internationale, à Paris, et qui
est la dernière œuvre de Falguière.
OPINIONS FANTAISISTES
-£f- C'est un des privilèges de la royauté
que la mort du monarque ne saurait passer
inaperçue c'est un privilège, est-ce un avan-
tage ?
•3S- Flots de sang ou flots de larmes, tout
finit par des flots d'encre, et ce sont toujours
des flots et puis l'Angleterre est une île.
-BS- On ne meurt qu'une fois, dit-on; et
pourtant la supériorité des articles nécrologi-
ques est qu'on les peut utiliser avant, pendant
et après; ce sont les funérailles qui, elles, ne
doivent malheureusement se raconter qu'une
fois.
-®r- II est assurément des livres plus porta-
tifs que le dictionnaire Larousse, mais j'en
connais peu dont la lecture soit, lorsqu'il le
faut, plus opportunément suggestive.
-S- Je crois qu'il y a des gens plus intéressés
que ses amis, que ses proches, et que le mo-
narque lui-même, à ce qu'il passe au moins
la nuit, je veux parler des directeurs des
journaux du soir.
-©- J'ai tout lieu de penser que les télé-
grammes dés rois ou des ministres, avisés
diplomates, sont toujours préparés d'avance
quelque pénibles et funèbres même qu'en cer-
taines circonstances puissent sembler de telles
précautions, il appartient au diplomate de ne
rien laisser au hasard, c'est toujours plus
sûr, et cela n'engage à rien.
"HS- Pourquoi s'en aller répétant qu'on ne vou-
drait pas être à la place du prince de Galles,
alors qu'on sait pertinemment combien gra-
tuite est une pareille supposition?
Hors Paris
De notre correspondant de Rome
« Une vive émotion a été ressentie ici,
aujourd'hui, à la suite de la nouvelle,
venue de Milan, que Verdi avait été
frappé d'une attaque d'apoplexie.
» L'illustre compositeur, d'après l'avis
de son médecin qui trouvait son état
satisfaisant, avait fait dans la journée
une promenade en landau. Peu après
son retour chez lui, sa petite-fille, en-
trant dans sa chambre, le trouvait rigide.
Les médecins aussitôt appelés lui appli-
quèrent des réactifs violents qui lui
firent reprendre connaissance.
» Le bulletin publié ce soir, à neuf
heures, à Milan, constate des troubles
aigus dans les lobes du cerveau et un
engourdissement de la sensibilité.
» La situation est grave. » • ̃
~400bd-
Nouvelles â la Main
La comtesse à Boireau
J'aime beaucoup l'extrait de réséda
et vous, monsieur Boireau?
Moi, comtesse.je tremperais mon
pain dedans 1
Molinchard raconte à un ami qu'on lui
avait proposé un poste très bien rétribué,
là-bas, au diable, dans les colonies, mais
qu'il a refusé, redoutant le voisinage des
éléphants et des rhinocéros qui pullulent
dans la contrée.
Ah! dame, lui dit l'ami, si tu cher-
ches la petite bête
Le Masque de Fer.
LA MALADIE
DELA
REINE D'ANGLETERRE
(DE notre CORRESPONDANT PARTICULIER)
Londres, 21 janvier.
Comme hier, journée lugubre. Le bul-
letin de minuit a laissé une impression
douloureuse que n'ont pas effacée les nou-
velles de la journée, annonçant un léger
mieux; mais, bien que tous les cœurs
soient étreints d'une profonde angoisse,
on veut espérer quand même.
Les Anglais ont une foi touchante
dans la robuste santé de leur Reine,
comme dans la protection' que la Provi-
dence lui a toujours accordée « Ce n'est
pas possible! disent-ils. Elle nous sera
encore,une fois conservée. »
C'est que les Anglais, au contraire des
autres peuples de l'Europe, n'ont pas as-
sisté à des changements de monarchie.
Les neuf dixièmes des sujets de la Reine
sont nés depuis qu'elle préside aux des-
tinées de la Grande-Bretagne. Ils n'ont
jamais connu que la Reine; Pour eux,
la reine Victoria a toujours été et doit
toujours être. Jamais il ne leur est venu
à l'esprit l'idée qu'un jour ce règne pour-
rait finir, et voilà que, tout à coup, brus-
quement, avec l'imprévu d'un gronde-
ment de tonnerre dans un ciel serein, la
terrible éventualité se présente, à eux,
d'une catastrophe!
̃ II faut se rappeler ces faits, pour com-
prendre l'émotion qui s'est emparée
d'eux, qui les hante comme une vision
hideuse.
II y a cependant peu de signes exté-
rieurs des cruelles préoccupations du
peuple anglais, bien que, à la Cité comme
aux abords des palais, la foule consulte
d'un oeil anxieux les bulletins, trop rares
selon elle, car elle en voudrait recevoir
toutes les heures. Mais partout1 il n'y a
qu'un sujet de conversation là santé de
la Reine! Et, signe des plus graves, de-
puis ce matin on commence à parler
discrètement, à voix basse, de l'avenir.
Demain préoccupé le peuple anglais
avec une obsédante persistance. Les bul-
letins,,je l'ai dit, sont rares et inquié-
tants mais plus inquiétants sont cer-
tains signes, certaines dispositions, qui
annoncent que ceux qui ont la charge
des affaires de. l'Etat pressentent une
crise. ̃ .̃"̃̃
Les ̃mouvements des ministres et fonc-,
tîonnaires sont significatifs.
Lord Salisbury, il est vrai, est reparti
ce soir pour Hàtfield; Inaîs le premier
ministre n'est pas de ceux dont la pré-
sence pourrait être nécessaire à Osborne.
Le lord chancelier, le ministre de l'inté-
rieur, officier de l'état civil, et le premier
lord de la Trésorerie, M. Balfour, au
contraire, doivent en cas d'urgence se
trouver à Osborne, et un train spécial
est sous vapeur à Victoria-Station, pour
emmener les ministres à Portsmouth
d'où ils s'embarqueraient pour Osborne.
D'après un avis reçu à la gare, ce train
sera probablement nécessaire cette nuit,
et le ministre de l'intérieur, appelé en
toute hâte; est arrivé ce soir à Londres.
Un signe grave est que tous les dîners,
toutes les réceptions, toutes les fêtes
ont été décommandés et nous avons
maintenant la véritable explication de la
décison prise par lord Roberts d'ajour-
ner toutes les fêtes préparées pour lui.
On le voit aujourd'hui, ce n'est pas sim-
plement à cause de la guerre qu'il a pris
la détermination qu'on sait. Voilà ce qui
inquiète et effraye l'opinion, et fait passer
un frisson de consternation d'un bout
du royaume à l'autre.
Je crois devoir constater ici que les
Anglais sont très touchés de la sympa-
thie qu'ont pour eux, dans cette heure
de crise nationale, les pays étrangers et
notamment la France.
Les articles des journaux français sont
cités et commentés. Le bon goût, le
tact, la discrétion de la vraie presse
française ont fait beaucoup de plaisir
ici, où l'on suit avec tant d'attention ce
qui se dit.et s'imprime chez nous.
Lord Kelvin a présidé aujourd'hui à
Edimbourg une réunion de la Société
franco-écossaise. Il a exprimé la vive sa-
tisfaction que lui causait la profonde
sympathie témoignée par les amis de la
Société en France à l'occasion de la ma-
ladie de la Reine.
Il y a un an, a-t-il dit, on aurait pu croire
qu'il existait un nuage au-dessus de l'entente
cordiale entre l'Angleterre et la France
mais la sympathie manifestée en cette triste
occasion ecarte tous les doutes au sujet de
l'existence de cette cordialité.
Je note, en passant, que le roi des Bel-
ges, qui devait, venir, a contremandé son
voyage.
Cela peut tenir à la difficulté de loger
à Osborne tous les membres et alliés de
la famille royale. Osborne-quin'estpas
un des châteaux de la Couronne, mais,
comme Balmoral, une propriété privée
de la Reine -n'est pas très vaste, et l'on
a été obligé d'aménager des apparte-
ments, provisoires, à bord des yachts
royaux.
On annoncé à l'instant que l'empereur
Guillaume, qui devait revenir à Londres,
reste à Cowes cette nuit.
Paul Villars.
.A. OSBORNE
L'arrivée de l'empereur d'Allemagne
Osborne, 21 janvier,'10 heures soir.
Le train spécial parti de Londres à
huit heures du matin et amenant l'em-
pereur Guillaume, le prince de Galles, le
duc d'York, le duc et la duchesse de
Connaught est arrivé à dix heures à
Portsmouth où les augustes voyageurs
se sont immédiatement embarqués à
bord du yacht royal Alberta.
Une foule nombreuse assistait de loin
à ce départ, respectueusement décou-
verte, sans un cri, sans une acclamation,
comme angoissée.
Les honneurs ont été rendus à l'empe-
reur d'Allemagne par les officiers de ma-
rine présents, en grand uniforme, et les
soldats de marine du vapeur Majestic;
mais Guillaume II s'est abstenu des for-
malités habituelles, les minutes étant
précieuses et le petit-fils de la reine Vic-
toria voulant arriver à temps au chevet
de son aïeule.
Tandis que l'Alberta s'éloignait dans la
direction de Cowes, les soldats de marine
entonnaient d'une voix grave le Godsave
the Queen. Et l'on pouvait voir, à bord du
yacht royal, l'empereur Guillaume et lés
membres de la famille royale respec-
tueusement découverts pendant l'audi-
tion de l'hymne britannique.
Une heure un quart plus tard, exacte-
ment à onze heures et demie, le yacht
Alberta arrivait à Cowes.
Une foule considérable était massée
près du débarcadère, désireuse de témoi-
gner au souverain allemand, par sa pré-
sence, le prix qu'elle attachait à sa ve-
nue. Mais, là encore, pas un cri ne fut
poussé, pas une acclamation ne retentit.
Toutes les têtes se découvrirent respec-
tueusement devant Guillaume II et les
personnages royaux lorsqu'ils montèrent
en voiture pour se rendre au château.
L'état de la reine Victoria était moins
mauvais dans la matinée que les bulle-
tins de la nuit précédente pouvaient le
faire craindre. L'auguste malade, a pu
reconnaître quelques-uns de ses enfants,
etquand Penirjereur Guillaume, accompa-
gné du prince de Galles, du duc d'York
et du duc de Connaught, a pénétré, très
ému, dans sa chambre, les yeux de la
Reine se sont fixés sur lui avec un vague
éclat, et sa main a pressé faiblement la
main de Guillaume II.
L'empereur allemand est resté long-
temps, en contemplation muette, au
chevet de son aïeule, et s'est retiré très `
impressionné.
Dans la journée, la légère amélioration
s'étant maintenue et les craintes d'un
dénouement immédiat étant un peu dis-
sipées, l'empereur Guillaume II est sorti
à pied, avec le prince de.Galles, le due
d'York et le duc de Connaught, pour
aller visiter la Maison des soldats inva-
lides. L'Empereur était vêtu d'un mac-
farlane sombre et coiffé d'un feutre mou.
Guillaume II a prolongé cette prome-
nade jusqu'à cinq heures,.avarit de ren-
trer au château d'Osborrie, où le prince
de Galles l'avait devancé.. Il .y a jyouyé le
dernier bulletin des .médecios mention-
fiant là continuation de la légère «më*
lioration déjà constatée.
La physionomie de Cowes ne dénote
pas l'angoisse des habitants. Ceux-ci,; qui
ont pour la souveraine un grand atta-
chement et qui se rendent compte du
vide que sa mort causera dans ce coin
d'Angleterre qu'elle affectionnait parti-
culièrement, attendent avec résigna-
tion l'ultime nouvelle, qu'ils connaî-
tront peut-être après Londres, car les ser.
viteurs du château restent muets à toutes
les demandes de renseignements. Il n'y
a pas dans les rues un mouvement inu-
sité, et c'est à peine si la vente des jour-
naux de Londres donnant des détails sur
la maladie de la Reine a augmenté de
quelques numéros.
L'empereur Guillaume II restera ce
soir à Osborne House.
Le roi des Belges, dont on avait an-
nonce l'imminente arrivée, a* dit-on,
décommandé son départ.
Les bulletins de santé
Les bulletins semblent donner encore
une lueur d'espoir..
Bulletin de onze heures du matin r
OsSdrne, il a. matin.
La Reine s'est légèrement ravivée depuis
minuit. Elle a pris plus de nourriture, et a
dormi pendant quelque temps d'un sommeil
réparateur.
Aucune perte nouvelle de forces. i ̃
Les symptômes qui causent le plus d'in-
quiétude sont ceux qui indiquent une obs-
truction locale dans la circulation du cerveau.
Signé POWELL, Reid, BARLOW.
Le docteur Barlow est spécialiste pour
les maladies cérébrales.
Bulletin de cinq heures du soir
Osborne, 5 h. soir.
La légère amélioration de ce matin s'est.
maintenue.
Reid, Powell, Barlow,
Un journal de Londres, YEcho, e a
accentué ce soir dans son édition de
neuf heures, cette douce lueur d'espoir
Voici la dépêche que ce journal a reçue
de Cowes, a six heures du soir
Il y a ce soir des nouvelles rassurantes
d'Osborne. ̃̃.
J'apprends que la Reine a repris ses sens
ce soir, pour la première fois, pendant plu-
sieurs heures. A quatre heures, elle s'est
éveillée d'un sommeil bienfaisant et a pu
prendre un peu de Champagne et de«noum-
ture. Une heure après, elle s'est endormie à
nouveau, dans les bras de la princesse de
Galles. ;̃̃
Ayant' de Rendormir, Sa Majesté avait ex-
prime le. désir de voir l'empereur d'Allema-
gne. On dit maintenant qu'elle d'avait fait
mander quand les symptômes de la maladie
s'étaient aggravés. L'Emperèur vint à son
chevet et la Reine lui adressa voix basse
quelques paroles. L'Empereur s'est retiré
après quelques minutes, visiblement ému.
Il y a a une lueur d'espoir. ` ̃̃-•••
D'ailleurs, en dehors des bulletins offi-
ciels, on ne peut rien savoir.
Depuis le bulletin de cinq heures
jusqu'à celui de minuit, rien n'a trans-
piré au sujet de l'état de la Reine.
II est évident que la plus grande par-
tie des détails donnés en dehors des
bulletins sont de pure invention ou sont
basés sur des on-dit..
Personne n'est admis à Osborne
House. Les personnages ou les fonction-
naires qui se tiennent aux portes refu-
sent même de transmettre les lettres
d'introduction de personnages impor-
tants aux officiers de garde.
Bulletin officiel de minuit
Osborne, minuit
Il n'y a pas de changement matériel dans
l'état de la Reine.
La légère amélioration de la matinée s'est
continuée toute la journée. L'alimentation
s est faite assez bien.
On est arrivé à procurer à la Reine ut» som-
meil paisible.
Çigné Reid, Powell, BARiaw.
̃
Xa princesse Fredérica, fille du roi de
Hanovre, actuellement à Biarritz, a reçu
dans la soirée d'hier, une dépêche d'Os-
borne disant que la reine Victoria avait
pu prendre un peu de nourriture et qu'on
avait encore quelque espoir.
La princesse partira aujourd'hui pour
l'Angleterre.
Télégramme du prince de Galles
Le prince de Galles a envoyé le télé-
gramme suivant à M. Cambon, notre
ambassadeur à Londres
Je vous prie d'exprimer à M. le Président
de la République mes remerciements les plus
chaleureux pour sa vive sympathie à l'occa-
sion de la grave maladie de ma mère bien»
aimée.
Albert-Edouard.
.1.
A TRAVERS LA PRESSE <,
EN ANGLETERRE
La presse anglaise tout entière, com-
mente les nouvelles graves arrivées
d'Osborne, et rappelle avec émotion les
grands services rendus par la reine Vic-
toria à l'Angleterre. Presque tous les
j ournaux relatent avec orgueil la prompte
arrivée de Guillaume II en Angleterre:
Le Times écrit
L'histoire présente peu d'exemples –même
parmi les souverains qui ont bravement et
Ëdelement accompli la tâche qui leur incom-
bait –de chefs d'Etat qui aient conquis la
profonde affection personnelle et la considé-*
ration dont jouit notre Reine bienTaimée.
Mais on peut s© demander s'il y a jamais m
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