Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1900-04-24
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 24 avril 1900 24 avril 1900
Description : 1900/04/24 (Numéro 114). 1900/04/24 (Numéro 114).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
ÎM FIGARO WARDi 24 AVRIL 1900
périal qu'il est appelé à remplir les fonctions
de premier aide de camp, restées vacantes de-
puis la nomination du général E. Ponzio
vaglia au poste de ministre de la maison
royale.
La présence du prince royal à la prochaine
entrevue de Berlin et la nomination du comte
Lanza sont considérées ici comme une ré-
ponse à la campagne. faite par quelques
journaux contre la Triplice.
AUTRICHE
Vienne, 23 avril. L'empereur François-
Joseph, à propos des cérémonies projetées à
l'occasion du soixante-dixième anniversaire
de sa naissance, a fait savoir qu'il désirait
passer cette journée dans le calme et le re-
cueillement. •
BELGIQUE
EN MÉMOIRE DU COLONEL
DE VILLEBOIS-MAREUIL
Bruxelles, 23 avril. Ce matin, dans une
église du centre, a été célébré un service funè-
bre à la mémoire du colonel de Villebois-
Mareuil.
Au milieu du choeur se dressait un catafal-
que recouvert du drapeau du Transvaal et
entouré de trophées aux couleurs transvaa-
liennes et'françaises.
L'église regorgeait de monde au premier
rang, parmi de .nombreuses notabilités, on
remarquait MM. le baron de Berckheim, le
chef d'escadron Haillot, en grand uniforme
Mure de Pelanne, consul général, et Mongen-
dre, de la légation de France.
Tout à côté avaient pris place M. Van
Boeschoten, le chargé d affaires du Trans-
vaal, et les membres de la légation.
'Le prince Victor Napoléon s'était fait re-
présenter par M. L. Blanc, son chef de ca-
Les membres de la colonie française, de la
colonie hollandaise à Bruxelles, les membres
de plusieurs sociétés d'anciens militaires oc-
cupaient les nefs latérales.
A l'élévation, M. Seguin, de la Monnaie, a
chanté le Pie Jesu de Stradella, et le violon-
celliste M. Edouard Jacobs a joué, avec ac-
compagnement de l'orgue que tenait M. Wot-
quenne, la Marche funebre de Chopin et
Y Ave Maria ae Schubert.
M. le docteur Leyds, le représentant des
Républiques sud-africaines, et les membres
de la mission transvaalienne, en ce moment
à La Haye, arriveront prochainement à
Bruxelles.
Toutefois leur séjour en Belgique sera de
très courte durée peut-être même ne feront-
ils que passer, car la mission est attendue à
Paris. Lemaire.
ITALIE
Rome, 23 avril. Aujourd'hui a été clô-
turé le congrès international d'archéologie
chrétienne.
Carthage a été choisie comme siège du troi-
sième congrès en 1904. 0
Avant de se séparer, les congressistes ont
fait une ovation à notre éminent directeur de
l'Ecole française de Rome, l'abbé Duchesne,
président et organisateur du congrès, et qui a
su le resserrer dans les limites strictement
scientifiques, sans froisser aucune des confes-
sions et opinions politiques représentées.
Avant de se séparer, également, plusieurs
congressistes ont pris la parole et, en remer-
ciant le président de la manière dont les tra-
vaux ont été conduits, quelques-uns lui ont
donné le titre de Monseigneur, sans doute
en prévision de l'intention que l'on prête au
Pape de nommer l'abbé Duchesne protono-
taire apostolique pour reconnaître le déve-
loppement que les études archéologiques à
l'Ecole française ont pris sous sa direction.
Félix II.
INDES ANGLAISES
Simla, 23 avril. Tous les rapports offi-
ciels confirment tout ce qui a été dit jusqu'ici
sur les horreurs de la misère causée par la
famine, surtout à Bombay et à Rajputana.
Dans un seul district, un million de bestiaux
sui 1,300,000 ont péri et un grand nombre
d'habitants meurent de faim. On trouve des
enfants errants, sans abri, émaciés et mal
vêtus dans certains cas même des enfants
ont été vendus pour de l'argent.
La mortalité dans plusieurs districts est
anormale; on la croit due au manque d'her-
bes car l'herbe coûte parfois aussi cher !que
le blé. Le gouvernement indou et la charité
privée font les plus grands efforts, mais les
ressources de la charité privée sont trop
faibles. Il faudra fournir des avances à des
milliers de paysans pour reprendre la cul-
ture. Il va falloir, croit-on, employer des
hommes, à la place des bœufs qui ont péri,
pour traîner les charrues et remplacer les
bêtes de somme dans les travaux agricoles.
Notes ïïtjh Parisieïï,
Nous assistons depuis quelques jours,
dans Paris, à un véritable duel entre
« chauffeurs et bicyclistes. On sait, en
effet, que la Préfecture de police, qu'on
ne saurait trop féliciter de cette mesure,
a créé des brigades d'agents cyclistes char-
gés de dresser contravention aux chauf-
feurs qui vont à une allure extrarégle-
mentaire. Pour cela, il faut pouvoir les
atteindre, et ce sont alors des courses
folles, de véritables chasses qui ne man-
queront pas de péripéties.
C'est ainsi qu'hier un de ces braves
agents, voyant venir une automobile à
toute vitesse, voulut l'arrêter. Il leva son
bâton blanc. C'est un signe devant lequel
on a l'habitude de s'incliner. Mais l'auto-
mobile passa outre et voulut brûler la po-
litesse à l'agent. Ce dernier, esclave de la
consigne, sauta sur sa bécane et se mit à
la poursuite des « contrevenants ». Une
lutte magnifique s'engagea, et le record
resta finalement au bicycliste.
Il faut dire que l'automobile avait été
arrêtée par un embarras de voitures. Autre-
ment, elle se serait certainement échappée.
Elle avait réussi à entraîner l'agent de l'ave-
nue des. Wagram jusqu'au bois de Bou-
logne, et c'est là seulement qu'elle dut se
rendre. Force est donc restée à l'autorité,
et il faut s'en réjouir. Mais ce qui est tout
à fait surprenant, c'est que dans cette
course vertigineuse où l'automobile et la
bicyclette rivalisaient de vitesse, il ne soit
arrivé aucun accident. Les passants ont eu
vraiment de la chance. Je parlais de duel
tout à l'heure. Il me semble que c'est sur-
tout les témoins qui risquent d'être
blessés. ̃ E~
MALADIES DE L'ESTOMAC
PAIN GRILLÉ JACQUET
92, rue Richelieu, PARis.
LES OBSÈQUES DE FALGUIÈRE
On a fait hier à Falguière d'imposantes
funérailles. Dès le matin, le cercueil,
exposé dans une chapelle ardente dres-
sée devant l'hôtel de la famille Fal-
guière, rue d'Assas, disparaissait sous
les couronnes envoyées par l'Ecole des
beaux-arts, la Société des Artistes fran-
çais, la ville de Toulouse, la ville de
Nimes, les élèves de l'éminent sculp-
teur, les Beaux-Arts de Toulouse, l'Asso-
ciation toulousaine, les Cadets de Gas-
cogne, la légation de l'Equateur, etc.
On remarquait également une magni-
fique couronne aux couleurs hongroises,
déposée, au nom des artistes hongrois à
Paris, par M. Georges Zala, l'éminent
statuaire hongrois, président de la So-
ciété des artistes à Budapest, accompa-
gné des statuaires hongrois E. Kallos et
Antoine Szirmaï.
La levée du corps a été faite à midi. De
la rue d'Assas, le cortège a gagné l'é-
glise Notre-Dame des Champs. Entête,
un char surchargé de couronnes; puis,
une délégation du personnel de l'Ecole
des beaux-arts et de la Société des Artis-
tes français. Le char funèbre, traîné par
quatre chevaux, était entouré de MM.
Leygues, ministre de l'instruction publi-
que et des beaux-arts; Roujon, direc-
teur des beaux-arts; Larroumet, secré-
taire perpétuel de l'Académie des beaux-
arts Camille Saint-Saëns, J.-P. Laurens,
Marqueste, Paul Dubois et Calvinhac.
Le deuil était conduit par les deux fils
de Falguière suivis de M. le colonel
Meaux-Saint-Marc, représentant le Pré-
sident de la République le capitaine
Charbonnel, représentant le ministre de
la marine, et la délégation de l'Institut.
Puis venait la foule immense des amis
du puissant artiste,' composée des plus
hautes personnalités de l'Institut, des
arts, des lettres et de la politique. Nous
avons reconnu notamment:
MM. Waldeck-Rousseau, président du Con-
seil le général Brugère, gouverneur mili-
taire de Paris de Selves, préfet de la Seine
Lépine, préfet de police; Frémiet, Henner,
Jules Lefebvre, Ph. Gille, Bouguereau, Sully-
Prudhomme, André Theuriet, Paul Dubois,
baron Alphonse de Rothschild, de l'Institut
Osiris, A. Kaempfen, Ad. Bernheim, Paul
Meurice, Charles Ephrussi, comte Jean de
Kergorlay, Victor Capoul, duc et duchesse
d'Uzès, Ralph Brown, Ch. Formentin, duc et
duchesse de Luynes, Mme Ambroise Tho-
mas,. Mme et Mlles Larroumet, M. et Mme
Demagny, M. et Mme Edmond Haraucourt, M.
et Mme Ernest Daudet, Mlles Louise Abbema,
Cléo de Mérode, Mme de Nuovina MM. J.
Guiffrey, Léon Daudet, Dupuy-Dutemps, Del-
mas, Denys Puech, Injalbert, Eug. Carrière,
G. Clairin, H. Gervex, Georges Charpentier,
Ad. Brisson, Léonce Bénédite, Le Deschault,
P. Moreau-Vauthier, Alfred Lenoir, Nénot,
Sarrus, Léon Cléry, Gomot, Tattegrain, G.
Lafenestre, Desruelles, J. Van Driessen, Re-
nouard, Bourdais, L. Carrier-Belleuse, Ch.
Hayem, André Wormser, A. Maignan, Bour-
delle, Raph Collin, Lucien Pellez, Dawant,
FélixCharpentier,Em.Gebhart,Chenu-Lafitte;
MM. Debat-Ponsan, Paul Perret, Mme Roger
Ballu, F. Cormon, F. Humbert, Jean Béraud,
Léopold Bernstamm, Marquet de Vasselot,
Barrias, docteur Roux, de l'Institut Pasteur;
docteur S. Pozzi, Bartolomé, Allouard, P. Ma-
riéton, Victorin Joncières, Grolleron, G. Ru-
pès, Brozik, G. Gardet, Vital-Cornu, Pascal,
Lionel Laroze; Mlles Lucienne Bréval, Car-
men de Padilla, Madrassi, A. Steinheil; Mme
Roger-Miclos, etc., etc. •
L'église Notre-Dame des Champs, où
le service funèbre a commencé à midi et
demi, avait une décoration superbe. Cette
décoration avait été dirigée d'ailleurs par
M.Bengold qui a organisé tout le service
avec beaucoup d'ordre et de goût. Pen-
dant la cérémonie, un orchestre de cent
cinquante exécutants, avec chœurs et
soli, s'est fait entendre. Il était conduit
par M. Michelet, maître de chapelle.
MM. Andlauer et Andrès tenaient l'or-
gue. La messe a été dite par M. l'abbé
Mahal, et le chanoine Delamaire, curé de
la paroisse, a donné l'absoute.
Une foule énorme attendait le départ
du cortège sur te boulevard Montpar-
nasse. Celui-ci s'est dirigé sur le cime-
tière du Père-Lachaise.
Sur la tombe, M. Georges Leygues,
ministre de l'instruction publique et des
beaux-arts, a parlé le premier, au nom
du gouvernement. Son discours, très
éloquent, a fait une impression profonde.
En voici la partie finale
L'artiste avait une âme inquiète que n'a-
paisaient ni le succès ni le rêve réalisé.
Brusquement, en 1882, il revint à ce qui
avait été la joie et le charme de sa jeunesse
à l'adoration de la forme humaine.
Diape est la première de ses filles immor-
telles qui s'appellent la Nymphe chasseresse,
la Diane de Calisto, la Femme au paon.
L'œuvre est à la fois réaliste et poétique.
L'harmonie des formes est parfaite. Il n'y a
qu'à admirer.
Par cette évolution hardie, Falguière rom-
pait avec la tradition et devenait chef d'école.
il libérait la sculpture de formules respecta-
bles, mais qui entravaient son libre et clair
génie. Il conservait à ses figures le caractère
antique par la simplicité du sujet, la probité
du faire, la mesure et le goût. Il les moderni-
sait par le mouvement et le sentiment. Ses
déesses et ses nymphes s'animent, l'épiderme
frissonne, les paupières battent, la vie tres-
saille dans le marbre 1
L'œuvre do Falguière à oettedate n'est plus
qu'un hymne triomphant à la Nature et à la
Beauté « Les sculpteurs qui savent peindre,
disait Michel-Ange, savent colorer leur sculp-
ture. » C'était le cas de Falguière qui ma-
niait le pinceau presque aussi sûrement que
l'ébauchoir, et qui a signé des toiles qui rap-
pellent les meilleurs maîtres par la solidité
du dessin et par la vigueur du coloris. Ce
grand homme ignorait sa renommée. C'était
un modeste, un être simple et bon, un cœur
d'enfant.
S'il est vrai, comme je le crois fermement,
que l'art ennoblit les nations, développe l'in-
fluence morale qu'elles exercent dans le
monde et accroît leur patrimoine de gloire,
Falguière est l'un des Français qui ont le
mieux servi la France.
M. Gustave Larroumet prend ensuite
la parole au nom de l'Académie des
beaux-arts. Il retrace la carrière de l'émi-
nent artiste et rend un admirable hom-
mage à ses efforts constants
Pour suffire à cette production qui devenait
de plus en plus active et passionnée, voire
fiévreuse et hâtive, il fallait un labeur inces-
sant. Ce labeur a épuisé prématurément les
forces de Falguière, et il est tombé au pied
d'une dernière œuvre la figure douloureuse
et charmante d'Alphonse Daudet! l'outil à
la main, au seuil de la vieillesse, en pleine
gloire, sans avoir jamais connu le repos!
Cette flamme l'a devoré d'autant plus vite
que cet artiste était passionnément sensible à
toutes les expressions de la beauté peignant
des toiles qui lui auraient fait une réputation
de péintre, s'il n'avait été un si grand sculp-
teur enthousiaste de la musique, qui le re-
muait jusqu'au fond de l'âme à la fois popu-
laire et mondain.
Messieurs, tant d'oeuvres expressives et
belles assurent à Falguière une place émi-
nente parmi les maîtres de l'école française.
Son nom est de ceux qui dureront aussi long-
temps que notre art et que l'art universel. A
nous tous, ses confrères, il laisse les plus
affectueux regrets et une douleur que peut
seul alléger le charme cordial de son sou-
venir.
Puis, c'est M. Paul Dubois qui dit un
dernier adieu à l'éminent sculpteur, au
nom de l'Ecole des beaux-arts. Après
lui, M. Jean-Paul Laurens prend la pa-
role au nom de la Société des Artistes
français dont Falguière fut, pendant
vingt années, une des gloires
L'œuvre vivante et passionnée de celui que
nous accompagnons aujourd'hui, pour la der-
nière fois, dit-il, sera dite et chantée longue-
ment par d'autres que moi.
Un grand artiste vient de nous quitter; sa
féconde carrière fut une longue traînée lumi-
neuse que l'avenir n'éteindra pas. Falguière
fut un généreux et un spontané il s'est traîné
jusqu'au bout, tout entier, animant tout ce
qu'il touchait. Obéissant toujours à son capri-
cieux génie, jamais il ne connut de barrières.
Toute son œuvre fut l'éclosion, vivace et
joyeuse, de la sève qui débordait en lui! l
D'autres discours ont été encore pro-
noncés par MM. Calvinhac, député de la
Haute-Garonne, au nom de la municipa-
lité de Toulouse; Marqueste, de l'In-
stitut, et Achard, au nom des élèves du
maître.
LES CâffDIDÂTS A LA. PHTSSÎE
On ne naît pas phtisique, mais on naît
prédisposé à la phtisie, ou « tuberculi-
sable ». Voyez ces enfants mal venus,
débiles, chétifs, lymphatiques et rachiti-
ques ils sont prédisposés, prédestinés
à l'évolution tuberculeuse. La gloire de
la médecine moderne est de réprimer
ces tares. Il faut de bonne heure parer à
l'exiguïté thoracique, au manque de dé-
veloppement des poumons et du cœur,
combattre l'anémie et la chlorose, qui
font, comme l'a dit le Dr Monin, le lit à
la phtisie
Lorsqu'on peut fortifier une constitu-
tion débile et l'éloigner des foyers conta-
gieux par l'élevage à la campagne, c'est
assurément l'idéal de la prophylaxie.
Mais dans les villes, il importe de recou-
rir aux toniques (dont le Vin Désiles, pris
d'une façon suivie, est le type le plus
perfectionné). Avec le Vin Désiles, plus
de teint pâle, de chairs molles, ni d'en-
gorgements ganglionnaires.
Petit courrier de l'Exposition
LA JOURNÉE d'aujourd'hui. Ouverture
des portes, 8 h. tiu matin de 8 h. à io h.,
deux tickets; de io h. à 6 h., un ticket. A
6 h. du soir, le canon de la tour Eiffel annon-
cera la fermeture des galeries et des pavil-
lons à 7 h., la retraite de la garde munici-
pale, dans les jardins, annoncera la fermeture
de l'Exposition.
A la Section russe, au Trocadéro, concert de
la e Fanfare du Kremlin », de 2 à 6 h.
Le nombre des visiteurs a été presque exac-
tement le même, dans la journée de dimanche,
que le jour d'ouverture de l'Exposition. Il y a
eu 118,766 entrées payantes, non compris les
visiteurs de l'annexe de Vincennes où l'on a
enregistré 2,632 entrées avec tickets.
On avait compté 118,651 visiteurs payants
dans les enceintes de Paris, le 15 avril..
M. Béla de Lukats, commissaire royal de
Hongrie, a donné hier, à l'Exposition, dans le
pavillon de Hongrie, un banquet aux ouvriers
hongrois et aux ouvriers français qui ont été
employés à la construction et à l'installation
de ce pavillon et des sections hongroises en
général.
Plus de trois cents couverts étaient dressés.
M. Béla de Lukats présidait cette fête et avait
à Sa droite et à sa gauche un ouvrier.
Assistaient au banquet tous les membres
des commissariats, ainsi que les notabilités
hongroises qui se trouvent actuellement à
Paris.
Les ouvriers ont fait une ovation à la jeune
comtesse Szechenyi, qui passe ses journées au
pavillon hongrois, déballant elle-même les
précieux objets de l'exposition historique et en
dirigeant avec un goût et un zèle charmants
l'installation.
Aujourd'hui, à deux heures, a lieu, au
terre-plein des Tuileries, l'ascension libre du
ballon Cinèorama.
Le but scientifique de cette ascension, que
nous annoncions il y a quelques jours, et que
dirigeront le comte de La Vaulx et M. Mallet,
est de cinématographier, grâce à dix appareils
conjugués, le panorama vivant de Paris et de
l'Exposition.
Ces jours-ci, a eu lieu, devant un public
choisi d'alpinistes, d'artistes et de savants,
l'inauguration des panoramas du Club alpin
français.
Ces panoramas et dioramas représentent les
sites les plus imposants des montagnes fran-
çaises. Dans le' couloir qui donne accès au pu-
blic, s'ouvrent plusieurs baies dont le fond
laisse voir la grotte célèbre de Dargilan, ex-
plorée par M. E.-A. Martel la vallée des lacs
de Longemer et de Retournemer, œuvre de
l'excellent paysagiste Desbrosses une vue
plongeante sur la haute vallée du Var, par
M. H. Bourgeois; un aspect d'ensemble du
Tarn, par MM. Marty et Cabannes; enfin un
cirque de Gavarnie, œuvre de MM. Schrader
et Marty.
Au premier étage se déploient deux pano-
ramas empruntés aux deux plus puissants mas-
sifs des Alpes françaises. L'un, pris par
M. Steinheil du haut du pic de Combeynot,
offre la perspective des pics noirs et des neiges
sauvages du massif du Pelvoux, avec les val-
lées de la Grave et de Briançon, dominées par
le redoutable pic de la Meije. Un groupe de
chasseurs alpins anime les rochers du pre-
mier plan.
L^autre, le plus vaste de tous et le plus
alpestre, transporte le spectateur sur un pro-
montoire du pic du Tacul, dans le massif du
mont Blanc et au cœur des immenses fleuves
glacés qui, par leur réunion, forment la Mer
de Glace, dont les anneaux blancs se dérou-
lent à 500 mètres au-dessous du spectateur,
tandis que la coupole du mont Blanc le do-
mine de plus de 2,000 mètres.
Ce panorama, construit sur des photogra-
phies prises par M. J. Vallot, est l'œuvre de
M. P..Schrader, qui a consacré aux études
sur le terrain quatre campagnes successives
et qui a apporté dans cette œuvre la plus
grande rigueur scientifique, en même temps
qu'il exprimait sur la toile l'immense poésie
des monts glacés et des roches desséchées
qui forment la chaîne du mont Blanc.
Seuls, jusqu'à présent, les alpinistes de
premier ordre avaient pu jouir des aspects
prodigieux de ces hautes régions les voilà
mises à la portée de tous les yeux.
On télégraphie de Schillingsfurt au
Lokalanzciger t
« Le chancelier prince de Hohenlohe g est
rendu aujourd'hui de Nice à Paris pour visiter
l'Exposition.
Il compte retourner à Berlin le 3 mai. »
Très jolie réception donnée hier, à la
Presse, par le chevalier de Horowitz, prési-
dent de la commission de Bosnie, et M. Henri
Moser, commissaire général, au charmant pa-
villon de Bosnie-Herzégovine, entièrement ter-
miné et installé.
La réception s'est prolongée pendant toute
la durée de l'après-midi, égayée par la musi-
que des tambouristes bosniaques en costume,
et dans le somptueux décor des fresques de
Mucha, et des vitrines d'art décoratif qui se-
rorit l'un des. grands attraits de cette expo-
sition.
Un buffetavait été dressé à l'une des extré-
mité de la salle du rez-de-chaussée, face au
superbe diorama de Serajevo. De spirituels et
chaleureux toasts y ont été portés au succès de
l'Exposition par MM. de Horowitz, H. Moser
et plusieurs invités de la colonie étrangère et
des commissariats.
Une foule nombreuse et élégante s'est pres-
sée autour et à l'intérieur du < donjon bos-
niaque jusqu'à l'heure de fermeture des
portes. Fabien.
G. Davenay.
Actes 0£0.oi©ls
INSTRUCTION publique. Par décret, M.
Petit, inspecteur général (hors cadres) de
l'instruction publique (enseignement primai-
re), est nommé inspecteur général de l'ins-
truction publique pour l'instruction pri-
maire.
Guerre. Par décision ministérielle M.
Dessiaux, capitaine breveté au 144" régiment
d'infanterie, a été mis en activité hors cadres
pour être affecté au service d'état-major et
nommé à un emploi de son grade à l'état-
major de l'armée (emploi vacant).
UN PAIN GÉANT
Dimanche après-midi, les nombreux
promeneurs qui se trouvaient aux abords
de l'Exposition ont pu voir, se dirigeant
vers le Trocadêro, un pain géant, tel
qu'aucun humain n'en vit jamais de
pareil.
Ce pain, de cinq mètres de longueur,
d'une régularité de cuisson parfaite, un
chef-d'œuvre du genre, sort des fours de
la Meunerie-Boulangerie modèle de la
Société parisienne, à La Villette.
Le puissant outillage des Meuneries-
Boulangeries du système Schweitzer
permet seul de produire de ces merveil-
les industrielles. Mais ce n'est là que le
moindre de ses avantages. Si le « meilleur
pain au meilleur marché », après avoir
reçu l'approbation des savants et des
médecins les plus éminents de l'époque,
détient aujourd'hui, sans conteste, les
faveurs du public, cela tient à d'autres
raisons, dont la principale est que son
prix est et reste au-dessous du cours
habituel du pain.
Alors que tout renchérit dans des pro-
portions effrayantes, le pain demeure
bon marché, parce que la fabrication
mécanique Schweitzer en empêche la
hausse. Il est bon qu'on le sache. Ainsi
se trouve expliquée la campagne de diff a-
mation entreprise par certains boulangers
peu scrupuleux, qui n'ont pas craint de
faire appel aux spécialistes du chantage.
Ceux-ci en rendront compte à la justice.
Le public intéressé à jouir du « meilleur
pain au meilleur marché », saura ap-
précier à l'aide de quels moyens malhon-
nêtes on veut étouffer une concurrence
gênante.
LES CONSEILS GENERAUX
rWP
C'est hier que s'est ouverte dans
toute la France la session des Conseils
généraux dite « session de Pâques ».
Nous résumons brièvement, d'après
les dépêches de nos correspondants, la
physionomie d'ensemble de cette pre-
mière séance.
Corrèze. Le Conseil général a voté
l'adresse suivante sur la proposition de
M. Labrousse, sénateur, à l'occasion de
l'ouverture de l'Exposition universelle
« Le Conseil général de la Corrèze en-
voie à M. le Président de la République
et au ministère Waldeck-Rousseau l'ex-
pression de ses respectueuses sympa-
thies et toutes ses félicitations pour
l'énergie avec laquelle il défend les vrais
principes républicains. » v
Nièvre. Le Conseil général a, par
14 voix contre 5 sur 19 présents, voté
une adresse de félicitations à M. le Pré-
sident de la République et aux membres
du gouvernement.
Indre-et-Loire. A la suite de deux
élections partielles, la majorité du Con-
seil général d'Indre-et-Loire, qui était
modérée, est passée du côté radical.
Dans la séance d'hier les radicaux,
malgré une vive opposition de la mino-
rité, ont voté une adresse de félicitations
à M. Loubet et au ministère de défense
républicaine. Le vote a eu lieu à la ma-
jorité de 12 voix sur 22 conseillers pré-
sents.
Gard. Au début de la séance, le
dépôt d'une adresse de sympathie et de
félicitations au gouvernement a donné
lieu à une discussion d'un caractère
violent, motivée par les membres de la
droite.
Le président et le préfet se sont retirés
et la séance a été suspendue.
A la reprise, l'adresse a été votée par
22 voix contre 5.
M. Silhol, sénateur, s'est abstenu.
Lozère. -'Le Conseil général de la
Lozère a adopté une motion de félicita-
tions au président du Conseil l'engageant
à poursuivre l'œuvre de défense répu-
blicaine.
Allier. Le Conseil général de l'Al-
lier s'est réuni sous la présidence de M.
Gacon, député.
Le président a prononcé un discours
très applaudi dans lequel il a fait l'éloge
de la France et de l'Exposition univer-
selle. Il a envoyé l'assurance de son res-
pect et de son dévouement au Président
Loubet et au ministère de défense répu-
blicaine au nom de la population tout
entière du département.
Isère. Le Conseil général, présidé
par M. Antonin Dubost, sénateur, a voté
par 29 voix contre 4, une adresse au
gouvernement dans laquelle il félicite le
ministère Waldeck-Rousseau « d'avoir
rendu la confiance au pays républicain
par son énergie à appliquer la politique
du vieux parti républicain ».
Ardèche. La session du Conseil gé-
néral de l'Ardèche s'est ouverte à trois
heures, sous la présidence de M. Saint-
Prix.
M. Jules Roche invite le Conseil géné-
ral à voter le vœu suivant «Que le Sénat,
dans sa deuxième délibération sur le
projet relatif aux successions, repousse
le principe révolutionnaire de l'impôt
progressif. »
Morbihan. Le Conseil général du
Morbihan a émis, à l'unanimité, un vœu
protestant contre la décision du ministre
de la marine supprimant la cérémonie
of fleielle du veudredi saint.
Mayenne. –̃ Le Conseil général s'est
[réuni sous la présidence de M. Renault-
Morlière, député, remplaçant M. Denis,
sénateur, malade*
II a voté une adresse de condoléance à
la famille de M. de Villebois-Mareuil,
particulièrement au vicomte Christian,
ancien conseiller général de la Mayenne.
Il a voté ensuite un témoignage d'admi-
ration au peuple boer.
Comme on le voit, la caractéristique
de cette première journée est le renou-
vellement de la confiance des Conseils
généraux à l'égard du gouvernement de
défense républicaine présidé par M. Wal-
deck-Rousseau.
M. Méline, dans son dernier discours,
disait qu'il faisait appel au pays. Le pays
lui a répondu dès le lendemain à Poi-
tiers. Il lui répond aujourd'hui dans toute
la France par l'organe des Conseils géné-
raux.
Le Pointeur.
ES
Paris, le 23 avril 1900.
Monsieur le Rédacteur en chef,
Dans le numéro du 22 courant, votre jour-
nal annonce, à la rubrique « Petit courrier
de l'Exposition », que les Champs-Elysées
doivent être éclairés à l'électricité.
Comme cette indication (qui ne vise proba-
blement que la partie des Champs-Elysées
comprise dans l'Exposition) pourrait, ainsi
présentée, faire naître une certaine confusion,
nous vous serions très reconnaissant de rap-
peler que ce sont les appareils à incandes-
cence par le gaz de la Compagnie Denayrouze
qui ont été adoptés pour l'éclairage de toute
r avenue des Champs-Elysées.
Veuillez agréer, etc.
Alfred MARX,
Ingénieur des arts et manufactures,
directeur de la Compagnie d'éclai-
rage Denayrouze.
AVIS DIVERS
AINS BLANCHES, DOUCES, SATINÉES avec la
PATE ET LE SAVON DES PRELATS.
Par fumerie Exotique, 35, r. du 4-Septembre.
AUX CORSETS MERVEILLEUX
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Jt de cils et de sourcils rendus touffus et
brunis à l'aide de la Sève sourcilière de la
Parfumerie Ninon, 31, rue du 4-Septembre.
Nouvelles- Diverses
LE MYSTÈRE DE SURESNES
Des mariniers ont retiré hier matin, vers
six heures, de la Seine, au barrage de Su-
resnes, le cadavre d'une jeune fille d'une
vingtaine d'années, élégamment vêtue et
gantée de noir, paraissant immergée depuis
une quinzaine de jours. Autour du cou, une
mantille était enroulée et serrée, semblant
témoigner que la morte avait été étranglée
avant d'avoir été jetée à l'eau. Enfin, sous
l'œil droit, on remarquait une blessure pro-
fonde, paraissant avoir été faite avec un
instrument con tondant.
Dans une poche de la jupe, M. Payaud,
commissaire de .police, appelé à faire les
constatations, trouva, des papiers au nom
d'Eugénie Lis, demeurant chez ses parents
rue thiers à Boulogne, et un porte-monnaie
contenant vingt-quatre francs.
Le corps, transporté à la morgue de Sèvres,
a été reconnu dans la journée par la mère,
Mme Lis. Celle-ci a déclaré que sa fille
avait disparu depuis le 29 mars dernier. Elle
était employée comme caissière chez un épi-
cier de la rue du Temple et son patron ne l'a-
vait p as revue depuis cette date.
La police, prévenue de sa disparition, l'a-
vait vainement cherchée.. L'enquête avait
seulement fait connaître qu'elle était très liée
avec une jeune fille habitant Belleville, lors-
que, spontanément, un boulanger de la rue
Desnoyez, à Belleville, M. Hormus fit une
déclaration intéressante.
M. Hormus se souvenait que le 29 mars au
soir-jour de la disparition d'Eugénie Lis
comme il prenait l'air devant sa porte, il avait
vu cinq rôdeurs entraîner de force une jeune
femme dont le signalement semblait corres-
pondre à celui de la disparue.
A la suite des recherches faites par la po-
lice, un repris de justice nommé J.-B. Ballet,
demeurant rue Ramponneau, 12, fut arrêté le
5 avril dernier. Mis en présence de Mme Lis
ôplorée, il se borna à dire, en ricanant
-Votre fille,je pourrais peut-être bien vous
apprendre où elle est. Mais n'y comptez pas.
Ce qu'il y a de sûr, c'est que je ne l'ai pas en
poche.
On va chercher à établir si Eugénie Lis a
été assassinée par les rôdeurs dont a parlé
M. Hormus, ou si elle s'est suicidée ce qui, en
dépit de certaines apparences, pourrait égale-
ment être possible.
LES EXPLOITS D'ISABELLA
Comme tant d'étrangers, M. de W. capi-
taine de frégate attaché à la maison de S. M.
l'empereur de Russie, est venu à Paris pour
voir l'Exposition.
Un soir de la semaine dernière, après avoir
copieusement dinè dans un grand restaurant
du quartier de l'Opéra, il sirotait le café à la
terrasse d'une brasserie du boulevard, lors-
qu'il remarqua, à une table voisine de la
sienne, une accorte personne avec laquelle il
lia conversation
J'adore les Françaises, mademoiselle,
dit galamment le gentilhomme russe. Voulez-
vous me permettre de vous offrir un bock ? 2
Comment donc! répondit la jeune per-
sonne, avec un fort accent méridional. Qffre-
moi donc tout ce que tu voudras
Et, sans autre façon, elle vint s'asseoir près
de l'étranger. Au bout de quelques instants,
tous deux étaient naturellement les meilleurs
amis du monde. Ils achevèrent la soirée en-
semble, puis M. de W. suivit sa « con-
quête » dans un hôtel de la rue Grange-Bate-
lière.
Le lendemain matin, en se réveillant, le
capitaine de frégate fut très étonné de se
trouver seul. Sa surprise se transforma en
une légitime indignationlorsque, ayant ouvert
son portefeuille, il constata qu'avant de dé-
guerpir, sa compagne momentanée s'était em-
parée des quatre billets de cent francs qu'il
contenait.
M. de W. s'informa auprès du patron
de l'hôtel. La voleuse y était inconnue.
L'étranger avait fait le sacrifice de son ar-
gent lorsque, hier soir, comme il passait
boulevard des Italiens, il aperçut, déambulant,
celle qu'il ne comptait plus jamais revoir. In-
continent, il la fit arrêter et conduire chez
M. Archer, commissaire de police. Là, il
apprit tout d'abord qu'elle n'était nullement
Prançaise elle s'appelait Mercedes Isa-
bella, et avait vu le jour dans les environs
de Madrid.
On fouilla Isabella et on trouva, sur elle,
plusieurs louis d'or, le reste de la somme dé-
robée à M. de W. Tout à coup, Isabella
s'empara des louis qu'on venait de déposer
sur la table du magistrat et les avala, avant
qu'on ait eu le temps de l'en empêcher.
Mais un purgatif énergique lui fut adminis-
tré dés son arrivée au Depot et la contraignit
à une restitution. involontaire.
Et voilà comment M. de W. rentrera tout,
au moins dans une partie de ses quatre çenta
francs.
LES ÉMOTIONS DE PAUL DUNET
Un jeune paysan de la Creuse, nommé
Paul Dunet, âgé de dix-huit ans, arrivait
samedi soir à Paris pour visiter l'Exposition.
Il descendit chez un de ses compatriotes,
M. Meignant, demeurant 131, rue de Vaugi-
rard.
Dimanche, de bon matin, il endossa ses
habits de cérémonie et courut au Champ-de-
Mars. Pendant toute la journée, il erra dans
la vaste enceinte, s'arrêtant longuement de-
vant chaque palais ou chaque pavillon,
ébloui par les merveilles qu'il avait sous les
yeux.
Il resta le dernier à l'Exposition et sembla
tout surpris. lorsque, l'heure de la fermeture
ayant sonné, on 1 invita à s'en aller.
Le soleil, la chaleur, la foule à travers la-
quelle il avait si péniblement louvoyé, l'a-
vaient complètement ahuri. II ne se rappelait
plus ni le chemin qu'il devait prendre pour
retourner chez son ami, ni même l'adresse do
ce dernier.
Il rôda donc à l'aventure. A une heure du
matin, il se trouvait rue Mathurin-Régnier,
une voie déserte, la nuit surtout. Subitement
la peur le prit. Il s'imagina être poursuivi
par des malfaiteurs qui voulaient l'assassiner
pour le voler. Croyant sa dernière heure ar-
rivée, il escalada un petit mu| et tomba dans
le chantier de MM. Pacheux et Caron, sta-
tuaires.
Le malheureux venait de fuir un danger
imaginaire pour courir au-devant d'un péril
certain.
Un dogue, fidèle gardien de la maison, s'é-
lança en effet sur lui et le mordit cruellement
à la cuisse. Paul Dunet se mit à pousser des
cris de douleur. Le surveillant, réveillé en
sursaut, accourut alors et, prenant le pauvre
diable pour un cambrioleur, tira dans sa
direction deux coups de revolver. Fort heu-
reusement les balles passèrent au-dessus de
sa tête.
Cependant, le bruit des détonations avait
mis les voisins en émoi. On accourut de
tous côtés. Le fils de la Creuse, tout sanglant
des morsures du chien, tendait vers le ciel
des mains suppliantes. On le pressa de ques-
tions. Aux propos incohérents qu'il tint, on
s'aperçut qu'il avait perdu la raison.
Paul Dunet fut conduit au poste, où il passa
la nuit. Quelques heures d'un sommeil répa-.
rateur le ranimèrent, et hier matin il put nar-
rer ses terribles émotions de la veille.
Son ami, inquiet de ne pas l'avoir vu ren-
trer, s'était rendu, d'autre part, à la Préfec-
ture de police, pour signaler sa disparition.
On apprit ainsi l'adresse de Paul Dunet qui
put enfin retourner rue de Vaugirard.
̃!•
VOLEURS EXOTIQUES
Deux Indiens, un homme et une femme,
bizarrement accoutrés et le visage tatoué, en-
traient hier, chez un boulanger de la rue de
Turenne. Un grand nombre de badauds s'a-
massèrent bientôt devant la boutique, con-
templant avec curiosité les singuliers étran.
gers.
Mettant à profit la curiosité dont elle était
plus particulièrement l'objet de la part de la
foule, l'Indienne s'approcha insensiblement
du tiroir-caisse, resté entr'ouvert, et, avec une
hahileté que n'etit pas désavouée le plus ma-
dré de nos cambrioleurs parisiens, elle plon-
gea une main indiscrète dans une sébile rem-
plie de pièces d'or et de monnaie blanche.
Elle fit aussitôt un signe presque impercepti-
ble à son compagnon qui avait trouvé moyen
d'attirer la boulangère en dehors de son
comptoir.
La commerçante avait vu, dans une glace,
le manège de l'Indienne. Avec autant de sang-
froid que de présence d'esprit, elle ferma la
porte à clef et envoya un de ses garçons cher-
cher la police.
Chez le commissaire de police où ils furent
conduits, Abdullah ben Ismaël et Habiali bon
Raya, sa femme, déclarèrent qu'ils arrivaient
de Calcutta où ils exerçaient la profession de
bijoutiers.
Ils ont été envoyés au Dép Ôt. ̃s"~
UN PRÉJUGÉ QUI S'EN VA
On disait que tout renchérit pendant les
Expositions. C'est un préjugé qu'il faut dé-
sormais reléguer dans l'oubli.
Pour s'en assurer, nos lecteurs n'ont qu'à
se rendre 112, rue Richelieu, au coin du bou-
levard, ou 17, Faubourg-Montmartre dans
les deux célèbres maisons que dirige High-
Life Tailor. Qu'ils examinent avec l'attention
qu'il mérite le splendide costume à 69 fr. 50,
de l'éminent artiste, et ils reconnaîtront avec
nous que c'est le record du luxe qui tient le
record du bon marché.
UN CLIENT TROP ENTREPRENANT
La taverne du Panthéon, boulevard Saint-
Michel, a été, avant-hier soir, le théâtre d'une.
scène déplorable.
M. Rosetti de Renovo, officier roumain,
parent d'un ministre et allié à l'une des prin-
cipales familles de ce pays, se trouvait dans
cet établissement lorsque entra la patronne,
Mme Garnier.
La vue de cette dame produisit sur lui une
impression si vive et si instantanée, le
coup de foudre qu'il se leva pour aller lu i
exprimer au comptoir, où elle se rendait, les
galants sentiments qu'elle lui inspirait.
Voulant éviter un scandale, la jeune femme
céda la place et se retira dans une pièce où il
ne tarda pas à. la rejoindre.
Sortez, monsieur, s'écria Mme Garnier
indignée, ou j'appelle mon mari 1
Au même moment, la porte s'ouvrit et M.
Garnier apparut. M. de Renovo ne s'émut pas
pour si peu. Il sortit une épée de sa canne et
en porta un furieux coup au limonadier, qui
eut le bras droit traverse de part en part.
Des garçons accoururent aux appels de
Mme Garnier, et le trop fougueux officier rou-
main fut conduit chez M. Rioux, commissaire
de police, qui l'a gardé à sa disposition.
M. le juge Huet a été chargé de l'instruc-
tion de cette affaire. Le magistrat a commis'
M. le docteur Socquet, médecin légiste, pour
aller examiner la blessure de M. Garnier.
CONTRE LES « CHAUFFARDS »
Le nouveau service des agents cyclistes
tient la main à l'exécution de l'ordonnance
préfectorale relative aux « chauffards. ».
Dans le douzième arrondissement, cinq
contraventions out été dressées dimanche à.
des conducteurs d'automobile pour excès de
vitesse -dans le seizième, il y en a' eu dix
contre des conducteurs d'automobile et une
contre un cycliste; dans le dix-septième, trois
contre des conducteurs d'automobile et trois
contre des cyclistes.
On ne peut qu'applaudir à ces mesures de
rigueur si justifiées.
« 1 ̃ ̃
& LES CAFÉS CARVALHO
Quand on veut effrayer un Oriental, on lui
promet du mauvais café 1
Lô mauvais café ? Mais c'est ce que nous
prenions le plus souvent avant l'avènement
de la marque qui est le triomphe du jour
les cafés Carvalho.
Toutes les bonnes maisons le livrent en
boites cachetées, où sont concentrés la plus
rare finesse et l'arome le plus exquis. Exigez
bien le nom et la marque chez votre f ournis-
seur. |
UN ENNEMI DES CARABINS
I Un individu, dont l'identité n'a pu être en.
core établie, s'est tiré la nuit dernière, vers
deux heures, un coup de revolver dans la
tempe droite, au quai d'Orléans.
Des agents accoururent au bruit de la dé-
tonation. Le désespéré était mort.
Au poste, on le fouilla et l'on trouva sur lui
un billet conçu
Il est absolument inutile de rechercher mon
identité. Je veux être enterré immédiatement,
pour ne pas tomber entre les mains de ces cara-
bins maudits qui me dégoûtent profondément. Je
les maudis.
M. Bry, commissaire de police, n'a pas cru.
périal qu'il est appelé à remplir les fonctions
de premier aide de camp, restées vacantes de-
puis la nomination du général E. Ponzio
vaglia au poste de ministre de la maison
royale.
La présence du prince royal à la prochaine
entrevue de Berlin et la nomination du comte
Lanza sont considérées ici comme une ré-
ponse à la campagne. faite par quelques
journaux contre la Triplice.
AUTRICHE
Vienne, 23 avril. L'empereur François-
Joseph, à propos des cérémonies projetées à
l'occasion du soixante-dixième anniversaire
de sa naissance, a fait savoir qu'il désirait
passer cette journée dans le calme et le re-
cueillement. •
BELGIQUE
EN MÉMOIRE DU COLONEL
DE VILLEBOIS-MAREUIL
Bruxelles, 23 avril. Ce matin, dans une
église du centre, a été célébré un service funè-
bre à la mémoire du colonel de Villebois-
Mareuil.
Au milieu du choeur se dressait un catafal-
que recouvert du drapeau du Transvaal et
entouré de trophées aux couleurs transvaa-
liennes et'françaises.
L'église regorgeait de monde au premier
rang, parmi de .nombreuses notabilités, on
remarquait MM. le baron de Berckheim, le
chef d'escadron Haillot, en grand uniforme
Mure de Pelanne, consul général, et Mongen-
dre, de la légation de France.
Tout à côté avaient pris place M. Van
Boeschoten, le chargé d affaires du Trans-
vaal, et les membres de la légation.
'Le prince Victor Napoléon s'était fait re-
présenter par M. L. Blanc, son chef de ca-
Les membres de la colonie française, de la
colonie hollandaise à Bruxelles, les membres
de plusieurs sociétés d'anciens militaires oc-
cupaient les nefs latérales.
A l'élévation, M. Seguin, de la Monnaie, a
chanté le Pie Jesu de Stradella, et le violon-
celliste M. Edouard Jacobs a joué, avec ac-
compagnement de l'orgue que tenait M. Wot-
quenne, la Marche funebre de Chopin et
Y Ave Maria ae Schubert.
M. le docteur Leyds, le représentant des
Républiques sud-africaines, et les membres
de la mission transvaalienne, en ce moment
à La Haye, arriveront prochainement à
Bruxelles.
Toutefois leur séjour en Belgique sera de
très courte durée peut-être même ne feront-
ils que passer, car la mission est attendue à
Paris. Lemaire.
ITALIE
Rome, 23 avril. Aujourd'hui a été clô-
turé le congrès international d'archéologie
chrétienne.
Carthage a été choisie comme siège du troi-
sième congrès en 1904. 0
Avant de se séparer, les congressistes ont
fait une ovation à notre éminent directeur de
l'Ecole française de Rome, l'abbé Duchesne,
président et organisateur du congrès, et qui a
su le resserrer dans les limites strictement
scientifiques, sans froisser aucune des confes-
sions et opinions politiques représentées.
Avant de se séparer, également, plusieurs
congressistes ont pris la parole et, en remer-
ciant le président de la manière dont les tra-
vaux ont été conduits, quelques-uns lui ont
donné le titre de Monseigneur, sans doute
en prévision de l'intention que l'on prête au
Pape de nommer l'abbé Duchesne protono-
taire apostolique pour reconnaître le déve-
loppement que les études archéologiques à
l'Ecole française ont pris sous sa direction.
Félix II.
INDES ANGLAISES
Simla, 23 avril. Tous les rapports offi-
ciels confirment tout ce qui a été dit jusqu'ici
sur les horreurs de la misère causée par la
famine, surtout à Bombay et à Rajputana.
Dans un seul district, un million de bestiaux
sui 1,300,000 ont péri et un grand nombre
d'habitants meurent de faim. On trouve des
enfants errants, sans abri, émaciés et mal
vêtus dans certains cas même des enfants
ont été vendus pour de l'argent.
La mortalité dans plusieurs districts est
anormale; on la croit due au manque d'her-
bes car l'herbe coûte parfois aussi cher !que
le blé. Le gouvernement indou et la charité
privée font les plus grands efforts, mais les
ressources de la charité privée sont trop
faibles. Il faudra fournir des avances à des
milliers de paysans pour reprendre la cul-
ture. Il va falloir, croit-on, employer des
hommes, à la place des bœufs qui ont péri,
pour traîner les charrues et remplacer les
bêtes de somme dans les travaux agricoles.
Notes ïïtjh Parisieïï,
Nous assistons depuis quelques jours,
dans Paris, à un véritable duel entre
« chauffeurs et bicyclistes. On sait, en
effet, que la Préfecture de police, qu'on
ne saurait trop féliciter de cette mesure,
a créé des brigades d'agents cyclistes char-
gés de dresser contravention aux chauf-
feurs qui vont à une allure extrarégle-
mentaire. Pour cela, il faut pouvoir les
atteindre, et ce sont alors des courses
folles, de véritables chasses qui ne man-
queront pas de péripéties.
C'est ainsi qu'hier un de ces braves
agents, voyant venir une automobile à
toute vitesse, voulut l'arrêter. Il leva son
bâton blanc. C'est un signe devant lequel
on a l'habitude de s'incliner. Mais l'auto-
mobile passa outre et voulut brûler la po-
litesse à l'agent. Ce dernier, esclave de la
consigne, sauta sur sa bécane et se mit à
la poursuite des « contrevenants ». Une
lutte magnifique s'engagea, et le record
resta finalement au bicycliste.
Il faut dire que l'automobile avait été
arrêtée par un embarras de voitures. Autre-
ment, elle se serait certainement échappée.
Elle avait réussi à entraîner l'agent de l'ave-
nue des. Wagram jusqu'au bois de Bou-
logne, et c'est là seulement qu'elle dut se
rendre. Force est donc restée à l'autorité,
et il faut s'en réjouir. Mais ce qui est tout
à fait surprenant, c'est que dans cette
course vertigineuse où l'automobile et la
bicyclette rivalisaient de vitesse, il ne soit
arrivé aucun accident. Les passants ont eu
vraiment de la chance. Je parlais de duel
tout à l'heure. Il me semble que c'est sur-
tout les témoins qui risquent d'être
blessés. ̃ E~
MALADIES DE L'ESTOMAC
PAIN GRILLÉ JACQUET
92, rue Richelieu, PARis.
LES OBSÈQUES DE FALGUIÈRE
On a fait hier à Falguière d'imposantes
funérailles. Dès le matin, le cercueil,
exposé dans une chapelle ardente dres-
sée devant l'hôtel de la famille Fal-
guière, rue d'Assas, disparaissait sous
les couronnes envoyées par l'Ecole des
beaux-arts, la Société des Artistes fran-
çais, la ville de Toulouse, la ville de
Nimes, les élèves de l'éminent sculp-
teur, les Beaux-Arts de Toulouse, l'Asso-
ciation toulousaine, les Cadets de Gas-
cogne, la légation de l'Equateur, etc.
On remarquait également une magni-
fique couronne aux couleurs hongroises,
déposée, au nom des artistes hongrois à
Paris, par M. Georges Zala, l'éminent
statuaire hongrois, président de la So-
ciété des artistes à Budapest, accompa-
gné des statuaires hongrois E. Kallos et
Antoine Szirmaï.
La levée du corps a été faite à midi. De
la rue d'Assas, le cortège a gagné l'é-
glise Notre-Dame des Champs. Entête,
un char surchargé de couronnes; puis,
une délégation du personnel de l'Ecole
des beaux-arts et de la Société des Artis-
tes français. Le char funèbre, traîné par
quatre chevaux, était entouré de MM.
Leygues, ministre de l'instruction publi-
que et des beaux-arts; Roujon, direc-
teur des beaux-arts; Larroumet, secré-
taire perpétuel de l'Académie des beaux-
arts Camille Saint-Saëns, J.-P. Laurens,
Marqueste, Paul Dubois et Calvinhac.
Le deuil était conduit par les deux fils
de Falguière suivis de M. le colonel
Meaux-Saint-Marc, représentant le Pré-
sident de la République le capitaine
Charbonnel, représentant le ministre de
la marine, et la délégation de l'Institut.
Puis venait la foule immense des amis
du puissant artiste,' composée des plus
hautes personnalités de l'Institut, des
arts, des lettres et de la politique. Nous
avons reconnu notamment:
MM. Waldeck-Rousseau, président du Con-
seil le général Brugère, gouverneur mili-
taire de Paris de Selves, préfet de la Seine
Lépine, préfet de police; Frémiet, Henner,
Jules Lefebvre, Ph. Gille, Bouguereau, Sully-
Prudhomme, André Theuriet, Paul Dubois,
baron Alphonse de Rothschild, de l'Institut
Osiris, A. Kaempfen, Ad. Bernheim, Paul
Meurice, Charles Ephrussi, comte Jean de
Kergorlay, Victor Capoul, duc et duchesse
d'Uzès, Ralph Brown, Ch. Formentin, duc et
duchesse de Luynes, Mme Ambroise Tho-
mas,. Mme et Mlles Larroumet, M. et Mme
Demagny, M. et Mme Edmond Haraucourt, M.
et Mme Ernest Daudet, Mlles Louise Abbema,
Cléo de Mérode, Mme de Nuovina MM. J.
Guiffrey, Léon Daudet, Dupuy-Dutemps, Del-
mas, Denys Puech, Injalbert, Eug. Carrière,
G. Clairin, H. Gervex, Georges Charpentier,
Ad. Brisson, Léonce Bénédite, Le Deschault,
P. Moreau-Vauthier, Alfred Lenoir, Nénot,
Sarrus, Léon Cléry, Gomot, Tattegrain, G.
Lafenestre, Desruelles, J. Van Driessen, Re-
nouard, Bourdais, L. Carrier-Belleuse, Ch.
Hayem, André Wormser, A. Maignan, Bour-
delle, Raph Collin, Lucien Pellez, Dawant,
FélixCharpentier,Em.Gebhart,Chenu-Lafitte;
MM. Debat-Ponsan, Paul Perret, Mme Roger
Ballu, F. Cormon, F. Humbert, Jean Béraud,
Léopold Bernstamm, Marquet de Vasselot,
Barrias, docteur Roux, de l'Institut Pasteur;
docteur S. Pozzi, Bartolomé, Allouard, P. Ma-
riéton, Victorin Joncières, Grolleron, G. Ru-
pès, Brozik, G. Gardet, Vital-Cornu, Pascal,
Lionel Laroze; Mlles Lucienne Bréval, Car-
men de Padilla, Madrassi, A. Steinheil; Mme
Roger-Miclos, etc., etc. •
L'église Notre-Dame des Champs, où
le service funèbre a commencé à midi et
demi, avait une décoration superbe. Cette
décoration avait été dirigée d'ailleurs par
M.Bengold qui a organisé tout le service
avec beaucoup d'ordre et de goût. Pen-
dant la cérémonie, un orchestre de cent
cinquante exécutants, avec chœurs et
soli, s'est fait entendre. Il était conduit
par M. Michelet, maître de chapelle.
MM. Andlauer et Andrès tenaient l'or-
gue. La messe a été dite par M. l'abbé
Mahal, et le chanoine Delamaire, curé de
la paroisse, a donné l'absoute.
Une foule énorme attendait le départ
du cortège sur te boulevard Montpar-
nasse. Celui-ci s'est dirigé sur le cime-
tière du Père-Lachaise.
Sur la tombe, M. Georges Leygues,
ministre de l'instruction publique et des
beaux-arts, a parlé le premier, au nom
du gouvernement. Son discours, très
éloquent, a fait une impression profonde.
En voici la partie finale
L'artiste avait une âme inquiète que n'a-
paisaient ni le succès ni le rêve réalisé.
Brusquement, en 1882, il revint à ce qui
avait été la joie et le charme de sa jeunesse
à l'adoration de la forme humaine.
Diape est la première de ses filles immor-
telles qui s'appellent la Nymphe chasseresse,
la Diane de Calisto, la Femme au paon.
L'œuvre est à la fois réaliste et poétique.
L'harmonie des formes est parfaite. Il n'y a
qu'à admirer.
Par cette évolution hardie, Falguière rom-
pait avec la tradition et devenait chef d'école.
il libérait la sculpture de formules respecta-
bles, mais qui entravaient son libre et clair
génie. Il conservait à ses figures le caractère
antique par la simplicité du sujet, la probité
du faire, la mesure et le goût. Il les moderni-
sait par le mouvement et le sentiment. Ses
déesses et ses nymphes s'animent, l'épiderme
frissonne, les paupières battent, la vie tres-
saille dans le marbre 1
L'œuvre do Falguière à oettedate n'est plus
qu'un hymne triomphant à la Nature et à la
Beauté « Les sculpteurs qui savent peindre,
disait Michel-Ange, savent colorer leur sculp-
ture. » C'était le cas de Falguière qui ma-
niait le pinceau presque aussi sûrement que
l'ébauchoir, et qui a signé des toiles qui rap-
pellent les meilleurs maîtres par la solidité
du dessin et par la vigueur du coloris. Ce
grand homme ignorait sa renommée. C'était
un modeste, un être simple et bon, un cœur
d'enfant.
S'il est vrai, comme je le crois fermement,
que l'art ennoblit les nations, développe l'in-
fluence morale qu'elles exercent dans le
monde et accroît leur patrimoine de gloire,
Falguière est l'un des Français qui ont le
mieux servi la France.
M. Gustave Larroumet prend ensuite
la parole au nom de l'Académie des
beaux-arts. Il retrace la carrière de l'émi-
nent artiste et rend un admirable hom-
mage à ses efforts constants
Pour suffire à cette production qui devenait
de plus en plus active et passionnée, voire
fiévreuse et hâtive, il fallait un labeur inces-
sant. Ce labeur a épuisé prématurément les
forces de Falguière, et il est tombé au pied
d'une dernière œuvre la figure douloureuse
et charmante d'Alphonse Daudet! l'outil à
la main, au seuil de la vieillesse, en pleine
gloire, sans avoir jamais connu le repos!
Cette flamme l'a devoré d'autant plus vite
que cet artiste était passionnément sensible à
toutes les expressions de la beauté peignant
des toiles qui lui auraient fait une réputation
de péintre, s'il n'avait été un si grand sculp-
teur enthousiaste de la musique, qui le re-
muait jusqu'au fond de l'âme à la fois popu-
laire et mondain.
Messieurs, tant d'oeuvres expressives et
belles assurent à Falguière une place émi-
nente parmi les maîtres de l'école française.
Son nom est de ceux qui dureront aussi long-
temps que notre art et que l'art universel. A
nous tous, ses confrères, il laisse les plus
affectueux regrets et une douleur que peut
seul alléger le charme cordial de son sou-
venir.
Puis, c'est M. Paul Dubois qui dit un
dernier adieu à l'éminent sculpteur, au
nom de l'Ecole des beaux-arts. Après
lui, M. Jean-Paul Laurens prend la pa-
role au nom de la Société des Artistes
français dont Falguière fut, pendant
vingt années, une des gloires
L'œuvre vivante et passionnée de celui que
nous accompagnons aujourd'hui, pour la der-
nière fois, dit-il, sera dite et chantée longue-
ment par d'autres que moi.
Un grand artiste vient de nous quitter; sa
féconde carrière fut une longue traînée lumi-
neuse que l'avenir n'éteindra pas. Falguière
fut un généreux et un spontané il s'est traîné
jusqu'au bout, tout entier, animant tout ce
qu'il touchait. Obéissant toujours à son capri-
cieux génie, jamais il ne connut de barrières.
Toute son œuvre fut l'éclosion, vivace et
joyeuse, de la sève qui débordait en lui! l
D'autres discours ont été encore pro-
noncés par MM. Calvinhac, député de la
Haute-Garonne, au nom de la municipa-
lité de Toulouse; Marqueste, de l'In-
stitut, et Achard, au nom des élèves du
maître.
LES CâffDIDÂTS A LA. PHTSSÎE
On ne naît pas phtisique, mais on naît
prédisposé à la phtisie, ou « tuberculi-
sable ». Voyez ces enfants mal venus,
débiles, chétifs, lymphatiques et rachiti-
ques ils sont prédisposés, prédestinés
à l'évolution tuberculeuse. La gloire de
la médecine moderne est de réprimer
ces tares. Il faut de bonne heure parer à
l'exiguïté thoracique, au manque de dé-
veloppement des poumons et du cœur,
combattre l'anémie et la chlorose, qui
font, comme l'a dit le Dr Monin, le lit à
la phtisie
Lorsqu'on peut fortifier une constitu-
tion débile et l'éloigner des foyers conta-
gieux par l'élevage à la campagne, c'est
assurément l'idéal de la prophylaxie.
Mais dans les villes, il importe de recou-
rir aux toniques (dont le Vin Désiles, pris
d'une façon suivie, est le type le plus
perfectionné). Avec le Vin Désiles, plus
de teint pâle, de chairs molles, ni d'en-
gorgements ganglionnaires.
Petit courrier de l'Exposition
LA JOURNÉE d'aujourd'hui. Ouverture
des portes, 8 h. tiu matin de 8 h. à io h.,
deux tickets; de io h. à 6 h., un ticket. A
6 h. du soir, le canon de la tour Eiffel annon-
cera la fermeture des galeries et des pavil-
lons à 7 h., la retraite de la garde munici-
pale, dans les jardins, annoncera la fermeture
de l'Exposition.
A la Section russe, au Trocadéro, concert de
la e Fanfare du Kremlin », de 2 à 6 h.
Le nombre des visiteurs a été presque exac-
tement le même, dans la journée de dimanche,
que le jour d'ouverture de l'Exposition. Il y a
eu 118,766 entrées payantes, non compris les
visiteurs de l'annexe de Vincennes où l'on a
enregistré 2,632 entrées avec tickets.
On avait compté 118,651 visiteurs payants
dans les enceintes de Paris, le 15 avril..
M. Béla de Lukats, commissaire royal de
Hongrie, a donné hier, à l'Exposition, dans le
pavillon de Hongrie, un banquet aux ouvriers
hongrois et aux ouvriers français qui ont été
employés à la construction et à l'installation
de ce pavillon et des sections hongroises en
général.
Plus de trois cents couverts étaient dressés.
M. Béla de Lukats présidait cette fête et avait
à Sa droite et à sa gauche un ouvrier.
Assistaient au banquet tous les membres
des commissariats, ainsi que les notabilités
hongroises qui se trouvent actuellement à
Paris.
Les ouvriers ont fait une ovation à la jeune
comtesse Szechenyi, qui passe ses journées au
pavillon hongrois, déballant elle-même les
précieux objets de l'exposition historique et en
dirigeant avec un goût et un zèle charmants
l'installation.
Aujourd'hui, à deux heures, a lieu, au
terre-plein des Tuileries, l'ascension libre du
ballon Cinèorama.
Le but scientifique de cette ascension, que
nous annoncions il y a quelques jours, et que
dirigeront le comte de La Vaulx et M. Mallet,
est de cinématographier, grâce à dix appareils
conjugués, le panorama vivant de Paris et de
l'Exposition.
Ces jours-ci, a eu lieu, devant un public
choisi d'alpinistes, d'artistes et de savants,
l'inauguration des panoramas du Club alpin
français.
Ces panoramas et dioramas représentent les
sites les plus imposants des montagnes fran-
çaises. Dans le' couloir qui donne accès au pu-
blic, s'ouvrent plusieurs baies dont le fond
laisse voir la grotte célèbre de Dargilan, ex-
plorée par M. E.-A. Martel la vallée des lacs
de Longemer et de Retournemer, œuvre de
l'excellent paysagiste Desbrosses une vue
plongeante sur la haute vallée du Var, par
M. H. Bourgeois; un aspect d'ensemble du
Tarn, par MM. Marty et Cabannes; enfin un
cirque de Gavarnie, œuvre de MM. Schrader
et Marty.
Au premier étage se déploient deux pano-
ramas empruntés aux deux plus puissants mas-
sifs des Alpes françaises. L'un, pris par
M. Steinheil du haut du pic de Combeynot,
offre la perspective des pics noirs et des neiges
sauvages du massif du Pelvoux, avec les val-
lées de la Grave et de Briançon, dominées par
le redoutable pic de la Meije. Un groupe de
chasseurs alpins anime les rochers du pre-
mier plan.
L^autre, le plus vaste de tous et le plus
alpestre, transporte le spectateur sur un pro-
montoire du pic du Tacul, dans le massif du
mont Blanc et au cœur des immenses fleuves
glacés qui, par leur réunion, forment la Mer
de Glace, dont les anneaux blancs se dérou-
lent à 500 mètres au-dessous du spectateur,
tandis que la coupole du mont Blanc le do-
mine de plus de 2,000 mètres.
Ce panorama, construit sur des photogra-
phies prises par M. J. Vallot, est l'œuvre de
M. P..Schrader, qui a consacré aux études
sur le terrain quatre campagnes successives
et qui a apporté dans cette œuvre la plus
grande rigueur scientifique, en même temps
qu'il exprimait sur la toile l'immense poésie
des monts glacés et des roches desséchées
qui forment la chaîne du mont Blanc.
Seuls, jusqu'à présent, les alpinistes de
premier ordre avaient pu jouir des aspects
prodigieux de ces hautes régions les voilà
mises à la portée de tous les yeux.
On télégraphie de Schillingsfurt au
Lokalanzciger t
« Le chancelier prince de Hohenlohe g est
rendu aujourd'hui de Nice à Paris pour visiter
l'Exposition.
Il compte retourner à Berlin le 3 mai. »
Très jolie réception donnée hier, à la
Presse, par le chevalier de Horowitz, prési-
dent de la commission de Bosnie, et M. Henri
Moser, commissaire général, au charmant pa-
villon de Bosnie-Herzégovine, entièrement ter-
miné et installé.
La réception s'est prolongée pendant toute
la durée de l'après-midi, égayée par la musi-
que des tambouristes bosniaques en costume,
et dans le somptueux décor des fresques de
Mucha, et des vitrines d'art décoratif qui se-
rorit l'un des. grands attraits de cette expo-
sition.
Un buffetavait été dressé à l'une des extré-
mité de la salle du rez-de-chaussée, face au
superbe diorama de Serajevo. De spirituels et
chaleureux toasts y ont été portés au succès de
l'Exposition par MM. de Horowitz, H. Moser
et plusieurs invités de la colonie étrangère et
des commissariats.
Une foule nombreuse et élégante s'est pres-
sée autour et à l'intérieur du < donjon bos-
niaque jusqu'à l'heure de fermeture des
portes. Fabien.
G. Davenay.
Actes 0£0.oi©ls
INSTRUCTION publique. Par décret, M.
Petit, inspecteur général (hors cadres) de
l'instruction publique (enseignement primai-
re), est nommé inspecteur général de l'ins-
truction publique pour l'instruction pri-
maire.
Guerre. Par décision ministérielle M.
Dessiaux, capitaine breveté au 144" régiment
d'infanterie, a été mis en activité hors cadres
pour être affecté au service d'état-major et
nommé à un emploi de son grade à l'état-
major de l'armée (emploi vacant).
UN PAIN GÉANT
Dimanche après-midi, les nombreux
promeneurs qui se trouvaient aux abords
de l'Exposition ont pu voir, se dirigeant
vers le Trocadêro, un pain géant, tel
qu'aucun humain n'en vit jamais de
pareil.
Ce pain, de cinq mètres de longueur,
d'une régularité de cuisson parfaite, un
chef-d'œuvre du genre, sort des fours de
la Meunerie-Boulangerie modèle de la
Société parisienne, à La Villette.
Le puissant outillage des Meuneries-
Boulangeries du système Schweitzer
permet seul de produire de ces merveil-
les industrielles. Mais ce n'est là que le
moindre de ses avantages. Si le « meilleur
pain au meilleur marché », après avoir
reçu l'approbation des savants et des
médecins les plus éminents de l'époque,
détient aujourd'hui, sans conteste, les
faveurs du public, cela tient à d'autres
raisons, dont la principale est que son
prix est et reste au-dessous du cours
habituel du pain.
Alors que tout renchérit dans des pro-
portions effrayantes, le pain demeure
bon marché, parce que la fabrication
mécanique Schweitzer en empêche la
hausse. Il est bon qu'on le sache. Ainsi
se trouve expliquée la campagne de diff a-
mation entreprise par certains boulangers
peu scrupuleux, qui n'ont pas craint de
faire appel aux spécialistes du chantage.
Ceux-ci en rendront compte à la justice.
Le public intéressé à jouir du « meilleur
pain au meilleur marché », saura ap-
précier à l'aide de quels moyens malhon-
nêtes on veut étouffer une concurrence
gênante.
LES CONSEILS GENERAUX
rWP
C'est hier que s'est ouverte dans
toute la France la session des Conseils
généraux dite « session de Pâques ».
Nous résumons brièvement, d'après
les dépêches de nos correspondants, la
physionomie d'ensemble de cette pre-
mière séance.
Corrèze. Le Conseil général a voté
l'adresse suivante sur la proposition de
M. Labrousse, sénateur, à l'occasion de
l'ouverture de l'Exposition universelle
« Le Conseil général de la Corrèze en-
voie à M. le Président de la République
et au ministère Waldeck-Rousseau l'ex-
pression de ses respectueuses sympa-
thies et toutes ses félicitations pour
l'énergie avec laquelle il défend les vrais
principes républicains. » v
Nièvre. Le Conseil général a, par
14 voix contre 5 sur 19 présents, voté
une adresse de félicitations à M. le Pré-
sident de la République et aux membres
du gouvernement.
Indre-et-Loire. A la suite de deux
élections partielles, la majorité du Con-
seil général d'Indre-et-Loire, qui était
modérée, est passée du côté radical.
Dans la séance d'hier les radicaux,
malgré une vive opposition de la mino-
rité, ont voté une adresse de félicitations
à M. Loubet et au ministère de défense
républicaine. Le vote a eu lieu à la ma-
jorité de 12 voix sur 22 conseillers pré-
sents.
Gard. Au début de la séance, le
dépôt d'une adresse de sympathie et de
félicitations au gouvernement a donné
lieu à une discussion d'un caractère
violent, motivée par les membres de la
droite.
Le président et le préfet se sont retirés
et la séance a été suspendue.
A la reprise, l'adresse a été votée par
22 voix contre 5.
M. Silhol, sénateur, s'est abstenu.
Lozère. -'Le Conseil général de la
Lozère a adopté une motion de félicita-
tions au président du Conseil l'engageant
à poursuivre l'œuvre de défense répu-
blicaine.
Allier. Le Conseil général de l'Al-
lier s'est réuni sous la présidence de M.
Gacon, député.
Le président a prononcé un discours
très applaudi dans lequel il a fait l'éloge
de la France et de l'Exposition univer-
selle. Il a envoyé l'assurance de son res-
pect et de son dévouement au Président
Loubet et au ministère de défense répu-
blicaine au nom de la population tout
entière du département.
Isère. Le Conseil général, présidé
par M. Antonin Dubost, sénateur, a voté
par 29 voix contre 4, une adresse au
gouvernement dans laquelle il félicite le
ministère Waldeck-Rousseau « d'avoir
rendu la confiance au pays républicain
par son énergie à appliquer la politique
du vieux parti républicain ».
Ardèche. La session du Conseil gé-
néral de l'Ardèche s'est ouverte à trois
heures, sous la présidence de M. Saint-
Prix.
M. Jules Roche invite le Conseil géné-
ral à voter le vœu suivant «Que le Sénat,
dans sa deuxième délibération sur le
projet relatif aux successions, repousse
le principe révolutionnaire de l'impôt
progressif. »
Morbihan. Le Conseil général du
Morbihan a émis, à l'unanimité, un vœu
protestant contre la décision du ministre
de la marine supprimant la cérémonie
of fleielle du veudredi saint.
Mayenne. –̃ Le Conseil général s'est
[réuni sous la présidence de M. Renault-
Morlière, député, remplaçant M. Denis,
sénateur, malade*
II a voté une adresse de condoléance à
la famille de M. de Villebois-Mareuil,
particulièrement au vicomte Christian,
ancien conseiller général de la Mayenne.
Il a voté ensuite un témoignage d'admi-
ration au peuple boer.
Comme on le voit, la caractéristique
de cette première journée est le renou-
vellement de la confiance des Conseils
généraux à l'égard du gouvernement de
défense républicaine présidé par M. Wal-
deck-Rousseau.
M. Méline, dans son dernier discours,
disait qu'il faisait appel au pays. Le pays
lui a répondu dès le lendemain à Poi-
tiers. Il lui répond aujourd'hui dans toute
la France par l'organe des Conseils géné-
raux.
Le Pointeur.
ES
Paris, le 23 avril 1900.
Monsieur le Rédacteur en chef,
Dans le numéro du 22 courant, votre jour-
nal annonce, à la rubrique « Petit courrier
de l'Exposition », que les Champs-Elysées
doivent être éclairés à l'électricité.
Comme cette indication (qui ne vise proba-
blement que la partie des Champs-Elysées
comprise dans l'Exposition) pourrait, ainsi
présentée, faire naître une certaine confusion,
nous vous serions très reconnaissant de rap-
peler que ce sont les appareils à incandes-
cence par le gaz de la Compagnie Denayrouze
qui ont été adoptés pour l'éclairage de toute
r avenue des Champs-Elysées.
Veuillez agréer, etc.
Alfred MARX,
Ingénieur des arts et manufactures,
directeur de la Compagnie d'éclai-
rage Denayrouze.
AVIS DIVERS
AINS BLANCHES, DOUCES, SATINÉES avec la
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Nouvelles- Diverses
LE MYSTÈRE DE SURESNES
Des mariniers ont retiré hier matin, vers
six heures, de la Seine, au barrage de Su-
resnes, le cadavre d'une jeune fille d'une
vingtaine d'années, élégamment vêtue et
gantée de noir, paraissant immergée depuis
une quinzaine de jours. Autour du cou, une
mantille était enroulée et serrée, semblant
témoigner que la morte avait été étranglée
avant d'avoir été jetée à l'eau. Enfin, sous
l'œil droit, on remarquait une blessure pro-
fonde, paraissant avoir été faite avec un
instrument con tondant.
Dans une poche de la jupe, M. Payaud,
commissaire de .police, appelé à faire les
constatations, trouva, des papiers au nom
d'Eugénie Lis, demeurant chez ses parents
rue thiers à Boulogne, et un porte-monnaie
contenant vingt-quatre francs.
Le corps, transporté à la morgue de Sèvres,
a été reconnu dans la journée par la mère,
Mme Lis. Celle-ci a déclaré que sa fille
avait disparu depuis le 29 mars dernier. Elle
était employée comme caissière chez un épi-
cier de la rue du Temple et son patron ne l'a-
vait p as revue depuis cette date.
La police, prévenue de sa disparition, l'a-
vait vainement cherchée.. L'enquête avait
seulement fait connaître qu'elle était très liée
avec une jeune fille habitant Belleville, lors-
que, spontanément, un boulanger de la rue
Desnoyez, à Belleville, M. Hormus fit une
déclaration intéressante.
M. Hormus se souvenait que le 29 mars au
soir-jour de la disparition d'Eugénie Lis
comme il prenait l'air devant sa porte, il avait
vu cinq rôdeurs entraîner de force une jeune
femme dont le signalement semblait corres-
pondre à celui de la disparue.
A la suite des recherches faites par la po-
lice, un repris de justice nommé J.-B. Ballet,
demeurant rue Ramponneau, 12, fut arrêté le
5 avril dernier. Mis en présence de Mme Lis
ôplorée, il se borna à dire, en ricanant
-Votre fille,je pourrais peut-être bien vous
apprendre où elle est. Mais n'y comptez pas.
Ce qu'il y a de sûr, c'est que je ne l'ai pas en
poche.
On va chercher à établir si Eugénie Lis a
été assassinée par les rôdeurs dont a parlé
M. Hormus, ou si elle s'est suicidée ce qui, en
dépit de certaines apparences, pourrait égale-
ment être possible.
LES EXPLOITS D'ISABELLA
Comme tant d'étrangers, M. de W. capi-
taine de frégate attaché à la maison de S. M.
l'empereur de Russie, est venu à Paris pour
voir l'Exposition.
Un soir de la semaine dernière, après avoir
copieusement dinè dans un grand restaurant
du quartier de l'Opéra, il sirotait le café à la
terrasse d'une brasserie du boulevard, lors-
qu'il remarqua, à une table voisine de la
sienne, une accorte personne avec laquelle il
lia conversation
J'adore les Françaises, mademoiselle,
dit galamment le gentilhomme russe. Voulez-
vous me permettre de vous offrir un bock ? 2
Comment donc! répondit la jeune per-
sonne, avec un fort accent méridional. Qffre-
moi donc tout ce que tu voudras
Et, sans autre façon, elle vint s'asseoir près
de l'étranger. Au bout de quelques instants,
tous deux étaient naturellement les meilleurs
amis du monde. Ils achevèrent la soirée en-
semble, puis M. de W. suivit sa « con-
quête » dans un hôtel de la rue Grange-Bate-
lière.
Le lendemain matin, en se réveillant, le
capitaine de frégate fut très étonné de se
trouver seul. Sa surprise se transforma en
une légitime indignationlorsque, ayant ouvert
son portefeuille, il constata qu'avant de dé-
guerpir, sa compagne momentanée s'était em-
parée des quatre billets de cent francs qu'il
contenait.
M. de W. s'informa auprès du patron
de l'hôtel. La voleuse y était inconnue.
L'étranger avait fait le sacrifice de son ar-
gent lorsque, hier soir, comme il passait
boulevard des Italiens, il aperçut, déambulant,
celle qu'il ne comptait plus jamais revoir. In-
continent, il la fit arrêter et conduire chez
M. Archer, commissaire de police. Là, il
apprit tout d'abord qu'elle n'était nullement
Prançaise elle s'appelait Mercedes Isa-
bella, et avait vu le jour dans les environs
de Madrid.
On fouilla Isabella et on trouva, sur elle,
plusieurs louis d'or, le reste de la somme dé-
robée à M. de W. Tout à coup, Isabella
s'empara des louis qu'on venait de déposer
sur la table du magistrat et les avala, avant
qu'on ait eu le temps de l'en empêcher.
Mais un purgatif énergique lui fut adminis-
tré dés son arrivée au Depot et la contraignit
à une restitution. involontaire.
Et voilà comment M. de W. rentrera tout,
au moins dans une partie de ses quatre çenta
francs.
LES ÉMOTIONS DE PAUL DUNET
Un jeune paysan de la Creuse, nommé
Paul Dunet, âgé de dix-huit ans, arrivait
samedi soir à Paris pour visiter l'Exposition.
Il descendit chez un de ses compatriotes,
M. Meignant, demeurant 131, rue de Vaugi-
rard.
Dimanche, de bon matin, il endossa ses
habits de cérémonie et courut au Champ-de-
Mars. Pendant toute la journée, il erra dans
la vaste enceinte, s'arrêtant longuement de-
vant chaque palais ou chaque pavillon,
ébloui par les merveilles qu'il avait sous les
yeux.
Il resta le dernier à l'Exposition et sembla
tout surpris. lorsque, l'heure de la fermeture
ayant sonné, on 1 invita à s'en aller.
Le soleil, la chaleur, la foule à travers la-
quelle il avait si péniblement louvoyé, l'a-
vaient complètement ahuri. II ne se rappelait
plus ni le chemin qu'il devait prendre pour
retourner chez son ami, ni même l'adresse do
ce dernier.
Il rôda donc à l'aventure. A une heure du
matin, il se trouvait rue Mathurin-Régnier,
une voie déserte, la nuit surtout. Subitement
la peur le prit. Il s'imagina être poursuivi
par des malfaiteurs qui voulaient l'assassiner
pour le voler. Croyant sa dernière heure ar-
rivée, il escalada un petit mu| et tomba dans
le chantier de MM. Pacheux et Caron, sta-
tuaires.
Le malheureux venait de fuir un danger
imaginaire pour courir au-devant d'un péril
certain.
Un dogue, fidèle gardien de la maison, s'é-
lança en effet sur lui et le mordit cruellement
à la cuisse. Paul Dunet se mit à pousser des
cris de douleur. Le surveillant, réveillé en
sursaut, accourut alors et, prenant le pauvre
diable pour un cambrioleur, tira dans sa
direction deux coups de revolver. Fort heu-
reusement les balles passèrent au-dessus de
sa tête.
Cependant, le bruit des détonations avait
mis les voisins en émoi. On accourut de
tous côtés. Le fils de la Creuse, tout sanglant
des morsures du chien, tendait vers le ciel
des mains suppliantes. On le pressa de ques-
tions. Aux propos incohérents qu'il tint, on
s'aperçut qu'il avait perdu la raison.
Paul Dunet fut conduit au poste, où il passa
la nuit. Quelques heures d'un sommeil répa-.
rateur le ranimèrent, et hier matin il put nar-
rer ses terribles émotions de la veille.
Son ami, inquiet de ne pas l'avoir vu ren-
trer, s'était rendu, d'autre part, à la Préfec-
ture de police, pour signaler sa disparition.
On apprit ainsi l'adresse de Paul Dunet qui
put enfin retourner rue de Vaugirard.
̃!•
VOLEURS EXOTIQUES
Deux Indiens, un homme et une femme,
bizarrement accoutrés et le visage tatoué, en-
traient hier, chez un boulanger de la rue de
Turenne. Un grand nombre de badauds s'a-
massèrent bientôt devant la boutique, con-
templant avec curiosité les singuliers étran.
gers.
Mettant à profit la curiosité dont elle était
plus particulièrement l'objet de la part de la
foule, l'Indienne s'approcha insensiblement
du tiroir-caisse, resté entr'ouvert, et, avec une
hahileté que n'etit pas désavouée le plus ma-
dré de nos cambrioleurs parisiens, elle plon-
gea une main indiscrète dans une sébile rem-
plie de pièces d'or et de monnaie blanche.
Elle fit aussitôt un signe presque impercepti-
ble à son compagnon qui avait trouvé moyen
d'attirer la boulangère en dehors de son
comptoir.
La commerçante avait vu, dans une glace,
le manège de l'Indienne. Avec autant de sang-
froid que de présence d'esprit, elle ferma la
porte à clef et envoya un de ses garçons cher-
cher la police.
Chez le commissaire de police où ils furent
conduits, Abdullah ben Ismaël et Habiali bon
Raya, sa femme, déclarèrent qu'ils arrivaient
de Calcutta où ils exerçaient la profession de
bijoutiers.
Ils ont été envoyés au Dép Ôt. ̃s"~
UN PRÉJUGÉ QUI S'EN VA
On disait que tout renchérit pendant les
Expositions. C'est un préjugé qu'il faut dé-
sormais reléguer dans l'oubli.
Pour s'en assurer, nos lecteurs n'ont qu'à
se rendre 112, rue Richelieu, au coin du bou-
levard, ou 17, Faubourg-Montmartre dans
les deux célèbres maisons que dirige High-
Life Tailor. Qu'ils examinent avec l'attention
qu'il mérite le splendide costume à 69 fr. 50,
de l'éminent artiste, et ils reconnaîtront avec
nous que c'est le record du luxe qui tient le
record du bon marché.
UN CLIENT TROP ENTREPRENANT
La taverne du Panthéon, boulevard Saint-
Michel, a été, avant-hier soir, le théâtre d'une.
scène déplorable.
M. Rosetti de Renovo, officier roumain,
parent d'un ministre et allié à l'une des prin-
cipales familles de ce pays, se trouvait dans
cet établissement lorsque entra la patronne,
Mme Garnier.
La vue de cette dame produisit sur lui une
impression si vive et si instantanée, le
coup de foudre qu'il se leva pour aller lu i
exprimer au comptoir, où elle se rendait, les
galants sentiments qu'elle lui inspirait.
Voulant éviter un scandale, la jeune femme
céda la place et se retira dans une pièce où il
ne tarda pas à. la rejoindre.
Sortez, monsieur, s'écria Mme Garnier
indignée, ou j'appelle mon mari 1
Au même moment, la porte s'ouvrit et M.
Garnier apparut. M. de Renovo ne s'émut pas
pour si peu. Il sortit une épée de sa canne et
en porta un furieux coup au limonadier, qui
eut le bras droit traverse de part en part.
Des garçons accoururent aux appels de
Mme Garnier, et le trop fougueux officier rou-
main fut conduit chez M. Rioux, commissaire
de police, qui l'a gardé à sa disposition.
M. le juge Huet a été chargé de l'instruc-
tion de cette affaire. Le magistrat a commis'
M. le docteur Socquet, médecin légiste, pour
aller examiner la blessure de M. Garnier.
CONTRE LES « CHAUFFARDS »
Le nouveau service des agents cyclistes
tient la main à l'exécution de l'ordonnance
préfectorale relative aux « chauffards. ».
Dans le douzième arrondissement, cinq
contraventions out été dressées dimanche à.
des conducteurs d'automobile pour excès de
vitesse -dans le seizième, il y en a' eu dix
contre des conducteurs d'automobile et une
contre un cycliste; dans le dix-septième, trois
contre des conducteurs d'automobile et trois
contre des cyclistes.
On ne peut qu'applaudir à ces mesures de
rigueur si justifiées.
« 1 ̃ ̃
& LES CAFÉS CARVALHO
Quand on veut effrayer un Oriental, on lui
promet du mauvais café 1
Lô mauvais café ? Mais c'est ce que nous
prenions le plus souvent avant l'avènement
de la marque qui est le triomphe du jour
les cafés Carvalho.
Toutes les bonnes maisons le livrent en
boites cachetées, où sont concentrés la plus
rare finesse et l'arome le plus exquis. Exigez
bien le nom et la marque chez votre f ournis-
seur. |
UN ENNEMI DES CARABINS
I Un individu, dont l'identité n'a pu être en.
core établie, s'est tiré la nuit dernière, vers
deux heures, un coup de revolver dans la
tempe droite, au quai d'Orléans.
Des agents accoururent au bruit de la dé-
tonation. Le désespéré était mort.
Au poste, on le fouilla et l'on trouva sur lui
un billet conçu
Il est absolument inutile de rechercher mon
identité. Je veux être enterré immédiatement,
pour ne pas tomber entre les mains de ces cara-
bins maudits qui me dégoûtent profondément. Je
les maudis.
M. Bry, commissaire de police, n'a pas cru.
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