Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1895-12-13
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 164718 Nombre total de vues : 164718
Description : 13 décembre 1895 13 décembre 1895
Description : 1895/12/13 (Numéro 347). 1895/12/13 (Numéro 347).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k283490g
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
1, LE FIGARO VENtf^^Mg™au,ulM, il
k OTiiE FRANCHISE j v
RÉCEPTION W M. HESRY HOUSSAYE
La séance académique d'hier restera
certainement comme l'une des plus inté-
ressantes qui aient été tenues depuis
longtemps sous la coupole de, l'Institut.
Les deux discours ont été fort goûtés:
l'un, celui du récipiendaire, pour sa
belle ordonnance, le charme, la distinc-
tion et a pureté de sa forme; l'autre,
celui de M. Brunetière, pour la force du
style, la netteté des critiques, l'ingénio-
sité des aperçus et surtout, disons-le,
pour la courageuse audace de certaines
déclarations qui vont singulièrement à
l'encontre du sentiment public.
A une heure, lorsque M. Henry Hous-
saye est venu prendre place devant le
pupitre des récipiendaires, entouré de
ses parrains, MM. Léon Say et François
Côppêe ce dernier remplaçant
Alexandre Dumas qui avait promis à
M. Houssaye de l'assister les gradins
du centre, les amphithéâtres et les tri-
bunes étaient littéralement bondés.
Nous avons reconnu notamment
M. Arsène Houssayo, père du nouvel aca-
démicien, dont, l'entrée dans la salle a été sa-
luée par de sympathiques applaudissements;
Mine et MlUrtienry Hoùssaye, la reine Na-
thâlie de Serbie, S. A. I. la princesse Ma-
thilde, accompagnée de son neveu, le comte
Primoli, et de la vicomtesse. Benedetti; l'am-
bassadeur de Russie et Mme de ivlohrenheim,
l'ambassadeur d'Allemagne, le ministre de
Grèce et Mme Dolyanni, la comtesse de Clin-
champ, le prince Roland Bonaparte, vicom-
tesse de Vogué, le. poète Stêphen Liégeard.
Mme Combes, femme du ministre de l'ins-
tnïction publique, et Mlle Combes; la gêné-,
ralcMercier là princesse A'.Bibesco,M.et Mme
Robert 'de Bonnières, Mme Ambroise Tho-
mas, Mlle Taine, Mme Buloz, Mme Ed. Hervé,
princesse Brancovan, marquise de Nadaillac,"
Mines-Ludovic Halévy, Germain, Munkacsy,
baron et baronne de Chataux, comte et
comtesse de Bràuer, l'abbé Moreau, Mme et
MUes Mennesson, comtesse de Franqueville,
Mmes Pallain, Guyon, comtesse Delaborde,
comtesse de Rancy, baronne de Pierrebourg,:
Aubernon, Henry Baignières, de Bornier, du
Tillet, Guillaume Beer, chez laquelle Leconte
de Lisle à été soigné et est mort; MlledeHere-
dia M. etMmeSinger.M.etMmePozzi, Mmes
Léon Fould, d'Orvaî, Balli, Sasily, Vlasto,
M. et Mme Lhèrmitte, M. et Mme Sgouta,
Mme C. Cahen;
MM. Francisque Sarcey, Louis Dépret,
Octave Mirbeau, GeorgesDebrie, H. Lavedan,
Ad. Bernheim;' Deschamps, Léo Claretie,
Oct. Noel, Léopold Laoour, etc.
Au bureau: MM. Brunetière, directeur
de l'Académie française Gréàrd, chan-
celier Gaston Boissier, sécrétaïre per-
pétuel. Le siège de chancelier devait être.
occupé a cette séance par M. Paul Bour-'
g&t;. maïs notre éminent collaborateur,
cruellement frappé ces jours derniers
par la mort de son frère, a dû s'abstenir
de paraître à l'Académie. Son absence,
pour cette causé! a été vivement regret-
tée'. Sur les gradins de l'Institut, où pas
une place ne restait libre, on remarquait
tout spécialement Mgr le duc d'Aumale,
à qui la santé paraît être complètement
revenue; et M. Pierre Loti, dont la pré-
sence aux séances académiques est assez
rare? ettt'aïsoïF des- e-stgenom>d(Fîma-spr~
vice de marin.
La parole est donnée à M. Henry Hous-
saye. C'est d'une voix îdrte et bien tim-
brée que notre éminent collaborateur
lit son discours. Il débute en reportant
sur son père, aux applaudissements
unanimes de l'assistance, l'honneur qui
lui -est fait: "•
Mon respect pour l'Académie et ma recon-
naissance envers elle, dit-il, ne sauraient
m'empêcher de dire qu'en m'appelant parmi
vous, vous avez sauté une génération. Comme
le dormeur éveillé qui, dans le palais de
Haroun-al-RaBchid,; faisait ce commandement
à une dame du sérail « Approchez-vous, la
belle, et mordez-moi le bout du doigt que je
sache si je dors ou si je veille », je doute si
je rêve, et je me demande si votre dernier élu
n'est point l'auteur du 41" Fauteuil: Il paraît
que est l'auteur de 1815. Vous avez donc
voulu, messieurs, honorer le père en la per-
sonne du fils et donner à un même nom, deux
fois porté dans les lettres, l'immortalité dont
vous pouvez disposer. •
Et, tout de suite, M. Henry Houssaye
entame l'éloge de Leconte de Lisle. Il
évoque le; petit appartement du poète
«.décoré .de belles, photographies d'après
le& maîtres italiens et de plâtres d'après
l'anUque, auxquels la fumée de milliers
de cigarettes avait donné la patine d'or
des vieux ivoires », appartement dont il
fut l'un des familiers. « En ces temps
lointains, dit-il, on avait encore le senti-
ment du respect. »
Les jeunes gens daignaient' admirer des
œuvres publiées' avant l'apparition des leurs
et témoigner quelque déférence aux grands
écrivains qui les avaient précédés. Ils ne
s'imaginaient pas, comme le font les révolu-
tionnaires d'à présent, que l'art d'écrire da-
tait seulement du jour ou ils avaient pris la
plume et ne pensaient pas que tout homme de
lettres ayant dépassé quarante ans était bon
à envoyer aux incurables; Nous parlions de
Victor Hugo, de Théophile Gautier, de Le-
eonte: de Lisle comme les soldats parlaient
des maréchaux de, France.
Après avoir dit sa vénération pour Le-
conte de Lisle, le récipiendaire nous
conte les difficiles débuts du poète, et
nous le montre repoussant tout d'abord
l'inspiration grecque qui devait plus tard
illuminer son esprit.Ehtre temps, Leconte
de Lisle, cherchant sa voie, avait fondé
une revue littéraire, la Variété, où il
publiait des poésies, des études, et des
nouvelles. D'une de ces nouvelles, M.
Henry Houssaye exhume une charmante
anecdote qui montre l'indignation du
poète contre le régime du fouet sous le-
quel vivaient les esclaves de son île na-
tale.
Il aimait jusqu'à l'adoration une ravissante.
créole. Il ne lui avait jamais parlé, il ne sa-
vait même pas Son nom, mais il la voyait
chaque dimanche sur le chemin de l'église,
et quand elle passait, il demeurait en extase.
Un jour qu'il se promenait cheval, rêvant
Un jour. qu'il se-prom, enait à d'une route
ci elle, il la rencontra au détour d'une route
comme elle revenait de Saint-Denis dans un
manchy porté par huit esclaves. Il s'arrêta
pour là regarder, «nais les lèvres corallines
de la belle créole s'entr'ouvrixent et il l'en-
tendit crier d'une voix aigre et perçante
«Louis, si le manchy n'est pas au quatier
dans dix. minutes, tu recevras vingt-cinq
coups de bâton Le jeune homme arrêta
d'un geste les porteurs nègres, puis il des-
cendit de cheval, s'approcha du manchy et
prenant? un ton grave et triste, H dit «Ma-
dame, je ne vous aime plus »
A l'approche de la trentième année,
une transformation complète s'opère
chez Leconte de Lisle, Le génie hellé-
nique lui révèle son propre génie; il a la
vision de son œuvre future, il ordonne
ses idées jusqu'alors confuses et mal-
trise sa forme jusqu'alors rebelle. M.
Henry Houssaye le suit pas à pas dans
sa marche vers la, renommée et dans sa
lutte contre la misère. Successivement,
le poète publie les Poèmes antiques, Poè-
mes et poésies, les Poèmes barbares, les
Poèmes tragiques.
Et M. Houssaye fait applaudir par
ses auditeurs de beaux extraits des
poèmes de Leconte de Lisle, dont les
vers sonnent superbement sous la cou-
pole. Il note ensuite les indignations du
poète contre le débordement dû bas na-
turalisme et les fantaisies passagères des
décadents
Il ne pouvait comprendre, dit-il, que l'on
se plût entre le ruisseau et la sentine, lui qui
avait aimé le parfum des fleurs tropicales, les
embruns salubres de l'océan, l'air pur dos
plus hauts sommets. Il ne concevait point
que pour être original il fallut bouleverser la
prosodie, torturer la syntaxe et grossir le vo-
cabulaire de barbarismes inintelligibles, lui
qui, après Ronsard, après Chênier, après
Huto, avait-créô des rythmes et do.s -mètres,
Huao, avait'créé des rytl1lnos et personnel,
s'était fait un vers absolument personnel,
ample, nombreux, sculptural, et avait su ex-
primer tous les sentiments et toutes les idées
de l'homme dans la langue la plus belle, la
plus précise, la plus classique.
.L'œuvre de Loconto de Lisle aura la
durée ;le l'éclatant et pur Paros dans lequel
il semble qu'il l'ait taillée. Avec les plus
grands poètes du XIXe siècle, il ira de re-
naissance en renaissance. Il survit dans le
cœur de ses amis. Il avait écrit à une heure
d'apaisement « tes morts qu'on pleure sont
plus heureux que les vivants qu'on oublie,
car ceux-ci ne sont que cehdro et poussière
tandis que ceux-là revivent dans les cœurs
qui les regrettent. » Ces paroles, il faut les
inscrire sur le tombeau de Leconte de Lisle.
Des applaudissements répétés saluent
la péroraison du beau discours de
M. Henry Houssaye.
M. Ferdinand Brunetière prend à son
tour la parole. On sait qu'il est passé
maître en l'art de bien dire que nul,
comme lui, ne sait détacher et nuancer
la phrase, souligner un effet, emporter,
le morceau. Aussi, son discours a-t-il
été un véritable régal pour les invités de
l'Académie.
M. Brunetière reconnaît avec M. Hous-
saye qu'il n'est pas un de nos grands
poètes qui, se soit formé de son art une
plus noble, une plus religieuse idée que
Leconte de Lisle, dont l'œuvre est, dès
aujourd'hui, marquée au, caractère de
l'éternité..Mais, avant de dire l'impor-
tance de la révolution qui fut la, consé-
quence du succès de l'oeuvre du poète,
M. Brunetière décoche en passant une
pointe au récipiendaire
Vous nous1 racontiez tout à l'heure que,
dans ces réunions du boulevard des Inva-
lides, où M. Leconte de Lisle aimait à's'en-
tourer des jeunes admirateurs de son talent
déjà mûr, on avait encore « le sentiment du
respect »; et n'ajoutiez-vous pas que l'ardeur
même d'une conviction un peu farouche n'em-
pêchait pas cette impatiente jeunesse « de té-
moigner quelque déférence aux grands écri-
vains qui l'avaient précédée » 1 En êtes-vous
bien sûr? ce qui s'appelle sûr ? et vos sôuve-
nirs" sont-ils aussi précis qu'ils sont sincères?
« Le sentiment du respect » I hélas Mon-
sieur, souffrez que je vous dise à ce propos
toute ma pensée, nous ne l'éprouvons guère
que pour Vexiger des autres Nous ne deve-
nons vraiment respectueux qu'en nous -sen-
r, tsiit ,«îa»*022J>* .nùu$7in$ihe$ ^respectables. Et
comment, aussi bien, fespecterïôns-no-us, en.
littérature ou en art, ceux dont nous ne nous
proposons que de défaire l'œuvre, pour la
refaire 1 Malherbe a-t-il « respecté » Ron-
sard? Racine a-t-il « respecté » Corneille ? '1
Voltaire a-t-il « respecté ».Pascal î; et lequel
de ses prédécesseurs, dirons-nous, que Victor
Huo-o ait «respecté»? Jean-Baptiste Rous-
seau peut-être; et plus tard, le prophète
Isaïè Quelle que fût en tout, cas l'admira-
tion de-M.- Lecontfr de Lisle pour les grands
poètes qui l'avaient précédé, je me la suis
[ toujours imaginée plus voisine de l'émulation
s que du respect.
Leconte de Lisle, ajouté M- Brune-
tière, a voulu faire autre chose que les
Romantiques, et là même est sa gloire,
comme celle des Romantiques est d'a-
voir, en leur temps, voulu faire autre
chose que n'avaient fait les Classiques.
Il l'a voulu expressément, et il y a
réussi. -̃̃
Le directeur de l'Académie félicite M.
Houssaye d'avoir imité Leconte de Lisle
en s'inspirant, pour ses premiers tra-
vaux, aux sources grecques.
Je ne me le permettrais pas si vous n'étiez
qu'un simple « professeur ». Nous autres
professeurs j'essaierais en vain de me le
dissimuler ̃ on nous accuse couramment
d'avoir inventé l'antiquité. pour en vivre;
et- au fait, nous en vivons, .d'une manière
frugale, il est vrai, mais nous en vivons.
Nous sommes donc un peu suspects lorsque
nous disons que l'Europe, sans les Grecs, ne
serait pas l'Europe; que, des cinq parties du
monde, si la plus petite a tenu dans 1 his-
toire le rôle qu'elle y joue depuis trois mille
ans, c'est à eux qu'elle le doit; que dans les
journées immortelles de Salamine et de Mara-
thon, ils nous ont sauvés, nous et nos des-
èendants, je l'espère nos arts, nos scien-
ces, notre civilisation tout entière, de la
ruine honteuse dont nous menaçait la barba-
rie de l'Orient.
M. Brunetière, cependant, reproche
spirituellement au récipiendaire d'avoir
apporté peut-être un peu trop de passion
dans son amour des anciens.
J'ai souvenance d'un article retentissant
où vous protestiez –'non sans éloquence ni.
sans quelque apparence de raison- contre les
libertés un peu vives que se sont permises
quelques hommes d'infiniment d'esprit avec
les plus poétiques fictions de la mythologie
et de l'épopée grecques. Vous no consentiez
point que l'on s'égayât aux dépens du roi
Ménélas e^, dans l'éloignement du temps, il
vous semblait que ses infortunes eussent re-
vêtu quelque chose d'auguste. Mais, monsieur,
et Aristophane ? 2
L'orateur, rappelant la trace que
M. Henry Houssaye a laissée dans l'his-
toire de la critique d'art, le loue d'avoir
écrit des Salons qui ne ressemblent pas
à ceux de Diderot. Il en profite pour nous
donner cette jolie critique. de nos cri-
tiques d'art;
Je n'ai point, -je vous l'avoue, la prétention
d'être un grand connaisseur d'art, et, au Sa-
lon de peinture comme à, l'Opéra, je me con-
tente d'aimer ce qui me fait plaisir. Mais
c'est un tort; c'est un grand tort! et je m'em-
presse de confesser qu'il n'y a. pas de plus
fâcheuse erreur; il n'y en a pas de plus
grave, de plus préjudiciable aux intérêts des
artistes eux-mêmes et de l'art. Où irions-
nous si nous érigions notre goût personnel en
mesure et surtout en règle de nos jugements?
Aimer ce qui nous fait plaisir! Mais, en ma-
tière d'art comme de littérature, et comme
aussi bien dans la vie, toute une part de
notre probité ne-consiste qu'à réagir contre
nos impressions. Et, si nous n'y réussissons
pas,qu'arrive-t-il de nousîVous le savez, Mon-
sieur, c'est alors que.conime Diderot, nous mê-
lons, nous confondons» nous brouillons tout en-
semble. Nous louons comme lui les qualités
littéraires d'un tableau. Nous admirons d'une
statue les intentions morales. On nous entende
parler d'un peintre. comme nousjcrions d'un {
romancier. Que vous dirai-je de plus Nous
nous engageons sur lu pente glissante qui (
mène à l'admiration de la lithographie senti-
mentale, Ln Départ de VEmigrant ou Le
Curé conciliateur, et la pente est de celles'
que l'on ne remonte point.
Après avoir loué le critique d'art en i
M. Henry Houssaye, M. Brunetière en i
arrive aux belles histoires do 1814 et
i 8 i5, qui ouvrirent au récipiendaire les
portes de l' Académie. C'est le « clou « de
son discours.
Nous assistons depuis quelques années,
dit-il, à un réveil inattendu de la légende na-
poléonionne et si je disque, de ce réveil,
votre 18 14 a été le premier signal, je no
pense pas, Monsieur, que la remarque en soit
pour vous déplaire. Les Mémoires de.Mar-
hot. qui nous ont révélé dans ce colonel
do hussards un si remarquable émule derau-
teur des .Trois Mousquetaires n'avaient
pas encore commencé de paraître et la der-
nière ima la pi us récente, c'était celle que Tainoen avait
si profondément gravée dans ses Origines de
là France contemporaine. On s'accorde com-
munément à la trouver aujourd'hui plus vi-
goureuse que ressemblante. L'image que vous
nous avez donnée de cet homme extraordi-
naire est-elle plus fidèle? Ce que je crois du
moins que l'on peut dire, c'est qu'elle est dif-
férente
M. Brunetière rend justice à la généro-
sité de l'inspiration de M. Henry Hous-
saye, à la précision de sa méthode, à la
lucidité de son récit.; JJ ajoute toute-
fois ̃̃ ̃ ̃•̃ ̃
C'est ce qui m'empêche, Monsieur, d'opposer
à mon tour mon Napoléon au vôtre, ou plu-
tôt, et plus modestement, sije ne saurais par-
tager tout ce que Napoléon excite en- vous
d'admiration, c'est ce qui m'empêche de le
dire trop haut. Je songe au mot du mora-
liste « Orgueil, contrepesant de toutes les
misères » et quand j'évoque après vous tant
de noms éclatants de victoires, vous ne pen-
sez pas que j'ose disputer ma reconnaissance
à l'homme qui les a pour jamaisinscritsdans
les annales de la patrie. Si grande que fut.
notre ancienne France entre les nations, i\a-
poléon l'a faite plus grande encore. Vous ne
croirez pas davantage que, si je me renferme
dans nos propres frontières, j'admire médio-
crement cette organisation intérieure dont il
a jeté voilà tantôt cent ans, ou consolidé, de
sa main toute-puissante, l'une après l'autre,
toutes les bases.
Mais, parmi tant de splendeurs, si je no
puis fermer l'oreille à tant de plaintes ou de
malédictions dont les mères, dont les peuples,
dont quelques-uns de ses serviteurs ont
chargé sa mémoire, ne le comprendrez-vous
pas J'entends la voix de Chateaubriand, et
celle de Mme de Staël J'entends la voix du
plus généreux de nos poètes c'est Lamar-
tine à qui vous ne refuserez pas ce titre 1 je
l'entends nous rappeler ce temps « où il n y
avait pas une idée en Europe qui ne fut foulée
sous le talon, pas une bouche qui ne fut
bâillonnée par la main de plomb dun seul
homme»; j'entends Augustin Thierry pro-
fesser « de toute la conviction de son âme
son aversion du régime militaire »; j entends
Auguste Comté « flétrir de toute son énergie
l'usage profondément pernicieux que fit de sa
tOl1 te-puissance l'homme investi par la for-
tune d'un pouvoir matériel et d'une confiance
morale qu'aucun autre législateur moderne
n'a réunis au même degré ». Et je bien
qu'ils exagèrent. Poètes et philosophes, ils
parlent de Napoléon comme ils feraient de
l'un d'eux, en politiques autant qu'en histo-
riens. Ce qui n'empêche que, s'il fallait opter,
c'est avec eùx^ -c'est à -leur suite que je me
rangerais non sans quelque tristesse et
peut-être quelque remords mais avec- la
conscience de défendre contre les retours de
popularité d'une grande mémoire ces deux
libertés qui nous importent d'abord, à nous
qui écrivons, et qui contiennent peut-être
toutes les autres celle de penser comme
nous voulons, et celle de parler comme nous
1 pensons sentire quœ velis et dieer.e quœ
sentias.
M. Brunetière estime que c'est en 1814
que s'est achevée l'union de la France
avec l'Empereur et que, ce que tant de
prospérités n'avaient pu faire, c'est le
malheur qui l'a consommé.
De l'homme d'Arcole et de mvon, vous
l'avez bien vu, Monsieur, c'est Montmirail et
Champaubert qui ont fait l'homme de la
France. Eh ces jours d'épreuve, si rien d'hu-
main « n'avait battu jusqu'alors sous son
épaisse armure », il s'est senti lié, par des
fibres plus intimes, plus résistantes qu il ne
le savait peut-être lui-même, â son peuple
fidèle; et ce peuple a compris qu'il n'y allait
plus, dans cette héroïque agonie, de la fortune
ou des ambitions d'un seul homme, mais des
destinées et de t'existence de la patrie coin-
mune.
Et c'est pourquoi, tout en formant des
vœux pour qu'il napparaisse pas un
nouveau Napoléon, M; Bruneliere dé-
clare qu'il n'a pas peur de voir se propa-
ger la légende.
L'éminent académicien, très applaudi
lorsqu'il a terminé son discours, n'a pas
dû se méprendre sur le sens de ces ap-
plaudissements, uniquement adressés au
remarquable écrivain, au savant lettré.
L'espèce de gêne qui planait sur l'assis-
tance, tandis qu'il parlait de Napoléon,
lui a certainement fait sentir qu'on ne
partageait pas, sans d'intimes réservés
et de grandes résistances, sa manière de
voir.
J. Caidane.
^A^NAr ̃
LES COLONIES
MADAGASCAR
On a remarqué l'habileté avec laquelle
les rédacteurs des décrets publier par le
Journal officiel décrets qui rattachent
l'administration de Madagascar ku mi-
nistère des colonies et règlent les pou-
voirs du résident général ont évité
d'employer les mots « colonie» » ou «pro-
tectorat».
Mais les instructions remises à M. La-
roche sont très .nettes.. Le/résident géné-
ral doit rendre le protectorat « le plus
étroit possible ».
Quant aux modifications que le gou-
vernement désire apporter au traité, il
en demandera, paraît-il, Y initiative h la.
reine des Hovas.
La nomination du lieutenant de vais-
seau Mizon à la résidence de Majunga a
provoqué d'assez vifs commentaires,dans
'le monde colonial.
Signifie-t-elle que la France renonce
aux droits que M. Mizon lui adonnés
dans le Niger et laHaule-Bénoué?
Les personnes bien informées préten-
daient hier que, malgré les déclarations
faites à la Chambre, le gouvernement,
pour obtenir la libre possession de la
rive gauche du Mékong, donnait satis-
faction à l'Angleterre sur tous les points
en litige dans le bassin du Niger.
Comme la rive gauche du Haut-Mékong
est à nous, et que pour la posséder nous
ne devons aucune compensation à l'An-
gleterre, cet abandon paraissait inadmis-
sible.
On espérait que M. Mizon serait appelé
à poursuivre son œuvre si patriotique à
Yola. et c'est à la résidence 'deMajunga
qu'il est envoyé 1
L'EMPRUNT DU TON Kl N
Le projet de loi autorisant le Protecto-
rat de l'Annam et du Tonkin à emprun-
ter quatre-vingts millions a enfin été dé-
posé sur le bureau de la Chambre par le
gouvernement.
Voici les dispositions principales de ce
projet ̃
L'emprunt sera contracté sous la ga-
rantie de la France et remboursé par le
Protectorat. Le taux d'intérêt ne pourra
dépasser 3 1/2 pour cent. Le rembourse-
ment aura lieu en soixante ans. Qua-
rante millions seront consacrés à liqui-
der le passif existant; les quarante autres
permettront d'exécuter divers travaux
d'utilité publique, tels que la construc-
tion des lignes de chemins de fer de
Hanoï à Phu-Lang-Thuong et de Lang-
son à Dong-Dang.
La décision du gouvernement sera ac-
cueillie avec la plus vive satisfaction par
tous ceux qui s'intéressent au dévelop-
pement et à la prospérité de l'Indo-
Chine.
Cette prospérité dépend du vote de
l'emprunt. Pour que le Tonkin ait un
commerce et des industries dont puisse
bénéficier la métropole, il faut lui don-
ner l'outillage économique indispen-
sable.
Cet outillage n'exige pas une dépense,
mais une capitalisation.
Les Anglais ont compris cette vérité
économique. C'est pour cela qu'ils ont
des colonies prospères.
Pour l'Australie, qui compte seulement
quatre millions d'habitants, ils n'ont pas
hésité à engager cinq milliards de francs.
Il est inutile d'insister sur les résultats
obtenus.
Il y a au Tonkin vingt-sept millions
d'habitants dont l'état de civilisation légi-
timerait des emprunts de beaucoup plus
importants que celui de 80 millions, dont
le vote sera prochainement demandé au
Parlement.
Jean Hess.
*>>ni»–
NOTES vînt Parisien
12 décembre.
Quand M. Henry Houssaye, au com-
mencement1 de son discours si bien or-
donné, a fait une allusion à son père,
combien se sont retournés vers Arsène
''Houssaye qui ressemblait à un vieil Ana-
créon assistant au triomphe de son fils?
'^Combien peu dans cette assistance se
îspnt rappelé les fêtes qu'il donna 1 il
'n'y a pas bien longtemps, pourtant! et
iïè Tout-Paris de ce temps-là est presque
-devenu le Tout-oublié. C'était avenue
Friedland, dans deux hôtels bien dissem-
blables l'un mauresque et l'autre on ne
sait pas trop quoi des redoutes dans une
longue galerie ornée de tableaux qui
avaient la prétention d'être des chefs-
'd' œuvre. Ce que l'on a flirté là dedans (le
mot n'était pourtant,.pas encore lançéV ce
•qu'on. a fait ,1a roue,, comme on disait,alors,
cp qn'oa a,aim4 •' personne aie. je .sait,- pas
îiême le maître de la maison, que je vois
encore un soir en une longue robe de doge
se promener, fier d'avoir à son bras une
créature qui était alors la plus belle de
Paris, et qui depuis s'en alla, m'a-t-on
conté, mourir au Caire, amoureuse d'un
Ethiopien qui la méprisait parce qu'elle
était trop blanche 1
i M. Houssaye n'avait jamais rien inventé
de plus extraordinaire que cette aventure
dans ses livres, pourtant si incroyables
maintenant, qui s'appelaient: les Grandes
Dames, les Parisiennes des romans en
quatre volumes avec des portraits à la
sépia Et les personnages qui évoluaient
là dedans! Parisis que toutes les femmes
adoraient, cette silencieuse courtisane
somptueuse qui prétendait qu'en pronon-
çant une de ces trois phrases « question
d'argent, question de temps, question
d'amour», on venait à bout de tout dansla
vie. Ils empestaient l'amour ces livres-là Et
on n'a qu'à voir M. Arsène Houssaye pour
comprendre qu'il était l'homme de sa lit-
térature. L'été dernier, un soir, sur la ter-
rasse des Ambassadeurs, il dînait entouré
de femmes bizarres, troublantes, aux bras
nus chargés de bracelets étranges, qui fu-,
maient des cigarettes tout en écoutant des
refrains stupides et effeuillant des roses
dans des coupes de champagne Et M. Ar-
sène Houssaye contemplai.t ce spectacle
:d'un œil paternel et tranquille. Il est le
dernier représentant d'un temps où l'on
aimait ainsi, avec des coupes et des roses
Il faut le saluer très bas car, après lui,
ce sera fini. Ce ne seront pas tous les pe-
tits « denrées coloniales» qui feront croire
à l'amour 1 Ce beau vieillard y croit en-
dore
Et dire que j'ai pensé à toutes ces choses
pendant qu'on applaudissait l'auteur de
1815 et pendant que M. Brunetière mon-
trait au public de l'Académie toute la
splendide agressivité dont il est capable! 1
S..
1 ̃
3e SALON DU CYCLE
Le ministre du commerce a inaugure, hier,
à deux heures, au Palais de l'Industrie, le
troisième Salon du Cycle. M. Mesureur, ac-
compagnô'de M. Lagrave, son chef de cabi-
net, a été reçu par MM. Clément, président
delà Chambre syndicale Bivort, commis-
saire général de. l'Exposition Giraudeau,
secrélni ro Battaille, président de l'Union vé-
loçipédique de France, et les membres du Co-
mité d'organisation.
Pressé sans doute de se rendre à la Cham-
bre, le ministre a passé un peu rapidement
devant les stands nombreux des sections
française et étrangère il s'est arrêté néan-
moins devant les expositions du Touring-
Club de France etde l'Union dont il a accepté
le titre de membre d'honneur. Avant de se
retirer, il a,, en quelques mots, exprimé la
satisfaction qu'il éprouvait de présider à l'i-
nauguration de cette exposition, qui affirme
une troisième fois les progrès immenses
accomplis par l'industrie vélocipédique et
l'importance chaque jour plus grande qu'elle
prend parmi nous.
Une foule nombreuse de visiteurs a accom-
pagné le cortège officiel, puis s'est répandue
dans l'exposition, cherchant ardemment les
nouveautés, assez rares, nous parlons de
celles qui sautent aux yeux, comme quelques
tentatives plus ou moins heureuses de sup-
pression de chaîne et de transmission de
mouvement par engrenage ou par friction.
Il en est cependant qui valent qu'on s'y
arrête. Ainsi à la Compagnie française des
Cycles qui expose les Rochet, les Columbia,
les Elsvvick,les modèles nouveaux comportent
un pédalier à recouvrement fait de telle sorte
que l'axe de la chaîne passe entre les deux
rangées de billes, évitant toute sortion possi-
ble du moyen. On y a supprimé, également le
frein extérieur, la tige passe maintenant à
l'intérieur de la douille, donnant à toutes
machines cet aspect léger et élégant qui ca-
ractérise les bicyclettes de course. Intéres-
sante exposition qui ne comporte pas moins
de trois stands.
Chez Clément (stand 73), éblouissement
d'émail et de nickel; cent bicyclettes, tan-
dems, tricycles ou triplettes y sont exposés.
Aucune invention extraordinaire, mais des
perfectionnements incessants dans la cons-
truction manivelles avec clavetage nou-
veau, brasures inviolables. Et le plus gros
succès de cette maison n'est pas tant dans
l'excellence de ses produits que dans cette ré-
volution des prix qui l'ont, depuis un an,
rendue si populaire aussi bien que les meil-
leurs et 30 0/0. meilleur marché.
À voir de près aussi les cycles Médinger,
où l'on nous montre une bicyclette sans,
chaîne, exposée là. non pas tant pour la ma-
chine elle-même que pour le principe de l'in-
vention que son auteur, M. Lejeune, compte
appliquer a toute transmission de force dans
l'industrie; c'est d'une grande ingéniosité,
car elle supprime à ia fois l'engrenage et le
frottement grâce à l'emploi intelligent des
billes. Voyez cela de près.
Dans la section étrangère, à la place d'non-
neur, M. Rudeaux, directeur des Cycles
Whitworth. nous expose tout un lot de ces
légers instruments que les Jacquelin, les
Farman, et tant d'autres coureurs de pre-
mière classe ont si souvent menés à la vic-
toire. Légèreté, élégance et solidité, tels sont
les mérites consacrés des Whitworth, qui
permettent de mettre avec autant de sécurité
sur la route que sur la piste ces petites mer-
veilles si plaisantes à l'œil, et dont la réputa-
tion établie depuis longtemps déjà n'a plus
rien à gagner aujourd'hui.
Mais ce qui attire aussi l'attention des vi-
siteurs, c'est l'exposition des voitures auto-
mobiles qui,, reléguée encore, l'année der-
nière, dans un coin obscur du Palais, en en-
vahit le centre aujourd'hui. Nous* y revien-
drons en détail. Constatons seulement que
non seulement les moteurs' nous semblent
avoir fait des progrès, mais aussi la forme
des voitures, que l'on s'efforce à rendre plus
agréable à l'œil. L'esthétique y gagne, et ce
qui plaît à première vue n'est pas loin de
séduire tout à fait.
L'importance de l'automobilisme obligera,
l'année prochaine, les organisateurs du Salon
du Cycle à modifier leur titre.
Aujourd'hui, vendredi, premier jour select;
l'entrée est fixée a 3 francs par personne.
George Bell.
jf* if* ̃
®u~elle_s_ ~~e~°s~~ 1
EFFONDREMENT A LA GARE DES BATIGNOLLES
Uu terrible accident s'est produit, hier, à i
une heure de l'après-midi, à la gare des mar-
ehandise,s des Batignolles, dans la partie des
bâtiments dont l'entrée est rue Cardinet.
Le plancher d'un grenier rempli d'avoine,
situé au-dessus des écuries de l'Entrepôt, s'est
effondî-é.par suite d'une surcharge exagérée,
en tombant d'abord dans une écurie du rez-
de-chaussée..
Cet effondrement en a occasionné un
deuxième celui.du plancher sous lequel est
une seconde écurie, en sous-sol.
Dés l'alarme donnée, les pompiers furent
prévenus. Sous les ordres du colonel Vari-
ganlt, ils commencèrent le déblaiement. Après
:quatre heures de travail, on put retirer des
décombres le cadavre d'un palefrenier qui
habituellement couchait dans l'écurie. C'est
un nommé Joseph Trémen, âgé de vingt et
un ans, né à Guilles (Morbihan).
De plus, trois chevaux ont été tués et cinq
iilessés;. ̃<̃̃̃- -̃̃• -.̃̃'•̃- ̃̃-•-̃-
A cinq heures du soir,les pompiers se reti-
raient. Aussitôt on procédait à l'étayage des
bâtiments, sous la direction d'un ingénieur
de la Compagnie.
Le service d'ordre était dirigé par M. Gail-
lot, chef de la police municipale et M.Touny,
commissaire divisionnaire.
Peu de personnes, d'ailleurs, stationnaient
̃devant la gare, car l'accident, s'étant produit
à quatre cents mètres environ dans l'inté-
rieur de l'enceinte, n'a été connu du public
qu'alors'qu'on procédait au déblaiement.
*+̃•
Par décret du ministre de l'intérieur, M.
Pons, inspecteur principal à la prison de la
Santé, est nommé directeur de la prison de
la Conciergerie, en remplacement de M. La-
rue, récemment nommé directeur de la pri-
son de Sainte-Pélagie, à la place de M. Fabre,
décédé.
M. Boutineau, commissaire de police à
Saint-Ouen, est nommé au commissariat de
Vanves, en remplacement de M. Epineau,
décédé. M. Beaurain, inspecteur principal des
gardiens de la paix, est nommé commissaire
de police à Saint-Ouen, et M. Delpech, secré-
taire du commissariat d'U quartier des Champs-
Elysées, est. nommé inspecteur principal. •
L'HOMME DU PALAIS-BOURBON
M. Bertulus a fait encore une fois amener
à son cabinet Gilbert Lenoir, le détraqué-
anarchiste qui a tiré deux coups de revolver
dans la salle du Palais-Bourbon.
Comme les autres fois, Lenoir lui a dé-
claré qu'il ne reconnaissait pas la justice bour-
geoise et qu'en conséquence il ne répondrait
à aucune des questions qui lui seraient po-
sées.
M. Bertulus a commis M. le docteur Vallon,
médecin spécialiste, pour 'examiner l'état
mental de Gilbert Lenoir.
La maison Chevallier, qui vient d'obtenir
un succès si légitime avec les jumelles hyper-
dioptriques, n'a pas voulu s'en tenir là. En
vue des cadeaux. d'étrennes, elle oflre à sa
clientèle une collection remarquable de ju-
melles de théâtre merveilleuses de clarté et
dédéfinition,delongues-vues,baromètres,ther-
momôtres, cassettes de mathématiques, etc.
A cette époque de l'année, une visite 158, Pa-
lais-Royal, ou 15, place du Pont-Neuf, semble
s'imposer. |
UN CRIME
Nous avons dit, tout -récemment, qu'on
avait transporté à la Morgue le cadavre d'un
individu que des mariniers avaient retiré du
canal Saint-Martin, au quai de la Loire. Nous
ajoutions que ce malheureux portait plusieurs
blessures qui laissaient supposer qu'il avait
pu être victime d'un assassinat. C'est dans
ce sens, d'ailleurs, que M. Vibert, médecin
légiste, a conclu après avoir fait 1 autopsie
du corps.
Le rapport du docteur ayant été transmis
au Parquet, M. Jolly, juge d'instruction, a
été commis pour rechercher à la suite de
quelles circonstances cet homme avait été
assassiné.. •
Voici les résultats des premiers renseigne-
ments recueillis sur cette affaire.
La victime se nommait Emile Thuillier et
était âgée d'une quarantaine d'années. Thuil-
lier était à Paris depuis très peu de temps. Il
arrivait de Claye-Souilly (Seine-et-Marne). Il
s'était rendu, aussitôt son arrivée, chez un
dé ses amis, marchand de vins, avenue de
Saint-Ouen. auquel il a confié 300 francs,
toutes ses économies. Il n'avait gardé sur lui
toules éeon ""0 Il n'avait gardé sur lui
qu'une trentaine de francs. Dans la journée,
il but beaucoup, et, le soir, il partit dans la
direction du. faubourg du Temple, en compa-
gnie d'un homme âgé de soixante ans en-
viron.
La s'arrêtent les renseignements. Que s est-
il passé à partir de ce moment? C'est ce que
la police cherche iz savoir.
Nous avons raconté l'affaire du boulevard
Victor-Hugo, à Clichy, dans laquelle un
brave menuisier, Alexandre Pesse, a été
blessé de plusieurs coups de revolver par dès
cambrioleurs.
Les assassins viennent d'être arrêtés dans
le passage Trouille t, route de la Révolte, à
Clichy. Ce sont les nommés Nicolas Auguste,
dit le Rouquin, vingt ans; Leroçh (Eugène),
dit la Redingue; Alexandre Génie, Ozout
(Charlotte) et les frères Andenoyeux,T.ous re-
pris de justice. C'.est le Rouquin qui a tiré
sur le malheureux Pesse. Il a avoué avoir en-
suite jeté son revolver dans la Seirte.
L'état. de Pesse, qui est à l'hôpital Beau-
jon, est toujours très grave.
̃ t ̃
DÉTOURNEMENT DE SUCCESSION
Sur commission rogatoire de M- Frémont,
juge d'instruction, M. Clément, commissaire
aux délégations judiciaires, a arrêté hier une
veuve P. qui étant femme de ménage :chez
les époux B. rue des Trois-Bornes, avait
soustrait à ceux-ci, un testament et 200,000
francs de valeurs.
La veuve P. a été écrouée au Dépôt.
̃ i
LE FEU
Le feu a pris avant-hier soir, a onze heures,
chez M, Œttlnger, docteur en médecine, rue."
des Saint-Pères. Il avait été communiqué
aux boiseries par un tuyau de calorifère et
il s'attaqua bientôt aux tentures et aux meu-
bles. Les pompiers de la caserne du Vieux-
Colombier, accourus au premier signal,
s'en sont rendus maîtres après une heure
d'efforts.
Les pertes sont assez considérables, mais
elles ont été aussi très importantes pour le
marchand de tableaux établi au rez-de-
chaussée. Plusieurs tableaux de prix ont été
fort endommagés par l'eau.
Jean de Paris.
~4G06 ~M-
Mémento. Le service de statistique muni-
cipale a compté pendant la 49° semaine 840 dé-
cès, chiffre inférieur à celui des semaines précé-
dentes et surtout à la movenne de la saison
(973). L'état sanitaire est donc très satisfaisant.
La rougeole est lu seule maladie qui dépasse la
moyenne. Encon; est-elle en décroissance.
On a célébré à Paris 368 mariages et enregis-
tré la naissance de 1,025 enfants vivants, o29
garçons et 49(kfllles..
Une corniche en plâtre de 2 mètres de lon-
gueur est tombée du balcon du n° 53, rue dé
,Meaux et a blessé une dame Forcadel, marchande
des quatre saisons, qui passait.
J. de P.
A-VIS ̃ DIVERS
ENTS et dentiers sans crochets, ressorts et
plaques. H.Adler, seulinvenf,16,av.Opéra.
Maladies des femmes, Slérttilé{V* Ptes Ann^s)
ttiXIGEZ les mots Parfis Nmon,31, rue du
Ej 4-Septembre, sr les flacons de Véritable Rait.
de Ninon contre rides et taches de rousseur.
A L'HOTEL DE VILLE
Ceux qui s'intéressent aux questions muni-
cipales doivent être en ce moment contents
de leurs élus. On travaille ferme dans toutes
les salles.
Ici la Commission du Métropolitain discute
les propositions récentes. Elle veut absolu-
ment de nouveaux et sérieux moyens de coin-
munication pour le prochain siècle.
La, sous-Commission du Métropolitain a
décidé, après diverses observations présen-
tées par MM. Sauton, Champoudry et Escu-
dier, de convoquer trois auteurs de projets,
MM. Haag-Jouvencel, Villain et Buisson dos
Lèzes".
Dans une autre salle, on combat les délibéra-
tions de la Commission de la Chambre quant à
l'Exposition delOOO.La Commission de 1 aCham-
-irre-ï'crti«!«w* de9,économie3i-Jt.e-Ooaseil mu-
nicipal, au contraire, partage l'avis du gou-
vernement qui se propose de faire grand.
Quelques-uns de nos députés rêvent une Ex-
position semblable à celle de 1878 qui s'est
soldée par trente millions de pe£te. Les con-
seillers en exigent une plus belle que celle de
1889 qui s'est soldée par quinze millions de
bénéfice.
La Ville ne donnera évidemment les vingt
millions promis que si le projet définitif lui
convient.
v~vw Sur la proposition de M. Escudier
le Conseil municipal décide que les travaux
de reconstruction de la roue hydraulique de
Trilbardon seront mis au concours, et un cré-
dit de 40,000 francs est inscrit au budget à
cet effet.
,«~w««. Dépense imprévue. On a transporté
récemment les restes mortels de Villiers de
'l'Isle-Adam du cimetière des Batignolles au
cimetière de l'Est. Les frais avaient été votés,
sauf la fourniture, d'un cercueil en chêne
fort avec enveloppe, pour lequel l'adminis-
tration des pompes funèbres a demandé un
supplément de 26 francs, qui naturellement a
été accordé.
Cel;i dit, pour démontrer de combien de
détails doit s'occuper le Conseil.
Avant de fermer ce chapitre funèbre, rap->
pelons à M. Huet que M. Alphand avait pro-
mis de dore la balustrade du pont Caulain-
court. Aux obsèques de Dumas, dix mille
Parisiens ont été choqués de l'indiscrétion
des badauds qui passaient la tête par les in-
tersticea de ce pont. Que M. Huet s'informe.
Il apprendra qu'on jette par ces interstices
des pierres et même des immondices sur les
tombes qui avoisinent le pont.
,™v. Le général Février, président du
Comité formé en vue d'élever une statue au
général Alexandre Dumas, demande qu'elle
soit, de même que celle d'Alexandre Dumas
fils, érigée sur la place Malesherbes.
De cette façon, cette place réunirait les mo-
numents consacrés à ces trois hommes qui
ont illustré leur pays.
La proposition est renvoyée à la 3e Com-
mission, qui certainement la ratifiera.
Qui veut vendre 35,000 kilos de ma-
caroni? Cela représente la consommation an-
nuelle de l'Assistance publique qui les achè-
tera demain à l'adjudication au rabais.
Quand renoncera-t-on it ce procédé idiot et
immoral? Est-ce au rabais qu'on doit ache-
ter la nourriture des convalescents ? 9
a^ On continue, comme on le fera
jusqu'à la fin de l'année, à se quereller
sur le tapis du budget, chacun essayant de
l'accaparer au profit des intérêts qu'il a à dé-
fendre. Nous nous garderons bien d'entrer
dans les détails de cette discussion, le public
parisien étant toujours prêt à payer, mais
continuant à ne pas se soucier de la façon
dont on dépense son argent.
^www» M. Paul Brousse informe le Conseil
que M. Cavaignac, ministre de la guerre, se
montre disposé à examiner favorablement le
projet de formation d'une Commission mixte
qui serait chargée d'étudier la possibilité de
la suppression .du mur d'enceinte de Paris.
Henri Hamoise.
1 i mi 11 n
JNFORMATJONS
RÉUNION PLÉBISCITAIRE. r DeUX cents
personnes assistaient avant-hier au ban-
quet organisé par le journal le Plébiscite,
dont M. de Fontréal est le directeur
politique.
Au moment où on s'est mis à table,
M! de Fontréal, qui présidait la réunion,
a donné lecture du télégramme suivant
qu'il venait de recevoir de S. A. 1. le
prince V. Napoléon
Félicitez en mon nom tous ceux qui se sont
unis à vous pour fêter l'anniversaire du
10 décembre. Célébrer le plébiscite du 10 dé-
cembre 1848, c'est à la fois réveiller un sou-
1 venir napoléonien et revendiquer le droit iia*-
k OTiiE FRANCHISE j v
RÉCEPTION W M. HESRY HOUSSAYE
La séance académique d'hier restera
certainement comme l'une des plus inté-
ressantes qui aient été tenues depuis
longtemps sous la coupole de, l'Institut.
Les deux discours ont été fort goûtés:
l'un, celui du récipiendaire, pour sa
belle ordonnance, le charme, la distinc-
tion et a pureté de sa forme; l'autre,
celui de M. Brunetière, pour la force du
style, la netteté des critiques, l'ingénio-
sité des aperçus et surtout, disons-le,
pour la courageuse audace de certaines
déclarations qui vont singulièrement à
l'encontre du sentiment public.
A une heure, lorsque M. Henry Hous-
saye est venu prendre place devant le
pupitre des récipiendaires, entouré de
ses parrains, MM. Léon Say et François
Côppêe ce dernier remplaçant
Alexandre Dumas qui avait promis à
M. Houssaye de l'assister les gradins
du centre, les amphithéâtres et les tri-
bunes étaient littéralement bondés.
Nous avons reconnu notamment
M. Arsène Houssayo, père du nouvel aca-
démicien, dont, l'entrée dans la salle a été sa-
luée par de sympathiques applaudissements;
Mine et MlUrtienry Hoùssaye, la reine Na-
thâlie de Serbie, S. A. I. la princesse Ma-
thilde, accompagnée de son neveu, le comte
Primoli, et de la vicomtesse. Benedetti; l'am-
bassadeur de Russie et Mme de ivlohrenheim,
l'ambassadeur d'Allemagne, le ministre de
Grèce et Mme Dolyanni, la comtesse de Clin-
champ, le prince Roland Bonaparte, vicom-
tesse de Vogué, le. poète Stêphen Liégeard.
Mme Combes, femme du ministre de l'ins-
tnïction publique, et Mlle Combes; la gêné-,
ralcMercier là princesse A'.Bibesco,M.et Mme
Robert 'de Bonnières, Mme Ambroise Tho-
mas, Mlle Taine, Mme Buloz, Mme Ed. Hervé,
princesse Brancovan, marquise de Nadaillac,"
Mines-Ludovic Halévy, Germain, Munkacsy,
baron et baronne de Chataux, comte et
comtesse de Bràuer, l'abbé Moreau, Mme et
MUes Mennesson, comtesse de Franqueville,
Mmes Pallain, Guyon, comtesse Delaborde,
comtesse de Rancy, baronne de Pierrebourg,:
Aubernon, Henry Baignières, de Bornier, du
Tillet, Guillaume Beer, chez laquelle Leconte
de Lisle à été soigné et est mort; MlledeHere-
dia M. etMmeSinger.M.etMmePozzi, Mmes
Léon Fould, d'Orvaî, Balli, Sasily, Vlasto,
M. et Mme Lhèrmitte, M. et Mme Sgouta,
Mme C. Cahen;
MM. Francisque Sarcey, Louis Dépret,
Octave Mirbeau, GeorgesDebrie, H. Lavedan,
Ad. Bernheim;' Deschamps, Léo Claretie,
Oct. Noel, Léopold Laoour, etc.
Au bureau: MM. Brunetière, directeur
de l'Académie française Gréàrd, chan-
celier Gaston Boissier, sécrétaïre per-
pétuel. Le siège de chancelier devait être.
occupé a cette séance par M. Paul Bour-'
g&t;. maïs notre éminent collaborateur,
cruellement frappé ces jours derniers
par la mort de son frère, a dû s'abstenir
de paraître à l'Académie. Son absence,
pour cette causé! a été vivement regret-
tée'. Sur les gradins de l'Institut, où pas
une place ne restait libre, on remarquait
tout spécialement Mgr le duc d'Aumale,
à qui la santé paraît être complètement
revenue; et M. Pierre Loti, dont la pré-
sence aux séances académiques est assez
rare? ettt'aïsoïF des- e-stgenom>d(Fîma-spr~
vice de marin.
La parole est donnée à M. Henry Hous-
saye. C'est d'une voix îdrte et bien tim-
brée que notre éminent collaborateur
lit son discours. Il débute en reportant
sur son père, aux applaudissements
unanimes de l'assistance, l'honneur qui
lui -est fait: "•
Mon respect pour l'Académie et ma recon-
naissance envers elle, dit-il, ne sauraient
m'empêcher de dire qu'en m'appelant parmi
vous, vous avez sauté une génération. Comme
le dormeur éveillé qui, dans le palais de
Haroun-al-RaBchid,; faisait ce commandement
à une dame du sérail « Approchez-vous, la
belle, et mordez-moi le bout du doigt que je
sache si je dors ou si je veille », je doute si
je rêve, et je me demande si votre dernier élu
n'est point l'auteur du 41" Fauteuil: Il paraît
que est l'auteur de 1815. Vous avez donc
voulu, messieurs, honorer le père en la per-
sonne du fils et donner à un même nom, deux
fois porté dans les lettres, l'immortalité dont
vous pouvez disposer. •
Et, tout de suite, M. Henry Houssaye
entame l'éloge de Leconte de Lisle. Il
évoque le; petit appartement du poète
«.décoré .de belles, photographies d'après
le& maîtres italiens et de plâtres d'après
l'anUque, auxquels la fumée de milliers
de cigarettes avait donné la patine d'or
des vieux ivoires », appartement dont il
fut l'un des familiers. « En ces temps
lointains, dit-il, on avait encore le senti-
ment du respect. »
Les jeunes gens daignaient' admirer des
œuvres publiées' avant l'apparition des leurs
et témoigner quelque déférence aux grands
écrivains qui les avaient précédés. Ils ne
s'imaginaient pas, comme le font les révolu-
tionnaires d'à présent, que l'art d'écrire da-
tait seulement du jour ou ils avaient pris la
plume et ne pensaient pas que tout homme de
lettres ayant dépassé quarante ans était bon
à envoyer aux incurables; Nous parlions de
Victor Hugo, de Théophile Gautier, de Le-
eonte: de Lisle comme les soldats parlaient
des maréchaux de, France.
Après avoir dit sa vénération pour Le-
conte de Lisle, le récipiendaire nous
conte les difficiles débuts du poète, et
nous le montre repoussant tout d'abord
l'inspiration grecque qui devait plus tard
illuminer son esprit.Ehtre temps, Leconte
de Lisle, cherchant sa voie, avait fondé
une revue littéraire, la Variété, où il
publiait des poésies, des études, et des
nouvelles. D'une de ces nouvelles, M.
Henry Houssaye exhume une charmante
anecdote qui montre l'indignation du
poète contre le régime du fouet sous le-
quel vivaient les esclaves de son île na-
tale.
Il aimait jusqu'à l'adoration une ravissante.
créole. Il ne lui avait jamais parlé, il ne sa-
vait même pas Son nom, mais il la voyait
chaque dimanche sur le chemin de l'église,
et quand elle passait, il demeurait en extase.
Un jour qu'il se promenait cheval, rêvant
Un jour. qu'il se-prom, enait à d'une route
ci elle, il la rencontra au détour d'une route
comme elle revenait de Saint-Denis dans un
manchy porté par huit esclaves. Il s'arrêta
pour là regarder, «nais les lèvres corallines
de la belle créole s'entr'ouvrixent et il l'en-
tendit crier d'une voix aigre et perçante
«Louis, si le manchy n'est pas au quatier
dans dix. minutes, tu recevras vingt-cinq
coups de bâton Le jeune homme arrêta
d'un geste les porteurs nègres, puis il des-
cendit de cheval, s'approcha du manchy et
prenant? un ton grave et triste, H dit «Ma-
dame, je ne vous aime plus »
A l'approche de la trentième année,
une transformation complète s'opère
chez Leconte de Lisle, Le génie hellé-
nique lui révèle son propre génie; il a la
vision de son œuvre future, il ordonne
ses idées jusqu'alors confuses et mal-
trise sa forme jusqu'alors rebelle. M.
Henry Houssaye le suit pas à pas dans
sa marche vers la, renommée et dans sa
lutte contre la misère. Successivement,
le poète publie les Poèmes antiques, Poè-
mes et poésies, les Poèmes barbares, les
Poèmes tragiques.
Et M. Houssaye fait applaudir par
ses auditeurs de beaux extraits des
poèmes de Leconte de Lisle, dont les
vers sonnent superbement sous la cou-
pole. Il note ensuite les indignations du
poète contre le débordement dû bas na-
turalisme et les fantaisies passagères des
décadents
Il ne pouvait comprendre, dit-il, que l'on
se plût entre le ruisseau et la sentine, lui qui
avait aimé le parfum des fleurs tropicales, les
embruns salubres de l'océan, l'air pur dos
plus hauts sommets. Il ne concevait point
que pour être original il fallut bouleverser la
prosodie, torturer la syntaxe et grossir le vo-
cabulaire de barbarismes inintelligibles, lui
qui, après Ronsard, après Chênier, après
Huto, avait-créô des rythmes et do.s -mètres,
Huao, avait'créé des rytl1lnos et personnel,
s'était fait un vers absolument personnel,
ample, nombreux, sculptural, et avait su ex-
primer tous les sentiments et toutes les idées
de l'homme dans la langue la plus belle, la
plus précise, la plus classique.
.L'œuvre de Loconto de Lisle aura la
durée ;le l'éclatant et pur Paros dans lequel
il semble qu'il l'ait taillée. Avec les plus
grands poètes du XIXe siècle, il ira de re-
naissance en renaissance. Il survit dans le
cœur de ses amis. Il avait écrit à une heure
d'apaisement « tes morts qu'on pleure sont
plus heureux que les vivants qu'on oublie,
car ceux-ci ne sont que cehdro et poussière
tandis que ceux-là revivent dans les cœurs
qui les regrettent. » Ces paroles, il faut les
inscrire sur le tombeau de Leconte de Lisle.
Des applaudissements répétés saluent
la péroraison du beau discours de
M. Henry Houssaye.
M. Ferdinand Brunetière prend à son
tour la parole. On sait qu'il est passé
maître en l'art de bien dire que nul,
comme lui, ne sait détacher et nuancer
la phrase, souligner un effet, emporter,
le morceau. Aussi, son discours a-t-il
été un véritable régal pour les invités de
l'Académie.
M. Brunetière reconnaît avec M. Hous-
saye qu'il n'est pas un de nos grands
poètes qui, se soit formé de son art une
plus noble, une plus religieuse idée que
Leconte de Lisle, dont l'œuvre est, dès
aujourd'hui, marquée au, caractère de
l'éternité..Mais, avant de dire l'impor-
tance de la révolution qui fut la, consé-
quence du succès de l'oeuvre du poète,
M. Brunetière décoche en passant une
pointe au récipiendaire
Vous nous1 racontiez tout à l'heure que,
dans ces réunions du boulevard des Inva-
lides, où M. Leconte de Lisle aimait à's'en-
tourer des jeunes admirateurs de son talent
déjà mûr, on avait encore « le sentiment du
respect »; et n'ajoutiez-vous pas que l'ardeur
même d'une conviction un peu farouche n'em-
pêchait pas cette impatiente jeunesse « de té-
moigner quelque déférence aux grands écri-
vains qui l'avaient précédée » 1 En êtes-vous
bien sûr? ce qui s'appelle sûr ? et vos sôuve-
nirs" sont-ils aussi précis qu'ils sont sincères?
« Le sentiment du respect » I hélas Mon-
sieur, souffrez que je vous dise à ce propos
toute ma pensée, nous ne l'éprouvons guère
que pour Vexiger des autres Nous ne deve-
nons vraiment respectueux qu'en nous -sen-
r, tsiit ,«îa»*022J>* .nùu$7in$ihe$ ^respectables. Et
comment, aussi bien, fespecterïôns-no-us, en.
littérature ou en art, ceux dont nous ne nous
proposons que de défaire l'œuvre, pour la
refaire 1 Malherbe a-t-il « respecté » Ron-
sard? Racine a-t-il « respecté » Corneille ? '1
Voltaire a-t-il « respecté ».Pascal î; et lequel
de ses prédécesseurs, dirons-nous, que Victor
Huo-o ait «respecté»? Jean-Baptiste Rous-
seau peut-être; et plus tard, le prophète
Isaïè Quelle que fût en tout, cas l'admira-
tion de-M.- Lecontfr de Lisle pour les grands
poètes qui l'avaient précédé, je me la suis
[ toujours imaginée plus voisine de l'émulation
s que du respect.
Leconte de Lisle, ajouté M- Brune-
tière, a voulu faire autre chose que les
Romantiques, et là même est sa gloire,
comme celle des Romantiques est d'a-
voir, en leur temps, voulu faire autre
chose que n'avaient fait les Classiques.
Il l'a voulu expressément, et il y a
réussi. -̃̃
Le directeur de l'Académie félicite M.
Houssaye d'avoir imité Leconte de Lisle
en s'inspirant, pour ses premiers tra-
vaux, aux sources grecques.
Je ne me le permettrais pas si vous n'étiez
qu'un simple « professeur ». Nous autres
professeurs j'essaierais en vain de me le
dissimuler ̃ on nous accuse couramment
d'avoir inventé l'antiquité. pour en vivre;
et- au fait, nous en vivons, .d'une manière
frugale, il est vrai, mais nous en vivons.
Nous sommes donc un peu suspects lorsque
nous disons que l'Europe, sans les Grecs, ne
serait pas l'Europe; que, des cinq parties du
monde, si la plus petite a tenu dans 1 his-
toire le rôle qu'elle y joue depuis trois mille
ans, c'est à eux qu'elle le doit; que dans les
journées immortelles de Salamine et de Mara-
thon, ils nous ont sauvés, nous et nos des-
èendants, je l'espère nos arts, nos scien-
ces, notre civilisation tout entière, de la
ruine honteuse dont nous menaçait la barba-
rie de l'Orient.
M. Brunetière, cependant, reproche
spirituellement au récipiendaire d'avoir
apporté peut-être un peu trop de passion
dans son amour des anciens.
J'ai souvenance d'un article retentissant
où vous protestiez –'non sans éloquence ni.
sans quelque apparence de raison- contre les
libertés un peu vives que se sont permises
quelques hommes d'infiniment d'esprit avec
les plus poétiques fictions de la mythologie
et de l'épopée grecques. Vous no consentiez
point que l'on s'égayât aux dépens du roi
Ménélas e^, dans l'éloignement du temps, il
vous semblait que ses infortunes eussent re-
vêtu quelque chose d'auguste. Mais, monsieur,
et Aristophane ? 2
L'orateur, rappelant la trace que
M. Henry Houssaye a laissée dans l'his-
toire de la critique d'art, le loue d'avoir
écrit des Salons qui ne ressemblent pas
à ceux de Diderot. Il en profite pour nous
donner cette jolie critique. de nos cri-
tiques d'art;
Je n'ai point, -je vous l'avoue, la prétention
d'être un grand connaisseur d'art, et, au Sa-
lon de peinture comme à, l'Opéra, je me con-
tente d'aimer ce qui me fait plaisir. Mais
c'est un tort; c'est un grand tort! et je m'em-
presse de confesser qu'il n'y a. pas de plus
fâcheuse erreur; il n'y en a pas de plus
grave, de plus préjudiciable aux intérêts des
artistes eux-mêmes et de l'art. Où irions-
nous si nous érigions notre goût personnel en
mesure et surtout en règle de nos jugements?
Aimer ce qui nous fait plaisir! Mais, en ma-
tière d'art comme de littérature, et comme
aussi bien dans la vie, toute une part de
notre probité ne-consiste qu'à réagir contre
nos impressions. Et, si nous n'y réussissons
pas,qu'arrive-t-il de nousîVous le savez, Mon-
sieur, c'est alors que.conime Diderot, nous mê-
lons, nous confondons» nous brouillons tout en-
semble. Nous louons comme lui les qualités
littéraires d'un tableau. Nous admirons d'une
statue les intentions morales. On nous entende
parler d'un peintre. comme nousjcrions d'un {
romancier. Que vous dirai-je de plus Nous
nous engageons sur lu pente glissante qui (
mène à l'admiration de la lithographie senti-
mentale, Ln Départ de VEmigrant ou Le
Curé conciliateur, et la pente est de celles'
que l'on ne remonte point.
Après avoir loué le critique d'art en i
M. Henry Houssaye, M. Brunetière en i
arrive aux belles histoires do 1814 et
i 8 i5, qui ouvrirent au récipiendaire les
portes de l' Académie. C'est le « clou « de
son discours.
Nous assistons depuis quelques années,
dit-il, à un réveil inattendu de la légende na-
poléonionne et si je disque, de ce réveil,
votre 18 14 a été le premier signal, je no
pense pas, Monsieur, que la remarque en soit
pour vous déplaire. Les Mémoires de.Mar-
hot. qui nous ont révélé dans ce colonel
do hussards un si remarquable émule derau-
teur des .Trois Mousquetaires n'avaient
pas encore commencé de paraître et la der-
nière ima
si profondément gravée dans ses Origines de
là France contemporaine. On s'accorde com-
munément à la trouver aujourd'hui plus vi-
goureuse que ressemblante. L'image que vous
nous avez donnée de cet homme extraordi-
naire est-elle plus fidèle? Ce que je crois du
moins que l'on peut dire, c'est qu'elle est dif-
férente
M. Brunetière rend justice à la généro-
sité de l'inspiration de M. Henry Hous-
saye, à la précision de sa méthode, à la
lucidité de son récit.; JJ ajoute toute-
fois ̃̃ ̃ ̃•̃ ̃
C'est ce qui m'empêche, Monsieur, d'opposer
à mon tour mon Napoléon au vôtre, ou plu-
tôt, et plus modestement, sije ne saurais par-
tager tout ce que Napoléon excite en- vous
d'admiration, c'est ce qui m'empêche de le
dire trop haut. Je songe au mot du mora-
liste « Orgueil, contrepesant de toutes les
misères » et quand j'évoque après vous tant
de noms éclatants de victoires, vous ne pen-
sez pas que j'ose disputer ma reconnaissance
à l'homme qui les a pour jamaisinscritsdans
les annales de la patrie. Si grande que fut.
notre ancienne France entre les nations, i\a-
poléon l'a faite plus grande encore. Vous ne
croirez pas davantage que, si je me renferme
dans nos propres frontières, j'admire médio-
crement cette organisation intérieure dont il
a jeté voilà tantôt cent ans, ou consolidé, de
sa main toute-puissante, l'une après l'autre,
toutes les bases.
Mais, parmi tant de splendeurs, si je no
puis fermer l'oreille à tant de plaintes ou de
malédictions dont les mères, dont les peuples,
dont quelques-uns de ses serviteurs ont
chargé sa mémoire, ne le comprendrez-vous
pas J'entends la voix de Chateaubriand, et
celle de Mme de Staël J'entends la voix du
plus généreux de nos poètes c'est Lamar-
tine à qui vous ne refuserez pas ce titre 1 je
l'entends nous rappeler ce temps « où il n y
avait pas une idée en Europe qui ne fut foulée
sous le talon, pas une bouche qui ne fut
bâillonnée par la main de plomb dun seul
homme»; j'entends Augustin Thierry pro-
fesser « de toute la conviction de son âme
son aversion du régime militaire »; j entends
Auguste Comté « flétrir de toute son énergie
l'usage profondément pernicieux que fit de sa
tOl1 te-puissance l'homme investi par la for-
tune d'un pouvoir matériel et d'une confiance
morale qu'aucun autre législateur moderne
n'a réunis au même degré ». Et je bien
qu'ils exagèrent. Poètes et philosophes, ils
parlent de Napoléon comme ils feraient de
l'un d'eux, en politiques autant qu'en histo-
riens. Ce qui n'empêche que, s'il fallait opter,
c'est avec eùx^ -c'est à -leur suite que je me
rangerais non sans quelque tristesse et
peut-être quelque remords mais avec- la
conscience de défendre contre les retours de
popularité d'une grande mémoire ces deux
libertés qui nous importent d'abord, à nous
qui écrivons, et qui contiennent peut-être
toutes les autres celle de penser comme
nous voulons, et celle de parler comme nous
1 pensons sentire quœ velis et dieer.e quœ
sentias.
M. Brunetière estime que c'est en 1814
que s'est achevée l'union de la France
avec l'Empereur et que, ce que tant de
prospérités n'avaient pu faire, c'est le
malheur qui l'a consommé.
De l'homme d'Arcole et de mvon, vous
l'avez bien vu, Monsieur, c'est Montmirail et
Champaubert qui ont fait l'homme de la
France. Eh ces jours d'épreuve, si rien d'hu-
main « n'avait battu jusqu'alors sous son
épaisse armure », il s'est senti lié, par des
fibres plus intimes, plus résistantes qu il ne
le savait peut-être lui-même, â son peuple
fidèle; et ce peuple a compris qu'il n'y allait
plus, dans cette héroïque agonie, de la fortune
ou des ambitions d'un seul homme, mais des
destinées et de t'existence de la patrie coin-
mune.
Et c'est pourquoi, tout en formant des
vœux pour qu'il napparaisse pas un
nouveau Napoléon, M; Bruneliere dé-
clare qu'il n'a pas peur de voir se propa-
ger la légende.
L'éminent académicien, très applaudi
lorsqu'il a terminé son discours, n'a pas
dû se méprendre sur le sens de ces ap-
plaudissements, uniquement adressés au
remarquable écrivain, au savant lettré.
L'espèce de gêne qui planait sur l'assis-
tance, tandis qu'il parlait de Napoléon,
lui a certainement fait sentir qu'on ne
partageait pas, sans d'intimes réservés
et de grandes résistances, sa manière de
voir.
J. Caidane.
^A^NAr ̃
LES COLONIES
MADAGASCAR
On a remarqué l'habileté avec laquelle
les rédacteurs des décrets publier par le
Journal officiel décrets qui rattachent
l'administration de Madagascar ku mi-
nistère des colonies et règlent les pou-
voirs du résident général ont évité
d'employer les mots « colonie» » ou «pro-
tectorat».
Mais les instructions remises à M. La-
roche sont très .nettes.. Le/résident géné-
ral doit rendre le protectorat « le plus
étroit possible ».
Quant aux modifications que le gou-
vernement désire apporter au traité, il
en demandera, paraît-il, Y initiative h la.
reine des Hovas.
La nomination du lieutenant de vais-
seau Mizon à la résidence de Majunga a
provoqué d'assez vifs commentaires,dans
'le monde colonial.
Signifie-t-elle que la France renonce
aux droits que M. Mizon lui adonnés
dans le Niger et laHaule-Bénoué?
Les personnes bien informées préten-
daient hier que, malgré les déclarations
faites à la Chambre, le gouvernement,
pour obtenir la libre possession de la
rive gauche du Mékong, donnait satis-
faction à l'Angleterre sur tous les points
en litige dans le bassin du Niger.
Comme la rive gauche du Haut-Mékong
est à nous, et que pour la posséder nous
ne devons aucune compensation à l'An-
gleterre, cet abandon paraissait inadmis-
sible.
On espérait que M. Mizon serait appelé
à poursuivre son œuvre si patriotique à
Yola. et c'est à la résidence 'deMajunga
qu'il est envoyé 1
L'EMPRUNT DU TON Kl N
Le projet de loi autorisant le Protecto-
rat de l'Annam et du Tonkin à emprun-
ter quatre-vingts millions a enfin été dé-
posé sur le bureau de la Chambre par le
gouvernement.
Voici les dispositions principales de ce
projet ̃
L'emprunt sera contracté sous la ga-
rantie de la France et remboursé par le
Protectorat. Le taux d'intérêt ne pourra
dépasser 3 1/2 pour cent. Le rembourse-
ment aura lieu en soixante ans. Qua-
rante millions seront consacrés à liqui-
der le passif existant; les quarante autres
permettront d'exécuter divers travaux
d'utilité publique, tels que la construc-
tion des lignes de chemins de fer de
Hanoï à Phu-Lang-Thuong et de Lang-
son à Dong-Dang.
La décision du gouvernement sera ac-
cueillie avec la plus vive satisfaction par
tous ceux qui s'intéressent au dévelop-
pement et à la prospérité de l'Indo-
Chine.
Cette prospérité dépend du vote de
l'emprunt. Pour que le Tonkin ait un
commerce et des industries dont puisse
bénéficier la métropole, il faut lui don-
ner l'outillage économique indispen-
sable.
Cet outillage n'exige pas une dépense,
mais une capitalisation.
Les Anglais ont compris cette vérité
économique. C'est pour cela qu'ils ont
des colonies prospères.
Pour l'Australie, qui compte seulement
quatre millions d'habitants, ils n'ont pas
hésité à engager cinq milliards de francs.
Il est inutile d'insister sur les résultats
obtenus.
Il y a au Tonkin vingt-sept millions
d'habitants dont l'état de civilisation légi-
timerait des emprunts de beaucoup plus
importants que celui de 80 millions, dont
le vote sera prochainement demandé au
Parlement.
Jean Hess.
*>>ni»–
NOTES vînt Parisien
12 décembre.
Quand M. Henry Houssaye, au com-
mencement1 de son discours si bien or-
donné, a fait une allusion à son père,
combien se sont retournés vers Arsène
''Houssaye qui ressemblait à un vieil Ana-
créon assistant au triomphe de son fils?
'^Combien peu dans cette assistance se
îspnt rappelé les fêtes qu'il donna 1 il
'n'y a pas bien longtemps, pourtant! et
iïè Tout-Paris de ce temps-là est presque
-devenu le Tout-oublié. C'était avenue
Friedland, dans deux hôtels bien dissem-
blables l'un mauresque et l'autre on ne
sait pas trop quoi des redoutes dans une
longue galerie ornée de tableaux qui
avaient la prétention d'être des chefs-
'd' œuvre. Ce que l'on a flirté là dedans (le
mot n'était pourtant,.pas encore lançéV ce
•qu'on. a fait ,1a roue,, comme on disait,alors,
cp qn'oa a,aim4 •' personne aie. je .sait,- pas
îiême le maître de la maison, que je vois
encore un soir en une longue robe de doge
se promener, fier d'avoir à son bras une
créature qui était alors la plus belle de
Paris, et qui depuis s'en alla, m'a-t-on
conté, mourir au Caire, amoureuse d'un
Ethiopien qui la méprisait parce qu'elle
était trop blanche 1
i M. Houssaye n'avait jamais rien inventé
de plus extraordinaire que cette aventure
dans ses livres, pourtant si incroyables
maintenant, qui s'appelaient: les Grandes
Dames, les Parisiennes des romans en
quatre volumes avec des portraits à la
sépia Et les personnages qui évoluaient
là dedans! Parisis que toutes les femmes
adoraient, cette silencieuse courtisane
somptueuse qui prétendait qu'en pronon-
çant une de ces trois phrases « question
d'argent, question de temps, question
d'amour», on venait à bout de tout dansla
vie. Ils empestaient l'amour ces livres-là Et
on n'a qu'à voir M. Arsène Houssaye pour
comprendre qu'il était l'homme de sa lit-
térature. L'été dernier, un soir, sur la ter-
rasse des Ambassadeurs, il dînait entouré
de femmes bizarres, troublantes, aux bras
nus chargés de bracelets étranges, qui fu-,
maient des cigarettes tout en écoutant des
refrains stupides et effeuillant des roses
dans des coupes de champagne Et M. Ar-
sène Houssaye contemplai.t ce spectacle
:d'un œil paternel et tranquille. Il est le
dernier représentant d'un temps où l'on
aimait ainsi, avec des coupes et des roses
Il faut le saluer très bas car, après lui,
ce sera fini. Ce ne seront pas tous les pe-
tits « denrées coloniales» qui feront croire
à l'amour 1 Ce beau vieillard y croit en-
dore
Et dire que j'ai pensé à toutes ces choses
pendant qu'on applaudissait l'auteur de
1815 et pendant que M. Brunetière mon-
trait au public de l'Académie toute la
splendide agressivité dont il est capable! 1
S..
1 ̃
3e SALON DU CYCLE
Le ministre du commerce a inaugure, hier,
à deux heures, au Palais de l'Industrie, le
troisième Salon du Cycle. M. Mesureur, ac-
compagnô'de M. Lagrave, son chef de cabi-
net, a été reçu par MM. Clément, président
delà Chambre syndicale Bivort, commis-
saire général de. l'Exposition Giraudeau,
secrélni ro Battaille, président de l'Union vé-
loçipédique de France, et les membres du Co-
mité d'organisation.
Pressé sans doute de se rendre à la Cham-
bre, le ministre a passé un peu rapidement
devant les stands nombreux des sections
française et étrangère il s'est arrêté néan-
moins devant les expositions du Touring-
Club de France etde l'Union dont il a accepté
le titre de membre d'honneur. Avant de se
retirer, il a,, en quelques mots, exprimé la
satisfaction qu'il éprouvait de présider à l'i-
nauguration de cette exposition, qui affirme
une troisième fois les progrès immenses
accomplis par l'industrie vélocipédique et
l'importance chaque jour plus grande qu'elle
prend parmi nous.
Une foule nombreuse de visiteurs a accom-
pagné le cortège officiel, puis s'est répandue
dans l'exposition, cherchant ardemment les
nouveautés, assez rares, nous parlons de
celles qui sautent aux yeux, comme quelques
tentatives plus ou moins heureuses de sup-
pression de chaîne et de transmission de
mouvement par engrenage ou par friction.
Il en est cependant qui valent qu'on s'y
arrête. Ainsi à la Compagnie française des
Cycles qui expose les Rochet, les Columbia,
les Elsvvick,les modèles nouveaux comportent
un pédalier à recouvrement fait de telle sorte
que l'axe de la chaîne passe entre les deux
rangées de billes, évitant toute sortion possi-
ble du moyen. On y a supprimé, également le
frein extérieur, la tige passe maintenant à
l'intérieur de la douille, donnant à toutes
machines cet aspect léger et élégant qui ca-
ractérise les bicyclettes de course. Intéres-
sante exposition qui ne comporte pas moins
de trois stands.
Chez Clément (stand 73), éblouissement
d'émail et de nickel; cent bicyclettes, tan-
dems, tricycles ou triplettes y sont exposés.
Aucune invention extraordinaire, mais des
perfectionnements incessants dans la cons-
truction manivelles avec clavetage nou-
veau, brasures inviolables. Et le plus gros
succès de cette maison n'est pas tant dans
l'excellence de ses produits que dans cette ré-
volution des prix qui l'ont, depuis un an,
rendue si populaire aussi bien que les meil-
leurs et 30 0/0. meilleur marché.
À voir de près aussi les cycles Médinger,
où l'on nous montre une bicyclette sans,
chaîne, exposée là. non pas tant pour la ma-
chine elle-même que pour le principe de l'in-
vention que son auteur, M. Lejeune, compte
appliquer a toute transmission de force dans
l'industrie; c'est d'une grande ingéniosité,
car elle supprime à ia fois l'engrenage et le
frottement grâce à l'emploi intelligent des
billes. Voyez cela de près.
Dans la section étrangère, à la place d'non-
neur, M. Rudeaux, directeur des Cycles
Whitworth. nous expose tout un lot de ces
légers instruments que les Jacquelin, les
Farman, et tant d'autres coureurs de pre-
mière classe ont si souvent menés à la vic-
toire. Légèreté, élégance et solidité, tels sont
les mérites consacrés des Whitworth, qui
permettent de mettre avec autant de sécurité
sur la route que sur la piste ces petites mer-
veilles si plaisantes à l'œil, et dont la réputa-
tion établie depuis longtemps déjà n'a plus
rien à gagner aujourd'hui.
Mais ce qui attire aussi l'attention des vi-
siteurs, c'est l'exposition des voitures auto-
mobiles qui,, reléguée encore, l'année der-
nière, dans un coin obscur du Palais, en en-
vahit le centre aujourd'hui. Nous* y revien-
drons en détail. Constatons seulement que
non seulement les moteurs' nous semblent
avoir fait des progrès, mais aussi la forme
des voitures, que l'on s'efforce à rendre plus
agréable à l'œil. L'esthétique y gagne, et ce
qui plaît à première vue n'est pas loin de
séduire tout à fait.
L'importance de l'automobilisme obligera,
l'année prochaine, les organisateurs du Salon
du Cycle à modifier leur titre.
Aujourd'hui, vendredi, premier jour select;
l'entrée est fixée a 3 francs par personne.
George Bell.
jf* if* ̃
®u~elle_s_ ~~e~°s~~ 1
EFFONDREMENT A LA GARE DES BATIGNOLLES
Uu terrible accident s'est produit, hier, à i
une heure de l'après-midi, à la gare des mar-
ehandise,s des Batignolles, dans la partie des
bâtiments dont l'entrée est rue Cardinet.
Le plancher d'un grenier rempli d'avoine,
situé au-dessus des écuries de l'Entrepôt, s'est
effondî-é.par suite d'une surcharge exagérée,
en tombant d'abord dans une écurie du rez-
de-chaussée..
Cet effondrement en a occasionné un
deuxième celui.du plancher sous lequel est
une seconde écurie, en sous-sol.
Dés l'alarme donnée, les pompiers furent
prévenus. Sous les ordres du colonel Vari-
ganlt, ils commencèrent le déblaiement. Après
:quatre heures de travail, on put retirer des
décombres le cadavre d'un palefrenier qui
habituellement couchait dans l'écurie. C'est
un nommé Joseph Trémen, âgé de vingt et
un ans, né à Guilles (Morbihan).
De plus, trois chevaux ont été tués et cinq
iilessés;. ̃<̃̃̃- -̃̃• -.̃̃'•̃- ̃̃-•-̃-
A cinq heures du soir,les pompiers se reti-
raient. Aussitôt on procédait à l'étayage des
bâtiments, sous la direction d'un ingénieur
de la Compagnie.
Le service d'ordre était dirigé par M. Gail-
lot, chef de la police municipale et M.Touny,
commissaire divisionnaire.
Peu de personnes, d'ailleurs, stationnaient
̃devant la gare, car l'accident, s'étant produit
à quatre cents mètres environ dans l'inté-
rieur de l'enceinte, n'a été connu du public
qu'alors'qu'on procédait au déblaiement.
*+̃•
Par décret du ministre de l'intérieur, M.
Pons, inspecteur principal à la prison de la
Santé, est nommé directeur de la prison de
la Conciergerie, en remplacement de M. La-
rue, récemment nommé directeur de la pri-
son de Sainte-Pélagie, à la place de M. Fabre,
décédé.
M. Boutineau, commissaire de police à
Saint-Ouen, est nommé au commissariat de
Vanves, en remplacement de M. Epineau,
décédé. M. Beaurain, inspecteur principal des
gardiens de la paix, est nommé commissaire
de police à Saint-Ouen, et M. Delpech, secré-
taire du commissariat d'U quartier des Champs-
Elysées, est. nommé inspecteur principal. •
L'HOMME DU PALAIS-BOURBON
M. Bertulus a fait encore une fois amener
à son cabinet Gilbert Lenoir, le détraqué-
anarchiste qui a tiré deux coups de revolver
dans la salle du Palais-Bourbon.
Comme les autres fois, Lenoir lui a dé-
claré qu'il ne reconnaissait pas la justice bour-
geoise et qu'en conséquence il ne répondrait
à aucune des questions qui lui seraient po-
sées.
M. Bertulus a commis M. le docteur Vallon,
médecin spécialiste, pour 'examiner l'état
mental de Gilbert Lenoir.
La maison Chevallier, qui vient d'obtenir
un succès si légitime avec les jumelles hyper-
dioptriques, n'a pas voulu s'en tenir là. En
vue des cadeaux. d'étrennes, elle oflre à sa
clientèle une collection remarquable de ju-
melles de théâtre merveilleuses de clarté et
dédéfinition,delongues-vues,baromètres,ther-
momôtres, cassettes de mathématiques, etc.
A cette époque de l'année, une visite 158, Pa-
lais-Royal, ou 15, place du Pont-Neuf, semble
s'imposer. |
UN CRIME
Nous avons dit, tout -récemment, qu'on
avait transporté à la Morgue le cadavre d'un
individu que des mariniers avaient retiré du
canal Saint-Martin, au quai de la Loire. Nous
ajoutions que ce malheureux portait plusieurs
blessures qui laissaient supposer qu'il avait
pu être victime d'un assassinat. C'est dans
ce sens, d'ailleurs, que M. Vibert, médecin
légiste, a conclu après avoir fait 1 autopsie
du corps.
Le rapport du docteur ayant été transmis
au Parquet, M. Jolly, juge d'instruction, a
été commis pour rechercher à la suite de
quelles circonstances cet homme avait été
assassiné.. •
Voici les résultats des premiers renseigne-
ments recueillis sur cette affaire.
La victime se nommait Emile Thuillier et
était âgée d'une quarantaine d'années. Thuil-
lier était à Paris depuis très peu de temps. Il
arrivait de Claye-Souilly (Seine-et-Marne). Il
s'était rendu, aussitôt son arrivée, chez un
dé ses amis, marchand de vins, avenue de
Saint-Ouen. auquel il a confié 300 francs,
toutes ses économies. Il n'avait gardé sur lui
toules éeon ""0 Il n'avait gardé sur lui
qu'une trentaine de francs. Dans la journée,
il but beaucoup, et, le soir, il partit dans la
direction du. faubourg du Temple, en compa-
gnie d'un homme âgé de soixante ans en-
viron.
La s'arrêtent les renseignements. Que s est-
il passé à partir de ce moment? C'est ce que
la police cherche iz savoir.
Nous avons raconté l'affaire du boulevard
Victor-Hugo, à Clichy, dans laquelle un
brave menuisier, Alexandre Pesse, a été
blessé de plusieurs coups de revolver par dès
cambrioleurs.
Les assassins viennent d'être arrêtés dans
le passage Trouille t, route de la Révolte, à
Clichy. Ce sont les nommés Nicolas Auguste,
dit le Rouquin, vingt ans; Leroçh (Eugène),
dit la Redingue; Alexandre Génie, Ozout
(Charlotte) et les frères Andenoyeux,T.ous re-
pris de justice. C'.est le Rouquin qui a tiré
sur le malheureux Pesse. Il a avoué avoir en-
suite jeté son revolver dans la Seirte.
L'état. de Pesse, qui est à l'hôpital Beau-
jon, est toujours très grave.
̃ t ̃
DÉTOURNEMENT DE SUCCESSION
Sur commission rogatoire de M- Frémont,
juge d'instruction, M. Clément, commissaire
aux délégations judiciaires, a arrêté hier une
veuve P. qui étant femme de ménage :chez
les époux B. rue des Trois-Bornes, avait
soustrait à ceux-ci, un testament et 200,000
francs de valeurs.
La veuve P. a été écrouée au Dépôt.
̃ i
LE FEU
Le feu a pris avant-hier soir, a onze heures,
chez M, Œttlnger, docteur en médecine, rue."
des Saint-Pères. Il avait été communiqué
aux boiseries par un tuyau de calorifère et
il s'attaqua bientôt aux tentures et aux meu-
bles. Les pompiers de la caserne du Vieux-
Colombier, accourus au premier signal,
s'en sont rendus maîtres après une heure
d'efforts.
Les pertes sont assez considérables, mais
elles ont été aussi très importantes pour le
marchand de tableaux établi au rez-de-
chaussée. Plusieurs tableaux de prix ont été
fort endommagés par l'eau.
Jean de Paris.
~4G06 ~M-
Mémento. Le service de statistique muni-
cipale a compté pendant la 49° semaine 840 dé-
cès, chiffre inférieur à celui des semaines précé-
dentes et surtout à la movenne de la saison
(973). L'état sanitaire est donc très satisfaisant.
La rougeole est lu seule maladie qui dépasse la
moyenne. Encon; est-elle en décroissance.
On a célébré à Paris 368 mariages et enregis-
tré la naissance de 1,025 enfants vivants, o29
garçons et 49(kfllles..
Une corniche en plâtre de 2 mètres de lon-
gueur est tombée du balcon du n° 53, rue dé
,Meaux et a blessé une dame Forcadel, marchande
des quatre saisons, qui passait.
J. de P.
A-VIS ̃ DIVERS
ENTS et dentiers sans crochets, ressorts et
plaques. H.Adler, seulinvenf,16,av.Opéra.
Maladies des femmes, Slérttilé{V* Ptes Ann^s)
ttiXIGEZ les mots Parfis Nmon,31, rue du
Ej 4-Septembre, sr les flacons de Véritable Rait.
de Ninon contre rides et taches de rousseur.
A L'HOTEL DE VILLE
Ceux qui s'intéressent aux questions muni-
cipales doivent être en ce moment contents
de leurs élus. On travaille ferme dans toutes
les salles.
Ici la Commission du Métropolitain discute
les propositions récentes. Elle veut absolu-
ment de nouveaux et sérieux moyens de coin-
munication pour le prochain siècle.
La, sous-Commission du Métropolitain a
décidé, après diverses observations présen-
tées par MM. Sauton, Champoudry et Escu-
dier, de convoquer trois auteurs de projets,
MM. Haag-Jouvencel, Villain et Buisson dos
Lèzes".
Dans une autre salle, on combat les délibéra-
tions de la Commission de la Chambre quant à
l'Exposition delOOO.La Commission de 1 aCham-
-irre-ï'crti«!«w* de9,économie3i-Jt.e-Ooaseil mu-
nicipal, au contraire, partage l'avis du gou-
vernement qui se propose de faire grand.
Quelques-uns de nos députés rêvent une Ex-
position semblable à celle de 1878 qui s'est
soldée par trente millions de pe£te. Les con-
seillers en exigent une plus belle que celle de
1889 qui s'est soldée par quinze millions de
bénéfice.
La Ville ne donnera évidemment les vingt
millions promis que si le projet définitif lui
convient.
v~vw Sur la proposition de M. Escudier
le Conseil municipal décide que les travaux
de reconstruction de la roue hydraulique de
Trilbardon seront mis au concours, et un cré-
dit de 40,000 francs est inscrit au budget à
cet effet.
,«~w««. Dépense imprévue. On a transporté
récemment les restes mortels de Villiers de
'l'Isle-Adam du cimetière des Batignolles au
cimetière de l'Est. Les frais avaient été votés,
sauf la fourniture, d'un cercueil en chêne
fort avec enveloppe, pour lequel l'adminis-
tration des pompes funèbres a demandé un
supplément de 26 francs, qui naturellement a
été accordé.
Cel;i dit, pour démontrer de combien de
détails doit s'occuper le Conseil.
Avant de fermer ce chapitre funèbre, rap->
pelons à M. Huet que M. Alphand avait pro-
mis de dore la balustrade du pont Caulain-
court. Aux obsèques de Dumas, dix mille
Parisiens ont été choqués de l'indiscrétion
des badauds qui passaient la tête par les in-
tersticea de ce pont. Que M. Huet s'informe.
Il apprendra qu'on jette par ces interstices
des pierres et même des immondices sur les
tombes qui avoisinent le pont.
,™v. Le général Février, président du
Comité formé en vue d'élever une statue au
général Alexandre Dumas, demande qu'elle
soit, de même que celle d'Alexandre Dumas
fils, érigée sur la place Malesherbes.
De cette façon, cette place réunirait les mo-
numents consacrés à ces trois hommes qui
ont illustré leur pays.
La proposition est renvoyée à la 3e Com-
mission, qui certainement la ratifiera.
Qui veut vendre 35,000 kilos de ma-
caroni? Cela représente la consommation an-
nuelle de l'Assistance publique qui les achè-
tera demain à l'adjudication au rabais.
Quand renoncera-t-on it ce procédé idiot et
immoral? Est-ce au rabais qu'on doit ache-
ter la nourriture des convalescents ? 9
a^ On continue, comme on le fera
jusqu'à la fin de l'année, à se quereller
sur le tapis du budget, chacun essayant de
l'accaparer au profit des intérêts qu'il a à dé-
fendre. Nous nous garderons bien d'entrer
dans les détails de cette discussion, le public
parisien étant toujours prêt à payer, mais
continuant à ne pas se soucier de la façon
dont on dépense son argent.
^www» M. Paul Brousse informe le Conseil
que M. Cavaignac, ministre de la guerre, se
montre disposé à examiner favorablement le
projet de formation d'une Commission mixte
qui serait chargée d'étudier la possibilité de
la suppression .du mur d'enceinte de Paris.
Henri Hamoise.
1 i mi 11 n
JNFORMATJONS
RÉUNION PLÉBISCITAIRE. r DeUX cents
personnes assistaient avant-hier au ban-
quet organisé par le journal le Plébiscite,
dont M. de Fontréal est le directeur
politique.
Au moment où on s'est mis à table,
M! de Fontréal, qui présidait la réunion,
a donné lecture du télégramme suivant
qu'il venait de recevoir de S. A. 1. le
prince V. Napoléon
Félicitez en mon nom tous ceux qui se sont
unis à vous pour fêter l'anniversaire du
10 décembre. Célébrer le plébiscite du 10 dé-
cembre 1848, c'est à la fois réveiller un sou-
1 venir napoléonien et revendiquer le droit iia*-
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 67.59%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 67.59%.
- Collections numériques similaires Bibliothèque Diplomatique Numérique Bibliothèque Diplomatique Numérique /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "MAEDIGen0"
- Auteurs similaires Bibliothèque Diplomatique Numérique Bibliothèque Diplomatique Numérique /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "MAEDIGen0"
-
-
Page
chiffre de pagination vue 3/6
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k283490g/f3.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k283490g/f3.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k283490g/f3.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k283490g/f3.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k283490g
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k283490g
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k283490g/f3.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest