Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1888-04-16
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 16 avril 1888 16 avril 1888
Description : 1888/04/16 (Numéro 107). 1888/04/16 (Numéro 107).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k280367z
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
34e Année - 3e Série - Numéro 107
Le Numéro : io cent. à Paris, 20; cent, dans les Départements.
Lundi 16 Avril 1888
FRANCIS MAGNARD ^
Rédacteur en chef
A. PÉRIVIER
Secrétaire de la Rédaction
RÉDACTION
DE MIDI A MINUIT, RUE DROUOT, 26
Les manuscrits ne sont pas rendus
tOBLICITé CE 1» ET DE 2* FAGB
86, rue Dromot
LE FIGARO
UU Ji mmmm IL
1 ' - - ' '. ' "> - ~ ^ -""M v v . - - - « ; *-
H. DE V1LLEMESSANT"
Fondateur
FERNAND DE RODAYS
Administrateur
fari» : Trois Moi» 16 fr. 1t
Départements . Trois i(où 19 fr. 50
Union Postale : Trois Mois...., ai fr. 50
ANNONCES, RÉOAMES ET PETITES G METTES
iDoSilngen Fils, Bëgajr et C;"
56, KTJE GRINBE-BATELIÉRE ET AU FIGARO, BUE DROEOT, 26
SOMMAIRE
HENRY FOUQUIER : L'Homme populaire.
"Election, du général Boulanger,
ta Journée de Boulanger.
Mondanités. .
Assemblée dès. Gens de Lettres.
ni POPULAIRE
M. Boulanger est élu. C'est Boulange
qu'il leur fallait... Ils ont Boulange I Car
on dit familièrement : « Boulange »,
comme on disait Badinguet. Familiarité
de la foule pour ses amoureux. La lutte,
cependant, a été chaude. Les bons avis
n'ont pas manqué au roi Populus, au
terrible souverain que nous nous som-
mes donné et qui n'écoute plus ses pré-
cepteurs. Les hommes avisés et sages du
parti monarchique, les constitutionnels,
les républicains traditionnalistes, les ra-
dicaux, les socialistes eux-mêmes ont eu
beau, sur des tons divers, avertir, caté-
chiser, menacer les électeurs. Rien n'y
a fait. Bans cette élection tumultuaire, la
discussion a été impossible, partout
étouffée. Les missi dominici du Préten-
dant ont pu respecter et suivre sa consi-
gne de ne s'engager avec, aucun parti
pour pouvoir se servir de tous.
Dans ce département du Nord, très
divisé par les questions de religion et
très passionné pour elles, on ne leur,-a
même pas demandé ce que M. Boulanger
pensait de là séparation de l'Eglise et de
l'Etat. Pas une voix n'a interrompu leurs
boniments pour crier : Et le Tonkin ? Un
plumet sur une face masquée... Cela a
suffi. Le fusil Lebel s'appelle « Lebel »,
parce qu'il a été inventé par M. Boulan-
ger. Ges choses sont crues. Et M. Ver-
goin, qui est audacieux, a été discret en
n'ajoutant pas que M. Boulanger avait
inventa la poudre. Une sorte d'acclama-
tion de la rue s'est élevée là-bas, cou-
vrant les voix courageuses et sages,
acclamation furieuse, puissante et obs-
cure à la fois, grondement lointain en-
core d'une inondation qui s'avance, dont
le bruit nous arrive, inquiétant. Car, si
si ce coup de folie n'est pas encore un
danger immédiat et sans remède, c'est
une menace. L'aventure est commencée.
Si elle n'exposait quê les partis, qui ont
presque tous tant de fautes criminelles
à se reprocher, le mal serait moindre.
Mais l'Europe? Mais la Patrie?
.V ###
Je crois encore et j'espère que la chose
durera peu. Mais, pour l'heure, M. Bou-
langer est, dans beaucoup de milieux et
dans les endroits les plus divers, l'hom-
'me populaire. Son culte, disait un poète
qui juge la politique de haut, est mysti-
que. Il ne se discute pas plus qu'un mi-
racle. On a beau, dans la presse soule-
vée, accoler à cette popularité des épi-
thètes aussi justes que dédaigneuses,
l'appeler éphémère et malsaine, lui don-
ner, avec une ironie académique, le nom
de « famosité», on a beau montrer qu'elle
vient du néant pour aller à l'inconnu,
elle existe. Et, en quelques semaines,
après des actes d'énergie ou des coups
de bonne guerre qui ont jusqu'ici tourné
contre leurs auteurs, ministère, gouver-
nement,'nation en sont venus à devoir
compter avec un homme dont ceux-là
mêmes qui ont pris à l'entreprise sa re-
nommée et sa fortune ne parlent qu'avec
un sourire, disant, avec un cynisme
cynique d'aventuriers, qu'on peut tout
attendre de leur héros justement parce
qu'il n'a rien fait.
C'est un phénomène, au sens que les
anciens attachaient à ce mot quand ils
parlaient de quelque force mystérieuse
de la nature, dont ils voyaient l'effet
sans en pénétrer la cause. Pourtant, en
examinant les choses de sang-froid, on
doit pouvoir s'en rendre compte. On doit
pouvoir isoler, un à un, les facteurs or-
dinaires de la popularité, de cette popu-
larité que Barbier, en poète, calomniait
et flattait peut-être à la fois en l'appelant
la grande impudique, et qui n'est,si sou-
vent, que la grande nigaude I
###
La popularité ne se trompe pas tou-
jours et s'attache, parfois, à des noms
qui en sont dignes. Quand Lamartine,
après une révolution dont nous aurions
pu faire l'économie - mais nous som-
mes prodigues en cette matière !-fit en-
tendre à la France le langage d'un grand
honnête homme vaillant, mêlant la rai-
son qui parle à l'esprit et les illusions de
poète qui parlaient au coeur, la France
éçouta, ne fût-ce qu'une heure. Cela ne
dura pas, il-est vrai; et, qui sait? les
foules sont peut-être comme les indivi-
dus, surtout les femmes, qui s'attachent
souvent avec plus d'âpreté à défendre
une erreur qui les passionne qu'à défen-
dre une idée juste et droite. Credo quia
absurdum est un des plus grands mots
qui soient sortis des lèvres humaines 1
Mais, enfin, quand on voit combien peu
ont duré de légitimes popularités, quand
on se rappelle Wellington, le vainqueur
de Napoléon, lé sauveur héroïque de
l'Angleterre, obligé de faire blinder les
fenêtres de sa maison contre les pierres
jetées par la foule, on peut croire qu'une
popularité ne sera pas éternelle par cela
seul qu'elle ne repose sur rien. Sur rien,
du moins, qui appartienne à l'homme
qui en est l'objet ; car si M. Boulanger
garde une heure pour se reprendre et se
juger lui-même, s'il n'en est pas arrivé
déjà à l'affolement des hommes qui
marchent sans savoir où ils vont, regar-
dant au ciel une étoile qui les hypnotise,
il doit être étonné comme le personnage
" de féerie qui croit s'endormir sur terre
et se sent enlevé dans la lune !
Mais, et c'est là ce qui fait la tristesse
du philosophe et l'effroi légitime du po-
litique, un grand mérite n'est pas néces-
saire pour être populaire, surtout dans
un pays de suffrage universel. La foule
souveraine a des enthousiasmes compa-
rables à la panique sacrée que les an-
ciens faisaient venir d'un Dieu, ne sa-
chant l'expliquer autrement. Ce n'est
pas,. cependant, que les popularités in-
justifiées soient des popularités sans
cause. Celle de M. Boulanger, comme
tout aujourd'hui, peut aisément s'analy-
ser ; et peut-être, en sachant d'où elle
vient, ne serait-il plus bien difficile de la
faire s'évanouir comme elle est venue,
orage d'un jour d'été?
- Il serait excessif d'aller jusqu'à dire
qu'un homme peut devenir populaire
sans avoir aucune qualité personnelle.
Le-miracle, c'est- l'écart "prodigieux entré
ce que ces qualités comportent de noto-
riété restreinte et la gloire de l'homme
populaire. M. Boulanger est un officier
brave, comme le sont - par définition
et, heureusement, en réalité - tous nos
officiers. Il a fait son devoir contre l'Al-
lemand et aussi, ferme, il paraît - con-
tre les Parisiens de la Commune-Il est
joli garçon, avec sa barbe, malgré son
vague regard, semblable à celui du prince
Louis-Napoléon : on prétend que c'est
l'avis des dames. Il monte bien à cheval
et son destrier noir est une belle bête, à
qui un reporter enthousiaste a trouvé un
air très intelligente. Bref; il est décora-
tif. Et c'est pour cela que M. Clémen-
ceau, entre autres services rendus à son
parti, lui a rendu celui de l'inventer et
de le faire ministre. Voilà pour l'homme.
Tout le reste ne lui appartient pas. Tout
le reste est l'affaire du hasard et des cir-
constances.
Il a trouvé non un parti, car qui dit
parti dit programme, mais des partisans
0ns le monde politique et dans la
presse. Partisans venus de tous côtés,
des points les plus éloignés : gentlemen
élégants et riches, qui vont au Bois,
botte à botte, avec lui ; bonapartistes
autoritaires, monarchistes pressés, radi-
caux et socialistes à tous crins. Cet état-
major aux panaches variés, comme un
état-major d'officiers étrangers aux jours
de grande revue, a des mobiles aussi di-
vers que ses origines. Quelques-uns ont
fait penser à ce que Salluste disait des
premiers partisans de Catilina, ambi-
tieux sans scrupules, débiteurs malheu-
reux, amants scandaleux des courtisanes
romaines, déclassés qu'une révolution
seule peut remettre en selle. J'aime
mieux, selon un autre mot de Salluste,
mettre tout sur le goût de la nouveauté,
qui hante la jeunesse et, aussi, des vieil-
lesses restées trop jeunes... Mais un
état-major, si hardi et si actif qu'il soit,
propage la popularité et ne la crée pas,
si elle n'a pas de raison d'être plus pro-
fonde que les ambitions ou les besoins
de quelques hommes. Quoi qu'en ait dit
V. Hugo, qui a parlé en poète, je n'ai ja-
mais cru que la France se fût faite impé-
rialiste uniquement pour que M. de Per-
signy pût payer sa blanchisseuse et
parce que M. de Girardin était de mau-
vaise humeur.
C'est à l'homme qui a été le plus popu-
laire au monde peut-être, à Napoléon I",
qu'il faut demander de quoi se fait une
popularité de circonstance. Voici ce qu'il
a écrit sur lui-même, en parlant des rai-
sons qui firent Brumaire facile : « Lors-
qu'une déplorable faiblesse et une versa-
tilité sans fin se manifestent dans les
conseils du pouvoir, lorsque cédant tour
à tour à l'influence de partis contraires
et vivant au jour le jour, sans plan fixe,
sans marche assurée, il a donné la me-
sure de son insuffisance, et que les ci-
toyens les plus modérés sont forcés de
convenir que l'Etat n'est plus gouverné,
lorsque, enfin, à sa nullité au dedans
l'administration joint le tort le plus
grave qu'elle puisse avoir aux yeux d'un
peuple fier, je veux dire l'avilissement
au dehors, alors une inquiétude vague
se répand dans la société, le besoin de
sa conservation l'agite, et promenant sur
elle-même ses regards, elle semble
chercher un homme qui puisse la sau-
ver. »
Remplacez le mot « avilissement vis-à-
vis de' l'étranger » par le mot inquiétude
ou espérance, et vous aurez, tracé par
une main d'écrivain admirable, un ta-
bleau de l'état de notre pays. Je né ré-
crimine pas, je constate. A qui que ce
soit qu'on doive s'en prendre, sottise des
uns, entêtement des autres, tout, dans
le pouvoir, s'effondre; tout, dans l'opi-
nion, s'affole. L'heure de l'homme popu-
laire avait sonné...
Cet homme, Napoléon (et pour cause)
estimait qu'il devait avoir du génie. C'est
absolument inutile. Un hasard désignera
l'homme qui sera le « lien commun » des
mécontents : la voix de M. Paulus sera
assez autorisée pour le nommer à la
foule. C'est le cas précis de M. Boulan-
ger. Et, cette désignation Une fois faite,
rien n'entamera - pour quelque temps
- la popularité de cet homme. Dan» le
patriotique pays de France, il pourra
laisser peser le soupçon sur les chefs de
notre armée ; dans notre nation loyale et
chevaleresque, il pourra, en plein Sénat,
mentir pour désavouer un vaincu ; il
sera impunément la guerre pour M. Dé-
roulède, la paix pour nos pacifiques
paysans; il troublera la rue et, ô"folie
suprême ! il sera l'espoir des conserva-
teurs. M. Clovis Hugues, en vers, M. Ro-
chefort, en prose, feront de son sabre
« l'ancre de nos libertés ». Et il lui suf-
fira de mettre des lunettes bleues pour
que de fiers républicains ne voient pas
en lui, dans son ombre où manque le
rayon de la victoire, le visage de Bona-
parte 1
###.
Ainsi vont les choses. Ainsi se font
les popularités, en dehors de la raison
et de la justice! Et notre espoir reste
seul que la folie est trop forte pour
devoir durer ! Il se peut que l'élection
du Nord soit l'apogée de cet astre qui,
comme les comètes, est fait de matière
sans consistance et d'un panaché flam-
boyant... Les partis, menacés tous en-
semble par un homme qui ne pourra pas
indéfiniment faire croire qu'il les sert
tous, sauront se remettre de cette alarme,
se faire les concessions nécessaires, sau-
ver - ce qui est tout - la France des
aventures. Peut-être,-car il faut savoir
tout bien prendre, avions-nous besoin
de cet avertissement? Et, la leçon com-
prise, pourrons-nous bientôt redire avec
LaRochefoucault,en voyantle nouvel élu
s'asseoir à la Chambre, où il ne saura
que faire, que la popularité brille comme
une étincelle et s'éteint souvent au mi-
lieu des cendres!
Henry Fouquier,
ÉCHOS
LA POLITIQUE
C'est fait : le général Boulanger est
brillamment élu député. ;
Si nous nous en tenions aux lois de lj|
logique, son entrée dans la Chambre;
sans mettre im à-l'agitation boulangiste,
en diminuerait beaucoup l'acuité et com-
mencerait à créer des embarras au gé-
néral. - _ ;
_ Bien des échelons le séparent encore
non seulement de la présidence de la
République, but naturel des ambitions,
qu'il peut avoir et de. celles que l'on a
pour lui, mais même d'une rentrée au
ministère.
Il faut, en premier lieu, qu'il se crée
autour du général, dans la Chambre, un
parti qui n'y existe encore qu'à l'état
rudimentaire.
Il faut que l'on vote d'abord à la Cham-
bre, puis au Sénat, le principe de la re-
vision.
H faut que cette revision porte, entre
autres choses, sur le mode de nomina-
tion du Président de la République, qui
serait transféré du congrès des deux
Chambres au suffrage universel, comme
en 1848.
La dissolution de la Chambre, autre
chapitre du programme Boulanger, ne
peut être, obtenue que par l'accord du
Président de la République et du Sénat,
qui, sachant ce qui les menace, ne se
prêteraient naturellement pas volontiers
à l'entreprise.
A première vue, il semblait donc, et
j'ai moi-même partagé cette impression,
que la nomination du général Boulanger
comme député était un excellent moyen
de neutraliser son action ; par malheur,
les épisodes comme celui auquel nous
assistons ne se règlent pas d'après le bon
sens et la raison. Nous nageons en plein j
dans l'absurde et dans l'inattendu.
Puis, le boulangisme correspond à une
telle poussée d'opinion qu'il n'acceptera
point l'enterrement parlementaire ; quels
procédés il emploiera pour continuer
l'agitation, je ne le sais pas, mais tenez
pour certain qu'il en trouvera, que la
complicité du pays lui en fournira.
Il est acquis dès à présent que l'oppo-
sition à la République parlementaire,
jusqu'ici incertaine, hésitante, désorien-
tée, a trouvé sa formule : les bonapar-
tistes d'un côté, les monarchistes de
l'autre (ceux-ci avec moins d'entrain),
croient ou feignent de croire que le brav'
général n'est qu'un Précurseur, prépa-
rant les voies au Fils de l'Homme.
Cette conviction est touchante, mais il
est difficile de l'accepter sans rire. D'ail-
leurs,quand on presse un peu ces conser-
vateurs, ils se défendent d'être naïfs et
gobeurs, et ils finissent par vous deman-
der si vous trouvez le général très infé-
rieur à M. Carnot, M. Laguerre indigne
de piger avec M. Floquet, etc., etc.
C'est une opinion, à laquelle, en de-
hors des préoccupations et des inquiétu-
des conservatrices, se rallient tous ceux
qui souffrent de la crise, qui paient mal
leurs billets, qui vendent mal leur blé
ou leur bétail, qui voient diminuer les
commandes et chômer leurs usines, tous
ceux qui se sentent gênés, humiliés, me-
nacés, inquiets du lendemain, agacés de
tourner dans la politique parlementaire
comme des chevaux de manège.
J'ai peur que ces mécontents ne prati-
quent la politique chère à Gribouille,
laquelle consiste, comme vous savez, i
à se jeter dans l'eau de peur d'être
mouillé; mais je regarde, j'écoute, je
suis frappé d'un mouvement extraordi-
naire et je n'ignore pas qu'il est impos-
sible d'empêcher un peuple de faire une
bêtise dont il a envie. - F. M.
La Température
Le baromètre a continué à descendre sur
l'Europe occidentale. Des perturbations exis-
tent évidemment au large de l'Océan et s'avan-
cent vers nous. On a signalé des pluies en Ir-
lande, sur nos côtes de l'Océan, dans plusieurs
stations de l'Allemagne et de Russie. En France,
où le temps va rester doux, des pluies orageu-
ses sont probables sur toutes les régions.
La température a monté sur la France, les
Pays-Bas et le Danemark. Thermomètre, hier
matin : 12° au-dessous de zéro à Arkangel, o° à
Moscou, 7° au-dessus à Berlin, II° à Paris,
12° à Nice et 17° à Alicante. A Paris, ciel nua-
geux, température orageuse ; le thermomètre a
monté à 1 y". Le baromètre, en baisse rapide,
était tombé hier matin à 753mm, mais il mani-
festait, le soir, une légère tendance à remonter.
A dix heures du soir, pluie.
Monaco. - Ciel couvert. Barom. 759mOE.
Therm. min. : io°i ; max. : i6°3.
Les Courses
Aujourd'hui, à deux heures, courses à
Vincennes. Gagnants de Robert Milton :
Prix d'Avron : Déesse.
Prix de Bondy .- Nogaret.
Prix du Raincy : Pulchra.
Prix de Rosny : Argyr.
Prix de Saint-Mandé : Rêve.
Prix des Buttes .- Fantine.
*** ; :
Au Concours hippique, à trois heures,
Fête donnée par l'armée au profit de la
Société de Secours aux blessés. Ouver-
ture dès portes à une heure.
A TRAVERS PARIS T
Le colonel Lichtenstein, remplissant
les fonctions de secrétaire général de la
Présidence en l'absence du général Bru-
gère, a télégraphié au maire d'Agen que
M. le Président de la République-le re-
cevrait aujourd'hui lundi, à dix heures
et demie du matin.
C'est dans cette entrevue que seront
arrêtés l'heure de l'arrivée du Pré-
sident de la République à Agen et les
derniers détails du programme de la ré-
ception.
Dans le monde :
Le baron de Mackau, le très dévoué
président des droites, recevra tous les
jeudis soir dans son hôtel de l'avenue
d'Antin.
lia première réception aura lieu le 19
avril, et la dernière le 17 mai.
, -
Le bal donné avant-hier par la ba-
i ronne Rodolphe Hottinguer a été un des
I plus réussis de la saison. Beaucoup de
monde et de. jolies toilettes. Le cotillon
, a commencé à"une heure et demie. - "
Etaient présentes la duchesse de
Boudeauville en blanc et lilas, la du-
chesse d'Uzès, la duchesse de Maillé, les
> baronnes Alphonse et Gustave de Roths-
child, la vicomtesse de Courval, la com-
tesse d'Haissonville, là marquise d'Her-
vey de Saint-Denys, la comtesse de Chevi-
gné, la comtesse Pillet-Will, Mme de
Brantes, la vicomtesse d'Itajuba, la ba-
ronne de Noirmont, la marquise de La-
borde, Mlles de Maillé, de Courval, de
Fougères, ec.
On a dansé jusqu'au jour.
S. Exc. Merry del Val, ambassadeur
d'Espagne i Vienne, vient d'arriver à
Paris, où il est descendu à l'hôtel Mira-
beau.
Il est accompagné de sa famille et
compte passer quelques jours parmi
nous..
La Commission des Beaux-Arts du
Conseil municipal visitera aujourd'hui à
deux heures l'Exposition de la Société
des Artistes indépendants.
Cette exposition est installée àu pavil-
lon de la Ville de Paris.
On célèbre aujourd'hui, à l'église
Saint-Germain-l'Auxerrois, le mariage
de M. Jacques Tardieu, avec Mlle Marie
Gondinet, nièce de M. Edmond Gondinet,
le charmant auteur dramatique.
M. Tardieu, auditeur au Conseil d'Etat,
est le fils du bibliothécaire de l'Institut.
Profitons de cette occasion pour an-
noncer que M. Gondinet est heureuse-
ment rétabli de la longue indisposition
qui l'avait tenu éloigné de ses nombreux
amis.
M. Emile Ollivier, qui avait passé tout
l'hiver à San Raphaël, est rentré hier à
Paris.
Il s'esV réinstallé pour plusieurs mois
dans son petit hôtel de Passy.
Quelques-uns de nos confrères conti-
nuent à s( demander d'où vient l'argent
dépensé lans la propagande boulan-
giste, et jusqu'à présent, toutes les hypo-
thèses sur ce sujet délicat ont été con-
trouvées. ' . .
On a mis en avant tout d'abord M.
Mackay et M. Mackay nous à prie,hier,
de décider "en son nom et au nom de sa
famille qu'il était étranger à ' tous ces
incidents.
Ou a parlé ensuite de notre excellent
confrère, M. Gordon Bennett, directeur
du New-York Herald.
NJUS pouvons là encore donner le
mène démenti : M. Gordon Bennet n'est
pour rien, et à aucun titre, dans la pro-
pagande boulangiste. Il ne s'est jamais
occupé, d'ailleurs, de la politique fran-
çaise, et nous croyons bien qu'il a l'in-
tertion de ne jamais s'en occuper.
Très brillante soirée, hier, chez Mme
Campbell-Clarke, la femme de notre ai-
mable confrère du Daily Telegraph.
Mme Nevada-, la prima dona améri-
caine, une des étoiles "de l'Opéra-Comi-
que, a chanté le grand air de la Tra-
viata, une mazurka de Diemer et. les
JEnfants. M. Massenet a accompagné M.
Talzac dans l'air du Cid, puis M. Tala-
zac et Mme Nevada dans le duo de
Lahmé, qui a été très applaudi.
Grand succès aussi pour M. Lassalle
dans le Rêve du Prisonnier, pour Mlle
Lépine, Mlle Strakosch, nièce du célèbre
professeur d'Adelina Patti; Mme Roger-
Miclos, qui a joué la marche de Tannhau-
ser, arrangée par Liszt, et pour Mlle Ha-
damard, de la Comédie-Française, qui a
d;t des poésies de Victor Hugo et de Jean
Rameau.
Parmi les assistants : le général Na-
zare-Aga, ministre de Perse ; le comte
Lovenhaupt, M. de Giers, le prince Trou-
betzkoï, major Freedericksz et la ba-
ronne Freedericksz, le comte de Leyden,
M. et Mme Schon, M. Welby, M. de Bun-
sen, M. Austin Lee et M. Townley, de
l'ambassade anglaise ; M. Criesis, M. et
Mme Flourens, Mme et Mlle Magnin,
M. Cochery, !e marquis Barthélémy, M.
et Mme Gye, Mmes Winslow, Mme
Mounsey, Mme Lippmann, M. Clairin,
M. Détaillé, etc., etc.
C'est par erreur que les journaux ont
annoncé la mort de M. Nobel, inventeur
delà dynamite.
C'est son frère qui vient de succomber
après une longue maladie.
Quant à l'inventeur de .la dynamite,
qui habite Paris depuis de longues an-
nées, il est en excellente santé et a reçu
lui-même hier, dans son hôtel de l'ave-
nue Malakoff, les nombreux amis qui
s'étaient effrayés des mauvaises nou-
velles données le matin à son sujet.
Notre confrère Charles Raymot, di-
recteur de YAvenir des Chemins de fer,
prépare en ce moment un ouvrage fort
intéressant qui aura pour titre : His-
toire chronologique des Chemins de fer
français.
Cette histoire commencera avec l'ins-
tallation du premier chemin de fer fran-
çais, le 27 août 1837, et l'ouverture à l'ex-
ploitation de la première ligne de Paris
au Pecq, .
Un détail curieux : M. Blount,qui pré-
side aujourd'hui la Compagnie de l'Ouest,
faisait déjà partie du conseil qui installa
cette première ligne française.
Le prochain Salon :
Miss Kate Morgan : portrait de Mlle A.
L...
M. Attendu : les Portugaises et le La-
pin de garenne.
Mme Elisa Bloch : Virginius, groupe
bronze, et portrait de Mme de C... (buste
marbre).
_ M. Nils Forsberg: la Fin d'un Héros.
{Souvenirs du siège de Paris).
M. Quinsac : la Tentation.
M. Dameron : la Passerelle, la Seine à
Villennes (matinée d'automne).
M. Georges M. Stone : portrait de
Mme A... - ; ? -
; Mme Camille Isbert : Miniatures.
Mllé Louise Maccaud ; : Portrait de
Mlle Rose Denis, petite-fille de notre
confrère Achille Denis. . . ??
M/And ré Sinet : Un pastel et le Por-
trait de M. V. Courbouleix.
Demain a lieu, sous la présidence du
comte Ferdinand de Lesseps, le dîner de
l'Association amicale des fonctionnaires
et agents du ministère des affaires étran-
gères.
La réunion a lieu à sept heures et de-
mie, au Grand-Hôtel.
HORS PARIS
L'arrivée de la reine Victoria à Char-
lottenbourg est définitivement fixée au
25 avril.
Un architecte anglais est déjà arrivé à
Berlin pour veiller à l'arrangement des
appartements où la Reine habitera.
On commente beaucoup, en Allema-
gne, l'adresse « rédigée en français »
que les dames polonaises ont présentée
l'autre jour à l'Impératrice pendant son
séjour à Posen.
Voici cette adresse :
Madame, . .. >
Les Polonaises souhaitent à Votre Majesté,
aussi humblement que chaleureusement, la
bienvenue ! Sous le coup d'un récent mal-
heur et d'une grande inquiétude, vous vous
êtes décidée à quitter votre auguste Epoux,
notre Souverain, pour visiter,en ange conso-
lateur, ce pays si cruellement éprouvé. Que
Votre Majesté daigne recevoir nos remercie-
ments les plus dévoués pour cet acte de gé-
nérosité qui ouvre nos coeurs à l'espérance,
et qu'elle nous permette de lui exprimer,avec
reconnaissance, les voeux et les souhaits les
plus profonds des coeurs polonais, toujours
sensibles aux actes de magnanimité.
La chambre de commerce de Constan-
tinople s'occupe avec énergie de l'orga-
nisation de la section turque à l'Exposi-
tion universelle de 1889.
Elle a l'intention d'avancer à chaque
exposant turc qui en fera la demande
50 pour cent de la valeur des objets en-
voyés par lui.
NOUVELLES A LA MAIN
A l'école.
LE PROFESSEUR. - Supposons que huit
d'entre vous avez ensemble 48 pommes,
32 pêches, 56 prunes et 16 melons.
Qu'est-ce qu'aurait chacun de vous?
UN ÉLÈVE. - Mal au ventre.
A table.
Un bavard, qui vient de pérorer pen-
dant une heure, s'adressant à l'un des
convives :.
- Vous ne parlez pas, monsieur X?...
M. X..., avec son plus doux sourire :
- Je craindrais de vous priver !
ÉLECTION LÉGISLATIVE
NORD
Inscrits : 363 401. - Votants : 266.550
MM. Général Boulanger, rad... 173.272 Elu
Foucart, rép 73.731
Emile Moreau, rad 9.642
L4 JOURNÉE DE BOULANGER
Fidèle à ses habitudes, le Figaro
prend l'actualité où elle est... A tort ou
à raison, M. Boulanger est l'homme du
jour. Un duel se trouvait hier engagé
entre lui et le gouvernement. Comment
le général se tiendrait-il sous les armes?
Serait-il tranquille ou nerveux ? Que fe-
rait-il du matin au soir? Attendrait-il
impatiemment la fermeture du scrutin,
les premières nouvelles de l'élection ? Le
Figaro connaît bien ses lecteurs. Il sait
que tout cela les intéresse. Aussi étions-
nous de bonne heure à l'Hôtel du Louvre
où, malgré ce qu'on a dit, le général loge
toujours avec sa famille.
Appartement bien simple. Un salon,
qui sert de salle à manger et de bureau,
précède les chambres à coucher. Pas
d'antichambre. Le groom de l'hôtel,
quand il apporte une carte, se glisse par
un étroit entrebâillement, pour que le
visiteur ne voie point ce qui se passe
dans la pièce.
La recommandation d'Henri Roche-
fort est puissante auprès du général. La
porte s'ouvrit toute grande.
- Donnez-vous la peine d'entrer, me
dit M. Boulanger.
LA MATINÉE
Levé à six heures et demie, le général
avait reçu, à sept heures, son ordon-
nance. C'est avec celui-ci qu'il expédie,
le matin, son courrier. Il y a de la be-
sogne. On ne se doute pas du nombre de
lettres qui lui arrivent. Il y en a de tous
les pays, de tous les formats. Après cha-
que distribution, elles s'amoncellent sur
sa table. On commence, naturellement,
par celles que le facteur a apportées la
veille au soir.
Parfois, un sourire allume les yeux du
général. Un monsieur lui a écrit : « Je
vous en prie, dès que vous connaîtrez le
résultat, ayez la bonté de me le télégra-
phier, car j'ai engagé un fort pari sur
votre succès. » Ou ce sont des vers. Une
longue pièce commence par ce demi-
alexandrin : 0 fils de Jeanne d'Arc...
Autrefois sa fille cadette, Mlle Mar-
celle Boulanger, - des yeux de perven-
che dans de la crème fraîche - aidait
son père dans ce travail. Impossible
maintenant. Les femmes ont partagé
l'enthousiasme des électeurs. 11 y a, dans
le tas, des lettres parfumées qui contien-
nent des choses bien drôles... Passons.
Le générai se hâte de déchirer, .celles-ci.
Il en" passe d'autres a son ordonnance :
« Répondez oui... Dites que je né puis
pas. » Pendant que l'ordonnance écrit,
le général répond lui-même à quelques
lettres.H ya d'un vite ! Ah ! il n'y a pas.
j à s'étonner dos imprudences parfois, ré:
levées dans sa correspondance. A huit
heures .et demie, c'est fini. Il lit ses jour-.
naux, les uns enthousiastes,; les autres
hostiles. T -
- Voyez donc cela. .. ; r
Il me montre un article injurieux, i »
- Eh bien ! oui, fait-il, dans les pre-
miers jours de mon ministère, ces cho-
ses-là me mettaient en colère,. mais on
s'habitue à tout. Un beau jour, je me
suis senti sur la poitrine une belle cui-
rasse que je n'ai pas eu à acheter.
L'ordonnance se retire. Je remarque
que M. Boulanger a des bottes.
- Vous avez l'intention de sortir
aussi, général ? Que je ne vous dérange
pas!...
- Oui , je vais monter à cheval ,
mais ce n'est pas encore le moment.Mon
cheval ne sera qu'à dix heures à l'Arc
de Triomphe. J'irai le trouver en voi-
ture, car s'il venait me prendre ici, on rie
manquerait pas de dire que je veux
me faire acclamer ! Causons. Je vois
bien ce qu'il vous faut. Vous avez dû ap-
porter un appareil pour compter les bat-
tements de mon pouls. Eh bien ! je vous
avouerai que je n'ai nulle inquiétude.
Vous pouvez déclarer qu'à neuf heures
dix,vous m'aveztrouvé absolument sur de
l'élection.Il y aeu deux manoeuvres qui 1110
seront certainement profitables. Hier
soir, mes amis comptaient donner des
réunions. Les opportunistes avaient loué
toutes les salles, non pour parler, mais
pour que les miens n'eussent pas de'lo-
cal. Que s'est-il passé? En trouvant les
portes closes, mes amis ont protesté. Ils
ont parcouru la ville de Lille en criant ù
la persécution.Et puis,ensuite,cette fausse
nouvelle de la mort de l'empereur d'Alle-
magne ! Naturellement tous les murs ont
été, cette nuit, couverts d'une affiche dé-
nonçant la manoeuvre. Elle était bête
commetout, cettefausse nouvelle. Croit-
on que des électeurs, qui ont précisé-
ment l'intention de voter pour moi parce
qu'ilsontconfiance en moi,s'en garderont
parce qu'ils redoutent la guerre ? Mais
la guerre ! s'imagine-t-on que le nouvel
empereur la déclarerait dans les vingt-
quatre heures? Ce qui semble probable,
au contraire, c'est que, pour se rendre
sympathique à son peuple qui désire la
paix, il fera tous ses efforts pour la main-
tenir.
Il disait cela, tantôt assis, tantôt de-
bout. Il se plaît à parler, comme M. Cle-
menceau, en arpentant la pièce.
Le langage- est familier, le geste
simple. Pas de pose, je vous jure. 11 est
vrai que le lieu ne se prête guère à la
solennité. Partout des caisses, les unes
fermées, les autres ouvertes. Sur les
fauteuils, des journaux et toutes ces gra-
vures qu'on vend dans les rues et dont
les éditeurs envoient de belles épreuves
à celui qui leur fait gagner tant d'argent.
- La guerre ! reprit le général. Voulez-
vous que je vous dise comment je la
considère ? Je ne saurais mieux la com-
parer qu'à une partie de cartes. Si vous
jouez à l'écarté, vous croyez avoir beau
jeu quand vous avez en main deux rois
et trois atouts. En guerre, on perd avec
ce jeu-là. C'est bien pis. On perd quel-
quefois avec cinq atouts. Vous faut-il des
exemples? .
Là-dessus, un cours d'histoire mili-
taire dont je lais grâce aux lecteurs.
Mais il était temps de me retirer.
- Si vous voulez reprendre la conver-
sation, revenez à cinq heures. Je déjeune
chez un ami. Je reviens ensuite travail-
ler ici. Ma porte est consignée, mais si
vous frappez à cinq heures précises, je
saurai que c'est vous, et.vous me tâterez
le pouls.
A l'heure dite, je gravissais les trois
étages qui mènent à l'appartement du
général.
Il était en train de corriger des épreu-
ves. Cela nous attire toujours, nous au-
tres.
- Eh ! oui, je suis un confrère. J'ai
même ce que cherchent un si grand nom
bre d'entre vous, un éditeur. Par malheur,,
je suis engagé avec lui. C'est même lui
qui se charge de faire annoncer le titre
de mon ouvrage. Tout ce que je puis
dire,c'est qu'il n'est nullement politique.
- C'est une étude militaire, alors ?
- Naturellement.
- Et quelle est, selon vous, la plus
grande force militaire?
- Oh ! ma théorie est bien simple. Il
faut qu'une armée ait l'effectif le plus
nombreux, les armes les plus solides,
les plus légères, les plus promptes, les
officiers les plus habiles, les plus capa-
bles, mais rien, vous m'entendez, rien
ne vaut et ne vaudra jamais l'élan des
troupes confiantes en leur chef.
- Et on aurait confiance en vous, gé-
néral. Mais songez-vous à l'effrayante
responsabilité que vous auriez si nous
avions la guerre ?
J'y songe si bien que, pour moi, ce
serait fa victoire ou la mort.
Et il dit cela, non plus avec simplicité,
mais avec urfe froide gravité dans la
voix. Il reprit :
- Oui, la mort, car je vous jure que
je ne ferais pas comme...
Ici un nom qu'il est bien inutile que je
répète. -
- Permettez, général, il y a une ques-
tion que je suis prié de vous adresser.
Admettons que vous soyez élu ce soir.
Vous bornerez-vous à être député du
Nord ou laisserez-vous poser votre can-
didature autre part? Perpétuerez-vous
enfin l'agitation?
- Je vous dirai la vérité. Oui, il entre
dans mon plan de perpétuer l'agi-
tation jusqu'à ce que nous ayons
obtenu la dissolution. Tous ceux qui
voteront pour moi , il n'y a pas
à le dissimuler, veulent la dissolution.
Mais est-il nécessaire pour cela que je
reste député du Nord ou que j'entre-
tienne, comme vous dites, l'agitation
électorale ? Je ne pourrai le dire qu'a-
près les premières séances de la Cham-
bre.
Et on causa de tout ou de tous.
Le général n'a pas moins de curiosité
Le Numéro : io cent. à Paris, 20; cent, dans les Départements.
Lundi 16 Avril 1888
FRANCIS MAGNARD ^
Rédacteur en chef
A. PÉRIVIER
Secrétaire de la Rédaction
RÉDACTION
DE MIDI A MINUIT, RUE DROUOT, 26
Les manuscrits ne sont pas rendus
tOBLICITé CE 1» ET DE 2* FAGB
86, rue Dromot
LE FIGARO
UU Ji mmmm IL
1 ' - - ' '. ' "> - ~ ^ -""M v v . - - - « ; *-
H. DE V1LLEMESSANT"
Fondateur
FERNAND DE RODAYS
Administrateur
fari» : Trois Moi» 16 fr. 1t
Départements . Trois i(où 19 fr. 50
Union Postale : Trois Mois...., ai fr. 50
ANNONCES, RÉOAMES ET PETITES G METTES
iDoSilngen Fils, Bëgajr et C;"
56, KTJE GRINBE-BATELIÉRE ET AU FIGARO, BUE DROEOT, 26
SOMMAIRE
HENRY FOUQUIER : L'Homme populaire.
"Election, du général Boulanger,
ta Journée de Boulanger.
Mondanités. .
Assemblée dès. Gens de Lettres.
ni POPULAIRE
M. Boulanger est élu. C'est Boulange
qu'il leur fallait... Ils ont Boulange I Car
on dit familièrement : « Boulange »,
comme on disait Badinguet. Familiarité
de la foule pour ses amoureux. La lutte,
cependant, a été chaude. Les bons avis
n'ont pas manqué au roi Populus, au
terrible souverain que nous nous som-
mes donné et qui n'écoute plus ses pré-
cepteurs. Les hommes avisés et sages du
parti monarchique, les constitutionnels,
les républicains traditionnalistes, les ra-
dicaux, les socialistes eux-mêmes ont eu
beau, sur des tons divers, avertir, caté-
chiser, menacer les électeurs. Rien n'y
a fait. Bans cette élection tumultuaire, la
discussion a été impossible, partout
étouffée. Les missi dominici du Préten-
dant ont pu respecter et suivre sa consi-
gne de ne s'engager avec, aucun parti
pour pouvoir se servir de tous.
Dans ce département du Nord, très
divisé par les questions de religion et
très passionné pour elles, on ne leur,-a
même pas demandé ce que M. Boulanger
pensait de là séparation de l'Eglise et de
l'Etat. Pas une voix n'a interrompu leurs
boniments pour crier : Et le Tonkin ? Un
plumet sur une face masquée... Cela a
suffi. Le fusil Lebel s'appelle « Lebel »,
parce qu'il a été inventé par M. Boulan-
ger. Ges choses sont crues. Et M. Ver-
goin, qui est audacieux, a été discret en
n'ajoutant pas que M. Boulanger avait
inventa la poudre. Une sorte d'acclama-
tion de la rue s'est élevée là-bas, cou-
vrant les voix courageuses et sages,
acclamation furieuse, puissante et obs-
cure à la fois, grondement lointain en-
core d'une inondation qui s'avance, dont
le bruit nous arrive, inquiétant. Car, si
si ce coup de folie n'est pas encore un
danger immédiat et sans remède, c'est
une menace. L'aventure est commencée.
Si elle n'exposait quê les partis, qui ont
presque tous tant de fautes criminelles
à se reprocher, le mal serait moindre.
Mais l'Europe? Mais la Patrie?
.V ###
Je crois encore et j'espère que la chose
durera peu. Mais, pour l'heure, M. Bou-
langer est, dans beaucoup de milieux et
dans les endroits les plus divers, l'hom-
'me populaire. Son culte, disait un poète
qui juge la politique de haut, est mysti-
que. Il ne se discute pas plus qu'un mi-
racle. On a beau, dans la presse soule-
vée, accoler à cette popularité des épi-
thètes aussi justes que dédaigneuses,
l'appeler éphémère et malsaine, lui don-
ner, avec une ironie académique, le nom
de « famosité», on a beau montrer qu'elle
vient du néant pour aller à l'inconnu,
elle existe. Et, en quelques semaines,
après des actes d'énergie ou des coups
de bonne guerre qui ont jusqu'ici tourné
contre leurs auteurs, ministère, gouver-
nement,'nation en sont venus à devoir
compter avec un homme dont ceux-là
mêmes qui ont pris à l'entreprise sa re-
nommée et sa fortune ne parlent qu'avec
un sourire, disant, avec un cynisme
cynique d'aventuriers, qu'on peut tout
attendre de leur héros justement parce
qu'il n'a rien fait.
C'est un phénomène, au sens que les
anciens attachaient à ce mot quand ils
parlaient de quelque force mystérieuse
de la nature, dont ils voyaient l'effet
sans en pénétrer la cause. Pourtant, en
examinant les choses de sang-froid, on
doit pouvoir s'en rendre compte. On doit
pouvoir isoler, un à un, les facteurs or-
dinaires de la popularité, de cette popu-
larité que Barbier, en poète, calomniait
et flattait peut-être à la fois en l'appelant
la grande impudique, et qui n'est,si sou-
vent, que la grande nigaude I
###
La popularité ne se trompe pas tou-
jours et s'attache, parfois, à des noms
qui en sont dignes. Quand Lamartine,
après une révolution dont nous aurions
pu faire l'économie - mais nous som-
mes prodigues en cette matière !-fit en-
tendre à la France le langage d'un grand
honnête homme vaillant, mêlant la rai-
son qui parle à l'esprit et les illusions de
poète qui parlaient au coeur, la France
éçouta, ne fût-ce qu'une heure. Cela ne
dura pas, il-est vrai; et, qui sait? les
foules sont peut-être comme les indivi-
dus, surtout les femmes, qui s'attachent
souvent avec plus d'âpreté à défendre
une erreur qui les passionne qu'à défen-
dre une idée juste et droite. Credo quia
absurdum est un des plus grands mots
qui soient sortis des lèvres humaines 1
Mais, enfin, quand on voit combien peu
ont duré de légitimes popularités, quand
on se rappelle Wellington, le vainqueur
de Napoléon, lé sauveur héroïque de
l'Angleterre, obligé de faire blinder les
fenêtres de sa maison contre les pierres
jetées par la foule, on peut croire qu'une
popularité ne sera pas éternelle par cela
seul qu'elle ne repose sur rien. Sur rien,
du moins, qui appartienne à l'homme
qui en est l'objet ; car si M. Boulanger
garde une heure pour se reprendre et se
juger lui-même, s'il n'en est pas arrivé
déjà à l'affolement des hommes qui
marchent sans savoir où ils vont, regar-
dant au ciel une étoile qui les hypnotise,
il doit être étonné comme le personnage
" de féerie qui croit s'endormir sur terre
et se sent enlevé dans la lune !
Mais, et c'est là ce qui fait la tristesse
du philosophe et l'effroi légitime du po-
litique, un grand mérite n'est pas néces-
saire pour être populaire, surtout dans
un pays de suffrage universel. La foule
souveraine a des enthousiasmes compa-
rables à la panique sacrée que les an-
ciens faisaient venir d'un Dieu, ne sa-
chant l'expliquer autrement. Ce n'est
pas,. cependant, que les popularités in-
justifiées soient des popularités sans
cause. Celle de M. Boulanger, comme
tout aujourd'hui, peut aisément s'analy-
ser ; et peut-être, en sachant d'où elle
vient, ne serait-il plus bien difficile de la
faire s'évanouir comme elle est venue,
orage d'un jour d'été?
- Il serait excessif d'aller jusqu'à dire
qu'un homme peut devenir populaire
sans avoir aucune qualité personnelle.
Le-miracle, c'est- l'écart "prodigieux entré
ce que ces qualités comportent de noto-
riété restreinte et la gloire de l'homme
populaire. M. Boulanger est un officier
brave, comme le sont - par définition
et, heureusement, en réalité - tous nos
officiers. Il a fait son devoir contre l'Al-
lemand et aussi, ferme, il paraît - con-
tre les Parisiens de la Commune-Il est
joli garçon, avec sa barbe, malgré son
vague regard, semblable à celui du prince
Louis-Napoléon : on prétend que c'est
l'avis des dames. Il monte bien à cheval
et son destrier noir est une belle bête, à
qui un reporter enthousiaste a trouvé un
air très intelligente. Bref; il est décora-
tif. Et c'est pour cela que M. Clémen-
ceau, entre autres services rendus à son
parti, lui a rendu celui de l'inventer et
de le faire ministre. Voilà pour l'homme.
Tout le reste ne lui appartient pas. Tout
le reste est l'affaire du hasard et des cir-
constances.
Il a trouvé non un parti, car qui dit
parti dit programme, mais des partisans
0ns le monde politique et dans la
presse. Partisans venus de tous côtés,
des points les plus éloignés : gentlemen
élégants et riches, qui vont au Bois,
botte à botte, avec lui ; bonapartistes
autoritaires, monarchistes pressés, radi-
caux et socialistes à tous crins. Cet état-
major aux panaches variés, comme un
état-major d'officiers étrangers aux jours
de grande revue, a des mobiles aussi di-
vers que ses origines. Quelques-uns ont
fait penser à ce que Salluste disait des
premiers partisans de Catilina, ambi-
tieux sans scrupules, débiteurs malheu-
reux, amants scandaleux des courtisanes
romaines, déclassés qu'une révolution
seule peut remettre en selle. J'aime
mieux, selon un autre mot de Salluste,
mettre tout sur le goût de la nouveauté,
qui hante la jeunesse et, aussi, des vieil-
lesses restées trop jeunes... Mais un
état-major, si hardi et si actif qu'il soit,
propage la popularité et ne la crée pas,
si elle n'a pas de raison d'être plus pro-
fonde que les ambitions ou les besoins
de quelques hommes. Quoi qu'en ait dit
V. Hugo, qui a parlé en poète, je n'ai ja-
mais cru que la France se fût faite impé-
rialiste uniquement pour que M. de Per-
signy pût payer sa blanchisseuse et
parce que M. de Girardin était de mau-
vaise humeur.
C'est à l'homme qui a été le plus popu-
laire au monde peut-être, à Napoléon I",
qu'il faut demander de quoi se fait une
popularité de circonstance. Voici ce qu'il
a écrit sur lui-même, en parlant des rai-
sons qui firent Brumaire facile : « Lors-
qu'une déplorable faiblesse et une versa-
tilité sans fin se manifestent dans les
conseils du pouvoir, lorsque cédant tour
à tour à l'influence de partis contraires
et vivant au jour le jour, sans plan fixe,
sans marche assurée, il a donné la me-
sure de son insuffisance, et que les ci-
toyens les plus modérés sont forcés de
convenir que l'Etat n'est plus gouverné,
lorsque, enfin, à sa nullité au dedans
l'administration joint le tort le plus
grave qu'elle puisse avoir aux yeux d'un
peuple fier, je veux dire l'avilissement
au dehors, alors une inquiétude vague
se répand dans la société, le besoin de
sa conservation l'agite, et promenant sur
elle-même ses regards, elle semble
chercher un homme qui puisse la sau-
ver. »
Remplacez le mot « avilissement vis-à-
vis de' l'étranger » par le mot inquiétude
ou espérance, et vous aurez, tracé par
une main d'écrivain admirable, un ta-
bleau de l'état de notre pays. Je né ré-
crimine pas, je constate. A qui que ce
soit qu'on doive s'en prendre, sottise des
uns, entêtement des autres, tout, dans
le pouvoir, s'effondre; tout, dans l'opi-
nion, s'affole. L'heure de l'homme popu-
laire avait sonné...
Cet homme, Napoléon (et pour cause)
estimait qu'il devait avoir du génie. C'est
absolument inutile. Un hasard désignera
l'homme qui sera le « lien commun » des
mécontents : la voix de M. Paulus sera
assez autorisée pour le nommer à la
foule. C'est le cas précis de M. Boulan-
ger. Et, cette désignation Une fois faite,
rien n'entamera - pour quelque temps
- la popularité de cet homme. Dan» le
patriotique pays de France, il pourra
laisser peser le soupçon sur les chefs de
notre armée ; dans notre nation loyale et
chevaleresque, il pourra, en plein Sénat,
mentir pour désavouer un vaincu ; il
sera impunément la guerre pour M. Dé-
roulède, la paix pour nos pacifiques
paysans; il troublera la rue et, ô"folie
suprême ! il sera l'espoir des conserva-
teurs. M. Clovis Hugues, en vers, M. Ro-
chefort, en prose, feront de son sabre
« l'ancre de nos libertés ». Et il lui suf-
fira de mettre des lunettes bleues pour
que de fiers républicains ne voient pas
en lui, dans son ombre où manque le
rayon de la victoire, le visage de Bona-
parte 1
###.
Ainsi vont les choses. Ainsi se font
les popularités, en dehors de la raison
et de la justice! Et notre espoir reste
seul que la folie est trop forte pour
devoir durer ! Il se peut que l'élection
du Nord soit l'apogée de cet astre qui,
comme les comètes, est fait de matière
sans consistance et d'un panaché flam-
boyant... Les partis, menacés tous en-
semble par un homme qui ne pourra pas
indéfiniment faire croire qu'il les sert
tous, sauront se remettre de cette alarme,
se faire les concessions nécessaires, sau-
ver - ce qui est tout - la France des
aventures. Peut-être,-car il faut savoir
tout bien prendre, avions-nous besoin
de cet avertissement? Et, la leçon com-
prise, pourrons-nous bientôt redire avec
LaRochefoucault,en voyantle nouvel élu
s'asseoir à la Chambre, où il ne saura
que faire, que la popularité brille comme
une étincelle et s'éteint souvent au mi-
lieu des cendres!
Henry Fouquier,
ÉCHOS
LA POLITIQUE
C'est fait : le général Boulanger est
brillamment élu député. ;
Si nous nous en tenions aux lois de lj|
logique, son entrée dans la Chambre;
sans mettre im à-l'agitation boulangiste,
en diminuerait beaucoup l'acuité et com-
mencerait à créer des embarras au gé-
néral. - _ ;
_ Bien des échelons le séparent encore
non seulement de la présidence de la
République, but naturel des ambitions,
qu'il peut avoir et de. celles que l'on a
pour lui, mais même d'une rentrée au
ministère.
Il faut, en premier lieu, qu'il se crée
autour du général, dans la Chambre, un
parti qui n'y existe encore qu'à l'état
rudimentaire.
Il faut que l'on vote d'abord à la Cham-
bre, puis au Sénat, le principe de la re-
vision.
H faut que cette revision porte, entre
autres choses, sur le mode de nomina-
tion du Président de la République, qui
serait transféré du congrès des deux
Chambres au suffrage universel, comme
en 1848.
La dissolution de la Chambre, autre
chapitre du programme Boulanger, ne
peut être, obtenue que par l'accord du
Président de la République et du Sénat,
qui, sachant ce qui les menace, ne se
prêteraient naturellement pas volontiers
à l'entreprise.
A première vue, il semblait donc, et
j'ai moi-même partagé cette impression,
que la nomination du général Boulanger
comme député était un excellent moyen
de neutraliser son action ; par malheur,
les épisodes comme celui auquel nous
assistons ne se règlent pas d'après le bon
sens et la raison. Nous nageons en plein j
dans l'absurde et dans l'inattendu.
Puis, le boulangisme correspond à une
telle poussée d'opinion qu'il n'acceptera
point l'enterrement parlementaire ; quels
procédés il emploiera pour continuer
l'agitation, je ne le sais pas, mais tenez
pour certain qu'il en trouvera, que la
complicité du pays lui en fournira.
Il est acquis dès à présent que l'oppo-
sition à la République parlementaire,
jusqu'ici incertaine, hésitante, désorien-
tée, a trouvé sa formule : les bonapar-
tistes d'un côté, les monarchistes de
l'autre (ceux-ci avec moins d'entrain),
croient ou feignent de croire que le brav'
général n'est qu'un Précurseur, prépa-
rant les voies au Fils de l'Homme.
Cette conviction est touchante, mais il
est difficile de l'accepter sans rire. D'ail-
leurs,quand on presse un peu ces conser-
vateurs, ils se défendent d'être naïfs et
gobeurs, et ils finissent par vous deman-
der si vous trouvez le général très infé-
rieur à M. Carnot, M. Laguerre indigne
de piger avec M. Floquet, etc., etc.
C'est une opinion, à laquelle, en de-
hors des préoccupations et des inquiétu-
des conservatrices, se rallient tous ceux
qui souffrent de la crise, qui paient mal
leurs billets, qui vendent mal leur blé
ou leur bétail, qui voient diminuer les
commandes et chômer leurs usines, tous
ceux qui se sentent gênés, humiliés, me-
nacés, inquiets du lendemain, agacés de
tourner dans la politique parlementaire
comme des chevaux de manège.
J'ai peur que ces mécontents ne prati-
quent la politique chère à Gribouille,
laquelle consiste, comme vous savez, i
à se jeter dans l'eau de peur d'être
mouillé; mais je regarde, j'écoute, je
suis frappé d'un mouvement extraordi-
naire et je n'ignore pas qu'il est impos-
sible d'empêcher un peuple de faire une
bêtise dont il a envie. - F. M.
La Température
Le baromètre a continué à descendre sur
l'Europe occidentale. Des perturbations exis-
tent évidemment au large de l'Océan et s'avan-
cent vers nous. On a signalé des pluies en Ir-
lande, sur nos côtes de l'Océan, dans plusieurs
stations de l'Allemagne et de Russie. En France,
où le temps va rester doux, des pluies orageu-
ses sont probables sur toutes les régions.
La température a monté sur la France, les
Pays-Bas et le Danemark. Thermomètre, hier
matin : 12° au-dessous de zéro à Arkangel, o° à
Moscou, 7° au-dessus à Berlin, II° à Paris,
12° à Nice et 17° à Alicante. A Paris, ciel nua-
geux, température orageuse ; le thermomètre a
monté à 1 y". Le baromètre, en baisse rapide,
était tombé hier matin à 753mm, mais il mani-
festait, le soir, une légère tendance à remonter.
A dix heures du soir, pluie.
Monaco. - Ciel couvert. Barom. 759mOE.
Therm. min. : io°i ; max. : i6°3.
Les Courses
Aujourd'hui, à deux heures, courses à
Vincennes. Gagnants de Robert Milton :
Prix d'Avron : Déesse.
Prix de Bondy .- Nogaret.
Prix du Raincy : Pulchra.
Prix de Rosny : Argyr.
Prix de Saint-Mandé : Rêve.
Prix des Buttes .- Fantine.
*** ; :
Au Concours hippique, à trois heures,
Fête donnée par l'armée au profit de la
Société de Secours aux blessés. Ouver-
ture dès portes à une heure.
A TRAVERS PARIS T
Le colonel Lichtenstein, remplissant
les fonctions de secrétaire général de la
Présidence en l'absence du général Bru-
gère, a télégraphié au maire d'Agen que
M. le Président de la République-le re-
cevrait aujourd'hui lundi, à dix heures
et demie du matin.
C'est dans cette entrevue que seront
arrêtés l'heure de l'arrivée du Pré-
sident de la République à Agen et les
derniers détails du programme de la ré-
ception.
Dans le monde :
Le baron de Mackau, le très dévoué
président des droites, recevra tous les
jeudis soir dans son hôtel de l'avenue
d'Antin.
lia première réception aura lieu le 19
avril, et la dernière le 17 mai.
, -
Le bal donné avant-hier par la ba-
i ronne Rodolphe Hottinguer a été un des
I plus réussis de la saison. Beaucoup de
monde et de. jolies toilettes. Le cotillon
, a commencé à"une heure et demie. - "
Etaient présentes la duchesse de
Boudeauville en blanc et lilas, la du-
chesse d'Uzès, la duchesse de Maillé, les
> baronnes Alphonse et Gustave de Roths-
child, la vicomtesse de Courval, la com-
tesse d'Haissonville, là marquise d'Her-
vey de Saint-Denys, la comtesse de Chevi-
gné, la comtesse Pillet-Will, Mme de
Brantes, la vicomtesse d'Itajuba, la ba-
ronne de Noirmont, la marquise de La-
borde, Mlles de Maillé, de Courval, de
Fougères, ec.
On a dansé jusqu'au jour.
S. Exc. Merry del Val, ambassadeur
d'Espagne i Vienne, vient d'arriver à
Paris, où il est descendu à l'hôtel Mira-
beau.
Il est accompagné de sa famille et
compte passer quelques jours parmi
nous..
La Commission des Beaux-Arts du
Conseil municipal visitera aujourd'hui à
deux heures l'Exposition de la Société
des Artistes indépendants.
Cette exposition est installée àu pavil-
lon de la Ville de Paris.
On célèbre aujourd'hui, à l'église
Saint-Germain-l'Auxerrois, le mariage
de M. Jacques Tardieu, avec Mlle Marie
Gondinet, nièce de M. Edmond Gondinet,
le charmant auteur dramatique.
M. Tardieu, auditeur au Conseil d'Etat,
est le fils du bibliothécaire de l'Institut.
Profitons de cette occasion pour an-
noncer que M. Gondinet est heureuse-
ment rétabli de la longue indisposition
qui l'avait tenu éloigné de ses nombreux
amis.
M. Emile Ollivier, qui avait passé tout
l'hiver à San Raphaël, est rentré hier à
Paris.
Il s'esV réinstallé pour plusieurs mois
dans son petit hôtel de Passy.
Quelques-uns de nos confrères conti-
nuent à s( demander d'où vient l'argent
dépensé lans la propagande boulan-
giste, et jusqu'à présent, toutes les hypo-
thèses sur ce sujet délicat ont été con-
trouvées. ' . .
On a mis en avant tout d'abord M.
Mackay et M. Mackay nous à prie,hier,
de décider "en son nom et au nom de sa
famille qu'il était étranger à ' tous ces
incidents.
Ou a parlé ensuite de notre excellent
confrère, M. Gordon Bennett, directeur
du New-York Herald.
NJUS pouvons là encore donner le
mène démenti : M. Gordon Bennet n'est
pour rien, et à aucun titre, dans la pro-
pagande boulangiste. Il ne s'est jamais
occupé, d'ailleurs, de la politique fran-
çaise, et nous croyons bien qu'il a l'in-
tertion de ne jamais s'en occuper.
Très brillante soirée, hier, chez Mme
Campbell-Clarke, la femme de notre ai-
mable confrère du Daily Telegraph.
Mme Nevada-, la prima dona améri-
caine, une des étoiles "de l'Opéra-Comi-
que, a chanté le grand air de la Tra-
viata, une mazurka de Diemer et. les
JEnfants. M. Massenet a accompagné M.
Talzac dans l'air du Cid, puis M. Tala-
zac et Mme Nevada dans le duo de
Lahmé, qui a été très applaudi.
Grand succès aussi pour M. Lassalle
dans le Rêve du Prisonnier, pour Mlle
Lépine, Mlle Strakosch, nièce du célèbre
professeur d'Adelina Patti; Mme Roger-
Miclos, qui a joué la marche de Tannhau-
ser, arrangée par Liszt, et pour Mlle Ha-
damard, de la Comédie-Française, qui a
d;t des poésies de Victor Hugo et de Jean
Rameau.
Parmi les assistants : le général Na-
zare-Aga, ministre de Perse ; le comte
Lovenhaupt, M. de Giers, le prince Trou-
betzkoï, major Freedericksz et la ba-
ronne Freedericksz, le comte de Leyden,
M. et Mme Schon, M. Welby, M. de Bun-
sen, M. Austin Lee et M. Townley, de
l'ambassade anglaise ; M. Criesis, M. et
Mme Flourens, Mme et Mlle Magnin,
M. Cochery, !e marquis Barthélémy, M.
et Mme Gye, Mmes Winslow, Mme
Mounsey, Mme Lippmann, M. Clairin,
M. Détaillé, etc., etc.
C'est par erreur que les journaux ont
annoncé la mort de M. Nobel, inventeur
delà dynamite.
C'est son frère qui vient de succomber
après une longue maladie.
Quant à l'inventeur de .la dynamite,
qui habite Paris depuis de longues an-
nées, il est en excellente santé et a reçu
lui-même hier, dans son hôtel de l'ave-
nue Malakoff, les nombreux amis qui
s'étaient effrayés des mauvaises nou-
velles données le matin à son sujet.
Notre confrère Charles Raymot, di-
recteur de YAvenir des Chemins de fer,
prépare en ce moment un ouvrage fort
intéressant qui aura pour titre : His-
toire chronologique des Chemins de fer
français.
Cette histoire commencera avec l'ins-
tallation du premier chemin de fer fran-
çais, le 27 août 1837, et l'ouverture à l'ex-
ploitation de la première ligne de Paris
au Pecq, .
Un détail curieux : M. Blount,qui pré-
side aujourd'hui la Compagnie de l'Ouest,
faisait déjà partie du conseil qui installa
cette première ligne française.
Le prochain Salon :
Miss Kate Morgan : portrait de Mlle A.
L...
M. Attendu : les Portugaises et le La-
pin de garenne.
Mme Elisa Bloch : Virginius, groupe
bronze, et portrait de Mme de C... (buste
marbre).
_ M. Nils Forsberg: la Fin d'un Héros.
{Souvenirs du siège de Paris).
M. Quinsac : la Tentation.
M. Dameron : la Passerelle, la Seine à
Villennes (matinée d'automne).
M. Georges M. Stone : portrait de
Mme A... - ; ? -
; Mme Camille Isbert : Miniatures.
Mllé Louise Maccaud ; : Portrait de
Mlle Rose Denis, petite-fille de notre
confrère Achille Denis. . . ??
M/And ré Sinet : Un pastel et le Por-
trait de M. V. Courbouleix.
Demain a lieu, sous la présidence du
comte Ferdinand de Lesseps, le dîner de
l'Association amicale des fonctionnaires
et agents du ministère des affaires étran-
gères.
La réunion a lieu à sept heures et de-
mie, au Grand-Hôtel.
HORS PARIS
L'arrivée de la reine Victoria à Char-
lottenbourg est définitivement fixée au
25 avril.
Un architecte anglais est déjà arrivé à
Berlin pour veiller à l'arrangement des
appartements où la Reine habitera.
On commente beaucoup, en Allema-
gne, l'adresse « rédigée en français »
que les dames polonaises ont présentée
l'autre jour à l'Impératrice pendant son
séjour à Posen.
Voici cette adresse :
Madame, . .. >
Les Polonaises souhaitent à Votre Majesté,
aussi humblement que chaleureusement, la
bienvenue ! Sous le coup d'un récent mal-
heur et d'une grande inquiétude, vous vous
êtes décidée à quitter votre auguste Epoux,
notre Souverain, pour visiter,en ange conso-
lateur, ce pays si cruellement éprouvé. Que
Votre Majesté daigne recevoir nos remercie-
ments les plus dévoués pour cet acte de gé-
nérosité qui ouvre nos coeurs à l'espérance,
et qu'elle nous permette de lui exprimer,avec
reconnaissance, les voeux et les souhaits les
plus profonds des coeurs polonais, toujours
sensibles aux actes de magnanimité.
La chambre de commerce de Constan-
tinople s'occupe avec énergie de l'orga-
nisation de la section turque à l'Exposi-
tion universelle de 1889.
Elle a l'intention d'avancer à chaque
exposant turc qui en fera la demande
50 pour cent de la valeur des objets en-
voyés par lui.
NOUVELLES A LA MAIN
A l'école.
LE PROFESSEUR. - Supposons que huit
d'entre vous avez ensemble 48 pommes,
32 pêches, 56 prunes et 16 melons.
Qu'est-ce qu'aurait chacun de vous?
UN ÉLÈVE. - Mal au ventre.
A table.
Un bavard, qui vient de pérorer pen-
dant une heure, s'adressant à l'un des
convives :.
- Vous ne parlez pas, monsieur X?...
M. X..., avec son plus doux sourire :
- Je craindrais de vous priver !
ÉLECTION LÉGISLATIVE
NORD
Inscrits : 363 401. - Votants : 266.550
MM. Général Boulanger, rad... 173.272 Elu
Foucart, rép 73.731
Emile Moreau, rad 9.642
L4 JOURNÉE DE BOULANGER
Fidèle à ses habitudes, le Figaro
prend l'actualité où elle est... A tort ou
à raison, M. Boulanger est l'homme du
jour. Un duel se trouvait hier engagé
entre lui et le gouvernement. Comment
le général se tiendrait-il sous les armes?
Serait-il tranquille ou nerveux ? Que fe-
rait-il du matin au soir? Attendrait-il
impatiemment la fermeture du scrutin,
les premières nouvelles de l'élection ? Le
Figaro connaît bien ses lecteurs. Il sait
que tout cela les intéresse. Aussi étions-
nous de bonne heure à l'Hôtel du Louvre
où, malgré ce qu'on a dit, le général loge
toujours avec sa famille.
Appartement bien simple. Un salon,
qui sert de salle à manger et de bureau,
précède les chambres à coucher. Pas
d'antichambre. Le groom de l'hôtel,
quand il apporte une carte, se glisse par
un étroit entrebâillement, pour que le
visiteur ne voie point ce qui se passe
dans la pièce.
La recommandation d'Henri Roche-
fort est puissante auprès du général. La
porte s'ouvrit toute grande.
- Donnez-vous la peine d'entrer, me
dit M. Boulanger.
LA MATINÉE
Levé à six heures et demie, le général
avait reçu, à sept heures, son ordon-
nance. C'est avec celui-ci qu'il expédie,
le matin, son courrier. Il y a de la be-
sogne. On ne se doute pas du nombre de
lettres qui lui arrivent. Il y en a de tous
les pays, de tous les formats. Après cha-
que distribution, elles s'amoncellent sur
sa table. On commence, naturellement,
par celles que le facteur a apportées la
veille au soir.
Parfois, un sourire allume les yeux du
général. Un monsieur lui a écrit : « Je
vous en prie, dès que vous connaîtrez le
résultat, ayez la bonté de me le télégra-
phier, car j'ai engagé un fort pari sur
votre succès. » Ou ce sont des vers. Une
longue pièce commence par ce demi-
alexandrin : 0 fils de Jeanne d'Arc...
Autrefois sa fille cadette, Mlle Mar-
celle Boulanger, - des yeux de perven-
che dans de la crème fraîche - aidait
son père dans ce travail. Impossible
maintenant. Les femmes ont partagé
l'enthousiasme des électeurs. 11 y a, dans
le tas, des lettres parfumées qui contien-
nent des choses bien drôles... Passons.
Le générai se hâte de déchirer, .celles-ci.
Il en" passe d'autres a son ordonnance :
« Répondez oui... Dites que je né puis
pas. » Pendant que l'ordonnance écrit,
le général répond lui-même à quelques
lettres.H ya d'un vite ! Ah ! il n'y a pas.
j à s'étonner dos imprudences parfois, ré:
levées dans sa correspondance. A huit
heures .et demie, c'est fini. Il lit ses jour-.
naux, les uns enthousiastes,; les autres
hostiles. T -
- Voyez donc cela. .. ; r
Il me montre un article injurieux, i »
- Eh bien ! oui, fait-il, dans les pre-
miers jours de mon ministère, ces cho-
ses-là me mettaient en colère,. mais on
s'habitue à tout. Un beau jour, je me
suis senti sur la poitrine une belle cui-
rasse que je n'ai pas eu à acheter.
L'ordonnance se retire. Je remarque
que M. Boulanger a des bottes.
- Vous avez l'intention de sortir
aussi, général ? Que je ne vous dérange
pas!...
- Oui , je vais monter à cheval ,
mais ce n'est pas encore le moment.Mon
cheval ne sera qu'à dix heures à l'Arc
de Triomphe. J'irai le trouver en voi-
ture, car s'il venait me prendre ici, on rie
manquerait pas de dire que je veux
me faire acclamer ! Causons. Je vois
bien ce qu'il vous faut. Vous avez dû ap-
porter un appareil pour compter les bat-
tements de mon pouls. Eh bien ! je vous
avouerai que je n'ai nulle inquiétude.
Vous pouvez déclarer qu'à neuf heures
dix,vous m'aveztrouvé absolument sur de
l'élection.Il y aeu deux manoeuvres qui 1110
seront certainement profitables. Hier
soir, mes amis comptaient donner des
réunions. Les opportunistes avaient loué
toutes les salles, non pour parler, mais
pour que les miens n'eussent pas de'lo-
cal. Que s'est-il passé? En trouvant les
portes closes, mes amis ont protesté. Ils
ont parcouru la ville de Lille en criant ù
la persécution.Et puis,ensuite,cette fausse
nouvelle de la mort de l'empereur d'Alle-
magne ! Naturellement tous les murs ont
été, cette nuit, couverts d'une affiche dé-
nonçant la manoeuvre. Elle était bête
commetout, cettefausse nouvelle. Croit-
on que des électeurs, qui ont précisé-
ment l'intention de voter pour moi parce
qu'ilsontconfiance en moi,s'en garderont
parce qu'ils redoutent la guerre ? Mais
la guerre ! s'imagine-t-on que le nouvel
empereur la déclarerait dans les vingt-
quatre heures? Ce qui semble probable,
au contraire, c'est que, pour se rendre
sympathique à son peuple qui désire la
paix, il fera tous ses efforts pour la main-
tenir.
Il disait cela, tantôt assis, tantôt de-
bout. Il se plaît à parler, comme M. Cle-
menceau, en arpentant la pièce.
Le langage- est familier, le geste
simple. Pas de pose, je vous jure. 11 est
vrai que le lieu ne se prête guère à la
solennité. Partout des caisses, les unes
fermées, les autres ouvertes. Sur les
fauteuils, des journaux et toutes ces gra-
vures qu'on vend dans les rues et dont
les éditeurs envoient de belles épreuves
à celui qui leur fait gagner tant d'argent.
- La guerre ! reprit le général. Voulez-
vous que je vous dise comment je la
considère ? Je ne saurais mieux la com-
parer qu'à une partie de cartes. Si vous
jouez à l'écarté, vous croyez avoir beau
jeu quand vous avez en main deux rois
et trois atouts. En guerre, on perd avec
ce jeu-là. C'est bien pis. On perd quel-
quefois avec cinq atouts. Vous faut-il des
exemples? .
Là-dessus, un cours d'histoire mili-
taire dont je lais grâce aux lecteurs.
Mais il était temps de me retirer.
- Si vous voulez reprendre la conver-
sation, revenez à cinq heures. Je déjeune
chez un ami. Je reviens ensuite travail-
ler ici. Ma porte est consignée, mais si
vous frappez à cinq heures précises, je
saurai que c'est vous, et.vous me tâterez
le pouls.
A l'heure dite, je gravissais les trois
étages qui mènent à l'appartement du
général.
Il était en train de corriger des épreu-
ves. Cela nous attire toujours, nous au-
tres.
- Eh ! oui, je suis un confrère. J'ai
même ce que cherchent un si grand nom
bre d'entre vous, un éditeur. Par malheur,,
je suis engagé avec lui. C'est même lui
qui se charge de faire annoncer le titre
de mon ouvrage. Tout ce que je puis
dire,c'est qu'il n'est nullement politique.
- C'est une étude militaire, alors ?
- Naturellement.
- Et quelle est, selon vous, la plus
grande force militaire?
- Oh ! ma théorie est bien simple. Il
faut qu'une armée ait l'effectif le plus
nombreux, les armes les plus solides,
les plus légères, les plus promptes, les
officiers les plus habiles, les plus capa-
bles, mais rien, vous m'entendez, rien
ne vaut et ne vaudra jamais l'élan des
troupes confiantes en leur chef.
- Et on aurait confiance en vous, gé-
néral. Mais songez-vous à l'effrayante
responsabilité que vous auriez si nous
avions la guerre ?
J'y songe si bien que, pour moi, ce
serait fa victoire ou la mort.
Et il dit cela, non plus avec simplicité,
mais avec urfe froide gravité dans la
voix. Il reprit :
- Oui, la mort, car je vous jure que
je ne ferais pas comme...
Ici un nom qu'il est bien inutile que je
répète. -
- Permettez, général, il y a une ques-
tion que je suis prié de vous adresser.
Admettons que vous soyez élu ce soir.
Vous bornerez-vous à être député du
Nord ou laisserez-vous poser votre can-
didature autre part? Perpétuerez-vous
enfin l'agitation?
- Je vous dirai la vérité. Oui, il entre
dans mon plan de perpétuer l'agi-
tation jusqu'à ce que nous ayons
obtenu la dissolution. Tous ceux qui
voteront pour moi , il n'y a pas
à le dissimuler, veulent la dissolution.
Mais est-il nécessaire pour cela que je
reste député du Nord ou que j'entre-
tienne, comme vous dites, l'agitation
électorale ? Je ne pourrai le dire qu'a-
près les premières séances de la Cham-
bre.
Et on causa de tout ou de tous.
Le général n'a pas moins de curiosité
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