Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1883-05-04
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 04 mai 1883 04 mai 1883
Description : 1883/05/04 (Numéro 124). 1883/05/04 (Numéro 124).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
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Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
Vendredi 4 Mai 1883
Le Numéro 15 cent, à Paris, 20 cent. dans les Départements
|9* Année. 3e Série Huméro 12£
H. DE VILLEMESSAN
Fondateur
FERNAND DE RODAYS
Administrateur
Abonnements
Départements Trois mois • I 9.fr. 5Q
Paria Trois mois l© fr.
ANNONCES ET RÉCLAMES
DOM.INUBN Fils, SEfiinr ET C1'», 16, rue Grancie-Bateli£r1
• KT « L'ADMINISTRATION
RANCIS M AGNARD
Rédaclewr en chef
A. PÉRIVIER
Setritaire dt la Rédaction
RÉDACTION .1
&• midi à minuit, rue Drouot, 2Ç-V
Zti manuscrits ne sont pas rendvt 1.
BUREAUX 'X^
26, rue Drouot, 28
SOMMAIRE
tA SCULPTURE AU SALON DE 1883 Albert Wolff.
Echos de Paris le Masque de Fer.
CARNET d'un Mondain Etincelle.
LA REINE DE Serbib A Florence G. Gabardi.
LA Commission DU Budget Jules Richard.
OBSÈQUES D'EDOUARD Manet J. V.
L'EMPLOYÉ de Chemins de fer Pierre Giffard.
L'Election DU XVI" ARRONDISSEMENT.
Dieppe Un Dieppois.
PARIS AU JOUR LE Jour Adolphe Racot.
NOUVELLES Diverses Jean de Paris.
TÉLÉGRAMMES ET CORRESPONDANCES ArgUS.
Courrier DES Théâtres Jules Prével.
La. Soirée Théâtrale Un Monsieur du balcon.
SPORT Robert Milton.
FEUILLETON NoRis Jules Clarelie.
LA SCULPTURE
KV
SALON DE 1885
̃-̃ La médaille d'honneur soulève, en ce
qui concerne la sculpture, une question
qui divisera les artistes appelés à voter
la première récompense. La même œu-
vre doit^elle obtenir deux fois la médaille
d'honneur, et-pour le plâtre et pour
l'exécution en marbre? Ou bien cette
médaille d'honneur doit-elle être consi-
dérée comme la plus haute x>ï l'unique
distinction qu'un sculpteur puisse ambi-
tionner pour un même groupe, quelle
que soit la matière que choisit d'abord
l'artiste pour le présenter au Salon 1
C'est le très remarquable groupe les
Premières funérailles, de M. Barrias,
qui soulève cette discussion. Quand le
plâtre parut au Salon de 1878, l'œuvre
fut aussitôt jugée. On décerna à M. Bar-
rias la médaille d'honneur, et ce fut jus-
tice. A présent le groupe revient dans sa
forme définitive, car les œuvres sculp-
turales ne deviennent complètes qu'a-
près l'exécution en marbre ou en pierre,
c'est-à-dire dans -la matière dure. Le
plâtre a des séductions et même des
jongleries dont le marbre dégage un
groupe. La main de l'artiste laisse son
empreinte dans la terre on la voit cou-
rir, fiévreuse ou habite elle se trahit
par'des petits rien dans la facture qui
'donnent un charme particulier à l'œu-
vre: Dans la terre, le sculpteur a son
doigté comme le pianiste; dans le.mar-
bre, la virtuosité disparaît parce que
les petits moyens d'exécution ne sont
pas possibles; l'œuvre se nettoie, comme '1
on dit, ce qui veut dire qu'elle se pu-
rifie- ̃•
Le groupe de M. Barrias a le mérite
de garder dans le marbre toutes les qua-
lités de 1878. J'estime que l'artiste n'a pas
laissé au praticien la bride sur le cou,
ainsi "que cela se fait trop souvent. Les
statuaires contemporains prennent leurs
aisés avec le marbre; ils s'en rapportent
le plus souvent à 1 habileté du praticien
et ne donnent que les dernières retou-
ches: à leur œuvre ils ont tort. Sans
doute, il n'est pas ulile qu'un homme de a~
valeur perde son temps à dégrossir le
marbre; c'est l'affaire de l'artisan habile.
Mais une fois le travail achevé, le sculp-
teur doit reprendre le ciseau et le mail-
let, rendre à son marbre la vie que le
• praticien lui fait perdre souvent et lui
restituer le sentiment des détails. M.
Barrias, j^ensuis certain, a beaucoup tra-
vaillé à son groupe; il est fort beau,
il s'est ennobli et c'est vraiment une très
belle œuvre.
Les premières créatures humaines en-
lèvent le- premier mort; Adam, c'est-à-
dire l'homme, porte le corps de son en-
fant en terre le regard est attaché sur le
précieux fardeau avec une'expression de
douleur virile. Eve, qui marche à ses
côtés, a pris la tête de l'enfant dans ses
mains et la couvre dé baisers elle
s'abandonne à l'explosion de sa souf-
france. M. Barrias a de la sorte marqué
avec une rare puissance dans l'une de
ses figures, et avec une grâce attendrie
dans l'autre, le deuil paternel contenu
par un effort d'énergie, et la douleur ma-
ternelle qui déborde. La grande diffi-
culté dans cette œuvre est le cadavre.
Ici il fallait opter; aborderle réalisme qui
imposait la rigidité du corps,peu sculp-
turale et qui eût fait descendre l'oeuvre
dans le réalisme pur ou bien il fallait
idéaliser la mort dans un but d'art;
donc M. Barrias était contraint de
faire aux exigences de la sculpture le
sacrifice de la vérité absolue il a sur-
monté cette difficulté en maintenant le
cadavre de l'adolescent dans une allure
qui lui laisse jusqu'à un certain point
la souplesse de la vie le corps n'est pas
encore entièrement refroidi; les chairs
ont encore conservé un reste de la vie
qui les a fait palpiter" aussitôt le dernier
souffle rendu, on emporte le mort; les
membres ne sont pas encore entièrement
roidis et permettent de fa sorte de re-
chercher même dans la forme de ce corps
éteint comme un souvenir de la vie qui
s'est envolée.
Devant une œuvre de ce mérite, il,ne
faut pas s'arrêter outre mesure aux rares
points, je ne dirai pas défectueux, mais
moins complets que le reste. La tête
d'Adam, notamment, d'une belle et très
noble expression, paraît un peu courte
niais, en regardaht bien, on trouverait
un coin discutable dans les plus grandes
œuvres. C'est l'affaire des confrères de
M. Barrias de chercher ce qu'on appelle
« la petite bête » dans un pareil mor-
ceau. Notre rôle est d'applaudir à un si
magnifique effort et de nous réjouir de
qu'une œuvre de cette valeur jette
sur le Salon. Reste à savoir maintenant
s'il est utile de donner une deuxième
fois la médaille d'honneur à M. Barrias
̃ pour le même groupe. Les sculpteurs
français qui distribuent la plus haute
récompense trancheront cette question.
Je sais qu'ils sont divisés à ce sujet et
que le vote dans un sens ou dans
l'autre ne sera pas enlevé en un seul
tour de scrutin.
II
Dans la liste des sculpteurs récompen-
sés, M. Jules Dalou ne figure que pour
une troisième médaille remportée en
1870. Treize ans après, je retrouve l'ar-
tiste avecuneexposition magnifique pour «
laquelle une médaille de première classe
paraîtrait insuffisante et qui appelle la
Médaille d'honneur. Entre les deux
dates, il y a eu des événements ter-
ribles dans lesquels Dalou a joué
un rôle purement platonique en prenant
possession du ministère des Beaux-Arts,
égarement qui lui a valu un long exil en
Angleterre.
Permettez-moi de ne pas insister sur
ces souvenirs et de ne prendre que l'ar-
tiste distingué du Salon de 1883 pour le
mettre à son plan. Il est certain que le
talent est considérable, tout à fait hors
ligne; il se manifeste dans deux œuvres
de même importance, alors que l'art dé-
ployé dans l'une ne ressemble point à
l'art qui distingue l'autre. La glorification
de la Républiques inspiré à l'artiste l'un de
seshauts-reliefsquitous deuxsortent ab-
solument des rangs. Fasse le ciel que ce
rêve de sculpteur, pétri dans la terre,
devienne une réalité Ce serait la fin des
déchirements et la réconciliation des
hommes dans un sentiment de frater-
nité. Cette hallucination a enflammé les
cervelles et fait battre les cœurs à tra-
vers les âges sans qu'il y ait rien de
changé dans les mœurs sanguinaires des
peuples.
Voyons le rêve de M. Dalou.
Le sculpteur a donc entrevu l'avène-
ment de la Concorde sous la République
et par elle,.douce illusion, démentie par
tout ce qui nous environne. La guerre
est à jamais abolie. Les tambours crevés
gisent à terre à côté des armes à feu
devenues inutiles. A droite, un citoyen
accroupi semble briser la dernière épée;
au centre de la composition, deux hom-
mes se sont jetés dans les bras l'un de
l'autre; ils s'embrassent, tandis que les
mains se sont trouvées et se tiennent
enlacées avec une énergie qui tend à
prouver que rien ne désunira désormais
l'humanité; à gauche, les femmes rassu-
rées avec leurs enfants souriants, heu-
reux dans cet élan de fraternité. La Paix
est plus. haut, réunissant en un seul
faisceau tous les drapeaux, comme pour
indiquer que désormais, il n'y en aura
plus qu'un seul pour tous. Des génies
apportent des guirlandes de fleujs pour
les trophées de la paix, que la Répu-
blique couronne de lauriers. Sur le tout
plane, la Loi, ou si vous voulez, la Jus-
tice, contemplant ce spectacle qui est
l'avènement de son règne.
Voilà bien des choses pour une seule
page, se dira sans doute le lecteur, et il
aura parfaitement raison. Ce trop plein
de la composition est certainement plus
du domaine de la peinture allégorique
que de celui de la sculpture. Aussi la
première impression de ce haut-relief
fait songer à un tableau de Rubens. Mais
c'est un beau morceau tout de même, un
fier morceau et qui a la qualité supé-
rieure de rester' dans l'art pureme'nt
français.
Entre cette page fantaisiste et le mo-
dèle du plâtre d'un haut-relief destiné à'
la Chambré', aucun rapport. M. Dalou
met en scène la réponse historique de
Mirabeau au marquis de Dreux-Brézé
« Nous sommes ici par la volonté du
peuple. » 'A première vue, cette œuvre
produit un eiïet curieux; le haut-relief
devient de la ronde bosse dans la partie
supérieure et dans ta partie inférieure il
n'est même plus haut-relief, c'est-à-dire
que les figures se détachant entièrement
en haut sont clouées sur le plâtre dans
le bas; les têtes sont rondes, les pieds
sont aplatis.
Quand l'œuvre sera en place on jugera
mieux si l'optique a; rendu nécessaire
cette conception qui, tout d'abord, sem-
ble déséquilibrer toute la page. Mais
quelle variété d'attitudes dans les figures
des députés! Ceux du premier plan sont
autant de statues qui, détachées de l'en-
semble, resteraient des curieuses œuvres
d'art indépendantes. Quelle variété dans
l'expression, quelle étude et quelle sin-
cérité dans l'exécution pour moi, quoi-
que moins brillante que l'autre, c'est la
maîtresse page des deux. Le succès de
M. Dalou est considérable et j'y applau-
dis de grand cœur sans arrière-pensée.
Ce journal, dit réactionnaire, ne m'im-
pose pas, Dieu merci I la triste besogne
de faire entrer la politique dans les hautes
questions artistiques. La politique -et l'art
n'ont rieu de commun, l'une détruit, l'au-
tre crée le plus souvent la politique
s'appuie sur ce qu'il y a de plus bas en
l'homme l'art véritable repose tou-
jours sur ce qu'il y a de plus noble en
nous, sur la pure intelligence. Un coup
de fortune peut porter un homme poli-
tique au sommet; tous les jours on voit
les peuples menés par des gouvernants
dont on ne s'explique pas la valeur. L'ar-
tiste est jugé d'après son talent réel, et
s'il prend une place plus grande, c'est
que son œuvre le veut ainsi.
III
En retournant au Salon de sculpture
je me suis reproché d'avoir passé'à côté
de quelques envois intéressants comme
la Poverina, bien joli buste de M. En-
drelin qui obtint, si j'ai bonne mémoire,
le prix de Florence, fondé par le journal
l'Art. La Vérité, de M. Lucien Pallez, la
statue en marbre, Peau d'âne, de M.
Gravillon; l'Abandonnée, de M. Vilal
Cornu, le Martyre de saint Denis, groupe
de beaucoup de talent, mais d'un aspect
un peu plus lourd de M. Fagel, le Re-
mords, grande statue en plâtre de M.
Clément d'Astanières, qui obtint une
troisième médaille l'an dernier, et la
Jeune (lieuse, plâtre plein de talent et de
sentiment de M. Etienne Leroux. Plus
tard, je reviendrai une dernière fois au
Salon après la distribution des médailles,
avec mon désir sincère de rendre justice
à tous. Il se peut que dans le travail
hâtif auquel le journalisme moderne
nous condamne, j'ai oublié de citer quel-
ques ouvrages qui mériteraient d'être
signalés. Patience nous nous reverrons!
Entre les artistes et le journaliste, les
relations ne sont pas d'un jour. Nous
pouvons être divisés sur quelques points,
sans que nous cessions d'être unis dans
une même pensée d'art et dans une même
ambition qui est le triomphe des œuvres
de notre temps.
On me rendra cette justice que c'est là
la véritable préoccupation qui me guide
dans mes appréciations sur les Salons,
et c'est en même temps ce qui explique
l'irritation aui s'empare de moi quand
je vois les hommes de talent ne pas don-
ner le maximum de ce qu'on peut'at-
tendre de chacun. Mais je cesserais
d'écrire sur les arts lé jour où je m'aper-
cevrais que la passion pourrait entraîner
ma plume à des injustices voulues. J'es-
père ne jamais succomber à un pareil éga-
rement.D'autrepart,ce dont il faut se gar-
der, au même degré que du dénigrement
qui fait descendre le publiciste au rang
inférieur d'un esprit morose de parti
pris, c'est des applaudissements que l'on
décerne sans conviction, comme les cla-
queurs de l'Opéra acclament les ténors
qui s'en vont ou les débutants insuffi-
sants. Nul plus que moi n'a souci de la
grandeur de l'art moderne, parce qu'il est
la base de toute ma vie, l'objet de mon
culte, et parce que moi-même, à. un litre
modeste, je fais partie de ce grand en-
semble des intelligences contemporaines
qui, dans toutes les branches, tiennent
une -si grande place dans le respect des
peuples. C'est parce que je veux ce rayon-
nement de ceux qui m'entourent, dans
les lettres, dans les beaux-arts et lamu-
sique que je fais souvent entendre de
dures paroles; elles s'échappent du fond
de ma conscience comme la protestation
d'un passionné pour tous les talents,
contre ceux qui ne restent pas à la hau-
teur de mes espérances ou qui descén-
dent du niveau élevé où mon estime les
avait placés.
Albert Wolff.
Échos de Paris
LA. Température. D'après l'état actuel
de l'atmosphère il est probable que les pluies
vont cesser en France. En revanche, on est
obligé de constater. une accentuation sérieuse
du refroidissement signalé depuis deux jours.
La température a baissé de nouveau et sen-
siblement sur une grande 'partie de l'Europe.
Tandis que des tempêtes de neige sont signa-
lées en Suède, le thermomètre tombe en France
fort au-dessous de la normale. Pendant l'avant-
dernière nuit, les minima ont -été 0 5 à Paris,
2" à Nancy et 3° à Nantes. A 'Paris, dans la
journée d'hier, le maximum n'a pas dépassé
io'S- Les vents d'entre Nord et Est persistant
vont maintenir une température basse pour la
saison.
Monaco. Ciel clair, vent fort, mer hou-
leusse. Therm. min. i0'2 max. i8"4.
À TRAVERS PARIS
Aujourd'hui, inauguration du champ
de courses de Colombes. Train spécial,
à 1 heure 45.
Nous avons annoncé hier l'arrivée à
Paris de S. E. M. Hanabusa, ambassa-
deurjaponais.
M. Hanabusa a rempli, depuis plu-
sieurs années, les fonctions de ministre
du Japon en Corée. C'est lui-qui a été
l'objet, il y a huit mois, de l'attaque des
Coréens contre la légation japonaise.
En cette occasion il a montré tant de
résolution, et il a mené avec tant d'ha-
bileté et de succès les négociations qui
ont suivi l'attaque, que, pour recon-
naître ses services, il a été nommé mi-
nistre en Russie. Il s'y rend en ce mo-
ment.
M. Ito, ministre d'Etat, et ambassa-
deur extraordinaire du Mikado au cou-
ronnement de l'empereur de Russie, est
arrivé aussi mercredi soir. Son Excel-
lence est descendue à l'hôtel de la Léga-
tion, avenue Marceau.
M. Hackisuka, le nouveau ministre du
Japon à Paris, qui remplacera le géné-
ral Ida, est attendu dans huit jours.
M. Jules Ferry, président du Conseil,
et M. Henri Brisson, président de la
Chambre des députés, ont quitté Paris
hier matin, par le train de sept heures
quarante-cinq minutes, à la gare d'Or-
léans, se rendant à Vierzon, où ils vont
assister à l'inauguration d'une Ecole pro-
fessionnelle.
M. Jules Ferry doit prononcer un dis-
cours sur la question de l'enseignement
professionnel.
Au mois de mai, tout fleurit, même le
népotisme.
M. Montaubin, premier président de
la cour de Limoges, qui vient d'être
transféré au siège envié de la cour de
Rouen, est le beau-frère de M. Allain-
Targé et l'oncle de M. Charles Ferry, al-
lié par conséquent au président du con-
seil.
Le 4 septembre 1870 le trouva procu-
cureur impérial à Gholet^En 13 ans, il a
fait du chemin.
Très brillante soirée artistique hier
jeudi, chezM. Pierre Véron,qui célébrait
le cinquantième anniversaire de la fon-
dation du Charivari.
De dix heures du soir. à deux heures
du matin, les salons de notre aimable
confrère ont vu défller les personnalités
les plus en vue de la politique, de la fi-
nance, des lettres et des arts. Nous re-
nonçons à citer aucun nom. Il faudrait
citer tout Paris.
M. Théodore de Banville avait pour la
circonstance rimé de très spirituelles
strophes, en l'honneur des écrivains et
des artistes qui ont illustré le Charivari.
Nous devons à notre grand regret nous
borner à ne citer que les vers suivants':
Parisiens! âme, sourire,
Beauté pareille au lys fleuri
Vous êtes tous, on peut le dire,
Les amis du Charivari:
C'est un révolutionnaire,
Dont nous allons, devoir bien doux,
Célébrer le cinquantenaire.
.« O ciel! mais alors, direz-vous,
H est vieux comme sainte Thècle.
Il a des ans subi l'affront » »
Oui, j'en conviens, un demi-siècle
A passé vivant sur son front
Pourtant, sans peur et sans reproche,
Fidèle au but essentiel,
Il est jeune comme Gavroche
Et comme les moineaux du ciel.
Le programme artistique de la soirée
était superbe comme toujours. Il nous
suffira de nommer
Mme Marcella Sembriclu du Théâtre-
Impérial de Saint-Péterabourg et de Co-
vent-@arden de Londres (1" audition à
Paris); Mlle Richard, du Théâtre de l'O-
péra; Mmes Blanche et Agnès Stone, M.
Bouhy, du théâtre de l'Opéra; M., Nou-
velli, des théâtres impériaux de Saint-
Pétersbôug et de Moscou; Mlle Arma
Harkness, violoniste américaine M. Ad.
Fischer; violoncelle M. Taffanel, flûte
Mlle Julia Subra M. Mérante, de l'O-
péra'; Mlle Bartet; Mlle Reichemberg;
M. Delaunay; M. Coquelin aîné; M. Co-
quelin cadet, de la Comédie-Française;
M. Rollinat; Mlle Judic, du théâtre des
Variétés MM. Edouard Mangin, E.
Bourgeois, Mon Martin, Perruzi, Edm.
Guion et Alb?rtini.
Nous devons cependant signaler l'im-
mense succès fait à Mme Sembrich, qui
a chanté aves une invraisemblable per-
fection plusieurs morceaux, entre autres
celui de Lucie, accompagné par le grand
flûtiste Taffanel. Une unanime ovation
a salué les deix exécutants.
L'heureux tuteur de Lahmê, M. Léo
Delibes.a paitagé les. applaudissements
de la soirée. M. Bouhy a chanté, avec
accompagnement de mandoline par M.
Albertini, la ravissante chanson du Roi
s'amuse Quand Bourbon vit Marseille.
Nous avons cité, la semaine dernière,
la réponse faite à M. Bouguereau par
M. J. Grévy, à propos de là valeur des
exposants au Salon de cette année.
Très bien I avait dit M. Jules Grévy,
c'est le véritable Salon républicain, où
tous ont du talent, sans que quelques-
uns essayent de s'élever démesurément
au-dessus des autres.
Quelques personnes ont cru que ce
mot n'était qu'une plaisanterie inventée
à plaisir; nous n'avons rien inventé, et le
mot est bien du beau-père deM.Wilson.
4>
La Société municipale de secours mu-
tuels du dix-septième arrondissement
donnera dimanche prochain, 6 mai, à
une heure de l'après-midi, une grande
matinée musicale et littéraire au salon
de l'Etoile, avenue de Wagram.
Le programme comprend les noms de
M. Worms, de la Comédie-Française,
Mlle Chartier, de l'Odéon, Mme Godard-
Coquelin, Mlle Bérangier, M. A. Collon-
gues, Mlle Antonia Carvin, MM. Plet,
Chalmin, Maire, Devineau, Wolff, Uzès,
etc., etc.
Au cours de la séance, une distribu-
tion de récompenses sera faite aux en-
fants et aux apprentis. La musique d'un
régiment de ligne prêtera son concours
à cette matinée, dont l'entrée, absolu-
ment gratuite, est réservée aux socié-
taires,
Un bon lapsus d'avocat du genre bon
enfant. Il s'agit d'une affaire d'adultère
il plaide pour le mari dont il a été pen-
dant de longues années le commensal et
l'ami il déplore ces débats publics.
« Ah messieurs, c'est lorsqu'.on voit
ses amis entraînés dans une pareille dé-
bâcle conjugale, qu'on sent davantage
les -douleurs qu'elle entraîne après elle.
Car je les ai connus, je les' ai aimés heu-
reux et unis je sais toute leur pensée à
tous les deux, car vous en conviendrez
avec moi, messieurs les jurés, on n'a
pas été vingt ans l'ami du mari sans être
un peu l'ami de la femme. »
L'affaire fut remise à une autre ses-
sion.
Tous les méchants sont buveurs d'eau,
dit-on.
Si ce proverbe malveillant s'appliquait
à l'eau de Morny-Clialeauneut, il faudrait
en conclure que tout le genre humain ne
brille pas par la bienveillance, tant est
grande la vogue de l'eau de table sans
rivale.
NOUVELLES ACÂ MAIN
Le commandeur comte d'Epatarodès
possède un très grand nombre d'ordres
de toutes nations, et afin que personne
n'en ignore, il s'est fait confectionner au
Palais-Royal, sous prétexte de « modèle
réglementaire » une rosette d'une di-
mension inusitée.
Il va quelquefois chez un de nos amis,
où la domestique ne manque jamais de
l'annoncer ainsi
Le monsieur qui porte à la bouton-
nière une tosace.
Aclùahlé
Un individu très timoré, qui est per-
suadé" qu'il a eu dans ses relations plu-
sieurs anarchistes, et que la police le
sait, ne mange plus, sous aucun pré-
texte, de ce légume qu'on a appelé « le
piano du pauvre », en un mot, le ha-
ricot.
Il n'y aurait, dit-il, qu'à m'arriver
un accident, on croirait que c'est de la
dynamite I
Mœurs américaines.
A San-Francisco, un poli6eman entre
dans une taverne où un meurtre vient
d'être commis. Apercevant le cadavre et
s'adressant à un des habitués de l'en-
droit
Qui a tué cet homme?
L'habitué, nonchalamment
C'est quelqu'un qui est sorli l
Absolument historique.
Au-dessus de l'appartement de Mme
B. habite une « petite dame qui reçoit
beaucoup de messieurs, passé minuit, et
rarement le même.
Ces messieurs-ayant le tort de faire
beaucoup de bruit avec leurs bottes, le soir
et le matin, Mme B. a écrit à sa voisine
pour la prier d'inviter ses «amis» à être
moins bruyants. Cette lettre étant restée
sans réponse et sans effet, Mme B. a
envoyé iiier à la petite dame une dou-
zaine de paires de pantoufles. de diflé-
rentes grandeurs!
fte Maaciue de ter.
CARNET D'UN MONDAIN
Garden parties for everl Champagne-cup,
sandwiches, strawberries et flirtation.
Voilà, le fin du fin. Des idylles dans un
keepsake. To be or not to bel Etre ou ne pas
être des Marlys du prince de Sagan. Voilà la
question. Quand on est des Marly, qu'on parle
anglais et qu'on s'habille à la Flora Campbell,
à la Kitty Bell, à la Clarisse Howard ou à la
Manchester, on est classée. C'est exquis.
Je ne reviens pas sur l'élégante description
de ce premier Marly, faite hier dans le Figaro.
Je dirai seulement que les toilettes champêtres
peuvent se permettre toutes les fantaisies et
tous les irisements dans le cadre vert de ces
réunions sportives.
La marquise de Belbeuf, qui n'a pas vingt
ans,semble créée exprès pour mener les galants
quadrilles de ces danses sous les grands ar-
bres, où la jeunesse avec son rite de perles et
sa taille légère ressuscite les graces d'un passé
enseveli sous des nuages d'ambre etde poudre à
la Maréchale.
On a déjà choisi Lewis-Brown pour peindre
les réunions de Marly-le-Roi. M. Pailleron en
sera le poète ordinaire. Ses madrigaux du
théâtre chez Madame vont avoir l'occasion de
s'exprimer. M. Arsène Houssaye taille sa plume
d'historiographe et s'assied pour mieux voir,
dans son quarante-et-unième fauteuil. M. Ludo-
vic Halévy ayant repris le bras de Meilhaç.më-
dite l'impromptu de Marly. Mme Rodrigues
chiffonne ses satins les plus aurores et ses den-
telles les plus impalpables, sous des pluies de
pétales de rosés. M. Widor qui nous donna
Korrigane s'apprête faire chanter aux violes
et aux chalumeaux les beautés florianesques de
la duchesse Némorine et de la marquise Ba-
bet
Dans ces prés fleuris qu'arrose la Seine,
on n'entend que musique, rires et cavalcades.
Où est donc cette Chambre houleuse ? où ce
budget mal équilibré, où la conversion, des
rentes ?
Les chères brebis n'en semblent pas inquiè-
tes. On ne saurait les en blâmer.
Il est bon d'oublier le mal qu'on n'a pas fait
et les sottises qu'on ne peut réparer.
Le mois de mai verra d'autres réunions en
plein air kermesses de. charité et fêtes ami-
cales.
Les robes paniers de fruits y triompheront.
Ce sont des soies de Chine, des taffetas et
même de simples percales semées de cerises, de
prunes et de fraises appétissantes.
Les jupes entièrement en dentelle de ficelle,
avec la tunique de tafletas glacé, très retroussée
à la laitière el le casaquin à fichu de crêpe an-
glais, obtiennent aussi un grand succès. Le cha-
peau rond- surtout le Flora Cantpbell, coiffe
toutes les têtes blondes et brunes que le soleil
diamante de ses feux. On revoit des mitaines,
des cannes, des bas à coins brodés. Et pour
retenir les retroussés des jupes, une quantité
d'étonnantes choses oiseaux, papillons, lézards,
jusqu'à des petites souris!
Quelques soirées passées, présentes et fn-
tures
Bal costumé chez la comtesse de Contreras.
On a soupé et cotillonné jusqu'à sept heures du
matin. Au premier étage se' dressaient les ta-
bles du souper. Le second étage était réservé
aux danseurs.
De très jolis bibelots distribués pendant le
cotillon laisseront un souvenir de cette agréable
fête. Parmi les costumes, on remarquait la eom-
tesse d'Algarra en arlequine, Mme de Villefeu
en bergère du Lignon, la comtesse de Coetlo-
gon en Folie la comtesse de Contreras en Ita-
lienne. M. de Beauchesne en trouvère Moyen-
Age, le vicomte 4e Reiset en Henri III, le vi-
comte de' Changy en Pierrot; M. de Saxhans
en Japonais; le comte Biadelli en Louis XV, le
maître de la maison en duc d'Epernon.
Hier soir, 3 mai, bal chez M. et Mme Paul
Schneider. M. Paul Schneider est le neveu de
l'ancien président du Corps Législatif.
Hier également, réception chez M. et Mme
EdouaM André. On espère que la charmante
femme de M. Edouard André n'a pas brisé les
pinceaux de Mlle Jacquemart.
Toujours hier, soirée artistique ches le spiri-
tuel rédacteur en chef du Charivari M.
Pierre Véron.
Bal rose et blanc chez la comtesse de Ganay,
ce soir, vendredi. Cour plénière de toutes les
princesses charmantes du plus pur faubourg.
Lundi 7 mai, bal chez le comte François Clary
eria comtesse Clary.
Mardi. 8 mai, on dansera chez Mme Lev.ert,
femme du député du Pas-de-Calais, siégeant à
la droite impérialiste.
Même jour, comédie d'amateurs chez Mme
de La Verriède.– Concert de Mlle Galitzin à la
salle Erard.
Vendredi 11 mai, grand dîner diplomatique
chez Mme Edmond Adam, en l'honneur du
comte de Beust.
Samedi 12 mai, représentation extraordinaire
à l'hôtel d'Aoust. Concert et comédie Plusieurs
surprises. On jouera Y Auréole avec Mlle Réjane
et un élégant jeune premier mondain, toujours
applaudi. La jolie petite sœur de Mlle Réjane
débutera dans ce salon aristocratique.
Enfin, on annonce un bal chez la comtesse de
Pourtalès..
Etincelle.
LA REINE DE SERBIE
A FLORENCE,
̃ Florence, 1er avril.
Je laisse 'à l'almanach de Gotha le
soin de constater la date précise de la
naissance de l'aimable souveraine et de
celle de son tils. Il me suffit d'annoncer
qu'elle n'a pas plus de vingt-quatre ans
et que le prince héritier du royaume de
Serbie n'a pas eneore touché à l'âge de
raison. ce qui ne lui empêche-pas d'avoir
l'air très raisonnable.
La reine Nathalie est née à Florence.
Son père, le colonel russe de Ketscko,
habitait volontiers notre ville pendant
l'hiver, avec sa femme qui était une
princesse Stourdza et qui possédait à
peu près 500 mille livres de rente.
Lorsqu'elle mourut, cette grosse fortune
échut à la jeune Nathalie, et il est assez
naturel que ce demi-million de revenu,
joint à des charmes physiques tout à fait
supérieurs, ait attiré sur elle l'attention
et le choix de Milan Obrenovitch.
Tout le monde sait par quelles combi-
naisons poliliaues et militaires laprin-
cipauté de Serbie fut élevée au rang d&
royaume, et comment un jour, sortie
par hasard de la vie privée, Nathalie de
tetscko, à l'instar de la Grisalda de
Boccace, se trouva assise sur un trône,
le front couronné du diadème royal.
Mais il paraît qu'elle se souvient du,
passé, la jeune et belle reine. La preuve
en est que, partant de Nice pour se ren-
dré en Serbie, elle a voulu faire ce long
détour pour revoir la ville où elle est
née et où elle est restée jusqu'à l'âge de
trois ans.
Voilà pourquoi elle est venue à Flo-
rence voilà pourquoi les Florentins l'ont'
accueillie et fêtée comme une conci-
toyenne chérie,
L'augûste touriste voyage incognito*,
sous le nom de comtesse de-Takova.'
C'est pour cela qu'elle n'a pas accepté
l'hospitalité officielle du roi au palais
Pitti, et qu'elle est allée descendre avec
son fils sur les quais, à l'hôtel royal de.
l'Arno. Sa suite est peu nombreuse.:
une dame d'honneur (blonde et jolie);
qui est en même temps la nièce du roi!
Milan et la femme du ministre de Rou-
manie à Belgrade; un majordome, un
secrétaire, et un valet de pied, en cos-,
tume national serbe, très médaillé.
Le ministre de~ Serbie à la cour de
Rome est aussi venu se mettre aux or-
dres de sa souveraine. Le roi Humbert
a chargé le marquis Totomsi, maître de
cérémonies, d'être toujours aux ordres
de Sa Majesté. Le préfet et le syndic de
Florence en ont fait autant.
Pendant toute une semaine, la reine
Nathalie a fait des courses en ville, à
pied ou en voiture, visitant de préfé-
rence les curiosités artistiques et les
œuvres des peintres. Sa Majesté a, pa-
raît-il, un goût artistique très élevé.
Le soir, elle n'est pas allée au spectacle
parce que son séjour ici coïncidait avec
la semaine sainte du calendrier russe,
qu'elle observe rigoureusement. Samedi
soir, elle se rendit à l'église avec toute la
colonie russe et assista aux cérémonies
de la Pâque.
On sait que le rite grec autorise dans
cette occasion des épanchements de fra-
ternité entre les fidèles. On s'embrasse,
hommes et femmes, on se souhaite réci-
proquement tous les bonheurs possibles.
On m'assure cependant que-personne
n'a poussé l'audace. liturgique jus-
qu'à embrasser S. M. la reine de Serbie.
Et cependant 1.
Le dimanche, les préceptes religieux
ne s'y opposant plus, la reine Nathalie
a accepté l'invitation de la Société des
courses, qui devaient avoir lieu le jour
même. Une députation, composée du
prince Poniatowski, du prince Strozzi,
du marquis Ginori et du comte San
Giorgio, a élé reçue par la reine à dix
heures du matin. Il est heureux que tous
ces messieurs aient l'air très distingué,
car autrement, à cette heure matinale,
en habit noir et cravate blanche, ils au-
raientjpu être pris pour des domestiques,
par les étrangers de l'hôtel de l'Arno
La reine Nathalie a paru sur le grand
pré des Cascines à quatre heures pré-
cises. Elle est montée dans la loge royale
où on lui avait préparé un lunch. Le
prince héritier et toute sa suite y étaient,
aussi.
Tous les regards, toutes les jumelles,
se sont aussitôt tournés vers la souve-
raine, qui était jolie à ravir.
C'est le type caucasien dans toute.sa
pureté teint mat, grands yeux très doux
fendus enamande, sourcils magnifiques,
dents éblouissantes, mises en évidence
par le plus délicieux sourire cheveux
châtains superbes tombant négligem-
ment sur les épaules, taille élancée. un
air vraiment royal.
Sa Majesté portait une robe très élé-
gante en velours et en faille bleue. Mal-
heureusement, le ciel n'était pas bleu
du tout. A peine la reine était-elleassise,
qu'un orage éclata et une pluie torren-
tielle vint jeter le désarroi le plus pi-
toyable sur le champ de courses. Cepen^
dant, cette scène de confusion impro-
visée avait bien des côtés comiques qui
semblèrent amuser beaucoup Sa Majesté.
Elle resta à saplace jusqu'à l'épuisement
complet du programme.
Le même soir, la reine Nathalie assista
au spectacle de gala du Politiama, et
apprécia beaucoup les beautés chorégra-
phiques du ballet Sieba.
Pendant son séjour à Florence, la reine
de Serbie a invité plusieurs fois à dîner
les autorités de la ville.
Maintenant, elle va nous quitter mais
elle a, dit-on, l'intention de revenir ici,
l'année prochaine, pour y rester quelque
temps. Elle sera encore et toujours la
bien venue.
G. Gabardi.
»_
LA COMMISSION DU BUDGET
On va la nommer samedi cette Com-
mission importante, que feu Gambetta
a dotée de tous les attributs du pouvoir
exécutif et qui, sous la présidence d'un
homme intelligent et débrouillard, doit
tenir en échec l'Elysée, tous les minis-
tères, le Sénat et même la majorité delà
Chambre.
Aujourd'hui, cette élection est un très
petit événement pour !e public qui, en
politique, s'amuse surtout aux baga-
telles de la lutte électorale et aux polé-
miques des journaux. Qui s'inquiète en
effet de la marmite gouvernementale ? A
peine quelques journalistes gêneurs et.
qu'on lit peu osent encore parler d'éco-
nomies I Le Français paie et se tait, mau-
gréant le jour où il passe chez le percep-
teur et oubliant le lendemain pour se re-
s mettre au travail.
Cependant l'augmentation continuelle
des charges du pays, l'exagération, sans
précédents, des dépenses publiques, les
menaces suspendues au-dessus du crédit
national nous avertissent, qu'avant de rê-
ver à des solutions plus ou moins fantai-
sistes, moins ou plus éloignées, les gens
vraiment raisonnables doivent d'abord
i s'occuper des intérêts généraux du
pays- j l
Or teîit que la commission du budget
sera fermée à la minorité, tant que la
majorité seule Rendra toutes les places
de commissaires, il J1 y.aura aucune ga-
rantie de bonne admto!s^atl0Qi *uûua
espoir d'économies.
Le Numéro 15 cent, à Paris, 20 cent. dans les Départements
|9* Année. 3e Série Huméro 12£
H. DE VILLEMESSAN
Fondateur
FERNAND DE RODAYS
Administrateur
Abonnements
Départements Trois mois • I 9.fr. 5Q
Paria Trois mois l© fr.
ANNONCES ET RÉCLAMES
DOM.INUBN Fils, SEfiinr ET C1'», 16, rue Grancie-Bateli£r1
• KT « L'ADMINISTRATION
RANCIS M AGNARD
Rédaclewr en chef
A. PÉRIVIER
Setritaire dt la Rédaction
RÉDACTION .1
&• midi à minuit, rue Drouot, 2Ç-V
Zti manuscrits ne sont pas rendvt 1.
BUREAUX 'X^
26, rue Drouot, 28
SOMMAIRE
tA SCULPTURE AU SALON DE 1883 Albert Wolff.
Echos de Paris le Masque de Fer.
CARNET d'un Mondain Etincelle.
LA REINE DE Serbib A Florence G. Gabardi.
LA Commission DU Budget Jules Richard.
OBSÈQUES D'EDOUARD Manet J. V.
L'EMPLOYÉ de Chemins de fer Pierre Giffard.
L'Election DU XVI" ARRONDISSEMENT.
Dieppe Un Dieppois.
PARIS AU JOUR LE Jour Adolphe Racot.
NOUVELLES Diverses Jean de Paris.
TÉLÉGRAMMES ET CORRESPONDANCES ArgUS.
Courrier DES Théâtres Jules Prével.
La. Soirée Théâtrale Un Monsieur du balcon.
SPORT Robert Milton.
FEUILLETON NoRis Jules Clarelie.
LA SCULPTURE
KV
SALON DE 1885
̃-̃ La médaille d'honneur soulève, en ce
qui concerne la sculpture, une question
qui divisera les artistes appelés à voter
la première récompense. La même œu-
vre doit^elle obtenir deux fois la médaille
d'honneur, et-pour le plâtre et pour
l'exécution en marbre? Ou bien cette
médaille d'honneur doit-elle être consi-
dérée comme la plus haute x>ï l'unique
distinction qu'un sculpteur puisse ambi-
tionner pour un même groupe, quelle
que soit la matière que choisit d'abord
l'artiste pour le présenter au Salon 1
C'est le très remarquable groupe les
Premières funérailles, de M. Barrias,
qui soulève cette discussion. Quand le
plâtre parut au Salon de 1878, l'œuvre
fut aussitôt jugée. On décerna à M. Bar-
rias la médaille d'honneur, et ce fut jus-
tice. A présent le groupe revient dans sa
forme définitive, car les œuvres sculp-
turales ne deviennent complètes qu'a-
près l'exécution en marbre ou en pierre,
c'est-à-dire dans -la matière dure. Le
plâtre a des séductions et même des
jongleries dont le marbre dégage un
groupe. La main de l'artiste laisse son
empreinte dans la terre on la voit cou-
rir, fiévreuse ou habite elle se trahit
par'des petits rien dans la facture qui
'donnent un charme particulier à l'œu-
vre: Dans la terre, le sculpteur a son
doigté comme le pianiste; dans le.mar-
bre, la virtuosité disparaît parce que
les petits moyens d'exécution ne sont
pas possibles; l'œuvre se nettoie, comme '1
on dit, ce qui veut dire qu'elle se pu-
rifie- ̃•
Le groupe de M. Barrias a le mérite
de garder dans le marbre toutes les qua-
lités de 1878. J'estime que l'artiste n'a pas
laissé au praticien la bride sur le cou,
ainsi "que cela se fait trop souvent. Les
statuaires contemporains prennent leurs
aisés avec le marbre; ils s'en rapportent
le plus souvent à 1 habileté du praticien
et ne donnent que les dernières retou-
ches: à leur œuvre ils ont tort. Sans
doute, il n'est pas ulile qu'un homme de a~
valeur perde son temps à dégrossir le
marbre; c'est l'affaire de l'artisan habile.
Mais une fois le travail achevé, le sculp-
teur doit reprendre le ciseau et le mail-
let, rendre à son marbre la vie que le
• praticien lui fait perdre souvent et lui
restituer le sentiment des détails. M.
Barrias, j^ensuis certain, a beaucoup tra-
vaillé à son groupe; il est fort beau,
il s'est ennobli et c'est vraiment une très
belle œuvre.
Les premières créatures humaines en-
lèvent le- premier mort; Adam, c'est-à-
dire l'homme, porte le corps de son en-
fant en terre le regard est attaché sur le
précieux fardeau avec une'expression de
douleur virile. Eve, qui marche à ses
côtés, a pris la tête de l'enfant dans ses
mains et la couvre dé baisers elle
s'abandonne à l'explosion de sa souf-
france. M. Barrias a de la sorte marqué
avec une rare puissance dans l'une de
ses figures, et avec une grâce attendrie
dans l'autre, le deuil paternel contenu
par un effort d'énergie, et la douleur ma-
ternelle qui déborde. La grande diffi-
culté dans cette œuvre est le cadavre.
Ici il fallait opter; aborderle réalisme qui
imposait la rigidité du corps,peu sculp-
turale et qui eût fait descendre l'oeuvre
dans le réalisme pur ou bien il fallait
idéaliser la mort dans un but d'art;
donc M. Barrias était contraint de
faire aux exigences de la sculpture le
sacrifice de la vérité absolue il a sur-
monté cette difficulté en maintenant le
cadavre de l'adolescent dans une allure
qui lui laisse jusqu'à un certain point
la souplesse de la vie le corps n'est pas
encore entièrement refroidi; les chairs
ont encore conservé un reste de la vie
qui les a fait palpiter" aussitôt le dernier
souffle rendu, on emporte le mort; les
membres ne sont pas encore entièrement
roidis et permettent de fa sorte de re-
chercher même dans la forme de ce corps
éteint comme un souvenir de la vie qui
s'est envolée.
Devant une œuvre de ce mérite, il,ne
faut pas s'arrêter outre mesure aux rares
points, je ne dirai pas défectueux, mais
moins complets que le reste. La tête
d'Adam, notamment, d'une belle et très
noble expression, paraît un peu courte
niais, en regardaht bien, on trouverait
un coin discutable dans les plus grandes
œuvres. C'est l'affaire des confrères de
M. Barrias de chercher ce qu'on appelle
« la petite bête » dans un pareil mor-
ceau. Notre rôle est d'applaudir à un si
magnifique effort et de nous réjouir de
qu'une œuvre de cette valeur jette
sur le Salon. Reste à savoir maintenant
s'il est utile de donner une deuxième
fois la médaille d'honneur à M. Barrias
̃ pour le même groupe. Les sculpteurs
français qui distribuent la plus haute
récompense trancheront cette question.
Je sais qu'ils sont divisés à ce sujet et
que le vote dans un sens ou dans
l'autre ne sera pas enlevé en un seul
tour de scrutin.
II
Dans la liste des sculpteurs récompen-
sés, M. Jules Dalou ne figure que pour
une troisième médaille remportée en
1870. Treize ans après, je retrouve l'ar-
tiste avecuneexposition magnifique pour «
laquelle une médaille de première classe
paraîtrait insuffisante et qui appelle la
Médaille d'honneur. Entre les deux
dates, il y a eu des événements ter-
ribles dans lesquels Dalou a joué
un rôle purement platonique en prenant
possession du ministère des Beaux-Arts,
égarement qui lui a valu un long exil en
Angleterre.
Permettez-moi de ne pas insister sur
ces souvenirs et de ne prendre que l'ar-
tiste distingué du Salon de 1883 pour le
mettre à son plan. Il est certain que le
talent est considérable, tout à fait hors
ligne; il se manifeste dans deux œuvres
de même importance, alors que l'art dé-
ployé dans l'une ne ressemble point à
l'art qui distingue l'autre. La glorification
de la Républiques inspiré à l'artiste l'un de
seshauts-reliefsquitous deuxsortent ab-
solument des rangs. Fasse le ciel que ce
rêve de sculpteur, pétri dans la terre,
devienne une réalité Ce serait la fin des
déchirements et la réconciliation des
hommes dans un sentiment de frater-
nité. Cette hallucination a enflammé les
cervelles et fait battre les cœurs à tra-
vers les âges sans qu'il y ait rien de
changé dans les mœurs sanguinaires des
peuples.
Voyons le rêve de M. Dalou.
Le sculpteur a donc entrevu l'avène-
ment de la Concorde sous la République
et par elle,.douce illusion, démentie par
tout ce qui nous environne. La guerre
est à jamais abolie. Les tambours crevés
gisent à terre à côté des armes à feu
devenues inutiles. A droite, un citoyen
accroupi semble briser la dernière épée;
au centre de la composition, deux hom-
mes se sont jetés dans les bras l'un de
l'autre; ils s'embrassent, tandis que les
mains se sont trouvées et se tiennent
enlacées avec une énergie qui tend à
prouver que rien ne désunira désormais
l'humanité; à gauche, les femmes rassu-
rées avec leurs enfants souriants, heu-
reux dans cet élan de fraternité. La Paix
est plus. haut, réunissant en un seul
faisceau tous les drapeaux, comme pour
indiquer que désormais, il n'y en aura
plus qu'un seul pour tous. Des génies
apportent des guirlandes de fleujs pour
les trophées de la paix, que la Répu-
blique couronne de lauriers. Sur le tout
plane, la Loi, ou si vous voulez, la Jus-
tice, contemplant ce spectacle qui est
l'avènement de son règne.
Voilà bien des choses pour une seule
page, se dira sans doute le lecteur, et il
aura parfaitement raison. Ce trop plein
de la composition est certainement plus
du domaine de la peinture allégorique
que de celui de la sculpture. Aussi la
première impression de ce haut-relief
fait songer à un tableau de Rubens. Mais
c'est un beau morceau tout de même, un
fier morceau et qui a la qualité supé-
rieure de rester' dans l'art pureme'nt
français.
Entre cette page fantaisiste et le mo-
dèle du plâtre d'un haut-relief destiné à'
la Chambré', aucun rapport. M. Dalou
met en scène la réponse historique de
Mirabeau au marquis de Dreux-Brézé
« Nous sommes ici par la volonté du
peuple. » 'A première vue, cette œuvre
produit un eiïet curieux; le haut-relief
devient de la ronde bosse dans la partie
supérieure et dans ta partie inférieure il
n'est même plus haut-relief, c'est-à-dire
que les figures se détachant entièrement
en haut sont clouées sur le plâtre dans
le bas; les têtes sont rondes, les pieds
sont aplatis.
Quand l'œuvre sera en place on jugera
mieux si l'optique a; rendu nécessaire
cette conception qui, tout d'abord, sem-
ble déséquilibrer toute la page. Mais
quelle variété d'attitudes dans les figures
des députés! Ceux du premier plan sont
autant de statues qui, détachées de l'en-
semble, resteraient des curieuses œuvres
d'art indépendantes. Quelle variété dans
l'expression, quelle étude et quelle sin-
cérité dans l'exécution pour moi, quoi-
que moins brillante que l'autre, c'est la
maîtresse page des deux. Le succès de
M. Dalou est considérable et j'y applau-
dis de grand cœur sans arrière-pensée.
Ce journal, dit réactionnaire, ne m'im-
pose pas, Dieu merci I la triste besogne
de faire entrer la politique dans les hautes
questions artistiques. La politique -et l'art
n'ont rieu de commun, l'une détruit, l'au-
tre crée le plus souvent la politique
s'appuie sur ce qu'il y a de plus bas en
l'homme l'art véritable repose tou-
jours sur ce qu'il y a de plus noble en
nous, sur la pure intelligence. Un coup
de fortune peut porter un homme poli-
tique au sommet; tous les jours on voit
les peuples menés par des gouvernants
dont on ne s'explique pas la valeur. L'ar-
tiste est jugé d'après son talent réel, et
s'il prend une place plus grande, c'est
que son œuvre le veut ainsi.
III
En retournant au Salon de sculpture
je me suis reproché d'avoir passé'à côté
de quelques envois intéressants comme
la Poverina, bien joli buste de M. En-
drelin qui obtint, si j'ai bonne mémoire,
le prix de Florence, fondé par le journal
l'Art. La Vérité, de M. Lucien Pallez, la
statue en marbre, Peau d'âne, de M.
Gravillon; l'Abandonnée, de M. Vilal
Cornu, le Martyre de saint Denis, groupe
de beaucoup de talent, mais d'un aspect
un peu plus lourd de M. Fagel, le Re-
mords, grande statue en plâtre de M.
Clément d'Astanières, qui obtint une
troisième médaille l'an dernier, et la
Jeune (lieuse, plâtre plein de talent et de
sentiment de M. Etienne Leroux. Plus
tard, je reviendrai une dernière fois au
Salon après la distribution des médailles,
avec mon désir sincère de rendre justice
à tous. Il se peut que dans le travail
hâtif auquel le journalisme moderne
nous condamne, j'ai oublié de citer quel-
ques ouvrages qui mériteraient d'être
signalés. Patience nous nous reverrons!
Entre les artistes et le journaliste, les
relations ne sont pas d'un jour. Nous
pouvons être divisés sur quelques points,
sans que nous cessions d'être unis dans
une même pensée d'art et dans une même
ambition qui est le triomphe des œuvres
de notre temps.
On me rendra cette justice que c'est là
la véritable préoccupation qui me guide
dans mes appréciations sur les Salons,
et c'est en même temps ce qui explique
l'irritation aui s'empare de moi quand
je vois les hommes de talent ne pas don-
ner le maximum de ce qu'on peut'at-
tendre de chacun. Mais je cesserais
d'écrire sur les arts lé jour où je m'aper-
cevrais que la passion pourrait entraîner
ma plume à des injustices voulues. J'es-
père ne jamais succomber à un pareil éga-
rement.D'autrepart,ce dont il faut se gar-
der, au même degré que du dénigrement
qui fait descendre le publiciste au rang
inférieur d'un esprit morose de parti
pris, c'est des applaudissements que l'on
décerne sans conviction, comme les cla-
queurs de l'Opéra acclament les ténors
qui s'en vont ou les débutants insuffi-
sants. Nul plus que moi n'a souci de la
grandeur de l'art moderne, parce qu'il est
la base de toute ma vie, l'objet de mon
culte, et parce que moi-même, à. un litre
modeste, je fais partie de ce grand en-
semble des intelligences contemporaines
qui, dans toutes les branches, tiennent
une -si grande place dans le respect des
peuples. C'est parce que je veux ce rayon-
nement de ceux qui m'entourent, dans
les lettres, dans les beaux-arts et lamu-
sique que je fais souvent entendre de
dures paroles; elles s'échappent du fond
de ma conscience comme la protestation
d'un passionné pour tous les talents,
contre ceux qui ne restent pas à la hau-
teur de mes espérances ou qui descén-
dent du niveau élevé où mon estime les
avait placés.
Albert Wolff.
Échos de Paris
LA. Température. D'après l'état actuel
de l'atmosphère il est probable que les pluies
vont cesser en France. En revanche, on est
obligé de constater. une accentuation sérieuse
du refroidissement signalé depuis deux jours.
La température a baissé de nouveau et sen-
siblement sur une grande 'partie de l'Europe.
Tandis que des tempêtes de neige sont signa-
lées en Suède, le thermomètre tombe en France
fort au-dessous de la normale. Pendant l'avant-
dernière nuit, les minima ont -été 0 5 à Paris,
2" à Nancy et 3° à Nantes. A 'Paris, dans la
journée d'hier, le maximum n'a pas dépassé
io'S- Les vents d'entre Nord et Est persistant
vont maintenir une température basse pour la
saison.
Monaco. Ciel clair, vent fort, mer hou-
leusse. Therm. min. i0'2 max. i8"4.
À TRAVERS PARIS
Aujourd'hui, inauguration du champ
de courses de Colombes. Train spécial,
à 1 heure 45.
Nous avons annoncé hier l'arrivée à
Paris de S. E. M. Hanabusa, ambassa-
deurjaponais.
M. Hanabusa a rempli, depuis plu-
sieurs années, les fonctions de ministre
du Japon en Corée. C'est lui-qui a été
l'objet, il y a huit mois, de l'attaque des
Coréens contre la légation japonaise.
En cette occasion il a montré tant de
résolution, et il a mené avec tant d'ha-
bileté et de succès les négociations qui
ont suivi l'attaque, que, pour recon-
naître ses services, il a été nommé mi-
nistre en Russie. Il s'y rend en ce mo-
ment.
M. Ito, ministre d'Etat, et ambassa-
deur extraordinaire du Mikado au cou-
ronnement de l'empereur de Russie, est
arrivé aussi mercredi soir. Son Excel-
lence est descendue à l'hôtel de la Léga-
tion, avenue Marceau.
M. Hackisuka, le nouveau ministre du
Japon à Paris, qui remplacera le géné-
ral Ida, est attendu dans huit jours.
M. Jules Ferry, président du Conseil,
et M. Henri Brisson, président de la
Chambre des députés, ont quitté Paris
hier matin, par le train de sept heures
quarante-cinq minutes, à la gare d'Or-
léans, se rendant à Vierzon, où ils vont
assister à l'inauguration d'une Ecole pro-
fessionnelle.
M. Jules Ferry doit prononcer un dis-
cours sur la question de l'enseignement
professionnel.
Au mois de mai, tout fleurit, même le
népotisme.
M. Montaubin, premier président de
la cour de Limoges, qui vient d'être
transféré au siège envié de la cour de
Rouen, est le beau-frère de M. Allain-
Targé et l'oncle de M. Charles Ferry, al-
lié par conséquent au président du con-
seil.
Le 4 septembre 1870 le trouva procu-
cureur impérial à Gholet^En 13 ans, il a
fait du chemin.
Très brillante soirée artistique hier
jeudi, chezM. Pierre Véron,qui célébrait
le cinquantième anniversaire de la fon-
dation du Charivari.
De dix heures du soir. à deux heures
du matin, les salons de notre aimable
confrère ont vu défller les personnalités
les plus en vue de la politique, de la fi-
nance, des lettres et des arts. Nous re-
nonçons à citer aucun nom. Il faudrait
citer tout Paris.
M. Théodore de Banville avait pour la
circonstance rimé de très spirituelles
strophes, en l'honneur des écrivains et
des artistes qui ont illustré le Charivari.
Nous devons à notre grand regret nous
borner à ne citer que les vers suivants':
Parisiens! âme, sourire,
Beauté pareille au lys fleuri
Vous êtes tous, on peut le dire,
Les amis du Charivari:
C'est un révolutionnaire,
Dont nous allons, devoir bien doux,
Célébrer le cinquantenaire.
.« O ciel! mais alors, direz-vous,
H est vieux comme sainte Thècle.
Il a des ans subi l'affront » »
Oui, j'en conviens, un demi-siècle
A passé vivant sur son front
Pourtant, sans peur et sans reproche,
Fidèle au but essentiel,
Il est jeune comme Gavroche
Et comme les moineaux du ciel.
Le programme artistique de la soirée
était superbe comme toujours. Il nous
suffira de nommer
Mme Marcella Sembriclu du Théâtre-
Impérial de Saint-Péterabourg et de Co-
vent-@arden de Londres (1" audition à
Paris); Mlle Richard, du Théâtre de l'O-
péra; Mmes Blanche et Agnès Stone, M.
Bouhy, du théâtre de l'Opéra; M., Nou-
velli, des théâtres impériaux de Saint-
Pétersbôug et de Moscou; Mlle Arma
Harkness, violoniste américaine M. Ad.
Fischer; violoncelle M. Taffanel, flûte
Mlle Julia Subra M. Mérante, de l'O-
péra'; Mlle Bartet; Mlle Reichemberg;
M. Delaunay; M. Coquelin aîné; M. Co-
quelin cadet, de la Comédie-Française;
M. Rollinat; Mlle Judic, du théâtre des
Variétés MM. Edouard Mangin, E.
Bourgeois, Mon Martin, Perruzi, Edm.
Guion et Alb?rtini.
Nous devons cependant signaler l'im-
mense succès fait à Mme Sembrich, qui
a chanté aves une invraisemblable per-
fection plusieurs morceaux, entre autres
celui de Lucie, accompagné par le grand
flûtiste Taffanel. Une unanime ovation
a salué les deix exécutants.
L'heureux tuteur de Lahmê, M. Léo
Delibes.a paitagé les. applaudissements
de la soirée. M. Bouhy a chanté, avec
accompagnement de mandoline par M.
Albertini, la ravissante chanson du Roi
s'amuse Quand Bourbon vit Marseille.
Nous avons cité, la semaine dernière,
la réponse faite à M. Bouguereau par
M. J. Grévy, à propos de là valeur des
exposants au Salon de cette année.
Très bien I avait dit M. Jules Grévy,
c'est le véritable Salon républicain, où
tous ont du talent, sans que quelques-
uns essayent de s'élever démesurément
au-dessus des autres.
Quelques personnes ont cru que ce
mot n'était qu'une plaisanterie inventée
à plaisir; nous n'avons rien inventé, et le
mot est bien du beau-père deM.Wilson.
4>
La Société municipale de secours mu-
tuels du dix-septième arrondissement
donnera dimanche prochain, 6 mai, à
une heure de l'après-midi, une grande
matinée musicale et littéraire au salon
de l'Etoile, avenue de Wagram.
Le programme comprend les noms de
M. Worms, de la Comédie-Française,
Mlle Chartier, de l'Odéon, Mme Godard-
Coquelin, Mlle Bérangier, M. A. Collon-
gues, Mlle Antonia Carvin, MM. Plet,
Chalmin, Maire, Devineau, Wolff, Uzès,
etc., etc.
Au cours de la séance, une distribu-
tion de récompenses sera faite aux en-
fants et aux apprentis. La musique d'un
régiment de ligne prêtera son concours
à cette matinée, dont l'entrée, absolu-
ment gratuite, est réservée aux socié-
taires,
Un bon lapsus d'avocat du genre bon
enfant. Il s'agit d'une affaire d'adultère
il plaide pour le mari dont il a été pen-
dant de longues années le commensal et
l'ami il déplore ces débats publics.
« Ah messieurs, c'est lorsqu'.on voit
ses amis entraînés dans une pareille dé-
bâcle conjugale, qu'on sent davantage
les -douleurs qu'elle entraîne après elle.
Car je les ai connus, je les' ai aimés heu-
reux et unis je sais toute leur pensée à
tous les deux, car vous en conviendrez
avec moi, messieurs les jurés, on n'a
pas été vingt ans l'ami du mari sans être
un peu l'ami de la femme. »
L'affaire fut remise à une autre ses-
sion.
Tous les méchants sont buveurs d'eau,
dit-on.
Si ce proverbe malveillant s'appliquait
à l'eau de Morny-Clialeauneut, il faudrait
en conclure que tout le genre humain ne
brille pas par la bienveillance, tant est
grande la vogue de l'eau de table sans
rivale.
NOUVELLES ACÂ MAIN
Le commandeur comte d'Epatarodès
possède un très grand nombre d'ordres
de toutes nations, et afin que personne
n'en ignore, il s'est fait confectionner au
Palais-Royal, sous prétexte de « modèle
réglementaire » une rosette d'une di-
mension inusitée.
Il va quelquefois chez un de nos amis,
où la domestique ne manque jamais de
l'annoncer ainsi
Le monsieur qui porte à la bouton-
nière une tosace.
Aclùahlé
Un individu très timoré, qui est per-
suadé" qu'il a eu dans ses relations plu-
sieurs anarchistes, et que la police le
sait, ne mange plus, sous aucun pré-
texte, de ce légume qu'on a appelé « le
piano du pauvre », en un mot, le ha-
ricot.
Il n'y aurait, dit-il, qu'à m'arriver
un accident, on croirait que c'est de la
dynamite I
Mœurs américaines.
A San-Francisco, un poli6eman entre
dans une taverne où un meurtre vient
d'être commis. Apercevant le cadavre et
s'adressant à un des habitués de l'en-
droit
Qui a tué cet homme?
L'habitué, nonchalamment
C'est quelqu'un qui est sorli l
Absolument historique.
Au-dessus de l'appartement de Mme
B. habite une « petite dame qui reçoit
beaucoup de messieurs, passé minuit, et
rarement le même.
Ces messieurs-ayant le tort de faire
beaucoup de bruit avec leurs bottes, le soir
et le matin, Mme B. a écrit à sa voisine
pour la prier d'inviter ses «amis» à être
moins bruyants. Cette lettre étant restée
sans réponse et sans effet, Mme B. a
envoyé iiier à la petite dame une dou-
zaine de paires de pantoufles. de diflé-
rentes grandeurs!
fte Maaciue de ter.
CARNET D'UN MONDAIN
Garden parties for everl Champagne-cup,
sandwiches, strawberries et flirtation.
Voilà, le fin du fin. Des idylles dans un
keepsake. To be or not to bel Etre ou ne pas
être des Marlys du prince de Sagan. Voilà la
question. Quand on est des Marly, qu'on parle
anglais et qu'on s'habille à la Flora Campbell,
à la Kitty Bell, à la Clarisse Howard ou à la
Manchester, on est classée. C'est exquis.
Je ne reviens pas sur l'élégante description
de ce premier Marly, faite hier dans le Figaro.
Je dirai seulement que les toilettes champêtres
peuvent se permettre toutes les fantaisies et
tous les irisements dans le cadre vert de ces
réunions sportives.
La marquise de Belbeuf, qui n'a pas vingt
ans,semble créée exprès pour mener les galants
quadrilles de ces danses sous les grands ar-
bres, où la jeunesse avec son rite de perles et
sa taille légère ressuscite les graces d'un passé
enseveli sous des nuages d'ambre etde poudre à
la Maréchale.
On a déjà choisi Lewis-Brown pour peindre
les réunions de Marly-le-Roi. M. Pailleron en
sera le poète ordinaire. Ses madrigaux du
théâtre chez Madame vont avoir l'occasion de
s'exprimer. M. Arsène Houssaye taille sa plume
d'historiographe et s'assied pour mieux voir,
dans son quarante-et-unième fauteuil. M. Ludo-
vic Halévy ayant repris le bras de Meilhaç.më-
dite l'impromptu de Marly. Mme Rodrigues
chiffonne ses satins les plus aurores et ses den-
telles les plus impalpables, sous des pluies de
pétales de rosés. M. Widor qui nous donna
Korrigane s'apprête faire chanter aux violes
et aux chalumeaux les beautés florianesques de
la duchesse Némorine et de la marquise Ba-
bet
Dans ces prés fleuris qu'arrose la Seine,
on n'entend que musique, rires et cavalcades.
Où est donc cette Chambre houleuse ? où ce
budget mal équilibré, où la conversion, des
rentes ?
Les chères brebis n'en semblent pas inquiè-
tes. On ne saurait les en blâmer.
Il est bon d'oublier le mal qu'on n'a pas fait
et les sottises qu'on ne peut réparer.
Le mois de mai verra d'autres réunions en
plein air kermesses de. charité et fêtes ami-
cales.
Les robes paniers de fruits y triompheront.
Ce sont des soies de Chine, des taffetas et
même de simples percales semées de cerises, de
prunes et de fraises appétissantes.
Les jupes entièrement en dentelle de ficelle,
avec la tunique de tafletas glacé, très retroussée
à la laitière el le casaquin à fichu de crêpe an-
glais, obtiennent aussi un grand succès. Le cha-
peau rond- surtout le Flora Cantpbell, coiffe
toutes les têtes blondes et brunes que le soleil
diamante de ses feux. On revoit des mitaines,
des cannes, des bas à coins brodés. Et pour
retenir les retroussés des jupes, une quantité
d'étonnantes choses oiseaux, papillons, lézards,
jusqu'à des petites souris!
Quelques soirées passées, présentes et fn-
tures
Bal costumé chez la comtesse de Contreras.
On a soupé et cotillonné jusqu'à sept heures du
matin. Au premier étage se' dressaient les ta-
bles du souper. Le second étage était réservé
aux danseurs.
De très jolis bibelots distribués pendant le
cotillon laisseront un souvenir de cette agréable
fête. Parmi les costumes, on remarquait la eom-
tesse d'Algarra en arlequine, Mme de Villefeu
en bergère du Lignon, la comtesse de Coetlo-
gon en Folie la comtesse de Contreras en Ita-
lienne. M. de Beauchesne en trouvère Moyen-
Age, le vicomte 4e Reiset en Henri III, le vi-
comte de' Changy en Pierrot; M. de Saxhans
en Japonais; le comte Biadelli en Louis XV, le
maître de la maison en duc d'Epernon.
Hier soir, 3 mai, bal chez M. et Mme Paul
Schneider. M. Paul Schneider est le neveu de
l'ancien président du Corps Législatif.
Hier également, réception chez M. et Mme
EdouaM André. On espère que la charmante
femme de M. Edouard André n'a pas brisé les
pinceaux de Mlle Jacquemart.
Toujours hier, soirée artistique ches le spiri-
tuel rédacteur en chef du Charivari M.
Pierre Véron.
Bal rose et blanc chez la comtesse de Ganay,
ce soir, vendredi. Cour plénière de toutes les
princesses charmantes du plus pur faubourg.
Lundi 7 mai, bal chez le comte François Clary
eria comtesse Clary.
Mardi. 8 mai, on dansera chez Mme Lev.ert,
femme du député du Pas-de-Calais, siégeant à
la droite impérialiste.
Même jour, comédie d'amateurs chez Mme
de La Verriède.– Concert de Mlle Galitzin à la
salle Erard.
Vendredi 11 mai, grand dîner diplomatique
chez Mme Edmond Adam, en l'honneur du
comte de Beust.
Samedi 12 mai, représentation extraordinaire
à l'hôtel d'Aoust. Concert et comédie Plusieurs
surprises. On jouera Y Auréole avec Mlle Réjane
et un élégant jeune premier mondain, toujours
applaudi. La jolie petite sœur de Mlle Réjane
débutera dans ce salon aristocratique.
Enfin, on annonce un bal chez la comtesse de
Pourtalès..
Etincelle.
LA REINE DE SERBIE
A FLORENCE,
̃ Florence, 1er avril.
Je laisse 'à l'almanach de Gotha le
soin de constater la date précise de la
naissance de l'aimable souveraine et de
celle de son tils. Il me suffit d'annoncer
qu'elle n'a pas plus de vingt-quatre ans
et que le prince héritier du royaume de
Serbie n'a pas eneore touché à l'âge de
raison. ce qui ne lui empêche-pas d'avoir
l'air très raisonnable.
La reine Nathalie est née à Florence.
Son père, le colonel russe de Ketscko,
habitait volontiers notre ville pendant
l'hiver, avec sa femme qui était une
princesse Stourdza et qui possédait à
peu près 500 mille livres de rente.
Lorsqu'elle mourut, cette grosse fortune
échut à la jeune Nathalie, et il est assez
naturel que ce demi-million de revenu,
joint à des charmes physiques tout à fait
supérieurs, ait attiré sur elle l'attention
et le choix de Milan Obrenovitch.
Tout le monde sait par quelles combi-
naisons poliliaues et militaires laprin-
cipauté de Serbie fut élevée au rang d&
royaume, et comment un jour, sortie
par hasard de la vie privée, Nathalie de
tetscko, à l'instar de la Grisalda de
Boccace, se trouva assise sur un trône,
le front couronné du diadème royal.
Mais il paraît qu'elle se souvient du,
passé, la jeune et belle reine. La preuve
en est que, partant de Nice pour se ren-
dré en Serbie, elle a voulu faire ce long
détour pour revoir la ville où elle est
née et où elle est restée jusqu'à l'âge de
trois ans.
Voilà pourquoi elle est venue à Flo-
rence voilà pourquoi les Florentins l'ont'
accueillie et fêtée comme une conci-
toyenne chérie,
L'augûste touriste voyage incognito*,
sous le nom de comtesse de-Takova.'
C'est pour cela qu'elle n'a pas accepté
l'hospitalité officielle du roi au palais
Pitti, et qu'elle est allée descendre avec
son fils sur les quais, à l'hôtel royal de.
l'Arno. Sa suite est peu nombreuse.:
une dame d'honneur (blonde et jolie);
qui est en même temps la nièce du roi!
Milan et la femme du ministre de Rou-
manie à Belgrade; un majordome, un
secrétaire, et un valet de pied, en cos-,
tume national serbe, très médaillé.
Le ministre de~ Serbie à la cour de
Rome est aussi venu se mettre aux or-
dres de sa souveraine. Le roi Humbert
a chargé le marquis Totomsi, maître de
cérémonies, d'être toujours aux ordres
de Sa Majesté. Le préfet et le syndic de
Florence en ont fait autant.
Pendant toute une semaine, la reine
Nathalie a fait des courses en ville, à
pied ou en voiture, visitant de préfé-
rence les curiosités artistiques et les
œuvres des peintres. Sa Majesté a, pa-
raît-il, un goût artistique très élevé.
Le soir, elle n'est pas allée au spectacle
parce que son séjour ici coïncidait avec
la semaine sainte du calendrier russe,
qu'elle observe rigoureusement. Samedi
soir, elle se rendit à l'église avec toute la
colonie russe et assista aux cérémonies
de la Pâque.
On sait que le rite grec autorise dans
cette occasion des épanchements de fra-
ternité entre les fidèles. On s'embrasse,
hommes et femmes, on se souhaite réci-
proquement tous les bonheurs possibles.
On m'assure cependant que-personne
n'a poussé l'audace. liturgique jus-
qu'à embrasser S. M. la reine de Serbie.
Et cependant 1.
Le dimanche, les préceptes religieux
ne s'y opposant plus, la reine Nathalie
a accepté l'invitation de la Société des
courses, qui devaient avoir lieu le jour
même. Une députation, composée du
prince Poniatowski, du prince Strozzi,
du marquis Ginori et du comte San
Giorgio, a élé reçue par la reine à dix
heures du matin. Il est heureux que tous
ces messieurs aient l'air très distingué,
car autrement, à cette heure matinale,
en habit noir et cravate blanche, ils au-
raientjpu être pris pour des domestiques,
par les étrangers de l'hôtel de l'Arno
La reine Nathalie a paru sur le grand
pré des Cascines à quatre heures pré-
cises. Elle est montée dans la loge royale
où on lui avait préparé un lunch. Le
prince héritier et toute sa suite y étaient,
aussi.
Tous les regards, toutes les jumelles,
se sont aussitôt tournés vers la souve-
raine, qui était jolie à ravir.
C'est le type caucasien dans toute.sa
pureté teint mat, grands yeux très doux
fendus enamande, sourcils magnifiques,
dents éblouissantes, mises en évidence
par le plus délicieux sourire cheveux
châtains superbes tombant négligem-
ment sur les épaules, taille élancée. un
air vraiment royal.
Sa Majesté portait une robe très élé-
gante en velours et en faille bleue. Mal-
heureusement, le ciel n'était pas bleu
du tout. A peine la reine était-elleassise,
qu'un orage éclata et une pluie torren-
tielle vint jeter le désarroi le plus pi-
toyable sur le champ de courses. Cepen^
dant, cette scène de confusion impro-
visée avait bien des côtés comiques qui
semblèrent amuser beaucoup Sa Majesté.
Elle resta à saplace jusqu'à l'épuisement
complet du programme.
Le même soir, la reine Nathalie assista
au spectacle de gala du Politiama, et
apprécia beaucoup les beautés chorégra-
phiques du ballet Sieba.
Pendant son séjour à Florence, la reine
de Serbie a invité plusieurs fois à dîner
les autorités de la ville.
Maintenant, elle va nous quitter mais
elle a, dit-on, l'intention de revenir ici,
l'année prochaine, pour y rester quelque
temps. Elle sera encore et toujours la
bien venue.
G. Gabardi.
»_
LA COMMISSION DU BUDGET
On va la nommer samedi cette Com-
mission importante, que feu Gambetta
a dotée de tous les attributs du pouvoir
exécutif et qui, sous la présidence d'un
homme intelligent et débrouillard, doit
tenir en échec l'Elysée, tous les minis-
tères, le Sénat et même la majorité delà
Chambre.
Aujourd'hui, cette élection est un très
petit événement pour !e public qui, en
politique, s'amuse surtout aux baga-
telles de la lutte électorale et aux polé-
miques des journaux. Qui s'inquiète en
effet de la marmite gouvernementale ? A
peine quelques journalistes gêneurs et.
qu'on lit peu osent encore parler d'éco-
nomies I Le Français paie et se tait, mau-
gréant le jour où il passe chez le percep-
teur et oubliant le lendemain pour se re-
s mettre au travail.
Cependant l'augmentation continuelle
des charges du pays, l'exagération, sans
précédents, des dépenses publiques, les
menaces suspendues au-dessus du crédit
national nous avertissent, qu'avant de rê-
ver à des solutions plus ou moins fantai-
sistes, moins ou plus éloignées, les gens
vraiment raisonnables doivent d'abord
i s'occuper des intérêts généraux du
pays- j l
Or teîit que la commission du budget
sera fermée à la minorité, tant que la
majorité seule Rendra toutes les places
de commissaires, il J1 y.aura aucune ga-
rantie de bonne admto!s^atl0Qi *uûua
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