Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1875-03-26
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 26 mars 1875 26 mars 1875
Description : 1875/03/26 (Numéro 85). 1875/03/26 (Numéro 85).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k2755369
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
22* Année 3e Série Numéro 83
1 Un Numéro to centimes.
̃ "̃' -h
Vendredi 2o Murs 1875
H. DE VILLE MESSAHT
I^dactew en chef
'V FRANCIS -m MAGNARD «
Secrétaire de la Rédaction' ;:̃••/
̃ RÉDACTION
Dé midi à minuit, rue Drouot, 2
•̃ Les manuscrits ne sont pas rendus •̃̃̃
BUREAUX
26, Rue Drouot, 26
'f Eui'aceduDé^ôt 4e Porcelaines et Faïences anglaises.
« Loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là me moquant des sots, bravant les méchants, je me hâte 4
̃• "&\ de rire de tout. de peur d'être oblige' d'en pleurer. » (Beaumarchais.)
H. DE VILLEMESSANT
(Administrateur
A. GUIBERT
Contrôleur générai chargé de la surveillance
'̃' ` ABONNEMENTS.
̃ •̃ Départements 3 mois isfr. N
Paris 3 mois xntt.
Départements et Gares 20 centimes..
1ES ANNONCES ET RÉCLAMES
SOJiT REÇUES CHEZ MM. DoLXtNGEN FILS ET Ci«
Passage desPrinees.et à l'Administration
~°*ses~~=s~MM~
SOMMAIRE»-
LE CAS DE M. Ciiésiieux Alfred û'Aunay.
Échos dr Pabk "Le Masque de^fer. Mort
d'Amédée Achard.
M: VEUILLOT.
ÉCRIN LITTÉBAIRB. 'i
FIGARO A "Vienne F. Silas. Les fêtes du palais
Auersperg.
Tklégiiammbs ET Correspondances Âug. Marcade.
Le prince Arthur, le duc de Chartres et lé
` prince de Galles à Nice. Le drame d'Arca-
chon. Élection dans le canton nord d'Auch,
PARIS AU jour LE jour F. M.
Informations Gaston Vassy. Une femme qui
passe au travers d'une porte. L'histoire d'un
Alsacien.
GAZETTE des TRIBUNAUX Ferttavd de Rodays.
Conseils de guerre Les envoyés de la Commune
dans les départements.
La Bobbse.
LA Soirée Théâtrale Un Monsieur de l'orchestre.
• la Revue des Deux-Mondes.
COURRIER DES Théâtres Gustave Lafargue.
FEUILLETON Edmond Arnous Rivière. Une
Méprise du cœur.
LE CAS DE M. CÎÉIIIJX
Un honorable député, M. de la Sico-
tière, a été chargé de rédiger le rapport
de l'enquète relative aux actes du gou-
vernement de la Défense nationale en
Algérie. Ce rapport, fait au nom d'une
commission de l'Assemblée, dont on a,
du reste, très peu parlé, est un docu-
ment des plus terribles et des plus con.
cluants contre ce gouvernement, et par-
ticulièrement contre M. Grémieux. Je
viens de le lire et je suis absolument
stupéfait. bi. de la Sicotière ne fait pas
de phrases. Sous sa plume les événe-
ments se déroulent simplement dans
l'ordre chronologique, et le dénouement
sanglant de cette tragi-comédie est prévu
longtemps avant sa date.
Je vais ici résumer ce rapport.
On sait que M. le maréchal de Mac-
Mahon était gouverneur général de l'Al-
gérie avant la guerre. Appelé en France
pour prendre le commandement du 1er
-corps de l'armée du Rhin, le maréchal
laissa le gouvernement général à son in-
térimaire, M. le général Durrieu. Le
6 septembre arrive à Alger la nouvelle
de la proclamation de la République et
de la nomination des trois préfets d'Al-
ger, d'Oran et de Constantine, MM. le
docteur Warnier, du Bouzet et Lucet. Il
faut bien reconnaître que la majorité de
la population européenne salua cette
nouvelle avec enthousiasme et sans dé-
sordre. Les trois anciens préfets cédèrent
leurs postes aux trois amis de M. Cré-
mieux, chargés de les remplacer. Ceux-
ci firebt appel à la conciliation, il est
vrai, mais ils apportaient avec eux un
décret qui contenait le germe de tous les
malheurs. L'état de siège était levé.
Or pour cette décision on choisissait
précisément l'heure où toutes lesbonnes
troupes d'Algérie venaient de partir
pour la France, où les tribus arabes
¡ s'agitaient inquiètes, se demandant quel
allait être leur sort, si notre pays suc-
combait dans la lutte!
̃_
,4 ̃' Les trois préfets organisèrent des co-
mités de défense, la plupart nommés
par les habitants, et qui imitèrent ceux
qui, à la même époque, se créaient en
France. Ces comités, composés de la
fleur des radicaux de tous les braillards,
de tous les incapables et de tous les gre-
dins que contient notre grande colonie,
s'emparent aussitôt de tous les pouvoirs,
et s'entendent ensemble pour envoyer à
M. Crémieux des délégués chargés de
demander la substitution du régime civil
au régime militaire.
La presse est déchaînée. Partout les
clubs s'organisent. Dans toutes les com-
mîmes on élit des conseils municipaux
“̃ composés des mêmes éléments que les
comités de défense et aninlés des mêmes
intentions. Enfin, à Alger, les anciens
transportés forment une assemblée déli-
bérante sous le nom d'Association répu-
blicaine, et prennent la direction du
mouvement.
Le 12 et le 25 septembre, des manifes-
tations contre le régime militaire ont
lieu à Alger, sous la pression de ces au-
torités révolutionnaires, et sans que le
gouverneur intérimaire ait les moyens
de les réprimer. Naturellement, ces ma-
nifestations ont un grand écho dans, les
tribus.
Le 25 octobre, le général Durrieu
uitte l'Algérie sur l'ordre du gouver-
eme~nt de Tours et est remplacé par le
énéral Walsin Esterhazy, qui, malgré
e loyaux et brillants services, est ac-
ueilli à Alger par des cris et des in-
ures. Le 28, une émeute éclate. Les of#
iciers du gouverneur sont insultés et
Dousculés. Son palais est eriVahi, et il
̃ 3st menacé lui-même. Il donne sa dé-
mission et part pour la France, ayant
pour successeur désigné le général
Lichtlin.
Quand celui-ci veut prendre posses-
sion de son poste, il trouve le palais oc-
cupé. Il est menacé par la foule et obligé
de se réfugier dans l'hôtel de l'Amirauté,
sous la protection de l'amiral Fabre la
Mourelle, qui tient tête à l'émeute, et
fait preuve de la plus grande énergie.
A Oran des scènes semblables ont lieu
le 30 octobre? et le général Saurin est
obligé de quitter la ville. Enfin le doc-
teur Warnier, le -préfet d'Alger nommé
par M. Crémieux profite de ce que la
canaille ne veut plus du pouvoir mili-
taire pour donner sa démission, de façon
qu'il n'y a plus .de pouvoir du tout et
que le champ reste libre aussi bien
aux émeutiers qu'aux Arabes disposés
à la révolte.
:l #
Pendant ce temps, l'excellent M. Cré-
mieux décrète un tas de choses dans sa
bonne ville de Tours.
Il naturalise en masse, et sans condi.
tions, les israélites indigènes
Il ne naturalise que temporairement
et conditionnellement les musulmans i
s
II applique à rAlgëxie-iïssystême/des
cours d'assises et du joiy y]\ ] V^^y
assimile les avocats ds-isrtôlonie à
ceux de la métropole;
Enfin, il nomme un gouverneur géné-
ral civil, puisque sa conviction est
que le bonheur de l'Algérie tient à la
nomination de ce fonctionnaire, mais
il a bien soin de ne nemmer que M.
Henry Didier, alors enfermé dans Paris
assiégé
La canaille d'Alger interprète ainsi les
intentions de son ami Crémieux Pas de
gouverneur du tout! Et les fonction-
naires sont révoqués, quelques-uns sont
emprisonnés! Et une commission
« d'organisation communale » s'installe
a Alger. C'est la commune que les Pari-
siens ne devaient connaître que plus
tard.
Je passe les incidents, les émeutes, les
manifestations qui remplissent les mois
de novembre, décembre et janvier. Les
Arabes se consultent. Depuis longtemps
les bestiaux sont dans la montagne, et
les enfants ne fréquentent plus les écoles
des villes. Ces signes précurseurs n'ar-
rêtent pas les révolutionnaires, qu'exci-
tent, du reste, les nombreux étrangers,
pour la plupart gens sans aveu, qui ha-
bitent l'Algerie. Les Arabes voient notre
prestige, s'évanouir, et, le 23 janvier, la
révolte commence.
Elle ne se manifeste d'abord que par
une série de soulèvements partielsy.mais
deux mois plus tard, elle prend dés pro-
portions effrayantes. Fort heureusement
nos troupes arrivent de France, et sous
la conduite du brave et habile général
Lallemand, elles soutiennent une lutte
des plus longues et des plus sanglantes.
En même temps, l'amiral de Gueydon,
nommé gouverneur général, prend pos-
session de son poste maigre toutes les
protestations et toutes les menaces, et
l'ordre est rétabli parmi les colons.
<
Le Journal officiel n'a fait que commen-
cer hier, dans ses annexes, la publica-
tion du rapport de M. de la Sicotière. Je
ne puis donc en donner aujourd'hui les
conclusions. Mais il y a dans la partie
publiée des choses aui seraient e-aios si
on ne songeait aux tristes conséquen-
ces de ces actes d'incurie.
Parmi les nombreux préfets d'Alger
que nomme M. Crémieux, il en est deux
qui ont un grand succès M. Gent, d'a-
bord, qui s'arrête en route, à Marseille,
et y reste préfet; M. Peigné-Crémieux,
ensuite, rien que par le prestige de son
nom. L'idée d'avoir pour préfet le propre
gendre du ministre bien aimé séduit les
Algériens. Cette réunion de deux mots
si peu habitués à se trouver l'un près de
l'autre, Crémieux et Peigné, n'étaient-ils
pas de bon augure pour la réconciliation
des partis?. Mais ce gendre récalcitrant
n'alla même pas jusqu'à Marseille; Il ne
partit pas du tout.
Je ne sais si la suite du rapport four-
nira matière à analyse. Ce qui est cer-
tain déjà", c'est que les fautes de M. Cré-
mieux ont amené toutes ces crises. La
levée de l'état de siège et la suppression
du gouvernement militaire livraient
l'Algérie à l'anarchie, et, enlevant au
nom français tout prestige, disposaient
lesArabes.au soulèvement. La natura-
lisation sans condition des Israélites
indigènes donnait en outre à ces Ara-
bes, si prompts à profiter de tous lés
prétextes, un motif grave de plainte.
Pourquoi cette faveur aux israélites, et
cette supériorité à eux donnée sur les
musulmans?. Pourquoi?. Parce que
M. Crémieux est israélite, et qu'au mo-
ment où ses coréligionnaires donnaient
en Alsace, en Lorraine et partout, les
preuves touchantes de la plus patrioti-
que abnégation, lui ne songeait qu'à
s'assurer en Afrique des courtiers d'é-
lectionl J
Voilà ce qu'a fait M. Crémieux! Et je
trouve que voilà assez d'enquêtes plato-
niques. M. Grémieux, sous l'empire de
sentiments personnels, a provoqué l'in-
surrection de 1871 en Algérie, et a causé
la mort de braves soldats. Il doit être
jugé et puni. L'incapacité est peut-être
une excuse, mais c'est à un tribunal de
la repousser ou de l'admettre. Je de-
mande donc qu'on mette en jugement
M. Grémieux. t Alfred d'Aunay.
Echos de Paris
MORT D'AMÉDÉE ACHARD
Nous apprenons à l'instant une bien
triste nouvelle; notre confrère, ami et
collaborateur Amédée Achard est mort
hier soir, des suites d'une fluxion de
poitrine.
Tout le monde connaît cet esprit si
charmant, si jçune à qui nous devons
tant de romans, de nouvelles, pleines de
sève et d'observation.
Citons au hasard Belle-Rose, les Petits-
fils de Lovelace, les Misères dhtn million-
naire, le Roman du Mari, Marcelle, la Vie
errante et en dernier lieu la Cape etl'Epée,
qu'il publiait la semaine dernière chez
Dentu. Il avait fourni en outre à la Revue
des Deux-Mondes, au Courrier de Paris et
à plusieurs autres journaux des cause-
ries très remarquées.
Personne n'eût cru à le voir qu'Amé-
dée Achard était âgé de soixante-huit
ans, bien qu'il eùt déjà soiiirert de
cruelles et fréquentes atteintes du mal
'qui l'a emporté. C'était en effet la qua-
trième fluxion de poitrine qu'il avai t con-
tractée, et ses amis avaient lieu d'espé-
rer que, cette fois encore, la science et
les soins le leur conserveraient.
On se rappelle son duel avec Fioren-
tino, dans lequel, frappé en plein pou-
mon d'un coup d'épée, il resta plusieurs
semaines entre la vie et la mort. Des
saignées fréquentes, une température
glaciale dans ses appartements, le rendi-
rent à la vie, contre toutes prévisions.
Aux terribles journées de juin, Amé-
dée Achard,. qui faisait partie de la garde
nationale, combattit les insurgés, et fut
fait-prisonnier par eux, alors que son
frère venait d'être tué à ses côtés. Il était }
officier de la Légion d'honneur de-
puis 1866.
Nous indiquerons demain l'heure çfô
ses obsèques.
Les dédains de M. Louis Veuillot pour
le directeur du Figaro sont intermittents.
Je n'en veux pour preuve que cette pe-
tite et charmante lettre qu'il écrivit à
M. de Villemessant en 1867 et où il lui
témoigne, comme on le verra, quelque
confiance:
Est-ce vrai, monsieur, que vous méditez de
prendre des actions de l'Univers? Je vous as-
sure que plusieurs choses m'étonneraient da-
vantage. Vous êtes de ces incendiaires, très
nombreux dans les civilisations décousues,qui
ne veulent pas opérer trop loin des pompiers.
Ils accordent cette satisfaction à leur cons-
cience et ils mettent le feu, et ça brûle. De-
venez donc mon actionnaire je pomperai sur
vous et vous serez mouillé, mais vous aurez
toujours le plaisir de voir flamber vos ac-
tions.
Ceci entendu, hâtez-vous s'il vous plaît.
Le moment approche de constituer la société
'qui deviendra propriétaire du journal. Vous
vous trouverez là en bonne compagnie. Ce
n'est pas une manière de parler.
Cette sorte exquise de bonne compagnie
ayant peu l'usage de nos mécanismes, il me
plairait fort de vous y introduire comme le
contrôleur le plus expert de toutes les dé-
penses auxquelles la mise en train et l'ex-
ploitation d'un journal peuvent donner lieu.
Je ne serais pas fâché de vous montrer com-
ment nous faisons les choses, et votre pré-
sence me soulagera un peu du déplaisir que
j'ai d'avoir à conduire une affaire-en même
temps qu'à présider une rédaction.
M. Jouvin vous a-t-il parlé. d'un jeune gar-
çon qui me prie de le recommander à vous?
Il se sent, hélas après en avoir essayé, plus
fait pour votre bâtiment que pour le mien. Il
a quelque lecture, de la>vivacité dans l'esprit,
de l'élégance dans la main; il a aussi fort
grand appétit, par des raisons trop légitimes.
Mais je pourrais satisfaire son appétit qu'il ne
me resterait pas. Pour me rester, il faut une
âme de héros ce n'est pas son fait. Il est
oiseau et c'est chez vous que l'on gazouille.
Puisqu'il me quitte prenez-le. Il en vaut
d'autres et je l'aime bien mieux chez vous
qu'ailleurs. L^s écarts ne manquent pas, mais
pourtant on y va moins de travers. Pauvre
petit 1 Vous devriez ne le faire servir que sous
le masque, jusqu'à l'âge de raison des gens de
lettres, vers quarante ans.
Je suis, monsieur l'actionnaire, votre très
humble et très obligé serviteur.
Louis VEUILLOT.
28 mars 1867.
Impossible de demander avec plus de
grâce et comme les questions d'intérêt
changent les gens Comparez à ces fines
gronderies délicatement flatteuses, à
cette confiance obséquieuse d'autrefois
les grossièretés d'aujourd'hui et recon-
naissez que les années qui améliorent le
vin se comportent d'une manièrebien dif-
férente avec l'encre de M. Veuillot.
Le remplacement du comte de Jarnac
à l'ambassade de Londres est une des
plus sérieuses préoccupations du gouver-
nement et en particulier du ministre des
affaires étrangères. On a déjà mis en
avant le nom du duc de Broglie, qui a
occupé ce poste, mais on nous assure que
l'ancien vice-président du conseil a dé-
claré ne pas vouloir rentrer dans la car-
rière diplomatique. Il est actuellement
question du comte de Chaudordy, qui a
eu de vrais succès à Berne et à Madrid,
et c'est probablement à lui qu'est réser-
vée la succession du comte de Jarnac.
La Société de protection des Alsaciens-
Lorrains, que préside M. le comté d'Haus-
sonville, et dont l'exposition artistique
au Corps législatif est restée célèbre,
organise pour mardi prochain, à la
salle Ventadour, une matinée dont le
programme est confié à M. Ballande.
On peut juger de l'attrait de la repré-
sentation par les splendeurs naguère
étalées au Palais-Bourbon.
Cette fête de bienfaisance patriotique,
due à l'initiative de M. le major Frido-
lin (lisez M. de Valbesède), réunit le con-
cours de toutes les dames patronnesses
de l'œuvre, parmi lesquelles nous remar-
quons Mmes Alexandre, d'Armaillé, de
Broglie, de Bussière, de Clermont-Ton-
nerre, Erard, d'Haiissonville, de Jau-
court, de Ladoucette, Lefébure, Mann-
berguer, Oberkampf, de Pourtalès, etc.
Les bureaux de l'œuvre sont installés
9, rue de Provence, et c'est là qu'il faut
s'adresser pour les billets à prendre.
Un des derniers survivants de Ma-
rengo le dernier peut-être a été
enterré hier.
C'est le capitaine Mayerette, qui, bien
que simple enfant de troupe et âgé de
onze ans seulement le jour de cette
grande bataille, en avait gardé un sou-
venir très précis. Le brave capitaine avait
fait toutes les guerres de l'Empire, la
campagne d'Espagne en 1823 et celle de
la prise d'Alger. Sa très brillante con-
duite à Waterloo lui avait valu la croix
d'officier de la Légion d'honneur, bien
qu'il ne fût ajors que sous-lieutenant.
Le capitaine Mayerette, qui a succombé
aux suites d'une fluxion de poitrine, était
très aimé et très respecté de tous les
pensionnaires de l'Hôtel des Invalides.
Sa mort y laisse de grands regrets, et
c'est pour satisfaire au vœu de ses vieux
camarades que nous lui consacrons cette
courte notice.
L'approchedu Salon précipite, au lieu
de les ralentir, les ventes de tableaux, et
le mouvement artistique prend une vi-
vacité qui tient de la fièvre. Voici en-
core une vente qui promet d'être cu-
rieuse, c'est celle d'un peintre très dis-
cuté, et qui a eu souvent des audaces
heureuses, M. Amand Gautier. On y re-
verra sa Promenade des Frères de la doc-
trine et les riolles de la Salpêtrière, deux
toiles qui ont fait sensation en 1857 et
1859.
Un de nos amis qui habite Nice nous
envoie des renseignements sur la mala-
die de M. Carpeaux qui avait été fort exa-
gérée par les journaux.
Il paraît que l'éminent artiste a subi
une opération dont le résultat est excel-
lent; sa santé s*ôst beaucoup améliorée
grâce au climat et aux soins intelligents
dont il est entouré; installé dans la Délie
propriété que possède "a la promenade
des Anglais le prince Georges Stirbey,
un ami intelligent des arts, à peu de
distance de la mer dont il respire les
brises vivifiantes, M. Garpeaux est entré
en convalescence; ses amis le visitent
souvent, entre autres M. Alphonse Karr,
M. Gudin, sans compter son ami intime
et confrère M. Bernard qui, aidé des
sœurs de charité, aura contribué à nous
rendre le sympathique statuaire.
Un employé de chemin de fer deman-
dait il y a quelques jours un laisser-
passer a son supérieur; celui-ci refusa
La compagnie vous donne tant pour
vos services, et cela suffit. Si vous étiez
chez un fermier, par exemple, travaillant L
à six francs par jour, et si vous aviez be-
soin d'aller à pensez-vous qu'il attel-
lerait et vous y conduirait pour rien ?
Non mais s'il avait ses chevaux
tout attelés, et s'il allait dans cette di-
rection, ce serait un Jean s'il ne vou-
lait pas me laisser monter dans sa voi-
ture. •
Le supérieur goûta si bien la logique
de l'employé qu'il le gratifia immédia-
tement d'une mise à pied.
Ii
Les amis d'Ancelot lui reprochaient de
ne pas voir les choses de haut, de se
perdre dans les détails et d'amoindrir en
les discutant les questions de l'ordre le
plus élevé.
Après la révolution de 1830, Ancelot
sollicita la préfecture de la Seine, qu'il
fut sur le point d'obtenir.
En apprenant cela, Mme Ancelot s'é-
cria
Si Ancelot devient préfet de la
Seine, il s'y prendra si bien qu'il trou-
vera moyen de faire de Paris un des plus
jolis endroits des environs!
LE MASQUE DE FER.
♦–
M. VEUILLOT
̃ ̃ • ̃ v ^mtm ^ê^ m ̃̃̃> mmm ̃
Il y a deux hommes en lui le maître
Jacques politique; dont on a pu juger les
prodigieuses pirouettes par les trop
courtes citations, hélas que nous avons
faites hier, et l'homme qui s'est adjugé
la mission de régenter l'Eglise catho-
lique.
11 se l'est adjugée malgré bien despro-
testations de prêtres ou d'évêques indi-
gnés de voir un laïque se faire leur sur-
veillant incommode, leur dénonciateur
obstiné, et pénétrer dans le sanctuaire,
l'injure à la. bouche et le fouet à la
main.
L'une des victimes de cette rage sin-
gulière que la science n'a pas encore dé-
finie, est Mgr Dupanloup, évêque d.'Or-
léans. M. Veuillot poursuit ce grand pré-
lat d'une haine de Corse depuis un quart
de siècle. L'origine de la haine, on la
connaît. Dans la célèbre polémique de
1850-51 sur les classiques grecs et latins,
M. Veuillot prit, comme de coutume, le
parti contraire à la saine raison et aux
intérêts bien entendus des petits sémi-
naires catholiques. Il fut blessant pour
Mgr Dupanloup, qui dut interdire la lec-
ture de son journal aux prêtres du dio-
cèse d'Orléans.
Toujours les questions de boutique, M.
Veuillot.
Lorsque le concile de 1869-70 fut an-
noncé, l'Univers se fit remarquer par une
intempérance de zèle on ne peut plus
pénible pour les évêques, agaçant les
plus savants d'entre eux, comme Mgr
Maret, attirant les autres sur le terrain
de la discussion publique, s'étourdissant
par le tapage qu'il faisait..
Mgr Dupanloup, mis plusieurs fois en
cause par l'Univers, publia SON Avertis-
sement A M. LOUIS VEUILLOT.
Nous regrettons de ne pouvoir repro-
duire cette éloquente lettre dans son en-
tier, mais les extraits nombreux qui sui-
vent édifieront suffisamment nos lec-
teurs sur le rôle détestable que M. 1
Veuillot joue dans l'Eglise depuis trop
longtemps ?
Vous vous donnez dans l'Eglise, monsieur, J
un.rôle qui n'est plus tolérable, <
Vous, simple laïque, un de ces écrivains i
dont un de NN. SS. les évêques disait hier,
dans vos colonnes mêmes, « qu'ils n'ont aucune
autorité et ne sont rien dans l'Eglise », vous <
y usurpez étrangement ]
Vous agitez et troublez les esprits dans
l'Eglisé;
Vous faites une sorte de pieuse émeute à la
porte du concile
Vous lui tracez sa marche; vous posez des
questions que le Saint-Père n'a pas posées;
vous parlez de définitions, selon vous inévi-
tables vous en. dites le mode et la forme.
Vous insultez, dénoncez et mettez au ban
dû catholicisme tous les catholiques qui ne
pensent ou ne parlent pas comme vous.
C'en est trop, monsieur.
J'élève à mon tour la voix et je viens oppo-
ser aux entreprises dont je vous accuse un
solennel avertissement.
J'accuse vos usurpatious sur l'Episcopat, et
votre intrusion perpétuelle dans ses plus
graves et plus délicates affaires.
J'accuse surtout vos excès de doctrines, vo-
tre déplorable goût pour les questions irri-
tantes et pour les solutions violentes et dan-
gereuses.
Je vous accuse d'accuser, d'insulter et de
calomnier vos frères dans la foi. Nul ne mé-
rita jamais plus que voüs ce mot sévère des
livres saints accusator fratrum
Par dessus tout, je vous reproche de rendre
l'Eglise complice de vos violences, en donnant
pour sa doctrine, PAR UNE rare AUDACE, vos
idées les plus personnelles.
Plus loin, l'éloquent évêque, après lui
avoir rappelé qu'avant 1848 il était libé-
ral à rendre des points à Michelet) Qui-
net, Girardin, lui dit qu'il est tombe dans.
l'excès contraire, condamnant comme
hérésie tout ce qui sent le libéralisme.
Il ajoute:
On ne peut vous lire sans voir éclater pour
ainsi dire à toutes vos pages la haine des ca-
tholiques qui ne proscrivent pas aveuglément
tout ce que vous proscrivez. Ce torrent d'in-
jures et cette espèce de colère continue inspire
à vos bons lecteurs ces naïves terrcurs, ces pieux
anathèmes, que chaque matin on vait défiler
dans vos colonnes, avec les souscriptions pour
le Saint-Père • • • • •
K
Libre à vous, monsieur, d'être en politique
ce que vous voudrez tout ou rien, c'est votre
affaire; PARLEMENTAIRE, vous L'AVEZ ÉTÉ; répu-
blicain, VOUS L'AVEZ été.; césaiuen, vous l'êtes
TOUJOURS. Cela vous regarde.
Mais l'Eglise n'a décrété d'hérésie, que je
sache, aucune légitime forme de gouverne-
ment pas plus la république que la monar-
chie, pas plus le gouvernement parlementaire
qu'un autre.
L'Univers a déclaré hérétique et plus qu'hé-
rétique le système parlementaire qui a été
longtemps et redevient peut-être le nôtre.
Et c'est, non comme libre citoyen, mais
comme catholique, et au nom du catholi-
cisme, que vous avez injurié tous ceux qui
chez nous sont restés fidèles dans leurs pré-
férences pour cette forme politique.
L'ardeur de cette polémique pourra
étonner les gens du monde qui no lisent
pas V Univers. Des hommes bien élevés,
respectueux pour la religion au point de
se découvrir dans la rue, devant un frère
des écoles chrétiennes, pourront s'éton-
ner qu'un journaliste se disant catholi-
que verse l'injure à jet continu contre
l'épiscopat qui ne reconnaît aucune au-
torité dogmatique à son journal. Sa
rage, du reste, n'a rien épargné Ber-
ryer, de Montalembert, de Falloux, de
Broglie, Foisset, Cochin, ont été criblés
de ses coups. Ecoutons sur ces sujets
Mgr Dupanloup
Les procédés calomnieux vous sont si habi-
tuels, que vous les avez appliqués même à des
évêques enveloppant dans une précaution
banale une venimeuse insinuation, vous n'avez
pas craint de présenter comme les défenseurs.
d'un homme que vous traitez tous les jours
d'apostat des évêques que vous nommez.
« Le P. Hyacinthe sera défendu devant le
n concile par ses amis les évêque3 de Châ-
» Ions, de Bayeux, et par les archevêques
» d'Avignon et de Reims. »
Je viens de nommer le P. Hyacinthe. Tous
les catholiques ont gémi de sa chute. Vous,
monsieur, vous avez triomphé, et dès le pre-
vnïnr» iatip wifrtlif an f nftnp oiintsi ri î r*rt /loi-ici î'<->_
mier jour, euionçant pour ainsi aire aans ra-
bime celui que vos violences ont contribué à
y pousser, vous vous êtes écrié « C'est fini!
Fruit médiocre. Fruit gâté et qui ne devait
pas mûrir. » Et vous vous en êtes glorifié
comme d'une victoire. Vous avez écrit ce mot
honteux.
Citerai-je d'autres traits ?
Vous avez bien osé représenter M, de Mon-
talembert ^omnie un homme qui porte les'
armes contre l'Eglise. f
Et comment oublier ici ce que vous avez
fait à Berryer
Il n'était pas mort encore, il était mourant,
que déjà vous outragiez sa tombe et versiez
sur sa mémoire les plus ingrates calomnies.
Vous outragiez tout en kji, le caractère, le
talent même, et jusqu'à l'honneur chrétien.
De qui parlait donc le P. Lacordaire quand
il disait
« C'est à mes yeux un grand honneur que
d'obtenir la haine de tels hommes. J'espère
qu'ils me traîneront sur la claie avant que je
meure. »
La dernière lettre de l'évêque d'Or-
léans à M. Veuillot est du mois de jan-
vier 1874. 11 Univers avait arrangé sa
guise et obscurci à dessein un fait qui
s'était passé dans la cathédrale d'Orléans,
lors d'une cérémonie funèbre. Mgr Du-
panloup. protesta, et après avoir établi la
vérité:
« Voilà le fait dans sa simplicité. Et c'est
ce fait que vous traitez d'infamie et que vous
transformez en profanation et en scandale.
« L'infamie, elle est là, monsieur, dans vos
inventions et vos calomnies. Et quand des
témoins autorisés vous font connaître la vé-
rité, vous persistez dans vos outrages
Vous êtes là pleinement dans votre rôle;
car qui n'avez-vous pas insulté parmi les plus
illustres défenseurs de la société de l'Eglise ? P
Quelle accusation avez-vous épargnée à cette
Assemblée nationale, la plus chrétienne peut-
être que l'on ait vue dans notre pays, où se
trouvent tant d'hommes si profondément dé-
voués au Saint-Père. Le jour où vous me
sompariez à Judas et à Pil'ate, vous osiez dire
d'eux et de leur attitude « C'était un spec-
tacle horrible à voir! » Et cela, parce que,
dans les circonstances douloureuses où se
trouve la France, tout en proclamant les droits
imprescriptibles du siége apostolique, nous
a'avions pas cru qu'il fût bon d'exposer la
3ause du Saint-Père à l'humiliation d'un vote
incertain
A demain la troisième et dernière
jpître aux Veuillotins. Elle ne sera pas la
moins curieuse des trois.
+–. .«
ÉCRIN LITTÉRAIRE
La tentative que nous avons faite en
reproduisant, dans notre numéro du di-
manche, quelques perles oubliées de la
littérature d'autrefois, a été, croyons-
nous, couronnée de succès. On nous sait
gré d'avoir remis en lumière des œuvres
telles que le Lion amoureux, de Soulié,
le Mouchoir bleu, de Becquet, et cette char-
mante fantaisie de Gozlan que nous don-
nions dimanche dernier, le Mauvais œil
musical.
Ne voulant pas nous contenter des re-
cherches que nous pouvions faire nous-
mêmes, nous avons appelé nos lecteurs
à notre aide. Comme toujours, notre pu-
blic intelligent a compris cet appel et il
y a largement répondu. Il se passe peu
de jours que nous ne recevions, de
quelque chercheur érudit, de précieuses
indications. 1 .1
Une lettre a particulièrement frappé
notre attention, parce qu'elle émane
d'un homme qui a conquis une haute ré-
putation de goût et d'intelligence. C'est
M. Jouaust, que tous les amateurs de
beaux livres connaissent. C'est lui qui a
publié, en 1870, de concert avec le Figaro,
le journal du siège, sous le titre de « Ga-
zette des absents. »
Voici donc ce que M. Jouaust écrit à
M. de Villemessant
Paris, 23 mars 1875.
Mon cher maître,
Quoiqu'il n'y ait pas le plus petit siége à
l'horizon parisien, je viens vous soumettre une
idée aue je crois intéressante.
'l'Ji"~ >i~
Il s'.agirait d'imprimer, sous le titre général
cl henn littéraire ou autre, les joyaux que
vous voulez donner chaque dimanche. Cela
forait, au bout, de fort jolis volumes,, tesquels
imprimés avec soin, se vendraient chez vous
et chez moi..
Votre journal a une publicité sans pareille;
ma maison est, vous le savez, assez bien fa-
mée chez les gens de .goût. Dans ces condi-
tions-là, je ne doute pas du succès.
Votre bien dévoué,
D. JOUAUST.
L'idée nous paraît bonne et nous l'a-
doptons avec empressement. M. Jouaust
lui a trouvé son vrai titre Ecrin litté-
raire. C'est celui que nous mettrons dé-
sormais en tête des reproductions que
contiendra notre numéro du dimanche.
Reste à savoir si les règles de la pro-
priété littéraire nous permettent de
mettre à exécution l'idée de M. Jouaust.
Mais il ne saurait y avoir de difficultés
de ce côté, parce que le Figaro ne pour-
suit aucune spéculation. Les bénéfices
que produirait cette combinaison se-
raient répartis par moitié entre la caisse
de la Société des gens de lettres et la
caisse de secours du Figaro.
Ce but charitable nous permet d'es-
pérer qu'aucune autorisation ne nous
sera refusée.
FIGARO JL VIENNI
Vienne, le 22 mars 1875.
Los fêtes du palais Auersperg. Représentations
de M. Got, Les tableaux animés.
Vous avez parlé, en quelques lignes,
il est vrai, des représentations organi-
sées à Vienne au palais Auersperg et
auxquelles M. Got est venu prêter son
concours. Permettez-moi de vous envoyer
quelques détails complémentaires sur
ces soirées dont' tous les journaux de
Vienne se sont occupés et s'occupent en-
core. Mais d'abord une rectification op-
portune ce n'est point, comme on l'a
dit, chez le prince Auersperg, président
du ministère Cis-leithan que ces fêtes
~n~t~f ~~A~u~L~~t L~u.0 Voa lutua
ont eu lieu, mais chez sa cousine, la prin-
cesse Wilhelmine.
La princesse, qui s'était, avec un em-
pressement des plus louables, mise à la
disposition du comité d'organisation
(ce dernier était composé des dames pa-
tronnesses de VOEuvre patriotique des Da-
mes d'Autriche et de celles de l'hôpital
Elisabeth de Pesth), avait gracieuse-
ment consenti à ce que l'on bouleversât
son palais de fond eil comble et à ce
que l'on y construisît un théâtre ma-
chiné par Rudolph, décoré par Brioschi,
et dirigé par un simple amateur qui,
coutumier du fait, a voulu garder l'ano-
nyme, mais qui s'est trahi par le succès
même de son œuvre. Cet impresario'
est le baron de Bourgoing, deuxième
secrétaire à l'ambassade de France. Il
était secondé par Jauner, le directeur
du Carl-Theater, par Déloye,- l'aimable
sculpteur parisien, à cette heure ins-
tallé à Vienne, et enfin par Frappart
de l'Opéra. Le programme, merveille
typographique, que je vous envoie, con-
tient les noms de tous ceux qui, à un
titre quelconque, ont pris part aux repré-
sentations. Il ne tait que le nom du baron
de Bourgoing gui, par un excès de mo-
destie, a implacablement tenu à rester
derrière le manteau d'arlequin.
Les représentations ont été divisées ea
deux séries données à huit jours d'inter-
yallei Cette mesure, prise après coup et
jugée nécessaire pour le succès moral et
matériel de l'entreprise, impliquait une
prolongation du congé accordé à M. Got,
et il est juste de dire que cette prolon-
gation, demandée par voie diplomatique,
a été fort gracieusement consentie par
M. Perrin.
M. Got qui, il convient de le dire, a
fait le voyage de Vienne entièrement à
ses frais et sans la moindre arrière-pen-
sée de profit personnel, a paru dans deux
rôles, celui d'Alceste du Misanthrope
et celui de Benoît du Dîner de Alade-
Im. Je n'ai pas besoin de vous affirmer
que son succès a été absolu. Les jour-
naux deVienne, qui tous ont consacré de
longs articles au doyen sociétaire du
Théâtre-Français, ont, dans leur enthou-
siasme, considéré Benoît du Dîner de
Aîadelon comme un des personnages du
répertoire courant de Got. Celui-ci
qui n'avait jamais abordé de pareils
rôles, a lu la pièce pendant le trajet de
Paris à Vienne, et c'est en wagon qu'il
'es-t '1
s'est familiarisé avec les joyeux flon-
flons de l'œuvre du chansonnier rival
de Béranger. Arrivé à Vienne, Got a •
trouvé son personnel à peu près au
courant, et les répétitions (il n'y en a eu
que trois) ont si bien marché qu'on a pu
passer au jour fixé.
Dans le Misanthrope, Got était secondé
par la baronne deLowenthal (Célimène),
qui avait étudié son rôle avec un soin
infini et l'a interprété avec un grand
naturel, puis par la comtesse Melanie
Zichy, née princesse de Metternich,
Eliante, grande dame jusqu'aux bouts
des ongles et.tout à fait en situation, par
le prince Constantin Czartoryski, un Cli-
tandre pour de vrai, et enfin par M. Henri
de Lafaulotte de l'ambassade de France,
un Philinte d'une haute élégance. N'ou-
blions pas non plus le jeune Médéric
Got, qui, au pied levé, a appris et joué
avec un aplomb merveilleux le rôla de
Dubois.
Dans le Dîner de Madelon, Benoît-Got
avait pour partenaires M. de Tatistcheff,
de l'ambassade de Russie, excellent en
Vincent, et la princesse de Metternich,
une Madelon comme on n'en voit guère.
La princesse, qui détaille le couplet
avec un art infini, a rehaussé ce rôle de
Madelon de tout l'éclat de son indéniable
talent, et elle a joué la fine et rusée sou-
brette avec 'une vérité d'allures et d'ex-
pression qui lui a valu les bravos en-
thousiastes de son auditoire. Et cet au-
ditoire, composé de tout ce que Vienne
compte d'archiducs, de princes et de di-
gnitaires, n'est généralement pas pro-
digue de ses suffrages. Le Dîner de Ma-
deton, avec ses délicieux couplets, dits
1 Un Numéro to centimes.
̃ "̃' -h
Vendredi 2o Murs 1875
H. DE VILLE MESSAHT
I^dactew en chef
'V FRANCIS -m MAGNARD «
Secrétaire de la Rédaction' ;:̃••/
̃ RÉDACTION
Dé midi à minuit, rue Drouot, 2
•̃ Les manuscrits ne sont pas rendus •̃̃̃
BUREAUX
26, Rue Drouot, 26
'f Eui'aceduDé^ôt 4e Porcelaines et Faïences anglaises.
« Loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là me moquant des sots, bravant les méchants, je me hâte 4
̃• "&\ de rire de tout. de peur d'être oblige' d'en pleurer. » (Beaumarchais.)
H. DE VILLEMESSANT
(Administrateur
A. GUIBERT
Contrôleur générai chargé de la surveillance
'̃' ` ABONNEMENTS.
̃ •̃ Départements 3 mois isfr. N
Paris 3 mois xntt.
Départements et Gares 20 centimes..
1ES ANNONCES ET RÉCLAMES
SOJiT REÇUES CHEZ MM. DoLXtNGEN FILS ET Ci«
Passage desPrinees.et à l'Administration
~°*ses~~=s~MM~
SOMMAIRE»-
LE CAS DE M. Ciiésiieux Alfred û'Aunay.
Échos dr Pabk "Le Masque de^fer. Mort
d'Amédée Achard.
M: VEUILLOT.
ÉCRIN LITTÉBAIRB. 'i
FIGARO A "Vienne F. Silas. Les fêtes du palais
Auersperg.
Tklégiiammbs ET Correspondances Âug. Marcade.
Le prince Arthur, le duc de Chartres et lé
` prince de Galles à Nice. Le drame d'Arca-
chon. Élection dans le canton nord d'Auch,
PARIS AU jour LE jour F. M.
Informations Gaston Vassy. Une femme qui
passe au travers d'une porte. L'histoire d'un
Alsacien.
GAZETTE des TRIBUNAUX Ferttavd de Rodays.
Conseils de guerre Les envoyés de la Commune
dans les départements.
La Bobbse.
LA Soirée Théâtrale Un Monsieur de l'orchestre.
• la Revue des Deux-Mondes.
COURRIER DES Théâtres Gustave Lafargue.
FEUILLETON Edmond Arnous Rivière. Une
Méprise du cœur.
LE CAS DE M. CÎÉIIIJX
Un honorable député, M. de la Sico-
tière, a été chargé de rédiger le rapport
de l'enquète relative aux actes du gou-
vernement de la Défense nationale en
Algérie. Ce rapport, fait au nom d'une
commission de l'Assemblée, dont on a,
du reste, très peu parlé, est un docu-
ment des plus terribles et des plus con.
cluants contre ce gouvernement, et par-
ticulièrement contre M. Grémieux. Je
viens de le lire et je suis absolument
stupéfait. bi. de la Sicotière ne fait pas
de phrases. Sous sa plume les événe-
ments se déroulent simplement dans
l'ordre chronologique, et le dénouement
sanglant de cette tragi-comédie est prévu
longtemps avant sa date.
Je vais ici résumer ce rapport.
On sait que M. le maréchal de Mac-
Mahon était gouverneur général de l'Al-
gérie avant la guerre. Appelé en France
pour prendre le commandement du 1er
-corps de l'armée du Rhin, le maréchal
laissa le gouvernement général à son in-
térimaire, M. le général Durrieu. Le
6 septembre arrive à Alger la nouvelle
de la proclamation de la République et
de la nomination des trois préfets d'Al-
ger, d'Oran et de Constantine, MM. le
docteur Warnier, du Bouzet et Lucet. Il
faut bien reconnaître que la majorité de
la population européenne salua cette
nouvelle avec enthousiasme et sans dé-
sordre. Les trois anciens préfets cédèrent
leurs postes aux trois amis de M. Cré-
mieux, chargés de les remplacer. Ceux-
ci firebt appel à la conciliation, il est
vrai, mais ils apportaient avec eux un
décret qui contenait le germe de tous les
malheurs. L'état de siège était levé.
Or pour cette décision on choisissait
précisément l'heure où toutes lesbonnes
troupes d'Algérie venaient de partir
pour la France, où les tribus arabes
¡ s'agitaient inquiètes, se demandant quel
allait être leur sort, si notre pays suc-
combait dans la lutte!
̃_
,4 ̃' Les trois préfets organisèrent des co-
mités de défense, la plupart nommés
par les habitants, et qui imitèrent ceux
qui, à la même époque, se créaient en
France. Ces comités, composés de la
fleur des radicaux de tous les braillards,
de tous les incapables et de tous les gre-
dins que contient notre grande colonie,
s'emparent aussitôt de tous les pouvoirs,
et s'entendent ensemble pour envoyer à
M. Crémieux des délégués chargés de
demander la substitution du régime civil
au régime militaire.
La presse est déchaînée. Partout les
clubs s'organisent. Dans toutes les com-
mîmes on élit des conseils municipaux
“̃ composés des mêmes éléments que les
comités de défense et aninlés des mêmes
intentions. Enfin, à Alger, les anciens
transportés forment une assemblée déli-
bérante sous le nom d'Association répu-
blicaine, et prennent la direction du
mouvement.
Le 12 et le 25 septembre, des manifes-
tations contre le régime militaire ont
lieu à Alger, sous la pression de ces au-
torités révolutionnaires, et sans que le
gouverneur intérimaire ait les moyens
de les réprimer. Naturellement, ces ma-
nifestations ont un grand écho dans, les
tribus.
Le 25 octobre, le général Durrieu
uitte l'Algérie sur l'ordre du gouver-
eme~nt de Tours et est remplacé par le
énéral Walsin Esterhazy, qui, malgré
e loyaux et brillants services, est ac-
ueilli à Alger par des cris et des in-
ures. Le 28, une émeute éclate. Les of#
iciers du gouverneur sont insultés et
Dousculés. Son palais est eriVahi, et il
̃ 3st menacé lui-même. Il donne sa dé-
mission et part pour la France, ayant
pour successeur désigné le général
Lichtlin.
Quand celui-ci veut prendre posses-
sion de son poste, il trouve le palais oc-
cupé. Il est menacé par la foule et obligé
de se réfugier dans l'hôtel de l'Amirauté,
sous la protection de l'amiral Fabre la
Mourelle, qui tient tête à l'émeute, et
fait preuve de la plus grande énergie.
A Oran des scènes semblables ont lieu
le 30 octobre? et le général Saurin est
obligé de quitter la ville. Enfin le doc-
teur Warnier, le -préfet d'Alger nommé
par M. Crémieux profite de ce que la
canaille ne veut plus du pouvoir mili-
taire pour donner sa démission, de façon
qu'il n'y a plus .de pouvoir du tout et
que le champ reste libre aussi bien
aux émeutiers qu'aux Arabes disposés
à la révolte.
:l #
Pendant ce temps, l'excellent M. Cré-
mieux décrète un tas de choses dans sa
bonne ville de Tours.
Il naturalise en masse, et sans condi.
tions, les israélites indigènes
Il ne naturalise que temporairement
et conditionnellement les musulmans i
s
II applique à rAlgëxie-iïssystême/des
cours d'assises et du joiy y]\ ] V^^y
assimile les avocats ds-isrtôlonie à
ceux de la métropole;
Enfin, il nomme un gouverneur géné-
ral civil, puisque sa conviction est
que le bonheur de l'Algérie tient à la
nomination de ce fonctionnaire, mais
il a bien soin de ne nemmer que M.
Henry Didier, alors enfermé dans Paris
assiégé
La canaille d'Alger interprète ainsi les
intentions de son ami Crémieux Pas de
gouverneur du tout! Et les fonction-
naires sont révoqués, quelques-uns sont
emprisonnés! Et une commission
« d'organisation communale » s'installe
a Alger. C'est la commune que les Pari-
siens ne devaient connaître que plus
tard.
Je passe les incidents, les émeutes, les
manifestations qui remplissent les mois
de novembre, décembre et janvier. Les
Arabes se consultent. Depuis longtemps
les bestiaux sont dans la montagne, et
les enfants ne fréquentent plus les écoles
des villes. Ces signes précurseurs n'ar-
rêtent pas les révolutionnaires, qu'exci-
tent, du reste, les nombreux étrangers,
pour la plupart gens sans aveu, qui ha-
bitent l'Algerie. Les Arabes voient notre
prestige, s'évanouir, et, le 23 janvier, la
révolte commence.
Elle ne se manifeste d'abord que par
une série de soulèvements partielsy.mais
deux mois plus tard, elle prend dés pro-
portions effrayantes. Fort heureusement
nos troupes arrivent de France, et sous
la conduite du brave et habile général
Lallemand, elles soutiennent une lutte
des plus longues et des plus sanglantes.
En même temps, l'amiral de Gueydon,
nommé gouverneur général, prend pos-
session de son poste maigre toutes les
protestations et toutes les menaces, et
l'ordre est rétabli parmi les colons.
<
Le Journal officiel n'a fait que commen-
cer hier, dans ses annexes, la publica-
tion du rapport de M. de la Sicotière. Je
ne puis donc en donner aujourd'hui les
conclusions. Mais il y a dans la partie
publiée des choses aui seraient e-aios si
on ne songeait aux tristes conséquen-
ces de ces actes d'incurie.
Parmi les nombreux préfets d'Alger
que nomme M. Crémieux, il en est deux
qui ont un grand succès M. Gent, d'a-
bord, qui s'arrête en route, à Marseille,
et y reste préfet; M. Peigné-Crémieux,
ensuite, rien que par le prestige de son
nom. L'idée d'avoir pour préfet le propre
gendre du ministre bien aimé séduit les
Algériens. Cette réunion de deux mots
si peu habitués à se trouver l'un près de
l'autre, Crémieux et Peigné, n'étaient-ils
pas de bon augure pour la réconciliation
des partis?. Mais ce gendre récalcitrant
n'alla même pas jusqu'à Marseille; Il ne
partit pas du tout.
Je ne sais si la suite du rapport four-
nira matière à analyse. Ce qui est cer-
tain déjà", c'est que les fautes de M. Cré-
mieux ont amené toutes ces crises. La
levée de l'état de siège et la suppression
du gouvernement militaire livraient
l'Algérie à l'anarchie, et, enlevant au
nom français tout prestige, disposaient
lesArabes.au soulèvement. La natura-
lisation sans condition des Israélites
indigènes donnait en outre à ces Ara-
bes, si prompts à profiter de tous lés
prétextes, un motif grave de plainte.
Pourquoi cette faveur aux israélites, et
cette supériorité à eux donnée sur les
musulmans?. Pourquoi?. Parce que
M. Crémieux est israélite, et qu'au mo-
ment où ses coréligionnaires donnaient
en Alsace, en Lorraine et partout, les
preuves touchantes de la plus patrioti-
que abnégation, lui ne songeait qu'à
s'assurer en Afrique des courtiers d'é-
lectionl J
Voilà ce qu'a fait M. Crémieux! Et je
trouve que voilà assez d'enquêtes plato-
niques. M. Grémieux, sous l'empire de
sentiments personnels, a provoqué l'in-
surrection de 1871 en Algérie, et a causé
la mort de braves soldats. Il doit être
jugé et puni. L'incapacité est peut-être
une excuse, mais c'est à un tribunal de
la repousser ou de l'admettre. Je de-
mande donc qu'on mette en jugement
M. Grémieux. t Alfred d'Aunay.
Echos de Paris
MORT D'AMÉDÉE ACHARD
Nous apprenons à l'instant une bien
triste nouvelle; notre confrère, ami et
collaborateur Amédée Achard est mort
hier soir, des suites d'une fluxion de
poitrine.
Tout le monde connaît cet esprit si
charmant, si jçune à qui nous devons
tant de romans, de nouvelles, pleines de
sève et d'observation.
Citons au hasard Belle-Rose, les Petits-
fils de Lovelace, les Misères dhtn million-
naire, le Roman du Mari, Marcelle, la Vie
errante et en dernier lieu la Cape etl'Epée,
qu'il publiait la semaine dernière chez
Dentu. Il avait fourni en outre à la Revue
des Deux-Mondes, au Courrier de Paris et
à plusieurs autres journaux des cause-
ries très remarquées.
Personne n'eût cru à le voir qu'Amé-
dée Achard était âgé de soixante-huit
ans, bien qu'il eùt déjà soiiirert de
cruelles et fréquentes atteintes du mal
'qui l'a emporté. C'était en effet la qua-
trième fluxion de poitrine qu'il avai t con-
tractée, et ses amis avaient lieu d'espé-
rer que, cette fois encore, la science et
les soins le leur conserveraient.
On se rappelle son duel avec Fioren-
tino, dans lequel, frappé en plein pou-
mon d'un coup d'épée, il resta plusieurs
semaines entre la vie et la mort. Des
saignées fréquentes, une température
glaciale dans ses appartements, le rendi-
rent à la vie, contre toutes prévisions.
Aux terribles journées de juin, Amé-
dée Achard,. qui faisait partie de la garde
nationale, combattit les insurgés, et fut
fait-prisonnier par eux, alors que son
frère venait d'être tué à ses côtés. Il était }
officier de la Légion d'honneur de-
puis 1866.
Nous indiquerons demain l'heure çfô
ses obsèques.
Les dédains de M. Louis Veuillot pour
le directeur du Figaro sont intermittents.
Je n'en veux pour preuve que cette pe-
tite et charmante lettre qu'il écrivit à
M. de Villemessant en 1867 et où il lui
témoigne, comme on le verra, quelque
confiance:
Est-ce vrai, monsieur, que vous méditez de
prendre des actions de l'Univers? Je vous as-
sure que plusieurs choses m'étonneraient da-
vantage. Vous êtes de ces incendiaires, très
nombreux dans les civilisations décousues,qui
ne veulent pas opérer trop loin des pompiers.
Ils accordent cette satisfaction à leur cons-
cience et ils mettent le feu, et ça brûle. De-
venez donc mon actionnaire je pomperai sur
vous et vous serez mouillé, mais vous aurez
toujours le plaisir de voir flamber vos ac-
tions.
Ceci entendu, hâtez-vous s'il vous plaît.
Le moment approche de constituer la société
'qui deviendra propriétaire du journal. Vous
vous trouverez là en bonne compagnie. Ce
n'est pas une manière de parler.
Cette sorte exquise de bonne compagnie
ayant peu l'usage de nos mécanismes, il me
plairait fort de vous y introduire comme le
contrôleur le plus expert de toutes les dé-
penses auxquelles la mise en train et l'ex-
ploitation d'un journal peuvent donner lieu.
Je ne serais pas fâché de vous montrer com-
ment nous faisons les choses, et votre pré-
sence me soulagera un peu du déplaisir que
j'ai d'avoir à conduire une affaire-en même
temps qu'à présider une rédaction.
M. Jouvin vous a-t-il parlé. d'un jeune gar-
çon qui me prie de le recommander à vous?
Il se sent, hélas après en avoir essayé, plus
fait pour votre bâtiment que pour le mien. Il
a quelque lecture, de la>vivacité dans l'esprit,
de l'élégance dans la main; il a aussi fort
grand appétit, par des raisons trop légitimes.
Mais je pourrais satisfaire son appétit qu'il ne
me resterait pas. Pour me rester, il faut une
âme de héros ce n'est pas son fait. Il est
oiseau et c'est chez vous que l'on gazouille.
Puisqu'il me quitte prenez-le. Il en vaut
d'autres et je l'aime bien mieux chez vous
qu'ailleurs. L^s écarts ne manquent pas, mais
pourtant on y va moins de travers. Pauvre
petit 1 Vous devriez ne le faire servir que sous
le masque, jusqu'à l'âge de raison des gens de
lettres, vers quarante ans.
Je suis, monsieur l'actionnaire, votre très
humble et très obligé serviteur.
Louis VEUILLOT.
28 mars 1867.
Impossible de demander avec plus de
grâce et comme les questions d'intérêt
changent les gens Comparez à ces fines
gronderies délicatement flatteuses, à
cette confiance obséquieuse d'autrefois
les grossièretés d'aujourd'hui et recon-
naissez que les années qui améliorent le
vin se comportent d'une manièrebien dif-
férente avec l'encre de M. Veuillot.
Le remplacement du comte de Jarnac
à l'ambassade de Londres est une des
plus sérieuses préoccupations du gouver-
nement et en particulier du ministre des
affaires étrangères. On a déjà mis en
avant le nom du duc de Broglie, qui a
occupé ce poste, mais on nous assure que
l'ancien vice-président du conseil a dé-
claré ne pas vouloir rentrer dans la car-
rière diplomatique. Il est actuellement
question du comte de Chaudordy, qui a
eu de vrais succès à Berne et à Madrid,
et c'est probablement à lui qu'est réser-
vée la succession du comte de Jarnac.
La Société de protection des Alsaciens-
Lorrains, que préside M. le comté d'Haus-
sonville, et dont l'exposition artistique
au Corps législatif est restée célèbre,
organise pour mardi prochain, à la
salle Ventadour, une matinée dont le
programme est confié à M. Ballande.
On peut juger de l'attrait de la repré-
sentation par les splendeurs naguère
étalées au Palais-Bourbon.
Cette fête de bienfaisance patriotique,
due à l'initiative de M. le major Frido-
lin (lisez M. de Valbesède), réunit le con-
cours de toutes les dames patronnesses
de l'œuvre, parmi lesquelles nous remar-
quons Mmes Alexandre, d'Armaillé, de
Broglie, de Bussière, de Clermont-Ton-
nerre, Erard, d'Haiissonville, de Jau-
court, de Ladoucette, Lefébure, Mann-
berguer, Oberkampf, de Pourtalès, etc.
Les bureaux de l'œuvre sont installés
9, rue de Provence, et c'est là qu'il faut
s'adresser pour les billets à prendre.
Un des derniers survivants de Ma-
rengo le dernier peut-être a été
enterré hier.
C'est le capitaine Mayerette, qui, bien
que simple enfant de troupe et âgé de
onze ans seulement le jour de cette
grande bataille, en avait gardé un sou-
venir très précis. Le brave capitaine avait
fait toutes les guerres de l'Empire, la
campagne d'Espagne en 1823 et celle de
la prise d'Alger. Sa très brillante con-
duite à Waterloo lui avait valu la croix
d'officier de la Légion d'honneur, bien
qu'il ne fût ajors que sous-lieutenant.
Le capitaine Mayerette, qui a succombé
aux suites d'une fluxion de poitrine, était
très aimé et très respecté de tous les
pensionnaires de l'Hôtel des Invalides.
Sa mort y laisse de grands regrets, et
c'est pour satisfaire au vœu de ses vieux
camarades que nous lui consacrons cette
courte notice.
L'approchedu Salon précipite, au lieu
de les ralentir, les ventes de tableaux, et
le mouvement artistique prend une vi-
vacité qui tient de la fièvre. Voici en-
core une vente qui promet d'être cu-
rieuse, c'est celle d'un peintre très dis-
cuté, et qui a eu souvent des audaces
heureuses, M. Amand Gautier. On y re-
verra sa Promenade des Frères de la doc-
trine et les riolles de la Salpêtrière, deux
toiles qui ont fait sensation en 1857 et
1859.
Un de nos amis qui habite Nice nous
envoie des renseignements sur la mala-
die de M. Carpeaux qui avait été fort exa-
gérée par les journaux.
Il paraît que l'éminent artiste a subi
une opération dont le résultat est excel-
lent; sa santé s*ôst beaucoup améliorée
grâce au climat et aux soins intelligents
dont il est entouré; installé dans la Délie
propriété que possède "a la promenade
des Anglais le prince Georges Stirbey,
un ami intelligent des arts, à peu de
distance de la mer dont il respire les
brises vivifiantes, M. Garpeaux est entré
en convalescence; ses amis le visitent
souvent, entre autres M. Alphonse Karr,
M. Gudin, sans compter son ami intime
et confrère M. Bernard qui, aidé des
sœurs de charité, aura contribué à nous
rendre le sympathique statuaire.
Un employé de chemin de fer deman-
dait il y a quelques jours un laisser-
passer a son supérieur; celui-ci refusa
La compagnie vous donne tant pour
vos services, et cela suffit. Si vous étiez
chez un fermier, par exemple, travaillant L
à six francs par jour, et si vous aviez be-
soin d'aller à pensez-vous qu'il attel-
lerait et vous y conduirait pour rien ?
Non mais s'il avait ses chevaux
tout attelés, et s'il allait dans cette di-
rection, ce serait un Jean s'il ne vou-
lait pas me laisser monter dans sa voi-
ture. •
Le supérieur goûta si bien la logique
de l'employé qu'il le gratifia immédia-
tement d'une mise à pied.
Ii
Les amis d'Ancelot lui reprochaient de
ne pas voir les choses de haut, de se
perdre dans les détails et d'amoindrir en
les discutant les questions de l'ordre le
plus élevé.
Après la révolution de 1830, Ancelot
sollicita la préfecture de la Seine, qu'il
fut sur le point d'obtenir.
En apprenant cela, Mme Ancelot s'é-
cria
Si Ancelot devient préfet de la
Seine, il s'y prendra si bien qu'il trou-
vera moyen de faire de Paris un des plus
jolis endroits des environs!
LE MASQUE DE FER.
♦–
M. VEUILLOT
̃ ̃ • ̃ v ^mtm ^ê^ m ̃̃̃> mmm ̃
Il y a deux hommes en lui le maître
Jacques politique; dont on a pu juger les
prodigieuses pirouettes par les trop
courtes citations, hélas que nous avons
faites hier, et l'homme qui s'est adjugé
la mission de régenter l'Eglise catho-
lique.
11 se l'est adjugée malgré bien despro-
testations de prêtres ou d'évêques indi-
gnés de voir un laïque se faire leur sur-
veillant incommode, leur dénonciateur
obstiné, et pénétrer dans le sanctuaire,
l'injure à la. bouche et le fouet à la
main.
L'une des victimes de cette rage sin-
gulière que la science n'a pas encore dé-
finie, est Mgr Dupanloup, évêque d.'Or-
léans. M. Veuillot poursuit ce grand pré-
lat d'une haine de Corse depuis un quart
de siècle. L'origine de la haine, on la
connaît. Dans la célèbre polémique de
1850-51 sur les classiques grecs et latins,
M. Veuillot prit, comme de coutume, le
parti contraire à la saine raison et aux
intérêts bien entendus des petits sémi-
naires catholiques. Il fut blessant pour
Mgr Dupanloup, qui dut interdire la lec-
ture de son journal aux prêtres du dio-
cèse d'Orléans.
Toujours les questions de boutique, M.
Veuillot.
Lorsque le concile de 1869-70 fut an-
noncé, l'Univers se fit remarquer par une
intempérance de zèle on ne peut plus
pénible pour les évêques, agaçant les
plus savants d'entre eux, comme Mgr
Maret, attirant les autres sur le terrain
de la discussion publique, s'étourdissant
par le tapage qu'il faisait..
Mgr Dupanloup, mis plusieurs fois en
cause par l'Univers, publia SON Avertis-
sement A M. LOUIS VEUILLOT.
Nous regrettons de ne pouvoir repro-
duire cette éloquente lettre dans son en-
tier, mais les extraits nombreux qui sui-
vent édifieront suffisamment nos lec-
teurs sur le rôle détestable que M. 1
Veuillot joue dans l'Eglise depuis trop
longtemps ?
Vous vous donnez dans l'Eglise, monsieur, J
un.rôle qui n'est plus tolérable, <
Vous, simple laïque, un de ces écrivains i
dont un de NN. SS. les évêques disait hier,
dans vos colonnes mêmes, « qu'ils n'ont aucune
autorité et ne sont rien dans l'Eglise », vous <
y usurpez étrangement ]
Vous agitez et troublez les esprits dans
l'Eglisé;
Vous faites une sorte de pieuse émeute à la
porte du concile
Vous lui tracez sa marche; vous posez des
questions que le Saint-Père n'a pas posées;
vous parlez de définitions, selon vous inévi-
tables vous en. dites le mode et la forme.
Vous insultez, dénoncez et mettez au ban
dû catholicisme tous les catholiques qui ne
pensent ou ne parlent pas comme vous.
C'en est trop, monsieur.
J'élève à mon tour la voix et je viens oppo-
ser aux entreprises dont je vous accuse un
solennel avertissement.
J'accuse vos usurpatious sur l'Episcopat, et
votre intrusion perpétuelle dans ses plus
graves et plus délicates affaires.
J'accuse surtout vos excès de doctrines, vo-
tre déplorable goût pour les questions irri-
tantes et pour les solutions violentes et dan-
gereuses.
Je vous accuse d'accuser, d'insulter et de
calomnier vos frères dans la foi. Nul ne mé-
rita jamais plus que voüs ce mot sévère des
livres saints accusator fratrum
Par dessus tout, je vous reproche de rendre
l'Eglise complice de vos violences, en donnant
pour sa doctrine, PAR UNE rare AUDACE, vos
idées les plus personnelles.
Plus loin, l'éloquent évêque, après lui
avoir rappelé qu'avant 1848 il était libé-
ral à rendre des points à Michelet) Qui-
net, Girardin, lui dit qu'il est tombe dans.
l'excès contraire, condamnant comme
hérésie tout ce qui sent le libéralisme.
Il ajoute:
On ne peut vous lire sans voir éclater pour
ainsi dire à toutes vos pages la haine des ca-
tholiques qui ne proscrivent pas aveuglément
tout ce que vous proscrivez. Ce torrent d'in-
jures et cette espèce de colère continue inspire
à vos bons lecteurs ces naïves terrcurs, ces pieux
anathèmes, que chaque matin on vait défiler
dans vos colonnes, avec les souscriptions pour
le Saint-Père • • • • •
K
Libre à vous, monsieur, d'être en politique
ce que vous voudrez tout ou rien, c'est votre
affaire; PARLEMENTAIRE, vous L'AVEZ ÉTÉ; répu-
blicain, VOUS L'AVEZ été.; césaiuen, vous l'êtes
TOUJOURS. Cela vous regarde.
Mais l'Eglise n'a décrété d'hérésie, que je
sache, aucune légitime forme de gouverne-
ment pas plus la république que la monar-
chie, pas plus le gouvernement parlementaire
qu'un autre.
L'Univers a déclaré hérétique et plus qu'hé-
rétique le système parlementaire qui a été
longtemps et redevient peut-être le nôtre.
Et c'est, non comme libre citoyen, mais
comme catholique, et au nom du catholi-
cisme, que vous avez injurié tous ceux qui
chez nous sont restés fidèles dans leurs pré-
férences pour cette forme politique.
L'ardeur de cette polémique pourra
étonner les gens du monde qui no lisent
pas V Univers. Des hommes bien élevés,
respectueux pour la religion au point de
se découvrir dans la rue, devant un frère
des écoles chrétiennes, pourront s'éton-
ner qu'un journaliste se disant catholi-
que verse l'injure à jet continu contre
l'épiscopat qui ne reconnaît aucune au-
torité dogmatique à son journal. Sa
rage, du reste, n'a rien épargné Ber-
ryer, de Montalembert, de Falloux, de
Broglie, Foisset, Cochin, ont été criblés
de ses coups. Ecoutons sur ces sujets
Mgr Dupanloup
Les procédés calomnieux vous sont si habi-
tuels, que vous les avez appliqués même à des
évêques enveloppant dans une précaution
banale une venimeuse insinuation, vous n'avez
pas craint de présenter comme les défenseurs.
d'un homme que vous traitez tous les jours
d'apostat des évêques que vous nommez.
« Le P. Hyacinthe sera défendu devant le
n concile par ses amis les évêque3 de Châ-
» Ions, de Bayeux, et par les archevêques
» d'Avignon et de Reims. »
Je viens de nommer le P. Hyacinthe. Tous
les catholiques ont gémi de sa chute. Vous,
monsieur, vous avez triomphé, et dès le pre-
vnïnr» iatip wifrtlif an f nftnp oiintsi ri î r*rt /loi-ici î'<->_
mier jour, euionçant pour ainsi aire aans ra-
bime celui que vos violences ont contribué à
y pousser, vous vous êtes écrié « C'est fini!
Fruit médiocre. Fruit gâté et qui ne devait
pas mûrir. » Et vous vous en êtes glorifié
comme d'une victoire. Vous avez écrit ce mot
honteux.
Citerai-je d'autres traits ?
Vous avez bien osé représenter M, de Mon-
talembert ^omnie un homme qui porte les'
armes contre l'Eglise. f
Et comment oublier ici ce que vous avez
fait à Berryer
Il n'était pas mort encore, il était mourant,
que déjà vous outragiez sa tombe et versiez
sur sa mémoire les plus ingrates calomnies.
Vous outragiez tout en kji, le caractère, le
talent même, et jusqu'à l'honneur chrétien.
De qui parlait donc le P. Lacordaire quand
il disait
« C'est à mes yeux un grand honneur que
d'obtenir la haine de tels hommes. J'espère
qu'ils me traîneront sur la claie avant que je
meure. »
La dernière lettre de l'évêque d'Or-
léans à M. Veuillot est du mois de jan-
vier 1874. 11 Univers avait arrangé sa
guise et obscurci à dessein un fait qui
s'était passé dans la cathédrale d'Orléans,
lors d'une cérémonie funèbre. Mgr Du-
panloup. protesta, et après avoir établi la
vérité:
« Voilà le fait dans sa simplicité. Et c'est
ce fait que vous traitez d'infamie et que vous
transformez en profanation et en scandale.
« L'infamie, elle est là, monsieur, dans vos
inventions et vos calomnies. Et quand des
témoins autorisés vous font connaître la vé-
rité, vous persistez dans vos outrages
Vous êtes là pleinement dans votre rôle;
car qui n'avez-vous pas insulté parmi les plus
illustres défenseurs de la société de l'Eglise ? P
Quelle accusation avez-vous épargnée à cette
Assemblée nationale, la plus chrétienne peut-
être que l'on ait vue dans notre pays, où se
trouvent tant d'hommes si profondément dé-
voués au Saint-Père. Le jour où vous me
sompariez à Judas et à Pil'ate, vous osiez dire
d'eux et de leur attitude « C'était un spec-
tacle horrible à voir! » Et cela, parce que,
dans les circonstances douloureuses où se
trouve la France, tout en proclamant les droits
imprescriptibles du siége apostolique, nous
a'avions pas cru qu'il fût bon d'exposer la
3ause du Saint-Père à l'humiliation d'un vote
incertain
A demain la troisième et dernière
jpître aux Veuillotins. Elle ne sera pas la
moins curieuse des trois.
+–. .«
ÉCRIN LITTÉRAIRE
La tentative que nous avons faite en
reproduisant, dans notre numéro du di-
manche, quelques perles oubliées de la
littérature d'autrefois, a été, croyons-
nous, couronnée de succès. On nous sait
gré d'avoir remis en lumière des œuvres
telles que le Lion amoureux, de Soulié,
le Mouchoir bleu, de Becquet, et cette char-
mante fantaisie de Gozlan que nous don-
nions dimanche dernier, le Mauvais œil
musical.
Ne voulant pas nous contenter des re-
cherches que nous pouvions faire nous-
mêmes, nous avons appelé nos lecteurs
à notre aide. Comme toujours, notre pu-
blic intelligent a compris cet appel et il
y a largement répondu. Il se passe peu
de jours que nous ne recevions, de
quelque chercheur érudit, de précieuses
indications. 1 .1
Une lettre a particulièrement frappé
notre attention, parce qu'elle émane
d'un homme qui a conquis une haute ré-
putation de goût et d'intelligence. C'est
M. Jouaust, que tous les amateurs de
beaux livres connaissent. C'est lui qui a
publié, en 1870, de concert avec le Figaro,
le journal du siège, sous le titre de « Ga-
zette des absents. »
Voici donc ce que M. Jouaust écrit à
M. de Villemessant
Paris, 23 mars 1875.
Mon cher maître,
Quoiqu'il n'y ait pas le plus petit siége à
l'horizon parisien, je viens vous soumettre une
idée aue je crois intéressante.
'l'Ji"~ >i~
Il s'.agirait d'imprimer, sous le titre général
cl henn littéraire ou autre, les joyaux que
vous voulez donner chaque dimanche. Cela
forait, au bout, de fort jolis volumes,, tesquels
imprimés avec soin, se vendraient chez vous
et chez moi..
Votre journal a une publicité sans pareille;
ma maison est, vous le savez, assez bien fa-
mée chez les gens de .goût. Dans ces condi-
tions-là, je ne doute pas du succès.
Votre bien dévoué,
D. JOUAUST.
L'idée nous paraît bonne et nous l'a-
doptons avec empressement. M. Jouaust
lui a trouvé son vrai titre Ecrin litté-
raire. C'est celui que nous mettrons dé-
sormais en tête des reproductions que
contiendra notre numéro du dimanche.
Reste à savoir si les règles de la pro-
priété littéraire nous permettent de
mettre à exécution l'idée de M. Jouaust.
Mais il ne saurait y avoir de difficultés
de ce côté, parce que le Figaro ne pour-
suit aucune spéculation. Les bénéfices
que produirait cette combinaison se-
raient répartis par moitié entre la caisse
de la Société des gens de lettres et la
caisse de secours du Figaro.
Ce but charitable nous permet d'es-
pérer qu'aucune autorisation ne nous
sera refusée.
FIGARO JL VIENNI
Vienne, le 22 mars 1875.
Los fêtes du palais Auersperg. Représentations
de M. Got, Les tableaux animés.
Vous avez parlé, en quelques lignes,
il est vrai, des représentations organi-
sées à Vienne au palais Auersperg et
auxquelles M. Got est venu prêter son
concours. Permettez-moi de vous envoyer
quelques détails complémentaires sur
ces soirées dont' tous les journaux de
Vienne se sont occupés et s'occupent en-
core. Mais d'abord une rectification op-
portune ce n'est point, comme on l'a
dit, chez le prince Auersperg, président
du ministère Cis-leithan que ces fêtes
~n~t~f ~~A~u~L~~t L~u.0 Voa lutua
ont eu lieu, mais chez sa cousine, la prin-
cesse Wilhelmine.
La princesse, qui s'était, avec un em-
pressement des plus louables, mise à la
disposition du comité d'organisation
(ce dernier était composé des dames pa-
tronnesses de VOEuvre patriotique des Da-
mes d'Autriche et de celles de l'hôpital
Elisabeth de Pesth), avait gracieuse-
ment consenti à ce que l'on bouleversât
son palais de fond eil comble et à ce
que l'on y construisît un théâtre ma-
chiné par Rudolph, décoré par Brioschi,
et dirigé par un simple amateur qui,
coutumier du fait, a voulu garder l'ano-
nyme, mais qui s'est trahi par le succès
même de son œuvre. Cet impresario'
est le baron de Bourgoing, deuxième
secrétaire à l'ambassade de France. Il
était secondé par Jauner, le directeur
du Carl-Theater, par Déloye,- l'aimable
sculpteur parisien, à cette heure ins-
tallé à Vienne, et enfin par Frappart
de l'Opéra. Le programme, merveille
typographique, que je vous envoie, con-
tient les noms de tous ceux qui, à un
titre quelconque, ont pris part aux repré-
sentations. Il ne tait que le nom du baron
de Bourgoing gui, par un excès de mo-
destie, a implacablement tenu à rester
derrière le manteau d'arlequin.
Les représentations ont été divisées ea
deux séries données à huit jours d'inter-
yallei Cette mesure, prise après coup et
jugée nécessaire pour le succès moral et
matériel de l'entreprise, impliquait une
prolongation du congé accordé à M. Got,
et il est juste de dire que cette prolon-
gation, demandée par voie diplomatique,
a été fort gracieusement consentie par
M. Perrin.
M. Got qui, il convient de le dire, a
fait le voyage de Vienne entièrement à
ses frais et sans la moindre arrière-pen-
sée de profit personnel, a paru dans deux
rôles, celui d'Alceste du Misanthrope
et celui de Benoît du Dîner de Alade-
Im. Je n'ai pas besoin de vous affirmer
que son succès a été absolu. Les jour-
naux deVienne, qui tous ont consacré de
longs articles au doyen sociétaire du
Théâtre-Français, ont, dans leur enthou-
siasme, considéré Benoît du Dîner de
Aîadelon comme un des personnages du
répertoire courant de Got. Celui-ci
qui n'avait jamais abordé de pareils
rôles, a lu la pièce pendant le trajet de
Paris à Vienne, et c'est en wagon qu'il
'es-t '1
s'est familiarisé avec les joyeux flon-
flons de l'œuvre du chansonnier rival
de Béranger. Arrivé à Vienne, Got a •
trouvé son personnel à peu près au
courant, et les répétitions (il n'y en a eu
que trois) ont si bien marché qu'on a pu
passer au jour fixé.
Dans le Misanthrope, Got était secondé
par la baronne deLowenthal (Célimène),
qui avait étudié son rôle avec un soin
infini et l'a interprété avec un grand
naturel, puis par la comtesse Melanie
Zichy, née princesse de Metternich,
Eliante, grande dame jusqu'aux bouts
des ongles et.tout à fait en situation, par
le prince Constantin Czartoryski, un Cli-
tandre pour de vrai, et enfin par M. Henri
de Lafaulotte de l'ambassade de France,
un Philinte d'une haute élégance. N'ou-
blions pas non plus le jeune Médéric
Got, qui, au pied levé, a appris et joué
avec un aplomb merveilleux le rôla de
Dubois.
Dans le Dîner de Madelon, Benoît-Got
avait pour partenaires M. de Tatistcheff,
de l'ambassade de Russie, excellent en
Vincent, et la princesse de Metternich,
une Madelon comme on n'en voit guère.
La princesse, qui détaille le couplet
avec un art infini, a rehaussé ce rôle de
Madelon de tout l'éclat de son indéniable
talent, et elle a joué la fine et rusée sou-
brette avec 'une vérité d'allures et d'ex-
pression qui lui a valu les bravos en-
thousiastes de son auditoire. Et cet au-
ditoire, composé de tout ce que Vienne
compte d'archiducs, de princes et de di-
gnitaires, n'est généralement pas pro-
digue de ses suffrages. Le Dîner de Ma-
deton, avec ses délicieux couplets, dits
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