Titre : Le Figaro. Supplément littéraire du dimanche
Éditeur : Le Figaro (Paris)
Date d'édition : 1890-01-11
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb343599097
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 11 janvier 1890 11 janvier 1890
Description : 1890/01/11 (Numéro 2). 1890/01/11 (Numéro 2).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k2725264
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-246
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
Samedi 11 Janvier 1890
Ce Supplément ne doit pas être vend» à part
16* Année Numéro 2
fia du Supplément avec le Numéro
20 CESTIME3 A PARIS –25 CENTIMES HORS PABJf
REDACTION DU SUPPLÉMENT
A. MÊtMVHEBL
SECRETAIRES
AtîGtîBTB UAROADE ET PAUL. BONNETÀIN
Paris 26i rue Drouot Paris
«ornement spéolal du SOPPtÊSŒKT LITTEHAŒ1
11 Numéro ordinaire compris
12 FR. PAR A.3ST
STXIPlPI^ÉÏlMœiSrT^ ` X-.I1"ït3ÊÎI^-A.IïLB
SOMMAIRE DU: SUPPLÉMENT
Alphonse KARR V .tes Cripcères.
Emile BWfteERAT. « • te^Idées d'Alexandre
̃-• Dumas. >St
LanouveUeLyre cofflique
Frantz Jourdaii* Le Ruban rouge:
Nouvelle.
Louis Dépret Pensées diverses.
Montciair. Silhouettes féminines.
M»"> Juliette Adam.
J-
È'ÏUMus ;•> • Croquisuniversitaire
M. Lavisse.
Maurice Rou-iNiT. Poèmes rustiques.
F* "'•• • • • • • • L'Exposition décen-
• ̃̃ nale du roman fran-
çais.
M. J. K. Huysmans.
G. Lababie-Laoravï" A travers les revues
étrangères.
• La Presse au Brésil.
Bulletin hebdomadaire de La Financière.
~I
I i 1
tf iefoZrè naturelle, philosophique, morale, poli-
tique, littéraire, psychologique et documen-
taire de douze petites bêtes et des hommes
qui leur ressemblent.
Le criocère est un insecte coléoptère
qui, arrivé à l'état parfait, est brillam-
ment vêtu d'écarlate mais il ? passé par
des états plus humbles.
La larve est une bête grise, molle,
laide, qui, pour se préserver de la
pluie, du soleil. et des oiseaux, s'enve-
foppe de ses propres, excréments. On
ne, voit qu'un petit tas d'ordures, qui
rampé et grimpe lentement sur la tige
des lys, qui semblent. lui avoir été livrés
pour humilier leur orgueil. Ce n'est
qu'après avoir sali et là tige et les feuil-
les elle arrive à la fleur qu'elle ronge
en la déshonorant, et que, triomphale-
ment, elle se montre vêtue d'une cui-
rasse d'un rouge écarlate, avec des pat-
tes et des antennes noires.
Il arrivé parfois que, dans toute une
plate-bande de Jys, il n'en reste pas un
qu'on ose cueillir, tant ils sont devenus
dégoûtants, ce qui assure à la fois et
la victoire et le festin des criocères.
A l'état parfait, si l'on prend l'insecte
dans la main, il fait entendre un bruit
assez aigu, qui est produit par le frotte-
ment de ses élytres.
Le criocère au lys, la grande fleur royale,
Larve infecte d'abord, punaise grise et sale
Sous l'ordure cachant son pas visqueux, gluant,
Grimpe, arrive à la fleur, la ronge enl'embrenant,
Jette son manteau gris et semble au blanc pétale,
En çai'magnole rouge, une tache de sang.
Les élytres froissés de l'immonde punaise,
D'un ton sec et strident grincent la Marseillaise
Il fallait voir, pendant la Commune,
les héros, assassins, incendiaires, toute
la horde des maîtres de Paris, avec leurs
ceinturés, leurs écharpes, leurs casquet-
tes constellées d'étoiles d'or et d'argent,
et leurs grandes bottes de maroquin
rouge, vert ou bleu, qu'il fallut payer
quand fut rétabli une sorte de gouverne-
ment présidé par M. T hiers –qui s'était
fait leur complice pour devenir leur maî-
tre I.
Race des criocères, ceux qui, pourdé^
truiré la monarchie, qui avait fait la
France si grande, et s'en partager les
débris, ont commencé par assassiner
Louis XVI, Marie-Antoinette,et cette no-
ble et sainte Elisabeth, après les avoir
couverts et salis des plus mensongères,
des plus atroces, des plus absurdes ca-
lomnies, que les descendants de cette
race, répètent encore aujourd'hui après
cent années écoulées 1.
Lorsque les Anglais,abusés, entraînés,
enivrés par ce mot de liberté (qui n'a
presque jamais servi qu'à changer les
mains qui tenaient les chaînes), obéis-
saient-auxcriminelsFairfax et Cromwell,
lorsque les Anglais, avant les Français,
en 1649, avaient tué leur roi Charles I",
ils l'avaient au moins tué proprementl
Le neuvième jour de janvier 1649, vers
les dix heures du matin, le Roi fut con-
duit de :Saint-James, à pied, pardedans
le parc, au milieu d'un régiment d'in-
fanterie, tambours battants, enseignes
déployées, et de ,sa garde ordinaire,
.quelques-uns.de ses gentilhommes de-
vant et derrière lui, la tête nue, et le
colonel Thomlinson, qui avait la charge
"de. Sa Majesté, également là tête nue.
On le mena dans sa chambre et,
'de là, dans une salle de son palais, de-
vant lequel était dressé l'échafaud.
Charles voulut parler au peuple. On le
laissa parler aussi longtemps qu'il vou-
lut.
Sur le chemin, une jeune fille lui
Vvàit donné une rose personne ne le
trouva mauvais et ne songea à inquiéter
la jeune fille.
•̃̃ Louis XVI, Marie-Antoinette, Madame
Elisabeth, eux, furent transportés, en-
•ehaînés, sur une ignoble charrette, les
;bras liés de cordes.
Lorsque Louis XVI voulut parler au
.peuple, un roulement de tambour, com-
mandé par Santerre, couvrit sa voix.
Pendant que Marie-Antoinette était en
prison, un des commissaires lui avait,
un jour, offert un œillet on fit tout
"pour découvrir ce commissaire, qui eût
•Certainement payé de sa vie cet hommage
rendu au malheur, et les juges du tribu-
nal insistèrent, lors du jugement de la
Beine, pour obtenir d'elle le nom, ou,au
Jnoin§~e signalement de cet audacieux.
Personne, en Angleterre, n'a songé à
iaire un jour de fête et de triomphe de
Tanniverga.ire de la mort de Charles I"
comme tirent, au 21 janvier, les descen-
dants de la maudite race des criocères
français, aux yeux desquels la république
n'a jamais été un but, mais une échelle,
-non pour détruire les abus, mais pour
t'en emparer! ^r ^rr^r^'
̃' ;-•. -•
Le cardinal Louis de Rohan, ambassa-
deur en Autriche en 1772, avait tellement
scandalisé, non seulement le public,
mais aussi Marie-Thérèse, par son atti-
tude' et ses. débordements de tous gen-
res, qu'elle demanda et obtint que le
gouvernement français l'en débarrassât.
On apprit depuis que, pendant ses
fonctions à la cour d'Autriche, il avait
envoyé à Paris les notes les plus mal-
veillantes, les plus blessantes, sur l'Im-
pératrice.
On comprend que sa fille Marie-Antoi-
nette ne vit ce personnage qu'avec répu-
gnance.
Appartenant à une grande et puissante
famille, il obtint de nombreux et riches
bénéfices et devint aumônier déjà Cour.
Néanmoins, la Reine, ne lui adressa pas
une seule fois la parole.
En 1784, il fut l'objet de remontrances
adressées au Roi par le Parlement de
Paris, dénonçant, de la part du cardinal,
des abus et des exactions énormes aux-
quels il s'était livré malgré d'immenses
revenus, qui ne suffisaient pas à son
faste et à ses intrigues.
-Cefut vers cette époque qu'il fit la con-
naissance d'une femme. Lamôlte
descendanté d'un fils naturel de Henri II,
et ajoutant à sonlnom celui de Valois,
ce qui ne l'empêchait pas de vivre très
misérable, n'ayant, pour tout revenu,
qu'une petite pension que lui servait le
gouvernement.
Elle s'adressa au cardinal, sollicitant
sa protection et sa charité. Elle était
belle, elle lui plut, il l'entretint avec son
mari. Mais les bienfaits du cardinal,
c'était de quoi vivre, ça n'assurait pas
l'avenir il pouvait mourir, il pouvait
changer. Elle pensa à le tenir par d'au-
tres liens que ceux de l'amour.
Le cardinal était désespéré de l'éloi-
gnement où on le tenait à la Cour. Il
avait rêvé de devenir premier minis-
tre, peut-être même d'être favorisé par
la Reine, dont il ne pouvait se dissimu-
ler le profond dédain.
Mme de Lamotte lui fit croire qu'elle
était reçue par la Reine, à laquelle elle
n'avait jamais parlé et qui ne l'avait
jamais vue, qu'elle était auprès d'elle
en grande faveur et qu'elle ne désespé-
rait pas de le faire un jour rentrer en
grâce.
Elle lui fit voir de fausses lettres de
Marie-Antoinette écrites par un autre de
ses amants, un 'M. Vilette, qui, plustàrd,
avoua le faux.
Le cardinal mordit à l'hameçon, ses
libéralités s'augmentèrent mais, en
1785, cela n'avait atteint que le chiffre
d'à peu près deux cent mille francs.
Mme de Lamotte tenta un grand coup.
Elle avait appris que le joaillier de la
eouronne,Bœhmer,avaitréuniunegrande
quantité de magnifiques diamants dont
il avait fait un collier qu'il avait offert à
la Reine pour 1,600,000 fr. La Reine
avait répondu qu'elle avait assez de dia-
mants, que cette énorme somme serait
mieux employée à la construction d'un
vaisseau, et il n'en était plus ques-
tion.
Mme de Lamotte persuada au cardi-
nal que la Reine, qui avait cru devoir
refuser le collier, lui avait avoué à elle,
pour qui elle n'avait rien de caché,
qu'elle mourait d'envie de le posséder,
qu'elle l'achèterait volontiers, mais en
cachette et en payant par acomptes sur
sa cassette seulement pour cette com-
binaison, il fallait un intermédiaire, et
Mme de Lamotte lui avait tant parlé des
regrets, du désespoir, du dévouement
absolu de M. de Rohan, que Sa Majesté
avait autorisé son amie à lui confier cette
mission.
Elle fit paraître, à ce sujet, de nouvel-
les lettres fausses, écrites comme les
premières par Vilette qui se défendit
plus tard devant ses juges en disant, ce
qui était vrai, qu'il n'avait pas même
imité l'écriture de la Reine, qu'il ne con-
naissait pas.
Le cardinal vit les joailliers, acheta le
collier, ne leur cacha pas que c'était
pour la Reine, et leur communiqua les
époques de payement qu'il'croyait fixées
par elle.
On aurait peine à comprendre ce degré
de crédulité, si l'on nevoyait qu'en même
temps que la femme Lamotte, il avait
chez lui le charlatan Cagliostro, qui lui
enseignait à faire de l'or et des dia-
mants 1
Le couple Lamotte alla plus loin le
mari découvrit, au Palais-Royal, une fille
ayant la taille et un peu de la démarche
et de l'air de Marie-Antoinette.
On fit savoir au cardinal que la Reine
lui accordait une entrevue la nuit, dans
les bosquets de Trianon.
On habilla la fille Oliva à la façon de
la Reine, on la conduisit dans un bos-
quet, où on lui enseigna un rôle qu'elle
ne comprenait guère, mais pour lequel
on lui promit quinze mille francs eton lui
en remit quatre.
Le cardinal, introduit de son côté dans
le bosquet par la femme Lamotte, crut
voir la Reine, qui lui donna une rose en
lui disant
–Vous savez ce que cela veut dire 1
Mais Mme de Lamotte accourut, ef-
frayée, et disant
Sauvez-vous, madame, la comtesse
d'Artois vient par ici!
Oliva et Rohan s'échappèrent, chacun
de son côté, et le cardinal rêva les
plus hautes et les plus heureuses desti-
nées.
Bientôt, Rohan apporte le collier; il le
donne à la femme Lamotte, qui cache le
cardinal chez elle, dans un cabinet d'où
il put voir un domestique qui vint de la
part de la Reine, et auquel elle remit
l'écrin.
##*
Mais les termes de payements arrivè-
rent, se succédèrent, et les joailliers ré-
clamèrent. Le cardinal les engagea à
remercier la Reine et à lui exposer leur
situation»
Pendant ce temps, la femme Lamotte ]
dépeça le collier, en vendit une partie à (
Paris, envoya son mari en vendre une
plus grande partie en Angleterre, en fit i
monter une i partie pottr,,e!îe,;niême. {
Elle vit Bôehmer.et lui dit <
Je crains que le cardinal n'ait été
trompé et que vous ne le soyez vous,
nîême. La Reine n'a pas le eolljer.
Adressez-vous immédiatement à M. d§
Rohan, il est riche il vous payera.
On s'étonnerait, et on s'étonna que, le
coup fait, elle n'eût pas pris la fuite. J
Pas si naïve 1 Elle avait mesuré la si- •
tuation et la bêtise de sa victime. Il 1
pourrait s'indigner contreelle, lui donner
les noms les plus odieux, la maudire, ]
mais sans bruit à aucun prix, il ne fe-
rait et ne laisserait faire un éclat qui, à
la Cour, le perdrait, et, dans le monde, le
couvrirait de ridicule. Il s'arrangerait
pour payer les joailliers. Quant à elle,
elle n'avait plus besoin de lui, bien nan-
tie. Et elle afficha effrontément un luxe
effréné succédant sans transition. à sa
misère.
Elle acheta des maisons se meubla
magnifiquement i elle étala une riche
argenterie, eut des voitures, des chevaux
et jusqu'à cinq femmes de chambre.
Mais, quoique bien conçu, son plan fut
déjoué. Les joailliers, avant de s'atta-
quer au cardinal, s'adressèrent directe-
ment à la Reine qui,aussi surprise qu'in-
dignée, eut recours au Roi de là le
procès qui fit tant de bruit.
J'ai lu tout ce qui a été dit et écrit à
ce sujet les mémoires publiés par les
avocats pour le cardinal de Rohan,
pour Mme de Lamotte,pour Cagliostro,–
Cagliostro qu'elle avait essayé de se
substituer, pour la fille Oliva qui
avait joué le rôle de la Reine dans le
bosquetde Trianon. Tout ce que je viens
de dire fut non seulement prouvé, mais
avoué Il est d'une évidence incontes-
table que la Reine avait été aussi étran-
gère à cette affaire que l'impératrice de
la Chine ou la reine d'Ethiopie. Non
seulement les accusations qu'on osa in-
tenter contre elle dans d'infâmes libelles,
mais les doutes que de rylus prudents
firent hypocritement semblant de con-
server n'étaient que des formes ou des
degrés de la calomnie.
A la Cour,les ennemis delà Reine pri-
rent parti pour le cardinal; des « da-
mes » portaient des rubans rouges et
jaunes, qu'on appelait couleur « cardi-
nal sur la paille » quelques-uns même
plaignirent Mme de Lamotte tous deux,
étaient, disait-on, des victimes de la
Reine 1
Ce fut une occasion, un prétexte pour
donner l'essor à la haine qu'excitait la
malheureuse princesse.
Et cette haine, avant de descendre
dans le peuple abusé par les mensonge s
les plus effrontés, partait de. la £our, de
l'entourage du Roi et de la Reine,– mal-
heureux aveugles qui ne songeaient pas
qu'ils faisaient des voies d'eau dans le
navire qui les portait et qu'ils périraient
eux-mêmes dans le naufrage de la mo-
narchie 1
#*#
Louis XVI, roi à vingt ans, ne prenait
pour modèle ni Louis XIV « le Grand »,
ni Louis XV, surnommé un moment
« le Bien-Aimé ». Son modèle était le
brave et bon Henry IV. Il s'était fait
l'élève de Fénelon et avait lu J.-J. Rous-
seau.
Quant à l'obscurité qu'une malveil-
lance hypocrite fait régner encore sur
cette histoire de l'affaire du collier, M.
Thiers n'en parle pas dans son histoire
de la Révolution, n'osant ni accuser ni
défendre la Reine 1
De ce que un officier partisan du
cardinal, au moment où celui-ci fut
arrêté, porta un mot écrit par ce der-
nier à l'abbé Georgel, vicaire et domes-
tique damné du prélat, pour donner l'or-
dre de brûler ses papiers, Louis Blanc
en tire l'hypocrite conséquence qu'on
alla exprès trop tard chercher ces pa-
piers qu'on- ne trouva plus «et qu'on
ne voulait pas trouver. de crainte d'en
apprendre plus qu'on ne voulait 1 » `
Un livre imprimé en 1832 sous ce
titre « Crimes des reines de Fiance »
prête cinq amants à Marie-Antoinette I
Un tel débordement n'aurait pas été fa-
cile à une, reine de France qui (grâce à
une étiquette ayant pour but, avec ses
exagérations puériles, de tenir la Reine
à l'abri de la calomnie) n'était jamais
seule un instant de sa vie et ne pouvait
changer de chemise qu'en présence de
cinq personnes 1
Un énorme ouvrage, 16 volumes in-fo-
lio estimable sous beaucoup de rap-
ports a cru, pour assurer son succès
et surtout son débit, devoir n'être au
point de vue historique et politique
qu'un gros pamphlet rouge. D'un ton
hypocrite et simulant l'impartialité, il
rapporte soigneusement toutes les calom-
nies émises sur Marie-Antoinette, et se
croit à l'abri du reproche en disant
« Nous n'ajoutons pas une foi entière,
mais c'est très obscur. » « Un érudit es-
timable, M. Louis Lacour, admet positi-
vements la complicité de Marie-Antoi-
nette dans l'affaire du collier, »
Il y a il y avait dès le semblant de
jugement de Marie-Antoinette, si peu
de doutes possibles sur cette affaire,que,
dans cette lugubre comédie où l'on ne.
ménagea à l'infortunée princesse au-
cun outrage, aucune calomnie, où on
l'appela Messaline, Frédégonde, Brune-
haut où Hébert énonça cette mons-
trueuse dirai-je calomnie ? le mot n'est
pas assez fort que la Reine et la sainte
Elisabeth avaient dépravé les mœurs du
Dauphin!- accusation si répugnante, si
absurde, que Robespierre interrompit
Hébert en luidisant: « Tais-toi, imbécile,
tu vas la rendre intéressante. ».
aucun des accusateurs, des faiseurs de
libelles ne fit la moindre allusion à
l'histoire du collier l
Louis XVI avait supprimé le faste et
la « piaffe » de la royauté. Marie-Antoi-
nette, élevée à la Cour de sa mère, Marie-
i Thérèse, où, sauf quelques grandes céré-
monies, on menait une vie patriarcale et
bourgeoise, préférait à l'apparat les
amusements avec un petit nombre
• d'amis, et se dérobait souvent aux en-
nuyeuses rigueurs de l'étiquette.
i Dans cette Cour, il n'y avait plus place
pour les talons rouges et les roués; il
n'y en avait plus pour les Fontanges, les
i1 -î 1.1~~
-lyCoatespan, les Maintenon, les Pompa- I 1
dour et les Dubarry..
Ou appela la Reina madame Déficit, lui j i
attribuant le triste état des finances. On
#p#la le:&oi et elle :M. tt Mme Veto,
et ces sobriquets ne contribuèrent pas <
peu à leur perte. ̃̃̃ <
V. S'; .>l,#*#:Q:r; ̃̃:̃: 1
Les soi-disant historiens qui ont écrit (
de ce temps-ci des pamphlets sous le J
nom d'histoire, pour donner des gages
au parti soi-disant républicain, ont voulu £
avoir un peu guillotiné Louis XVI, sa l
femme et sa sœur, et ont ramassé, l
reproduit et propagé des légendes men- (
songères.. j
C'était sousLouis XIVetsous Louis XV (
qu'il eût été juste et héroïque d'attaquer, ¡
de prendre et de raserlaBastille,-mais
probablement on n'eût pas réussi!
C'était aussi sous Louis XIV et sous
Louis XV qu'il eût été juste et assez hé- ]
roïque d'insulter, de chansonner et d'ap- ]
peler Madame Déficit cette Mlle de •
Fontanges qui ne se contentait pas de ]
300,000 francs par mois 1
Ou Mme de Montespan, qui commença
par payer 200,000 francs de dettes de
son mari 1
Ou Mme de Pompadour, qui pritplusde
trois millions! et Mme Dubarry qui,
pendant les seize derniers mois de la
vie de Louis XV, prit au trésor 2,456,000
francs!
Mais on ne s'y frotta pas on adu- ]
lait, on respectait ces femmes Les
courtisans tes poètes les philoso-
phes étaient à leurs pieds 1 i
On réserva ce nom à Marie- Antoinette
qui avait refusé le trjbut d'usage appelé
la ceinture de la Reine, et qui, aimant la
parure, comme toutes les femmes dont
c'est le bonheur et le devoir d'être les
plus belles possible, n'avait chez Mme
Bertin, dont on a retrouvé et imprimé les
livres, qu'une note très inférieure à celles
de plusieurs dames de sa Cour I
On chantait aussi
Madame Veto s'était promis
De faire égorger tout Paris.
Il eût été juste et héroïque de faire
un pareil reproche à Mme de Maintenon
qui eut une si grande part, de concert
avec les prélats qui la tirent reine, à la
révocation de l'édit de Nantes et des
Dragonnades. •
Qu'était-ce d'ailleurs que ce veto qui
excitait tant de haines ? Le droit laissé
au Roi par la Constitution de 1791, le
droit non d'empêcher, mais d'ajourner
l'exécution d'une loi qui lui semblait
contraire à la justice ou aux intérêts du
pays.
il eût été héroïque d'appeler despotes
Louis XIV et Louis XV on ne s'en
avisait guère. Oh n'appelle tout haut
un roi tyran que lorsqu'on s'est bien
assuré qu'il-ne l'est pas 1
On a détrôné et guillotiné Louis XVI,
non qu'il fût un tyran, tant s'en faut,
non pour les causes énoncées dans-son
procès, mais parce qu'il était bon et
doux, et avait défendu aux troupes de le
défendre.
Ce roi eût été peut-être le meilleur
des rois, s'il eût été un peu moins le
meilleur des hommes. S'il avait fait
prendre, emprisonner ou rejeter' hors
de France une douzaine de fous furieux,
de coquins hypocrites et de scélérats,
ce qui,du reste ne leur eût pas fait grand
tort à eux-mêmes, car ils ne tardèrent
pas à s'entre-guillotinerl– il eût proba-
blement sauvé la vie à plus d'un mil-
lion d'hommes, de femmes et d'enfants
guillotinés, mitraillés, noyés, massacrés
sous la Terreur peut-être à cinq mil-
lions d'hommes dont Napoléon « le
Grand » a jonché les champs de bataille! 1
Il eût épargné à la France de longues
guerres et troisinvasions et les hai-
nes, les rancunes, les représailles et les
défiances incurables de l'Europe que
nous subissons encore aujourd'hui 1
Criocère encore, le journaliste brési-
lien, car la rosé du Brésil a ses crio-
cères comme le lys de Francel qui, se
trouvant à Bruxelles au moment de la
révolution du Brésil, a communiqué à
un criocère, journaliste français, que « le
peuple n'avait pu supporter plus long-
temps le despotisme de Dom Pedro et
s'était offensé de la sévérité de l'étiquette
qui régnait à la Cour 111 1
Un hasard me permet de rectifier l'as-
sertion du criocère brésilien.
L'empereur du Brésil me fit un jour
l'honneur de me venir voir à Saint-Ra-
phaël et de s'arrêter dans ma masure-
la Maison-Close. Il était accompagné
de son secrétaire et de son médecin il
se montra très bienveillant, très simple,
et, entre autres choses, me dit « Je suis
ëft querelle avec monsieur, qui est mon
docteur, parce qu'il voudrait me faire
dormir pendant dix ou douze heures
la moitié de la vie Moi je ne veux dor-
mir que le moins possible et je crois que
cinq ou six heures suffisent. »
.'̃'• Sire, dis-je, la question est décidée
souverainement par une autorité devant
laquelle le docteur de Motta-Moia sera
obligé de s'incliner: c'est l'école de Sa-
lerne, et voici ce qu'elle dit:
Sex 7wras dormire sat est, juvenique senique
Septem horas pigro nulli concedimus octo.
Six heures de sommeil, c'est assez; qu'on en donne
Sept aux gens paresseux, jamais hmt à personne.
J'accepte cette décision, reprit gaî-
hlent l'Empereur, et comme, au fond,
c'est pour se.lever tard qu'il ne veut
pas que je me lève de bonne heure,
désormais je dormirai six heures et lui
sept 1
•II y avait très longtemps que l'Em-
pereur était là, causant de divers su-
jets avec beaucoup de bonhomie et ce-
pendant de finesse, lorsque le docteur
à plusieurs reprises lui adressa quel-
ques mots en portugais.
-Sire, dis-je à l'Empereur, le soin que
s prend votre tyran de parler dans une
s langue que je ne comprends pas me met
̃ en défiance de quelque noir projet.
Vous ne vous trompez pas, fit Dom
Pedro, il me dit qu'il est temps de,
l partir 1
si' –Mais, répondis-je, le train du che-
min, de fer qui doit vous ramener à Càrn
nes ne passera que dans une heure, et
je ne pense" pas que le docteur veuille
voùs:faire retourner à pied? ;> >
^fiNeft serait plus iâché que moi.répwÉi 1.
qu'en arrivant à Saint-Raphaë^il a avisé
une sorte d'hôtel ou d'auberge: où il a
l'inj;ention de me faire prendre i ou
plutôt de prendre du café, car, au fond,
c'est lui qui aime le café bien plus que
moi 1
Cela peut encore s'arranger, dis-je,
si Votre Majesté le permet, je vais, par
mon matelot, avertir ma fille, qui de-
meure à l'autre extrémité du jardin, et,
d'ici douze ou quinze minutes, vous
pourrez lui faire l'honneur de prendre
du café bien meilleur que celui que vous
auriez trouvé à l'auberge.
Le despote y consentit gaiement, et,
un quart d'heure à peine écoulé, nous
traversious le jardin, nous trouvions
notre hôtesse avec ses deux filles, son
mari était absent et son fils au collège
à Cannes. L'Empereur fut simple, fami-
lier, bienveillant, gai, mit tout le monde
si à son aise qu'une de mes petites-filles
lui demanda s'il avait visité le collège
de Cannes.
Non, dit-il, pas encore, mais je le
ferai certainement, je m'intéresse beau-
coup à l'éducation et à l'instruction des
enfants.
-Alors, dit ma petite-fille,Votre Ma-
jesté se conformera sans doute à la
tradition? '1
Quelle tradition, mon enfant ? 2
C'est que chaque fois qtthirt roi ou
un empereur visite un collège, il fait
accorder aux élèves un jour de congé.
Et quel intérêt avez-vous à ce que
les élèves du collège de Cannes aient un
jour de congé ? 2
C'est que nous y avons notre frère,
et que ce jour-là il viendra le passer
avec nous 1
J'aurais bien quelques objections à
faire contre les congés extraordinaires,
mais puisque votre raison est si bonne,
je suis vaincu, je cède et, en rentrant à
Cannes, je vais faire immédiatement ma
visite au collège.
Le tyran tint parole et le lendemain
mon petit-fils vint passer la journée avec
nous.
Voilà ée que je sais et ce que j'avais à
dire et du despotisme de l'Empereur
Dom Pedro et de la fatigante étiquette
qui V entoure! l ̃
L'Impératrice est morte subitement
peu de temps après la révolution, par
suite des brutalités de l'expulsion des
deux souverains.
Dom Pedro, qui avait supporté avec
sérénité ce qui frappait l'Empereur, a
fléchi sous la perte de sa compagne et
s'est affaissé et évanoui,– il n'est pas
certain qu'il lui survive beaucoup.
Les meneurs de la révolution du Bré-
sil se seront ainsi d'un coup élevés aux
saines traditions et aux « immortels
principes »: ils auront tué l'Impératrice
et l'Empereurl
L'avenir nous dira ce que les peuples
y auront gagne.
#*#
Autres criocères:
C'est une idée qui a sa grandeur que
celle des distinctions honorifiques desti-
nées à encourager, à récompenser des
actes que ne peut payer l'argent,- car
l'argent, si puissant cependant, ne peut
toucher à certains sentiments, à certai-
nes vertus, sans les salir et les tuer
comme les balles d'argent données au
Freyschutz par Satan.
Une Légion d'honneur réunissant par
un signe commun tous ceux qui avaient
défendu ou honoré la France par leur
bravoure, leur dévouement, leur génie
et leurs talents dans toutes les clas-
ses de la société fut, pendant assez
longtemps, la première, la plus bril-
lante, la plus enviée des décorations. j
Pour d'autres moindres services, pour
des mérites d'ordre inférieur, les rois
donnaient leur portrait sur une tabatière
entourée de diamants.
La Légion d'honneur fut déjà bien
amoindrie lorsque, par économie de ta-
batières ,lo souverain les remplaçait par
le ruban rouge pour des services et des
mérites a la récompense desquels suffi-
rait la tabatière.
Elle fut encore amoindrie, lorsque
cette croix, que de braves soldats avaient
tant de peine parfois à obtenir au prix
de leur sang versé dans les batailles,
que tant de génies et de grands talents
considéraient comme la consécration de
leur carrière, fut donnée aux délégués
des puissances étrangères, à des atta-
chés d'ambassade, pour avoir assisté à
telle ou telle cérémonie.
La croix d'honneur fut encore plus
salie lorsqu'on la donna pour prix de
services plus ou moins honnêtes, rendus
aux ministres. Ça s'appelle services
exceptionnels/
Mais le dernier coup lui a été porté
les uns l'ont vendue, les autres l'ont
achetée à prix d'argent; elle est telle-
ment devenue. autre chose, que sans
exciter d'étonnement ni de murmures,
Napoléon, qui n'avait pas osé accorder la
croix d'honneur à Talma, prierait au-
jourd'hui M. Paulus de vouloir bien
l'accepter l
On a trouvé moyen de déshonorer jus-
qu'aux médailles de sauvetage, prix
autrefois donné à tant de traits d'hé-
roïsme et de dévouement ,si bien qu'on
a dû retrancher, de l'inscription de ces
médailles prostituées, ces mots: « Pour
I~ aaair sauvé au péril de sa vie. »
Et.ce, pour que fût réalisée cette pré-
diction que j'ai émise en 1848:
« Il y aura une charte en un seul arti-
» cle.
» Article unique
» II n'y a plus rien. »
Aujourd'hui la seule distinction qu'on
puisse tirer des décorations, c'est de n'en
porter aucune et cette distinction-là,
on peut se l'accorder à soi-même.
Alphonse Karr.
Ssint-Raphaël (Maison-Close).
(Série î n° 3.)
LA NOUVELLE IYRE COMIQUE
L~S~ IDÉES, D'ALI~YaIVDIt~ 1
LB5 JDÉBS D'ALEXA^DRK DDMAS
STANCES
«Vous me conjuguerez soixante-dix -sept fois
Le verbe réputé neutre je collabore.
Dans l'acide. disons: borique, où je vous vois,
Vous êtes l'oxygène et moi je suis le bore 1
Cette comparaison savante corrobore,
Malgré tout le respect, messieurs, que je vous dois,
Celles que j'aurais pu tirer de l'ellébore 1 »
Il dit, et sous le vent se courbe le ramas
Des collaborateurs d'Alexandre Dumas.
« Durantin, Durantin, souviens-toi d'Héloïse 1
Qu'était-ce? Une statue au beau ventre et sans
JèVins, je la frappai du bâton de Moïse [chef 1
Elle vécut cent jours! Parlons des Danicheff:
Si c'était du français, non, c'est que j'hébraïse 1
Ah! malheur! j'ai sauvé cette œuvre du méchef
Comme Napoléon sauva Marie-Louise! »
Il dit, et sous le vent se courbe le ramas
Des collaborateurs d'Alexandre Dumas.
Quandfeu de Girardin m'apiportiLLe Supplice,
Je vis qu'il se montait sinistrement le coup 1
Ce vieillard m'a connu très jeune, son front
[plisse,
Raisonnai-je; au linceul que la Parque lui coud
Je n'ajouterai pas un faux ourlet complice
Je lui léchai son ours. Il m'en voulut beaucoup.
On dit qu'il en est mort. Que son sort s'accom-
[plisse »
II dit, et sous le vent se courbe le ramas
Des collaborateurs d'Alexandre Dumas.
« Quant à Gustave Fould, c'est encor plus co-
[cassel 1
Sa Romani n'avait que les os et la peau.
Un squelette, pas même une vague carcasse
Aussi vrai qu'on traduit Eridanus par Pô
Et qu'à la bouillabaisse il faut de la rascasse,
J'escamotai le Fould comme sous un chapeau
Pendant que j'écrivais, il chassait la bécasse »
Il dit, et sous le vent se courbe le ramas
Des collaborateurs d'Alexandre Dumas.
(c Mon père fut celui qui sut en quoi consiste
L'art du théâtre,– un art infect,de vous à moi,–
Où, pour si peu qu'on soit poète et fantaisiste,
On est ratiboisé d'avance, et dont la loi
Fondamentale veut d'abord qu'il ne subsiste
Rien de >cè qu'on écrit ou conçoit, ce par quoi
Il pousse des cheveux blancs au moins spirio-
[siste »
Il dit, et sous le vent se courbe le ramas
Des collaborateurs d'Alexandre Dumas.
Il m'a légué ses trucs et, dit-on, son génie.
Il a bien fait. Pourtant, s'il m'avait consulté,
Au lieu de marier l'ineffable Eugénie
A son Arthur, j'aurais, je l'avoue, exulté
De joie à remplacer ce bonheur, que je nie,
Par celui d'exercer ma moindre faculté
A cultiver cet art où Rothschild s'ingénie » »
Il.dit, et sous le vent se courbe le ramas
Des collaborateurs d'Alexandre Dumas.
«Donc.si vous attendez quepourvousjerefasse
Ce que stérilement j'ai fait pour des ingrats,
J'aime mieux vous payer à déjeuner en face,
Car si j'en maigris moins,vous en serezplusgras.
Le rayon du théâtre est un feu qui s'efface
L'avenir est ailleurs, depuis le fusil Gras,
Et la pièce n'est plus qu'un prétexte à préface »
Il dit, et sous le vent s'envole le ramas
Des collaborateurs d'Alexandre Dumas.
Emile Bergerat.
•̃̃̃̃ LE • '̃'
RUBAN ROUGE
HISTOIRE D'HIER
J'avais frappé trois fois sans obtenir
de réponse. Impatienté, je m'en allais en
maugréant contre le concierge qui ne sa-
vait jamais si ses locataires étaient chez
eux, lorsque la porte tourna enfin sur ses
gonds. Le sculpteur vint m'ouvrir; ne
pouvant me donner sa main, empâtée de
terre, il me tendit le poignet que je serrai
amicalement.
-Je ne vous dérange pas, lui dis-je,
vous n'avez pas séance 1
-Du tout, à cette heure-ci je n'y vois
plus assez clair pour travailler avec le
modèle. Entrez, ravi de vous voir J >
Voilà dix'minutes que je tambourine.
Vous ne m'avez pas entendu, vous dor-
miez donc 1
Non. je rêvais.
Barcas prononça ces derniers mots
d'une voix grave qui m'étonna chez ce
grand garçon ordinairement si gai.
Nous traversâmes le capharnatim som-
bre servant à la fois d'antichambre et de
soute à charbon, et nous entrâmes dans
l'atelier. Pas moderne, pas fin de siècle,
pas high-life, pas Avenue de Villiers du
tout, l'atelier. Il avait l'aspect d'un han-
gar
Sur les murs, badigeonnés à la colle,
quelques sommaires croquis au fusain,
des indications de mouvement, des
adresses de modèles et de praticiens, un
masque japonais, un morceau de faïence
persane, deux affiches de Chéret écla-
boussant de soleil le ton cendreux de la
peinture. Entassés sur des planches de
sapin, des plâtres poussiéreux, cassés,
estropiés, minables, honteux de se trou-
ver tellement serrés qu'ils perdaient le
prestige d'attitudes séculairement nobles
et admirées. Un Antinoüs, coiffé d'un
feutre crasseux- qui lui cachait un œu,
Ce Supplément ne doit pas être vend» à part
16* Année Numéro 2
fia du Supplément avec le Numéro
20 CESTIME3 A PARIS –25 CENTIMES HORS PABJf
REDACTION DU SUPPLÉMENT
A. MÊtMVHEBL
SECRETAIRES
AtîGtîBTB UAROADE ET PAUL. BONNETÀIN
Paris 26i rue Drouot Paris
«ornement spéolal du SOPPtÊSŒKT LITTEHAŒ1
11 Numéro ordinaire compris
12 FR. PAR A.3ST
STXIPlPI^ÉÏlMœiSrT^ ` X-.I1"ït3ÊÎI^-A.IïLB
SOMMAIRE DU: SUPPLÉMENT
Alphonse KARR V .tes Cripcères.
Emile BWfteERAT. « • te^Idées d'Alexandre
̃-• Dumas. >St
LanouveUeLyre cofflique
Frantz Jourdaii* Le Ruban rouge:
Nouvelle.
Louis Dépret Pensées diverses.
Montciair. Silhouettes féminines.
M»"> Juliette Adam.
J-
È'ÏUMus ;•> • Croquisuniversitaire
M. Lavisse.
Maurice Rou-iNiT. Poèmes rustiques.
F* "'•• • • • • • • L'Exposition décen-
• ̃̃ nale du roman fran-
çais.
M. J. K. Huysmans.
G. Lababie-Laoravï" A travers les revues
étrangères.
• La Presse au Brésil.
Bulletin hebdomadaire de La Financière.
~I
I i 1
tf iefoZrè naturelle, philosophique, morale, poli-
tique, littéraire, psychologique et documen-
taire de douze petites bêtes et des hommes
qui leur ressemblent.
Le criocère est un insecte coléoptère
qui, arrivé à l'état parfait, est brillam-
ment vêtu d'écarlate mais il ? passé par
des états plus humbles.
La larve est une bête grise, molle,
laide, qui, pour se préserver de la
pluie, du soleil. et des oiseaux, s'enve-
foppe de ses propres, excréments. On
ne, voit qu'un petit tas d'ordures, qui
rampé et grimpe lentement sur la tige
des lys, qui semblent. lui avoir été livrés
pour humilier leur orgueil. Ce n'est
qu'après avoir sali et là tige et les feuil-
les elle arrive à la fleur qu'elle ronge
en la déshonorant, et que, triomphale-
ment, elle se montre vêtue d'une cui-
rasse d'un rouge écarlate, avec des pat-
tes et des antennes noires.
Il arrivé parfois que, dans toute une
plate-bande de Jys, il n'en reste pas un
qu'on ose cueillir, tant ils sont devenus
dégoûtants, ce qui assure à la fois et
la victoire et le festin des criocères.
A l'état parfait, si l'on prend l'insecte
dans la main, il fait entendre un bruit
assez aigu, qui est produit par le frotte-
ment de ses élytres.
Le criocère au lys, la grande fleur royale,
Larve infecte d'abord, punaise grise et sale
Sous l'ordure cachant son pas visqueux, gluant,
Grimpe, arrive à la fleur, la ronge enl'embrenant,
Jette son manteau gris et semble au blanc pétale,
En çai'magnole rouge, une tache de sang.
Les élytres froissés de l'immonde punaise,
D'un ton sec et strident grincent la Marseillaise
Il fallait voir, pendant la Commune,
les héros, assassins, incendiaires, toute
la horde des maîtres de Paris, avec leurs
ceinturés, leurs écharpes, leurs casquet-
tes constellées d'étoiles d'or et d'argent,
et leurs grandes bottes de maroquin
rouge, vert ou bleu, qu'il fallut payer
quand fut rétabli une sorte de gouverne-
ment présidé par M. T hiers –qui s'était
fait leur complice pour devenir leur maî-
tre I.
Race des criocères, ceux qui, pourdé^
truiré la monarchie, qui avait fait la
France si grande, et s'en partager les
débris, ont commencé par assassiner
Louis XVI, Marie-Antoinette,et cette no-
ble et sainte Elisabeth, après les avoir
couverts et salis des plus mensongères,
des plus atroces, des plus absurdes ca-
lomnies, que les descendants de cette
race, répètent encore aujourd'hui après
cent années écoulées 1.
Lorsque les Anglais,abusés, entraînés,
enivrés par ce mot de liberté (qui n'a
presque jamais servi qu'à changer les
mains qui tenaient les chaînes), obéis-
saient-auxcriminelsFairfax et Cromwell,
lorsque les Anglais, avant les Français,
en 1649, avaient tué leur roi Charles I",
ils l'avaient au moins tué proprementl
Le neuvième jour de janvier 1649, vers
les dix heures du matin, le Roi fut con-
duit de :Saint-James, à pied, pardedans
le parc, au milieu d'un régiment d'in-
fanterie, tambours battants, enseignes
déployées, et de ,sa garde ordinaire,
.quelques-uns.de ses gentilhommes de-
vant et derrière lui, la tête nue, et le
colonel Thomlinson, qui avait la charge
"de. Sa Majesté, également là tête nue.
On le mena dans sa chambre et,
'de là, dans une salle de son palais, de-
vant lequel était dressé l'échafaud.
Charles voulut parler au peuple. On le
laissa parler aussi longtemps qu'il vou-
lut.
Sur le chemin, une jeune fille lui
Vvàit donné une rose personne ne le
trouva mauvais et ne songea à inquiéter
la jeune fille.
•̃̃ Louis XVI, Marie-Antoinette, Madame
Elisabeth, eux, furent transportés, en-
•ehaînés, sur une ignoble charrette, les
;bras liés de cordes.
Lorsque Louis XVI voulut parler au
.peuple, un roulement de tambour, com-
mandé par Santerre, couvrit sa voix.
Pendant que Marie-Antoinette était en
prison, un des commissaires lui avait,
un jour, offert un œillet on fit tout
"pour découvrir ce commissaire, qui eût
•Certainement payé de sa vie cet hommage
rendu au malheur, et les juges du tribu-
nal insistèrent, lors du jugement de la
Beine, pour obtenir d'elle le nom, ou,au
Jnoin§~e signalement de cet audacieux.
Personne, en Angleterre, n'a songé à
iaire un jour de fête et de triomphe de
Tanniverga.ire de la mort de Charles I"
comme tirent, au 21 janvier, les descen-
dants de la maudite race des criocères
français, aux yeux desquels la république
n'a jamais été un but, mais une échelle,
-non pour détruire les abus, mais pour
t'en emparer! ^r ^rr^r^'
̃' ;-•. -•
Le cardinal Louis de Rohan, ambassa-
deur en Autriche en 1772, avait tellement
scandalisé, non seulement le public,
mais aussi Marie-Thérèse, par son atti-
tude' et ses. débordements de tous gen-
res, qu'elle demanda et obtint que le
gouvernement français l'en débarrassât.
On apprit depuis que, pendant ses
fonctions à la cour d'Autriche, il avait
envoyé à Paris les notes les plus mal-
veillantes, les plus blessantes, sur l'Im-
pératrice.
On comprend que sa fille Marie-Antoi-
nette ne vit ce personnage qu'avec répu-
gnance.
Appartenant à une grande et puissante
famille, il obtint de nombreux et riches
bénéfices et devint aumônier déjà Cour.
Néanmoins, la Reine, ne lui adressa pas
une seule fois la parole.
En 1784, il fut l'objet de remontrances
adressées au Roi par le Parlement de
Paris, dénonçant, de la part du cardinal,
des abus et des exactions énormes aux-
quels il s'était livré malgré d'immenses
revenus, qui ne suffisaient pas à son
faste et à ses intrigues.
-Cefut vers cette époque qu'il fit la con-
naissance d'une femme. Lamôlte
descendanté d'un fils naturel de Henri II,
et ajoutant à sonlnom celui de Valois,
ce qui ne l'empêchait pas de vivre très
misérable, n'ayant, pour tout revenu,
qu'une petite pension que lui servait le
gouvernement.
Elle s'adressa au cardinal, sollicitant
sa protection et sa charité. Elle était
belle, elle lui plut, il l'entretint avec son
mari. Mais les bienfaits du cardinal,
c'était de quoi vivre, ça n'assurait pas
l'avenir il pouvait mourir, il pouvait
changer. Elle pensa à le tenir par d'au-
tres liens que ceux de l'amour.
Le cardinal était désespéré de l'éloi-
gnement où on le tenait à la Cour. Il
avait rêvé de devenir premier minis-
tre, peut-être même d'être favorisé par
la Reine, dont il ne pouvait se dissimu-
ler le profond dédain.
Mme de Lamotte lui fit croire qu'elle
était reçue par la Reine, à laquelle elle
n'avait jamais parlé et qui ne l'avait
jamais vue, qu'elle était auprès d'elle
en grande faveur et qu'elle ne désespé-
rait pas de le faire un jour rentrer en
grâce.
Elle lui fit voir de fausses lettres de
Marie-Antoinette écrites par un autre de
ses amants, un 'M. Vilette, qui, plustàrd,
avoua le faux.
Le cardinal mordit à l'hameçon, ses
libéralités s'augmentèrent mais, en
1785, cela n'avait atteint que le chiffre
d'à peu près deux cent mille francs.
Mme de Lamotte tenta un grand coup.
Elle avait appris que le joaillier de la
eouronne,Bœhmer,avaitréuniunegrande
quantité de magnifiques diamants dont
il avait fait un collier qu'il avait offert à
la Reine pour 1,600,000 fr. La Reine
avait répondu qu'elle avait assez de dia-
mants, que cette énorme somme serait
mieux employée à la construction d'un
vaisseau, et il n'en était plus ques-
tion.
Mme de Lamotte persuada au cardi-
nal que la Reine, qui avait cru devoir
refuser le collier, lui avait avoué à elle,
pour qui elle n'avait rien de caché,
qu'elle mourait d'envie de le posséder,
qu'elle l'achèterait volontiers, mais en
cachette et en payant par acomptes sur
sa cassette seulement pour cette com-
binaison, il fallait un intermédiaire, et
Mme de Lamotte lui avait tant parlé des
regrets, du désespoir, du dévouement
absolu de M. de Rohan, que Sa Majesté
avait autorisé son amie à lui confier cette
mission.
Elle fit paraître, à ce sujet, de nouvel-
les lettres fausses, écrites comme les
premières par Vilette qui se défendit
plus tard devant ses juges en disant, ce
qui était vrai, qu'il n'avait pas même
imité l'écriture de la Reine, qu'il ne con-
naissait pas.
Le cardinal vit les joailliers, acheta le
collier, ne leur cacha pas que c'était
pour la Reine, et leur communiqua les
époques de payement qu'il'croyait fixées
par elle.
On aurait peine à comprendre ce degré
de crédulité, si l'on nevoyait qu'en même
temps que la femme Lamotte, il avait
chez lui le charlatan Cagliostro, qui lui
enseignait à faire de l'or et des dia-
mants 1
Le couple Lamotte alla plus loin le
mari découvrit, au Palais-Royal, une fille
ayant la taille et un peu de la démarche
et de l'air de Marie-Antoinette.
On fit savoir au cardinal que la Reine
lui accordait une entrevue la nuit, dans
les bosquets de Trianon.
On habilla la fille Oliva à la façon de
la Reine, on la conduisit dans un bos-
quet, où on lui enseigna un rôle qu'elle
ne comprenait guère, mais pour lequel
on lui promit quinze mille francs eton lui
en remit quatre.
Le cardinal, introduit de son côté dans
le bosquet par la femme Lamotte, crut
voir la Reine, qui lui donna une rose en
lui disant
–Vous savez ce que cela veut dire 1
Mais Mme de Lamotte accourut, ef-
frayée, et disant
Sauvez-vous, madame, la comtesse
d'Artois vient par ici!
Oliva et Rohan s'échappèrent, chacun
de son côté, et le cardinal rêva les
plus hautes et les plus heureuses desti-
nées.
Bientôt, Rohan apporte le collier; il le
donne à la femme Lamotte, qui cache le
cardinal chez elle, dans un cabinet d'où
il put voir un domestique qui vint de la
part de la Reine, et auquel elle remit
l'écrin.
##*
Mais les termes de payements arrivè-
rent, se succédèrent, et les joailliers ré-
clamèrent. Le cardinal les engagea à
remercier la Reine et à lui exposer leur
situation»
Pendant ce temps, la femme Lamotte ]
dépeça le collier, en vendit une partie à (
Paris, envoya son mari en vendre une
plus grande partie en Angleterre, en fit i
monter une i partie pottr,,e!îe,;niême. {
Elle vit Bôehmer.et lui dit <
Je crains que le cardinal n'ait été
trompé et que vous ne le soyez vous,
nîême. La Reine n'a pas le eolljer.
Adressez-vous immédiatement à M. d§
Rohan, il est riche il vous payera.
On s'étonnerait, et on s'étonna que, le
coup fait, elle n'eût pas pris la fuite. J
Pas si naïve 1 Elle avait mesuré la si- •
tuation et la bêtise de sa victime. Il 1
pourrait s'indigner contreelle, lui donner
les noms les plus odieux, la maudire, ]
mais sans bruit à aucun prix, il ne fe-
rait et ne laisserait faire un éclat qui, à
la Cour, le perdrait, et, dans le monde, le
couvrirait de ridicule. Il s'arrangerait
pour payer les joailliers. Quant à elle,
elle n'avait plus besoin de lui, bien nan-
tie. Et elle afficha effrontément un luxe
effréné succédant sans transition. à sa
misère.
Elle acheta des maisons se meubla
magnifiquement i elle étala une riche
argenterie, eut des voitures, des chevaux
et jusqu'à cinq femmes de chambre.
Mais, quoique bien conçu, son plan fut
déjoué. Les joailliers, avant de s'atta-
quer au cardinal, s'adressèrent directe-
ment à la Reine qui,aussi surprise qu'in-
dignée, eut recours au Roi de là le
procès qui fit tant de bruit.
J'ai lu tout ce qui a été dit et écrit à
ce sujet les mémoires publiés par les
avocats pour le cardinal de Rohan,
pour Mme de Lamotte,pour Cagliostro,–
Cagliostro qu'elle avait essayé de se
substituer, pour la fille Oliva qui
avait joué le rôle de la Reine dans le
bosquetde Trianon. Tout ce que je viens
de dire fut non seulement prouvé, mais
avoué Il est d'une évidence incontes-
table que la Reine avait été aussi étran-
gère à cette affaire que l'impératrice de
la Chine ou la reine d'Ethiopie. Non
seulement les accusations qu'on osa in-
tenter contre elle dans d'infâmes libelles,
mais les doutes que de rylus prudents
firent hypocritement semblant de con-
server n'étaient que des formes ou des
degrés de la calomnie.
A la Cour,les ennemis delà Reine pri-
rent parti pour le cardinal; des « da-
mes » portaient des rubans rouges et
jaunes, qu'on appelait couleur « cardi-
nal sur la paille » quelques-uns même
plaignirent Mme de Lamotte tous deux,
étaient, disait-on, des victimes de la
Reine 1
Ce fut une occasion, un prétexte pour
donner l'essor à la haine qu'excitait la
malheureuse princesse.
Et cette haine, avant de descendre
dans le peuple abusé par les mensonge s
les plus effrontés, partait de. la £our, de
l'entourage du Roi et de la Reine,– mal-
heureux aveugles qui ne songeaient pas
qu'ils faisaient des voies d'eau dans le
navire qui les portait et qu'ils périraient
eux-mêmes dans le naufrage de la mo-
narchie 1
#*#
Louis XVI, roi à vingt ans, ne prenait
pour modèle ni Louis XIV « le Grand »,
ni Louis XV, surnommé un moment
« le Bien-Aimé ». Son modèle était le
brave et bon Henry IV. Il s'était fait
l'élève de Fénelon et avait lu J.-J. Rous-
seau.
Quant à l'obscurité qu'une malveil-
lance hypocrite fait régner encore sur
cette histoire de l'affaire du collier, M.
Thiers n'en parle pas dans son histoire
de la Révolution, n'osant ni accuser ni
défendre la Reine 1
De ce que un officier partisan du
cardinal, au moment où celui-ci fut
arrêté, porta un mot écrit par ce der-
nier à l'abbé Georgel, vicaire et domes-
tique damné du prélat, pour donner l'or-
dre de brûler ses papiers, Louis Blanc
en tire l'hypocrite conséquence qu'on
alla exprès trop tard chercher ces pa-
piers qu'on- ne trouva plus «et qu'on
ne voulait pas trouver. de crainte d'en
apprendre plus qu'on ne voulait 1 » `
Un livre imprimé en 1832 sous ce
titre « Crimes des reines de Fiance »
prête cinq amants à Marie-Antoinette I
Un tel débordement n'aurait pas été fa-
cile à une, reine de France qui (grâce à
une étiquette ayant pour but, avec ses
exagérations puériles, de tenir la Reine
à l'abri de la calomnie) n'était jamais
seule un instant de sa vie et ne pouvait
changer de chemise qu'en présence de
cinq personnes 1
Un énorme ouvrage, 16 volumes in-fo-
lio estimable sous beaucoup de rap-
ports a cru, pour assurer son succès
et surtout son débit, devoir n'être au
point de vue historique et politique
qu'un gros pamphlet rouge. D'un ton
hypocrite et simulant l'impartialité, il
rapporte soigneusement toutes les calom-
nies émises sur Marie-Antoinette, et se
croit à l'abri du reproche en disant
« Nous n'ajoutons pas une foi entière,
mais c'est très obscur. » « Un érudit es-
timable, M. Louis Lacour, admet positi-
vements la complicité de Marie-Antoi-
nette dans l'affaire du collier, »
Il y a il y avait dès le semblant de
jugement de Marie-Antoinette, si peu
de doutes possibles sur cette affaire,que,
dans cette lugubre comédie où l'on ne.
ménagea à l'infortunée princesse au-
cun outrage, aucune calomnie, où on
l'appela Messaline, Frédégonde, Brune-
haut où Hébert énonça cette mons-
trueuse dirai-je calomnie ? le mot n'est
pas assez fort que la Reine et la sainte
Elisabeth avaient dépravé les mœurs du
Dauphin!- accusation si répugnante, si
absurde, que Robespierre interrompit
Hébert en luidisant: « Tais-toi, imbécile,
tu vas la rendre intéressante. ».
aucun des accusateurs, des faiseurs de
libelles ne fit la moindre allusion à
l'histoire du collier l
Louis XVI avait supprimé le faste et
la « piaffe » de la royauté. Marie-Antoi-
nette, élevée à la Cour de sa mère, Marie-
i Thérèse, où, sauf quelques grandes céré-
monies, on menait une vie patriarcale et
bourgeoise, préférait à l'apparat les
amusements avec un petit nombre
• d'amis, et se dérobait souvent aux en-
nuyeuses rigueurs de l'étiquette.
i Dans cette Cour, il n'y avait plus place
pour les talons rouges et les roués; il
n'y en avait plus pour les Fontanges, les
i1 -î 1.1~~
-lyCoatespan, les Maintenon, les Pompa- I 1
dour et les Dubarry..
Ou appela la Reina madame Déficit, lui j i
attribuant le triste état des finances. On
#p#la le:&oi et elle :M. tt Mme Veto,
et ces sobriquets ne contribuèrent pas <
peu à leur perte. ̃̃̃ <
V. S'; .>l,#*#:Q:r; ̃̃:̃: 1
Les soi-disant historiens qui ont écrit (
de ce temps-ci des pamphlets sous le J
nom d'histoire, pour donner des gages
au parti soi-disant républicain, ont voulu £
avoir un peu guillotiné Louis XVI, sa l
femme et sa sœur, et ont ramassé, l
reproduit et propagé des légendes men- (
songères.. j
C'était sousLouis XIVetsous Louis XV (
qu'il eût été juste et héroïque d'attaquer, ¡
de prendre et de raserlaBastille,-mais
probablement on n'eût pas réussi!
C'était aussi sous Louis XIV et sous
Louis XV qu'il eût été juste et assez hé- ]
roïque d'insulter, de chansonner et d'ap- ]
peler Madame Déficit cette Mlle de •
Fontanges qui ne se contentait pas de ]
300,000 francs par mois 1
Ou Mme de Montespan, qui commença
par payer 200,000 francs de dettes de
son mari 1
Ou Mme de Pompadour, qui pritplusde
trois millions! et Mme Dubarry qui,
pendant les seize derniers mois de la
vie de Louis XV, prit au trésor 2,456,000
francs!
Mais on ne s'y frotta pas on adu- ]
lait, on respectait ces femmes Les
courtisans tes poètes les philoso-
phes étaient à leurs pieds 1 i
On réserva ce nom à Marie- Antoinette
qui avait refusé le trjbut d'usage appelé
la ceinture de la Reine, et qui, aimant la
parure, comme toutes les femmes dont
c'est le bonheur et le devoir d'être les
plus belles possible, n'avait chez Mme
Bertin, dont on a retrouvé et imprimé les
livres, qu'une note très inférieure à celles
de plusieurs dames de sa Cour I
On chantait aussi
Madame Veto s'était promis
De faire égorger tout Paris.
Il eût été juste et héroïque de faire
un pareil reproche à Mme de Maintenon
qui eut une si grande part, de concert
avec les prélats qui la tirent reine, à la
révocation de l'édit de Nantes et des
Dragonnades. •
Qu'était-ce d'ailleurs que ce veto qui
excitait tant de haines ? Le droit laissé
au Roi par la Constitution de 1791, le
droit non d'empêcher, mais d'ajourner
l'exécution d'une loi qui lui semblait
contraire à la justice ou aux intérêts du
pays.
il eût été héroïque d'appeler despotes
Louis XIV et Louis XV on ne s'en
avisait guère. Oh n'appelle tout haut
un roi tyran que lorsqu'on s'est bien
assuré qu'il-ne l'est pas 1
On a détrôné et guillotiné Louis XVI,
non qu'il fût un tyran, tant s'en faut,
non pour les causes énoncées dans-son
procès, mais parce qu'il était bon et
doux, et avait défendu aux troupes de le
défendre.
Ce roi eût été peut-être le meilleur
des rois, s'il eût été un peu moins le
meilleur des hommes. S'il avait fait
prendre, emprisonner ou rejeter' hors
de France une douzaine de fous furieux,
de coquins hypocrites et de scélérats,
ce qui,du reste ne leur eût pas fait grand
tort à eux-mêmes, car ils ne tardèrent
pas à s'entre-guillotinerl– il eût proba-
blement sauvé la vie à plus d'un mil-
lion d'hommes, de femmes et d'enfants
guillotinés, mitraillés, noyés, massacrés
sous la Terreur peut-être à cinq mil-
lions d'hommes dont Napoléon « le
Grand » a jonché les champs de bataille! 1
Il eût épargné à la France de longues
guerres et troisinvasions et les hai-
nes, les rancunes, les représailles et les
défiances incurables de l'Europe que
nous subissons encore aujourd'hui 1
Criocère encore, le journaliste brési-
lien, car la rosé du Brésil a ses crio-
cères comme le lys de Francel qui, se
trouvant à Bruxelles au moment de la
révolution du Brésil, a communiqué à
un criocère, journaliste français, que « le
peuple n'avait pu supporter plus long-
temps le despotisme de Dom Pedro et
s'était offensé de la sévérité de l'étiquette
qui régnait à la Cour 111 1
Un hasard me permet de rectifier l'as-
sertion du criocère brésilien.
L'empereur du Brésil me fit un jour
l'honneur de me venir voir à Saint-Ra-
phaël et de s'arrêter dans ma masure-
la Maison-Close. Il était accompagné
de son secrétaire et de son médecin il
se montra très bienveillant, très simple,
et, entre autres choses, me dit « Je suis
ëft querelle avec monsieur, qui est mon
docteur, parce qu'il voudrait me faire
dormir pendant dix ou douze heures
la moitié de la vie Moi je ne veux dor-
mir que le moins possible et je crois que
cinq ou six heures suffisent. »
.'̃'• Sire, dis-je, la question est décidée
souverainement par une autorité devant
laquelle le docteur de Motta-Moia sera
obligé de s'incliner: c'est l'école de Sa-
lerne, et voici ce qu'elle dit:
Sex 7wras dormire sat est, juvenique senique
Septem horas pigro nulli concedimus octo.
Six heures de sommeil, c'est assez; qu'on en donne
Sept aux gens paresseux, jamais hmt à personne.
J'accepte cette décision, reprit gaî-
hlent l'Empereur, et comme, au fond,
c'est pour se.lever tard qu'il ne veut
pas que je me lève de bonne heure,
désormais je dormirai six heures et lui
sept 1
•II y avait très longtemps que l'Em-
pereur était là, causant de divers su-
jets avec beaucoup de bonhomie et ce-
pendant de finesse, lorsque le docteur
à plusieurs reprises lui adressa quel-
ques mots en portugais.
-Sire, dis-je à l'Empereur, le soin que
s prend votre tyran de parler dans une
s langue que je ne comprends pas me met
̃ en défiance de quelque noir projet.
Vous ne vous trompez pas, fit Dom
Pedro, il me dit qu'il est temps de,
l partir 1
si' –Mais, répondis-je, le train du che-
min, de fer qui doit vous ramener à Càrn
nes ne passera que dans une heure, et
je ne pense" pas que le docteur veuille
voùs:faire retourner à pied? ;> >
^fiNeft serait plus iâché que moi.répwÉi 1.
une sorte d'hôtel ou d'auberge: où il a
l'inj;ention de me faire prendre i ou
plutôt de prendre du café, car, au fond,
c'est lui qui aime le café bien plus que
moi 1
Cela peut encore s'arranger, dis-je,
si Votre Majesté le permet, je vais, par
mon matelot, avertir ma fille, qui de-
meure à l'autre extrémité du jardin, et,
d'ici douze ou quinze minutes, vous
pourrez lui faire l'honneur de prendre
du café bien meilleur que celui que vous
auriez trouvé à l'auberge.
Le despote y consentit gaiement, et,
un quart d'heure à peine écoulé, nous
traversious le jardin, nous trouvions
notre hôtesse avec ses deux filles, son
mari était absent et son fils au collège
à Cannes. L'Empereur fut simple, fami-
lier, bienveillant, gai, mit tout le monde
si à son aise qu'une de mes petites-filles
lui demanda s'il avait visité le collège
de Cannes.
Non, dit-il, pas encore, mais je le
ferai certainement, je m'intéresse beau-
coup à l'éducation et à l'instruction des
enfants.
-Alors, dit ma petite-fille,Votre Ma-
jesté se conformera sans doute à la
tradition? '1
Quelle tradition, mon enfant ? 2
C'est que chaque fois qtthirt roi ou
un empereur visite un collège, il fait
accorder aux élèves un jour de congé.
Et quel intérêt avez-vous à ce que
les élèves du collège de Cannes aient un
jour de congé ? 2
C'est que nous y avons notre frère,
et que ce jour-là il viendra le passer
avec nous 1
J'aurais bien quelques objections à
faire contre les congés extraordinaires,
mais puisque votre raison est si bonne,
je suis vaincu, je cède et, en rentrant à
Cannes, je vais faire immédiatement ma
visite au collège.
Le tyran tint parole et le lendemain
mon petit-fils vint passer la journée avec
nous.
Voilà ée que je sais et ce que j'avais à
dire et du despotisme de l'Empereur
Dom Pedro et de la fatigante étiquette
qui V entoure! l ̃
L'Impératrice est morte subitement
peu de temps après la révolution, par
suite des brutalités de l'expulsion des
deux souverains.
Dom Pedro, qui avait supporté avec
sérénité ce qui frappait l'Empereur, a
fléchi sous la perte de sa compagne et
s'est affaissé et évanoui,– il n'est pas
certain qu'il lui survive beaucoup.
Les meneurs de la révolution du Bré-
sil se seront ainsi d'un coup élevés aux
saines traditions et aux « immortels
principes »: ils auront tué l'Impératrice
et l'Empereurl
L'avenir nous dira ce que les peuples
y auront gagne.
#*#
Autres criocères:
C'est une idée qui a sa grandeur que
celle des distinctions honorifiques desti-
nées à encourager, à récompenser des
actes que ne peut payer l'argent,- car
l'argent, si puissant cependant, ne peut
toucher à certains sentiments, à certai-
nes vertus, sans les salir et les tuer
comme les balles d'argent données au
Freyschutz par Satan.
Une Légion d'honneur réunissant par
un signe commun tous ceux qui avaient
défendu ou honoré la France par leur
bravoure, leur dévouement, leur génie
et leurs talents dans toutes les clas-
ses de la société fut, pendant assez
longtemps, la première, la plus bril-
lante, la plus enviée des décorations. j
Pour d'autres moindres services, pour
des mérites d'ordre inférieur, les rois
donnaient leur portrait sur une tabatière
entourée de diamants.
La Légion d'honneur fut déjà bien
amoindrie lorsque, par économie de ta-
batières ,lo souverain les remplaçait par
le ruban rouge pour des services et des
mérites a la récompense desquels suffi-
rait la tabatière.
Elle fut encore amoindrie, lorsque
cette croix, que de braves soldats avaient
tant de peine parfois à obtenir au prix
de leur sang versé dans les batailles,
que tant de génies et de grands talents
considéraient comme la consécration de
leur carrière, fut donnée aux délégués
des puissances étrangères, à des atta-
chés d'ambassade, pour avoir assisté à
telle ou telle cérémonie.
La croix d'honneur fut encore plus
salie lorsqu'on la donna pour prix de
services plus ou moins honnêtes, rendus
aux ministres. Ça s'appelle services
exceptionnels/
Mais le dernier coup lui a été porté
les uns l'ont vendue, les autres l'ont
achetée à prix d'argent; elle est telle-
ment devenue. autre chose, que sans
exciter d'étonnement ni de murmures,
Napoléon, qui n'avait pas osé accorder la
croix d'honneur à Talma, prierait au-
jourd'hui M. Paulus de vouloir bien
l'accepter l
On a trouvé moyen de déshonorer jus-
qu'aux médailles de sauvetage, prix
autrefois donné à tant de traits d'hé-
roïsme et de dévouement ,si bien qu'on
a dû retrancher, de l'inscription de ces
médailles prostituées, ces mots: « Pour
I~ aaair sauvé au péril de sa vie. »
Et.ce, pour que fût réalisée cette pré-
diction que j'ai émise en 1848:
« Il y aura une charte en un seul arti-
» cle.
» Article unique
» II n'y a plus rien. »
Aujourd'hui la seule distinction qu'on
puisse tirer des décorations, c'est de n'en
porter aucune et cette distinction-là,
on peut se l'accorder à soi-même.
Alphonse Karr.
Ssint-Raphaël (Maison-Close).
(Série î n° 3.)
LA NOUVELLE IYRE COMIQUE
L~S~ IDÉES, D'ALI~YaIVDIt~ 1
LB5 JDÉBS D'ALEXA^DRK DDMAS
STANCES
«Vous me conjuguerez soixante-dix -sept fois
Le verbe réputé neutre je collabore.
Dans l'acide. disons: borique, où je vous vois,
Vous êtes l'oxygène et moi je suis le bore 1
Cette comparaison savante corrobore,
Malgré tout le respect, messieurs, que je vous dois,
Celles que j'aurais pu tirer de l'ellébore 1 »
Il dit, et sous le vent se courbe le ramas
Des collaborateurs d'Alexandre Dumas.
« Durantin, Durantin, souviens-toi d'Héloïse 1
Qu'était-ce? Une statue au beau ventre et sans
JèVins, je la frappai du bâton de Moïse [chef 1
Elle vécut cent jours! Parlons des Danicheff:
Si c'était du français, non, c'est que j'hébraïse 1
Ah! malheur! j'ai sauvé cette œuvre du méchef
Comme Napoléon sauva Marie-Louise! »
Il dit, et sous le vent se courbe le ramas
Des collaborateurs d'Alexandre Dumas.
Quandfeu de Girardin m'apiportiLLe Supplice,
Je vis qu'il se montait sinistrement le coup 1
Ce vieillard m'a connu très jeune, son front
[plisse,
Raisonnai-je; au linceul que la Parque lui coud
Je n'ajouterai pas un faux ourlet complice
Je lui léchai son ours. Il m'en voulut beaucoup.
On dit qu'il en est mort. Que son sort s'accom-
[plisse »
II dit, et sous le vent se courbe le ramas
Des collaborateurs d'Alexandre Dumas.
« Quant à Gustave Fould, c'est encor plus co-
[cassel 1
Sa Romani n'avait que les os et la peau.
Un squelette, pas même une vague carcasse
Aussi vrai qu'on traduit Eridanus par Pô
Et qu'à la bouillabaisse il faut de la rascasse,
J'escamotai le Fould comme sous un chapeau
Pendant que j'écrivais, il chassait la bécasse »
Il dit, et sous le vent se courbe le ramas
Des collaborateurs d'Alexandre Dumas.
(c Mon père fut celui qui sut en quoi consiste
L'art du théâtre,– un art infect,de vous à moi,–
Où, pour si peu qu'on soit poète et fantaisiste,
On est ratiboisé d'avance, et dont la loi
Fondamentale veut d'abord qu'il ne subsiste
Rien de >cè qu'on écrit ou conçoit, ce par quoi
Il pousse des cheveux blancs au moins spirio-
[siste »
Il dit, et sous le vent se courbe le ramas
Des collaborateurs d'Alexandre Dumas.
Il m'a légué ses trucs et, dit-on, son génie.
Il a bien fait. Pourtant, s'il m'avait consulté,
Au lieu de marier l'ineffable Eugénie
A son Arthur, j'aurais, je l'avoue, exulté
De joie à remplacer ce bonheur, que je nie,
Par celui d'exercer ma moindre faculté
A cultiver cet art où Rothschild s'ingénie » »
Il.dit, et sous le vent se courbe le ramas
Des collaborateurs d'Alexandre Dumas.
«Donc.si vous attendez quepourvousjerefasse
Ce que stérilement j'ai fait pour des ingrats,
J'aime mieux vous payer à déjeuner en face,
Car si j'en maigris moins,vous en serezplusgras.
Le rayon du théâtre est un feu qui s'efface
L'avenir est ailleurs, depuis le fusil Gras,
Et la pièce n'est plus qu'un prétexte à préface »
Il dit, et sous le vent s'envole le ramas
Des collaborateurs d'Alexandre Dumas.
Emile Bergerat.
•̃̃̃̃ LE • '̃'
RUBAN ROUGE
HISTOIRE D'HIER
J'avais frappé trois fois sans obtenir
de réponse. Impatienté, je m'en allais en
maugréant contre le concierge qui ne sa-
vait jamais si ses locataires étaient chez
eux, lorsque la porte tourna enfin sur ses
gonds. Le sculpteur vint m'ouvrir; ne
pouvant me donner sa main, empâtée de
terre, il me tendit le poignet que je serrai
amicalement.
-Je ne vous dérange pas, lui dis-je,
vous n'avez pas séance 1
-Du tout, à cette heure-ci je n'y vois
plus assez clair pour travailler avec le
modèle. Entrez, ravi de vous voir J >
Voilà dix'minutes que je tambourine.
Vous ne m'avez pas entendu, vous dor-
miez donc 1
Non. je rêvais.
Barcas prononça ces derniers mots
d'une voix grave qui m'étonna chez ce
grand garçon ordinairement si gai.
Nous traversâmes le capharnatim som-
bre servant à la fois d'antichambre et de
soute à charbon, et nous entrâmes dans
l'atelier. Pas moderne, pas fin de siècle,
pas high-life, pas Avenue de Villiers du
tout, l'atelier. Il avait l'aspect d'un han-
gar
Sur les murs, badigeonnés à la colle,
quelques sommaires croquis au fusain,
des indications de mouvement, des
adresses de modèles et de praticiens, un
masque japonais, un morceau de faïence
persane, deux affiches de Chéret écla-
boussant de soleil le ton cendreux de la
peinture. Entassés sur des planches de
sapin, des plâtres poussiéreux, cassés,
estropiés, minables, honteux de se trou-
ver tellement serrés qu'ils perdaient le
prestige d'attitudes séculairement nobles
et admirées. Un Antinoüs, coiffé d'un
feutre crasseux- qui lui cachait un œu,
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