Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1869-06-02
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 02 juin 1869 02 juin 1869
Description : 1869/06/02 (Numéro 152). 1869/06/02 (Numéro 152).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
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Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k2715099
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
LE FIGARO MF.RCBEDt S JUIN 1869
tous, par des moyens différents, as- J
pirent au même but, la liberté, sont re-
grettables à tous égards.
Qui en profite?
Qui s'en égauditî
Le pouvoir personnel.
Henri Chabria.
M. Lachaud a adressé la lettre suivante
aux électeurs de la 8e circonscription qui l
lui avaient offert la candidature
Messieurs et chers électeurs,
J'ai succombé dans la lutte électorale, et je
viens vous témoigner\ma gratitude pour le
concours si dévoué que vous avez bien voulu
me prêter.
< La majorité a prononcé, et nous nous in-
clinons avec respect devant sa .décision
mais nous n'en restons pas moins unis, et
mous continuerons à maintenir, à soutenir
énergiquement les principes qui nous ont
rapprochés.
Dans plus de cinquante réunions,^ devant
nn immense concours d'électeurs, j'ai pro-
clamé avec vous la liberté et le progrès;
ensemble nous avons marché aussi avant
dans la voie libérale, que les hommes repu- s
tés les plus libéraux.
Aux nombreux ouvriers de notre circons-
cription, j'ai tenu le langage de l'éqaité et
de la raison; devant les passions les plus
bruyantes, j'ai cherché à. écarter les utopies
insensées, les convoitises illégitimes.
Si j'ai reconnu les droits de la classe ou-
vrière, jo ne lui ai pas dissimulé ses devoirs;
j'ai réveillé le souvenir de tout ce que l'Em-
pereur a fait pour elle, et j'ai parlé de re-
connaissance.
Laissez-moi constater que nous n'avons
rien déguisé de nos sentiments; nous avons
franchement, loyalement déclaré que nous
voulions le progrès avec l'Empire, et que le
gouvernement pouvait satisfaire toutts les
aspirations de la France.
Rassurons-nous, mes chers concitoyens
queis que soient les efforts des passions les
plus hostiles, )a révolution na triomphera
pas, et la liberté, à l'abri des luttes violen-
tes, se développera par la volonté énergique
de l'Empereur.
v Recevez l'assurance de mes sentiments les
plus affectueux et les plus dévoués.
ierjuin 1869.
CORRESPONDANCE
Nous avons reçu de M. Edmond Tarbé
une lettre relative au tirage du Gaulois.
M. de Villemessant a fait personnelle-
ment le travail attaqué et s'est réservé
l'examen de tout ce qui s'y rattachera.
Nous ne pouvons donc, en son absence,
qu'observer la plus stricte neutralité.
Mais notre rédacteur en. chef revient
demain, et il statuera aussitôt.
Le secrétaire de l& rédaction
Alexandre Duvernois.
PARIS AU JOUR LE JOUR
L'Avenir national publie une lettre fort i
'curieuse révêtue de 106 signatures, et
-adressée à M. le général Mellinet, com-
mandant supérieur de la garde nationale
de la Seine: 1
Considérant que dans toutes les mairies la
garde des urnes électorales a été confiée à la
garde nationale du quartier, sauf Paris-
Bercy où le 52° bataillon a été remplace par
un détachement de garde de Paris, les si-
gnataires, faisant partie de ce bataillon, dé-
clarent qu'ils se refusent formellement à
monter la garde commandée pour le mardi
derjuin 1869, ainsi que tout autre service,
tant qu'il ne leur sera pas fait réparation.
Que sortira-t-il de là? Rien, évidem-
ment, mais l'aventure est originale.
# Savez-vous ce qu'a produit la sous-
cription pour la statue de Lamartine.
Dix-huit mille quarante-trois francs
trente-cinq centimes. Soit. 0.0005 de
franc par citoyen français.
La Liberté adjure les lecteurs de faire
un dernier effort pour arriver à un total
de 20.000 francs. Une fois cette somme
complète, M. Adam Salomon se mettra à
l'œuvre.
#*# 9rrrande révolution Paris a son
sauvage du Var. Ce sauvage habite, si
j'en crois l'Universel, un terrain planté
'd'arbres sur l'avenue d'Eylau.
Cette ermite, vêtu d'un chapeau de
paille et d'un carrick, passe ses jours et
4 Feuilleton da FIGARO dn 2 Juin 1869
CAUSES CÉLÈBRES
LHOTEL SAINT-PHAR
XIII
LES COMPLICES, •
La voiture roulait donc sur la route de
'Clignancourt, vers la maison isolée où at-
tendaient la Lucie et Nicolas Lefèvre.
Ce dernier était revenu directement à
l'endroit choisi. Cette brute avait un trou
dans le cœur, et dans ce trou nichait le
souvenir de la Lucie. Elle était son âme,
La Lucie présente, il retrouvait la pa-
role avec tout ce qu'il avait d'intelligence;
loin d'elle il devenait muet. Il allait où
elle l'envoyait, comme la pierre va au
but choisi par celui qui la jette, sans ré-
flexion ni conscience.
Nicolas revenait plus vite qu'il n'était
parti, sans regarder ni à droite ni à gau-
che, et ne se ressouvenant de sa route
qu'aux interrogations de la Lucie.
La nuit tombait quand il revint à la
maison de Clignancourt.
Il avait fait seize lieues, après une nuit
sans sommeil, seize lieues à travers
champs sans manger ni boire.
La Lucie tenait les vingt-cinq napoléons
de madame Morin; elle n'avait pas songé
à donner un sou à Lefèvre elle agissait
toujours de même, lui prenant son der-
nier argent et lui disant ensuite
Va! 1
Lefèvre se laissait faire et s'en allait.
Pour lui, tout ce que faisait la Lucie était
bon. Tout pour elle, rien pour lui; rien
que la fatigue et les veilles, souvent la
faim. Il y avait du sublime dans cette
brute. Le lion doit aimer comme cela.
Une seule fois dans sa vie l'homme est
capable de cette abnégation pour une
femme, mais elle dure peu.
Chez Léfêvre elle durait depuis des
années.
Si l'on eût fait observation à la Lucie
L'auteur seul autorise la reproduction.
ses heures dans une cahute recouverte
de carton bitumé, indifférent à tout ce
qui se passe autour de lui toutefois, il
fume, ce qui est une condescendance pour
la civilisation.
.Imposant, d'aillsiare, 7 et ayant inspiré
au rédacteur de l'Universel « un indéfinis-
sable sentiment de respect. » ̃ v
C'est Ursus. ou un rétameur sans ou-
vrage. ou une enseigne. ou une ré-
clame vivante installée là par le proprié-
taire du terrain.
Toutefois, les Parisiens de Paris ont un
assez grand fonds de badauderie pour al-
ler voir de quoi il retourne, faire une po-
pularité à ce personnage.
#*# M. Ranc a tracé dans le Journal de
Paris un vif portrait de Quérard, le cé-
lèbre et féroce bibliophile qui avait sur-
tout le flair at la passion des recherches
secondaires et un peu inutiles, pseu-
donymes, plagiats, etc., etc. M- Ranc a
connu beaucoup trop, à ce qu'il pa-
raît, cet enragé fureteur.
Tout en causant, j'eus le malheur de dire
à Quérard que je savais le véritable nom
d'un journaliste presque célèbre, qui n'a ja-
mais écrit que sous un pseudonyme, et qui
n'est connu, non-seulement du public, mais
même de ses amis que sous ce pseudonyme.
A l'instant, je sentis que j'avais dit une sot-
tise. 11 ne me convenait pas de pousser plas
loin la confidence. J'eus.beau dite à Quérard
que je ne pouvais absolument trahir cret que j'avais appris par des relations de
familie, il ne se tint pas pour battu. Il était
bien homme à se payer de parei!les raisons.
De ce jour, ma vie fut empoisonné». Je
voyais Quérard jusqu'à deux et trois fois par
jour; il me prenait au saut du lit et m'atten-
dait le soir a ma porte. Il voulait le nom de
mon journaliste. J'étais le gi»ier, et il était le
chasseur. Il comptait me dompter par la fa-
tigue.
Quand la patience méchappait, je lui disais
des injures; il pliait le dos, ne répondait pas
et revenait le lendemain. Sa mort seule m'a a
délivré de cette petite persécution.
#*a Vous ne doutiez peut-être pas des
services que le prince Napoléon a rendus
à l'acclimatation en France. Vous allez
croiraBj^dl a rapporté de ses voyages in-
nombrWles quelque comestible nouveau
ou quelque plante utile. Point. M. Dronyn
de Lhuys a découvert deux autres titres
bien plus importants acquis par lé prince
à la reconnaissance de l'acclimatation
française. Le Cosmos et M. Victor Meunier
ont relevé avec bien de l'esprit l'ingénieux
compliment de l'ancien ministre.
L'un de ces titres, c'est. ne cherchez
pas son mariage Ecoutez « N'a-t-elle
pas (Votre Altesse}^ trouvé dans un pays voi-
sin et transplanté sur le sol de la France, un
noble rejeton qui répand, dans sa nouvelle
patrie. etc. » C'est probablement la pre-
mière fois que la zootechnie se voit appelée
à fournir en pareille circonstance ses rus-
tiques images et ses similitudes physiolo-
giques.
Il y a un titre encore, et plus extrava-
gant, s'il est possible, que le premier
Ne contribue-t-elle (Votre Altesse) pas cha-
que jour, par ses encouragements et son ac-
cueil sympathique, à l'acclimatation, sous le
ciel de la cour, des savants qui sont, comme
chacun sait, d'un naturel parfois un pou sau-
vage?.
Est-ce acclimatation ou domesticattion
qu'il faut dire 9
Je trouve /tans le même numéro du
Cosmos une recette réaliste, mieux que
cela peut-être, mais enfin fort utile.
Il s'agit des gens qui. qui. com-
ment dire cela proprement ? qui ont
l'inconvénient de la bouche.
Employer d'abord le bicarbonato de
soude; puis, si l'inconvénient persiste,
l'acide phénique ou le permanganate de
potasse, tous les deux, bien entendu, mé-
langés d'eau.
J'espère que je viens de rendre un fier
service aux mouches de France et de Na-
varre l
#*# L'International est allé à la pêche
dans l'océan du budget anglais et il y a
trouvé des curiosités véritables.
Cette année-ci, les contribuables auront à
payer 330 liv. st. pour allocations faites tous
les trois ans au sergent des trompettes de la
maison de la reine et à ses huithommes; et
tous les six ans au grand timbalier, pour le
renouvellement de leurs uniformes.
Pour vivres et secours distribués par le
consulat anglais à des habitants de Céphalo-
lonie, jetés dans la détresse par le dernier
tremblement de terre, le budget n'est grevé
que de 10 liv. st. seulement.
LACHAUD.
parce qu'elle envoyait ce malheureux
à Essonne sans moyens de manger en
route:
Il a ses mains, eût-elle certaine-
ment répondu.
Et Lefèvre n'eut pas manqué de se mon-
trer très fier de la confiance de la Lucie
en ses moyens.
Quoi qu'il en soit, pour être plus vite
revenu, il ne songea pas une seconde à
manger.
Il faisait nuit quand il s'approcha, et
soit habitude ou instinct, il chercha à ren-
trer sans être vu.
Des hommes et das femmes étaient aux
champs, il les évita; des rouliers avec
leurs chevaux lui barraient la route, il
attendit; des chiens aboyaient dans les
maisons, il s'éloigna, sa grande silhouette
trouait la nuit, il rampa.
Cet homme que vingt hommes n'eus-
sent pas fait reculer, marchait avec d'au-
tant plus de timidité qu'il se sentait plus
seul. Ce qu'il craignait, c'était la surprise
il n'avait peur que de l'invisible.
Un lièvre réveillé lui partit dans les
jambes! Tout son sang reflua au cœur
il faillit s'évanouir.
Il atteignait enfin la maison de madame
Morin, fit un signal convenu et la Lucie
lui ouvrit la porte.
Eh bien, demandartelle? 1
C'est fait, le particulier est en route.
La Lucie n'en demanda pas d'avan-
tage.
Elle descendit dans le caveau.
Nicolas la suivit.
Et attendant le moment d'agir, elle
avait élu domicile dans le souterrain
l'habitude de se cacher. s
Une chandelle éclairait. Elle permit à
Nicolas de voir la table couverte de nour-
riture vin, pain et viande! L'eau lui
inonda la bouche. Pour la première fois
il songea à la faim.
Et quelle faim 1
Mange lui dit la Lucie.
Il ne se le flt pas dire deux fois. Il dé-
vorait. Ses mâchoires montaient et des-
cendaient comme des cisailles de forges,
broyant dans leur travail tout ce qui se
trouvait entre elles, os compris. Par in-
tervalle, il avalait d'énormes lampées de
vin, comme pour graisser les articula-
tions fatiguées, yet reprenait ensuite de
plus belle.
La Lucie na disait rien.
Ceux qui vivent de l'esprit ont leurs
12
Ce qui est plus désagréable à payer, ce
sont les 2,115 liv. st. de dépenses faites pour
une revu" propolée dans Hyde-Park, laquelle
n'a pas eu lieu.
Nous voyons toujours, dans ce long chapi-
tre de Dépenses diverses, que la tournée da
prince de Galles en Irlande a coûté 2,345 liv.
st. et que 1,500 liv. seulement ont été dépen-
sées pour l'émigration destinée à soulager la
misère des quartiers pauvres de l'Est à Lon-
dres.
Les frais d'impression et de distribution de
formules de prières d'actions de grâces pour
le succès de l'expédition d'Abyssiéie et la
salut du duc d'Edimbourg blessé par l'assas-
sin OFarell, ont été de 66 liv. st. 2 s. 6 d.
Comme le prince Christian reçoit une belle
dotation pour avoir épousé une fille de la
reine, on est quelque pou surpris de voir
porter au compte de la nation 68 liv. st. pour
ses frais de traversée de Douvres à Calais,
et ceux de la duchesse de MecklemWourg-
Strelitz.
Le public contribuable a eu aussi le plaisir
d'héberger le prince Guillaume de Hesse à
bord du navire de guerre Fire Queen, au coût
de 130 liv. st.
Il est toujours bon d'être près du soleil.
Tandis que la libre Angleterre dépense
de 66 à 130 liv. st. pour les principicules
allemands,-on donne à bon marché une
idée splendide de notre civilisation aux
rois africains.
Ainsi, le roi Masaba, de la côte d'Afrique,
a été enchanté do recevoir, an nom dn peuple
britannique, des présents dont la facture s'é-
lève à 2 liv. st. 4 d. seulement; on a p.u même
faire le bonheur dn roi Peter, des mêmes ré-
gions, avec un cadeau évalué à 12 s. 8 d., of-
fert à Sa Majesté d'ébène pour le remercier
d'avoir pris soin d'un cimetière européen sur
les bords du Congo.
Ces remarquables souverains seraient
très étonnés si on leur dressait le menus
des dépenses que coûtera le voyage de
l'Impératrice en Egypte, si toutefois il a
lieu Voici quelques renseignements don-
nés là-dessus par l'Opinion nationale, qui
paraît connaître le fond des choses
Detix systèmes sont en présence. L'un con-
sisterait à réunir, pour présider cette solen-
nité, les souverains des puissancos méditer-
ranéennes l'Impératrice des Français, le
sultan, l'empereur d'Autriche, le roi d'Italie,
le roi des Hellènes. On assure que des négo-
ciations très amicales se'suivent à cet égard.
L'autre consisterait à faire présider cette
fête de la civilisation par le vice-roi d'Egypte,
avec l'assistance de hauts personnages délé-
gués par les divers, souverains pour les re-
présenter, comme le grand- vi^ir pour le sul-
tan M. de Beust pour l'Autriche; le général
Menabrea peur l'Italie^ et ainsi dos autres
puissances.
Ainsi, rien n'est décidé.
#*# Un journal spécialiste, dont on peut
discuter les tendances mais dont la lec-
ture est souvent intéressante, la Toix du
Peuple, va nous fournir des échos rappor-
tés de l'audience du conseil des prudhom-
mes qui en disent plus que des livres sur
l'état vrai des classes laborieuses
Aman a seize ans, il réclame à Chapot et
Compagnie neuf journées de travail, non
contestées. Chapot ne sort pas de ce dilem-
me mon associé doit neuf francs, moi neuf
francs. M. Blot, membre du conseil, l'invite à
remettre à ca pauvre enfant, sans pain, les
neuf francs qu'il reconnaît lni devoir. Non, et
il recommence son thème Mon associé,
etc., etc. Il sa voit condamné à payer 20 fr.
30 c. pour frais et temps perdu.
Cet extraordinaire M. Chapot est un
des individus qui expliqueraient toutes
les rages bleues des ouvriers.
Moi qui n'ai point le sang chaud, ni la
main prompte comme les robustes gail-
lards des faubourgs, il me semble que je
perdrais patience devant un pareil bon-
homme.
D'autre part, voici le patron bienveil-
lant, bon garçon qui peut-être est encore
plus dangereux f|
Tabouret a mis sa fille en apprentissage
chez mademoiselle Boulanger, blanchisseuse,
pour deux années, au dire de la patronne au
dire de Tabouret ce n'est que pour dix-huit
mois.
Une année est faite et Tabouret refuse de
laisser sa fille continuer son apprentissage,
attendu que sa fille ne doit pas laver, attendu
que le papa Boulanger, qui nous paraît le
type du bon père, a mené sa fille chez le mar-
chand de vins.
Le conseil demande des explications à
Boulanger. La plume peut difficilement dé-
crire ces explications pleines d'une bonté pa-
triarcale.
Oni, quand ces petites filles lavent, ça
leur tire l'estomac, à ces pauvres enfants, et
surtout à cet âge-là, mon président, treize
ans oui, trois fois par jour je leur fais boire
heures de méditation qu'il faut res-
pecter pour ceux qui vivent du corps,
au contraire, les repas sontles heures
sérieuses, et Nicolas Lefèvre était dans
l'état du plus complet recueillement.
Cependant la Lucie ne disait rien mais
elle réfléchissait. Ses yeu-x secs d'ordi-
naire avaient des lueurs internes qui fai-
saient briller leur'transparente surface.
Elle songeait avec persistance.
Elle avait donc un projet.
Quand Lefèvre eut fini, c'est-à-dire qu'il
n'y eut plus sur la table qu'un broc vide,
la Lucie commença.
As-tu bien songé à tout ce que nous
allons faire ici demanda-t-elle à son es-
clave.
Je sais, répondit-il après un moment,
qu'il me faut ficeler un homme à un po-
teau j'ai vu l'homme ce matin et ça ne
m'a pas eu l'air difficile.
Et après ? 9 a,
Après. après. je ne sais pas, moi.
Alors tu ne vois rien ? 9
Le géant réfléchit.
Ah si, s'écria-t-il tout à coup.
Et sa figure s'éclaira d'un joyeux sou-
rire. •
Quoi? demanda la Lucie.
Eh bien, madame Morin nous don-
nera vingt-cinq napoléons.
C'est tout?
Dame.
Tu ne seras 'donc jamais qu'une
brute fit la Lucie avec mépris.
Nicolas Lefèvre ouvrit de grands yeux
non qu'il ne fût pas habitué à l'épithète
que la Lucie lui servait chaque jour, mais
parce que, pour la première fois, ses yeux
appelés par l'injure avaient regardé la
Lucie en face il avait vu ses regards
brillants.
Il y a quelque chose, se dit-il à part
lui.
La Lucie reprit.
Alors, pour toi les choses se passe-
raient ainsi nous ficellerions lebqnhom-
me nous le tuerions peut-être, car nous
ne sommes pas encore bien fixés sur ce
sujet on nous donnera vingt-cinq napo-
léons, et nous nous en irons en disant
Merci
N'est-ce pas ce qui est convenu ? 9
Eh! si on ne faisait que ce qui est
convenu,nous ne nous connaîtrions pas, et t
nous ne serions pas ici.
Nicolas Lefèvre le silence il n'a-
'vait pas compris. ̃
un verre de vin chaud, mais bien.sacré, mon
président.
Evidemment, l'intontion de papa Bou-
langer est excellente, mais quelle jolie
éducation pour la petite blanchisseuse, et
combien d'années se passeront avant que
mademoiselle Jenny d'Héricourt recrute
des adeptes dans les lavoirs.
Le conseil de prud'hommes toutefois a
donné raison au blanchisseur ami du vin
chaud contre le père de la jeune appren-,
tie.
#*# Vous connaissez l'histoire immor-
telle de la sentinelle placée dans le corri-
dor de je ne sais quel ministère, pour em-
pêcher le public de se frotter à une porte
nouvellement peinte.
La porte sécha, mais la sentinelle resta
trente ans en cet endroit.
L'histoire est plus authentique qu'on
pourrait le croire, et tous les jours elle a
des pendants. On m'en signale deux qui
sont fort plaisants
Le 3 décembre dernier, lorsque la société
faillit sombrer sous l'effort de sept person-
nes qui depuis furent condamnées pour cris
séditieux, on plaça un poste la direction
des télégraphes qui s'en était privée jusque-
là. La société a été sauvée, grâce à M. Pi-
nard, comme chacun sait, mais le poste n'a
pas bougé.
Autre fait: X
Pendant la session du Corps législatif, une
imprimerie a été établie, pour le service du
Grand officiel, dans l'une des dépendances du
Palais, dont la porte est placée au fond d'un
vestibule ayant issue sur la rue de Bour-
gogne.
Pour faire honneur gans doute à M. Wit-
tersheim (je n'aperçois pas d'autre motif), on
plaça un factionnaire qui, en temps ordi-
naire, se laisse voir derrière les barreaux de
la -porte extérieure, presque toujours fer*
mée.
Mais dans l'intervalle des sessions, M. Wit-
tersheim n'est plus là, êt le factionnaire y
est toujours.
Bien plus, en ce moment, on exécute des
travaux sur ce point. On vient, entre autres
choses, de construire un passage souterrain
et voûté qui met, je crois, l'intérieur du pa-
lais (je ne dis pas la tribune) en communica-
tion avec le grand égout collecteur, et, ce
n'est qu'avec la plus grande, peine et en se
livrant à une gymnastiqne effrénée, que le
malheureux troupier peut arriver à l'espace
étroit où il doit passer deux heures à réflé-
chir sur les grandeurs et servitudes de t'état
militaire,
La fo-ôrme la fo-ôrme 1
LES JUGEMENTS BE SANCHO
Quand j'ai'dit que j'étais chez des fous,
je n'avais, hélas que trop raison.
A peine arrivé à Paris, j'ai voulu savoir
de quoi s'occupait le peuple le plus spiri-
tuel de la terre, ainsi qu il.s'intitule mo-
destement. Je dois reconnaître, pour
être juste, qu'il n'y a qu'une voix là-des-
sus, et c'est la sienne.
-Le peuple de Paris, m'a-t-on dit, est
tout aux élections.
-Allons fls-je en soupirant et son-
geant au calme de mon île, va pour la
politique, puisque politique il y a.
Et je me jetai tête baissée dans la lec-
ture des feuilles publiques. Ici on appelle
cela des journaux.
Ce ne sont point, comme on pourrait le
croire, des tablettes où des hommes im-
partiaux s'occupent à recueillir les bruits,
les dictons et les faits qui intéressent le
public, sans distinction d'opinion.
Loin de là.
Ce sont des sortes de gazettes dans les-
quelles certains citoyens (on se traite vo-
lontiers ainsi quand on parle politique)
parlent bien en réalité des événements
du jour, mais en les reportant tous à un
mot d'ordre émanant d'un chef de parti.
Il arrive même ce fait curieux, c'est que
le lecteur qui pense que le ciel est blanc
serait désolé de lire dans son journal
qu'il est seulement gris. Dé même celui
qui le croit noir se désabonnerait si son
journal lui disait qu'il y a certaines par-
ties blanches.
Les hommes qui écrivent sont donc for-
cés de ne pas être sincères, attendu qu'ils
vivent de leur plume, et que s'ils disaient
absolument la vérité, du moment qu'elle
ne serait pas sympathique à ceux qui li-
sent et achètent les feuilles, on n'achète-
rait plus.
Partant, les écrivains ne pourraient
plus dîner.
Voyons, reprit la Lucie, rappelle tes
souvenirs Que t'a dit la demoisellequand
tu étais lié au poteau? Y
Qh pour ça je m'en souviens, fit
Lefèvre avec satisfaction: elle m'a de-
mandé si je savais lire.
Après ? g
Je lui ai dit que je ne savais pas,
-Après? Y
Elle s'est îkzhée.
Après? g •
Elle a lu elle-même.
Quoi? Y .• ̃̃
Un papier.
Et tu as écouté ? i
Ma foi non, ça m'ennuyait.
La Lucie frappa du pied avec impa-
tience.
Eh bien, moi j'ai écouté, dit-elle, et
sais-tu ce qu'il y avait sur ce papier?. Il
y avait qu'elles veulent voler deux cent
mille francs à l'homme, et que si il ne
veut pas les leur donner on le tuera 1.
Alors.
Alors.
Eh bien, il les donnera.
Et il fera bien, dit Nicolas Lefèvre
avec un geste de menace.
Bien, fit la Lucie. Alors tu es sûr
qu'il les donnera.
Parbleu 1 vivant ou mort, s'il les a
sur lui.
Il faut croire qu'il les aura, sans cela
madame Morin ne tenterait pas l'affaire.
Elle n'avait ni idée ni connaissance des
billets de commerce, et à ses yeux le ré-
sultat du crime ne pouvait être qu'une
liasse de billets de banque.
Eh bien s'il les a, reprit Nicolas Le-
fèvre, nous les lui prendrons.
La Lucie le regarda en face.
Et qu'en ferons-nous?
Nous les donnerons à madame Mo-
rin.
La Lucie haussa les épaules.
Elle reprit ensuite en appuyant forte-
menteur chaque mot
Et si nous les gardions pour nous ?
Lefèvre la regarda tout stupéfait.
Puis il trouva dans le regard de sa maî-
tresse un signe, une lueur qu'il connais-
sait bien. A'ors i! s'écria de toutes les
forces de ses poumons
Brochet de bon Dieu 1
Il ay&ip. compris.
La Lucie était rayonnante.
Alors nous les garderons dit-il.
Et on ne songe pas assez de quelle im-
portance est dans la vie d'un homme le
dîner de chaque jour.
Ces réflexions générales me sont sug-
gérées par la situation particulière où je
vais trouver certains journaux et certains
journalistes.
Voici de quoi il s'agit
Il paraît que la ville de Paris a l'habi-
tude de se distinguer entre toutes les cités
de l'Empire par la nomination de députés
opposants et jamais officiels, c'est-à-dire e
présentés par le gouvernement de son
choix.
D'abord, il faut que je vous diee com-
ment on m'a expliqué le gens du mot « op-
posant. »
Un opposant, m'a-t-on dit, est un
homme qui doit trouver mauvais tout ce
que fait le gouvernement de notre choix.
Mais, cependant, hasardai-je, si le
gouvernement de votre choix fait quelque
chose de,bien.
L'opposant ne doit pas le recon-
naître..̃
Je me grattai la tête en silence, ne com-
prenant pas bien. J'ajoutai
-Et s'il le reconnaît?
Alors, il cesse d'être un démocrate
radical, pour devenir simplement un li-
bâral constitutionnel.
Àh mon cher maître, mon bon Don
Quichotte quels sont tous ces mots-là î.
Certes, vous'm'en avez dit de bien étran-
ges lorsque vous combattiez vos géants
et vos enchanteurs; Mais* âti moins, je
savais qu'ils n'avaient aucune significa-
tion sensée, tandis qu'ici, ce sont des gens
bien vêtus, paraissant sains de corps, qui
me bombardent à bout portant de ces ex-
pressions apocalyptiques.
Tout en. rêvant à Ces paroles, je m'étais
dirigd vers un côté de cette ville qu'on
appelle la septième circonscription. Pour-
quoi ces gens ont-ils divisé leur cité en
quartiers, en arrondissements et ensuite
en circonscriptions, qui n'ont aucun rap-
port avec les premières tranches, c'est Ce
que je ne saurais expliquer. Je me con-
tente dé le constater.
Là, j'entendis ,4jgs hommes qui parais-
saient fort en colère crier
Non, nous ne le nommerons pas>
non! non! non! 1
̃*=- Qui fâela? demandai-je.
Jules Favre, me répondit un de ces
énergumènes.
•–Port bien, dis-je, c'est donc un de
ces députés que l'on qualifie d'officiels;
L'autre me regarda d'un air de mériris
Rt s'éloigna eh liaucsaut les épaules et
murmurant 4
D'où sort cet animal? 7
Outre que ce n'était pas poli, cela ne
me renseignait pas. J'allai à un autre
groupe et je demandai t
Qui nommerez-votis? 9
Jules Favre-»
Pourquoi, puisqu'il est officiel î
Gomment. officiel. opposant.mon-
sieur, tout ce qu'il y a de plus opposant.
Ah! ça, pensai-je, qu'est-ce que cela si-
gnifie, et, perplexe, je rentrai chez moi
lire les journaux afin de m'éclairer-.
L'un, le SiMe, ffie dit: « Il est d'usage
qu'après un premier vote, les candidats
de la même opinion se retirent devant
celui d'entre eux qui a le plus de voix
afin qu'au second vote cette epinîoe
triomphe.
« Donc, M. Rochefort doit se retirer de-
vant M. Jules Favre. »
Je ne pus m'empêclier de trouver %'à
raisbnDenrènt asses logique. Et j'ouvris
ua autre journal, de Rappel.
Celui-là disait «Nous sommes d'ac-
cord, c'est ce qui fait que nous ne nous
entendons pas. Si les deux candidats
étaient de la même opinion, cela serait
juste, mais ils ne sont pas de là même opi-
nion. Pour nous, nous vtivons d'un côté
Jules Favre, opposant libéral démocrate
constitutionnel (comme c'est clair ces ad-
jectifs !) et de l'autre côté Rochefort et
Cantagrel, opposants radicaux "socialistes
irréconciliables (de plus as plus clair).
Donc c'est M. Favre et ses 12,000 voix qui
doivent s'incliner devant les 18,000 vo-
tants de Rochefort et Cantagrel réunis. »
Quoique un peu jésuitique, cet argu-
ment me paraissait acceptable, lorsqu'en
parcourant le Temps je. trouvai une lettre
deM. Cantagrel, où ce dernier disait
:« Bien que je me sois désisté en faveur
du concurrent qui avait eu dix mille,voix
lorsque je n'en avais eu que huit mille, je
tiens à ce qu'il soit bien établi qu'il n'y a
pas identité entre ma candidature et celle
de Rochefort. »
Francis Magnard.
Parbleu.
Deux cent mille francs? 1
OUi répéta-t-elle en scandant deux
cent mille francs.
Pourtant Lefè?re réfléchit.
Gomment ferôHs-nous dit-il car
madame Morin ne se contentera 'pas de
cela; elle sait où nous demeurons»
Elle ne le saùra*plus.
̃–Alors nous délogerons. c'est embê-
tant.
II parait que Nicolas Lefèvre tenait à
ses habitudes.
No^t, répondit la Lucie.
Mais alors elle saura.
Elle ne saura plus, parce «u'ellesera
morte.
Ah je comprends.
Use fit un silence.
-Et la jeune fille ? 7
La jeune fille aussi.
Et l'homme au poteau 1
Celui-là comme les autres.
Tout le monde alors ? 7
Oui.
Pour la troisième fois, Lefèvre ré-
fléchit..
Mais.si on le sait, on nous coupera
la tête.
Si on la sait, oui; mais on ne le
saura pas.
Gomment ça?
Ecoute-moi, et retiens bien ce que Je
vais te dire. 11 est convenu, n'est-ce pas,
que l'homme garrotté et menacé des pisto-
lets chargés que voilà donnera l'argent;
après quoi, je suppose, on le tuera.
Oui, c'est convenu.
Eh bien, il ne faut pas qu'on le tue.
̃ Ah t
A ce moment la jeune fille pour conïp-
ter l'argent aura mis les pistolets sur la
table; je t'en passerai un, tu prendras
l'autre, et, à 4m signe de moi, tu casseras
la tête à la mère, tandis que je ferai sau-
ver la cervelle à la fille. Tu m compris.
Oui. Après ? 9
r- Je prends l'argent. Puis nous met-
tons un cadavre à droite, un autre à gau-
che du poteau, et Un pistolet de chaque
côté de l'homme. i
Ah 1 oui, l'homme, fit Lefèvre, je l
ravais-piïbriâ.
• Après- cela, nous sortons, nous fer-
mons la porte et nous nous en allons.
Nous nous en allons?
Oui
Eh bien 1 et l'hommel
Saorebïeu! pensai-ie, mais s'il n'y a
pas identité, le raisonnement du Rappel
pèche par la base, et c'est le Siècle qui a
raison.
Cependant, comme cette question ma
semble très grave, je| n'ai pas la préten-
tention de la résoudre, et, ayant écouté les
parties, je remets le prononcé du juge-
ment à huitaine.
Moi pas bête, je me mettrâi d'il
côté du plus grand nombre. à moins
que, me souvenant que les imbéciles sont
partout en majorité, je ne me range du
côté opposé.
SANCBO-PAKÇA.
LÀ CORPORATION DES ABËÎLïËg
De môme que l'enfer est pavé de bonnes
intentions, Paris, cet autre enfer, nous
ôffrô à chaque pas une foule d'oëuvrëâ
excellentes, dignes du plus haut intérêt
et inconnues, la plupart du temps, des per-
sonnes qui auraient le plus besoin d'en
savoir l'existence la Corporation des
abeilles est de pelles-là;
il a existé, de tout temps, des mâiSbîis
de secours pour les malheureux qui ne
rougissent point de leur pauvreté et ne
craignent pas d'étaler leurs haillons en
plein jour; mais ce qui nous a toujours
fait défaut c'est un lieu où les misères
qui sa cachent, les plus terribles. celles-là,
puissent aller incognito demander quel-
ques soulagements.
Et cependant Dieu sait ce qu'il y a, à
Paris surtout, de malheureux qui se trou-
vaient le soir au sommet de la roué de la
Fortune et qu'un caprice de cette der-
nière a précipités le matin dans le dénû-
ment le plus complet.
Ces pauvres d'il y a quelques heures ne
sont pas habitués à la misère; ils dissimu-
lentleur pau vreté sousun vêtement de soie,
reste de leur splendeur, leur faim derrière
une plaisanterie, leurs larmes sous ufl.
sourire. Mais la plaisanterie n'est point
une nourriture substantielle, la faim tor-
ture les malheureux, le désespoir éclate
et de là une foule da drames ignorés qui
se racontent en trois lignés
ft Madame de 3t. qui faisait jadis les
délices des salons du noble faubourg, s'est'
suicidée hier en buvant un flacon de lau-
danum. »
Ou bien
a L'on vient de retirer dé là Seinô le
cadavre d'une jeune femme qui a ét% re-
connu pour celui de madame Z.|la femme
du fameux banquier qui a disparu il y a
quelque temps.1 »
On ignore toujours les causes de ces at-
tentats et ces causes ne, sont antres que
îaiiisères •
'Qus vouièz-vôus que deviennent des
malheureuses, je ne parle pas des
hommes qui sont toujours lâches de re-
courir au suicide quand ils ont deux bras
vigoureux pour gagner leur pain, que
voulez-vous^ die-je, que deviennent des
inalheureusesqûi n'ont ou que la pejiie de
naître p'ditr Ur'à choyé&s," èritourëea d8
soins; àqui on a fait une vie toute de soie
et d'or, de plaisir et de satiété, et qui,
brusquement, du soir au matin, se voient
plongées dans une misère atroce.
Ce fait malheurensompnf est fréquent^
G9 sttnj, dés femmes d'officiers supérieurs
oü de fonctionnaires qui occupaient des
positions les forçant à faire des frais de
représentation, àù-dès^uS.de leurs ïHo^ejisi
et qui, àü lendemain de 1a mort ae leur
mari, se trouvent en présence de dettes
qu'il faut liquider avec des pensions insuf-
fisantes même pour vivre ce sont encore
des femmes d« médecins qi,ii avaient
compté que leur époux guérissait trop
bien les autreë pour, pd,ù?oir monriK sj»2
iaâîSiSt qui mangeaient au jour le jour
le produit de la clientèle; ce sont enfin des
femmes de banquiers qui lèverit'le pied,
de négociants que la faillite ruine, que
sais-je encore?
des malliëôr'ëiïses ùè peuvent tendre ià
main, elles préféreraient mourir de faim 1
Elles travailleraient volontiers, elles exé-
cutoraient, pour les autres, afta de ga-
gner lionnètement leur vie, ces mille pe.
tits travaux de fée que les femmes àpprèn^
nent pour faire da douces surprises, d,&
précieux cadeaux à ceux qu'elles ai-
ment.
Mais à qui aller demander de l'ou-
vraget On n'est pas toujours tr6s poli
pour les solliciteus*és dans ces magasins
où lion s'incline servilement devant ceux
qui achètent, et pour peu qu'elles soient
̃J oli«s, messieurs les commis de magasin
L'homme ? nous le laissons là.
Tiens! tu m'avais dit que tous îé§
trois mourraient.
Il mourra aussi. il mourra de faim.
De faim? 9
Ou d'asphyxie car nôws laissons
brûler les torches.
Pourquoi le faire BOûftrir? fit Nico-
las d'un ton pitoyable.
Tu ne comprends donc pas imbé-
;cile, que la justice fera là une descente
quand on saura que ces deux femmes ont
disparu de chez elles,
La justice, dit timidement Lefèvre.
Il n'aimait.pas beaucoup ce mot-là.
Elle verra vm. homme attaché sans
trace de violence les médecins diront
qu'il est mort de faim et d'asphyxie après
avoir fait sauter la ceavelle aux deux
femmes qui l'avaient mal attaché, car
avant de partir nous lui délierons les
bras; les pistolets à ses pieds diront cela,
puisque n'ayant pu se détacher,il est mort
dans cette maison dû il n'y avait per-
sonne. Tout s'arrête là, car on ne sait que
nous y sommes venus.
La Lucie ne savait pas dans le secret la
Jonard dont ella ignorait l'existence et
dont madame Morin ne lui avait pas
parlé.
Qu'en dis-tu, demanda ensuite la Lu-
cie?
Nicolas était dans l'admiration.
Magnifique, s'écria-t-il! Deux cent
mille francs!
Que tu voulais donner à madame Mo-
rin. Tu vois bien que tu ne sera jamais
qu'une brute 1
C'est vrai, affirma très sérieusement
Lefèvre.
Ainsi tout est entendu."
Oui.
Au reste je te répéterai tout cela de-
main. Maintenant va te coucher,voilà une
botte de paille.
Le lendemain matin, la Lucie renouvela
sa recommandation, puis envoya Lefèvre
en observation dans le grenier de la
maison.
Vers midi. il descendit pfMpitâroment.
Une voiture .^appro ;lie! dit-il.
Vite dans la cave, ordonna la Lucie.
Il dégringola les marches tandis qu'elle
attendit en haut, prête à ouvrir la porte
aux arrivants.
IVAN. DE WŒSTYHB
(£a ««te è §fmain.)
tous, par des moyens différents, as- J
pirent au même but, la liberté, sont re-
grettables à tous égards.
Qui en profite?
Qui s'en égauditî
Le pouvoir personnel.
Henri Chabria.
M. Lachaud a adressé la lettre suivante
aux électeurs de la 8e circonscription qui l
lui avaient offert la candidature
Messieurs et chers électeurs,
J'ai succombé dans la lutte électorale, et je
viens vous témoigner\ma gratitude pour le
concours si dévoué que vous avez bien voulu
me prêter.
< La majorité a prononcé, et nous nous in-
clinons avec respect devant sa .décision
mais nous n'en restons pas moins unis, et
mous continuerons à maintenir, à soutenir
énergiquement les principes qui nous ont
rapprochés.
Dans plus de cinquante réunions,^ devant
nn immense concours d'électeurs, j'ai pro-
clamé avec vous la liberté et le progrès;
ensemble nous avons marché aussi avant
dans la voie libérale, que les hommes repu- s
tés les plus libéraux.
Aux nombreux ouvriers de notre circons-
cription, j'ai tenu le langage de l'éqaité et
de la raison; devant les passions les plus
bruyantes, j'ai cherché à. écarter les utopies
insensées, les convoitises illégitimes.
Si j'ai reconnu les droits de la classe ou-
vrière, jo ne lui ai pas dissimulé ses devoirs;
j'ai réveillé le souvenir de tout ce que l'Em-
pereur a fait pour elle, et j'ai parlé de re-
connaissance.
Laissez-moi constater que nous n'avons
rien déguisé de nos sentiments; nous avons
franchement, loyalement déclaré que nous
voulions le progrès avec l'Empire, et que le
gouvernement pouvait satisfaire toutts les
aspirations de la France.
Rassurons-nous, mes chers concitoyens
queis que soient les efforts des passions les
plus hostiles, )a révolution na triomphera
pas, et la liberté, à l'abri des luttes violen-
tes, se développera par la volonté énergique
de l'Empereur.
v Recevez l'assurance de mes sentiments les
plus affectueux et les plus dévoués.
ierjuin 1869.
CORRESPONDANCE
Nous avons reçu de M. Edmond Tarbé
une lettre relative au tirage du Gaulois.
M. de Villemessant a fait personnelle-
ment le travail attaqué et s'est réservé
l'examen de tout ce qui s'y rattachera.
Nous ne pouvons donc, en son absence,
qu'observer la plus stricte neutralité.
Mais notre rédacteur en. chef revient
demain, et il statuera aussitôt.
Le secrétaire de l& rédaction
Alexandre Duvernois.
PARIS AU JOUR LE JOUR
L'Avenir national publie une lettre fort i
'curieuse révêtue de 106 signatures, et
-adressée à M. le général Mellinet, com-
mandant supérieur de la garde nationale
de la Seine: 1
Considérant que dans toutes les mairies la
garde des urnes électorales a été confiée à la
garde nationale du quartier, sauf Paris-
Bercy où le 52° bataillon a été remplace par
un détachement de garde de Paris, les si-
gnataires, faisant partie de ce bataillon, dé-
clarent qu'ils se refusent formellement à
monter la garde commandée pour le mardi
derjuin 1869, ainsi que tout autre service,
tant qu'il ne leur sera pas fait réparation.
Que sortira-t-il de là? Rien, évidem-
ment, mais l'aventure est originale.
# Savez-vous ce qu'a produit la sous-
cription pour la statue de Lamartine.
Dix-huit mille quarante-trois francs
trente-cinq centimes. Soit. 0.0005 de
franc par citoyen français.
La Liberté adjure les lecteurs de faire
un dernier effort pour arriver à un total
de 20.000 francs. Une fois cette somme
complète, M. Adam Salomon se mettra à
l'œuvre.
#*# 9rrrande révolution Paris a son
sauvage du Var. Ce sauvage habite, si
j'en crois l'Universel, un terrain planté
'd'arbres sur l'avenue d'Eylau.
Cette ermite, vêtu d'un chapeau de
paille et d'un carrick, passe ses jours et
4 Feuilleton da FIGARO dn 2 Juin 1869
CAUSES CÉLÈBRES
LHOTEL SAINT-PHAR
XIII
LES COMPLICES, •
La voiture roulait donc sur la route de
'Clignancourt, vers la maison isolée où at-
tendaient la Lucie et Nicolas Lefèvre.
Ce dernier était revenu directement à
l'endroit choisi. Cette brute avait un trou
dans le cœur, et dans ce trou nichait le
souvenir de la Lucie. Elle était son âme,
La Lucie présente, il retrouvait la pa-
role avec tout ce qu'il avait d'intelligence;
loin d'elle il devenait muet. Il allait où
elle l'envoyait, comme la pierre va au
but choisi par celui qui la jette, sans ré-
flexion ni conscience.
Nicolas revenait plus vite qu'il n'était
parti, sans regarder ni à droite ni à gau-
che, et ne se ressouvenant de sa route
qu'aux interrogations de la Lucie.
La nuit tombait quand il revint à la
maison de Clignancourt.
Il avait fait seize lieues, après une nuit
sans sommeil, seize lieues à travers
champs sans manger ni boire.
La Lucie tenait les vingt-cinq napoléons
de madame Morin; elle n'avait pas songé
à donner un sou à Lefèvre elle agissait
toujours de même, lui prenant son der-
nier argent et lui disant ensuite
Va! 1
Lefèvre se laissait faire et s'en allait.
Pour lui, tout ce que faisait la Lucie était
bon. Tout pour elle, rien pour lui; rien
que la fatigue et les veilles, souvent la
faim. Il y avait du sublime dans cette
brute. Le lion doit aimer comme cela.
Une seule fois dans sa vie l'homme est
capable de cette abnégation pour une
femme, mais elle dure peu.
Chez Léfêvre elle durait depuis des
années.
Si l'on eût fait observation à la Lucie
L'auteur seul autorise la reproduction.
ses heures dans une cahute recouverte
de carton bitumé, indifférent à tout ce
qui se passe autour de lui toutefois, il
fume, ce qui est une condescendance pour
la civilisation.
.Imposant, d'aillsiare, 7 et ayant inspiré
au rédacteur de l'Universel « un indéfinis-
sable sentiment de respect. » ̃ v
C'est Ursus. ou un rétameur sans ou-
vrage. ou une enseigne. ou une ré-
clame vivante installée là par le proprié-
taire du terrain.
Toutefois, les Parisiens de Paris ont un
assez grand fonds de badauderie pour al-
ler voir de quoi il retourne, faire une po-
pularité à ce personnage.
#*# M. Ranc a tracé dans le Journal de
Paris un vif portrait de Quérard, le cé-
lèbre et féroce bibliophile qui avait sur-
tout le flair at la passion des recherches
secondaires et un peu inutiles, pseu-
donymes, plagiats, etc., etc. M- Ranc a
connu beaucoup trop, à ce qu'il pa-
raît, cet enragé fureteur.
Tout en causant, j'eus le malheur de dire
à Quérard que je savais le véritable nom
d'un journaliste presque célèbre, qui n'a ja-
mais écrit que sous un pseudonyme, et qui
n'est connu, non-seulement du public, mais
même de ses amis que sous ce pseudonyme.
A l'instant, je sentis que j'avais dit une sot-
tise. 11 ne me convenait pas de pousser plas
loin la confidence. J'eus.beau dite à Quérard
que je ne pouvais absolument trahir
familie, il ne se tint pas pour battu. Il était
bien homme à se payer de parei!les raisons.
De ce jour, ma vie fut empoisonné». Je
voyais Quérard jusqu'à deux et trois fois par
jour; il me prenait au saut du lit et m'atten-
dait le soir a ma porte. Il voulait le nom de
mon journaliste. J'étais le gi»ier, et il était le
chasseur. Il comptait me dompter par la fa-
tigue.
Quand la patience méchappait, je lui disais
des injures; il pliait le dos, ne répondait pas
et revenait le lendemain. Sa mort seule m'a a
délivré de cette petite persécution.
#*a Vous ne doutiez peut-être pas des
services que le prince Napoléon a rendus
à l'acclimatation en France. Vous allez
croiraBj^dl a rapporté de ses voyages in-
nombrWles quelque comestible nouveau
ou quelque plante utile. Point. M. Dronyn
de Lhuys a découvert deux autres titres
bien plus importants acquis par lé prince
à la reconnaissance de l'acclimatation
française. Le Cosmos et M. Victor Meunier
ont relevé avec bien de l'esprit l'ingénieux
compliment de l'ancien ministre.
L'un de ces titres, c'est. ne cherchez
pas son mariage Ecoutez « N'a-t-elle
pas (Votre Altesse}^ trouvé dans un pays voi-
sin et transplanté sur le sol de la France, un
noble rejeton qui répand, dans sa nouvelle
patrie. etc. » C'est probablement la pre-
mière fois que la zootechnie se voit appelée
à fournir en pareille circonstance ses rus-
tiques images et ses similitudes physiolo-
giques.
Il y a un titre encore, et plus extrava-
gant, s'il est possible, que le premier
Ne contribue-t-elle (Votre Altesse) pas cha-
que jour, par ses encouragements et son ac-
cueil sympathique, à l'acclimatation, sous le
ciel de la cour, des savants qui sont, comme
chacun sait, d'un naturel parfois un pou sau-
vage?.
Est-ce acclimatation ou domesticattion
qu'il faut dire 9
Je trouve /tans le même numéro du
Cosmos une recette réaliste, mieux que
cela peut-être, mais enfin fort utile.
Il s'agit des gens qui. qui. com-
ment dire cela proprement ? qui ont
l'inconvénient de la bouche.
Employer d'abord le bicarbonato de
soude; puis, si l'inconvénient persiste,
l'acide phénique ou le permanganate de
potasse, tous les deux, bien entendu, mé-
langés d'eau.
J'espère que je viens de rendre un fier
service aux mouches de France et de Na-
varre l
#*# L'International est allé à la pêche
dans l'océan du budget anglais et il y a
trouvé des curiosités véritables.
Cette année-ci, les contribuables auront à
payer 330 liv. st. pour allocations faites tous
les trois ans au sergent des trompettes de la
maison de la reine et à ses huithommes; et
tous les six ans au grand timbalier, pour le
renouvellement de leurs uniformes.
Pour vivres et secours distribués par le
consulat anglais à des habitants de Céphalo-
lonie, jetés dans la détresse par le dernier
tremblement de terre, le budget n'est grevé
que de 10 liv. st. seulement.
LACHAUD.
parce qu'elle envoyait ce malheureux
à Essonne sans moyens de manger en
route:
Il a ses mains, eût-elle certaine-
ment répondu.
Et Lefèvre n'eut pas manqué de se mon-
trer très fier de la confiance de la Lucie
en ses moyens.
Quoi qu'il en soit, pour être plus vite
revenu, il ne songea pas une seconde à
manger.
Il faisait nuit quand il s'approcha, et
soit habitude ou instinct, il chercha à ren-
trer sans être vu.
Des hommes et das femmes étaient aux
champs, il les évita; des rouliers avec
leurs chevaux lui barraient la route, il
attendit; des chiens aboyaient dans les
maisons, il s'éloigna, sa grande silhouette
trouait la nuit, il rampa.
Cet homme que vingt hommes n'eus-
sent pas fait reculer, marchait avec d'au-
tant plus de timidité qu'il se sentait plus
seul. Ce qu'il craignait, c'était la surprise
il n'avait peur que de l'invisible.
Un lièvre réveillé lui partit dans les
jambes! Tout son sang reflua au cœur
il faillit s'évanouir.
Il atteignait enfin la maison de madame
Morin, fit un signal convenu et la Lucie
lui ouvrit la porte.
Eh bien, demandartelle? 1
C'est fait, le particulier est en route.
La Lucie n'en demanda pas d'avan-
tage.
Elle descendit dans le caveau.
Nicolas la suivit.
Et attendant le moment d'agir, elle
avait élu domicile dans le souterrain
l'habitude de se cacher. s
Une chandelle éclairait. Elle permit à
Nicolas de voir la table couverte de nour-
riture vin, pain et viande! L'eau lui
inonda la bouche. Pour la première fois
il songea à la faim.
Et quelle faim 1
Mange lui dit la Lucie.
Il ne se le flt pas dire deux fois. Il dé-
vorait. Ses mâchoires montaient et des-
cendaient comme des cisailles de forges,
broyant dans leur travail tout ce qui se
trouvait entre elles, os compris. Par in-
tervalle, il avalait d'énormes lampées de
vin, comme pour graisser les articula-
tions fatiguées, yet reprenait ensuite de
plus belle.
La Lucie na disait rien.
Ceux qui vivent de l'esprit ont leurs
12
Ce qui est plus désagréable à payer, ce
sont les 2,115 liv. st. de dépenses faites pour
une revu" propolée dans Hyde-Park, laquelle
n'a pas eu lieu.
Nous voyons toujours, dans ce long chapi-
tre de Dépenses diverses, que la tournée da
prince de Galles en Irlande a coûté 2,345 liv.
st. et que 1,500 liv. seulement ont été dépen-
sées pour l'émigration destinée à soulager la
misère des quartiers pauvres de l'Est à Lon-
dres.
Les frais d'impression et de distribution de
formules de prières d'actions de grâces pour
le succès de l'expédition d'Abyssiéie et la
salut du duc d'Edimbourg blessé par l'assas-
sin OFarell, ont été de 66 liv. st. 2 s. 6 d.
Comme le prince Christian reçoit une belle
dotation pour avoir épousé une fille de la
reine, on est quelque pou surpris de voir
porter au compte de la nation 68 liv. st. pour
ses frais de traversée de Douvres à Calais,
et ceux de la duchesse de MecklemWourg-
Strelitz.
Le public contribuable a eu aussi le plaisir
d'héberger le prince Guillaume de Hesse à
bord du navire de guerre Fire Queen, au coût
de 130 liv. st.
Il est toujours bon d'être près du soleil.
Tandis que la libre Angleterre dépense
de 66 à 130 liv. st. pour les principicules
allemands,-on donne à bon marché une
idée splendide de notre civilisation aux
rois africains.
Ainsi, le roi Masaba, de la côte d'Afrique,
a été enchanté do recevoir, an nom dn peuple
britannique, des présents dont la facture s'é-
lève à 2 liv. st. 4 d. seulement; on a p.u même
faire le bonheur dn roi Peter, des mêmes ré-
gions, avec un cadeau évalué à 12 s. 8 d., of-
fert à Sa Majesté d'ébène pour le remercier
d'avoir pris soin d'un cimetière européen sur
les bords du Congo.
Ces remarquables souverains seraient
très étonnés si on leur dressait le menus
des dépenses que coûtera le voyage de
l'Impératrice en Egypte, si toutefois il a
lieu Voici quelques renseignements don-
nés là-dessus par l'Opinion nationale, qui
paraît connaître le fond des choses
Detix systèmes sont en présence. L'un con-
sisterait à réunir, pour présider cette solen-
nité, les souverains des puissancos méditer-
ranéennes l'Impératrice des Français, le
sultan, l'empereur d'Autriche, le roi d'Italie,
le roi des Hellènes. On assure que des négo-
ciations très amicales se'suivent à cet égard.
L'autre consisterait à faire présider cette
fête de la civilisation par le vice-roi d'Egypte,
avec l'assistance de hauts personnages délé-
gués par les divers, souverains pour les re-
présenter, comme le grand- vi^ir pour le sul-
tan M. de Beust pour l'Autriche; le général
Menabrea peur l'Italie^ et ainsi dos autres
puissances.
Ainsi, rien n'est décidé.
#*# Un journal spécialiste, dont on peut
discuter les tendances mais dont la lec-
ture est souvent intéressante, la Toix du
Peuple, va nous fournir des échos rappor-
tés de l'audience du conseil des prudhom-
mes qui en disent plus que des livres sur
l'état vrai des classes laborieuses
Aman a seize ans, il réclame à Chapot et
Compagnie neuf journées de travail, non
contestées. Chapot ne sort pas de ce dilem-
me mon associé doit neuf francs, moi neuf
francs. M. Blot, membre du conseil, l'invite à
remettre à ca pauvre enfant, sans pain, les
neuf francs qu'il reconnaît lni devoir. Non, et
il recommence son thème Mon associé,
etc., etc. Il sa voit condamné à payer 20 fr.
30 c. pour frais et temps perdu.
Cet extraordinaire M. Chapot est un
des individus qui expliqueraient toutes
les rages bleues des ouvriers.
Moi qui n'ai point le sang chaud, ni la
main prompte comme les robustes gail-
lards des faubourgs, il me semble que je
perdrais patience devant un pareil bon-
homme.
D'autre part, voici le patron bienveil-
lant, bon garçon qui peut-être est encore
plus dangereux f|
Tabouret a mis sa fille en apprentissage
chez mademoiselle Boulanger, blanchisseuse,
pour deux années, au dire de la patronne au
dire de Tabouret ce n'est que pour dix-huit
mois.
Une année est faite et Tabouret refuse de
laisser sa fille continuer son apprentissage,
attendu que sa fille ne doit pas laver, attendu
que le papa Boulanger, qui nous paraît le
type du bon père, a mené sa fille chez le mar-
chand de vins.
Le conseil demande des explications à
Boulanger. La plume peut difficilement dé-
crire ces explications pleines d'une bonté pa-
triarcale.
Oni, quand ces petites filles lavent, ça
leur tire l'estomac, à ces pauvres enfants, et
surtout à cet âge-là, mon président, treize
ans oui, trois fois par jour je leur fais boire
heures de méditation qu'il faut res-
pecter pour ceux qui vivent du corps,
au contraire, les repas sontles heures
sérieuses, et Nicolas Lefèvre était dans
l'état du plus complet recueillement.
Cependant la Lucie ne disait rien mais
elle réfléchissait. Ses yeu-x secs d'ordi-
naire avaient des lueurs internes qui fai-
saient briller leur'transparente surface.
Elle songeait avec persistance.
Elle avait donc un projet.
Quand Lefèvre eut fini, c'est-à-dire qu'il
n'y eut plus sur la table qu'un broc vide,
la Lucie commença.
As-tu bien songé à tout ce que nous
allons faire ici demanda-t-elle à son es-
clave.
Je sais, répondit-il après un moment,
qu'il me faut ficeler un homme à un po-
teau j'ai vu l'homme ce matin et ça ne
m'a pas eu l'air difficile.
Et après ? 9 a,
Après. après. je ne sais pas, moi.
Alors tu ne vois rien ? 9
Le géant réfléchit.
Ah si, s'écria-t-il tout à coup.
Et sa figure s'éclaira d'un joyeux sou-
rire. •
Quoi? demanda la Lucie.
Eh bien, madame Morin nous don-
nera vingt-cinq napoléons.
C'est tout?
Dame.
Tu ne seras 'donc jamais qu'une
brute fit la Lucie avec mépris.
Nicolas Lefèvre ouvrit de grands yeux
non qu'il ne fût pas habitué à l'épithète
que la Lucie lui servait chaque jour, mais
parce que, pour la première fois, ses yeux
appelés par l'injure avaient regardé la
Lucie en face il avait vu ses regards
brillants.
Il y a quelque chose, se dit-il à part
lui.
La Lucie reprit.
Alors, pour toi les choses se passe-
raient ainsi nous ficellerions lebqnhom-
me nous le tuerions peut-être, car nous
ne sommes pas encore bien fixés sur ce
sujet on nous donnera vingt-cinq napo-
léons, et nous nous en irons en disant
Merci
N'est-ce pas ce qui est convenu ? 9
Eh! si on ne faisait que ce qui est
convenu,nous ne nous connaîtrions pas, et t
nous ne serions pas ici.
Nicolas Lefèvre le silence il n'a-
'vait pas compris. ̃
un verre de vin chaud, mais bien.sacré, mon
président.
Evidemment, l'intontion de papa Bou-
langer est excellente, mais quelle jolie
éducation pour la petite blanchisseuse, et
combien d'années se passeront avant que
mademoiselle Jenny d'Héricourt recrute
des adeptes dans les lavoirs.
Le conseil de prud'hommes toutefois a
donné raison au blanchisseur ami du vin
chaud contre le père de la jeune appren-,
tie.
#*# Vous connaissez l'histoire immor-
telle de la sentinelle placée dans le corri-
dor de je ne sais quel ministère, pour em-
pêcher le public de se frotter à une porte
nouvellement peinte.
La porte sécha, mais la sentinelle resta
trente ans en cet endroit.
L'histoire est plus authentique qu'on
pourrait le croire, et tous les jours elle a
des pendants. On m'en signale deux qui
sont fort plaisants
Le 3 décembre dernier, lorsque la société
faillit sombrer sous l'effort de sept person-
nes qui depuis furent condamnées pour cris
séditieux, on plaça un poste la direction
des télégraphes qui s'en était privée jusque-
là. La société a été sauvée, grâce à M. Pi-
nard, comme chacun sait, mais le poste n'a
pas bougé.
Autre fait: X
Pendant la session du Corps législatif, une
imprimerie a été établie, pour le service du
Grand officiel, dans l'une des dépendances du
Palais, dont la porte est placée au fond d'un
vestibule ayant issue sur la rue de Bour-
gogne.
Pour faire honneur gans doute à M. Wit-
tersheim (je n'aperçois pas d'autre motif), on
plaça un factionnaire qui, en temps ordi-
naire, se laisse voir derrière les barreaux de
la -porte extérieure, presque toujours fer*
mée.
Mais dans l'intervalle des sessions, M. Wit-
tersheim n'est plus là, êt le factionnaire y
est toujours.
Bien plus, en ce moment, on exécute des
travaux sur ce point. On vient, entre autres
choses, de construire un passage souterrain
et voûté qui met, je crois, l'intérieur du pa-
lais (je ne dis pas la tribune) en communica-
tion avec le grand égout collecteur, et, ce
n'est qu'avec la plus grande, peine et en se
livrant à une gymnastiqne effrénée, que le
malheureux troupier peut arriver à l'espace
étroit où il doit passer deux heures à réflé-
chir sur les grandeurs et servitudes de t'état
militaire,
La fo-ôrme la fo-ôrme 1
LES JUGEMENTS BE SANCHO
Quand j'ai'dit que j'étais chez des fous,
je n'avais, hélas que trop raison.
A peine arrivé à Paris, j'ai voulu savoir
de quoi s'occupait le peuple le plus spiri-
tuel de la terre, ainsi qu il.s'intitule mo-
destement. Je dois reconnaître, pour
être juste, qu'il n'y a qu'une voix là-des-
sus, et c'est la sienne.
-Le peuple de Paris, m'a-t-on dit, est
tout aux élections.
-Allons fls-je en soupirant et son-
geant au calme de mon île, va pour la
politique, puisque politique il y a.
Et je me jetai tête baissée dans la lec-
ture des feuilles publiques. Ici on appelle
cela des journaux.
Ce ne sont point, comme on pourrait le
croire, des tablettes où des hommes im-
partiaux s'occupent à recueillir les bruits,
les dictons et les faits qui intéressent le
public, sans distinction d'opinion.
Loin de là.
Ce sont des sortes de gazettes dans les-
quelles certains citoyens (on se traite vo-
lontiers ainsi quand on parle politique)
parlent bien en réalité des événements
du jour, mais en les reportant tous à un
mot d'ordre émanant d'un chef de parti.
Il arrive même ce fait curieux, c'est que
le lecteur qui pense que le ciel est blanc
serait désolé de lire dans son journal
qu'il est seulement gris. Dé même celui
qui le croit noir se désabonnerait si son
journal lui disait qu'il y a certaines par-
ties blanches.
Les hommes qui écrivent sont donc for-
cés de ne pas être sincères, attendu qu'ils
vivent de leur plume, et que s'ils disaient
absolument la vérité, du moment qu'elle
ne serait pas sympathique à ceux qui li-
sent et achètent les feuilles, on n'achète-
rait plus.
Partant, les écrivains ne pourraient
plus dîner.
Voyons, reprit la Lucie, rappelle tes
souvenirs Que t'a dit la demoisellequand
tu étais lié au poteau? Y
Qh pour ça je m'en souviens, fit
Lefèvre avec satisfaction: elle m'a de-
mandé si je savais lire.
Après ? g
Je lui ai dit que je ne savais pas,
-Après? Y
Elle s'est îkzhée.
Après? g •
Elle a lu elle-même.
Quoi? Y .• ̃̃
Un papier.
Et tu as écouté ? i
Ma foi non, ça m'ennuyait.
La Lucie frappa du pied avec impa-
tience.
Eh bien, moi j'ai écouté, dit-elle, et
sais-tu ce qu'il y avait sur ce papier?. Il
y avait qu'elles veulent voler deux cent
mille francs à l'homme, et que si il ne
veut pas les leur donner on le tuera 1.
Alors.
Alors.
Eh bien, il les donnera.
Et il fera bien, dit Nicolas Lefèvre
avec un geste de menace.
Bien, fit la Lucie. Alors tu es sûr
qu'il les donnera.
Parbleu 1 vivant ou mort, s'il les a
sur lui.
Il faut croire qu'il les aura, sans cela
madame Morin ne tenterait pas l'affaire.
Elle n'avait ni idée ni connaissance des
billets de commerce, et à ses yeux le ré-
sultat du crime ne pouvait être qu'une
liasse de billets de banque.
Eh bien s'il les a, reprit Nicolas Le-
fèvre, nous les lui prendrons.
La Lucie le regarda en face.
Et qu'en ferons-nous?
Nous les donnerons à madame Mo-
rin.
La Lucie haussa les épaules.
Elle reprit ensuite en appuyant forte-
menteur chaque mot
Et si nous les gardions pour nous ?
Lefèvre la regarda tout stupéfait.
Puis il trouva dans le regard de sa maî-
tresse un signe, une lueur qu'il connais-
sait bien. A'ors i! s'écria de toutes les
forces de ses poumons
Brochet de bon Dieu 1
Il ay&ip. compris.
La Lucie était rayonnante.
Alors nous les garderons dit-il.
Et on ne songe pas assez de quelle im-
portance est dans la vie d'un homme le
dîner de chaque jour.
Ces réflexions générales me sont sug-
gérées par la situation particulière où je
vais trouver certains journaux et certains
journalistes.
Voici de quoi il s'agit
Il paraît que la ville de Paris a l'habi-
tude de se distinguer entre toutes les cités
de l'Empire par la nomination de députés
opposants et jamais officiels, c'est-à-dire e
présentés par le gouvernement de son
choix.
D'abord, il faut que je vous diee com-
ment on m'a expliqué le gens du mot « op-
posant. »
Un opposant, m'a-t-on dit, est un
homme qui doit trouver mauvais tout ce
que fait le gouvernement de notre choix.
Mais, cependant, hasardai-je, si le
gouvernement de votre choix fait quelque
chose de,bien.
L'opposant ne doit pas le recon-
naître..̃
Je me grattai la tête en silence, ne com-
prenant pas bien. J'ajoutai
-Et s'il le reconnaît?
Alors, il cesse d'être un démocrate
radical, pour devenir simplement un li-
bâral constitutionnel.
Àh mon cher maître, mon bon Don
Quichotte quels sont tous ces mots-là î.
Certes, vous'm'en avez dit de bien étran-
ges lorsque vous combattiez vos géants
et vos enchanteurs; Mais* âti moins, je
savais qu'ils n'avaient aucune significa-
tion sensée, tandis qu'ici, ce sont des gens
bien vêtus, paraissant sains de corps, qui
me bombardent à bout portant de ces ex-
pressions apocalyptiques.
Tout en. rêvant à Ces paroles, je m'étais
dirigd vers un côté de cette ville qu'on
appelle la septième circonscription. Pour-
quoi ces gens ont-ils divisé leur cité en
quartiers, en arrondissements et ensuite
en circonscriptions, qui n'ont aucun rap-
port avec les premières tranches, c'est Ce
que je ne saurais expliquer. Je me con-
tente dé le constater.
Là, j'entendis ,4jgs hommes qui parais-
saient fort en colère crier
Non, nous ne le nommerons pas>
non! non! non! 1
̃*=- Qui fâela? demandai-je.
Jules Favre, me répondit un de ces
énergumènes.
•–Port bien, dis-je, c'est donc un de
ces députés que l'on qualifie d'officiels;
L'autre me regarda d'un air de mériris
Rt s'éloigna eh liaucsaut les épaules et
murmurant 4
D'où sort cet animal? 7
Outre que ce n'était pas poli, cela ne
me renseignait pas. J'allai à un autre
groupe et je demandai t
Qui nommerez-votis? 9
Jules Favre-»
Pourquoi, puisqu'il est officiel î
Gomment. officiel. opposant.mon-
sieur, tout ce qu'il y a de plus opposant.
Ah! ça, pensai-je, qu'est-ce que cela si-
gnifie, et, perplexe, je rentrai chez moi
lire les journaux afin de m'éclairer-.
L'un, le SiMe, ffie dit: « Il est d'usage
qu'après un premier vote, les candidats
de la même opinion se retirent devant
celui d'entre eux qui a le plus de voix
afin qu'au second vote cette epinîoe
triomphe.
« Donc, M. Rochefort doit se retirer de-
vant M. Jules Favre. »
Je ne pus m'empêclier de trouver %'à
raisbnDenrènt asses logique. Et j'ouvris
ua autre journal, de Rappel.
Celui-là disait «Nous sommes d'ac-
cord, c'est ce qui fait que nous ne nous
entendons pas. Si les deux candidats
étaient de la même opinion, cela serait
juste, mais ils ne sont pas de là même opi-
nion. Pour nous, nous vtivons d'un côté
Jules Favre, opposant libéral démocrate
constitutionnel (comme c'est clair ces ad-
jectifs !) et de l'autre côté Rochefort et
Cantagrel, opposants radicaux "socialistes
irréconciliables (de plus as plus clair).
Donc c'est M. Favre et ses 12,000 voix qui
doivent s'incliner devant les 18,000 vo-
tants de Rochefort et Cantagrel réunis. »
Quoique un peu jésuitique, cet argu-
ment me paraissait acceptable, lorsqu'en
parcourant le Temps je. trouvai une lettre
deM. Cantagrel, où ce dernier disait
:« Bien que je me sois désisté en faveur
du concurrent qui avait eu dix mille,voix
lorsque je n'en avais eu que huit mille, je
tiens à ce qu'il soit bien établi qu'il n'y a
pas identité entre ma candidature et celle
de Rochefort. »
Francis Magnard.
Parbleu.
Deux cent mille francs? 1
OUi répéta-t-elle en scandant deux
cent mille francs.
Pourtant Lefè?re réfléchit.
Gomment ferôHs-nous dit-il car
madame Morin ne se contentera 'pas de
cela; elle sait où nous demeurons»
Elle ne le saùra*plus.
̃–Alors nous délogerons. c'est embê-
tant.
II parait que Nicolas Lefèvre tenait à
ses habitudes.
No^t, répondit la Lucie.
Mais alors elle saura.
Elle ne saura plus, parce «u'ellesera
morte.
Ah je comprends.
Use fit un silence.
-Et la jeune fille ? 7
La jeune fille aussi.
Et l'homme au poteau 1
Celui-là comme les autres.
Tout le monde alors ? 7
Oui.
Pour la troisième fois, Lefèvre ré-
fléchit..
Mais.si on le sait, on nous coupera
la tête.
Si on la sait, oui; mais on ne le
saura pas.
Gomment ça?
Ecoute-moi, et retiens bien ce que Je
vais te dire. 11 est convenu, n'est-ce pas,
que l'homme garrotté et menacé des pisto-
lets chargés que voilà donnera l'argent;
après quoi, je suppose, on le tuera.
Oui, c'est convenu.
Eh bien, il ne faut pas qu'on le tue.
̃ Ah t
A ce moment la jeune fille pour conïp-
ter l'argent aura mis les pistolets sur la
table; je t'en passerai un, tu prendras
l'autre, et, à 4m signe de moi, tu casseras
la tête à la mère, tandis que je ferai sau-
ver la cervelle à la fille. Tu m compris.
Oui. Après ? 9
r- Je prends l'argent. Puis nous met-
tons un cadavre à droite, un autre à gau-
che du poteau, et Un pistolet de chaque
côté de l'homme. i
Ah 1 oui, l'homme, fit Lefèvre, je l
ravais-piïbriâ.
• Après- cela, nous sortons, nous fer-
mons la porte et nous nous en allons.
Nous nous en allons?
Oui
Eh bien 1 et l'hommel
Saorebïeu! pensai-ie, mais s'il n'y a
pas identité, le raisonnement du Rappel
pèche par la base, et c'est le Siècle qui a
raison.
Cependant, comme cette question ma
semble très grave, je| n'ai pas la préten-
tention de la résoudre, et, ayant écouté les
parties, je remets le prononcé du juge-
ment à huitaine.
Moi pas bête, je me mettrâi d'il
côté du plus grand nombre. à moins
que, me souvenant que les imbéciles sont
partout en majorité, je ne me range du
côté opposé.
SANCBO-PAKÇA.
LÀ CORPORATION DES ABËÎLïËg
De môme que l'enfer est pavé de bonnes
intentions, Paris, cet autre enfer, nous
ôffrô à chaque pas une foule d'oëuvrëâ
excellentes, dignes du plus haut intérêt
et inconnues, la plupart du temps, des per-
sonnes qui auraient le plus besoin d'en
savoir l'existence la Corporation des
abeilles est de pelles-là;
il a existé, de tout temps, des mâiSbîis
de secours pour les malheureux qui ne
rougissent point de leur pauvreté et ne
craignent pas d'étaler leurs haillons en
plein jour; mais ce qui nous a toujours
fait défaut c'est un lieu où les misères
qui sa cachent, les plus terribles. celles-là,
puissent aller incognito demander quel-
ques soulagements.
Et cependant Dieu sait ce qu'il y a, à
Paris surtout, de malheureux qui se trou-
vaient le soir au sommet de la roué de la
Fortune et qu'un caprice de cette der-
nière a précipités le matin dans le dénû-
ment le plus complet.
Ces pauvres d'il y a quelques heures ne
sont pas habitués à la misère; ils dissimu-
lentleur pau vreté sousun vêtement de soie,
reste de leur splendeur, leur faim derrière
une plaisanterie, leurs larmes sous ufl.
sourire. Mais la plaisanterie n'est point
une nourriture substantielle, la faim tor-
ture les malheureux, le désespoir éclate
et de là une foule da drames ignorés qui
se racontent en trois lignés
ft Madame de 3t. qui faisait jadis les
délices des salons du noble faubourg, s'est'
suicidée hier en buvant un flacon de lau-
danum. »
Ou bien
a L'on vient de retirer dé là Seinô le
cadavre d'une jeune femme qui a ét% re-
connu pour celui de madame Z.|la femme
du fameux banquier qui a disparu il y a
quelque temps.1 »
On ignore toujours les causes de ces at-
tentats et ces causes ne, sont antres que
îaiiisères •
'Qus vouièz-vôus que deviennent des
malheureuses, je ne parle pas des
hommes qui sont toujours lâches de re-
courir au suicide quand ils ont deux bras
vigoureux pour gagner leur pain, que
voulez-vous^ die-je, que deviennent des
inalheureusesqûi n'ont ou que la pejiie de
naître p'ditr Ur'à choyé&s," èritourëea d8
soins; àqui on a fait une vie toute de soie
et d'or, de plaisir et de satiété, et qui,
brusquement, du soir au matin, se voient
plongées dans une misère atroce.
Ce fait malheurensompnf est fréquent^
G9 sttnj, dés femmes d'officiers supérieurs
oü de fonctionnaires qui occupaient des
positions les forçant à faire des frais de
représentation, àù-dès^uS.de leurs ïHo^ejisi
et qui, àü lendemain de 1a mort ae leur
mari, se trouvent en présence de dettes
qu'il faut liquider avec des pensions insuf-
fisantes même pour vivre ce sont encore
des femmes d« médecins qi,ii avaient
compté que leur époux guérissait trop
bien les autreë pour, pd,ù?oir monriK sj»2
iaâîSiSt qui mangeaient au jour le jour
le produit de la clientèle; ce sont enfin des
femmes de banquiers qui lèverit'le pied,
de négociants que la faillite ruine, que
sais-je encore?
des malliëôr'ëiïses ùè peuvent tendre ià
main, elles préféreraient mourir de faim 1
Elles travailleraient volontiers, elles exé-
cutoraient, pour les autres, afta de ga-
gner lionnètement leur vie, ces mille pe.
tits travaux de fée que les femmes àpprèn^
nent pour faire da douces surprises, d,&
précieux cadeaux à ceux qu'elles ai-
ment.
Mais à qui aller demander de l'ou-
vraget On n'est pas toujours tr6s poli
pour les solliciteus*és dans ces magasins
où lion s'incline servilement devant ceux
qui achètent, et pour peu qu'elles soient
̃J oli«s, messieurs les commis de magasin
L'homme ? nous le laissons là.
Tiens! tu m'avais dit que tous îé§
trois mourraient.
Il mourra aussi. il mourra de faim.
De faim? 9
Ou d'asphyxie car nôws laissons
brûler les torches.
Pourquoi le faire BOûftrir? fit Nico-
las d'un ton pitoyable.
Tu ne comprends donc pas imbé-
;cile, que la justice fera là une descente
quand on saura que ces deux femmes ont
disparu de chez elles,
La justice, dit timidement Lefèvre.
Il n'aimait.pas beaucoup ce mot-là.
Elle verra vm. homme attaché sans
trace de violence les médecins diront
qu'il est mort de faim et d'asphyxie après
avoir fait sauter la ceavelle aux deux
femmes qui l'avaient mal attaché, car
avant de partir nous lui délierons les
bras; les pistolets à ses pieds diront cela,
puisque n'ayant pu se détacher,il est mort
dans cette maison dû il n'y avait per-
sonne. Tout s'arrête là, car on ne sait que
nous y sommes venus.
La Lucie ne savait pas dans le secret la
Jonard dont ella ignorait l'existence et
dont madame Morin ne lui avait pas
parlé.
Qu'en dis-tu, demanda ensuite la Lu-
cie?
Nicolas était dans l'admiration.
Magnifique, s'écria-t-il! Deux cent
mille francs!
Que tu voulais donner à madame Mo-
rin. Tu vois bien que tu ne sera jamais
qu'une brute 1
C'est vrai, affirma très sérieusement
Lefèvre.
Ainsi tout est entendu."
Oui.
Au reste je te répéterai tout cela de-
main. Maintenant va te coucher,voilà une
botte de paille.
Le lendemain matin, la Lucie renouvela
sa recommandation, puis envoya Lefèvre
en observation dans le grenier de la
maison.
Vers midi. il descendit pfMpitâroment.
Une voiture .^appro ;lie! dit-il.
Vite dans la cave, ordonna la Lucie.
Il dégringola les marches tandis qu'elle
attendit en haut, prête à ouvrir la porte
aux arrivants.
IVAN. DE WŒSTYHB
(£a ««te è §fmain.)
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