Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1869-01-02
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 02 janvier 1869 02 janvier 1869
Description : 1869/01/02 (Numéro 02-03)-1869/01/03. 1869/01/02 (Numéro 02-03)-1869/01/03.
Description : Note : un seul fascicule pour samedi et dimanche. Note : un seul fascicule pour samedi et dimanche.
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k271351c
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
16* Année 4' Série '.umSro 2-3
Un numéro 15 centimes.
Samedi-Dimanche 2-3 Janvier Î889
Rédacteur en chef i:
H. DE VÎLLEK1ESSANT
KÉDACflON
de 9 heures à II heures, rue Coq-Héron, 5
v de mitti à 5 heures, rue Rossini, 3
Les manuscrits ns sont pas rendus
DJpart-'iiDnU et j.mivs 20 contim?s
BlittEAi'X
5, HDE COQ-11ÊROS ET HUE ROSSiM, 3
Adrrcüaistrateacr
AUGUSTE DUMONT ·(
ABONNEMENTS
Paris 3 mois 13 fr. 50 c.
Déparlements 3 mois. 1O fr. »•
ANNONCES ̃
SIM. DOLLINGEN fils et A. SÉGUY
• Passage des Princes, Escalier C
BUREAUX
5, RUE COQ-HÈROS ET RUE ROSSIN', 3 3
~r"
.̃;• ̃ ̃ "î
Le Figaro c.ontinuant, dans son numéro dtf
""1er janvier, à attaquer de ia "manière îafplus
injuste l'honorable administrateur
bïiotjiè^us irHtféWtf'e, «UHMita l?. trnnslyti^n
Se l'Ecole des langues oi-ï-nialas vivantes!
dans les bâtiments du colite de France à des
"moiifs entièrement contrbïivijs: y:
Malgfé l'installation ùi'M !'qôuî:s de f Ecole
des langues orientales dacs nn le cal dépen-
dant do la Bibliothôquc impériale., ces doux
établiêsemonis ont toiijytu-s été entièrement
Rôp^vdS. R'ri rie $eut g'ëipiitju-îr les àlliisiotts
malveillantes diVigées p«r le Figaro contre
l'administration do la Biblii-Hièquo à propos
d'une » guerre de persccitliou » qpi n'a jamais
existe.
exislé. {Communiqué.)
̃'̃ «gggss»–
LA POLITIQUE
fe'iÏ!
BOURGEOIS DE PARIS
Une année finit* une muée commence.
L'année 1868 niar'tiiié iicbiitéstablemënt
liné étape dans la marcie du gouverne-
ment impérial il a dor-né un peu de li-
berté, on en a pi'is bêaiCoupj et le voilà
en présence des aspirations libérales. Le
forum fermé s'est rouvert deux ou
trois tribunes se sont dressées pour re-
vendiquer les droits de l'homme et les
droits de la femme. La fronde des salons,
l'agitation de la presse, le ton animé des
discussions publiques et privées, tout si-
gnale ce que l'on appelle « un réveil. »
A cela, il n'y a rien à faire. C'est de la
vapeur comprimée qui s'échappe en jetant
dans l'atmosphère des cendres et de la
fumée.
L'état-major de chaque parti paraît prêt
à entrer en campagne. Le pays, lui, sem-
ble encore indécis. Ces crises surprennent
les hommes dans des situations et des sen-'
timents très divers. La génération qui a
entendu le canon des journées de juin en
tremble encore; ceux qui étaient des en-
fants alors, et qui sont aujourd'hui des
n'ont pas les mêmes terreurs. Les
opinions politiques sont surtout des ques-
tions d'âge et de position. A vingt ans on
li'a ni fortune ni carrière âoa>}iaô& -et ou-
est volontiers nariageux après quarante
ans on a sa boutique, sa caisse, son fau-
teuil dans un bureau, sa femme à habiller
(ce n'est pas une petite affaire) sa fille à
doter et son fils à surveiller. Celui-ci donne
bien da souci. Il est républicain comme
son-père l'était il y a vingt ans. C'est «un
mauvais sujet » qui fréquente les tombes
séditieuses du cimetière Montmartre. Et
ainsi, de génération en génération, on re- ,1
trouve les mêmes apaisements et les mê-
mes fermentations. C'est peuf-être ce sys-
tème de compensation qui maintient la
société en équilibre.
11 ne faut pas d'ailleurs trop s'effarou-:
cher des prétentions exorbitantes qu'affi-
chent les partis. Chaque parti est au
fond plus modéré qu'il ne le parait. Oïl
demande beaucoup pour obtenir quelque
chose, et toute aspiration qni dépasse la
mesure du possible est secrétement minée
par une réaction, dont le germe est dans
ses propres entrailles.
Les parlsiueuiaiico cojiotHutiuuueis soirc
reniés par les républicains « honnêtes et
modérés; ceux-ci à leur tour sont reniés
par les démagogues. Le pays se place
toujours dans une moyenne, et sa volonté
finit nar prévaloir.
du FIGARO du 2 Janvier 1869
35
LE
SALON DE FERNANDE
XUI
Suite •
Je sais bien que j'ai tort, répondit
Justin vivement. Mais c'est que la chose va
audelàde cecrueYous croyez. Je voua aime,
et il vaut mieux que je le dise sur-le-
champ, car dans quinze jours, je ne tous
aimerais pas davantage, c'est au-dessus des
forces d'un garçon qui n'a pas été au.
gymnase T?az. Je ne vaux pas beau-
coup, mais je crois que si je voulais me
permettre de frire le bonheur de votre
âme, j'y parviendrais. Et à présent, je
n'aiWune manière et encore très bru-
tale, d'excuser :e que je viens d'oser vous
dire Peut-être bien, ainsi que vous le
pensiez, mon grand-père était-il riche. Je
triompherai demes scrupules, el si je re-
trouve là-bas m héritage acceptable, je
me ferai refuse.' par vous, car je vous de-
manderai votre main.
Elle rit d'aberd, puis s arrêtant
Il n'y a qr'un malheur, dit-elle, c'est
que je suis miriée. Le sang se ralentit
quelques secondes dans les veines de Jus-
tin.
Mariée ;'écria-t-il. On m'avait as-
suré votre veuvage. Alors pardonnez-moi,
madame, je n'ai plus risn à faire ici. ni
ailleurs.
i II sortit tou à fait..
Mais il reviit deux jours après,
jamais unt fleur n'a moins caché son
parfum que celle de l'amour. Justin Noir-
moutiers avril deviné t- à flexions, qu'il n'était pasindin'4 ent à ma-
dame Mansoiry. t
On lui raonta dans la cov: ̃ -se que le
mari avait «u des torts très n>- axx avec
On tient tr«p. compte de. certains cou-
rants accidentels qui s'établissent dans
une société .troublée' comme la nôtre. Ce
sont les hautes marées de l'océan agité
dans ses profondeurs!. P'ar1 elemplej le
combat animé qui se livre, depuis quel-
ques années; sur la question religieuse ne
représente, ni dans un ëens ni dans l'au-
tre, l'opinion moyenne du psys. La France
ne sera jamais athée ni bigote. On n'ern-
pSchtirâ jamais ips Français de faire leur
première communion on ne les amènera
pas davantage à communier tous les deux
jours. La mode sera tantôt à l'ironie vol-
tairieenej tantôt à cette dévotion mon-
daine qui attire la foule dans les egiideSj
quand elles sont chauffées, quand le pré-
dicateur est un candidat à l'Académie,
s'il n'est déjà académicien, surtout quand
Faure, r'ÀlBoni, la Patti et rsadsmsiselîe
Nilsson se chargent de chanter les louan-
ges du Seigneur. On n'est pas toujours sur
d'avoir une loge à l'Opéra et aux Italiens;
mais on a sa chaise à la Madeleine et à
Notre-i)ame-de-Lorettej et il n'est pas
désagréable de faire son salut on efiten*
dant de bonne musique. A la Redoute,
aussi bien que dans les bureaux de l'Uni-
vers, il faudra capituler avec l'esprit du
temps.
Cette situation est déjà pressentie et
dénoncée par les déchirements du parti
dit « religieux. » Les légitimistes gens
du monde, polis, bien élevés, cultivant la
vie élégante, à pied, à cheval et en phaé*
ton, veulent bien mettre le bout du doigt
dans le bénitier, à la condition que
et Guerlain y aura, d'abord versé des
eaux de. senteur. Ils pratiquent peu à
Paris ils pratiquent assidûment à la
campagne, pour donner le bon exemple
à leurs paysans. D'ailleurs, c'est une tra-
dition obstinée que le trône de saint Louis
doit être adossé à l'autel. Mais ils com-
prennent parfaitement que le peuple fran-
çais n'aura jamais de goût pour la besace
et la vermine du frère Labre, et que le
catholicisme mystique, illuminé, austère,
hargneux et malpropre, hostile aux arts,
it la science, au bien-être, au « conforta-
ble, n soulèvera toujours dans ce pays-ci
âos répugnances invincibles. Là est le
fond de leur querelle avec les ascètes fa-
rouches de Y Univers. °
Ceux-ci, de leur côté, récriminent. A
leur point de vue ils sont dans le vrai.
Que nous importe qui règne, disent-ib, si
le pape est au-dessus des rois. Que nous
importe une constitution ou une autre, à
nous qui ne connaissons que le sylla-
bus.
Le conflit en est là. Il s'anime tous les
jours, et se signale par cette aigreur par-
ticulière aux gens de sacristie.
De leur côté, les derniers fidèles de la
sainte Ampoule ont une prétention quel-
que peu grotesque. A une société travail-
lée par des crises périodiques, ils disent,
avec la candeur de la foi ou l'aplomb des
•tireurs de c&rtes « Prenez la légitimité,
le droit héréditaire transmis sans secousse,
de mâle en mâle, et vous retrouverez la
stabilité' qui vous manque. »
Berrjrer, il y a une vingtaine d'années,
avait inls so» éàaqaence au service de
cette thèse, datas s un discours qui se trouve
aujourd'hui reproduit par les journaux
intéressés dan la question.
C'est là une raie bouffonnerie et l'élo-
quence n'y peu^rien.
sa femme. Peut-être n'aurait-elle pas été
fâchée de recourir à lui, pour n'importe
quoi. Peut-être gavait-elle jugé un sot,
d'être parti si vitt, après sa déclaration
Mais ce n'était a que des prétextes qu'il
se donnait.
Il revint parce m'il lui fut impossible
de ne pas revenir [
Il se se serait remontré bien pliis vite,
s'il avait pu lire-, â)fês son départ, dans le
livre pwr du coeur l'Albertine.
Justin ne lui av it jamais apparu rriid
pour lui faire du bien. Il avait été le rayon
des heures de sa r& dont Nauvain était
l'ombré. Quand il ^'arrivait pas f>u fond
de son être, par unipremîer mouvement
de générosité, il cha-niait et amusait son
esprit ,par une touriure qui ltîi plaisait.
Quand il ne faisait pfe battre son pouls, il
occupait sa pensée. ^le ne s'était jamais
trouvée qu'avec un jpéci'îafeur comme
Mansoury, ou un achéeur effronté comme
Nauvain, Justin appâtait à cette char-
mante bourgeoise,la ffatcheur des régions
inexplorées. Elle était de ces femmes qui
se laissent prendre pa; la bravoure, et
Justin aurait été fort embarrassé pour ca-
cher la sienne-
II n'était pas tout îê honde. Il arrivait
chevaleresque, d'un pajs dont on n'avsit
jamais raconté à Albertiie qua des impu-
deurs et des roueries. Cetait intéressant
de voir un homme qui nïvait fait que des
vers jusqu'à vingt-cinq è.i?. Elle 'ne les
coi'aaissait pas, mais
qu'ils avaient un rythme^eonnne le cava-
lier qui les rimait, et -qs'ih plaisaient à
Fernande.
Aussi Albertine se tro;i|va-i-eiïè. très-
triste avec son diner refusé, Elle ne se
demanda pas sous queliel invocation il
viendrait le lendemain, mâjis elle sentait
à un mouvement de son cqur, qu'il arri-
verait, et elle se composa une toilette
pour lui, comme il avait ssns doute un
sonnet pour elle.
Hélas! elles sont bien 33 à notre
date de i'hégyra, les femmes se réjouis-
sent encore que l'on met! !es rimes à
leur petit nom t
Cependant elle en fat, ce ,r-là, pour
Ijïïoï il y a quatre-vingts ans, on a
coupé la tête de Louis XVI chassé Louis
XViII en I8io c'ha^sd Charles X en 1830,
et voilà la stabilité que vous offrez à la
France mais les deux derniers régnes
tint ét;5 tout aussi agités qu'aucune de nos
périodes révolutionnaires. Louis XVIII,
en 1822, faisait encore couper quatre tê-
tes en place de Grève. Charles X s'est
heurté pondant cinq ans à l'émeute, en
attendant l'expio?ion parlementaire qui
l'à rejeté psv dessus le détroit.
En ̃définitive, une restauration, dans
notre-pays, n'est qu'une des formes ds la
révolution. Ce n'est même pas un en-
tr'scte, c'est le drame qui continue sa
marche. Il y à plus c'est que, de tous les
gouvernements qui peuvent se succéder
en France, la légitimité est celui qui a le
moins de chance d'y prendre racine. Je ne
sais si les légitimistes ont l'illusion de
croire que Henri V aurait pu exercer pen-
dant six semaines le pouvoir absolu que
l'on a concédé à un neveu de Napoléon.
Ge serait une erreur. La révolution sup-
porte des siens ce qu'elle ne tolère pas de
ses ennemis naturels. Quelle qu'ait été la
contrainte subie pendant une douzaine
d'années, au fond, il y avait la certitude
qu'une dynastie issue du .suffrage popu-
laire aurait un jour à compter avec lui.
Il en serait autrement avec une famille
qui se prétend propriétaire du trône de
France au même titre que tout citoyen est
propriétaire du bahut qu'il a-hérité de son
père.
De deux choses l'une ou le petit 61s de
Louis X[V voudrait rentrer dans tous ses
droits, et il tomberait comme est tombé
l'autre soir le Roi d'Amatibou au Palais-
Royal ou,-iniMèle à son origine, à son
principe et trahissant sa propre cause, il
essayerait de gouverner avec et par la li-
berté mais cette situation, difficile pour
tous, présenterait pour lui des difficultés
particulières. Que ce soit un ressenti-
ment fondé ou un préjugé révolutionnaire,
comme le prétendent les née-légitimistes,
on n'ôtera pas de l'idée de l'ouvrier et du
paysan qu'un Bourbon est une créature de
l'étranger. Si c'est vrai, il y a cause
d'exclusion si c'est absurde c'est encore
la même chose, parce qu'on ne raisonne
pas les préventions d'un peuple de qua-
rante millions d'hommes.
D'où je conclus qu'une troisième res-
tauration, loin d'apporter la stabilité, se-
rait le gouvernement « qui nous divise-
rait le plus. »
II y aurait à rechercher quel est le gou-
vernement qui ferait de nous une famille
unie et sans discorde. J'avoue que je ne
le connais pas, et je donnerais volontiers
une récompense honnête à qui pourrait
me l'indiquer..
Il y a en ce pays-ci une opposition en
permanence contre le pouvoir. Ce
qu'il y a de plus curieux à observer, c'est
que l'opposition ne se pique pas de,logi-
que.
Elle a renversé Louis-Philippe, en l'ac-
cusant de_ ménager « la paix à tout prix»;
elle tend à miner Napoléon III en l'accu-
sant de vouloir la guerre à tout propos.-
Un éiranger, égaré dans n'os théâtres, ne
comprendrait plus rien au caractère du
peuple français. Ce Gaulois belliqueux
siffle maintenant les tambours-majors.
Toute allusion est saisie avec passion.
Par exemple, à l'Ambigu, l'autre soir,
cas imaginations de toilette. Justin ùd se
montra pas.
Il avait beaucoup gagné à ne point pa-
raître. L'absence est une interlocutrice
très éloquente, qui tient des discours
sans fin4 >
Albertine en avait tant entendu depuis
deux jours, qu'elle eut peur, quand elle
vit Justin dans la rue. Néanmoins elle lui
évita l'embarras d'une rentrée en matière.
Monsieur. Justin, lui dit-elle, vous
auriez bien mieux fait de ne pas remon-
ter. J'ai vu Fernande hier; elle m'a éclairée
sur le danger de nos relations.
Toujours Fernande!. s'écria-t-il. C'est
une sainte Cécile sublimej mais de quoi
se mèla-t-ells <
Ne lui en voulez pas tant Elle m'a
prouvé que je vous aimais.
Elle la brave flilé 1 Ne vous ai-je
pas toujours dit qu'elle avait du génie? 1
Le génie ect infaillible. Ainsi elle vous
a prouvé. Enfin vous m'aimez?
Il trébuchait en réunissant des phrases
qui n'avaient pas le sens commun. Mais
son trouble inarticulé, sa surprise rou-
gissante, sa joie qu'il ne savait comment
traduire, parlaient si bien, que madame
Mansoury se serait reproché son impru-
dence, si elle n'avait pas toujours dû cé-
der par nature à l'impulsion de sa fran-
chise.
Comprenez bien que c'est un mal-
heui1, si je vous aime reprit-elle. Je sais
qu'il n'y a rien de plus ridicule que de
parler de sa vertu. Je sais aussi «ne pour
beaucoup de gens du monde, je suis libre
de mes actions, et que j'ai tous les droits
possibles Mais c'est plus fort que moi r
J'ai toujours eu une sorte de conumVîra-
iien méprisante pour les femmes qui ont
un amant. Si on pouvait partir à deux
pour une étoile, et se perdre dans l'azur,
je ne dis pas que je ne serais point ieaîée.
C'est la prose de l'amour qui me répugne 1
Tromper son concierge, ou ne pas le
tromper, ce qui est pire ouvrir, la porte
le matin, en tremblant que le V( .*1 ne
vous entende; peut-être, si on a plus hy-
pocrisie, louer une chambre sous v.i aux j i
Boni, montrer sa vraie tigure à ur.c ̃: <-m->
dans un'drame où il n'y avait pas plus de
politique que dans le Journal d'Agriculture,
un personnage vient à dire 5
-t Voilà une guerre qui finira mal.
Ja n'en connais pas qui finisse bien,
réplique un autre.
Ici trois salves d'applaudissements.
Certes, la censure ne pouvait découvrir
ce serpent cacné dans les fleurs d'un bon-'
doir.
Autre symptôme les marchands de
jotiets ne vendent plus de sabres et de
tambours.
Philosophiquement la guerre est une
abomination. Si c'est là ce qu'on veut
dire, je suppose que tout le monde est
d'accord. Mais, pour vivre en paix, il faut
encore être sûr de ne pas rencontrer d'a-
gresseur. Un homme peut bien jurer
de ne jamais se battre en duel; mais il ne
peut répondre qu'un jour il ne recevra
pas une giffle;.auquel cas il met le ser-
ment de côté avec les lettres de ses pre-
mières maîtresses auxquelles il avait juré
fidélité éternelle.
Je ne prends donc pas beaucoup au sé-
rieux les manifestations publiques contre
« les horreurs de la guerre. » Je sup-
pose que demain M. de Bismark envoie
trois cent mille Prussiens sur le Rhin
tous les claqueurs qui sont aujourd'hui à
la paix seront à la guerre.
Auguste Villemot.
'profils parlementaires
'M- NOGENT-SAIMT-LAURE^JS
DÉPUTE DU LOIRET
81 ans. Elu en 1883 dans une élection par-
tielle. Réélu en 1857. Réélu en 1863,
pal* 29,374 sur 26,413 votants.
Le menton rasé, les- cheveux luisants,
l'obésité menaçante d'une jtfttne premier
sur le retour; de l'esprit, de la retire, une
grande aisance d'improvisation, une cer-
taine désinvolture qui va quelquefois
jusqu'à la vulgarité, un-pencliant à parler
les mains dans ses poches, avec l'accent
ultrà-familier de la conversation la plus
intime, une perpétuelle tentation d°, dire
Ja liberté-, que qu' c'est qu' ca?_ sans plu h de
cérémonie que s'il en causait après boire
« au café du théâtre enfin un manque ab-
solu de solennité que l'on serait quelque-
fois tenté de prendre pour une absence de
conviction voilà le Nogent Saint-Lan-
rens d'aujourd'hui. Il apporte dans les
plus graves débats la négligence et la pa-
resse de l'avocat blasé qui n'a aucune il-
lusion sur son dlient. Il défend un article
de loi comme s'il plaidait les circonstances
atténuantes dans un procès criminel. Il a
toujours l'air de donner quelques brèves
explications d'office pour un accusé con-
damné d'avance par le jury. t
C'était assez pour la loi sur la propriété
littéraire mais comme rapporteur de la
loi sur la presse, il. parut insuffisant. Il en
valait bien d'autres, à cela près qu'il af-
fecte la nonchalance quand les autres font
du zèle, et le scepticisme dans les moments
où il faudrait un peu de passion. Il n'a
peut-être pas l'halaine plus courte, mais
il a la tenue plus molle que MM. Mathieu,
Basson-Billant ou Gressier. Il se rassiod
après avoir dit deux mots, lorsque la 'i
Chambre en demande trois et que le plus
sobre de ses rivaux en dirait quatre. A
peine il commence, déjà il a fini, et sa
dernière phrase signifie régulièrement, on
peu s'en faut, que tout cela lui est bien
égal.
Cette façon de prendre les choses, lui
enlève peu'à peu le crédit qu'une grande
assemblée n'accorde qu'aux Jean-Jean ba-
1 vards et majestueux.
plication malsaine; ou encore, braver plus
ouvef tëment toutes les lois et je no les
défends pas; car j'en sais victime cou-
rir les auberges ou les eau*, avec un
homme qui n'est pas votre mari, mêler Un
accouplement déshonnête aux groupes ho-
norables qne l'on rencontre, mentir, se
jouer des autres* compromettre de vrais
ménages, usqu'â ce qu'un affront mérité
vienne vous frapper en pleine figure, cela
m'a toujours paru la moins enviable de
toutes les joies Je suis comme la petite
fille dont vous me parliez avant-hier, et je
mourrais de malaise, dans le scandale.Ne
m'en voulez pas. C'est dans mon sang. Ma
mère a été une digne femme. Je serai
comme elle, autantque je pourrai. Et je le
pourrai toujours, j'en suis sûre. Vous
voyez bien que c'est très fâcheux, notre
amour 1
Justin avàit eu beaucoup d'aventures,
dont il ne s'était point vanté à Albertine,
et desquelles il s'était toujours tiré avec
grâce. En outre, jamais ses yeux n'avaient
caressé une plus charmante créature que
madame Mansoury, et il était bien près
de la passion. Mais il était aussi près de
la droiture. Cette sincérité absolue le
toucha. Il n'avait jamais été très scrupu-
leux avec les idées des femmes mais cette
analyse intelligente de certaines répu-
gnances le convainquit. Si elle lui eût fait
des phrases, elle eût été perdue, et elle
serait devenue sa maitresse avant la fin f
de la journée. Elle avait parlé sans affec-
tation. Il fut de son avis.
C'est stupide à moi de l'avôaer, ré- 1
pondit-il. Mais il me semble qu^vous avez
raison.
Vous êtes loyal, reprit Albertine en
lui tendant la main si modestement qu 11
n'y avait pas moyen de voir dans ce geste
une autre caresse, et je vous remercie.
Je n'ai plus aucune frayeur da votre pré-
sence, et je ne vous empêche pas de re-
paraître de temps en temps.
Ali pour cela, n'y compte-; dit-
il très-vivement. J& ne. suis que trop rai-
soasaNe aujourd'hui. Mais un au." jour,
ou je .ne ferais mettre à la por •<'̃̃ ^u je
vow ̃ lidamnerais à cette situai que
-LE -DUC DE TARENTE
DÉPUTÉ DU LOIRET
44 ans». Elu en 1882. Réélu en 1857.
Réélu en 1863 par 11,838- voix sur 17,806
votants.
E0core un chambellan! II fut tenu
sur les fonts de baptême par le roi Char-
les X et par la Dauphins mais l'eau lus-
trale de la légitimité n'effaça point en lui
le péché originel, et en 1852, le bonapar-
tiste reparut tout entier sous le filleul.
Quand on a eu pour père" le maréchal
Macdonald, on peut se laisser gratter un
instant, mais on ne se laisse pas conver-
tir, et, aussitôt que l'Empire ressuscite,
on repousse, avec les amis du premier de-
gré, non-seulement les amende ents qui
ont une forte odeur républicaine, mais
encore ceux qui ont un petit parfum
royaliste. àant le fils du héros de Wagram
Cependant le fils du héros de Wagram
n'a qu'à se bien tenir. Son ancien concur-
rent, M. Pereira, qui est resté très popu-
laire à Orléans, le suit toujours de l'ceil,
et lui vendra chèrement la victoire au
printemps prochain, si tant est qu'il la
lui vende.
L. de la Combe
A demain, MM. de Groucliy et Joaehim
Mural.
Echos de Paris
L'année 1869 s'annonce on ne peut
mieux les huîtres font défaut
Si elle pouvait finir de même
Nous lisons dans le Mémorial de Safnte-
Hélène, édition de 1823, tome II, page
377
« Je ne me suis jamais connu d'autres
jouissances, d'autres richesses que celles
du public. C'est au point que quand José-
phine, qui avait le goût des art-?, venait, à
la faveur de mon nom, de s'emparer de
quelques chefs-d'œuvre, bien qu'ils fussent
dans mon palais, sous mes yeux, dans mon
ménage, je me trouvais comme blessé, je
me croyais VOLÉ ils n'étaient pas au Mu-
séum. »
Qu'en pense M. de Niewerkerke?
Pour les cent cinquante nominations de
capitaines de la garde nationale mobile
de Paris, qui ont paru dans le^Journal of-
ficiel, il y avait chez M. Delanoix, capi-
taine-major de cette armée, plus de cinq
cents propositions presque toutes apostil-
lées des plus hautes recommandations.
On s'occupe activement en ce moment,
à l'état-major, des nominations des adju-
dants et sergents-majors, qui représen-
tent les deux parties les plus sérieuses de
cette arme, l'instruction et la formation
des compagnies.
Les nominations des lieutenants et sous-
lieutenants n'auront lieu que dans le cou-
rant de janvier.
#*#
Le nombre des proposés pour ces deux
grades est très considérable, quoi qu'il
n'y ait, comme pour les capitaines, aucune
solde attribuée à ces fonctions.
Immédiatement après, auron t lieu les
nominations des capitaines, lieu tenants et
) sous-lieutenants dans les départements.
•V
Les -chefs de bataillon et chefs de l'es-
cadron de l'artillerie de la garde natie-
nale mobile, accompagnés de quelques
capitaines qui avaient appris leurs nomi-
nations, étaient présentés à l'Empereur le
1er janvier, immédiatement après la garde
nationale.
L'Empereur les félicita sur leur belle
tenue et les remercia de l'empressement
vous redoutez tant. Si encore, vous étiez
moins jolie, Madame, on pourrait voir 1
Mais avec ces airs là c'est impossible! 1
Ainsi vous ne reviendrez plus ? 1
Je ne veux pas vous pousser à la
cour d'assises, madame. Toutefois, soyez
veuve, si vous voulez me revoir.
Il y avait un fond de désespoir vrai,
ous cette forme de plaisanterie qu'il ne
avait pas abandonner.
Et où irez-vous ? dit-elle effrayée. 1
Si le Mexique n'était pas tellement
rebattu et battu, je vous dirais bien que
j'irais là! Cependant, je serais désolé de
devenir très riche à présent. Je ne ren-
contrerai plus une femme à laquelle je
désirerais autant donner des perles! L'im-
portant est que je quitte Paris, l'Europe,
que sais-je? Enfin, qu'il n'y ait pas de
railway entre moi et vous! Je commence
par moi, parce qu'il est peu probable que
vous me pourchassiez!
Albertine était dans un défilé. Eiy ne
voulait pas se donner à Justin makre son
amour elle ne voulait pas, et a aucun
prix, ne plus le retrouver.
Elle n'imaginait pas de *ôyen m de le
retenir, ni de le renvoyer
Heureusement, la soniette, cette provi-
dence de tant de dén^i«nts, se mit à re-
muer.. n
Justin Noirmoitiers était plus noble que
pas un gentilionime. Ii se croyait sur
qu'Albertine-ui appartiendrait, sinon par 1
un consentement absolu, au moins par un
entràîne>i"en*' irréfléchi. Mais il vit des i
ombre?- pour elle sur cette route témé-
raire
--Adieu, madame, dit-il fermement.
Fernande entrait comme il prononçait
ces mots.
M. Combier était venu la voir, et lui I
avait appris le jugement et la plainte. Elle x
laissait des lambeaux de son cœur à son t
Calvaire. Elle se devinait déshonorée et f
abandonnée. Elle ne voyait plus que la s
nuit dans son avenir. Mais rien ne la re-
tenait pour aller consoler les autres.
Le ton de Justin, le geste effaré d'Al-
berline, la mirent au courant ds *<̃̃̃̃.
Elle n'avait entendu qu'un mot c m- t
,`ü
qu ils avaient mis à se présenter, auxïïguiç tl
leries.. yC, U}%
/w\
Il y a des gens qui s'im^inent que ï^s£;i
Figaro n'a pas paru hie d cause du pré-
mier jour de l'an.
Erreur? c'est à cai^e- de la Saint-Ba-
sile, et Figaro n'aime pas ce bienheureux.
M. de Lanjuinais, ancien représentant
du peuple à l'Assemblée nationale, dé-,
puté au Corps législatif, est. mort avant-
hier par suite de la rupture d'un ané-
vrisme. ·
C'est au moment où il allait rendre les
derniers devoirs à un ami qu'il a suc-
combé.
Le Corps législatif commence mal l'an-
née.
Le jour des Rois, on dcit, parait-il, ti
rer la fève chez le duc de Madrid.
Don Carlos joue encore aux jeux inno-
cents
Nous avons annoncé qu'à partir du
1er janvier les enfants nouveaux-nés seront
visités à domicile par des médecins d'ar-
rondissement.
Chose lugubre, ce sont les médecins des
morts qui sont chargés de la constatation
des naissances.
Pourvu qu'ils n'aillent pas se tromper
et délivrer des billets d'enterrement
Ce soir, réception chez le rraréchal 1
Randon.
̃*̃ ̃̃̃̃̃ *-̃
Le bruit court que les professeurs du m
lycée Louis-le-Grand se seraient refusés ||
à accompagner le proviseur aux Tuile-
ries. Nous donnons cette nouvelle sous il
toute réserve. 1
On nous écrit de Nice
Tout comme l'hiver dernier, c'est au
Casino-Cercle. international que revient de
nouveau l'honneur d'avoir donné le signal
des fêtes qui vont se succéder cette année
à Nice.
Je sors du bal de bienfaisance que les au-
torités préfectorale et municipale viennent
d'organiser au Casino, et je suis tout
ébloui de cette profusion de fleurs, de
diamants, de perles, de précieuses den-
telles, de somptueux tissus et de splendi-
dides épaules que j'ai vus tournoyer sous
mes yeux, cette nuit durant, aux sons en-
traînants d'un excellent orchestre alle-
mand, dirigé par un digne émule des Bilse
et des Strauss de Vienne.
Les expressions me manquent pour vous
rendre compte de cette féerie De, ma vie,
je n'ai rien vu de plus beau, et j'ai vu
beaucoup. En un certain moment, vers les
minuit, alors que le bal était dans toute
son animation, plus de mille personnes
dansaient à la fois dans la grande salle
des fêtes, dans la galerie et dans l'atrium
de ce vaste palais qui défie, au dire des
Anglais, des Américains et même des
Russes, passés maîtres en l'art de donner
des fêtes éblouissantes, tout ce qu'il y a de
plus beau, de plus confortanle et de
mieux entendu dans ce genre, en Eu-
rope.
On me dit que celui qui a doté Nice de
cette merveille a mis dix ans de peines,
d'abnégations, de soins, d'espoir et de dé-
ceptions, pour réaliser son rêve et c'est
enfin, grâce à un riche et hardi capitaliste
marseillais, qu'il est parvenu à aligner
les millions exigés pour achever cette
œuvre si réussie 1
Gloire soit donc, et profit aussi, au pro-
moteur comme à l'édificateur du Casino
de Nice; c'est mon vœu le plus sincère.
•••
Vous parlerai-je de toutes les illustra-
tions du monde cosmopolite qui ont pris
part à cette fête patronnée par la plus
belle partie de la haute fashion niçoise et
i étrangère; cela me serait difficile.*
prit le sacrifice. Elle s'était défiée de la
liberté complète d'Albertine. Il lui fut dé-
montré que ses voiles de pudeur et 'de
bienséance l'enveloppaient toujours. Elle
les admira comme deux êtres purs, en qui
l'honneur habitait.
Elle leur prjt les mains à tous les deux.
Justin étaif émerveillé et attendri de
cette familiarité.
Espérez leur dit-elle.
Espérer quoi? Justin savait que Fer-
nande n'approuverait jamais une union
illégitime.
Albertine frissonna.
Est-ce pue M. Mansoury est mort 1
demanda-talle tout bas à Fernande.
jvï>n!,répondit-elle avec un accent
de ra?roche. La mort même d'un ennemi
np peut jamais être un espoir nli
-Ah! ce n'est pas ainsi que je l'en-
tends, Fernande, tu le sais bien reorit
Albertine.
Mademoiselle, dit Justin, il n'est pas
possible que vous cherchiez à nous abuser
Mais que voulez-vous dire? Nous sommes
d'honnêtes gens. Nous ne vous cacherons
pas que nous nous aimons.
Je vous défierais bien de le cacher!
fit Fernande.
Et nous ne voyons point d'issue à
notre amour. Daignez expliquer.
Je ne le puis pas devant vous, mon-
sieur.
Il fit un pas.
Me pormettrez-vous de revenir pour
savoir?., dit-il à madame Mansoury.
Jo vous' ferai avertir, monsieur Jus-
iijj, continua-Fernande; mais faites tou-
ours comme, si vous ne "deviez pas re-
renir.
Il s'approcha. On aurait dit qu'il allait
n'endre Albertine dans ses bras. Mais il
le la regarda pas et partit avec un san-
;lot. •
Et ce n'était pas un garçon qui pleurait
iouvent.
Fernande resta auprès d'Albertiae. p
H. DE LACREl'ELLR
(La suite à demain.)
Un numéro 15 centimes.
Samedi-Dimanche 2-3 Janvier Î889
Rédacteur en chef i:
H. DE VÎLLEK1ESSANT
KÉDACflON
de 9 heures à II heures, rue Coq-Héron, 5
v de mitti à 5 heures, rue Rossini, 3
Les manuscrits ns sont pas rendus
DJpart-'iiDnU et j.mivs 20 contim?s
BlittEAi'X
5, HDE COQ-11ÊROS ET HUE ROSSiM, 3
Adrrcüaistrateacr
AUGUSTE DUMONT ·(
ABONNEMENTS
Paris 3 mois 13 fr. 50 c.
Déparlements 3 mois. 1O fr. »•
ANNONCES ̃
SIM. DOLLINGEN fils et A. SÉGUY
• Passage des Princes, Escalier C
BUREAUX
5, RUE COQ-HÈROS ET RUE ROSSIN', 3 3
~r"
.̃;• ̃ ̃ "î
Le Figaro c.ontinuant, dans son numéro dtf
""1er janvier, à attaquer de ia "manière îafplus
injuste l'honorable administrateur
bïiotjiè^us irHtféWtf'e, «UHMita l?. trnnslyti^n
Se l'Ecole des langues oi-ï-nialas vivantes!
dans les bâtiments du colite de France à des
"moiifs entièrement contrbïivijs: y:
Malgfé l'installation ùi'M !'qôuî:s de f Ecole
des langues orientales dacs nn le cal dépen-
dant do la Bibliothôquc impériale., ces doux
établiêsemonis ont toiijytu-s été entièrement
Rôp^vdS. R'ri rie $eut g'ëipiitju-îr les àlliisiotts
malveillantes diVigées p«r le Figaro contre
l'administration do la Biblii-Hièquo à propos
d'une » guerre de persccitliou » qpi n'a jamais
existe.
exislé. {Communiqué.)
̃'̃ «gggss»–
LA POLITIQUE
fe'iÏ!
BOURGEOIS DE PARIS
Une année finit* une muée commence.
L'année 1868 niar'tiiié iicbiitéstablemënt
liné étape dans la marcie du gouverne-
ment impérial il a dor-né un peu de li-
berté, on en a pi'is bêaiCoupj et le voilà
en présence des aspirations libérales. Le
forum fermé s'est rouvert deux ou
trois tribunes se sont dressées pour re-
vendiquer les droits de l'homme et les
droits de la femme. La fronde des salons,
l'agitation de la presse, le ton animé des
discussions publiques et privées, tout si-
gnale ce que l'on appelle « un réveil. »
A cela, il n'y a rien à faire. C'est de la
vapeur comprimée qui s'échappe en jetant
dans l'atmosphère des cendres et de la
fumée.
L'état-major de chaque parti paraît prêt
à entrer en campagne. Le pays, lui, sem-
ble encore indécis. Ces crises surprennent
les hommes dans des situations et des sen-'
timents très divers. La génération qui a
entendu le canon des journées de juin en
tremble encore; ceux qui étaient des en-
fants alors, et qui sont aujourd'hui des
n'ont pas les mêmes terreurs. Les
opinions politiques sont surtout des ques-
tions d'âge et de position. A vingt ans on
li'a ni fortune ni carrière âoa>}iaô& -et ou-
est volontiers nariageux après quarante
ans on a sa boutique, sa caisse, son fau-
teuil dans un bureau, sa femme à habiller
(ce n'est pas une petite affaire) sa fille à
doter et son fils à surveiller. Celui-ci donne
bien da souci. Il est républicain comme
son-père l'était il y a vingt ans. C'est «un
mauvais sujet » qui fréquente les tombes
séditieuses du cimetière Montmartre. Et
ainsi, de génération en génération, on re- ,1
trouve les mêmes apaisements et les mê-
mes fermentations. C'est peuf-être ce sys-
tème de compensation qui maintient la
société en équilibre.
11 ne faut pas d'ailleurs trop s'effarou-:
cher des prétentions exorbitantes qu'affi-
chent les partis. Chaque parti est au
fond plus modéré qu'il ne le parait. Oïl
demande beaucoup pour obtenir quelque
chose, et toute aspiration qni dépasse la
mesure du possible est secrétement minée
par une réaction, dont le germe est dans
ses propres entrailles.
Les parlsiueuiaiico cojiotHutiuuueis soirc
reniés par les républicains « honnêtes et
modérés; ceux-ci à leur tour sont reniés
par les démagogues. Le pays se place
toujours dans une moyenne, et sa volonté
finit nar prévaloir.
du FIGARO du 2 Janvier 1869
35
LE
SALON DE FERNANDE
XUI
Suite •
Je sais bien que j'ai tort, répondit
Justin vivement. Mais c'est que la chose va
audelàde cecrueYous croyez. Je voua aime,
et il vaut mieux que je le dise sur-le-
champ, car dans quinze jours, je ne tous
aimerais pas davantage, c'est au-dessus des
forces d'un garçon qui n'a pas été au.
gymnase T?az. Je ne vaux pas beau-
coup, mais je crois que si je voulais me
permettre de frire le bonheur de votre
âme, j'y parviendrais. Et à présent, je
n'aiWune manière et encore très bru-
tale, d'excuser :e que je viens d'oser vous
dire Peut-être bien, ainsi que vous le
pensiez, mon grand-père était-il riche. Je
triompherai demes scrupules, el si je re-
trouve là-bas m héritage acceptable, je
me ferai refuse.' par vous, car je vous de-
manderai votre main.
Elle rit d'aberd, puis s arrêtant
Il n'y a qr'un malheur, dit-elle, c'est
que je suis miriée. Le sang se ralentit
quelques secondes dans les veines de Jus-
tin.
Mariée ;'écria-t-il. On m'avait as-
suré votre veuvage. Alors pardonnez-moi,
madame, je n'ai plus risn à faire ici. ni
ailleurs.
i II sortit tou à fait..
Mais il reviit deux jours après,
jamais unt fleur n'a moins caché son
parfum que celle de l'amour. Justin Noir-
moutiers avril deviné t- à
dame Mansoiry. t
On lui raonta dans la cov: ̃ -se que le
mari avait «u des torts très n>- axx avec
On tient tr«p. compte de. certains cou-
rants accidentels qui s'établissent dans
une société .troublée' comme la nôtre. Ce
sont les hautes marées de l'océan agité
dans ses profondeurs!. P'ar1 elemplej le
combat animé qui se livre, depuis quel-
ques années; sur la question religieuse ne
représente, ni dans un ëens ni dans l'au-
tre, l'opinion moyenne du psys. La France
ne sera jamais athée ni bigote. On n'ern-
pSchtirâ jamais ips Français de faire leur
première communion on ne les amènera
pas davantage à communier tous les deux
jours. La mode sera tantôt à l'ironie vol-
tairieenej tantôt à cette dévotion mon-
daine qui attire la foule dans les egiideSj
quand elles sont chauffées, quand le pré-
dicateur est un candidat à l'Académie,
s'il n'est déjà académicien, surtout quand
Faure, r'ÀlBoni, la Patti et rsadsmsiselîe
Nilsson se chargent de chanter les louan-
ges du Seigneur. On n'est pas toujours sur
d'avoir une loge à l'Opéra et aux Italiens;
mais on a sa chaise à la Madeleine et à
Notre-i)ame-de-Lorettej et il n'est pas
désagréable de faire son salut on efiten*
dant de bonne musique. A la Redoute,
aussi bien que dans les bureaux de l'Uni-
vers, il faudra capituler avec l'esprit du
temps.
Cette situation est déjà pressentie et
dénoncée par les déchirements du parti
dit « religieux. » Les légitimistes gens
du monde, polis, bien élevés, cultivant la
vie élégante, à pied, à cheval et en phaé*
ton, veulent bien mettre le bout du doigt
dans le bénitier, à la condition que
et Guerlain y aura, d'abord versé des
eaux de. senteur. Ils pratiquent peu à
Paris ils pratiquent assidûment à la
campagne, pour donner le bon exemple
à leurs paysans. D'ailleurs, c'est une tra-
dition obstinée que le trône de saint Louis
doit être adossé à l'autel. Mais ils com-
prennent parfaitement que le peuple fran-
çais n'aura jamais de goût pour la besace
et la vermine du frère Labre, et que le
catholicisme mystique, illuminé, austère,
hargneux et malpropre, hostile aux arts,
it la science, au bien-être, au « conforta-
ble, n soulèvera toujours dans ce pays-ci
âos répugnances invincibles. Là est le
fond de leur querelle avec les ascètes fa-
rouches de Y Univers. °
Ceux-ci, de leur côté, récriminent. A
leur point de vue ils sont dans le vrai.
Que nous importe qui règne, disent-ib, si
le pape est au-dessus des rois. Que nous
importe une constitution ou une autre, à
nous qui ne connaissons que le sylla-
bus.
Le conflit en est là. Il s'anime tous les
jours, et se signale par cette aigreur par-
ticulière aux gens de sacristie.
De leur côté, les derniers fidèles de la
sainte Ampoule ont une prétention quel-
que peu grotesque. A une société travail-
lée par des crises périodiques, ils disent,
avec la candeur de la foi ou l'aplomb des
•tireurs de c&rtes « Prenez la légitimité,
le droit héréditaire transmis sans secousse,
de mâle en mâle, et vous retrouverez la
stabilité' qui vous manque. »
Berrjrer, il y a une vingtaine d'années,
avait inls so» éàaqaence au service de
cette thèse, datas s un discours qui se trouve
aujourd'hui reproduit par les journaux
intéressés dan la question.
C'est là une raie bouffonnerie et l'élo-
quence n'y peu^rien.
sa femme. Peut-être n'aurait-elle pas été
fâchée de recourir à lui, pour n'importe
quoi. Peut-être gavait-elle jugé un sot,
d'être parti si vitt, après sa déclaration
Mais ce n'était a que des prétextes qu'il
se donnait.
Il revint parce m'il lui fut impossible
de ne pas revenir [
Il se se serait remontré bien pliis vite,
s'il avait pu lire-, â)fês son départ, dans le
livre pwr du coeur l'Albertine.
Justin ne lui av it jamais apparu rriid
pour lui faire du bien. Il avait été le rayon
des heures de sa r& dont Nauvain était
l'ombré. Quand il ^'arrivait pas f>u fond
de son être, par unipremîer mouvement
de générosité, il cha-niait et amusait son
esprit ,par une touriure qui ltîi plaisait.
Quand il ne faisait pfe battre son pouls, il
occupait sa pensée. ^le ne s'était jamais
trouvée qu'avec un jpéci'îafeur comme
Mansoury, ou un achéeur effronté comme
Nauvain, Justin appâtait à cette char-
mante bourgeoise,la ffatcheur des régions
inexplorées. Elle était de ces femmes qui
se laissent prendre pa; la bravoure, et
Justin aurait été fort embarrassé pour ca-
cher la sienne-
II n'était pas tout îê honde. Il arrivait
chevaleresque, d'un pajs dont on n'avsit
jamais raconté à Albertiie qua des impu-
deurs et des roueries. Cetait intéressant
de voir un homme qui nïvait fait que des
vers jusqu'à vingt-cinq è.i?. Elle 'ne les
coi'aaissait pas, mais
qu'ils avaient un rythme^eonnne le cava-
lier qui les rimait, et -qs'ih plaisaient à
Fernande.
Aussi Albertine se tro;i|va-i-eiïè. très-
triste avec son diner refusé, Elle ne se
demanda pas sous queliel invocation il
viendrait le lendemain, mâjis elle sentait
à un mouvement de son cqur, qu'il arri-
verait, et elle se composa une toilette
pour lui, comme il avait ssns doute un
sonnet pour elle.
Hélas! elles sont bien 33 à notre
date de i'hégyra, les femmes se réjouis-
sent encore que l'on met! !es rimes à
leur petit nom t
Cependant elle en fat, ce ,r-là, pour
Ijïïoï il y a quatre-vingts ans, on a
coupé la tête de Louis XVI chassé Louis
XViII en I8io c'ha^sd Charles X en 1830,
et voilà la stabilité que vous offrez à la
France mais les deux derniers régnes
tint ét;5 tout aussi agités qu'aucune de nos
périodes révolutionnaires. Louis XVIII,
en 1822, faisait encore couper quatre tê-
tes en place de Grève. Charles X s'est
heurté pondant cinq ans à l'émeute, en
attendant l'expio?ion parlementaire qui
l'à rejeté psv dessus le détroit.
En ̃définitive, une restauration, dans
notre-pays, n'est qu'une des formes ds la
révolution. Ce n'est même pas un en-
tr'scte, c'est le drame qui continue sa
marche. Il y à plus c'est que, de tous les
gouvernements qui peuvent se succéder
en France, la légitimité est celui qui a le
moins de chance d'y prendre racine. Je ne
sais si les légitimistes ont l'illusion de
croire que Henri V aurait pu exercer pen-
dant six semaines le pouvoir absolu que
l'on a concédé à un neveu de Napoléon.
Ge serait une erreur. La révolution sup-
porte des siens ce qu'elle ne tolère pas de
ses ennemis naturels. Quelle qu'ait été la
contrainte subie pendant une douzaine
d'années, au fond, il y avait la certitude
qu'une dynastie issue du .suffrage popu-
laire aurait un jour à compter avec lui.
Il en serait autrement avec une famille
qui se prétend propriétaire du trône de
France au même titre que tout citoyen est
propriétaire du bahut qu'il a-hérité de son
père.
De deux choses l'une ou le petit 61s de
Louis X[V voudrait rentrer dans tous ses
droits, et il tomberait comme est tombé
l'autre soir le Roi d'Amatibou au Palais-
Royal ou,-iniMèle à son origine, à son
principe et trahissant sa propre cause, il
essayerait de gouverner avec et par la li-
berté mais cette situation, difficile pour
tous, présenterait pour lui des difficultés
particulières. Que ce soit un ressenti-
ment fondé ou un préjugé révolutionnaire,
comme le prétendent les née-légitimistes,
on n'ôtera pas de l'idée de l'ouvrier et du
paysan qu'un Bourbon est une créature de
l'étranger. Si c'est vrai, il y a cause
d'exclusion si c'est absurde c'est encore
la même chose, parce qu'on ne raisonne
pas les préventions d'un peuple de qua-
rante millions d'hommes.
D'où je conclus qu'une troisième res-
tauration, loin d'apporter la stabilité, se-
rait le gouvernement « qui nous divise-
rait le plus. »
II y aurait à rechercher quel est le gou-
vernement qui ferait de nous une famille
unie et sans discorde. J'avoue que je ne
le connais pas, et je donnerais volontiers
une récompense honnête à qui pourrait
me l'indiquer..
Il y a en ce pays-ci une opposition en
permanence contre le pouvoir. Ce
qu'il y a de plus curieux à observer, c'est
que l'opposition ne se pique pas de,logi-
que.
Elle a renversé Louis-Philippe, en l'ac-
cusant de_ ménager « la paix à tout prix»;
elle tend à miner Napoléon III en l'accu-
sant de vouloir la guerre à tout propos.-
Un éiranger, égaré dans n'os théâtres, ne
comprendrait plus rien au caractère du
peuple français. Ce Gaulois belliqueux
siffle maintenant les tambours-majors.
Toute allusion est saisie avec passion.
Par exemple, à l'Ambigu, l'autre soir,
cas imaginations de toilette. Justin ùd se
montra pas.
Il avait beaucoup gagné à ne point pa-
raître. L'absence est une interlocutrice
très éloquente, qui tient des discours
sans fin4 >
Albertine en avait tant entendu depuis
deux jours, qu'elle eut peur, quand elle
vit Justin dans la rue. Néanmoins elle lui
évita l'embarras d'une rentrée en matière.
Monsieur. Justin, lui dit-elle, vous
auriez bien mieux fait de ne pas remon-
ter. J'ai vu Fernande hier; elle m'a éclairée
sur le danger de nos relations.
Toujours Fernande!. s'écria-t-il. C'est
une sainte Cécile sublimej mais de quoi
se mèla-t-ells <
Ne lui en voulez pas tant Elle m'a
prouvé que je vous aimais.
Elle la brave flilé 1 Ne vous ai-je
pas toujours dit qu'elle avait du génie? 1
Le génie ect infaillible. Ainsi elle vous
a prouvé. Enfin vous m'aimez?
Il trébuchait en réunissant des phrases
qui n'avaient pas le sens commun. Mais
son trouble inarticulé, sa surprise rou-
gissante, sa joie qu'il ne savait comment
traduire, parlaient si bien, que madame
Mansoury se serait reproché son impru-
dence, si elle n'avait pas toujours dû cé-
der par nature à l'impulsion de sa fran-
chise.
Comprenez bien que c'est un mal-
heui1, si je vous aime reprit-elle. Je sais
qu'il n'y a rien de plus ridicule que de
parler de sa vertu. Je sais aussi «ne pour
beaucoup de gens du monde, je suis libre
de mes actions, et que j'ai tous les droits
possibles Mais c'est plus fort que moi r
J'ai toujours eu une sorte de conumVîra-
iien méprisante pour les femmes qui ont
un amant. Si on pouvait partir à deux
pour une étoile, et se perdre dans l'azur,
je ne dis pas que je ne serais point ieaîée.
C'est la prose de l'amour qui me répugne 1
Tromper son concierge, ou ne pas le
tromper, ce qui est pire ouvrir, la porte
le matin, en tremblant que le V( .*1 ne
vous entende; peut-être, si on a plus hy-
pocrisie, louer une chambre sous v.i aux j i
Boni, montrer sa vraie tigure à ur.c ̃: <-m->
dans un'drame où il n'y avait pas plus de
politique que dans le Journal d'Agriculture,
un personnage vient à dire 5
-t Voilà une guerre qui finira mal.
Ja n'en connais pas qui finisse bien,
réplique un autre.
Ici trois salves d'applaudissements.
Certes, la censure ne pouvait découvrir
ce serpent cacné dans les fleurs d'un bon-'
doir.
Autre symptôme les marchands de
jotiets ne vendent plus de sabres et de
tambours.
Philosophiquement la guerre est une
abomination. Si c'est là ce qu'on veut
dire, je suppose que tout le monde est
d'accord. Mais, pour vivre en paix, il faut
encore être sûr de ne pas rencontrer d'a-
gresseur. Un homme peut bien jurer
de ne jamais se battre en duel; mais il ne
peut répondre qu'un jour il ne recevra
pas une giffle;.auquel cas il met le ser-
ment de côté avec les lettres de ses pre-
mières maîtresses auxquelles il avait juré
fidélité éternelle.
Je ne prends donc pas beaucoup au sé-
rieux les manifestations publiques contre
« les horreurs de la guerre. » Je sup-
pose que demain M. de Bismark envoie
trois cent mille Prussiens sur le Rhin
tous les claqueurs qui sont aujourd'hui à
la paix seront à la guerre.
Auguste Villemot.
'profils parlementaires
'M- NOGENT-SAIMT-LAURE^JS
DÉPUTE DU LOIRET
81 ans. Elu en 1883 dans une élection par-
tielle. Réélu en 1857. Réélu en 1863,
pal* 29,374 sur 26,413 votants.
Le menton rasé, les- cheveux luisants,
l'obésité menaçante d'une jtfttne premier
sur le retour; de l'esprit, de la retire, une
grande aisance d'improvisation, une cer-
taine désinvolture qui va quelquefois
jusqu'à la vulgarité, un-pencliant à parler
les mains dans ses poches, avec l'accent
ultrà-familier de la conversation la plus
intime, une perpétuelle tentation d°, dire
Ja liberté-, que qu' c'est qu' ca?_ sans plu h de
cérémonie que s'il en causait après boire
« au café du théâtre enfin un manque ab-
solu de solennité que l'on serait quelque-
fois tenté de prendre pour une absence de
conviction voilà le Nogent Saint-Lan-
rens d'aujourd'hui. Il apporte dans les
plus graves débats la négligence et la pa-
resse de l'avocat blasé qui n'a aucune il-
lusion sur son dlient. Il défend un article
de loi comme s'il plaidait les circonstances
atténuantes dans un procès criminel. Il a
toujours l'air de donner quelques brèves
explications d'office pour un accusé con-
damné d'avance par le jury. t
C'était assez pour la loi sur la propriété
littéraire mais comme rapporteur de la
loi sur la presse, il. parut insuffisant. Il en
valait bien d'autres, à cela près qu'il af-
fecte la nonchalance quand les autres font
du zèle, et le scepticisme dans les moments
où il faudrait un peu de passion. Il n'a
peut-être pas l'halaine plus courte, mais
il a la tenue plus molle que MM. Mathieu,
Basson-Billant ou Gressier. Il se rassiod
après avoir dit deux mots, lorsque la 'i
Chambre en demande trois et que le plus
sobre de ses rivaux en dirait quatre. A
peine il commence, déjà il a fini, et sa
dernière phrase signifie régulièrement, on
peu s'en faut, que tout cela lui est bien
égal.
Cette façon de prendre les choses, lui
enlève peu'à peu le crédit qu'une grande
assemblée n'accorde qu'aux Jean-Jean ba-
1 vards et majestueux.
plication malsaine; ou encore, braver plus
ouvef tëment toutes les lois et je no les
défends pas; car j'en sais victime cou-
rir les auberges ou les eau*, avec un
homme qui n'est pas votre mari, mêler Un
accouplement déshonnête aux groupes ho-
norables qne l'on rencontre, mentir, se
jouer des autres* compromettre de vrais
ménages, usqu'â ce qu'un affront mérité
vienne vous frapper en pleine figure, cela
m'a toujours paru la moins enviable de
toutes les joies Je suis comme la petite
fille dont vous me parliez avant-hier, et je
mourrais de malaise, dans le scandale.Ne
m'en voulez pas. C'est dans mon sang. Ma
mère a été une digne femme. Je serai
comme elle, autantque je pourrai. Et je le
pourrai toujours, j'en suis sûre. Vous
voyez bien que c'est très fâcheux, notre
amour 1
Justin avàit eu beaucoup d'aventures,
dont il ne s'était point vanté à Albertine,
et desquelles il s'était toujours tiré avec
grâce. En outre, jamais ses yeux n'avaient
caressé une plus charmante créature que
madame Mansoury, et il était bien près
de la passion. Mais il était aussi près de
la droiture. Cette sincérité absolue le
toucha. Il n'avait jamais été très scrupu-
leux avec les idées des femmes mais cette
analyse intelligente de certaines répu-
gnances le convainquit. Si elle lui eût fait
des phrases, elle eût été perdue, et elle
serait devenue sa maitresse avant la fin f
de la journée. Elle avait parlé sans affec-
tation. Il fut de son avis.
C'est stupide à moi de l'avôaer, ré- 1
pondit-il. Mais il me semble qu^vous avez
raison.
Vous êtes loyal, reprit Albertine en
lui tendant la main si modestement qu 11
n'y avait pas moyen de voir dans ce geste
une autre caresse, et je vous remercie.
Je n'ai plus aucune frayeur da votre pré-
sence, et je ne vous empêche pas de re-
paraître de temps en temps.
Ali pour cela, n'y compte-; dit-
il très-vivement. J& ne. suis que trop rai-
soasaNe aujourd'hui. Mais un au." jour,
ou je .ne ferais mettre à la por •<'̃̃ ^u je
vow ̃ lidamnerais à cette situai que
-LE -DUC DE TARENTE
DÉPUTÉ DU LOIRET
44 ans». Elu en 1882. Réélu en 1857.
Réélu en 1863 par 11,838- voix sur 17,806
votants.
E0core un chambellan! II fut tenu
sur les fonts de baptême par le roi Char-
les X et par la Dauphins mais l'eau lus-
trale de la légitimité n'effaça point en lui
le péché originel, et en 1852, le bonapar-
tiste reparut tout entier sous le filleul.
Quand on a eu pour père" le maréchal
Macdonald, on peut se laisser gratter un
instant, mais on ne se laisse pas conver-
tir, et, aussitôt que l'Empire ressuscite,
on repousse, avec les amis du premier de-
gré, non-seulement les amende ents qui
ont une forte odeur républicaine, mais
encore ceux qui ont un petit parfum
royaliste. àant le fils du héros de Wagram
Cependant le fils du héros de Wagram
n'a qu'à se bien tenir. Son ancien concur-
rent, M. Pereira, qui est resté très popu-
laire à Orléans, le suit toujours de l'ceil,
et lui vendra chèrement la victoire au
printemps prochain, si tant est qu'il la
lui vende.
L. de la Combe
A demain, MM. de Groucliy et Joaehim
Mural.
Echos de Paris
L'année 1869 s'annonce on ne peut
mieux les huîtres font défaut
Si elle pouvait finir de même
Nous lisons dans le Mémorial de Safnte-
Hélène, édition de 1823, tome II, page
377
« Je ne me suis jamais connu d'autres
jouissances, d'autres richesses que celles
du public. C'est au point que quand José-
phine, qui avait le goût des art-?, venait, à
la faveur de mon nom, de s'emparer de
quelques chefs-d'œuvre, bien qu'ils fussent
dans mon palais, sous mes yeux, dans mon
ménage, je me trouvais comme blessé, je
me croyais VOLÉ ils n'étaient pas au Mu-
séum. »
Qu'en pense M. de Niewerkerke?
Pour les cent cinquante nominations de
capitaines de la garde nationale mobile
de Paris, qui ont paru dans le^Journal of-
ficiel, il y avait chez M. Delanoix, capi-
taine-major de cette armée, plus de cinq
cents propositions presque toutes apostil-
lées des plus hautes recommandations.
On s'occupe activement en ce moment,
à l'état-major, des nominations des adju-
dants et sergents-majors, qui représen-
tent les deux parties les plus sérieuses de
cette arme, l'instruction et la formation
des compagnies.
Les nominations des lieutenants et sous-
lieutenants n'auront lieu que dans le cou-
rant de janvier.
#*#
Le nombre des proposés pour ces deux
grades est très considérable, quoi qu'il
n'y ait, comme pour les capitaines, aucune
solde attribuée à ces fonctions.
Immédiatement après, auron t lieu les
nominations des capitaines, lieu tenants et
) sous-lieutenants dans les départements.
•V
Les -chefs de bataillon et chefs de l'es-
cadron de l'artillerie de la garde natie-
nale mobile, accompagnés de quelques
capitaines qui avaient appris leurs nomi-
nations, étaient présentés à l'Empereur le
1er janvier, immédiatement après la garde
nationale.
L'Empereur les félicita sur leur belle
tenue et les remercia de l'empressement
vous redoutez tant. Si encore, vous étiez
moins jolie, Madame, on pourrait voir 1
Mais avec ces airs là c'est impossible! 1
Ainsi vous ne reviendrez plus ? 1
Je ne veux pas vous pousser à la
cour d'assises, madame. Toutefois, soyez
veuve, si vous voulez me revoir.
Il y avait un fond de désespoir vrai,
ous cette forme de plaisanterie qu'il ne
avait pas abandonner.
Et où irez-vous ? dit-elle effrayée. 1
Si le Mexique n'était pas tellement
rebattu et battu, je vous dirais bien que
j'irais là! Cependant, je serais désolé de
devenir très riche à présent. Je ne ren-
contrerai plus une femme à laquelle je
désirerais autant donner des perles! L'im-
portant est que je quitte Paris, l'Europe,
que sais-je? Enfin, qu'il n'y ait pas de
railway entre moi et vous! Je commence
par moi, parce qu'il est peu probable que
vous me pourchassiez!
Albertine était dans un défilé. Eiy ne
voulait pas se donner à Justin makre son
amour elle ne voulait pas, et a aucun
prix, ne plus le retrouver.
Elle n'imaginait pas de *ôyen m de le
retenir, ni de le renvoyer
Heureusement, la soniette, cette provi-
dence de tant de dén^i«nts, se mit à re-
muer.. n
Justin Noirmoitiers était plus noble que
pas un gentilionime. Ii se croyait sur
qu'Albertine-ui appartiendrait, sinon par 1
un consentement absolu, au moins par un
entràîne>i"en*' irréfléchi. Mais il vit des i
ombre?- pour elle sur cette route témé-
raire
--Adieu, madame, dit-il fermement.
Fernande entrait comme il prononçait
ces mots.
M. Combier était venu la voir, et lui I
avait appris le jugement et la plainte. Elle x
laissait des lambeaux de son cœur à son t
Calvaire. Elle se devinait déshonorée et f
abandonnée. Elle ne voyait plus que la s
nuit dans son avenir. Mais rien ne la re-
tenait pour aller consoler les autres.
Le ton de Justin, le geste effaré d'Al-
berline, la mirent au courant ds *<̃̃̃̃.
Elle n'avait entendu qu'un mot c m- t
,`ü
qu ils avaient mis à se présenter, auxïïguiç tl
leries.. yC, U}%
/w\
Il y a des gens qui s'im^inent que ï^s£;i
Figaro n'a pas paru hie d cause du pré-
mier jour de l'an.
Erreur? c'est à cai^e- de la Saint-Ba-
sile, et Figaro n'aime pas ce bienheureux.
M. de Lanjuinais, ancien représentant
du peuple à l'Assemblée nationale, dé-,
puté au Corps législatif, est. mort avant-
hier par suite de la rupture d'un ané-
vrisme. ·
C'est au moment où il allait rendre les
derniers devoirs à un ami qu'il a suc-
combé.
Le Corps législatif commence mal l'an-
née.
Le jour des Rois, on dcit, parait-il, ti
rer la fève chez le duc de Madrid.
Don Carlos joue encore aux jeux inno-
cents
Nous avons annoncé qu'à partir du
1er janvier les enfants nouveaux-nés seront
visités à domicile par des médecins d'ar-
rondissement.
Chose lugubre, ce sont les médecins des
morts qui sont chargés de la constatation
des naissances.
Pourvu qu'ils n'aillent pas se tromper
et délivrer des billets d'enterrement
Ce soir, réception chez le rraréchal 1
Randon.
̃*̃ ̃̃̃̃̃ *-̃
Le bruit court que les professeurs du m
lycée Louis-le-Grand se seraient refusés ||
à accompagner le proviseur aux Tuile-
ries. Nous donnons cette nouvelle sous il
toute réserve. 1
On nous écrit de Nice
Tout comme l'hiver dernier, c'est au
Casino-Cercle. international que revient de
nouveau l'honneur d'avoir donné le signal
des fêtes qui vont se succéder cette année
à Nice.
Je sors du bal de bienfaisance que les au-
torités préfectorale et municipale viennent
d'organiser au Casino, et je suis tout
ébloui de cette profusion de fleurs, de
diamants, de perles, de précieuses den-
telles, de somptueux tissus et de splendi-
dides épaules que j'ai vus tournoyer sous
mes yeux, cette nuit durant, aux sons en-
traînants d'un excellent orchestre alle-
mand, dirigé par un digne émule des Bilse
et des Strauss de Vienne.
Les expressions me manquent pour vous
rendre compte de cette féerie De, ma vie,
je n'ai rien vu de plus beau, et j'ai vu
beaucoup. En un certain moment, vers les
minuit, alors que le bal était dans toute
son animation, plus de mille personnes
dansaient à la fois dans la grande salle
des fêtes, dans la galerie et dans l'atrium
de ce vaste palais qui défie, au dire des
Anglais, des Américains et même des
Russes, passés maîtres en l'art de donner
des fêtes éblouissantes, tout ce qu'il y a de
plus beau, de plus confortanle et de
mieux entendu dans ce genre, en Eu-
rope.
On me dit que celui qui a doté Nice de
cette merveille a mis dix ans de peines,
d'abnégations, de soins, d'espoir et de dé-
ceptions, pour réaliser son rêve et c'est
enfin, grâce à un riche et hardi capitaliste
marseillais, qu'il est parvenu à aligner
les millions exigés pour achever cette
œuvre si réussie 1
Gloire soit donc, et profit aussi, au pro-
moteur comme à l'édificateur du Casino
de Nice; c'est mon vœu le plus sincère.
•••
Vous parlerai-je de toutes les illustra-
tions du monde cosmopolite qui ont pris
part à cette fête patronnée par la plus
belle partie de la haute fashion niçoise et
i étrangère; cela me serait difficile.*
prit le sacrifice. Elle s'était défiée de la
liberté complète d'Albertine. Il lui fut dé-
montré que ses voiles de pudeur et 'de
bienséance l'enveloppaient toujours. Elle
les admira comme deux êtres purs, en qui
l'honneur habitait.
Elle leur prjt les mains à tous les deux.
Justin étaif émerveillé et attendri de
cette familiarité.
Espérez leur dit-elle.
Espérer quoi? Justin savait que Fer-
nande n'approuverait jamais une union
illégitime.
Albertine frissonna.
Est-ce pue M. Mansoury est mort 1
demanda-talle tout bas à Fernande.
jvï>n!,répondit-elle avec un accent
de ra?roche. La mort même d'un ennemi
np peut jamais être un espoir nli
-Ah! ce n'est pas ainsi que je l'en-
tends, Fernande, tu le sais bien reorit
Albertine.
Mademoiselle, dit Justin, il n'est pas
possible que vous cherchiez à nous abuser
Mais que voulez-vous dire? Nous sommes
d'honnêtes gens. Nous ne vous cacherons
pas que nous nous aimons.
Je vous défierais bien de le cacher!
fit Fernande.
Et nous ne voyons point d'issue à
notre amour. Daignez expliquer.
Je ne le puis pas devant vous, mon-
sieur.
Il fit un pas.
Me pormettrez-vous de revenir pour
savoir?., dit-il à madame Mansoury.
Jo vous' ferai avertir, monsieur Jus-
iijj, continua-Fernande; mais faites tou-
ours comme, si vous ne "deviez pas re-
renir.
Il s'approcha. On aurait dit qu'il allait
n'endre Albertine dans ses bras. Mais il
le la regarda pas et partit avec un san-
;lot. •
Et ce n'était pas un garçon qui pleurait
iouvent.
Fernande resta auprès d'Albertiae. p
H. DE LACREl'ELLR
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