Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1868-12-25
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 25 décembre 1868 25 décembre 1868
Description : 1868/12/25 (Numéro 361). 1868/12/25 (Numéro 361).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k271343s
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
45* Année 3' Série iSuméro 3ti l
Uu numéro 15 oeuuiiiu».
.Vendredi 2o Décembre 1&68
Rédacteur en chef
H. DE VILLEMESSANT
RÉDACTION
de • heure» à 11 heures, rue Coq-Hérde midi à S heures, rue Rossini, IjjC:
Lu manuscrits ne sont pas rendus £*
Mpartementa et gares 110 centimes
BUREAUX
5, BUK COQ-HÈHON ET RUE ROSSIIf I, S
Administrateur
AUGUSTE DUMOMT
ABONNEMENTS
Fana 3 mon 1 3 fr. 50 o.
Départements 3 mois, 1Q fr, •> ^fSf
ANNONCES
HM. DOLLINGEN flls(«t A. SBGUT fc?
Passage des Princea, Escalier G p ~).
BUREAUX V :|
5, HUE COQ-HÉRON EX ttffîrilOSSIIU, 5 \»Y
COHMENTADIES DE LA SEMAINE
Je n'ai point l'intention d'abuser traî-
treusement du conflit turco-grec, et de
résoudre ici la question d'Orient, entrée
il y a un quart d'heure dans sa treizième
pliage, qui ne sera pas .la dernière. Ce se-
rait là, de ma jja*rt, vis-à-vis des lecteurs
du Figaro, un lâche guét-apens, très ag-
gravé par une complicité flagrante avec
M. Ernest Dréolle. Et puis, M. de La Va-
lette m'a pris mon sujet et prépare au-
jourd'hui même, sous forme de circulaire,
une chronique à sensation qui ferait cer-
tainement du tort à la mienne.
Les gens qui cherchent à coups de plume
la solution définitive de la question d'O-
rient, commencent d'ailleurs à me rappe-
ler vaguement-xeux qui. poursuivent la
quadrature du cercle. Peut-être, en réflé-
chissant, la meilleure solution était-elle
la solution Ponsard, bien qu'elle fût pro-
posée par la poëte dans un Français dé-
plorable
T.tquen'aclietcz-vous, ce serait plein d'astuce,
Constantinoule au Turc, pour le revendre au
[Russe? 1
En dehors de cette transaction à l'amia-
ble, sur laquelle la BYance eut perçu une
bonne commission une commission à
FEgyptienne, je ne vois partout que gâ-
chis, et le seul sage de tous ceux que tou-
che l'affaire me paraît encore être le prin-
cipal intéressé, S. M. le sultan. Tandis
que les cartes s'embrouillent il compose
tranquillement de petits morceaux de mu-
sique, qu'il fait éditer en catimini à Mi-
lan. La dernière de ces productions est
une valse tout à fait remarquable qui,
avec un vif à propos, est intitulée La
MÉLANCOLIE.
Je comprends à merveille que S. M. le
sultan ait l'âme pleine de bémols. Quant
aux Grecs, qui abusent sensiblement des
-Thermopyles depuis quelquetemps, si nous
̃'Plions encore aux jours heureux où Dé-
mostuène charmait ses concitoyens en
leur racontant des apologues, je leur en-
verrais, pour tout conseil, une des plus
jolies fables de notre Lafontaine Lu che-
val voulant se venger du cerf. Le cheval im-
prudent, ce sont ces braves palikares dont
l'image fait si Wên sur les pendules d'hô-
tel garni le cerf représente assez exac-
tement les Ottomans qui, après avoir été
la terreur de l'Europe, sont tombés à ce
point d'en être simplement l'embarras.
Quant à l'homme qui pourrait bien,
ayant tué le cerf, mettre la bride et le
mors au cheval né de l'écume de la mer
d'Eubée, aucuns" disent que ce ne sau-
rait être un autre que ce grand géant
barbare et corrompu, ce peuple Russe
étrange et redoutable qui, d'une main re-
pêche devant Sébastopol ses navires cou-
lés par- nos boulets, et de l'autre présente
à la Patti des bouquets de violettes de
Nièe et de camélias de Milan.
Ces malheureux Grecs, mis à la mode
par une littérature qui a fait son temps,
nous paraissent aujourd'hui les gêneurs
les plus malencontreux du monde. La
Bourse est peu sensible aux charmes des
longues fustanelles blanches. De toute
l'antiquité, elle n'apprécie guère que l'his-
toire de ce jeune Spartiate, qui se laissait
manger le ventre par un loup plutôt que
de restituer ce qu'il avait volé à son voi-
sin et de rembourser ses actionnaires. Elle
envoie au diable les descendants de Thé-
sée, qui sut si bien emmêler le. fil du la-
byrinthe de Crète.
Leur héroïsme même est contesté, et
plus d'un prétend que les moines d'Arca-
iPenilletoa du FIGARO do 95 décembre 1868
–r
LE
SALON DE FERNANDE
x ̃̃,̃
Suite
25 novembre. Florence.
Je n'ai pas voulu rester à Rome sans
Amédée.
Nous sommes arrivés ici à midi. Il a été
chercher le colonel. Il n'y a pas un ins-
tant à perdre. C'est nous qui retenons le
poignard. Mais il nous échappera, si nous
ne nous hâtons pas.
Nous n'avions rien pris depuis Rome.
J'avais commandé le déjeuner. Amédée
devait me rejoindre. Nous sommes des-
• cendus à l'hôtel des Tré-Donzelle.
Je m'ennuyais dans ma chambre. Je ne
sais pourquoi, j'ai eu l'idée de me rendre
à la salle à manger.
Il y avait une dame assise devant un
petit couvert. Je venais en face d'elle. Je
n'ai jamais eu une telle frayeur. Cette
dame était la mère d'Amédée, cette terri-
ble duchesse
Je l'avais vue une fois à une assemblée
de charité à Paris, où elle ne laissa parler
que son orgueil.
Le sol allait manquer sous nous. Que
devenir?
Si Amédée voyait sa mère, il retombe-
rait sous son influence. Devais-je le pri-
ver de moi? Je savais qu'il pouvait en
mourir. Et en tout cas, l'heure passe-
rait. Le père Ascanio ne réussirait pas à
garder plus longtemps Sforzi chez lui, et
Reproduction interdite, excepté pour les
Jonwiaux qui pot traité avec la Société des
Ûen» de lettres.
dion qui ont sauté avec leur couvent, ont
sauté à peu près comme saute la banque à
Hombourg, parce qu*ils n'ont pas pu faire
autrement. On s'est empressé d'en agir
avec ces Hellènes turbulents comme avec
les mauvais coucheurs au bal de l'Opéra.
Quand le commandant de Y Enosis a en-
voyé un bon boulet de calibre dans la fré-
gate d'Hobart-Pacha, les officieux se sont t
interposés à l'instant, et ont persuadé à ce
brave homme d'amiral que ce n'était pas
là un soufflet tout au plus un coup de
poing, quelque chose comme un salut ami-
cal et familier, chose permise et qui ne
donne point matière à aller tout de suite
sur le pré.
Le fait est que les gens qui partent pour
l'Orient avec un gros bagage d'illusions
fournies par la maison Hachette et Dézo-
bry, en reviennent tous effroyablement
sceptiques. Ils se rallient à l'opinion de
cette héroïne d'un roman de M. Feydeau,
extravagante et charmante, qui, sur toute
la question d'Orient, n'avait d'autre avis
que celui-ci beau pays, mais trop de
puces.
Il est vrai que le peu d'intérêt que peu-
vent inspirer les pions n'enlève rien au
mérite de la partie que jouent MM. les di-
plomates, quelques-uns sans y voir plus
clair que M. Murphy, le joueur d'échecs
américains.
Il convient, paraît-il, qu'il y ait ainsi
en Europe deux ou trois questions obscu-
res qu'on peutrouvrir et fermer à volonté,
comme une porte de sortie masquée dans
le mur, selon les besoins du moment. Les
ménagères se préparent pour les mauvais
jours un jambon qui mitonne dans la
saumure les gouvernements se mettent
de même une question sur la planche,
qu'on va chercher quand l'heure est venue
d'occuper le tapis. Telle est la question
d'Orient, telle est celle du Sleswig-Hols-
tein. ·
Un pair de France, avec qui j'en causais
hier dans la boutique d'un libraire, me ci-
tait, au sujet de ce pays dont on parlera
quelque jour, bientôt peut-être, un joli
mot de lord Jolm Russell
« Il n'y a, disait un jour' l'homme
d'Etat anglais, que deux personnes en
Europe qui connaissent bien la question
du Sleswig-Holstein, le chevalier R. qui
me l'a expliquée, et moi. Malheureuse-
ment, il est mort, et moi je l'ai oubliée.» »
C'est un- peu l'histoire de la question
d'Orient. Ce qui n'empêche pas qu'elle ne
soit, avec la première représentation de
Théodoros, la plus légitime préoccupation
des Parisiens. Les questions politiques
sont comme les oracles les moins claires
sont les meilleures, et les plus dignes de
nous absorber. Du moins, les augures,
qui en vivent, ont fini par nous le faire
croire. ̃
Parler de l'Orient, ce n'est point parler
politique. Les événement-, avec leur~cor-
tége demensonges et d'illusions d'optique,
donnent à cette question l'apparence d'un
vaudeville à tiroirs, coupé à intervalles
réguliers par des intermèdes militaires. A
-quelque tableau qu'on arrive, on en com-
prend toujours assez pour s'y intéressser
un brin; et quant au dénouement, on le
verra venir quand nous serons au troi-
sième acte, absolument comme dans les
pièces de M. Laya..
Ce n'est point également parler politit
que que de relever en passant, du bout de
la plume, les maladresses récentes de la
censure, institution à plusieurs tètes sous
divers noms.
Encore, si je le fais, c'est par amour de
l'art et en me plaçant au point.de vue des
intérêts qu'elle prétend défendre, car,
nous autres opposants, elle nous sert plus
les menaces mortelles s'exécuteraient. Il
fallait donc aller attendre Amédée dans la
rue, l'empêcher de remonter, l'emmener
sous un prétexte. Mais lequel?
D'un autre côté, madame de Malmai-
son pouvait avoir été instruite je ne sais
comment, et être à notre poursuite. Elle
ne me connaissait pas. Le mieux était
donc de tâcher de savoir j)ar elle ce qu'elle
était venue faire en Italie. Mais il me ré-
pugnait de me cacher d'elle et de lui pren-
dre son fils par une ruse. Cependant, je
n'avais pas le loisir de concilier tant de
difficultés.
La salle à manger donnait sur la rue.
Je m'assis près de la fenêtre, et ainsi je
verrais revenir Amédée.
La duchesse ne daignait pas toujours
lever ses yeux sur ses interlocuteurs, et,
à plus forte raison, sur ceux qui ne lui
.parlaient pas. Elle ne regardait que son
journal déplié à côté de son assiette.
Comment aborder la conversation
Le hasard me servit.
Il se trouva qu'elle avait besoin d'un
renseignement.
Elle me parla, tout en continuant à lire,
assez insolemment.
-Madame, dit-elle, vous êtes Fran-
çaise et voyageuse. Vous devez être ins-
truite de certains détails. A quelle lieure
part le train pour Rome?
Rome! qu'allait-elle y faire? je résolus
de pousser de l'avant, quoique je r.e sois
pas très brave, et je répondis fermement,
tout en pensant que je pouvais dire une
absurdité
Le train part à trois heures. Mais, si
vous voulez voir le père Ascanio, vous ne
le trouverez pas de toute la semaine,
Elle ramua de surprise sur sa chaise, et
elle me fit la grâce de lever un instant les I
yeux. Puis, elle se remit à manger, pour
mieux me témoigner sa supériorité.
-Qui vous a dit que je voulais voir
le père Ascanio? reprit-elle après un si- j
lence,
Tous les étrangers d'une certaine
classe le demandent madame rénon?
dis-je.
qu'elle ne nous gêne. Si donc j'étais de
ceux qui se glorifient du titre de mame-
lucks du pouvoir actuel ou d'un pouvoir
quelconque, je réunirais habilement MM.
les censeurs de tout genre, sous prétexte
de leur lire un drame intitulé Nommons
Ganesco sénateur ils viendraient de
suite et leur tiendrais ce petit dis-
cotirs
« Colonnes de l'église et soutiens du
trône, vous êtes des hommes parfaits,
mais vous avez trop d'imagination. »
Il -existe de par le monde un dessina-
teur nommé .0111.
Je doute que ce garçon ébranle la so-
ciété sur sa base, qui est fort solide, étant
la platitude et l'indifférence générales.
Mais les commentaires que vous faites
de ses moindres dessins les rend excessi-
vement dangereux.
Vous avez alarmé la pudeur publique à
l'occasion de son melon.
Vous avez voulu voir M. E. Picard opé-
rant lui-même dans le pompier trop pru-
dent qui concentrait l'eau de, cinquante
pompes pour noyer l'incendie dans la pipe
d'un passant. Cette trop ingénieuse inter-
prétation d'un dessin où il n'était question,
du moins pour le gros du public, que des
Pompiers de Nanterre, ayant été livrée à
la niasse qui n'y entendait d'abord pas
malice, a contribué à la chute du ministre
de l'intérieur, et vous avez tiré sur votre
général."
Aujourd'hui, enfin, ou me dit que vous
avez trouvé à un polichinelle quelque res-
semblance avec un personnage que le
respect m'interdit de nommer.
GUI s'en frotte les mains. « Je fais' des
allégories, » disait-il hier, « c'est vrai
mais je ne les comprends pas moi-même
tant que la censure ne me les a pas explk
quées. »
Et elle les explique si bien que chacun
les veut avoir et les achète.
N'ayez pas tant d'esprit. Le cardinal
Dubois déguisait trop le régent au bal de
l'Opéra à grands coups de pied au bas des
reins. Vous, vous nous défendez trop, et
vos attentions nous laissent des bleus sur
le corps. »
Voilà ce que dirait un ami éclairé des
gens que la censure a pris à tâche de
protéger contre les malices du public. Mais
vous verriez qu'on ne l'écouterait pas. La
censure, je le. parierais, continuera. ses
errements jusqu'à ce qu'elle soit brisée
par quelque tempête. C'est le propre des
institutions qui, pour finir sur ce sujet
par un vieux mot toujours juste, soutien-
nent le pouvoir comme la corde soutient
le pendu en l'étranglant.
La question très importante qui s'est
posée à l'occasion des RR. PP. de Bor-
deaux, qui fouettaient leurs élèves au fond
d'un m pace, a fait le tour de la presse.
Nous avons eu beau formuler des réserves
et n'approuver qu'à demi le tribunal qui
a condamné les RR. PP., M; Veuillot, vase
d'élection toujours trop plein, s'est extra-
vase en gros mots. Il n'y a pas à s'en in-
quiéter. Quant on est journaliste, il faut
s'habituer à cela comme à avoir les pieds
mouillés par l'eau des ruisseaux dé-
bordés lorsqu'on est obligé de sortir les
jours de pluie.
Mais M. Veuillot a trouvé des alliés
inespérés. Les fouetteurs ont des apolo-
gistes qui ont surtout parlé de « la forte
éducation de nos pères. » Je pourrais
leur répondre qu'ils sont tombés dans le
sophisme fréquent qui consiste à attri-
buer à une simple coïncidence la valeur
d'une cause. J'aime mieux leur citer dix
lignes de Montaigne, un de « nos pères »
dont le témoignage est de poids et qui sa-
vait comment on devient un homme.
-Je ne suis pas d'une certaine classe,
dit.elle, je me nomme la duchesse de Mal-
maison. Sachez-le! 1
Je le saurai.
Et pour que vous n'ignoriez rien du
respect qui est dû à ma situation, je vous
apprendrai aussi que je vais demander au
père Ascanio, d'appuyer une requête que
j'ai adressée à sa Sainteté, pour que mon
fils soit fait prince romain, de même qu'il
est déjà duc français.
Ou je me trompe fort, ou cette femme
est personnellement d'une humble extrac-
tion. La fumée de son titre l'aura grisée.
Néanmoins, je rèspirai. Elle ne courait
pas après nous.
Je ne respiaai pas longtemps.
Je regardais toujours dans la rue.
Amédée était à la porte de l'hôtel. Un
pas de plus, et il entrait.
Je me précipitai,
Montons dans ma chambre, lui dis-je,
nous nous y ferons servir. Il y a du monde
dans la salle.
Il parut étonné, mais il me suivit.
Vous avez vu le colonel ? lui deman-
dai-je.
Oui. Mais il y a eu un incident. Je
n'étais pas avec lui depuis cinq minutes,
que Sforzi et le père Ascanio sont arrivés.
-«- Le père Ascanio repris-je, voyant
que tout conspirait contre nous.
Lui-même L'inquiétude le tenait. Il
a pris le même train que nous. Son arri-
vée chez Penco aurait pu tout gâter. Mais
il a parlé en homme d'esprit Colonel,
a-t-il dit, j'ai fait mettre votre tête à prix
par les cardinaux, et je ne me flatte pas
que vous ayiez l'intention de m'épargner,
guand vous entrerez à Rome, avec Gari^
baldi.
Non, assurément, dit Penco. Voua
êtes le père Ascanio, si je ne me trompe.
« Et celui-ci est Gaetano Sforzi! la lumière
du comité national ^répondit Penco. Alors,
moi, j'intervins. Je racontai l'arrêt pro-
noncé. Je plaidai qu'on pouvait avoir le
malheur. de posséder un fils jésuite, et
rpster, en même temps, bon cjtqyen; et,
enfin, je demandai # peqco 4e réjÎQndre î
C'est une bonne fortune pour moi de
pouvoir faire plaider ma cause par cet
écrivain qui donnait à la raison une si
fière allure de style. « Otez-moi, dit-il, la
violence et la force. Il n'est rien, à mon
avis, qui abâtardisse et étourdisse si fort
une nature, hien née. Endurcissez l'en-
fant au froid' et au soleil; mais pour le
'reste, inclinez à l'influlgence. La plupart
de nos collèges sont une geôle de jeu-
nesse captive. Vous n'y entendez que cris
et d'enfants suppliciés et de maîtres eni-
vrés de leur colère. Quelle -manière, pour
éveiller l'appétit envers leurs leçons à ces
tendres âmes et craintives, de lesyguider
d'une trogne effroyable, les mains armées
de fouets 1 n
Voilà comment parle ce sage, qui ayant
la vraie force, avait aussi en lui toutes les
tendresse^, qu'il est trop de mode d'appe-
ler aujourd'hui des sensibleries.
Henry Fouquier.
l_
PROFILS PARLEMENTAIRES
If&mï DALkOZ- c.
DKI'UTK I)U JURA
Environ 45 ans. Elu en 1852. RiWlu en 1857.
Réélu en 1863 pur 29, 753 voix sur 30,356
votants.
On ne sait pas exactement son âge, et il
y a lieu de croire qu'il le cache. Toute sa
personne, et surtout sa moustache artiste-
ment frisée, trahit une coquetterie qui va
jusqu'à la dissimulation.
M. Edouard Dalloz, député depuis dix-
sept ans, est le fils du grand Dalloz, le
jurisconsulte et le fi ère du petit Dalloz, le
journaliste. Il parle volontiers, notam-
ment sur les canaux. Il est l'orateur
de M. Chagot, qui est l'inspirateur de
M. Dalloz. Il s'explique avec facilité-,
mais on ne le comprend pas de même.
Nul n'a plus de talent que lui pour en-
filer, à la suite les unes des autres, un
certain nombre de phrases qui sont cou-
lantes, sans être. limpides il joint l'élé-
gance à l'obscurité.
• Grave d'ailleurs, comme les questions
qu'il traite, le jeune député du Jura ne
peut pas toucher à ses canaux sans don-
ner à son visage fleuri une solennité sa-
cerdotale. Il canalise comme on com-
munie. M. GRÉVY
,'< "¡ M. GRÉVY
DÉPUTÉ UU JURA
61 ans. Ancien représentant du peuple à
l'Assemblée constituante et à l'assemblée
législative. Elu au Corps législatif en
1868.
Ceux qui ne le connaissent pas se font
de lui une idée bien fausse. M. Grévy
n'est pas du tout un tribun, c'est un doc-
trinaire, beaucoup plus près dé Siéyèsque
de Danton, le Guizot de la République.
Son amendement de la Constituante la
peint tout entier on y a vu autrefois un
révolutionnaire échevelé, toujours prêt à
lancer le peuple sur les Tuileries ou mê-
me sur la Chambre; l'histoire n'y. verra
qu'un logicien sans préjugés qui demande
froidement des choses démesurément nou-
velles et monstrueusement raisonnables
« Le président de la République est nom-
mé au crutin secret par la Chambre, et
toujours révocable à sa volonté. » Il
vous proposait et vous défendait cela d'un
petit ton calme, avec une grande netteté
de vues et une curieuse abondance d'ar-
guments. -Mais on ne l'écouta pas.
Il revient aujourd'hui tout rajeuni de
popularité et de crédit, avec la même cra-
vate blanche d'avocat, et sa logique à la
Dufaure, cuirassé contre les phrases, en-
nemi juré du vide comme la nature elle-
même, et impitoyable creveur d'outres.
L. de h Combe
A demain, MM. de Guilloutet et Darracq.
personnellement du vieillard. Le colonel
se leva, et mit ses lèvres sur le front de
Sforzi. Vous direz que je l'ai embrassé,
flt-il. Cela ne suffira peut-être pas, re-
prit le père Ascanio. Une lettre aurait plus
de valeur. Penco écrivit quatre lignes.
Sforzi n'était point intervenu. Il ne re-
mercia pas; mais, prenant les lignes tra-
cées Penco, dit-il, je les gagnerai
Il ne s'est rien passé de plus, Fernande.
Tout est pour le mieux, vous le voyez 1
Sforzi et son fils veulent vous voir, Us se-
ront ici dans cinq minutes.
Ici? repris-je.
Je repassai tout.
La duchesse trompée, Amédée condam-
né à mourir si je me séparais de lui, notre
mariage clandestin et presque honteux,
notre séparation ensuite, ma vie de tra-
vail,
Je ne reculai devant rien.
Je voulus savoir plus, pourtant
Amédée, lui demandai-je, m'aimez-
vous encore g
Encore? reprit-il; je t'aime plus que
mon âme
Alors, dis-je, vous ne me démenti-
rez pas ?
On apportait notre déjeuner.
Je me, glissai dans le corridor.
La duchesse était revenue dans sa chaniT
bre, Comme je le lui avais recommandé,
elle voulait prendre le train de trois lieu-
res.
Elle descendait l'escalier avec deux
femmes, et des laquais partant ses caisses.
Le père Ascanio et Sforzi le montaient,
Ma destinée tepait dang csefte minuta.'
je me penchai sur la rampe. Je suis
sûre que des gouttes de sueur glacée tom-
baient de mon front, dans le vide,
Q bonheur le jésuite et ia duchesse ne
se connaissaient pas.
Il la salua. Elle s'inclina à peine, trou-
vant qu'un si petit prêtre ne valait pas
davantage.
Je rentrai.
Je ne sais pas ce qu'est la paix bien-
heureuse de l'éternité. Mais elle doit res-
seiabjer à ce q^e rai dans )p c'qgur.
Rciïos de Paris
Là nouvelle direction de la presse au
ministère de l'intérieur, a donné le mot
d'ordre dans ses bureaux Rtre toujours
agréable à la presse parisienne, départemen-
tale et étrangère.
Cela nous changera un peu.
olt
Un signe caractéristique de la transfor-
mation de cette direction, c'est le rempla-
cement des bureaux-secrétaires par de
longues tables à tapis vert, semblables à
celles qui servent dans les salles de jeux
et dans les salles de rédaction des jour-
naux.
Avant-hier soir, vers six heures, la reine
et le roi d'Espagne, bras dessus bras des-
sous, descendaient les Champs-Elysées.
Ils étaient tout à fait seuls et revenaient
de* l'hôtel Basilewski la reine avait un
costume de soie sombre à couleur chan-
geante.
Une lettre particulière de Madrid an-
nonce le résultat des élections générales
des circonscriptions de la capitale et des
environs.
Sur cinquante-deux cortès élus, qua-
rante-huit sont, à différents points de vue,
partisans de la monarchie; les quatre au-
tres appartiennent au parti républicain.
Ainsi qu'on le voit, la chute d'Isabelle
n'a pas ouvert un vaste champ aux aspi-
rations d'un libéralisme radical.
Par suite de cette imposante majorité,
qui ne peut que grossir encore, le prince
des Asturies a de grandes chances d'être
appelé au trône sous la régence de Prim
oud'Espartero.
M. Vaudin, rédacteur en chef de la
France chorale, est gravement malade.
r'.
Les secrétaires de la conférence de l'Or-
dre des avocats, anciens et nouveaux,
qui se renouvellent par élection, chaque
année, au nombre de douze, se sont réunis
pour la première fois dans un banquet.
Avant-hier ils inauguraient cette cou-
tume nouvelle à l'hôtel du Louvre, au
nombre de cent environ.
M. Grévy, bâtonnier de l'ordre, prési-
dait le banquet, auquel il assistait, en sa
qualité d'ancien secrétaire de la confé-
rence il a prononcé une remarquable
allocution, qui a été. applaudie -et ac-
cueillie avec enthousiasme.
M. Devette, premier secrétaire de la pré-
sente année, lui a répondu.
M. Desmarets, ancien bâtonnier, a éga-
lement prononcé un discours qui a été fort
goûté de ses confrères. ;«.
M. de Beaufort, chargé au ministère des
affaires étrangères des relations avec la
presse francaise, est parti avec M. de
Moustier.
Il ne sera pas remplacé.
-M. de Beaufort a été décoré hier. Sa no-
mination sera probablement insérée au
Moniteur de demain. ,̃
Nous avons visité hier la salle de spec-
tacle du nouveau théâtre du Vaudeville-,
sa forme, à quelques détails près, sera la
même que celle des autres salles de spec-
tacle, mais les deux galeries sont d'une
coupe presque nouvelle elles sont con-
tournées de telle sorte que la partie du
fond, formant le grand côté d'une ellipse,
fournit une certaine quantité de loges de
face. De plus, ces galeries s'avançant très
fort au-dessus du parterre, rapprochent
les spectateurs de la scène; ce qui est très
important pour un théâtre de genre, d'où
sont exclues les pièces à tapage et les scè-
nes qu'on entend de loin. Tout cela est
fort ingénieusement combiné.
Mon père, dis-je brusquement au re-
ligieux, pouvez-vous officier ailleurs au'à
Rome? 1
n sourit de ma naïveté
Mes pouvoirs me suivent partout,
dit-il. Nous sommes chez nous, à Pékin
comme à Rome! 1
Je soulevai mon courage à deux" mains
et je dis
M. de Malmaiso*n m'a chargée de
vous demander si vous seriez assez bon
pour nous marier aujourd'hui 1
Amédée faillit tomber de surprise. Il
m'a avoué depuis que, s'il était tombé
c'aurait été à mes genoux. >~
Le père Ascanio sourit.
Heureusement, je n'ai pas déjeuné,
dit-il. Ce sera une messe. Allons au dôme
Nous y allâmes,
Je ne vis rien de ses splendeurs. J'étais
dans une région plus belle, avec Amédée
Sforzi nous servit de témoin.
Nous revenions à l'hôtel.
Le débarcadère n'était pas loin. Nous
entendîmes le coup de sifflet de la loco-
motive.
C'est le train, dit Amëdee. Partons-
nous ?
Je pensai à la duchesse, Je n'avais plus
rien à craindre d'elle, mais je ne voulais
pas la braver.
-Non, répondisse, Florence m'est très
ohôre On n'ira pas à Rome.
On n'ira pas à Rome dit le jésuite.
Que l'Italie vous entende
;̃ xi
Madame de Malmaison. avait eu la force
d'aller jusflu'au bout de sa lecture. L'al-
bum -ne contenait rien de plus. Toutes les
pages blanches étaient des paires heu-
reuses.
Son premier- mouvement fut de déchi-
rer ce témoignage de sa honte et ce réeji
d'une intrigue infâme. Elle avait iiè jouée
par une aventurière. Elle l'avait tenue
sou.s sa main, et elle l'avait laissé éobap-
îer 1 Il importait que personne ne pùt lire 1
La partie souterraine, au double point
de vue du chauffage et de la ventilation,
est également conçue avec beaucoup d'in-
telligence et de sagesse. L'entrée des dé-
cors s'effectuera par la porte d'angle de la
rue Meyerbeer: on leur fera traverser la
cour de l'administration, et on Ips intro-
duira sur le théâtre par une 'haute, baie
percée au fond du mur latéral de gauche.
Quelques employés des bureaux de l'ad.
ministration du ministère de la guère visi-
tent en ce moment tous les candidats pro-
posera l'Empereur pour répauletie d'offi-
cier de la çar.le mobile. Le but de ces
visites est de fournir à la place de Paris
tous les renseignements relatifs à la mo-
dalité, aux antécédents, occupations et
positions de fortune des futurs ofliciers.
Le nombre des proposes est très-consi-
dérable relativement à celui qui sera fa-
vorisé de l'épaulette d'or.
Parmi ces candidats figurent beaucoup
dejeune« gens employés dans les minis-
tères de la guerre, des finances, de l'inté-
rieur, de la marine et des affaires étran-
gères. Ce dernier fournit le plus grand
contingent.
Serait-ce parce que le.sjeun.es attachés
à ce département chercheraient, en cas
de guerre, le moyen de se détacher, et
s'efforceraient de faire terminer par le
sabre les différends qu'ils n'auraient pu
concilier par la plume ï
*v .̃"
Dans le courant du mois de janvier les
capitaines, lieutenants, spus-lieutenants
seront nommés.
Les cha/s de bataillon seulement sont
déjà désigné?.
Parmi ces officiera supérieurs nous
avons remarqué le nom du marquis de
Massa, son bataillon est le 9e et son orga-
nisation a lieu dans le faubourg Saint-
Martin.
Le marquis ne s'en plaint pas il sera
l'un des premiers à demander à faire
partie du corps 'de volontaires qui sera
mobilisé, en cas de guerre, 'et pourra
ainsi rentrer dans l'armée comme chef de
bataillon après l'avoir quittée comme ca-
pi4aine en donnant sa démission •au retour
du Mexique.
L'autre dimanche, un monsieur distri-
buait des brochures aux paysans de Ploën--
nec en Bretagne.
Le maire, ayant su cela, a mis son
echarpe, et, aidé de son garde champê-
tre. a sommé l'orateur de sortir du cime-
tière.
C'était M. Glais-Bizoin.
Le Sailing-Club et le Rowhig-Glub se c
séparent.
La voile abandonne l'aviron.
Hier, à l'hôtel Drouot, n èlô. vendue
une collection de vingt tableaux .moder-
nes et sept dessins.
Cette collect on appartenait à l'expert
M. Durand-Ruel, qui a fait en eeius occa-
sion une bonne affaire. Les étrennes pro-
chaines donnent de l'animation aux en-
chères, qui ont été fort soutenues.
La pièce principale de la vente, le Re-
tour de l'abreuvoir, de E. Delacroix, est
resiée pour 12,700 francs à M. Godelhaud,
adjudicataire.
Un Diaz Chênes el roches de la forêt de
Fontainebleau, a été payé* 9,700 fr. par M
Brame.
Dans un Bois, de Gabanel, a a teint 9;500
francs. C'est un mandataire de lord Iler-
foi'dt qui l'a acquis.
La Balle dans une oasis, de Fromentin
8,000 fr.
Deux Jules Dupré Un Smœmir des
Landes et le Bateau, le premier 5,000, le
deuxième 0,000 fr..
Puis une Marine, de Z>em, 5,950 francs;
la Zingara, d'Hébert, 6,700 fr lo.s Bords
de la Cure, de Daubigny 4,200 francs;
Entants jouant avec un crabe, de Merle
celte histoire Elle allait donc réduire le
manuscrit en poussière, Mais la P^ence
la retint. La disparition de l'Album n'a-
néantirait pas le fait. Fernande était du-
chesse de Malmaison, authentiquement
délire. Elle se leva, et eut envie de briser
les bustes, et de détruire le mobilier Elle'
an voulait à Lamartine, à Hii^o à La-
mennais et à Lacordaire, qui avalent jeté
des idées d indépendance et d'audace dans
cette tête folle. Elle aurait été heureuse
de pulvemer les dieux Lares de Fernande
et de faire une ruine dans sa maison
Cependant elle eut le temps de se cal-
mer, car Fernande ne rentrait pas
Elle repensa Ru procès qu'on ]"i" susci-
tait.
Elle était venue pour ^«^ose,™
de Coul'celles..
réS^uefinqStP°intSanSaVOir-
r~ru;tat uelconque.
infinie*6 pl0Dgea dans des combinaisons
infinies: dans des coiiil)iiiaisons
Elle fut plus embarrassée qu'un aiguil-
leur, qui a six trains à débrouiller. Atout
prix, elle voulait garder son nom «t son ti-
tre, t-t peut-être avait-elle de meilleures
chances, cette heure qu'auparavant
La pas.-ion de l'orgueil lui éclaira un
axiome farouche
Savoir tirer parti de toutes les ef"cons-
tances, cest régner
Sans doute, elle avait manqué ̃inelfiue-
fois à l application de cette théorie Les
écarts de la jeunesse l'avaient emportée'.
Elle s'en flaitait. Mais à cinquante ans,
elle ne recommencerait pas ses impruden'
ces. Les événements sont les caries de la
destinée. Laisser passer les mauvais gar-
der les hons; utiliser les inMio-ojgants-
donner sa valeur à chaque coup; pn^aer'
enfin, presque toujours, tel est Je fait des
mai ms,
H. DE LÀ.CRETKLLE
La suite à demain) x
Uu numéro 15 oeuuiiiu».
.Vendredi 2o Décembre 1&68
Rédacteur en chef
H. DE VILLEMESSANT
RÉDACTION
de • heure» à 11 heures, rue Coq-Hér
Lu manuscrits ne sont pas rendus £*
Mpartementa et gares 110 centimes
BUREAUX
5, BUK COQ-HÈHON ET RUE ROSSIIf I, S
Administrateur
AUGUSTE DUMOMT
ABONNEMENTS
Fana 3 mon 1 3 fr. 50 o.
Départements 3 mois, 1Q fr, •> ^fSf
ANNONCES
HM. DOLLINGEN flls(«t A. SBGUT fc?
Passage des Princea, Escalier G p ~).
BUREAUX V :|
5, HUE COQ-HÉRON EX ttffîrilOSSIIU, 5 \»Y
COHMENTADIES DE LA SEMAINE
Je n'ai point l'intention d'abuser traî-
treusement du conflit turco-grec, et de
résoudre ici la question d'Orient, entrée
il y a un quart d'heure dans sa treizième
pliage, qui ne sera pas .la dernière. Ce se-
rait là, de ma jja*rt, vis-à-vis des lecteurs
du Figaro, un lâche guét-apens, très ag-
gravé par une complicité flagrante avec
M. Ernest Dréolle. Et puis, M. de La Va-
lette m'a pris mon sujet et prépare au-
jourd'hui même, sous forme de circulaire,
une chronique à sensation qui ferait cer-
tainement du tort à la mienne.
Les gens qui cherchent à coups de plume
la solution définitive de la question d'O-
rient, commencent d'ailleurs à me rappe-
ler vaguement-xeux qui. poursuivent la
quadrature du cercle. Peut-être, en réflé-
chissant, la meilleure solution était-elle
la solution Ponsard, bien qu'elle fût pro-
posée par la poëte dans un Français dé-
plorable
T.tquen'aclietcz-vous, ce serait plein d'astuce,
Constantinoule au Turc, pour le revendre au
[Russe? 1
En dehors de cette transaction à l'amia-
ble, sur laquelle la BYance eut perçu une
bonne commission une commission à
FEgyptienne, je ne vois partout que gâ-
chis, et le seul sage de tous ceux que tou-
che l'affaire me paraît encore être le prin-
cipal intéressé, S. M. le sultan. Tandis
que les cartes s'embrouillent il compose
tranquillement de petits morceaux de mu-
sique, qu'il fait éditer en catimini à Mi-
lan. La dernière de ces productions est
une valse tout à fait remarquable qui,
avec un vif à propos, est intitulée La
MÉLANCOLIE.
Je comprends à merveille que S. M. le
sultan ait l'âme pleine de bémols. Quant
aux Grecs, qui abusent sensiblement des
-Thermopyles depuis quelquetemps, si nous
̃'Plions encore aux jours heureux où Dé-
mostuène charmait ses concitoyens en
leur racontant des apologues, je leur en-
verrais, pour tout conseil, une des plus
jolies fables de notre Lafontaine Lu che-
val voulant se venger du cerf. Le cheval im-
prudent, ce sont ces braves palikares dont
l'image fait si Wên sur les pendules d'hô-
tel garni le cerf représente assez exac-
tement les Ottomans qui, après avoir été
la terreur de l'Europe, sont tombés à ce
point d'en être simplement l'embarras.
Quant à l'homme qui pourrait bien,
ayant tué le cerf, mettre la bride et le
mors au cheval né de l'écume de la mer
d'Eubée, aucuns" disent que ce ne sau-
rait être un autre que ce grand géant
barbare et corrompu, ce peuple Russe
étrange et redoutable qui, d'une main re-
pêche devant Sébastopol ses navires cou-
lés par- nos boulets, et de l'autre présente
à la Patti des bouquets de violettes de
Nièe et de camélias de Milan.
Ces malheureux Grecs, mis à la mode
par une littérature qui a fait son temps,
nous paraissent aujourd'hui les gêneurs
les plus malencontreux du monde. La
Bourse est peu sensible aux charmes des
longues fustanelles blanches. De toute
l'antiquité, elle n'apprécie guère que l'his-
toire de ce jeune Spartiate, qui se laissait
manger le ventre par un loup plutôt que
de restituer ce qu'il avait volé à son voi-
sin et de rembourser ses actionnaires. Elle
envoie au diable les descendants de Thé-
sée, qui sut si bien emmêler le. fil du la-
byrinthe de Crète.
Leur héroïsme même est contesté, et
plus d'un prétend que les moines d'Arca-
iPenilletoa du FIGARO do 95 décembre 1868
–r
LE
SALON DE FERNANDE
x ̃̃,̃
Suite
25 novembre. Florence.
Je n'ai pas voulu rester à Rome sans
Amédée.
Nous sommes arrivés ici à midi. Il a été
chercher le colonel. Il n'y a pas un ins-
tant à perdre. C'est nous qui retenons le
poignard. Mais il nous échappera, si nous
ne nous hâtons pas.
Nous n'avions rien pris depuis Rome.
J'avais commandé le déjeuner. Amédée
devait me rejoindre. Nous sommes des-
• cendus à l'hôtel des Tré-Donzelle.
Je m'ennuyais dans ma chambre. Je ne
sais pourquoi, j'ai eu l'idée de me rendre
à la salle à manger.
Il y avait une dame assise devant un
petit couvert. Je venais en face d'elle. Je
n'ai jamais eu une telle frayeur. Cette
dame était la mère d'Amédée, cette terri-
ble duchesse
Je l'avais vue une fois à une assemblée
de charité à Paris, où elle ne laissa parler
que son orgueil.
Le sol allait manquer sous nous. Que
devenir?
Si Amédée voyait sa mère, il retombe-
rait sous son influence. Devais-je le pri-
ver de moi? Je savais qu'il pouvait en
mourir. Et en tout cas, l'heure passe-
rait. Le père Ascanio ne réussirait pas à
garder plus longtemps Sforzi chez lui, et
Reproduction interdite, excepté pour les
Jonwiaux qui pot traité avec la Société des
Ûen» de lettres.
dion qui ont sauté avec leur couvent, ont
sauté à peu près comme saute la banque à
Hombourg, parce qu*ils n'ont pas pu faire
autrement. On s'est empressé d'en agir
avec ces Hellènes turbulents comme avec
les mauvais coucheurs au bal de l'Opéra.
Quand le commandant de Y Enosis a en-
voyé un bon boulet de calibre dans la fré-
gate d'Hobart-Pacha, les officieux se sont t
interposés à l'instant, et ont persuadé à ce
brave homme d'amiral que ce n'était pas
là un soufflet tout au plus un coup de
poing, quelque chose comme un salut ami-
cal et familier, chose permise et qui ne
donne point matière à aller tout de suite
sur le pré.
Le fait est que les gens qui partent pour
l'Orient avec un gros bagage d'illusions
fournies par la maison Hachette et Dézo-
bry, en reviennent tous effroyablement
sceptiques. Ils se rallient à l'opinion de
cette héroïne d'un roman de M. Feydeau,
extravagante et charmante, qui, sur toute
la question d'Orient, n'avait d'autre avis
que celui-ci beau pays, mais trop de
puces.
Il est vrai que le peu d'intérêt que peu-
vent inspirer les pions n'enlève rien au
mérite de la partie que jouent MM. les di-
plomates, quelques-uns sans y voir plus
clair que M. Murphy, le joueur d'échecs
américains.
Il convient, paraît-il, qu'il y ait ainsi
en Europe deux ou trois questions obscu-
res qu'on peutrouvrir et fermer à volonté,
comme une porte de sortie masquée dans
le mur, selon les besoins du moment. Les
ménagères se préparent pour les mauvais
jours un jambon qui mitonne dans la
saumure les gouvernements se mettent
de même une question sur la planche,
qu'on va chercher quand l'heure est venue
d'occuper le tapis. Telle est la question
d'Orient, telle est celle du Sleswig-Hols-
tein. ·
Un pair de France, avec qui j'en causais
hier dans la boutique d'un libraire, me ci-
tait, au sujet de ce pays dont on parlera
quelque jour, bientôt peut-être, un joli
mot de lord Jolm Russell
« Il n'y a, disait un jour' l'homme
d'Etat anglais, que deux personnes en
Europe qui connaissent bien la question
du Sleswig-Holstein, le chevalier R. qui
me l'a expliquée, et moi. Malheureuse-
ment, il est mort, et moi je l'ai oubliée.» »
C'est un- peu l'histoire de la question
d'Orient. Ce qui n'empêche pas qu'elle ne
soit, avec la première représentation de
Théodoros, la plus légitime préoccupation
des Parisiens. Les questions politiques
sont comme les oracles les moins claires
sont les meilleures, et les plus dignes de
nous absorber. Du moins, les augures,
qui en vivent, ont fini par nous le faire
croire. ̃
Parler de l'Orient, ce n'est point parler
politique. Les événement-, avec leur~cor-
tége demensonges et d'illusions d'optique,
donnent à cette question l'apparence d'un
vaudeville à tiroirs, coupé à intervalles
réguliers par des intermèdes militaires. A
-quelque tableau qu'on arrive, on en com-
prend toujours assez pour s'y intéressser
un brin; et quant au dénouement, on le
verra venir quand nous serons au troi-
sième acte, absolument comme dans les
pièces de M. Laya..
Ce n'est point également parler politit
que que de relever en passant, du bout de
la plume, les maladresses récentes de la
censure, institution à plusieurs tètes sous
divers noms.
Encore, si je le fais, c'est par amour de
l'art et en me plaçant au point.de vue des
intérêts qu'elle prétend défendre, car,
nous autres opposants, elle nous sert plus
les menaces mortelles s'exécuteraient. Il
fallait donc aller attendre Amédée dans la
rue, l'empêcher de remonter, l'emmener
sous un prétexte. Mais lequel?
D'un autre côté, madame de Malmai-
son pouvait avoir été instruite je ne sais
comment, et être à notre poursuite. Elle
ne me connaissait pas. Le mieux était
donc de tâcher de savoir j)ar elle ce qu'elle
était venue faire en Italie. Mais il me ré-
pugnait de me cacher d'elle et de lui pren-
dre son fils par une ruse. Cependant, je
n'avais pas le loisir de concilier tant de
difficultés.
La salle à manger donnait sur la rue.
Je m'assis près de la fenêtre, et ainsi je
verrais revenir Amédée.
La duchesse ne daignait pas toujours
lever ses yeux sur ses interlocuteurs, et,
à plus forte raison, sur ceux qui ne lui
.parlaient pas. Elle ne regardait que son
journal déplié à côté de son assiette.
Comment aborder la conversation
Le hasard me servit.
Il se trouva qu'elle avait besoin d'un
renseignement.
Elle me parla, tout en continuant à lire,
assez insolemment.
-Madame, dit-elle, vous êtes Fran-
çaise et voyageuse. Vous devez être ins-
truite de certains détails. A quelle lieure
part le train pour Rome?
Rome! qu'allait-elle y faire? je résolus
de pousser de l'avant, quoique je r.e sois
pas très brave, et je répondis fermement,
tout en pensant que je pouvais dire une
absurdité
Le train part à trois heures. Mais, si
vous voulez voir le père Ascanio, vous ne
le trouverez pas de toute la semaine,
Elle ramua de surprise sur sa chaise, et
elle me fit la grâce de lever un instant les I
yeux. Puis, elle se remit à manger, pour
mieux me témoigner sa supériorité.
-Qui vous a dit que je voulais voir
le père Ascanio? reprit-elle après un si- j
lence,
Tous les étrangers d'une certaine
classe le demandent madame rénon?
dis-je.
qu'elle ne nous gêne. Si donc j'étais de
ceux qui se glorifient du titre de mame-
lucks du pouvoir actuel ou d'un pouvoir
quelconque, je réunirais habilement MM.
les censeurs de tout genre, sous prétexte
de leur lire un drame intitulé Nommons
Ganesco sénateur ils viendraient de
suite et leur tiendrais ce petit dis-
cotirs
« Colonnes de l'église et soutiens du
trône, vous êtes des hommes parfaits,
mais vous avez trop d'imagination. »
Il -existe de par le monde un dessina-
teur nommé .0111.
Je doute que ce garçon ébranle la so-
ciété sur sa base, qui est fort solide, étant
la platitude et l'indifférence générales.
Mais les commentaires que vous faites
de ses moindres dessins les rend excessi-
vement dangereux.
Vous avez alarmé la pudeur publique à
l'occasion de son melon.
Vous avez voulu voir M. E. Picard opé-
rant lui-même dans le pompier trop pru-
dent qui concentrait l'eau de, cinquante
pompes pour noyer l'incendie dans la pipe
d'un passant. Cette trop ingénieuse inter-
prétation d'un dessin où il n'était question,
du moins pour le gros du public, que des
Pompiers de Nanterre, ayant été livrée à
la niasse qui n'y entendait d'abord pas
malice, a contribué à la chute du ministre
de l'intérieur, et vous avez tiré sur votre
général."
Aujourd'hui, enfin, ou me dit que vous
avez trouvé à un polichinelle quelque res-
semblance avec un personnage que le
respect m'interdit de nommer.
GUI s'en frotte les mains. « Je fais' des
allégories, » disait-il hier, « c'est vrai
mais je ne les comprends pas moi-même
tant que la censure ne me les a pas explk
quées. »
Et elle les explique si bien que chacun
les veut avoir et les achète.
N'ayez pas tant d'esprit. Le cardinal
Dubois déguisait trop le régent au bal de
l'Opéra à grands coups de pied au bas des
reins. Vous, vous nous défendez trop, et
vos attentions nous laissent des bleus sur
le corps. »
Voilà ce que dirait un ami éclairé des
gens que la censure a pris à tâche de
protéger contre les malices du public. Mais
vous verriez qu'on ne l'écouterait pas. La
censure, je le. parierais, continuera. ses
errements jusqu'à ce qu'elle soit brisée
par quelque tempête. C'est le propre des
institutions qui, pour finir sur ce sujet
par un vieux mot toujours juste, soutien-
nent le pouvoir comme la corde soutient
le pendu en l'étranglant.
La question très importante qui s'est
posée à l'occasion des RR. PP. de Bor-
deaux, qui fouettaient leurs élèves au fond
d'un m pace, a fait le tour de la presse.
Nous avons eu beau formuler des réserves
et n'approuver qu'à demi le tribunal qui
a condamné les RR. PP., M; Veuillot, vase
d'élection toujours trop plein, s'est extra-
vase en gros mots. Il n'y a pas à s'en in-
quiéter. Quant on est journaliste, il faut
s'habituer à cela comme à avoir les pieds
mouillés par l'eau des ruisseaux dé-
bordés lorsqu'on est obligé de sortir les
jours de pluie.
Mais M. Veuillot a trouvé des alliés
inespérés. Les fouetteurs ont des apolo-
gistes qui ont surtout parlé de « la forte
éducation de nos pères. » Je pourrais
leur répondre qu'ils sont tombés dans le
sophisme fréquent qui consiste à attri-
buer à une simple coïncidence la valeur
d'une cause. J'aime mieux leur citer dix
lignes de Montaigne, un de « nos pères »
dont le témoignage est de poids et qui sa-
vait comment on devient un homme.
-Je ne suis pas d'une certaine classe,
dit.elle, je me nomme la duchesse de Mal-
maison. Sachez-le! 1
Je le saurai.
Et pour que vous n'ignoriez rien du
respect qui est dû à ma situation, je vous
apprendrai aussi que je vais demander au
père Ascanio, d'appuyer une requête que
j'ai adressée à sa Sainteté, pour que mon
fils soit fait prince romain, de même qu'il
est déjà duc français.
Ou je me trompe fort, ou cette femme
est personnellement d'une humble extrac-
tion. La fumée de son titre l'aura grisée.
Néanmoins, je rèspirai. Elle ne courait
pas après nous.
Je ne respiaai pas longtemps.
Je regardais toujours dans la rue.
Amédée était à la porte de l'hôtel. Un
pas de plus, et il entrait.
Je me précipitai,
Montons dans ma chambre, lui dis-je,
nous nous y ferons servir. Il y a du monde
dans la salle.
Il parut étonné, mais il me suivit.
Vous avez vu le colonel ? lui deman-
dai-je.
Oui. Mais il y a eu un incident. Je
n'étais pas avec lui depuis cinq minutes,
que Sforzi et le père Ascanio sont arrivés.
-«- Le père Ascanio repris-je, voyant
que tout conspirait contre nous.
Lui-même L'inquiétude le tenait. Il
a pris le même train que nous. Son arri-
vée chez Penco aurait pu tout gâter. Mais
il a parlé en homme d'esprit Colonel,
a-t-il dit, j'ai fait mettre votre tête à prix
par les cardinaux, et je ne me flatte pas
que vous ayiez l'intention de m'épargner,
guand vous entrerez à Rome, avec Gari^
baldi.
Non, assurément, dit Penco. Voua
êtes le père Ascanio, si je ne me trompe.
« Et celui-ci est Gaetano Sforzi! la lumière
du comité national ^répondit Penco. Alors,
moi, j'intervins. Je racontai l'arrêt pro-
noncé. Je plaidai qu'on pouvait avoir le
malheur. de posséder un fils jésuite, et
rpster, en même temps, bon cjtqyen; et,
enfin, je demandai # peqco 4e réjÎQndre î
C'est une bonne fortune pour moi de
pouvoir faire plaider ma cause par cet
écrivain qui donnait à la raison une si
fière allure de style. « Otez-moi, dit-il, la
violence et la force. Il n'est rien, à mon
avis, qui abâtardisse et étourdisse si fort
une nature, hien née. Endurcissez l'en-
fant au froid' et au soleil; mais pour le
'reste, inclinez à l'influlgence. La plupart
de nos collèges sont une geôle de jeu-
nesse captive. Vous n'y entendez que cris
et d'enfants suppliciés et de maîtres eni-
vrés de leur colère. Quelle -manière, pour
éveiller l'appétit envers leurs leçons à ces
tendres âmes et craintives, de lesyguider
d'une trogne effroyable, les mains armées
de fouets 1 n
Voilà comment parle ce sage, qui ayant
la vraie force, avait aussi en lui toutes les
tendresse^, qu'il est trop de mode d'appe-
ler aujourd'hui des sensibleries.
Henry Fouquier.
l_
PROFILS PARLEMENTAIRES
If&mï DALkOZ- c.
DKI'UTK I)U JURA
Environ 45 ans. Elu en 1852. RiWlu en 1857.
Réélu en 1863 pur 29, 753 voix sur 30,356
votants.
On ne sait pas exactement son âge, et il
y a lieu de croire qu'il le cache. Toute sa
personne, et surtout sa moustache artiste-
ment frisée, trahit une coquetterie qui va
jusqu'à la dissimulation.
M. Edouard Dalloz, député depuis dix-
sept ans, est le fils du grand Dalloz, le
jurisconsulte et le fi ère du petit Dalloz, le
journaliste. Il parle volontiers, notam-
ment sur les canaux. Il est l'orateur
de M. Chagot, qui est l'inspirateur de
M. Dalloz. Il s'explique avec facilité-,
mais on ne le comprend pas de même.
Nul n'a plus de talent que lui pour en-
filer, à la suite les unes des autres, un
certain nombre de phrases qui sont cou-
lantes, sans être. limpides il joint l'élé-
gance à l'obscurité.
• Grave d'ailleurs, comme les questions
qu'il traite, le jeune député du Jura ne
peut pas toucher à ses canaux sans don-
ner à son visage fleuri une solennité sa-
cerdotale. Il canalise comme on com-
munie. M. GRÉVY
,'< "¡ M. GRÉVY
DÉPUTÉ UU JURA
61 ans. Ancien représentant du peuple à
l'Assemblée constituante et à l'assemblée
législative. Elu au Corps législatif en
1868.
Ceux qui ne le connaissent pas se font
de lui une idée bien fausse. M. Grévy
n'est pas du tout un tribun, c'est un doc-
trinaire, beaucoup plus près dé Siéyèsque
de Danton, le Guizot de la République.
Son amendement de la Constituante la
peint tout entier on y a vu autrefois un
révolutionnaire échevelé, toujours prêt à
lancer le peuple sur les Tuileries ou mê-
me sur la Chambre; l'histoire n'y. verra
qu'un logicien sans préjugés qui demande
froidement des choses démesurément nou-
velles et monstrueusement raisonnables
« Le président de la République est nom-
mé au crutin secret par la Chambre, et
toujours révocable à sa volonté. » Il
vous proposait et vous défendait cela d'un
petit ton calme, avec une grande netteté
de vues et une curieuse abondance d'ar-
guments. -Mais on ne l'écouta pas.
Il revient aujourd'hui tout rajeuni de
popularité et de crédit, avec la même cra-
vate blanche d'avocat, et sa logique à la
Dufaure, cuirassé contre les phrases, en-
nemi juré du vide comme la nature elle-
même, et impitoyable creveur d'outres.
L. de h Combe
A demain, MM. de Guilloutet et Darracq.
personnellement du vieillard. Le colonel
se leva, et mit ses lèvres sur le front de
Sforzi. Vous direz que je l'ai embrassé,
flt-il. Cela ne suffira peut-être pas, re-
prit le père Ascanio. Une lettre aurait plus
de valeur. Penco écrivit quatre lignes.
Sforzi n'était point intervenu. Il ne re-
mercia pas; mais, prenant les lignes tra-
cées Penco, dit-il, je les gagnerai
Il ne s'est rien passé de plus, Fernande.
Tout est pour le mieux, vous le voyez 1
Sforzi et son fils veulent vous voir, Us se-
ront ici dans cinq minutes.
Ici? repris-je.
Je repassai tout.
La duchesse trompée, Amédée condam-
né à mourir si je me séparais de lui, notre
mariage clandestin et presque honteux,
notre séparation ensuite, ma vie de tra-
vail,
Je ne reculai devant rien.
Je voulus savoir plus, pourtant
Amédée, lui demandai-je, m'aimez-
vous encore g
Encore? reprit-il; je t'aime plus que
mon âme
Alors, dis-je, vous ne me démenti-
rez pas ?
On apportait notre déjeuner.
Je me, glissai dans le corridor.
La duchesse était revenue dans sa chaniT
bre, Comme je le lui avais recommandé,
elle voulait prendre le train de trois lieu-
res.
Elle descendait l'escalier avec deux
femmes, et des laquais partant ses caisses.
Le père Ascanio et Sforzi le montaient,
Ma destinée tepait dang csefte minuta.'
je me penchai sur la rampe. Je suis
sûre que des gouttes de sueur glacée tom-
baient de mon front, dans le vide,
Q bonheur le jésuite et ia duchesse ne
se connaissaient pas.
Il la salua. Elle s'inclina à peine, trou-
vant qu'un si petit prêtre ne valait pas
davantage.
Je rentrai.
Je ne sais pas ce qu'est la paix bien-
heureuse de l'éternité. Mais elle doit res-
seiabjer à ce q^e rai dans )p c'qgur.
Rciïos de Paris
Là nouvelle direction de la presse au
ministère de l'intérieur, a donné le mot
d'ordre dans ses bureaux Rtre toujours
agréable à la presse parisienne, départemen-
tale et étrangère.
Cela nous changera un peu.
olt
Un signe caractéristique de la transfor-
mation de cette direction, c'est le rempla-
cement des bureaux-secrétaires par de
longues tables à tapis vert, semblables à
celles qui servent dans les salles de jeux
et dans les salles de rédaction des jour-
naux.
Avant-hier soir, vers six heures, la reine
et le roi d'Espagne, bras dessus bras des-
sous, descendaient les Champs-Elysées.
Ils étaient tout à fait seuls et revenaient
de* l'hôtel Basilewski la reine avait un
costume de soie sombre à couleur chan-
geante.
Une lettre particulière de Madrid an-
nonce le résultat des élections générales
des circonscriptions de la capitale et des
environs.
Sur cinquante-deux cortès élus, qua-
rante-huit sont, à différents points de vue,
partisans de la monarchie; les quatre au-
tres appartiennent au parti républicain.
Ainsi qu'on le voit, la chute d'Isabelle
n'a pas ouvert un vaste champ aux aspi-
rations d'un libéralisme radical.
Par suite de cette imposante majorité,
qui ne peut que grossir encore, le prince
des Asturies a de grandes chances d'être
appelé au trône sous la régence de Prim
oud'Espartero.
M. Vaudin, rédacteur en chef de la
France chorale, est gravement malade.
r'.
Les secrétaires de la conférence de l'Or-
dre des avocats, anciens et nouveaux,
qui se renouvellent par élection, chaque
année, au nombre de douze, se sont réunis
pour la première fois dans un banquet.
Avant-hier ils inauguraient cette cou-
tume nouvelle à l'hôtel du Louvre, au
nombre de cent environ.
M. Grévy, bâtonnier de l'ordre, prési-
dait le banquet, auquel il assistait, en sa
qualité d'ancien secrétaire de la confé-
rence il a prononcé une remarquable
allocution, qui a été. applaudie -et ac-
cueillie avec enthousiasme.
M. Devette, premier secrétaire de la pré-
sente année, lui a répondu.
M. Desmarets, ancien bâtonnier, a éga-
lement prononcé un discours qui a été fort
goûté de ses confrères. ;«.
M. de Beaufort, chargé au ministère des
affaires étrangères des relations avec la
presse francaise, est parti avec M. de
Moustier.
Il ne sera pas remplacé.
-M. de Beaufort a été décoré hier. Sa no-
mination sera probablement insérée au
Moniteur de demain. ,̃
Nous avons visité hier la salle de spec-
tacle du nouveau théâtre du Vaudeville-,
sa forme, à quelques détails près, sera la
même que celle des autres salles de spec-
tacle, mais les deux galeries sont d'une
coupe presque nouvelle elles sont con-
tournées de telle sorte que la partie du
fond, formant le grand côté d'une ellipse,
fournit une certaine quantité de loges de
face. De plus, ces galeries s'avançant très
fort au-dessus du parterre, rapprochent
les spectateurs de la scène; ce qui est très
important pour un théâtre de genre, d'où
sont exclues les pièces à tapage et les scè-
nes qu'on entend de loin. Tout cela est
fort ingénieusement combiné.
Mon père, dis-je brusquement au re-
ligieux, pouvez-vous officier ailleurs au'à
Rome? 1
n sourit de ma naïveté
Mes pouvoirs me suivent partout,
dit-il. Nous sommes chez nous, à Pékin
comme à Rome! 1
Je soulevai mon courage à deux" mains
et je dis
M. de Malmaiso*n m'a chargée de
vous demander si vous seriez assez bon
pour nous marier aujourd'hui 1
Amédée faillit tomber de surprise. Il
m'a avoué depuis que, s'il était tombé
c'aurait été à mes genoux. >~
Le père Ascanio sourit.
Heureusement, je n'ai pas déjeuné,
dit-il. Ce sera une messe. Allons au dôme
Nous y allâmes,
Je ne vis rien de ses splendeurs. J'étais
dans une région plus belle, avec Amédée
Sforzi nous servit de témoin.
Nous revenions à l'hôtel.
Le débarcadère n'était pas loin. Nous
entendîmes le coup de sifflet de la loco-
motive.
C'est le train, dit Amëdee. Partons-
nous ?
Je pensai à la duchesse, Je n'avais plus
rien à craindre d'elle, mais je ne voulais
pas la braver.
-Non, répondisse, Florence m'est très
ohôre On n'ira pas à Rome.
On n'ira pas à Rome dit le jésuite.
Que l'Italie vous entende
;̃ xi
Madame de Malmaison. avait eu la force
d'aller jusflu'au bout de sa lecture. L'al-
bum -ne contenait rien de plus. Toutes les
pages blanches étaient des paires heu-
reuses.
Son premier- mouvement fut de déchi-
rer ce témoignage de sa honte et ce réeji
d'une intrigue infâme. Elle avait iiè jouée
par une aventurière. Elle l'avait tenue
sou.s sa main, et elle l'avait laissé éobap-
îer 1 Il importait que personne ne pùt lire 1
La partie souterraine, au double point
de vue du chauffage et de la ventilation,
est également conçue avec beaucoup d'in-
telligence et de sagesse. L'entrée des dé-
cors s'effectuera par la porte d'angle de la
rue Meyerbeer: on leur fera traverser la
cour de l'administration, et on Ips intro-
duira sur le théâtre par une 'haute, baie
percée au fond du mur latéral de gauche.
Quelques employés des bureaux de l'ad.
ministration du ministère de la guère visi-
tent en ce moment tous les candidats pro-
posera l'Empereur pour répauletie d'offi-
cier de la çar.le mobile. Le but de ces
visites est de fournir à la place de Paris
tous les renseignements relatifs à la mo-
dalité, aux antécédents, occupations et
positions de fortune des futurs ofliciers.
Le nombre des proposes est très-consi-
dérable relativement à celui qui sera fa-
vorisé de l'épaulette d'or.
Parmi ces candidats figurent beaucoup
dejeune« gens employés dans les minis-
tères de la guerre, des finances, de l'inté-
rieur, de la marine et des affaires étran-
gères. Ce dernier fournit le plus grand
contingent.
Serait-ce parce que le.sjeun.es attachés
à ce département chercheraient, en cas
de guerre, le moyen de se détacher, et
s'efforceraient de faire terminer par le
sabre les différends qu'ils n'auraient pu
concilier par la plume ï
*v .̃"
Dans le courant du mois de janvier les
capitaines, lieutenants, spus-lieutenants
seront nommés.
Les cha/s de bataillon seulement sont
déjà désigné?.
Parmi ces officiera supérieurs nous
avons remarqué le nom du marquis de
Massa, son bataillon est le 9e et son orga-
nisation a lieu dans le faubourg Saint-
Martin.
Le marquis ne s'en plaint pas il sera
l'un des premiers à demander à faire
partie du corps 'de volontaires qui sera
mobilisé, en cas de guerre, 'et pourra
ainsi rentrer dans l'armée comme chef de
bataillon après l'avoir quittée comme ca-
pi4aine en donnant sa démission •au retour
du Mexique.
L'autre dimanche, un monsieur distri-
buait des brochures aux paysans de Ploën--
nec en Bretagne.
Le maire, ayant su cela, a mis son
echarpe, et, aidé de son garde champê-
tre. a sommé l'orateur de sortir du cime-
tière.
C'était M. Glais-Bizoin.
Le Sailing-Club et le Rowhig-Glub se c
séparent.
La voile abandonne l'aviron.
Hier, à l'hôtel Drouot, n èlô. vendue
une collection de vingt tableaux .moder-
nes et sept dessins.
Cette collect on appartenait à l'expert
M. Durand-Ruel, qui a fait en eeius occa-
sion une bonne affaire. Les étrennes pro-
chaines donnent de l'animation aux en-
chères, qui ont été fort soutenues.
La pièce principale de la vente, le Re-
tour de l'abreuvoir, de E. Delacroix, est
resiée pour 12,700 francs à M. Godelhaud,
adjudicataire.
Un Diaz Chênes el roches de la forêt de
Fontainebleau, a été payé* 9,700 fr. par M
Brame.
Dans un Bois, de Gabanel, a a teint 9;500
francs. C'est un mandataire de lord Iler-
foi'dt qui l'a acquis.
La Balle dans une oasis, de Fromentin
8,000 fr.
Deux Jules Dupré Un Smœmir des
Landes et le Bateau, le premier 5,000, le
deuxième 0,000 fr..
Puis une Marine, de Z>em, 5,950 francs;
la Zingara, d'Hébert, 6,700 fr lo.s Bords
de la Cure, de Daubigny 4,200 francs;
Entants jouant avec un crabe, de Merle
celte histoire Elle allait donc réduire le
manuscrit en poussière, Mais la P^ence
la retint. La disparition de l'Album n'a-
néantirait pas le fait. Fernande était du-
chesse de Malmaison, authentiquement
les bustes, et de détruire le mobilier Elle'
an voulait à Lamartine, à Hii^o à La-
mennais et à Lacordaire, qui avalent jeté
des idées d indépendance et d'audace dans
cette tête folle. Elle aurait été heureuse
de pulvemer les dieux Lares de Fernande
et de faire une ruine dans sa maison
Cependant elle eut le temps de se cal-
mer, car Fernande ne rentrait pas
Elle repensa Ru procès qu'on ]"i" susci-
tait.
Elle était venue pour ^«^ose,™
de Coul'celles..
réS^uefinqStP°intSanSaVOir-
r~ru;tat uelconque.
infinie*6 pl0Dgea dans des combinaisons
infinies: dans des coiiil)iiiaisons
Elle fut plus embarrassée qu'un aiguil-
leur, qui a six trains à débrouiller. Atout
prix, elle voulait garder son nom «t son ti-
tre, t-t peut-être avait-elle de meilleures
chances, cette heure qu'auparavant
La pas.-ion de l'orgueil lui éclaira un
axiome farouche
Savoir tirer parti de toutes les ef"cons-
tances, cest régner
Sans doute, elle avait manqué ̃inelfiue-
fois à l application de cette théorie Les
écarts de la jeunesse l'avaient emportée'.
Elle s'en flaitait. Mais à cinquante ans,
elle ne recommencerait pas ses impruden'
ces. Les événements sont les caries de la
destinée. Laisser passer les mauvais gar-
der les hons; utiliser les inMio-ojgants-
donner sa valeur à chaque coup; pn^aer'
enfin, presque toujours, tel est Je fait des
mai ms,
H. DE LÀ.CRETKLLE
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