Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1868-09-29
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 29 septembre 1868 29 septembre 1868
Description : 1868/09/29 (Numéro 273). 1868/09/29 (Numéro 273).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
LE FIGARO MARDI 20 SEPTEMBRE 1868
Echos de Paris
M. le comte Walé\vski, qui revenait de
Munich à Paris, a succombé hier soir à
Strasbourg à une attaque d'apoplexie fou-
droyante. Il était sept heures du soir et il
venait de descendre à l'hôtel de la Fille de
Paris. Il se plaignit d'être indisposé.
quelques minutes après, il tombait tout de
son longsur le parquet. Sa constitution plé-
thorique le vouait à ce genre de mort,
aussi le comte cherchait-il à combattre
par,. l'exercice, ce défaut d'équilibre dans
son' éconpmie. Il voyageait beaucoup et
menait une vie.très active.
Cet homme d'Etat laissera de nombreux
regrets s'il n'a pas réussi dans toutes ses
missions et dans toutes ses entreprises, s'il
n'a pas su résoudre toutes les difficultés
inhérentes aux fonctions/qui lui ont été
confiées, le comte Walewski par son affa-
bilité et son esprit a su conquérir les sym-
pathies de ceux qui l'ont approché. On
n'a pas oublié la séance du Corps législa-
tif dans laquelle il a annoncé aux députés
qu'il quittait le fauteuil de la présidence.
>1 Tous les membres de l'assemblée et par-
ticulièrement ceux de la gauche, se sont
portés vers lui et lui ont chaudement ex-
primé leurs regrets.
Madame Walewska est à Strasbourg; son
fils Charles, à la nouvelle de malheur, est
parti immédiatement pour cette ville,
par un train spécial.
Le comte Walewski était âgé de cin-
quante-huit ans. Il meurt sans laisser une
grande fortune. Tous les actes de sa car-
rière diplomatique ou ministérielle sont
empreints de libéralisme. Il convient
de lui en tenir compte et de rendre cette
justice à sa mémoire. Citons, pour finir,
un joli mot attribué au défunt.
Il fit représenter sous son nom, au
Théâtre-Français, en 1840, une pièce in-
titulée l'Ecole du monde, dont la chute
eut quelque retentissement. Le lendemain
il chassait au chien d'arrêt chez un mi-
nistre. Une perdrix se lève. le ministre
la tire, la manque et s'écrie
J'ai raté ma pièce.
Comme moi hier soir, dit le comte
avec un sourire.
Hier, les courses du bois de Boulogne
ont été attristées par de nombreux acci-
dents. Dans le prix de Saint-Cloud, le
jockey Gifford qui montait Nita, à M. L.
Delâtre, ayant trop serré la corde au pre-
mier tournant, a fait culbuter son cheval,
déterminant ainsi la chute de cinq autres
de ses concurrents qui le suivaient.
Les jockeys Bartholomew et Mizen ont
été assez grièvement blessés. ArthurWat-
kins et Charles Pratt, qui sont également
tombés, en ont été quittes pour quelques
légères contusions.
̃/
*4 *Une rencontre a eu lieu hier matin au
#Ï5ac-de-Gand, sur le territoire hollandais,
?̃ entre MM. Henri Rochefort et Ernest Ba-
roche.
Les deux documents suivants, qui nous
sont communiqués, en font connaître la
cause et les résultats
A la suite d'une publication faite dans le
n° 17 de la Lanterne M. Ernest Baroche a de-
mandé à M. Henri Rochefort une réparation
par les armes.
M. Rochefort a accepté cetle demande de
réparation.
L'arme choisie par M. Ernest Baroche est
l'épéo.
Il a été convenu entre les témoins soussi-
gnés que le duel cesserait, lorsqu'un des deux
adversaires serait hors de combat, sur l'avis
des deux médecins présents à la rencontre.
Fait double à Bruxelles le 26 septem-
bre 1868,
Pour M. E. Baroche,
E. DE LOYNES, ADOLPHE BELOT.
Pour M. Henri Rochefort,
CHARLES HUGO, FRANÇOIS-VICTOR HUGO.
Aujourd'hui, 27 septembre, à 9 heures et 1t
demie du matin, sur la frontière de Hollande,
a en lieu la rencontre, convenue la veille, en-
tre MM. Henri Rochefort et Ernest Baroche.
Le duel a duré un quart d'heure avec cinq
reprises différentes.
Au premier engagement M. Baroche a été
légèrement touché à la poitrine.
Au troisième engagement, M, Baroche a
reçu à la cuisse droite un coup d'épée, à la
suite duquel il a demandé à continuer le com-
bat.
Au cinquième engagement, dans un corps à
à corps que les témoins n'ont pas pu empê-
cher, M. Baroche a reçu un coup d'épée au
côté, en même temps que M. Rochefort était
atteint au bras droit.
Les médecins présents à la rencontre, MM.
Laussedat et Chanu, ont décidé que ces diffé-
rentes blessures empêchaient une nouvelle
reprise.
Les témoins, se conformant aux termes de
leur prpcès-verbal, ont* arrêté le duel d'un
commun accord.
Fait double à Gand.
FRANÇOIS-VICTOR HUGO, CHARLES HUGO,
E. DE LOYNES, ADOLPHE BELOT.
La conduite des adversaires a été en
tous points conforme aux règles de l'hon-
neur. :̃̃
Les témoins ont dû plusieurs fois modé-
rer l'ardeur des combattants.
A un moment donné, la chemise de
M. Baroche fût traversée.
Dieu! je l'ai tué, s'écria M. Roche-
fort.
Les témoins se précipitèrent mais M.
Baroojïe expliqua le fait, et le combat re-
commença..
y ̃̃̃̃
& On parle, à la dernièrj^neure, d'événe-
ments précipités, d'un*?fetour brusque de
Biarritz, d'un secoua' discours de Bor-
deaux, d'une convocation extraordinaire
d'un des grands #>rps de l'Etat, de quel-
ques remaniements, de beaucoup de cho-
ses, beaucoup trop de choses pour que
nous ne BÔus tenions pas sur la réserve
et en défiance contre ces avalanches de
racontars.
ï»armi les étrangers de distinction qui
sont en ce moment en villégiature à Biar-
ritz, nous pouvons citer MM. de La Va-
lette, le prince d'Ourusoff, aide de camp
de l'empereur de Russie, le comte de Gave,
secrétaire de l'ambassade d'Espagne, le
général de Villemerceul, les barons de
Loe, le marquis de Saint-Pallo, le baron
de Kleist, S. Exc. Mon, ambassadeur
d'Espagne; le prince Bibesco, d'Arco,
Reinhard-Siraudin, Fould, Pereire, le
prince Henri de Bourbon duc de Séville,
de Semonyi, le due de Sesto, le comte de
Malet, Narishkine, le général Fanshaco,
le baron de Joëst, Valdemar, chambellan
de l'empereur de Russie, le marquis
d'Ayerly, Martin Doesy, et M. David, di-
recteur de l'International, de Londres.
M. le ministre de l'intérieu r est allév
siter le Creuzot; il y a eu, en son hon-
neur, grand dîner chez M. le président
Schneider.
Son excellence se dispose à visiter Cha-
lon-sur-Saône et Mâcon.
Voici une nouvelle qui ne manquera pas
d'émouvoir le monde politique. Le czar
est en Prusse depuis hier.
Il charge la fureur de ses embrassements.
En arrivant à la gare de Postdam, Sa
Majesté est tombée dans les bras du roi
de Prusse et de ses enfants. On a présenté
les armes avec des fusils à aiguille!
M. Henri Plon s'attendait si peu au ré-
sultat de la soumission des deux Moni-
teurs, qu'aujourd'hui encore, sous l'im-
pression fâcheuse qu'il en a ressentie, il
est malade et au lit.
Le ministre d'Etat lui aurait, par com-
pensation, donné le Moniteur des communes,
une affaire de 100,000 francs par an.
seulement 1
M. Wittersheim a déjà commandé ses
presses et s'est rendu acquéreur d'un ter-
rain sis quai Conti, non loin de l'ambas-
sade d'Espagne l'ancien club des pommes
de terre, au coin de la rue de Beaune.
Les machines fonctionneront. le 15 dé-
cembre prochain!
Le procès de madame Rachel, la trop
célèbre émailleuse, s'est terminé hier,
après cinq jours de durée, par une con-
damnation à cinq ans de servitude pé-
nale.
De fréquentes plaintes nous arrivent,
au sujet des tirages des loteries autorisées,
tirages longtemps attendus, puis trois et
quatre fois reculés.
Ce n'est pas la première fois que nous
enregistrons ces irrégularités; nous ne
pouvons donc constater qu'une chose,
c'est que les réclamations sont peu écou-
tées.
La reine de Naples passait hier par Di-
jon, où le comte d'Aquila l'attendait. Elle
se rend à Rome.
Décidément, il est temps qu'arrive l'hi-
ver, les Parisiens sont au bout de leur
rouleau, ils ne savent plus qu'inventer
pour se distraire
Voici la dernière trouvaille
Un chef d'établissement, à grands coups
de prospectus, convie tout le public à voir
rôtir à la broche un bœuf tout entier; on
payera cent sous d'entrée, moyennant les-
quels on pourra goûter au bœuf et à la
musique de M. Arnaùlt (de l'Hippodrome),
engagée pour égayer la fête.
•
Voilà comment on s'amuse du côté de
l'Avenue de l'Impératrice. Chacun prend
son plaisir où il le trouve, et l'aspect de
l'opulente promenade, hier à cinq heures,
n'était certes pas fait pour réjouir les ha-
bitants malgré les courses, c'était d'un
mort! Cora Peal a dû bien s'ennuyer.
Puisque nous sommes à l'avenue de
l'Impératrice, prioïfs donc madame Trois
Etoiles de vouloir bien y meubler son
grand hôtel, -qui' depuis si longtemps at-
tend sa garniture. Il est vrai que cette
garniture coûterait bien deux cent mille
francs, et^fùe pour l'user il faudrait un-
train de cinq cent mille francs de rentes,
que madame Trois Etoiles est loin de pos-
séder.
Dès lors pourquoi ne le vend-elle pas
à une grande dame ou, à défaut, à une
grande filleî Je sais qu'elle répondra que
tout cela ne me regarde pas. Pardon, ma-
dame l'avenue de l'Impératrice, comme
les musées, fait partie des beautés de Pa-
ris nous aimons à les voir en bon ordre.
Et puis, vos vitres non entretenues pren-
nent d'indiscrètes couleurs irisées comme
si on les avait frottées avec du savon.
Vrai, madame, à votre place cela m'en-
nuierait beaucoup.
Nous avons dit hier, en parlant de la
mort de Joseph Kœnig, que ce citoyen
avait, en 1848, sollicité l'érection d'une
chaire d'athéisme; il y a quelques années
un belge, du nom de Fontaine, a été plus
loin.
S'appuyant sur les lois dû pays qui
laissent libres toutes. les religions et qui
en font payer les ministres, il sollicita
très sérieusement des chambres, par une
requête catégoriquement motivée, le poste
d'évêque des athées, avec vingt mille
francs d'appointements.
On peut renier Dieu, mais on ne renon-
cera jamais au veau d'or.
Nous sommes autorisés, priés plutôt,
par toute une amille, de rendre publics
les faits suivants qui sont vraiment in-
croyables 1
Vendredi, a#ès la représentation de l'a-
fricaine, les s de l'Opéra, rev&rent toutes quatre à leur
domicile, suivit leur habitude. Les deux
aînées entrèreftt chez elles, place Saint-
Gto/ges, laissait Adèle et Blanche monter
la rue Notre-Da|ne-de-Lorette.
Arrivées au ccln de la rue de Laroche-
foucauld, les de%c jeunes filles furent sai-
sies par quatre fagents des mœurs, con-
duits par un nofi|mé Constant, qui, dans
leur résistance bign naturelle, leur déchi-
rèrent leurs vèteri|ents.
A leurs cris accoururent MM. Villaret
et l'un de ses amis |[ui rentraient chez eux
également. M. Vifiaret se fit connaître,
puis attesta que les|deux demoiselles arrê-
tées étaient des pensionnaires de l'Opéra
et non pas des marfudeuses M. Villaret
fut injurié et les dèfix jeunes filles, con-
duites au poste de làrue Breda, se virent
confondues avec quatre-vingt filles arrê-
tées dans la soirée, 1|
M. Villaret alla prévenir les parents;
tous se rendirent au bureau du commis-
saire de police, passage tiafemère il fut
répondu que M. le commissaire ne serait
là qu'à neuf heures du m^pn; enfin, après
cent autres péripéties pénibles que com-
prendra le lecteur, les deux enfants du-
rent passer la nuit au poste, dans la so-
ciété que nous avons dite.
**#
Les sergents de ville, il faut le dire, ont
tout de suite compris l'erreur; mais ils
ne pouvaient rien les agents des moeurs
sont tout puissants.
Enfin, à neuf heures du matin, un nacre
amena mesdemoiselles Paren|^3hez le com-
missaire qui leur faisait d^gxcuses.
Voilà les taiis/^m leur plus scrupu-
leuse exactifas^lpNous les livrons au pu-
blic et à l^poï-ité, sans craindre le plus
petit co|$$li!aiqué rectificateur; nous es-
pérons^Ée ces praticiens de nuit seront
punis comme ils le méritent, et que cette
infamie ne sera pas regardée comme un
excès de zèle.
Il y a quelques années, l'Empereur cau-
sant familièrement avec le général Fleu-
ry, accoste M. le prince Joseph Ponia-
towski et lui dit à brûle pourpoint «Mon
cher maëstro, vous ne me ferez donc pas
un chant national. autre que Partant
pour la Syrie?» Il
Le prince Poniatowski promit, s'abou-
cha avec un poëte, composa les premières
notes, qu'il se chantait dans un voyage en
Italie pour se donner le courage d'affron-
ter les ardeurs du climat et puis. On
a continué à chanter Partant pour la Sy-
rie.
Il paraît que l'Empereur, continuant à
se fatiguer de cette mélodie, a plus compté
sur le ministre des Beaux-Arts que sur l'au-
teur de Pierre de Médicis, pour donner leur
essor aux poètes, car on annonce que Son
Excellence va convoquer le ban et l'ar-
rière-ban des Rouget de l'Isle et des musi-
ciens en un concours de chant patriotique.
Oui mais, disait Berlioz, on ne décrète
pas un chant national c'est le génie qui
popularise et rend une œuvre nationale.
Le comte de Bebutoff, cocher particu-
lier, -vous avez bien lu, -de S. M. l'Em-
pereur de toutes les Russies, vient de
mourir d'une anémie.
A la dernière heure, l'empereur l'a
nommé conseiller d'Etat.
Depuis quelques jours deux dames, re-
tour de Hombourg, courent les rues de
Paris à la recherche de deux jeunes gens
du meilleur monde.
Ces messieurs, après un rapide conr»
mencement de relations, s'étaient installés
dans une villa louée par ces demoiselles
qui déboursèrent à titre de prêt- trois
mille francs pour leurs invités.
Cette grande confiance se basait sur le
dire de ces messieurs, qui s'annonçaient
comme propriétaires d'importants immeu-
bles dont ils donnaient l'adresse à Paris.
Ils partirent un beau matin, après avoir
pris un nombre si considérable de bains de
son que l'une de ces demoiselles disait
J'aurais dû me douter que j'étais re-
faite on ne prend autant de bains que
quand ça ne coûte rien.
Il va sans dire qu'on ne trouva personne
aux adresses indiquées.
Donc ces dames cherchent, décidées à
aller réclamer leur dû jusque dans les
cercles ou dans les familles des jeunes
fuyards.
**?
Après ce qui précède, on comprendra
facilement ce mot d'une demoiselle qui, à
Trouville, attendait le retour d'une bande
de jeunes gens en promenade en mer.
A quelle heure reviendront-ils, lui
demandait-on ? '?
Ça dépend de l'heure de la marée,
répondit-elle.
~{
J'extrais, d'une lettre que je reçois d'Al-
gérie, une anecdote qui a son côté épique.
On enterrait un officier renommé par sa
bravoure. Tous ses collègues et l'état-ma-
jor de son régiment étaient réunis autour
de la fosse, quand le colonel s'adressant à
un capitaine
Eh bien, capitaine, vous ne dites
rien? Je vous avais pourtant chargé de
prendre la parole et de prononcer l'éloge
du défunt.
-J'ai songé à ma mission, mon colo-
nel, répondit l'interpellé, et je vais la
remplir.
Et ramassant un morceau de craie, il
s'approcha de la bière auprès de laquelle
priaient deux prêtres, et il écrivit sur le
couvercle « C'était un brave. »
Miss Nellie est un charmant bébé
fantasque comme une future jolie femme.
La mère se plaignait vivement d'un de
ses caprices.
C'est bien, dit bébé, on est injuste
envers moi: on me gronde quand je suis
méchante, et on ne me tient pas compte
des jours où j'ai envie d'être méchante et
où je ne le suis pas.
oii je ne le suis pas. Adrien Marx.
MENUS PROPOS
Entre nous, je commence à avoir de
l'Espagne plein le dos. Les nouvelles de
l'agence Havas se bornent à nous faire
savoir que tantôt M. Marfori met ses ba-
gages au chemin de fer, et que tantôt il
les retire; je ne me sens pas ému outre
mesure. Le drame révoluticnnaire se ré-
sume dans les allées et venues de ce sac
de nuit.
Il y a, cependant, beaucoup de gens que
ces bouleversements extérieurs émotion-
nent. La semaine dernière le public trem-
blait pour le duc de Bade. Il tremble au-
jourd'hui pour la reine d'Espagne. Il
tremble toujours. Il est menacé de la danse
de Saint-Guy. C'est un peu la faute des
journaux qui prennent les trônes ébranlés
par trop au sérieux. On pourrait nous
épargner ces secousses. Nous finirions
même par nous amuser beaucoup si, à
l'imitation de l'Agence des courses le
gouvernement avait l'idée de fonder •
L'AGENCE DES SOUVERAINS
Le matin on s'habituerait à aller regar-
der l'affiche. On y lirait, j)ar exemple
SOUVERAINS ENGAGÉS
N° 1. Duc de Bade par Léopold-Fré-
déric et grande duchesse Sophie
Wilhelmine.
N° 2. Reine Isabelle.,
Cette agence ne différerait de l'autre
qu'en un point. C'est qu'avec les chevaux
on gagne à l'arrivée, tandis qu'avec les
souverains on gagnerait au départ.
Le prince qui? aurait quitté son trône le
premier aurait' droit à un objet d'art offert
par le Jockajf-Glub.
On entravait dans la boutique. On pren-
drait un numéro, de la sorte on vivrait
tranquille, et l'on pourrait s'occuper uni-
quement de ce qui se passe chez nous. No-
tez que de temps à autre nous éprouve-
rions de douces joies; et que le jour où la
buraliste nous apprendrait que notre nu-
méro est sorti, nous pourrions nous dire
en nous frottant les mains
Bon! l'hydre de l'anarchie triomphe.
Je viens de gagner quarante sous!
Et au moins nous en finirions avec ces
transes perpétuelles; et nous ne serions
plus forcés d'acheter le Moniteur pour sa-
voir ce qui se passe, et nous ne nous de-
manderions plus avec anxiété chaque
jour, à chaque heure, si tel ou tel souve-
rain, dont la fortune a été mise à l'abri,
est menacé de manger bientôt les truffes
amères de l'exil 1
Je ne sais si mon idée a quelques chan-
ces de réussite. Je sais seulement que la-
dite agence serait bien commode en ce
qu'on y trouverait des renseignements
pleins d'intérêt sur les maîtres du monde.
Voici le pape, entre autres. Nous serions
enchantés de savoir s'il a été vraiment
franc-maçon. Tout porte à croire que oui,
et, pour ma part, je ne comprends pas la
fureur de l'Univers à cette nouvelle. L'Uni-
vers n'aurait droit de se fâcher qu'au cas
où l'on affirmerait que le pape a été maho-
métan.
-Nous savez, N. S. P.? C'est un an-
cien pacha à trois queues!
Ah si l'on imprimait cela, l'étonnement
et la colère du parti religieux me semble-
rait naturel. Mais le pape franc-maçon?
Voilà bien de quoi s'emporter! Nous con-
naissons aujourd'hui les manœuvres té-
nébreuses de la franc-maçonnerie. Elles
consistent
1° A porter des cordons bleus avec de
petits triangles brodés en or, 2° à secou-
rir des indigents.
Or il y a une chose à remarquer.
En 1824, le P. pape-roi était un pau-
vre et digne prêtre qui prenait sur son
traitement pour donnera MM. T. C.F.
Aujourd'hui c'est un prêtre riche, qui a
une cour, des carrosses, une armée, un
budget, et qui, au lieu de passer sa vie à
faire des aumônes, emploie son temps à
en recevoir. Je me demande si sa situation
est meilleure, et s'il n'a pas besoin de ce
qu'il a donné pour se faire pardonner ce
qu'il a reçu. Aussi ne serais-je pas sur-
pris si, plus tard, saint Pierre lui disait
Comme pape, j'hésiterais peut-être à
vous laisser entrer; mais si vous vous pré-
tentez comme prêtre-maçon, vous serez
admis.
Edouard Lockroy.
PARIS AU JOUR LE JOUR
La lecture des feuilletons de'lundi adu
être moins pénible pour M. Cadol qu'il
semblait le craindre, d'après la lettre que
publiait hier M. Jules Prével.
Je suis heureux de constater que la
grande presse a été unanime à signaler le
succès et le mérite des Inutiles.
Tout au plus lui a-t-on fait quelques
reproches sur la préface qu'il avait fait
publier par avance et où il affirmait ses
vues sur la moralité au théâtre.
Je ne crois pas, en effet, qu'il s'agisse
de faire du théâtre moral, mais des pièces
où le jeu des passions humaines soit re-
présenté de façon à ce que le spectateur
en tire une leçon sous-entendue.
Tartuffe est une pièce morale, Macbeth
aussi, et Turcaret aussi; sans vouloir faire
de rapprochement, Maison neuve et la Fa-
mille Benoiton me paraissent aussi deux
œuvres empreintes d'une haute moralité,
malgré la crudité de certains détails. Mo-
lière, Shakespeare, Le Sage et M. Sardou
ne se sont pourtant point préoccupés de
mettre sur la scène des personnages mo-
raux. L'enseignement vient de plus haut
et le vice est ici plus instructif que la
vertu.
Toute la presse a rendu aussi hommage
au talent de M. Lesueur dans Nos Enfants.
M. Ranc fait cette observation fort juste
qu'il ressemble à un personnage de Dic-
kens transporté en France.
»*# Parmi les déclarations de faillite
d'hier, j'ai remarqué l'énoncé d'une pro-
fession qui sent son vaudeville d'une
lieue
M. Sorg, éleveur de lapins. `°
Il parait que l'art d'élever des lapins ne
rapporte pas toujours trois mille livres de
rente.
#% M. Winoc-Jacquemin raconte, dans
le Nain Jaune, une courte et édifiante his-
toire de liigh-life qui ne serait pas dépla-
cée dans la biographie de quelque grande
dame du temps jadis, la maréchale de
Luxembourg, je suppose.
Une dame du monde le plus distingué et le
plus en vue part pour l'Angleterre avec son
mari et douze valets. On arrive, on descend
à l'hôtel. Le lendemain, vers le soir, la dame
a disparu. Or, telle est l'excellente et classi-
que éducation de ces douze valets, hommes et
femmes, que, sans avoir été prévenus, il n'y
en a pas un qui s'étonne de la disparition su-
bite et qui ne réponde avec sang-froid aux
amis, aux parents « que la dame est retenue
au lit par une indisposition légère. »
Après trois jours et trois nuits, autant que
Jonas passa de jours et de nuits dans le ven-
tre de la baleine, la dame reparaît, prend un
verre d'eau sucrée, se couche et reçoit avec
un sourire son mari qui entre en souriant.
Une illustre amie disait le lendemain
C'est bien, quand on est chez soi; mais,
à l'hôtel!
**» M. Feyrnet complète les renseigne-
ments qu'on a eus sur le Persan par quel-
ques traits bien empreints du flegme
oriental.
Dàns la vie intime, Ismaël avait certains
mots dont il faisait souvent usage.
Chaque fois qu'il donnait un ordre à son
valet de chambre, il le faisait précéder de
cette phrase « Une fois pour toutes. »
Un objet n'était-il pas en ordre, un meu-
ble était-il mal essuyé, Ismaïl se contentait
de faire « Hum hum! » et d'étendre le
doigt vers le meuble ou vers l'objet. Il fallait
comprendre.
Il ne recevait personne; mais son domes-
tique lui annonçait néanmoins les gens qui se
présentaient.
« Allez, » disait Ismaël. Cela voulait dire
« Renvoyez. »
#*# Le Bulletin international parle d'une
caricature assez amusante qui circule à la
Bourse
C'est la paraphrase de la dépêche des trois
ministres affichée à la Bourse le jour que le
télégraphe apporta le discours de Riel.
La tête de S. M. Guillaume de Prusse se
profile sur un ciel noir chargé de nuages. Ses
moustaches sont relevées en deux immenses
crocs de l'aspect le plus menaçant. Les trois
ministres français sont suspendus à ces crocs
et font des efforts aussi énergiques que vains
pour les abaisser.
$*# La Revue moderne est intéressante 1
cette fois M. Adolphe Court, à l'aide
d'une correspondance inédite, a pu re-
constituer la jeunesse de Proudhon. et
l'évolution de ses idées.
Je lui demande la permission de douter
d'une anecdote où le merveilleux sophiste
menace de mort un de ses anciens profes-
seurs qui s'est moqu4 de son accent franc-
comtois. Si cet étrange dialogue a eu lieu,
il faut, selon moi, le prendre pour une
plaisanterie un peu chargée ce qui est
fort intéressant, c'est le mémoire où Prou-
dhon exposait à l'académie de Besançon
ses titres pour obtenir le prix fondé par
la veuve de Suard.
Il y a des passages navrants, quand
l'auteur futur des Contradictions économi-
ques raconte les douleurs de son enfance.
Destiné d'abord à une profession mécani-
que, je fus, par les conseils d'un ami de mon
père, placé comme élève externe gratuit au
collége de Besançon. Mais qu'était-ce que la
remise de cent vingt francs pour une famille
où le vivre et le vêtir étaient toujours en pro-
blème ? Je manquais habituellement des li-
vres les plus nécessaires. Je fis toutes mes
études de latinité sans un dictionnaire; après
avoir traduit en latin tout ce que me fournis-
sait ma mémoire, je laissais en blanc les mots
qui m'étaient inconnus, et, à la porte du col-
lége, je remplissais les places vides. J'ai subi
cent punitions pour avoir oublié mes livres
c'était que je n'en avais point. Tous mes jours
de congé étaient remplis par le travail des
champs ou de la maison, afin d'épargner une
journée de manoeuvre; aux vacances, j'allais
moi-même aux bois chercher la provision de
cercles qui devait alimenter la boutique de
mon père, tonnelier de profession. Quelles
études ai-je pu faire avec une semblable mé-
thode ? Quels minces succès j'ai dû obtenir!
Je poursuivis mes humanités à travers les
misères de ma famille, et tous les dégoûts
dont peut être abreuvé un jeune homme sen-
sible et du plus irritable amour-propre. Outre
les maladies et le mauvais état de ses affaires,
mon père poursuivait un procès dont la perte
devait compléter sa ruine. Le jour même où
le jugement devait être prononcé, je devais
être couronné d'excellence. Je vins le cœur
bien triste à cette solennité où tout semblait
me sourire; pères et mères embrassaient leurs
fils lauréats et applaudissaient à leurs triom-
phes, tandis que ma famille était au tribunal,
attendant l'arrêt.
Je m'en souviendrai toujours. M. le recteur
me demanda si je voulais être présenté à
quelque parent ou ami pour me voir couron-
ner de sa main.
Je n'ai personne ici, monsieur le Rec-
teur lui répondis-je.
-Eh bien! ajouta-t-il, je vous couronne-
rai et vous embrasserai.
Jamais, messieurs, je ne sentis un plus vif
saisissement. Je retrouvai ma famille conster-
née, ma mère dans les pleurs notre procès
était perdu. Ce soir-là, nous soupàmes tous
au pain et à l'eau. 1
Je me trainai jusqu'en rhétorique ce fut
ma dernière année de collége. Force me fut
dès lors de pourvoir à ma nourriture et à
mon entretien. « Présentement, me dit
mon père, tu dois savoir ton métier à dix-
huit ans, je gagnais du pain, et je n'avais
point fait un si long apprentissage. » Je
trouvai qu'il avait raison, et j'entrai dans une
imprimerie.
Sans douter un instant de la bonne foi
de Proudhon et de la sérénité de son esprit,
cette enfance douloureuse explique bien
les tendances radicalement réformatrices
qu'il témoigna depuis.
#*a Peut-être faut-il accorder la même
excuse à M. Jaclard, l'orateur de Berne que
M. Jules Richard a fort bien réfuté hier.
M. J. J. Blanc a donné dans l'Opinion
nationale un résumé assez détaillé de son
discours, dont voici la conclusion
Oui, bientôt la dernière guerre sera faite
mais elle sera terrible, et contre tout ce qui
existe, capital et bourgeoisie; cette bourgeoi-
sie qui n'a plus rien, ni à la tète ni au cœur,
et qui ne se tient plus debout que par un mi-
racle d'équilibre, qu'on ne comprend pas en
face de tant de décrépitudes.
Ma conclusion est que ce n'est que sur les
ruines fumantes, je ne dirai pas de leur sang,
dopuia longtemps ils n'en ont plus dans les
veines, mais our lourd ruinas et sur tanrçt
détritus que nous pourrons fonder la républi-
que sociale.
Si je ne me trompe, M. Jaclard est étu-
diant en médecine; il se trouve donc ap-
partenir pour l'avenir sinon pour le passé,
à la caste soi-disant privilégiée dont il de-
mande la pulvérisation. Poussera-t-il la
logique jusqu'à se détruire lui-même.
M. Elisée Reclus, dans un autre discours,
dit ceci
Dans la société que je rêve, il ne resterait
plus déplace pour les parasites; on ne les
tuerait point mais la vie qu'on leur accorde-
rait serait une vie de tolérance et de mé-
pris.
Je vous avoue encore ici que dans la
société en question, le sort de M. Elisée
Reclus m'inquiète. A proprement parler,
l'homme de lettres, le philosophe obscur
qui n'apporte pas à son temps une provi-
sion nette et formulée de génie et de pro-
grès n'est qu'un parasite.
Voilà donc M. Recluis,. ainsi que nous
tous, condamné à mort.
Un détail sur ce penseur il appartient
à ce qu'on m'affirme à la secte des
légumistes. Une de ses connaissances qui
n'était pas prévenue fut invitée à diner
chez lui; après le potage maigre, on lui
offrit du vol-au-vent. Il accepta. C'était
un vol-au-vent aux salsifis. L'invité en
frémit encore.
#\ Deux Joliettana du Cliarivan:
J'ai entendu ce dialogue étonnant
Monsieur, vous m ennuyez.
J'en suis fâché.
Fichez-moi l'empire.
Hein ? 1
L'empire, c'est la paix.
ik##
En police correctionnelle
Fille Bernard, vous connaissez l'accusé ? 1
Oui, monsieur le président, nous avons
vécu maritalement.
Combien de temps? 1
(Avec candeur) Deux jours.
#*# Un monsieur se présente au bureau
des passeports, et en attendant l'employé,
cause avec le garçon de bureau.
Vous' n'êtes donc pas Français ? dit
celui-ci.
Non, je suis Suisse.
Suisse ? chez qui donc? '?
Francis Magnard.
CHRONIQUE DE PARIS
Il est incontestable que nous vivons
dans un temps singulier où rien ne se
passe selon la logique et les apparences
du sens commun.
Tandis que les gouvernants manquent
d'initiative, de programme, de but et de
plan, nous voyons chaque gouverné dé-
ployer son petit projet individuel de ré-
volution
Autant de républicains, autant de sys-
tèmes de république.
Autant de socialistes, autant de systè-
mes de socialisme.
Si l'on interrogeiait un ministre dans
un petit coin bien secret, là où il ne pour-
rait être entendu que d'un interlocuteur
digne de sa confiance, si on lui deman-
dait quelles réformes et quels progrès il
rêve pour assurer le bonheur de ses ad-
ministrés et consolider le régime dont il
est l'expression, je parie mille contre un
que le ministre vous répondrait d'un ton
important
Certainement il y a quelque chose à
faire, mais croyez-le bien, cela n'est pas
aussi considérable qu'on veut bien le aire,
certaines réformes sont impossibles, cer-
tains progrès sont irréalisables. Le
mieux est souvent l'ennemi du bien et du
moment qu'un gouvernement marche avec
la majorité du pays, on n'a rien à lui de-
mander de plus.
Et satisfait d'avoir chanté la Marseillaise
de l'homme arrivé, il ajoutera:
D'ailleurs, que voulez-vous qu'on
fasse ? si nous donnons un peu de liberté,
aussitôt on en profite pour nous gêner.
Le peuple est ainsi fait plus on lui
donne, plus il demande le mieux serait
de le tenir sous une main de fer, de s'oc-
cuper de son bien-être, de faire en sorte,
ce qui n'est pas toujours facile, de
lui assurer du travail avec des salaires
suffisants, du pain et et des logements as-
sez bon marché. Voilà ce que doit faire le
gouvernement pour le peuple, rien de
plus, rien de moins.
Ceci est le second couplet dé la Marseil-
laise de l'homme arrivé. Que si vous lui
dites qu'après tout, le peuple a des droits
imprescriptibles, il vous regardera de tra-
vers, vous appellera anarchiste et en-
tonnera le troisième et dernier couplet
Eh bien bougez donc dira-t-il fai-
tes des barricades! tentez de soulever le
peuple. D'abord, vous n'y réussirez pas, le
peuple est avec nous, le peuple est raison-
nable, il sait que les utopies ne lui don-
nent pas de pain. Quant à nous, nous sa-
vons qui nous avons à craindre l'or des
anciens partis monarchiques et quelques
cerveaux brûlés républicains. Eh bien 1
qu'ils y viennent! Appuyée d'un côté sur
la majorité du Corps législatif, de l'autre
sur le vote unanime de la nation, la dy-
nastie dira à l'armée de faire son de-
voir.
Voilà toute la politique des ministres ac-
tuels ils n'en ont pas d'autre et ils
considèrent comme des Hurons tous ceux
qui en ont une autre.
Lorsqu'une idée nouvelle surgit, on la
met sous le boisseau. Lorsqu'un homme
nouveau se dessine, on le traite de révo-
lutionnaire lorsqu'un fait nouveau
s'accomplit, on le nie.
L'autruche n'a pas d'autre politique ni
d'autre tactique,
Le congrès de Berne, qui est un acci-
dent périodique de la maladie sociale qui
tourmente la France et même toute la
vieille Europe, le congrès de Berne n'est
même pas pour le gouvernement un en-
seignement.
Le gouvernement n'y voit et ne veut y
voir qu'une agitation factice, ou bien une
sorte de champ clos où quelques vanités
en non-activité vont s'escrimer et tirer au
mur.
Il est certain qu'il y a, dans le congrès
de Berne, un peu de ceci et de cela-mais
il y a aussi autre chose que n'aperçoivent
pas les esprits superflcieMdu parti con-
servateur. Là où l'on #|&eharne à trouver
des révoltés conjrapa société, il ne faut
voir que des prâpTseurs. Je ne niex'ai pas
je l'ai d'jplurs démontré hier- qu'on
dise éno^rement de niaiseries à Berne,
comme dans tous les congrès de cette na-
ture on en dit, on doit en dire mais
ces niaiseries ne sont pas aussi futiles que
celles qu'on débite entre conservateurs,
pour prouver que deux et deux font qua-
tre. ce Qui n'a plus besoin d'être démontré.
L'agitation sociale n'est ni une agitation
d'écureuils qui reviennent sans cesse sur
eux-mêmes ni un piétinement de gens
impatients c'est la grande gestation du
dix-neuvième siècle gestation qui abou-
tira, quoi qu'on fasse et quoi qu'on dise.
Les républicains autoritaires, faisant
en cela cause commune avec les conserva-
teurs dont ils ne diffèrent d'ailleurs, comme
doctrine, que parce qu'i]3pe, sont pas aux
affaires, les régubliçaîtis autoritaires ne
se doutent pas^uè parmi les travailleurs
la forme sojîale dépasse la forme politi-
que et.g^on n'y discute pas la seconde, si
l'on Rfgdmet pas la première.
Cependant voici un fait que je signale
à l'attention des hommes réfractaires au
mouvement social, ou qui nient sa force
acquise. L'Opinion nationale, qui contient
une correspondance très détaillée et, pa-
rait-il, fort exacte sur les séances du Con-
grès de Berne, a vu depuis tyiit jours son
tirage quotidien augmenter^ife deux mille
exemplaires. Ce n'est n|#a un succès de
roman, ni à une ardeu/€xceptionnelle de
polémique qu'il fautjôttribuer cette aug-
mentation de tirage mais bien à la cor-
respondance de M/j.-J. Blanc.
Je ne suis ici qu'un reporter., je ne prè-
che ni en faveur de telle école ni contre
telle autre; je constate un fait et je crie
gare aux aveugles et à ceux qui se bou-
chent les yeux.
Si l'école socialiste était une, si chaque
groupe social n'adoptait pas une doctrine
particulière, si dans chaque groupe tout
le monde était d'accord, je ne vous crie-
rais pas gare! je n'aurais pas le temps;
l'avalanche vous engloutirait avant que
vous ayez eu le temps de lever le doigt.
Mais il n'en est pas ainsi; l'église socia-
liste n'a eu encore que son saint Jean-
Baptiste. Or, saint Jean-Baptiste Prou-
dhon n'a fait que démolir la vieille so-
ciété il n'a pas fixé la formule de la
société nouvelle; il a jeté la semence au
vent, et, en attendant qu'un Messie nou-
veau se lève, mille évangélistes de fantai-
sie prophétisent et vaticinent.
Ce messie peut surgir demain. Alors
que ferez-yous?
Pourquoi donc ne pas donner une issue
à ce mouvement, au lieu de le laisser s'ai-
grir et se detourner de son but? Pourquoi
ne pas y aider? pourquoi ne pas lui four-
nir les moyens de se régulariser lui-
même ?
Son but c'est l'égalité sociale..
89 nous a déjà donné l'égalité civile,
i848 l'égalité politique; pourquoi recule-
rions-nous devant la troisième égalité,
qui n'est que justéi, si elle est renfermée
dans les limites naturelles de l'organisa-
tion humaine? '?
Aujourd'hui il n'y a que les -utopistes
qui demandent l'abolition de la propriété,
la suppression de la bourgeoisie, et l'avé-
nement des femmes aux affaires publiques.
Mais les hommes pullulent qui déduisent
des idées sinon pratiqués, du moins très
utiles sur le salariat, l'association et l'as-
surance pourquoi ne pas ouvrir une
grande enquête sur les réformes sociales
comme on a fait une grande enquête agri-
cole?- 7 •
Certes, je crois les préfets, les députés
et tous les gens du pouvoir mal préparés
à recevoir les déclarations des ouvriers et
des réformateurs qui les dirigent. Mais
pour le moment il ne s'agit que de réunir
Echos de Paris
M. le comte Walé\vski, qui revenait de
Munich à Paris, a succombé hier soir à
Strasbourg à une attaque d'apoplexie fou-
droyante. Il était sept heures du soir et il
venait de descendre à l'hôtel de la Fille de
Paris. Il se plaignit d'être indisposé.
quelques minutes après, il tombait tout de
son longsur le parquet. Sa constitution plé-
thorique le vouait à ce genre de mort,
aussi le comte cherchait-il à combattre
par,. l'exercice, ce défaut d'équilibre dans
son' éconpmie. Il voyageait beaucoup et
menait une vie.très active.
Cet homme d'Etat laissera de nombreux
regrets s'il n'a pas réussi dans toutes ses
missions et dans toutes ses entreprises, s'il
n'a pas su résoudre toutes les difficultés
inhérentes aux fonctions/qui lui ont été
confiées, le comte Walewski par son affa-
bilité et son esprit a su conquérir les sym-
pathies de ceux qui l'ont approché. On
n'a pas oublié la séance du Corps législa-
tif dans laquelle il a annoncé aux députés
qu'il quittait le fauteuil de la présidence.
>1 Tous les membres de l'assemblée et par-
ticulièrement ceux de la gauche, se sont
portés vers lui et lui ont chaudement ex-
primé leurs regrets.
Madame Walewska est à Strasbourg; son
fils Charles, à la nouvelle de malheur, est
parti immédiatement pour cette ville,
par un train spécial.
Le comte Walewski était âgé de cin-
quante-huit ans. Il meurt sans laisser une
grande fortune. Tous les actes de sa car-
rière diplomatique ou ministérielle sont
empreints de libéralisme. Il convient
de lui en tenir compte et de rendre cette
justice à sa mémoire. Citons, pour finir,
un joli mot attribué au défunt.
Il fit représenter sous son nom, au
Théâtre-Français, en 1840, une pièce in-
titulée l'Ecole du monde, dont la chute
eut quelque retentissement. Le lendemain
il chassait au chien d'arrêt chez un mi-
nistre. Une perdrix se lève. le ministre
la tire, la manque et s'écrie
J'ai raté ma pièce.
Comme moi hier soir, dit le comte
avec un sourire.
Hier, les courses du bois de Boulogne
ont été attristées par de nombreux acci-
dents. Dans le prix de Saint-Cloud, le
jockey Gifford qui montait Nita, à M. L.
Delâtre, ayant trop serré la corde au pre-
mier tournant, a fait culbuter son cheval,
déterminant ainsi la chute de cinq autres
de ses concurrents qui le suivaient.
Les jockeys Bartholomew et Mizen ont
été assez grièvement blessés. ArthurWat-
kins et Charles Pratt, qui sont également
tombés, en ont été quittes pour quelques
légères contusions.
̃/
*4 *Une rencontre a eu lieu hier matin au
#Ï5ac-de-Gand, sur le territoire hollandais,
?̃ entre MM. Henri Rochefort et Ernest Ba-
roche.
Les deux documents suivants, qui nous
sont communiqués, en font connaître la
cause et les résultats
A la suite d'une publication faite dans le
n° 17 de la Lanterne M. Ernest Baroche a de-
mandé à M. Henri Rochefort une réparation
par les armes.
M. Rochefort a accepté cetle demande de
réparation.
L'arme choisie par M. Ernest Baroche est
l'épéo.
Il a été convenu entre les témoins soussi-
gnés que le duel cesserait, lorsqu'un des deux
adversaires serait hors de combat, sur l'avis
des deux médecins présents à la rencontre.
Fait double à Bruxelles le 26 septem-
bre 1868,
Pour M. E. Baroche,
E. DE LOYNES, ADOLPHE BELOT.
Pour M. Henri Rochefort,
CHARLES HUGO, FRANÇOIS-VICTOR HUGO.
Aujourd'hui, 27 septembre, à 9 heures et 1t
demie du matin, sur la frontière de Hollande,
a en lieu la rencontre, convenue la veille, en-
tre MM. Henri Rochefort et Ernest Baroche.
Le duel a duré un quart d'heure avec cinq
reprises différentes.
Au premier engagement M. Baroche a été
légèrement touché à la poitrine.
Au troisième engagement, M, Baroche a
reçu à la cuisse droite un coup d'épée, à la
suite duquel il a demandé à continuer le com-
bat.
Au cinquième engagement, dans un corps à
à corps que les témoins n'ont pas pu empê-
cher, M. Baroche a reçu un coup d'épée au
côté, en même temps que M. Rochefort était
atteint au bras droit.
Les médecins présents à la rencontre, MM.
Laussedat et Chanu, ont décidé que ces diffé-
rentes blessures empêchaient une nouvelle
reprise.
Les témoins, se conformant aux termes de
leur prpcès-verbal, ont* arrêté le duel d'un
commun accord.
Fait double à Gand.
FRANÇOIS-VICTOR HUGO, CHARLES HUGO,
E. DE LOYNES, ADOLPHE BELOT.
La conduite des adversaires a été en
tous points conforme aux règles de l'hon-
neur. :̃̃
Les témoins ont dû plusieurs fois modé-
rer l'ardeur des combattants.
A un moment donné, la chemise de
M. Baroche fût traversée.
Dieu! je l'ai tué, s'écria M. Roche-
fort.
Les témoins se précipitèrent mais M.
Baroojïe expliqua le fait, et le combat re-
commença..
y ̃̃̃̃
& On parle, à la dernièrj^neure, d'événe-
ments précipités, d'un*?fetour brusque de
Biarritz, d'un secoua' discours de Bor-
deaux, d'une convocation extraordinaire
d'un des grands #>rps de l'Etat, de quel-
ques remaniements, de beaucoup de cho-
ses, beaucoup trop de choses pour que
nous ne BÔus tenions pas sur la réserve
et en défiance contre ces avalanches de
racontars.
ï»armi les étrangers de distinction qui
sont en ce moment en villégiature à Biar-
ritz, nous pouvons citer MM. de La Va-
lette, le prince d'Ourusoff, aide de camp
de l'empereur de Russie, le comte de Gave,
secrétaire de l'ambassade d'Espagne, le
général de Villemerceul, les barons de
Loe, le marquis de Saint-Pallo, le baron
de Kleist, S. Exc. Mon, ambassadeur
d'Espagne; le prince Bibesco, d'Arco,
Reinhard-Siraudin, Fould, Pereire, le
prince Henri de Bourbon duc de Séville,
de Semonyi, le due de Sesto, le comte de
Malet, Narishkine, le général Fanshaco,
le baron de Joëst, Valdemar, chambellan
de l'empereur de Russie, le marquis
d'Ayerly, Martin Doesy, et M. David, di-
recteur de l'International, de Londres.
M. le ministre de l'intérieu r est allév
siter le Creuzot; il y a eu, en son hon-
neur, grand dîner chez M. le président
Schneider.
Son excellence se dispose à visiter Cha-
lon-sur-Saône et Mâcon.
Voici une nouvelle qui ne manquera pas
d'émouvoir le monde politique. Le czar
est en Prusse depuis hier.
Il charge la fureur de ses embrassements.
En arrivant à la gare de Postdam, Sa
Majesté est tombée dans les bras du roi
de Prusse et de ses enfants. On a présenté
les armes avec des fusils à aiguille!
M. Henri Plon s'attendait si peu au ré-
sultat de la soumission des deux Moni-
teurs, qu'aujourd'hui encore, sous l'im-
pression fâcheuse qu'il en a ressentie, il
est malade et au lit.
Le ministre d'Etat lui aurait, par com-
pensation, donné le Moniteur des communes,
une affaire de 100,000 francs par an.
seulement 1
M. Wittersheim a déjà commandé ses
presses et s'est rendu acquéreur d'un ter-
rain sis quai Conti, non loin de l'ambas-
sade d'Espagne l'ancien club des pommes
de terre, au coin de la rue de Beaune.
Les machines fonctionneront. le 15 dé-
cembre prochain!
Le procès de madame Rachel, la trop
célèbre émailleuse, s'est terminé hier,
après cinq jours de durée, par une con-
damnation à cinq ans de servitude pé-
nale.
De fréquentes plaintes nous arrivent,
au sujet des tirages des loteries autorisées,
tirages longtemps attendus, puis trois et
quatre fois reculés.
Ce n'est pas la première fois que nous
enregistrons ces irrégularités; nous ne
pouvons donc constater qu'une chose,
c'est que les réclamations sont peu écou-
tées.
La reine de Naples passait hier par Di-
jon, où le comte d'Aquila l'attendait. Elle
se rend à Rome.
Décidément, il est temps qu'arrive l'hi-
ver, les Parisiens sont au bout de leur
rouleau, ils ne savent plus qu'inventer
pour se distraire
Voici la dernière trouvaille
Un chef d'établissement, à grands coups
de prospectus, convie tout le public à voir
rôtir à la broche un bœuf tout entier; on
payera cent sous d'entrée, moyennant les-
quels on pourra goûter au bœuf et à la
musique de M. Arnaùlt (de l'Hippodrome),
engagée pour égayer la fête.
•
Voilà comment on s'amuse du côté de
l'Avenue de l'Impératrice. Chacun prend
son plaisir où il le trouve, et l'aspect de
l'opulente promenade, hier à cinq heures,
n'était certes pas fait pour réjouir les ha-
bitants malgré les courses, c'était d'un
mort! Cora Peal a dû bien s'ennuyer.
Puisque nous sommes à l'avenue de
l'Impératrice, prioïfs donc madame Trois
Etoiles de vouloir bien y meubler son
grand hôtel, -qui' depuis si longtemps at-
tend sa garniture. Il est vrai que cette
garniture coûterait bien deux cent mille
francs, et^fùe pour l'user il faudrait un-
train de cinq cent mille francs de rentes,
que madame Trois Etoiles est loin de pos-
séder.
Dès lors pourquoi ne le vend-elle pas
à une grande dame ou, à défaut, à une
grande filleî Je sais qu'elle répondra que
tout cela ne me regarde pas. Pardon, ma-
dame l'avenue de l'Impératrice, comme
les musées, fait partie des beautés de Pa-
ris nous aimons à les voir en bon ordre.
Et puis, vos vitres non entretenues pren-
nent d'indiscrètes couleurs irisées comme
si on les avait frottées avec du savon.
Vrai, madame, à votre place cela m'en-
nuierait beaucoup.
Nous avons dit hier, en parlant de la
mort de Joseph Kœnig, que ce citoyen
avait, en 1848, sollicité l'érection d'une
chaire d'athéisme; il y a quelques années
un belge, du nom de Fontaine, a été plus
loin.
S'appuyant sur les lois dû pays qui
laissent libres toutes. les religions et qui
en font payer les ministres, il sollicita
très sérieusement des chambres, par une
requête catégoriquement motivée, le poste
d'évêque des athées, avec vingt mille
francs d'appointements.
On peut renier Dieu, mais on ne renon-
cera jamais au veau d'or.
Nous sommes autorisés, priés plutôt,
par toute une amille, de rendre publics
les faits suivants qui sont vraiment in-
croyables 1
Vendredi, a#ès la représentation de l'a-
fricaine, les s
domicile, suivit leur habitude. Les deux
aînées entrèreftt chez elles, place Saint-
Gto/ges, laissait Adèle et Blanche monter
la rue Notre-Da|ne-de-Lorette.
Arrivées au ccln de la rue de Laroche-
foucauld, les de%c jeunes filles furent sai-
sies par quatre fagents des mœurs, con-
duits par un nofi|mé Constant, qui, dans
leur résistance bign naturelle, leur déchi-
rèrent leurs vèteri|ents.
A leurs cris accoururent MM. Villaret
et l'un de ses amis |[ui rentraient chez eux
également. M. Vifiaret se fit connaître,
puis attesta que les|deux demoiselles arrê-
tées étaient des pensionnaires de l'Opéra
et non pas des marfudeuses M. Villaret
fut injurié et les dèfix jeunes filles, con-
duites au poste de làrue Breda, se virent
confondues avec quatre-vingt filles arrê-
tées dans la soirée, 1|
M. Villaret alla prévenir les parents;
tous se rendirent au bureau du commis-
saire de police, passage tiafemère il fut
répondu que M. le commissaire ne serait
là qu'à neuf heures du m^pn; enfin, après
cent autres péripéties pénibles que com-
prendra le lecteur, les deux enfants du-
rent passer la nuit au poste, dans la so-
ciété que nous avons dite.
**#
Les sergents de ville, il faut le dire, ont
tout de suite compris l'erreur; mais ils
ne pouvaient rien les agents des moeurs
sont tout puissants.
Enfin, à neuf heures du matin, un nacre
amena mesdemoiselles Paren|^3hez le com-
missaire qui leur faisait d^gxcuses.
Voilà les taiis/^m leur plus scrupu-
leuse exactifas^lpNous les livrons au pu-
blic et à l^poï-ité, sans craindre le plus
petit co|$$li!aiqué rectificateur; nous es-
pérons^Ée ces praticiens de nuit seront
punis comme ils le méritent, et que cette
infamie ne sera pas regardée comme un
excès de zèle.
Il y a quelques années, l'Empereur cau-
sant familièrement avec le général Fleu-
ry, accoste M. le prince Joseph Ponia-
towski et lui dit à brûle pourpoint «Mon
cher maëstro, vous ne me ferez donc pas
un chant national. autre que Partant
pour la Syrie?» Il
Le prince Poniatowski promit, s'abou-
cha avec un poëte, composa les premières
notes, qu'il se chantait dans un voyage en
Italie pour se donner le courage d'affron-
ter les ardeurs du climat et puis. On
a continué à chanter Partant pour la Sy-
rie.
Il paraît que l'Empereur, continuant à
se fatiguer de cette mélodie, a plus compté
sur le ministre des Beaux-Arts que sur l'au-
teur de Pierre de Médicis, pour donner leur
essor aux poètes, car on annonce que Son
Excellence va convoquer le ban et l'ar-
rière-ban des Rouget de l'Isle et des musi-
ciens en un concours de chant patriotique.
Oui mais, disait Berlioz, on ne décrète
pas un chant national c'est le génie qui
popularise et rend une œuvre nationale.
Le comte de Bebutoff, cocher particu-
lier, -vous avez bien lu, -de S. M. l'Em-
pereur de toutes les Russies, vient de
mourir d'une anémie.
A la dernière heure, l'empereur l'a
nommé conseiller d'Etat.
Depuis quelques jours deux dames, re-
tour de Hombourg, courent les rues de
Paris à la recherche de deux jeunes gens
du meilleur monde.
Ces messieurs, après un rapide conr»
mencement de relations, s'étaient installés
dans une villa louée par ces demoiselles
qui déboursèrent à titre de prêt- trois
mille francs pour leurs invités.
Cette grande confiance se basait sur le
dire de ces messieurs, qui s'annonçaient
comme propriétaires d'importants immeu-
bles dont ils donnaient l'adresse à Paris.
Ils partirent un beau matin, après avoir
pris un nombre si considérable de bains de
son que l'une de ces demoiselles disait
J'aurais dû me douter que j'étais re-
faite on ne prend autant de bains que
quand ça ne coûte rien.
Il va sans dire qu'on ne trouva personne
aux adresses indiquées.
Donc ces dames cherchent, décidées à
aller réclamer leur dû jusque dans les
cercles ou dans les familles des jeunes
fuyards.
**?
Après ce qui précède, on comprendra
facilement ce mot d'une demoiselle qui, à
Trouville, attendait le retour d'une bande
de jeunes gens en promenade en mer.
A quelle heure reviendront-ils, lui
demandait-on ? '?
Ça dépend de l'heure de la marée,
répondit-elle.
~{
J'extrais, d'une lettre que je reçois d'Al-
gérie, une anecdote qui a son côté épique.
On enterrait un officier renommé par sa
bravoure. Tous ses collègues et l'état-ma-
jor de son régiment étaient réunis autour
de la fosse, quand le colonel s'adressant à
un capitaine
Eh bien, capitaine, vous ne dites
rien? Je vous avais pourtant chargé de
prendre la parole et de prononcer l'éloge
du défunt.
-J'ai songé à ma mission, mon colo-
nel, répondit l'interpellé, et je vais la
remplir.
Et ramassant un morceau de craie, il
s'approcha de la bière auprès de laquelle
priaient deux prêtres, et il écrivit sur le
couvercle « C'était un brave. »
Miss Nellie est un charmant bébé
fantasque comme une future jolie femme.
La mère se plaignait vivement d'un de
ses caprices.
C'est bien, dit bébé, on est injuste
envers moi: on me gronde quand je suis
méchante, et on ne me tient pas compte
des jours où j'ai envie d'être méchante et
où je ne le suis pas.
oii je ne le suis pas. Adrien Marx.
MENUS PROPOS
Entre nous, je commence à avoir de
l'Espagne plein le dos. Les nouvelles de
l'agence Havas se bornent à nous faire
savoir que tantôt M. Marfori met ses ba-
gages au chemin de fer, et que tantôt il
les retire; je ne me sens pas ému outre
mesure. Le drame révoluticnnaire se ré-
sume dans les allées et venues de ce sac
de nuit.
Il y a, cependant, beaucoup de gens que
ces bouleversements extérieurs émotion-
nent. La semaine dernière le public trem-
blait pour le duc de Bade. Il tremble au-
jourd'hui pour la reine d'Espagne. Il
tremble toujours. Il est menacé de la danse
de Saint-Guy. C'est un peu la faute des
journaux qui prennent les trônes ébranlés
par trop au sérieux. On pourrait nous
épargner ces secousses. Nous finirions
même par nous amuser beaucoup si, à
l'imitation de l'Agence des courses le
gouvernement avait l'idée de fonder •
L'AGENCE DES SOUVERAINS
Le matin on s'habituerait à aller regar-
der l'affiche. On y lirait, j)ar exemple
SOUVERAINS ENGAGÉS
N° 1. Duc de Bade par Léopold-Fré-
déric et grande duchesse Sophie
Wilhelmine.
N° 2. Reine Isabelle.,
Cette agence ne différerait de l'autre
qu'en un point. C'est qu'avec les chevaux
on gagne à l'arrivée, tandis qu'avec les
souverains on gagnerait au départ.
Le prince qui? aurait quitté son trône le
premier aurait' droit à un objet d'art offert
par le Jockajf-Glub.
On entravait dans la boutique. On pren-
drait un numéro, de la sorte on vivrait
tranquille, et l'on pourrait s'occuper uni-
quement de ce qui se passe chez nous. No-
tez que de temps à autre nous éprouve-
rions de douces joies; et que le jour où la
buraliste nous apprendrait que notre nu-
méro est sorti, nous pourrions nous dire
en nous frottant les mains
Bon! l'hydre de l'anarchie triomphe.
Je viens de gagner quarante sous!
Et au moins nous en finirions avec ces
transes perpétuelles; et nous ne serions
plus forcés d'acheter le Moniteur pour sa-
voir ce qui se passe, et nous ne nous de-
manderions plus avec anxiété chaque
jour, à chaque heure, si tel ou tel souve-
rain, dont la fortune a été mise à l'abri,
est menacé de manger bientôt les truffes
amères de l'exil 1
Je ne sais si mon idée a quelques chan-
ces de réussite. Je sais seulement que la-
dite agence serait bien commode en ce
qu'on y trouverait des renseignements
pleins d'intérêt sur les maîtres du monde.
Voici le pape, entre autres. Nous serions
enchantés de savoir s'il a été vraiment
franc-maçon. Tout porte à croire que oui,
et, pour ma part, je ne comprends pas la
fureur de l'Univers à cette nouvelle. L'Uni-
vers n'aurait droit de se fâcher qu'au cas
où l'on affirmerait que le pape a été maho-
métan.
-Nous savez, N. S. P.? C'est un an-
cien pacha à trois queues!
Ah si l'on imprimait cela, l'étonnement
et la colère du parti religieux me semble-
rait naturel. Mais le pape franc-maçon?
Voilà bien de quoi s'emporter! Nous con-
naissons aujourd'hui les manœuvres té-
nébreuses de la franc-maçonnerie. Elles
consistent
1° A porter des cordons bleus avec de
petits triangles brodés en or, 2° à secou-
rir des indigents.
Or il y a une chose à remarquer.
En 1824, le P. pape-roi était un pau-
vre et digne prêtre qui prenait sur son
traitement pour donnera MM. T. C.F.
Aujourd'hui c'est un prêtre riche, qui a
une cour, des carrosses, une armée, un
budget, et qui, au lieu de passer sa vie à
faire des aumônes, emploie son temps à
en recevoir. Je me demande si sa situation
est meilleure, et s'il n'a pas besoin de ce
qu'il a donné pour se faire pardonner ce
qu'il a reçu. Aussi ne serais-je pas sur-
pris si, plus tard, saint Pierre lui disait
Comme pape, j'hésiterais peut-être à
vous laisser entrer; mais si vous vous pré-
tentez comme prêtre-maçon, vous serez
admis.
Edouard Lockroy.
PARIS AU JOUR LE JOUR
La lecture des feuilletons de'lundi adu
être moins pénible pour M. Cadol qu'il
semblait le craindre, d'après la lettre que
publiait hier M. Jules Prével.
Je suis heureux de constater que la
grande presse a été unanime à signaler le
succès et le mérite des Inutiles.
Tout au plus lui a-t-on fait quelques
reproches sur la préface qu'il avait fait
publier par avance et où il affirmait ses
vues sur la moralité au théâtre.
Je ne crois pas, en effet, qu'il s'agisse
de faire du théâtre moral, mais des pièces
où le jeu des passions humaines soit re-
présenté de façon à ce que le spectateur
en tire une leçon sous-entendue.
Tartuffe est une pièce morale, Macbeth
aussi, et Turcaret aussi; sans vouloir faire
de rapprochement, Maison neuve et la Fa-
mille Benoiton me paraissent aussi deux
œuvres empreintes d'une haute moralité,
malgré la crudité de certains détails. Mo-
lière, Shakespeare, Le Sage et M. Sardou
ne se sont pourtant point préoccupés de
mettre sur la scène des personnages mo-
raux. L'enseignement vient de plus haut
et le vice est ici plus instructif que la
vertu.
Toute la presse a rendu aussi hommage
au talent de M. Lesueur dans Nos Enfants.
M. Ranc fait cette observation fort juste
qu'il ressemble à un personnage de Dic-
kens transporté en France.
»*# Parmi les déclarations de faillite
d'hier, j'ai remarqué l'énoncé d'une pro-
fession qui sent son vaudeville d'une
lieue
M. Sorg, éleveur de lapins. `°
Il parait que l'art d'élever des lapins ne
rapporte pas toujours trois mille livres de
rente.
#% M. Winoc-Jacquemin raconte, dans
le Nain Jaune, une courte et édifiante his-
toire de liigh-life qui ne serait pas dépla-
cée dans la biographie de quelque grande
dame du temps jadis, la maréchale de
Luxembourg, je suppose.
Une dame du monde le plus distingué et le
plus en vue part pour l'Angleterre avec son
mari et douze valets. On arrive, on descend
à l'hôtel. Le lendemain, vers le soir, la dame
a disparu. Or, telle est l'excellente et classi-
que éducation de ces douze valets, hommes et
femmes, que, sans avoir été prévenus, il n'y
en a pas un qui s'étonne de la disparition su-
bite et qui ne réponde avec sang-froid aux
amis, aux parents « que la dame est retenue
au lit par une indisposition légère. »
Après trois jours et trois nuits, autant que
Jonas passa de jours et de nuits dans le ven-
tre de la baleine, la dame reparaît, prend un
verre d'eau sucrée, se couche et reçoit avec
un sourire son mari qui entre en souriant.
Une illustre amie disait le lendemain
C'est bien, quand on est chez soi; mais,
à l'hôtel!
**» M. Feyrnet complète les renseigne-
ments qu'on a eus sur le Persan par quel-
ques traits bien empreints du flegme
oriental.
Dàns la vie intime, Ismaël avait certains
mots dont il faisait souvent usage.
Chaque fois qu'il donnait un ordre à son
valet de chambre, il le faisait précéder de
cette phrase « Une fois pour toutes. »
Un objet n'était-il pas en ordre, un meu-
ble était-il mal essuyé, Ismaïl se contentait
de faire « Hum hum! » et d'étendre le
doigt vers le meuble ou vers l'objet. Il fallait
comprendre.
Il ne recevait personne; mais son domes-
tique lui annonçait néanmoins les gens qui se
présentaient.
« Allez, » disait Ismaël. Cela voulait dire
« Renvoyez. »
#*# Le Bulletin international parle d'une
caricature assez amusante qui circule à la
Bourse
C'est la paraphrase de la dépêche des trois
ministres affichée à la Bourse le jour que le
télégraphe apporta le discours de Riel.
La tête de S. M. Guillaume de Prusse se
profile sur un ciel noir chargé de nuages. Ses
moustaches sont relevées en deux immenses
crocs de l'aspect le plus menaçant. Les trois
ministres français sont suspendus à ces crocs
et font des efforts aussi énergiques que vains
pour les abaisser.
$*# La Revue moderne est intéressante 1
cette fois M. Adolphe Court, à l'aide
d'une correspondance inédite, a pu re-
constituer la jeunesse de Proudhon. et
l'évolution de ses idées.
Je lui demande la permission de douter
d'une anecdote où le merveilleux sophiste
menace de mort un de ses anciens profes-
seurs qui s'est moqu4 de son accent franc-
comtois. Si cet étrange dialogue a eu lieu,
il faut, selon moi, le prendre pour une
plaisanterie un peu chargée ce qui est
fort intéressant, c'est le mémoire où Prou-
dhon exposait à l'académie de Besançon
ses titres pour obtenir le prix fondé par
la veuve de Suard.
Il y a des passages navrants, quand
l'auteur futur des Contradictions économi-
ques raconte les douleurs de son enfance.
Destiné d'abord à une profession mécani-
que, je fus, par les conseils d'un ami de mon
père, placé comme élève externe gratuit au
collége de Besançon. Mais qu'était-ce que la
remise de cent vingt francs pour une famille
où le vivre et le vêtir étaient toujours en pro-
blème ? Je manquais habituellement des li-
vres les plus nécessaires. Je fis toutes mes
études de latinité sans un dictionnaire; après
avoir traduit en latin tout ce que me fournis-
sait ma mémoire, je laissais en blanc les mots
qui m'étaient inconnus, et, à la porte du col-
lége, je remplissais les places vides. J'ai subi
cent punitions pour avoir oublié mes livres
c'était que je n'en avais point. Tous mes jours
de congé étaient remplis par le travail des
champs ou de la maison, afin d'épargner une
journée de manoeuvre; aux vacances, j'allais
moi-même aux bois chercher la provision de
cercles qui devait alimenter la boutique de
mon père, tonnelier de profession. Quelles
études ai-je pu faire avec une semblable mé-
thode ? Quels minces succès j'ai dû obtenir!
Je poursuivis mes humanités à travers les
misères de ma famille, et tous les dégoûts
dont peut être abreuvé un jeune homme sen-
sible et du plus irritable amour-propre. Outre
les maladies et le mauvais état de ses affaires,
mon père poursuivait un procès dont la perte
devait compléter sa ruine. Le jour même où
le jugement devait être prononcé, je devais
être couronné d'excellence. Je vins le cœur
bien triste à cette solennité où tout semblait
me sourire; pères et mères embrassaient leurs
fils lauréats et applaudissaient à leurs triom-
phes, tandis que ma famille était au tribunal,
attendant l'arrêt.
Je m'en souviendrai toujours. M. le recteur
me demanda si je voulais être présenté à
quelque parent ou ami pour me voir couron-
ner de sa main.
Je n'ai personne ici, monsieur le Rec-
teur lui répondis-je.
-Eh bien! ajouta-t-il, je vous couronne-
rai et vous embrasserai.
Jamais, messieurs, je ne sentis un plus vif
saisissement. Je retrouvai ma famille conster-
née, ma mère dans les pleurs notre procès
était perdu. Ce soir-là, nous soupàmes tous
au pain et à l'eau. 1
Je me trainai jusqu'en rhétorique ce fut
ma dernière année de collége. Force me fut
dès lors de pourvoir à ma nourriture et à
mon entretien. « Présentement, me dit
mon père, tu dois savoir ton métier à dix-
huit ans, je gagnais du pain, et je n'avais
point fait un si long apprentissage. » Je
trouvai qu'il avait raison, et j'entrai dans une
imprimerie.
Sans douter un instant de la bonne foi
de Proudhon et de la sérénité de son esprit,
cette enfance douloureuse explique bien
les tendances radicalement réformatrices
qu'il témoigna depuis.
#*a Peut-être faut-il accorder la même
excuse à M. Jaclard, l'orateur de Berne que
M. Jules Richard a fort bien réfuté hier.
M. J. J. Blanc a donné dans l'Opinion
nationale un résumé assez détaillé de son
discours, dont voici la conclusion
Oui, bientôt la dernière guerre sera faite
mais elle sera terrible, et contre tout ce qui
existe, capital et bourgeoisie; cette bourgeoi-
sie qui n'a plus rien, ni à la tète ni au cœur,
et qui ne se tient plus debout que par un mi-
racle d'équilibre, qu'on ne comprend pas en
face de tant de décrépitudes.
Ma conclusion est que ce n'est que sur les
ruines fumantes, je ne dirai pas de leur sang,
dopuia longtemps ils n'en ont plus dans les
veines, mais our lourd ruinas et sur tanrçt
détritus que nous pourrons fonder la républi-
que sociale.
Si je ne me trompe, M. Jaclard est étu-
diant en médecine; il se trouve donc ap-
partenir pour l'avenir sinon pour le passé,
à la caste soi-disant privilégiée dont il de-
mande la pulvérisation. Poussera-t-il la
logique jusqu'à se détruire lui-même.
M. Elisée Reclus, dans un autre discours,
dit ceci
Dans la société que je rêve, il ne resterait
plus déplace pour les parasites; on ne les
tuerait point mais la vie qu'on leur accorde-
rait serait une vie de tolérance et de mé-
pris.
Je vous avoue encore ici que dans la
société en question, le sort de M. Elisée
Reclus m'inquiète. A proprement parler,
l'homme de lettres, le philosophe obscur
qui n'apporte pas à son temps une provi-
sion nette et formulée de génie et de pro-
grès n'est qu'un parasite.
Voilà donc M. Recluis,. ainsi que nous
tous, condamné à mort.
Un détail sur ce penseur il appartient
à ce qu'on m'affirme à la secte des
légumistes. Une de ses connaissances qui
n'était pas prévenue fut invitée à diner
chez lui; après le potage maigre, on lui
offrit du vol-au-vent. Il accepta. C'était
un vol-au-vent aux salsifis. L'invité en
frémit encore.
#\ Deux Joliettana du Cliarivan:
J'ai entendu ce dialogue étonnant
Monsieur, vous m ennuyez.
J'en suis fâché.
Fichez-moi l'empire.
Hein ? 1
L'empire, c'est la paix.
ik##
En police correctionnelle
Fille Bernard, vous connaissez l'accusé ? 1
Oui, monsieur le président, nous avons
vécu maritalement.
Combien de temps? 1
(Avec candeur) Deux jours.
#*# Un monsieur se présente au bureau
des passeports, et en attendant l'employé,
cause avec le garçon de bureau.
Vous' n'êtes donc pas Français ? dit
celui-ci.
Non, je suis Suisse.
Suisse ? chez qui donc? '?
Francis Magnard.
CHRONIQUE DE PARIS
Il est incontestable que nous vivons
dans un temps singulier où rien ne se
passe selon la logique et les apparences
du sens commun.
Tandis que les gouvernants manquent
d'initiative, de programme, de but et de
plan, nous voyons chaque gouverné dé-
ployer son petit projet individuel de ré-
volution
Autant de républicains, autant de sys-
tèmes de république.
Autant de socialistes, autant de systè-
mes de socialisme.
Si l'on interrogeiait un ministre dans
un petit coin bien secret, là où il ne pour-
rait être entendu que d'un interlocuteur
digne de sa confiance, si on lui deman-
dait quelles réformes et quels progrès il
rêve pour assurer le bonheur de ses ad-
ministrés et consolider le régime dont il
est l'expression, je parie mille contre un
que le ministre vous répondrait d'un ton
important
Certainement il y a quelque chose à
faire, mais croyez-le bien, cela n'est pas
aussi considérable qu'on veut bien le aire,
certaines réformes sont impossibles, cer-
tains progrès sont irréalisables. Le
mieux est souvent l'ennemi du bien et du
moment qu'un gouvernement marche avec
la majorité du pays, on n'a rien à lui de-
mander de plus.
Et satisfait d'avoir chanté la Marseillaise
de l'homme arrivé, il ajoutera:
D'ailleurs, que voulez-vous qu'on
fasse ? si nous donnons un peu de liberté,
aussitôt on en profite pour nous gêner.
Le peuple est ainsi fait plus on lui
donne, plus il demande le mieux serait
de le tenir sous une main de fer, de s'oc-
cuper de son bien-être, de faire en sorte,
ce qui n'est pas toujours facile, de
lui assurer du travail avec des salaires
suffisants, du pain et et des logements as-
sez bon marché. Voilà ce que doit faire le
gouvernement pour le peuple, rien de
plus, rien de moins.
Ceci est le second couplet dé la Marseil-
laise de l'homme arrivé. Que si vous lui
dites qu'après tout, le peuple a des droits
imprescriptibles, il vous regardera de tra-
vers, vous appellera anarchiste et en-
tonnera le troisième et dernier couplet
Eh bien bougez donc dira-t-il fai-
tes des barricades! tentez de soulever le
peuple. D'abord, vous n'y réussirez pas, le
peuple est avec nous, le peuple est raison-
nable, il sait que les utopies ne lui don-
nent pas de pain. Quant à nous, nous sa-
vons qui nous avons à craindre l'or des
anciens partis monarchiques et quelques
cerveaux brûlés républicains. Eh bien 1
qu'ils y viennent! Appuyée d'un côté sur
la majorité du Corps législatif, de l'autre
sur le vote unanime de la nation, la dy-
nastie dira à l'armée de faire son de-
voir.
Voilà toute la politique des ministres ac-
tuels ils n'en ont pas d'autre et ils
considèrent comme des Hurons tous ceux
qui en ont une autre.
Lorsqu'une idée nouvelle surgit, on la
met sous le boisseau. Lorsqu'un homme
nouveau se dessine, on le traite de révo-
lutionnaire lorsqu'un fait nouveau
s'accomplit, on le nie.
L'autruche n'a pas d'autre politique ni
d'autre tactique,
Le congrès de Berne, qui est un acci-
dent périodique de la maladie sociale qui
tourmente la France et même toute la
vieille Europe, le congrès de Berne n'est
même pas pour le gouvernement un en-
seignement.
Le gouvernement n'y voit et ne veut y
voir qu'une agitation factice, ou bien une
sorte de champ clos où quelques vanités
en non-activité vont s'escrimer et tirer au
mur.
Il est certain qu'il y a, dans le congrès
de Berne, un peu de ceci et de cela-mais
il y a aussi autre chose que n'aperçoivent
pas les esprits superflcieMdu parti con-
servateur. Là où l'on #|&eharne à trouver
des révoltés conjrapa société, il ne faut
voir que des prâpTseurs. Je ne niex'ai pas
je l'ai d'jplurs démontré hier- qu'on
dise éno^rement de niaiseries à Berne,
comme dans tous les congrès de cette na-
ture on en dit, on doit en dire mais
ces niaiseries ne sont pas aussi futiles que
celles qu'on débite entre conservateurs,
pour prouver que deux et deux font qua-
tre. ce Qui n'a plus besoin d'être démontré.
L'agitation sociale n'est ni une agitation
d'écureuils qui reviennent sans cesse sur
eux-mêmes ni un piétinement de gens
impatients c'est la grande gestation du
dix-neuvième siècle gestation qui abou-
tira, quoi qu'on fasse et quoi qu'on dise.
Les républicains autoritaires, faisant
en cela cause commune avec les conserva-
teurs dont ils ne diffèrent d'ailleurs, comme
doctrine, que parce qu'i]3pe, sont pas aux
affaires, les régubliçaîtis autoritaires ne
se doutent pas^uè parmi les travailleurs
la forme sojîale dépasse la forme politi-
que et.g^on n'y discute pas la seconde, si
l'on Rfgdmet pas la première.
Cependant voici un fait que je signale
à l'attention des hommes réfractaires au
mouvement social, ou qui nient sa force
acquise. L'Opinion nationale, qui contient
une correspondance très détaillée et, pa-
rait-il, fort exacte sur les séances du Con-
grès de Berne, a vu depuis tyiit jours son
tirage quotidien augmenter^ife deux mille
exemplaires. Ce n'est n|#a un succès de
roman, ni à une ardeu/€xceptionnelle de
polémique qu'il fautjôttribuer cette aug-
mentation de tirage mais bien à la cor-
respondance de M/j.-J. Blanc.
Je ne suis ici qu'un reporter., je ne prè-
che ni en faveur de telle école ni contre
telle autre; je constate un fait et je crie
gare aux aveugles et à ceux qui se bou-
chent les yeux.
Si l'école socialiste était une, si chaque
groupe social n'adoptait pas une doctrine
particulière, si dans chaque groupe tout
le monde était d'accord, je ne vous crie-
rais pas gare! je n'aurais pas le temps;
l'avalanche vous engloutirait avant que
vous ayez eu le temps de lever le doigt.
Mais il n'en est pas ainsi; l'église socia-
liste n'a eu encore que son saint Jean-
Baptiste. Or, saint Jean-Baptiste Prou-
dhon n'a fait que démolir la vieille so-
ciété il n'a pas fixé la formule de la
société nouvelle; il a jeté la semence au
vent, et, en attendant qu'un Messie nou-
veau se lève, mille évangélistes de fantai-
sie prophétisent et vaticinent.
Ce messie peut surgir demain. Alors
que ferez-yous?
Pourquoi donc ne pas donner une issue
à ce mouvement, au lieu de le laisser s'ai-
grir et se detourner de son but? Pourquoi
ne pas y aider? pourquoi ne pas lui four-
nir les moyens de se régulariser lui-
même ?
Son but c'est l'égalité sociale..
89 nous a déjà donné l'égalité civile,
i848 l'égalité politique; pourquoi recule-
rions-nous devant la troisième égalité,
qui n'est que justéi, si elle est renfermée
dans les limites naturelles de l'organisa-
tion humaine? '?
Aujourd'hui il n'y a que les -utopistes
qui demandent l'abolition de la propriété,
la suppression de la bourgeoisie, et l'avé-
nement des femmes aux affaires publiques.
Mais les hommes pullulent qui déduisent
des idées sinon pratiqués, du moins très
utiles sur le salariat, l'association et l'as-
surance pourquoi ne pas ouvrir une
grande enquête sur les réformes sociales
comme on a fait une grande enquête agri-
cole?- 7 •
Certes, je crois les préfets, les députés
et tous les gens du pouvoir mal préparés
à recevoir les déclarations des ouvriers et
des réformateurs qui les dirigent. Mais
pour le moment il ne s'agit que de réunir
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