Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1868-05-04
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 04 mai 1868 04 mai 1868
Description : 1868/05/04 (Numéro 125). 1868/05/04 (Numéro 125).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k2711100
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
TITi numéro 15 centimes
15* Année 5e Série Numéro 125 5
Lundi 4 Mai 1868
Wàacieur en chef
H. Dh VILLElYlESSAfiT
RÉDACTION
de 9 heures à 1 heures, rue Coq-Héron, 5
de taldi *i S heures, rue Rossiai, 3
Les manuscrits ne sont pas rendus
Départements et gares 20 centim(jS *•
BUREAUX
S, BUE COQ-HÈRON ET RUE ROSSIAI, 3 (.i
Administrateur
AUGUSTE DU MONT 1
ABONNEMENTS
Paris 3 mois 13 fr. 60 c,'
Départements 3 mois. • lé fr. »»
ANNONCES
SIM. DOLLINGEN fils et A. SÉGUT
Passage des Princes, Escalier C
1
BUREAUX
5, hue coq-hêron ET nuE rossini, 3,
Le journal le Figaro a publié, dans son nu-
méro du 27 avril, un récit emprunté à une
feuille anglaise le Sun, et relatif à un étranger
qui, le samedi précédent, s'étant ég«ré vers une
hourd du matio, aurait été suivi par un homme
en blouse et frappé à la gorge.
Laissé pour mort, le sieur X. aurait été
transporté par des sergents de ville au poste
du faubourg Saint-Martin, où, dit le Su?i, on
le laissa sur un lit de camp jusqu'au lendemain
matin, sans lui donner aucun soin ni faire ve-
nir un médecin.
L'information ouverte sur les circonstances
̃ assez mystérieuses dans lesquels le sieur
aurait été frappé n'est pas encore terminé Les
premières constatations ont toutefois ét*b'i que
le sieur qui était ivre, rencontra à deux
heurrs du matin, sur le boulevard du Prince-
Eugène, un inconnu avec lequel il lia conver-
sation.
A se5 cris, les agents sont accourus, l'ont
transporté au poste le plusvoisin. Un médêcio,
M. la docteur Servaux, a été aussitôt àppalô et t
lui a donné s^s soins. Le certificat du docteur
constate que les blessures étaient sans gravité
et que l'ivresse n'avait pas encore cts;ô au mo-
ment de son arrivée au poste.
On a proposé au sieur de le faire trans-
porter à son domicile ou h l'hôpital Saint-
Antoine mais il s'y est refusé, disant qu'il dé-
sirait attendre que l'on pût aller chercher un
de ses amis, qu'il ne voulait pas déranger au
milieu de la nuit.
Le matin venu, le commissaire do police qui
l'a interrogé lui a offert de nouveau de le faire
transporter chez lui. Il a persisté dans son re-
fus et a voulu attendre son ami qu'il avait fait
prévenir et qui^st arrivé à onze heures.
Le sieur a donc reçu la visite du médecin,
les soins nécessaires à son état, et, s'il est resté
iiu poste, c'est sur sa demande réitérée et
formelle.
(Communiqué. )
ÇHRDNjQUE PARISIENNE
Il devient impossible de se prendre au
sérieux un instant. Au moment' où je rê-
vais au bonheur de la France et où, pour
ce seul fait, je songeais déjà à demander
à mes concitoyens une liste civile de qua-
rante-cinq millions, qu'ils m'euasent ac-
cordée, j'en suis convaincu, attendu que
les hommes hésitent souvent de donner
cent sous, mais ils ne refusent jamais de
donner quarante-cinq millions. Au mo-
ment donc où j'étais le plus absorbé,
on m'apporte soigneusement enveloppé
un objet circulaire, que je prends d'a-
bord pour un chapeau, et qui n'est autre
chose que ce nouveau jouet appelé zoo-
trope (si les jouets se mettent à venir du
grec; où allons-nous?) et dont on a parlé
récemment dans les colonnes mêmes du
Figaro.
Tant que j'ai vu plusieurs de mes ca-
marades faisant des contorsions dans ce
cylindre, j'ai trouvé l'invention très amu-
sante. Je suis devenu un peu moins gai
quand je me suis aperçu moi-même armé
d'une lanterne et courant comme un rat
empoisonné. Pour compléter le tableau,
le dessinateur aurait au moins dû montrer
sur la feuille suivante M. Devienne glis-
sant timidement dans le sein du Sénat son
rapport relatif à la loi sur la presse.
Il y avait un moyen d'expliquer la mau-
vaise humeur dont tout mon être paraît
empreint dans le zootrope, c'était de re-
présenter aussi un député de la majorité
allant voter en toute hâte une loi répres-
sive, et le même député se traînant à
grand' peine jusqu'aux urnes pour y dé-
Feuilleton du FIGARO du 4 Mai 1S68
-•-5
LE COUSIN DU DIABLE
PROLOGUE
liéllo l'Aventurier
IV
OU TRUXILLO COMME.T UNE IMPRUDENCE
Suite
A cette minute, une lueur apparaissait
au guichet.
Qui va là? demanda une voix bour-
rue.
Moi, Truxillo.
Et l'aubergiste colla sa figure au gril-
lage pour, se faire reconnaître.
On entendit un fracas de verrous et de
ferraille. La porte s'entrebâilla et un valet
passa sa tête par l'ouverture.
Vous n'êtes pas seul! exclama-t-il.
Il voulut refermer le battant, mais
Truxillo repoussa le volet à l'intérieur,
introduisit Cornélius et entra.
La-porte retomba derrière eux, et Lan-
dry, tordant rageusement sa moustache,
commença au clair de lune sa faction so-
litaire.
Cependant le comte avait pénétré dans
une salle immense et voûtée, qu'éclai-
raient plusieurs torches de cire accrochées
Droits de traduction et de reproduction ré-
sevés.
| poser son bulletin en faveur d'une loi un
peu plus libérale que les autres.
Je supplie donc les abonnés qui vou-
dront bien me suivre jusque dans la zoo-
trope, de vouloir bien songer à la diffi-
cul!é qu'un homme éprouve à prendre
I l'air aimable, quand on le fait poser de-
| puis quatre mois, tandis que la loi de sû-
reté générale, qui autorise le gouverne-
ment à envoyer se promener sous les om-
brages de Cayenne ceux qui ont encouru
huit jours de prison, a été discutée, vo-
tée et promulguée en moins de quinze
jours.
Il m'est même poussé une idée en re-
gardant, à travers les fentes de cet instru-
ment bizarre, ces hommes qui changent
leurs têtes de place, ces clowns qui sor-
tent d'un oeuf de poule, ces pantins qui se
désarticulent, c'est qu'on pourrait obtenir
des résultats tout à fait instructifs en ap-
pliquant le zootrope aux choses de la vie.
Rien ne serait moral et intéressant comme
de montrer un souscripteur d'obligations
mexicaines courant après son argent qui
fuit devant lui avec la rapidité d'un train
express.
Un Théodoros obligé de reconnaître que
ce que la civilisation européenne a pro-
duit de plus sérieux jusqu'ici, ce sont les
fusils à longue portée, et se faisant tuer
en personne pour mieux en constater les
effets -f
Un budget essayant de se tenir en équi-
libre et chavirant perpétuellement tantôt
d'un côté, tantôt de l'autre;
Deux experts assermentés près les cours
et tribunaux, s'arrachant mutuellement
les cheveux sous prétexte que l'un a trou-
vé de l'arsenic dans les entrailles de- la
victime, et que.l'autre n'y a trouvé que do
la fleur d'oranger
• Tels sont les divers sujets qui pour-
raient ajouter quelque piquant à ceux qui
émaillent déjà le zootrope. On me fera
sans doute observer que ce serait là faire
de la bien petite politique. Mais je répon-
drai avec un sourire plein d'ironie que
celle dont on nous abreuve tous les jours
n'est pas sensiblement plus grande.
J'ai oublié d'ajouter aux nouveaux des-
sins que je propose pour la prime du
Figaro, deux lanciers noyant un pharma-
cien. Celui-ci essaierait de sortir de l'eau
et ceux-là l'y replongeraient à chaque
tentative. Ce serait un sujet original et
qui ne serait pas beaucoup plus triste
qu'un autre, puisque les deux lanciers
n'ont été condamnés qu'à une peine
légère pour cette bonne farce.
On parle continuellement de la sévérité
des lois militaires. De récents jugements
établissent au contraire que les lois mili-
taires sont douces comme des agneaux.
Un zouave ayant injurié, à Versailles, le
maître d'un café, c'est le maître du café
qui a été arrêté. Deux officiers, dont un
colonel, ont profité de la circonstance
pour faire irruption dans l'établissement,
le sabre à la main, en menaçant de tout
bazarder, et cette conduite leur a valu des
félicitations de la part du procureur gé-
néral qui a déclaré qu'un long séjour en
çà et là. C'était vraisemblablement une
ancienne salle des gardes. Les murailles,
tendues en vieux cuir de Cordoue, gar-
daient encore les traces des pertuisanes,
des dagues et des hallebardes suspendues
jadis contre leurs parois.
A chaque extrémité de la pièce, s'étalait
une vaste table de chêne. Deux chaises à
dossier sculpté et quelques escabeaux
complétaient l'ameublement. Du reste,
nulle fenêtre. Au fond, se dessinaient con-
fusément les premières marches d'un es^-
calier de pierre conduisant aux étages su-
périeurs.
Dès l'apparition de Cornélius, trois va-
lets à faces patibulaires, vêtus de buffle,
équipés comme des hommes d'armes, lui
avaient barré le passage.
Ce cavalier est mon parent, leur dit
Truxillo. Je réponds de lui.
Un grand et maigre soudard à mousta-
ches rousses répondit d'un air insolent:
Fût-il le bon Dieu en personne, nous
avons notre consigne.
Ta consigne, Lazarille?. En l'ab-
sence du maître, ta consigne est de m'o-
béir.
Nous allons voir si tel sera l'avis de
don Antonio.
–̃ II est inutile de déranger don An-
tonio, flt le cabaretier. Nous ne bouge-
rons pas de cette salle.
-Et que diable y venez-vous faire?
-Dire deux mots à Etiennette pour
affaire qui.me concerne.
Nos ordres sont formels murmu-
rèrent les valets.
Truxillo les entraîna à l'écart et leur
conta ce dont il s'agissait.
Par San-Iago, compagnons, acheva-
t-il, vous ne voudriez pas me faire man-
quer ma fortune ? Voyons, caramba un
peu de complaisance Et demain, venez
goûter mon vin nouveau, il y en aura à
discrétion.
Afrique pouvait modifier certains tempé-
raments. Il me semble qu'on trouverait.
difficilement une loi plus douce, et je
chercherais vainement dans la loi civile
des exemples d'une pareille indulgence.
Si deux journalistes, un jour que le
journal ne paraîtrait pas, faisaient la
partie d'aller noyer un pharmacien, en
seraient-ils quittes pour une condamna-
tion à cinq ans ? Je n'ose l'espérer. Ce ju-
gement émollient et si bien fait pour en-
courager les lanciers à noyer les pharma-
ciens, n'est compréhensible que dans un
seul-cas: celui où les deux mililaires au-
raient reconnu sous l'enveloppe trom-
peuse d'un pharmacien, un espion de la
Russie ou un petit-fils d'Hudson Lowe.
S'il en était autrement, l'art de noyer les
gens serait bientôt à la portée de tout le
monde. En effet, je suppose que vous sur-
preniez un jour votre amante causant à
une heure du matin, dans sa chambre à
coucher, avec un jeune homme du voisi-
nage. I>s hommes sont si bêtes qu'ils s'en
prennent toujours au monsieur qui ne
leur doit rien, au lieu de s'en prendre à
la femme qui leur doit tout. Votre ple-
mier mouvement sera donc de plongerun
instrumen! aigu dans le cœur de ce misé-
rable. Mais votre second mouvement sera
de vous dire
Un instant! il en reviendrait peut-
être, et moi je n'en reviendrais pas..
Il y a un moyen bien simple de conci-
lier votre vengeance et votre sûreté" per-
sonnelle.Au lieu de vousjeter sur le pick-
pocket qui vous a en'evé tout voire bon-
heur, courez vous engager dans les lan-
ciers, et à la première occasion, plongez
votre lance dans le péritoine de votre en-
nemi. Au lieu de passer en cour d'assises,
où vous seriez condamné à mort, vous
comparaissez devant le conseil de guerre,
qui, en vertu de l'effroyable sévérité de
la loi militaire, vous condamne à une
peine insignifiante. Ce système est très
facile à suivre en secret, même en voyage.
Proposez maintenant aux militaires
d'être jugés par la loi civile et vous ver-
rez comme ils refuseront avec joie. Ils
auront du reste d'autant moins tort que
cette loi elle-même est excessivement dif-
ficile à connaître, bien que personne ne
soit censé l'ignorer. Ainsi les journaux
racontaient que dernièrement à Brest, un
pauvre diable ayant jeté une pétition dans
la voiture du Prince Impérial, a été in-
continent arrêté. S'il a été arrêté, c'est
qu'il a commis un acte défendu. Mais
quel est l'article du code qui met au
nombre des délits le fait de jeter une pé-
tition dans une voiture.
Je comprends jusqu'à un certain point
que les princes en voyage, surtout quand
ils ont à peine douze ans, ne tiennent pas
à être implorés le long des routes, mais il
n'y a que deux façons d'élever ce genre
de pétitionnement à la hauteur d'une Ac-
tion punissable, c'est de l'écrire dans la
loi, que nul n'est censé ignorer, ou plus
simplement de coller sur les équipages
des souverains cette pancarte
IL EST DÉFENDU DE JETER DES PÉTITIONS DANS
CETTE VOITURE
Henri Rochefort.
Voilà qui est parler, observa Laza-
rille. Mais dix minutes, pas plus.
C'est dit. Toi, Pachéco, va me cher-
cher ma femme. Avertis-la que son par-
rain la demande et. ne me nomme pas,
surtout!
Oui, ce sera plus prudent, ricana
Pachéco, qui enjamba lestement les mar-
ches.
Cette allusion aux infortunes conjugales
de l'aubergiste sembla réjouir infiniment
la valetaille, mais elle humilia Truxillo.
Laissez-nous, vous autres, dit-il à
Lazarille et à Andrès.
Les deux valets sortirent en riant.
Cornélius et l'hôtelier demeurèrent
seuls.
A se sentir aussi près de Dolorès, le
comte était pris de faiblesse et de vertige.
Truxillo, non moins agité, se taxait tout
bas d'imprudence. Il avait à redouter
deux courroux terribles, celui de sa femme
et celui de don Diégo. L'espoir d'une ré-
conciliation et la perspective des deux
cents florins suffisaient à peine à calmer
ses terreurs.
Enfin, un pas léger, un frôlement soyeux
arrêtèrent les deux hommes au milieu de
leur promenade fiévreuse, et ils firent
volte-face.
Une blonde, rose et gracieuse jeune
femme s'avança entre eux. C'était Etien-
nette.
D'abord, elle n'aperçut point Cornélius.
Marchant droit à Truxillo, dont le cœur
se fondait de tendresse à son approche,
elle fit halte devant lui, et, les bras croi-
sés, la bouche dédaigneuse, l'œil rempli
d'éclairs, elle le toisa d'un air méprisant.
Ainsi, dit-elle d'une voix basse et
vibrante, vous osez, malgré ma défense,
vous présenter ici?. Et, pour m'attirer à
vous, bandit, meurtrier que vous êtes
vous ne rougissez pas d'employer la ruse
et le mensonge ? 1
«AUX ABONNÉS DU FIGARO
LE SPECTACLE EN PME
Hier nous expliquions ici, aux abon-
nés du Figaro, la combinaison qui nous
permet de leur donner en prime le spec-
tacle à bon marché.
Nous disions que rarement, exception-
nellement peut-être nous leur offririons
des primeurs.
Un hasard heureux va nous permettre
de débuter, dans cette tentative, par deux
spectacles qui sont véritablement du fruit
nouveau.
Hier soir, nous assistions à la répétition
générale du Comte d'Essex dont la pre-
mière représentation aura lieu, demain
lundi, au théâtre du Châ'elet.
Naturellement, dans ce public d'une ré-
pétition générale, on causait beaucoup de
li nouvelle idée, trouvée par M. de Ville-
messant, pour la plus grande satisfac-
tion dé ses abonnés et des directeurs de
théâtre.
Je rencontrai M. Hostein dans un cou-
loir. Il me pria d'entrer dans sa loge, et
me chargea, à son tour, le temps lui man-
quant pour écrire, d'inviter les abonnés
du Figaro à venir voir, dès la seconde
représentation le drame littéraire qui
semble être l'aurore d'une ère nouvelle
pour son théâtre.
• m m
Donc, dès demain lundi, nous mettrons
à la poste les premières lettres d'invita-
tion avec lesquelles nos abonnés pourront
se présenter au -bureau de location du
Théâtre du Châtelet tant que se jouera le
Comte d'Essex.
Afin d'éviter un encombrement inévita-
ble, nous n'expédierons le premier jour
que quelques centaines de lettres, autant
le lendemain, et ainsi de suite, jusqu'à
l'épuisement de nos listes.
'Nous suivrons l'ordre de ces listes, en
commençant par les premiers inscrits et
en reprenant, Je lendemain, ou nous nous
serons arrêtés la veille.
Ne pouvant pas apprécier d'avance le
nombre de nos Jettres, nous en en-
voyons d'abord un nombre assez considé-
rable. Si les derniers arrivés au théâtre
ne trouvent pas de place pour le jour mê-
me, ils loueront pour le lendemain, ainsi
que cela se pratique dans les bureaux de
location.
»
Ce n'est pas tout.
On sait que M. Hostein est également
directeur du théâfre du Prince -Impérial,
ce cirque gigantesque dont la scèae im-
mense se prête si bien aux splendeurs de
la féerie.
On sait que jeudi ou samedi de cette
semaine, il va inaugurer le théâtre modi-
fié, embelli, amélioré, par uue reprise
à.' Ali-Baba ou les Quarante voleurs.
Or, dès la seconde représentation, les
abonnés du Figaro vont pouvoir aller aussi
à ce théâtre.
La même lettre servira de papier-mon-
naio aux deux théâtres. Un cachet y sera
apposé au premier bureau où il en sera
fait usage, et l'abonné devra laisser sa
lettre au second.
Chaque lettre donne droit à une réduc-
tion de prix de moitié, sur DEUX places seu-
lement retenues au bureau de location.
Ainsi l'abonné qui prendra deux fau-
teuils au théâtre du Châtelet, payera sept
francs au lieu de quatorze.
Celui qui prendra deux fauteuils au
théâtre du Prince-Impérial, payera deux
francs cinquante au lieu de cinq francs.
Celui, enfin qui prendra deux fauteuils
à chaque théâtre, ne payera, en tout, que
neuf francs cinquante au lieu de dix-huit
francs.
,̃
• •
Il était tout naturel que M. Hostein
comprît le premier cette combinaison.
Nous le savions trop intelligent pour ne
pas être sûrs que nous débuterions avec
lui, même à la veille de deux spectacles
nouveaux sur lesquels il fonde justement
de grandes espérances.
On voit que nos abonnés n'auront pas
Qui moi! bégaya l'amoureux hôte-
lier..
Sortez interrompit Etiennette, qui,
de son doigt tendu, montra la porte.
Quelle ruse? Quel mensonge?. bal-
butia Truxillo. Et moi qui croyais te faire
plaisir en t'amenant ton parrain 1
La camériste haussa les épaules.
Mon parrain! dit-elle. Vous m'ame-
nez mon psrrain, Balthasar Claës, mort il
y a quinze ans sur la côte d'Afrique? 8
L'aubergiste resta étourdi du coup.
Puis, il se détendit comme un ressort et
courut à Cornélius.
-Alors, gronda-t-il, qui donc estce-
lui-là ? ¥
Etiennette se tourna, tout effarée, vers
ce parrain mystérieux qui lui tombait du
ciel. Quant au comte, il comprit qu'il
était mort s'il ne payait d'audace.
Comment! s'écria-t-il, vous ignorez
encore, chère filleule, que le bruit de
mon naufrage était un faux bruit? Hé t
ouil parbleu! ajouta-t-il avec un gros
rire, je suis le défunt Balthazar Cornélius
Claë3. plus connu à Bruges sous le nom
de maître Cornélius!
Lapauv r e fille demeuramuette. L'homme
qui lui parlait de la sorte mentait effron-
tément, elle 'le savait bien. Mais si le vi-
sage de cet homme lui était inconnu, sa
voix lui rappelait de vagues souvenirs.
Cornélius lui prit les mains.
Ça! dit-il, regardez-moi donc en
face, petite ingrate! 1
Et, l'embrassant avant qu'elle eût pu
s'en défendre, il murmura tout bas, entre
deux baisers retentissants
Je suis Lélio! 1
Etiennette jeta un cri aigu.
Vous. vous, ici! Vivant!
Prenez garde! articula le comte.
Bouleversée, folle de stupeur et de joie,
Etiennette parvint cependant à se maitri-
attendu longtemps la mise en pratique
des idées que nous avons émises hier, et
si nous las avons surpris en les exposant,
nous espérons bien autrement les satis-
faire en leur montrant avec quelle promp-
tilude chacun vkjnt à nous quand il s'agit
de leur procurer un plaisir.
Comme toute idée neuve effraie, les
théâtres subventionnes et d'autres aussi
importants ne vont pas du premier coup
adopter notre système. Mais à la lon-
gue, quand l'expérience en aura montré
Jes bons résultats, nous pensons qu'ils
viendront à nous sans plus de façon!! que
les autres.
Voici la' copie de la lettre que nous
adressons à nos abonnés
FIGARO
LITTÉRAIRE ET POLITIQUE
BUREAUX
3, rue Rossini, 3
PARIS. '̃
Le Figaro a obtenu pour ses abonnés, de
M.le directeur des théàtres du Châtelet et du
Prince-Impérial, une réduction de moitié sur
le prix de deux places louées à chaque théâtre
pendant les représentations du Comte d'Essex
et d'Ali-Baba.
Le porteur de cette lettre pourra donc se pré-
senter au bureau de location exactement comme
le spectateur qui paye le prix intégral. On lui
délivrera les deux places qu'il choisira.
Au premier des deux théâtres où il se ren-
dra, la buraliste indiquera sur la lettre que
deux places ont été délivrées au porteur.
Au second théâtre, on gardera la lettre né-
cessaire à l'établissement du contrôle.
Ci-joint le tableau du prix des places aux
deux théâtres, et, en regard, la somme à payer
par l'abonné du Figaro,
THÉATRE IMPÉRIAL DU CHATELET
Bureau de location place duChàtelet
Ouvert de II heures à & heures
Pour le public. Pour les
du Figaro
Loges sur le théâtre, chaqtieplace 10 fr, 5fr.. »
Premières loges de face. 8 4 n
de côté. 7 3 50
Fauteuils d'orchestre 7 3 50
de balcon. 7 3 50
Stalles d'orchestre 5 2 50
dé galerie de face 5 2 50
de galerie de côté 4 a n
Baignoires. G 3 »
Pourtour. 4 2 »
♦ ̃'
THEATRE DU PRINCE IMPERIAL
Bureau de location rue do Malle
Ouvert de lit heures à 5 heures
A rail-scène, chaque place 6 3 »
Logf de galerie t s »
Fauteuils d'orchestre et de balcon 2 50 1 25
D'ici à quelques jours nous ferons con-
naître à nos lecteurs les résultats de ce
premier essai, et les nouvelles combinai-
sons qui s'élaborent en ce moment pour
donner une grande extension à l'idée du
spectacle en prime.
Que dirait-on si nous faisions voyager
nos lecteurs par les chemins de fer à
moitie prix? Allied d~Aunay.'
Alfied d'Aunay.
-s »
Dictionnaire ïui in^nra
Miséricorde, Compassion.
La Gourmandise de la Bonté.'
Mobilier. La seule preuve d'a-
mour qu'un Cocodès puisse donner à
une Cocotte et la seule qu'elle lui
demande, du reste! 1
Mitaines. Les Gants de la Cour-
toisie. a
ser. Mais la surprise et surtout la cons-
cience du péril qui environnait le comte,
déterminèrent chez elle une crise ner-
veuse. Laissant tomber sa tête blonde sur
l'épaule du prétendu orfèvre, elle fondit
en larmes.
Truxillo fronça le sourcil. Bien qu'à
mille lieues de la vérité, il flairait quel-
que trahison.
Donnez-lui son argent et partons i
dit-il d'un ton bourru à Cornelius. Il ne
fait pas bon pour vous i
15* Année 5e Série Numéro 125 5
Lundi 4 Mai 1868
Wàacieur en chef
H. Dh VILLElYlESSAfiT
RÉDACTION
de 9 heures à 1 heures, rue Coq-Héron, 5
de taldi *i S heures, rue Rossiai, 3
Les manuscrits ne sont pas rendus
Départements et gares 20 centim(jS *•
BUREAUX
S, BUE COQ-HÈRON ET RUE ROSSIAI, 3 (.i
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AUGUSTE DU MONT 1
ABONNEMENTS
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Départements 3 mois. • lé fr. »»
ANNONCES
SIM. DOLLINGEN fils et A. SÉGUT
Passage des Princes, Escalier C
1
BUREAUX
5, hue coq-hêron ET nuE rossini, 3,
Le journal le Figaro a publié, dans son nu-
méro du 27 avril, un récit emprunté à une
feuille anglaise le Sun, et relatif à un étranger
qui, le samedi précédent, s'étant ég«ré vers une
hourd du matio, aurait été suivi par un homme
en blouse et frappé à la gorge.
Laissé pour mort, le sieur X. aurait été
transporté par des sergents de ville au poste
du faubourg Saint-Martin, où, dit le Su?i, on
le laissa sur un lit de camp jusqu'au lendemain
matin, sans lui donner aucun soin ni faire ve-
nir un médecin.
L'information ouverte sur les circonstances
̃ assez mystérieuses dans lesquels le sieur
aurait été frappé n'est pas encore terminé Les
premières constatations ont toutefois ét*b'i que
le sieur qui était ivre, rencontra à deux
heurrs du matin, sur le boulevard du Prince-
Eugène, un inconnu avec lequel il lia conver-
sation.
A se5 cris, les agents sont accourus, l'ont
transporté au poste le plusvoisin. Un médêcio,
M. la docteur Servaux, a été aussitôt àppalô et t
lui a donné s^s soins. Le certificat du docteur
constate que les blessures étaient sans gravité
et que l'ivresse n'avait pas encore cts;ô au mo-
ment de son arrivée au poste.
On a proposé au sieur de le faire trans-
porter à son domicile ou h l'hôpital Saint-
Antoine mais il s'y est refusé, disant qu'il dé-
sirait attendre que l'on pût aller chercher un
de ses amis, qu'il ne voulait pas déranger au
milieu de la nuit.
Le matin venu, le commissaire do police qui
l'a interrogé lui a offert de nouveau de le faire
transporter chez lui. Il a persisté dans son re-
fus et a voulu attendre son ami qu'il avait fait
prévenir et qui^st arrivé à onze heures.
Le sieur a donc reçu la visite du médecin,
les soins nécessaires à son état, et, s'il est resté
iiu poste, c'est sur sa demande réitérée et
formelle.
(Communiqué. )
ÇHRDNjQUE PARISIENNE
Il devient impossible de se prendre au
sérieux un instant. Au moment' où je rê-
vais au bonheur de la France et où, pour
ce seul fait, je songeais déjà à demander
à mes concitoyens une liste civile de qua-
rante-cinq millions, qu'ils m'euasent ac-
cordée, j'en suis convaincu, attendu que
les hommes hésitent souvent de donner
cent sous, mais ils ne refusent jamais de
donner quarante-cinq millions. Au mo-
ment donc où j'étais le plus absorbé,
on m'apporte soigneusement enveloppé
un objet circulaire, que je prends d'a-
bord pour un chapeau, et qui n'est autre
chose que ce nouveau jouet appelé zoo-
trope (si les jouets se mettent à venir du
grec; où allons-nous?) et dont on a parlé
récemment dans les colonnes mêmes du
Figaro.
Tant que j'ai vu plusieurs de mes ca-
marades faisant des contorsions dans ce
cylindre, j'ai trouvé l'invention très amu-
sante. Je suis devenu un peu moins gai
quand je me suis aperçu moi-même armé
d'une lanterne et courant comme un rat
empoisonné. Pour compléter le tableau,
le dessinateur aurait au moins dû montrer
sur la feuille suivante M. Devienne glis-
sant timidement dans le sein du Sénat son
rapport relatif à la loi sur la presse.
Il y avait un moyen d'expliquer la mau-
vaise humeur dont tout mon être paraît
empreint dans le zootrope, c'était de re-
présenter aussi un député de la majorité
allant voter en toute hâte une loi répres-
sive, et le même député se traînant à
grand' peine jusqu'aux urnes pour y dé-
Feuilleton du FIGARO du 4 Mai 1S68
-•-5
LE COUSIN DU DIABLE
PROLOGUE
liéllo l'Aventurier
IV
OU TRUXILLO COMME.T UNE IMPRUDENCE
Suite
A cette minute, une lueur apparaissait
au guichet.
Qui va là? demanda une voix bour-
rue.
Moi, Truxillo.
Et l'aubergiste colla sa figure au gril-
lage pour, se faire reconnaître.
On entendit un fracas de verrous et de
ferraille. La porte s'entrebâilla et un valet
passa sa tête par l'ouverture.
Vous n'êtes pas seul! exclama-t-il.
Il voulut refermer le battant, mais
Truxillo repoussa le volet à l'intérieur,
introduisit Cornélius et entra.
La-porte retomba derrière eux, et Lan-
dry, tordant rageusement sa moustache,
commença au clair de lune sa faction so-
litaire.
Cependant le comte avait pénétré dans
une salle immense et voûtée, qu'éclai-
raient plusieurs torches de cire accrochées
Droits de traduction et de reproduction ré-
sevés.
| poser son bulletin en faveur d'une loi un
peu plus libérale que les autres.
Je supplie donc les abonnés qui vou-
dront bien me suivre jusque dans la zoo-
trope, de vouloir bien songer à la diffi-
cul!é qu'un homme éprouve à prendre
I l'air aimable, quand on le fait poser de-
| puis quatre mois, tandis que la loi de sû-
reté générale, qui autorise le gouverne-
ment à envoyer se promener sous les om-
brages de Cayenne ceux qui ont encouru
huit jours de prison, a été discutée, vo-
tée et promulguée en moins de quinze
jours.
Il m'est même poussé une idée en re-
gardant, à travers les fentes de cet instru-
ment bizarre, ces hommes qui changent
leurs têtes de place, ces clowns qui sor-
tent d'un oeuf de poule, ces pantins qui se
désarticulent, c'est qu'on pourrait obtenir
des résultats tout à fait instructifs en ap-
pliquant le zootrope aux choses de la vie.
Rien ne serait moral et intéressant comme
de montrer un souscripteur d'obligations
mexicaines courant après son argent qui
fuit devant lui avec la rapidité d'un train
express.
Un Théodoros obligé de reconnaître que
ce que la civilisation européenne a pro-
duit de plus sérieux jusqu'ici, ce sont les
fusils à longue portée, et se faisant tuer
en personne pour mieux en constater les
effets -f
Un budget essayant de se tenir en équi-
libre et chavirant perpétuellement tantôt
d'un côté, tantôt de l'autre;
Deux experts assermentés près les cours
et tribunaux, s'arrachant mutuellement
les cheveux sous prétexte que l'un a trou-
vé de l'arsenic dans les entrailles de- la
victime, et que.l'autre n'y a trouvé que do
la fleur d'oranger
• Tels sont les divers sujets qui pour-
raient ajouter quelque piquant à ceux qui
émaillent déjà le zootrope. On me fera
sans doute observer que ce serait là faire
de la bien petite politique. Mais je répon-
drai avec un sourire plein d'ironie que
celle dont on nous abreuve tous les jours
n'est pas sensiblement plus grande.
J'ai oublié d'ajouter aux nouveaux des-
sins que je propose pour la prime du
Figaro, deux lanciers noyant un pharma-
cien. Celui-ci essaierait de sortir de l'eau
et ceux-là l'y replongeraient à chaque
tentative. Ce serait un sujet original et
qui ne serait pas beaucoup plus triste
qu'un autre, puisque les deux lanciers
n'ont été condamnés qu'à une peine
légère pour cette bonne farce.
On parle continuellement de la sévérité
des lois militaires. De récents jugements
établissent au contraire que les lois mili-
taires sont douces comme des agneaux.
Un zouave ayant injurié, à Versailles, le
maître d'un café, c'est le maître du café
qui a été arrêté. Deux officiers, dont un
colonel, ont profité de la circonstance
pour faire irruption dans l'établissement,
le sabre à la main, en menaçant de tout
bazarder, et cette conduite leur a valu des
félicitations de la part du procureur gé-
néral qui a déclaré qu'un long séjour en
çà et là. C'était vraisemblablement une
ancienne salle des gardes. Les murailles,
tendues en vieux cuir de Cordoue, gar-
daient encore les traces des pertuisanes,
des dagues et des hallebardes suspendues
jadis contre leurs parois.
A chaque extrémité de la pièce, s'étalait
une vaste table de chêne. Deux chaises à
dossier sculpté et quelques escabeaux
complétaient l'ameublement. Du reste,
nulle fenêtre. Au fond, se dessinaient con-
fusément les premières marches d'un es^-
calier de pierre conduisant aux étages su-
périeurs.
Dès l'apparition de Cornélius, trois va-
lets à faces patibulaires, vêtus de buffle,
équipés comme des hommes d'armes, lui
avaient barré le passage.
Ce cavalier est mon parent, leur dit
Truxillo. Je réponds de lui.
Un grand et maigre soudard à mousta-
ches rousses répondit d'un air insolent:
Fût-il le bon Dieu en personne, nous
avons notre consigne.
Ta consigne, Lazarille?. En l'ab-
sence du maître, ta consigne est de m'o-
béir.
Nous allons voir si tel sera l'avis de
don Antonio.
–̃ II est inutile de déranger don An-
tonio, flt le cabaretier. Nous ne bouge-
rons pas de cette salle.
-Et que diable y venez-vous faire?
-Dire deux mots à Etiennette pour
affaire qui.me concerne.
Nos ordres sont formels murmu-
rèrent les valets.
Truxillo les entraîna à l'écart et leur
conta ce dont il s'agissait.
Par San-Iago, compagnons, acheva-
t-il, vous ne voudriez pas me faire man-
quer ma fortune ? Voyons, caramba un
peu de complaisance Et demain, venez
goûter mon vin nouveau, il y en aura à
discrétion.
Afrique pouvait modifier certains tempé-
raments. Il me semble qu'on trouverait.
difficilement une loi plus douce, et je
chercherais vainement dans la loi civile
des exemples d'une pareille indulgence.
Si deux journalistes, un jour que le
journal ne paraîtrait pas, faisaient la
partie d'aller noyer un pharmacien, en
seraient-ils quittes pour une condamna-
tion à cinq ans ? Je n'ose l'espérer. Ce ju-
gement émollient et si bien fait pour en-
courager les lanciers à noyer les pharma-
ciens, n'est compréhensible que dans un
seul-cas: celui où les deux mililaires au-
raient reconnu sous l'enveloppe trom-
peuse d'un pharmacien, un espion de la
Russie ou un petit-fils d'Hudson Lowe.
S'il en était autrement, l'art de noyer les
gens serait bientôt à la portée de tout le
monde. En effet, je suppose que vous sur-
preniez un jour votre amante causant à
une heure du matin, dans sa chambre à
coucher, avec un jeune homme du voisi-
nage. I>s hommes sont si bêtes qu'ils s'en
prennent toujours au monsieur qui ne
leur doit rien, au lieu de s'en prendre à
la femme qui leur doit tout. Votre ple-
mier mouvement sera donc de plongerun
instrumen! aigu dans le cœur de ce misé-
rable. Mais votre second mouvement sera
de vous dire
Un instant! il en reviendrait peut-
être, et moi je n'en reviendrais pas..
Il y a un moyen bien simple de conci-
lier votre vengeance et votre sûreté" per-
sonnelle.Au lieu de vousjeter sur le pick-
pocket qui vous a en'evé tout voire bon-
heur, courez vous engager dans les lan-
ciers, et à la première occasion, plongez
votre lance dans le péritoine de votre en-
nemi. Au lieu de passer en cour d'assises,
où vous seriez condamné à mort, vous
comparaissez devant le conseil de guerre,
qui, en vertu de l'effroyable sévérité de
la loi militaire, vous condamne à une
peine insignifiante. Ce système est très
facile à suivre en secret, même en voyage.
Proposez maintenant aux militaires
d'être jugés par la loi civile et vous ver-
rez comme ils refuseront avec joie. Ils
auront du reste d'autant moins tort que
cette loi elle-même est excessivement dif-
ficile à connaître, bien que personne ne
soit censé l'ignorer. Ainsi les journaux
racontaient que dernièrement à Brest, un
pauvre diable ayant jeté une pétition dans
la voiture du Prince Impérial, a été in-
continent arrêté. S'il a été arrêté, c'est
qu'il a commis un acte défendu. Mais
quel est l'article du code qui met au
nombre des délits le fait de jeter une pé-
tition dans une voiture.
Je comprends jusqu'à un certain point
que les princes en voyage, surtout quand
ils ont à peine douze ans, ne tiennent pas
à être implorés le long des routes, mais il
n'y a que deux façons d'élever ce genre
de pétitionnement à la hauteur d'une Ac-
tion punissable, c'est de l'écrire dans la
loi, que nul n'est censé ignorer, ou plus
simplement de coller sur les équipages
des souverains cette pancarte
IL EST DÉFENDU DE JETER DES PÉTITIONS DANS
CETTE VOITURE
Henri Rochefort.
Voilà qui est parler, observa Laza-
rille. Mais dix minutes, pas plus.
C'est dit. Toi, Pachéco, va me cher-
cher ma femme. Avertis-la que son par-
rain la demande et. ne me nomme pas,
surtout!
Oui, ce sera plus prudent, ricana
Pachéco, qui enjamba lestement les mar-
ches.
Cette allusion aux infortunes conjugales
de l'aubergiste sembla réjouir infiniment
la valetaille, mais elle humilia Truxillo.
Laissez-nous, vous autres, dit-il à
Lazarille et à Andrès.
Les deux valets sortirent en riant.
Cornélius et l'hôtelier demeurèrent
seuls.
A se sentir aussi près de Dolorès, le
comte était pris de faiblesse et de vertige.
Truxillo, non moins agité, se taxait tout
bas d'imprudence. Il avait à redouter
deux courroux terribles, celui de sa femme
et celui de don Diégo. L'espoir d'une ré-
conciliation et la perspective des deux
cents florins suffisaient à peine à calmer
ses terreurs.
Enfin, un pas léger, un frôlement soyeux
arrêtèrent les deux hommes au milieu de
leur promenade fiévreuse, et ils firent
volte-face.
Une blonde, rose et gracieuse jeune
femme s'avança entre eux. C'était Etien-
nette.
D'abord, elle n'aperçut point Cornélius.
Marchant droit à Truxillo, dont le cœur
se fondait de tendresse à son approche,
elle fit halte devant lui, et, les bras croi-
sés, la bouche dédaigneuse, l'œil rempli
d'éclairs, elle le toisa d'un air méprisant.
Ainsi, dit-elle d'une voix basse et
vibrante, vous osez, malgré ma défense,
vous présenter ici?. Et, pour m'attirer à
vous, bandit, meurtrier que vous êtes
vous ne rougissez pas d'employer la ruse
et le mensonge ? 1
«AUX ABONNÉS DU FIGARO
LE SPECTACLE EN PME
Hier nous expliquions ici, aux abon-
nés du Figaro, la combinaison qui nous
permet de leur donner en prime le spec-
tacle à bon marché.
Nous disions que rarement, exception-
nellement peut-être nous leur offririons
des primeurs.
Un hasard heureux va nous permettre
de débuter, dans cette tentative, par deux
spectacles qui sont véritablement du fruit
nouveau.
Hier soir, nous assistions à la répétition
générale du Comte d'Essex dont la pre-
mière représentation aura lieu, demain
lundi, au théâtre du Châ'elet.
Naturellement, dans ce public d'une ré-
pétition générale, on causait beaucoup de
li nouvelle idée, trouvée par M. de Ville-
messant, pour la plus grande satisfac-
tion dé ses abonnés et des directeurs de
théâtre.
Je rencontrai M. Hostein dans un cou-
loir. Il me pria d'entrer dans sa loge, et
me chargea, à son tour, le temps lui man-
quant pour écrire, d'inviter les abonnés
du Figaro à venir voir, dès la seconde
représentation le drame littéraire qui
semble être l'aurore d'une ère nouvelle
pour son théâtre.
• m m
Donc, dès demain lundi, nous mettrons
à la poste les premières lettres d'invita-
tion avec lesquelles nos abonnés pourront
se présenter au -bureau de location du
Théâtre du Châtelet tant que se jouera le
Comte d'Essex.
Afin d'éviter un encombrement inévita-
ble, nous n'expédierons le premier jour
que quelques centaines de lettres, autant
le lendemain, et ainsi de suite, jusqu'à
l'épuisement de nos listes.
'Nous suivrons l'ordre de ces listes, en
commençant par les premiers inscrits et
en reprenant, Je lendemain, ou nous nous
serons arrêtés la veille.
Ne pouvant pas apprécier d'avance le
nombre de nos Jettres, nous en en-
voyons d'abord un nombre assez considé-
rable. Si les derniers arrivés au théâtre
ne trouvent pas de place pour le jour mê-
me, ils loueront pour le lendemain, ainsi
que cela se pratique dans les bureaux de
location.
»
Ce n'est pas tout.
On sait que M. Hostein est également
directeur du théâfre du Prince -Impérial,
ce cirque gigantesque dont la scèae im-
mense se prête si bien aux splendeurs de
la féerie.
On sait que jeudi ou samedi de cette
semaine, il va inaugurer le théâtre modi-
fié, embelli, amélioré, par uue reprise
à.' Ali-Baba ou les Quarante voleurs.
Or, dès la seconde représentation, les
abonnés du Figaro vont pouvoir aller aussi
à ce théâtre.
La même lettre servira de papier-mon-
naio aux deux théâtres. Un cachet y sera
apposé au premier bureau où il en sera
fait usage, et l'abonné devra laisser sa
lettre au second.
Chaque lettre donne droit à une réduc-
tion de prix de moitié, sur DEUX places seu-
lement retenues au bureau de location.
Ainsi l'abonné qui prendra deux fau-
teuils au théâtre du Châtelet, payera sept
francs au lieu de quatorze.
Celui qui prendra deux fauteuils au
théâtre du Prince-Impérial, payera deux
francs cinquante au lieu de cinq francs.
Celui, enfin qui prendra deux fauteuils
à chaque théâtre, ne payera, en tout, que
neuf francs cinquante au lieu de dix-huit
francs.
,̃
• •
Il était tout naturel que M. Hostein
comprît le premier cette combinaison.
Nous le savions trop intelligent pour ne
pas être sûrs que nous débuterions avec
lui, même à la veille de deux spectacles
nouveaux sur lesquels il fonde justement
de grandes espérances.
On voit que nos abonnés n'auront pas
Qui moi! bégaya l'amoureux hôte-
lier..
Sortez interrompit Etiennette, qui,
de son doigt tendu, montra la porte.
Quelle ruse? Quel mensonge?. bal-
butia Truxillo. Et moi qui croyais te faire
plaisir en t'amenant ton parrain 1
La camériste haussa les épaules.
Mon parrain! dit-elle. Vous m'ame-
nez mon psrrain, Balthasar Claës, mort il
y a quinze ans sur la côte d'Afrique? 8
L'aubergiste resta étourdi du coup.
Puis, il se détendit comme un ressort et
courut à Cornélius.
-Alors, gronda-t-il, qui donc estce-
lui-là ? ¥
Etiennette se tourna, tout effarée, vers
ce parrain mystérieux qui lui tombait du
ciel. Quant au comte, il comprit qu'il
était mort s'il ne payait d'audace.
Comment! s'écria-t-il, vous ignorez
encore, chère filleule, que le bruit de
mon naufrage était un faux bruit? Hé t
ouil parbleu! ajouta-t-il avec un gros
rire, je suis le défunt Balthazar Cornélius
Claë3. plus connu à Bruges sous le nom
de maître Cornélius!
Lapauv r e fille demeuramuette. L'homme
qui lui parlait de la sorte mentait effron-
tément, elle 'le savait bien. Mais si le vi-
sage de cet homme lui était inconnu, sa
voix lui rappelait de vagues souvenirs.
Cornélius lui prit les mains.
Ça! dit-il, regardez-moi donc en
face, petite ingrate! 1
Et, l'embrassant avant qu'elle eût pu
s'en défendre, il murmura tout bas, entre
deux baisers retentissants
Je suis Lélio! 1
Etiennette jeta un cri aigu.
Vous. vous, ici! Vivant!
Prenez garde! articula le comte.
Bouleversée, folle de stupeur et de joie,
Etiennette parvint cependant à se maitri-
attendu longtemps la mise en pratique
des idées que nous avons émises hier, et
si nous las avons surpris en les exposant,
nous espérons bien autrement les satis-
faire en leur montrant avec quelle promp-
tilude chacun vkjnt à nous quand il s'agit
de leur procurer un plaisir.
Comme toute idée neuve effraie, les
théâtres subventionnes et d'autres aussi
importants ne vont pas du premier coup
adopter notre système. Mais à la lon-
gue, quand l'expérience en aura montré
Jes bons résultats, nous pensons qu'ils
viendront à nous sans plus de façon!! que
les autres.
Voici la' copie de la lettre que nous
adressons à nos abonnés
FIGARO
LITTÉRAIRE ET POLITIQUE
BUREAUX
3, rue Rossini, 3
PARIS. '̃
Le Figaro a obtenu pour ses abonnés, de
M.le directeur des théàtres du Châtelet et du
Prince-Impérial, une réduction de moitié sur
le prix de deux places louées à chaque théâtre
pendant les représentations du Comte d'Essex
et d'Ali-Baba.
Le porteur de cette lettre pourra donc se pré-
senter au bureau de location exactement comme
le spectateur qui paye le prix intégral. On lui
délivrera les deux places qu'il choisira.
Au premier des deux théâtres où il se ren-
dra, la buraliste indiquera sur la lettre que
deux places ont été délivrées au porteur.
Au second théâtre, on gardera la lettre né-
cessaire à l'établissement du contrôle.
Ci-joint le tableau du prix des places aux
deux théâtres, et, en regard, la somme à payer
par l'abonné du Figaro,
THÉATRE IMPÉRIAL DU CHATELET
Bureau de location place duChàtelet
Ouvert de II heures à & heures
Pour le public. Pour les
du Figaro
Loges sur le théâtre, chaqtieplace 10 fr, 5fr.. »
Premières loges de face. 8 4 n
de côté. 7 3 50
Fauteuils d'orchestre 7 3 50
de balcon. 7 3 50
Stalles d'orchestre 5 2 50
dé galerie de face 5 2 50
de galerie de côté 4 a n
Baignoires. G 3 »
Pourtour. 4 2 »
♦ ̃'
THEATRE DU PRINCE IMPERIAL
Bureau de location rue do Malle
Ouvert de lit heures à 5 heures
A rail-scène, chaque place 6 3 »
Logf de galerie t s »
Fauteuils d'orchestre et de balcon 2 50 1 25
D'ici à quelques jours nous ferons con-
naître à nos lecteurs les résultats de ce
premier essai, et les nouvelles combinai-
sons qui s'élaborent en ce moment pour
donner une grande extension à l'idée du
spectacle en prime.
Que dirait-on si nous faisions voyager
nos lecteurs par les chemins de fer à
moitie prix? Allied d~Aunay.'
Alfied d'Aunay.
-s »
Dictionnaire ïui in^nra
Miséricorde, Compassion.
La Gourmandise de la Bonté.'
Mobilier. La seule preuve d'a-
mour qu'un Cocodès puisse donner à
une Cocotte et la seule qu'elle lui
demande, du reste! 1
Mitaines. Les Gants de la Cour-
toisie. a
ser. Mais la surprise et surtout la cons-
cience du péril qui environnait le comte,
déterminèrent chez elle une crise ner-
veuse. Laissant tomber sa tête blonde sur
l'épaule du prétendu orfèvre, elle fondit
en larmes.
Truxillo fronça le sourcil. Bien qu'à
mille lieues de la vérité, il flairait quel-
que trahison.
Donnez-lui son argent et partons i
dit-il d'un ton bourru à Cornelius. Il ne
fait pas bon pour vous i
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