Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1864-02-25
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 164718 Nombre total de vues : 164718
Description : 25 février 1864 25 février 1864
Description : 1864/02/25 (Numéro 942). 1864/02/25 (Numéro 942).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k270286q
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
11e Année 942
Il =
TRENTE-CINQ CENTIMES
Jeudi 25 Février 1864
i -•̃'̃̃ B. JOUVIN V
RÉDACTEUR EN CHEF.
ABONNEMENTS (PARIS)
Un an. 36 fr. I Trois mois. 9 fr. 50
Six mois. 19 | Un mois. 4
LES MANUSCRITS
..• NON INSÉRÉS SONT BRÛLÉS
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
14, BUE GHANGE-BATEMimE, 14
̃ ['̃"̃̃ '̃ '• •" '•̃>•
« On me dit qu'il s'est établi dans Madrid, ¡ J
un système de liberté sur la vente des produc-
tions, qui s'étend même à celle de la presse,
et que, pourvu que je ne parle en mes écrits
ni de l'autorité, ni du culte, ni de la politique,
ni de la morale, ni des gens en place, ni des
corps en crédit, ni de l'Opéra, ni des autres
spectacles, ni de personne qui tienne à quel-
que chose, je puis tout imprimer librement,
sous l'inspection de deux ou trois censeurs.
:̃ fi»$);. '̃:̃̃
FIGARO
~Jtt)t
G. BOURDIN ̃
BBCRhTAIREDELA RÉDACTIOÎ'. jrifëfy e"V
47,
ABONNEMENTS (DÉPARTEMENTS) te (^ »]
Un an. 40 fr. I Trois mois. 10 fr. 3Ê, Siiij^fc- 'ownj £̃/
Six mois. 21 I Un mois.. U Slfô1 HT"? Y -j i i ̃
.~f4~'
FIGARO
PARAIT DEUX FOIS PAR SEMAINE r
Le Jeudi et le Dimanche.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
14, RUE GRANGE-BATELIÈRE, ,14
« Que je voudrais bien tenir un de ces
puissants de quatre jours, si légers sur le:, •,
mal qu'ils ordonnent, quand une bonne dis-- ,••
grâce a cuvé son orgueil Je lui dirais que '̃>••'
les sottises imprimées n'ont d'importance •
qu'aux lieux où l'on en gêne le cours que
̃ sans la liberté de blâmer, il n'est point d'é-
loges flatteurs, et qu'il n'y a que les petit»
hommes qui redoutent les petits écrits.
4 ̃ ̃ i
s CAUSERIES
Í ,} l'
l, ¡
C'est sans doute à l'influence du carême qu'il faut attribuer
l'unanimité avec laquelle nos dramaturges célèbres ont exploité
un unique thème, car nos théàtres de drame sont, en ce mo-
ment, une école de conspirations. ̃
Faustine, à la Porte-Saixit-Martm, conspire Tcbntrè Marc-Au-
rèle. A l'Ambigu, on conspire contre Beauvallet qui, dans
son magnifique embonpoint, nous représente un roi usé par les
macérations. Le théâtre de la Gaité nous offre aussi sa petite
conspiration heureusement déjouée par Pontis-Dumaine, en-
core un gros homme miné par le chagrin.
Je n'ose demander le pourquoi de cet amas de conspirations,
car j'entends d'ici M. Victor Séjour me crier
-Demandez aussi au lion pourquoi il.etc.
Dès qu'un héros de M. Victor Séjour est embarrassé par une
question indiscrète, il se tire aussitôt de peine en envoyant le
malencontreux questionneur s'adresser au lion.
Pourquoi avez-vous quitté les Flandres? demande un per-
sonnage.
Demandez au lion pourquoi il a quitté sa tanière, répond
l'autre.
Le moyen est adroit. Faute d'avoir le lion aux renseigne-
ments sous la main, on n'insiste pas.
LE PROCÈS DE LAVALETTE (1)
On lit dans le Moniteur, sous la date du 9 janvier 1820
« Les lettres de grâce accordées par Sa Majesté à M. de Lava-
lette, qui devaient être entérinées à la Cour royale de Paris, ont
été adressées à la Cour royale de Strasbourg, devant laquelle
M. de Lavalette devra se présenter après s'être constitué prison-
nier. » II est au moins singulier de voir le journal officiel créer une
Cour royale imaginaire, et forcé douze jours plus tard de reconnaî-
tre sa bévue en insérant la rectification suivante « Strasbourg, 21
janvier. C'est à tort que les feuilles de Paris ont annoncé que M. de
Lavalette devait se présenter devant la Cour royale de Strasbourg
pour y faire entériner les lettres de grâce que le Roi lui avait ac-
cordées. Nous n'avons pas ici de Cour royale. C'est à celle de Col-
mar que l'entérinement doit avoir lieu. M. de Lavalette y est at-
tendu de Munich, où il a séjourné jusqu'à présent. »
Quoi qu'il en soit, des lettres de grâce avaient donc été accordées
à M. de Lavalette dès le commencement de janvier 1820 ont-elles
été retirées ou suspendues c'est ce que nous ignorons; toujours
est-il qu'il n'en fit usage qujs seize mois plus tard. En effet, nous
(1) Voir le numéro du Fiharo des 7, 11, 14, 18 et 21 février.
Cette manière de couper court à la curiosité est fort origi-
nale, mais l'auteur en abuse tant que son: « Demandez au lion »
finit par rappeler le Parlez au portier.
Jadis on envoyait les fâcheux. à l'ours.
M. Séjour est l'homme du progrès, il les envoie au lion.
Dans ce trio de conspirations, je donne la préférence à celle
de la Gaîté, aussi ennuyeuse que les autres cependant, mais qui
se relève par quelques idées heureuses, surtout celle de faire
cacher un roi de France dans une fosse d'aisances pour sur-
prendre la conversation des conjurés. A cette scène, toute d'i-
magination, joignez celle où Lacressonnière est aplati par un
plafond, et vous aurez les deux éléments du succès qui attire la
'foule à ce théâtre.
.A.t;M~ ~L-–i4.M,
La mi-carême qui approche me fournit l'occasion de faire
une petite remarque. Chaque année, au moment où le carna-
val va descendre dans la rue, M. le préfet de police fait placar-
der dans la ville une défense aux masques d'insulter ou de
maltraiter le public. Au jour désigné, un million de spectateurs
vient s'entasser sur les boulevards pour voir passer ces joyeux
farceurs auxquels le préfet a ainsi lié les mains et la langue.
Ils sont généralement trois 1
Trois enfants couverts de haillons.
Alors on les hue, on les bouscule, on les harcelle, et, s'ils se
retournent pour repousser les attaques, les deux cents sergents
de ville apparaissent menaçants, les escadrons de cavaliers se
forment, tous prêts à faire observer par la force la défense faite
à ces trois malheureux d'opprimer un million d'hommes. On
devrait bien protéger un peu ces croyants qui se dévouent ainsi
pour perpétuer une tradition qui s'éteint.
lisons au Moniteur du 29 mai 182 1 a 11. le comte de Lavalette et
arrivé à Colmar dans un état de santé très chancelant. Les lettres
de grâce qui viennent de lui être accordées par le Roi ont dû être
entérinées le 22 par la Cour royale. »
A son arrivée à Paris, Lavalette fut l'objet d'une surveillance
dont on ne tarda pas à se lasser. Il s'était logé rue de Penthièvre,
ne recevait que des amis intimes, n'allait jamais dans le monde, et,
toutes les fois que lagoutte lui en laissait la possibilité, passait sa
journée entière près de sa digne et malheureuse femme, retirée à
Chaillot, rue deu Batailles, n» S, chez le docteur Puzin, qu'il avait
connu autrefois aux armées, puis successivement chez le chirur-
gien herniaire, Jalade Lafont, rue de Chaillot, 21, dans l'ancien
hôtel de Bailly, et, en dernier lieu, chez le docteur Blanche,
à Montmartre.
Il ne quitta Paris qu'une seule fois en 1826, pour appuyer de sa
présence à Londres la réélection de son sauveur, le colonel Wilson.
C'est la seule fois depuis son retour que son nom ait figuré dans les
journaux, jusqu'à sa mort, qui eut lieu à la suite d'une fluxion de
poitrine, le 15 février 1830, en son hôtel, rue Matignon, n° 10.
On lit dans le Moniteur du 17 février « Les obsèques de M. le
comte de Lavalette ont eu lieu aujourd'hui à midi. Après les céré-
monies religieuses, à l'église de Saint-Philippe-du-Roule, le corps
a été conduit au cimetière du Père-Lachaise. Un grand nombre de
personnes suivaient le convoi. Le deuil était conduit par les petits-
fils du défunt. Quatre cents hommes des troupes de la garnison
précédaient et suivaient le convoi. Il y avait quatorze voitures de
deuil. »
Le Constitutionnel n'est guère plus explicite
« Les obsèques de M. de Lavalette ont été célébrées aujourd'hui.
Un nombre considérable d'amis ont aecompagné ses restes au cime-
tière de l'Est. M. le lieutenant-général Sébastiani, vivement ému,
a prononcé sur sa tombe les paroles suivantes
Le joyeux M. Babinet a voulu sans .doute nous faire une
plaisanterie aimable en proposant de peupler nos lacs du
bois de Boulogne avec les phoques du lac Baïkal Le phoque
est-il donc un si gracieux animal pour que l'illustre savant ait t
pensé à en tirer un effet de paysage 1 Sans parler de la ma-
nie des femelles qui, nageant presque toujours sur le dos, éta-
lent sans cesse leurs mamelles au soleil. Un joli exemple à
donner. r
Je ne veux pas, en faveur de ces malheureux phoques quise-
raient tués pas le chagrin de se voir dépaysés, entamer une
question d'humanité, car je ne serais pas compris en France.
S'il est un chagrin inconnu au Français c'est celui de se sentir
loin de son pays natal; nous nous cramponnons au sol, nous
sommes^eu voyageurs et pas du tout colonisateurs, -r-. Aussi
nos possessiors lointaines s'épuiseraient-elles vite, faute d'être
renouvelées d'hommes, sans les étrangers qui finissent par s'y
installer avec une supériorité de nombre incontestable.
A quelle cause devons-nous attribuer cet abandon de nos co-
lonies ?
Je ne crains pas d'avancer qu'il est dû à l'influence occulte et
pernicieuse de ce terrible fléau qu'on appelle LA romance 1
La romance date de l'introduction de la vaccine qui passe
cependant pour une belle découverte.
Tout jeune, nous entendons corner à nos oreilles « Bons
vins de notre France! ou « Beau soleil de ma patrie 1 »
ou « Quand je vois tes riches campagnes. etc. » Ces re-
frains nous sont tant de fois répétés que nous finissons par y
croire sérieusement et nous nous disons Puisque nous som-
mes si bien en France, asseyons-nous. Alors l'état stationnaire
devient une telle manie que le moindre déplacement nous im-
pose une douleur et un prétexte de romance. Un homme
s'est-il éloigné de dix kilomètres. même pour aller toucher
« Adieu, Lavalette ta mort seule pouvait séparer deux compa-
gnons d'armes dont l'amitié avait pris naissance aux champs d'Ar-
cole et de Rivoli. Au temps de nos discordes civiles tu combattais à
Fleurus, devant Landau, devant Mayence. Tes concitoyens de tous
les partis étaient tes amis. Dans J'exercice des fonctions les plus im-
portantes, les plus délicates, ton dévouement et ta fidélité te con-
servèrent l'estime et la faveur de celui qui t'avait investi de sa con-
fiance. Sous ton administration, l'épanchement et la franchise ne
furent jamais un danger. Je dois respecter, dans ta personne, les-
arrêts de la justice, heureux du moins d'avoir à bénir la clémence du
roi Pourquoi faut-il qu'une femme, fidèle compagne de ta destinée,
dont le courage sublime t'avait donné une seconde vie, n'ait pu jouir
de son ouvrage, de ton amour, de ta reconnaissance ? Guerrier in-
trépide, administrateur intègre, sorti honorablement de la double
épreuve de la prospérité et de l'adversité, reçois de la voix d'un
ami l'hommage de tous ceux qui savent honorer les vertus publiques
et privées. »
Lavalette avait été compris dans le testament de Napoléon pour
une somme de 300,000 fr. Il en avait touché 60,225 sur les sommes
déposées chez M. Laffitte. Depuis il a été compté à ses héritiers
204,055 fr. en vertu d'un décret de 1855.
Le principal acteur suivi au-delà du tombeau, retournons en ar-
rière et voyons ce qu'il advint de ceux qui avaient rempli les autres
rôles dans ce drame désormais immortel. Nous avons déjà dit qu'une
fois l'évasion connue, les recherches avaient été immédiates, multi-
pliées, incessantes. La raison en est simple si Louis XVIII avait
appris la chose, non-seulement sans colère, mais encore avec une
spirituelle satisfaction, il n'en avait pas été de même de M. Decazes,
royaliste de fraîche date, ancien secrétaire des commandements de
Mme Lœtitia, mère de l'Empereur. Il craignait, et il est assez cu-
rieux de voir M. de Lavalette écrire cela dans ses Mémoires sous la
date de 1827, il craignait qu'on ne l'accusât d'avoir sauvé le con-
Il =
TRENTE-CINQ CENTIMES
Jeudi 25 Février 1864
i -•̃'̃̃ B. JOUVIN V
RÉDACTEUR EN CHEF.
ABONNEMENTS (PARIS)
Un an. 36 fr. I Trois mois. 9 fr. 50
Six mois. 19 | Un mois. 4
LES MANUSCRITS
..• NON INSÉRÉS SONT BRÛLÉS
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
14, BUE GHANGE-BATEMimE, 14
̃ ['̃"̃̃ '̃ '• •" '•̃>•
« On me dit qu'il s'est établi dans Madrid, ¡ J
un système de liberté sur la vente des produc-
tions, qui s'étend même à celle de la presse,
et que, pourvu que je ne parle en mes écrits
ni de l'autorité, ni du culte, ni de la politique,
ni de la morale, ni des gens en place, ni des
corps en crédit, ni de l'Opéra, ni des autres
spectacles, ni de personne qui tienne à quel-
que chose, je puis tout imprimer librement,
sous l'inspection de deux ou trois censeurs.
:̃ fi»$);. '̃:̃̃
FIGARO
~Jtt)t
G. BOURDIN ̃
BBCRhTAIREDELA RÉDACTIOÎ'. jrifëfy e"V
47,
ABONNEMENTS (DÉPARTEMENTS) te (^ »]
Un an. 40 fr. I Trois mois. 10 fr. 3Ê, Siiij^fc- 'ownj £̃/
Six mois. 21 I Un mois.. U Slfô1 HT"? Y -j i i ̃
.~f4~'
FIGARO
PARAIT DEUX FOIS PAR SEMAINE r
Le Jeudi et le Dimanche.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
14, RUE GRANGE-BATELIÈRE, ,14
« Que je voudrais bien tenir un de ces
puissants de quatre jours, si légers sur le:, •,
mal qu'ils ordonnent, quand une bonne dis-- ,••
grâce a cuvé son orgueil Je lui dirais que '̃>••'
les sottises imprimées n'ont d'importance •
qu'aux lieux où l'on en gêne le cours que
̃ sans la liberté de blâmer, il n'est point d'é-
loges flatteurs, et qu'il n'y a que les petit»
hommes qui redoutent les petits écrits.
4 ̃ ̃ i
s CAUSERIES
Í ,} l'
l, ¡
C'est sans doute à l'influence du carême qu'il faut attribuer
l'unanimité avec laquelle nos dramaturges célèbres ont exploité
un unique thème, car nos théàtres de drame sont, en ce mo-
ment, une école de conspirations. ̃
Faustine, à la Porte-Saixit-Martm, conspire Tcbntrè Marc-Au-
rèle. A l'Ambigu, on conspire contre Beauvallet qui, dans
son magnifique embonpoint, nous représente un roi usé par les
macérations. Le théâtre de la Gaité nous offre aussi sa petite
conspiration heureusement déjouée par Pontis-Dumaine, en-
core un gros homme miné par le chagrin.
Je n'ose demander le pourquoi de cet amas de conspirations,
car j'entends d'ici M. Victor Séjour me crier
-Demandez aussi au lion pourquoi il.etc.
Dès qu'un héros de M. Victor Séjour est embarrassé par une
question indiscrète, il se tire aussitôt de peine en envoyant le
malencontreux questionneur s'adresser au lion.
Pourquoi avez-vous quitté les Flandres? demande un per-
sonnage.
Demandez au lion pourquoi il a quitté sa tanière, répond
l'autre.
Le moyen est adroit. Faute d'avoir le lion aux renseigne-
ments sous la main, on n'insiste pas.
LE PROCÈS DE LAVALETTE (1)
On lit dans le Moniteur, sous la date du 9 janvier 1820
« Les lettres de grâce accordées par Sa Majesté à M. de Lava-
lette, qui devaient être entérinées à la Cour royale de Paris, ont
été adressées à la Cour royale de Strasbourg, devant laquelle
M. de Lavalette devra se présenter après s'être constitué prison-
nier. » II est au moins singulier de voir le journal officiel créer une
Cour royale imaginaire, et forcé douze jours plus tard de reconnaî-
tre sa bévue en insérant la rectification suivante « Strasbourg, 21
janvier. C'est à tort que les feuilles de Paris ont annoncé que M. de
Lavalette devait se présenter devant la Cour royale de Strasbourg
pour y faire entériner les lettres de grâce que le Roi lui avait ac-
cordées. Nous n'avons pas ici de Cour royale. C'est à celle de Col-
mar que l'entérinement doit avoir lieu. M. de Lavalette y est at-
tendu de Munich, où il a séjourné jusqu'à présent. »
Quoi qu'il en soit, des lettres de grâce avaient donc été accordées
à M. de Lavalette dès le commencement de janvier 1820 ont-elles
été retirées ou suspendues c'est ce que nous ignorons; toujours
est-il qu'il n'en fit usage qujs seize mois plus tard. En effet, nous
(1) Voir le numéro du Fiharo des 7, 11, 14, 18 et 21 février.
Cette manière de couper court à la curiosité est fort origi-
nale, mais l'auteur en abuse tant que son: « Demandez au lion »
finit par rappeler le Parlez au portier.
Jadis on envoyait les fâcheux. à l'ours.
M. Séjour est l'homme du progrès, il les envoie au lion.
Dans ce trio de conspirations, je donne la préférence à celle
de la Gaîté, aussi ennuyeuse que les autres cependant, mais qui
se relève par quelques idées heureuses, surtout celle de faire
cacher un roi de France dans une fosse d'aisances pour sur-
prendre la conversation des conjurés. A cette scène, toute d'i-
magination, joignez celle où Lacressonnière est aplati par un
plafond, et vous aurez les deux éléments du succès qui attire la
'foule à ce théâtre.
.A.t;M~ ~L-–i4.M,
La mi-carême qui approche me fournit l'occasion de faire
une petite remarque. Chaque année, au moment où le carna-
val va descendre dans la rue, M. le préfet de police fait placar-
der dans la ville une défense aux masques d'insulter ou de
maltraiter le public. Au jour désigné, un million de spectateurs
vient s'entasser sur les boulevards pour voir passer ces joyeux
farceurs auxquels le préfet a ainsi lié les mains et la langue.
Ils sont généralement trois 1
Trois enfants couverts de haillons.
Alors on les hue, on les bouscule, on les harcelle, et, s'ils se
retournent pour repousser les attaques, les deux cents sergents
de ville apparaissent menaçants, les escadrons de cavaliers se
forment, tous prêts à faire observer par la force la défense faite
à ces trois malheureux d'opprimer un million d'hommes. On
devrait bien protéger un peu ces croyants qui se dévouent ainsi
pour perpétuer une tradition qui s'éteint.
lisons au Moniteur du 29 mai 182 1 a 11. le comte de Lavalette et
arrivé à Colmar dans un état de santé très chancelant. Les lettres
de grâce qui viennent de lui être accordées par le Roi ont dû être
entérinées le 22 par la Cour royale. »
A son arrivée à Paris, Lavalette fut l'objet d'une surveillance
dont on ne tarda pas à se lasser. Il s'était logé rue de Penthièvre,
ne recevait que des amis intimes, n'allait jamais dans le monde, et,
toutes les fois que lagoutte lui en laissait la possibilité, passait sa
journée entière près de sa digne et malheureuse femme, retirée à
Chaillot, rue deu Batailles, n» S, chez le docteur Puzin, qu'il avait
connu autrefois aux armées, puis successivement chez le chirur-
gien herniaire, Jalade Lafont, rue de Chaillot, 21, dans l'ancien
hôtel de Bailly, et, en dernier lieu, chez le docteur Blanche,
à Montmartre.
Il ne quitta Paris qu'une seule fois en 1826, pour appuyer de sa
présence à Londres la réélection de son sauveur, le colonel Wilson.
C'est la seule fois depuis son retour que son nom ait figuré dans les
journaux, jusqu'à sa mort, qui eut lieu à la suite d'une fluxion de
poitrine, le 15 février 1830, en son hôtel, rue Matignon, n° 10.
On lit dans le Moniteur du 17 février « Les obsèques de M. le
comte de Lavalette ont eu lieu aujourd'hui à midi. Après les céré-
monies religieuses, à l'église de Saint-Philippe-du-Roule, le corps
a été conduit au cimetière du Père-Lachaise. Un grand nombre de
personnes suivaient le convoi. Le deuil était conduit par les petits-
fils du défunt. Quatre cents hommes des troupes de la garnison
précédaient et suivaient le convoi. Il y avait quatorze voitures de
deuil. »
Le Constitutionnel n'est guère plus explicite
« Les obsèques de M. de Lavalette ont été célébrées aujourd'hui.
Un nombre considérable d'amis ont aecompagné ses restes au cime-
tière de l'Est. M. le lieutenant-général Sébastiani, vivement ému,
a prononcé sur sa tombe les paroles suivantes
Le joyeux M. Babinet a voulu sans .doute nous faire une
plaisanterie aimable en proposant de peupler nos lacs du
bois de Boulogne avec les phoques du lac Baïkal Le phoque
est-il donc un si gracieux animal pour que l'illustre savant ait t
pensé à en tirer un effet de paysage 1 Sans parler de la ma-
nie des femelles qui, nageant presque toujours sur le dos, éta-
lent sans cesse leurs mamelles au soleil. Un joli exemple à
donner. r
Je ne veux pas, en faveur de ces malheureux phoques quise-
raient tués pas le chagrin de se voir dépaysés, entamer une
question d'humanité, car je ne serais pas compris en France.
S'il est un chagrin inconnu au Français c'est celui de se sentir
loin de son pays natal; nous nous cramponnons au sol, nous
sommes^eu voyageurs et pas du tout colonisateurs, -r-. Aussi
nos possessiors lointaines s'épuiseraient-elles vite, faute d'être
renouvelées d'hommes, sans les étrangers qui finissent par s'y
installer avec une supériorité de nombre incontestable.
A quelle cause devons-nous attribuer cet abandon de nos co-
lonies ?
Je ne crains pas d'avancer qu'il est dû à l'influence occulte et
pernicieuse de ce terrible fléau qu'on appelle LA romance 1
La romance date de l'introduction de la vaccine qui passe
cependant pour une belle découverte.
Tout jeune, nous entendons corner à nos oreilles « Bons
vins de notre France! ou « Beau soleil de ma patrie 1 »
ou « Quand je vois tes riches campagnes. etc. » Ces re-
frains nous sont tant de fois répétés que nous finissons par y
croire sérieusement et nous nous disons Puisque nous som-
mes si bien en France, asseyons-nous. Alors l'état stationnaire
devient une telle manie que le moindre déplacement nous im-
pose une douleur et un prétexte de romance. Un homme
s'est-il éloigné de dix kilomètres. même pour aller toucher
« Adieu, Lavalette ta mort seule pouvait séparer deux compa-
gnons d'armes dont l'amitié avait pris naissance aux champs d'Ar-
cole et de Rivoli. Au temps de nos discordes civiles tu combattais à
Fleurus, devant Landau, devant Mayence. Tes concitoyens de tous
les partis étaient tes amis. Dans J'exercice des fonctions les plus im-
portantes, les plus délicates, ton dévouement et ta fidélité te con-
servèrent l'estime et la faveur de celui qui t'avait investi de sa con-
fiance. Sous ton administration, l'épanchement et la franchise ne
furent jamais un danger. Je dois respecter, dans ta personne, les-
arrêts de la justice, heureux du moins d'avoir à bénir la clémence du
roi Pourquoi faut-il qu'une femme, fidèle compagne de ta destinée,
dont le courage sublime t'avait donné une seconde vie, n'ait pu jouir
de son ouvrage, de ton amour, de ta reconnaissance ? Guerrier in-
trépide, administrateur intègre, sorti honorablement de la double
épreuve de la prospérité et de l'adversité, reçois de la voix d'un
ami l'hommage de tous ceux qui savent honorer les vertus publiques
et privées. »
Lavalette avait été compris dans le testament de Napoléon pour
une somme de 300,000 fr. Il en avait touché 60,225 sur les sommes
déposées chez M. Laffitte. Depuis il a été compté à ses héritiers
204,055 fr. en vertu d'un décret de 1855.
Le principal acteur suivi au-delà du tombeau, retournons en ar-
rière et voyons ce qu'il advint de ceux qui avaient rempli les autres
rôles dans ce drame désormais immortel. Nous avons déjà dit qu'une
fois l'évasion connue, les recherches avaient été immédiates, multi-
pliées, incessantes. La raison en est simple si Louis XVIII avait
appris la chose, non-seulement sans colère, mais encore avec une
spirituelle satisfaction, il n'en avait pas été de même de M. Decazes,
royaliste de fraîche date, ancien secrétaire des commandements de
Mme Lœtitia, mère de l'Empereur. Il craignait, et il est assez cu-
rieux de voir M. de Lavalette écrire cela dans ses Mémoires sous la
date de 1827, il craignait qu'on ne l'accusât d'avoir sauvé le con-
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