Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1864-02-14
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 164718 Nombre total de vues : 164718
Description : 14 février 1864 14 février 1864
Description : 1864/02/14 (Numéro 939). 1864/02/14 (Numéro 939).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k270283k
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
1 1
11* Année 939 TRENTE-CINQ CENTIMES J Dimanche 14 Février 1864
(efelm s\B- I0UÏIN
<~ ACTEUR BN CHEF.
ABONNEMENTS (PARIS)
Un an. 36 fr.
Six mois.. 19
I Trois mois. 9 fr. 50
) Un mois.. 4
MES MANUSCRITS
NON INSÉRÉS SONT BRÛLÉS
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
14, bbe ghange-batelièhb, 14
« On me dit qu'il s'est établi dans Madrid,
nn système de liberté sur lu vente des produc-
tions, qui s'étend même à celle de la presse,
et que, pourvu que je ne parle en mes écrits
ni de l'autorité, ni du culte, ni de la politique,
ni de la morale, ni des gens en place, ni des
corps en crédit, ni de l'Opéra, ni des autres
spectacles, ni de personne qui tienne à quel-
· que chose, je puis tout imprimer libroment,
sous l'inspection de deux ou trois censeurs.
THÉÂTRES
Gaîté. La Jfaison du Baigneur drame en cinq actes et en douze
tableaux, par M. Auguste Maquet. Un système postal extrê-
mement compliqué. Une amoureuse capitaine de pompiers.
Impressions de voyage d'un plafond. Des falsifications histori-
ques au théâtre. Les acteurs. Mlle Lia Félix. Lacresson-
nière. Dumaine. Febvre. Théâtre-Italien. Les sœurs
Carlotta et Barbara Marchisio dans Setniramide.
'.Y -Y
Le théâtre de la Gaîté n'est pas de l'avis deBéranger, lequel
s'est écrié imprudemment dans une de ses chansons
Henri IV est mort, qu'on n'en parle plus. ̃
Avant d'aller plus loin, réglons un compte avec le chanson-
nier. Ce « qu'on n'en parle plus » sent son complice d'une
lieue. Comment M. Auguste Maquet, n'y a-t-il pas songé? Outre
qu'il y a dans ce vers un commencement de preuve par écrit;
dont M. Dumaine eût tiré un parti merveilleux dans la
scène où. il arrache aux assassins du roi l'aveu complet de
leur crime, quel beau drame on eût fait en associant Béranger^
dans l'attentat du 14- mai 1610; à' Marie de Médicis, au duc
û'Epernon et au maréchal d'Ancre. Mais le moyeu, allez-vous
dire, de faire remonter à deux siècles la culpabilité d'un poète
qui chantait vers 1820 ? Ce n'est pas une difficulté sérieuse
dans une pièce où les plafonds descendent. C'eût été de la
chronologie machinée. comme le reste.
LE PROCÈS QE LAVALETTE (I)
>̃. ̃ n ̃• i •
.̃•̃• (Suite de l'interrogatoire de l'accusé.)}
» M. le président. Vous êtes allé à la Poste pour savoir des nou-
Telles: vous avez appris que M. Ferrand y était; vous n'aviez plus
rien à y faire, et ne deviez plus y être comment saviez-vous,
d'ailleurs, que vous dussiez reprendre la direction de la Poste le len-
demain.
» L'accusé. Je ne doutais pas que l'Empereur ne me rendît cette
-direction que j'avais administrée pendant treize ans, à sa satisfaction
et peut-être à celle du public.
» Oh présente à l'accusé une lettre écrite en son nom, pour con-
voquer les administrateurs. M. Coujolle, dit-il, m'a demandé s'il
m'était pas nécessaire que les administrateurs vinssent à leur bureau.
J'ai répondu Mais oui, comme à l'ordinaire. Je n'ai donné, d'ail-
leurs, aucun ordre à ce sujet.
» On met encore sous ses yeux les divers ordres qu'il a expédiés,
et M. le président lui demande si celui qui prohiba le départ des
dépêches ministérielles n'était pas écrit en entier de sa main. il
•répond C'est possible, je ne l'ai pas nié.
V(J) i'Vo'jr le' numéro du Figaro des 7 et .11 février. .• t..
>, IR
FIGARO
Donc Henri IV est mort et nous allons en parler, puisque la
Gaîté y trouve son compte. Seulement, dans un drame en
douze tableaux, je demande la permission d'abréger un peu.
Sans cela nous n'en finirions pas. M. Auguste Maquet n'y per-
'dra rien; nous irons tout de suite aux beaux endroits de la
Maison dit Baigneur. Ce qui me frappe tout d'abord, c'est la
façon vraiment imprévue dont se faisait en ce temps-là le ser-
vice de la poste. Exemple vous éprouviez le désir d'écrire
deux lettres anonymes, l'une à la reine douairière, pour lui
dire qu'elle était une coquine, l'autre au roi de France, pour
lui apprendre qu'il était un imbécile eh bien, voici les
moyens très simples que vous étiez dans la nécessité d'em-
ployer. Il vous suffisait d'enrôler une demi-douzaine de bravi,
de les placer, des armes au poing et un masque sur le visage,
le long d'une grande route, en les priant d'attendre qu'il y
passât un honnête homme. Les honnêtes gens devaient se
trouver au coin d'un, bois, ,eQ.,ce>.l«rrip&Jà, puisque, -si nous
nous en rapportons au drame de M. Auguste Maquet, les ban-
dits s'étaient réfugiés au Louvre. Vos facteurs à l'affût sau-
taient à la gorge du premier passant venu, lui confiaient les
deux lettres anonymes en lui faisant d'horribles menaces, et
lui ordonnaient de remettre, au plus vite, les deux plis cache-
tés à Louis XIII et à sa mère, Ma.rie de Médicis. Ce système
postal, d'une originalité incontestable, n'avait qu'un inconvé-
nient, celui d'être peu expéditif. Outre les dépenses d'enrôle-
ment- les achats d'armes et de masques, cela vous obligeait,
quand vous habitiez à cent lieues d'une forêt dangereuse, à des
déplacements lointains et souvent fort désagréables. -»
w t
Ne dites point ceci est un conte; car vous venez d'entendre
une histoire vraie, celle de l'oiseleur Bernard, un jeune homme
beau, chevaleresque et amoureux (il fallait s'y attendre) de
dona Siete-Iglésias, la très honnête femme d'un abominable
scélérat. L'Espagnole, de son côté, brûle pour Bernard d'une
passion adultère. Elle est prête à se jeter au feu pour lui. Pas-
sez-moi ce dicton trivial que vont justifier les circonstances.
Siete-Iglésias, complice de Ravaillac, s'est introduit, la nuit,
» M. le président. C'est possible ne répond pas à ma demande.
Est-ce vous? ••
» M. Macarel, secrétaire particulier de M. le comte Ferrand, dé-
pose que le 20 mars, à sept heures et demie du matin, deux person-
nes entrèrent dans la salle d'audience de l'hôtel des Postes. L'une
d'elles, (c'est l'accusé), en frappant de sa canne sur la table, dit à
haute voix « Au nom de l'Empereur, je prends possession de la
Poste. » M. de Lavalette demanda ensuite à parler à M. le comte
Ferrand. M. Màcarel alla le chercher, il vint, et M. de Lavalette lui
dit d'un ton poli « Je suis obligé de prendre votre place. » M. Fer-
rand demanda quelques instants pour prendre ses papiers M. Ma-
carel l'aida et retourna ensuite avertir M. de Lavalette, qui s'était
retiré, que le cabinet était libre. Il a entendu l'accusé demander les
chefs de division de la Poste, et il en a vu arriver plusieurs qui se
rendaient à ses ordres.
» M. de Lavalette nie tous ces faits et surtout l'arrogance de sa
prise de possession. « On persuadera difficilement, ajoute-t-il, que
je me sois conduit ainsi, aux personnes qui connaissent mon carac-
tère posé, tranquille et ami des bienséances. »
» Il s'est engagé ici une longue discussion, renouvelée plusieurs
fois dans le cours des débats, sur un fait dont j'avoue que je n'ai pas
bien saisi la grande importance. M. Macarel déclare bien positive-
ment que M. de Lavalette est entré dans le cabinet de M. Ferrand;
il ajoute même qu'il a étendu la main sur le bras du fauteuil du
"comte.
» L'accusé se défend vivement d'être entré dans le cabinet il pro-
teste, sur son honneur, que cette circonstance lui est aussi présente
que si elle venait d'avoir lieu à l'instant même. Il n'a point passé la
porte qui communique de la salle d'audience au cabinet; njais son
assertion est en opposition formelle avec les dépositions de plusieurs
témoins, entre autres de MM. Devillars, Dancsurt et Forgéot, qui
FÏGARO
2
G. BOURDIN
SECRÉTAIRE DE LA RÉDACTION.
C ABONNEMENTS! (DÉPARTEMNTS)
Un an. 40 fr. I
Six mois.. 21 I
Trois mois. 10 fr. 5f> n
Un mois.. 4 50
FIGABO
PARAIT DEUX FOIS PAR SEMAINE £,
Le Jeudi et le Dimanche. jfs
A~~JN¡STRAT;T REDACTIO
ADMINISTRATION ET RÉDACTIOPt l
•̃̃• H, g RUE GBANGE-BATELlÊliE 14
̃ « Que je voudrais bien tenir un de ces
puissants de quatre jours, si légers sur le
mal qu'ils ordonnent, quand une bonne dis-
grâce a cuvé son orgueil Je lui dirais 'que
les sottises imprimées n'ont d'importance
qu'aux lieux où l'on en gêne le cours que,
sans la liberté de blâmer, il n'est point d'é-
loges flatteurs, et qu'il n'y a que les petit!»
hommes qui redoutent les petits écrits.
'?̃ •); ̃ '•' ̃ '• •
avec des sbires, dans le domicile de l'avocat Dubourdet. Deux
motifs l'y conduisent il se propose d'assassiner le maître
de la maison qui a toutes les preuves du parricide du
14 mai, et, accessoirement, il n'est pas fâché de se débarras-
ser de l'amant de sa femme. L'avocat frappé à mort, Siete-Iglé-
sias met le feu à la maison. Dans cette maison en flammes,
et à cette heure de nuit, survient Mme Siete-Iglésias. Ne vous
hâtez point de soupçonner sa vertu! Dona Marguerite s'est heu-
reusement aperçue que si le service de la poste ne laissait rien
à désirer, celui des pompiers n'était pas organisé du tout dans
la bonne ville de Paris. Aussi intrépide que belle, l'Espagnole
court au milieu des flammes. Elle prend dans ses bras un jeune
homme en se disant « Si ce n'est Bernard, c'est donc sob
frère? » Son amour avait parfaitement raisonné. La scène est
dramatique et pour moi tout à fait imprévue. Marcher sur son
cœur, une héroïne de drame ne fait que cela; mais marcher
sur des charbons ardents, cela est héroïque et moins banal.
Laissons dona Marguerite et l'oiseleur Bernard se faire tout
à leur aise la confidence d'un amour partagé. Glissons même
sur la scène capitale dans laquelle Pontis, Ja cheville ouvrière
de l'action, tend une souricière aux complices de Ravaillac le
maréchal d'Ancre, le duc d'Epernon, l'Espagnol Siete-Iglesias,
et, armé de deux pistolets, exige des coupables des millions
pour prix de son silence. Il s'agit bien d'autre chose, en vérité!
Il s'agit d'un plafond qui monte, descend, remonte pour redes-
cendre encore. Ce merveilleux plafond, avec l'impassibilité
d'un juge, prend le parti de l'innocence contre le crime, se
substitue aux remords et au bourreau pour écraser (écraser est
le mot) Siete-Iglesias blessé dans le guet-apens tendu au maré-
chal.
Pendant centreprésentations au moins, Paris voudra assister
à la promenade de ce plafond, qui rend la situation si palpi-
tante et lés appartements de Mme de Verneuil si peu habi-
tables.
Je m'aperçois un peu tard que l'énumération des prodiges de
l'ont vu entrer dans le cabinet de M. Ferrand.- M. de Lavalette ac-
cuse la mémoire de ces messieurs.
» La Cour a entendu successivement MM. Faurier, Belleville
et Lauriston, administrateurs des Postes. La déposition de ces
trois témoins est uniforme; ils ont reçu, le 20 mars, de bonne
heure, une lettre de M. Coujolle, qui les invitait, au nom de M. de
Lavalette, à se rendre à la Poste. Ils y sont venus et ont at-
tendu, dans le lieu ordinaire de leur travail, M. de Lavalette, qui
n'est arrivé qu'à trois heures. Après les premiers compliments d'u-
sage, il leur a adressé de vifs reproches d'avoir replacé un inspecteur
'qu'il avait contraint à donner sa démission et qui, selon lui, désho-
norait l'administration. Il leur donna, dès ce moment, l'ordre de le
destituer; mais la résolution n'en fut prise que deux jours après.
M. de Lavalette s'assit au milieu des administrateurs, dans le fauteuil
du directeur général on parla de plusieurs objets de service mais
cette conférence n'eut point le caractère d'une séance d'administra-
tion présidée par le directeur général.
» C'est l'observation sur laquelle l'accusé insiste fortement.
» M. le président a demandé à l'un des administrateurs (M. Fau-
rier), si, dans le cas d'absence totale du directeur général, le service
aurait lieu comme à l'ordinaire par les soins des administrateurs;
le témoin répond affirmativement. Alors M. le président s'adresse à
l'accusé et lui dit
» Si vous ne fussiez pas venu à la Poste, le 20 mars, les journaux
fussent partis, les dépêches eussent été expédiées; il n'y eût point
eu d'ordre pour ne pas fournir les chevaux; cette interruption du
service ordinaire, cette exception à la règle établie sont le résultat
immédiat de votre prise de possession.
» L'accusé. MM. les administrateurs sont des hommes très res-
pectables, mais très timides. Ils auraient probablement pensé au
lendemain; et cette réflexion eût fort bien pu les retenir chez eux >
ou, tout au moins, les embarrasser beaucoup.
11* Année 939 TRENTE-CINQ CENTIMES J Dimanche 14 Février 1864
(efelm s\B- I0UÏIN
<~ ACTEUR BN CHEF.
ABONNEMENTS (PARIS)
Un an. 36 fr.
Six mois.. 19
I Trois mois. 9 fr. 50
) Un mois.. 4
MES MANUSCRITS
NON INSÉRÉS SONT BRÛLÉS
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
14, bbe ghange-batelièhb, 14
« On me dit qu'il s'est établi dans Madrid,
nn système de liberté sur lu vente des produc-
tions, qui s'étend même à celle de la presse,
et que, pourvu que je ne parle en mes écrits
ni de l'autorité, ni du culte, ni de la politique,
ni de la morale, ni des gens en place, ni des
corps en crédit, ni de l'Opéra, ni des autres
spectacles, ni de personne qui tienne à quel-
· que chose, je puis tout imprimer libroment,
sous l'inspection de deux ou trois censeurs.
THÉÂTRES
Gaîté. La Jfaison du Baigneur drame en cinq actes et en douze
tableaux, par M. Auguste Maquet. Un système postal extrê-
mement compliqué. Une amoureuse capitaine de pompiers.
Impressions de voyage d'un plafond. Des falsifications histori-
ques au théâtre. Les acteurs. Mlle Lia Félix. Lacresson-
nière. Dumaine. Febvre. Théâtre-Italien. Les sœurs
Carlotta et Barbara Marchisio dans Setniramide.
'.Y -Y
Le théâtre de la Gaîté n'est pas de l'avis deBéranger, lequel
s'est écrié imprudemment dans une de ses chansons
Henri IV est mort, qu'on n'en parle plus. ̃
Avant d'aller plus loin, réglons un compte avec le chanson-
nier. Ce « qu'on n'en parle plus » sent son complice d'une
lieue. Comment M. Auguste Maquet, n'y a-t-il pas songé? Outre
qu'il y a dans ce vers un commencement de preuve par écrit;
dont M. Dumaine eût tiré un parti merveilleux dans la
scène où. il arrache aux assassins du roi l'aveu complet de
leur crime, quel beau drame on eût fait en associant Béranger^
dans l'attentat du 14- mai 1610; à' Marie de Médicis, au duc
û'Epernon et au maréchal d'Ancre. Mais le moyeu, allez-vous
dire, de faire remonter à deux siècles la culpabilité d'un poète
qui chantait vers 1820 ? Ce n'est pas une difficulté sérieuse
dans une pièce où les plafonds descendent. C'eût été de la
chronologie machinée. comme le reste.
LE PROCÈS QE LAVALETTE (I)
>̃. ̃ n ̃• i •
.̃•̃• (Suite de l'interrogatoire de l'accusé.)}
» M. le président. Vous êtes allé à la Poste pour savoir des nou-
Telles: vous avez appris que M. Ferrand y était; vous n'aviez plus
rien à y faire, et ne deviez plus y être comment saviez-vous,
d'ailleurs, que vous dussiez reprendre la direction de la Poste le len-
demain.
» L'accusé. Je ne doutais pas que l'Empereur ne me rendît cette
-direction que j'avais administrée pendant treize ans, à sa satisfaction
et peut-être à celle du public.
» Oh présente à l'accusé une lettre écrite en son nom, pour con-
voquer les administrateurs. M. Coujolle, dit-il, m'a demandé s'il
m'était pas nécessaire que les administrateurs vinssent à leur bureau.
J'ai répondu Mais oui, comme à l'ordinaire. Je n'ai donné, d'ail-
leurs, aucun ordre à ce sujet.
» On met encore sous ses yeux les divers ordres qu'il a expédiés,
et M. le président lui demande si celui qui prohiba le départ des
dépêches ministérielles n'était pas écrit en entier de sa main. il
•répond C'est possible, je ne l'ai pas nié.
V(J) i'Vo'jr le' numéro du Figaro des 7 et .11 février. .• t..
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FIGARO
Donc Henri IV est mort et nous allons en parler, puisque la
Gaîté y trouve son compte. Seulement, dans un drame en
douze tableaux, je demande la permission d'abréger un peu.
Sans cela nous n'en finirions pas. M. Auguste Maquet n'y per-
'dra rien; nous irons tout de suite aux beaux endroits de la
Maison dit Baigneur. Ce qui me frappe tout d'abord, c'est la
façon vraiment imprévue dont se faisait en ce temps-là le ser-
vice de la poste. Exemple vous éprouviez le désir d'écrire
deux lettres anonymes, l'une à la reine douairière, pour lui
dire qu'elle était une coquine, l'autre au roi de France, pour
lui apprendre qu'il était un imbécile eh bien, voici les
moyens très simples que vous étiez dans la nécessité d'em-
ployer. Il vous suffisait d'enrôler une demi-douzaine de bravi,
de les placer, des armes au poing et un masque sur le visage,
le long d'une grande route, en les priant d'attendre qu'il y
passât un honnête homme. Les honnêtes gens devaient se
trouver au coin d'un, bois, ,eQ.,ce>.l«rrip&Jà, puisque, -si nous
nous en rapportons au drame de M. Auguste Maquet, les ban-
dits s'étaient réfugiés au Louvre. Vos facteurs à l'affût sau-
taient à la gorge du premier passant venu, lui confiaient les
deux lettres anonymes en lui faisant d'horribles menaces, et
lui ordonnaient de remettre, au plus vite, les deux plis cache-
tés à Louis XIII et à sa mère, Ma.rie de Médicis. Ce système
postal, d'une originalité incontestable, n'avait qu'un inconvé-
nient, celui d'être peu expéditif. Outre les dépenses d'enrôle-
ment- les achats d'armes et de masques, cela vous obligeait,
quand vous habitiez à cent lieues d'une forêt dangereuse, à des
déplacements lointains et souvent fort désagréables. -»
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Ne dites point ceci est un conte; car vous venez d'entendre
une histoire vraie, celle de l'oiseleur Bernard, un jeune homme
beau, chevaleresque et amoureux (il fallait s'y attendre) de
dona Siete-Iglésias, la très honnête femme d'un abominable
scélérat. L'Espagnole, de son côté, brûle pour Bernard d'une
passion adultère. Elle est prête à se jeter au feu pour lui. Pas-
sez-moi ce dicton trivial que vont justifier les circonstances.
Siete-Iglésias, complice de Ravaillac, s'est introduit, la nuit,
» M. le président. C'est possible ne répond pas à ma demande.
Est-ce vous? ••
» M. Macarel, secrétaire particulier de M. le comte Ferrand, dé-
pose que le 20 mars, à sept heures et demie du matin, deux person-
nes entrèrent dans la salle d'audience de l'hôtel des Postes. L'une
d'elles, (c'est l'accusé), en frappant de sa canne sur la table, dit à
haute voix « Au nom de l'Empereur, je prends possession de la
Poste. » M. de Lavalette demanda ensuite à parler à M. le comte
Ferrand. M. Màcarel alla le chercher, il vint, et M. de Lavalette lui
dit d'un ton poli « Je suis obligé de prendre votre place. » M. Fer-
rand demanda quelques instants pour prendre ses papiers M. Ma-
carel l'aida et retourna ensuite avertir M. de Lavalette, qui s'était
retiré, que le cabinet était libre. Il a entendu l'accusé demander les
chefs de division de la Poste, et il en a vu arriver plusieurs qui se
rendaient à ses ordres.
» M. de Lavalette nie tous ces faits et surtout l'arrogance de sa
prise de possession. « On persuadera difficilement, ajoute-t-il, que
je me sois conduit ainsi, aux personnes qui connaissent mon carac-
tère posé, tranquille et ami des bienséances. »
» Il s'est engagé ici une longue discussion, renouvelée plusieurs
fois dans le cours des débats, sur un fait dont j'avoue que je n'ai pas
bien saisi la grande importance. M. Macarel déclare bien positive-
ment que M. de Lavalette est entré dans le cabinet de M. Ferrand;
il ajoute même qu'il a étendu la main sur le bras du fauteuil du
"comte.
» L'accusé se défend vivement d'être entré dans le cabinet il pro-
teste, sur son honneur, que cette circonstance lui est aussi présente
que si elle venait d'avoir lieu à l'instant même. Il n'a point passé la
porte qui communique de la salle d'audience au cabinet; njais son
assertion est en opposition formelle avec les dépositions de plusieurs
témoins, entre autres de MM. Devillars, Dancsurt et Forgéot, qui
FÏGARO
2
G. BOURDIN
SECRÉTAIRE DE LA RÉDACTION.
C ABONNEMENTS! (DÉPARTEMNTS)
Un an. 40 fr. I
Six mois.. 21 I
Trois mois. 10 fr. 5f> n
Un mois.. 4 50
FIGABO
PARAIT DEUX FOIS PAR SEMAINE £,
Le Jeudi et le Dimanche. jfs
A~~JN¡STRAT;T REDACTIO
ADMINISTRATION ET RÉDACTIOPt l
•̃̃• H, g RUE GBANGE-BATELlÊliE 14
̃ « Que je voudrais bien tenir un de ces
puissants de quatre jours, si légers sur le
mal qu'ils ordonnent, quand une bonne dis-
grâce a cuvé son orgueil Je lui dirais 'que
les sottises imprimées n'ont d'importance
qu'aux lieux où l'on en gêne le cours que,
sans la liberté de blâmer, il n'est point d'é-
loges flatteurs, et qu'il n'y a que les petit!»
hommes qui redoutent les petits écrits.
'?̃ •); ̃ '•' ̃ '• •
avec des sbires, dans le domicile de l'avocat Dubourdet. Deux
motifs l'y conduisent il se propose d'assassiner le maître
de la maison qui a toutes les preuves du parricide du
14 mai, et, accessoirement, il n'est pas fâché de se débarras-
ser de l'amant de sa femme. L'avocat frappé à mort, Siete-Iglé-
sias met le feu à la maison. Dans cette maison en flammes,
et à cette heure de nuit, survient Mme Siete-Iglésias. Ne vous
hâtez point de soupçonner sa vertu! Dona Marguerite s'est heu-
reusement aperçue que si le service de la poste ne laissait rien
à désirer, celui des pompiers n'était pas organisé du tout dans
la bonne ville de Paris. Aussi intrépide que belle, l'Espagnole
court au milieu des flammes. Elle prend dans ses bras un jeune
homme en se disant « Si ce n'est Bernard, c'est donc sob
frère? » Son amour avait parfaitement raisonné. La scène est
dramatique et pour moi tout à fait imprévue. Marcher sur son
cœur, une héroïne de drame ne fait que cela; mais marcher
sur des charbons ardents, cela est héroïque et moins banal.
Laissons dona Marguerite et l'oiseleur Bernard se faire tout
à leur aise la confidence d'un amour partagé. Glissons même
sur la scène capitale dans laquelle Pontis, Ja cheville ouvrière
de l'action, tend une souricière aux complices de Ravaillac le
maréchal d'Ancre, le duc d'Epernon, l'Espagnol Siete-Iglesias,
et, armé de deux pistolets, exige des coupables des millions
pour prix de son silence. Il s'agit bien d'autre chose, en vérité!
Il s'agit d'un plafond qui monte, descend, remonte pour redes-
cendre encore. Ce merveilleux plafond, avec l'impassibilité
d'un juge, prend le parti de l'innocence contre le crime, se
substitue aux remords et au bourreau pour écraser (écraser est
le mot) Siete-Iglesias blessé dans le guet-apens tendu au maré-
chal.
Pendant centreprésentations au moins, Paris voudra assister
à la promenade de ce plafond, qui rend la situation si palpi-
tante et lés appartements de Mme de Verneuil si peu habi-
tables.
Je m'aperçois un peu tard que l'énumération des prodiges de
l'ont vu entrer dans le cabinet de M. Ferrand.- M. de Lavalette ac-
cuse la mémoire de ces messieurs.
» La Cour a entendu successivement MM. Faurier, Belleville
et Lauriston, administrateurs des Postes. La déposition de ces
trois témoins est uniforme; ils ont reçu, le 20 mars, de bonne
heure, une lettre de M. Coujolle, qui les invitait, au nom de M. de
Lavalette, à se rendre à la Poste. Ils y sont venus et ont at-
tendu, dans le lieu ordinaire de leur travail, M. de Lavalette, qui
n'est arrivé qu'à trois heures. Après les premiers compliments d'u-
sage, il leur a adressé de vifs reproches d'avoir replacé un inspecteur
'qu'il avait contraint à donner sa démission et qui, selon lui, désho-
norait l'administration. Il leur donna, dès ce moment, l'ordre de le
destituer; mais la résolution n'en fut prise que deux jours après.
M. de Lavalette s'assit au milieu des administrateurs, dans le fauteuil
du directeur général on parla de plusieurs objets de service mais
cette conférence n'eut point le caractère d'une séance d'administra-
tion présidée par le directeur général.
» C'est l'observation sur laquelle l'accusé insiste fortement.
» M. le président a demandé à l'un des administrateurs (M. Fau-
rier), si, dans le cas d'absence totale du directeur général, le service
aurait lieu comme à l'ordinaire par les soins des administrateurs;
le témoin répond affirmativement. Alors M. le président s'adresse à
l'accusé et lui dit
» Si vous ne fussiez pas venu à la Poste, le 20 mars, les journaux
fussent partis, les dépêches eussent été expédiées; il n'y eût point
eu d'ordre pour ne pas fournir les chevaux; cette interruption du
service ordinaire, cette exception à la règle établie sont le résultat
immédiat de votre prise de possession.
» L'accusé. MM. les administrateurs sont des hommes très res-
pectables, mais très timides. Ils auraient probablement pensé au
lendemain; et cette réflexion eût fort bien pu les retenir chez eux >
ou, tout au moins, les embarrasser beaucoup.
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