Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1864-01-10
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 164718 Nombre total de vues : 164718
Description : 10 janvier 1864 10 janvier 1864
Description : 1864/01/10 (Numéro 929). 1864/01/10 (Numéro 929).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k2702737
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
TRENTE-CINQ CENTIME S
Dimanche 10 Janvier 1864
11e Année 929
G. BOURDIN
SECRÉTAIRE DE LA. RÉDACTION.
-̃" B. JOUVIN^ -n
RÉDACTEUR EN fcT-EF)-,1,' v ~l <
ABONNEMENTS \j;s *«̃ yy
ABONNEMENTS (PARISÎ^-v^sT
Un an. 36 fr. I Trois mois. 0 fr. 50
Six mois..19 | Un mois.. !i
LES MANUSCRITS
NON INSÉRÉS SONT BRULÉS
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
14, HUE GPAKGE- BATELIÈRE, 1-5 ~l '•
ABONNEMENTS (DÉPARTEMENTS)
Un an. 40 fr. Trois mois. 10 fr..5"
Six mois.. 21 1 Un mois.. 4 DO
FIGAXtO
PARAIT DEUX FOIS PAR SEMAINE
Le Jeudi et le Dimanche.' • ••*̃•<
:̃̃ Mn
t..ADMINISTRATION ET RÉDACTION .s ̃>
1-4, nUE^GRAKOE-BATEUÈnE 14 ̃* u c'Jii
*<̃• 'a i'i -'J'j
«'Que je "voudrais bien tenir un de' ces
puissants de quatre jours, si légers sur le ;«)
mal qu'ils ordonnent, quand une bonne dis-
grâce a cuvé son orgueil Je lui dirais que '̃'̃•
les sottises imprimées n'ont d'importance
qu'aux lieux où l'on en gêne le cours que n
sans la liberté de blâmer, il n'est point d'é-
loges flatteurs, et qu'il n'y a que les petit?
hommes qui redoutent les petits écrits.
On me dit qu'il s'est établi dans Madrid,
un système de liberté sur la ver.te des prod ac-
tions, qui s'étend même a celle de la presse,
et que, pourvu que je ne parle en mes écrits
ni de l'autorité, ni du culte, ni de la politique,
ni de la morale, ni des gens en place, ni des
'corps en crédit, ni de l'Opéra, ni des autres
spectacles, ni de personne qui tienne à quel-
que chose, je puis tout imprimer librement,
sous l'inspection de deux ou trois censeurs.
FIGARO
Il il CHEZ VICTOR HUGO
0 vous qui, comme moi, et pour votre malheur peut-être,
,yez appris à lire dans les Qricaatales, vous souvient-il encore
du temps où, pour la première fois, les mélodies de la ving-
tiéme année vous montèrent du coeur aux lèvres, et où le vent
qui soufflait à travers les Feuilles d'Automne vous rendit fou
d'enthousiasme et de passion? Vous souvient-il de l'idée
étrange que nous nous faisions du Poète ? Grandiose, majes-
tueux, triomphant, nimbé d'or, vêtu de nuées, un monstre
un Dieu 1 Tel il nous apparaissait durant les longues et amol-
lissantes rêveries où le moderne lyrisme égarait nos imagina-
tions ingénues. Il nous semblait, n'est-ce pas, qu'il fût un être
à part dans la création, un être sacré, presque surhumain, do-
minant la nature entière, et seul digne de tutoyer le Tout-
Puissant. Nous ne croyions point qu'il marchât, qu'il parlât,
qu'il vécût comme les autres hommes. Que le poète fût assu-
jetti aux communes misères de l'humanité, qu'il se préoccupât
comme le premier venu des besoins de l'existence, qu'il cédât
aux violences des désirs vulgaires, Dieux 1 nous ne l'aurions
jamais osé admettre un seul instant. Nous tenions pour belles
réalités les ironiques fictions du crayon de Johannot. Vous
vous rappelez les frontispices dontRenduel ornait ses éditions?
Tantôt le poète, debout sur d'inaccessibles hauteurs, méditait
profondément ses cheveux, livrés à la brise, laissaient à dé-
AFFAIRE PEYTEL
1838 1839
(Suite de l'interrogatoire de l'accusé.)
D. Comment expliquez-vous de pareilles déclaratious ? 2
R. Ma femme se conduisait mal chez M. de Montrichard je lui
lis des reproches, je la menaçai d'une explication elle écrivit spon-
tanément ces déclarations.
D. Quels torts si graves pouvait-elle avoir à expier ?
R. Elle avait une grande quantité de torts elle ne parlait pas à
M. de Montrichard, elle lui tournait le dos. elle se tenait mal à
table. au surplus, j'ai montré cet écrit à M. de Montrichard, et je
crus devoir le conserver, car Félicie était très capricieuse (léger
murmure).
D. Cette explication n'est nullement satisfaisante, vous parlez
des torts que votre femme aurait eus envers M. de Montrichard, et
(I) Voirie Figaro du 7 janvier,
couvert un vaste front qu'illuminait la pensée. Accablé sous le
poids d'une douleur inconnue des mortels, ou rayonnant d'un
immense amour, il égalait en mystérieuse grandeur les astres
dont il était royalement escorté. Tantôt, assis au bord d'un lac
sans rides, drapé dans un manteau pleureur, une main éten-
due vers l'inconnu, l'autre appuyée sur sa lyre, il disait à
l'écho solitaire les vagues aspirations de son âme embrasée,
les déchirantes plaintes de son cœur inassouvi.
Le poète des vignettes et des. romances était bien celui en
qui nous avions foi, et à qui, du fond de notre néant, nous
adressions de timides et ferventes adorations. Si quelqu'un
nous avait dit que l'objet de notre .culte pouvait n'être qu'un
homme ordinaire, faible, inégal, parfois même ridicule, nous
aurions crié au sacrilège. Lui, lej^bete, ridicule ? 0 profana-
tion ̃ '"i
Et pourtant, depuis, cela s'est vu et isi nos illusions, char-
mantes et touchantes sans doute, mais au fond dangereuses,
se sont bien dissipées, à qui la faute ?,
II
Jamais je n'ai laissé échapper une occasion de confesser
mon admiration profonde pour l'éclatant génie de M. Victor
Hugo, et qui ne s'inclinerait en effet devant le maître qui a
coulé tant de vers de flamme dans un moule infrangible ? Je
ne saurais donc être accusé de partialité mauvaise en venant
signaler ce qu'a de singulier, de puéril, de choquant, une des
dernières publications dont l'illustre absent est tout à la fois
l'inspirateur et le sujet. Je crois qu'il faut se garder autant du
fétichisme aveugle que du dénigrement quand même, et qu'il
est permis de toucher aux idoles de sa jeunesse, pourvu que ce
soit d'une main sûre et discrète.
Je ne parlerai point de Victor Hugo raconté par un témoin de
dans les lettres elle s'excuse de torts envers vous. Les tons dont
vous parlez étaient assurément légers, et dans ces lettres d'excuses
elle emploie les formes les plus solennelles « Je vous supplie une
dernière fois. je vous jure par la cendre de mon père. si je
manque à ce serment solennel, je me soumets à être enfermée où
vous voudrez. » Quoi pour de si petits torts, elle s'exprimerait d'une
manière aussi grave 1 cela n'est pas admissible. C'est par de pareilles
protestations qu'elle s'excuserait d'avoir été capricieuse? N'avez-
vous pas d'autres explications à donner?
R. Je suis ému. je ne suis pas libre de mes pensées. je ne
peux pas m'expliquer maintenant. (Mouvement.)
D. Vous devriez d'autant mieux pouvoir vous expliquer sur tout
cela que ces lettres ont été écrites sur un modèle donné par vous,
modèle qu'on a trouvé écrit de votre main.
R. Je n'ai jamais écrit de modèle.
D. A quelle occasion fut écrite la seconde déclaration?
R. C'est un jour que Mme Broussais était chez moi. Ma femme
était gourmande. oh! très gourmands. Je lui en faisais des re-
proches sa tète se montait; elle s'exagérait ses torts. et alors
elle m'écrivait ces lettres. et puis elle était fâchée de ne pas me
voir habiter avec elle.
D. Et c'est parce qu'elle était gourmande qu'elle écrivait
« J'ai horreur de moi-même, je ne sais pas maîtriser mes vœux
ignobles •
R. Je ne peux pas donner d'autres explications. c'est la vérité.
(Nouvelles rumeurs.)
D. L'accusation explique autrement ces lettres, et d'une manière
qui'fait frémir. C'est que vous cherchiez déjà à arriver au meurtre
de votre femme. Pourquoi laissiez-vous ces déclarations sur votre
bureau? •>
R. C'est faute de soin; elles étaient dans un tiroir.
D. Il y a encore une circonstance extraordinaire. Deux mois après
(i) 1)
sa vie cet anonyme voile une personnalité devant laquelle
ma critique s'arrête respectueusement. Parcourons seulement
le livre qui porte ce titre net Chez Victor Hugo, par un pas-
sant, et qu.ï.n'3. dû être publié qu'avec l'assentiment du pro-
priétaire de Haulleville-house.
Ce prétendu passant nous révèle, avec les plus menus détails,
les habitudes du poète en sa maison, et nous décrit, avec l'exac-
titude d'un commissaire-priseur, ladite maison elle-même. Au-
cune"" pièce, aucun meuble, aucun bibelot n'est omis.. C'est uu
inventaire parfait. > i î ̃ >;
Je vous fais grâce du vestibule, où sont ménagés des cartou-
ches portant diverses inscriptions dans le genre de celle-ci
.¡
̃ Mange, marche, prie,
« trois mots, dit le passant, qui paraissent sortir de la bouche
d'une pythonisse. »
Conduits par ce guide, qui pénètre partout comme s'il était
chez lui, nous passons de la salle de billard dans le salon, du
salon dans la chambre à coucher. Arrêtons-nous y un instant.
« Le lit fait place à la cheminée, le chevet adossé au mur et
les pieds dirigés du côté du spectateur. Le dais est fait d'un as-
semblage de panneaux de la Renaissance le chevet superpose
deux sujets mythologiques accostés de colonnettes et de volutes
surmontées d'un piédouche d'ébène, couronné lui-même d'une
tête de mort en ivoire, avec cette inscription
Nox, mors, lux.
» La caisse présente sur sa façade un bas-relief, échantillon'
curieux des plus naïves sculptures du moyen-âge. Un lambre-
quin de drap brodé en soie, aux mille couleurs, et un couvre-
pieds en tapisserie servent de tentures à ce gigantesque lit qui
votre mariage, vous avez demandé à votre femme de faire son tes-
tament en votre faveur. Cela ne se comprend pas. Expliquez-le?
R. J'ai couru de grands dangers, j'avais un cheval vicieux, j'ai
fait mon testament; ma femme le vit, elle voulut aussi faire le sien
je ne l'ai jamais sollicitée, elle était libre chez moi.
D. Vous niez donc que ce soit vous qui ayez exigé le testament.
Cependant un témoin dit que votre femme se plaignait de vos solli-
citations elle disait que vous la tourmentiez pour cela, et une
jeune épouse ne pense pas à faire son testament. cela n'est pas
croyable.
R. Je répète que j'avais un cheval vicieux et que j'ai couru des
dangers. (Bruit.)
D. Quelle est la personne qui a remis le modèle du testament?
R. C'est moi.
D. Cependant, vous dites qu'il a été fait de la volonté spontanée
de votre femme. En voici l'original
Je soussignée, »
» Ai fait mon testament comme suit Je recommande mon âme
à Dieu; je donne et lègue à mon cher mari, Sébastien-Benoit Pey-
tel, notaire, demeurant avec moi à Bellay, la totalité des biens meu-
bles et immeubles que je laisserai à mon décès; je comprends même
dans ce don la jouissance de toute la portion réservée d'après l'arti-
cle 915 du Code civil; si je laisse des enfants j'entends que mon mari
ait la moitié de tous mes biens, dont un quart en jouissance et un
quart en toute propriété; je dispense expressément mon mari de
fournir caution à raison de la jouissance à laquelle il aura droit; je
fais ce legs à mon mari pour le remercier de tous ses soins. Telles
sont mes dispositions de dernière volonté, que j'ai écrites de ma
main et que j'ai signées.
» Fait à Bellay, le 30 juillet 1838. •
» Signé Félicité-Thérèse ALCAZAR, femme PEYTEL. »
Dimanche 10 Janvier 1864
11e Année 929
G. BOURDIN
SECRÉTAIRE DE LA. RÉDACTION.
-̃" B. JOUVIN^ -n
RÉDACTEUR EN fcT-EF)-,1,' v ~l <
ABONNEMENTS \j;s *«̃ yy
ABONNEMENTS (PARISÎ^-v^sT
Un an. 36 fr. I Trois mois. 0 fr. 50
Six mois..19 | Un mois.. !i
LES MANUSCRITS
NON INSÉRÉS SONT BRULÉS
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
14, HUE GPAKGE- BATELIÈRE, 1-5 ~l '•
ABONNEMENTS (DÉPARTEMENTS)
Un an. 40 fr. Trois mois. 10 fr..5"
Six mois.. 21 1 Un mois.. 4 DO
FIGAXtO
PARAIT DEUX FOIS PAR SEMAINE
Le Jeudi et le Dimanche.' • ••*̃•<
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1-4, nUE^GRAKOE-BATEUÈnE 14 ̃* u c'Jii
*<̃• 'a i'i -'J'j
«'Que je "voudrais bien tenir un de' ces
puissants de quatre jours, si légers sur le ;«)
mal qu'ils ordonnent, quand une bonne dis-
grâce a cuvé son orgueil Je lui dirais que '̃'̃•
les sottises imprimées n'ont d'importance
qu'aux lieux où l'on en gêne le cours que n
sans la liberté de blâmer, il n'est point d'é-
loges flatteurs, et qu'il n'y a que les petit?
hommes qui redoutent les petits écrits.
On me dit qu'il s'est établi dans Madrid,
un système de liberté sur la ver.te des prod ac-
tions, qui s'étend même a celle de la presse,
et que, pourvu que je ne parle en mes écrits
ni de l'autorité, ni du culte, ni de la politique,
ni de la morale, ni des gens en place, ni des
'corps en crédit, ni de l'Opéra, ni des autres
spectacles, ni de personne qui tienne à quel-
que chose, je puis tout imprimer librement,
sous l'inspection de deux ou trois censeurs.
FIGARO
Il il CHEZ VICTOR HUGO
0 vous qui, comme moi, et pour votre malheur peut-être,
,yez appris à lire dans les Qricaatales, vous souvient-il encore
du temps où, pour la première fois, les mélodies de la ving-
tiéme année vous montèrent du coeur aux lèvres, et où le vent
qui soufflait à travers les Feuilles d'Automne vous rendit fou
d'enthousiasme et de passion? Vous souvient-il de l'idée
étrange que nous nous faisions du Poète ? Grandiose, majes-
tueux, triomphant, nimbé d'or, vêtu de nuées, un monstre
un Dieu 1 Tel il nous apparaissait durant les longues et amol-
lissantes rêveries où le moderne lyrisme égarait nos imagina-
tions ingénues. Il nous semblait, n'est-ce pas, qu'il fût un être
à part dans la création, un être sacré, presque surhumain, do-
minant la nature entière, et seul digne de tutoyer le Tout-
Puissant. Nous ne croyions point qu'il marchât, qu'il parlât,
qu'il vécût comme les autres hommes. Que le poète fût assu-
jetti aux communes misères de l'humanité, qu'il se préoccupât
comme le premier venu des besoins de l'existence, qu'il cédât
aux violences des désirs vulgaires, Dieux 1 nous ne l'aurions
jamais osé admettre un seul instant. Nous tenions pour belles
réalités les ironiques fictions du crayon de Johannot. Vous
vous rappelez les frontispices dontRenduel ornait ses éditions?
Tantôt le poète, debout sur d'inaccessibles hauteurs, méditait
profondément ses cheveux, livrés à la brise, laissaient à dé-
AFFAIRE PEYTEL
1838 1839
(Suite de l'interrogatoire de l'accusé.)
D. Comment expliquez-vous de pareilles déclaratious ? 2
R. Ma femme se conduisait mal chez M. de Montrichard je lui
lis des reproches, je la menaçai d'une explication elle écrivit spon-
tanément ces déclarations.
D. Quels torts si graves pouvait-elle avoir à expier ?
R. Elle avait une grande quantité de torts elle ne parlait pas à
M. de Montrichard, elle lui tournait le dos. elle se tenait mal à
table. au surplus, j'ai montré cet écrit à M. de Montrichard, et je
crus devoir le conserver, car Félicie était très capricieuse (léger
murmure).
D. Cette explication n'est nullement satisfaisante, vous parlez
des torts que votre femme aurait eus envers M. de Montrichard, et
(I) Voirie Figaro du 7 janvier,
couvert un vaste front qu'illuminait la pensée. Accablé sous le
poids d'une douleur inconnue des mortels, ou rayonnant d'un
immense amour, il égalait en mystérieuse grandeur les astres
dont il était royalement escorté. Tantôt, assis au bord d'un lac
sans rides, drapé dans un manteau pleureur, une main éten-
due vers l'inconnu, l'autre appuyée sur sa lyre, il disait à
l'écho solitaire les vagues aspirations de son âme embrasée,
les déchirantes plaintes de son cœur inassouvi.
Le poète des vignettes et des. romances était bien celui en
qui nous avions foi, et à qui, du fond de notre néant, nous
adressions de timides et ferventes adorations. Si quelqu'un
nous avait dit que l'objet de notre .culte pouvait n'être qu'un
homme ordinaire, faible, inégal, parfois même ridicule, nous
aurions crié au sacrilège. Lui, lej^bete, ridicule ? 0 profana-
tion ̃ '"i
Et pourtant, depuis, cela s'est vu et isi nos illusions, char-
mantes et touchantes sans doute, mais au fond dangereuses,
se sont bien dissipées, à qui la faute ?,
II
Jamais je n'ai laissé échapper une occasion de confesser
mon admiration profonde pour l'éclatant génie de M. Victor
Hugo, et qui ne s'inclinerait en effet devant le maître qui a
coulé tant de vers de flamme dans un moule infrangible ? Je
ne saurais donc être accusé de partialité mauvaise en venant
signaler ce qu'a de singulier, de puéril, de choquant, une des
dernières publications dont l'illustre absent est tout à la fois
l'inspirateur et le sujet. Je crois qu'il faut se garder autant du
fétichisme aveugle que du dénigrement quand même, et qu'il
est permis de toucher aux idoles de sa jeunesse, pourvu que ce
soit d'une main sûre et discrète.
Je ne parlerai point de Victor Hugo raconté par un témoin de
dans les lettres elle s'excuse de torts envers vous. Les tons dont
vous parlez étaient assurément légers, et dans ces lettres d'excuses
elle emploie les formes les plus solennelles « Je vous supplie une
dernière fois. je vous jure par la cendre de mon père. si je
manque à ce serment solennel, je me soumets à être enfermée où
vous voudrez. » Quoi pour de si petits torts, elle s'exprimerait d'une
manière aussi grave 1 cela n'est pas admissible. C'est par de pareilles
protestations qu'elle s'excuserait d'avoir été capricieuse? N'avez-
vous pas d'autres explications à donner?
R. Je suis ému. je ne suis pas libre de mes pensées. je ne
peux pas m'expliquer maintenant. (Mouvement.)
D. Vous devriez d'autant mieux pouvoir vous expliquer sur tout
cela que ces lettres ont été écrites sur un modèle donné par vous,
modèle qu'on a trouvé écrit de votre main.
R. Je n'ai jamais écrit de modèle.
D. A quelle occasion fut écrite la seconde déclaration?
R. C'est un jour que Mme Broussais était chez moi. Ma femme
était gourmande. oh! très gourmands. Je lui en faisais des re-
proches sa tète se montait; elle s'exagérait ses torts. et alors
elle m'écrivait ces lettres. et puis elle était fâchée de ne pas me
voir habiter avec elle.
D. Et c'est parce qu'elle était gourmande qu'elle écrivait
« J'ai horreur de moi-même, je ne sais pas maîtriser mes vœux
ignobles •
R. Je ne peux pas donner d'autres explications. c'est la vérité.
(Nouvelles rumeurs.)
D. L'accusation explique autrement ces lettres, et d'une manière
qui'fait frémir. C'est que vous cherchiez déjà à arriver au meurtre
de votre femme. Pourquoi laissiez-vous ces déclarations sur votre
bureau? •>
R. C'est faute de soin; elles étaient dans un tiroir.
D. Il y a encore une circonstance extraordinaire. Deux mois après
(i) 1)
sa vie cet anonyme voile une personnalité devant laquelle
ma critique s'arrête respectueusement. Parcourons seulement
le livre qui porte ce titre net Chez Victor Hugo, par un pas-
sant, et qu.ï.n'3. dû être publié qu'avec l'assentiment du pro-
priétaire de Haulleville-house.
Ce prétendu passant nous révèle, avec les plus menus détails,
les habitudes du poète en sa maison, et nous décrit, avec l'exac-
titude d'un commissaire-priseur, ladite maison elle-même. Au-
cune"" pièce, aucun meuble, aucun bibelot n'est omis.. C'est uu
inventaire parfait. > i î ̃ >;
Je vous fais grâce du vestibule, où sont ménagés des cartou-
ches portant diverses inscriptions dans le genre de celle-ci
.¡
̃ Mange, marche, prie,
« trois mots, dit le passant, qui paraissent sortir de la bouche
d'une pythonisse. »
Conduits par ce guide, qui pénètre partout comme s'il était
chez lui, nous passons de la salle de billard dans le salon, du
salon dans la chambre à coucher. Arrêtons-nous y un instant.
« Le lit fait place à la cheminée, le chevet adossé au mur et
les pieds dirigés du côté du spectateur. Le dais est fait d'un as-
semblage de panneaux de la Renaissance le chevet superpose
deux sujets mythologiques accostés de colonnettes et de volutes
surmontées d'un piédouche d'ébène, couronné lui-même d'une
tête de mort en ivoire, avec cette inscription
Nox, mors, lux.
» La caisse présente sur sa façade un bas-relief, échantillon'
curieux des plus naïves sculptures du moyen-âge. Un lambre-
quin de drap brodé en soie, aux mille couleurs, et un couvre-
pieds en tapisserie servent de tentures à ce gigantesque lit qui
votre mariage, vous avez demandé à votre femme de faire son tes-
tament en votre faveur. Cela ne se comprend pas. Expliquez-le?
R. J'ai couru de grands dangers, j'avais un cheval vicieux, j'ai
fait mon testament; ma femme le vit, elle voulut aussi faire le sien
je ne l'ai jamais sollicitée, elle était libre chez moi.
D. Vous niez donc que ce soit vous qui ayez exigé le testament.
Cependant un témoin dit que votre femme se plaignait de vos solli-
citations elle disait que vous la tourmentiez pour cela, et une
jeune épouse ne pense pas à faire son testament. cela n'est pas
croyable.
R. Je répète que j'avais un cheval vicieux et que j'ai couru des
dangers. (Bruit.)
D. Quelle est la personne qui a remis le modèle du testament?
R. C'est moi.
D. Cependant, vous dites qu'il a été fait de la volonté spontanée
de votre femme. En voici l'original
Je soussignée, »
» Ai fait mon testament comme suit Je recommande mon âme
à Dieu; je donne et lègue à mon cher mari, Sébastien-Benoit Pey-
tel, notaire, demeurant avec moi à Bellay, la totalité des biens meu-
bles et immeubles que je laisserai à mon décès; je comprends même
dans ce don la jouissance de toute la portion réservée d'après l'arti-
cle 915 du Code civil; si je laisse des enfants j'entends que mon mari
ait la moitié de tous mes biens, dont un quart en jouissance et un
quart en toute propriété; je dispense expressément mon mari de
fournir caution à raison de la jouissance à laquelle il aura droit; je
fais ce legs à mon mari pour le remercier de tous ses soins. Telles
sont mes dispositions de dernière volonté, que j'ai écrites de ma
main et que j'ai signées.
» Fait à Bellay, le 30 juillet 1838. •
» Signé Félicité-Thérèse ALCAZAR, femme PEYTEL. »
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