Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1864-01-07
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 164718 Nombre total de vues : 164718
Description : 07 janvier 1864 07 janvier 1864
Description : 1864/01/07 (Numéro 928). 1864/01/07 (Numéro 928).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k270272v
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
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il* Année 928 TRENTE-CINQ CENTIMES Jeudi 7 Janvier 1864
̃- ^u^ mm III III ̃̃̃ MU M II» ̃^̃I»H III||,H.|||– ̃̃– ^»^ "IU'II'™ ̃– 1^ J^ | MM
>j
B. JOUVIN
BtDACTEUR EN CHEF.
̃̃•̃̃ ABONNEMENTS (PARIS) .̃:̃>•
Un an. 36 fr. I
Six mois.. 19 |
Trois mois. 9 IV. 50
Un mois.. 4
X.ES MANUSCRITS
NON INSÉRÉS SONT BRÛLÉS
'ADMINISTRATION ET RÉDACTION
,14, hue GiuxaE-; batelière,. 14 4
n On me dit qu'il s'est établi dans Madrid,
un système de liberté sur la vente des prodac-
tions, qui s'étend même à celle de la presse,
et que, pourvu que je ne parle en mes écrits
ni de l'autorité, ni du culte, ni de la politique,-»"
v m de la morale, ni des sens en place, ni d^rTv V
corps en crédit, ni de l'Opéra, ni des au^re^yi';
spectacles, ni de personne qui tienne à çfuêK\t
que chose, je puis tout imprimer librement, f~,
sous l'inspection de deux ou trois censeurs. ̃-̃̃
:̃.•̃•• '\Z~
v. • Loué par ceux-ci, biàinè pur ceux-là, me moquant des sots, bravant les méchants.
•\ je me hâte de rire de tout, de peur o'être obligé d'en pleurer.
FIGARO
~tGARO
r -T /•• ̃̃"̃ r ̃ ̃•̃ ̃
G. BOURDIN
SBCHÉTAIBE DE RÉDACTION. •
ABONNEMENTS (DÉPARTEMENTS)
Un an. 40 fr. I
Six mois..21 I
Trois mois. 10 fr. 50
Un mois.. 4 50
'• î FIGABO
PARAIT DEUX FOIS PAR SEMAINE
• ̃ Le Jeudi et le Dimanche.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
14, RUE GRANGE- BATELIÈRE 14
r f i. '•
4 <•) 'i: '̃
«"Que je voudrais bien tenir un de' ces
puissants de quatre jours, si légers sur le
mal qu'ils ordonnent, quand une bonne dis-
grâce a cuvé son orgueil Je lui dirais que
les sottises imprimées n'ont d'importance
qu'aux lieux où l'on en gêne le cours que
sans la liberté de blâmer, il n'est point d'é-
loges flatteurs, et qu'il n'y a que les petiti.
hommes qui redoutent les petits écrits.
i1'1"t)r '~¿;'h't, '.R'
.q<
~DOr-
V:;ME EXCURSION
DANS LES THEATRES A BATIR
-.h1
Le Théâtre est, de tous les arts cultivés en France,
celui qui, du consentement de tous les étrangers,
• » fait le plus d'honneur à notre patrie,
y s~ e'~ •. ,t Voltajbç.
a Que pensez-vous de la liberté des théâtres? » voilà une
question qui m'a été adressée bien des fois depuis que cette
liberté, concédée en principe, n'attend plus qu'un passeport t
légal pour faire son tour de France. J'ai été toujours très em-
barrassé d'y répondre. J'ai entrevu deux résultats du nouveau
régime théâtral qui fait espérer les uns et trouble la douce
quiétude des autres je n'ai pas étudié la question. Le résultat
certain, excellent, mais malheureusement un peu éloigné,
c'est une vaste diffusion de l'art sous toutes les formes sympa-
thiques au public, et l'épanouissement des genres débarrassés
des entraves qui les mutilent en les fixant. Le résultat inévita-
ble, gros de catastrophes, et qui ne se fera pas attendre, ce sera
une série d'essais malheureux, de tentatives hasardées et de
capitalistes sur la paille.
La loi qui va promulguer la liberté des théâtres, c'est le soc
de la charrue qui retourne la terre; l'argent enfoui et perdu
dans le sol dramatique vigoureusement remué, c'est l'engrais
indispensable à des plaines desséchées par le privilège les se-
̃̃̃̃ AFFAIRE PEYTEL
1838-1839
f, !̃ ̃ ̃ ̃ • V ̃•
̃̃ • ;:• ̃: ̃
••- il ''̃̃- ̃
y V -̃'•,̃'̃ ̃'̃'̃ ̃••' ̃ "̃'
r S
Lorsque, au commencement de l'année 1862 nous nous rendîmes à
Bourg pour le procès, à jamais célèbre, de M. et Mme Dumolard,
une chose me frappa tout d'abord, l'impression profonde qu'avait
laissée dans le pays l'affaire que je vais remettre sous les yeux des
lecteurs du Figaro. En vérité, les Bressans me parurent plus
fiers d'avoir vu mourir Peytel que d'avoir donné naissance à La-
landerrastronome araehnophage et à l'immortel Bichat.
De 1829 à 1834, Peytel avait habité Paris, et sous prétextede con-
tinuer son stage chez Me Berlond, notaire, il avait fréquenté les cafés
littéraires du quartier Latin, les coulisses etles petits journaux. Nous
verrons que Peytel avait quelque fortune il acheta de M. Berthet
sa part dans la propriété du Voleur, journal effrontément reproduc-
teur, que celui-ci avait fondé avec M. Emile de Girardin et Lau-
tour-Mézerai, qui fut depuis préfet d'Alger. Peytel signa le journal
en qualité de gérant, et comme tout débutant, se chargea du compte-
rendu des théâtres, position toujours très enviée, mais qui n'était
pas sans quelques périls à cette époque. Il existe plusieurs articles
de lui, signés Peytel de Montanchin (l'une des propriétés de sa
mère).. .i J
mailles succéderont, et, avec de la patience, nous pourrons
voir jaunir les moissons futures.
Voilà, jusqu'ici, mon opinion sur la liberté des théâtres.
Soyez assurés que ceux qui vous en disent plus long ne voient
rien de plus et ne percent pas au delà'. Ç
\i ') ̃; ̃ '.̃'̃̃ -j ;iix u. i 0- :̃̃ ̃• >i' '̃'̃
"*•>̃ Sans'vouloir approfondir une question qui'ne livrera
son secret aux spéculateurs hardis qu'au prix des expériences
les plus coûteuses et les plus multipliées, je vais essayer de
l'aborder sur un point et en restant,'à la surface., (
On bâtira beaucoup de théâtres A Paris; on construira pour
l'art des cages dorées, commodes, de, toutes les dimensions, de
toutes les architectures mais que mettra-t-on dedans? C'est là
un point important, j'imagine, et auquelon asongé bien peu ou
même pas du tout. Elever de grandes salles et abaisser consi-
dérablement le prix des places: voilà la double amélioration
qu'on s'efforcera probablement de réaliser, la première étant
la conséquence de la seconde. Mais en entrant dans ces vais-
seaux plus vastes et en s'asseyant en plus grand nombre aux
petites places, si le peuple de Paris ne voit dans les salles neu-
ves que ce qu'on lui montre de temps immémorial sur les scè-
nes à privilèges, la liberté des théâtres aura-t-elle vraiment
fait un grand pas en France, et l'art sera-t-il plus heureux, plus s
grand, et surtout plus rajeuni, parce qu'au lieu de quinze di-
recteurs luttant contre la faillite, il y en aura trente ou qua-
rante ?
Le progrès demandé à la liberté n'est pas là il est dans la
grande variété des genres et si la chose était possible
dans leur diversité et leur opposition sur la même scène. Le
plus douloureux des supplices infligés à des spectateurs qui
ont chèrement payé à la porte le droit de se diverlir, c'est une
pièce drame, comédie, opéra qui remplit une soirée tout
entière. Il ne faudrait pas essayer de démontrer ici la gran-
De plus, Peytel avait fait, sous un pseudonyme, il est vrai, mais
sans en décliner jamais la paternité, un petit livre ou pamphlet po-
litique, pétillant d'esprit et-de méchanceté la Physiologie de la
Poire, lequel se vendit assez bien lors de son apparition, mais s'en-
leva jusqu'au dernier exemplaire quand l'auteur fut devenu une
célébrité de cour d'assises. C'est là, pour le dire en passant, un
moyen un peu violent, mais infaillible, sur lequel j'appelle l'atten-
tion de ceux de nos confrères dont la prose ou les vers ne s'écoulent
peut-être pas aussi rapidement qu'ils le pourraient désirer.
̃ Le 25 mai 1832, notre bien regretté Philippon était, pour la
dixième fois peut-être, traduit aux assises, accusé d'outrage envers
la personne du roi Louis-Philippe, outrage résultant de l'un des des-
sins du journal la Caricature. Messieurs les jurés, dit-il, le minis-
tère public prétend que dans ce personnage nous avons voulu re-
présenter le roi-citoyen, il ne le prouve pas; ce n'est point notre
faute si la tète de Sa Majesté ressemble à bien d'autres tètes. et
même à bien d'autres choses. Tenez, par exemple, je prie M. le gref-
fier de me vouloir bien passer une feuille de papier. (Il donne
quatre coups de crayon) Qu'est-ce que ceci? Les jurés « Une
poire. (Quatre autres coups de crayon) Et ceci? « Une poire. » Et
ceci? « Une poire; » mais. à la quatrième, les jurés trouvèrent
que c'était bien toujours une poire, mais en même temps un por-
trait incontestable de Louis-Philippe. Le grand artiste obtint un
fou-rire, mais il obtint aussi six mois de prison et 2,000 francs d'a-
mende. Jamais ce pauvre Philippon ne se remit complètement de
ce qu'il appelait son asthme de Sainte-Pélagie.
A partir du lendemain, ce fut dans les journaux des deux opposi-
tions, grands et petits, un feu roulant de plaisanteries sur la poire,
ceux qui l'aimaient et ceux qui ne la pouvaient souffrir. Peytel s'en
inspira, et prit son temps, car ce ne fut que le 17 novembre qu'il
fit paraître « chez les libraires de la place de la Bourse » (Paulin et
Sautelet) la Physiologie de la Poire, par Louis Benoît, jardinier,
deur de l'oeuvre par ses dimensions tout le monde sait au-
jourd'hui que dans un ouvrage qui commence à huit heures
pour finir à minuit, et dont l'action a été morcelée en une
foule d'actes et de tableaux, bourrée d'incidents et de per-
sonnages comme on bourre un mannequin de son ou de paille,
le plaisir du spectateur n'est compté pour rieu et les droits
d'auteur sont comptés pour tout.
Depuis dix ans, le Gymnase et lé Vaudeville jouent la même
comédie la Porte-Saint-Martin, la Gatté et l'Ambigu, le même
drame depuis trente ans deux théâtres d'un côté, trois de l'au-
tre, cela fait juste cinq trombonnes pour exécuter deux notes
chéres à Bilboquet. Quand, au lieu de cinq, il y en aura quinze,
nos oreilles s'en porteront-elles mieux?
Etudions Paris en jetant un regard sur la province; nous
y trouverons, non le progrès de l'art, mais les préférences d'un
public livré à lui-même or, ce sont justement ces préférences
qu'il faut consulter, si l'on espère remplir de nouvelles salles
de spectacles en brisant tous les freins devant la concurrence.
Pour avoir le goût plus raffiné, les Parisiens ne diffèrent pas
sensiblement des provinciaux la claque des journaux et l'e
feuilleton du parterre, donnant le branle à une opinion factice
ou surfaite, peuvent créer le bruit autour d'une pièce qui réus-
sit ils ne créent point un succès là où les éléments font dé-
faut et où le public s'obstine à ne pas venir. La province, où
les journaux et les applaudisseurs à gages n'ont aucun crédit,
est donc un thermomètre qu'on doit consulter, quoique avec
précaution, en interrogeant la température parisienne.
J'en suis mortifié pour l'honneur des lettres; mais il faut
bien l'avouer, le théâtre en province a été conquis par la mu-
sique sur les scènes grandes, moyennes et petites. Les troupes
de comédiens qui exploitent exclusivement le drame et la co-
médie sont condamnées à errer et à végéter à travers les petits
centres de population, où les lumières sont aussi bornées que
avec cette épigraphe a Prenez et mangez ceci est mon corps,
ceci est mon sang. N. S. J.-C., un volume in-8° de 270 pages,
avec des illustrations dans le texte* non signées, mais qu'on prétend
être de Gavarni.
Dans son Programme en guise de préface, Peytel nous apprend
qu'il fut l'un des combattants des journées de juillet 1830; que com-
promis dans les deux prétendues conspirations du pont des Arts et
des Vendanges de Bourgogne, il fut traduit aux assises de la Seine
et acquitté; qu'arrêté aux affaires de juin 1832, il fut condamné à
mort par un conseil de guerre, mais que la sentence ayant été an-
nulée par la Cour de cassation, il en fut quitte pour un emprisonne-
ment à Sainte-Pélagie » puis il ajoute
« Ainsi l'auteur du présent in-octavo ne sera pas fusillé comme
Ney ou Caron
» II ne sera pas guillotiné comme Bories, Raoulx et Goubin
» II n'aura pas les oreilles coupées comme Prynne, Bastwick et
Burton, les trois célèbres puritains;
» Le nez et les oreilles coupées comme Lysimaque
B Les yeux crevés, comme le vieux baron de Montescaglioso, au
temps de Guillaume ler, dit le Méchant, roi de Naples et de Sicile
» IL ne sera pas pendu comme Villon le poète, Villon le ruffian,
Villon l'argotier, Villon le voleur, Villon-Credeville, Villon le
prince des sots
» II ne sera pas tiré à quatre chevaux comme Damiens
» Mis en croix comme Barabas;
» Enterré vif comme Perrette Mauger, au temps de Louis XI;
» Poignardédans son bain comme Marat;
» Fusillé dans un fauteuil comme d'Elbée;
» Mené à rebours sur un âne, comme Perkins-Warbec
» Berné comme Don Quichotte;
» Mangé par un lion comme M. Martin
» Battu de verges comme Candide «
il* Année 928 TRENTE-CINQ CENTIMES Jeudi 7 Janvier 1864
̃- ^u^ mm III III ̃̃̃ MU M II» ̃^̃I»H III||,H.|||– ̃̃– ^»^ "IU'II'™ ̃– 1^ J^ | MM
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B. JOUVIN
BtDACTEUR EN CHEF.
̃̃•̃̃ ABONNEMENTS (PARIS) .̃:̃>•
Un an. 36 fr. I
Six mois.. 19 |
Trois mois. 9 IV. 50
Un mois.. 4
X.ES MANUSCRITS
NON INSÉRÉS SONT BRÛLÉS
'ADMINISTRATION ET RÉDACTION
,14, hue GiuxaE-; batelière,. 14 4
n On me dit qu'il s'est établi dans Madrid,
un système de liberté sur la vente des prodac-
tions, qui s'étend même à celle de la presse,
et que, pourvu que je ne parle en mes écrits
ni de l'autorité, ni du culte, ni de la politique,-»"
v m de la morale, ni des sens en place, ni d^rTv V
corps en crédit, ni de l'Opéra, ni des au^re^yi';
spectacles, ni de personne qui tienne à çfuêK\t
que chose, je puis tout imprimer librement, f~,
sous l'inspection de deux ou trois censeurs. ̃-̃̃
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v. • Loué par ceux-ci, biàinè pur ceux-là, me moquant des sots, bravant les méchants.
•\ je me hâte de rire de tout, de peur o'être obligé d'en pleurer.
FIGARO
~tGARO
r -T /•• ̃̃"̃ r ̃ ̃•̃ ̃
G. BOURDIN
SBCHÉTAIBE DE RÉDACTION. •
ABONNEMENTS (DÉPARTEMENTS)
Un an. 40 fr. I
Six mois..21 I
Trois mois. 10 fr. 50
Un mois.. 4 50
'• î FIGABO
PARAIT DEUX FOIS PAR SEMAINE
• ̃ Le Jeudi et le Dimanche.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
14, RUE GRANGE- BATELIÈRE 14
r f i. '•
4 <•) 'i: '̃
«"Que je voudrais bien tenir un de' ces
puissants de quatre jours, si légers sur le
mal qu'ils ordonnent, quand une bonne dis-
grâce a cuvé son orgueil Je lui dirais que
les sottises imprimées n'ont d'importance
qu'aux lieux où l'on en gêne le cours que
sans la liberté de blâmer, il n'est point d'é-
loges flatteurs, et qu'il n'y a que les petiti.
hommes qui redoutent les petits écrits.
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V:;ME EXCURSION
DANS LES THEATRES A BATIR
-.h1
Le Théâtre est, de tous les arts cultivés en France,
celui qui, du consentement de tous les étrangers,
• » fait le plus d'honneur à notre patrie,
y s~ e'~ •. ,t Voltajbç.
a Que pensez-vous de la liberté des théâtres? » voilà une
question qui m'a été adressée bien des fois depuis que cette
liberté, concédée en principe, n'attend plus qu'un passeport t
légal pour faire son tour de France. J'ai été toujours très em-
barrassé d'y répondre. J'ai entrevu deux résultats du nouveau
régime théâtral qui fait espérer les uns et trouble la douce
quiétude des autres je n'ai pas étudié la question. Le résultat
certain, excellent, mais malheureusement un peu éloigné,
c'est une vaste diffusion de l'art sous toutes les formes sympa-
thiques au public, et l'épanouissement des genres débarrassés
des entraves qui les mutilent en les fixant. Le résultat inévita-
ble, gros de catastrophes, et qui ne se fera pas attendre, ce sera
une série d'essais malheureux, de tentatives hasardées et de
capitalistes sur la paille.
La loi qui va promulguer la liberté des théâtres, c'est le soc
de la charrue qui retourne la terre; l'argent enfoui et perdu
dans le sol dramatique vigoureusement remué, c'est l'engrais
indispensable à des plaines desséchées par le privilège les se-
̃̃̃̃ AFFAIRE PEYTEL
1838-1839
f, !̃ ̃ ̃ ̃ • V ̃•
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y V -̃'•,̃'̃ ̃'̃'̃ ̃••' ̃ "̃'
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Lorsque, au commencement de l'année 1862 nous nous rendîmes à
Bourg pour le procès, à jamais célèbre, de M. et Mme Dumolard,
une chose me frappa tout d'abord, l'impression profonde qu'avait
laissée dans le pays l'affaire que je vais remettre sous les yeux des
lecteurs du Figaro. En vérité, les Bressans me parurent plus
fiers d'avoir vu mourir Peytel que d'avoir donné naissance à La-
landerrastronome araehnophage et à l'immortel Bichat.
De 1829 à 1834, Peytel avait habité Paris, et sous prétextede con-
tinuer son stage chez Me Berlond, notaire, il avait fréquenté les cafés
littéraires du quartier Latin, les coulisses etles petits journaux. Nous
verrons que Peytel avait quelque fortune il acheta de M. Berthet
sa part dans la propriété du Voleur, journal effrontément reproduc-
teur, que celui-ci avait fondé avec M. Emile de Girardin et Lau-
tour-Mézerai, qui fut depuis préfet d'Alger. Peytel signa le journal
en qualité de gérant, et comme tout débutant, se chargea du compte-
rendu des théâtres, position toujours très enviée, mais qui n'était
pas sans quelques périls à cette époque. Il existe plusieurs articles
de lui, signés Peytel de Montanchin (l'une des propriétés de sa
mère).. .i J
mailles succéderont, et, avec de la patience, nous pourrons
voir jaunir les moissons futures.
Voilà, jusqu'ici, mon opinion sur la liberté des théâtres.
Soyez assurés que ceux qui vous en disent plus long ne voient
rien de plus et ne percent pas au delà'. Ç
\i ') ̃; ̃ '.̃'̃̃ -j ;iix u. i 0- :̃̃ ̃• >i' '̃'̃
"*•>̃ Sans'vouloir approfondir une question qui'ne livrera
son secret aux spéculateurs hardis qu'au prix des expériences
les plus coûteuses et les plus multipliées, je vais essayer de
l'aborder sur un point et en restant,'à la surface., (
On bâtira beaucoup de théâtres A Paris; on construira pour
l'art des cages dorées, commodes, de, toutes les dimensions, de
toutes les architectures mais que mettra-t-on dedans? C'est là
un point important, j'imagine, et auquelon asongé bien peu ou
même pas du tout. Elever de grandes salles et abaisser consi-
dérablement le prix des places: voilà la double amélioration
qu'on s'efforcera probablement de réaliser, la première étant
la conséquence de la seconde. Mais en entrant dans ces vais-
seaux plus vastes et en s'asseyant en plus grand nombre aux
petites places, si le peuple de Paris ne voit dans les salles neu-
ves que ce qu'on lui montre de temps immémorial sur les scè-
nes à privilèges, la liberté des théâtres aura-t-elle vraiment
fait un grand pas en France, et l'art sera-t-il plus heureux, plus s
grand, et surtout plus rajeuni, parce qu'au lieu de quinze di-
recteurs luttant contre la faillite, il y en aura trente ou qua-
rante ?
Le progrès demandé à la liberté n'est pas là il est dans la
grande variété des genres et si la chose était possible
dans leur diversité et leur opposition sur la même scène. Le
plus douloureux des supplices infligés à des spectateurs qui
ont chèrement payé à la porte le droit de se diverlir, c'est une
pièce drame, comédie, opéra qui remplit une soirée tout
entière. Il ne faudrait pas essayer de démontrer ici la gran-
De plus, Peytel avait fait, sous un pseudonyme, il est vrai, mais
sans en décliner jamais la paternité, un petit livre ou pamphlet po-
litique, pétillant d'esprit et-de méchanceté la Physiologie de la
Poire, lequel se vendit assez bien lors de son apparition, mais s'en-
leva jusqu'au dernier exemplaire quand l'auteur fut devenu une
célébrité de cour d'assises. C'est là, pour le dire en passant, un
moyen un peu violent, mais infaillible, sur lequel j'appelle l'atten-
tion de ceux de nos confrères dont la prose ou les vers ne s'écoulent
peut-être pas aussi rapidement qu'ils le pourraient désirer.
̃ Le 25 mai 1832, notre bien regretté Philippon était, pour la
dixième fois peut-être, traduit aux assises, accusé d'outrage envers
la personne du roi Louis-Philippe, outrage résultant de l'un des des-
sins du journal la Caricature. Messieurs les jurés, dit-il, le minis-
tère public prétend que dans ce personnage nous avons voulu re-
présenter le roi-citoyen, il ne le prouve pas; ce n'est point notre
faute si la tète de Sa Majesté ressemble à bien d'autres tètes. et
même à bien d'autres choses. Tenez, par exemple, je prie M. le gref-
fier de me vouloir bien passer une feuille de papier. (Il donne
quatre coups de crayon) Qu'est-ce que ceci? Les jurés « Une
poire. (Quatre autres coups de crayon) Et ceci? « Une poire. » Et
ceci? « Une poire; » mais. à la quatrième, les jurés trouvèrent
que c'était bien toujours une poire, mais en même temps un por-
trait incontestable de Louis-Philippe. Le grand artiste obtint un
fou-rire, mais il obtint aussi six mois de prison et 2,000 francs d'a-
mende. Jamais ce pauvre Philippon ne se remit complètement de
ce qu'il appelait son asthme de Sainte-Pélagie.
A partir du lendemain, ce fut dans les journaux des deux opposi-
tions, grands et petits, un feu roulant de plaisanteries sur la poire,
ceux qui l'aimaient et ceux qui ne la pouvaient souffrir. Peytel s'en
inspira, et prit son temps, car ce ne fut que le 17 novembre qu'il
fit paraître « chez les libraires de la place de la Bourse » (Paulin et
Sautelet) la Physiologie de la Poire, par Louis Benoît, jardinier,
deur de l'oeuvre par ses dimensions tout le monde sait au-
jourd'hui que dans un ouvrage qui commence à huit heures
pour finir à minuit, et dont l'action a été morcelée en une
foule d'actes et de tableaux, bourrée d'incidents et de per-
sonnages comme on bourre un mannequin de son ou de paille,
le plaisir du spectateur n'est compté pour rieu et les droits
d'auteur sont comptés pour tout.
Depuis dix ans, le Gymnase et lé Vaudeville jouent la même
comédie la Porte-Saint-Martin, la Gatté et l'Ambigu, le même
drame depuis trente ans deux théâtres d'un côté, trois de l'au-
tre, cela fait juste cinq trombonnes pour exécuter deux notes
chéres à Bilboquet. Quand, au lieu de cinq, il y en aura quinze,
nos oreilles s'en porteront-elles mieux?
Etudions Paris en jetant un regard sur la province; nous
y trouverons, non le progrès de l'art, mais les préférences d'un
public livré à lui-même or, ce sont justement ces préférences
qu'il faut consulter, si l'on espère remplir de nouvelles salles
de spectacles en brisant tous les freins devant la concurrence.
Pour avoir le goût plus raffiné, les Parisiens ne diffèrent pas
sensiblement des provinciaux la claque des journaux et l'e
feuilleton du parterre, donnant le branle à une opinion factice
ou surfaite, peuvent créer le bruit autour d'une pièce qui réus-
sit ils ne créent point un succès là où les éléments font dé-
faut et où le public s'obstine à ne pas venir. La province, où
les journaux et les applaudisseurs à gages n'ont aucun crédit,
est donc un thermomètre qu'on doit consulter, quoique avec
précaution, en interrogeant la température parisienne.
J'en suis mortifié pour l'honneur des lettres; mais il faut
bien l'avouer, le théâtre en province a été conquis par la mu-
sique sur les scènes grandes, moyennes et petites. Les troupes
de comédiens qui exploitent exclusivement le drame et la co-
médie sont condamnées à errer et à végéter à travers les petits
centres de population, où les lumières sont aussi bornées que
avec cette épigraphe a Prenez et mangez ceci est mon corps,
ceci est mon sang. N. S. J.-C., un volume in-8° de 270 pages,
avec des illustrations dans le texte* non signées, mais qu'on prétend
être de Gavarni.
Dans son Programme en guise de préface, Peytel nous apprend
qu'il fut l'un des combattants des journées de juillet 1830; que com-
promis dans les deux prétendues conspirations du pont des Arts et
des Vendanges de Bourgogne, il fut traduit aux assises de la Seine
et acquitté; qu'arrêté aux affaires de juin 1832, il fut condamné à
mort par un conseil de guerre, mais que la sentence ayant été an-
nulée par la Cour de cassation, il en fut quitte pour un emprisonne-
ment à Sainte-Pélagie » puis il ajoute
« Ainsi l'auteur du présent in-octavo ne sera pas fusillé comme
Ney ou Caron
» II ne sera pas guillotiné comme Bories, Raoulx et Goubin
» II n'aura pas les oreilles coupées comme Prynne, Bastwick et
Burton, les trois célèbres puritains;
» Le nez et les oreilles coupées comme Lysimaque
B Les yeux crevés, comme le vieux baron de Montescaglioso, au
temps de Guillaume ler, dit le Méchant, roi de Naples et de Sicile
» IL ne sera pas pendu comme Villon le poète, Villon le ruffian,
Villon l'argotier, Villon le voleur, Villon-Credeville, Villon le
prince des sots
» II ne sera pas tiré à quatre chevaux comme Damiens
» Mis en croix comme Barabas;
» Enterré vif comme Perrette Mauger, au temps de Louis XI;
» Poignardédans son bain comme Marat;
» Fusillé dans un fauteuil comme d'Elbée;
» Mené à rebours sur un âne, comme Perkins-Warbec
» Berné comme Don Quichotte;
» Mangé par un lion comme M. Martin
» Battu de verges comme Candide «
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