Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1856-02-14
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 164718 Nombre total de vues : 164718
Description : 14 février 1856 14 février 1856
Description : 1856/02/14 (Numéro 104). 1856/02/14 (Numéro 104).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k2694432
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
5°* Année N<> 104
TRENTE GEMMES
<*
Jeudi 14 Février 1856
H. DE VILLEMESSANT"
B. JaiIVIN et G. B0URD1N
RÉDACTEURS EN CHEF.
PRIX D'ABONNEMENT
PARIS
Bn an. 28 fr. Trois mois.. 8 fr.
Six mois..16 Un mois 2 50
DÉPARTEMENTS
Un .an. 32 fr, Trois mois.. 9 fr.
Six mois. 18 Un mois 5
Étranger, le port en su suivant le pays.
FIGARO
PARAIT DEUX FOIS PAR SEMAINE,
le Jeudi et le Dimanche,
104 NUMÉROS PAR AH.
RÉDACTION
55, rue Vivienne, au coin du boulevard
Au rez-de-chaussée.
PARIS
•> On me dit qu'il s'est établi dans Ma-
drid un système de liberté sur la vente-
des productions. qui s'étend même à celles
de la presse; et que, pourvu que je ne
parle en mes écrits ni de l'autorité, ni du
culte, ni de la politique, ni de la morale,
ni des gens en place, ni des corps en
crédit, ni de l'Opéra, ni des autres spec-
tacles, ni de personne qui tienne ù quel-
que chose je, puis tout imprimer libre-
ment, sous l'inspection de deux ou trois
censeurs. »
(Mariage de Figaro.)
«Loué par ceux-ci, blâmé par Ceux-IA, me moquant des sots, lirnv.int lesmécbwis.. je mu hiliu
de rire de tout de peur d'être obligé d'en pleurer « Barbier de simUt.)
FIGARO
/"0\ >; If;,
9. DE VILLEMESSANT
B. JOUVIN et G. IMMIRDIN
RÉDACTEURS EN CHEF.
-opo.
PRIX D'A'BONNEMENT
PARIS
Un an. 28 fr. Trois mois. 8- fr.
Six mois.. 16 | Un mois 2 50
DÉPARTEMENTS
Un an. 32 fr. Trois mois.. 9 fr.
Sii mois.. 18 I Uu mois 3
Étranger, le port en sus suivant le pays.
FIGARO
PARAIT DECX FOIS PAR SEMAINE,
Le Jeudi et le Dimanche,
104 NUMÉROS PAR AN.
ADMINISTRATION
BUREAUX
Rue Coq Héron no 5
PARIS
Que je voudrais bien tenir un de ce
puissants de quatre jours, si' légers sur
le mal qu'ils ordonnent, quand une bonne
disgrâce a cuvé son orgueil Je lui dirais
que les sottises imprimées n'ont d'impor-
tance qu'aux lieux où 1 on en gène le
cours que sans la liberté de blâmer, il
n'est point d'éloge flatteur, et qu'il n'y a
que les petits hommes qui redoutent les
petits écrits. »
(Mariage de Figaro./
•̃
SOMMAIRE DU JEUDI 14 FÉVRIER 1856 -i;«u 104.
A TRAVERS LA CRITIQUE (xvie étape), par B. Jotrtïîi. -T LÉS BOrçBEBRS DU PAUVRE, par J.feo
LESl'ÈS. RAOHEL ET LE NOUVEAU-MONDE, I \jJâr 4éoN-»EAÙvj£l.ET. THEATRES HouilCS-
Parisiens, Folies-Xouvelles, Cirque, Théâtre-Lyrique, paK^/ft^ijBW,^ m. joi.es janin, par H. de
VILLEMESSANT. CORRESPONDANCE PlllLOXÈNE BOYÈÏfr-JfLES JANIN B. JOIMN. ÉCHOS DE
PARIS, par Théodore DE Banville. Feuilleton, MADAME tiqcet par HORACE Hais-
SON.
x.
A TRAVERS LA CRITIQUE
XVIme ÉTAPE
A PROPOS D'UNE ORAISON FUNÈBRE
Lorsque la justice a frappé un coupable, elle aban-
donne le corps du supplicié à la famille, qui obtient, de
la tolérance de la loi satisfaite, le droit de le pleurer et
de l'ensevelir en silence.
Je vous demande pardon pour ce début funèbre ser-
vant de préface à une pièce de théâtre qui, de sou vi-
vant, visait à la bouffonnerie mon excuse, la vojci la
pièce en question a péri de mort violente, étranglée en
plein Théâtre-Français par la justice du parterre. Après
l'exécution, l'auteur a réclamé la dépouille de son enfant,
afin de lui rendre les derniers devoirs on croyait donc
l'ouvrage enterré et. oublié, lorsque la critique, plus
implacable que la loi, a procédé elle-même à l'exhuma-
tion du cadavre et l'a accroché, pour le bon exemple, à
son Montfaucon hebdomadaire.
Il y a des sévérités qui équivalent à des maladresses.
Si M. About était modeste, heureusement, ses amis
assurent qu'il ne l'est pas avouez qu'il ne tiendrait
qu'à lui de s'enorgueillir de l'acharnement de la presse à
poursuivre une comédie d'outre-tombe; car, en fin de
compte, la chute de Guiilery a fait plus de fracas qu'un
succès, et M. About pourrait se dire « Les grands mou-
vements de l'opinion ne se produisent jamais autour des
petites œuvres à Rome, la roche tarpéienne était aussi
élevée que le Capitole; en France, a certains jours de
crise sociale, la populace, hors d'elle-même, déterrait les
morts illustres pour les trainer sur la claie le feuille-
ton en masse s'est rué sur ïen-GuHlei-y donc si Guil-
lery a péché, ç'a été un grand coupable » v
Comme l'hypothèse de l'auteur est inadmissible, cher-
chons le motif de ce va-t-en guerre des Franc-Boisy du
Lundi et de leur bruyante fanfare, exécutée assurément
avec beaucoup d'ensemble, mais qui n'a eu qu'un incon-
vénient, celui de sonner vingt-quatre heures en retard,
comme le trombonne de l'aveugle Patachon.
Le mot de ces funérailles bruyantes, c'est M. Jules de
Prémaray qui l'a. laissé échapper. Le feuilletoniste de la
Patrie a félicité M. About de ce qu'il lui a été donné d'ar-
river, sans coup férir, à la Comédie-Française, portant
sous son bras une pièce commandée plus heureux à ses
SOMMAIRE DU DIMANCHE 10 FÉVRIER 1856 N° 103
NOUVELLES A LA MAIN, par H. DE VILLEMESSANT. LES DISEURS DE BONNE AVENTURE,
pdr LKO I.ESI'KS. FIGARO AU PALAIS, X, par G. BCUKDIN. REVUE LITTÉRAIRE Histoire
de Ménage, par 51. Ilippolyte CastiHe; ses péchés tle jeunesse l'œuvre de la Sainte-Enfance; la cocarde
du r<-«INmc; .les Parents Pauvres, Balzac créancier de M. Castille; Jacob luttant avec l'ange; lus teintu
riPis iralistes;.un romancier qui est un poseur ;I)omitien et llobespierre Lucien Brtino; petite exhorta
(ion au pulilifc, par Un rs Goiîdall. ÉCHOf| de PARIS, par Théodore DE Banville.
débuts que beaucoup d'hommes de talent qui, après
avoir fait leurs preuves, sollicitent., depuis longtemps, et
sans y réussir, cette consécration suprême de leur répu-
tation.
M. de Prémaray a dit là assurément une chose juste
et morale en soi mais nous voici bien loin du tribunal
de la critique. Ne serions-nous pas, au contraire, eu
plein tribunal de commerce, où le feuilletoniste est en
train de plaider, avec l'esprit que nous lui connaissons
tous, une question de concurrence?
Je crains que la littérature u'ait que faire ici, et que le
tort le plus grave de M. Edmond About, aux yeux de
bien des gens, ne soit d'avoir été un homme heureux.
L'auteur de Tolla est arrivé du premier coup à la noto-
riété avec ses livres, et même un peu avec les livres
d'autrui qu'importe ? Si c'est une méprise de la fortune,
soyez sans inquiétude il n'est au pouvoir de qui que
ce soit de la faire durer; si ce n'est qu'une avance qu'elle
lui a faite sur sa réputation à venir, eh mon Dieu où
donc serait le mal La fortune peut prêter aux gens de
lettres, sans inconvénient sérieux l'émulation ne ga-
gnera personne
Messieurs de la critique avaient pourtant mieux à
faire que de troubler par de stériles clameurs le fan-
tôme d'un poète comique et l'ombre d'une pièce. M. Ed-
mond About (car c'était là sa prétention ) ayant voulu
reprendre le théâtre au point doù Molière était parti
pour le transformer, il fallait se placer sur le terrain
choisi par l'auteur et lui démontrer pourquoi, même à
son point de vue, il était impossible que sa fantaisie à
reculons aboutit. Ce thème étant donné, il y avait une
bonne vérité à faire entendre, en prenant le théâtre d'un
peu haut. Malheureusement, il en est de la vérité en toute
chose comme de l'étincelle que le briquet arrache au
caillou on ne l'obtient qu'en choquant avec force cer-
tains préjugés à tête dure; et il y a des gens qui, au
lieu de faire la lumière dans la raison que le ciel leur a
départie, trouvent plus commode d'emprunter la lan-
terne du voisin. S'agit-il de raisonner, ce sont des échos
dociles à la voix de la banalité qui passe, et il semble
que Dieu les ait créés et mis au monde uniquement pour
exécuter leur punie dans le grand Concerto du lieu com-
mun.
OU LE PUBLIC POURRAIT BIEN BAILLER
Afin de faire diversion, j'ai envie de briser la mesure
par un solo en point-d'orgue.
Le seizième siècle a discuté Dieu dans l'autorité de
son église le dix-huitième a amoindri la royauté de
toute la tête malgré ces précédents terribles et fameux,
me sera-t-il permis, en plein dix- neuvième siècle, de
toucher à l'art dramatique, ne fùt-ce que pour épiler eà
et là quelques cheveux blancs qui le vieillissent? J'en
doute. Essayons pourtant.
On a de singulières façons de comprendre le théâtre
en France. De la grandeur des hommes qui l'ont illustré,
à toutes les époques, on conclut a l'excellence, à la su-
périorité du genre.
Sans m'arrêter aux idées qui ont cours là-dessus, et*
qui sont à la faculté de. raisonner ce que sont à la né-
cessité de l'échange les gros sous, qu'on fait circuler de
main en main, sans y regarder de trop près, je me de-
mande Quest-ce que la comédie?
Et sous ce mot, pris dans une acception collective, je
range, bien entendu, toutes les écoles, toutes les variétés
du genre en d'autres termes, je comprends toute pro-
duction dramatisée, dialoguée et offerte en spectacle à la
foule.
Ceci posé, je réponds
La comédie est; dans l'art, la dernière forme littéraire,
attendu que, pour réussir, elle peut, au besoin, se passer
de littérature.
Je m attends, sur ce simple énoncé d'un fait qui porte
avec soi sa preuve de chaque jour, à des réclamations
les indifférents vont crier au paradoxe, et .les gens du
métier au blasphème. Le moins que l'on fasse, c'est
de traiter ma définition d'énormité accordé. Mais comme
cette énormité, en tombant de ma plume sur le papier,
laisse la vérité intacte et ne froisse ou n'écorne tout au
plus que les petites passions des petits auteurs et le ju-
gement tout fait des spectateurs qui dorment aux chefs-
d'œuvre, il n'y a pas à s'en préoccuper.
Peut-être va-t-on essayer de me fermer la bouche avec
ces mots Et Molière? et sa comédie? Je m'y at-
tendais et j'avais préparé ma réponse
MOLIÈRE
La comédie de Molière, c'est le génie de Molière.
Les grands hommes sont comme les grands fleuves le
lit qu'ils se creusent a beau ètre vaste, il est sans cesse
modifié par la pente et les accidents du terrain qu'ils
parcourent.
Molière, vivant au théâtre et du théâtre, devait donner
aux créations de son esprit l'allure scénique et la hachure
dialoguée de ce qu'il l'a fait d'une façon tout à la fois in-
comparable et inimitable, allez-vous en conclure que l'art
est à la hauteur de ce prodigieux artisan, et que l'homme ne
vaut que ce que vaut la chose? Prenez garde! vous con-
TRENTE GEMMES
<*
Jeudi 14 Février 1856
H. DE VILLEMESSANT"
B. JaiIVIN et G. B0URD1N
RÉDACTEURS EN CHEF.
PRIX D'ABONNEMENT
PARIS
Bn an. 28 fr. Trois mois.. 8 fr.
Six mois..16 Un mois 2 50
DÉPARTEMENTS
Un .an. 32 fr, Trois mois.. 9 fr.
Six mois. 18 Un mois 5
Étranger, le port en su suivant le pays.
FIGARO
PARAIT DEUX FOIS PAR SEMAINE,
le Jeudi et le Dimanche,
104 NUMÉROS PAR AH.
RÉDACTION
55, rue Vivienne, au coin du boulevard
Au rez-de-chaussée.
PARIS
•> On me dit qu'il s'est établi dans Ma-
drid un système de liberté sur la vente-
des productions. qui s'étend même à celles
de la presse; et que, pourvu que je ne
parle en mes écrits ni de l'autorité, ni du
culte, ni de la politique, ni de la morale,
ni des gens en place, ni des corps en
crédit, ni de l'Opéra, ni des autres spec-
tacles, ni de personne qui tienne ù quel-
que chose je, puis tout imprimer libre-
ment, sous l'inspection de deux ou trois
censeurs. »
(Mariage de Figaro.)
«Loué par ceux-ci, blâmé par Ceux-IA, me moquant des sots, lirnv.int lesmécbwis.. je mu hiliu
de rire de tout de peur d'être obligé d'en pleurer « Barbier de simUt.)
FIGARO
/"0\ >; If;,
9. DE VILLEMESSANT
B. JOUVIN et G. IMMIRDIN
RÉDACTEURS EN CHEF.
-opo.
PRIX D'A'BONNEMENT
PARIS
Un an. 28 fr. Trois mois. 8- fr.
Six mois.. 16 | Un mois 2 50
DÉPARTEMENTS
Un an. 32 fr. Trois mois.. 9 fr.
Sii mois.. 18 I Uu mois 3
Étranger, le port en sus suivant le pays.
FIGARO
PARAIT DECX FOIS PAR SEMAINE,
Le Jeudi et le Dimanche,
104 NUMÉROS PAR AN.
ADMINISTRATION
BUREAUX
Rue Coq Héron no 5
PARIS
Que je voudrais bien tenir un de ce
puissants de quatre jours, si' légers sur
le mal qu'ils ordonnent, quand une bonne
disgrâce a cuvé son orgueil Je lui dirais
que les sottises imprimées n'ont d'impor-
tance qu'aux lieux où 1 on en gène le
cours que sans la liberté de blâmer, il
n'est point d'éloge flatteur, et qu'il n'y a
que les petits hommes qui redoutent les
petits écrits. »
(Mariage de Figaro./
•̃
SOMMAIRE DU JEUDI 14 FÉVRIER 1856 -i;«u 104.
A TRAVERS LA CRITIQUE (xvie étape), par B. Jotrtïîi. -T LÉS BOrçBEBRS DU PAUVRE, par J.feo
LESl'ÈS. RAOHEL ET LE NOUVEAU-MONDE, I \jJâr 4éoN-»EAÙvj£l.ET. THEATRES HouilCS-
Parisiens, Folies-Xouvelles, Cirque, Théâtre-Lyrique, paK^/ft^ijBW,^ m. joi.es janin, par H. de
VILLEMESSANT. CORRESPONDANCE PlllLOXÈNE BOYÈÏfr-JfLES JANIN B. JOIMN. ÉCHOS DE
PARIS, par Théodore DE Banville. Feuilleton, MADAME tiqcet par HORACE Hais-
SON.
x.
A TRAVERS LA CRITIQUE
XVIme ÉTAPE
A PROPOS D'UNE ORAISON FUNÈBRE
Lorsque la justice a frappé un coupable, elle aban-
donne le corps du supplicié à la famille, qui obtient, de
la tolérance de la loi satisfaite, le droit de le pleurer et
de l'ensevelir en silence.
Je vous demande pardon pour ce début funèbre ser-
vant de préface à une pièce de théâtre qui, de sou vi-
vant, visait à la bouffonnerie mon excuse, la vojci la
pièce en question a péri de mort violente, étranglée en
plein Théâtre-Français par la justice du parterre. Après
l'exécution, l'auteur a réclamé la dépouille de son enfant,
afin de lui rendre les derniers devoirs on croyait donc
l'ouvrage enterré et. oublié, lorsque la critique, plus
implacable que la loi, a procédé elle-même à l'exhuma-
tion du cadavre et l'a accroché, pour le bon exemple, à
son Montfaucon hebdomadaire.
Il y a des sévérités qui équivalent à des maladresses.
Si M. About était modeste, heureusement, ses amis
assurent qu'il ne l'est pas avouez qu'il ne tiendrait
qu'à lui de s'enorgueillir de l'acharnement de la presse à
poursuivre une comédie d'outre-tombe; car, en fin de
compte, la chute de Guiilery a fait plus de fracas qu'un
succès, et M. About pourrait se dire « Les grands mou-
vements de l'opinion ne se produisent jamais autour des
petites œuvres à Rome, la roche tarpéienne était aussi
élevée que le Capitole; en France, a certains jours de
crise sociale, la populace, hors d'elle-même, déterrait les
morts illustres pour les trainer sur la claie le feuille-
ton en masse s'est rué sur ïen-GuHlei-y donc si Guil-
lery a péché, ç'a été un grand coupable » v
Comme l'hypothèse de l'auteur est inadmissible, cher-
chons le motif de ce va-t-en guerre des Franc-Boisy du
Lundi et de leur bruyante fanfare, exécutée assurément
avec beaucoup d'ensemble, mais qui n'a eu qu'un incon-
vénient, celui de sonner vingt-quatre heures en retard,
comme le trombonne de l'aveugle Patachon.
Le mot de ces funérailles bruyantes, c'est M. Jules de
Prémaray qui l'a. laissé échapper. Le feuilletoniste de la
Patrie a félicité M. About de ce qu'il lui a été donné d'ar-
river, sans coup férir, à la Comédie-Française, portant
sous son bras une pièce commandée plus heureux à ses
SOMMAIRE DU DIMANCHE 10 FÉVRIER 1856 N° 103
NOUVELLES A LA MAIN, par H. DE VILLEMESSANT. LES DISEURS DE BONNE AVENTURE,
pdr LKO I.ESI'KS. FIGARO AU PALAIS, X, par G. BCUKDIN. REVUE LITTÉRAIRE Histoire
de Ménage, par 51. Ilippolyte CastiHe; ses péchés tle jeunesse l'œuvre de la Sainte-Enfance; la cocarde
du r<-«INmc; .les Parents Pauvres, Balzac créancier de M. Castille; Jacob luttant avec l'ange; lus teintu
riPis iralistes;.un romancier qui est un poseur ;I)omitien et llobespierre Lucien Brtino; petite exhorta
(ion au pulilifc, par Un rs Goiîdall. ÉCHOf| de PARIS, par Théodore DE Banville.
débuts que beaucoup d'hommes de talent qui, après
avoir fait leurs preuves, sollicitent., depuis longtemps, et
sans y réussir, cette consécration suprême de leur répu-
tation.
M. de Prémaray a dit là assurément une chose juste
et morale en soi mais nous voici bien loin du tribunal
de la critique. Ne serions-nous pas, au contraire, eu
plein tribunal de commerce, où le feuilletoniste est en
train de plaider, avec l'esprit que nous lui connaissons
tous, une question de concurrence?
Je crains que la littérature u'ait que faire ici, et que le
tort le plus grave de M. Edmond About, aux yeux de
bien des gens, ne soit d'avoir été un homme heureux.
L'auteur de Tolla est arrivé du premier coup à la noto-
riété avec ses livres, et même un peu avec les livres
d'autrui qu'importe ? Si c'est une méprise de la fortune,
soyez sans inquiétude il n'est au pouvoir de qui que
ce soit de la faire durer; si ce n'est qu'une avance qu'elle
lui a faite sur sa réputation à venir, eh mon Dieu où
donc serait le mal La fortune peut prêter aux gens de
lettres, sans inconvénient sérieux l'émulation ne ga-
gnera personne
Messieurs de la critique avaient pourtant mieux à
faire que de troubler par de stériles clameurs le fan-
tôme d'un poète comique et l'ombre d'une pièce. M. Ed-
mond About (car c'était là sa prétention ) ayant voulu
reprendre le théâtre au point doù Molière était parti
pour le transformer, il fallait se placer sur le terrain
choisi par l'auteur et lui démontrer pourquoi, même à
son point de vue, il était impossible que sa fantaisie à
reculons aboutit. Ce thème étant donné, il y avait une
bonne vérité à faire entendre, en prenant le théâtre d'un
peu haut. Malheureusement, il en est de la vérité en toute
chose comme de l'étincelle que le briquet arrache au
caillou on ne l'obtient qu'en choquant avec force cer-
tains préjugés à tête dure; et il y a des gens qui, au
lieu de faire la lumière dans la raison que le ciel leur a
départie, trouvent plus commode d'emprunter la lan-
terne du voisin. S'agit-il de raisonner, ce sont des échos
dociles à la voix de la banalité qui passe, et il semble
que Dieu les ait créés et mis au monde uniquement pour
exécuter leur punie dans le grand Concerto du lieu com-
mun.
OU LE PUBLIC POURRAIT BIEN BAILLER
Afin de faire diversion, j'ai envie de briser la mesure
par un solo en point-d'orgue.
Le seizième siècle a discuté Dieu dans l'autorité de
son église le dix-huitième a amoindri la royauté de
toute la tête malgré ces précédents terribles et fameux,
me sera-t-il permis, en plein dix- neuvième siècle, de
toucher à l'art dramatique, ne fùt-ce que pour épiler eà
et là quelques cheveux blancs qui le vieillissent? J'en
doute. Essayons pourtant.
On a de singulières façons de comprendre le théâtre
en France. De la grandeur des hommes qui l'ont illustré,
à toutes les époques, on conclut a l'excellence, à la su-
périorité du genre.
Sans m'arrêter aux idées qui ont cours là-dessus, et*
qui sont à la faculté de. raisonner ce que sont à la né-
cessité de l'échange les gros sous, qu'on fait circuler de
main en main, sans y regarder de trop près, je me de-
mande Quest-ce que la comédie?
Et sous ce mot, pris dans une acception collective, je
range, bien entendu, toutes les écoles, toutes les variétés
du genre en d'autres termes, je comprends toute pro-
duction dramatisée, dialoguée et offerte en spectacle à la
foule.
Ceci posé, je réponds
La comédie est; dans l'art, la dernière forme littéraire,
attendu que, pour réussir, elle peut, au besoin, se passer
de littérature.
Je m attends, sur ce simple énoncé d'un fait qui porte
avec soi sa preuve de chaque jour, à des réclamations
les indifférents vont crier au paradoxe, et .les gens du
métier au blasphème. Le moins que l'on fasse, c'est
de traiter ma définition d'énormité accordé. Mais comme
cette énormité, en tombant de ma plume sur le papier,
laisse la vérité intacte et ne froisse ou n'écorne tout au
plus que les petites passions des petits auteurs et le ju-
gement tout fait des spectateurs qui dorment aux chefs-
d'œuvre, il n'y a pas à s'en préoccuper.
Peut-être va-t-on essayer de me fermer la bouche avec
ces mots Et Molière? et sa comédie? Je m'y at-
tendais et j'avais préparé ma réponse
MOLIÈRE
La comédie de Molière, c'est le génie de Molière.
Les grands hommes sont comme les grands fleuves le
lit qu'ils se creusent a beau ètre vaste, il est sans cesse
modifié par la pente et les accidents du terrain qu'ils
parcourent.
Molière, vivant au théâtre et du théâtre, devait donner
aux créations de son esprit l'allure scénique et la hachure
dialoguée de ce qu'il l'a fait d'une façon tout à la fois in-
comparable et inimitable, allez-vous en conclure que l'art
est à la hauteur de ce prodigieux artisan, et que l'homme ne
vaut que ce que vaut la chose? Prenez garde! vous con-
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