Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1929-10-16
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 16 octobre 1929 16 octobre 1929
Description : 1929/10/16 (Numéro 24893). 1929/10/16 (Numéro 24893).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
-'t.- LE TEMPS. •- *6 ôctettre 1929
gauches en vue'de la réalisation d'un programme pré-
cis et, immédiat dont il trace les grandes lignes.
Un tel programme devrait, logiquement, grouper
toutes les bonnes volontés républicaines et dégager une
majorité de gauche capable de résister à tous les as-
sauts. Mais la logique ne triomphe pas toujours en
politique, et, tout en s'efforeant de faire prévaloir un
plan si légitime, si conforme aux aspirations et aux
besoins du pays, le parti radical commettrait une im-
prudence en prenant .ses désirs pour des 'réalités déjà
acquises. Il ne doit, pas ignorer qu'il peut malheureu-
sement se heurter, sur sa droite et sur sa gauche, à
des défaillances et à des refus de collaboration.
Dans ce cas, son devoir est de préparer l'avenir par
une double action, d'abord par une opposition cons-
tructive au Parlement, c'est-à-dire en montrant au pays
les fautes commises'par la majorité, en s'efforçant,
dans Tintérêt supérieur du pays, d'en empêcher le plus
possible et même d'obtenir des résultats positifs en
contraignant cette majorité à des actes utiles, en la
secondant même quand, d'aventure, elle est dans la
bonne voie; ensuite et surtout par une propagande ar-
dente et méthodique dans le pays, afin de grouper les
forces républicaines en -vue '4e reprendre, des que pos-
sible, l'action nécessaire.
IS Union républicaine de la Marne, radicale so-
cialiste, de Châlons-sur-Marne, répond d'autre
part à un confrère de droite qui a qualifié de
« déclaration de guerre » ce rapport de M. Chau-
temps
L'indignation des réactionnaires se comprend. Ils
n'ont pas réussi à enliser le parti radical dans leur con-
centration. Ils n'ont même pas réussi à amener quel-
ques radicaux dans cette concentration enfarinée, c'est-
à-dire diviser le parti dont ils ont peur. Ils comptaient
bien on ne sait vraiment pourquoi que M. Chau-
temps serait l'homme de cette division espérée.
Or, M. Chautemps nous n'en sommes pas sur-
pris démontre; au contraire, la nécessité de l'union,
disons mieux de l'unité radicale, la nécessité de
n'avoir rien de commun avec le parti réactionnaire et
de rester dans l'opposition tant que la droite aura des
représentants au gouvernement. C'est tellement logi-
que I
Mais tous les espoirs des fameux « républicains » de
la maringouinade s'évanouissent brusquement. D'où
grande colère de ces « républicaine de droite, d'ex-
trême droite et de Rome. On leur déclare la guerre.
parce qu'on ne veut pas se laisser duper par eux, parce
qu'on me veut pas leur servir de pavillon républicain
devant le pays qu'ils savent profondément hostile à
toute réaction cléricale Les maringouins exagèrent.
Mais t'Ouest-Eclair, conservateur, de Rennes,
met en cause les socialistes partisans de la parti-
cipation ministérielle
M. Paul-Boncour est approuvé, nous assure-t-on, par
une quinzaine de ses amis du groupe socialiste à la
Chambre. De plus, il ne serait pas éloigné de collaborer
également au gouvernement avec d'autres républicains
que les radicaux.
Ainsi le problème se déplace et s'amplifie. Il fau- "̃
drait une longue discussion pour en préciser tous les
éléments. Mais il apparaît à première vue que, si la for-
mule Paul-Boncour était conçue dans un esprit large,
elle serait en principe plus intéressante à examiner
(sauf adaptation du programme positif) que les pro-
positions étroites et périmées des radicaux.
Nous disons « en principe ». Dans la pratique, en
effet, l'opération Paul-Boncour n'est pas mûre. La ma-
jorité des socialistes ne la permettra point, d'une part.
D'autre part, la Chambre actuelle et les partis tels
qu'ils demeurent constitués encore, n'y souscriront
pas.
Les radicaux en seront donc réduits, semble-t-il, à
un isolement qu'ils colorent du nom d'indépendance,
mais qui est voué à la stérilité.
Quoi qu'il en soit des résultats immédiats de la
Vaste controverse des gauches,, la parole est mainte-
nant à M. Paul-Boncour. Il faut qu'il s'explique sur sa
eonceptioni d'une coalition républicaine et sociale, et
sur un programme précis d'action réformatrice.
Quant au Midi socialiste de Toulouse, il pro-
phétise en ces termes
Fin octobre le congrès radical aura parlé.
Ou bien il admettra une participation de ses élus à
un gouvernement de concentration, ou bien il récla-
mera le pouvoir à son profil ou -bien il repoussera
toute alliance à droite.
Dans le premier cas M. Briand fera le coup il
partira et le lendemain il reviendra avec quelques
radicaux en poche.
Dans le deuxième cas, il sera embarrassé. S'il croit
que les radicaux l'appelleront à. leur tête, il partira
pour revenir avec eux. S'il ne le croit pas, il attendra
qu'on le chasse. Et il attendra longtemps.
Dans le troisième cas, M. Briand continuera, sachant
très bien que, s'il veut, il conservera in seternam sa
majorité actuelle à la condition unique de continuer
M. Poincaré, II ne lui en coûtera guère puisqu'il colla-
bora si longtemps avec lui..
M. Briand a ceci.de spécial il s'accommode de toti-
tes les majorités, parce qu'il s'accommode de toutes les
politiques. ̃' -̃
Ainsi, à mon avis, nous aurons encore M. Briand,
'jusqu'à ce qu'il meure, à moins qu'il ne se lasse avant;
de même que, conformément à mes prévisions, nous
aurions eu M. Poincaré jusqu'à son dernier soupir s'il
ne lui avait plu de se reposer plus tôt.
Au reste, je vous le demande à moins que vous
n'acceptiez l'hypothèse de la possibilité morale et parle-
mentaire de M. Tardieu, qui donc voyez-vous capa-
ble de prendre le volant?
LA DISCORDE CHEZ LES COMMUNISTES
L'épuration du parti communiste continue. On
annonce de Saint-Etienne que la conférence du
rayon communiste a prononcé.par 45 voix contre 9,
l'exclusion de M. Petrus Faure, maire du Cham-
bon-Feugerolles, conseiller d'arrondissement. M.
Petrus Faure avait été candidat du parti com-
muniste lors des dernières élections législatives
dans la 4° circonscription de Saint-Etienne, contre
M. Taurines.
ACADÉMIES, MlYÉRSIÎÉS. ÉCOLES
Académie des sciences
L'énergie thermique des mers tropicales.
M. Georges Claude, dans une communication illus-
trée de^l-a projection d'un film, retrace devant
l'Académie l'immense effort qu'il vient d'accom-
plir à Cuba en vue d'exploiter le procédé de ré-
cupération de l'énergie thermique de la mer, dont
il est l'auteur avec M. Boucherot.
M. Gèorges Claude ne paraît pas le moins du
monde découragé par l'âpre lutte qu'il a dû sou-
tenir contré les éléments. Et la belle leçon d'éner-
gie et de ténacité qui se dégage de son récit, re-
cueille les applaudissements de l'Académie.
Le guidage magnétique des avions et des aéro-
nefs. M. Lecornu commente le dispositif de
guidage des avions par câble de M. William Loth.
Il souligne les avantages du procédé pour l'orga-
nisation des voies de départ et d'arrivée sur un
aérodrome.
Autres communications. M. Cotton commu-
nique les résultats de travaux auxquels il s'est
livré sur la photographie de la lumière polarilsée.
M. Fabry présente une note de M. Lambrey sur
le spectre d'absorption de l'oxyde azotique.
M. Mesnager dépose une note de M. Prot sur le
calcul des traverses en béton armé pour chemins
de fer. M. Mesnil transmet une étude de
MM. Policard, Doubrow et Bouchurlat sur la sili-
cose pulmonaire des milneurs.
Cours et conférences
Les cours de l'école libre des sciences politiques,
pour l'année scalaire 1929-1980, reprendront le lundi
4 novembre prochain.
Les inscriptions seront reçues à partir du 21 octobre
au secrétariat de l'Ecole, 27, rue Saint-Guillaume, de
neuf heures à onze heures du matin et de quatorze
heures à dix-sept heures.
questions socmkËs
La conférence du travail maritime
L'incident des armateurs est, semble-t-il, en voie
da règlement et le nombre des armateurs peu dési^
reux de se solidariser jusqu'au bout avec les extré-
mistes du groupe s'est accru pendant la journée de
lundi.
Une lettre de démission collective du groupe
ayant été adressée au bureau de la conférence a été
par celui-ci déclarée irrecevable. D'une part, en
effet, ce document ne portait pas de signature et,
d'autre part, on fit observer que la démission, si
démission M. y avait, devait être adressée non à la
conférence, mais au gouvernement de qui les délé-
gues patronaux comme les autres détiennent leurs
mandats.
Le groupe des armateurs demanda alors un entre-
tien qui lui fut accordé. Y assistaient le président
du groupe des armateurs, le président de la confé-
rence, le premier délégué gouvernemental britanni-
que et M. Albert Thomas. Le résultat de cet entre-
tien fut l'élaboration d'un texte de motion auquel
le représentant des armateurs donna son adhésion
personnelle. Si cette motion recevait l'adhésion du
groupe patronal, qui va en délibérer, la conférence,
tout en constatant que la résolution des armateurs
a été repoussée, exprimerait le désir que fussent
évitées à l'avenir les difficultés inhérentes à l'or-
ganisation des conférences maritimes et en par-
ticulier à la désignation des armateurs et des
marins. Elle chargerait le conseil ^dmitofeiration
de rechercher les mesures propres à empêcher le
retour de faits semblables à ceux qui viennent de
troubler la conférence.
Le 42° congrès des mineurs
Au cours de la séance de clôture qu'il a tenue
hier, le 42e congrès de la Fédération nationale des
-travailleurs du sous-sol, réuni à Marseille, a
adopté une résolution qui! prévoit, pour protester
contre les violations de la journée de huit heures,
une suspension de travail collective dont le conseil
national fixera la date et la durée. L'annonce de
cette grève éventuelle a été accueillie par des ap-
plaudissements.
Une autre motion a été également votée deman-
dant le droit d'exercer le contrôle de la loi! de
huit heures, droit contesté par un arrêté du
"onseil d'Etat de juillet dernier.
®
~ARTl~l
LA CROISIÈRE DE L' « Edgar-Quinct ». Le croiseur-
Edgar-Quinet, bâtiment-école des enseignes de vaisseau,
qui a quitté Brest le 10 octobre pour sa campagne an-
nuelle, sous le commandement du capitaine de vais-
seau Benoiet, a mouillé en rade de Tanger, le 14, octo-
bre. 11 séjournera à Tanger jusqu'au 18 octobre. Les
autres escales prévues sont les suivantes: Bizerte, du
21 au 27 octobre; Corfou, du 31 octobre au 3 novembre;,
Constantinople, du 13 au 15 novembre; le Pirée, du 19
au 23 novembre; Naplee, du 26 au 30 novembre; Ton-
lon, du 2 au 26, décembre; Alger, du 29 décembre au
2 janvier; Casablanca, du 5 au 10 janvier; Konakry, du
17 au 23 janvier; Dakar, du 25 janvier au 2 février;
les Antilles, du 13 mars au 3 avril; la Havane, du 8 au
16 avril; New-York, du 26 avril au 5 mai; le cap Ga6-
pe, du 10 au 17 mai; Québec, du 19 au 25 mai; Mont-
réal, du 25 mai au 5 juin; South Sydney, du 8 au 13
jum; des côtes ouest de France, du 22 juin au 12 juil-
let. Le retour à Brest est prévu pour le 12 juillet 1930.
PROMOTION. Le capitaine de vaisseau Bouquet est
promu contre-amiral et placé par anticipation et sur sa
demande dans la 2e section du cadre des officiers gé-
néraux.
I
"Variétés
f STE'%HITZ
Itfi GjlflpSOIÎ Û'AOSTEIJIilTZ
Dans l'illustration musicale des Histoires d
France, au Théâtre Pigalle, dont M. Henri Busser r
a écrit la partition, ingénieusement documentée
sur des thèmes ou reconstitutions provenant des
époques les plus diverses; on a entendu, au ta-
bleau qui met en scène les rois, grands-ducs et
empereurs, se présentant) à Napoléon 'lors de l'en-
trevue d'Erfurt, une petite marche instrumentale,
d'arrièrè-pensée quelque peu ironique, que sif- 1
notent des petites flûtes accompagnées au rythme
des trompettes et des tambours. Le dessin en est
alerte et vif, plutôt sautillant qu'héroïque. Bien
que d'allure toute populaire, on n'en connaît guère
aujourd'hui le motif.
Celui-ci a pourtant été associé aux plus gran-
des actions.
Les biographes ont raconté que, dans la journée
d'Austerlitz, Napoléon, surveillant l'exécuti'on du
mouvement stratégique quil devait lui donner la
victoire, sifflait) entre ses dents l'ait d'un couplet
en vogue à l'époque « On va leur percer le
flanc. »
Ûuel est cet air ? Evidemment c'est un de ces
fredons dont on peut dire « Autant en emporte
le vent », et, en ce jour de décembre, la bise gla-
cée d'Austerlitz' a eu d'autres bruits à répandre dd
par le monde. Je n'ai pas connaissance que ce re-
frain ait laissé de traces écrites dans les parti-
tions ni dans les livres publiés au temps de
l'Empire. Il faudrait donc considérer comme per-
due cette relique d'une illustre journée, si la tra-
dition et le souvenir n'eussent permis d'en re-
trouver la trace.
Souvenir ancien cent vingt quatre ans! Pour-
tant, il m'a été donné de remonter jusqu'à lui et
le fixer à l'aide de la seule mémoire. Le program-
me du Théâtre Pigalle veut bien citer mon nom
parmi les sources musicales auxquelles M. H. Büs-
ser a puisé qu'il me soit permis maintenant
d'ajouter quelques explications relatives à ce cou-
plet famillier, mué, par les circonstances, en une
façon^de chant épique. I."i
Si mes souvenirs personnels ne rernonïèht pas,
tout à fait si haut, il m'a été donné pourtant de
connaître des personnes qui furent contemporai-
nes d'Austerlitz. Dans ma petite enfance, des
grand'mères et grand'tantes me berçaient dans
leurs bras en chantant' des airs de leur jeunesse.
Ma mémoire est très fidèle, et je garde ce qui y est
resté comme documents vivants. Un de ces airs,
bien rythmé, dans le refrain duquel l'aïeule, pour
amuser l'enfant, faisait mine d'imiter par son
geste le mouvement des paroles, disait ces mots
On lui percera le flanc,
Plan, pian, ran tan plan, tire lir' lan, plan;
On lui percera le flanc;
Que nous allons rire 1
Mais c'est là la chanson d'Austerlitz! Il n'y
a pas à s'y méprendre. Les paroles, la mélodie
aussi, évî.demment.avaient passé du champ de ba-
taille à !a chambre dû nouveau-né et s'étaient ré-
duites à !a fonction d'une berceuse enfantine 1
Serait-on curieux d'en connaître l'air? Le voici:
Oh! ce n'est pas là une musique héroïque, et
l'on conçoit très bien, en l'écoutant, qu'elle ait
fini par prendre cette destination familière. Ce-
pendant, l'air est resté répandu dans l'armée pen-
dant les années de l'Empire. Les musiques mili-
taires le jouaient, et voici un incident, semi-
burlesque, auquel nous allons le trouver fortui-
tement associé.
Il advint que; vers ce temps-là, eut lieu à la
cathédrale de Glermont-Ferrand une cérémonie
religieuse et militaire à laquelle l'armée participa
bruyamment. Les commandements, les maniements
d'armes retentirent sous la nef et la musique
y fit entendre les plus brillants morceaux de son
répertoire. Ces éclats parurent intempestifs et
scandaleux à des censeurs moroses; ils jugèrent
que la sérénité du saint lieu était troublée par
ces interventions indiscrètes de bruits de guerre.
« Le corps de musique, écrivit l'un d'eux, semblait
s'être appliqué à jouer les airs les plus ridicules,
tels que « Ahlle bel oiseau, maman », en choi-
sissant de préférence le moment de l'entrée de
l'évêque et celui de l'élévation. On croirait per-
cevoir l'écho des anathèmes fulminés par les con-
ciles de l'Eglise primitive contre les chantres qui
se rendaient coupables de faire entendre dans .e
temple tel canticum turpe atque nefanduml Pour
cette faute, le régiment de Clermont-Ferrand fut
déplacé.
Le fait est que la chanson du dix-huitième siè-
cle signalée dans la plainte est d'une allure vrai-
ment trop profane pour être jouée à la messe.
Faut-il en rappeler les paroles ? Voici le premier
couplet:
Ahl I le- bel oiseau, maman,
Qu'Alain a mis dans ma cage,
Ahl le bel oiseau, maman,
Que m'a donné mon amant,
Et voici encore la musique
Mais, à comparer les deux airs, nous éprouvons
de nouveau une surprise: c'est le même 1 Il n'y a
pas d'autre différence entre les deux versions que
celle qu'a introduite, dans le couplet militaire, le
refrain, intercalé suivant la pratique constante de
la chanson populaire: Plan, plan, ran tan plan, tire
lir'lan plan. A part cette addition médiane du
rythme de la marche militaire, la mélodie, du
commencement à la fin, est identique de part et
d'antre; la chanson de l'Empire se chantait sur le
« timbre » d'une chanson du dix-huitième siè-
cle.
Les musiciens de Glermont-Ferrand auraient
donc pu se défendre à bon droit contre l'accusa-'
tion 4'av.Qir. manqué de respect- à l'Eglise et voulu
traiter l'évêque de « bel oiseau ». Ils n'avaient, ja-
mais eu cette irrespectueuse intention: ils avaient
cru, tout au contraire, rehausser l'éclat de la cé-
rémonie en y faisant entendre l'air consacré à
Austerlifz.
Que, d'ailleurs, au point de vue musical, aussi
bien que religieux, il y ai;t eu quelque imperti-
nence à faire retentir d'accents si profa-
nes les voûtes de l'austère et grise cathédrale où
Paspa! a prié et que Rameau a remplie des nobles
accords de son orgue, cela est hors de doute. Mais
là n'est pas la question, et nous ne retenons l'in-
cident que parce qu'il nous a permis de savoir
que l'air par lequel Napoléon anima la bataille n'é-
tait qu'une application d'une chanson pastorale,
quelque peu grivoise, du temps de Louis XV..
JULIEN Tiersot.
e
LA RÉFORME DU JUrU
LA RÉFORME DU JVRY(~
:,x, -'L-.
r" «
L'ancien .bâtonnier, signataire de l'article ,tpe
nous publions, nous est connu, mais il ne désire
pas sortir du silence dans lequel il s'est enfermé
depuis la retraite à laquelle son -âge l'a Obligé. Il a
plaidé les plus grosses affaires criminelles pendant
plus de vingt-cinq ans devant la cour d'assises. Il
nous écrit, en outre, qu'il sait, par expérience, que
« la plupart des projets dus à la seule initiative
parlementaire restent ensevelis sous les cartons
de la commission des réformes judiciaires. » II
ajoute « La presse seule peut leur donner assez
d'intérêt pour qu'on y songe, et je souhaite que
votre enquête ait ce résultat. »
L'institution du jury procède du même prin-
cipe que le suffrage universel, et la réforme-. de
l'un semble aussi difficile que la réforme de
l'autre.
Il ne suffit pas d'avoir entendu le pour et le
contre pour savoir se décider raisonnablement» et
l'on ne saurait exiger de tous les jurés une fer-
meté de caractère ou une expérience suffisantes
pour les prémunir contre des entraînements aux-
quels nous sommes tous plus ou moins soumis.
Or, dans ieur chambre des délibérés, ils se
trouvent seuls, livrés à eux-mêmes, et soumis à
l'influence des plus déterminés d'entre eux, qui
ne puisent souvent leur facilité de décision que
dans leur plus grande inexpérience, leur hardiesse
ou leur témérité.
Serait-il possible, tout en laissant le sort dé-
signer la grande majorité des jurés sur la liste
habituelle du jury, tel qu'il est institué, par exem-
ple 9 sur 12, de ieur adjoindre des professionnels
aussi indépendants qu'eux, qui délibéreraient
avec eux, et dont l'opinion plus éclairée aurait au
moins la valeur d'un dernier avertissement!? Il
ne serait pas difficile de dresser dans chaque dé-
partement une liste de tous les licenciés en droit,
''̃de '̃ tous les officiers ministériels, des juges cônsii-
laires, des juges de paix en exercice ou en re-
traite, et de faire désigner par le sort trois d'entre
eux qui viendraient compléter les neuf jurés que
le sort aurait déjà désignés pour former le jury
de jugement.
Ainsi constitué, ce jury déciderait de la condam-
nation ou de l'acquittement; de l'acquittement
à la majorité simple de 7 voix sur 5, mais de
la condamnation à la majorité toujours nécessaire,
des deux tiers des voix; les condamnations à
mort ne pouvant même résulter que de la majo-
rité des trois quarts des voix.
A l'heure actuelle, par une véritable monstruo-
sité juridique, il suffit de l'égalité des voix, 6 con-
tre 6, pour décider d'une condamnation à mort!
La cour serait alors appelée à délibérer avec
le jury sur l'application de la peine et le jury
resterait le maître de reconnaître des circonstan-
ces très atténuantes si les peines applicables lui
semblaient exagérées. Il délibérerait également
sur l'application de la loi de sursis.
Enfin, par extension de l'article 352 du code
d'instruction criminelle, il pourrait' être décidé
que la Cour de cassation recevrait le pouvoir ac-
cordé aux cours d'assises de renvoyer l'affaire à
une autre session, sur- un mémoire motivé dé la
défense, s'il lui semblait qu'une erreur de fond
ait été commise. '1
Cette garantie précieuse contre ..une erreur ju-'
dieiaire' toujours possible, voulue et édictée par
le ^législateur, n'est restée que lettre morte depuis
qu'elle existe. Aux termes de l'article 852, per-
sonne n'a le droit de l'invoquer! Il faut que là.
cour en fasse d'elle-même l'application d'office..
Je ne sais si on en citerait un exemple.
e 1J.l)I,4NS:Ù1JN"'SA'TONNŒR.¡,;I
AtJ JOUR LE:ÏOPft:
•te eeftfceûaife dû pofie de Venise"
Les grands anniversaires du romantisme ne .sont
pas encore tombés, et, cependant, l'année 1929
marque déjà le centenaire de deux œuvres théâ-
trales importantes qui forment comme la préface
de la révélation de Hernani. En février dernier,
c'était celui de la représentation de Henri III et
sa cour, ce mois-ci, c'est celui de YOthello) d'Al-
fred de Vigny, à da Comédie-Française.
Encore que cette dernière pièce ait fait moins
de tapage que le drame d'Alexandre Dumas père,
elle n'en joue pas moins un rôle de premier plan
dans l'histoire du théâtre romantique elle af-
firme, elle consacre l'admiration de la nouvelle
école pour Shakespeare, sans compter qu'elle est,
dans l'esprit de ceux qui l'applaudissent, une ma-
chine de guerre montée contre notre théâtre clas-
sique, contre celui de Racine en particulier.
On sait l'impression profonde que la venue à
Pariks, quelque temps auparavant, des acteurs an-
glais, en particulier de Kemible et de miss Smith-
son, provoqua, par leurs représentations odéonien-
nes des scènes de Shakespeare, une vraie révéla-
tion dans la jeunesse littéraire.
Nul n'y fut plus sensible qu'Alfred de Vigny,
rattaché déjà à l'Angleterre par tant de liens, en
particulier par son mariage avec miss Lydia Bùii-
bury. L'idée de traduire et de faire jouer quel-
ques chefs-d'œuvre shakespeariens devait venje.
tout naturellement à son esprit. Ce fut par Roméo
et Juliette qu'il commença, en collaboration, avec,
son ami intime, Emile Deschamps. ~*A
Reçue d'enthousiasme à la Comédie-Française,
la pièce ne devait, cependant, jamais être jouée.
La faute en fut à Mlle Mars, toute-puissante alors
à la Maison de Molière, qui dit, un jour, à Vigny,
en termes voilés, qu'elle ne se trouvait plus assez
jeune pour le rôle.
Si j'avais l'âge de Juliette, monsieur le comte,
ajouta-t-elle, je n'aurais pas mon talent, mais,
ayant ce talent, je n'ai plus, son âge.
Devant un tel aveu il fallait s'incliner, mais le
baron Taylor ne se tint pas pour battu, et, quel-
ques mois plus tard, il rentrait triomphalement
avec, sous le bras, le manuscrit du More de Ve-
nise, traduction d'Alfred de Vigny.
La pièce avait été lue en grande pompe, à ion
cercle d'artistes qui, huit jours avant, avaient en-
tendu dans les mêmes conditions la Marion De-
lorme de Victor Hugo. Sans doute le public n'é-
tait-il pas tout à fait le même aux deux lectures
et un témoin de ces deux manifestations littérai-
res, Edmond Turquéty, notait- il que « chez M. de
Vigny il y avait beaucoup de comtes et do barons
dans un appartement plein de luxe et d'ornements,
tandis que chez M. Victor Hugo, il y avait davan-
tage d'artistes », mais le résultat était. le même et
l'enthousiasme aussi débordant1 de part et d'autre.
Ce fut donc sous d'heureux auspices que les ré-
pétitions de la pièce commencèrent au Théâtre
Français. Alfred de Vigny eût souhaité avoir pour
interprète cette Marie Dorval à laquelle il allait
vouer un amour si passionné, mais Mlle MarâVnHS
nérmit même pas que la question fût posée fI.«t,;
d'autorité, s'empara du rôle de Dèsdérnone. Joahn^
lui donnait la réplique. C'étaient deux précieux
auxiliaires, mais qui n'étaient pas ceux qu'il au-
rait fallu pour une pièce où le traducteur avait
montré de telles licences avec la tradition, où il
avait accumulé à plaisir les audaces.
Spirituelle, légère, fine et gracieuse, comment
Mlle Mars aurait-elle pu représenter la mélanco-
lique maîtresse du More ? Et comment Joanny, au
nez retroussé et aux gestes familiers, eût-il pu
faire frémir une salle sous les traits formidables
d'Othello? v
Les répétitions ne tardèrent) pas à se ressentir
de ces erreurs de distribution. A propos du mou-
choir, du fameux mouchoir sur lequel roule toute
une scène du troisième acte, Mlle Mars ne put
s'empêcher de protester.
Voyons, mon cher auteur, dit-elle avec son'
plus gracieux sourire, vous tenez absolument à ce
que je prononce le mot de mouchoir ?
Mais, madame, il est dans Shakespeare.
• Jamais, cependant, il n'a été prononcé sur
une scène française. On dit bandeau, écharpe, n'im-
porte quoi, mais pas mouchoir?^
(i) Voir le Temps des 22, 25, 31 août, 3, 7., iO, 13,
20, 29 septembre, et 15 flotobre.
Madame, j'y tiens.
Très bien, monsieur, je le dirai, puisqu'il le
faut.
Et Mlle Mars se retirait pleine de dignité, lais-
sant le poète dans une sourde colère.
Evidemment, les sociétaires de la Comédie-
Française ne pactisaient pas avec les auteurs de
la « jeune école », mais la Maison, depuis trois
ans, traversait une crise si désastreuse que le
traitement mensuel des comédiens était lui-même
en péril. Dans ces conditions, ces derniers com-
prenaient d'instinct que, plutôt que de revenir aux
Régulus et aux Agamemnon, il était encore pré-
férable de risquer le tout pour le tout avec des
pièces d'une esthétique entièrement nouvelle.
Le succès récent de Henri III et sa cour devait,
du reste, les confirmer dans leur jugement. Ces
jeunes romantiques pouvaient avoir des défauts,
mais une qualité leur était connue: la solidarité.
Ils s'étaient réunis dans une manière de conjura-
tjion pour, exalter et soutenir la pièce d'Alexandre
Dumas, ils-allaient contracter entre eux la même
alliance pour l'œuvre de Vigny, on les retrouve-
rait quelques mois plus tard, à la première de Her-
,nani, et ce serait ainsi tout le long de l'histoire
de ce théâtre fameux. Toujours le'parterre ferait
bloc avec les galeries supérieures contre les gens
de l'orchestre et des loges, toujours les partisans
se dresseraient contre l'ennemi commun.
On le vit une fois de plus à la première du
More de Venise. L'histoire littéraire ne nous a
pas laissé la liste complète des « conjurés », mais
nous n'ignorons pas les noms des chefs de file.
Nous savons que c'est Brizeux qui s'était engagé
à recruter les claqueurs: « Je les crois bien dé-
voués, écrivait-il au poète, et vous réponds de
leur zèle. D'ailleurs, le dévouement sera facile.
Othello a tué d'avance tous ses adversaires. »
A côté de Brizeux, il y avait Busoni', son colla-
borateur, Auguste Barbier, le futur auteur des
lambes, Devéria, les deux Johannot et tous les
camarades de Barbier dans l'étude de Me Fortuné
Delavigne, le frère de l'auteur dramatique; Jules
de Wailly, Damas-Hinard, le traducteur du Ro-
mancero- Olivier Fulgerice, qui devait se faire un
petit nom avec la romance, et Louis Veuiilot, qui
remplissait le rôle de petit clerc dans cette même
étude littéraire.
Ce petit clan n'avait ni l'importance ni la va-
leur de celui qui devait, l'année suivante, imposer
Hernani, mais c'en était assez pour forcer le res-
pect do l'adversaire et permettre aux nouveautés
audacieuses de passer la rampe.
On se doute que le mouchoir suscita des pro-
testations indignées de la part des classiques qui
se récriaient aussi devant l'audace des métapho-
res shakespeariennes conservées par le traduc-
teur. Cependant le nom même de rauteuri::d'Otàe«o
empêchait ces protestations de prendre le tour
violent qu'elles devaient avoir avec Hernani. On
souriait de certains traits. on n'osait pas siffler
et tempêter.
Les spectateurs des représentations suivantes
se montrèrent moins dociles. Le nom de Yago, à
lui seul, faisait, on ne sait pourquoi, éclater les
rires, des alexandrins audacieux étaient accueillis
par des huées, des lettres d'indignation pleuvaient
chez le baron Taylor « Vous êtes absurdes, pre-
nez garde, et dites à M. de Vigny de retirer sa
pièce ou il pourra vous en cuire à tous. »
La presse, dans son ensemble, se montra très
.«évère. La Gazette de France, journal ultra, pro-
testa contre des horreurs « dignes des temps da
barbarie et des nudités faites pour des époques
d'une complète démoralisation. » M. de Vigny,
disait-elle en substance, a fait la preuve qu'à
l'Apollon du Belvédère il préférait les idoles des
nègres de l'Afrique 1
Le Constitutionnel n'éreintait pas seulement le
traducteur, mais l'auteur. Génie brutal, concep-
tions gigantesques et mesquines, inspirations su-
blimes et triviales étaient les traits que Shake-
speare recueillit dans la mêlée. Seuls, la Quoti-
dienne et le Journal dos Débats défendaient ou-
vertement l'œuvre et l'écrivain. Quant au Figaro,
il désirait tenir la balance égale entre les deux
parfis, tout en regrettant qu'un mari de tragédie
puisse dire à sa femme « Va te coucher » et que
Desdémone ose prier sa servante « de la délacer ».
Cependant il vantait Mlle Mars et admirait sans
̃mesure; les décors de ̃. Gite'êfiV^
Enfla' lé fameux Charles Maurice, ce' partisane
qui régnait par là terreur, l'escopette au poing,
écrivait dans son journal quelques lignes dédai-
gneuses sur ce spectacle de quatre heures qui
manquait d'action et sur cette monotonie qui
finissait par désespérer le public. Et, cependant,
quelle lettre d'humilité Alfred de Vigny ne lui
avait-il pas écrite la veille de la première! « J'ai
fait la part de Shakespeare pour vous être
agréable; à présent, monsieur, faites la mienne. »
En somme, le premier essai dramatique du
poète connaissait un demi-échec. Quand on com-
pare les représentations de sa pièce à celles de
Henri III ou de Hernani, elles paraissent bien
ternes, bien neutres, bien obscures. La vite ne
frémit pas encore sous sa plume de dramaturge,
il faudra les cris désespérés de Chatterton pour
qu'on puisse l'acclamer. Mais un grand pas a,
cependant, été accompli avec ce More de Venise
un peu froid la brèche a été ouverte au Théâtre-
Français dans les esthétiques périmés avec de
beaux vers d'un rythme nouveau, un pan du mur
de la tradition s'est ébranlé par lequel va s'en-
gouffrer, quelques mois plus tard, le génie irré-
sistible et tumultueux de Victor Hugo.
Jules iBERTAUT.
CHRONIQUE BïBklOGRSPaiOOÊ
Lucienne Favre La Noce> (Grasset, éditeur.)
II est des livres dont le destin échappé aux ca-
prices de l'actualité. La Noce est de ceu£-là. Dès
son apparition, il' a obtenu un succès retentis-
sant. Puis, comme il arrive souvent, la chronique
s'est .préoccupée d'autre.chose. Mais elle y revien-
dra, car la Noce est mieux qu'un beau livre. C'est
le tableau, le plus vivant, le plus complexe, le
pl*us pathétique que nous ayons de la vie contem-
poraine dans une petite ville de province fran-
çaise. Tout s'y trouve réuni le charme et la
profondeur, la grâce extrême d'une narratrice ro-
manesque qui s'est plu à créer une image sublime
de son rêve, et l'implacable sévérité d'une obser-
vatrice qui juge sans faiblesse et sans pitié les
hommes et les femmes de son temps. Quelle ar-
deur
Et quelle virilité singulière Les emportements
mêmes de Mme Lucienne Favre sont atténués par
on ne sait quelle mansuétude souveraine. Elle est
sévère, certes Elle ne cache ni les turpitudes da
ses sœurs de chair et de misère, ni celles, mille
fois plus décevantes et plus amères, du sexe fort,
qui est le plus faible des deux.
Mais elle est clairvoyante aussi. Elle fait la part
des lois incoercibles auxquelles nous obéissons. De
là, cette indulgence qui parfois comme un sou-
rire illumine des pages dont la lecture finalement
serait trop humiliante pour nous.
Un maître livre, en somme, ce livre puissant,
plein de tendresse et de pitié et qui est d'une si
haute et si amère signification Et la dernière
page finie, on se demande avec stupéfaction com-
ment une femme a pu écrire cette œuvre d'une
ardente virilité, et qui un jour figurera parmi les
plus belles et les plus pénétrantes qui aient été
jamais écrites.
André-Charles Coppier. Les eahix-fortes au-
thentiques de Rembrandt. (Firraiin-Didot et Cie,
éditeurs.), ̃•̃̃;• .̃̃̃.̃
j On connaît les magnifiques travaux que M. An-1
drë-Charles' Coppier a consacrés aux eaux-fortes
de Rembrandt. Grâce à lui, une foule de points
obscurs ou controversés ont été définitivement
élucidés. Nul n'était mieux préparé à une telle
tâche. M. André-Charles Coppier est un techni-
cien. Il sait tout ce qu'on peut savoir du métier.
Mais sa science, si complète qu'elle soit, ne
J'aveugle pas. Selon lui, il est indispensable, pour
déceler les procédés d'un maître, d'acquérir une
expérience graphique suffisante. Assurément, il
ne saurait s'agir d'égaler les Léonard ou les Rem-
brandt. Qui donc pourrait avouer une telle pré-
tention ? Encore convient-il de posséder assez
l'art de manier une pointe « pour réaliser des
répliques rigoureusement fidèles, où l'expérience
technique dont ces maîtres ont fait l'armature
matérielle de leurs chefs-d'œuvre serait recons-
tituée par les mêmes moyens »^
Le graveur, chez Rembrandt, est au moins égal
au peintre. Il a donné à l'eau-forte la majeure
partie de sa trop courte existence. Mais ce n'est
qu'en examinant successivement ses planches, par-
fois avec une loupe, sous la direction de M. An.
dré-Charles Coppier, qu'on aura une idée com-
plète et rationnelle de l'importance artistique et
morale de cette œuvre colossale. Sa longue et
patiente étude des eaux-fortes de Rembrandt lui
a donné toute, l'autorité nécessaire pour en éta-
blir un catalogue définitif. On le trouvera à la fin
de l'étude où, après avoir donné une analyse ad-
miratilement intelligente et .précise des procédés
du maître, il élague -et condamne comme des faux
impudents, provenant pour la plupart des mar-
chands marrons du dix-huitième siècle, 140 des
planches qui figurent dans le catalogue de
Bartsch, et qui ont été, en général, aveuglément
Aitérinées par les successeurs de celui-ci. Avec
une modestie qui lui fait honneur, l'éminent
artiste se déclare, en terminant, convaincu que le
lecteur qui aura suivi ses démonstrations avec
quelque soin sera capable, tout comme lui-même,
d( faire cette discrimination.
La grande oeuvre de la chimie. (Edité par Chi-
mie et Industrie). La Société de chitnie indus-
trielle dédie cet ouvrage à Marcelin Berthelot.
Présentée sous la forme d'un volume de 250 pa-
ges, illustré par Pierre Bougnerel, la Grande oeu-
vre de la chimie ne comprend pas moins do
soixante articles signés des noms les plus connus
des industries chimiques. Chacun de ces articles,
rédigé par un spécialiste, concerne une des appli-
cations de la chimie à l'alimentation, aux arts
ménagers, à l'habillement, aux beaux arts, etc., etc.
L'ensemble > constitué un véritable monument
élevé à la branche la plus féconde des sciences
physiques.
Ceux qui ont le sôucï du progrès de la chimi'e
et de ses applications se doivent de montrer au
grand public quel rôle fondamental elle joue dans
les différents domaines de l'activité humaine ils
puiseront dans la Grande œuvre de la chimie
les éléments do leur propagande.
L'aviation utilitaire
LES RELATIONS AÉRIENNES
entre S'aracle» et le nouveau monde
La France n'a pas ménagé ses éloges au docteur
Eckener, et ce fut justice. Vaillance, ingéniosité,
opiniâtreté, toutes les qualités nécessaires à la
réussite d'une grande entreprise, le commandant du
zeppelin qui vient d'accomplir le tour du monde
a montré qu'il les possédait à un degré supérieur.
Les ingénieurs comme les aéronautes ont applaudi
à son exploit. Avec une aisance apparente, en tout
cas avec patience et sang-froid, il a réalisé le pro-
jet qu'il avait conçu. Son audace, il l'appuyait de
prévoyance. Bravant tous les risques d'un voyage
aérien de si longue durée, il avait mis, par ses
études minutieuses et les précautions qu'il avait
prises, toutes les chances de son côté, dans la
mesure où l'on peut s'assurer du destin quand on
se propose de franchir le Pacifique et l'Atlantique
et d'immenses territoires inhabités. II a voulu ho-
norer son pays et prouver la puissance de son
engin. Son double vœu a été exaucé.
Mais faut-il en conclure que les moyens dont
désormais dispose l'homme pour voyager par la
voie des airs aient été accrus? II ne semble pas.
Le zeppelin^ qui vient de boucler la boucle terres-
tre, est .un Mirigeabte'ïperf ectkmné, mais c'est un
dirigeable actionné et dirigé selon les principes de
tous les dirigeables, et le succès éclatant du docteur
Eckener ne peut faite oublier les échecs subis par
les constructeurs et les conducteurs de dirigeables
moins lourds que l'air dans les entreprises anté-
rieures. Ce n'est aucunement diminuer le mérite du
docteur Eckener, et c'est même rendre un plus
grand hommage à son courage et à celui de ses
compagnons que de constater que le zeppelin reste
un fragile instrument de transport aérien. Que,
de surcroît, ce soit un instrument extrêmement
coûteux, c'est une face du problème que nous n'en-
visagerons pas présentement. La question que nous
nous posons peut se résumer en ces termes le
zeppelin offre-t-il désormais plus d'aisance et de
sécurité que les avions dans les voyages aériens de
continent à continent? La sagesse, l'expérience et
la bonne foi commandent qu'on réponde non.
Il faut donc louer les techniciens qui poursui-
vent leurs recherches pour améliorer la puissance
et la souplesse du « plus lourd que l'air n, encou-
rager la formation des pilotes et navigateurs et
remercier ceux qui ouvrent aux avions des voies
nouvelles, en s'appliquant à les utiliser pour des
fins pratiques. Le dernier raid du zeppelin est un
tour de force sportif qui soulève l'enthousiasme.
Mais la vie a des nécessités qu'il faut satisfaire, et
l'avion.comme rhydravion,semble bien rester l'ins-
trument le plus docile et le plus sûr pour, per-
mettre aux hommes de rapidement se transpor-
ter et de transporter leur courrier et leurs mar-
chandises légères par-dessus les terres et les
océans.
De ce point de vue, la France a fait un très bel
effort dont les résultats n'ont pas ébloui le public,
mais ont bien servi ses besoins. Il n'est pas inutile
de rappeler que, grâce à une .compag'nîè française;'
à la Compagnie générale aéropostale, un service
̃ aérien régulier relie la France à l'Amérique du
sud. Chaque semaine, partent de chez nous des
avions pour Buenos-Aires. Et le voyage de retour
se fait avec la même régularité. La durée du
voyage, qui était jusqu'ici de neuf jours, sera
bientôt réduite à six jours, puis, un peu plus tard,
à cinq. Ce réseau français comporte, en outre, des
ramifications vers le 'Brésil, la Guyane, le Ve-
nezuela et les Antilles.
Le gouvernement du Venezuela, d'autre part, a
conclu, avec la Compagnie générale aéropostale,
un accord ouvrant à notre grande firme aérienne
d'intéressantes perspectives d'avenir pour le pro-
longement de la ligne du nord, qui partie de Natal,
va prochainement créer une liaison avec les
Guyanes.
D'après les termes de ce contrat, intervenu pour
dix années, Je Venezuela réserve à l'Aéropostale
tout son fret à destination de l'Europe, de l'Afri-
que et des différents pays de l'Amérique du sud.
En outre, la compagnie française se voit concé-
der le droit d'exploiter une ligne intérieure de près
de 1,200 kilomètres, qui suivra le tracé Maracaïbo-
Maracaïciudad-Bolivar.
En même temps, une nouvelle convention signée
entre la Compagnie générale aéropostale et le gou-
vernement du Chili, charge l'aviation française du
transport du courrier à destination de la Bolivie,
du Pérou, des Etats-Unis, du Canada et vice versa.
Le gouvernement chilien assure à la compagnie
contractante la moitié de toute la correspondance
aérienne. Le contrat est valable pour cinq années
et renouvelable, à échéance, pour une période de
même durée. La ligne Chili-Bolivie-Pérou sera
inaugurée au mois de mai de l'année prochaine et
le prolongement vers l'Amérique du nord à la fin
de février 1931.
La liaison aéri enne1' entre Buenos-Airesefi San-
tiago du Chili présente des difficultés exception-
nelles les appareils de la Compagnie générale
aéropostale franchissent la Cordillère des Andes.
Nos aviateurs doivent donc s'élever à une altitude
voisine de 7,500 mètres. Il leur est arrivé d'y subir
une température de 54° au-dessous de zéro.
Il leur est arrivé aussi d'y rencontrer d'ef-
froyables tempêtes. Au mois d'août dernier, un
pilote dut même rebrousser chemin devant l'obs-
taole des vents aspirants, des remous et du brouïi-
lard. Le courrier fut alors confié au chemin de fer
« transandin » dont la marche, supposait-on,
était sûre, malgré les circonstances contraires. Le
train lui-même ne put passer, et ce fut finalement
l'avion qui reprit le courrier et le distribua aux
destinataires.
Voilà des exploits répétés qui) ne sont pas consi-
dérés comme sportifs et qui pourtant exigent de
ceux qui les réalisent une vaillance soutenue, une
ingéniosité et une opiniâtreté rares. Ceux qui les
ont organisés méritent également quelques éloges.
Ainsi se réalise l'ambition humaine de rappro-
cher de plus en plus les nations, de les aider à
se pénétirer de plus en plus et par conséquent
d'habituer les hommes à se comprendre en acqué-
rant une plus juste notion de leurs intérêts réci-
proques.
Du seul point de vue commercial, les entrepri-
ses de la Compagnie générale aéropostale offrent
un avantage évident; mais, considérées du point
de vue national et humain, elles présentent un
intérêt plus vaste elles maintiennent et même
grandissent le prestige de la France et attestent
notre volonté persévérante de ne nous laisser dé-
passer par aucun do nos rivaux, quelles que soient
leur énergie et leur ténacité.
Il est admirable d'avoir accompli le Cour du
monde en dirigeable; il est peut-être moins
« sensationnel », mais plus utile, d'assurer des re-
lations aériennes régulières .entra l'ancien -monde
et le nouveau.
PAUL ROUSSEAU.
Les demandes de changement d'adresse doi-
vent nous parvenir 24 heures à l'avance et ne
peuvent être exécutées que si elles sont accom-
pagnées d'une des dernières bandes, de la
somme d'un franc pour impression des nou-
velles bandes.
Pour les numéros à expédier à l'étranger,
joindre aussi le montant approximatif des frais
de poste, soit 0 fr. 25 par numéro pour les
pays suivants Abyssinie, Afrique du sud
(Union de 1'), Albanie, Allemagne, Argentine,
Autriche, Belgique, Brésil, Bulgarie, Canada,
Chili, Colombie, Congo belge, Costa-Rica, Cuba,
République dominicaine, Egypte, Equateur,
Espagne, Esthonie, Ethiopie, Finlande, Grèce,
Guatemala, Haïti, Hongrie, Honduras, Lettonie,
Libéria, Lithuanie, Luxembourg, Maroc (zone
espagnole), Mexique, Nicaragua, Panama,
Paraguay, Pays-Bas, Perse, Pologne, Portugal
et colonies, Roumanie, Salvador, Serbie-Groa-
tie-Slovénie, Tchécoslovaquie, Terre Neuve,
Turquie, Union soviétique, Uruguay, Vene-
zuela, et Q fr. 50 pas numéro pour les autres
Eays,
FÀiTS-DIVERS
Bulletin de l'Office National météorologique
I. Le temps du 14 ais 15 octobre, à 7 heures.
Maxima: Marseille-Marignane +28°, Bordeaux, Royan-
la Coubre 25°, Toulouse 24°, Antibes 23°, Perpignan 22°,
Rennes, Tours, Lyon, Avord, Dijon, Besançon 20°, Va-
lenciennes, Paris-Saint-rMaur, Nantes 19°, Brest, Bayon-
ne, Nancy 18°, Calais-Saint-Ingievert, le Havre, Stras-
bourg 17°.
Minima: Antibes +14°, Bayonne 13°, Perpignan 11°,
Brest 10°, Marseille-Marignane 9°, Paris-Saint-Maur,
le Havre, Tours, Nantes, Royan-la Coubre 8°, Valencien-
nes, Calais-Saint-Inglevert, Toulouse 7°, Rennes 6°, Lyon,
Dijon, Besançon 5°, Bordeaux, Nancy 3°, Clermont-
Ferrand, Strasbourg 2°.
Etat de la mer le 15 octobre, à 7 heures: Calais-Saint-.
Inglevert, le Havre, Royan-la Coubre, Socoa, Sète, Anti-
bes calme sans houle, la Hague calme avec houle.
Pluies des 24 heures le 15 octobre, à 7 heures: néant.
II. -,Situation générale le 15'octobre, à 7 heures.
Une dépression est centrée sur, la Finlande (985 mb)
elle s'étend aux parages nord du golfe de Bothnie (987
m>b) à l'île Jan-Mayen (1,009 mb) et aux parages nord
de la Pologne (1,015 mb). Un anticyclone couvre toute
l'Europe occidentale et centrale, maximum 1,038 mb
Lorraine. Il s'étend jusqu'à l'Ecosse, l'Irlande et l'Is-
lande (1,023-1,026 mb), jusqu'au centre de la Russie
(1,023-1,025 mb), jusqu'à l'Italie et la péninsule ibéri-
que (1,021-1,025 mb). A Paris 1,031 mb. Le courant de
perturbations se déplace sensiblement de l'ouest à l'est,
III. Evolution probable de la situation
jusqu'au 16 octobre, à 7 heures.
Une hausse de l'ordre de +15 à 20 mb couvrira les
parages nord-est de la Scandinavie e'étendant à tout le
golfe de Bothnie et à la Finlande (+10 à 15 mb) et plus
faiblement à l'Europe centrale (+1 à 14 mb). Une
baisse de –15 mb sera centrée sur les Feroë, s'étendant
au sud des îles Britanniques (– 5,'mb) et à la France
(–1 3 3 mb).. A
IV. Evolution probable du temps en France
jusqu'au 16 octobre au soir.
Les perturbations continuent à- passer à des latitudes
élevées et ne peuvent toucher la France où le beau
temps actuel va encore persister.
En conséquence:
a) Vent. Très faible et variable, secteur sud-est do-
minant.
b) Etat du ciel. Beau temps général, brumeux ou
très brumeux dans la seconde partie de la nuit et la
matinée.
o) Température. Sans grand changement.
Région parisienne:
V. Prévisions pour la nuit du 15 au 16 octobre.
Vent très faible et variable, sud-est dominant. beau
temps devenant brumeux, brouillard dans la seconde
partie de la nuit. Même température.
VI. Probabilités pour la journée du 16 octobre.
'Vent- très faible et variable, secteur sud-est dorai-*
nant," bromes ou brouillards le matin, beau temps l'a-
près-midi. Même température. t.
L'incident de l'ambassade des Soviets
Des émissaires des tchékistes auraient tenté
d'enlever le jeune fils de M. Biezedovski, ancien
conseiller, à l'ambassade des Soviets. La police
française aurait connu et déjoué toutes ces tentas
tives.
Les vols de colliers. L'enquête poursuivie par
M. Siri, commissaire de police du quartier de la
porte Dauphine, sur le vol du collier dont Mlle Pa-
tino a été victime, a permis d'identifier le voleur.
Il se nomme Nicolaï Aps, est né à Riga (Lettonie),
le 12 septembre 1897. Il a été expulsé de France
par un arrêté du préfet du Var, à la suite d'une
condamnation pour vol le 27 juillet 1927. Le bri-
gadier Goret et l'inspecteur Huguier, de la brigade
spéciale à la police judiciaire, ont été chargés de
rechercher le faux valet de chambre. 0
Mlle Sogt, riche Brésilienne dé passage à Pa-
ris, s'est rendue au commissariat du quartier du
Gros-Caillou pour déclarer qu'on lui avait volé
un collier de 121 perles, valant 125,000 francs. Une
enquête a été ouverte.
Employés infidèles. Une maison d'imprimerie
et d'édition dont le siège social se trouve rue Cen-
sier était mise au pillage par ses employés. Ces
derniers viennent d'être arrêtés à la suite d'una
enquête de M. Fauvel, commissaire de police de
la Maison-Blanche. Ce sont Albert Cassier, électri-
cien, rue Charles-Fourier; Ernest Barley, rue
Mouffetard; Marie Bodin, rue Censier; Georges
Rotté, menuisier, rue Monge; Georgette Tetax, rue
Mtonge,; Joseph Decr ay, rue • Ernestine Gabriel
Coursepoix, manœuvre, rue Alphar^d; Paul Légier
et sa femme, Constance, née William, rue Censier.
Un ancien employé de la maison, Léon Ex, 54
ans, rue du Gaz, et un débitant de la rue Censier,
Paul Banquier, 40 ans, qui écoulaient les mar-
chandises volées, seront également poursuivis
pour recel.
Les accidents de la circulation. L'automobile
de M. Colin, 58 ans, rue de Dunkerque, à Paris,
conduite par le chauffeur Joseph Malvoisin, vou-
lant doubler une autre voiture sur la route na-
tionale n° 7, à Paray (Seine-et-Oise), a renversé
une motocyclette montée par deux marins, MM.
Marius Filstors, qui fut tué sur le coup, et son
camarade Aimé Coursude qui, relevé grièvement
blessé, a été transporté à .l'hôpital de la Pitié.
Au moment où il s'approchait de son camion
arrêté sur la route nationale aux environs de
Meaux (Seine-et-Marne), M. Fourré fut happé par
une automobile. Il succomba pendant son trans-
fert à l'hôpital de Meaux.
Un camion a renversé, place Saint-Vivien, à
Rouen, M. Alfred Lambert, 64 ans. Les deux jam-
bes broyées, M. Lambert a succombé à l'hospice
général.
Une camionnette, conduite par M., Fontaine,
36 ans, de Chatou, qui apprenait à conduire, a ca-.
poté à Gournay-en-Bray (Seine-Inférieure) et a
heurté une passante, Mme Burckart, 40 ans, de
Croissy-sur-Seine, qui, projetée à 30 mètres, a suc-
combé à ses blessures. M. Fontaine a été arrêté.
A Montluçon (Allier), deux cyclistes, MM.
Pierre Renon et François Vincent, âgés de 24 ans,
ouvriers d'usine, sont entrés en collision à l'angle
de deux rues: Le premier a été transporté à l'hô-
pital-civil dans un état très grave. Le second, qui
était marié et père de quatre enfants, a eu le
crâne brisé et a succombé.
Un autobus transportant dix-neuf joueurs de
football de Montblanc à Servian (Hérault) est
entré en collision avec une camionnette près du
village de Servian. Deux des occupants de la ca-
mionnette ont été tués sur le coup. Ce sont Mme
Juliette Gassin et M. Jean Gannibal. Le chauffeur
a été blessé légèrement. Quelques voyageurs de,
l'autobus ont été contusionrïés.
Sabotage commercial. Un vétérinaire de War-
neton (Belgique), M. Valère Domicaut, qui ex-,
ploite à Bruxelles un établissement de produits
pharmaceutiques, avait ouvert en France, à Comi-
nes (Nord), une succursale dont il avait confié la
gérance à une jeune fille âgée de 18 ans, Mlle Ma-
.rie Vanleylen. M. Domicaut ayant remarqué des
irrégularités dans le fonctionnement de' cette
agence, chargea la brigade mobile de Lille de
procéder à des recherches. Les enquêteurs vien-
nent de découvrir que Marie Vanleylen s'était
laissé circonvenir par un ancien associé de son
patron, Gaston Halin, qui voulait nuire aux affai-
res de M. Domicaut. La jeune fille faisait dispa-
raître la plupart des lettres de commandes et por-
tait au grenier ou jetait dans un jardin les colis
de produits pharmaceutiques. Elle a été arrêtée.
Elle a déclaré que Gaston Halin, pour la décider à
ces actes de sabotage, lui avait donné cinquante
francs et un collier d'or.
Mort suspecte. A l'arrivée, dimanche soir, à
Bourgoin (Isère), de l'omnibus Lyon-Grenoble, qui
avait quitté Perrache à 20 h. 15, le chef de train
a constaté que le conducteur de queue du convoi,
M. Masse, âgé de 35 ans, marié et père d'une fil-
lette, avait disparu. Des recherches furent entre..
prises, et, dans la nuit, on retrouva le cadavre du
malheureux, à proximité du poste 3 de la gare de
Lyon-Guillotière. Les deux jambes étaient broyées
et un bras complètement arraché. Des hlessures
que M. Masse portait à la* tête ayant paru suspec-
tes, le corps a été transporté à la morgue pour y
être autopsié. Là le gardien a constaté que le por-
tefeuille et le porte-monnaie de la victime étaient
vides et que les poches avaient été retournées.
Une enquête est ouverte, pour savoir si le conduc-
teur a été attaqué et dépouillé dans son fourgon,
puis jeté sur la voie, ou bien s'il est tombé acci-
dentellement, et, dans ce cas, a été dévalisé durant
le temps passé au dépôt mortuaire de la Guillo-
tière, en attendant son transport à la morgue de
Lyon.
Evasion d'un détenu. Détenu à la prison
d'Epinal, l'Autrichien Jean Ebner avait été con-
duit, hier, au palais de justice de cette ville. Sous
la surveillance des gendarmes il attendait d'être
introduit dans le cabinet du juge d'instruction.
Soudain il se, leva, descendit en hâte les escaliers
et parvint à échapper aux gendarmes qui s'étaient
élancés à sa poursuite. Ce malfaiteur n'est autre
que le cambrioleur acrobate des villes d'eaux,
condamné le 2 mai dernier, à 10 ans de travaux
forcés par les assises du Puy-de-Dôme. A deux re-
prises déjà il s'était échappé, la seconde fois
pendant l'audience du tribunal correctionnel de
Clermond-Ferrand, mais il avait été repris aus-
sitôt.
Attentat simulé dans un train. Mlle Came-
lin, la marchande foraine qui avait déclaré, ainsi
que nous l'avons relaté, avoir été attaquée dans
le train de Lyon à Genève, vient d'être arrêté_e.
gauches en vue'de la réalisation d'un programme pré-
cis et, immédiat dont il trace les grandes lignes.
Un tel programme devrait, logiquement, grouper
toutes les bonnes volontés républicaines et dégager une
majorité de gauche capable de résister à tous les as-
sauts. Mais la logique ne triomphe pas toujours en
politique, et, tout en s'efforeant de faire prévaloir un
plan si légitime, si conforme aux aspirations et aux
besoins du pays, le parti radical commettrait une im-
prudence en prenant .ses désirs pour des 'réalités déjà
acquises. Il ne doit, pas ignorer qu'il peut malheureu-
sement se heurter, sur sa droite et sur sa gauche, à
des défaillances et à des refus de collaboration.
Dans ce cas, son devoir est de préparer l'avenir par
une double action, d'abord par une opposition cons-
tructive au Parlement, c'est-à-dire en montrant au pays
les fautes commises'par la majorité, en s'efforçant,
dans Tintérêt supérieur du pays, d'en empêcher le plus
possible et même d'obtenir des résultats positifs en
contraignant cette majorité à des actes utiles, en la
secondant même quand, d'aventure, elle est dans la
bonne voie; ensuite et surtout par une propagande ar-
dente et méthodique dans le pays, afin de grouper les
forces républicaines en -vue '4e reprendre, des que pos-
sible, l'action nécessaire.
IS Union républicaine de la Marne, radicale so-
cialiste, de Châlons-sur-Marne, répond d'autre
part à un confrère de droite qui a qualifié de
« déclaration de guerre » ce rapport de M. Chau-
temps
L'indignation des réactionnaires se comprend. Ils
n'ont pas réussi à enliser le parti radical dans leur con-
centration. Ils n'ont même pas réussi à amener quel-
ques radicaux dans cette concentration enfarinée, c'est-
à-dire diviser le parti dont ils ont peur. Ils comptaient
bien on ne sait vraiment pourquoi que M. Chau-
temps serait l'homme de cette division espérée.
Or, M. Chautemps nous n'en sommes pas sur-
pris démontre; au contraire, la nécessité de l'union,
disons mieux de l'unité radicale, la nécessité de
n'avoir rien de commun avec le parti réactionnaire et
de rester dans l'opposition tant que la droite aura des
représentants au gouvernement. C'est tellement logi-
que I
Mais tous les espoirs des fameux « républicains » de
la maringouinade s'évanouissent brusquement. D'où
grande colère de ces « républicaine de droite, d'ex-
trême droite et de Rome. On leur déclare la guerre.
parce qu'on ne veut pas se laisser duper par eux, parce
qu'on me veut pas leur servir de pavillon républicain
devant le pays qu'ils savent profondément hostile à
toute réaction cléricale Les maringouins exagèrent.
Mais t'Ouest-Eclair, conservateur, de Rennes,
met en cause les socialistes partisans de la parti-
cipation ministérielle
M. Paul-Boncour est approuvé, nous assure-t-on, par
une quinzaine de ses amis du groupe socialiste à la
Chambre. De plus, il ne serait pas éloigné de collaborer
également au gouvernement avec d'autres républicains
que les radicaux.
Ainsi le problème se déplace et s'amplifie. Il fau- "̃
drait une longue discussion pour en préciser tous les
éléments. Mais il apparaît à première vue que, si la for-
mule Paul-Boncour était conçue dans un esprit large,
elle serait en principe plus intéressante à examiner
(sauf adaptation du programme positif) que les pro-
positions étroites et périmées des radicaux.
Nous disons « en principe ». Dans la pratique, en
effet, l'opération Paul-Boncour n'est pas mûre. La ma-
jorité des socialistes ne la permettra point, d'une part.
D'autre part, la Chambre actuelle et les partis tels
qu'ils demeurent constitués encore, n'y souscriront
pas.
Les radicaux en seront donc réduits, semble-t-il, à
un isolement qu'ils colorent du nom d'indépendance,
mais qui est voué à la stérilité.
Quoi qu'il en soit des résultats immédiats de la
Vaste controverse des gauches,, la parole est mainte-
nant à M. Paul-Boncour. Il faut qu'il s'explique sur sa
eonceptioni d'une coalition républicaine et sociale, et
sur un programme précis d'action réformatrice.
Quant au Midi socialiste de Toulouse, il pro-
phétise en ces termes
Fin octobre le congrès radical aura parlé.
Ou bien il admettra une participation de ses élus à
un gouvernement de concentration, ou bien il récla-
mera le pouvoir à son profil ou -bien il repoussera
toute alliance à droite.
Dans le premier cas M. Briand fera le coup il
partira et le lendemain il reviendra avec quelques
radicaux en poche.
Dans le deuxième cas, il sera embarrassé. S'il croit
que les radicaux l'appelleront à. leur tête, il partira
pour revenir avec eux. S'il ne le croit pas, il attendra
qu'on le chasse. Et il attendra longtemps.
Dans le troisième cas, M. Briand continuera, sachant
très bien que, s'il veut, il conservera in seternam sa
majorité actuelle à la condition unique de continuer
M. Poincaré, II ne lui en coûtera guère puisqu'il colla-
bora si longtemps avec lui..
M. Briand a ceci.de spécial il s'accommode de toti-
tes les majorités, parce qu'il s'accommode de toutes les
politiques. ̃' -̃
Ainsi, à mon avis, nous aurons encore M. Briand,
'jusqu'à ce qu'il meure, à moins qu'il ne se lasse avant;
de même que, conformément à mes prévisions, nous
aurions eu M. Poincaré jusqu'à son dernier soupir s'il
ne lui avait plu de se reposer plus tôt.
Au reste, je vous le demande à moins que vous
n'acceptiez l'hypothèse de la possibilité morale et parle-
mentaire de M. Tardieu, qui donc voyez-vous capa-
ble de prendre le volant?
LA DISCORDE CHEZ LES COMMUNISTES
L'épuration du parti communiste continue. On
annonce de Saint-Etienne que la conférence du
rayon communiste a prononcé.par 45 voix contre 9,
l'exclusion de M. Petrus Faure, maire du Cham-
bon-Feugerolles, conseiller d'arrondissement. M.
Petrus Faure avait été candidat du parti com-
muniste lors des dernières élections législatives
dans la 4° circonscription de Saint-Etienne, contre
M. Taurines.
ACADÉMIES, MlYÉRSIÎÉS. ÉCOLES
Académie des sciences
L'énergie thermique des mers tropicales.
M. Georges Claude, dans une communication illus-
trée de^l-a projection d'un film, retrace devant
l'Académie l'immense effort qu'il vient d'accom-
plir à Cuba en vue d'exploiter le procédé de ré-
cupération de l'énergie thermique de la mer, dont
il est l'auteur avec M. Boucherot.
M. Gèorges Claude ne paraît pas le moins du
monde découragé par l'âpre lutte qu'il a dû sou-
tenir contré les éléments. Et la belle leçon d'éner-
gie et de ténacité qui se dégage de son récit, re-
cueille les applaudissements de l'Académie.
Le guidage magnétique des avions et des aéro-
nefs. M. Lecornu commente le dispositif de
guidage des avions par câble de M. William Loth.
Il souligne les avantages du procédé pour l'orga-
nisation des voies de départ et d'arrivée sur un
aérodrome.
Autres communications. M. Cotton commu-
nique les résultats de travaux auxquels il s'est
livré sur la photographie de la lumière polarilsée.
M. Fabry présente une note de M. Lambrey sur
le spectre d'absorption de l'oxyde azotique.
M. Mesnager dépose une note de M. Prot sur le
calcul des traverses en béton armé pour chemins
de fer. M. Mesnil transmet une étude de
MM. Policard, Doubrow et Bouchurlat sur la sili-
cose pulmonaire des milneurs.
Cours et conférences
Les cours de l'école libre des sciences politiques,
pour l'année scalaire 1929-1980, reprendront le lundi
4 novembre prochain.
Les inscriptions seront reçues à partir du 21 octobre
au secrétariat de l'Ecole, 27, rue Saint-Guillaume, de
neuf heures à onze heures du matin et de quatorze
heures à dix-sept heures.
questions socmkËs
La conférence du travail maritime
L'incident des armateurs est, semble-t-il, en voie
da règlement et le nombre des armateurs peu dési^
reux de se solidariser jusqu'au bout avec les extré-
mistes du groupe s'est accru pendant la journée de
lundi.
Une lettre de démission collective du groupe
ayant été adressée au bureau de la conférence a été
par celui-ci déclarée irrecevable. D'une part, en
effet, ce document ne portait pas de signature et,
d'autre part, on fit observer que la démission, si
démission M. y avait, devait être adressée non à la
conférence, mais au gouvernement de qui les délé-
gues patronaux comme les autres détiennent leurs
mandats.
Le groupe des armateurs demanda alors un entre-
tien qui lui fut accordé. Y assistaient le président
du groupe des armateurs, le président de la confé-
rence, le premier délégué gouvernemental britanni-
que et M. Albert Thomas. Le résultat de cet entre-
tien fut l'élaboration d'un texte de motion auquel
le représentant des armateurs donna son adhésion
personnelle. Si cette motion recevait l'adhésion du
groupe patronal, qui va en délibérer, la conférence,
tout en constatant que la résolution des armateurs
a été repoussée, exprimerait le désir que fussent
évitées à l'avenir les difficultés inhérentes à l'or-
ganisation des conférences maritimes et en par-
ticulier à la désignation des armateurs et des
marins. Elle chargerait le conseil ^dmitofeiration
de rechercher les mesures propres à empêcher le
retour de faits semblables à ceux qui viennent de
troubler la conférence.
Le 42° congrès des mineurs
Au cours de la séance de clôture qu'il a tenue
hier, le 42e congrès de la Fédération nationale des
-travailleurs du sous-sol, réuni à Marseille, a
adopté une résolution qui! prévoit, pour protester
contre les violations de la journée de huit heures,
une suspension de travail collective dont le conseil
national fixera la date et la durée. L'annonce de
cette grève éventuelle a été accueillie par des ap-
plaudissements.
Une autre motion a été également votée deman-
dant le droit d'exercer le contrôle de la loi! de
huit heures, droit contesté par un arrêté du
"onseil d'Etat de juillet dernier.
®
~ARTl~l
LA CROISIÈRE DE L' « Edgar-Quinct ». Le croiseur-
Edgar-Quinet, bâtiment-école des enseignes de vaisseau,
qui a quitté Brest le 10 octobre pour sa campagne an-
nuelle, sous le commandement du capitaine de vais-
seau Benoiet, a mouillé en rade de Tanger, le 14, octo-
bre. 11 séjournera à Tanger jusqu'au 18 octobre. Les
autres escales prévues sont les suivantes: Bizerte, du
21 au 27 octobre; Corfou, du 31 octobre au 3 novembre;,
Constantinople, du 13 au 15 novembre; le Pirée, du 19
au 23 novembre; Naplee, du 26 au 30 novembre; Ton-
lon, du 2 au 26, décembre; Alger, du 29 décembre au
2 janvier; Casablanca, du 5 au 10 janvier; Konakry, du
17 au 23 janvier; Dakar, du 25 janvier au 2 février;
les Antilles, du 13 mars au 3 avril; la Havane, du 8 au
16 avril; New-York, du 26 avril au 5 mai; le cap Ga6-
pe, du 10 au 17 mai; Québec, du 19 au 25 mai; Mont-
réal, du 25 mai au 5 juin; South Sydney, du 8 au 13
jum; des côtes ouest de France, du 22 juin au 12 juil-
let. Le retour à Brest est prévu pour le 12 juillet 1930.
PROMOTION. Le capitaine de vaisseau Bouquet est
promu contre-amiral et placé par anticipation et sur sa
demande dans la 2e section du cadre des officiers gé-
néraux.
I
"Variétés
f STE'%HITZ
Itfi GjlflpSOIÎ Û'AOSTEIJIilTZ
Dans l'illustration musicale des Histoires d
France, au Théâtre Pigalle, dont M. Henri Busser r
a écrit la partition, ingénieusement documentée
sur des thèmes ou reconstitutions provenant des
époques les plus diverses; on a entendu, au ta-
bleau qui met en scène les rois, grands-ducs et
empereurs, se présentant) à Napoléon 'lors de l'en-
trevue d'Erfurt, une petite marche instrumentale,
d'arrièrè-pensée quelque peu ironique, que sif- 1
notent des petites flûtes accompagnées au rythme
des trompettes et des tambours. Le dessin en est
alerte et vif, plutôt sautillant qu'héroïque. Bien
que d'allure toute populaire, on n'en connaît guère
aujourd'hui le motif.
Celui-ci a pourtant été associé aux plus gran-
des actions.
Les biographes ont raconté que, dans la journée
d'Austerlitz, Napoléon, surveillant l'exécuti'on du
mouvement stratégique quil devait lui donner la
victoire, sifflait) entre ses dents l'ait d'un couplet
en vogue à l'époque « On va leur percer le
flanc. »
Ûuel est cet air ? Evidemment c'est un de ces
fredons dont on peut dire « Autant en emporte
le vent », et, en ce jour de décembre, la bise gla-
cée d'Austerlitz' a eu d'autres bruits à répandre dd
par le monde. Je n'ai pas connaissance que ce re-
frain ait laissé de traces écrites dans les parti-
tions ni dans les livres publiés au temps de
l'Empire. Il faudrait donc considérer comme per-
due cette relique d'une illustre journée, si la tra-
dition et le souvenir n'eussent permis d'en re-
trouver la trace.
Souvenir ancien cent vingt quatre ans! Pour-
tant, il m'a été donné de remonter jusqu'à lui et
le fixer à l'aide de la seule mémoire. Le program-
me du Théâtre Pigalle veut bien citer mon nom
parmi les sources musicales auxquelles M. H. Büs-
ser a puisé qu'il me soit permis maintenant
d'ajouter quelques explications relatives à ce cou-
plet famillier, mué, par les circonstances, en une
façon^de chant épique. I."i
Si mes souvenirs personnels ne rernonïèht pas,
tout à fait si haut, il m'a été donné pourtant de
connaître des personnes qui furent contemporai-
nes d'Austerlitz. Dans ma petite enfance, des
grand'mères et grand'tantes me berçaient dans
leurs bras en chantant' des airs de leur jeunesse.
Ma mémoire est très fidèle, et je garde ce qui y est
resté comme documents vivants. Un de ces airs,
bien rythmé, dans le refrain duquel l'aïeule, pour
amuser l'enfant, faisait mine d'imiter par son
geste le mouvement des paroles, disait ces mots
On lui percera le flanc,
Plan, pian, ran tan plan, tire lir' lan, plan;
On lui percera le flanc;
Que nous allons rire 1
Mais c'est là la chanson d'Austerlitz! Il n'y
a pas à s'y méprendre. Les paroles, la mélodie
aussi, évî.demment.avaient passé du champ de ba-
taille à !a chambre dû nouveau-né et s'étaient ré-
duites à !a fonction d'une berceuse enfantine 1
Serait-on curieux d'en connaître l'air? Le voici:
Oh! ce n'est pas là une musique héroïque, et
l'on conçoit très bien, en l'écoutant, qu'elle ait
fini par prendre cette destination familière. Ce-
pendant, l'air est resté répandu dans l'armée pen-
dant les années de l'Empire. Les musiques mili-
taires le jouaient, et voici un incident, semi-
burlesque, auquel nous allons le trouver fortui-
tement associé.
Il advint que; vers ce temps-là, eut lieu à la
cathédrale de Glermont-Ferrand une cérémonie
religieuse et militaire à laquelle l'armée participa
bruyamment. Les commandements, les maniements
d'armes retentirent sous la nef et la musique
y fit entendre les plus brillants morceaux de son
répertoire. Ces éclats parurent intempestifs et
scandaleux à des censeurs moroses; ils jugèrent
que la sérénité du saint lieu était troublée par
ces interventions indiscrètes de bruits de guerre.
« Le corps de musique, écrivit l'un d'eux, semblait
s'être appliqué à jouer les airs les plus ridicules,
tels que « Ahlle bel oiseau, maman », en choi-
sissant de préférence le moment de l'entrée de
l'évêque et celui de l'élévation. On croirait per-
cevoir l'écho des anathèmes fulminés par les con-
ciles de l'Eglise primitive contre les chantres qui
se rendaient coupables de faire entendre dans .e
temple tel canticum turpe atque nefanduml Pour
cette faute, le régiment de Clermont-Ferrand fut
déplacé.
Le fait est que la chanson du dix-huitième siè-
cle signalée dans la plainte est d'une allure vrai-
ment trop profane pour être jouée à la messe.
Faut-il en rappeler les paroles ? Voici le premier
couplet:
Ahl I le- bel oiseau, maman,
Qu'Alain a mis dans ma cage,
Ahl le bel oiseau, maman,
Que m'a donné mon amant,
Et voici encore la musique
Mais, à comparer les deux airs, nous éprouvons
de nouveau une surprise: c'est le même 1 Il n'y a
pas d'autre différence entre les deux versions que
celle qu'a introduite, dans le couplet militaire, le
refrain, intercalé suivant la pratique constante de
la chanson populaire: Plan, plan, ran tan plan, tire
lir'lan plan. A part cette addition médiane du
rythme de la marche militaire, la mélodie, du
commencement à la fin, est identique de part et
d'antre; la chanson de l'Empire se chantait sur le
« timbre » d'une chanson du dix-huitième siè-
cle.
Les musiciens de Glermont-Ferrand auraient
donc pu se défendre à bon droit contre l'accusa-'
tion 4'av.Qir. manqué de respect- à l'Eglise et voulu
traiter l'évêque de « bel oiseau ». Ils n'avaient, ja-
mais eu cette irrespectueuse intention: ils avaient
cru, tout au contraire, rehausser l'éclat de la cé-
rémonie en y faisant entendre l'air consacré à
Austerlifz.
Que, d'ailleurs, au point de vue musical, aussi
bien que religieux, il y ai;t eu quelque imperti-
nence à faire retentir d'accents si profa-
nes les voûtes de l'austère et grise cathédrale où
Paspa! a prié et que Rameau a remplie des nobles
accords de son orgue, cela est hors de doute. Mais
là n'est pas la question, et nous ne retenons l'in-
cident que parce qu'il nous a permis de savoir
que l'air par lequel Napoléon anima la bataille n'é-
tait qu'une application d'une chanson pastorale,
quelque peu grivoise, du temps de Louis XV..
JULIEN Tiersot.
e
LA RÉFORME DU JUrU
LA RÉFORME DU JVRY(~
:,x, -'L-.
r" «
L'ancien .bâtonnier, signataire de l'article ,tpe
nous publions, nous est connu, mais il ne désire
pas sortir du silence dans lequel il s'est enfermé
depuis la retraite à laquelle son -âge l'a Obligé. Il a
plaidé les plus grosses affaires criminelles pendant
plus de vingt-cinq ans devant la cour d'assises. Il
nous écrit, en outre, qu'il sait, par expérience, que
« la plupart des projets dus à la seule initiative
parlementaire restent ensevelis sous les cartons
de la commission des réformes judiciaires. » II
ajoute « La presse seule peut leur donner assez
d'intérêt pour qu'on y songe, et je souhaite que
votre enquête ait ce résultat. »
L'institution du jury procède du même prin-
cipe que le suffrage universel, et la réforme-. de
l'un semble aussi difficile que la réforme de
l'autre.
Il ne suffit pas d'avoir entendu le pour et le
contre pour savoir se décider raisonnablement» et
l'on ne saurait exiger de tous les jurés une fer-
meté de caractère ou une expérience suffisantes
pour les prémunir contre des entraînements aux-
quels nous sommes tous plus ou moins soumis.
Or, dans ieur chambre des délibérés, ils se
trouvent seuls, livrés à eux-mêmes, et soumis à
l'influence des plus déterminés d'entre eux, qui
ne puisent souvent leur facilité de décision que
dans leur plus grande inexpérience, leur hardiesse
ou leur témérité.
Serait-il possible, tout en laissant le sort dé-
signer la grande majorité des jurés sur la liste
habituelle du jury, tel qu'il est institué, par exem-
ple 9 sur 12, de ieur adjoindre des professionnels
aussi indépendants qu'eux, qui délibéreraient
avec eux, et dont l'opinion plus éclairée aurait au
moins la valeur d'un dernier avertissement!? Il
ne serait pas difficile de dresser dans chaque dé-
partement une liste de tous les licenciés en droit,
''̃de '̃ tous les officiers ministériels, des juges cônsii-
laires, des juges de paix en exercice ou en re-
traite, et de faire désigner par le sort trois d'entre
eux qui viendraient compléter les neuf jurés que
le sort aurait déjà désignés pour former le jury
de jugement.
Ainsi constitué, ce jury déciderait de la condam-
nation ou de l'acquittement; de l'acquittement
à la majorité simple de 7 voix sur 5, mais de
la condamnation à la majorité toujours nécessaire,
des deux tiers des voix; les condamnations à
mort ne pouvant même résulter que de la majo-
rité des trois quarts des voix.
A l'heure actuelle, par une véritable monstruo-
sité juridique, il suffit de l'égalité des voix, 6 con-
tre 6, pour décider d'une condamnation à mort!
La cour serait alors appelée à délibérer avec
le jury sur l'application de la peine et le jury
resterait le maître de reconnaître des circonstan-
ces très atténuantes si les peines applicables lui
semblaient exagérées. Il délibérerait également
sur l'application de la loi de sursis.
Enfin, par extension de l'article 352 du code
d'instruction criminelle, il pourrait' être décidé
que la Cour de cassation recevrait le pouvoir ac-
cordé aux cours d'assises de renvoyer l'affaire à
une autre session, sur- un mémoire motivé dé la
défense, s'il lui semblait qu'une erreur de fond
ait été commise. '1
Cette garantie précieuse contre ..une erreur ju-'
dieiaire' toujours possible, voulue et édictée par
le ^législateur, n'est restée que lettre morte depuis
qu'elle existe. Aux termes de l'article 852, per-
sonne n'a le droit de l'invoquer! Il faut que là.
cour en fasse d'elle-même l'application d'office..
Je ne sais si on en citerait un exemple.
e 1J.l)I,4NS:Ù1JN"'SA'TONNŒR.¡,;I
AtJ JOUR LE:ÏOPft:
•te eeftfceûaife dû pofie de Venise"
Les grands anniversaires du romantisme ne .sont
pas encore tombés, et, cependant, l'année 1929
marque déjà le centenaire de deux œuvres théâ-
trales importantes qui forment comme la préface
de la révélation de Hernani. En février dernier,
c'était celui de la représentation de Henri III et
sa cour, ce mois-ci, c'est celui de YOthello) d'Al-
fred de Vigny, à da Comédie-Française.
Encore que cette dernière pièce ait fait moins
de tapage que le drame d'Alexandre Dumas père,
elle n'en joue pas moins un rôle de premier plan
dans l'histoire du théâtre romantique elle af-
firme, elle consacre l'admiration de la nouvelle
école pour Shakespeare, sans compter qu'elle est,
dans l'esprit de ceux qui l'applaudissent, une ma-
chine de guerre montée contre notre théâtre clas-
sique, contre celui de Racine en particulier.
On sait l'impression profonde que la venue à
Pariks, quelque temps auparavant, des acteurs an-
glais, en particulier de Kemible et de miss Smith-
son, provoqua, par leurs représentations odéonien-
nes des scènes de Shakespeare, une vraie révéla-
tion dans la jeunesse littéraire.
Nul n'y fut plus sensible qu'Alfred de Vigny,
rattaché déjà à l'Angleterre par tant de liens, en
particulier par son mariage avec miss Lydia Bùii-
bury. L'idée de traduire et de faire jouer quel-
ques chefs-d'œuvre shakespeariens devait venje.
tout naturellement à son esprit. Ce fut par Roméo
et Juliette qu'il commença, en collaboration, avec,
son ami intime, Emile Deschamps. ~*A
Reçue d'enthousiasme à la Comédie-Française,
la pièce ne devait, cependant, jamais être jouée.
La faute en fut à Mlle Mars, toute-puissante alors
à la Maison de Molière, qui dit, un jour, à Vigny,
en termes voilés, qu'elle ne se trouvait plus assez
jeune pour le rôle.
Si j'avais l'âge de Juliette, monsieur le comte,
ajouta-t-elle, je n'aurais pas mon talent, mais,
ayant ce talent, je n'ai plus, son âge.
Devant un tel aveu il fallait s'incliner, mais le
baron Taylor ne se tint pas pour battu, et, quel-
ques mois plus tard, il rentrait triomphalement
avec, sous le bras, le manuscrit du More de Ve-
nise, traduction d'Alfred de Vigny.
La pièce avait été lue en grande pompe, à ion
cercle d'artistes qui, huit jours avant, avaient en-
tendu dans les mêmes conditions la Marion De-
lorme de Victor Hugo. Sans doute le public n'é-
tait-il pas tout à fait le même aux deux lectures
et un témoin de ces deux manifestations littérai-
res, Edmond Turquéty, notait- il que « chez M. de
Vigny il y avait beaucoup de comtes et do barons
dans un appartement plein de luxe et d'ornements,
tandis que chez M. Victor Hugo, il y avait davan-
tage d'artistes », mais le résultat était. le même et
l'enthousiasme aussi débordant1 de part et d'autre.
Ce fut donc sous d'heureux auspices que les ré-
pétitions de la pièce commencèrent au Théâtre
Français. Alfred de Vigny eût souhaité avoir pour
interprète cette Marie Dorval à laquelle il allait
vouer un amour si passionné, mais Mlle MarâVnHS
nérmit même pas que la question fût posée fI.«t,;
d'autorité, s'empara du rôle de Dèsdérnone. Joahn^
lui donnait la réplique. C'étaient deux précieux
auxiliaires, mais qui n'étaient pas ceux qu'il au-
rait fallu pour une pièce où le traducteur avait
montré de telles licences avec la tradition, où il
avait accumulé à plaisir les audaces.
Spirituelle, légère, fine et gracieuse, comment
Mlle Mars aurait-elle pu représenter la mélanco-
lique maîtresse du More ? Et comment Joanny, au
nez retroussé et aux gestes familiers, eût-il pu
faire frémir une salle sous les traits formidables
d'Othello? v
Les répétitions ne tardèrent) pas à se ressentir
de ces erreurs de distribution. A propos du mou-
choir, du fameux mouchoir sur lequel roule toute
une scène du troisième acte, Mlle Mars ne put
s'empêcher de protester.
Voyons, mon cher auteur, dit-elle avec son'
plus gracieux sourire, vous tenez absolument à ce
que je prononce le mot de mouchoir ?
Mais, madame, il est dans Shakespeare.
• Jamais, cependant, il n'a été prononcé sur
une scène française. On dit bandeau, écharpe, n'im-
porte quoi, mais pas mouchoir?^
(i) Voir le Temps des 22, 25, 31 août, 3, 7., iO, 13,
20, 29 septembre, et 15 flotobre.
Madame, j'y tiens.
Très bien, monsieur, je le dirai, puisqu'il le
faut.
Et Mlle Mars se retirait pleine de dignité, lais-
sant le poète dans une sourde colère.
Evidemment, les sociétaires de la Comédie-
Française ne pactisaient pas avec les auteurs de
la « jeune école », mais la Maison, depuis trois
ans, traversait une crise si désastreuse que le
traitement mensuel des comédiens était lui-même
en péril. Dans ces conditions, ces derniers com-
prenaient d'instinct que, plutôt que de revenir aux
Régulus et aux Agamemnon, il était encore pré-
férable de risquer le tout pour le tout avec des
pièces d'une esthétique entièrement nouvelle.
Le succès récent de Henri III et sa cour devait,
du reste, les confirmer dans leur jugement. Ces
jeunes romantiques pouvaient avoir des défauts,
mais une qualité leur était connue: la solidarité.
Ils s'étaient réunis dans une manière de conjura-
tjion pour, exalter et soutenir la pièce d'Alexandre
Dumas, ils-allaient contracter entre eux la même
alliance pour l'œuvre de Vigny, on les retrouve-
rait quelques mois plus tard, à la première de Her-
,nani, et ce serait ainsi tout le long de l'histoire
de ce théâtre fameux. Toujours le'parterre ferait
bloc avec les galeries supérieures contre les gens
de l'orchestre et des loges, toujours les partisans
se dresseraient contre l'ennemi commun.
On le vit une fois de plus à la première du
More de Venise. L'histoire littéraire ne nous a
pas laissé la liste complète des « conjurés », mais
nous n'ignorons pas les noms des chefs de file.
Nous savons que c'est Brizeux qui s'était engagé
à recruter les claqueurs: « Je les crois bien dé-
voués, écrivait-il au poète, et vous réponds de
leur zèle. D'ailleurs, le dévouement sera facile.
Othello a tué d'avance tous ses adversaires. »
A côté de Brizeux, il y avait Busoni', son colla-
borateur, Auguste Barbier, le futur auteur des
lambes, Devéria, les deux Johannot et tous les
camarades de Barbier dans l'étude de Me Fortuné
Delavigne, le frère de l'auteur dramatique; Jules
de Wailly, Damas-Hinard, le traducteur du Ro-
mancero- Olivier Fulgerice, qui devait se faire un
petit nom avec la romance, et Louis Veuiilot, qui
remplissait le rôle de petit clerc dans cette même
étude littéraire.
Ce petit clan n'avait ni l'importance ni la va-
leur de celui qui devait, l'année suivante, imposer
Hernani, mais c'en était assez pour forcer le res-
pect do l'adversaire et permettre aux nouveautés
audacieuses de passer la rampe.
On se doute que le mouchoir suscita des pro-
testations indignées de la part des classiques qui
se récriaient aussi devant l'audace des métapho-
res shakespeariennes conservées par le traduc-
teur. Cependant le nom même de rauteuri::d'Otàe«o
empêchait ces protestations de prendre le tour
violent qu'elles devaient avoir avec Hernani. On
souriait de certains traits. on n'osait pas siffler
et tempêter.
Les spectateurs des représentations suivantes
se montrèrent moins dociles. Le nom de Yago, à
lui seul, faisait, on ne sait pourquoi, éclater les
rires, des alexandrins audacieux étaient accueillis
par des huées, des lettres d'indignation pleuvaient
chez le baron Taylor « Vous êtes absurdes, pre-
nez garde, et dites à M. de Vigny de retirer sa
pièce ou il pourra vous en cuire à tous. »
La presse, dans son ensemble, se montra très
.«évère. La Gazette de France, journal ultra, pro-
testa contre des horreurs « dignes des temps da
barbarie et des nudités faites pour des époques
d'une complète démoralisation. » M. de Vigny,
disait-elle en substance, a fait la preuve qu'à
l'Apollon du Belvédère il préférait les idoles des
nègres de l'Afrique 1
Le Constitutionnel n'éreintait pas seulement le
traducteur, mais l'auteur. Génie brutal, concep-
tions gigantesques et mesquines, inspirations su-
blimes et triviales étaient les traits que Shake-
speare recueillit dans la mêlée. Seuls, la Quoti-
dienne et le Journal dos Débats défendaient ou-
vertement l'œuvre et l'écrivain. Quant au Figaro,
il désirait tenir la balance égale entre les deux
parfis, tout en regrettant qu'un mari de tragédie
puisse dire à sa femme « Va te coucher » et que
Desdémone ose prier sa servante « de la délacer ».
Cependant il vantait Mlle Mars et admirait sans
̃mesure; les décors de ̃. Gite'êfiV^
Enfla' lé fameux Charles Maurice, ce' partisane
qui régnait par là terreur, l'escopette au poing,
écrivait dans son journal quelques lignes dédai-
gneuses sur ce spectacle de quatre heures qui
manquait d'action et sur cette monotonie qui
finissait par désespérer le public. Et, cependant,
quelle lettre d'humilité Alfred de Vigny ne lui
avait-il pas écrite la veille de la première! « J'ai
fait la part de Shakespeare pour vous être
agréable; à présent, monsieur, faites la mienne. »
En somme, le premier essai dramatique du
poète connaissait un demi-échec. Quand on com-
pare les représentations de sa pièce à celles de
Henri III ou de Hernani, elles paraissent bien
ternes, bien neutres, bien obscures. La vite ne
frémit pas encore sous sa plume de dramaturge,
il faudra les cris désespérés de Chatterton pour
qu'on puisse l'acclamer. Mais un grand pas a,
cependant, été accompli avec ce More de Venise
un peu froid la brèche a été ouverte au Théâtre-
Français dans les esthétiques périmés avec de
beaux vers d'un rythme nouveau, un pan du mur
de la tradition s'est ébranlé par lequel va s'en-
gouffrer, quelques mois plus tard, le génie irré-
sistible et tumultueux de Victor Hugo.
Jules iBERTAUT.
CHRONIQUE BïBklOGRSPaiOOÊ
Lucienne Favre La Noce> (Grasset, éditeur.)
II est des livres dont le destin échappé aux ca-
prices de l'actualité. La Noce est de ceu£-là. Dès
son apparition, il' a obtenu un succès retentis-
sant. Puis, comme il arrive souvent, la chronique
s'est .préoccupée d'autre.chose. Mais elle y revien-
dra, car la Noce est mieux qu'un beau livre. C'est
le tableau, le plus vivant, le plus complexe, le
pl*us pathétique que nous ayons de la vie contem-
poraine dans une petite ville de province fran-
çaise. Tout s'y trouve réuni le charme et la
profondeur, la grâce extrême d'une narratrice ro-
manesque qui s'est plu à créer une image sublime
de son rêve, et l'implacable sévérité d'une obser-
vatrice qui juge sans faiblesse et sans pitié les
hommes et les femmes de son temps. Quelle ar-
deur
Et quelle virilité singulière Les emportements
mêmes de Mme Lucienne Favre sont atténués par
on ne sait quelle mansuétude souveraine. Elle est
sévère, certes Elle ne cache ni les turpitudes da
ses sœurs de chair et de misère, ni celles, mille
fois plus décevantes et plus amères, du sexe fort,
qui est le plus faible des deux.
Mais elle est clairvoyante aussi. Elle fait la part
des lois incoercibles auxquelles nous obéissons. De
là, cette indulgence qui parfois comme un sou-
rire illumine des pages dont la lecture finalement
serait trop humiliante pour nous.
Un maître livre, en somme, ce livre puissant,
plein de tendresse et de pitié et qui est d'une si
haute et si amère signification Et la dernière
page finie, on se demande avec stupéfaction com-
ment une femme a pu écrire cette œuvre d'une
ardente virilité, et qui un jour figurera parmi les
plus belles et les plus pénétrantes qui aient été
jamais écrites.
André-Charles Coppier. Les eahix-fortes au-
thentiques de Rembrandt. (Firraiin-Didot et Cie,
éditeurs.), ̃•̃̃;• .̃̃̃.̃
j On connaît les magnifiques travaux que M. An-1
drë-Charles' Coppier a consacrés aux eaux-fortes
de Rembrandt. Grâce à lui, une foule de points
obscurs ou controversés ont été définitivement
élucidés. Nul n'était mieux préparé à une telle
tâche. M. André-Charles Coppier est un techni-
cien. Il sait tout ce qu'on peut savoir du métier.
Mais sa science, si complète qu'elle soit, ne
J'aveugle pas. Selon lui, il est indispensable, pour
déceler les procédés d'un maître, d'acquérir une
expérience graphique suffisante. Assurément, il
ne saurait s'agir d'égaler les Léonard ou les Rem-
brandt. Qui donc pourrait avouer une telle pré-
tention ? Encore convient-il de posséder assez
l'art de manier une pointe « pour réaliser des
répliques rigoureusement fidèles, où l'expérience
technique dont ces maîtres ont fait l'armature
matérielle de leurs chefs-d'œuvre serait recons-
tituée par les mêmes moyens »^
Le graveur, chez Rembrandt, est au moins égal
au peintre. Il a donné à l'eau-forte la majeure
partie de sa trop courte existence. Mais ce n'est
qu'en examinant successivement ses planches, par-
fois avec une loupe, sous la direction de M. An.
dré-Charles Coppier, qu'on aura une idée com-
plète et rationnelle de l'importance artistique et
morale de cette œuvre colossale. Sa longue et
patiente étude des eaux-fortes de Rembrandt lui
a donné toute, l'autorité nécessaire pour en éta-
blir un catalogue définitif. On le trouvera à la fin
de l'étude où, après avoir donné une analyse ad-
miratilement intelligente et .précise des procédés
du maître, il élague -et condamne comme des faux
impudents, provenant pour la plupart des mar-
chands marrons du dix-huitième siècle, 140 des
planches qui figurent dans le catalogue de
Bartsch, et qui ont été, en général, aveuglément
Aitérinées par les successeurs de celui-ci. Avec
une modestie qui lui fait honneur, l'éminent
artiste se déclare, en terminant, convaincu que le
lecteur qui aura suivi ses démonstrations avec
quelque soin sera capable, tout comme lui-même,
d( faire cette discrimination.
La grande oeuvre de la chimie. (Edité par Chi-
mie et Industrie). La Société de chitnie indus-
trielle dédie cet ouvrage à Marcelin Berthelot.
Présentée sous la forme d'un volume de 250 pa-
ges, illustré par Pierre Bougnerel, la Grande oeu-
vre de la chimie ne comprend pas moins do
soixante articles signés des noms les plus connus
des industries chimiques. Chacun de ces articles,
rédigé par un spécialiste, concerne une des appli-
cations de la chimie à l'alimentation, aux arts
ménagers, à l'habillement, aux beaux arts, etc., etc.
L'ensemble > constitué un véritable monument
élevé à la branche la plus féconde des sciences
physiques.
Ceux qui ont le sôucï du progrès de la chimi'e
et de ses applications se doivent de montrer au
grand public quel rôle fondamental elle joue dans
les différents domaines de l'activité humaine ils
puiseront dans la Grande œuvre de la chimie
les éléments do leur propagande.
L'aviation utilitaire
LES RELATIONS AÉRIENNES
entre S'aracle» et le nouveau monde
La France n'a pas ménagé ses éloges au docteur
Eckener, et ce fut justice. Vaillance, ingéniosité,
opiniâtreté, toutes les qualités nécessaires à la
réussite d'une grande entreprise, le commandant du
zeppelin qui vient d'accomplir le tour du monde
a montré qu'il les possédait à un degré supérieur.
Les ingénieurs comme les aéronautes ont applaudi
à son exploit. Avec une aisance apparente, en tout
cas avec patience et sang-froid, il a réalisé le pro-
jet qu'il avait conçu. Son audace, il l'appuyait de
prévoyance. Bravant tous les risques d'un voyage
aérien de si longue durée, il avait mis, par ses
études minutieuses et les précautions qu'il avait
prises, toutes les chances de son côté, dans la
mesure où l'on peut s'assurer du destin quand on
se propose de franchir le Pacifique et l'Atlantique
et d'immenses territoires inhabités. II a voulu ho-
norer son pays et prouver la puissance de son
engin. Son double vœu a été exaucé.
Mais faut-il en conclure que les moyens dont
désormais dispose l'homme pour voyager par la
voie des airs aient été accrus? II ne semble pas.
Le zeppelin^ qui vient de boucler la boucle terres-
tre, est .un Mirigeabte'ïperf ectkmné, mais c'est un
dirigeable actionné et dirigé selon les principes de
tous les dirigeables, et le succès éclatant du docteur
Eckener ne peut faite oublier les échecs subis par
les constructeurs et les conducteurs de dirigeables
moins lourds que l'air dans les entreprises anté-
rieures. Ce n'est aucunement diminuer le mérite du
docteur Eckener, et c'est même rendre un plus
grand hommage à son courage et à celui de ses
compagnons que de constater que le zeppelin reste
un fragile instrument de transport aérien. Que,
de surcroît, ce soit un instrument extrêmement
coûteux, c'est une face du problème que nous n'en-
visagerons pas présentement. La question que nous
nous posons peut se résumer en ces termes le
zeppelin offre-t-il désormais plus d'aisance et de
sécurité que les avions dans les voyages aériens de
continent à continent? La sagesse, l'expérience et
la bonne foi commandent qu'on réponde non.
Il faut donc louer les techniciens qui poursui-
vent leurs recherches pour améliorer la puissance
et la souplesse du « plus lourd que l'air n, encou-
rager la formation des pilotes et navigateurs et
remercier ceux qui ouvrent aux avions des voies
nouvelles, en s'appliquant à les utiliser pour des
fins pratiques. Le dernier raid du zeppelin est un
tour de force sportif qui soulève l'enthousiasme.
Mais la vie a des nécessités qu'il faut satisfaire, et
l'avion.comme rhydravion,semble bien rester l'ins-
trument le plus docile et le plus sûr pour, per-
mettre aux hommes de rapidement se transpor-
ter et de transporter leur courrier et leurs mar-
chandises légères par-dessus les terres et les
océans.
De ce point de vue, la France a fait un très bel
effort dont les résultats n'ont pas ébloui le public,
mais ont bien servi ses besoins. Il n'est pas inutile
de rappeler que, grâce à une .compag'nîè française;'
à la Compagnie générale aéropostale, un service
̃ aérien régulier relie la France à l'Amérique du
sud. Chaque semaine, partent de chez nous des
avions pour Buenos-Aires. Et le voyage de retour
se fait avec la même régularité. La durée du
voyage, qui était jusqu'ici de neuf jours, sera
bientôt réduite à six jours, puis, un peu plus tard,
à cinq. Ce réseau français comporte, en outre, des
ramifications vers le 'Brésil, la Guyane, le Ve-
nezuela et les Antilles.
Le gouvernement du Venezuela, d'autre part, a
conclu, avec la Compagnie générale aéropostale,
un accord ouvrant à notre grande firme aérienne
d'intéressantes perspectives d'avenir pour le pro-
longement de la ligne du nord, qui partie de Natal,
va prochainement créer une liaison avec les
Guyanes.
D'après les termes de ce contrat, intervenu pour
dix années, Je Venezuela réserve à l'Aéropostale
tout son fret à destination de l'Europe, de l'Afri-
que et des différents pays de l'Amérique du sud.
En outre, la compagnie française se voit concé-
der le droit d'exploiter une ligne intérieure de près
de 1,200 kilomètres, qui suivra le tracé Maracaïbo-
Maracaïciudad-Bolivar.
En même temps, une nouvelle convention signée
entre la Compagnie générale aéropostale et le gou-
vernement du Chili, charge l'aviation française du
transport du courrier à destination de la Bolivie,
du Pérou, des Etats-Unis, du Canada et vice versa.
Le gouvernement chilien assure à la compagnie
contractante la moitié de toute la correspondance
aérienne. Le contrat est valable pour cinq années
et renouvelable, à échéance, pour une période de
même durée. La ligne Chili-Bolivie-Pérou sera
inaugurée au mois de mai de l'année prochaine et
le prolongement vers l'Amérique du nord à la fin
de février 1931.
La liaison aéri enne1' entre Buenos-Airesefi San-
tiago du Chili présente des difficultés exception-
nelles les appareils de la Compagnie générale
aéropostale franchissent la Cordillère des Andes.
Nos aviateurs doivent donc s'élever à une altitude
voisine de 7,500 mètres. Il leur est arrivé d'y subir
une température de 54° au-dessous de zéro.
Il leur est arrivé aussi d'y rencontrer d'ef-
froyables tempêtes. Au mois d'août dernier, un
pilote dut même rebrousser chemin devant l'obs-
taole des vents aspirants, des remous et du brouïi-
lard. Le courrier fut alors confié au chemin de fer
« transandin » dont la marche, supposait-on,
était sûre, malgré les circonstances contraires. Le
train lui-même ne put passer, et ce fut finalement
l'avion qui reprit le courrier et le distribua aux
destinataires.
Voilà des exploits répétés qui) ne sont pas consi-
dérés comme sportifs et qui pourtant exigent de
ceux qui les réalisent une vaillance soutenue, une
ingéniosité et une opiniâtreté rares. Ceux qui les
ont organisés méritent également quelques éloges.
Ainsi se réalise l'ambition humaine de rappro-
cher de plus en plus les nations, de les aider à
se pénétirer de plus en plus et par conséquent
d'habituer les hommes à se comprendre en acqué-
rant une plus juste notion de leurs intérêts réci-
proques.
Du seul point de vue commercial, les entrepri-
ses de la Compagnie générale aéropostale offrent
un avantage évident; mais, considérées du point
de vue national et humain, elles présentent un
intérêt plus vaste elles maintiennent et même
grandissent le prestige de la France et attestent
notre volonté persévérante de ne nous laisser dé-
passer par aucun do nos rivaux, quelles que soient
leur énergie et leur ténacité.
Il est admirable d'avoir accompli le Cour du
monde en dirigeable; il est peut-être moins
« sensationnel », mais plus utile, d'assurer des re-
lations aériennes régulières .entra l'ancien -monde
et le nouveau.
PAUL ROUSSEAU.
Les demandes de changement d'adresse doi-
vent nous parvenir 24 heures à l'avance et ne
peuvent être exécutées que si elles sont accom-
pagnées d'une des dernières bandes, de la
somme d'un franc pour impression des nou-
velles bandes.
Pour les numéros à expédier à l'étranger,
joindre aussi le montant approximatif des frais
de poste, soit 0 fr. 25 par numéro pour les
pays suivants Abyssinie, Afrique du sud
(Union de 1'), Albanie, Allemagne, Argentine,
Autriche, Belgique, Brésil, Bulgarie, Canada,
Chili, Colombie, Congo belge, Costa-Rica, Cuba,
République dominicaine, Egypte, Equateur,
Espagne, Esthonie, Ethiopie, Finlande, Grèce,
Guatemala, Haïti, Hongrie, Honduras, Lettonie,
Libéria, Lithuanie, Luxembourg, Maroc (zone
espagnole), Mexique, Nicaragua, Panama,
Paraguay, Pays-Bas, Perse, Pologne, Portugal
et colonies, Roumanie, Salvador, Serbie-Groa-
tie-Slovénie, Tchécoslovaquie, Terre Neuve,
Turquie, Union soviétique, Uruguay, Vene-
zuela, et Q fr. 50 pas numéro pour les autres
Eays,
FÀiTS-DIVERS
Bulletin de l'Office National météorologique
I. Le temps du 14 ais 15 octobre, à 7 heures.
Maxima: Marseille-Marignane +28°, Bordeaux, Royan-
la Coubre 25°, Toulouse 24°, Antibes 23°, Perpignan 22°,
Rennes, Tours, Lyon, Avord, Dijon, Besançon 20°, Va-
lenciennes, Paris-Saint-rMaur, Nantes 19°, Brest, Bayon-
ne, Nancy 18°, Calais-Saint-Ingievert, le Havre, Stras-
bourg 17°.
Minima: Antibes +14°, Bayonne 13°, Perpignan 11°,
Brest 10°, Marseille-Marignane 9°, Paris-Saint-Maur,
le Havre, Tours, Nantes, Royan-la Coubre 8°, Valencien-
nes, Calais-Saint-Inglevert, Toulouse 7°, Rennes 6°, Lyon,
Dijon, Besançon 5°, Bordeaux, Nancy 3°, Clermont-
Ferrand, Strasbourg 2°.
Etat de la mer le 15 octobre, à 7 heures: Calais-Saint-.
Inglevert, le Havre, Royan-la Coubre, Socoa, Sète, Anti-
bes calme sans houle, la Hague calme avec houle.
Pluies des 24 heures le 15 octobre, à 7 heures: néant.
II. -,Situation générale le 15'octobre, à 7 heures.
Une dépression est centrée sur, la Finlande (985 mb)
elle s'étend aux parages nord du golfe de Bothnie (987
m>b) à l'île Jan-Mayen (1,009 mb) et aux parages nord
de la Pologne (1,015 mb). Un anticyclone couvre toute
l'Europe occidentale et centrale, maximum 1,038 mb
Lorraine. Il s'étend jusqu'à l'Ecosse, l'Irlande et l'Is-
lande (1,023-1,026 mb), jusqu'au centre de la Russie
(1,023-1,025 mb), jusqu'à l'Italie et la péninsule ibéri-
que (1,021-1,025 mb). A Paris 1,031 mb. Le courant de
perturbations se déplace sensiblement de l'ouest à l'est,
III. Evolution probable de la situation
jusqu'au 16 octobre, à 7 heures.
Une hausse de l'ordre de +15 à 20 mb couvrira les
parages nord-est de la Scandinavie e'étendant à tout le
golfe de Bothnie et à la Finlande (+10 à 15 mb) et plus
faiblement à l'Europe centrale (+1 à 14 mb). Une
baisse de –15 mb sera centrée sur les Feroë, s'étendant
au sud des îles Britanniques (– 5,'mb) et à la France
(–1 3 3 mb).. A
IV. Evolution probable du temps en France
jusqu'au 16 octobre au soir.
Les perturbations continuent à- passer à des latitudes
élevées et ne peuvent toucher la France où le beau
temps actuel va encore persister.
En conséquence:
a) Vent. Très faible et variable, secteur sud-est do-
minant.
b) Etat du ciel. Beau temps général, brumeux ou
très brumeux dans la seconde partie de la nuit et la
matinée.
o) Température. Sans grand changement.
Région parisienne:
V. Prévisions pour la nuit du 15 au 16 octobre.
Vent très faible et variable, sud-est dominant. beau
temps devenant brumeux, brouillard dans la seconde
partie de la nuit. Même température.
VI. Probabilités pour la journée du 16 octobre.
'Vent- très faible et variable, secteur sud-est dorai-*
nant," bromes ou brouillards le matin, beau temps l'a-
près-midi. Même température. t.
L'incident de l'ambassade des Soviets
Des émissaires des tchékistes auraient tenté
d'enlever le jeune fils de M. Biezedovski, ancien
conseiller, à l'ambassade des Soviets. La police
française aurait connu et déjoué toutes ces tentas
tives.
Les vols de colliers. L'enquête poursuivie par
M. Siri, commissaire de police du quartier de la
porte Dauphine, sur le vol du collier dont Mlle Pa-
tino a été victime, a permis d'identifier le voleur.
Il se nomme Nicolaï Aps, est né à Riga (Lettonie),
le 12 septembre 1897. Il a été expulsé de France
par un arrêté du préfet du Var, à la suite d'une
condamnation pour vol le 27 juillet 1927. Le bri-
gadier Goret et l'inspecteur Huguier, de la brigade
spéciale à la police judiciaire, ont été chargés de
rechercher le faux valet de chambre. 0
Mlle Sogt, riche Brésilienne dé passage à Pa-
ris, s'est rendue au commissariat du quartier du
Gros-Caillou pour déclarer qu'on lui avait volé
un collier de 121 perles, valant 125,000 francs. Une
enquête a été ouverte.
Employés infidèles. Une maison d'imprimerie
et d'édition dont le siège social se trouve rue Cen-
sier était mise au pillage par ses employés. Ces
derniers viennent d'être arrêtés à la suite d'una
enquête de M. Fauvel, commissaire de police de
la Maison-Blanche. Ce sont Albert Cassier, électri-
cien, rue Charles-Fourier; Ernest Barley, rue
Mouffetard; Marie Bodin, rue Censier; Georges
Rotté, menuisier, rue Monge; Georgette Tetax, rue
Mtonge,; Joseph Decr ay, rue • Ernestine Gabriel
Coursepoix, manœuvre, rue Alphar^d; Paul Légier
et sa femme, Constance, née William, rue Censier.
Un ancien employé de la maison, Léon Ex, 54
ans, rue du Gaz, et un débitant de la rue Censier,
Paul Banquier, 40 ans, qui écoulaient les mar-
chandises volées, seront également poursuivis
pour recel.
Les accidents de la circulation. L'automobile
de M. Colin, 58 ans, rue de Dunkerque, à Paris,
conduite par le chauffeur Joseph Malvoisin, vou-
lant doubler une autre voiture sur la route na-
tionale n° 7, à Paray (Seine-et-Oise), a renversé
une motocyclette montée par deux marins, MM.
Marius Filstors, qui fut tué sur le coup, et son
camarade Aimé Coursude qui, relevé grièvement
blessé, a été transporté à .l'hôpital de la Pitié.
Au moment où il s'approchait de son camion
arrêté sur la route nationale aux environs de
Meaux (Seine-et-Marne), M. Fourré fut happé par
une automobile. Il succomba pendant son trans-
fert à l'hôpital de Meaux.
Un camion a renversé, place Saint-Vivien, à
Rouen, M. Alfred Lambert, 64 ans. Les deux jam-
bes broyées, M. Lambert a succombé à l'hospice
général.
Une camionnette, conduite par M., Fontaine,
36 ans, de Chatou, qui apprenait à conduire, a ca-.
poté à Gournay-en-Bray (Seine-Inférieure) et a
heurté une passante, Mme Burckart, 40 ans, de
Croissy-sur-Seine, qui, projetée à 30 mètres, a suc-
combé à ses blessures. M. Fontaine a été arrêté.
A Montluçon (Allier), deux cyclistes, MM.
Pierre Renon et François Vincent, âgés de 24 ans,
ouvriers d'usine, sont entrés en collision à l'angle
de deux rues: Le premier a été transporté à l'hô-
pital-civil dans un état très grave. Le second, qui
était marié et père de quatre enfants, a eu le
crâne brisé et a succombé.
Un autobus transportant dix-neuf joueurs de
football de Montblanc à Servian (Hérault) est
entré en collision avec une camionnette près du
village de Servian. Deux des occupants de la ca-
mionnette ont été tués sur le coup. Ce sont Mme
Juliette Gassin et M. Jean Gannibal. Le chauffeur
a été blessé légèrement. Quelques voyageurs de,
l'autobus ont été contusionrïés.
Sabotage commercial. Un vétérinaire de War-
neton (Belgique), M. Valère Domicaut, qui ex-,
ploite à Bruxelles un établissement de produits
pharmaceutiques, avait ouvert en France, à Comi-
nes (Nord), une succursale dont il avait confié la
gérance à une jeune fille âgée de 18 ans, Mlle Ma-
.rie Vanleylen. M. Domicaut ayant remarqué des
irrégularités dans le fonctionnement de' cette
agence, chargea la brigade mobile de Lille de
procéder à des recherches. Les enquêteurs vien-
nent de découvrir que Marie Vanleylen s'était
laissé circonvenir par un ancien associé de son
patron, Gaston Halin, qui voulait nuire aux affai-
res de M. Domicaut. La jeune fille faisait dispa-
raître la plupart des lettres de commandes et por-
tait au grenier ou jetait dans un jardin les colis
de produits pharmaceutiques. Elle a été arrêtée.
Elle a déclaré que Gaston Halin, pour la décider à
ces actes de sabotage, lui avait donné cinquante
francs et un collier d'or.
Mort suspecte. A l'arrivée, dimanche soir, à
Bourgoin (Isère), de l'omnibus Lyon-Grenoble, qui
avait quitté Perrache à 20 h. 15, le chef de train
a constaté que le conducteur de queue du convoi,
M. Masse, âgé de 35 ans, marié et père d'une fil-
lette, avait disparu. Des recherches furent entre..
prises, et, dans la nuit, on retrouva le cadavre du
malheureux, à proximité du poste 3 de la gare de
Lyon-Guillotière. Les deux jambes étaient broyées
et un bras complètement arraché. Des hlessures
que M. Masse portait à la* tête ayant paru suspec-
tes, le corps a été transporté à la morgue pour y
être autopsié. Là le gardien a constaté que le por-
tefeuille et le porte-monnaie de la victime étaient
vides et que les poches avaient été retournées.
Une enquête est ouverte, pour savoir si le conduc-
teur a été attaqué et dépouillé dans son fourgon,
puis jeté sur la voie, ou bien s'il est tombé acci-
dentellement, et, dans ce cas, a été dévalisé durant
le temps passé au dépôt mortuaire de la Guillo-
tière, en attendant son transport à la morgue de
Lyon.
Evasion d'un détenu. Détenu à la prison
d'Epinal, l'Autrichien Jean Ebner avait été con-
duit, hier, au palais de justice de cette ville. Sous
la surveillance des gendarmes il attendait d'être
introduit dans le cabinet du juge d'instruction.
Soudain il se, leva, descendit en hâte les escaliers
et parvint à échapper aux gendarmes qui s'étaient
élancés à sa poursuite. Ce malfaiteur n'est autre
que le cambrioleur acrobate des villes d'eaux,
condamné le 2 mai dernier, à 10 ans de travaux
forcés par les assises du Puy-de-Dôme. A deux re-
prises déjà il s'était échappé, la seconde fois
pendant l'audience du tribunal correctionnel de
Clermond-Ferrand, mais il avait été repris aus-
sitôt.
Attentat simulé dans un train. Mlle Came-
lin, la marchande foraine qui avait déclaré, ainsi
que nous l'avons relaté, avoir été attaquée dans
le train de Lyon à Genève, vient d'être arrêté_e.
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